Novembre 2012

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°306 • novembre 2012

Augustine un film de Alice Winocour

60 ans de Positif MICHEL CIMENT, itinéraire d’un critique voir page 5


semaine

du 21 au 27 novembre

4

CNP jeudi

Les enfants soldats en Afrique

I

N

JOHNNY MAD DOG

lundi 19h30 Rencontre :

18h00 Film : 19h45

M

1h51’

A

T

H

È

Q

U

19h30 14h15 17h45 21h00

1h27’ VO

SPLENDOR de Ettore Scola

FRANKENWEENIE

BRIGHT STAR de Jane Campion

Rencontre et débat avec Michel Ciment / 60 ans de Positif

14h15

TOUS COBAYES 1h55’ de Jean-Paul Jaud

de Christian Mungiu À suivre.

1h59’

SOIRÉE LIBRES COURTS Courts métrages français d’aujourd’hui

14h30

I

N

de Olivier Assayas

À suivre.

21h30

1h38’

J’ENRAGE DE SON ABSENCE

AUGUSTINE

M

A

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Q

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E

1h27’ VF

14h15 UN PAS EN AVANT, lundi LES DESSOUS DE LA CORRUPTION L’ÉTRANGE POUVOIR sauf DE NORMAN 1h45’

19h30

14h15 19h15 21h15 17h15 mardi 19h45

de Sylvestre Amoussou

de Chris Butler & Sam Fell

En présence du réalisateur

FRANKENWEENIE 3D

lundi

50’

1h27’ VO

de Tim Burton

10, 11, 12, POUGNE 16h00 LE HÉRISSON de divers réalisateurs

1h10’ Version musicale

LES FOLLES INVENTIONS lundi DE M. BRICOLO de Charley Bowers & Harold L. Muller 14h15

LE CAPITAL de Costa Gavras

17h15

14h15 17h00 21h15

2h07’

14h15 17h45 19h30

1h38’

1h32’

L’AIR DE RIEN

É

2012

A t e l i e r

17h00

APRÈS MAI

1h41’

21h45

de Grégory Magne & Stéphane Viard

14h15

1h35’

AMOUR de Michael Haneke

J’ENRAGE DE SON ABSENCE de Sandrine Bonnaire

1h30’

19h30

UNE FAMILLE RESPECTABLE

LE JOUR DES CORNEILLES de Jean-Christophe Dessaint

1h44’

ELLE S’APPELLE RUBY

de Jonathan Dayton & Valérie Faris

16h00 17h45 17h00 19h15

1h33’

AU GALOP

21h30

de Louis Do de Lencquesaing

de Massoud Bakhshi

de Alice Winocour

À suivre. 2h16’

19h00

1h15’ + Court métrage 4’

RENGAINE

ROYAL AFFAIR de Nikolaj Arcel

de Rachid Djaïdani

14h30 17h30 19h45 14h15

2h31’

LE CAPITAL de Costa Gavras

21h45

1h20’

1h48’

17h30

PAPERBOY

14h30

de Lee Daniels

TEMPÊTE SOUS UN CRÂNE

21h50

de Clara Bouffartigue

À suivre. 1h51’

1h53’

19h00

C

1h53’

mercredi 19h45

de Sandrine Bonnaire

de Rian Johnson

19h30 14h15

2h02’

LOOPER

19h15

1 du 31 octobre au 6 novembre

PARTENARIAT CICLIC - STUDIO

Rencontre avec Béatrice Jaud & Marc Dufumier, ingénieur agronome

AU-DELÀ DES COLLINES

21h30

de Tim Burton

LES RENCONTRES DE LA BIBLIOTHÈQUE

2h30’

14h15

dimanche VO 17h15

de Boudewijn Koole

Soirée de soutien aux Faucheurs volontaires

dimanche

mer-sam dimanche

E

Soirée présentée par Jean Gili spécialiste du cinéma italien

1h59’

VF 17h15 +

LITTLE BIRD

1h36’ de Jean-Stéphane Sauvaire

É

2012

1h21’ VF + VO

19h45 FILM + DÉBAT avec un ancien enfant soldat C

semaine

1h47’

2h47’

LA CHASSE

17h30

14h15

SAUDADE

INTO THE ABYSS

de Thomas Winterberg

21h30

19h00

de Katsuya Tomita

de Werner Herzog

21h45

?

16h00 19h45 21h30

Le film imprévu

?

17h45

À suivre.

LES LIGNES DE WELLINGTON de Valeria Sarmiento À suivre.

Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

1h45’

DANS LA MAISON de François Ozon

www.studiocine.com

08 92 68 37 01 www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


semaine

du 7 au 13 novembre

2 C

I

lundi

N É M A T H È Q U E PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE - VILLE DE TOURS - STUDIO 2h42’

LE JOUR DES CORNEILLES

LE TAMBOUR

Rencontre avec Volker Schlöndorff après la séance de 14h00 Présentation par Volker Schlöndorff avant la séance de 19h30

LA MER À L’AUBE 1h30’

de Volker Schlöndorff

Rencontre avec Volker Schlöndorff après la projection

de Jean-Christophe Dessaint

50’

10, 11, 12, POUGNE LE HÉRISSON de divers réalisateurs

14h15 1h27’ VO 17h15 FRANKENWEENIE de Tim Burton 21h15 3D sauf lun 14h15 19h15 21h15

1h27’ VF

J’ENRAGE DE SON ABSENCE

1h41’

14h15 17h45 19h15

1h32’

14h15

CE TATOUEUR TATOUÉ de Karla von Bengtson

16h00 sauf lundi mardi 16h00 sauf lundi mardi

16h00 sauf lun-ma + 3D 17h30

L’ÉTRANGE POUVOIR DE NORMAN de Chris Butler & Sam Fell

2h03’

AUGUSTINE

AMOUR

de Alice Winocour

de Michael Haneke

17h00 19h00 sauf lundi

2h47’

L’AIR DE RIEN

SAUDADE

de Grégory Magne & Stéphane Viard

de Katsuya Tomita

1h36’ + court métrage 9’

1h39’

VILLEGAS

19h45

de Gonzalo Tobal

OLIVER SHERMAN

19h45

de Ryan Redford

1h45’

DANS LA MAISON de François Ozon

www.studiocine.com

DAMSELS IN DISTRESS

21h00

1h13’

21h45

UNE FAMILLE RESPECTABLE de Massoud Bakhshi

Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com

20h00 I

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lundi JACQUOT DE NANTES de Agnès Varda 1h58’

19h30

19h45

Rencontre avec Jean-Pierre Améris après la projection

TÉLÉ GAUCHO

mardi 19h45

1h52’ de Michel Leclerc

14h15 17h00 19h15

2h02’

14h15 17h15 19h30 21h45

1h53’

17h30 21h30

1h41’

14h15

14h30

21h45

19h45 14h30 19h45

52’

UNE VIE DE CIRQUE de Bruno Lemesle

45’ VF

MON TONTON

CE TATOUEUR TATOUÉ

Soirée présentée par la section Cinéma et audiovisuel du lycée Balzac

L’HOMME QUI RIT vendredi 1h30’ de Jean-Pierre Améris

17h45

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

de Carlos Vilardebo

de Damien Monnier

Débat avec Damien Monnier, réalisateur et Jean-Yves Potel, historien

sam-dim

44’ Sans paroles

LES NOUVELLES AVENTURES DE LA PETITE TAUPE

14h15 + mer-sam dimanche

16h00

de Zdenek Miler

1h27’ VO

FRANKENWEENIE de Tim Burton

17h15 + mer-sam dimanche

16h00

de Karla von Bengtson

Rencontre avec Michel Leclerc après la projection

14h15

3D 19h30

1h36’

APRÈS MAI

VILLEGAS

de Olivier Assayas

de Gonzalo Tobal

2h07’

LE CAPITAL

AMOUR

de Costa Gavras

de Michael Haneke

1h32’

AUGUSTINE

L’AIR DE RIEN

de Alice Winocour

de Grégory Magne & Stéphane Viard

1h45’

1h47’

19h15

?

MOIS DU DOCUMENTAIRE

MOIS DU DOCUMENTAIRE

30’

sauf jeu

de Whit Stillman

1h30’

1h40’

14h30

17h30

MON TONTON

de Sandrine Bonnaire

14h30 17h30 19h30 21h30

14h15 & 16h00 sauf lundi mardi

3 du 14 au 20 novembre 2012 CNP SIX FACES D’UNE BRIQUE LE CIRQUE DE CALDER mercredi 14h15 jeudi C

45’ VF

1h38’

2012

1h35’

de Volker Schlöndorff

14h00 19h30 20h00

semaine

TED

HEADSHOT

de Seth MacFarlane

de Pen-ek Ratanaruang

1h15’ + court métrage 4’

RENGAINE de Rachid Djaïdani

1h51’

LA CHASSE de Thomas Winterberg

21h45 21h30 sauf vendredi

17h15 21h15

sauf lundi

17h45 21h45

sauf mardi

1h38’

J’ENRAGE DE SON ABSENCE

21h45

de Sandrine Bonnaire

Le film imprévu 08 92 68 37 01 www.studiocine.com

?

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


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novembre 2012

Éditorial :

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CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Soirée Libres Courts

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Rencontre de la bibliothèque

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Hommage à Volker Schlöndorff

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En bref

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face à face

Camille redouble

5

rencontre

6

6 16

bande annonce

Jeunesse et indignation

Camille redouble . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

5

60 ans de Positif . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

LES FILMS DE A à Z

courts lettrages

18

interférences

Du vent dans mes mollets/À perdre la raison 19

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24

......................

26

..........................

28

Namir Abdel Messeh à propos de

Lambert Wilson rencontre

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Vos critiques

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Jeune Public

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34

FILM DU MOIS : AUGUSTINE . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

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Serge Bourguignon

GRILLE PROGRAMME

La cafétéria des Studio

......

pages centrales

Horaires d’ouverture :

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

lundi mercredi jeudi vendredi samedi

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

: : : : :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

La bibliothèque est fermée les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

EUROPA

AFCAE

ACOR

GNCR

ACC

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

(Membre co-fondateur)

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

À Tours comme ailleurs, l’art et essai menacé… ’implantation annoncée d’un nouveau mégaplexe à Tours Nord illustre parfaitement la nouvelle tendance à l’écrasement de tout ce qui manifeste une velléité d’indépendance...

L

L’« exception culturelle française », par divers dispositifs législatifs, entend protéger le domaine culturel en lui permettant d’échapper partiellement à la toute-puissante loi du marché. Elle est notamment censée compenser l’énorme différence de «puissance de feu » entre groupes nationaux ou internationaux et opérateurs indépendants. Des mécanismes de régulation existent, qui permettent de protéger certains des acteurs culturels les moins puissants, les moins bien dotés financièrement. Qui permettent, ou qui ont permis ? Cette question peut en effet se poser dans le monde de l’exploitation cinématographique parce que rien ne semble plus protéger les exploitants indépendants de la fameuse « concurrence libre et non faussée » que peuvent leur livrer les très gros groupes nationaux ou internationaux. Pour bien comprendre la menace que ces groupes font peser sur de plus petites salles telles que les Studio, il faut savoir trois choses. • Les distributeurs de films sont rémunérés au pourcentage (environ 50%), ce qui revient à dire que plus la place est chère et plus le distributeur en tire de bénéfice, ce qui explique assez facilement que nombre d’entre les distributeurs soient parfois réticents à « placer » leurs films dans des salles comme les nôtres, même si, paradoxalement, ces choix de placement les amènent à se retrouver eux aussi encore plus tributaires des grands groupes d’exploitation comme Pathé, UGC ou CGR…

• Rien n’oblige les distributeurs à confier leurs films à telle ou telle salle. Les groupes d’exploitation peuvent très facilement faire valoir que « si vous mettez ce film chez notre concurrent local (qui dispose de 7 écrans) alors, nous ne le prendrons pas dans notre réseau (qui dispose de 500 écrans). Là aussi, on comprend que la logique commerciale guide rapidement le choix du distributeur ! Et, là aussi, on comprend que les victimes risquent de se trouver aussi bien chez les distributeurs que chez les exploitants indépendants ! • Enfin, il faut savoir qu’une salle comme les Studio équilibre ses comptes grâce à un petit nombre de films qui, bien que classés Art et Essai, « marchent » bien et compensent les entrées plus réduites des autres films proposés. Conséquence inévitable de cet état de fait : une pression accrue de la concurrence va mécaniquement amener les distributeurs à ne plus louer ces films aux salles indépendantes. Ce n’est pas de la paranoïa que de dire cela, l’accès à ces films porteurs est déjà une lutte permanente pour les Studio, et la présence d’une dizaine d’écrans supplémentaires sur l’agglomération va inévitablement accroître ce phénomène. Les inquiétudes dont divers médias régionaux se sont déjà fait l’écho sont donc tout à fait fondées. Considérant que nous ne travaillons pas dans le même domaine, nous n’avons jamais voulu voir le groupe CGR comme un concurrent, l’implantation d’un mégaplexe à Tours Nord change hélas complètement la donne et ce, même si ce mégaplexe devait être géré par un groupe autre que CGR… Les enjeux de ce conflit ne sont pas que commerciaux, ils sont éminemment culturels et politiques, nous y reviendrons prochainement. ER

Les CARNETS du STUDIO

n°306

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Courts métrages français d’aujourd’hui

Séance Libres-courts Mercredi 21 novembre - 19H45 La diversité et la richesse des univers de quatre jeunes réalisateurs, tous primés dans divers festivals. En présence du cinéaste Nicolas Guiot.

jeudi 15 novembre - 20h00 Dans le cadre du Mois du Documentaire, le CNP propose :

Six faceS d’une brique de damien monnier (production : L’image d’après, Tours, 2012, 1h13’)

au centre de Varsovie, les vestiges du mur du ghetto, dans une cour d’immeubles. Touristes et habitants passent devant la caméra de Damien Monnier. Certains s’arrêtent, racontent, discutent, d’autres se taisent et effleurent : une réflexion puissante sur la mémoire comme matière et comme espace à arpenter. Et un beau travail cinématographique. Après la projection, débat avec le réalisateur, une partie de l’équipe et Jeanyves Potel, historien, conseiller historique du film, collaborateur du Mémorial de la Shoah et auteur de La Fin de l’innocence. Le film a bénéficié du soutien à l’écriture et au développement de Ciclic-Région Centre, et a été coproduit par BIP TV en partenariat avec Ciclic-Région Centre. jeudi 22 novembre - 19h45 Dans le cadre de la Semaine de la solidarité internationale, Plumes d’Afrique, le CID-MAHT et le CNP proposent :

L’éducation bafouée : les enfants soldats en Afrique le droit à l’éducation pour tous est inscrit dans la Déclaration universelle des Droits de l’Homme. Il est loin d’être appliqué partout. Il y a des enfants qui, plus que

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Les CARNETS du STUDIO

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d’autres, en sont privés et sont de surcroît dans la pire des situations, ce sont les enfants soldats. Après le film : Johnny mad dog, de Jean-Stéphane Sauvaire, 1h36, un témoin : Serge amisi, ancien enfant soldat au Congo, aujourd’hui écrivain, sculpteur, danseur animera le débat. Sur un sujet rarement abordé, ne manquez pas l’occasion de venir vous informer à la source. jeudi 29 novembre - 20h00 Le CNP, la LDH, le NPA et l’ACET proposent :

Quel printemps pour le Maroc ? au Maroc, une élite régnante proche du roi (le Makhzen), refuse de lâcher prise malgré les appels à plus de démocratie et au respect des Droits de l’Homme. C’est ce que nous montre Nadir Bouhmouch dans un documentaire qui s’avéra difficile à tourner, à la fois parce que la peur dominait les habitants des quartiers populaires qu’il filmait et aussi du fait des confiscations de matériel par l’administration marocaine. film : mon makhzen et moi, 2011. débat sur la situation explosive du Maroc, son avenir et sa place dans le monde arabe, avec les associations ainsi que mohamed Jaite, militant, membre du Collectif du 20 février, de l’Association marocaine des Droits de l’Homme, et J.f. troin, géographe spécialiste du monde arabe.

I’m Your Man

Courir

France – 2011, 15’, de Keren Ben Rafael, avec Vincent Macaigne, Maëlys Ricordeau,Cécile Fisera.

France – 2011, 25’, de Maud Alpi, avec Gisèle Teulie, Philippe Viart.

Bruno a enfin décidé de s’installer avec sa nouvelle copine, Camille. Mais le jour de son déménagement arrive Mia, son ex. Et Bruno couche avec elle. Seulement, au moment où il veut se retirer, impossible de séparer les deux corps : comment se décoincer avant que Camille n’arrive ? Burlesque assuré…

Chaque samedi, Gisèle court avec un homme qui lui apprend à surmonter l’épuisement et la souffrance. Jogging et étrangeté…

Le Cri du homard

Laetitia et Sophie partent en week-end à Quimper , ville natale de Laetitia. Au fil de leur séjour rythmé par les crêpes, les balades sur la plage et les sorties nocturnes, réapparaît la figure du marin masqué, amour de jeunesse de Laetitia. Un petit chef-d’œuvre d’humour et d’invention par la réalisatrice de La Vie au ranch.

France – 2012, 30’, de Nicolas Guiot, avec Claire Thoumalou, Anton Kouzemin…

D’origine russe et installée depuis peu en France avec ses parents, Natalia, six ans, attend impatiemment le retour de son frère, parti combattre en Tchétchénie. Le grand jour est arrivé, mais la fillette doit déchanter : cet homme estil vraiment le frère qu’elle a connu ?

Le Marin masqué France – 2011, 35’, de Sophie Letourneur, avec Sophie Letourneur, Laëtitia Goffi, Johann Libéreau.

En partenariat avec Ciclic

Itinéraire d’un critique de cinéma : Michel Ciment 60 ans de Positif Vendredi 23 novembre - 18 heures / Projection à 19h45 Pour cette nouvelle soiréerencontre de la Bibliothèque, l’invité sera Michel Ciment, directeur de publication de la revue Positif, qui fête ses 60 ans cette année. C’est cet anniversaire qui a motivé la venue de cet universitaire et grand critique. Il a publié (entre autres) Kazan par Kazan en 1973, Théo Angelopoulos en 1989, Le Crime à l’écran, une histoire de l’Amérique en 1992, Fritz Lang : Le meurtre et la loi en 2003, Kubrick en 2009. Maître de conférences honoraire en civilisation américaine à Paris VII, il est une des grandes voix de l’émission Le Masque et la plume et collabore à de nombreux périodiques et quotidiens. Il nous entretiendra de sa carrière de critique et de la revue Positif, dont il est le pilier. La rencontre sera suivie d’une projection à

19h45 du film de Jane Campion :

Bright star Australie/USA/Grand-Bretagne/France – 2009 – 2h00, de Jane Campion, avec Abbie Cornish, Ben Wishaw, Thomas Sangster…

Seize ans après son chef d’œuvre, La Leçon de piano, Jane Campion renoue avec le XIXe siècle pour mettre en lumière les dernières années du poète anglais John Keats, et surtout son histoire d’amour avec la tout aussi jeune, Fanny Brawne. Elle nous donne à voir la naissance d’une passion (qui deviendra l’archétype de la passion romantique), jusqu’à son issue, tragique, forcément tragique. Les images, d’une beauté irréelle, sont de véritables poèmes. Sublimement beau et triste ! IG À l’issue de la projection, Michel Ciment animera un échange avec le public. Les CARNETS du STUDIO

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Rencontres avec Volker Schlöndorff Lundi 12 novembre

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Sur le site des Studio (cliquer sur : PluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

PARTENARIAT VILLE DE TOURS, CINÉMATHÈQUE, STUDIO

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

Aux côtés de Werner Rainer Fassbinder, Wim Wenders et Werner Herzog, Volker Schlöndorff est l’un des représentants les plus connus du Nouveau Cinéma allemand des années 60 et 70. Il est devenu célèbre grâce à son film Le Tambour qui lui valut la Palme d’or à Cannes et l’Oscar du meilleur film étranger. Il est également l’auteur de : Les désarrois de l’élève Torless (66), L’Honneur perdu de Katarina Blum (75), le Roi des Aulnes (96)…

14h00 & 19h30 : LE

TAMBOUR

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Film proposé par la Cinémathèque. Rencontres avec Volker Schlöndorff autour de l’adaptation d’œuvres littéraires au cinéma.

18h30 : Dédicace de deux ouvrages de Vol-

20 heures : LA

MER A L’AUBE 2 Voir la fiche page 13 2 Voir la fiche page 12

Soirée exceptionnelle de soutien aux faucheurs volontaires qui passent en jugement à Tours le lundi 26 novembre. Tous cobayes France – 2012 – 1h55, de Jean-Paul Jaud

Dans la continuité de l’enquête publiée en septembre de cette année sur la toxicité des OGM, Tous cobayes s’interroge sans concessions sur les pratiques en vigueur dans l’industrie agro-

alimentaire en même temps que sur l’attitude des pouvoirs publics et des autorités sanitaires face au développement non contrôlé des OGM. Rencontre avec Béatrice Jaud et Marc Dufumier (ingénieur agronome)

Le film du public À l’occasion des festivités prévues pour l’anniversaire de leurs 50 ans, les Studio projetteront le vendredi 8 mars 2013 un film choisi par le public parmi une liste de 50 titres, un par année de 1963 à 2012. Cette liste sera disponible à l’accueil et sur notre site internet dès le 5 novembre, accompagnée d’un bulletin de vote à déposer dans une urne placée dans le hall. LE VOTE SE DÉROULERA DU 15 NOVEMBRE AU 31 DÉCEMBRE.

Juré pour le Concours de nouvelles À l’occasion du concours de nouvelles qu’ils organisent pour leurs 50 ans, les Studio choisiront un membre du jury parmi les spectateurs intéressés. Une urne sera installée dans le hall (à ne pas confondre avec celle du Film du public). Il suffira d’y glisser une feuille avec nom, prénom, adresse-mail et numéro de téléphone. Le choix sera effectué par tirage au sort. DATE LIMITE DE DÉPÔT DES CANDIDATURES : 30 NOVEMBRE. n°306

novembre 2012

Voir pages Jeune Public

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Dimanche 25 novembre - 19h30

Les CARNETS du STUDIO

10, 11, 12, Pougne le hérisson

La projection sera suivie d’une rencontre avec le réalisateur.

ker Schlöndorff :

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avant leS filmS, danS leS SalleS, au moiS de novembre : • Song, Song, Song de Baptiste Trotignon (studio 1-2-4-5-6) • Glad Rag Doll de Kiana Krall (studio 3 et 7). Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

La Mer à l’aube et Tambour battant.

A

L’Air de rien France – 2011 – 1h31, de Grégory Magne et Stéphane Viard, avec Michel Delpech, Miossec et Gregory Montel…

michel est un ancien chanteur à succès. Trente ans plus tard, il collectionne les dettes. Grégory, dont la jeunesse a été bercée par les tubes de Michel, est huissier de justice : il doit saisir les biens de son ancienne idole. Situation pénible pour lui. Il se met donc en tête de refaire monter Michel sur scène et de lui organiser une grande tournée de concerts. Pour ce premier film, les deux réalisateurs, se lancent dans un scénario improbable, et poussent Michel Delpech à risquer sa légende dans une fiction, où tout à l’air vrai, sans l’être vraiment, mais tout en l’étant tout de même un peu. Réjouissant ! Sources : dossier de presse.

Amour Autriche/France – 2012 – 2h07, de Michael Haneke, avec Jean-Louis Trintignant, Emmanuelle Riva, Isabelle Huppert…

georges et Anne sont octogénaires, professeurs de musique à la retraite. Ils coulent des jours paisibles dans leur appartement parisien où leur fille leur rend de temps en temps visite. Mais un jour Anne a une perte de mémoire… On a déjà beaucoup parlé du film lors de sa présentation au festival de Cannes où il a obtenu la Palme d’or (la seconde pour Michael Haneke, après

Le Ruban blanc). Ce n’est pas une raison pour s’en méfier. Cet Amour qui unit le couple et qui est mis à rude épreuve tient ses promesses tout en réussissant à nous surprendre. Ce n’est pas une expression galvaudée de dire que ce film d’une violente douceur nous bouleverse. On a aussi beaucoup loué le couple formé par Jean-Louis Trintignant et Emmanuelle Riva, là encore, pas de déception, ils sont exceptionnels. Et le film porte bien son titre, en sortant de la salle on les aime profondément. JF

Après mai France – 2012 – 2h02 – de Olivier Assayas, avec Clément Métayer, Lola Creton…

région parisienne, début des années 70 : « Ce n’est plus le moment authentiquement révolutionnaire de Mai 68, mais son sillage.» Le fond de l’air est rouge, et le petit groupe de terminales d’un lycée de banlieue suivi par Assayas est ultrapolitisé. Cette fresque autobiographique – le personnage principal, Gilles, peint, dessine, et deviendra bientôt cinéaste –, est avant tout un film d’apprentissage, où chacun cherche son chemin personnel à travers les sentiments amoureux, les études et le choix d’un métier. Des manifs parisiennes parfois ultra-violentes aux conflits entre les diverses fractions de la gauche, de l’explosion du rock à l’avènement des drogues, sans oublier les escapades initiatiques en Ardèche, Italie et Népal, nous baignons en permanence dans la contre-culture musicale et politique du temps. «Aujourd’hui, dit Assayas, on a tendance à représenter une adoles-

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cence rigolarde, allant de fête en drague. Ce n’est pas le sentiment que j’ai gardé de la mienne, où l’amour de la vie s’alliait à la mélancolie et au sérieux. » Après mai a obtenu le Prix du meilleur scénario au festival de Venise. SB

Sources : dossier de presse.

Filmographie récente : Boarding Gate (07) ; L’Heure d’été (08) ;, Carlos (10).

Augustine

Au-delà des collines

voir film du mois au dos des Carnets

Roumanie – 2012 – 2h30, de Cristian Mungiu, avec Cosmina Stratan, Cristina Flutur, Valeriu Andriuta…

amies depuis l’enfance, Alina et Voichita se sont connues à l’orphelinat. Séparées, Alina revient un jour d’Allemagne pour y emmener Voichita, la seule personne qu’elle ait jamais aimée et qui l’ait jamais aimée. Mais Voichita a rencontré Dieu et il est bien difficile d’avoir Dieu comme rival. Voichita voulant faire partager sa foi à Alina, héberge son amie au monastère. L’expérience va se révéler bien particulière, Alina entrant en conflit avec l’institution… Le réalisateur de 4 mois, 3 semaines, 2 jours (Palme d’or 2007) s’est inspiré ici d’une histoire véridique. En abordant « la peur et l’hypocrisie (ce qui perdure de la Roumanie de Ceausescu), [sur] l’injustice et l’indifférence (les corps sociaux défaillants de la société postcommuniste) » et ce que l’on peut faire par amour, Au-delà des collines a reçu à Cannes 2012 les Prix du scénario et d’interprétation féminine ! Sources : dossier de presse, lemonde.fr, lexpress.fr

Au galop France – 2011 – 1h33, de Louis-Do de Lencquesaing, avec Marthe Keller, Valentina Cervi, Alice de Lencquesaing, Xavier Beauvois…

c’est l’histoire d’une rencontre, une histoire d’amour et de deuil à la fois. Lui tombe amoureux le jour où il perd son père. Elle vit en couple. Lui a une fille au caractère bien trempée et une mère fantasque, des plus envahissantes. Ce sont les mille détails de la mise en scène, la complicité des liens familiaux, la folie douce de Marthe Keller (la mère), la justesse d’Alice de Lencquesaing, qui emportent l’adhésion. Au galop, film tendre et remuant comme la vie quand elle s’accélère est servi par des acteurs impressionnants de naturel.

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Louis-Do de Lencquesaing devient réalisateur pour un premier film qu’il qualifie d’autobiographique.

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Le Capital France – 2012 – 1h53, de Costa-Gavras, avec Gad Elmaleh, Gabriel Byrne, Natacha Régnier, Céline Sallette…

À la tête de Phénix, une des premières banques européennes, Marc Tourneuil joue au « Robin des bois moderne » qui va « prendre aux pauvres et donner aux riches ». Cet homme fascinant est aussi détestable, sans pitié, assoiffé d’argent et de pouvoir. Il nous entraîne dans les coulisses des hautes sphères bancaires, entre Paris, Miami, Tokyo, New York... Costa-Gavras nous revient avec une adaptation du roman satirique et éponyme de Stéphane Osmont. Il dénonce le cynisme financier et dresse le portrait des hommes avides et sans scrupules qui font fonctionner ce système. Le réalisateur a choisi Gad Elmaleh dans un rôle où on ne l’attend pas. « C’est une métamorphose totale, » souligne-t-il, lui qui ne dévie pas de l’engagement politique qui le caractérise depuis Z (1969), L’Aveu (1970), État de siège (1973), Missing (1982), Amen (2001) ou Le Couperet (2004). Venez découvrir ce thriller politique et financier, à l’intrigue internationale et doté d’un casting séduisant ! MS avant première : mardi 6 novembre à 19h45

La Chasse Danemark – 2012 – 1h51, de Thomas Vinterberg, avec Mads Mikkelsen, Thomas Bo Larsen, Annika Wedderkopp…

lucas, instituteur plutôt timide, a quarante ans. Divorcé, il vient de retrouver une petite amie et

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recommence à bâtir un rapport de confiance avec Marcus, son fils adolescent. Une enfant de cinq ans, fille de son meilleur ami, va détruire ce renouveau en l’accusant de gestes déplacés. Très vite, Lucas est rejeté, humilié, sans que personne ne se soucie de vérifier l’accusation. La Chasse, au titre évocateur, est l’histoire d’un homme traqué qui veut retrouver sa dignité et prouver son innocence le portrait à charge d’une communauté de province bornée par ses préjugés, incapable d’humanité. Le réalisateur de Festen, après plus de dix ans de ratages, nous revient avec un film fort et très maîtrisé, magnifié par le talent de l’acteur principal, Mads Mikkelsen, Prix d’interprétation masculine à Cannes. Sources : dossier de presse, evene.com.

Le Cirque de Calder Une vie de cirque Voir pages Jeune Public

Dans la maison France – 2012 –1h45, de François Ozon, avec Fabrice Luchini, Ernst Umhauer, Kristin Scott Thomas…

germain, professeur de français, se désespère de la médiocrité de ses élèves de seconde jusqu’à ce qu’il lise la rédaction de Claude, un garçon doué et différent. Celui-ci narre comment il s’est pris de fascination pour une famille « normale », celle de son camarade Rapha, et par quel moyen il est enfin parvenu à s’immiscer dans leur maison, pour y observer tous les détails de cette vie « normale ». Le récit se termine par un énigmatique : À suivre. D’abord incrédule, puis intrigué, le professeur pousse son élève à prolonger l’expérience et lui prodigue ses conseils qui ne sont pas toujours exclusivement littéraires… Suspense et voyeurisme – on n’est jamais loin d’Hitchcock, envoûtement, manipulation et relations troubles, Ozon se surpasse et nous mène de bout en bout avec une bonne dose de perversité. Du grand art ! SB Filmographie succincte : Potiche (2010) ; Le temps qui reste (2004) ; Swimming pool (2002) ; ous le sable (2000).

Damsels in Distress

Elle s’appelle Ruby

USA – 2012 – 1h39, de Whit Stillman, avec Greta Gerwig, Carrie McLemore, Adam Brody…

USA – 2012 – 1h44, de Jonathan Dayton et Valerie Faris, avec Paul Dano, Zoe Kazan, Chris Messina…

dans son université, Violet est responsable d’un centre de prévention du suicide, où elle travaille avec deux amies. L’une des particularités de Violet est d’être persuadée qu’il est du devoir d’une femme, si elle est « supérieure » à un homme, de lui permettre de s’améliorer, une attitude qui n’est pas sans dénoter un certain mépris pour leurs condisciples… On le voit, même si elle quelques côtés un peu « coincés » Violet est déterminée à faire le bien de l’humanité. L’arrivée d’une nouvelle venue dans le groupe va perturber son équilibre. Souvent calqué sur les personnages et développements d’un soap opera, la dernière livraison de l’auteur des Derniers jours du disco s’annonce comme une comédie assez loufoque.

calvin est romancier, il a le succès facile. Mais son inspiration s’essouffle ; Calvin consulte son psychiatre, qui lui conseille d’écrire un roman sur la femme de ses rêves. Voilà la vie de l’écrivain bouleversée par l’apparition dans la réalité de la fille qu’il évoque sur le papier. Elle est belle (bien sûr !), elle est comme il la rêve et elle est amoureuse de lui. Elle accomplit dans le monde réel tout ce qu’il lui fait faire sur le papier. Calvin n’en croit pas ses yeux. On assiste à une joyeuse comédie, à la limite du fantastique, mais très romantique et pleine de surprises.

Sources : rogerebert.suntimes.com,

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Sources : dossier de presse.

Filmographie sélective : Little Miss Sunshine (2006).

L’Étrange pouvoir de Norman Les Folles inventions de M. Bricolo Voir pages Jeune Public Les CARNETS du STUDIO

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Frankenweenie

L’Homme qui rit

USA – 2012 – 1h27, film d’animation de Tim Burton, avec les voix de Charlie Tahan, Winona Ryder, Martin Landau…

France – 2012 – 1h30, de Jean-Pierre Améris, avec Marc-André Grondin, Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner, Christa Théret…

victor Frankenstein a pour unique ami son chien Sparky ; alors, quand celui-ci meurt, écrasé par une voiture, le jeune garçon est inconsolable. Un cours de sciences va lui donner l’idée de ramener Sparky d’entre les morts, tout en lui apportant quelques modifications de son cru. Victor va s’apercevoir que jouer les apprentis créateurs n’est pas sans conséquences… Non seulement avec ce Frankenweenie, le grand Tim revisite à sa façon le mythe de Frankenstein, mais recrée son court métrage culte de 1984, en un long métrage d’animation tourné en « stop motion », technique déjà utilisée pour L’Étrange Noël de monsieur Jack et Les Noces funèbres.

angleterre, XIXe siècle. Le tortueux dessin d’un homme, le visage défiguré par une cicatrice qui l’afflige d’un rictus permanent… Enfant, il a été kidnappé puis abandonné par une troupe de voleurs d’enfants. Après une rencontre avec un forain qui deviendra par la suite acteur ambulant, il connaît le succès sur les planches en dépit (ou à cause ?) de sa difformité. Il trouve l’amour mais la révélation du secret de sa naissance viendra considérablement perturber sa vie et même bien plus. Après le beau succès des Emotifs anonymes, JeanPierre Améris a changé son fusil d’épaule et s’est tourné vers un sujet –en apparence- beaucoup moins intimiste puisqu’il s’agit de l’adaptation d’un roman de Victor Hugo. Grand spectacle donc (les photos de plateau laissent imaginer une belle scénographie) mais gageons que, du romantisme et du militantisme hugolien, J-P Améris aura su tirer une fable humaine, lui qui aimerait que son film aux accents gothiques puisse toucher aussi bien les adolescents que les adultes, autant ceux qui connaissent déjà l’œuvre de Hugo que les autres.

Sources : dossier de presse, Première n°428

Voir pages Jeune Public

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Headshot Thaïlande – 2011 – 1h45, de Pen-Ek Ratanaruang, avec Nopachai Jayanama…

tul, ancien flic intègre devenu tueur à gages par dépit face à la faiblesse de la justice, voit sa vie basculer le jour où il reçoit une balle en pleine tête dans le cadre d’une mission. Il survit mais se réveille avec un trouble de la vision : tout ce qu’il voit est inversé à 180°. Après le polar Vagues invisibles (06) et le drame contemplatif Ploy (07) qui l’ont fait connaître internationalement, le réalisateur respecte les codes du film noir (crime, corruption, femmes fatales) tout en conservant son art de la mise en scène, ses plans très graphiques, le mélange d’impressionnantes scènes de fusillades et de scènes intimes vaporeuses. Son habileté pour raconter les déboires d’un homme trop honnête pour notre monde en une histoire dont les nombreux rebondissements s’étendent sur sept ans force le respect. Sources : laterna-magica.fr – abusdecine.com

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Sources : Les Inrockuptibles n°872, rogerebert.suntimes.com…

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Sources : dossier de presse

Le Bateau de mariage (93) ; Les Aveux de l'innocent (96) ; C'est la vie (01) ; Je m'appelle Elisabeth (06)

vendredi 16 novembre à 19h45, avant première et rencontre avec le réalisateur après la projection.

Into the Abyss USA – 2011 – 1h47, de Werner Herzog.

michael Perry est un condamné à mort texan qui attend la mort à Huntsville, la prison américaine qui exécute le plus de criminels. Lorsque Herzog commence son film, Perry n’a plus que huit jours à vivre. Il a tué trois personnes pour s’emparer d’une voiture… Pas précisément un enfant de chœur, probablement pas non plus un génie du crime… Son complice, lui, a été condamné à 40 ans de prison.

film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Herzog va discuter avec ces deux criminels mais aussi avec les familles des victimes, et des responsables du système carcéral. L’idée n’est certainement pas celle d’une dénonciation de la peine de mort, plutôt d’une approche aussi serrée que possible des différents tenants et aboutissants de cette quasi exception culturelle : les USA sont, avec le Japon, le seul pays démocratique qui pratique encore la peine de mort (et la pratique à grande échelle !) Herzog est depuis longtemps un cinéaste avec qui l’on sait qu’il faut compter ; qu’il tourne des fictions délirantes (Aguirre) ou des documentaires (La Grotte des rêves perdus), il ne laisse jamais indifférent !

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J’enrage de son absence 2012 – France, Luxembourg, Belgique – 1h38 – de Sandrine Bonnaire, avec William Hurt, Alexandra Lamy, Augustin Legrand, Jalil Mehenni…

Sandrine Bonnaire nous avait bouleversés avec son documentaire consacré à sa sœur autiste : Elle s’appelait Sabine. Avec cette première fiction, elle signe un film magnifique aux dires de tous ceux qui l’ont vu. J’enrage de son absence nous raconte l’histoire d’un couple, Jacques (William Hurt) et Mado (Alexandra Lamy), dont le fils est décédé accidentellement il y a une dizaine d’années. Lorsqu’ils se retrouvent, le père devient obsédé par le petit garçon de 7 ans qu’elle a eu d’une autre union. Entre cet homme et l’enfant, un lien fort et inquiétant se crée dans le secret d’une cave. Avec une maîtrise étonnante, une mise en scène sobre et une grande économie de mots, S. Bonnaire parvient à nous « impliquer » dans son drame, avec intensité et empathie. Sans jamais tomber dans le pathos, elle nous enferme peu à peu dans le cauchemar de ses personnages, et nous livre un message fort sur le deuil et la paternité. Un film magistral et bouleversant… Sources : Allo-ciné, Première, cinéobs de Cannes 2012, toutelaculture.com

Le Jour des corneilles Voir pages Jeune Public

Les Lignes de Wellington France-Portugal – 2012 – 2h31, de Valeria Sarmiento, avec Nuno Lopes, Soraia Chaves, John Malkovich…

L

en septembre 1810, Napoléon envahit le Portugal. En face, Wellington dirige l’armée portugaise, alliée des Anglais. Il tente d’attirer les troupes françaises dans un piège. La cinéaste relate la longue fuite des Portugais, soldats et civils, épuisés par une guerre dévastatrice, devant l’avancée des troupes napoléoniennes. C’est une horde affamée, où se mélangent riches et pauvres, femmes et hommes, enfants et vieillards : certains généreux, d’autres lâches ou égoïstes. V. Sarmiento reprend un projet de son époux, Raoul Ruiz, mort avant d’avoir pu le mettre en œuvre. Après Les Mystères de Lisbonne, il souhaitait réaliser un autre film en costumes, une épopée aux multiples personnages. La cinéaste réussit le tour de force de rester fidèle à l’idée de départ de son mari tout en nous livrant un film abouti, fascinant et très personnel. Sources : dossier de presse.

Filmographie sélective : Elle (1996) ; L’Inconnu de Strasbourg (1997) ; Rosa la Chine (2001) ; Secretos (2008).

Little Bird Voir pages Jeune Public

Looper USA – 2012 – 1h50, de Rian Johnson, avec Bruce Willis, Joseph Gordon-Levitt, Emily Blunt…

dans un futur proche, la Mafia a mis au point un système infaillible pour faire disparaître tous les témoins gênants. Elle expédie ses victimes dans le passé, à notre époque, où des tueurs d’un genre nouveau (les Loopers) les éliminent. Un jour, l’un d’entre eux, Joe, découvre que la victime qu’il doit exécuter n’est autre que… lui-même, avec vingt ans de plus. La machine si bien huilée déraille… Troisième long-métrage du surdoué Rian Johnson (dont le polar teenager minimaliste, éthéré et onirique Brick – déjà avec Joseph Gordon-Levitt – avait mis tout le monde d’accord en 2005), Looper est un ambitieux mélange de SF et d’action. Sources : dossier de presse

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La Mer à l’aube Allemagne/France – 2011 – 1h30, de Volker Schlöndorff, avec Léo-Paul Salmain, Ulrich Matthes, Christopher Buchholz…

en 1941, lorsqu’un officier allemand est abattu à Nantes par des militants communistes, Hitler demande l’exécution de 150 otages en représailles. Tandis que l’écrivain Ernst Jünger (en tant qu’officier de la Wehrmacht) est chargé de dresser le récit des événements, c’est à un sous-préfet français de faire le choix des otages. Le film va se concentrer sur les quelques heures qui vont séparer l’attentat de l’exécution des otages, parmi lesquels on compte le très jeune Guy Môquet. Sources : dossier de presse

Les Studio tiennent à remercier Arte pour le prêt de la copie de La Mer à l’aube. lundi 12 novembre : rencontre avec volker Schlöndorff. (Voir page 6)

Mon tonton, ce tatoueur tatoué aventures N LesdeNouvelles la petite taupe Voir pages Jeune Public

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Oliver Sherman Canada – 2010 – 1h22, de Ryan Redford, avec Garret Dillahunt, Donal Loque, Molly Parker…

franklin Page est un vétéran de la guerre d'Irak. Il a vu des choses horribles. Après sept ans, il a mis les cauchemars du passé derrière lui, s'est marié, a deux enfants et un emploi stable. Un soir, frappe à la porte de sa maison Oliver Sherman, un ancien vétéran qu'il a sauvé lors d'une bataille. Il lui souhaite la bienvenue, l'invite à dîner puis à rester quelques jours chez lui. Sherman n'a pas de famille, pas de maison, pas de travail. Au fil des jours, il devient une présence de plus en plus gênante. Il se révèle instable, coléreux, sujet à une grande jalousie. Franklin est partagé entre la fidélité à son ancien ami et la responsabilité vis à vis de sa famille...Oliver Sherman est l'adaptation

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d'une nouvelle de Rachel Ingalls intitulée Vétérans. Pour son premier long métrage, Ryan Redford signe là un drame psychologique puissant. Sources : dossier de presse.

Paperboy USA – 2012 – 1h48, de Lee Daniels, avec Nicole Kidman, Zac Efron, Matthew Mac Conaughey…

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en 1969, un reporter du Miami Times revient dans sa ville natale de Floride, accompagné de son collègue noir, pour enquêter sur le meurtre d’un shérif. Ils ont été embauchés par la fiancée de l’accusé, qui entretient une correspondance depuis des années avec ce chasseur d’alligators qui risque d’être exécuté sans preuves concluantes. Pensant relancer leur carrière, ils sillonnent la région à la recherche de la vérité… Après Precious (09), Lee Daniels a décidé d’adapter le roman éponyme de Pete Dexter car il décrit un monde qu’il connait par cœur évoquant un frère emprisonné pour meurtre et une sœur qui écrit elle aussi aux détenus. Au dernier festival de Cannes, il a fait un véritable scandale, hué par le public après la projection, notamment à cause de scènes provocantes. Télérama décrit un « nanar boursouflé » mais Libération parle d’« un polar initiatique électrisé par les tensions sexuelles et raciales » et Le Nouvel Observateur pense qu’il a le mérite de « secouer un festival qui manquait jusque là d’aspérités. »

Sources : dossier de presse.

+ court métrage semaine du 14 au 20 novembre

Monsieur William France – 2011 – 4’, Animation de Patricia Stroud

+ court métrage semaine du 21 au 27 novembre

Reulf France – 2009 – 4’, de Charles Klipfel, Jean-François Jego, Quentin Camicelli

Royal affair Danemark, France, Allemagne – 2012 – 2h16 – de Nikolaj Arcel, avec Mads Mikkelsen, Alicia Vikander, Mikkel Boe Folsgaard…

Sources : telerama.fr – liberation.fr – leplus.nouvelobs.com

Rengaine France – 2012 – 1h15, de Rachid Djaïdani, avec Slimane Dazi, Sabrina Hamida, Stephane Soo Mongo…

nous sommes à Paris. Sabrina est algérienne, musulmane. Dorcy est noir, chrétien. Ils s’aiment et veulent se marier. Mais c’est impossible : la famille de Sabrina veille au respect de la tradition. Une Arabe ne peut épouser un Noir. Et pour la mère de Dorcy, un chrétien ne peut épouser une musulmane. Sur ce sujet explosif, Rachid Djaïdani évite l’écueil du film militant, aux idées convenues. Il filme avec

respect les personnages, leurs visages surtout, mais aussi leurs corps en mouvement dans les rues de la capitale. Il dresse un portrait saisissant de la ville et du quotidien de ses habitants. Le film a été très remarqué à Cannes : tourné sans aucun argent, il a demandé neuf ans de travail, pour aboutir à un résultat surprenant de maîtrise cinématographique.

R

danemark, 1769. La jeune Caroline Mathilde quitte son Angleterre natale pour épouser Christian VII, roi cyclothymique et débauché plus occupé à festoyer avec des « putes aux gros seins » qu’à gouverner. Les ministres décident de lui trouver un médecin pour s’occuper en permanence de lui. Ce sera Struensee, bon vivant, libéral, humaniste, auteur de textes anonymes largement inspirés de Voltaire et Rousseau. Cet homme ordinaire et courageux va gagner la confiance du roi et le cœur de la reine qui partage ses convictions… Primé dans les plus grands festivals, Royal Affair est un film brillant, d’une extrême élégance, magnifiquement interprété par des comédiens qui nous font croire au trouble de leur esprit comme aux élans de leurs corps et de leurs cœurs avides de liberté. SB

Saudade Japon – 2011 – 2h47, de Katsuya Tomita, avec Wesley Bandeira, Chie Kudô, Chika Kumada…

S

Seiji, ouvrier, sympathise avec Hosaka rentré de Thaïlande. Leurs soirées se passent dans les bars en compagnie de jeunes Thaïlandaises. Lors d’un chantier, ils rencontrent Takeru, membre d’un collectif hip-hop qui chante sa rage contre la société. Lors d’une « bataille de mots » sur fond identitaire, il affronte un groupe de Brésiliens aux origines japonaises. Cette fiction de Katsuya Tomita, entrecroise des parcours. Elle est proche du thème de Furusato 2009, un documentaire qui abordait notamment les problèmes d’intégration des familles d’immigrés. Lui-même ex-ouvrier du bâtiment, Tomita qualifie les emplois qu’occupent les ouvriers de Saudade d’« emplois 3D : [de] dégueulasses, dangereux et dévalorisés ». C’est avec « une liberté de ton électrisante [qu’il] sonde une identité nationale en miettes ». Montgolfière d’Or au Festival des 3 continents (Nantes, 2011), Saudade, propose donc un regard rare sur le Japon moderne. À soutenir absolument, comme nous y encourage Serge Toubiana. Sources : dossier de presse, blog.cinematheque.fr, mcjp.fr

Le Tambour Allemagne – 1979 – 2h42, de Volker Schlöndorff, avec David Bennent, Angela Winkler, Mario Adorf, Andréa Ferreol…

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enfant hors-normes, Oskar reçoit pour ses trois ans un tambour rouge et blanc… Mais Oskar a aussi un regard si critique sur le monde qui l’entoure (l’Allemagne des années 30) qu’il décide de ne jamais devenir adulte, et même d’arrêter sa croissance. Son tambour et un cri si perçant qu’il brise le verre sont devenus ses moyens de communication… Figé dans son corps d’enfant, il contemple la vie de son pays, de la montée du nazisme jusqu’à sa chute et, à travers son regard acide, nous devenons les spectateurs de ce moment clef de l’histoire du vingtième siècle. Bien plus qu’une fresque historique, Le Tambour

les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

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est un grand film -montré ici dans un montage plus long qui correspond aux souhaits de Volker Schlöndorff- qui regarde avec ironie le monde des adultes et ses diverses lâchetés. ER lundi 12 novembre : rencontre avec volker Schlöndorff. (Voir page 6)

Ted USA – 2012 – 1h46, de Seth MacFarlane, avec Mark Wahlberg, Mila Kunis, Seth MacFarlane (voix)…

cela fait plus de trente ans que John et Ted sont inséparables. Il faut dire aussi que Ted est l’ours que John avait quand il était tout enfant… et il faut encore savoir qu’à l’âge de 8 ans, à la suite d’un souhait, John a vu son ours prendre vie et commencer à parler. Ce qui peut être charmant quand on est encore à l’école primaire peut devenir un peu pesant à l’approche de la quarantaine… notamment quand votre petite amie trouve l’ours fort envahissant et encore plus lorsque vous passez tout votre temps libre à boire des bières, regarder des séries idiotes et fumer des pétards avec l’ours en question ! Si certains critiques font la moue, Roger Ebert, critique américain très réputé, est allé jusqu’à dire que Ted est le personnage le plus drôle de cette année cinématographique américaine et que le scénario de Ted est le meilleur scénario de comédie de l’année également ! Sources : rogerbert.suntimes.com, urbancinefiles.com

Télégaucho France – 2012 – 1h52, de Michel Leclerc, avec Félix Moati, Eric Elmosnino, Maïwenn, Emmanuelle Béart, Sara Forestier…

vous souvenez-vous… l’arrivée des premiers caméscopes ? Vu avec le recul, c’était lourd, encombrant, ne permettait qu’un montage laborieux mais, dans les années 80 et 90, ils semblaient promettre que tout un chacun allait pouvoir faire son propre film, ou, plus fou… monter sa propre chaîne de télévision ! C’est le pari que font un groupe de jeunes et moins jeunes, très en colère, qui entendent bien saisir là l’occasion de faire une

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télévision différente, aux antipodes de la télé abrutissante et formatée qui occupe les écrans cathodiques, une télévision révolutionnaire, quelque peu anarchiste et anarchique ! Tout cela n’est pas légal, mais ça n’en est que meilleur… En adaptant un épisode de son histoire personnelle, Michel Leclerc signe, après le très réussi Le Nom des gens, une comédie qui s’annonce tout aussi politique et joyeuse. Comme devrait l’être la révolution… comme devrait l’être la vie !

de prolonger son séjour, il se retrouve entraîné dans un tourbillon d’intrigues familiales et financières et replonge dans un pays dont il ne possède plus les codes. À la mort de son père, découvrant ce qu’est devenue sa «famille respectable», il est contraint de faire des choix… Après plusieurs documentaires, Massoud Bakhshi nous livre une première fiction. Polar sur fond de situation sociale et politique actuelle mêlant aussi des flash-backs sur la guerre avec l’Irak, les personnages forts du film sont avant tout les femmes. « L’importance des femmes dans notre société est déterminante » déclare d’ailleurs M. Bakhshi.

Sources : dossier de presse

mardi 20 novembre à 19h45, avant première de Télégaucho. rencontre avec michel leclerc après la projection.

Sources : dossier de presse, laterna-magica.fr

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Tempête sous un crâne France – 2011 – 1h20, documentaire de Clara Bouffartigue.

alors qu’ils ne se sont pas vus depuis longtemps, deux cousins quittent, ensemble, Buenos Aires en voiture pour aller à l’enterrement de leur grandpère, à Villegas, une petite ville de province où ils

dans un collège de Saint-Ouen, en Seine-SaintDenis, Alice et Isabelle, professeurs de français et d’arts plastiques, travaillent dans la même classe de quatrième, où elles doivent composer avec des élèves tout à la fois agités et drôles, difficiles et attachants. L’idée de la documentariste Clara Bouffartigue était de se plonger dans un lieu que l’on aborde généralement par le biais du cliché pour aller voir de quoi était fait le quotidien concret de ces profs et de ces élèves. Regarder un peu comment l’on construit de la connaissance, transmet du savoir face à des élèves en pleine transformation et pas toujours très disposés à recevoir cet enseignement. Le tout semble tenter d’intégrer une bonne dose de l’énergie que chacun des deux « camps » met dans sa vie…

Iran-France – 2012 – 1h30, de Massoud Bakhshi, avec Babak Hamidian, Mehran Ahmadi, Ahoo Kheradmand…

arash est un universitaire qui a quitté son pays pour enseigner en Occident. Il retourne donner des cours à Chiraz, où vit sa mère. Alors qu’il s’apprête à quitter à nouveau l’Iran, il s’aperçoit que les choses ne vont pas être si simples. Contraint

In Loving Memory France – 2011– 9’, de Jacky Goldberg avec Cassandre Ortiz

14h00 & 19h30 hommage à volker SchlÖndorff en sa présence aux deux séances

Sources : dossier de presse, pointdujour-international.com

Une famille respectable

Villegas Argentine – 2012 – 1h36, de Gonzalo Tobal, avec Esteban Lamothe, Esteban Bigliardi…

ont grandi… Le film est composé en deux parties, la première a la forme d’un road movie, la seconde commence à l’arrivée dans les terres natales. Sans prendre parti pour l’un ou pour l’autre Gonzalo Tobal montre les failles des deux cousins sans jamais en juger aucun. Le retour à Villegas est l’occasion de la résurgence des souvenirs et des émotions qui culminent lors d’une scène superbe dans un silo à grains. Pour le réalisateur, « Ce retour dans le village de leur enfance et les retrouvailles avec le reste de leur famille les confrontent inéluctablement à une perspective de changement et à la fatalité du temps qui passe. Capturer cette perception spirituelle et l’émotion qu’elle génère représentait pour moi un gros challenge ». Pari réussi. JF + court métrage semaine du 7 au 13 novembre

U

lundi 5 novembre – 19h30 dans le cadre du festival PlumeS d’afrique Changement de programme En raison de l’impossibilité de la réalisatrice marocaine Narjiss Nejjar de venir présenter son film Les Yeux secs, le programme de cette soirée a dû être modifié. ce film marocain qui sera diffusé ultérieurement, est remplacé par un film de Sylvestre amoussou :

Un pas en avant, les dessous de la corruption

Le Tambour 1979, Allemagne, 2h42

lundi 19 novembre – 19h30 PARTENARIAT STUDIO

Jacquot de Nantes de Agnès Varda (1990) Fr. Couleurs 1h58

Soirée proposée et présentée par les élèves de la Section cinéma et audiovisuel du lycée Balzac lundi 26 novembre – 19h30

2011 – Bénin-France-Maroc – 1h45

Splendor

le réalisateur viendra présenter son film et un débat suivra la projection. lundi 12 novembre

de Ettore Scola (1989) It. / Fr. Couleurs / Noir et blanc 1h51

Soirée présentée par Jean gili, spécialiste du cinéma italien.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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FILM DU MOIS

Augustine France – 2012 – 1h42, de Alice Winocour, avec Vincent Lindon, Soko, Olivier Rabourdin, Chiara Mastroianni…

1885, Paris, l’hiver. Augustine, une jeune femme de chambre de dix-neuf ans est sujette à de nombreuses crises d’une maladie mystérieuse : l’hystérie, qu’étudie le professeur Charcot. Elle devient rapidement son cobaye favori et la vedette de ses démonstrations d’hypnose et autres « présentations publiques » à la Salpêtrière ou à l’Académie de Médecine. Mais, peu à peu, l’objet d’étude devient objet de désir… Courageux. Pour son premier long métrage, Alice Winocour a choisi de se confronter au film en costumes avec personnages célèbres, à la fois scientifique et romantique. Il y avait risque de momification, de scénarisation à outrance ; quand la reconstitution historique cadenasse, fait de l’ombre à la chair des protagonistes. Rien de tel ici, et pourtant Augustine est aussi une superbe réussite esthétique. De la photo souvent en clair-obscur et signée Georges Lechaptois (Belle épine, Américano, entre autres) à la musique de Jocelyn Pook (Eyes wide shut, L’Emploi du temps, notamment). Mais ce sont les êtres humains qui intéressent avant tout la réalisatrice. Et en particulier cette jeune femme (qui n’est pas sans rappeler, par certains aspects, les héroïnes de Vénus noire, d’Abdellatif Kéchiche ou de L’Histoire d’Adèle H, de François

Truffaut) qui vit une véritable révolution. De sujet passif, elle devient actrice en prenant peu à peu possession d’elle-même tout en transformant les regards que l’on pose sur elle. L’omnipuissance de la médecine, des hommes, cède, quand dans les yeux du professeur Charcot elle n’est plus seulement un élément d’étude. De la froide raison au désir, ce dernier est aussi un personnage complexe qui s’humanise en perdant de sa rigidité, en cassant son armure. Et à travers les nombreuses « présentations publiques » assez impressionnantes, le film est aussi passionnant par la réflexion qu’il propose sur le jeu du simulacre et du réel. Quant aux acteurs, quel régal ! Vincent Lindon fait passer désarroi et fragilité inattendue, Chiara Mastroianni est superbe dans un rôle malheureusement trop court. Et, surtout, le film est un rôle inoubliable pour la jeune Soko (déjà remarquée dans À l’origine, de Xavier Giannoli et Bye bye Blondie, de Virginie Despentes). À la fois très expressive et pourtant très sobre, jamais dans la performance, elle est aussi stupéfiante dans les crises d’hystérie que dans les face-à-face avec le professeur Charcot. Grâce à elle, Augustine, « Louise Michel de la psy naissante », comme on a pu le lire dans Libération, retrouve honneur et vie. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n°306 novembre 2012 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


France – 1961 – 30 mn, de Carlos Vilardebo. À partir de 7 ans

Nikita le tanneur : il sauvera son village du terrifiant dragon par la ruse. Tout conte fait : comment trouver un mari à la princesse triste ? L’Automne de Pougne : quand les histoires disparaissent des livres, c’est la tristesse générale !

Laissez entrer vos enfants dans l’imaginaire et la création de l’artiste, avec ce documentaire touchant et poétique.

Jeune Public

Jeune Public

MPourOcetteI occasion, S Dnous U avonsDréuni Odeux C films UM E N TA I R E illustrant le cirque et les arts.

À partir de 4 ans

France – 2012 – 42 mn, courts métrages d’animation de I. Tcherenkov, A. Condoure, A. Lanciaux.

À partir de 8 ans

France – 2000 – 52 mn, de Bruno Lemesle.

Découvrez la vie quotidienne, les répétitions et les spectacles de la troupe Que-cir-que. France – 2012 – 1h35, film d’animation de Jean-Christophe Dessaint, avec les voix de Jean Reno, Lorànt Deutsch, Isabelle Carré…

Tout public à partir de 7 ans

VF

Le fils Courge vit au cœur d’une grande forêt hantée par de paisibles fantômes. Un jour, il est obligé de se rendre au village et rencontre Manon…

Tout public à partir de 8 ans

2D VF

3D

USA – 2012 –1h27, film d’animation de Sam Fell et Chris Butler.

Danemark – 2011 – 45 mn, film d’animation de Karla von Bengtson.

À partir de 5 ans

Norman, qui a le pouvoir de parler aux morts, va devoir sauver la ville d’une invasion de zombies…

Un gentil tatoueur aux gros bras tatoués élève seul sa nièce Maj et il aimerait bien lui trouver une vraie famille… Ce film au graphisme coloré et joyeux aborde avec humour et poésie la question de la famille recomposée. Pays-Bas – 2012 – 1h21, de Boudewijn Koole, avec Rick Lens, Ricky Koole, Loek Peters…

Fête de l’animation le mercredi 31 : court métrage Sea of Sweets en avant-programme.

USA – 2012 – 1h27, de Tim Burton.

VO

Tout public à partir de 10 ans

Ce film est l’adaptation du court métrage réalisé par Tim Burton en 1984 : une version canine de Frankenstein !

Inspiré de sa propre enfance, B. Koole a créé un univers réaliste et onirique autour de Jojo, dix ans, qui partage sa solitude avec un choucas adopté. Little Bird, à la symbolique maîtrisée, aux cadrages et au chromatisme originaux, a reçu le prix du Meilleur premier film de la Berlinade 2012.

Tout public à partir de 7 ans USA – 1926/1927 – 1h10, de Charley Bowers et Harold L. Muller.

Version musicale

Monsieur Bricolo, génial inventeur loufoque, fabrique des machines extraordinaires avec des pistons, des roues, des poulies... Lundi 5 après la séance de 14h15, les enfants pourront venir découvrir les secrets du doublage son au cinéma.* *en partenariat avec l’ACC.

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À partir de 3 ans sans paroles

VF

Tout public à partir de 8 ans

VO

Tout public à partir de 10 ans

République tchèque – 1963 à 1974 – 44 mn, courts métrages d’animation de Zdenek Miler.

L’adorable petite créature est repartie pour de nouvelles aventures avec la complicité de ses amis. Cinq histoires à la fois drôles, attachantes et belles.

• Jean de la lune, de Stephan Schesch • Les Cinq légendes, de Peter Ramsey • Ernest et Célestine, de Stéphane Aubier, Vincent Patar et Benjamin Renner Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici. . . ` la femme À la caméra Isabelle Adjani aurait-elle véritablement repris goût à la caméra ? En tous les cas, après David et Madame Hansen de et avec Alexandre Astier, elle devrait passer derrière la caméra pour réaliser une biographie de Berthe Morisot, l’une des rares femmes ayant participé au mouvement impressionniste en tant que muse mais aussi en tant que peintre ! La comédienne adaptera pour ce projet le livre de Dominique Bona, Le Secret de la femme en noir, mais on ignore si elle apportera aussi sa fougue au personnage, femme passionnée comme elle les affectionne ! ` réchaud et frigo Elles ont débuté en même temps (Faustine et le bel été de Nina Companeez en 1972), sont devenues sœurs (Brontë) pour André Téchiné, mais n’ont absolument pas appréhendé leur carrière de la même façon : l’une, Isabelle Adjani, a le coup de cœur rare et tourne donc peu; l’autre, Isabelle Huppert n’arrête pas de tourner en France et à l’étranger, tout en opérant des choix exigeants ! Si la première annonce son envie d’être réalisatrice, la seconde a assuré ou assurera prochainement les sorties de : La Bella addormentata de Marco Bellochio, In another country de Hong Sang-soo, Amour la dernière Palme d’or de Michael Haneke, Les Lignes de Wellington qui, suite à la disparition de Raoul Ruiz, aura été réalisé par sa compagne Valeria Sarmiento ! Tout en enchaînant les tournages de Tip Top de Serge Bozon, La Religieuse de Guillaume Nicloux, Dead Man Down de Niels Arden Oplev, Suspiria de David Gordon Green et Abus de faiblesse de Catherine Breillat, sans oublier The Disappearance of Eleanor Rigby de Ned Benson! Ouf ! ` maÎtre et eSclave Après son adaptation de Carnage la pièce de Yasmina Reza, Roman Polanski, pour son prochain film, se tourne de nouveau vers le répertoire théâtral contemporain avec La Vénus à la fourrure de David Ives : l’histoire d’un jeune auteur qui cherche l’actrice capable d’interpréter le rôle principal de sa pièce, adaptée du livre de Sacher Masoch, qui finira par vivre avec elle une relation de domination et de soumission similaire à celle des personnages de la pièce ! Louis Garrel et Emmanuelle Seigner seront les interprètes de cette « comédie érotique et grinçante » comme le projet est défini dans le communiqué de presse. ` le grand Jeu François Damiens, dont la diction

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indéfinissable et l’air ahuri relèvent du grand art, est devenu une figure marquante du cinéma français avec notamment ses prestations dans OSS 117, L’Arnacoeur ou La Délicatesse. Accédant désormais aux premiers rôles, il est annoncé dans Je fais le mort de Jean-Paul Salomé, avec Géraldine Nakache, Lucien Jean-Baptiste et Anne Le Ny. Notre ami belge campera dans le film un comédien qui, en panne d’engagements, se fait rémunérer pour jouer le mort dans des reconstitutions de scènes de crimes. Étonnant non ?

et ailleurs. . . ` L’OMBILIC DES LIMBES A. Artaud Terry Gilliam, réalisateur malchanceux s’il en est, a de la suite dans les idées ! Il prépare The Zero Theorem et a déjà engagé pour le rôle principal le désormais très courtisé Christoph Waltz (Inglourious Basterds). Ils nous conteront l’histoire d’un génie de l’informatique excentrique et asocial, souffrant de névroses existentielles, et obsédé par l’idée de trouver le sens de la vie… En 1983, quand il était encore un Monty Python, Terry Gilliam se posait déjà cette abyssale question dans un film qui portait même ce titre ! ` la claSSe américaine Grâce à The Artist et à son succès triomphal, Michel Hazanavicius a obtenu son passeport pour tourner chez l’Oncle Sam. Pour In the Garden of Beasts, adapté d’un roman de Erik Larson basé sur des faits réels, il s’intéressera à la trajectoire du premier ambassadeur américain de l’Allemagne hitlérienne, dont la fille deviendra la maîtresse d’un responsable du parti nazi. Tom Hanks pourrait jouer l’ambassadeur tandis que Natalie Portman interpréterait sa fille. ` au Sommet Sean Penn revient derrière la caméra, cinq ans après le bouleversant Into the Wild. Il se penchera de nouveau sur l’itinéraire singulier d’un très jeune homme, en l’occurrence celui de Norman Ollestad, champion prodige de ski de haut niveau. À onze ans, celui-ci a été le seul rescapé d’un crash aérien et n’a dû sa survie en haut d’une montagne qu’à l’éducation basée sur le dépassement de soi, transmise par son père. Si Josh Brolin est annoncé dans le rôle du père, on ne sait pas qui interprétera ce Greystoke des sommets ! IG

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Interférences Du vent dans mes mollets À perdre la raison

Jeunesse et indignation Bande annonce

Q

E

n mai 2011, le mouvement des Indignés naissait à Madrid, mouvement en grande partie formé par des jeunes, dans un pays en crise qui n’offre plus d’avenir à ses enfants. En France, force est de constater que, malgré des tentatives, ce mouvement planétaire a bien du mal à rassembler, y compris dans la jeunesse. Certains expliqueront ce manque de mobilisation par une photographie biaisée, relayant sans cesse les mêmes clichés : « Les jeunes ne pensent qu’à sortir, brûler des voitures… » Des réponses simplistes d’une société qui a peur de sa jeunesse et qui ne la considère pas comme la ressource majeure pour répondre aux enjeux de la société de demain ? Les jeunes français, contrairement aux autres jeunes du monde, se désintéresseraient-ils de la politique ? Alors, la France, pays de la Révolution, de la Résistance aurait-elle fait de ses enfants ceux de la résignation ? L’école de la république n’aurait-elle pas formé ces enfants à devenir des citoyens éclairés, garants de la démo-

cratie ? Co-éducateurs : les enseignants, éducateurs, parents leur ont-ils donné accès à ces nouvelles formes de mobilisation? Se contenter de ce tableau morose reste restrictif. En effet, chacun de nous peut dire qu’il connait un jeune qui se mobilise chez les indignés, dans une association, dans son quartier pour partager, créer, mieux vivre avec les autres. Oui, ces jeunes existent, ils nous entourent et vivent avec leurs pairs qui parfois, tout comme les aînés, les suivent dans cette mobilisation pour l’avenir et d’autre fois les prennent pour fous. Laissons aux jeunes le temps de se construire, d’essayer et de se tromper parfois puis ayons confiance en leur capacité à créer. Stéphane Hessel, auteur du best-seller Indignez-vous !, ne dit-il pas lui-même que : « Créer, c’est résister. Résister, c’est créer ».

u’est-ce qui aimante la chanson et le cinéma ? Pourquoi y a-t-il tant d’acteurs ou d’actrices qui veulent chanter (avec plus ou moins de talent) ? Pourquoi y a-t-il tant de chanteurs qui deviennent des acteurs (souvent excellents) ? Pourquoi, au cœur d’un film, une chanson prend-elle souvent tellement de force alors que, dans la vie courante, il faut en lire les paroles pour qu’elles nous touchent tout à fait ? Dans deux films récents, tous les deux marqués par la mort d’un ou de plusieurs enfants, deux chansons m’ont particulièrement ému. Le ton général du film de Carine Tardieu Du vent dans mes mollets est plutôt léger. Même s’il parle des peurs, des doutes et des souffrances de l’enfance, l’humour sait prendre le dessus grâce à l’excellente interprétation des acteurs adultes et enfants et de la vivacité inventive de la mise en scène. La mort de Valérie, l’une des deux jeunes héroïnes, est d’autant plus brutale, insupportable, scandaleuse. Même si, à la fin, on voit son amie Rachel sur son vélo, lancée vers un futur où elle saura surmonter ses traumatismes, le spectateur reste plongé dans un sentiment de tristesse qu’exacerbe la nostalgie poignante de la chanson du générique : un Barbara magnifique, que je ne connaissais pas : Mon enfance. Pourquoi suis-je donc revenue et seule au détour de ces rues? J’ai froid, j’ai peur, le soir se penche. Pourquoi suis-je venue ici, où mon passé me crucifie? Elle dort à jamais mon enfance.

Dans le film de Joachim Lafosse À perdre la raison, tout est écrit d’avance : dès les premières images, on sait que l’insupportable s’est déjà produit, on voit les quatre petits cercueils blancs sur le tapis roulant d’un aéroport. Avec l’obstination d’une tragédie, le film ira implacablement du couple amoureux qui irradie le début de leur histoire jusqu’à cet épilogue morbide dont l’aspect sanglant restera violemment hors champ. Pour Émilie Dequenne, bouleversante de bout en bout, tout se jouera lors d’un trajet en voiture sur la durée d’une chanson. Je ne suis pas très sensible à l’univers de Julien Clerc. J’avais déjà entendu d’une oreille distraite Femmes, je vous aime, sans que les paroles de J-L Dabadie m’aient touché le moins du monde. De profil, en gros plan, alors que défile derrière elle un extérieur imperceptible, on ressent l’effondrement intérieur de Murielle qui, de l’apathie à la dépression, la conduit à ne voir d’issue que dans la mort, la sienne (qu’elle ne sera pas capable de se donner) et celle de ses quatre enfants. Par ce travelling immobile, grâce à l’intensité du jeu d’Émilie Dequenne, cette chanson anodine prend, soudain, une puissance d’émotion insoupçonnable jusque là… Quelquefois Si dures Que chaque blessure Longtemps me dure Longtemps me dure… DP

Matthias Ribardière, pour la Fédération des Œuvres laïques

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

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Courts lettrages Camille redouble

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Camille redouble… d’humour tendre, de joie contagieuse, de nostalgie jamais larmoyante et d’excellents acteurs. DP

de physique, incarné par un remarquable Denis Podalydès. Camille n’aurait jamais dû redoubler. CdP

Le film est un remake revendiqué de Peggy Sue s’est mariée (Coppola, 1986). Il démarre par un prologue enlevé et prometteur. Son sujet est tout sauf réaliste, puisque Camille retourne dans son passé en 1985. On pouvait s’attendre à un film délirant, pour le meilleur ou pour le pire. On n’a rien de tout cela, on s’embarque avec l’héroïne pour une histoire ordinaire, finalement banale malgré le bizarre voyage dans le temps de Camille. Tout y est balisé, reconnaissable, sans surprise : l’adolescence, la force et la fragilité de l’amour, le caractère entier et rebelle des ados (ah la facilité des poncifs !). On n’y est pas dépaysé (hélas !). Un seul vrai bon point pour le prof

Noémie Lvosky a du culot, et ça paye : même en adolescente punkette à mini-jupe écossaise, doudoune rouge et pompes fluo, elle n’est jamais ridicule. Rarement le passage du temps aura été traité au cinéma avec une telle audace. Et au final, un film frais et sensible à la fois réjouissant et bouleversant. SB

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Denis est très occupé : pharmacien pour son frère, journaliste pour Roschdy, installateur de cuisine pour Carine, prof pour Noémie, éditeur pour Louis-Do, auteur dramatique pour Alain et même Nicolas S. pour Xavier. Quelle santé ! JF

Mieux qu’une thérapie, un voyage dans le passé : pour accepter que les histoires d’amour ne finissent pas toujours bien, que nos parents doivent mourir, que le temps perdu ne se rattrape plus, comme le chante si joliment Barbara. BS Un film « qualité-France », retour au « réalisme poétique », toutefois sans l’ancrage social. Cela devrait s’appeler Contes de Noël. Dommage, le titre est déjà pris par un film de Desplechin, cinéaste autrement plus pertinent. EC Quelle impression cela peut-il bien faire d’avoir le même âge, ou presque, que sa mère ? JF

Je suis d’avis que Noémie Lvovsky redouble et redouble encore si c’est pour nous offrir des films aussi subtils, émouvants, drôles, humains que celui-ci ! Camille, avec ses douleurs, ses failles, ses peurs, ses fuites, ses joies, ses hauts, ses bas c’est sans doute beaucoup elle, mais c’est aussi tellement nous… IG Il fallait un sacré culot à Noémie Lvovsky pour incarner l’ado Camille en gardant son corps d’adulte ! Le ridicule s’est évanoui sans la tuer. Un décalage émouvant s’est imposé. J’imagine que nous sommes nombreux à partager cette réflexion sur la vie, le temps qui passe inexorablement avec nos doutes, nos obsessions autour de l’âge, la jeunesse perdue, la mort des parents… sur le ton de la comédie mais avec des accents mélancoliques ! MS

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Faca à face Camille redouble

Flash back vers le futur Camille Vaillant a seize ans. Elle vient de perdre sa virginité et de tomber enceinte en même temps, mais elle ne le sait pas encore. Ou plutôt si, elle le sait, puisque Camille a en fait quarante et un ans et qu’elle s’est réveillée, après une mauvaise cuite, propulsée vingt-cinq ans en arrière. Sur l’écran elle a le physique de ses quarante et un ans mais seuls elle et nous, les spectateurs, nous en apercevons. Elle n’est pas la seule à présenter cette particularité, d’autres personnages sont interprétés, aux différents âges, par les mêmes acteurs. Mais pas tous non plus, Camille redouble peut-être, mais elle ne se répète pas, Noémie Lvovsky n’applique aucun systématisme. Le film est un constant et heureux mélange. Entre passé et présent des souvenirs perdurent, d’autres pas ; des situations ne peuvent se modifier alors que l’on peut en changer d’autres. Sans ironie (pourtant le décalage spatio-temporel, les costumes, les tics de langage, entre autres, pouvaient y prêter), le film traite le sujet sérieusement. Le film est assez étonnant et on se demande bien comment fait la réalisatrice pour que l’on réussisse à voir les

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Faca à face Camille redouble

parents de Camille à la fois avec les yeux de l’adolescente de seize ans (en gros, ils sont vieux et un peu nuls) et ceux de ses quarante et un ans (ceux de la tendresse et de l’amour qui peut se dire) ? Cette comédie très drôle qui sait être délicate et émouvante est magique. Comme cette discussion entre Camille et sa mère, quand elle lui annonce qu’elle est enceinte. « Mais tu l’aimes ? » demande la mère à propos du père de l’enfant, « Est-ce que l’on peut être sûr de l’amour ? » répond Camille qui du haut de ses seize/quarante et un ans sait que, dans vingt-cinq ans, celui qu’elle aime l’aura quittée. « Oui, on peut être sûr d’aimer quelqu’un, on peut être sûr de l’amour qu’on lui porte » lui dit sa mère. La scène pourrait paraître presque banale mais cette douceur et cette écoute entre les personnages bouleversent. Car même si elles ne sont pas sur la même longueur d’onde, il n’y a pas de confrontation violente, pas de cris. Chez Noémie Lvovsky on est dans l’acceptation de l’autre pas dans le conflit. Autre moment miraculeux lors de la fête d’anniversaire. « Et si on disait une prière ? Non, pas une prière, une chanson » dit Camille à ses parents. Et tous les deux de chanter Une petite cantate pendant qu’elle les enregistre et qu’elle leur fait

jurer de ne pas mourir dans le micro de son petit magnétophone. Pourtant elle sait que sa mère vit ses derniers jours, mais, puisqu’elle est revenue en arrière pourquoi ne pas essayer de changer le cours des choses ? Si elle ne peut empêcher la mort de sa mère (très belle scène où elle revit cet instant tragique), elle arrive néanmoins à tordre, un peu, le cours du temps en persuadant M Da Costa, l’un de ses profs, de conserver, pour elle, les voix enregistrées de ses parents. Elle lui promet de venir les chercher quand elle aura quarante et un ans (qu’elle a déjà, en fait, mais c’est un peu compliqué à admettre pour M Da Costa). « On va se choisir une chanson, quand vous l’entendrez, vous penserez à moi. Ça sera Dis quand reviendrastu ? ». Un titre on ne peut plus approprié. Deux fois Barbara (très présente ces temps-ci après Mon enfance dans Du vent dans mes mollets de Carine Tardieu), mais aussi Walking on sunshine (Katrina and the waves), Venus (Bananarama), 99 luftballons (Nena), des tubes de l’époque, mais avec très peu de nostalgie car Noémie Lvovsky y adjoint des compositions d’aujourd’hui créées par Gaétan Roussel (Au bord des océans par exemple). Quand on aime que le cinéma et la chanson fassent bon

ménage, on remercie Noémie Lovsky d’avoir autant de talent. La Camille d’aujourd’hui n’a plus la force de celle de seize ans, elle survit grâce a des figurations, boit beaucoup trop et ne peut accepter la fin de son histoire d’amour avec Éric, le père de sa fille. Elle a perdu sa vaillance tout comme elle s’est perdue de vue. Le film lui permet de la retrouver et de se réconcilier avec elle-même. Camille ne recommence pas sa vie, elle ne se répète pas ; elle prend un nouveau départ et c’est très beau. JF

Redoublements Alors qu’il tournait sur les grands boulevards, la manivelle de la caméra de Georges Méliès est restée coincé une minute : lors de la projection, un omnibus se transforma en corbillard ; ainsi naissait le premier effet spécial de l’histoire du cinéma et celui-ci se trouvait définitivement lié à la magie, aux apparitions, disparitions et autres fantasmagories. Rien de plus facile au cinéma que de convoquer des fantômes (un personnage meurt puis revient hanter celui qui lui survit) et dans un sens, le cinéma tout entier n’est qu’une

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histoire de revenants : filmer, c’est graver sur de la pellicule ou numériquement un instant donné, c’est faire du passé du présent qui ne passe pas, c’est garder l’image de ceux qui furent, pas l’image statique et figé des tableaux ou des photographies mais celle en mouvement, vivante. On comprend que les premiers spectateurs des frères Lumière furent effrayés : ils avaient peur d’être écrasés par ce train qui entrait en gare de La Ciotat mais ils présentaient peut-être aussi ce côté spectral du 7e art. Voyager dans le temps : c’est l’une des idées qui ont séduit de très nombreux scénaristes qu’ils soient ou non de science-fiction et les techniques numériques ont multiplié les possibilités d’exploration temporelle. Voyager dans le temps de sa propre histoire, revivre son passé : c’est l’un des rêves que nous avons sans doute tous eu un jour où l’autre. Dans le manga de Jiro Taniguchi intitulé Quartier lointain (adapté au cinéma par Sam Gabarski) un quadragénaire se trompe de train après une soirée trop arrosée, revient dans la ville de son enfance, et après un malaise sur la tombe de sa mère se retrouve âgé de 14 ans mais avec son expérience d’adulte. Ce qui trouble dans Camille redouble de Noémie Lvovsky (qui reprend l’idée de Peggy Sue s’est mariée de Coppola) c’est qu’elle est projetée (après une soirée trop arrosée !) dans son passé d’adolescente avec son corps de femme de presque cinquante ans. Ce pourrait être totalement ridicule (lorsqu’on l’a découvre au sortir de l’hôpital attifée en ados des années 80) mais tout passe avec une grâce, un humour et une élégance folle. Peut être parce que la très bonne idée de ce projet

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Rencontre Namir Abdel Messeeh

intenable, c’est que la réalisatrice joue ellemême le rôle titre et qu’elle est en chairs et en os le véritable effet spécial de ce film. Revivre les découvertes, les hésitations, les envolées fiévreuses de cet âge fondateur, bien sûr, et avec une joie contagieuse (la scène de dépucelage est absolument délicieuse) mais aussi plonger dans la mélancolie de tout retour en arrière : aurait-il été possible de changer le cours des choses ? Chez Taniguchi, le héros veut empêcher la disparition de son père. Chez Lvovsky, il s’agit à la fois d’empêcher la rupture d’anévrisme de sa mère et d’empêcher la naissance d’une histoire d’amour qui, après des années de vie partagée et passionnée, s’est achevée dans une séparation douloureuse. Insupportables, l’un et l’autre. Bien sûr, malgré toute la pugnacité de cette ado quarantenaire, rien ne peut être changé. Ni les histoires d’amour ni les histoires de mort. De cette mère disparue (la lumineuse Yolande Moreau) ne restera qu’un filet de voix, sur une cassette glissée au fond d’une enveloppe, au bout d’un retour au présent infiniment mélancolique et finalement heureux. DP

NAMIR ABDEL MESSEEH aux Studio © Nicole Joulin

Faca à face Camille redouble

Ce vendredi 7 septembre, la salle du Studio 1 est comble pour accueillir Namir Abdel Messeeh, le réalisateur de La Vierge, les Coptes et moi. Le film, précédé d’une rumeur favorable, est très attendu. Cette avant-première est organisée à la fois par Ciclic (Centre Images et Livre au Centre) et par les Studio.

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’emblée, le cinéaste rappelle qu’il a voulu réaliser une comédie qui ne veut rien démontrer. Néanmoins, il a eu envie de comprendre le rapport des Coptes à la foi : l’important n’est pas l’apparition de la Vierge en soi, mais les gens eux-mêmes, dont il ne se moque surtout pas, parce qu’il les trouve profondément humains. Il a tourné avec une petite équipe (3 ou 4 personnes), dans laquelle tout le monde était non-croyant. A un spectateur qui lui demande si le film était écrit avant le départ en Egypte, le réalisateur répond que le film était très écrit, mais que le scénario a sans cesse été modifié sous la pression des événements. Le film a rencontré beaucoup de difficultés financières : mais ce qui était un handicap

s’est révélé aussi un atout. L’absence de financeur a libéré l’équipe de toute pression et lui a laissé un espace de liberté qui a débridé sa créativité. Il n’y avait pas de comptes à rendre. Le tournage a duré quatre ans : forcément, l’écriture du film a sans cesse évolué, même au moment du montage. Un autre spectateur fait remarquer que le film instaure un rapport étrange entre religion et cinéma : quand les villageois regardent la version finale (dans laquelle ils ont joué), ils ont le même comportement pendant la projection que devant le personnage de la Vierge quand ils jouaient. Le réalisateur acquiesce : l’hypnose du spectateur au cinéma est d’une certaine manière d’ordre religieux. Il ajoute qu’il a pris beaucoup de plaisir à tourner. Il est

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Rencontre Namir Abdel Messeeh

parce qu’ils craignaient le regard que pouvaient avoir les Musulmans sur les Coptes et sur cette histoire. Il leur fallait accepter que tout cela soit dévoilé publiquement sur un écran. Et puis à l’épreuve des faits, leur crainte s’est dissipée.

heureux d’avoir trouvé une écriture libre, qui joue tantôt avec le registre de la fiction, tantôt avec celui du documentaire. Son seul souci a été de faire fonctionner ce dispositif. Un spectateur souligne que plusieurs scènes parlent du réalisateur à la troisième personne, comme s’il n’était pas là, notamment quand sa mère rencontre un astrologue. Namir Abdel Messeeh répond que sa mère est réellement allée voir cet astrologue mais sans lui : il a donc demandé aux deux de pouvoir filmer la scène et du coup il l’a tournée dans un registre de fiction, comme s’il était absent. De même, dans l’appartement, quand Namir consulte Internet pour se documenter, il y avait en réalité trois autres personnes avec lui. Mais cela ne fonctionnait pas, il fallait qu’il soit seul. Tout a été filmé à nouveau, la mise en scène a été refaite : c’est cette nécessité de mettre en scène qui introduit la fiction dans le film. Il a fallu ainsi que le cinéaste se pose la question fatidique du « comment filmer » et du rapport qu’il entretenait comme personnage avec la caméra.

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Alors qu’habituellement le genre documentaire s’accommode mal du comique, dans La Vierge, les coptes et moi l’association fonctionne. On rit avec les personnages, sans se moquer d’eux. Du coup on y voit l’Égypte et les Coptes autrement que dans les médias. On regarde ceux-ci non plus seulement comme des victimes, mais comme des personnes, avec leurs soucis certes, mais aussi avec leurs joies : au point, souligne le cinéaste, que même des Musulmans en voyant les rushes du film se sont reconnus dans cette famille copte. Quant aux membres de sa famille, ils ont été heureux et très fiers d’avoir joué pour le film. Contrairement à ce qui a été affirmé dans certains médias, ils se sont sentis respectés, ils n’ont pas eu l’impression qu’on riait à leurs dépens. La mère du réalisateur elle-même était ravie et a beaucoup ri. En somme, les gens qui ont tourné se sont approprié le film avec bonheur. L’accueil dans les projections qui ont été proposées dans un festival égyptien a été bon. La question religieuse n’a posé de problème pour personne. Néanmoins, certain Coptes ont été gênés au début,

Un spectateur s’étonne qu’on entende la voix du producteur au téléphone. Le cinéaste répond que sur cette question documentaire et fiction se mêlent : les propos sont bien ceux que le producteur a tenus, mais la voix est celle du monteur. Le producteur était prévu (avec son accord) comme personnage du film : mais la brouille violente qui a suivi rendait cela impossible. Pour garder le personnage, il a donc fallu faire intervenir le monteur. À une question de la salle pour savoir si le film aurait été possible sans la présence de sa famille, Namir Abdel Messeeh répond que la famille c’est le film. Prendre des acteurs aurait été difficile pour lui : des acteurs s’approprient nécessairement la fiction qu’ils jouent, le cinéaste ne se serait plus reconnu dans l’histoire qu’il tournait. C’est pourquoi il a choisi plutôt le genre documentaire et l’œuvre familiale. Il a ainsi obtenu un film hétéroclite qui parle de la famille, du cinéma, de la Vierge, de l’Egypte, des Coptes, de la religion (accessoi-

rement). Et c’est ce qu’il souhaitait. Un spectateur souligne que le film questionne le réel, sa nature, et interroge le rapport du cinéma avec la croyance. Il pense à des films comme La Rose pourpre du Caire, qui explore la question du rapport entre le réel et le cinéma. Pour le réalisateur, tout film est représentation et pose cette question. Filmer, c’est inévitablement s’affronter au réel, à son essence. Chaque cinéaste trouve un dispositif pour aborder cette problématique, par le jeu des acteurs, le scénario, le montage, le sujet choisi. Tout film en arrive à cette interrogation : qu’est-ce que le réel ? Dans La Vierge, les Coptes et moi, le réel se situe à la fin du film, dans les yeux des gens qui regardent le film. À ce moment-là, peu importe si les apparitions sont vraies ou jouées. Leur regard dit ce qui est réel. Le reste ne compte plus. CdP

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À propos de Lambert Wilson

I

l est autant de parcours que d’acteurs. Avec ou sans formation, avec une hérédité parfois chargée (fils ou fille de) ou pas, avec des débuts fracassants ou discrets, des carrières que le temps fait évoluer ou d’autres qui meurent à peine écloses. Lambert Wilson est un cas particulier. Son premier rôle vraiment important il l’a obtenu dans Cinq jours, ce printemps-là, de Fred Zinnemann aux côtés de Sean Connery, en 1982, comme on ne l’avait jamais repéré malgré quelques rôles secondaires, on a découvert un jeune acteur anglais. Pour ceux qui l’ignoraient, il était impossible de deviner qu’il était, en fait, français et fils de l’acteur Georges Wilson. Dès le début, donc, on n’a pas trop su où le situer. Bilingue, danseur, chanteur, acteur ; on le trouvait aussi bien au musichall qu’au théâtre ou au cinéma. En plus, il était (et est toujours) d’une grande beauté et cet avantage n’en est pas toujours un pour un acteur préférant que l’on voie, chez lui, le travail plutôt que l’apparence. En France, on aime bien les cases, on aime l’idée des mélanges, d’accord, mais l’idée seulement ; on craint l’éparpillement, on pense que l’on ne peut pas avoir plusieurs cordes à son arc.

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Lambert Wilson, on ne savait pas trop quoi en penser. On admirait sa belle gueule et ses nombreux talents, certes, mais sans le prendre totalement au sérieux. Petit à petit, les choses se sont transformées, et depuis 2010, grâce au comte de Chabannes dans La Princesse de Montpensier de Bertrand Tavernier et au frère Christian dans Des hommes et des dieux de Xavier Beauvois, son statut semble différent. Pourtant Lambert Wilson a toujours, depuis ses débuts, alterné drames et comédies, films exigeants et d’autres un peu moins. Alors, qu’est-ce qui a changé ? La rencontre avec Alain Resnais (qui est le réalisateur avec lequel il a le plus travaillé : On connaît la chanson, Pas sur la bouche, Cœurs et le tout dernier Vous n’avez encore rien vu) ? Une ampleur acquise avec l’âge ? Le cliché de la maturité ? La reconnaissance obtenue grâce aux deux rôles magnifiques précédemment cités ? Comme si, maintenant, non seulement crédible mais reconnu et considéré, il pouvait assumer toutes ses amours, faire rire, faire pleurer, faire ce qu’il lui plaît.

grosse moustache qui n’a de dictatorial que le nom et qui se consume dans son amour et sa dévotion pour… Céline Dion ! Il possède dans son palais un musée entièrement consacré à la chanteuse où sont exposées tenues de scènes, chaussures, photos, enregistrements et autres reliques saintes. À l’écran la situation est déjà très drôle et la visite du sanctuaire vaut le détour mais ce n’est rien encore. Car Sur la piste du marsupilami contient une scène vraiment grandiose. Dans celle-ci, le général à moustache apparaît en robe lamée or très fendue, épaule dénudée, longue perruque blonde et talons aiguilles. Ainsi accoutré il exécute un show sur I’m alive, une chanson de son idole. D’aussi bon goût que ceux de sa vedette à Las Vegas, son numéro le fait danser dans les allées du jardin de son palais, entouré de ses boys (les militaires de son armée) pour finir en apothéose au bord d’une fontaine d’un goût très incertain. Ce grand moment, sans doute promis à un avenir

culte, est hilarant et très jouissif. D’autant plus qu’il n’est pas bêtement moqueur. Il y a de l’ironie mais aussi de la tendresse dans le regard d’Alain Chabat et, grâce à cela, cette scène n’est pas seulement kitschissime. Lambert Wilson y est incroyable. Avec un vrai sens comique il est en empathie avec son personnage qui réalise là son rêve. Il ne se moque pas et sa façon de porter lamé, talons et perruque, fait le reste. Son travail, cette désinvolture sérieuse, ce mélange de lâcher prise et d’infini contrôle, est un régal à voir. De frère Christian au général Pochero il y a un immense écart que seul un aussi grand et surprenant acteur peut accomplir. L’avoir quitté dans ce rôle pour le retrouver en Orphée dans Vous n’avez encore rien vu d’Alain Resnais, confirme que Lambert Wilson aime nous surprendre ; gageons que ses choix futurs nous surprendront tout autant. JF

Y compris accepter le rôle du général Pochero dans Sur la piste du marsupilami de Alain Chabat. Le général Pochero est un dictateur d’opérette à cheveux de jais et

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Rencontre Serge Bourguignon SOIRÉE CINÉMATHÈQUE

la re-sortie du film « Je suis un mauvais père », annonce S. Bourguignon. Bien qu’il ait eu une large audience et soit après sa sortie programmé au moins deux fois par an à la cinémathèque de Paris tant qu’Henri Langlois – qui aimait le film – en a été le responsable, le film a disparu après le départ de ce dernier. « Mais je ne m’en suis pas occupé ». Plusieurs fois des distributeurs, dont des japonais, ont tenté de récupérer les droits échus à la Colombia. Mais Les Dimanches… faisaient partie de leur bibliothèque cinéphile et il a fallu un tour de passe-passe inespéré pour que le film soit enfin récupéré, restauré (la

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SERGE BOURGUIGNON aux Studio © Serge Bodin

Le Studio1 était bondé ce lundi soir 1er octobre pour accueillir Serge Bourguignon, un réalisateur disparu de nos écrans et dont on n’avait plus entendu parler depuis 50 ans… C’est un homme charmant et disert qui a éprouvé un plaisir évident à répondre aux questions d’un public curieux et conquis. Ceux qui avait vu Les dimanches de Ville d’Avray (sorti en 1962) n’avaient pas oublié ce film fort et d’une grande sensibilité ; les autres ont découvert et semble-t-il beaucoup aimé une œuvre qui n’a pas pris une ride au fil des années.

version qui nous a été projetée était de très bonne qualité) et présenté de nouveau.

un film ovni, un « objet étrange » qui divisa : Les Dimanches… ne correspondent d’aucune façon ni aux préoccupations, ni à la filmographie de l’époque, ni à la tendance nouvelle vague qui émergeait alors. Le réalisateur confirme : « Certains ont détesté » – il évoque malicieusement « la bande à Godard » et les Cahiers du cinéma… « d’autres, plus nombreux, l’ont encensé… ». Présenté à Venise, il a battu tous les

records à l’applaudimètre, fait la une du Corriere della sera – « le film qui a réveillé le festival », et plus tard du New York Times – qui le qualifia de « chef d’œuvre » – on avait rarement vu de files plus longues devant les cinémas qui le programmait. Au Japon – « le plus japonais des films français » – reçut un triomphe et Mishima lui consacra un article. Les Dimanches… furent primés à Venise et obtinrent l’Oscar du meilleur film étranger. Curieusement il a fallu attendre cette carrière internationale et que les journaux français reprennent les critiques des journaux américains, pour que le film, qualifié de « trop sentimental pour les intellectuels et trop intelligent pour le grand public », trouve enfin un distributeur en France. Le public fut au rendez-vous avec 1 800 000 entrées ce qui était colossal pour l’époque et dépassait largement le Jules et Jim de Truffaut sorti au même moment.

À l’origine… Bien qu’inspiré d’un livre, le scénario prend de grandes libertés avec le récit écrit qui se présente comme un polar avec trahisons au sein de bandes rivales, et une amnésie du héros due à une chute d’un toit lors d’un casse… Au départ, un tournage à Bornéo pour le service des armées au cours duquel le réalisateur rencontre un pilote détruit par une vision obsédante : celle de son avion s’écrasant au cours d’un combat en Indochine et d’une petite fille hurlant. Avait-il ou non tué cette enfant ?

le parti-pris du cinéaste Pour Serge Bourguignon, il n’y a pas de doute : « Ce qui est différent dérange et ce

qui dérange est condamnable pour la plupart des gens ». Les deux héros sont purs, mais Pierre est condamné à disparaître dès le début. Dans ce film les rôles sont inversés : l’adulte est un enfant en raison de son amnésie et l’enfant une adulte qui a pris Pierre par la main. Grâce à ses dimanches avec elle, il s’est refait une enfance et semble guéri de ses traumatismes : l’ascension du clocher sans éprouver de vertige en est la preuve à la fin du film… Aujourd’hui, avec l’attention portée sur les problèmes de pédophilie, le film aurait sans doute eu plus de mal à se faire. Le réalisateur nous affirme que malgré certaines rumeurs Les Dimanches… n’ont pas eu de coupes pour cause de censure – coupes qu’il n’aurait pas acceptées.

les acteurs Le film déploie un quatuor d’acteurs exceptionnels. La jeune actrice étonnante, Patricia Gozzi est décrite comme incroyablement mature – il a fallu plusieurs fois réécrire les dialogues après qu’elle eut affirmé qu’elle ne parlait pas comme un bébé – a fait vivre des moments de grâce à l’ensemble de l’équipe. Son visage en larmes à la fin du film est comparé par une spectatrice à celui de Falconetti dans le Jeanne d’Arc de Dreyer… Ce moment reste très fort. Comme les spectateurs présents, S. Bourguignon qui se remémore le tournage de la scène, affirme avoir aujourd’hui encore la gorge nouée en visionnant la scène. Hardy Kruger campe un Pierre convaincant, ce personnage infantile incapable d’assumer sa vie d’adulte suite aux traumatismes de guerre. Acteur déjà très

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Rencontre Serge Bourguignon

connu en Allemagne, il apprécia d’endosser un rôle pour le cinéma français différent de celui de l’officier allemand qu’on lui avait fait jouer jusqu’alors – dans Un taxi pour Tobrouk par exemple. Il garde un souvenir ému de ce film qui occupe la place principale de l’autobiographie qu’il publia. Nicole Courcel joue le rôle très difficile de Madeleine, l’infirmière qui a recueilli Pierre et lui consacre toute sa vie et son amour de femme seule. Elle réussit à exprimer des sentiments très forts sans pathos, évitant ainsi les pièges du mélodrame racoleur. Elle comprendra la tendresse pure et le lien débarrassé de toute dimension sexuelle qui unit Françoise et Pierre, quitte à souffrir que ce dernier s’éloigne d’elle inexorablement. Daniel Ivernel, dans le rôle de Carlos, un

Vos critiques

proche de Pierre, est parfait pour apporter une fraîcheur de ton qui permet la dédramatisation du sujet.

l’image Tourné dans un noir et blanc que les critiques ont qualifié d’hypnotique, la tristesse irrigue chaque plan du film. Comme la relation que l’on redoute éphémère entre Pierre et Françoise, l’image joue des reflets, métamorphoses et transparences ; ainsi, l’allusion à la traversée du miroir faite par une spectatrice… Le réalisateur évoque des effets conscients et la magie de la part d’inconscience. Merci Monsieur Bourguignon !

SB

camille redouble de Noémie Lvovsky Quand on se lance dans une comédie à visée familiale, donc assez grand public, difficile de forcément briller et de sortir un film exceptionnel. Je ne pourrais dire donc que Camille redouble est un chef d’œuvre. Pourtant dans ce genre simple et revu qu’est la comédie, Camille redouble est une des meilleures surprises de ces derniers temps. […] D’un ton absurde, Camille redouble reste empli de bons sentiments et de quelques facilités ; tout comme la fin, assez décevante et un soupçon puritaine, Noémie Lvovsky n’a pas pris le risque de choquer ou d’aller à contre courant (on sent pourtant, à l’image de l’introduction, qu’elle en a les moyens, presque l’envie). Qu’importe, la plus grande difficulté était de faire rire sans entrer ni dans le grossier ni dans le cliché, être décomplexé, et c’est réussi, avec à la clé une vision fidèle et amusante des années 80. Pour le genre, une grande réussite. Paul du vent danS meS molletS de Carine Tardieu […] L’interprétation des deux fillettes est excellente, le scénario, simple mais plaisant. Ce film m’a rappelé My girl, avec Macaulay Culkin, devant lequel j’avais beaucoup pleuré plus jeune et m’a également donné envie de lire le livre qui l’a inspiré. HH […] [ce film] aurait pu être sans doute tout aussi drôle sans son comique parfois un peu appuyé, voire artificiel, qui nuit à mon sens au film et colle mal avec sa fin. Je lui préfère de ce point vue (et

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pas seulement de ce point de vue, d’ailleurs) La Faute à Fidel, de Julie Gavras, et, dans un genre moins drôle, Stella, de Sylvie Verheyde. Chieuvrou Un regard plein de poésie et de tendresse sur le monde de l’enfance. […] ChrisdeTouraine Wrong de Quentin Dupieux Tout Wrong. Ni merveilleux, ni inquiétant… simplement laborieux. Monsieur HR magic mike de Steven Soderbergh Des beaux mecs bien huilés et musclés, un scénario pas très compliqué, mais heureusement un ton tout à fait décalé et dans l’autodérision ! On n’aurait pas misé un sou sur ce film et pourtant on passe un excellent moment. C’est bon la légèreté de temps en temps. la vierge, leS coPteS et moi de Namir Abdel Messeeh Ce film est un petit bijou à voir ABSOLUMENT ! C’est émouvant, très très DRÔLE et l’Égypte vue de l’intime familial est d’une authenticité rare à l’écran. Tristan Tout-à-fait d’accord, un vrai régal que ce film intelligent qui pose les questions essentielles de la croyance, de la famille, du mensonge… Le tout avec beaucoup d’humour et une grande tendresse envers les siens, bravo à Namir Messeh pour ce regard éclairé… EB Rubrique réalisée par RS

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