Janvier 2013

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°308 • janvier 2013


semaine

du 23 au 29 janvier

4

Luttes ouvrières en France, hier et aujourd’hui

DE MÉMOIRES D’OUVRIERS CNP jeudi 1h19’

18h00 voir page 4

vendredi

semaine

LE CIRQUE de Charlie Chaplin

de Gilles Perret

QUAND LES FEMMES ONT PRIS LA COLÈRE de René vautier & Soazig Chappedelaine 1h12’ Débat avec Nadine LES CONTI Michau & René Warck 52’ de Jérôme Palteau

8e NUIT DU GENRE

mercredi samedi dimanche

1h12’ sans paroles

samedi

ATELIER mercredi

14h15 mercredi samedi dimanche

1h sans paroles

LE PETIT CHAT CURIEUX (KOMANEKO)

16h15

de Tsuneo Goda MILLER’S CROSSING de Joel Coen 1h50’ 1h42’ VF 21h00 J’AI TOUJOURS RÊVÉ D’ÊTRE UN GANGSTER LES MONDES DE RALPH 17h30 de Samuel Benchetrit 1h48’ de Rich Moore sauf 23h00 SNATCH jeudi mercredi, samedi, dimanche 3D 1h43’ de Guy Ritchie voir page 5

19h00

mardi Soirée en partenariat avec le CHRU de Tours

19h45 voir page 6

1h21’

14h15 17h15 21h30

1h44’

14h15 17h30 21h00

2h44’

14h15 19h30 14h30 19h30 14h30

19h45

ALCESTE À BICYCLETTE

I

DJANGO UNCHAINED

THÉRÈSE DESQUEYROUX de Claude Miller

É

M A T H Jean Renoir

È

Q

U

E

RENOIR

THE MASTER de Paul Thomas Anderson

1h55’

LA PARADE de Srdjan Dragojevic

À suivre.

1h47’ + court métrage 11’

LE GRAND RETOURNEMENT

1h31’

ULTIMO ELVIS de Armando Bo

de Gérard Mordillat À suivre.

1h44’

1h20’

BLANCANIEVES de Pablo Berger

1h53’

À suivre.

L’IVRESSE DE L’ARGENT de Im Sang-Soo

19h15

de Gilles Bourdos

2h17’

UNE HISTOIRE D’AMOUR

C

I

N

É

17h00 21h30 17h30 21h30 17h45 21h45 21h45

www.studiocine.com

A

T

H

È

Q

U

E

1h37’ VF

14h15

de Max Ophuls

14h15 17h30

1h36’ VF

1h33’

L’HOMME QUI RIT

JEAN DE LA LUNE

17h15

de Stéphan Schesch

de Jean-Pierre Améris

19h30 14h15 17h15 19h30 21h45

1h20’

RENOIR

de Benjamin Renner, Vincent Patar et Stéphane Aubier

1h15’ VF

NIKO LE PETIT RENNE 2

FOXFIRE

de Jorgen Lerdam & Kari Juusonen

de Laurent Cantet

sauf lundi mardi

16h00 sauf lundi mardi

2h16’

UN ENFANT DE TOI 17h15

1h18’

LE ROI DU CURLING

sauf lun-mar

de Ole Endresen

19h30

de Jacques Doillon

21h15

MAIN DANS LA MAIN

17h30

1h25’

de Valérie Donzelli

21h30

LES BÊTES DU SUD SAUVAGE

21h30

1h23’

14h30

YOSSI

1h32’

de Eytan Fox

19h45

de Benh Zeitlin

1h21’ + court métrage 9’

14h30 19h45

16h00

de Gilles Bourdos

19h00 14h30 16h00

ERNEST ET CÉLESTINE

1h51’

2h23’

GIMME THE LOOT de Adam Leon

1h18’

JOURS DE PÊCHE EN PATAGONIE

21h45

de Carlos Sorin

Hélène Fillières

Le film imprévu

M

2013

CHATTE DES MONTAGNES LES CINQ LÉGENDES sauf lundi LA de Ernst Lubitsch 19’ lundi 19h30 de Peter Ramsey mardi 1h28’ LIEBELEI

14h15

1h51’

de Quentin Tarentino À suivre.

1h50’

N

lundi 40’ UNE PARTIE DE CAMPAGNE 1h22’ 19h30 LE JOURNAL D’UNE FEMME DE CHAMBRE 20h15

de Philippe le Gay À suivre.

19h45 14h30

ARTICLE 23

de Jean-Pierre Delépine Rencontre avec des professionnels de la santé et le réalisateur.

C

du 2 au 8 janvier

1

2013

1h51’

17h00 21h30

POPULAIRE

Le film imprévu

de Régis Roinsard

www.studiocine.com

À suivre.

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


semaine

du 9 au 15 janvier

2

CNP jeudi

2013, femmes en Tunisie HISTOIRE DES FEMMES de Fériel Ben Mahmoud

20h00 C

I

N

lundi 19h30

1h37’ VF

TUNISIE

M

A

T

H

È

Q

U

E

mercredi samedi dimanche

de Peter Ramsey

14h15

1h28’ VO

BOY

1h52’

LE CIEL PEUT ATTENDRE

17h30

de Taika Waititi

1h17’

14h15

2h17’

THE MASTER de Paul Thomas Anderson

Rencontre et débat animés Gérard Mordillat après la séance

1h23’

1h33’

L’HOMME QUI RIT

YOSSI

de Jean-Pierre Améris

de Eytan Fox

21h30 14h15 17h15 19h15

LE GRAND RETOURNEMENT de Gérard Mordillat

RENOIR de Gilles Bourdos

MAIN DANS LA MAIN de Valérie Donzelli

sauf jeu

14h30

1h20’

19h30

UNE HISTOIRE D’AMOUR

2h23’

FOXFIRE de Laurent Cantet

Hélène Fillières

Démantèlement de centrales nucléaires QUI NE VOULAIT PAS S’ÉTEINDRE 52’

samedi

19h45

17h15 21h15 19h30 sauf samedi

17h00

I

N

É

14h15 17h15 19h30 21h30

1h44’

14h30

1h18’

COMME UN LION

19h45

de Samuel Collardey

1h28’ + court métrage 11’

14h30

AUJOURD’HUI

19h45

de Alain Gomis

LE ROI DU CURLING

14h15 17h30 21h00

2h44’

14h15 17h00 21h15

21h15

de Ole Endresen

17h45

de Adam Leon

21h45

T

H

È

Q

U

E

mercredi samedi dimanche

de Rich Moore

14h15

LES CINQ LÉGENDES de Peter Ramsey

3D

DJANGO UNCHAINED

17h30

mercredi, samedi, dimanche

1h52’

LA RÈGLE DU JEU de Jean Renoir Rencontre et débat animés par Pascal Mérigeau, critique et journaliste

vendredi rencontre :

18h00 film :

19h45

1h33’

L’HOMME QUI RIT

19h30

de Jean-Pierre Améris

de Quentin Tarentino

1h48’

2h17’

THE MASTER

LES HABITANTS

de Paul Thomas Anderson

de Alex Van Warmerdam

19h45

1h51’

LA PARADE

RENOIR

de Srdjan Dragojevic

de Gilles Bourdos

1h31’

19h45

1h37’ VF

de Maurice Tourneur

de Philippe le Gay

19h15 14h30

GIMME THE LOOT

A

1h55’

21h45

1h21’

M

ALCESTE À BICYCLETTE

14h30 1h42’

de Fériel Ben Mahmoud

LES MONDES DE RALPH

20h00 Débat avec J.-C. Bragoulet de Sortir du nucléaire

lundi 1h13’ LA FÉLINE 19h30 de Jacques Tourneur 21h00 LA MAIN DU DIABLE

2013

1h42’ VF

BRENNILIS, LA CENTRALE

1h28’

1h25’

1h51’

CNP jeudi C

de Ernst Lubitsch

14h15 19h00 21h30

du 16 au 22 janvier

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2013

LES CINQ LÉGENDES

Débat avec Chadi M’raghli

É

semaine

17h15 21h30

1h42’

ULTIMO ELVIS

COMME UN LION

de Armando Bo

de Samuel Collardey

17h45 21h45

1h20’ + court métrage 12’

17h15 19h30

sauf lun

1h51’

POPULAIRE

Le film imprévu

de Régis Roinsard

www.studiocine.com

www.studiocine.com

14h30 21h45

UNE HISTOIRE D’AMOUR

Le film imprévu www.studiocine.com

Hélène Fillières

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


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Éditorial CNP

rencontre

Sandrine Bonnaire

......................

rencontre

Michel Leclerc . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

animation bibliothèque .............

5

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5

Pascal Mérigeau - Jean Renoir

rencontre

Jean-Pierre Améris

Nuit du genre

Gangsters

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.....................

30

rencontre

Volker Schlöndorff

Soirée CHRU

Le suicide au travail

22

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LES FILMS DE A à Z

............

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

6 6 16

Bande annonce

La prison de demain

...................

18

Interférences ..

32

Vos critiques

.............................

33

Jeune Public

.............................

34

FILM DU MOIS : YOSSI . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36

Dans la maison/J’enrage de son absence

Interférences ....

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courts lettrages Amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

20

J’enrage de son absence/Après mai

GRILLE PROGRAMME

La cafétéria des Studio

......

pages centrales

Horaires d’ouverture :

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

lundi mercredi jeudi vendredi samedi

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

: : : : :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

La bibliothèque est fermée les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

EUROPA

AFCAE

ACOR

GNCR

ACC

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

(Membre co-fondateur)

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de Marie Bertin, Gisèle Godet-Massey et la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Aux Studio, le cinéma, c’est pour tout le monde !

L

e samedi 26 Janvier 2013, les cinémas Studio accueilleront la première séance de Ciné-ma différence ! Ciné-ma différence est né en 2005 d’un constat : le cinéma, premier loisir culturel, est refusé aux personnes autistes, polyhandicapées, ou présentant des troubles du comportement. À la moindre réaction étrange, au premier cri ou rire bizarre, les regards et les réflexions souvent hostiles font sortir de la salle la famille qui s’était risquée dans ce lieu public avec un enfant, un adolescent ou un adulte porteur de ce type de handicap. Pour remédier à cette exclusion sociale qui ajoute une injustice à celle du handicap, Cinéma différence formalise et organise dans le cadre d’un réseau national de près de 30 salles, selon un déroulement identique, des séances de cinéma ouvertes à tous : personnes handicapées, leurs familles et le public habituel. Le dernier samedi de chaque mois, aux Studio, un film sera proposé en VF sur le créneau de 14 heures. Choisi dans notre programmation, il sera annoncé dans Les Carnets et sur le site, au tarif abonné pour tous. Une séance Ciné-ma différence commence dès l’accueil, à l’entrée du cinéma, par une information donnée à chaque spectateur. Des bénévoles formés et attentifs sont présents à la porte, près de la caisse, devant et dans la salle. Les spectateurs sont salués et guidés, quelques mots échangés permettent déjà de savoir qu’on est bienvenu dans cet endroit étranger à beaucoup. Une signalétique, flèches avec pictogrammes, indique la salle de projection et les sanitaires. Avant le film, un responsable salue les spectateurs et explique en quelques phrases les règles du jeu de ces séances, présentées par un court-

métrage. La lumière est progressivement diminuée et le son modéré. Pendant le film, les bénévoles, visibles grâce à leur gilet jaune imprimé du logo Ciné-ma différence et munis de lampes de poche, se tiennent aux points clés de la salle. À la sortie, on prend le temps de se dire au revoir. À Tours, les séances de Ciné-ma différence sont coordonnées par l’Art et la manière et co-organisées par l’ ADAPEI d’Indre-et-Loire, les Elfes, Entraide Naissance Handicap 37 et les cinémas Studio, avec le soutien de la ville de Tours (Mission culture et handicap). Sollicités il y a quelques mois par ces partenaires, nous n’avons pas hésité à nous engager dans cette nouvelle aventure qui répond à nos principes d’orientation. Convaincus du rôle d’intégration sociale du cinéma, de source d’émotions indispensables à l’épanouissement de chacun, salariés et membres actifs des Studio sont unis dans cette action qui permet l’accès à la culture cinématographique pour tous ! Cette expérience vivante et chaleureuse, où chacun est accueilli avec sa singularité, a pour marraine Sandrine Bonnaire. Venue aux Studio en octobre présenter son dernier film, très émue quand nous lui avons parlé de la réalisation de ce projet, elle nous a dit : « Merci pour eux ». MB et GGM www.cinemadifference.com tours@cinemadifference.com

Les cinémas Studio vous souhaitent une excellente année cinématographique ! Les CARNETS du STUDIO

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Vendredi 18 janvier : 18h00 Projection à 19h45 jeudi 10 janvier - 20h00 Le CNP, le Club UNESCO, le Collectif Palestine 37, le CIDFF et le Café des Femmes proposent :

2013, Femmes en Tunisie « La prochaine révolution sera celle des Tunisiennes », déclarait le 22 octobre 2012, Madame Bochra Belhaj Hmida, avocate d’une jeune tunisienne violée par deux policiers. L’avenir lui donnera-t-il raison ? Le code du statut personnel, du 13 août 1956 (droit à l’égalité homme-femme, à la citoyenneté, à l’éducation, à la monogamie, au divorce, au travail, à la liberté de circulation…) unique dans le monde arabe, semble menacé. Difficile d’imaginer que ces femmes acceptent les menaces venant des salafistes, des pays du Golfe, de certaines prises de position du nouveau gouvernement, sans oublier bien sûr le poids des traditions. FILM : Tunisie, Histoire des Femmes, de Fériel Ben Mahmoud, 2005, suivi d’un DÉBAT avec M. Chadi M’raghli de l’Association Tunisiens des deux rives et une femme tunisienne (sous réserve). jeudi 17 janvier - 20h00 Le CNP, le Réseau Sortir du Nucléaire, Saint-Avertin Avenir proposent :

Démantèlement des centrales nucléaires : Quels impacts ? La Loi de 2006 prévoit, lors d’un projet de centrale nucléaire, que les réacteurs usés seront « déconstruits » : retour à l’herbe ! EDF s’est engagée à démanteler ses neuf réacteurs arrêtés ! Que faire des déchets : 115 000 tonnes pour A3 à Chinon. Quel stockage ? Le coût n’a jamais été chiffré. Brennilis comme étalon : la dépense dépasse la provision. La déconstruction : longue aventure pour des millions d’années en millions de tonnes de déchets. 300 centrales concernées dans le monde. Marché prometteur : la France peutelle devenir spécialiste de la déconstruction ? FILM : Brennilis, la centrale qui ne voulait pas s’éteindre, de Brigitte Chevet, 2008, 52, suivi d’un DÉBAT avec J.-C. Bragoulet du groupe local Sortir du nucléaire Touraine.

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Les CARNETS du STUDIO

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jeudi 24 janvier - 18h00 Le CNP propose :

Luttes ouvrières en France, hier et aujourd’hui … Finies les luttes ouvrières ? Pas sûr… La condition d’ouvrière et d’ouvrier a beaucoup changé au cours du XXe siècle. Les luttes ont pris de multiples formes (grèves, occupations, réappropriations de l’outil de travail, réflexions et organisations collectives…) pour améliorer le quotidien du travail, augmenter les salaires et défendre l’emploi. Elles ont abouti à des victoires, des déceptions, des espoirs… Aujourd’hui encore, elles sont une réalité que nous aborderons par le biais de trois documentaires et d’un moment d’échanges, avec l’intervention de deux sociologues : Nadine Michau et R ené Warck. DÉROULEMENT DE LA SOIRÉE : 18h - FILM : De mémoires d’ouvriers, de Gilles Perret, 2012, 1h19. 19h30 : pause-buffet. 20h - FILM : Quand les femmes ont pris la colère, de René Vautier et Soazig Chappedelaine,1977, 1h12. 21h15 : ÉCHANGE & DÉBAT, avec Nadine Michau et R ené Warck 22h15 : FILM : Les Conti, de Jérôme Palteau, 2011, 52 minutes. Billet unique pour toute la soirée, au prix habituel de la participation aux frais du CNP. Entrée dans la salle dès 18h, ou à 20h, ou à 22h15.

jeudi 31 janvier - 19h45

Un toit, c’est un droit : populations expulsées et enjeux économiques FILM : Même un oiseau a besoin de son nid, de C. Chansou et V. Trintignant-Corneau. DÉBAT avec Yves Prigent (Amnesty International France) et un des réalisateurs.

Cette soirée-rencontre proposée par la Bibliothèque des Studio, se déroulera sous l’égide de Pascal Mérigeau, critique de cinéma et journaliste au Nouvel Observateur, auteur de maintes biographies notamment sur G. Tierney, J. Manckiewicz ou M. Pialat. Mais cette fois, c’est de Jean Renoir qu’il va nous entretenir : en effet, il a consacré son dernier ouvrage à un des maîtres du cinéma français, auteur de quelques chefs-d’œuvre comme La Grande Illusion, La Bête humaine ou La Règle du jeu ; cette monographie, nourrie d’informations inédites est d’ailleurs accueillie comme LA référence sur le réalisateur. À l’issue de cette rencontre, une séance de dédicace est prévue avec Pascal Mérigeau.

La Règle du jeu France – 1939 – 1h52, de Jean Renoir, avec Julien Carette, Marcel Dalio, Paulette Dubost, Nora Gregor, Jean Renoir…

« Un drame gai ou une fantaisie dramatique », c’est ainsi que Renoir présentait ce film, incompris à sa sor-

Nuit du genre

tie mais désormais classé parmi les chefs-d’œuvre du cinéma mondial. « Chacun a ses raisons », affirmait Renoir, et le cœur particulièrement, qu’il appartienne à une aristocrate ou à un domestique. À La Colinière, propriété solognote des de La Chesnaye, on s’adonne à la chasse, à des saynètes costumées et aux jeux de l’amour et du hasard ; des distractions en apparence innocentes, hormis quand la jalousie et la mort veillent. Danse macabre, certes, mais les automates de Renoir, comme ceux collectionnés par le marquis, doivent continuer à remplir leur fonction, même si ce n’est qu’en apparence, puisque encore une fois : « Chacun a ses raisons ». À la fin de la projection, Pascal Mérigeau s’entretiendra avec le public. NB : La bibliothèque des Studio dispose désormais d’un blog sur lequel vous pourrez trouver les différentes animations proposées et de nombreuses autres choses encore : biblistudio.wordpress.com

9e édition : Vendredi 25 janvier

Et c’est reparti pour cet événement tant attendu, La Nuit du genre de la commission Vague Jeune des Studio, qui fête ses neuf printemps, soirée culturelle mais surtout festive et décalée. Cette année l’équipe a choisi d’évoquer le thème des gangsters au cinéma pour vous concocter une nouvelle soirée dont elle a le secret. Gangster, c’est surtout un mythe : Ce qui plaît dans le film de gangsters c’est qu’il met en avant un personnage violent prêt à tout pour s’emparer des rênes du pouvoir et de l’argent. Il prend sa source dans le gangstérisme des années 1920, dont les héros s’inspirent d’une figure mythique de cette période : Al Capone. Le gangster fascine et repousse à la fois tant il cristallise tous les paradoxes de l’âme humaine. Gangster, victime de son succès : Les premiers films du genre commencent à être produits au début des années 30 dont le plus connu restera à tout jamais le Scarface d’Howard Hawks en 1932. Puis le genre s’essouffle au profit du film noir. Il doit à Francis Ford Coppola et Martin Scorsese de lui redonner une seconde jeunesse. Et maintenant ? Nous pourrions disserter encore longtemps et ce n’est pas le but de ces quelques lignes. Nous vous proposons de venir nous rejoindre lors de la Nuit du

genre, qui aura lieu le 25 janvier 2012, et d’en discuter toute la nuit s’il le faut… Au programme : 19h00 : Miller’s crossing de Joel Coen, 1h50’, 1991 (Interdit aux moins de 12 ans)

À l’époque de la Prohibition, le gangster Tom Reagan trahit et manipule son entourage, l’utilisant à ses propres fins afin de se faire une place. 21h00 : J’ai toujours rêvé d’être un gangster de Samuel Benchetrit, 1h48’, 2008

L’histoire d’un braqueur sans arme dont la victime est elle-même une braqueuse, armée. Deux kidnappeurs amateurs qui enlèvent une adolescente suicidaire. Deux chanteurs qui parlent d’un tube volé. Cinq septuagénaires qui se retrouvent pour un dernier coup… 23h00 : Snatch de Guy Ritchie, 1h43’ Franky vient de voler un diamant qu’il doit livrer à Avi, un mafieux. En chemin, il fait escale à Londres où il se laisse convaincre par Boris de parier sur un combat de boxe clandestin. Il ignore qu’il s’agit d’un coup monté afin de le délester de son magnifique caillou. Mais le boxeur est un gitan fêlé qui refuse de se coucher au quatrième round comme prévu. Tarifs : 10 euros pour les abonnés Studio / 12 euros pour les non abonnés. Possibilité de prendre des places à la séance aux tarifs Studio. Possibilité de se restaurer. Les CARNETS du STUDIO

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Prévention du suicide au travail Soirée en partenariat avec le CHRU de Tours Mardi 29 janvier – 19h45 e suicide est souvent perçu comme un acte personnel, qui serait mûri en secret par un être qui se serait retranché du monde et affirmerait là son ultime façon d’avoir prise sur un destin sans espoir. Souvent également perçu comme un acte social, il peut être la conséquence d’une situation intenable, l’ultime message dans un dialogue impossible. Vouloir mourir n’est en fait jamais un acte solitaire et s’inscrit fondamentalement dans un rapport à l’autre. Aussi, s’il est logique que la prévention du suicide passe d’abord par un soutien à la personne, elle implique tout aussi logiquement la prise en compte de l’entourage, de ses effets apaisants ou déstabilisants.

L

La projection du film : Article 23 nous donnera l’occasion de réfléchir à ces différentes réalités étroitement imbriquées.

Article 23 France – 2012 – 1h21, de Jean-Pierre Delépine, avec Thanh Ingle-Lai, Nicolas Buchoux, Alix Benezech….

Cécile, veuve et mère de deux enfants vient d’être licenciée, Cédric est un recruteur sans états d’âme et Alice, jeune diplômée qui vient de changer d’orientation pour se lancer dans l’humanitaire : trois des protagonistes de ce film qui s’attache à montrer les rouages de la machine à broyer les êtres pour des raisons de prétendue rentabilité. Un film acide qui entend porter une caméra incisive dans l’une des plaies les plus douloureuses de notre société : la peur du chômage, les pressions au travail et les douleurs qu’elles entraînent.

La séance sera suivie d’un débat avec des professionnels de la santé et le réalisateur Jean Pierre Delépine.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Sur le site des Studio (cliquer sur : pluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com avant leS filmS, danS leS SalleS, au moiS de janvier 2013 : • Latinalina de Jean-Pierre Mas (studio 1-2-4-5-6) • Hommage à Jobim de Thierry Lange-Berteaux (studio 3 et 7). Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

A

Alceste à bicyclette France – 2013 – 1h44, de Philippe Le Guay, avec Fabrice Luchini, Lambert Wilson, Maya Sansa…

Serge Tanneur était un grand comédien avant de se retirer des feux de la rampe. Depuis trois ans, il vit en solitaire sur l’île de Ré qu’il sillonne à vélo par tous les

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Les CARNETS du STUDIO

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temps. Son confrère Gauthier Valence, dont la carrière est au sommet, se prépare à reprendre Le Misanthrope de Molière, et souhaiterait voir Serge dans le rôle-titre. Pour le convaincre, il lui suggère de venir le voir et de répéter pendant une semaine la grande scène 1 de l’Acte I, entre Philinte

et Alceste. Autour d’eux, il y a le microcosme de l’île figée dans la morte saison : un agent immobilier, la patronne de l’hôtel local, une italienne divorcée venue vendre une maison. Les spectateurs des Studio avaient plébiscité en 2011 Les Femmes du sixième étage, précédent film de Philippe Le Gay et troisième du réalisateur avec Fabrice Lucchini. On attend donc beaucoup de cette comédie douce et légère sur fond de littérature et de théâtre qui réunit un duo d’acteurs amoureux des jolis mots. Sources : dossier de presse

Aujourd’hui

France-Sénégal – 2013 – 1h28, d’Alain Gomis, avec Saul William, Aïssa Maïga, Anisia Uzeyman…

établi aux USA, Satché est retourné chez lui, au Sénégal, pour célébrer sa mort à venir en compagnie des siens. C’est sa dernière journée. Comme cela arrive parfois, tout le monde savait. Comment ? Par ici, il arrive que la mort prévienne encore de sa venue. Cela se passe la veille, comme une certitude qui descend dans les corps et les esprits de celui qui est choisi et de ses proches. Pas de doutes ni de lutte possibles. Satché, engagé dans cette journée, entre dans un espace étrange, où il se joue une sorte de vie. C’est un voyage intérieur durant lequel il passe d’état en état à travers différents tableaux : de la maison maternelle, au quartier d’enfance, aux amis d’adolescence, au premier amour… Ce troisième film du Franco-sénégalais Alain Gomis, après L’Afrance (2001) et Andalucia (2008), a reçu le Prix spécial du Jury au Festival de Carthage après avoir été consacré Meilleur long métrage de fiction au

Festival de cinéma africain de Cordoue. Il a aussi été également primé à Milan et à Seattle. À noter la présence de Saul Williams, musicien et poète hip hop, révélé en 1998 avec Slam. Sources : dossier de presse

+ court métrage

Kin

Belgique – 2011 – 11’, animation, de Atelier collectif.

Les Bêtes du sud sauvage USA – 2012 – 1h32, de Benh Zeitlin, avec Ouvenzhané Wallis, Dwight Henry, Jonshel Alexander…

B

dans le sud de la Louisiane, un peuple d’irréductibles villageois vit dans un paradis en sursis, derrière une digue non faite pour les protéger de la montée des eaux mais pour protéger des intérêts pétroliers. Là, un père (Wink) prend soin de sa petite fille de six ans (Hushpuppy) de manière rude, dans un abri de fortune. Il lui apprend à résister à tout et jusqu’au bout, même quand une tempête apocalyptique se déclenche… Tout au long du film, nous sommes totalement sous le charme de cette fillette au regard vif et intelligent, au caractère candide mais aussi fort face à la dureté de la vie qui est la sienne. Entre son père et elle, valsent des sentiments mêlant grâce, rudesse, tendresse, brutalité. Benh Zeitlin fait preuve d’une écriture cinématographique originale. Son premier film est envoûtant, la nature sauvage et dévastée d’une beauté stupéfiante, la musique saisissante. Les Bêtes du sud sauvage a été couronné au festival de Deauville et à Sundance après avoir remporté trois prix dont la Caméra d’or à Cannes. MS

film pouvant intéresser les adolescents, les parents restant juges.

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Blancanieves

France – 2012 – 1h42, de Samuel Collardey, avec Mitry Attal, Marc Babé, Jean-François Stévenin…

Sud de l’Espagne, dans les années 20. Carmen est une belle jeune fille dont l’enfance a été hantée par une belle-mère acariâtre. Fuyant un passé dont elle n’a plus mémoire, elle se lance dans une aventure excitante avec ses nouveaux amis, une troupe de nains qui lui donnent le surnom de « Blancanieves ». Il fallait oser adapter, qui plus est en muet et noir et blanc, le mythe si célèbre de Blanche neige. Mais ici, l’héroïne n’a rien de la bonne ménagère façon Disney, elle a juste les yeux enfantins et émerveillés de ceux qui n’ont pas grandi. Quant à la beauté que désire la marâtre, elle se transforme en soif de célébrité et de jeunesse éternelle figée sur des photos et des couvertures de magazines. Blancanieves, qui a déjà obtenu le Prix spécial du jury et celui d’interprétation féminine au prestigieux festival de San Sebastian, a été choisi pour représenter l’Espagne aux Oscars. Après le triomphe de The Artist, et les commentaires très élogieux de ceux qui ont vu le film, tous les espoirs sont permis.

mitri, 15 ans, vit dans un village du Sénégal. Comme tous les jeunes de son âge, il joue au football en rêvant du Barça ou de Chelsea. Un agent recruteur venu repérer les jeunes talents persuade son père de le laisser partir pour l’Europe. Mais il faut payer… La famille s’endette pour financer le voyage mais à son arrivée à Paris, le rêve s’écroule : personne ne l’attend sur les quais. Incapable d’imaginer la honte d’un retour au pays, Mitri devient un sans papier du ballon rond… Chef opérateur (Adieu Gary, J’aime regarder les filles), Samuel Collardey s’était fait remarqué en 2008 avec un premier film réussi intitulé L’Apprenti qui savait mêler fiction et approche documentaire. Basé sur des faits réels, Comme un lion semble suivre cette voie prometteuse…

Sources : dossier de presse

Boy

Nouvelle-Zélande – 2010 – 1h28, de Taika Waititi, avec James Rolleston, Te Aho, Eketone Whitu…

VO - Voir pages Jeune Public

C

LesUSACinq légendes – 2012 – 1h37, de Peter Ramsey, avec les voix de Gaspard Ulliel, Nolwenn Leroy…

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Le Cirque

USA – 1928 – 1h10, de Charles Chaplin.

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Sources : dossier de presse.

E F

Sources : dossier de presse.

Django Unchained USA – 2012 – 2h44, de Quentin Tarantino, avec Christoph Waltz, Samuel L. Jackson, Leonardo DiCaprio…

c’est l’histoire d’un chasseur de primes allemand qui propose ses services à un homme noir, pour l’aider à retrouver sa femme qui serait retenue en esclavage par un homme puissant et mystérieux, lequel possède une grande plantation. C’est un western où l’on tire beaucoup de coups de feu (ah, ce Tarantino !). Un western violent (eh, oui, Tarantino !) Mais, avec le réalisateur de Reservoir Dogs, on sait que la réalité n’est jamais aussi simple qu’elle paraît. Les personnages ne sont pas toujours ceux qu’on croit. Rien n’est sûr. Après Boulevard de la Mort et

film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Inglourious Basterds, ses deux opus précédents, on peut s’attendre à toutes les surprises. Django Unchained s’annonce comme un grand cru. Un cocktail d’humour et de férocité (ou l’inverse) à déguster et à savourer avec gourmandise.

Comme un lion

Espagne – 2013 – 1h30, de Pablo Berger, avec Maribel Verdú, Ángela Molina, Daniel Gimenez-Cacho…

D

Ernest et Célestine

France – 2012 – 1h20, film d’animation de S. Aubier, B. Renner, V. Patar.

Voir pages Jeune Public

Foxfire

Canada France – 2013 – 2h23, de Laurent Cantet, avec Raven Adamson, Katie Coseni, Madeleine Bisson… D’après le roman de Joyce Carol Oates.

1955 : dans un quartier populaire d’une petite ville des USA, une bande d’adolescentes crée une société secrète, Foxfire, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu’elles subissent. Avec, à sa tête, Legs, leur chef adulée, ce gang de jeunes filles poursuit un rêve impossible : vivre selon ses propres lois. Mais, de l’expérience de la vie communautaire à l’équipée sauvage pour survivre, rien n’est simple… Magistralement interprété par de jeunes actrices américaines méconnues, Foxfire est un film riche, plein de passion et de fureur de vivre, dans lequel la violence côtoie une grande tendresse. Quant au personnage de Legs, avec sa fougue, sa haine, sa souffrance et son culot, il est magnifique ! SB Filmographie succincte : Entre les murs (2008), Palme d’or à Cannes ; L’Emploi du temps (2001), Ressources humaines (2000)…

Gimme The Loot USA – 2012 – 1h21, d’Adam Leon, avec Tashiana Washington, Ty Hickson, Zoë Lescaze…

G

Sofia et Malcom sont deux jeunes adolescents graffeurs du Bronx, fiers de leurs tags. Une équipe d’un autre quartier recouvre l’un d’entre eux pendant la nuit. Furieux, Sofia et Malcom veulent se venger et tagguer la pomme géante du Shea Stadium, un grand stade de baseball. Malheureusement il leur faut 500 dollars pour que le gardien de nuit les laisse entrer. Pendant deux jours, on voit les deux personnages évoluer de combine en combine, au milieu des gangs, non sans risque. Le cinéaste filme caméra à l’épaule et suit ses personnages, naïfs et pleins de rêve en définitive, dans les rues des quartiers pauvres de New-York, tout cela avec un regard indulgent et attendri. Sources : dossier de presse.

+ court métrage semaine du 2 au 8 janvier

Orgesticulanismus Belgique – 2008 – 9’, Animation, de Matthieu Labaye

Le Grand retournement France – 2013 – 1h14, de Gérard Mordillat, avec Jacques Weber, François Morel, Edouard Baer, Patrick Mille…

c’est la crise : la Bourse s’écroule, les banques se meurent. Bien qu’ils le détestent ouvertement à longueur d’année, les banquiers font appel à l’État. Les citoyens doivent payer pour que le système perdure : que les riches continuent à l’être, que les pauvres le restent ! Le Grand retournement est l’adaptation d’une pièce de théâtre écrite en alexandrins par Frédéric Lordon, un économiste iconoclaste (Le Monde diplomatique) à la

les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

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plume féroce. Il y met en scène quatre grands banquiers et un président de la République ! L’analyse est rigoureuse (comment le renflouement des banques plonge l’État dans une dette qui le met à la merci des marchés… donc des banques) mais le ton est à la caricature. Les vers de Lordon sont portés par de grands acteurs, souvent d’anciens de la Comédie française rompus à la déclamation des vers. Gérard Mordillat, cinéaste (Billy ze Kick ou la série Les Vivants et les morts pour France 2) et romancier (Vive la sociale, Rue des rigoles, Ce que savait Jenny), talentueux et engagé, a choisi de faire jouer ce texte, toujours en alexandrins, dans le cadre d’une usine désaffectée suite à une délocalisation. Tragique comme du Racine, comique comme du Molière, écrit à Athènes de nos jours. Sources : dossier de presse.

+ court métrage

Action commerciale France – 2011– 11’, de Pascal Jaubert, avec Yannik Mazzili, Jean-Pierre Paulais, Frédéric Gorny, Marie Paulais.

Samedi 12 janvier à 19h45 avant premiere du film en présence du réalisateur gérard mordillat.

H

Les Habitants

Hollande – 1992 – 1h45, d’Alex van Warmerdam, avec Alex Van Warmerdam, Annet Malherbe, Leonard Lucieer…

c’est une ville en apparence banale. Mais elle est au milieu du vide, elle est incomplète. Il n’y a qu’un quartier, très incomplet lui-même. Et ses habitants sont étranges : une femme arrête de manger parce qu’une statue de Saint-François le lui a demandé. Son mari est un boucher nymphomane. Leur fils se prend pour Lumumba, héros de l’indépendance du

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Congo, assassiné par des rivaux. Ajoutez un facteur indiscret, un garde-chasse myope. Dans ce petit monde déjanté, rongé par l’hypocrisie et la frustration, tout le monde s’épie et se soupçonne. Sorti il y a 20 ans, Les Habitants revient dans les salles en copie numérique. C’est l’occasion de (re)découvrir un film qui ne laisse pas nos certitudes intactes. Une comédie loufoque… et très satirique. Réjouissante et dérangeante.

musique concourant à la création d’un univers frôlant parfois le gothique ou le fantastique, sans oublier la dimension politique si chère à V. Hugo, dont ce film est l’adaptation. ER

I

avec Kim Kang-Woo, Yun-Shik Baek, Yun Yeo-Jung…

un jeune homme ambitieux, Young Jack, tente d’obtenir tout ce qu’il désire, en devenant le secrétaire particulier de Madame Baek, détentrice d’un puissant empire industriel Coréen. Pris dans un engrenage d’affaires douteuses et de secrets familiaux, il va rapidement devoir faire des choix entre ses principes moraux et la réussite sociale, dans un monde où dominent l’argent, le pouvoir et le sexe. Ce drame érotique reprend le registre de Housemaid, sorti en 2010. « La vision de la société sud-coréenne que je présente est désolante, mais véridique », affirme le réalisateur. Le film avait été présenté à Cannes et apprécié pour ses qualités formelles, loin de l’orientalisme des films asiatiques, dixit Im Sang Soo…

Sources : dossier de presse, telerama.fr.

L’Homme qui rit

France – 2012 – 1h30, de Jean-Pierre Améris,avec Marc-André Grondin, Christa Théret, Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner…

gwynplaine, enlevé puis abandonné par des voleurs d’enfants qui l’ont atrocement défiguré, est recueilli par Ursus, colporteur bourru, en même temps qu’une orpheline aveugle (Déa). Ursus vit en vendant des potions médicinales mais, lorsqu’il découvre que le visage de Gwynplaine fascine les foules autant qu’il les repousse, il se fait comédien et metteur en scène pour porter sur les tréteaux des pièces inspirées de la vie de ses protégés. Le succès est tel que le spectacle se fait remarquer jusqu’à la cour, au point qu’une duchesse jettera son dévolu sur Gwynplaine… Dans le même temps, la révélation des origines de Gwynplaine va bouleverser sa vie et celle de la petite troupe qui lui sert de famille depuis son enfance. Après le beau succès des Émotifs anonymes, Jean-Pierre Améris s’est tourné vers un sujet en apparence moins intimiste que pour ses précédents films. Tout en restant très proche de ses personnages, il parvient ici à donner à son Homme qui rit un souffle presque épique, costumes, décors et

L’Ivresse de l’argent Sud-Corée – 2012 – 1h53, de Im Sang-Soo,

Sources : dossier de presse, L’Express, Le Parisien

J

Jean de la Lune

France/Allemagne/Irlande – 2012 – 1h36, de S. Schesch, avec les voix de T. Ungerer, K. Talbach…

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Jour de pêche en Patagonie Argentine – 2012 – 1h18, de Carlos Sorin, avec Alejandro Awada, Victoria Almeida…

marco parcourt un long chemin afin de changer de vie. Il part s’initier à la pêche au requin en Patagonie. Ce nouveau loisir n’est pas l’unique raison de son arrivée dans la petite ville de Puerto Deseado.

Après avoir connu la dépendance à l’alcool, il veut récupérer tout ce qu’il a perdu : ses sentiments, sa famille, son envie de vivre… Pour Carlos Sorin : « Le cinéma ne doit pas seulement se produire sur l’écran mais aussi et surtout dans la tête du spectateur. L’écran n’est qu’une illusion. Le cinéma ne prend véritablement sa dimension que dans l’esprit des gens. » Après avoir été sélectionné au festival de Toronto, le film a reçu le Coquillage d’Or du meilleur film, le Coquillage d’argent du meilleur réalisateur et le Prix spécial du Jury au festival de San Sébastian. Sources : dossier de presse.

Main dans la main

France – 2012 – 1h25, de Valérie Donzelli, avec Valérie Lemercier, Jérémie Elkaïm, Béatrice de Staël, Valérie Donzelli…

M

Hélène Marchal et Joachim Fox n’auraient jamais dû se rencontrer tant leurs vies sont différentes, lui employé d’un miroitier en province ; elle, directrice de la prestigieuse école de danse de l’Opéra Garnier. Pourtant, une force étrange les unit, et, depuis que leurs destins se sont croisés, ils ne peuvent plus se séparer. Littéralement. C’est physiquement impossible, sans qu’ils puissent comprendre ni comment ni pourquoi… Cette histoire aussi étonnante qu’étrange et intrigante est le point du nouveau et très attendu, film du duo Valérie Donzelli/Jérémie Elkaïm après le succès public et critique de La Guerre est déclarée. Ce projet sacrément culotté, mêle humour, fantastique et de nombreux moments dansés, portés par Valérie Lemercier en tête d’affiche. Et il semblerait que l’énergie, l’urgence qui faisaient aussi le sel de La Guerre

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est déclarée soient toujours au rendezvous. Très prometteur.

Le Japon Petit chat curieux (Komaneko) – 2009 – 1h, film d’animation musical de Tsuneo Goda.

Sources : dossier de presse.

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Les Mondes de Ralph USA – 2012 – 1h41, film d’animation de Rich Moore. Voir pages Jeune Public

N

Niko le petit renne 2 Irlande/Danemark/Finlande/Allemagne – 2012 – 1h21, film d’animation de K. Juusonen et J. Lerdam.

Voir pages Jeune Public

P

La Parade

Serbie – 2012 – 1h55, de Srdjan Dragojevic, avec Nikola Kojo, Milos Samolov, Hristina Popovic…

le parrain des gangsters de Belgrade se voit obligé d’assurer la sécurité de la première GayPride de Serbie. Il part à la recherche d’anciens mercenaires serbes, musulmans, bosniaques, albanais du Kosovo, combattants croates qui se retrouvent aux côtés des militants homosexuels. Comment cet équipage hétéroclite va-t-il arriver à transcender les frontières et leurs différences ? Le réalisateur note : « Les choses n’ont jamais été aussi graves sur le front des droits de l’homme et notamment en ce qui concerne les droits des personnes homosexuelles… La Parade aura un effet sur la nation serbe. Ils vont crier, hurler… Quand ils regarderont le film, peut-être vont-ils réfléchir et reconsidérer leurs préjugés et stéréotypes à l’égard de ceux dont la seule faute est d’être différents. Je crois fermement que le film va aider à ce que nous puissions apprécier dans la joie et la bonne humeur les prochaines Gay Prides à Belgrade. Parfois l’Art peut travailler dans ce sens… » La Parade a reçu trois prix et sept nominations. Sources : dossier de presse.

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été blessé au front. Et puis, il y a Andrée, la solaire, la radieuse Andrée, envoyée par Henri Matisse, qui trouvait qu’elle ressemblait à un Renoir ; elle illumine les derniers tableaux du vieux peintre, tandis que Jean, contre l’avis de son père, succombe à la fascination qu’exerce sur lui, celle qui deviendra sa compagne et sa muse quand il envisagera la réalisation. Dans ce film plein de sensibilité, Gilles Bourdos nous donne à voir les relations qui unissaient le père et le fils, la force de l’art, la beauté de la nature. Le film, qui s’appuie sur le duo, fort et émouvant, Michel Bouquet/Vincent Rottiers, est plein de frémissements comme la peinture de Renoir.

Populaire

France – 2012 – 1h51, de Régis Roinsard, avec Romain Duris, Déborah François, Bérénice Béjo…

en 1958, Rose Pamphyle, 21 ans, décide d’échapper à un avenir tout tracé : épouser le fils du garagiste, suite à l’injonction paternelle, commerçant dans un petit village de Normandie. Elle part donc à Lisieux pour réaliser le rêve des jeunes filles de l’époque, devenir secrétaire. Las, elle n’est ni la seule, ni la meilleure, à se présenter devant Louis Echard, sémillant patron d’un cabinet d’assurances. Cependant, elle a un don, elle frappe à une vitesse record, ce qui donne à Louis, ancien sportif hanté par la performance, l’idée de la garder auprès de lui, à condition… qu’elle participe à des concours de vitesse dactylographique. S’établit alors entre eux une relation ambiguë, où il ne voit en elle qu’un animal de cirque et elle ne voit en lui qu’un homme à conquérir, quel que soit le prix à payer pour les deux. Première comédie d’un cinéaste marqué par les grands films et acteurs Hollywoodiens, ainsi que par les sitcoms, Populaire risque de l’être, par sa reconstitution très fouillée d’une époque glamour et pleine de charme. CP

Renoir

France – 2012 – 1h51, de Gilles Bourdos, avec Michel Bouquet, Christa Théret, Vincent Rottiers, Romane Bohringer…

1915, la Côte d’Azur. Pierre-Auguste Renoir a 74 ans. Son fils, Jean, à 21 ans, est céramiste et ne songe pas encore au cinéma. Il est en convalescence après avoir

Sources : dossier de presse, marsfilms.com, next.liberation.fr

Filmographie : Disparus (1998), Inquiétudes (2002), Et après (2007)

Le Roi du curling

Norvège – 2012 – 1h20, de Ole Endresen, avec Atle Antonsen, Linn Skåber, Kåre Conradi…

R

truls Paulsen est un champion de curling qui a tout gagné. Mais, perfectionniste au millimètre près et complètement obsédé par la pureté de la glace, il finit par péter un plomb. Gavé de pilules censées soigner sa névrose et interdit dorénavant de curling, il est placé sous la tutelle de sa femme, odieuse et aussi déjantée que lui mais dans un autre genre… Les choses se compliquent le jour où, pour sauver la vie de son ancien entraîneur et meilleur ami, Gordon, il doit reprendre du service et reformer l’équipe de trashy gentlemen tous aussi bancals les uns que les autres… Voilà un film aussi joyeux que loufoque et très kitsch, dont l’humour bien gras a séduit le festival Groland (Prix du peuple)… C’est excellent pour le moral ! SB

The Master

USA – 2012 – 2h17, de Paul Thomas Anderson, avec Joaquin Phoenix, Philip Seymour Hoffman, Amy Adams…

T

cinq ans après le magistral There Will Be Blood, Anderson nous revient avec un sujet fort, l’histoire (classique) d’un vétéran des guerres américaines dans le Pacifique. Devenu violent et alcoolique, il ne maîtrise plus sa vie. Mais il rencontre Lancaster Dood, qui se fait appeler : Le Maître et qui dirige une organisation nommée : La Cause. Freddie devient son disciple : il perd toute volonté et se laisse manipuler par un maître qui prend plaisir à abuser de son pouvoir. Anderson s’est documenté sur l’église de Scientologie, dont il démonte ici les techniques d’asservissement, avec brio, force, secondé par des comédiens imposants. Le film a fait forte impression à Venise, où il a obtenu le Lion d’argent, pendant que les deux acteurs masculins se partageaient le Prix d’interprétation ! Sources : dossier de presse, critikat.com.

Thérèse Desqueyroux France – 2012 – 1h50 de Claude Miller, avec Audrey Tautou, Gilles Lellouche, Anaïs Demoustier…

dans les Landes, on arrange les mariages pour réunir les terrains et allier les familles. Thérèse Larroque devient Madame Desqueyroux, mais cette jeune femme aux idées avant-gardistes ne respecte pas les conventions, ancrées dans la région, d’une société étouffante, engoncée dans ses convenances, empêchant tout épanouissement, notamment pour la femme. Pour se libérer du destin qu’on lui impose, elle tentera tout pour vivre pleinement sa vie… Décédé en avril 2012, à l’âge de 70 ans, Claude Miller a eu une longue et riche période de réalisateur, dont les films les

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Sources : dossier de presse.

U

Ultimo Elvis

Argentine – 2012 – 1h31, de Armando Bo, avec John McInerny, Griselda Siciliani, Griselda Lopez…

À Buenos Aires, Carlos Gutierrez est le king des imitateurs d’Elvis, à qui il a d’ailleurs dédié toute son existence et auquel il s’identifie corps et âme. Sa passion lui a d’ailleurs déjà coûté son mariage et l’affection de sa fille, mais, lorsque son épouse est victime d’un accident de la route, Carlos renonce à ses projets aussi ambitieux que mal définis pour aller passer du temps avec elle. L’intérêt de ce film (qui n’est pas une biographie d’Elvis, soyons bien clairs !) est qu’il prend son personnage principal tellement au sérieux qu’il ne semble pas possible de trancher véritablement entre plusieurs hypothèses et de ménager de multiples zones d’ombre… Carlos est-il fou ? Est-il un génie ? Serait-il, en fait, Elvis lui-même ? L’autre élément moteur de ce film réalisé par le scénariste de Biutiful est son acteur principal, John McInerny, dont l’interprétation de ce sosie/imitateur d’Elvis est paraît-il tout simplement confondante, que l’on soit amateur de cette musique ou pas. Sources : cameraopoing.com ; variety.com

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UneFrance histoire d’amour – 2013 – 1h20, de Hélène Fillières, avec Laetitia Casta, Benoît Poelvoorde, Richard Bohringer…

les deux amants se sont rencontrés un soir de printemps. Lui, le banquier, lui a offert un revolver ; elle, la jeune femme, une combinaison en latex. Imprudent, il lui a proposé un million de dollars. Insatiable, elle lui rappelle ses promesses… Une histoire d’amour adaptée du roman Sévère de Régis Jauffret, lui-même inspiré d’un fait divers, est la première réalisation de Hélène Fillières pour le cinéma. Etienne Daho en signe la musique (L’adorer, …) « Le fait divers nous fascine parce qu’il dit une certaine vérité sur l’humain, aussi inimaginable soit-elle, parfois ». Ainsi, outre la question du poids des préjugés sur ces pratiques amoureuses particulières, la réalisatrice nous interpelle sur l’amour, les chemins obscurs de nos désirs, les fantasmes déclenchant la jouissance… nos zones d’ombre. Le duo d’acteurs fascine déjà à lui seul !

nisées, retrouvailles tournant notamment – mais pas exclusivement – autour d’Alina qui, du haut de ses sept ans, observe tout cela avec amusement et détachement. Filmé (à Tours !) en cadres souvent très serrés qui emprisonnent les personnages dans leurs marivaudages (les dialogues sont très riches et très écrits), Un enfant de toi est une comédie désenchantée dans

laquelle les trois acteurs principaux s’ingénient à donner corps et présence physique à cette éternelle histoire de rivalité amoureuse. ER

Y

Yossi film du mois, voir au dos du carnet

Yossi

plus célèbres sont La Meilleure façon de marcher (1976), Garde à vue (1981), huis clos haletant auréolé de 4 Césars, Mortelle randonnée (1983), L’Effrontée (Prix Louis-Delluc en 1985), La Classe de neige (1998), La Petite Lili (2003)… Il signe ici cette nouvelle adaptation du roman de François Mauriac, qui a été projeté hors compétition au festival de Cannes à titre posthume, un film d’une beauté grave, sans doute le plus beau, le plus maîtrisé de sa carrière.

lundi 21 janvier tourneur, père et filS – Une soirée, deux films

19h30

Sources : dossier de presse.

La Féline

de Jacques Tourneur - 1942 USA Noir et blanc 1h13

+ court métrage semaine du 16 au 22 janvier Tempête dans une chambre à coucher France – 2011 – 12’, animation, de Laurence Arcadias, Juliette Marchand

21h00

La Main du Diable lundi 7 janvier 19h30

La Chatte des montagnes

Un enfant de toi France – 2011 – 2h16, de Jacques Doillon, avec Lou Doillon, Samuel Benchetrit, Malik Zidi…

aya et Louis ont une fille, Alina, qu’Aya élève avec son nouvel homme, Victor. Les relations de Louis et Aya semblent n’avoir jamais été simples mais prennent un tour nouveau, et autrement plus complexe encore, lorsqu’ils entreprennent une série de retrouvailles mi-improvisées, mi-orga-

de Ernst Lubitsch - 1921 All. Noir et blanc 19’

Liebelei de Max Ophuls - 1933 All. Noir et blanc 1h28

de Maurice Tourneur - 1942 Fr. Noir et blanc 1h22

lundi 28 janvier jean renoir

19h30

Une partie de campagne de Jean Renoir - 1936 Fr. Noir et blanc 40’

lundi 14 janvier 19h30

Le Ciel peut attendre de Ernst Lubitsch - 1943 USA Couleurs 1h52

20h15

Le Journal d’une femme de chambre de Jean Renoir - 1946 USA Noir et blanc 1h22

Soirée préSentée par louiS d’orazio

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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VO

Tout public à partir de 5 ans

Rencontre imprévisible entre une petite souris grise chasseuse de dents et un gros ours musicien…

Jean de la Lune

VF

Nouvelle-Zélande – 2010 – 1h28, de Taika Waititi, avec James Rolleston, Te Aho, Eketone Whitu… Tout public à partir de 9 ans

Boy, jeune garçon maori, voit son quotidien transformé par le retour d’Alamein, le père qu’il avait idéalisé... Gags, parodie, musique, dessins d’enfants qui s’animent... les images défilent avec entrain.

Tout public à partir de 6 ans

France/Allemagne/Irlande – 2012 – 1h36, de S. Schesch, avec les voix de T. Ungerer, K. Talbach…

De son astre lunaire, Jean de la Lune envie les terriens. Quand l’occasion lui est donnée, il rejoint la Terre. Mais il va être mal accueilli…

VF

2D 3D VF

Tout public à partir de 5 ans

USA – 2012 – 1h41, film d’animation de Rich Moore.

Le héros mal aimé d’un jeu vidéo des années 80 va se transporter dans un nouveau jeu installé dans son arcade, pour essayer d’atteindre la gloire et la reconnaissance des siens. Un divertissement familial et un hommage aux jeux vidéo.

USA – 1928 – 1h10, de Charles Chaplin.

Irlande/Danemark/Finlande/Allemagne – 2012 1h21, film d’animation de K. Juusonen et J. Lerdam.

Jeune Public

Jeune Public

Ernest et Célestine France – 2012 – 1h20, film d’animation de S. Aubier, B. Renner, V. Patar.

Tout public à partir de 5 ans

Charlot se retrouve sur les pistes d’un cirque dont il devient malgré lui la vedette.

sans paroles

Niko doit se surpasser pour accepter l’ami de sa mère et sauver le tout petit renne Johnny. Il fait preuve d’une belle maturité qui lui fera connaître les joies de la famille.

Après la séance du mercredi 23, les enfants pourront participer à un atelier de déguisement et se transformer en Charlot. Nous leur prêterons des costumes.

Samedi 26, première séance spéciale (voir édito en page 3).

Komaneko le petit chat curieux adore le cinéma. Il fabrique des marionnettes pour faire un film et part à l’aventure avec sa caméra dans la forêt… USA – 2012 – 1h37, de Peter Ramsey, avec les voix de Gaspard Ulliel, Nolwenn Leroy…

Un film drôle, poétique, délicieux... un régal !

VF

Japon – 2009 – 1h, film d’animation musical de Tsuneo Goda.

sans paroles

À partir de 6 ans

2D 3D

Issus des romans de William Joyce, cinq personnages de légendes, Jack Frost, Nord, La Fée des dents, Sab et Bunny décident d’associer leurs pouvoirs pour protéger les enfants du très sombre Pitch.

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À partir de 3 ans

• L’Ogre de la Taïga, programme de courts métrages russes • Lili à la découverte du monde sauvage de Oh Seon-gyun • L’Odyssée de Pi de Ang Lee Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici. . . ` Qualité Supérieure La toujours géniale Valérie Lemercier (on oubliera sans hésitation ses rares faux pas tel Agathe Cléry d’Etienne Chatiliez) réalise, après Quadrille en 1997, Le Derrière en 1999 et Palais Royal en 2005, 100% cachemire, un quatrième long métrage grinçant, forcément grinçant. Pour le scénario, elle s’est inspirée de l’histoire réelle d’une Américaine qui, déçue par le petit Russe âgé de sept ans, dont elle avait procédé à l’acquisiti…, enfin à l’adoption, l’avait remis sans délais dans l’avion ! La réalisatrice en personne interprétera une « adoptante » tout aussi exigeante, en compagnie de Marina Foïs, Gilles Lellouche, Bruno Podalydès et Chantal Ladesou. ` touteS SeS envieS Vincent Lindon serait-il boulimique ? En 2012, il aura été à l’affiche de Quelques heures de printemps de Stéphane Brizé, et d’Augustine tandis que pour 2013, il est annoncé dans rien moins que quatre films : L’Écume des jours de Michel Gondry, Gibraltar de Julien Leclercq, Les Salauds de Claire Denis (avec laquelle il a déjà tourné le trop méconnu Vendredi soir, et dans lequel il retrouvera Chiara Mastroianni après Augustine) et enfin Mea Culpa de Fred Cavayé avec lequel il a déjà tourné Pour elle en 2008. En tous les cas, dans sa frénésie, on ne peut pas nier que fidèle, il est resté fidèle ! ` joeY Star(r) Jean Dujardin n’est pas le seul comédien « bankable » du moment : on sait que depuis le triomphe d’Intouchables, il faut désormais compter avec Omar Sy, mais Joey Starr, depuis ses prestations chez Maïwenn n’est pas à négliger. Contre toute attente, qui aurait imaginé le rappeur en héros romantique ? Emmanuel Mouret. Non, vous n’avez pas la berlue : il s’agit bien du réalisateur lunaire de Changement d’adresse, d’Un baiser s’il vous plaît, de Fais-moi plaisir ou de L’Art d’aimer. Dans Une autre vie, il a demandé à Joey Starr d’incarner un homme marié (à Virginie Ledoyen, tout de même…) qui redonne le goût à la musique à une pianiste de renommée internationale, épuisée par son métier. ` immaculée conception ? Sandrine Kiberlain peut tout jouer : le drame, le burlesque, la comédie plus subtile… Alors après une sémillante enquêtrice dans Pauline détective de Marc Fitoussi, la voici prête à endosser la robe d’une magistrate gérant sa vie professionnelle avec autant que rigueur que sa vie personnelle. Elle tombe véritablement des nues quand

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elle découvre qu’elle est enceinte, alors que sa vie sexuelle est inexistante et davantage encore quand, après des tests de paternité, le géniteur s’avèrera être un dangereux criminel en fuite, alors qu’elle n’a absolument aucun souvenir d’une quelconque relation avec lui. Après Bernie, Le Créateur, Enfermés dehors et Le Vilain, on peut s’attendre à tout de la part d’Albert Dupontel, tant comme que réalisateur qu’interprète. Cela tombe bien car pour La Juge et l’homme, il sera des deux côtés de la caméra !

et ailleurs. . . ` pouSSièreS d’étoileS Il semblerait que David Cronenberg possède désormais deux alter ego : le magnétique Viggo Mortensen déjà admiré dans A History of Violence, Les Promesses de l’ombre et A Dangerous Method, et le encore juvénile Robert Pattinson, vu dans le dernier opus du Maître, Cosmopolis. Maps of the stars se penchera sur les excès d’Hollywood et particulièrement sur le sort réservé aux enfants stars. L’ambiance y sera à la fois sombre et comique. L’éclat de Rachel Weisz devrait éclairer le film. ` lÂcHer la proie pour l’omBre Viggo Mortensen, décidément très sollicité, sera à l’affiche de la première réalisation du scénariste de Drive, Hossein Amini, pour une adaptation de Two Faces of January de Patricia Highsmith (romancière dont L’Inconnu du Nord-Express avait inspiré Hitchcock et Monsieur Ripley, René Clément). Le film se déroulera dans les années 60, et suivra un couple constitué donc de Viggo Mortensen et de Kirsten Dunst, lors d’un voyage en Grèce. Leur guide sera un jeune étudiant, escroc à ses heures ; et si la proie n’était pas celle que l’on croit… ` la forme et le fond Cette annonce s’adresse à ceux et celles qui sont sensibles aux tempes grisonnantes, au charme ponctué d’autodérision, au sourire ravageur mais pas dupe… incarnés notamment et surtout par George (qui d’autre ?) et notre (encore) Jean Dujardin : réjouissez-vous ces deux fleurons de la gent masculine seront réunis dans The Monument’s Men ! Le premier, derrière et devant la caméra, endossera l’uniforme d’un officier américain chargé avec une équipe de spécialistes, de retrouver les œuvres d’art volées par les nazis ; quant au second, il sera membre de la Résistance française. Et en plus, ils ne se contentent pas d’être beaux ! IG

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Bande annonce

Interférences J’enrage de son absence Après mai

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La Prison de demain L

a prison de demain sera « moderne et digne », à en croire les déclarations de la Garde des sceaux en visite dans l’inachevé centre pénitentiaire de Lyon-Corbas, en 2008. Moderne, elle l’est à n’en pas douter : hygiène, salubrité, superficie, effectif… tous les points noirs des anciennes taules sont sacrifiés sur l’autel des normes européennes, accordant aux détenus plus d’espace, d’intimité, et la douche en libre accès. Mais ces nouveaux îlots carcéraux, bâtis loin des villes, des gênes de voisinage, au détriment du maintien du lien familial, sont-ils dignes ? Déshumanisante en ce qu’elle prive le détenu de contacts sociaux, infantilisante en ce qu’elle réduit les personnes à une masse privée d’initiative personnelle, plongeant les détenus dans un anonymat croissant et oppressant, la prison de demain qui, finalement, est déjà celle d’aujourd’hui, ne semble pas, selon le Genepi*, digne. Cette modernité et cette dignité impli-

quent-elles – comme c’est désormais le cas – de déléguer leur gestion à des sociétés privées ? Est-il nécessaire, sous couvert d’un besoin sécuritaire impulsé par l’opinion populaire, d’ériger des murs toujours plus hauts, plus infranchissables, isolant des détenus déjà bannis de la société ? Plutôt que de penser au visage de la prison de demain, ne faut-il pas simplement s’interroger sur son existence même, son utilité ? Est-elle La solution aux problèmes de société ? Il serait temps que l’opinion et ses représentants pensent à réfléchir au sens de la peine. La prison n’est que l’aboutissement d’un long processus d’échecs répétés, éducatifs, économiques, sociaux, et l’échec n’a pas d’avenir. Comment alors penser à la prison de demain ?

*Le Genepi, Groupe de Tours (Groupement étudiant national d’enseignement aux personnes incarcérées).

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

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’enrage de son absence n’est pas le premier long-métrage de Sandrine Bonnaire puisqu’elle a déjà réalisé Sabine, un documentaire sur l’une de ses sœurs. Pourtant, avec cette première fiction on a l’impression de la voir faire ses vrais débuts. Une cinéaste est née, imposant un univers très particulier pour une histoire très noire. Car c’est un peu un conte gothique qu’elle nous raconte, celui d’un ogre qui détruit tout sur son passage et qui après avoir perdu son fils va jeter son dévolu sur celui d’un autre (mais pas d’une autre puisque c’est l’enfant de son ex-femme, ce qui est beaucoup plus pervers). Sous ses allures douces, ses costumes chics et sa richesse, le personnage incarné par William Hurt est un monstre. Plus exactement, un homme devenu monstrueux à force de souffrir, un monstre qui « enrage de l’absence » de son fils et que la douleur aveugle. Quitte à détruire une autre famille et laisser le fils de substitution dans un champ de ruines. Le film est très noir, il fouille l’inconscient et laisse un goût âpre. On peut lui reprocher quelques baisses de régime, on peut le trouver lisse, mais son intérêt c’est d’être beaucoup plus trouble qu’il ne le paraît en surface. Et puis, il contient et montre une grande force, une envie de cinéma qui dépasse les réserves et donne très envie de voir ce que Sandrine Bonnaire, réalisatrice, va nous concocter par la suite. Olivier Assayas n’est pas un débutant non plus, loin de là. Il a déjà une œuvre importante et a réalisé de très beaux films (L’Eau froide, Clean,

entre autres). Mais rarement aussi vibrants qu’Après mai. La grande réussite de ce dernier, celle qui saute aux yeux tout de suite, c’est sa forme. Peu de cinéastes manient aussi bien une écriture aussi fluide et séduisante, Après mai nous embarque dans son mouvement quasi incessant (mais il sait aussi se poser) et ne nous lâche plus. Il nous grise (mais ne nous étourdit pas), c’est rare de ressentir, physiquement, un flot aussi sensuel et chaleureux. Mais il y a plus, car on comprend rapidement que le cinéaste raconte sa propre histoire (avec références autobiographiques comprises comme son amour du cinéma expérimental et de Kenneth Anger, ou ses débuts comme dessinateur) et là, ça devient passionnant. Car, même si le récit est sûrement romancé, on suit le personnage en sachant ce qu’il va devenir. Du coup, il y a presque une sorte de suspense, on se questionne. Comment cela va-til arriver ? Comment le désir va-t-il naître ? Comment va-t-il laisser de côté son activité principale (peindre, dessiner) pour l’écriture, la caméra ? C’est très beau à voir et aussi très émouvant car on sait, à la dernière image d’Après mai (une magnifique scène de tournage qui rend palpable ce qu’est la magie du cinéma pour ce jeune homme) que Gilles, l’alter ego d’Olivier Assayas, a trouvé sa voie, sa place, que c’est là qu’il doit être, que c’est là qu’il va pouvoir s’accomplir et manifester, à travers ses films, son désir, son envie. Car Après mai ne raconte pas plus et bien au-delà du contexte historique et politique, c’est cela qui est le cœur du film : la naissance d’un cinéaste. JF

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Courts lettrages Amour de Michael Haneke

J’ai presque oublié la simplicité du quotidien, la vieillesse, la maladie ravageuse pour ne voir que, dans l’amour de ce couple paraissant indestructible, la relation extrême qui nous emmène, en balbutiant, jusque « Sssur… le… pont… d’A… vi… gnon… ». MS Michael Haneke est coutumier des films noirs, et Amour malgré son titre en est un. Film sur la déchéance, la vieillesse, il nous plonge dans un univers où l’on étouffe (comme l’héroïne), où l’on prend des gifles. La vision du monde du réalisateur est profondément pessimiste et désespérée. Mais quel talent de cinéaste, quel art du scénario, quel brio dans la direction d’acteurs. Et les acteurs eux-mêmes dans ce film sont magnifiques. Quelle force pour rester grands et sublimes, alors qu’ils jouent des personnages que la vieillesse a profondément détruits ! CdP

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Haneke est un affreux manipulateur, répètent ceux qui ne l’aiment pas ! En appelant son film Amour, il ne laisserait aucune latitude interprétative à ses spectateurs, obligés de voir, dans cette histoire… une histoire d’amour. S’il avait appelé son film Haine, par exemple, aurait-on vraiment vu un huis-clos vachard où de cacochymes vieillards s’entredéchirent ? DP Haneke plus sobre que jamais. Plan fixe après plan fixe, dans l’espace confiné d’un vieil appartement, il montre ce que d’aucuns appellent le naufrage de l’âme et du corps. Ça fait mal, très mal, mais c’est sublime. SB

Quel soulagement lorsque M. Trintignant, au bout de deux heures éprouvantes pour le spectateur, se décide (enfin !) à expédier ad patres son épouse devenue depuis longtemps grabataire et inconsciente ! L’eût-il fait 1h40 plus tôt, j’en aurais sans nul doute été reconnaissant à Michael Haneke. ER Ses films pouvaient être superbes ils n’en étaient pas moins glacés, mais cette fois, Michael Haneke a découvert l’Amour. N’allons pas imaginer non plus une bluette mais c’est quand même une très bonne nouvelle. JF

Que reste-t-il du fringant Trintignant dont j’étais amoureuse à 18 ans ? La voix de velours apaisante d’un acteur devenu immense… BS On pourrait penser qu’il s’agit d’un film faisant l’apologie de l’euthanasie pour alimenter le débat de nos idéologues politiciens. Il n’en est rien. Cinéaste du horschamp, Haneke nous montre paradoxalement l’exécution dans le champ cinématographique. De fait, on ne peut s’identifier au personnage, le condamnant nécessairement. EC

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rencontre SANDRINE BONNAIRE

Il y avait la foule des grands soirs ce samedi 27 octobre pour rencontrer Sandrine Bonnaire venue présenter son premier long métrage de fiction intitulé J’enrage de son absence.

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n préambule, elle a dit que ça lui faisait très plaisir de voir cette salle pleine : la sortie ayant lieu le mercredi suivant : « Mon petit cœur bat de plus en plus fort car c’est un film fait avec beaucoup de cœur, de ventre, de passion… Faire un film, c’est faire une offrande, un cadeau à vous tous. Il vous appartiendra désormais. » Avant de laisser place au film, Sandrine Bonnaire a tenu à remercier les Studio qui viennent de signer un partenariat avec l’association Ciné-ma différence dont elle est la marraine afin d’accueillir des gens différents qui eux aussi ont droit à la culture*. « Ce lieu, je l’affectionne aussi pour cet accueil ! » Pas facile de poser des questions après une fin de film particulièrement éprouvante. Alors, Sandrine Bonnaire a pris la parole pour nous parler d’un homme, Guy, le premier amour de sa mère. Ses parents se sont opposés à cet amour. Sa mère a fait une dépression, est partie dans l’Allier où

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elle a rencontré son père avec qui elle s’est mariée pour se débarrasser de ses parents. Elle a parlé à ses enfants de Guy et ils l’ont rencontré deux ou trois fois. Un jour, alors qu’elle avait vingt ans et qu’elle portait une lettre à la poste, quelqu’un l’interpelle, un clochard, assis sur le trottoir : c’était Guy. Il n’avait pas pu faire le deuil de sa mère. C’est la raison pour laquelle ce film est dédié : À ma mère. « J’ai cherché ce qui pourrait faire que je m’écroule : la perte d’un de mes enfants. »

Pourquoi avoir choisi un sujet aussi difficile ? « Je suis pour le divertissement mais surtout pour les émotions fortes. Il n’y a pas de honte à exprimer ses émotions. Les hommes ont plus de mal à le faire. Je voulais cette image d’un homme qui pleure. » Interrogée sur le travail autour de l’image, la réalisatrice répond qu’elle a choisi un format 2-35 (allongé) parce que c’était celui du soupirail de la cave. « Jacques regarde la vie au travers de cet écran. Il y a un contraste très fort au niveau du noir et des couleurs : l’appartement, le terrain de jeu, c’est la vie, l’enfance, cette cave c’est à la fois un caveau et un monde intrautérin ; les rôles sont inversés : c’est Jacques qui est dans le ventre. Il appelle Paul : Mon petit père et le père de Paul appelle celui-ci : Mon grand. Il y a peu de mouvements de caméra. Il y a beaucoup d’images fixes, des plans très serrés sur Jacques, une image qui tangue quand elle regarde Mado. Une caméra doit avoir un sens. » Pourquoi William Hurt ? « C’est un acteur merveilleux. C’était un plus pour l’histoire qu’il vienne de loin. J’ai écrit pour lui. Ça avait du sens de faire un film qui parlait d’un homme aimé par ma mère et joué par un homme aimé par moi. C’est un très bel héritage pour Jade, notre fille. Vous connaissez maintenant son petit frère (le film) ! »

Pourquoi Alexandra Lamy ? Pourquoi pas vous ? « Je n’ai pas eu envie de jouer Mado. Alexandra est une actrice que j’ai toujours aimée. On a rien fait pour qu’elle me ressemble mais de nombreux spectateurs le pensent. » Et Augustin Legrand ? « Quand je cherchais un acteur pour ce rôle, j’ai fait toutes les agences et je suis tombé sur sa photo qui m’a impressionné. Je n’associais pas son visage aux Enfants de Don Quichotte. C’est un homme merveilleux. Il voulait arrêter le métier d’acteur car il n’avait plus de proposition depuis Les Enfants de Don Quichotte. » Malgré le sujet, il y a peu de pathos. « Comme dans le film sur ma sœur, j’ai essayé de rester à la bonne distance. Comme dans mon métier d’actrice, je pense d’abord au spectateur car je suis aussi une spectatrice et je n’aime pas le pathos. » Plusieurs spectateurs sont choqués par la violence de la fin. « Une fin moins violente, ça aurait été quoi ? Le père l’aurait invité à boire un café ? Je ne vois pas comment finir sans violence ? Un suicide ? Ce n’est pas moins violent ! » Mais le temps passe. L’heure du dernier TGV approche. Sandrine Bonnaire remercie la salle et s’en va déjà, laissant l’image fugitive d’une belle rencontre. DP * Lire l’éditorial page 3

Pourquoi, dans le scénario, un tel changement de statut social : de clochard à quelqu’un de très riche ? « Ce qui m’avait touché, chez Guy, c’était le renoncement tragique qui, à la fois, fait peur et semble héroïque. On peut avoir de l’argent et être malheureux. Ce film est plein de paradoxes : l’ombre, la lumière, la mort, l’enfant qui ramène la vie. Je trouve Jacques héroïque parce qu’il va jusqu’au bout de son chagrin. » Les CARNETS du STUDIO

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Michel Leclerc aux Studio © Nicole Joulin

TÉLÉGAUCHO est un film réjouissant que nous a offert en avant-première Michel Leclerc le mardi 20 novembre et la salle comble venue l’applaudir a bien souvent ri au cours du débat joyeux qui a suivi la projection. Il faut dire que le réalisateur et son jeune acteur, Félix Moati (Victor), se sont livrés à un numéro de duettistes apprécié par tous. Si l’on a pu regretter l’absence de dernière minute de Sara Forestier, Félix nous a assuré que « les meilleurs » étaient présents…

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élégaucho est un film de groupe pour lequel il a fallu créer « un esprit de troupe afin que les comédiens se fondent dans l’atmosphère d’un lieu qui existait avant le tournage : le local de Télébocal. Le film s’inspire directement (et très librement) de l’aventure de cette télé libre localisée dans le 20e arrondissement. » Cette télévision d’avant-internet a été portée par un groupe de personnalités très diverses, heureuses d’être ensemble mais qui n’avaient pas toutes les mêmes raisons de s’impliquer dans cette aventure. Comme dans tout groupe, aussi uni soit-il, les rancœurs et incompatibilités prennent souvent le dessus. Michel Leclerc ajoute que le lieu très ouvert accueillait aussi beaucoup de figures de ce « quartier super, vraiment populaire, avec des gens de tous âges et de toutes conditions ; de nombreux enfants trainaient là aussi ». Il parle d’un endroit « magique qui prend un peu l’aspect d’un cirque », – ce que le film montre abondamment. L’importance du personnage de Victor a été voulue par le coscénariste Thomas Litli ; l’his-

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toire emblématique de cette télé est vue à travers le regard de ce jeune qui essaie de devenir adulte en se cognant à la réalité du groupe et de cette aventure ; le film se présente alors comme un récit initiatique. Félix Moati n’est pas avare en précisions et anecdotes, toujours relatées avec humour : « Michel m’a offert mon premier grand rôle… Je suis né en 1990 et l’histoire se déroule en 95, donc je n’étais pas au courant de l’aventure des télés libres ; il a constitué, à ma demande, tout un dossier… Quand j’ai su que j’allais tourner avec les trois grandes actrices que sont Sara Forestier, Maïwenn et Emmanuelle Béart, j’ai eu peur de ne pas m’en sortir… Pour Emmanuelle, je lui ai demandé de mettre au moins une scène avec un bisou ; il l’a fait. C’est un père pour moi, je l’adore ! » Le réalisateur ajoute avec malice : « Quand je l’ai mis à poil devant Sara Forestier, c’était un peu comme une revanche après Le Nom des gens où c’est elle qui est toute nue face aux hommes ». Le personnage de Clara que joue l’actrice « cache une vraie tragédie ; elle sait consoler mais pas vivre, est trop perdue pour se donner les moyens d’arriver à quelque chose. Il se situe à l’opposé de celui de Sara dans Le Nom des gens, quelqu’un qui malgré une originalité folle savait faire preuve d’une grande détermination pour construire quelque chose ». Quant au rôle d’Emmanuelle Béart – ici à contre-emploi –, il n’a pas été écrit en fonction

de l’actrice qui l’interprèterait mais de personnages existants rencontrés. Les reportages vus dans Télégaucho ont été le plus souvent tournés avant, à l’occasion d’événements comme la Gaypride ou diverses manifestations dont la plupart sont toujours d’actualité. Certains extraits sont puisés directe-ment dans les archives de Télébocal d’il y a quinze ans – l’interview d’Albert Jacquard entre autres. « Mais, que ce soient le PACS, les sans-papiers, l’avortement… nombre de sujets ont commencé à être débattus à cette époque et font encore la différence entre la gauche et la droite ; questions d’identités obsessionnelles ? » Enfin, en ce qui concerne l’interview improbable pendant la manifestation du Front national, du couple vivant au Maroc, il s’agit d’une retranscription jouée par des acteurs d’un dialogue réellement entendu au cours d’un de ces rassemblements ! Avant de nous retrouver autour d’un verre, il sera question : – du titre Télégaucho, pouvant priver le film de la moitié de son public, fait remarquer un spectateur ; – du logo TF1 au générique, alors que la charge contre cette chaîne est violente. « C’est que je suis un traître ; comme TF 1 ne m’a pas demandé de changer quoi que ce soit au scénario, j’utilise ses faiblesses ». – d’une actrice en combinaison transparente sur un balcon avec concierge, machiniste et police… – et de quelques objets qui nous font chier pas

Félix Moati aux Studio © Roselyne Guérineau

rencontre Michel Leclerc et Félix Moati

vus dans le film : « le store à lamelles (qui s’obstine à remonter ou se baisser que d’un côté), la balance à légumes de supermarché (150 étiquettes, impossible de trouver votre produit), les pistaches fermées… » Merci infiniment à ce duo très sympathique de cette soirée pleine de fraîcheur et de bonne humeur… Les discussions se sont poursuivies et les spectateurs ont été longs à quitter le hall des Studio ce soir là. SB

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rencontre Michel Ciment

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ichel Ciment est producteur et animateur de l’émission Projection privée sur FranceCulture et c’est une des grandes voix de l’émission Le Masque et la plume sur France-Inter. Il est aussi l’auteur de nombreux ouvrages de cinéma notamment sur Stanley Kubrick, John Boorman, Elia Kazan, Theo Angelopoulos… Comme beaucoup de ceux qui l’ont précédé aux Rencontres de la bibliothèque, il tient à rendre hommage à la richesse de notre fonds documentaire et de notre bibliothèque. Pour lui, c’est grâce (entre autres) à des structures comme les Studio que la France est devenue un des pays phares du cinéma dans le monde. Il nous parle tout d’abord de son itinéraire d’apprentissage avant de devenir critique de cinéma, qui s’est déroulé en 3 étapes. D’abord la découverte du cinéma populaire quand il était jeune. Essentiel : de grands cinéastes comme Lang, de grands artistes comme les surréalistes ont apprécié et défendu ce cinéma. Puis à l’adolescence, vers 17 ans, il voit surgir de nouveaux cinéastes, auteurs-créateurs, comme Antonioni, Elia Kazan, Bergman… Ils sont nombreux. C’est ainsi pour lui la découverte du cinéma d’auteur. La troisième étape, c’est la révélation du cinéma muet. Il fréquente la cinémathèque, il est fasciné par Walsh, Gance, Lang, Stroheim dans leur période muette. Michel Ciment est alors étudiant. Il a pour professeur de philo Gilles Deleuze, et est déjà très cinéphile, amateur de Jerry Lewis et de von Stroheim. Il collabore à une petite revue ronéotée, confidentielle, Cinémathèque. Et un ami le persuade d’envoyer un article à Positif : il en envoie un sur Le Procès d’Orson Welles. Nous sommes en 1963 : or Positif consacre son numéro de mars 1963 à une table ronde sur Le

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Procès justement. Alors que Michel Ciment pense que son article ne sera pas retenu, Benayoun, un des rédacteurs de la revue, retient son texte. C’est le début d’une longue collaboration qui se poursuit toujours. Michel Ciment intègre l’équipe rédactionnelle de Positif en 1966. Il en deviendra le directeur par la suite. Michel Polac, qui aimait la revue Positif, et qui animait l’émission Le Masque et la plume, lui demande de rejoindre l’émission : il y est toujours. Critique de cinéma, dans une revue et à la radio, Michel Ciment élargit son champ et entreprend d’écrire des livres sur les réalisateurs qu’il aime. Le premier sera Kazan par Kazan, en 1973, qu’il a mis 4 ans à rédiger. Tous les matins il s’entretient avec le réalisateur, qui lui donne accès à toutes ses archives. Suivront des ouvrages sur Stroheim, Rosi, Losey, Kubrick et bien d’autres. Depuis, Michel Ciment écrit également des articles pour des journaux très divers : Le Monde, Le Point, L’Express, Le Nouvel Observateur, La Quinzaine littéraire, etc. La liste est longue. Comme tout le monde est bénévole à la revue Positif, pour vivre, Michel Ciment est devenu professeur en lycée, puis à l’université. Jusqu’en 1999, où il prend sa retraite. Il a adoré enseigner. Il s’était spécialisé en civilisation américaine : une partie de son cours était bien sûr en relation avec le cinéma. Enseigner pour lui, c’est communiquer et partager. Deux motsclés dans sa vie de critique. Il a d’ailleurs réalisé une quinzaine de films documentaires sur des cinéastes, afin de faire partager sa passion. Ainsi, dit-il, se résume son itinéraire de critique.

Michel Ciment aux Studio © Nicole Joulin

Ce vendredi 23 novembre la bibliothèque organisait sa première soirée-rencontre de la saison 2012-2013, avec un invité de marque, Michel Ciment, directeur de la revue Positif, laquelle fête cette année ses soixante ans de parution.

Mais il tient à nous parler de Positif, qui a 60 ans cette année et qui, nous dit-il, est l’axe de sa vie. Elle est créée en 1952 à Lyon par Richard Chardère avec tout un groupe d’étudiants qui veulent imposer l’idée que le cinéma est un art. A l’époque, la « bourgeoisie » n’aimait pas le cinéma contemporain. Elle ne tolérait que les « vieux films ». Les Cahiers du cinéma ont été fondés l’année précédente : ils veulent imposer une « politique des auteurs » et mystifient ainsi leurs lecteurs en faisant croire que La Nouvelle vague a créé et imposé le cinéma d’auteur. Or, précise Michel Ciment, dès les années 20, les revues savaient que le réalisateur est l’auteur de son film. La vedette dès cette époque-là, c’était le metteur en scène. La revue Positif se positionne quant à elle sur la priorité donnée aux œuvres. Elle s’évertue dès le début à mettre en rapport cinéma du passé et cinéma contemporain. Elle est ainsi la première à mettre en valeur l’œuvre de Jean Vigo. L’opposition entre les deux revues va grandir et prendre des dimensions idéologiques. Les Cahiers du cinéma défendent une conception de droite, la revue Positif se réclame d’une vision de gauche du cinéma et de la culture. Depuis,

les lignes ont un peu bougé. Positif n’a pas changé depuis sa création : tous les membres de l’équipe sont bénévoles, ils se réunissent pendant 3 heures tous les dimanches. Elle se renouvelle sans arrêt et accueille sans cesse des jeunes, qui sont souvent des lecteurs de la revue. Dans l’équipe de départ il y avait des surréalistes, comme Robert Benayoun. Michel Ciment aimait d’ailleurs beaucoup André Breton. C’était un homme qui aimait la beauté, l’art, le cinéma en particulier. Il avait beaucoup de culture. Pour Michel Ciment, la culture est essentielle. Surtout pour un critique de cinéma, parce que c’est un genre qui contient tous les autres : littérature (scénario et dialogue), peinture, architecture, danse, musique. Il ajoute même une technique que les autres ne possèdent pas, l’art du montage. D’où la nécessité pour les critiques, mais aussi pour les d’avoir une large culture. C’est une base indispensable donc. Ainsi se clôt la causerie du grand critique à la bibliothèque des Studio. Une fort belle soirée, qui s’est prolongée par la projection de Bright Star de Jane Campion. La cinéaste lui plaît parce qu’elle est hors des modes et qu’elle construit son œuvre selon ses désirs, sans se laisser influencer. Pour lui, Bright Star n’est pas seulement un beau film : c’est une œuvre sur la poésie et sur le romantisme, un mouvement que Michel Ciment apprécie tout autant que le surréalisme. Après un échange chaleureux entre le critique et le public, la soirée se termine autour d’un pot sympathique et détendu. CdP

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rencontre Jean-Pierre Améris

Jean-Pierre Améris aux Studio © Nicole Joulin

Le 16 novembre, les Cinémas Studio avaient le plaisir d’accueillir Jean-Pierre Améris à l’occasion de la projection en avant-première de son dernier film, L’Homme qui rit, adapté du roman éponyme de Victor Hugo. Le réalisateur des Émotifs Anonymes est un habitué des lieux qui nous honore de sa visite à la sortie de chacun de ses films. « Ça me fait vraiment plaisir, c’est même important pour moi de venir ici présenter mes films aux Studio. J’ai l’impression de rentrer à la maison ! ».

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ne adaptation projetée à la télévision en 1971 avait généré une réelle frustration chez lui, puisque ses parents lui avaient demandé d’aller se coucher, le privant ainsi de découvrir l’œuvre. La lecture du roman avait bouleversé J.-P. Améris adolescent. Alors, si l’adaptation des 900 pages en 1h30 ne s’est guère avérée facile, nécessitant au moins trois années de travail avec différentes versions du scénario, le désir était là ! Ce n’est pas « une reconstruction historique, mais plutôt… sur «Il était une fois», en faire un conte […] J’ai toujours imaginé un film concis, ce n’est pas une fresque. J’ai essayé de retrouver dans le montage quelque chose de heurté, de brusque, comme dans le roman, » en essayant de pro-

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curer le sentiment de peur que les enfants aiment ressentir, tout en présentant un grand spectacle. Le public évoque Tim Burton avec Batman. J.-P. Améris nous renseigne que le créateur de Batman s’est servi de L’Homme qui rit pour créer le Joker et que Tim Burton a également une véritable passion pour le roman de V. Hugo. Interpellé sur le contraste entre la froideur gothique du château et la chaleur de la foire, le réalisateur confie son envie d’avoir voulu créer un univers très enfantin, avec une illustration à la Gustave Doré. « C’est un enfant qui passe d’un espace à l’autre, tout son malheur provient de la tragédie du clown ». Il a voulu suivre les descriptions de V. Hugo « «Le château est un tombeau» comme le Xanadu de Citizen Kane, un espace trop grand ». Jean-Pierre Améris évoque une part auto-

biographique mystérieuse dans les rôles des acteurs. Avant même d’écrire, Ursus était déjà Gérard Depardieu, qui adore L’Homme qui rit. Ce personnage est « le père qui ne peut pas empêcher ses enfants de vivre leur vie ». G. Depardieu a accepté tout ce que le cinéaste lui imposait. « MarcAndré Grondin, québécois, a passé sa vie sur les planches. Cela raconte quelque chose de lui. Il n’a vécu que comme acteur. Je l’avais vu dans C.R.A.Z.Y. où il cherchait son identité. Il y a ça chez lui. Le film parle beaucoup de l’acteur qui voudrait enlever le masque […] Qu’est-ce que le vrai ? Marc-André a un regard très troublant, celui d’Edward aux mains d’argent qui regarde avec candeur et qui découvre le monde. Quand j’ai pensé à lui, je le voyais un peu comme une rock star ; comme Kurt Cobain […] Au moment où Gwynplaine, son personnage, pense être vu pour lui-même, il est de plus en plus maquillé, habillé ». J.-P. Améris a aimé travailler avec Emmanuelle Seigner. « C’est la femme-démon qui fait plonger Gwynplaine. J’essaie toujours de trouver la souffrance du personnage. Cette femme n’en revient pas d’être regardée avec amour, elle est troublée […] J’ai toujours aimé les mélodrames, les histoires d’amour impossibles comme Sur le Pont de Madison ». Adapter « c’est comme travailler un matériau. Le moment le plus douloureux, c’est l’écriture. Guillaume Laurant a beaucoup travaillé sur la structure ». Sur les 96 scènes, le cinéaste en a coupé 4 ! « Ce qui a aidé, c’est le story board qui était presque comme un deuxième scénario qui a permis de voir ce

que j’avais en tête ». Comme tourner en studio en France revient très cher, le film a été réalisé en numérique en Tchéquie chez Barrandov. « Le champ de foire est fait en studio à la manière de Fritz de Ted Browning. C’est ensuite retravaillé, on redessine le ciel… ». Le discours politique tenu par Gwynplaine devant l’assemblée étonne. « On a respecté le discours de V. Hugo au mot près, jusqu’au mot chômage. Cela fait presque du personnage un indigné de nos jours. Il est tiraillé par l’idéalisme et il se fait piéger par la vanité… C’est de la caricature, c’est du Daumier, c’est pour cela que j’ai mis des faux nez aux parlementaires ». Avant de poursuivre la soirée autour d’un verre avec un réalisateur chaleureux, érudit, toujours humble et disponible pour les échanges, celui-ci conclut la discussion : « si comme moi, vous n’aimez pas les fêtes, le film sort le 26 décembre »… Revenez vite, Monsieur Améris ! RS

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Volker Schlöndorff aux Studio © Nicole Joulin

Rencontre Volker Schlöndorff

Lundi 12 novembre les Studio rendaient hommage au cinéaste allemand Volker Schlöndorff. A 14 heures et à 19h30, en partenariat avec la Cinémathèque, ils projetaient une nouvelle version du Tambour, en présence du réalisateur. A 18h30, celui-ci dédicaçait ses deux livres, Tambour battant : Mémoires de Volker Schlöndorff, et La Mer à l’aube : Les dernières heures de Guy Môquet.

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t le soir à 19h45, le réalisateur était au Studio 7 pour nous présenter son dernier film, La Mer à l’aube, réalisé pour la télévision. C’est d’ailleurs la chaîne Arte qui a gracieusement prêté la copie du film au Studio pour cette soirée. Le livre éponyme cité plus haut a été écrit par le cinéaste à peu près en même temps que le film. Après la projection, Volker Schlöndorff est venu échanger avec le public avec beaucoup de simplicité et de modestie. Il commence d’ailleurs par une proposition surprenante : il pense qu’il y a probablement dans la salle des gens qui en savent plus que lui sur le sujet du film et il serait heureux de les entendre. Un spectateur, originaire de Nantes et qui avait 17 ans à l’époque des faits (octobre 1941), intervient pour féliciter le réalisateur sur la justesse et la beauté de son film dont il admire la charge émotive et la grandeur. Il remarque que le cinéaste fait peu d’allusions aux fusillés de Nantes. Volker Schlöndorff lui répond que c’est juste : ce sont les otages de Chateaubriant qui sont devenus une légende, probablement parce que le PCF à l’époque le souhaitait. Les hommes

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ont besoin de légendes et de mythes pour comprendre l’histoire et se légitimer. Et il est des personnages qui se prêtent mieux à ce rôle : c’est le cas de Guy Moquet, ou de Sophie Scholl en Allemagne. Pour le cinéaste, nous avons besoin plus de légendes que d’histoires réelles. D’où la nécessité pour lui de faire ce film. Mais son objectif principal, c’est de s’intéresser aux réactions des condamnés, de réfléchir à leurs comportements, qu’il trouve admirables. À une question de la salle sur le curé interprété par Jean-Pierre Darroussin, Volker Schlöndorff précise que la belle phrase prononcée par le prêtre, assénant qu’il faut écouter sa conscience plutôt que d’obéir à des ordres mauvais, n’est pas du prêtre mais de lui-même. Il ajoute que le reste des propos du curé est bien de lui. Pour rester fidèle à ce qui s’est passé dans la baraque, entre les otages et avec le curé, le cinéaste s’est appuyé sur la relation qu’en a faite par écrit un des otages de la scène qui n’a pas été fusillé. Pour le reste, il a pu lire en entier le compte-rendu qu’a dressé Ernst Jünger de l’événement à la demande du général Otto von Stülpnagel, comme c’est indiqué dans son film. C’est l’occasion pour le cinéaste de dire ce qu’il

pense de ce grand écrivain allemand dont l’œuvre complète est traduite dans la Pléiade, à l’exception de ce rapport. Et pour cause : le romancier en avait honte et il en avait brûlé l’original. Volker Schlöndorff ajoute que le dialogue qu’il a introduit dans son film, entre Arielle Dombasle et l’écrivain rend compte d’une pirouette authentique de celui-ci : il avait décliné une occasion d’abattre le dictateur Hitler. Son argument était bien qu’il voulait rester témoin plutôt que devenir acteur de l’Histoire. Pour le cinéaste, Ernst Jünger est une « planche pourrie » (sic) de la littérature allemande qui s’est rendu volontairement complice de la barbarie nazie. Volker Schlöndorff revient ensuite sur le débat qui secoue les militaires allemands quant à savoir si fusiller des otages est efficace pour enrayer le « terrorisme ». Bien évidemment, pour lui, c’est une solution « non-productive ». Le lendemain de l’exécution des otages de Nantes et de Chateaubriant, un nouvel attentat était perpétué à Bordeaux. Les exécutions sont simplement monstrueuses, comme en témoigne le film. À une spectatrice, professeur d’histoire à la faculté, qui fait remarquer que les exécutions relèvent de l’irrationnel et de la folie tragique d’Hitler, le cinéaste répond que nous sommes alors en 1941. Hitler a conquis l’Europe avec une facilité incroyable, les officiers allemands le prennent encore pour un stratège génial et lui font confiance. Un spectateur se demande si le jeune soldat allemand qui arrive du front russe et qui s’évanouit quand il doit participer à l’exécution est le pendant allemand en quelque sorte de Guy Môquet. Volker Schlöndorff répond que ce n’était pas son intention : il voulait juste mettre en scène un soldat « noble », antithèse du méprisable Ernst Jünger. Il s’est inspiré d’une nouvelle d’Heinrich Böll, militant de la paix et prix Nobel de littérature, qui raconte une scène du même ordre. Et le cinéaste s’est imaginé que le jeune soldat pacifiste qu’il met en scène aurait pu être Heinrich Böll lui-même qui, effectivement, était

en France à l’époque des faits. Il devient ainsi dans son esprit le contrepoids du détestable officier. Pour Volker Schlöndorff, La Mer à l’aube n’est pas une fiction cinématographique, ni même une œuvre de cinéma : elle est trop proche de la réalité. Mais il lui fallait raconter cette histoire, essentielle, comme un devoir moral. À une spectatrice étudiante qui lui demande comment il a réagi en voyant l’émotion du public, le réalisateur répond qu’il n’a jamais pensé à l’impact émotionnel du film, mais qu’il l’avait constaté sur lui-même pourtant en écrivant le scénario. Il se souvient avoir beaucoup pleuré en rédigeant le passage qui se déroule dans la baraque, quand les condamnés écrivent leurs lettres. Puis Volker Schlöndorff termine la rencontre en soulignant que La Mer à l’aube est un film à petit budget : il y a peu d’acteurs connus parce qu’il n’avait pas de quoi payer leur cachet. Il s’est donc tourné vers des inconnus. Pour aider les comédiens à s’approprier leur rôle, il a demandé que chacun lise à fond la lettre réellement écrite par le personnage qu’il jouait et qu’il la relise aussi souvent que possible. Cela a créé une atmosphère particulière et a contribué à la réussite du film. CdP

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Interférences Dans la maison J’enrage de son absence

dans la maison Qui manipule qui ? C’est la question que l’on se pose tout au long du dernier film de François Ozon. Est-ce le jeune lycéen qui en laissant ouvert ses « à suivre » insolents, à la fin de ses copies, provoque son professeur (au moins son intérêt de lecteur-voyeur) ? Est-ce le professeur qui, quotidiennement, par ses tête-à-tête pseudo pédagogiques, veut provoquer une vocation littéraire pressentie chez son élève ? Par quelques renseignements sur ses personnages, Ozon nous entraîne vers des explications psychologiques assez attendues (père et fils de substitution) mais elles tournent court devant la complexité du jeu pervers autodestructeur dans lequel ils s’engagent tous les deux. Qui s’en sort le moins mal de ce jeu de massacre délicieux (pour le spectateur) ? Le jeune homme qui doit fuir le lycée ou le prof qui perd son travail et sa femme et se réfugie dans la dépression ? sous la maison Pourquoi cet homme tourne-t-il autour des jeux de ce petit garçon et pourquoi le suit-il jusqu’à l’école ? Que lui veut-il ? Petit à petit, le spectateur apprendra qu’il s’appelle Jacques et qu’il a eu un enfant avec Mado, la mère du garçon. Que cet enfant est mort dans un accident de voiture et Jacques, le conducteur, ne s’est jamais remis de cette disparition. Comment fait-il pour séduire le petit Paul ? Pour le détourner de l’amour de ses parents ? Par ses cadeaux ? Parce qu’il représente l’ailleurs (l’oncle d’Amérique) ? Parce qu’il souffre sans s’en cacher ? Alors que le spectateur croit qu’il est reparti outre Atlantique, Jacques s’enferme dans le sous sol de l’immeuble, au fond

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Vos critiques

de sa souffrance muette, au cœur d’un secret dans lequel il emprisonne l’enfant. Caveau-ventre maternel mortifère où il ne survit plus qu’au compte-gouttes, nourri par Paul, relié par le cordon ombilical sonore d’un vide-ordure désaffecté. L’extrême violence et la dureté des scènes finales répondent à l’extrême violence douce de cette tentative d’enlèvement : la douleur de Jacques est telle qu’il aspire Paul à devenir l’enfant qu’il enrage de ne plus avoir. Il n’existe qu’un moyen de rompre les liens morbides qu’il a tissés avec Paul : le jeter hors de la maison. fenêtres sur Le dernier contact que Jacques conservait avec le monde des humains, c’était le rectangle de la fenêtre du sous sol par lequel il pouvait observer Paul en train de jouer. Sandrine Bonnaire expliquait qu’elle avait choisi un format d’image qui correspondait à celui, tout en longueur, du soupirail : dernier écran d’un homme à cran. Dans la magnifique dernière scène du film de François Ozon, le maître et l’élève se retrouvent dans le jardin de ce qu’on imagine être une maison de repos. Avec la nuit venue, des dizaines de fenêtres s’illuminent comme autant d’écrans donnant un accès voyeuriste à des dizaines d’histoires possibles. La vie continue puisqu’elle contient, en germe, des destins, miniatures ou exaltants, qui n’attendent plus qu’un narrateur… ou un cinéaste… pour nous être racontés. DP « Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. » (Charles Baudelaire, Les Fenêtres, Le Spleen de Paris)

amour de Michael Haneke

le capital de Costa-Gavras

[…] C’est la grande réussite d’Amour, de ne pas virer dans du sentimentalisme primaire, mais finalement de profondément déranger, de nous interroger, si bien que nous ne sommes pas que simples spectateurs du récit. Et tout reste d’une justesse insolente, dans la mise en scène comme pour les acteurs, ainsi que le propos et les sentiments qui nous sont donnés. Amour ne révolutionne pas le cinéma donc, mais en termes de cinéma classique, Haneke frappe très fort. À voir. PP La vieillesse, la fin de vie, la dépendance, tout cela dérange dans notre société, et je salue Michael Haneke pour ce chef-d’œuvre du cinéma, avec des interprètes d’une justesse incroyable, un huis-clos dans lequel on se retrouve très vite plongé, un lieu de vie certes bourgeois, mais plein de souvenirs de la vie des personnages, soignés jusque dans les moindres détails, des plans remarquables. Ce film méritait cette Palme, et je ne peux que conseiller d’aller le voir, ne serait-ce que pour la profondeur des sentiments qui l’habite du début jusqu’à la fin… CM

Anecdotique au regard d’un titre chargé de références. Monsieur HR

la cHaSSe de Thomas Vinterberg Excellent film sur un sujet délicat, traité avec beaucoup de subtilité. Vision effrayante d’une société prise dans un engrenage de violence vis à vis d’un homme jugé coupable d’un délit qu’il n’a pas commis. Cet homme sensible est tellement choqué par ces réactions qu’il ne se défend pas. Magnifique interprétation. CP

villegaS de Gonzalo Tobal […] Sans doute un peu trop métaphorique. Mais j’ai bien aimé les vaches, qui semblent être le point de bifurcation de cette petite œuvre légèrement bucolique. Gaz-de-ville j’enrage de Son aBSence de Sandrine Bonnaire […] Comme souvent dans un premier film, il y a quelques longueurs mais cela ne nuit absolument pas au film qui nous plonge au cœur de la relation fusionnelle qui va naître entre Jacques – William Hurt – et Paul, enfant issu du deuxième mariage de Mado – Alexandra Lamy – qui sympathise avec cet homme étrange. Sandrine Bonnaire s’est inspirée de l’histoire de sa propre mère et on sent son désir de ne pas juger cet homme qui souffre terriblement et ne sait plus quel chemin emprunter pour sortir de son mal être. Ce film est certainement l’un des meilleurs de cet automne 2012, grâce en partie aux interprètes, au scénario et à une mise en scène assez originale, déroutante au début mais très efficace. Chapeau Mademoiselle Bonnaire ! ChrisdeTouraine Sandrine Bonnaire a d’évidentes qualités en tant que réalisatrice. Le jeu des acteurs est également convaincant. Quelques scènes néanmoins sont un peu trop répétitives et la tension croissante me laissait attendre une fin plus tranchée, nette et définitive, d’où une légère déception. HH

Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO

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FILM DU MOIS

Yossi Israël – 2012 – 1h23, de Eytan Fox, avec Ohad Knoller, Lior Ashkenazi, Orly Silbersatz Banai, Oz Zehavi…

Y

ossi a trente quatre ans et ne prend jamais de vacances ; son travail, cardiologue, est une échappatoire à sa vie et à l’angoisse. Replié sur lui-même, il est très seul. Incapable de détruire la carapace qui le retient prisonnier, il ne peut se rapprocher des autres ; ni d’un collègue médecin fraîchement divorcé qui veut l’entraîner dans un monde de femmes et de drogues, ni d’une infirmière solitaire qui est amoureuse de lui. Car, dix ans plus tôt, Yossi a perdu l’amour de sa vie à l’armée et ne s’en est pas remis. Un jour, une femme vient faire un examen à l’hôpital, c’est la mère de Jagger, l’amant disparu. Elle ne connaît pas Yossi mais accepte quand il lui propose de la raccompagner chez elle. Après un échange troublant avec les parents de son amoureux disparu, il décide de prendre la route vers le Sinaï. Son chemin croise alors celui de jeunes militaires en permission… Chacun à sa manière tente de tromper le manque, d’échapper à la tristesse, Yossi, lui, se mure dans le silence. Avec ses kilos en trop, ses yeux tristes et sa semi-dépression, cet homme perdu suscite tout de suite l’empathie et orne le film de mélancolie. À la fois victime et instigateur de sa situation, Yossi est le héros profondément

humain de cette histoire calme mais vivifiante. Car le chemin emprunté (qui passe par la matérialisation de la perte et le partage de la peine), est celui du retour à la vie ; l’histoire vibrante d’une reconstruction de soi. Le film et son personnage empruntent des chemins parallèles passant tous les deux du brouillard à la lumière. La première partie est ainsi composée de souffrances rentrées et de non-dits alors que dans la deuxième, la légèreté, l’humour prennent leurs places au contact de la jeunesse insouciante. Eytan Fox (Tu marcheras sur l’eau, The bubble) reprend le personnage de Yossi, déjà présent dans Yossi et Jagger tourné il y a dix ans. Mais ne pas avoir vu l’œuvre d’origine ne nuit en rien au plaisir et à la compréhension de ce dernier. C’est peutêtre même le contraire, car, vierge de toute information, on prend un grand plaisir à découvrir le personnage au fur et à mesure plutôt que de le connaître à l’avance. Bercé par la musique de Keren Ann (que l’on voit dans une scène de concert), Yossi est d’une délicatesse formidable sans tomber dans aucune caricature ou facilité. Juste un film simple, solaire et profondément émouvant. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n°308 janvier 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


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