apollo cinéma l’
maison de l’image
programme juin-juillet 2015 du 3 juin au 14 juillet 2015
cinéma apollo • 4, rue Albert 1er • 36000 Châteauroux
du 10 au 16 juin
du 3 au 9 juin
LARMES DE JOIE
TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE
Mario MONICELLI
Arnaud DESPLECHIN
Risate di gioia, Italie, 1960, 1 h 42, v.o sous-titrée, avec Totò, Anna Magnani, Ben Gazzara
Sélection Quinzaine des réalisateurs festival de Cannes 2015 France, 2014, 2 h, avec Quentin Dolmaire, Lou Roy Lecollinet, Mathieu Amalric
Deux anciens artistes de music-hall, Gioia Fabricotti, surnommée Tortorella, figurante à Cinecittà, et Umberto Pennazzuto alias Infortunio, qui vit de petites combines, se retrouvent, sans l’avoir voulu, à passer une fois de plus ensemble la nuit de la Saint-Sylvestre. Entraînés par Lello, un petit truand, ils vont de fête en fête et de mésaventure en mésaventure.
Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient…
Un voyage romanesque dans l’espace et le temps des films d’Arnaud Desplechin. Suivant le modèle établi par l’un de ses maîtres, François Truffaut, Arnaud Desplechin reprend le personnage de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) pour lui faire revivre de nouvelles aventures, passées et présentes. Paul Dédalus n’est ni tout à fait le même ni tout à fait un autre. Enrichi au contact de personnages et de lieux en provenance de Rois et Reine ou d’Un conte de Noël, l’alter ego du cinéaste offre à ce dernier la matière d’un film à tiroirs mélancolique et enjoué, tragique et solaire. Une réflexion vertigineuse où se mêlent les obsessions qui hantent l’auteur depuis ses débuts : le rapport à l’autre, la solitude et le deuil, le couple et la passion amoureuse, la quête de soi, la construction de l’identité. Marc Cerisuelo, Positif, mai 2015
Un grand rôle pour la Magnani dans cette tragi-comédie cruelle dont la bonne humeur de surface ne fait que renforcer la noirceur poignante. Réalisé entre deux chef-d’œuvres – Le Pigeon et Les Camarades – par Mario Monicelli alors au sommet, ce joyau est la chronique d'une nuit de la Saint Sylvestre qui tourne au désastre. Le film commence comme une pièce de Commedia dell’arte où tout le monde est en surrégime, mais cette énergie un peu criarde trouve rapidement à se fondre dans les rouages d’une mécanique burlesque merveilleuse de précision. Cet étincelant marathon nocturne doit probablement beaucoup au Fellini de La Strada et au Visconti des Nuits blanches. Mais Monicelli sait se rappeler à la meilleure tradition néoréaliste en tirant de ces inutiles (le fameux trio Totò, Anna Magnani, Ben Gazzara) une dimension tragicomique d'une grande acuité politique. Vincent Malausa, Cahiers du cinéma, avril 2013
du 3 au 9 juin
BLIND Eskil VOGT
Tarifs
Norvège, 2014, 1 h 31, v.o sous-titrée, avec Ellen Dorrit Petersen, Henrik Rafaelsen Film interdit aux moins de 12 ans
Tarif plein : 6,80 euros ; Tarif réduit : 5,80 euros (abonnés Équinoxe-Scène Nationale, famille nombreuse, plus de 60 ans) et pour tous le mercredi et le lundi. Tarif réduit demandeurs d’emploi/RSA/Allocation Adultes Handicapés : 3,20 euros Moins de 18 ans/étudiants : 4,00 euros Films pour enfants d’une durée de moins d’une heure : 3,20 euros pour tous Le mardi à 12 h 15, le dimanche à 20 h 15 : 3,50 euros la séance Scolaires, centres de loisirs : 2,50 euros (sur réservation : Agnès Rabaté, 02 54 60 99 97). l’apollo accepte les Ciné-chèques.
Ingrid vient de perdre la vue. Elle quitte rarement son appartement et les images qui étaient autrefois si claires se remplacent lentement par des visions plus obscures. Elle soupçonne son mari Morten de mentir quand il dit aller travailler…
Une véritable expérience sensorielle entre thriller et cinéma expérimental.
Abonnement
10 euros pour un an. Une carte qui vous permet : de recevoir le programme mensuel à votre domicile ; d’acheter des tickets d’une valeur de 4,40 euros par chéquier de 5 (22 euros), valables un an, utilisables à toutes les séances ; de bénéficier du tarif réduit à Équinoxe-La Scène Nationale (sur présentation de votre carte d’abonné). Tél. programme : 02 54 60 18 75 Tél. administration : 02 54 60 18 34 – Fax : 02 54 60 18 16 Site internet : cinemaapollo.com Photographie de couverture : Valley of Love de Guillaume Nicloux, Le Pacte
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impression : Color 36
Renseignements
Comme Ingrid, nos autres sens sont sollicités grâce à une mise en scène singulière et précise qui nous fait partager son handicap : des plans serrés sur ses mains accentuent l’importance du toucher, dans un environnement où la faible profondeur de champ contribue au sentiment d’enfermement. La cécité d’Ingrid va provoquer la remise en cause inéluctable de son identité sociale et sexuelle. Blind prend alors une dimension psychique inattendue, provoquée par un triangle amoureux, jusqu’à égarer le spectateur dans ses propres sensations… Arthur Champilou, aVoir-aLire, avril 2015 3
du 3 au 9 juin
du 10 au 16 juin
LE DOS ROUGE
LA TÊTE HAUTE
Antoine BARRAUD
Emmanuelle BERCOT
Sélection Forum festival de Berlin 2015 France, 2014, 2 h 07, avec Bertrand Bonello, Jeanne Balibar, Géraldine Pailhas, Pascal Greggory
Sélection officielle hors compétition festival de Cannes 2015 France, 2014, 2 h, avec Rod Paradot, Catherine Deneuve, Benoît Magimel, Sara Forestier
Un cinéaste reconnu travaille à son prochain film consacré à la monstruosité dans la peinture. Il est guidé dans ses recherches par une historienne d’art avec laquelle il entame des discussions étranges et passionnées.
Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.
Entre Vertigo d’Hitchcock et les fictions gigognes de Rivette, un fascinant portrait de cinéaste en crise nimbé de fantastique. Une vraie découverte. Une tache rouge qui peu à peu colonise un dos. Un cinéaste qui parcourt les musées pour trouver l’inspiration au cœur des tableaux. Un homme qui déambule au milieu des femmes et se perd dans leurs yeux, dans leurs mots… Tout cela et mille autres choses encore. L’envie de réaliser Le Dos rouge est venue à Antoine Barraud en 2010, celle de faire le portrait d’un cinéaste, fictionnel, après avoir vu De la guerre de Bertrand Bonello. La splendeur du film est tout d’abord dans les toiles que Barraud fait scruter à Bonello, tandis que Jeanne Balibar, à ses côtés, les commente de son docte verbe. Se répète ainsi tout au long du film une sorte de rite, initiatique puis séducteur, entre le cinéaste et cette historienne de l’art qui lui fait la visite, essayant de lui ouvrir les portes du sens. Ne serait-ce que pour entendre la comédienne donner son interprétation des Miró, Moreau, Caravage ou Chassériau, le jeu en vaut la chandelle. Ces visites au musée constituent la première couche du film, très belle, et souvent très drôle. Puis d’autres s’ajoutent, par légers glissements ou violents rebonds, qui finissent par faire du Dos rouge un complexe mille-feuille, à la fois sensuel et cérébral, en tout cas profondément organique. C’est d’abord cette tache rouge, sanguine, qui grossit sur le dos du cinéaste au risque d’en faire bientôt, lui aussi, un monstre. C’est ensuite cette Madeleine d’entre les morts, projet fantôme de Bonello autour de Vertigo, enterré depuis longtemps et dont on voit ici, à travers une scène, à quoi le film aurait pu ressembler. C’est enfin des scènes de vie privée qui dessinent la personnalité d’un esthète délicat. Vertigo, les femmes, les monstres, les doubles, les fantômes, le sang… Tout se noue peu à peu et finit par cristalliser autour d’une toile de Léon Spilliaert : un Autoportrait au miroir sidérant, qui semble enfin fasciner notre cinéaste. Car enfin il se reconnaît dans le seul miroir capable de réfléchir son image : celle d’un vampire. Antoine Barraud, comprend-on alors, se nourrit du sang de Bertrand Bonello pour faire son film, qui lui-même se nourrit du sang de celles et ceux qui l’entourent, et ainsi de suite. L’art n’est jamais rien d’autre qu’un acte de vampirisme, c’est-à-dire un acte d’amour et d’égoïsme mêlés, poussés à leur paroxysme. Jacky Goldberg, Les Inrockuptibles, avril 2015
La violence d’un adolescent en déserrance… C’est un film universel, qui exprime bien les questions qui se posent sur nos modèles de société ; un film qui parle de la jeunesse, de transmission, du rapport entre la justice et la société, des mécanismes sociaux et éducatifs mis en place dans un pays comme la France pour traiter des cas de délinquance… Le choix de ce film pourra paraître surprenant au regard des codes généralement appliqués à l’ouverture du festival de Cannes. C’est évidemment le reflet de notre volonté de voir le festival commencer avec une œuvre différente, forte et émouvante. Le film d’Emmanuelle Bercot dit des choses importantes sur la société d’aujourd’hui, dans la tradition d’un cinéma moderne, pleinement engagé sur les questions sociales et dont le caractère universel en fait une œuvre idéale pour le public mondial qui sera au rendez-vous à Cannes. Thierry Frémaux, Délégué général du festival de Cannes Emmanuelle Bercot nous plonge dans les arcanes de l’institution judiciaire chargée de la protection de l’enfance. Un univers qu’elle avait déjà exploré dans le Polisse de Maïwen, qu’elle avait co-écrit et interprété, et dont elle affirme ici encore qu’il est le dernier maillon, l’ultime filet de sécurité pour des milliers d’enfants qui sont les premières victimes d’une société de plus en plus brutale. Son film est juste, intense et souvent bouleversant. Cinéma Le Lux, Caen
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du 10 au 16 juin
TITLI, UNE CHRONIQUE INDIENNE Kanu BEHL Sélection Un certain regard festival de Cannes 2014 Titli, Inde, 2014, 2 h 07, v.o sous-titrée, avec Shashank Arora, Shivani Raghuvanshi, Ranvir Shorey Avertissement : des scènes, des propos ou des images peuvent heurter la sensibilité des spectateurs
Dans la banlieue de Delhi, Titli, benjamin d’une fratrie de braqueurs de voitures, poursuit d’autres rêves que de participer aux magouilles familiales. Ses plans sont contrecarrés par ses frères, qui le marient contre son gré. Mais Titli va trouver en Neelu, sa jeune épouse, une alliée inattendue pour se libérer du poids familial…
Une chronique sociale palpitante aux allures de thriller au cœur de l'Inde. Flics ripoux, jeunes femmes mariées de force, règne des petits trafics… Kanu Behl raconte la face noire de son pays sans l'once d'une complaisance mais avec un sens aiguisé de la mise en scène de la violence, physique comme psychologique. On sent l’admiration qu’il porte à Jacques Audiard, ce même désir de rédemption, cette même quête inextinguible de survie en dépit de tous les obstacles placés sur sa route. Thierry Chèze, Studio CinéLive, mai 2015
Jeudi 25 juin à 20 h 45 Débat avec un invité, en partenariat avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité
À TOUT JAMAIS NIC BALTHAZAR Tot altijd, Belgique, 2013, 1 h 58, v.o sous-titrée, avec Koen De Graeve, Geert Van Rampelberg Thomas, Mario, Lynn et Speck forment une bande de joyeux drilles, jeunes, un peu dingues et révolutionnaires. Le temps passe et chacun suit son chemin. Mario se marie, a un enfant, puis divorce, avant qu’on lui diagnostique une sclérose en plaques. Chaque jour, son état se détériore, chaque jour, il perd un peu de l’indépendance qu’il chérit tant. Encore animé par les convictions politiques de sa jeunesse, il se lance dans une lutte pour que soit reconnu en Belgique le droit à l’euthanasie.
Mardi 23 juin à 20 h 45 SOIRÉE HOMMAGE AU FONDATEUR DE L’APOLLO MAURICE BRIMBAL (1877-1945) Inauguration du salon Maurice Brimbal en partenariat avec la Ville de Châteauroux Suivie de la projection d’un court programme d’archives locales, Impressions de Châteauroux qui rappelle la Ville qu’a connue Maurice Brimbal, puis :
CINÉMA CONTÉ PAR PATRICK FISCHMANN
DES HISTOIRES DE FONTAINES ET D’HOMMES Sur un montage de films amateurs anciens conservés par le pôle patrimoine de Ciclic. Trame narrative : Patrick Fischmann. Montage : Ciclic
Quand les films amateurs berrichons dialoguent avec les contes de la Brenne, du Berry et de Sologne. « Je me souviens des gens, de leurs visages et des paysages d’antan. Et je me dis : les plus beaux paysages ne sont-ils pas aussi les visages des gens ? Eux-mêmes faits de terre et d’eau, de grands vents et de flammes. De ces regards pleins d’eau et de feu qui goûtaient comme nous au miracle de l’instant. Comme les images appellent les images, des contes remontent à la surface, ils se mélangent pour ne faire qu’un doux cinéma, une fête préparée par nos anciens pour que les mondes dansent sans se soucier du temps qui passe. » Patrick Fischmann À l’occasion des rencontres cinématographiques Retours vers le futur, manifestation dédiée à la mémoire et à l’histoire, l’Apollo et le Pôle patrimoine de Ciclic entreprennent, chaque année, la production d’une création mêlant archives audiovisuelles et spectacle vivant. Patrick Fischmann est le premier conteur à s’atteler à un tel projet. La première du spectacle s’est tenue à l’Apollo le dimanche 12 avril 2015. Ce qu’il nous a été donné à voir et à entendre nous a particulièrement enchantés. Patrick Fischmann a du talent et l’expérience de conter des films (au Festival International du Film de l’Environnement). Il s’accompagne d’instruments exotiques ou ancestraux dont les timbres soutiennent la parole et la fragilité des images anciennes. Il nous livre, ici, une vision poétique, ethnographique de notre territoire. Sa sensibilité nous permet de découvrir des images que nous connaissions peu ou auxquelles il manquait le bon interprète. Bénédicte Dominé
Une histoire cruelle sur le ton de la comédie nostalgique. À tout jamais fait écho au débat parlementaire français sur la fin de vie. En 2002, le parlement belge a voté une loi autorisant l’euthanasie qui a permis à Mario Verstraete, dont le film retrace le combat, d’organiser sa propre mort.
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du 17 au 23 juin
du 24 au 30 juin
LA LOI DU MARCHÉ
L’OMBRE DES FEMMES
Stéphane BRIZÉ
PHILIPPE GARREL
Sélection officielle en compétition festival de Cannes 2015 France, 2015, 1 h 33, avec Vincent Lindon, Yves Ory, Karine De Mirbeck
Sélection Quinzaine des réalisateurs festival de Cannes 2015 France/Suisse, 2015, 1 h 13, avec Stanislas Merhar, Clotilde Courau, Lena Paugam
À cinquante-et-un ans, après vingt mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Peut-il tout accepter pour garder son emploi ?
Pierre et Manon sont pauvres. Ils font des documentaires avec rien et ils vivent en faisant des petits boulots. Pierre rencontre une jeune stagiaire, Elisabeth, et elle devient sa maîtresse. Mais Pierre ne veut pas quitter Manon pour Elisabeth, il veut garder les deux. Un jour Elisabeth découvre que Manon, la femme de Pierre, a un amant. Et elle le dit à Pierre… Pierre se retourne vers Manon parce que c’est elle qu’il aimait. Et comme il se sent trahi, il implore Manon et délaisse Elisabeth. Manon, elle, rompt tout de suite avec son amant. On peut supposer que c’est parce qu’elle aime Pierre…
Stéphane Brizé filme l’humiliation sociale d’un homme à travers un dilemme moral… Mes films ont toujours traité de l’intime mais sans mettre en écho l’homme et son environnement social. L’étape suivante était d’observer la brutalité des mécanismes et des échanges qui régissent notre monde en confrontant l’humanité d’un individu en situation de précarité à la violence de notre société. J’ai travaillé au scénario avec Olivier Gorce que je connais depuis longtemps mais avec lequel je n’avais jamais collaboré. Son analyse et son regard sur les thématiques sociales et politiques sont très pertinentes, il était le compagnon de route idéal pour ce projet. Dans La Loi du marché, je regarde la vie d’un homme qui a donné son corps, son temps et son énergie a une entreprise avant d’être mis sur la touche parce que des patrons ont décidé d’aller fabriquer le même produit dans un autre pays à la main d’œuvre moins chère. Cet homme n’est pas mis dehors parce qu’il fait mal son travail, il est mis dehors parce que des gens veulent gagner plus d’argent. Thierry est la conséquence mécanique de l’enrichissement de quelques actionnaires invisibles. Il est un visage sur les chiffres du chômage que l’on entend tous les jours aux informations. C’est parfois juste une brève de deux lignes mais cela cache des drames absolus. Il ne s’agissait pas par contre de s’égarer dans le misérabilisme. Thierry est un homme normal (même si depuis quelques années, la notion de l’homme normal a été un peu esquintée) dans une situation brutale : Le chômage durant plus de vingt mois après la fermeture de son usine et l’obligation d’accepter à peu près n’importe quel travail. Et quand ce travail place l’individu face à une situation moralement ingérable, que peut-il faire ? Rester et devenir le complice d’un système inique ou partir et retrouver la précarité ? C’est la question du film : la place d’un homme dans un système. Les rendez-vous à Pôle-emploi, les stages qui ne débouchent sur rien, la banque qui fait la morale, l’entretien d’embauche par Skype… Personne n’est vraiment méchant mais chacun à sa place, sans vraiment le vouloir (ou sans trop oser le voir), participe à la violence du monde. Ce monde c’est le nôtre. Stéphane Brizé, extrait du dossier de presse
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Un film sur l’égalité de l’homme et de la femme, telle que peut la prendre en charge le cinéma. Le sujet c’est : la libido féminine est aussi puissante que la libido masculine. Ce qui signifie qu’il fallait énormément soutenir le personnage féminin, et aller contre l’homme : le cinéma a été conçu par des hommes et ce sont quand même toujours eux qui orientent nos représentations, nos manières de voir et de raconter même si heureusement il y a de plus en plus de femmes qui font des films. La plupart du temps, quand des femmes s’expriment à l’écran, elles disent des mots écrits par des hommes, ce que j’ai essayé de résoudre en travaillant à quatre, deux femmes – Arlette Langmann et Caroline Deruas, déjà coscénaristes de La Jalousie – et deux hommes – Jean-Claude Carrière et moi. Mais je crois que le cinéma fonctionne de telle manière que si on met le personnage masculin et le personnage féminin à égalité, le cinéma tend à renforcer la position de l’homme. Pour contrebalancer ça j’ai voulu que le film soit en défense de la femme et à charge contre l’homme. Et du coup, à la fin, Pierre ne s’en sort pas mal, Manon et lui son en effet dans un rapport de force égal. Le film est sans doute quand même fait du point de vue d’un homme, mais d’un homme qui va voir ce qui se passe du point de vue des femmes. Ce qui m’intéresse c’est ce que je peux comprendre de l’inconscient. La Jalousie était lié à la mort de mon père, L’Ombre des femmes est lié à la mort de ma mère. Chacun de ces films est profondément marqué par un événement personnel. Philippe Garrel, propos recueillis par Jean-Michel Frodon, extrait du dossier de presse 9
du 1er au 7 juillet
du 1er au 14 juillet
UNE SECONDE MÈRE
VALLEY OF LOVE
Anna MUYLAERT
Guillaume NICLOUX
Prix du public et des salles Art et Essai festival de Berlin 2015 Val, Brésil, 2015, 1 h 52, v.o sous-titrée, avec Regina Casé, Michel Joelsas, Camila Márdila
Sélection officielle en compétition festival de Cannes 2015 France, 2014, 1 h 31, avec Gérard Depardieu, Isabelle Huppert, Dan Warner
Depuis plusieurs années, Val travaille avec dévouement pour une famille aisée de Sao Paulo, devenant une seconde mère pour le fils. L’irruption de Jessica, sa fille qu’elle n’a pas pu élever, va bouleverser le quotidien tranquille de la maisonnée…
Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael qu'ils ont reçue après son suicide, six mois auparavant. Malgré l'absurdité de la situation, ils décident de suivre la programme initiatique imaginé par Michael…
Retrouvailles à l’écran d’Isabelle Huppert et Guillaume Depardieu dans ce drame signé Guillaume Nicloux. Les deux acteurs n’avaient pas joué ensemble depuis Loulou de Maurice Pialat, tourné en 1980. C’est Bertrand Blier qui, le premier, les avait réunis dans Les Valseuses en 1974. À l’heure où nous rédigeons notre programme, nous ne disposons d’aucun article ou information concernant Valley of Love qui sera projeté le vendredi 22 mai au festival. Pour en savoir plus, rendez-vous sur notre site internet : cinemaapollo.com
Montrer la vérité nue. J’ai commencé à écrire le scénario il y a plus de vingt ans. Je venais d’avoir un bébé et je prenais tout juste conscience de ce que voulait dire « élever un enfant », de ce que représentait cette tâche, de sa noblesse en quelque sorte. Je réalisais alors à quel point cela était déprécié dans la culture brésilienne. Autour de moi, du moins dans le monde dans lequel j’évoluais, les gens préféraient le plus souvent confier leur enfant à une nounou qu’ils installaient chez eux, dans leur maison, plutôt que de s’en occuper eux-mêmes. Or ces nounous avaient ellesmêmes des enfants qu’elles avaient dû confier à quelqu’un d’autre afin de pouvoir s’acquitter de leur travail et s’intégrer dans un tel dispositif. Ce paradoxe social m’est apparu comme l’un des plus frappants au Brésil car ce sont toujours les enfants qui en sont les grands perdants tant du côté des patrons que des nounous. En fait, il y a un problème majeur dans le fondement même de notre société : l’éducation. Celle-ci peut-elle réellement exister sans affection ? Cette affection peut-elle s’acheter ? Et, si oui, à quel prix ? Mon film peut être vu comme un film social, mais pas seulement. Mon approche ne consiste pas à juger mes personnages et leurs actes ni même à les embellir. La structure dramatique est plutôt sèche, presque binaire : d’abord la description des règles qui gouvernent les relations affectives et sociales dans la haute bourgeoisie de Sao Paulo, puis comment celles-ci sont bouleversées par l’arrivée de Jessica, la fille de la nounou, qui va franchir les lignes et occuper un espace qu’elle n’est pas censée occuper. Évidement elle va en être expulsée. Elle va même être « remise à sa place » sauf que cette « place » n’existe plus. Le film traite de deux générations de femmes aux origines humbles. Val, est une domestique qui respecte les normes anciennes et les coutumes séparatistes, acceptant de fait d’être traitée comme « une citoyenne de seconde classe » selon les propres termes de sa fille. Jessica est curieuse, déterminée, volontaire, et elle réclame son dû, ses droits en tant que citoyenne. Et comme elle le dit : « Je ne me considère pas meilleure ou pire que les autres. » Anna Muylaert, extrait du dossier de presse 10
Mardi 7 juillet à 20 h 45 Rencontre avec Pascal Guilly, réalisateur du film
D’ÂME ET DE PIERRE Pascal GUILLY France, 2015, 52 minutes pour France 3 Centre, produit par TGA Production avec le soutien de Ciclic
La belle époque du sculpteur Ernest Nivet est celle des paysans ; un monde définitivement terminé en 1914. L’imaginaire Berrichon le situe plus dans le folklore local que dans le monde des arts : cette œuvre fut pourtant appréciée, bien qu’encore méconnue aujourd’hui, l’artiste reçut, en 1937, la plus importante distinction pouvant être décernée à un sculpteur.
Révéler une œuvre énigmatique. Une sculpture s'exprime pleinement sous les effets de l'ombre et de la lumière. Je suis très content du travail de Pierre. Il éclaire les personnages de Nivet comme je l'avais imaginé dans mon projet. On dit souvent lors de la réalisation d'un film :« Cela doit faire cinéma »; c'est à dire délivrer une émotion artistique propre à l'écriture cinématographique. La photographie en est l'un des éléments majeurs comme le découpage, le montage et la bande son. Pascal Guilly 11
du 8 au 14 juillet
VICTORIA Sebastian SCHIPPER Prix du public et des salles Art et Essai festival de Berlin 2015 Allemagne, 2015, 2 h 14, v.o sous-titrée, avec Laïa Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski
5 h 42. Berlin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, espagnole fraîchement débarquée, rencontre Sonne et son groupe de potes. Emportée par la fête et l'alcool, elle décide de les suivre dans leur virée nocturne. Elle réalise soudain que la soirée est en train de sérieusement déraper…
l’argent
de
poche
la programmation jeune public Mercredi 3 et dimanche 7 juin à 15 h
LE SIGNE DE ZORRO
de Rouben MAMOULIAN
États-Unis, 1940, 1 h 34, v.o sous-titrée, avec Tyrone Power, à partir de 8 ans
Chef-d’œuvre du film d’aventures, témoin de l’âge d’or hollywoodien…
Samedi 13 juin à 14 h 30, CINÉSCAPAGES Programme de courts métrages, 2 h, avec entracte, tarif unique : 2,50 euros, à partir de 5 ans
Les élèves du département, de la maternelle au lycée, présentent les films qu’ils ont réalisés dans le cadre d’Escapages, le prix des lecteurs de l’Indre organisé par l’association Aladin.
Pour prolonger le plaisir de lire, le faire partager et susciter de nouvelles écritures… Avant l’entracte : Mille-Pattes et Crapaud de Anna Khmelevskaya (10 minutes, animation)
du 10 au 21 juin
GUS, PETIT OISEAU, GRAND VOYAGE de Christian De VITA
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Un film très touchant, imprégné de fureur de vivre et formellement très original.
France/Belgique, 2014, 1 h 30, animation, à partir de 5 ans
Victoria a sans doute toujours été sage et irréprochable. Elle s’est toujours conformée aux règles que dictent la vie et le monde. Elle a fait du piano pendant seize ans, sept heures par jour sans faillir, rêvant peut-être d’être concertiste, jusqu’au jour où elle s’entendra dire non ! Qu’elle n’est pas assez douée, que tout est terminé… Et là, sans doute se produit la rupture qui la fait se sentir démunie, perdue, et qui va la rendre disponible et capable de vivre cette nuit de tous les possibles. La rencontre d’une jeunesse allemande, élève bien pensante dans une Europe des inégalités, et d’une jeunesse espagnole moins riche et en proie à de grandes difficultés, m’intéressait. Les deux se retrouvant sur une absence d’avenir programmée. Dans cette inquiétude de la jeunesse, j’aimais cette solidarité du « qui es-tu, d’où viens-tu ?» Cette vérité va plus loin que les bonnes intentions. Sebastian Schipper, extrait du dossier de presse
Stylisée, colorée, d'une réelle drôlerie, cette comédie initiatique très animée rappelle qu'à coeur vaillant, rien d'impossible.
Sebastian Schipper a trouvé l’argument désarmant pour promouvoir son nouveau film :« Victoria n’est pas un film, ce n’est pas non plus une histoire à propos d’un braquage de banque. C’est un braquage de banque !». Servi par une mise en scène exaltée ou l’unique plan-séquence fonctionne comme condensateur d’urgence et où la caméra semble embarquée avec les personnages et prendre leurs points de vue en gros plan, pour donner une impression troublante de réel, Victoria est coupé et monté au rythme parfaitement calibré de sa bande originale parfaite. L’image est d’un bleuté velouté qui renvoie à la fois à la mort et à un désir fou de vie. Laïa Costa fait évoluer son personnage éponyme au cœur d’une nuit plus riche que plusieurs vies entières où l’amour, la mort, le danger, la peur, la fortune, l’exaltation et le deuil s’entrechoquent à un rythme si soutenu qu’il faut pourvoir suivre – émotionnellement. Il y a du Gus Van Sant, du Tom Tykwer mais aussi du Alan Clarke dans ce film onirique et social, qui est une véritable déclaration d’amour à Berlin. Yaël, toutelaculture.com, février 2015
des STUDIOS DISNEY
du 1er au 14 juillet
SHAUN LE MOUTON de Mark BURTON et Richard STARZAK Grande-Bretagne/France, 2014, 1 h 25, animation, version française, à partir de 6 ans
Cette folle épopée pleine de tendresse et d'émotion, rythmée par une avalanche de gags, renoue avec un burlesque savoureux.
du 4 au 12 juillet
LA BELLE ET LE CLOCHARD États-Unis, 1955, 1 h 15, animation, version française, à partir de 5 ans
Un film éternel qui met en valeur la découverte du monde extérieur, malgré ses dangers, et dont la tolérance et la différence sont les maîtres-mots.
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Séances le film débute à l’horaire indiqué
Séances
du 3 au 9 juin
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 3 4 5 6 7 8 9
Trois souvenirs de ma jeunesse
20 h 45 18 h 30
18 h 30 18 h 30 et 20 h 45
20 h 45
(2 h, page 3)
Blind (1 h 31, page 3)
18 h 30
Le Dos rouge (2 h 07, page 4)
Le Signe de Zorro (1 h 34, page 13)
du 10 au 16 juin
20 h 45
20 h 45
15 h
20 h 30
14 h et 18 h 30
17 h
16 h 45
12 h 15
18 h 30 18 h 30 20 h 45 20 h 45
Titli (2 h 07, page 6)
20 h 45 20 h 45
17 h
17 h
18 h 30
Cinéscapages (2 h, page 13)
L’Ombre des femmes (1 h 13, page 9)
14 h et 18 h 30
14 h
12 h 15
du 1er au 7 juillet
20 h 45
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 1er 2 3 4 5 6 7
Valley of Love (1 h 31, page 11)
18 h 30 20 h 45 18 h 30 et 20 h 45
Une seconde mère (1 h 52, page 10)
20 h 45 18 h 30
15 h
Samedi 13 juin à 14 h 30 : séance Cinéscapages, à la découverte des films réalisés par des élèves de la maternelle au lycée, dans le cadre d’Escapages, le prix littéraire de l’Indre.
14 h
Mustang (1 h 37, 4e de couv.) sortie nationale
18 h 30 18 h 30 14 h et et 20 h 45 20 h 45
La Loi du marché (1 h 33, page 8)
15 h et 17 h
20 h 30
14 h 18 h 30 et 20 h 45
17 h
18 h 30 12 h 15
20 h 45 18 h 30 20 h 45
Cinéma conté (1 h, page 7) Gus, petit oiseau… (1 h 30, page 13)
20 h 45 15 h
15 h
Mardi 23 juin à 20 h 45 : inauguration du salon Maurice Brimbal. Cinéma conté Des histoires de fontaines et d’hommes par Patrick Fischmann. Fermeture annuelle du cinéma du mercredi 15 juillet au mardi 18 août, reprise des séances le mercredi 19 août. Programme de la rentrée disponible à la mi-août et dès la mi-juillet pour les abonnés… Rendez-vous aussi sur notre site cinemaapollo.com.
17 h
14 h 12 h 15 et 20 h 45
20 h 45 20 h 30 18 h 30 18 h 30 20 h 45 15 h
15 h
La Belle et le Clochard (1 h 15, p. 13)
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 17 18 19 20 21 22 23
17 h
D’âme et de pierre (52 minutes, p. 11) Shaun le mouton (1 h 25, page 13)
du 17 au 23 juin
15 h 20 h 45 18 h 30 et 20 h 30
18 h 30 20 h 45
14 h 30 15 h
14 h 12 h 15 et et 18 h 30 20 h 45
Du dimanche 28 juin au mercredi 1er juillet : FÊTE DU CINÉMA… tarif unique à 4 euros dès la première place achetée.
20 h 45 18 h 30 20 h 30
17 h
17 h
Jeudi 25 juin à 20 h 45 : débat À tout jamais de Nic Balthazar, en partenariat avec l’Association pour le Droit de Mourir dans la Dignité.
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 10 11 12 13 14 15 16
Larmes de joie (1 h 42, page 2)
18 h 30 18 h 30 20 h 45 20 h 45 et 20 h 45
20 h 45
15 h
15 h
14 h
Mustang (1 h 37, 4e de couv.)
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 24 25 26 27 28 29 30
À tout jamais (1 h 58, page 6)
La Tête haute (2 h, page 5)
Gus, petit oiseau… (1 h 30, page 13)
14 h
du 24 au 30 juin
10 h 14 h 30
15 h
Mardi 7 juillet à 20 h 45 : Rencontre avec Pascal Guilly, réalisateur du film D’âme et de pierre.
du 8 au 14 juillet
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 8 9 10 11 12 13 14
Valley of Love (1 h 31, page 11)
20 h 45 18 h 30 18 h 30
17 h 20 h 30 14 h 14 h et et et 20 h 45 18 h 30 20 h 45
Victoria (2 h 14, page 12)
18 h 15 20 h 45
14 h et 20 h 45
16 h 30 20 h 45 18 h 15
Shaun le mouton (1 h 25, page 13) La Belle et le Clochard (1 h 15, p. 13)
14 h 30 15 h
10 h
14 h 30
16 h 15 14 h 30
L’équipe du cinéma vous souhaite un bel été.
l’apollo est géré par l’association AGEC Équinoxe.
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l’apollo est subventionné par la Ville de Châteauroux et reçoit les aides du CNC,
de la DRAC Centre, de la région Centre et du département de l’Indre.
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On aimerait partager avec vous… du 17 au 30 juin, en sortie nationale
MUSTANG Deniz GAMZE ERGÜVEN Sélection Quinzaine des réalisateurs festival de Cannes 2015 France/Allemagne/Turquie, 2014, 1 h 37, v.o sous-titrée, avec Erol Afsin, Gunes Sensoy
C'est le début de l'été. Dans un village de Turquie, Lale et ses sœurs rentrent de l’école en jouant avec des garçons et déclenchent un scandale aux conséquences inattendues…
Une chronique vivifiante d'adolescence rebelle. La Turquie est un pays en pleine effervescence, où tout bouge. Depuis quelques temps, il a pris une tournure plus conservatrice mais on y ressent toujours une force, une fougue. On a le sentiment d'être au cœur de quelque chose, que tout peut vriller à tout moment, partir dans n'importe quelle direction. C'est aussi un réservoir à fiction incroyable. Je voulais raconter ce que c'est que d'être une femme dans la Turquie contemporaine. Un pays où la condition féminine est plus que jamais au centre du débat public. Mes fréquents allers-retours entre la France et la Turquie ont sûrement une importance. À chaque fois que je retourne là-bas, je ressens une forme de « corsetage » qui me surprend. Tout ce qui a trait à la féminité est sans cesse ramené à la sexualité. C’est comme si chaque geste des femmes, et même des jeunes filles, avait une charge sexuelle. On voit émerger une idée de société qui positionne les femmes comme des machines à faire des enfants, bonnes à rester à la maison. On est l'une des premières nations à avoir obtenu le droit de vote dans les années 30 et on se retrouve aujourd'hui à défendre des choses aussi élémentaires que l'avortement. C'est triste. Je tenais à faire de mes personnages des héroïnes. Je vois ces cinq filles comme un monstre à cinq têtes qui perdrait des morceaux de lui-même, à chaque fois qu’une des filles sort de l’histoire. Le film exprime les choses de manière beaucoup plus sensible et puissante que je ne pourrais le faire. Je l'envisage vraiment comme un conte avec des motifs mythologiques comme celui du Minotaure, du dédale, de l’Hydre de Lerne… L'important pour moi est de créer un sentiment d'empathie envers ces filles. Qu'on leur donne enfin la parole et qu'on écoute leur voix. Deniz Gamze Ergüven, extrait du dossier de presse