apollo cinéma l’
maison de l’image
programme avril 2016 du 6 avril au 10 mai 2016
cinéma apollo • 4, rue Albert 1er • 36000 Châteauroux
dimanche 1er mai à 16 h 30, Une saison pour revoir…
du 6 au 12 avril
DON GIOVANNI
LES OGRES
joseph losey
léa FeHNeR
France, Italie, 1978, 2 h 54, v.o sous-titrée, avec Ruggero Raimondi, Kiri Te Kanawa, jose Van dam
France, 2014, 2 h 25, avec Adèle Haenel, Marc Barbé
xIVe
Venise, au siècle. Don Giovanni, séducteur et manipulateur, multiplie les conquêtes jusqu’au jour où le fantôme du Commandeur, que Don Giovanni a tué, revient pour se venger…
Ils vont de ville en ville, un chapiteau sur le dos, leur spectacle en bandoulière. Dans nos vies, ils apportent le rêve et le désordre.Ce sont des ogres, des géants, ils en ont mangé du théâtre et des kilomètres. Mais l’arrivée imminente d’un bébé et le retour d’une ancienne amante vont raviver des blessures que l’on croyait oubliées. Alors que la fête commence !
Précurseur de nombreuses mises en scène d’opéra pour le cinéma, joseph losey déploie ses talents de paysagiste et de portraitiste, servi par des interprètes remarquables.
Un film chaleureux et fantasque sur la vie de saltimbanque…
Concilier l'inconciliable, c'est sur ce pari que repose le Don Giovanni de Joseph Losey. A priori, une irréductible différence de nature existe entre les conventions de l'opéra – art où l'espace et le temps sont soumis aux plus strictes servitudes – et le « réalisme» cinématographique. C'est un vrai « film d'opéra » qu'a voulu réaliser Losey. « Inscrire l'ampleur expressive et gestuelle du lyrique dans la vérité concrète du cinéma »: telle a été son ambition. Et, de fait, la caméra retrouve ici son rôle de témoin et de révélateur, elle redevient l'instrument d'un langage et, tout en demeurant respectueuse et fidèle, s'efforce de rendre cinématographique l'approche de l'œuvre originelle. Ainsi est né sinon un « nouveau genre » du moins un surprenant « objet filmique » qui doit aux intuitions de Losey, à sa vision créatrice, à l'intelligence de sa mise en scène, une part importante de l'émotion esthétique qu'il dispense. jean de Baroncelli, Le Monde, novembre 1979
Le chapiteau et son cercle de caravanes, les bandes de gosses laissés à eux-mêmes, les adultes festoyant jusque tard dans la nuit... les ogres de Léa Fehner ont bien de l'appétit de vivre. Quitte à écrabouiller leurs proches, sommés de participer coûte que coûte au spectacle. La caméra s'attarde souvent sur les gamins de la troupe, et ce n'est pas un hasard : Léa Fehner est une enfant de la balle, a grandi dans le giron du théâtre itinérant de papa et maman, qui jouent d'ailleurs dans le film le rôle du patriarche et de sa femme. « C'est un film qui est inspiré de la façon dont j'ai grandi, avec l'envie de retranscrire un souffle plutôt que d'être exact avec une réalité », explique-t-elle. « Mes parents ont décidé dans les années 90 de tenter cette aventure-là, de se dire on prend les chapiteaux, on prend les caravanes, on prend les enfants et on va sur les routes amener le théâtre là où il n'y en a pas ». Après des études de cinéma, elle signe un premier film couronné du Prix Louis-Delluc en 2009 : Qu'un seul tienne et les autres suivront. « C'était un film sombre, grave. on a besoin aujourd'hui d'autre chose, d'être lucide sur le monde mais de faire des histoires avec de l'énergie, violentes, gaies », ditelle. Léa Fehner est généreuse, et son film aussi, qui traque avec justesse les états d'âme de chacun dans cette communauté où l'intime est exposé au regard de tous. « elle me trompe », écrit à la peinture noire sur la caravane le patriarche de la troupe lorsque sa femme, qu'il a humiliée devant toute la troupe, lui fait une infidélité d'une nuit. Rien n'est caché, même aux yeux des enfants : amours et histoires de fesses, bagarres homériques. Un excès qui sue la vie par tous les pores, même – et surtout - lorsqu'il est question de la mort d'un enfant de leucémie. on sort ravigoté de ce film débordant de vie, où les individus se tiennent chaud à travers la dèche et les bleus de l'âme. Le Point, mars 2016
Tarifs Tarif plein : 6,80 euros ; Tarif réduit : 5,80 euros (abonnés Équinoxe-scène Nationale, famille nombreuse, plus de 60 ans) et pour tous le mercredi et le lundi. Tarif réduit demandeurs d’emploi/RsA/Allocation Adultes Handicapés : 3,20 euros Moins de 18 ans/étudiants : 4,00 euros Films pour enfants d’une durée de moins d’une heure : 3,20 euros pour tous le mardi à 12 h 15, le dimanche à 20 h 30 : 3,50 euros la séance scolaires, centres de loisirs : 2,50 euros (sur réservation : Agnès Rabaté, 02 54 60 99 97). l’apollo accepte les Ciné-chèques.
Abonnement
10 euros pour un an. Une carte qui vous permet : de recevoir le programme mensuel à votre domicile ; d’acheter des tickets d’une valeur de 4,40 euros par chéquier de 5 (22 euros), valables un an, utilisables à toutes les séances ; de bénéficier du tarif réduit à Équinoxe-la scène Nationale (sur présentation de votre carte d’abonné). Tél. programme : 02 54 60 18 75 Tél. administration : 02 54 60 18 34 – Fax : 02 54 60 18 16 Site internet : cinemaapollo.com Photographie de couverture : Les Ogres de Léa Fehner, Pyramide Distribution 2
impression : Color 36
Renseignements
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du 6 au 12 avril
du 6 au 12 avril
SUITE ARMORICAINE
HOMELAND : IRAK ANNÉE ZÉRO
Pascale BReToN
Abbas FAHDel
France, 2015, 2 h 28, avec Valérie Dréville, Kaou langoët, elina löwensohn
Une année universitaire à Rennes vécue par deux personnages dont les destins s'entrelacent : Françoise, enseignante en histoire de l'art, et Ion, étudiant en géographie. Trop occupés à fuir leurs fantômes, ils ignorent qu'ils ont un passé en commun…
Chassés-croisés mystérieux sur fond de nostalgie bretonne. Il faut prendre son temps pour apprécier suite armoricaine, le nouveau film de Pascale Breton, douze ans après Illumination. Elle l’a construit comme un puzzle où il manque toujours quelques pièces et où celles qui subsistent ne cessent de bouger de place et de sens. Prendre le temps de scruter le visage de Valérie Dréville, star au théâtre dont c’est le premier rôle majeur au cinéma : souvent en gros plan, rêveur, large sourire, traits à la perplexité légère, comme si elle était sans cesse en train d’atterrir et de se surprendre elle-même d’être encore en vie, en terre armoricaine, si proche des lieux de son enfance. Le film cueille Françoise alors qu’elle quitte Paris, un poste, un compagnon psychologue dont on n’entendra que la voix, au fil de conversations de plus en plus ténues. Il se déroule sur une année universitaire, et cependant, sur un temps non linéaire, troué par l’oubli et les coïncidences, la résurgence de fantômes, tous présents sur une vieille photo. « et toi, qui étais tu ? Qui était cette jeune fille ?» s’interroge la Françoise d’aujourd’hui, face à son image et à celle d’une bande d’antan. Photo des années 80, comme les tenues et quelques crêtes l’attestent. Une femme qui part est devenue un genre cinématographique en soi, de Villa Amalia de Benoît Jacquot, à l’Avenir de Mia Hansen-Love. Celle de suite armoricaine s’en va sans désamour et sans motif avoué, alors même que sa dérive la mène sur les chemins de son anamnèse, mieux que n’importe quel psychanalyse statique, les wagons-couchettes ne s’étant pas encore reconvertis en lieu de consultation. « et in Arcadia ego. Moi aussi j’étais en Arcadie, métaphore de tous les paradis terrestres. Pourquoi pas ce campus ? et sa jeunesse éternelle »: ainsi commence le premier cours d’histoire de l’art de Françoise, tandis que son visage se fond sur un tableau de Nicolas Poussin et que la musique d’Éric Duchamp crée un puissant lien entre les strates temporelles que déploie le récit. Un à un, comme des cailloux qui ramènent à l’enfance et à la langue bretonne percluse, les amis de la photo ressurgissent. Ce peut être dans un rêve, ou sur le banc de la fac, sous la forme d’un jeune étudiant ou encore d’une clocharde revendicative. Dans ce personnage sans but, qui ne se laisse entraver par aucune ambition conformiste, mais découvre son dessein après coup, Valérie Dréville, son contour indéfini, et son physique si loin de toute mode, fait merveille. Anne Diatkine, Libération, mars 2016
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Irak, 2014, film en deux parties : Avant v.o sous-titrée
la chute (2 h 40); Après la bataille (2 h 54),
Abbas Fahdel nous plonge pendant deux ans dans le quotidien de sa famille.
Geste documentaire d’une ampleur et d’une urgence inouïes… Entre février 2002 et avril 2003, Abbas Fahdel revient filmer ses proches et ses amis en Irak. Après vingt ans d'absence, il y a ceux qu'il retrouve et ceux qu'il découvre. Parmi eux, l'espiègle Haidar, treize ans, devient vite l'un des formidables « personnages » de ce documentaire bâti comme une fiction. Avant la chute saisit l'attente d'une guerre annoncée à grands coups de semonces par l'Amérique des faucons. Après la bataille raconte la décomposition d'un pays libéré de son tyran, mais livré au chaos. À se familiariser avec les uns et les autres, à partager leur intimité, à les regarder se préparer au conflit, on a le sentiment d'avoir enfin accès à cette simple et rare réalité : l'Irak des Irakiens. L'exilé filme, comme s'il voulait les retenir, des instants banals et fragiles. Mathilde Blottière, Télérama, fév. 2016
du 13 au 19 avril
VOLTA À TERRA joão Pedro PláCIDo sélection ACID festival de Cannes 2015 Portugal/suisse/France, 2015, 1 h 18, v.o sous-titrée
À Uz, hameau montagnard du nord du Portugal vidé par l’immigration, subsistent quelques dizaines de paysans. Alors que la communauté se rassemble autour des traditionnelles fêtes d’août, le jeune berger Daniel rêve d’amour. Mais l’immuable cycle des quatre saisons et les travaux des champs reprennent vite le dessus… Un documentaire poétique sur l’univers rural qui donne tout un monde à regarder, tout un savoir à préserver. Partir, rester… Volta à terra témoigne du présent d’une mondialisation qui crée ses zones désertiques, ses points aveugles, où ceux qui continuent à y vivre deviennent des résistants à l’air du temps, ou des « zombies », dont les modes de vie attireront bientôt les anthropologues. Il est vrai qu’il n’y a pas loin d’une démarche à la Jean Rouch dans ce film. La preuve, outre son attention précise portée sur les habitants : sa faculté à en trouver la dimension poétique. Christophe Kantcheff, Politis, mai 2015 5
du 13 au 19 avril
du 13 avril au 10 mai
L'AVENIR
IN JACKSON HEIGHTS
Mia HANseN-løVe
Frederick WIseMAN
ours d'argent Meilleur réalisateur Berlinale 2016 France/Allemagne, 2015, 1 h 40, avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roman Kolinka
sélection hors-compétition Mostra de Venise 2015 États-Unis, 2015, 3 h 10, v.o sous-titrée
Nathalie est professeur de philosophie dans un lycée parisien. Passionnée par son travail, elle aime par-dessus tout transmettre son goût de la pensée. Mariée, deux enfants, elle partage sa vie entre sa famille, ses anciens élèves et sa mère, très possessive. Un jour, son mari lui annonce qu’il part vivre avec une autre femme. Confrontée à une liberté nouvelle, elle va réinventer sa vie.
jackson Heights est l’un des quartiers les plus cosmopolites de New york. ses habitants viennent du monde entier et on y parle cent-soixante-sept langues. Ce quartier incarne à lui seul la nouvelle vague d’immigration aux États-Unis et concentre les problématiques communes aux grandes villes occidentales comme l’immigration, l’intégration et le multiculturalisme. Wiseman s’invite dans le quotidien des communautés du quartier new-yorkais, filmant leurs pratiques religieuses, politiques, sociales et culturelles, mais aussi leurs commerces et leurs lieux de réunion. Il met également en lumière l’antagonisme qui se joue au sein de ces communautés, prises entre la volonté de préserver les traditions de leur pays d’origine et la nécessité de s’adapter au mode de vie et aux valeurs des États-Unis.
Mia Hansen-løve suit avec intelligence et sensibilité le processus de la réinvention d’une femme. Les dix premières minutes peuvent effrayer le spectateur habitué à certains tics du cinéma français post-Nouvelle Vague. Difficile de croire à ces jeunes lycéens qui philosophent sur l’avenir de notre société, d’imaginer un personnage aussi casse-gueule que le Normalien qui plaque tout pour faire du fromage dans le Vercors. Mais le charme opère, surtout que Mia Hansen-Løve n’est jamais réellement dupe de ce qu’elle filme et des ambiguïtés morales de ces intellectuels bourgeois ou libertaires (ou les deux), qui glosent plus qu’ils n’agissent. Elle est aussi une grande portraitiste qui refuse la caricature pour décrire la complexité psychologique de ses personnages principaux. Nathalie est peut-être la grande héroïne rohmerienne qui manquait jusqu’ici à sa filmographie, une femme d’âge mûr qui va devoir apprendre à vivre seule, sans son mari, ses enfants et sa mère. Mais ici pas de dépression, de cris ou d’hystérie. Tout est « mezzo note », entre deux tons, la gravité et la légèreté. Le film bascule parfoisdans l’ironie mais le scénario respecte toujours ses personnages, ne cherchant jamais à les humilier, posant sur eux un vrai regard aimant. Mia Hansen-Løve dit aussi quelque chose du passage du temps et de cette éternelle quête du bonheur. Comme pour mieux le fuir, Nathalie passe son temps à courir, à prendre les bus, les trains et les voitures, ne semble exister que par le mouvement. Le dernier plan la montre enfin apaisée, sa petite fille dans les bras. yannick Vely, Paris Match, février 2016
Frederick Wiseman signe une réflexion essentielle sur le territoire. D’un côté, chacun réclame ou défend son bout de terrain. Mais de l’autre côté, il y a cette fabuleuse proximité des communautés dans un Babel contemporain où l’on clame haut et fort qu’on habite le quartier le plus divers au monde. Le choix le plus frappant du cinéaste est de ne pas délimiter le quartier, mais plutôt de parcourir ses rues bigarrées au hasard, revenant ponctuellement au pôle de transport de Roosevelt Avenue, point névralgique sous le métro aérien. Cette façon de circuler dans le quartier en retournant toujours au centre figure géométriquement le recoupement des communautés ethniques, religieuses, sexuelles ou professionnelles qui font le sel de Jackson Heights. Si l’on reconnaît bien leurs différences lors des nombreuses scènes de réunion auxquelles assiste Wiseman, amateur passionné du spectacle de la parole publique, on constate aussi la façon dont les discours se ressemblent, non seulement par le souci identitaire mais par la fierté d’habiter un endroit où l’identité individuelle se plie à l’idée surplombante du quartier. Car si Wiseman choisit de ne pas délimiter son Jackson Heights, c’est que le quartier est autant un esprit qu’un territoire. Ne pas en montrer les limites, c’est oser espérer que ses valeurs s’étendent à tout le pays. Si Wiseman est venu dans le Queens pour tourner à Jackson Heights, c’est pour dresser l’état des lieux du meltingpot américain au XXIe siècle. S’il ne montre pas les limites du quartier, c’est parce qu’il n’est pas seulement un îlot de diversité dans le Queens mais une idée de l’Amérique. Nicholas elliott, Cahiers du cinéma, mars 2016
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du 26 avril au 3 mai
du 20 au 26 avril
Mardi 26 avril à 20 h 45, Rencontre avec Vincent Bernardet, journaliste à la revue Fakir.
MERCI PATRON ! France, 2015, 1 h 24
Pour jocelyne et serge Klur, rien ne va plus : leur usine fabriquait des costumes Kenzo, à Poixdu-Nord mais elle a été délocalisée en Pologne. Voilà le couple au chômage, criblé de dettes. C'est alors que François Ruffin, fondateur du journal Fakir, frappe à leur porte…
Un documentaire politique à l’humour débridé largement inspiré de la bonhomie de Michael Moore. Jubilatoire, ce pastiche de thriller sur fond de lutte des classes réussit la gageure de réenchanter l'action dans une époque « aquoiboniste ». Moqueur sans condescendance, joyeusement combatif, le film est un parfait dosage d'humour et de constat social. La preuve que l'engagement peut être payant… Mathilde Blottière, Télérama, février 2016
du 3 au 10 mai Mardi 3 mai à 20 h 45, Rencontre avec Françoise Davisse, réalisatrice du film
COMME DES LIONS Françoise DAVIsse France, 2015, 1 h 55
Comme des lions raconte deux ans d’engagement de salariés de PsA Aulnay contre la fermeture de leur usine. Ils ont mis à jour les mensonges de la direction, les faux prétextes, les promesses sans garanties, les raisons de la faiblesse de l’état.
Une plongée vivifiante dans la chaleur des Assemblées Générales, dont on ressort avec le sentiment que la lutte mérite d’être menée.
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Heddy HoNIGMANN Around the world in 50 Concerts, Pays-Bas, 2014, 1 h 34, v.o sous-titrée Pour célébrer son 125e anniversaire, le prestigieux orchestre Royal de Concertgebouw part en tournée à travers le monde. Heddy Honigmann suit les virtuoses à Buenos Aires, soweto et saint-Pétersbourg et nous fait partager leur quotidien.
François RUFFIN
Françoise Davisse redonne toute sa place au monde ouvrier – un monde invisible à de nombreux égards. À l’opposé de certains journaux et reportages télévisés moralisateurs, condamnant systématiquement la violence des travailleurs plutôt que celle des patrons, elle nous donne à voir et à écouter les salariés en lutte. Mathieu Dejean, Les Inrockuptibles, février 2016
ROYAL ORCHESTRA
les musiciens jetés dans la vie et les auditeurs jetés dans la musique… L'Orchestre royal du Concertgebouw d'Amsterdam vu de l'intérieur… Il ne s'agit pourtant pas d'un film destiné qu’aux mélomanes. Le propos de la réalisatrice est ailleurs. Elle concentre sa caméra sur les rapports entre les musiciens et leurs publics. Les plans serrés et les échanges détonants, curieux et émouvants, fixent les expressions des visages et rythment ce documentaire de manière assez lente. Tout est patience et effort : répétitions, voyages, découverte des instruments avec des enfants mais aussi solitude du musicien, loin des siens… stéphane Friédérich, Classica, mars 2016
du 20 au 26 avril
MARIE ET LES NAUFRAGÉS sébastien BeTBeDeR France, 1 h 44, avec Pierre Rochefort, Vimala Pons, eric Cantona, Damien Chapelle, André Wilms
« Marie est dangereuse », a prévenu Antoine. Ce qui n’a pas empêché siméon de tout lâcher pour la suivre en secret. oscar, somnambule et musicien, et Antoine, le romancier en mal d’inspiration, lui ont vite emboîté le pas. les voilà au bout de la Terre… sur une île !
Mettre du romanesque dans la vie ! Marie et les naufragés est un film où les personnages font des choix de vie aventureux. Dans le roman contemporain, particulièrement américain, on peut suivre ainsi le fil d’un récit et partir très vite dans des apartés, des arborescences parfois à mille lieues du récit principal. Dans le film, les personnages se libèrent de leur passé, l’offrent au spectateur, pour créer un lien si fort que ce dernier est obligé de le suivre les yeux fermés. C’est leur histoire qui fait avancer la narration… comme dans un roman. sébastien Betbeder, extrait du dossier de presse 9
du 20 au 26 avril
du 4 au 10 mai
L’HISTOIRE DU GÉANT TIMIDE
DÉGRADÉ
Dagur KáRI
Arab et Tarzan NAsseR
Fúsi, Islande/Danemark, 2015, 1 h 34, v.o sous-titrée, avec Gunnar jónsson, Ilmur Kristjánsdóttir
sélection à la semaine de la Critique du Festival de Cannes 2015 France/Palestine/Qatar, 2015, 1 h 23, avec Hiam Abbass, Victoria Balitska, Manal Awad
en Islande, Fúsi est un colosse timide de quarante-trois ans qui vit toujours chez sa mère. Il partage sa vie monotone entre son travail de bagagiste à l'aéroport et ses jeux d'adolescent. À la sortie d'un cours de danse country auquel il n’a pas osé participer, il rencontre sjöfn, une femme complexe et perturbée, qui va lui faire changer ses habitudes et le faire évoluer vers l'âge adulte.
Une famille mafieuse a volé le lion du zoo de Gaza et le Hamas décide de lui régler son compte ! Prises au piège par l'affrontement armé, treize femmes se retrouvent coincées dans le petit salon de coiffure de Christine. Ce lieu de détente devenu survolté le temps d'un aprèsmidi va voir se confronter des personnalités étonnantes et hautes en couleur, de tous âges et de toutes catégories sociales…
Un huis-clos superbe et alarmant, comédie noire sur le quotidien d’un peuple enfermé.
la solitude trouve dans L'Histoire du géant timide une variation généreuse et pleine de tendresse autour du beau personnage de Fúsi. Un film surprenant. Il fallait savoir comment le filmer, ce géant-là. Il s'appelle Fúsi et vit seul avec sa mère, qu'il aurait dû quitter depuis très longtemps. Il joue avec des soldats de plomb à reconstituer des batailles de la Seconde Guerre mondiale. Parfois, il s'amuse avec une voiture téléguidée. Le voisin du dessous le prend pour un pédophile. À l'aéroport de Reykjavík, où il est bagagiste, des collègues le charrient méchamment, parce qu'il est énorme, et peut-être encore vierge. Fúsi est pourtant, à l'écran, tout le contraire d'un cas. Interprété par l'étonnant Gunnar Jónsson et regardé avec une tendresse magnifique, c'est un rêveur. Une masse de douceur et de solitude qui encaisse trop bien les coups. Chaque plan de ce film a la justesse nécessaire pour dire la lourdeur de la vie sans s'appesantir. Pour raconter, sans larmoiement, comment on retrouve la légèreté en volant de ses propres ailes. Et pour dire l'amour, qui va surgir sous les traits d'une femme si fragile qu'elle pourrait se briser. Elle était fleuriste, elle est devenue éboueuse et balance entre grâce et déchéance. Dagur Kári, l'auteur de Nói Albinói (2003), sait admirablement tenir sa caméra à la frontière de l'humour consolateur et du désespoir impossible à avouer. Cet Islandais a même, comme son Fúsi, presque trop de modestie, de retenue. Au dernier festival de Tribeca, l'Histoire du géant timide a reçu le prix du meilleur film, du meilleur acteur et du meilleur scénario. Mais Dagur Kári n'est pas monté sur scène : il était déjà reparti, persuadé de n'avoir convaincu personne… Frédéric strauss, Télérama, février 2016
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Elles sont excentriques et singulières avec leurs fêlures, leurs opinions et leurs forces. Christine, émigrée russe, tient le salon, assistée par Wedad, amoureuse tourmentée d’un membre de la famille mafieuse. Salma s’apprête pour son mariage…… Fortes parce que la vie continue malgré tout. Malgré la chaleur et l’électricité rationnée. Malgré les bombes et les mitraillettes. Parce que confrontées au choc de l’ordinaire et de l’extraordinaire, du quotidien et de la guerre, elles plient sans fléchir. Dans un pays occupé où le présent est dur et les privations nombreuses, ces femmes ne renoncent pas à leur féminité, à leur beauté. Le quotidien l’emporte sur la peur. Comme si continuer à s’apprêter c’était continuer à espérer.Toutes profitent de cet espace de liberté, sans règles et sans voile, pour s’observer, s’exprimer, s’emporter. D’échanges anodins – précieux pour la compréhension des personnages et du contexte – en confrontations, les heures défilent. Mais dans le salon, les tensions s’intensifient en écho à celles du dehors. De ce simple morceau de quotidien volé, presque au hasard, un tableau et une dénonciation se dessinent. Ces femmes sont libres et prisonnières, fortes et vulnérables, indépendantes et subordonnées. Elles sont complexes, multiples. Chacun de leur visage s’esquisse avant de s’effacer par pudeur, par honte, par fierté ou par habitude. Les frères Nasser dénoncent l’absurdité de l’enfermement, du quotidien et de la vie des femmes à Gaza où ils ont longtemps vécu. Ils le font brillamment mêlant drame et comédie. olivia Bugault, Publik’Art, mars 2016
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du 4 au 10 mai
PAULINA santiago MITRe Prix Fipresci semaine internationale de la critique festival de Cannes 2015 La Patota, Argentine, 2015, 1 h 43, v.o sous-titrée, avec Dolores Fonzi, oscar Martinez
Paulina décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour se consacrer à l’enseignement dans une région défavorisée d'Argentine. Confrontée à un environnement hostile, elle s’accroche pourtant à sa mission pédagogique, seule garante à ses yeux d’un réel engagement politique, quitte à y sacrifier son petit ami et la confiance de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes et découvre que certains d’entre eux sont ses élèves. en dépit de l’ampleur du traumatisme et de l'incompréhension de son entourage, Paulina va tâcher de rester fidèle à son idéal social.
l’argent
de
poche
la programmation jeune public Jusqu’au 12 avril
AVRIL ET LE MONDE TRUQUÉ Christian DesMARes et Franck eKINCI France, 2013, 1 h 45, animation, avec les voix de Marion Cotillard, Philippe Katerine, jean Rochefort, création et univers graphique : jacques Tardi, à partir de 8 ans
Un chat qui parle, un malfrat amoureux, un policier borné, des engins extravagants, des décors somptueux… Retrouvez le charme de l'univers de jacques Tardi dans cette fable rocambolesque.
du 6 au 17 avril, en sortie nationale
MIMI ET LISA Katarína KeReKesoVá slovaquie, 2015, six films courts d'animation, 45 minutes, tarif unique: 3,20 euros, à partir de 5 ans
Mimi, petite fille timide et aveugle, et lisa, sa voisine pleine d’humour, découvrent les univers de leurs voisins dans lesquels le moindre objet peut devenir le théâtre d'une aventure fantastique…
du 13 au 24 avril
E.T. L'EXTRATERRESTRE steven sPIelBeRG E.T. The Extra-Terrestrial, États-Unis, 1982, 1 h 40, avec Henry Thomas, Robert MacNaughton, Drew Barrymore, en version française, à partir de 7 ans
santiago Mitre filme l’obstination d’une jeune femme à mener sa vie en accord avec ses idéaux, et à ses risques et périls. Fort du succès d’el estudiante, un saisissant premier long métrage autoproduit remarqué à Locarno en 2011, le jeune cinéaste argentin Santiago Mitre a pu échafauder son projet suivant avec l’appui du réalisateur brésilien Walter Salles. La forme de son cinéma telle qu’esquissée par son premier film ne s’en trouve toutefois nullement altérée, au point que les prémices de Paulina pourraient en paraître une ramification tardive, une manière de continuation projetée quelques années plus tard. Après les joutes militantes et les jeux de pouvoir au sein du laboratoire idéologique de l’Université de Buenos Aires d’el estudiante, il dépeint ici un nouvel affrontement rhétorique, politique, au sens le plus noble. Une fille et son père aux airs de baron de la magistrature à la voix de miel s’y opposent ici encore sur la façon la plus juste d’agir en accord avec ses idéaux progressistes, la manière la plus opérante d’intervenir sur le cours inégalitaire de la société. Sans tellement signifier la plénitude de son adhésion à sa conception du problème, il endosse une posture semblable à celle de son héroïne, qui lui fait interroger tour à tour chaque point de vue antagoniste par de brusques flash-backs et décrochages de la narration, où l’on glisse successivement du sillage de Paulina à celui de ses agresseurs, puis de son père. À la clé, nul lièvre levé, mais une manière très sûre et sensible de déployer et parcourir les enjeux de son drame sans jamais s’improviser juge des affaires sociales. Cela suffit à désigner en lui un talent et, plus encore, un caractère à suivre. julien Gester, Libération, mai 2015
12
Un jeune garçon se lie d'amitié avec un extraterrestre. Avec finesse et poésie, steven spielberg signe une fable poignante sur l'enfance.
du 27 avril au 1er mai
JEUX DE LUNE Un programme de 6 courts métrages d'animation conçu par le festival Cinéjunior 2016 1985-2015, 40 minutes, sans dialogues, tarif unique : 3,20 euros, à partir de 3 ans
Quand le jour tombe, que le silence de la nuit s’installe et que les animaux nocturnes se réveillent, la lune monte dans le ciel pour briller de tous ses feux. Qu’elle soit pleine ou en croissant, qui n’a jamais rêvé un jour de l’attraper ? Ciné-goûter bio : mercredi 27 avril à 15 h
Dimanche 8 mai à 14 h 30
LE VOLEUR DE BAGDAD ludwig BeRGeR, Michael PoWell et Tim WHelAN The Thief of Bagdad, Grande-Bretagne, 1940, 1 h 46, technicolor, avec Conrad Veidt, sabu, v.o sous-titrée, à partir de 8 ans
Classique du film d’aventures, Le Voleur de Bagdad est resté célèbre pour ses effets spéciaux saisissants et son Technicolor flamboyant. Au pays des Mille et une nuits, une femme mystérieuse offre l’hospitalité à un jeune homme aveugle… 13
Séances le film débute à l’horaire indiqué du 6 au 12 avril Les Ogres (2 h 25, page 3)
Suite armoricaine (2 h 28, page 4)
Séances
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 6 7 8 9 10 11 12 18 h
20 h 45
14 h et 18 h
20 h 45
18 h
20 h 45
20 h 45 16 h 45
21 h
18 h
(2 h 26,
Homeland : Irak année zéro (page 5) 1re
partie : Avant la chute (2 h 40)
L’Avenir (1 h 40, page 6)
20 h 45 15 h
15 h 45 16 h 30
10 h 30 14 h
14 h 30
18 h
de couv.)
18 h 30
14 h et 20 h 45
15 h
14 h 30
10 h
Jeux de lune (40 minutes, p. 9)
20 h 45 15 h
15 h 45 15 h 45
Jeudi 28 avril à 20 h : Rencontre avec Claire Simon, réalisatrice du Bois dont les rêves sont faits.
20 h 10 h
16 h 30 15 h 45 14 h 30
Mardi 3 mai à 20 h 45 : Rencontre avec Françoise Davisse, réalisatrice de Comme des lions.
du 4 au 10 mai Dégradé (1 h 23, page 11)
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 4 5 6 7 8 9 10 15 h
18 h 30
14 h
Paulina (1 h 43, page 12)
20 h 45 20 h 45 18 h 30
Comme des lions (1 h 55, page 8)
18 h 30
15 h
20 h 30 18 h 30 12 h 15 et 18 h 30
20 h 45
(1 h 34, page 10)
Royal Orchestra (1 h 34, page 9)
20 h 45
18 h 30 20 h 45
17 h
Marie et les naufragés (1 h 44, p. 9)* 18 h 30 18 h 30 20 h 45 17 h In Jackson Heights (3 h 10, page 7)
17 h
18 h 30 12 h 15 et 20 h 45 20 h 45 18 h 30
20 h 30
14 h
15 h 14 h 30
Prochainement Une saison pour revoir… Vidéodrome de David Cronenberg avec James Wood.
14 h 20 h 45
À suivre… les films de l’actualité du festival de Cannes.
14 h
Merci patron ! (1 h 24, page 8) E.T. L’Extraterrestre (1 h 40, page 9)
20 h 45
20 h 45
In Jackson Heights (3 h 10, page 7)
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 20 21 22 23 24 25 26
L’Histoire du géant timide
18 h
Mercredi 27 avril à 15 h : Ciné-goûter bio Jeux de lune.
20 h 45 12 h 15 et 18 h 30
17 h
14 h et 20 h 16 h 30
Le Voleur de Bagdad (1 h 46, page 13)
du 20 au 26 avril
16 h 45
15 h
18 h 30 20 h 45 18 h 30 20 h 45 16 h 45 14 h 20 h 45 et et 20 h 45 18 h 30
In Jackson Heights (3 h 10, page 7)
E.T. L’Extraterrestre (1 h 40, page 9)
20 h
12 h 15
10 h
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 13 14 15 16 17 18 19
Volta à Terra (1 h 18, page 5)
Mimi et Lisa (45 minutes, p. 9)
4e
18 h
Comme des lions (1 h 55, page 8)
20 h 30
Avril et le monde truqué (1 h 45, p. 9)
du 13 au 19 avril
18 h 30 18 h 15 14 h 20 h 45 20 h 45 et et 20 h 45 20 h 45
Don Giovanni (2 h 54, page 2)
2e partie : Après la bataille (2 h 54) Mimi et Lisa (45 minutes, p. 9)
Merci patron ! (1 h 24, page 8)
Mer. Jeu. Ven. Sam. Dim. Lun. Mar. 27 28 29 30 1er 2 3
Le Bois dont les rêves sont faits
13 h 45 et 18 h 30
17 h
du 27 avril au 3 mai
20 h 45 14 h 30
14 h 30 14 h 30
Mardi 26 avril à 20 h 45 : rencontre avec Vincent Bernardet, journaliste à la revue Fakir. * Marie et les naufragés : la projection du film sera suivie d’une vidéo Rencontre(s) avec Sébastien Betbeder, entretien réalisé par le Groupement National des Cinémas de Recherche. l’apollo est géré par l’association AGeC Équinoxe.
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l’apollo est subventionné par la Ville de Châteauroux et reçoit les aides du CNC,
de la DRAC Centre, de la région Centre-Val de loire et du département de l’Indre.
l’apollo est soutenu par
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On aimerait partager avec vous… du 27 avril au 3 mai Jeudi 28 avril à 20 h, Rencontre avec Claire Simon, réalisatrice du film
LE BOIS DONT LES RÊVES SONT FAITS Claire sIMoN France, 2014, 2 h 26
Il y a des jours où on n’en peut plus de la ville, où nos yeux ne supportent plus de ne voir que des immeubles et nos oreilles de n’entendre que des moteurs… Alors on se souvient de la Nature, et on pense au Bois. on passe du trottoir au sentier et nous y voilà ! la rumeur de la ville s’éloigne, on est dans une prairie très loin…
Un grand bol d’imaginaire. Une œuvre essentielle. Ce documentaire de Claire Simon réserve bien des surprises, à partir d'un sujet d'apparence modeste : un film sur le Bois de Vincennes, aux portes de Paris. Des gamins y apprennent à jouer au rugby, des gens y font du vélo, c'est le poumon qui permet aux citadins de respirer un peu. Mais ce n'est pas du tout une bouffée d'air qu'est partie prendre Claire Simon ; plutôt un grand bol d'imaginaire… Les gens sortent dans le Bois pour entrer dans leur tête, et Claire Simon les suit… Cette pente de l'irréalité qui se cache au cœur du Bois de Vincennes peut être, on le devine, dangereuse. Dans sa cabane, un homme encore jeune dort des jours d'affilée : il se noie dans le sommeil. Il faut une sacrée force pour aller, avec une caméra, déranger ces rêveurs au bord du cauchemar, et qui ont de toute façon déjà sombré dans une immense solitude. Claire Simon l'accueille sans peur, cette solitude, probablement parce qu'elle est une solitaire elle-même, filmant sans personne pour la seconder. Elle sait aussi, comme personne, faire du documentaire un révélateur du versant caché de la réalité : dans une des plus belles séquences de son film, elle nous guide, sous les feuillages et les pierres, jusqu'aux ruines de l'université de Vincennes, et des images de Gilles Deleuze, qui y enseigna, viennent se mêler à celles du Bois, qu'il hante. Mais qui sait encore prêter attention aux fantômes, aux présences furtives, invisibles, ignorées, oubliées, aux ombres des vivants et à ceux qui camouflent, aux milieu des arbres, leurs blessures ? Avec ce Bois dont les rêves sont faits, Claire Simon fait œuvre essentielle. Et fait du documentaire une expérience de cinéma mille fois plus emballante que bien des fictions qu'on peut voir. Frédéric strauss, Télérama, août 2015