Carnets mai 2017

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SEMAINE

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lundi 19h30 14h15 17h00 19h15 21h30

du 24 au 30 mai

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1h45’

19h30 14h30 19h45

SAUF lundi mardi À suivre.

de Don Bluth

Soirée présentée par Guy Schwitthal 2h

À suivre.

45’

RODIN

LE CONTE DES SABLES D’OR

de Jacques Doillon

de Frédéric et Samuel Guillaume

À suivre.

SEMAINE

14h15

ANASTASIA

de William Wyler

Atelier le mercredi

16h00 SAUF lundi mardi

L’AMANT DOUBLE de François Ozon

À suivre.

1h58’

16h15 LA FONTAINE FAIT SON CINÉMA SAUF lundi de divers réalisateurs

À suivre.

2h09’ VF

LA BELLE ET LA BÊTE de Bill Condon

1h41’

ON L’APPELLE JEEG ROBOT

GLORY de Kristina Grozeva et Petar Valchanov

de Gabriele Mainetti

1h15’ + court métrage 15’

mardi

17h15 SAUF lundi mardi

17h30 21h45

1h41’

OUTSIDER

PSICONAUTAS

de Philippe Falardeau

de Alberto Vázquez et Pedro Rivero

17h00

À suivre.

14h30 19h00

1h59’

1h52’

TAIPEI STORY

SAINT GEORGES

de Edward Yang

de Marco Martins

2h07’

19h30

CNP jeudi

du 3 au 9 mai

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Quand les médias parlent des quartiers

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lundi

21h15

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ONE KISS de Ivan Cotroneo

21h30

de Theodore Melfi

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

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de Jean-Michel Bertrand

VALMONT

2h20’

19h30

14h15

mer-sam LA RONDE DES COULEURS dim-lun

40’ sans paroles

de Milos Forman

de divers réalisateurs

16h00

Soirée Libres Courts – Ciclic/Studio mer-sam mercredi 1h19’ En avant jeunesse ! 1h15’ VF dim-lun L’ÉCOLE DES LAPINS Programme de courts métrages

19h45

de Ute Von Münchow-Pohl

de divers réalisateurs

16h15

Soirée Bibliothèque/Sans Canal Fixe mer-sam mardi Cinétracts de divers réalisateurs 1h12’ VF dim-lun LA FERME DES ANIMAUX 18h30 PÉDALOGUES d’Alain et Wasthie Comte de John Halas, Joy Batchelor 17h30 En présence des réalisateurs

14h00 1h57’ 17h00 21h30 14h00 2h07’ 19h15

DJANGO

1h57’

DEMAIN TOUT COMMENCE

de Étienne Comar

TUNNEL

de Hugo Gelin

1h30’

VOYAGE OF TIME

de Kim Seong Hoon

de Terrence Malick

14h15 1h43’CESSEZ LE FEU 19h30 de Emmanuel Courcol

1h57’

14h15 1h38’ DE TOUTES MES FORCES 19h30 de Chad Chenouga

1h30’

SPLIT de M Night Shyamalan

AURORE de Blandine Lenoir

19h15 SAUF

jeudi jeudi

19h45 17h00 21h30 17h45 21h30

1h57’ 14h30 1h43’ 17h15 ALBUM DE FAMILLE APRÈS LA TEMPÊTE 19h45 21h15 de Mehmet Can Mertoglu de Hirokazu Kore-Eda

À MON ÂGE JE ME CACHE 17h45 14h30 2h04’ EMILY DICKINSON, A QUIET PASSION ENCORE POUR FUMER 19h30 21h45 de Terence Davies 1h30’ de Rayhanna Obermeyer

1h44’

LES FIGURES DE L’OMBRE

mer-sam

1h35’

20h00 Débat avec Balla Fofana journaliste à Libération C

2017

LA VILLENEUVE L’UTOPIE MALGRÉ TOUT LA VALLÉE DES LOUPS dim-lun 52’ de Vincent Massot & Flore Viénot

40’

14h00 1h51’ LES FANTÔMES 17h15 D’ISMAËL 21h45 de Arnaud Desplechin À suivre. 14h00

1h25’ VF

L’HÉRITIÈRE

à partir de 1h50’ vendredi 14h15 17h00 19h15 21h30

2017

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

dimanche SAMIR DANS LA POUSSIÈRE

16h00

1h48’

de Mohamed Ouzine

ADIEU MANDALAY

Rencontre avec le réalisateur

de Midi Z

1h01’

21h45

Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOU RS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


SEMAINE

CNP jeudi 20h00 C

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lundi 19h30 14h00 19h15

du 10 au 16 mai

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Changer l’économie, quelles initiatives en Touraine ?

UN NOUVEAU MONDE de Yann Richet 52’ Débat avec David Cayla, membre des Économistes atterrés É

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1h58’

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CASANOVA,

UN ADOLESCENT À VENISE

1h22’ VF

1h39’

À VOIX HAUTE

BRISBY de Don Bluth

14h15

1h15’ VF

mer-sam L’ÉCOLE DES LAPINS dimanche de Ute Von Münchow-Pohl

16h00

1h35’

mer-sam LA VALLÉE DES LOUPS dimanche de Jean-Michel Bertrand

17h15

de Stéphane de Freitas et Ladj Ly

1h57’

14h00 1h41’ OUTSIDER 17h45 de Philippe Falardeau 19h15 1h35’

14h15 I AM NOT YOUR NEGRO de Raoul Peck

de Hirokazu Kore-Eda

2h07

TUNNEL 1h57’

DJANGO de Etienne Comar

2h03’

ROCK N’ ROLL de Guillaume Canet

1h35’

1h43’

ALBUM DE FAMILLE de Mehmet Can Mertoglu

1h59’

UNE FAMILLE HEUREUSE de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß

L’ÂGE D’OR ISLAMIQUE

Samedi 20 mai 14h15

Débat avec John Tolan, professeur à l’université de Nantes É

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lundi

UNE AUSSI LONGUE ABSENCE 1h30’ 19h30 de Henri Colpi

14h15 17h00 19h15 21h30

LA BELLE ET LA BÊTE

de Melissa Akdogan, Nick Gillan-Smith, John Fothergill et Jack Maclnnes

LES FANTÔMES D’ISMAËL de Arnaud Desplechin

17h30 21h30 17h00 21h15 17h00 21h15 17h30 21h30

DJANGO 1h36’

14h15 UNE VIE AILLEURS 19h15 de Olivier Peyon

Le film imprévu : www.studiocine.com

17h15

1h22’ VF

BRISBY ET LE SECRET DE NIMH de Don Bluth

mer-sam-dim

mercredi dimanche

16h00

mercredi samedi LA FONTAINE dimanche FAIT SON CINÉMA de divers réalisateurs Conte et film le mercredi

16h00

I AM NOT YOUR NEGRO 17h30 de Raoul Peck

1h41’

OUTSIDER de Philippe Falardeau

17h00 21h15

1h32’

2h

14h00 19h30 14h30 19h30

1h59’

1h41’

GLORY de Kristina Grozeva et Petar Valchanov

19h15

UNE FAMILLE HEUREUSE

de Nana Ekvtimishvili et Simon Groß

1h52’

17h15 21h30

1h35’

SAINT GEORGES

LE CHANTEUR DE GAZA 21h45

de Marco Martins

2h07’

de Terence Davies

VO

17h30 LA COLÈRE 14h00 MONSIEUR ET D’UN HOMME PATIENT ADELMAN 21h30 19h00 MADAME de Raul Arevalo de Nicolas Bedos

2h04’

EMILY DICKINSON, 21h30 A QUIET PASSION

14h15

1h35’

1h57’

19h30

de Bill Condon

mer-sam-dim

VF

40’

1h51’

14h15

de Emmanuel Courcol

1h38’

14h30 LE CHANTEUR DE GAZA de Hany Abu-Assad 19h30

N

2017

2h09’

de Etienne Comar

CESSEZ LE FEU

de Blandine Lenoir

14h15 DE TOUTES MES FORCES 21h45 de Chad Chenouga

I

58’ Occident/Orient : histoire de malentendus

1h43’

de Kim Seong Hoon

AURORE

19h45

20h00 C

du 17 au 23 mai

3

CNP jeudi

APRÈS LA TEMPÊTE 17h00

1h30’

14h30 19h15

SEMAINE

mer-sam dimanche ET LE SECRET DE NIMH

de Luigi Comencini

Soirée présentée par Laurent Givelet

2017

de Hany Abu-Assad

1h16’

TUNNEL

LA VENGERESSE

de Kim Seong Hoon

de Bill Plympton

21h45

Le film imprévu : www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOU RS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°356 • Mai 2017

samedi 10 juin NUIT DES STUDIO Mise en vente des pass dès le 10 mai Voir page 3


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Mai 2017 - n° 356

Édito

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CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 ......

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Soirée Sans canal fixe - Bibliothèque des Studio Soirée Libres courts En bref

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Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

À propos de

Grave

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

À propos de

Zoologie

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

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Rencontre avec Lâm Lê (Festival de cinéma asiatique de Tours) . . . . . . . . . . 19

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Courts lettrages

Lost City of Z

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Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

À propos de

Le Secret de la chambre noire

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Interférences

Appréhension. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Interférences

Paris pieds nus/Les Mistrals gagants/Des nouvelles du cosmos

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REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

Rencontre avec

Martin Provost

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ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

Rencontre avec

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ACC

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ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Interférences

Tempête de sable/Noces Jeune Public

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FILM DU MOIS : GLORY GRILLE PROGRAMME

GNCR

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Fiona Gordon et Dominique Abel

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GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

Voir dos des Carnets

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pages centrales Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Lucie Jurvilier, Françoise Chapoton et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Amis cinéphiles, prenez date ! La 33e Nuit des Studio aura lieu : le samedi 10 juin 2017 de 18h à l’aube…

C

’est pour vous l’occasion de :

• réunir en quelques heures un grand nombre de réalisateurs : Quentin Tarantino, Danny Boyle, Bill Plympton, Steven Spielberg, Terence Young, John Carpenter, Louis Malle, Léos Carax, Michel Gondry, Joon-Ho Bong, Jean-Jacques Annaud, Paul Newman… et bien d’autres ! • Voyager à travers le monde : du sud de l’Espagne à l’Australie, de l’Ouest américain à l’Antarctique… en passant par Tokyo, Édimbourg ou Holstenwall. • Faire le grand écart entre une œuvre de 1920 et une plus récente de 2014. • Côtoyer des malfrats, un footballeur caractériel, un chevalier à trois têtes, deux travestis et un transsexuel... • S’essayer à différents genres : comédie, drame, animation, polar, musique, fantastique, sciencefiction… Que trouverez-vous au programme ?

Pulp Fiction, Coup de tête, Trainspotting, Priscilla, folle du désert, Ascenseur pour l’échafaud, L’Influence des rayons gamma sur le comportement des marguerites, The Thing, Soleil rouge, Des idiots et des anges, Monty Python sacré Graal, Le Cabinet du docteur Caligari, La isla minima, Haut les cœurs ! , E.T. , l’extra-terrestre et Tokyo ! À vous d’établir votre programmation sur 5 séances, selon vos goûts, vos humeurs, vos envies. Vous pourrez aussi consulter la liste et la grille sur le site www.studiocine.com ou sur notre page

Facebook. Les films de La Nuit sont projetés dans leur version originale sous-titrée. Si une petite faim vous tenaille entre deux films vous pourrez vous restaurer, à moindres frais, grâce aux associations partenaires du CNP installées dans la cour. Vous pourrez aussi vous détendre avec le jeu What the movie ou en cherchant l’affiche de cinéma manquant à votre collection personnelle. Un conseil : dès le 10 mai venez à l’accueil des Studio retirer votre pass pour 15 € ou pour 20 € si vous n’êtes pas abonnés. N’attendez pas le dernier moment, ainsi vous n’aurez pas à faire la queue et nous ne pouvons proposer que 1 000 places ! Il n’y aura pas de billets pour des séances individuelles, seuls les pass pour la Nuit permettront d’accéder aux salles. Mais rassurezvous : vous avez le droit d’aller et venir, de partir avant la fin de la Nuit. Nous ne retenons personne prisonnier ! Nous comptons sur vous, sur vos amis, sur tous les amoureux du cinéma dans sa diversité. Venez faire la fête avec nous jusqu’au petit matin. Un bonus pour les plus courageux : un petit déjeuner à l’issue de la dernière séance ! Ne manquez pas ce rendez-vous incontournable et convivial qu’est La NUIT des Studio ! MS, pour l’équipe de La Nuit

L'abonnement en ligne est possible sur le site des Studio : www.studiocine.com pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres. Les CARNETS du STUDIO n°356 – Mai 2017 –

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JEUNE PUBLIC

Un conte initiatique dans lequel les enfants apprennent que l’estime et l’acceptation de soi sont les vrais remèdes pour se libérer du regard des autres. Un film réalisé en grande partie par des enfants handicapés : une belle exception ! Mercredi 24 après la séance, Chloé invitera les enfants à participer à un atelier jouets optiques.

France – 2017 – 1h30, documentaire de Jean-Michel Bertrand.

Ce très beau documentaire nous fait partager l’aventure du réalisateur qui, après trois années passées à bivouaquer dans les Alpes par tous les temps, parvient enfin à surprendre les loups !

Allemagne – 2017 – 1h15, film d’animation de Ute von Münchow-Pohl.

VF

Max, lapin des villes dégourdi, chassera les renards rusés qui convoitent l’œuf d’or et apprendra la magie des lapins de Pâques. Il comprendra aussi où est sa vraie famille ! VF

Tout public à partir de 6 ans

Tout public à partir de 9 ans

À partir de 4 ans

Grande-Bretagne – 1993 – 1h13, film d’animation de John Halas et Joy Batchelor.

Lassés des mauvais traitements, les animaux de la ferme se révoltent contre le fermier. Ils le chassent et proclament une nouvelle société où tous les animaux sont égaux. Mais quelques-uns décident bientôt que certains sont plus égaux que d’autres. Destinée à tous, cette adaptation du chef-d’œuvre de George Orwell est un hymne à la liberté.

France – 2017 – 40 mn, six courts métrages d’animation de divers réalisateurs. sans paroles

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Au fil des saisons, les petits font l’expérience des couleurs qui procurent aussi des émotions, portent des sentiments et donnent du sens aux histoires…

À partir de 3 ans


JEUNE PUBLIC

À partir de 8 ans

VF USA – 1982 – 1h22, film d’animation de Don Bluth.

La souris Brisby et sa famille doivent déménager car le père vient de mourir, mais l’un des enfants est malade. Brisby est obligée de demander l’aide de ses voisins, une communauté de rats fort inquiétante…

Filmée comme une comédie musicale, une adaptation convaincante de l’œuvre originale… Source : Les Fiches du cinéma

USA – 2017 – 2h09, de Bill Condon, avec Emma Watson...

VF

Tout public à partir de 7 ans

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Tout public à partir de 9 ans

Samedi 20 mai 14h15

France/Belgique – 2017 – 40 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Une adaptation délirante de six fables, dont certaines inspirées de La Fontaine et un charmant divertissement pour les petits. À partir de 4 ans

LE QUART D’HEURE DU CONTEUR Mercredi 17 mai au début de la séance, le conteur tourangeau Gaël Prioleau s’inspirera lui aussi des fables de La Fontaine…

USA – 2017 – 1h25, film d’animation en version restaurée de Don Bluth et Gary Goldman.

VF

Version hautement fantaisiste de la légende sur la cadette survivante du tsar, ce conte créé par Don Bluth pour concurrencer Disney revient en copie neuve et même si rien n’est vrai, tout est super chouette ! À partir de 6 ans

Source : Télérama

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FILM DU MOIS

GLORY Bulgarie/Grèce – 2016 – 1h41, de Kristina Grozeva et Petar Valchanov, avec Margita Gosheva, Stefan Denolyubov, Kitodar Todorov…

C

’est l’histoire de Tsanko Petrov, un homme pauvre qui travaille pour la compagnie nationale des chemins de fer bulgare depuis 25 ans. Il passe ses journées à frapper les vis des rails avec une grosse clef à molette et à les revisser si elles ne font pas le bon bruit. Un jour, Tsanko trouve un million de levs sur la voie. Il en informe aussitôt la police. Le ministre des transports, accusé récemment de corruption, en profite pour se faire une bonne publicité. Il proclame que Tsanko est un héros et le convie à une cérémonie en son honneur. Julia Staikova, la directrice des relations publiques, va tout faire pour préserver l’image de l’institution qui l’emploie. Elle substitue à Tsanko sa montre de famille pour la remplacer par une montre flambant neuve. C’est le ministre en personne qui la lui offre devant les caméras. Mais cette magnifique montre-bracelet ne fonctionne pas. Tsanko décide alors de récupérer l’objet de famille qu’on ne lui a pas rendu…

Le film rend compte de la distance entre les autorités corrompues et le fidèle employé dévoué. Tsanko est un homme honnête, pur, qui a travaillé de ses mains toute sa vie, proche de la nature. Il ignore la bassesse et ne s’arrête pas à l’argent. Il

se bat dans un monde où tous les coups bas sont permis. Face à lui, le monde du pouvoir est incarné principalement par Julia Staikova, une femme sans principes, sans pitié, emplie de faux semblants, championne de l’amoralité et de la superficialité.

Glory est le second volet d’une trilogie, après The Lesson sorti en 2015. Les deux réalisateurs s’inspirent d’affaires rapportées dans la presse bulgare. Pour Glory, le fait divers qui s’est déroulé en 2001 prend tout son sens en tant que drame social et politique. Il se transforme en une parabole tragi-comique sur les inégalités et la corruption qui gangrènent le pouvoir dans les démocraties, une image captivante d’une Bulgarie fracturée. Mais ne vous y trompez pas ! Si le tragique l’emporte, c’est le registre comique qui domine dans cette histoire. Le film est drôle, enlevé, souvent joyeux et jamais misérabiliste. Glory est un film puissant qui a remporté une dizaine de prix glanés en France, en Belgique, en Croatie, en Grèce, en Suisse, en Bulgarie, en Espagne, aux USA et en Irlande ! MS

LES CARNETS DU STUDIO – n° 356 – Mai 2017 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


jeudi 4 mai - 20h00 Le CNP et l’association D’ailleurs nous sommes d’ici (DNSI) proposent :

QUAND LES MÉDIAS PARLENT DES QUARTIERS Les dramatiques événements survenus à Aulnay-sous-Bois nous incitent à nous poser une fois encore la question du traitement de l’information en ce qui concerne les quartiers dits difficiles ou sensibles. Les quartiers populaires sont très souvent victimes de reportages à charge. Pour faire de l’audience, les clichés péjoratifs sont la règle, formatant les esprits de personnes qui vivent loin de ces lieux. En 2013 un reportage de l’émission Envoyé spécial consacré au quartier de la Villeneuve à Grenoble avait fait polémique au point que les habitants avaient porté plainte contre France Télévision. À qui, à quoi profite cette stigmatisation systématique ? FILM : La Villeneuve, l’utopie malgré tout de Vincent Massot et Flore Viénot (2015 – France – 52’), suivi d’un débat avec Balla Fofana, journaliste à Libération.

jeudi 11 mai - 20h00 Le Café des femmes, le MFRB (Mouvement français pour un revenu de base), Convergence Services Publics 37, Osez le féminisme ! et le CNP proposent :

CHANGER L’ÉCONOMIE : QUELLES INITIATIVES EN TOURAINE ? Il existe en Touraine des organisations qui cherchent à concilier activité économique et équité sociale. Dans notre région, l’Économie sociale et solidaire c’est 16,3% des emplois salariés et le secteur est en développement. De plus en plus de lieux permettent de s’approvisionner en produits bio et locaux. Les bénéfices sont tant écologiques que sanitaires. Circuits courts et monnaie locale se développent.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°356 – Mai 2017

Et pourquoi pas un revenu de base en monnaie locale pour favoriser les achats locaux ? À l’issue de la projection des films Un nouveau monde de Yann Richet (2016 – France – 52’) et de courts films sur la gabare et Ohé du bateau, un débat aura lieu en présence de David Cayla, Professeur d’économie à l’université d’Angers, membre des Économistes atterrés, et de représentants d’initiatives locales.

jeudi 18 mai - 20h00

Soirée SCF - Bibliothèque des Studio Mardi 9 mai - 18h30 Au menu de cette dernière projection SCF de la saison : Cinétracts et Pédalogues Films très courts-réalisés avec des contraintes-immédiateté du geste-cinéma léger-politique.

Cinétracts France, 1968

de Alain et Wasthie Comte (France, 2000-2017)

SCF propose une sélection de cinétracts, ces petits films d’agit-prop non signés, réalisés entre mai et juin 1968 dans le sillage des événements, par des réalisateurs amateurs, mais aussi par Jean-Luc Godard (qui a livré le premier numéro), Chris Marker et Alain Resnais parmi d’autres.

En présence des réalisateurs Réalisés depuis 2000 à raison d’un épisode de quelques minutes par an, Le Pédalogues sont les lointains cousins burlesques des cinétracts... L’actualité politique vue par deux chroniqueurs de l’absurde, toujours aux commandes de leur pédalo sur le plan d’eau de la Chaise-Dieu en Haute-Loire.

Les Amis du Monde diplomatique, le Collectif Palestine 37 et le CNP proposent :

OCCIDENT-ORIENT : HISTOIRE DE MALENTENDUS… Actuellement Occident comme Orient ont mauvaise image l’un de l’autre. Cette situation est nourrie par les conflits et interventions guerrières au Moyen-Orient, les attentats, les replis identitaires de tous bords. Elle est aussi alimentée par le conflit israélo-palestinien, la xénophobie et la mutation des rancunes après la guerre d’Algérie. Mais cela n’a pas toujours été le cas : il y a eu de longues périodes de paix. Reviendront-elles ? FILM : L’Âge d’or islamique de M. Akdogan, N. Gillan-Smith, J. Fothergill et J. MacInnes, épisode 4 de la série d’Arte De l’Orient à l’Occident (2014 – France - 58’), suivi d’un débat avec John Tolan, professeur à l’université de Nantes.

Le Pédalogue

Ciclic et les cinémas Studio proposent

Soirée Libres courts – EN AVANT JEUNESSE ! Mercredi 3 mai - 19h45

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n peu de fraîcheur pour accueillir le printemps avec cette sélection jeunesse qui met l’émergence à l’honneur. À la fois promesse faite à l’avenir et regard porté sur le présent, la jeunesse est au coeur des débats. Et conjuguée au cinéma, ça donne quoi ? Derrière et devant la caméra, la jeunesse est synonyme d’audace dans la manière dont elle porte une parole très libre sur les enjeux de notre temps. Ces films ont été remarqués puis consacrés par une présélection aux César 2017. C’est à votre tour de découvrir 5 nouveaux talents de demain !

Pré-annonce :

jeudi 1er juin - 19h45 Le CNP et les Amis du Monde diplomatique proposent :

LES EXTRA-TERRESTRES : UN MYTHE SI HUMAIN… FILM : Mars Attacks ! de Tim Burton (1996). Débat en présence de Jacques Arnould, théologien, historien des sciences et expert éthique au CNES (Centre national d'études spatiales).

Sali

France/ Turquie - 2015 – 13’, fiction, de Ziya Demirel

En avant jeunesse !

Après Suzanne France – 2016 – 17’, fiction de Félix Moati Le Skate moderne France – 2013 – 7’, documentaire d’Antoine Besse.

Cambodia 2099

France / Cambodge – 2013 – 21’, documentaire de Davy Chou.

Maman(s)

France – 2015 – 21’, fiction de Maimouna Docoura

LES ROBINS DES BOIS DU NET Durée du programme : 1h19. Les CARNETS du STUDIO n°356 – Mai 2017 –

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Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE MAI : Symbiosis de Bill Evans (Studio 1-2-4-5-6) et Lunatico de Gotan Project (Studio 3-7).

Sources : dossier de presse

Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

ÀFrance/Grèce/Algérie mon âge je me– 2017 cache encore pour fumer – 1h30, de Rayhana Obermeyer,

Séance Ciné-ma différence : La Belle et la bête - samedi 20 mai - 14h15 (voir page 35)

A

Adieu Mandalay Birmanie - 2016 - 1h48, de Midi Z, avec Kai Ko, Wu Ke-Xi...

Liangqing et Guo quittent illégalement la Birmanie pour rejoindre la Thaïlande. Guo veut absolument se procurer des papiers d’identité alors que Liangqing attend d’avoir gagné assez d’argent pour retourner en Birmanie. En attendant, ils survivent en acceptant, lui, de travailler dans une usine de textile, elle en faisant la plonge dans un restaurant... Premier long métrage du cinéaste birman Midi Z à parvenir sur nos écrans, Adieu Mandalay est une vraie révélation. Avec style et empathie il nous décrit le difficile parcours de ses personnages sans jamais s’apitoyer. Et si le film est constamment intéressant, il se distingue par une fin très marquante et une scène tout à fait extraordinaire. De celles qui rentrent immédiatement au panthéon des scènes les plus fortes vues depuis longtemps mais qu’il est impossible de décrire sans en atténuer la force. Sachez seulement que l’héroïne y est contrainte, pour la première fois, de monnayer son corps... Midi Z risque de ne pas rester longtemps un inconnu au drôle de patronyme. JF

Album de famille

Turquie – 2016 – 1h43 de Mehmet Can Mertoglu, avec Riza Akin, Sbenem Bozoklu…

Un couple marié et infertile, approchant de la quarantaine, essaie de dissimuler à son

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permet au réalisateur, après la très récente et très belle réussite de Frantz, de retrouver Marine Vacth, qu’il avait découverte dans Jeune et jolie, ainsi que Jérémie Renier, après Les Amants criminels (1999 tout de même) et Potiche. Ajoutons qu’il leur a adjoint la grande et malheureusement trop rare Jacqueline Bisset. Très attirant.

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entourage l’adoption d’un enfant en constituant un album de photo fictif... pour lequel pose la mère, affublée d’un faux ventre ridicule... Pour son premier long-métrage, Mehmet Can Mertoglu fait un portrait au vitriol de la Turquie d’aujourd’hui dans un film subtil avec de larges et fixes plans séquences et un humour glacé qui évoque Jarmusch ou Kaurismaki. Sélectionné à Cannes dans la catégorie Un certain regard, ce film, qui frise parfois le burlesque, révèle un cinéaste extrêmement précis, capable de trouver de vraies idées de mises en scène. « Au-delà de sa charge politico-sociale subtile, Album de Famille recèle aussi sa part de mystère et d’élégance plastique, à l’image d’un dernier plan aussi magnifique qu’insondable. » Sources : les inrocks.fr – arte.fr – telerama.fr

avec Hiam Abbass, Nadia Kaci, Biyouna

Le hammam est pour les musulmanes le seul endroit où leur parole peut se libérer complètement. Elles sont neuf, aux âges, situations et physiques très divers, qui s’interpellent, fument des cigarettes, se racontent, partagent leurs rires et leurs colères, qu’elles soient « bâchées » ou « décapotables ». Rayhana Obermeyer s’est inspirée d’une pièce de théâtre qu’elle a écrite directement en français. Ce qu’elle montre ne concerne pas que les musulmanes confrontées au machisme d’un islam passéiste mais toutes les femmes en quête de leur dignité. Des problématiques fortes (amour, mariage, éducation, liberté…) mais traitées avec beaucoup d’humanité et d’humour. Sources : dossier de presse.

Anastasia Voir pages Jeune Public

L’Amant double France – 2017 - 1h50, de François Ozon, avec Jérémie Renier, Marine Vacth, Jacqueline Bisset....

Très peu d’informations disponibles sur le nouveau film de François Ozon, sélection au festival de Cannes oblige, mis à part le synopsis suivant : Chloé, une jeune femme fragile et dépressive, entreprend une psychothérapie et tombe amoureuse de son psy, Paul. Quelques mois plus tard, ils s’installent ensemble, mais elle découvre que son amant lui a caché une partie de son identité.... Qualifié de thriller érotique, L’Amant double

Après la tempête

Japon – 2016 – 2h00, de Hirokazu Kore-Eda, avec Hiroshi Abe, Yoko Maki...

Ryota, divorcé et père de Shingo, onze ans, a renoncé à une prometteuse carrière d’écrivain. Depuis il vivote, plutôt mal, en faisant le détective privé. Perdant au jeu le peu qu’il gagne, il est incapable de payer la pension alimentaire et il s’éloigne peu à peu de son fils. Mais alors qu’est annoncée l’arrivée d’un typhon, il va tenter de reprendre sa vie en main...

L’auteur des superbes Nobody knows, Still walking, Tel père tel fils, entre autres, est, avec Après la tempête, on ne peut plus fidèle à son univers. Et c’est un bonheur. Le film mêle chronique familiale (avec un personnage de grand-mère irrésistible) et regard sensible sur l’enfance (la très grande spécialité du cinéaste), mais, surtout, il dépasse un terrain que l’on pourrait croire balisé pour s’envoler dans sa dernière partie. Car c’est quand la tempête promise éclate que le film propose de véritables moments de grâce. Toujours sur la retenue, Hirokazu Kore-Eda en dit beaucoup en en faisant peu. Du grand art qui réussit son pari de vouloir « redonner confiance en l’humain ». JF

Aurore

France – 2017 – 1h29, de Blandine Lenoir, avec Agnès Jaoui, Thibault de Montalembert, Pascale Arbillot…

Aurore cumule les difficultés : elle vit seule à la suite d’une séparation et du départ de sa fille cadette, vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. Et si, dans cette période de déconstruction / reconstruction, tout devenait possible ? Si, malgré les humiliations subies, elle profitait d’une nouvelle sensation de liberté dont elle n’a pas l’habitude ? Le cinéma français laisse peu de place aux femmes de cinquante ans : « J’ai eu envie de leur rendre hommage, leur donner – et me donner – envie de vieillir » confie la réalisatrice. Son film, porté par la richesse du jeu d’Agnès Jaoui, se décline en saynètes tantôt émouvantes, tantôt très drôles mais toujours percutantes. Sources : dossier de presse.

À voix haute France – 2016 – 1h38, de Stéphane de Freitas

Eloquentia est un concours de prise de parole en public organisé chaque année en Seine-Saint-Denis, destiné à récompenser le meilleur orateur de ce département... Stéphane de Freitas en a suivi les différentes étapes pour nous montrer comment, loin des

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clichés, des jeunes d’origines diverses peuvent s’approprier ce puissant moyen d’expression et d’affirmation qu’est la parole. Pour montrer aussi comment, ce faisant, il devient possible de lutter contre certaines discriminations insidieuses, qui assimilent origine sociale et maîtrise de la parole, voire origine sociale et intelligence. Pour accrocher son public, le réalisateur a choisi le mode du suspense, proche de celui des émissions de téléréalité, mais, bien sûr, dépourvu de son côté racoleur. Pour citer les Inrocks : « on sort de là regonflé à bloc par tant d’intelligence, de sensibilité et de bonne volonté de part et d’autre de la caméra. » Cela ne peut que doper notre envie d’entendre une parole différente ! Sources : lesinrocks.com, lemonde.fr, telerama.fr

B

La Belle et la bête Samedi

20 mai

Voir pages Jeune Public

14h15

Brisby et le secret de Nimh Voir pages Jeune Public

C

Cessez-le-feu

France/Belgique – 2016 – 1h43 d’Emmanuel Courcol, avec Romain Duris, Céline Sallette, Grégory Gadebois...

Ancien héros de la guerre 14, Georges a fui la France (et l’on pourrait dire le monde) pour l’Afrique ; après 4 ans il rentre chez lui, où il retrouvera un frère encore plus traumatisé que lui par la guerre, et fera la rencontre d’une jeune professeure de langue des signes. Pour son premier film, E. Courcol (scénariste habituel chez P. Lioret) a choisi de tenter l’équilibre entre plusieurs pôles : aventure physique, aventure intérieure, reconstruction personnelle... On peut imaginer que la distribution exceptionnelle qu’il s’est offerte ne pourra que l’y aider ! Sources : dossier de presse, critique-film.fr Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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tuels films de revanche, ainsi que l’impeccable travail des acteurs. Les festivals semblent d’accord avec ce jugement puisque le film a obtenu un prix d’interprétation féminine à Venise et 4 Goya en Espagne...

Le Chanteur de Gaza Palestine – 2017 – 1h35 – de Hany Abu-Assad, avec Tawfeek Barhom, Amer Hlehel...

Passionné par la musique depuis son enfance où il chantait dans les mariages et les réceptions privées, Mohammed Assaf veut réussir son rêve : devenir un grand chanteur. Il décide de participer à l’émission télévisée Arab Idol. Hélas, celle-ci est enregistrée en Égypte et Mohammed est prisonnier de la bande de Gaza... Commence alors un parcours du combattant pour rejoindre, sans passeport, l’hôtel où a lieu l’enregistrement... On avait découvert Hany Abu-Assad avec deux films passionnants Paradise now (1er film palestinien à recevoir un Golden Globe en 2005) et qui racontait comment deux jeunes Palestiniens devenaient, à force d’humiliations, des bombes humaines, et Omar (2013). Avec Le Chanteur de Gaza le réalisateur filme l’histoire réelle de M. Assaf comme un film d’action. Premier film partiellement tourné dans la bande de Gaza depuis 20 ans, il se veut un hommage à ce territoire perdu: « Ce n’est pas comme si le film allait changer leur situation, mais le film peut les aider à se changer eux et à croire en eux-mêmes » Sources : dossier de presse

Sources : dossier de presse

Le Conte des sables d’or Voir pages Jeune Public

D

Demain tout commence

France – 2016 – 1h57, de Hugo Gélin, avec Omar Sy, Clémence Poésy, Clémentine Célarié, Antoine Bertrand...

Charismatique, charmeur et célibataire invétéré, Samuel vit et travaille dans une région touristique où il pilote le bateau de sa patronne pour transporter des touristes fortunés et organise des fêtes nocturnes... Kristin, l’une de ses nombreuses conquêtes féminines, débarque un matin... avec un bébé de 3 mois qu’elle lui laisse aimablement sur les bras pour aller vivre en Angleterre. Peu tenté par cette paternité instantanée, Samuel file illico à Londres lui rendre son encombrant cadeau. Les péripéties qui vont s’enchaîner font progressivement basculer l’histoire vers un registre moins souriant...

La Colère d’un homme patient Espagne – 2016 – 1h32, de Raúl Arévalo, avec Antonio de la

Sources : dossier de presse.

Torre, Luis Callejo, Ruth Díaz, Manolo Solo

De toutes mes forces France – 2017 – 1h38, de Chad Chenouga,

Il y a huit ans, Curro a braqué une bijouterie. Il n’était pas seul mais il a été seul à se faire arrêter et n’a pas dénoncé ses complices. Aujourd’hui, quand il sort, il n’a qu’une idée en tête, reprendre une vie normale, aux côtés de sa femme et de son fils, conçu dans un parloir de prison. Hélas, Ana, sa femme, rencontre un homme qui devient vite un excellent ami de la famille, mais peut-être un ami intéressé... Tout est en place pour un thriller tendu à bloc... et ça tombe bien parce que c’est précisément ce que ce film nous offre... Les critiques sont d’accord pour louer la manière dont aussi bien le scénario que la mise en scène évitent les écueils des habi-

avec Khaled Alouach, Yolande Moreau.

Sous ses allures de dandy, Nassim, élève d’un grand lycée parisien, semble aussi insouciant que ses copains. Si personne dans ce milieu protégé ne se doute qu’en réalité sa vie n’est pas aussi facile qu’il l’affirme, c’est qu’il met toute son énergie à cacher qu’à la suite du décès de sa mère il se retrouve dans un foyer où tout s’oppose à l’existence dont il rêve. Il mène dès lors une vie de funambule, faite de décalages, de découragements, d’espoirs et de renoncements… sous l’œil attentif de la directrice du centre – formidable Yolande Moreau ! De toutes mes forces est un de ces premiers

films dont on parlera. Parfois drôle, souvent émouvant mais surtout ancré dans la réalité, il révèle les failles de notre société dans l’égalité des chances données à chacun. Mention spéciale au jeune Khaled Alouach, qui interprète avec une grande sensibilité cet adolescent déchiré entre deux mondes. SB

Django

France – 2016 – 1h57, de Étienne Comar, avec Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya...

Tout le monde (ou presque !) a entendu des morceaux de Django Reinhardt, l’un des plus célèbres guitaristes jazz qui soient et assez littéralement inventeur du style jazz manouche. On connaît aussi quelques éléments de sa biographie et, notamment, la perte de l’usage de plusieurs doigts qui, paradoxalement, semble presque avoir « dopé » sa virtuosité ! On connaît peut-être moins cet épisode de sa vie où, célèbre et courtisé en France pendant l’Occupation, alors que c’est par milliers que les Gitans étaient envoyés dans des camps, le Reich aurait aimé le faire jouer... à Berlin ! Reinhardt décide alors de s’enfuir vers la Suisse avec sa femme enceinte ; périple qui s’avérera infiniment plus compliqué que prévu... Sources : dossier de presse

L’École des lapins Voir pages Jeune Public

E

Emily Dickinson, A Quiet Passion Grande-Bretagne/Belgique – 2016 – 2h04, de Terence Davies, avec Cynthia Nixon, Jennifer Ehle, Jodhi May Keith Carradine…

Nouvelle-Angleterre, XIXe siècle. En pension, entourée de jeunes filles de bonne famille, Emily Dickinon se montre rebelle, critiquant les discours évangéliques qui y sont dispensés. En conséquence, son père doit la ramener au domicile familial, pour le plus grand plaisir de sa sœur Vinnie et de son frère Austin. Emily, passionnée de poésie, écrit alors nuit et jour, espérant être publiée. Les années défilent, la jeune femme approfondit

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sa recherche poétique. Suite à sa rencontre avec une jeune mondaine réfractaire aux conventions sociales, sa rébellion reprend de la vigueur, Emily n’hésitant plus à s’opposer à quiconque voudrait lui dicter sa conduite. Après Mother of Sorrows (2013) et The Deep Blue Sea (2011), le réalisateur britannique s’intéresse à l’un des plus grands poètes américains. Poétesse très prolifique, devenue un personnage aussi mystérieux que mythique, toute la richesse de son œuvre ne fut connue que bien après sa mort. Source : dossier de presse

F

Les Fantômes d’Ismaël

France 2017 1h51 de Arnaud Desplechin, avec Marion Cotillard, Charlotte Gainsbourg, Mathieu Amalric, Louis Garrel...

Ismaël est cinéaste et sur le point de tourner un nouveau film sur son frère Ivan, un diplomate atypique. Mais sa vie est chamboulée par la réapparition, vingt ans après, d’une femme aimée et mystérieusement disparue... Après l’intimiste et très réussi Trois souvenirs de ma jeunesse, Les Fantômes d’Ismaël signe le retour du très grand Arnaud Desplechin pour un film ambitieux qui aborde même, paraît-il, les frontières du fantastique, avec une distribution prestigieuse. On y retrouve le fidèle Mathieu Amalric, entouré de Marion Cotillard (déjà dans un petit rôle de Comment je me suis disputé) et les nouveaux venus chez le cinéaste : Charlotte Gainsbourg et Louis Garrel. Ajoutons dans des rôles secondaires les indispensables Samir Guesmi, Hippolyte Girardot et Alba Rohrwacher pour faire de ces fantômes un menu particulièrement alléchant et qui risque de faire les beaux jours de la Croisette. Sources : Dossier de presse

La Ferme des animaux Voir pages Jeune Public

Les Figures de l’ombre

USA - 2016 - 2h06, de Thedore Melfi, avec Taraji P. Henson, Octavia Spencer, Janelle Monáe, Kevin Costner…

En ces années 60, pas question pour les

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États-Unis de rester à la traîne de l’URSS, dans la conquête de l’espace ! La Nasa souffrant d’un manque manifeste de scientifiques va requérir les capacités de trois chercheuses afro-américaines, capables de réaliser des calculs extrêmement complexes, bien avant l’arrivée des super-ordinateurs. Mais Mary Jackson, Dorothy Vaughan et Katherine Goble ont beau être brillantes, elles présentent deux handicaps : être des femmes et être noires, ce qui leur vaut, bien évidemment, d’être rémunérées beaucoup moins que leurs collègues et de ne pouvoir utiliser ni la cafetière ni les sanitaires des Blancs. Mais, dans leur jeu, outre leurs indéniables compétences, elles disposent de deux atouts : la confiance absolue du Chef du programme spatial et de l’astronaute John Glenn, lequel, grâce, notamment, aux calculs de Katherine Goble, sera le premier Américain à effectuer un vol en orbite autour de la Terre. Ces figures de l’ombre méritaient bien que leur histoire soit enfin connue et que ce qu’elles ont accompli soit reconnu !

de Medgar Evers, Malcolm X et Martin Luther King, tous les trois assassinés dans les années 60 ; mais il se sert aussi de sa propre expérience. « L’histoire des Noirs en Amérique, c’est l’histoire de l’Amérique, et ce n’est pas une belle histoire » a écrit Baldwin : pour être en accord avec ce message implacable, R. Peck voulait pour son film « une forme libre pour qu’elle corresponde à une réalité brutale en termes de violence, de racisme, d’exploitation, d’abus, de massacres et d’injustices ». Ce documentaire a été primé aux festivals de Philadelphie, Toronto et Berlin ! Sources : dossier de presse, radio-canada.ca

Filmographie sélective : Lumumba, la mort du prophète (1992), Haïti - Le Silence des chiens (1994), Le Jeune Karl Marx (2017)

M Monsieur & Madame Adelman France - 2016 - 2h00, de et avec Nicolas Bedos, Dora Tillier, Denis Podalydès, Zabou Breitman…

Sarah et Victor : quarante-cinq ans d’un amour fou, mouvementé, avec ses hauts et ses bas. Lui est un écrivain narcissique et immature ; elle, elle a renoncé à toute ambition personnelle pour son grand homme. Pour son premier film en tant que réalisateur, Nicolas Bedos a opté pour une fresque romanesque sur le couple, de l’embrasement des débuts à la force de l’habitude, en passant par ses petites et grandes trahisons. Nombre de ceux qui ont vu le film soulignent l’ambition, l’exigence et la profondeur du projet: des débuts plus que prometteurs donc !

Sources : dossier de presse

La Fontaine fait son cinéma Voir pages Jeune Public

Glory

G

Film du mois, voir au dos du carnet

I Am Not Your Negro France/USA/Belgique/Suisse - 2016 - 1h34, documentaire de Raoul Peck, avec la voix de Samuel L. Jackson pour la V.O., et celle de Joey Starr pour la V.F.

Avec ce film Raoul Peck veut explorer et démonter le « problème noir de l’Amérique », en s’appuyant sur les travaux et les mots de James Baldwin, militant du mouvement pour les droits civiques aux États-Unis, qui finira, écœuré par les préjugés contre les Noirs et les homosexuels, par venir s’installer en France en 1948. Le réalisateur revient sur les parcours respectifs des figures emblématiques

Sources : telerama.fr, huffingtonpost.fr

I

O

One Kiss

Italie - 2016 1h44, de Ivan Cotroneo, avec Rimau Grillo Kitzberger, Valentina Romano...

Rejeté parce qu’il assume son homosexualité au grand jour dans son lycée du nord de l’Italie, Lorenzo se lie d’amitié avec deux autres lycéens marginaux, Antonio, vedette de son équipe de basket et qui tente de se remettre de la mort de son frère, et Blu, une fille qui aime écrire et dont la réputation a été ruinée par la publication d’une sextape sur les réseaux sociaux. Un trio inséparable jus-

qu’au jour où un baiser va tout chambouler... Metteur en scène de théâtre et de téléfilms, scénariste, romancier, Ivan Cotroneo a adapté Un bacio de son dernier roman. Sources : dossier de presse

On Italie l'appelle Jeeg Robot – 2016 – 1h58, de Gabriele Mainetti, avec Claudio Santamaria, Luca Marinelli...

Petit voyou romain un peu minable, Enzo est contaminé par une substance radioactive après avoir plongé dans le Tibre pour échapper à la police. Il se découvre alors des pouvoirs surnaturels qu’il décide de mettre au service de ses activités illégales jusqu’à sa rencontre avec Alessia... Ce premier long métrage est défini ainsi par son réalisateur : « On l’appelle Jeeg Robot est un film de super-héros, mais qui parle aussi des difficultés sociales dans les banlieues de Rome, nous avons montré le climat difficile et la criminalité qui règne dans ce quartier et le film est un peu comme un mélange entre Pasolini et la science-fiction. » Projet très original donc, très remarqué et qui a reçu moult récompenses dans les festivals dans lesquels il a été projeté mais aussi aux David di Donatello, les César italiens. Un film qui transgresse les codes et qui semble tout autant jubilatoire que détonnant. Sources : Dossier de presse

Outsider

USA - 2016 - 1h41, de Philippe Falardeau, avec Liev Shreiber, Naomi Watts, Wass Stevens, Ron Perlman…

Chuck Wepner gagne sa vie en tant que négociant en alcools dans le New-Jersey. Il est aussi boxeur amateur. Pourtant, un soir de 1975, il va vivre le combat de sa vie en affrontant la légende Mohammed Ali : il réussira à résister pendant quinze rounds et même à l’envoyer au tapis au neuvième round ! Il ne vaincra pas mais obtiendra le respect de la profession et une certaine renommée qui le mènera de la corde raide au précipice, particulièrement dans sa vie personnelle. Dès 75 cette trajectoire singulière va inspirer son premier scénario à Sylvester Stallone, Rocky,

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et permettre à ce dernier d’obtenir, enfin, des rôles de premier plan et d’être connu de la planète entière… Pour le réalisateur Outsider « est l’histoire d’une ascension fulgurante, d’une chute presque mortelle et d’une rédemption ». Sources : dossier de presse

Filmographie sélective : Congorama (2006), C’est pas moi, je le jure ! (2008), Guibord s’en va-t-en guerre (2015)

P

Psiconautas

Espagne – 2016 – 1h15 + CM – 15’ Decorado, de Pedro Rivero et Alberto Vazquez

Sur une île éloignée de tout et ravagée par une catastrophe écologique, des adolescents opprimés décident de s’évader. Parmi eux, l’étrange Birdboy au lourd passé et la téméraire Dinky s’organisent... De prime abord, tout a l’air tellement mignon, personnages animaliers, objets qui parlent, tons pastel, mais ne nous fions pas aux apparences car très vite on s’aperçoit que l’on n’est pas du tout devant un film d’animation destiné au jeune public. Car c’est une grande noirceur qui domine ici, quelque part entre l’univers cruel des contes traditionnels et Sa majesté des mouches. Psiconautas décrit un monde qui croule sous le poids de la morale (familiale, religieuse ou autre) et qui aborde de plus des thèmes comme ceux de l’écologie ou de la violence tout à fait sérieusement. Simple, directe et très évocatrice, cette belle découverte est aussi un film formellement superbe qui s’éloigne avec bonheur des terrains connus. JF

R

Rock’n Roll

France - 2016 - 2h03, de et avec Guillaume Canet, Marion Cotillard, Gilles Lellouche…

Guillaume Canet comédien, réalisateur, conjoint de La Môme Cotillard, a tout pour être heureux, forcément ! Mais quand, au détour d’un échange plutôt sympathique, une jeune comédienne se laisse aller à lui dire qu’il ne fait plus partie des acteurs sexy et qu’il est un peu ringard, il commence à se

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questionner sur sa vie. Et quand une journaliste lui en remet une couche, il décide de prendre un virage à 180 degrés… Guillaume Canet a décidé de se moquer de lui-même et de tous les fantasmes qui circulent autour de la célébrité, la sienne et celle des autres. Il n’épargne ni son image, ni celle de ses proches qui se sont engagés dans ce projet d’autofiction, vrai-faux documentaire : Marion Cotillard travaillant son accent québecois a particulièrement marqué ceux qui ont vu le film. En cette ère du selfie à tout va, le réalisateur nous enjoint avec une drôlerie féroce à « arrêter de croire tout ce que l’on nous raconte et tout ce que nous pouvons voir » ! Sources : dossier de presse, telerama.fr, premiere.fr

Filmographie : Mon idole (2002), Ne le dis à personne (2006), Les Petits mouchoirs (2010), Blood Ties (2013)

Rodin

France – 2017 – 2h, de Jacques Doillon, avec Vincent Lindon, Izia Higelin...

À 40 ans, en 1890, Auguste Rodin reçoit enfin sa première commande de l’État : La Porte de l’Enfer, œuvre monumentale composée de personnages dont certains ont fait sa gloire comme Le Baiser et Le Penseur. Alors qu’il partage sa vie avec Rose, il rencontre Camille Claudel qui devient son assistante la plus douée... et sa maîtresse pendant 10 ans de complicité avant la rupture... Prolifique dans les années 80 et 90, Doillon s’est fait plus discret depuis quelques années avec des films plus confidentiels comme Le Mariage à trois ou Mes séances de lutte. Pour les 100 ans de la mort de l’artiste, il revient à un cinéma plus grand public avec ce biopic. Le couple Vincent Lindon - Izia Higelin saurat-il faire oublier celui, époustouflant, formé par Gérard Depardieu et Isabelle Adjani dans le film de Bruno Nyutten intitulé Camille Claudel ? Les premières images du sculpteur au travail sont en tout cas troublantes... Sources : dossier de presse

Filmographie sélective : Un sac de billes (75) – La

Fille prodigue (81) – La Fille de 15 ans (89) – Le Petit criminel (90) – Le Jeune Werther (93) – Ponette (96) – Trop peu d’amour (98)

son personnage principal. Sources : dossier de presse

Rencontre avec le réalisateur, après la projection. Tarif abonné : 2.50 euros, et non abonné : 4 euros

La Ronde des couleurs Voir pages Jeune Public

Split

USA – 2017 – 1h57, de Night Shyamalan, avec James Mc Avoy, Anya Taylor-Joy, Betty Buckley…

S

Saint Georges

Portugal – 2016 – 1h52, de Marco Martins, avec Nuno Lopes, Mariana Nunes, David Semedo...

Que faire quand vous êtes boxeur et fauché ? Que faire dans un Portugal dans la débine économique ? Que faire lorsque les sociétés de recouvrement se montrent de plus en plus pressantes ? La solution coule de source : vendez vos gros bras et votre force de frappe à ces sociétés de recouvrement ! C’est justement le choix que fait Jorge alors que sa femme s’apprête à le quitter pour repartir au Brésil. On imagine volontiers que Saint Georges (avec son jeu de mots ironique sur le prénom du personnage principal) risque de ne pas être une franche comédie... plutôt un travail rigoureux sur les circonstances qui font qu’un homme honnête va peu à peu se laisser compromettre et glisser dans l’indignité pour survivre et faire vivre sa famille... dignement... Sources : dossier de presse, hollywoodreporter.com, cineeuropa.org

Samir dans la poussière France / Algérie / Qatar – 2015 - 1h01, de Mohamed Ouzine

Jouant entre les codes du documentaire et ceux de la fiction, Samir dans la poussière suit un jeune contrebandier qui trafique (à dos de mulet) du pétrole vers la frontière marocaine. Le cinéaste est aussi fasciné par les activités de ce jeune homme que par les paysages arides dans lesquels il exerce son activité, là où son jeune sujet ne voit qu’un rude moyen de survie, lui qui a des rêves tout autres... Entre conte et récit, Samir dans la poussière s’interroge sur les diverses manières d’aborder le monde dans lequel vit

Kevin, souffrant d’un trouble dissociatif de l’identité, a déjà révélé 23 personnalités différentes. Il est sur le point d’en manifester une 24e encore plus terrible et menaçante que les précédentes, qui le pousse à kidnapper trois adolescentes… Parmi elles la jeune Casey aussi perspicace que déterminée. Thriller haletant dans lequel une peur indicible allant crescendo nous cloue sur notre fauteuil, Split repose en grande partie sur le jeu incroyable de James Mc Avoy sidérant dans sa capacité à se métamorphoser dans son attitude, sa voix, son regard. Nous passons avec lui de la crainte à l’empathie, du désarroi à l’angoisse… Ce huis clos impeccablement mené ne cesse de surprendre jusqu’à l’inattendue scène finale. Sources : dossier de presse

Taipei story

Taïwan - 1985 - 1h59, de Edward Yang, avec Tsi Chin, Hou Hsiao-hsien...

T

Chin et Lung se connaissent et s’aiment depuis longtemps. Elle est une businesswoman tournée vers l’avenir, lui est un ancien champion de base-ball préoccupé par l’ailleurs (les États-Unis). À l’occasion d’un licenciement leur couple se fissure... Dans cette chronique intimiste, deuxième long-métrage d’Edward Yang, qui vient d’être restauré, se lient le portrait somptueux d’une ville et celui d’un couple qui se cherche, qui erre dans Taïpei pour se retrouver. Avec Antonioni comme modèle, il réussit un récit virtuose « où s’exprime à chaque plan un génie de la composition et de la lumière. » « Entre attachements aux traditions et soif de Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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modernité, le film dessine de fascinantes trajectoires. » Sources : telerama.fr - liberation.fr

Filmographie succincte : Un été chez grand-père (84) - A Brighter Summer Day (91) - Yi Yi (2000)

Tunnel Corée du Sud – 2016 – 2h06, de Kim Seong-Hun, avec Ha Jung-

géorgienne (2013), le dernier film réalisé par Nana Ekvtmishvili et Simon Gro a été présenté dans le cadre des Festivals de Berlin et de Sundance.

le bouchon peut-être un peu moins loin que dans ses films précédents (Les Amants électriques, Les Mutants de l’espace) mais soigne un peu plus sa trame narrative en lorgnant clairement du côté du polar... mais, bien sûr, on peut lui faire confiance pour en dynamiter aussi les codes ! Tout en y ajoutant une solide dose de satire politique et sans renoncer à ses personnages très déjantés !

Source : dossier de presse

Une vie ailleurs

France – 2017 – 1h36, d’Olivier Peyon, avec Isabelle Carré, Ramzy Bedia, Maria Dupláa…

Woo, Doona Bae...

Après sa journée de travail, Jung-Soo, vendeur de voitures, rentre chez lui. C’est l’anniversaire de sa fille et il n’a pas oublié d’acheter un gâteau. Mais au moment où il traverse un long tunnel, celui-ci s’écroule. Pendant qu’il est coincé sous des tonnes de roche, les secours s’organisent mais risquent d’être longs. Le fait divers devient vite une affaire d’état scrutée et commentée par les politiques et les médias... Kim Seong-Hun, déjà auteur de l’excellent et trépidant Hard day, nous propose ici un film d’action où personne ne bouge, ou presque, avec une bonne dose de tension et d’humour noir. Mais Tunnel pose aussi sur la société contemporaine un regard acerbe à travers sa critique de la politique et du journalisme à sensation. Très ingénieux et très efficace, Tunnel est un nouvel exemple, après l’excellent Dernier train pour Busan, d’un cinéma coréen de pur plaisir qui n’oublie jamais d’être intelligent. JF

U

Une Famille heureuse

Géorgie/Allemagne – 2016 – 1h59, de Nana Ekvtmishvili et de Simon Gro , avec la Shugliashvili, Merab Ninidze, Berta Khapava…

Manana, 52 ans, est professeur dans un lycée de Tbilissi. Mariée depuis 25 ans à Soso, ils partagent leur appartement avec les parents de Manana, leurs deux enfants et leur gendre. En apparence ils forment ensemble une famille heureuse et soudée jusqu’à ce qu’à la surprise de tous, le soir de son anniversaire, Manana annonce sa décision de quitter le domicile conjugal, avec le projet de s’installer seule ! Après Eka et Natia, chronique d’une jeunesse

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– Les CARNETS du STUDIO

n°356 – Mai 2017

Inspirée d’une histoire réelle, Une vie ailleurs nous emmène en Uruguay où une mère a enfin retrouvé la trace de son fils enlevé 4 ans auparavant par son ex-mari. Elle s’y rend avec Mehdi, l’assistant social qui l’a aidée dans ses recherches. Mais rien ne se passe comme prévu : l’enfant, élevé par sa grandmère, semble épanoui et heureux dans sa nouvelle vie… Sans pathos ni clichés, ce joli film sur un sujet difficile est interprété avec beaucoup de talent par Isabelle Carré et Ramzi Bedia. La réalisation tout en douceur d’Olivier Peyon, qui s’attache à chaque détail du quotidien d’un petit garçon, est baignée de la belle lumière d’Amérique latine. Voilà une œuvre touchante, traitée avec beaucoup de pudeur et de sensibilité.

Sources : telerama.fr, avoiralire.com, lemonde.fr

Voyage of Time

USA – 2016 – 1h30, documentaire de Terrence Malick, raconté par Cate Blanchett.

notre passage sur terre ? Terrence Malick travaille sur ce film depuis trente ans. Il a récupéré des plans sur les aborigènes tournés par ses soins durant les années 70 ou encore des images de volcans en éruption filmées en 2003 par son directeur photo Paul Atkins. Une deuxième version en Imax de 44 minutes existe, racontée par Brad Pitt. La version longue de Voyage of time, sélectionnée lors de la dernière Mostra de Venise, sera projetée en séance unique le jeudi 4 mai. Tenez-vous prêts puisqu’il s’agira de l’unique occasion de voir le documentaire sur grand écran ! Sources : dossier de presse.

Voyage of Time : Au fil de la vie est un hymne à la nature et à l’univers. Il explore le passé de l’humanité pour comprendre son futur. Après ces temps infinis, quel est le sens de

om cine.c studio

PROCHAINEMENT : • Le Vénérable W. de Barbet Schroeder • Nos patriotes de Gabriel le Bomin • Ana mon amour de Calin Peter Netzer • Retour à Montauk de Volker Schlöndorff

• Ce qui nous lie de Cédric Klapisch • K.O. de Fabrice Gobert • Visages villages de Agnès Varda et J.R. • 9 doigts de F.J. Ossang

Sources : dossier de presse

La Vallée des loups Voir pages Jeune Public

La Vengeresse USA – 2016 – 1h16, de Bill Plympton

Ex-catcheur et motard devenu sénateur, Face de Mort recherche Lana, une femme qui lui a volé un document fort compromettant. Il va pour cela embaucher quatre chasseurs de primes. Comme de bien entendu, c’est le moins doué du lot qui va se lancer à la poursuite de Lana. Le duel risque de ne pas être équitable... Chic, Bill Plympton est de retour ! Le plus iconoclaste des auteurs d’animation américains (absolument pas pour les enfants!) pousse ici

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Lundi 8 mai – 19h30 CYCLE AMOUR MARIAGE ET SÉDUCTION

Lundi 22 mai – 19h30 CYCLE AMOUR MARIAGE ET SÉDUCTION

Valmont

Une Aussi longue absence de Henri Colpi (1960) France Noir et blanc 1h30,

de Milos Forman (1989) France / USA Couleurs 2h20, avec Colin Firth, Annette Bening, Meg Tilly

Lundi 15 mai – 19h30

Casanova, un adolescent à Venise

avec Alida Valli, Georges Wilson

Lundi 29 mai – 19h30

L'Héritière

de Luigi Comencini (1969) Italie couleurs 1h58

(1949) USA Noir et blanc 1h45, avec Olivia de Havilland, Montgomery Clift, Ralph Richardson

Soirée présentée par Laurent Givelet

Soirée présentée par Guy Schwitthal

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

Les CARNETS du STUDIO n°356 – Mai 2017 –

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À propos de Zoologie

Ici… ` PAS CELLE QUE L’ON CROIT « Curieuse, inventive, fidèle, sincère, spontanée, innocente, tendre, rêveuse, enthousiaste… Ce n’est pas la fille un peu niaise et stupide qu’on croit» : mais quelle femme déclenche une telle avalanche de compliments de la part de Bruno Podalydès ? Bécassine, l’héroïne bretonne imaginée par Émile-Joseph-Porphyre Pichon en 1905 ! C’est sa candeur touchante que le réalisateur de Comme un avion veut mettre en évidence dans son adaptation, ce qui, connaissant sa filmographie, n’a rien de surprenant.

Et ailleurs… ` BOUCHÉES DOUBLES Après son triomphe aux Golden Globes et aux Oscars grâce à Lalaland, Damien Chazelle a choisi de ne pas s’endormir sur ses lauriers : il travaille déjà sur une biographie de Neil Armstrong (cf. les En Bref de Mars 2017) et enchaînera avec un projet abandonné depuis 2010. Cette année-là, son scénario avait figuré sur la Black List annuelle des scripts les plus appréciés par des professionnels, pourtant il n’avait pas été convaincant au point de trouver un producteur. The Claim narre l’histoire d’un homme au passé trouble, père célibataire, dont la fille est enlevée. Dans le même temps, un mystérieux couple affirme être les parents biologiques de cette enfant… Damien Chazelle confirme qu’il est un bourreau de travail aux goûts éclectiques ! ` LA DER DES DERS ? Il semblerait, on dit bien « semblerait », que cette fois les auspices soient favorables au Don Quichotte de Terry Gilliam ! C’est qu’il y en a eu des tentatives, plus ou moins concrètes, depuis le tournage avorté en 2000, avec Jean Rochefort dans le rôle-titre, alors forcément, on se méfie… C’est désormais Jonathan Pryce (Brazil) qui se lancera dans le combat contre les moulins à vent, tandis qu’Adam Driver sera son fidèle serviteur. Petite remarque : notons que si ce comédien est absolument excellent (depuis ses débuts en 2011, il a notamment travaillé avec Clint Eastwood, Steven Spielberg, les frères Coen, Jeff Nichols, Jim Jarmusch, Martin Scorsese, Steven Soderbergh et Leos Carax), vu sa morphologie on l’aurait imaginé davantage en Don Quichotte qu’en Sancho Panza… ` GRÂCE Force est de constater que Elle lui aura porté bonheur : récompensé par une multitude de prix, le film permet même à Paul Verhoeven d’effacer définitivement l’ardoise de Showgirls, son film maudit de 1995, et de pouvoir envisager sereinement son avenir. Ce qui tombe bien car il travaille sur un certain nombre de projets, de nature très différente : un film sur la Résistance dont l’action se déroulera à Lyon en 1943 ; un autre autour de la figure de Jésus de Nazareth ; et enfin un dernier, situé au Moyen-Âge, concernant un fait divers ayant eu lieu dans un couvent. Ces deux derniers projets devraient être tournés en France, comme… Elle ! IG

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À

considérer le nombre de fables et d’allégories proposées par la littérature et le cinéma, il faut croire que les vérités difficiles à comprendre ou pas bonnes à dire pullulent. Un film comme Zoologie d’Ivan Tverdovsky en est un bel exemple, faux récit fantastique mais véritable apologue qui met en scène Natasha, une vaincue de la vie, un être inutile aux autres et à elle-même, que ses collègues de travail se régalent d’humilier, raillant sa solitude, son absence de charisme et d’agressivité. Pourtant, malgré les apparences, le film est tout sauf cafardeux. Toujours un humour subtil vient éclairer la grisaille ambiante. Un seul exemple : au zoo où Natasha travaille, elle fait ami-ami avec de grosses bébêtes bien féroces (lions, tigres, panthères, gorilles…) mais saute sur son bureau, paniquée, à la vue des petites souris que ses fieffées salopes de collègues ont dissimulées dans un tiroir. Mais là où le récit prend toute son originalité, c’est dans son très inattendu pitch : Natasha cache sous ses vêtements une longue queue, non pas un sexe masculin synonyme de bisexualité mais un véritable appendice caudal tout ce qu’il y a de plus zoologique ! Et si, au fur et à mesure que son secret peu à peu se dévoile, les gens qui la voient sont effrayés, horrifiés, scandalisés, ni le radiologue ni le chirurgien qu’elle consulte ne semblent le moins du monde troublés par cette entorse aux lois de la nature. Mieux encore, Petia, le jeune radiologue, noue avec Natasha, malgré l’évidente différence d’âge, une relation amoureuse timide, pudique, sincère, qui la méta-

morphose en femme gaie, coquette et désirable. Mais il ne sera pas dit que le romantisme l’emportera sur l’humour : la première consommation de l’acte amènera Petia à l’orgasme, non pas… comment dire… avec la féminité de Natasha, mais avec l’objet même de son anomalie, laissant la pauvre femme cruellement déçue et frustrée ! Et voilà comment l’idylle finit en queue de… pardon… en eau de boudin, avec un humour gonflé des plus réjouissant. Où qu’elle se tourne, Natasha est rejetée, aussi bien par les gens que par les institutions, tant médicale — elle finira, de rage, par tout casser à l’hôpital — que religieuse : le pope la chasse comme « sorcière-à-queue », porteuse de malédiction et de mort, sentence qu’elle accepte d’ailleurs sans broncher : le poids de l’Église sur les esprits populaires russes est visiblement bien plus écrasant et indiscutable que celui de la science. Le dénouement la voit affinant les préparatifs du seul mais périlleux expédient capable peut-être de la ramener à la normalité : l’ablation de sa queue. Ultime trait d’humour : l’acte de couper est lui-même coupé grâce à un montage cut qui enchaîne directement sur le générique de fin, et c’est tant mieux car l’issue de cette automutilation ne pouvait avoir, dans cette jolie fable, d’intérêt autre qu’anecdotique. AW

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À propos de Grave

uand elle arrive à l’école vétérinaire, Justine est une petite oie blanche qui ne connaît rien de la vie ; fille de vétérinaires, elle est végétarienne comme tout le monde chez elle. Fille de vétérinaires, elle va donc le devenir aussi, tout comme sa sœur aînée, Alexia, qui la précède de quelques années dans la carrière et dont elle croit tout savoir...

Oie blanche, donc, Justine l’est à tel point que, lors d’un passage dans la chambre de sa sœur, cette dernière s’aperçoit que la petite ne s’épile pas... Pour Alexia, le doute n’est pas permis : Justine, qui lui a déjà fait honte pendant le bizutage, est vraiment restée une bizut et elle va donc se débrouiller pour lui offrir un déniaisage pileux ; on sort la cire, on l’étale et on tire... Mais, bien sûr, ça fait mal, horriblement mal, même... et, lorsque Alexia, incapable de tirer pour de bon sur la cire pour arracher les poils rebelles, sort une paire de ciseaux pour enlever tout ça... Justine se détend brutalement et envoie un bon coup de pieds dans lesdits ciseaux... qui sectionnent net le majeur de la sœur... Tout le monde tourne plus ou moins de l’oeil et l’on voit gros comme une maison que le chien va avaler tout rond tout cru les phalanges sororales. Mais non... Justine récupère le doigt in extremis puis, ne trouvant pas de glace pour l’y conserver en attendant l’arrivée des secours, le grignote délicatement jusqu’à n’en plus laisser que les osselets... Cette scène marque l’un des tournants les plus radicaux dans ce beau film étrange qu’est

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Grave ; il s’y joue et s’y noue en effet une bonne partie des enjeux du film. Au franchissement de l’ultime tabou que constitue le cannibalisme en Occident, Justine y ajoute de fait une forme d’inceste, puisque c’est un morceau de sa sœur qu’elle avale. Mais ce n’est pas tout : la scène permet aussi de bien montrer les rapports de pouvoir entre sœur aînée et sœur cadette. Jusqu’alors, c’était en effet Alexia qui dominait la relation : c’est elle qui lui imposait l’épilation après lui avoir imposé de se soumettre au bizutage et après aussi lui avoir bien répété qu’elle lui avait fait honte. Nous découvrirons peu après qu’Alexia elle-même est devenue cannibale, ce qui offre un savoureux retournement de perspective puisque, ayant vu sa sœur croquer le doigt amputé, elle ne semblera pas lui en tenir rigueur... Il est même possible de se dire que, pour elle, l’épilation forcée qu’elle entendait faire subir à Justine n’était que le prélude à une autre attaque contre sa personne et que, armée de si tranchants ciseaux, elle allait peut-être bien s’offrir un petit morceau de chair sororale... Cette scène débouche (paradoxalement ? ou naturellement ?) sur une complicité renouvelée entre les deux sœurs puisque Alexia retrouvera son rôle de grande sœur en montrant à Justine comment se procurer un peu de viande humaine... en provoquant des accidents de voiture ! D’une certaine manière on pourrait dire qu’en amputant sa sœur et en avalant son doigt, Justine signe là son entrée dans le clan des cannibales puisque la dernière scène nous fera comprendre que leur mère avait ouvert la voie et que le cannibalisme ici obéit à une logique matrilinéaire… Mais, bien sûr, c’est avant tout son initiation qu’elle termine ici : la dévoration de ce petit morceau de grande sœur la fait passer au statut d’adulte à part entière de manière bien plus nette que le bizutage ne lui aura permis d’entrer dans la « communauté » des aspirants vétérinaires… ER

e 27 mars Lam Lê (Poussière d’empire) était de retour aux Studio, non pas pour présenter un de ses films comme en 2013, son essentiel et bouleversant documentaire Công Binhs, La Longue nuit indochinoise, mais pour, après la projection de Quyen-Farewell, Berlin Wall de Phan Quang Binh Nguyen, faire un état des lieux du cinéma vietnamien.

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Lam Lê aux Studio © Nicole Joulin

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Compte-rendu Festival de cinéma asiatique de Tours

Une analyse riche d’enseignement s’il en est : Il rappelle d’abord que le Vietnam reste un pays communiste pur et dur qui fonctionne sur le même système que la Chine ou la Russie. La censure y est très présente et particulièrement efficace dès qu’il est question de trotskisme : il est interdit même aujourd’hui d’en parler. Et c’est parce que la question était abordée dans Công Binhs, La Longue nuit indochinoise, que le film ne fut autorisé à être projeté qu’à l’Institut Français, et que le comité de censure, occupé à couper les scènes dans lesquelles Staline était objet de critiques, ne laissa du temps que pour trois projections au lieu des neuf prévues. « Le cinéma, qu’il soit étranger ou vietnamien, est soumis à la censure. Le cinéma vietnamien est un cinéma d’État. L’État finance les studios. Le Parti Communiste décide de tout et même le cinéma est soumis à un plan quinquennal. Tous les ans un film à la gloire de l’Oncle Hô est au programme. Le cinéma doit montrer le Vietnam comme un pays émergent, évolué, le

vendre comme le ferait une agence de voyage. Ainsi Jordan Vogt-Roberts est-il venu tourner Kong : Skull Island (dernier épisode des aventures de King-Kong) dans tous les sites splendides du Vietnam. En remerciement il a été nommé ambassadeur ! Alors que les images ont tellement été remaniées numériquement qu’on ne reconnaît rien dans le film ! C’est dire le cynisme des dirigeants actuels ! En 2004 l’État se rend compte que les films n’ont pas de spectateurs et décide alors de céder l’industrie cinématographique à l’industrie privée, qui fait le choix de la production de navets en série. Trois grandes familles, appartenant évidemment au Parti, se partagent le gâteau de la production/distribution. 80% des films distribués sont des films d’action américains ; les 20% restants sont vietnamiens ou du Sud-Est asiatique. On ne produit que des films qui peuvent rapporter de l’argent. Le film projeté ce soir (Lam Lê a découvert le film quand il a fait partie du jury du Cerfvolant d’or en 2016, et a eu l’idée de le proposer au Ficat, parce que ce film qui aborde le sort des émigrés vietnamiens* du bloc soviétique, était un des deux seuls films d’auteur retenus dans la sélection) est produit par la mère, membre du PC, du réalisateur. Ainsi at-il pu faire un film d’auteur sans risques, même s’il s’est autocensuré et a dilué son message dans le mélo pour qu’il puisse passer la censure et être autorisé à sortir du Vietnam. Comme tous les réalisateurs issus des familles nanties, ce qui l’intéresse vraiment ce sont les tapis rouges et les photographes, l’apparat, les apparences et pas d’être sélectionné au Ficat. Réussir c’est être reçu de manière clinquante en Occident. Un film vietnamien qui veut dire quelque chose, c’est impossible. Il existe deux écoles de cinéma au

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Compte-rendu Festival de cinéma asiatique de Tours

Compte-rendu Festival de cinéma asiatique de Tours cinéma d’auteur en taxant les films étrangers : espérons que nous retrouverons le Lam Lê réalisateur prochainement ! IG * « Pour payer sa dette liée à l’achat des armes pour la guerre, le Vietnam a envoyé un million d’hommes et de femmes travailler gratuitement dans les pays de l’Est qui retenaient les ¾ de leur salaire. Après la chute du Mur, le Vietnam ne voulait pas d’eux. Ils sont donc restés mais sont devenus des clandestins ».

tient en effet à cœur de T. Dazel d’inspirer et d’encourager d’autres Tibétains à se lancer dans la création cinématographique. « Tout ce deuxième film, c’est pour nous questionner sur nous-mêmes ». Ici, à Paris, ou bien en Inde à New Delhi dans Seeds, la cinéaste apporte en effet un regard neuf sur ces jeunes Tibétains immigrés, qui ont parfois payé très cher pour gagner l’Europe et qui peuvent se retrouver à travailler dans un resto… chinois ! Outre la question complexe de la langue tibétaine, c’est aussi le risque de la perdre alors que l’on cherche à s’adapter au pays d’accueil. Si le cinéma de Tenzin Dasel ne manque ni d’humour, ni d’émotion, il s’agit avec ces films de se questionner de manière personnelle sur « où va-ton comme Tibétain ? »

Tenzin Dasel

Mardi 28 mars – dernière journée du Ficat aux Studio – la réalisatrice tibétaine Tenzin Dasel est venue présenter ses deux films, Seeds (2009) et Royal Café (2016), ce dernier étant coréalisé avec Rémi Caritey. Le premier moyen-métrage était « un essai, pour voir si j’en étais capable ». T. Dazel évoque à ce sujet le complexe des Tibétains, ceux-ci pensant que les Occidentaux présentent les meilleurs films qui soient. « Nous manquons de confiance en nous […] Mais nous avons beaucoup de choses à raconter […] J’ai envie de continuer [à tourner] mais les moyens… Avec Royal Café, j’ai voulu montrer que réaliser deux films et sans budget, c’est possible ». Il

Rémi Caritey

LA SOIRÉE DE CLOTURE a permis à trois films présentés en compétition durant le festival d’être mis en exergue. Pour le jury, Jean-Marie Laclavetine a évoqué Jean-Marie Laclavetine la délicatesse et l’intelligence du dernier film du cinéaste japonais Hirokazu Koré-Eda, Après la tempête (2016).

Patrick Laurent annonce que Turn Left, Turn Right (2016), film cambodgien de D. Seok, a reçu une mention spéciale du jury en raison de son audace et de sa grande cohérence. Ce film a beaucoup touché les membres Patrick Laurent du jury. Enfin le film birman Adieu Mandalay (2016) de Midi Z, dressant le portrait « d’une jeune femme vivant l’histoire universelle de migrant », a reçu le Prix du jury. J.-M. Laclavetine souligne la maîtrise et la grande beauté de ce personnage dont on suit le parcours jusqu’en Thaïlande. « On est happé par le film ! ». Le public a décerné son Prix au film coréen Tunnel (2016) de Kim seung-Hun. Avant l’ultime – et exceptionnelle – projection du Ficat avec Au gré du courant (Nagareru, 1956) de Mikio Naruse, film inédit en France sur grand écran, Pascal-Alex Vincent a initié le public à l’histoire du cinéma japonais dans laquelle Naruse fait figure de 4e grand réalisateur avec Yasujiro Ozu, Kenji Mizoguchi et Akira Kurosawa ! On ne connaît pourtant presque rien de cette grande figure japonaise

ayant réalisé pas moins de 90 films, du cinéma muet au parlant. Nuages épars (Midaregumo, 1967), le dernier film du cinéaste, a ouvert le Ficat et deux autres œuvres encore ont été présentées. Comme aux États-Unis, le cinéma japonais s’était structuré au début du 20e siècle avec la création d’industries produisant des films par centaines certaines années, embauchant sous contrat acteurs, réalisateurs, techniciens… Naruse, réussissant le concours d’entrée à la Shochiku, va y côtoyer Ozu. Puis ce sera à la Daiei, première major à exporter du cinéma à l’étranger, qu’il œuvrera. Ainsi Naruse fera-t-il sensation auprès du public français avec La Mère (Okasan, 1952). Le cinéaste part ensuite à la compagnie de la Toho où Kurosawa sera son assistant. Naruse y réalisera ses plus grands films. Son motif de prédilection est « le couple, surtout le couple qui ne peut pas fonctionner, et ce à cause de l’homme ». Naruse lui-même était malheureux en amour. Il était persuadé que la vie ne pouvait jamais tenir ses promesses. Son œuvre va changer à la Toho par sa rencontre avec une immense actrice, indépendante et militante anti-nucléaire, Hideko Takamine. Il en fait sa muse. Elle a dit que « tous les acteurs se battaient pour tourner avec Naruse mais que celui-ci ne leur parlait pas, boudant en permanence… »

P. A. Vincent aux Studio © Nicole Joulin

Vietnam : une au nord, l’autre au sud. Les étudiants ne connaissent rien. Ils sont en fait formés comme des cadres politiques et pas comme des réalisateurs. Ils achètent leur droit d’entrer dans l’école et leur diplôme à la sortie. Chaque section a un prix et les professeurs se partagent les commissions ». À maintes reprises au cours de cette soirée, Lam Lê a loué le système du cinéma français, unique au monde, qui permet de financer le

Cette ouverture à l’œuvre de Naruse absolument passionnante, suivie de la projection, s’est conclue autour d’un moment convivial pour fêter le 18e anniversaire du Ficat ! RS

Patrick chiha, aux Studio © Dominique Plumecocq

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n°356 – Mai 2017

Les CARNETS du STUDIO n°356 – Mai 2017 –

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Les rédacteurs ont vu :

The Lost City of Z de Pablo Larraín

D’un bout à l’autre le film sent le dollar. Tout y est grandiose, soigné dans les moindres détails, filmé avec un grand professionnalisme. Mais c’est là justement que le bât blesse. Comme les personnages sont anglais il faut évidemment qu’ils chassent à courre et soient conformes à tous les stéréotypes. Du coup ils sont so British qu’ils en sont à la limite risibles. Alors oui, c’est du grand spectacle mais convenu, pour ne pas dire un peu pachydermique. Où donc est passé le James Gray subtil de Little Odessa, The Yards ou La Nuit nous appartient ? AW Sous une apparence classique de film d’aventure, The Lost city of Z déjoue

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les pronostics. S’il y a bien un souffle épique, c’est surtout l’épopée intime qui prend le dessus. Ce mélange de genres à l’atmosphère cotonneuse est superbement déstabilisant. JF À la fois exploration de la société de castes britannique, film intimiste au cœur d’une famille et plongée vertigineuse dans le labyrinthe amazonien, la maîtrise de James Gray impressionne. Jusqu’au final somptueux et mystérieux entre rêve et réalité. DP

Lost city of Z coche toutes les cases du grand film d’aventure : épopée qui s’étend sur plusieurs décennies, héros

seul contre tous (mais avec le soutien réticent de sa famille), paysages somptueux, bons et méchants Indiens... Rien à redire : tout y est... Tout y est même un peu trop, et du coup cela sent un peu trop le travail appliqué, l’envie de ratisser large et de ne rien faire qui puisse déplaire ou surprendre... ER

Voyage au centre de la Terre, Fort Saganne et/ou The Revenant : mais quel film a voulu faire James Gray ? Une seule certitude : pour arriver aux mystérieuses cités d’or, la route est longue, très longue, trop longue… si bien qu’on se surprend à consulter non pas une boussole, mais sa montre ! IG

L'obsession de Fawcett vire à la déraison, contaminant même dangereusement ses plus proches par son sens de la conviction d'aboutir au but de sa quête qui s'avérera aussi unique qu'ultime : trouver The City of Z. Une des particularités dans le cinéma de John Gray est de savoir si bien cultiver l'ambiguïté de ses héros au point de mêler le trouble chez les spectateurs qui peuvent alors s'interroger ici : à quel moment le major bascule-t-il et s'égare-t-il dans les méandres obscurs de son imaginaire qui le retiennent prisonnier pourtant au beau milieu d'un espace bien réel, immense, à la nature exubérante ? Chacun a pu sans doute expérimenter quelques hésitations entre doutes et convictions. RS

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À propos de Le Secret de la chambre noire

E

n 1576 Étienne de La Boétie, le grand ami de Montaigne (« parce que c’était lui, parce que c’était moi ») publie, à peine âgé de dix-huit ans, un petit essai subversif au titre provocateur, Discours de la servitude volontaire. Il y démontre qu’un pouvoir tyrannique ne peut, paradoxalement, perdurer sans l’approbation du peuple ou, à tout le moins, son acceptation résignée. Aujourd’hui plus que jamais résonne la grande leçon du Discours : « Soyez résolus à ne plus servir et vous serez libres ». La Boétie s’étonnait qu’une telle évidence échappe à ses contemporains.

Un mélo fantastique comme Le Secret de la chambre noire de Kiyoshi Kurosawa, en montrant qu’on peut être l’esclave de ses propres obsessions aussi bien que d’un pouvoir extérieur, illustre modestement, à son échelle, le mécanisme psychologique de ce phénomène d’autant plus étrange qu’il est universel et méconnu : la « servitude volontaire ». Un photographe renommé, Stéphane Hégray, vit cloîtré dans sa vaste propriété ancienne convoitée par un promoteur immobilier, lequel se heurte à son refus obstiné de vendre, en dépit de conditions financières apparemment fort avantageuses. Tout le quartier est déjà envahi de chantiers et de palissades masquant des démolitions. La volonté farouche de claustration du photographe tient clairement à la charge de souvenirs qui hantent le grand parc, la serre et l’immense maison. Arrive Jean, errant de petit boulot en petit boulot, embauché comme assistant à tout

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faire, bientôt seul trait d’union entre le monde extérieur et l’espace clos du reclus. Il lui faut, pour accéder au domaine, franchir deux grands portails métalliques fermés à clé, qui évoquent explicitement l’entrée d’une prison. Enfermement spatial volontaire donc, mais également temporel : fasciné par la perfection esthétique originelle — et indépassable à ses yeux — des daguerréotypes, il rejette catégoriquement toute évolution ultérieure de l’art photographique. Son épouse était son unique modèle, remplacée après sa mort par leur fille Marie. Celle-ci aime son père mais a pris la décision de partir et de mener librement sa vie à Toulouse. À l’intérieur de la maison se multiplient les images qui suggèrent l’enfermement, en particulier les barreaux de l’univers carcéral : nombreuses balustrades et rambardes métalliques, escalier aux marches de bois sans contremarches, à travers lesquels on voit ou entrevoit Jean ou la silhouette (fantôme ? hallucination ?) de l’épouse défunte. Malgré toutes les sollicitations, Stéphane s’enferme volontairement dans ce domaineprison où il se soumet, non sans un certain masochisme peut-être, à tous ses démons.

étrange relation père-fille fait évidemment penser aux Yeux sans visage de Georges Franju. Mais c’est surtout au Portrait ovale d’Edgar Poe que Le Secret de la chambre noire fait référence. Dans ce bref récit un peintre, obsédé par l’ambition de donner toutes les apparences de la vie au portrait qu’il réalise de sa femme, ne voit pas l’état d’épuisement de plus en plus inquiétant de son modèle. Et quand enfin il pense avoir atteint son but sa femme meurt. Est-ce là le destin qui s’est abattu sur l’épouse de Stéphane ? Est-ce à cause de l’enfer qu’il lui faisait vivre qu’elle s’est pendue ? Stéphane est esclave de son passé, de ses obsessions et de sa culpabilité, manifestée par le fantôme de sa femme qui apparaît tel une Némésis silencieuse et de plus en plus menaçante. Vendre la maison et s’installer ailleurs serait l’évident et très simple moyen d’échapper à ces hantises, qu’il faille prendre ce mot au sens propre ou au sens figuré. Refus obstiné de Stéphane, au moins jusqu’à l’épisode troublant de la

chute mortelle de Marie dans l’escalier : son père l’a-t-il poussée afin d’empêcher son départ à Toulouse ? Toujours est-il qu’on le voit dévaler les marches en hurlant à la suite même de sa fille. À force de ne pas vouloir se libérer de sa psychose, Stéphane n’a plus qu’une issue, tragique évidemment. Et Jean reste seul, vaincu, ayant tout perdu, sa place, Marie, son espoir de commission sur la vente, sa liberté. Lui aussi finalement a créé tout seul sa propre servitude, sa propre prison intérieure, prélude à son incarcération bien réelle à venir puisqu’il tue, gratuitement pour ainsi dire, le promoteur immobilier qui cherchait à acheter le domaine. Rien ne l’y obligeait, rien même ne pouvait le justifier. Et voilà comment un film de pure distraction retrouve, probablement à son corps défendant, les profondeurs d’une analyse psychologique qui, en dépit de ses quatre siècles et demi, n’a rien perdu de son acuité. AW

Et que lui importe si les temps de pose interminables des daguerréotypes (vingt, trente et jusqu’à soixante-dix minutes !) provoquent chez Marie malaises et évanouissements, et ce en dépit (ou à cause ?) de tout un attirail d’immobilisation, sorte d’exosquelette qui rappelle les appareils de torture des geôles médiévales ! Cette

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Interférences

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e petit Tom, 8 ans, ne quitte pas des yeux ses jeux, moyen qu’il espère suffisant pour ne pas avoir à prendre la parole, pour ne pas avoir à répondre à la gentillesse insistante de sa pédopsychiatre. Comme elle lui demande s’il est content d’aller voir son père, en Suède, cet été, il finit par murmurer qu’il a un peu peur, ce qu’elle traduit avec un mot qu’il ne connaît pas : « de l’appréhension », ou plutôt il a une prémonition, l’impression qu’il va se passer quelque chose. Le scénario du nouveau film de Gilles Marchand tient dans les trois mots du titre : Dans la forêt. C’est le programme tout simple que s’est fixé le père étrange joué par Jérémie Elkaïm : quitter le monde civilisé, s’enfoncer vers le nord pour vivre une vie simple au contact de la nature, dans une cabane perdue au milieu des bois, au bord d’un lac limpide. Des joies élémentaires. Pures. Intactes1. Que ne semblent pas vraiment apprécier les deux enfants, Tom et son frère Benjamin, 11 ans, qui ne supportent pas d’être déconnectés du monde et notamment de ne pas avoir de réseau pour parler avec leur mère restée en France. Gilles Marchand et Dominik Moll (qui écrivent des scénarios ensemble et les tournent à tour de rôle) sont des cinéastes de l’inquiétude (que ce soit dans Qui a tué Bambi ? de l’un, ou Harry, un ami qui vous veut du bien, Lemming ou Des nouvelles de la planète Mars de l’autre). Insomniaque, le père dit à Tom qu’il ne dort jamais et celui-ci est poursuivi par des visions nocturnes (il a l’impression d’avoir vu un homme au visage fendu,

Interférences Des nouvelles du cosmos Et les Mistrals gagnants Paris pieds nus troué ; le diable). Au lieu de le rassurer, son père le persuade qu’il a un don, la capacité de voir ce que personne ne peut ou n’ose voir ! La tension monte d’un cran et Benjamin finit par s’enfuir. Le père entraîne aussitôt Tom, terrorisé, avec lui, de lac en lac, toujours vers le nord, à bord d’un canoë qu’il traîne derrière eux comme un boulet. Fuite en avant vers une fin qu’on n’ose imaginer. Dans la simplicité de son fil narratif, le film plonge dans la matière des contes et des mythes primordiaux, du côté des peurs enfantines les plus profondes… « En favorisant une totale immersion dans les paysages, le réalisateur atteint une forme de fantastique poétique, où la peur se transforme en énergie positive. » 2 La peur comme médium pour appréhender le monde qui nous entoure. Plusieurs films récents utilisent cette clé de déchiffrement ; des premiers films passionnants à la frontière entre cinéma de genre et d’auteur : Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore (film intense et mystérieux où plusieurs soldats disparaissent inexplicablement près d’un poste frontière en Afghanistan), Les Combattants de Thomas Cailley (film d’une grande maîtrise qui glisse d’une irrésistible comédie militaire vers un récit apocalyptique) ou Grave de Julia Ducournau (film troublant qui mène sa jeune héroïne des abjections du bizutage dans une école de vétos aux plaisirs assumés du… cannibalisme !) DP 1 Mais pour celui qui a lu le roman vénéneux de David Vann, Sukwann Island, la peur est présente dès le début. 2 Jacques Morice, Télérama.

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enus présenter leur nouveau film Paris pieds nus, Fiona Gordon et Dominique Abel expliquaient les difficultés qu’ils rencontraient à chaque fois pour financer leurs projets : le financement du cinéma se joue essentiellement à la lecture d’un scénario et de dialogues ; or le cinéma burlesque se construit sur des histoires très simples, avec peu de mots et se révèle réellement lors du tournage, l’écriture finale se faisant a posteriori lors du montage. C’est la raison pour laquelle, selon eux, très peu de films se rattachent désormais à cette famille. Le bouclage de leur quatrième long métrage fut de nouveau compliqué malgré la présence de grands noms à mettre à l’affiche… car ils ne l’ont su que quelques jours avant le tournage et n’ont pas pu profiter de la notoriété de Pierre Richard et Emmanuelle Riva. Le talent burlesque de celle-ci, découvert à 88 ans, a modifié l’histoire elle-même : simple prétexte à la rencontre entre Dom et Fiona à l’origine, elle est devenue un personnage essentiel de l’histoire dont la grâce enfantine, les rires et la gaieté enchantent le film. Délicieux adieu au cinéma et à la vie… avec une inénarrable dispersion de cendres dans la Seine à l’aide d’une urne funéraire biodégradable… Anne-Dauphine Julian, venue présenter son très beau Et les mistrals gagnants devant deux salles combles, racontait les mêmes difficultés pour recueillir des financements. Concernant le cinéma documentaire, c’est la règle : il ne peut y avoir que des notes d’intention puisque le matériau qui nourrira le film

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dépend, non seulement des aléas du tournage, comme pour tout film, mais de la réalité elle-même, que la caméra va essayer de capter. Là, encore davantage, l’écriture ne peut se faire qu’au montage où s’organise le récit avec les images et les paroles récoltées. Le financement était, en l’occurrence, d’autant plus difficile qu’elle n’avait jamais rien réalisé et que le sujet même du film – des enfants hospitalisés pour de graves affections – ne semblait pas très porteur. Avec son indéfectible optimisme, la réalisatrice a beau répéter que tous les enfants sont aussi passionnants, que, simplement, on ne sait pas les écouter, il n’était pas évident de trouver des personnages/personnalités qui crèvent l’écran comme ont su le faire Imad, Charles, Tugdual, Ambre et Camille. Inoubliables. Venue présenter Des nouvelles du Cosmos, Julie Bertuccelli n’a pas évoqué de problèmes d’argent. Sans rien demander à personne, elle a pris sa caméra et a filmé, seule, pendant des mois, Hélène, l’autiste de 30 ans en train de devenir Babouillec, une écrivaine dont les fulgurances poétiques laissent sans voix. Elle n’a cherché des financements qu’une fois son énorme matériau enregistré, pour pouvoir financer les mois de montage, un processus de financement complètement inhabituel… et périlleux, mais qui nous a permis de découvrir un personnage exaltant qui restera longtemps dans les mémoires de ceux qui ont eu la chance de la découvrir à l’écran. DP

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Rencontre avec Martin Provost

Martin Provost aux Studio © Nicole Joulin

Martin Provost aime les femmes : après Séraphine et Violette, il dédie son nouveau film à une inconnue : Yvonne André. À sa naissance, il est resté deux heures entre la vie et la mort en raison d’une incompatibilité de rhésus avec sa mère. La sage-femme qui l’a mis au monde l’a finalement sauvé en lui donnant son sang ; c’est aussi elle qui l’a déclaré à la mairie de Brest. Martin Provost n’a eu de cesse de la retrouver ; c’est par hasard, en recherchant un acte de naissance, qu’il a enfin su le nom de sa bienfaitrice.

Il était trop tard pour la rencontrer : « Tout ce que je fais vient de là… Je voulais raconter l’histoire d’une sage femme – sans tiret entre les deux mots ! – confrontée à une fin de vie ». L’objet du film est aussi d’honorer ce métier, aujourd’hui menacé, parce qu’on passe tous par les mains d’une sage-femme, la première femme que l’on rencontre dans sa vie… Deux interprètes éblouissantes servent le film : Catherine Frot d’abord, à laquelle le réalisa-

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teur avait proposé le rôle de Simone de Beauvoir dans Violette et qu’elle n’avait pas pu endosser pour cause d’autre tournage au même moment – il sera finalement interprété par Sandrine Kiberlain. Il admire son très large éventail de jeu, la compare à l’Anglaise Helen Mirren et la trouve aussi douée et particulière que Yolande Moreau. L’actrice a suivi une formation de sage-femme et réalise en vrai les accouchements que l’on voit dans le film avec des professionnels de la naissance. Catherine Deneuve, ensuite, parce qu’en cherchant une deuxième femme qui devait jouer un personnage totalement différent, elle s’est imposée tout de suite.

Sage femme fait la part belle à la naissance et nous montre des scènes d’accouchement aussi réalistes qu’émouvantes. C’est que Martin Provost ne triche pas : il était impensable pour lui de filmer des nouveau-nés de trois mois comme la loi l’exige en France ; il a donc pris le chemin de la Belgique, filmé en live 6 accouchements permettant à Catherine Frot d’officier avec l’aide de véritables sagesfemmes et médecins et une équipe technique réduite à un chef opérateur et un perchman.

sonnage simple et direct, moins expansif dans la manifestation de l’amour que les femmes du film « et les autres ! »… Un personnage qui a choisi la liberté et la solitude en étant camionneur. Dans la séquence réjouissante où ils sont tous les trois dans le camion, c’est bien Catherine Deneuve qui conduit. L’actrice, que le réalisateur qualifie de bonne vivante qui aime le vin, les cigarettes et le jardinage, a suivi elle aussi une formation auprès de vrais joueurs dans les bars clandestins pour apprendre le métier ! Elle est à l’image du film : libre, avec un mélange de romanesque et de réel. Finalement, son personnage imprévisible est plus facile à aborder que celui de Claire, qui cache une part de mystère derrière son acharnement à donner la vie.

Les autres scènes ont pour cadre Mantes-laJolie, ville que le réalisateur qui vit dans le Vexin voisin connaît bien. Il y avait déjà tourné Séraphine. La cité, riche d’une population très mélangée, est proche à la fois de la nature et de Paris et possède nombre de jardins ouvriers comme celui où Claire et Paul (Olivier Gourmet) se rencontrent. « Il fallait un homme à Claire au moment où elle quitte définitivement son père… Le jardin est à la fois le lieu de l’amour et le seul endroit où elle se retrouve seule, elle qui donne toujours tout aux autres ». Le réalisateur rend hommage à l’acteur qui incarne avec une grande sensibilité un per-

Le film évoque enfin la fermeture des petites maternités et leur remplacement par des « usines à bébés » dans lesquelles la naissance n’est plus qu’un acte médical, avec programmation du moment et multiplication des césariennes. Des sages-femmes présentes dans la salle approuvent dans leurs témoignages Martin Provost, qui milite pour la multiplication de structures plus petites bénéficiant d’une large autonomie et associées à un hôpital. Ces lieux existent sous le nom de maisons de naissance : il y en a 11 en France. C’est maintenant au tour des femmes de se mobiliser si elles souhaitent un accouchement différent… SB

Le duo Catherine la sage (Claire) / Catherine la fantasque (Béatrice) fonctionne à merveille. Olivier Gourmet faisait également partie du casting dès l’écriture : « J’écris des films pour les acteurs ».

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Fiona Gordon & Dominique Abel aux Studio © Nicole Joulin

Rencontre avec Fiona Gordon Dominique Abel

Paris pieds nus

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eur univers, leur façon d’occuper l’espace, celle d’utiliser leur corps, évoquent immanquablement les maîtres du burlesque, Chaplin, Keaton, Tati (influences qu’ils revendiquent haut et fort, ainsi que celle de Laurel et Hardy et de Kaurismaki) ou Wes Anderson (pour le travail sur les couleurs), et pourtant ces deux-là ne ressemblent à personne d’autres qu’à eux-mêmes ! Ces spécimens singuliers se nomment Fiona Gordon et Dominique Abel et sont venus aux Studio le 10 mars pour la sortie des dernières aventures de leurs avatars cinématographiques, Fiona et Dom, dans Paris pieds nus ! Ils entrent dans la salle, comble, comme s’ils sortaient du film. Diserts, pleins d’autodérision, ils ont conquis un public qui n’en avait aucunement besoin, par leur sens de la dérision et leur humanité. Tous ceux qui ont pris la parole ont tenu à les remercier pour ce

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moment jubilatoire et poétique autour des mésaventures et des rencontres improbables d’une bibliothécaire canadienne, déambulant dans Paris sur les traces de sa vieille tante mystérieusement disparue. GESTUELLE F. Gordon. : « Nous avons fait l’École Jacques Lecoq à Paris, où l’on pratique un théâtre basé sur le geste, où l’on explore toutes les formes de théâtre par le mouvement. C’est là où on s’est rencontrés. » D. Abel : « Fiona a fait de la gymnastique plus que moi. On n’est pas danseurs. Pour la première fois, on a pris des cours car on voulait danser le tango. Les pas de base au moins. Et au bout de deux ans et demi, on a ça… » EMMANUELLE et PIERRE Paris pieds nus, c’est aussi le bonheur de voir Emmanuelle Riva dans une dernière compo-

sition pétillante, pleine de malice et de douceur. Vieille dame indigne, son personnage, Martha, ne veut pas finir sa vie dans une maison de retraite, alors elle s’échappe et va s’élever très haut, pour mourir libre. F. G. : « On voulait que la mort soit digne. Quant à Emmanuelle, on avait, au départ, quelqu’un d’autre en tête, une Allemande de 90 ans mais qui ne parlait pas français. C’était trop compliqué. Alors qui prendre ? On a vu Emmanuelle Riva faire quelques pas de danse, dans une carte postale vidéo, réalisée pour la campagne des Oscars, pour le film d’Haneke. On lui a envoyé le scénario. Elle aime (quand il parle de la comédienne, le couple le fait souvent au présent) Keaton. Elle rit beaucoup. Le burlesque à 88 ans, c’est assez incroyable quand on ne l’a jamais fait. » D. A. : « Au départ on pensait à Pierre Étaix. C’est en regardant son film, Le Soupirant, qu’on a eu le déclic pour faire du cinéma. On l’a rencontré et on a fait du cabaret avec lui. Pour le film, il était trop souffrant (Pierre Étaix est décédé le 14 octobre dernier). On connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait quelqu’un qui connaissait Pierre Richard. Il n’avait que trois jours disponibles car il est très occupé. Nous, on est un peu des petits neveux de Pierre Richard. On est du même univers. Emmanuelle et Pierre ont eu beaucoup de plaisir à faire la scène de danse (comment ne pas penser à Chaplin et à sa danse des petits pains dans La Ruée vers l’or, mais aussi à certains grands duos dansés des comédies musicales de l’âge d’or ?). Pierre a confié à Emmanuelle qu’on lui avait dit qu’elle était chiante, alors que pas du tout ! » GRIMPER, CHUTER Au sujet de l’Île aux Cygnes, de ses arbres et de sa Statue de la Liberté, décor essentiel du film : F. G. : « On cherchait un pont d’où je pouvais

tomber. » D. A. : « C’est un lieu à la fois beau et moche. On a pensé que ce serait bien que Martha monte comme un chat, dans un arbre, pour finir sa vie. Pour la scène où Martha, Fiona et Dom sont tous les trois sur la Tour Eiffel, Paris qui dort de René Clair nous a inspirés.» ESSAYER, RÉESSAYER F. G. : « Tout vient comme la danse, petit à petit, avec des essais. » D. A. : « Le numéro de l’échelle, on l’a fait des centaines de fois sur scène. Là on l’a fait sur fond vert avec des poutrelles en bois, semblables à celles de La Tour Eiffel. En fait, la hauteur correspondait à celle d’une chaise pourtant, en faisant le numéro, on se disait : « Mais quel est le con qui a écrit cette scène ? » F. G. : « Le plus important pour nous, c’est de raconter notre histoire de la façon dont on veut la raconter. On veut mettre en valeur nos irrégularités pour vous faire rire. Sur scène on peut, en fonction des réactions, modifier le rythme. Pour le film, on le fait en s’appuyant sur notre passé théâtral. » D. A. : « Dans le métro la scène n’est pas improvisée mais presque. Avec l’escalator on a essayé un truc et c’était drôle. » F. G. : « Si l’acteur propose quelque chose de plus drôle que ce à quoi on a pensé, en improvisant, ça nous va ! » D. A. : « Pour les scènes aquatiques de Fiona, on a mis 2 kilos dans son sac à dos, mais c’est incoulable ces trucs-là, on a alors mis 3 kilos, puis 4, mais Fiona remontait toujours. Alors on a dû lester sa culotte ! » Au sujet du scénario D. A. : « Même quand on est l’un à côté de l’autre on s’envoie des idées par mail. On construit ainsi, petit à petit, le scénario. De cette manière on arrive parfois à 100 pages. » F. G. : « Parfois on ne sait plus qui a eu l’idée de départ car le scénario va tellement douce-

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Rencontre avec Fiona Gordon Dominique Abel

ment ! Le point de départ peut venir des frustrations qu’on a pu avoir sur le film précédent. » D. A. : « Le défi c’est de s’approprier des choses qui ont déjà été faites et de les rendre nouvelles. » CLOWNS D. A. : «C’est le public qui décide si un couple de clowns est fait l’un pour l’autre. Pour faire le clown on fait ce qui est inimitable en soi. » F. G. : « Il y a une part de nous dans les personnages. Je ne cherche pas à jouer une bibliothécaire coincée, c’est mon côté coincé que j’ai voulu exprimer. » ET APRÈS ? D. A. : «Un film c’est long, c’est beaucoup de travail. On a arrêté la scène en 2010. Pour l’instant l’envie est encore de faire des films ! » En voilà une nouvelle plus qu’excellente pour le public des Studio, qui a manifestement décidé que ce couple de clowns était bien fait l’un pour l’autre ! Même si cela doit être long, nous attendrons le retour de ces deux-là de pied ferme !. IG

Interférences Tempête de sable Noces

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ayla conduit sur le chemin caillouteux qui les mène, elle et son père Suliman, jusqu’au village bédouin où ils habitent, à la frontière jordano-israélienne, tout en plaisantant avec lui. Ils parlent de ses études et saute aux yeux immédiatement la grande complicité qui règne entre père et fille. Nos sociétés sont traversées par tant de clichés islamophobes que cette complicité, cette relation « moderne », ne peut que réjouir le spectateur occidental de Tempête de sable d’Elite Lexer. Mais, très vite, il découvre qu’une noce les attend, dont on a d’abord du mal à comprendre les tenants et les aboutissants : c’est du second mariage de Suliman qu’il s’agit, une noce qu’organise, avec beaucoup d’autorité, Jalila, la première épouse qui tient à maintenir, manu militari, son statut. Pourquoi se remarie-t-il alors que, ouvert et sensible, il semble encore aimer Jalila ? Parce qu’elle ne lui a donné que des filles ? Le vernis continuera à craquer lorsque celle-ci découvrira que Layla, à l’Université, a un amoureux. Et pourtant, il n’est ni juif, ni chrétien, mais bédouin… d’une autre tribu. Faute impardonnable. « Conduistoi en homme ! » réclame cruellement Jalila à Suliman, qui revient de son voyage de noces. Layla aura donc un choix cornélien : s’enfuir avec son amoureux en rompant avec toute sa famille ou se marier avec l’inconnu que son père lui a choisi. Ce qu’elle finira par accepter, la mort dans l’âme. Le film s’achève lors du mariage de Layla, première rencontre avec son inconnu de mari où l’on comprend qu’entre eux… ça va saigner ! La guerre domestique peut commencer… Zahira vit en Belgique. Ses parents sont des commerçants pakistanais particulièrement

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aimants et modernes puisque, dans la scène d’ouverture de Noces de Stéphan Stricker, le spectateur comprend que ses parents la poussent à… avorter discrètement à l’hôpital public. Dès le début on voit que Zahira a un confident dans lequel elle a placé toute sa confiance, Amir, son frère aîné. Mais, de nouveau, le vernis du bonheur familial ne résiste pas longtemps aux contradictions entre lesquelles sont écartelés tous ses membres : profondément croyante, Zahira ne peut se résoudre à supprimer ce qui pour elle n’est pas un embryon mais un bébé déjà vivant. Refermée sur ce secret inavouable, elle apprend que, pour supprimer le scandale vivant qu’elle est désormais, ses parents ont décidé de la marier. Mais comme ils vivent avec leur temps, ils lui donnent le choix entre trois cousins encore au pays, avec lesquels elle va pouvoir faire connaissance par Skype ! Zahira semble accepter, pour ne pas perdre sa famille, mais elle finit par s’enfuir avec un nouvel amoureux belge. Situation intenable où les personnages sont prisonniers comme dans toute tragédie et qui finira, dans le sang, lorsqu’Amir tuera sa sœur adorée… L’originalité de ces deux films forts, dans lesquels on retrouve des figures de jeunes filles musulmanes éprises de liberté qu’on a déjà vues sur les écrans, ce sont les figures masculines : Suliman, le père complice, et Amir, le frère confident, deux hommes enfermés dans un ordre qui les dépasse et auxquels ils ne croient plus vraiment bien qu’ils s’y soumettent, honteusement, un ordre qui place, hélas, l’honneur de toute une famille entre les cuisses des femmes. DP

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