Carnets avril 2017

Page 1

5

SEMAINE

du 26 avril au 2 mai

Accords de Partenariat. L’Afrique : un néo-colonialisme

AFRIQUE EN DANGER CNP jeudi 60’

20h00 C

I

N

lundi

1h12’ VF

de J. Halas & J. Batchelor

Débat avec Sébastien Chailleux, responsable Afrique à Peuples Solidaires

M

1h45’

19h30

A

T

H

È

Q

U

E

LA COUPE À DIX FRANCS de Philippe Condroyer

À suivre.

LA FERME DES ANIMAUX

de Maurice Oudet

É

2017

1h27’ VF

LA JEUNE FILLE ET SON AIGLE de Otto Bell

40’ sans paroles

SOIRÉE DE CLÔTURE DU LA RONDE DES COULEURS vendredi MARATHON DU COURTS MÉTRAGES de divers réalisateurs 48 HFP 48 HOUR FILM PROJECT Conte et film le mercredi Projection des CM réalisés lors du marathon et remise des prix. 1h44’ VF

19h30

14h30 1h57’ 17h00 19h15 21h30 14h30 19h15

LEGO BATMAN

DJANGO

de Chris McKay

de Étienne Comar

À suivre.

de Mamane

À suivre.

mer-sam dim-lun

14h15 mer-sam dim-lun

16h00 mer-sam dim-lun

16h00 mer-sam dim-lun

17h30

CNP jeudi 20h00 C

I

N

du 29 mars au 4 avril

1

Les murs de séparation pour quoi faire ? 1h27’ VF 5’ BORDERLINES de Hanka Novakova 45’ UN MUR À JÉRUSALEM

19h30

LES INITIÉS

17h30

de John Trengove

À suivre.

1h43’

CESSEZ LE FEU

17h00 21h30

de Emmanuel Courcol 14h00 1h30’ AURORE 17h45 1h36’ de Blandine Lenoir 19h30 JONCTION 48 À suivre. 21h15 de Udi Aloni 14h00 1h57’ APRÈS 1h57’ 17h15 LA TEMPÊTE PREMIER CONTACT 21h15 de Hirokazu Kore-eda 19h30 À suivre.

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

1h45’ VO

YOUR NAME

LES TROIS LUMIÈRES

de Makoto Shinkai

de Fritz Lang

À suivre.

14h15 À MON ÂGE JE ME CACHE POUR FUMER 19h45 ENCORE de Rayhanna Obermeyer 1h48’

14h15 ADIEU MANDALAY 19h45 de Midi Z À suivre.

1h21’

11 MINUTES

21h45

de Jerzy Skolimowski

2h02’

L’HOMME AUX MILLE VISAGES

21h45

de Alberto Rodriguez

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

mercredi samedi dimanche

14h15

mercredi samedi dimanche

17h15

1h25’ Bimestriel du cinéma africain de Tours – BCAT n°6

dimanche

VEAU D’OR 1h25’ LE de Hassan Lezouli

11h30 22’

PARIS LA BLANCHE 14h30 de Lidia Terki

19h45

LA CONFESSION

17h30

YMÉNÉE de Violaine Maryam Bellet

Suivie d’un Brunch africain, offert après la séance

14h00 1h51’ ORPHELINE 19h15

de Arnaud des Pallières

lundi

1h56’ de Nicolas Boukhrief

Séance Cinélangues 1h38’ VO

L’OLIVIER

14h00 A UNITED KINGDOM de Amma Asante 19h00 14h30 19h45

1h22’

PRIS DE COURT de Emmanuelle Cuau

17h00 1h56’ SAGE FEMME 19h15 de Martin Provost 21h30

17h00

L’AUTRE CÔTÉ DE L’ESPOIR

17h00 21h30

1h38’

de Aki Kaurismaki

2h20’

LOST CITY OF Z de James Gray

1h20’

14h15 19h45

17h15 21h15

FANTASTIC BIRTHDAY

17h30 21h15

FIORE

21h45

de Rosemary Myers

14h15 19h00

mercredi

de Iciar Bollain

1h50’

de Denis Villeneuve

1h30’

JIBURO

Débat avec Elie Kheir, chercheur en géopolitique

1h40’

lundi

2017

de Lee Jung-Hyang

de Franck Salomé

SAUF

1h28’

1h43’

BIENVENUE AU GONDWANA

SEMAINE

2h03’

FÉLICITÉ

1h50’

de Alain Gomis

de Claudio Giovannesi

1h41’

JAZMIN ET TOUSSAINT de Claudia Sainte-Luce

1h48’

GIMME DANGER

21h45

de Jim Jarmusch

Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

2 du 5 au 11 avril

Les femmes dans les luttes armées aujourd’hui

CNP FEMMES CONTRE DAECH jeudi

Mercredi

2017 Samedi 8 avril 14h15

VO mercredi

14h15

VF 1h37’ WADJDA samedi 14h15 20h00 Débat avec Edouard Sill, historien. de Haifaa Al Mansour C I N É M A T H È Q U E 1h45’ VF dim-lun mardi 2h30’ YOUR NAME lundi BIG MAN de Makoto Shinkai 14h15 19h30 LITTLE de Arthur Penn 1h12’ sans paroles 1h56’ LESdeFIANCÉES EN FOLIE 16h00 SAUF Buster Keaton jeu-ven SAGE FEMME

53’ de Pascal Bourgaux

14h30 19h15 14h30 19h15

ATELIER mercredi & mardi

de Martin Provost

1h50’

L’OPÉRA de Jean-Stéphane Bron

1h48’

14h00 LES MAUVAISES 19h00 deHERBES Louis Bélanger 1h20’

16h00 FANTASTIC SAUF

jeu-ven

BIRTHDAY

de Rosemary Myers

14h15 1h35’ 15h45 CORPORATE SAUF

de Nicolas Silhol

19h45

Vendredi : rencontre avec le réalisateur après la séance de 19h45

jeu-ven

14h00 21h15

2h03’

FÉLICITÉ de Alain Gomis

1h20’

14h00 LA CONSOLATION 19h45 de Cyril Mennegun

16h15 SAUF

49’

LES P’TITS jeu-ven EXPLORATEURS 17h30 SAUF de divers réalisateurs

1h51’

ORPHELINE de Arnaud des Pallières

1h22’

PRIS DE COURT

de Emmanuelle Cuau

1h50’

A UNITED KINGDOM de Amma Asante

jeu-ven

17h00 21h30 17h15 21h30 17h30 21h30

1h25’

PARIS LA BLANCHE 17h45 de Lidia Terki

SEMAINE

C I N É M A T H È Q U E

17h30

PAULA de Christian Schwochow

LA JEUNE FILLE LES OISEAUX ET SON AIGLE 19h30 de Alfred Hitchcock lundi

de Otto Bell

1h29’

2017 VF 14h15 16h00 + mercredi 10h00 VO 17h30

49’

16h00 14h15 THE YOUNG LES P’TITS + mercredi LADY EXPLORATEURS 19h15 de William Oldroyd de divers réalisateurs 10h15 1h12’ sans paroles 14h30 1h43’ LES FIANCÉES 16h00 17h15 AUBIENVENUE GONDWANA EN FOLIE de Mamane de Buster Keaton 19h15

1h48’

1h35’

de Aki Kaurismaki

2h20’

LOST CITY 21h00 OF Z 1h41’

JAZMIN ET 21h15 TOUSSAINT

C

I

N

lundi

É

4 du 19 au 25 avril M

A

T

H

È

Q

U

E

Partenariat Cinémathèque/Studio Hommage à James Whale

19h30 1h15’ L’HOMME INVISIBLE mardi

19h30 1h10’ FRANKENSTEIN 21h00 1h10’ LA FIANCÉE DE FRANKENSTEIN

1h38’

AVANT-PREMIÈRE

vendredi DE TOUTES

2017

1h44’ VF

LEGO BATMAN

de Chris McKay

1h27’

JEUNE FILLE FORCES LA ET SON AIGLE 19h45 MES de Chad Chenouga Rencontre avec le réalisateur et Y. Moreau

de Otto Bell

14h15 SAUF

lun-mar + mercredi

10h00 VF 16h00 SAUF lun-mar VO

17h45 SAUF

lun-mar

49’ 14h15 1h43’ LES P’TITS 16h15 BIENVENUE 17h00 AU GONDWANA EXPLORATEURS SAUF lun-mar 21h15 de divers réalisateurs de Mamane 40’ sans paroles 16h15 14h15 1h43’ SAUF LA RONDE lun-ma CESSEZ 17h00 + DES COULEURS mercredi LE FEU de divers réalisateurs 21h15 de Emmanuel Courcol Atelier le mercredi après-midi 10h15

14h30 19h30

1h18’ 14h30 2h02’ L’HOMME AUX LA CONSOLATION 17h30 17h00 MILLE VISAGES de Cyril Mennegun 21h30 19h30 de Alberto Rodriguez

14h30 LES INITIÉS LES MAUVAISES 19h00 HERBES 19h15 de John Trengove de Louis Bélanger

1h45’

1h43’

14h00 LETTRES 3 000 NUITS 21h00 19h30 DE LA GUERRE de Mai Masri de Ivo M.Ferreira

L’AUTRE CÔTÉ 19h30 DE L’ESPOIR

SEMAINE

14h00 LES MAUVAISES 17h30 CORPORATE HERBES 21h30 19h15 de Louis Bélanger de Nicolas Silhol

1h38’

1h42’

1h56’

14h15 JE DANSERAI SAGE FEMME 21h15 de Martin Provost 19h30 SI JE VEUX de Maysaloun Hamoud

1h50’

17h15 21h15

L’OPÉRA de Jean-Stéphane Bron

PRIS DE COURT

21h45

de Emmanuelle Cuau

Le film imprévu : www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

1h51’

PATIENTS de Fabien Marsaud (Grand Corps malade) et Mehdi Idir

1h59’

QU’EST-CE QU’ON 19h00 ATTEND ? de Marie-Monique Robin

1h28’

1h48’

1h21’

2h02’

1h18’

1h29’

1h36’

1h45’

1h35’

1h42’

14h15 17h15 11 MINUTES L’HOMME AUX VISAGES 21h30 19h30 de Jerzy Skolimowski MILLE de Alberto Rodriguez YOUNG 17h30 16h00 LA CONSOLATION THELADY 21h30 de Cyril Mennegun de William Oldroyd

14h15 LETTRES 21h15 JONCTION 48 DE LA GUERRE 19h30 de Udi Aloni de Ivo M.Ferreira

1h22’

de Claudia Sainte-Luce

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

1h27’

2h

de James Gray

2h03’

3 du 12 au 18 avril

DANSERAI 21h45 17h45 CORPORATE JE SI JE VEUX de Nicolas Silhol de Maysaloun Hamoud

Le film imprévu : www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


FILM DU MOIS

Pris de court France – 2017 – 1h25, de Emmanuelle Cuau, avec Virginie Efira, Gilbert Melki, Marilyne Canto...

N

athalie est joaillière, elle a deux fils dont l’aîné est adolescent. Le père est mort et la famille, qui vivait au Canada, part s’installer à Paris où Nathalie a trouvé un emploi. Mais le premier jour, sur le chemin du travail, elle reçoit un coup de téléphone qui lui annonce qu’elle n’a plus le poste qui lui a été promis. Voulant protéger ses enfants, elle ne leur dit rien. C’est le début d’un terrible engrenage, dont il est difficile de raconter plus sans trop le déflorer... Emmanuelle Cuau n’est pas prolixe, c’est le moins que l’on puisse dire, car Pris de court est son troisième long métrage en vingtdeux ans ! Mais pour ceux qui les ont vus, Circuit Carole en 1995 et Très bien, merci en 2007 ont laissé de très beaux souvenirs. Comme dans ses deux précédents films, elle décrit ici un engrenage impressionnant dont on ne sait comment les personnages vont pouvoir se sortir. Pris de court est un heureux mélange, un film aussi ambitieux qu’il est distrayant. La

mise en scène au cordeau joue sur les ellipses ; dépouillée, dégraissée d’effets, elle ne s’encombre ni de fioritures ni de longueurs (le film dure 1h25). C’est aussi un véritable polar au suspense tout en tension et qui contient son lot de surprises. De plus, il n’oublie pas de s’ancrer dans le monde contemporain en partant d’une situation malheureusement banale, la perte d’un emploi du jour au lendemain et, parfois, la dégringolade qui s’ensuit. Définie par la réalisatrice comme un thriller familial, voilà une œuvre intelligente, assez brillante et portée par de superbes comédiens. Après Elle et Victoria, Virginie Efira confirme l’étendue de sa palette. Le cinéma d’auteur lui va comme un gant, sa blondeur, son allure et sa détermination rappellent ici celles des grandes héroïnes hitchcockiennes, et Gilbert Melki (déjà présent dans Très bien, merci), montre, dans un rôle glaçant, un aspect assez peu vu de son talent. Implacable et impeccable. JF

Le dimanche 2 avril à 16 heures l’Espace Malraux propose aux abonnés des Studio, munis de leur carte, un tarif préférentiel pour un spectacle de Daniel Colas retraçant la vie et la carrière de Charlie Chaplin : Un certain Charles Spencer Chaplin : 19,50 € au lieu de 39 €. http://espacemalraux-jouelestours.fr/un-certain-charles-spencer-chaplin

LES CARNETS DU STUDIO – n° 355 – Avril 2017 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°355 • Avril 2017


S

O

M

M

A

I

R

E

Avril 2017 - n° 355

Édito

....................................................

3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Bimestriel du cinéma africain de Tours

...............

PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE : autour de James Whale En bref

..

................................................

5 6

16 17

FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

............................................

18

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

À propos de

Compte-rendu

Festival Désir… Désirs

...............................

19

Cafétéria des Studio accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Courts lettrages

Jackie

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45

....

Bande annonce : Relations Islam et Occident

Le Disciple

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

..................................................

22 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

Rencontre avec

Anne-Dauphine Julliand

.............................

24

Rencontre avec

Julia Ducournau . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

À propos de

Les Confessions

......................................

28

Interférences

Moonlight/Loving. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Gros plan

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

Loving . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 GNCR

Vos critiques

.............................................

Jeune Public

..........................................

33 34

................

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

FILM DU MOIS : PRIS DE COURT GRILLE PROGRAMME

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Lucie Jurvilier, Françoise Chapoton et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


Comment garantir la diversité cinématographique ?

O

n apprenait dernièrement (NR du 16/04/17) que les travaux du Forum Méliès avaient commencé depuis la mi-janvier sur l’ancien site de Métro. Ces travaux avaient été longuement retardés par les multiples recours qu’avait déposés le groupe CGR contre son futur concurrent Davoine. Ce vaste projet immobilier comporte la création d’un nouveau complexe cinématographique de 9 salles (entouré d’un parking silo, de bureaux, restaurants, hôtel, logements…) qui devrait ouvrir en octobre 2018. Il est important de préciser de prime abord que les cinémas Studio ne se sont jamais opposés à la création de salles sur Tours nord puisque nous avions même accepté la gestion de salles communales dans un projet porté par l’ancienne municipalité, il y a 20 ans, projet que l’équipe municipale avait finalement abandonné. Certains abonnés s’étaient étonnés de ne pas voir les Studio porter de nouveaux recours. Devant l’unanimité de la CNAC1, nous avions décidé de nous engager dans un autre combat, législatif celui-là, en soutenant un projet de loi visant à modifier les critères de redistribution des aides aux salles et rééquilibrant les rapports de force avec les grands réseaux d’exploitants pour l’obtention des films (NR du 8/04/2014).

On avait également appris peu avant (NR du 11/02/17) que la CDAC2 avait accordé son feu vert pour un agrandissement du multiplexe Méga CGR des Deux Lions. Celui-ci verra dans les mois à venir 450 places s’ajouter aux 2400 places de ses 12 salles… C’est dire si la situation de concurrence cinématographique va s’exacerber dans l’agglomération dans les mois à venir… avec tous les risques que cela comporte au

éditorial

niveau de l’accès aux films de grande audience et de la santé économique des structures indépendantes comme la nôtre face aux puissants réseaux des multiplexes. En partenariat avec l’ACOR3, les Studio ont co-organisé un atelier de réflexion nationale le 14 mars dernier, rue des Ursulines, avec comme thématique «Quelles sont les conditions nécessaires pour garantir la diversité cinématographique sur tous les territoires?». De nombreuses institutions et structures nationales étaient présentes, de nombreux exploitants, ainsi que Laurence Franceschini, la médiatrice du cinéma ; nommé par le Premier ministre, le médiateur du cinéma intervient en cas de litiges relatifs à la diffusion des films en salle et notamment aux engagements de programmation que doivent prendre les exploitants de cinémas de plus de 6 salles, au niveau local ou national… C’est autour de ces engagements, indispensables pour que la diversité cinématographique puisse continuer à vivre, que les Studio travaillent depuis de nombreux mois. Mais cette diversité ne pourra sans doute être maintenue que par la fidélité à des principes réaffirmés depuis 53 ans pour les Studio, et par celle de son public conscient des enjeux et de la richesse d’une programmation mensuelle (une vraie exception culturelle) totalement indépendante. DP pour le CA des Studio 1 Commission Nationale d’Aménagement Commercial 2 Commission Départementale d’Aménagement Commercial 3 Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche

L'abonnement en ligne est possible sur le site des Studio : www.studiocine.com pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres. Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

3


JEUNE PUBLIC

USA – 1925 – 1h17, film en version restaurée de Buster Keaton, avec Buster Keaton, Ruth Dwyer, T. Roy Barnes…

James apprend qu’il est l’unique héritier d’une colossale fortune. L’héritage est cependant soumis à une condition impérative : être marié avant son prochain anniversaire ! Paniqué, le jeune homme a désormais en tout et pour tout un jour devant lui…

Tout public à partir de 6 ans

Mercredi 5 et mardi 11 avril, après ces deux séances, les enfants pourront retrouver Chloé dans la bibliothèque, pour découvrir différents visages du burlesque.

muet

Corée – 2005 – 1h27, de Lee Jung-hyang.

VF

Pour les vacances, Sang-Woo est confié à sa grand-mère qu’il ne connaît pas et qui vit à la campagne dans un dénuement total. Passionné de jeux vidéo, ce jeune citadin doit apprendre à cohabiter avec cette vieille femme aussi lente qu’une tortue…

Un bel hommage à toutes les grands-mères, qui mêle rire et tendresse.

Mercredi 29 mars, séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.

Tout public à partir de 5 ans

VF

Tout public à partir de 10 ans

VO

Tout public à partir de 11 ans

Japon – 2016 – 1h46, film d’animation de Makoto Shinkai.

Mitsuha, jeune lycéenne, vit à la montagne dans une famille traditionnelle et rêve de Tokyo. Taki, jeune lycéen, vit à Tokyo et rêve du calme de la montagne. Une étrange relation naît entre eux quand chacun se retrouve dans le corps de l’autre. Quel mystère se cache derrière ces rêves ? Un film fantastique, envoûtant par sa beauté et son scénario !

À partir de 4 ans

France – 2017 – 49 mn, courts métrages de divers réalisateurs.

Grâce à une seule rencontre, chacun des héros de ces quatre histoires touchantes va devenir le petit explorateur d’un monde à découvrir plein de surprises et d’amitié. Des contes de toute beauté où l’amitié rend la vie plus magique, une réflexion sur le thème de la différence et de la tolérance.

VO

VF

Arabie saoudite – 2013 – 1h37, de Haifaa Al-Mansour, avec Reem Abdullah, Waad Mohammed...

Wadjda, fillette de dix ans désire par-dessus tout un vélo pour faire la course avec son petit voisin. Mais nous sommes en Arabie saoudite, où les femmes n’ont pas le droit de conduire et les fillettes pas le droit d’enfourcher une bicyclette… Mercredi 5, séance tout public en VO ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.

34

Samedi 8 avril, séance Ciné-ma différence en VF.

Tout public à partir de 8 ans


Tout public à partir de 7 ans

VO

Tout public à partir de 9 ans

JEUNE PUBLIC

VF

Mongolie/USA/GB – 2017 – 1h27, documentaire de Otto Bell

En Mongolie, Aisholpan, jeune fille de treize ans courageuse et déterminée, va braver famille et traditions ancestrales pour parvenir à chasser le renard avec son aigle. Une vraie leçon d’humanité et de courage, dans des paysages sublimes.

À partir de 6 ans

VF

USA – 2017 – 1h45, film d’animation de Chris McKay.

Trois ans après La Grande Aventure Lego, Batman se retrouve sur le devant de la scène pour essayer de sauver la ville des griffes du Joker...

sans paroles

À partir de 3 ans

Au fil des saisons, les petits font l’expérience des couleurs qui procurent aussi des émotions, portent des sentiments et donnent du sens aux histoires… Mercredi 19 avril après la séance de 16h, nous proposons un atelier peinture pour continuer à faire chanter les couleurs… Le quart d’heure du conteur Mercredi 26 avril en début de séance, le conteur tourangeau Gaël Prioleau viendra raconter l’histoire du magicien des couleurs. VF

Grande-Bretagne – 1993 – 1h13, film d’animation de John Halas et Joy Batchelor. À partir de 6 ans

Lassés des mauvais traitements, les animaux de la ferme se révoltent contre le fermier. Ils le chassent et proclament une nouvelle société où tous les animaux sont égaux. Mais quelques-uns décident bientôt que certains sont plus égaux que d’autres. Destinée à tous, cette adaptation du chef-d’œuvre de George Orwell est un hymne à la liberté.

35


jeudi 30 mars - 20h00 Le Collectif Palestine 37, la LDH, RESF, les CEMEA et le CNP proposent :

LES MURS DE SÉPARATION : POUR QUOI FAIRE ? La chute du Mur de Berlin n’a pas enrayé la prolifération des murs dans le monde. Les gouvernants prétendent ainsi apporter une réponse aux conflits et menaces du moment. Ce faisant, ils contribuent souvent à défier le Droit, fabriquer de l’inégalité, violer les droits humains, miner le dialogue et l’espoir. Les murs sont-ils donc la solution ou le problème ? Films : Borderlines de Hanka Novakova (2016 – Tchéquie – 5’) et Un mur à Jérusalem de Franck Salomé (2007 – France – 45’) suivi d’un débat avec Elie Kheir, chercheur en géopolitique.

jeudi 6 avril - 20h00 Le CNP, Osez le féminisme 37 et Retirada 37 proposent :

LES FEMMES DANS LES LUTTES ARMÉES AUJOURD’HUI De tout temps et particulièrement dans la seconde partie du XXème siècle les femmes se sont impliquées physiquement dans des luttes armées (guerre d’Espagne, la Résistance, guerre d’Algérie…). Plus récemment dans les mouvements de guérillas au Pérou, au sein du PKK pour l’indépendance du Kurdistan et aussi contre l’avancée de l’islam fondamentaliste. Cet investissement d’une posture traditionnellement masculine est-il différent de celui des hommes ? A-t-il à voir avec

4

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

la question de l’émancipation des femmes ? Quelles questions soulève la mixité ? Il semblerait que les femmes n’accèdent pas souvent à des postes de commandement et qu’elles n’y gagnent pas toujours reconnaissance. Une fois le conflit terminé, quelle place ont-elles au sein de la société civile ? Film : Femmes contre Daech de Pascale Bourgaux ( 2016 – France – 53’) suivi d’un débat avec Edouard Sill, historien spécialiste de la question des femmes dans les engagements armés transnationaux.

jeudi 27 avril - 20h00 Peuples Solidaires, AED, Frères des Hommes, ATTAC, réseau Afrique 37, RESF et le CNP proposent :

ACCORDS DE PARTENARIAT AVEC L’AFRIQUE : UN NÉO-COLONIALISME Les traités de commerce international fleurissent partout. En Afrique, l’Europe est en négociation pour des accords de libre-échange aussi bien avec chacun des pays qu’avec des groupements d’États par régions. Ces accords, encore empreints d’un lourd héritage colonial, engendrent, depuis 1980, des plans successifs d’ajustements structurels imposés par des organismes internationaux. Cette politique néocoloniale a pour conséquence d’empêcher les paysans africains de vivre de leur travail et les pousse à l’exode rural ou à fuir la misère vers les pays occidentaux. Film : Afrique en danger de Maurice Oudet (2004 – Burkina Faso – 1h). Suivi d’un débat avec Sébastien Chailleux, responsable Afrique de l’association Peuples solidaires.

Séance BCAT 6 – Ciné-brunch Dimanche 2 avril - 11h30 Pour sa 6e édition, le BCAT vous propose deux films franco-marocains. • Un court métrage : HYMÉNÉE de Violaine Maryam Bellet (22’) La réalisatrice du film, qui vient d’être primé au Fespaco (Poulain d’or) en compétition court métrage, nous fera l’honneur de sa présence. Un homme et une femme se retrouvent seuls le soir de leur nuit de noce. Le désir, la peur et la maladresse les empêchent de s'accorder avant l’aube. Au moment d'exposer le drap nuptial taché du sang de l'épouse, ils doivent trouver un moyen de sauver les apparences et l'honneur de leurs familles...

• Un long métrage : LE VEAU D’OR de Hassan Lezouli (1h25) qui nous fera également l’honneur de sa présence. Afin qu'il ne tombe pas dans la délinquance, le père de Sami l’envoie au bled. Mais sur place, il ne supporte pas le choc des cultures et la sévérité du cousin chez qui il vit. Et puis Mélanie, sa fiancée, lui manque. Désespéré, il cherche à tout prix à revenir en France. Il décide de voler l’un des bœufs du roi, entrainant son cousin sur les routes du Maroc avec à leur poursuite, deux policiers zélés… Le désormais traditionnel brunch africain vous sera offert à la fin de la projection.

Soirée de Clôture du Marathon international du court métrage, 48 HFP 4e édition

Vendredi 28 avril - 19h30

Tours accueillera pour la 4e fois le concours international de courts métrages : 48 Hour Film Project (Faire un film en 48 heures) Les Films du Loup blanc, à travers le plus important marathon de courts métrages au monde, souhaitent donner la chance à tous les amoureux du cinéma de relever un défi, avec un principe simple : réaliser un film en 48 heures chrono ! La compétition posera de nouveau ses valises à Tours du 31 mars au 02 avril 2017 ! Pour Les Films du Loup blanc (co-producteur), aux côtés du Petit Studio, ce week-end est avant tout l'occasion pour chaque équipe de se révéler

en 48h seulement. « Un événement cinématographique unique qu’il semblait évident de partager avec notre partenaire depuis toujours, les cinémas Studio ». Créativité, talent et passion sont les maîtresmots de cette compétition internationale. Tous les films seront projetés et les meilleurs seront récompensés lors de la finale du 28 avril à partir de 19h30 aux Studio. Une soirée pleine de rebondissements, d'animations et d'échanges. Un rendez-vous à ne surtout pas manquer !

Les Films du Loup blanc www.48hourfilm.com/tours www.filmsloupblanc.com Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

5


Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO

Autour de James Whale résultats. Le temps presse car la drogue le rend de plus en plus incontrôlable… Les effets spéciaux de John P. Fulton apportent au film une poésie et une beauté pleines d’étrangeté.

Mardi 25 avril à 19h30

Frankenstein

Le lundi 24 et le mardi 25 avril, dans le cadre d’un partenariat avec les Studio, la Cinémathèque rendra hommage au grand James Whale, en projetant ses trois films les plus emblématiques : Frankenstein, L’Homme invisible et La Fiancée de Frankenstein. Trois chefs-d’œuvre, grâce auxquels le réalisateur révélera Boris Karloff et Claude Rains, créera une esthétique (influencée par l’expressionnisme allemand) aux fulgurances poétiques, devenue la référence du genre, en termes de maquillages (créés par Jack Pierce), de décors, d’éclairages… Malgré ces indéniables réussites, à partir de 1937, Universal ne lui permettra plus de réaliser des films comme il l’entendait. En 1957, malade et oublié, Whale se jettera dans sa piscine, vide. IG

USA - 1931 - 1h11, de James Whale, avec Boris Karloff, Colin Clive, Mae Clarke…

Henry Frankenstein, un jeune scientifique, parvient à donner la vie à un être constitué de morceaux de cadavres assemblés. Malheureusement pourvue du cerveau d’un criminel, la créature va échapper à tout contrôle et, sans le vouloir, se montrer violente, jusqu’à tuer. Les villageois vont se liguer pour faire disparaître ce qu’ils considèrent être l’incarnation du Mal… James Whale propose une vision personnelle du chef-d’œuvre de Mary Shelley et, en donnant à voir une créature victime de la cruauté des hommes et souffrant de cet état, il a largement contribué à la redéfinition de la monstruosité. Il a fait de sa créature un mythe !

Mardi 25 avril à 21h00

La Fiancée de Frankenstein

USA - 1933 - 1h15, de James Whale, avec Claude Rains, Gloria Stuart, Henry Travers…

Un homme, à l’apparence et à l’attitude étranges, séjourne dans une auberge du Sussex. Quand la police vient lui poser quelques questions, il se débarrasse de ses lunettes, gants et bandelettes et, littéralement, disparaît ! Il s’agit, en fait, de Jack Griffin, un chercheur qui a trouvé la formule pour devenir invisible. Son problème, désormais, parvenir à élaborer celle qui lui permettra d’inverser les

6

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS D’AVRIL : The Newest Sound Around de Jeanne Lee avec Ran Blake (Studio 1-2-4-5-6) et Breakin’away de Al Jarreau (Studio 3-7).

Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Wadjda - samedi 8 avril - 14h15 (voir page 34)

11 minutes

2016 – Pologne – 1h22, de Jerzy Skolimowski, avec Richard Dormer, Paulina Chapko, Wojciech Mecwaldowski, Dawid Ogrodnik, Andrzej Chyra...

Soit, dans notre monde moderne, un ancien prisonnier devenu vendeur de hot-dogs, un dealer, une actrice au fort sex-appeal, une bande de bonnes sœurs affamées (si, si...) et quelques autres personnages tout aussi hauts en couleur... Pendant 11 minutes, leurs destins vont se croiser et nous allons jubiler toute la durée du film ! Cinéaste à la carrière remarquable (Deep End, Travail au noir, Le Bateau phare...) Skolimowski s’offre ici un extraordinaire coup de culot puisque 11 minutes raconte en 1h22 une tranche de la vie d’une ville qui dure... 11 minutes... Ce qui bien entendu revient à dire qu’il nous faudra reconstituer un puzzle, dont chaque fragment correspond à une vision différente du même événement. En gros nous avons affaire à 25 personnages sur lesquels il nous faudra sans cesse revoir notre jugement, insérés dans 10 points de vue différents... Le tout, apparemment, fait avec un tel brio que le spectateur ne s’y perd pas ! Sources : inrocks.com

3 000 nuits

USA - 1935 - 1h30, de James Whale, avec Boris Karloff, Colin Clive, Elsa Lanchester….

Liban – 2015 – 1h43, de Mai Masri, avec Mais Abd Elhadi, Izabel Ramadan…

La créature a survécu aux flammes et continue à provoquer la terreur. Elle finit par trouver refuge chez un ermite aveugle qui va lui permettre de comprendre que les hommes peuvent être bons. Mais découverte, elle doit fuir à nouveau. C’est alors qu’elle rencontre le Docteur Pretorius, prêt à tout pour lui fabriquer une compagne : de quoi donner de l’espoir à cet être assoiffé d’amour… Le film est absolument bouleversant, notamment en raison de l’interprétation exceptionnelle de Boris Karloff !

Dans les années 1980 Layal, une jeune institutrice palestinienne, est injustement condamnée par un tribunal israélien à huit ans de prison ferme. Jeune mariée, elle est enceinte et décide de garder son enfant. Avec ses codétenues elle se lance dans une grève de la faim suite aux massacres de Sabra et Chatila... Bouleversée par le récit d’une Palestinienne lors d’un tournage à Naplouse, la réalisatrice Mai Masri a décidé de raconter son histoire non pas sous forme d’un documentaire comme elle le fait depuis 20 ans (récompensés dans de nombreux festivals), mais sous forme de fiction afin de « capturer la magie du moment et développer une esthétique poétique » et de toucher un plus large public. « À un moment où le processus

Lundi 24 avril à 19h30

L’Homme Invisible

Les films de A à Z politique est bloqué, il est plus urgent que jamais pour nous d’utiliser l’art et la créativité pour exprimer au monde nos rêves et nos histoires d’espoir, de justice et d’humanité. » Sources : telerama.fr – cheekmagasine.fr

Adieu Mandalay Birmanie - 2016 - 1h48, de Midi Z, avec Ko Chen-Tung, Wu Ke-Xi…

A

Lian-Quing, jeune femme en quête de travail, quitte la Birmanie en direction de Bangkok avec pour objectif au bout du voyage, sinon la richesse, du moins une vie meilleure, peut-être même à Taiwan ! Mais la route est longue et chaque étape, qu’il s’agisse d’hébergement ou de passeurs à payer, coûte sa poignée de billets, comme si échapper à la pauvreté vous demandait d’être riche... Sa route croisera celle de Guo, autre migrant de l’espoir, mais aussi une filature d’où il est interdit de sortir... Midi Z semble s’être refusé au « pamphlet » ou au film de dénonciation. Il utilise au contraire sa très grande maîtrise filmique pour aller vers le sensible et la beauté. Sources : dossier de presse

ÀFrance/Grèce/Algérie mon âge je me– 2017 cache encore pour fumer – 1h30, de Rayhana Obermeyer, avec Hiam Abbass, Nadia Kaci, Biyouna

Le hammam est pour les musulmanes le seul endroit où leur parole peut se libérer complètement. Elles sont neuf, aux âges, situations et physiques très divers, qui s’interpellent, fument des cigarettes, se racontent, partagent leurs rires et leurs colères, qu’elles soient « bâchées » ou « décapotables ». Rayhana Obermeyer s’est inspirée d’une pièce de théâtre qu’elle a écrite directement en français. Ce qu’elle montre ne concerne pas que les musulmanes confrontées au machisme d’un islam passéiste mais toutes les femmes en quête de leur dignité. Des problématiques fortes (amour, mariage, éducation, liberté…) mais traitées avec beaucoup d’humanité et d’humour. Sources : dossier de presse Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

7


Après la tempête Japon – 1h57 – de Hirokazu Kore-Eda, avec Hiroshi Abe, Kirin Kiki, Riri Furanki, Yoko Maki…

Ryota, divorcé de Kyoko et écrivain, cumule les désillusions malgré des débuts littéraires prometteurs. L’argent gagné de son travail, parfois sordide, de détective devrait lui permettre de payer la pension alimentaire de son fils de 11 ans, Shingo… mais il le disperse en jouant aux courses et à la loterie. Ryota souhaite pourtant vouloir regagner la confiance de ses proches et plus particulièrement celle de son fils. L’intention n’est pas aisée… jusqu’au jour où un typhon contraint cette famille disloquée à partager une nuit ensemble… Après la tempête nous permet de retrouver l’univers touchant de Kore-Eda, réalisateur des magnifiques films Nobody Knows (2004) et Still Walking (2008), cet « infatigable peintre des familles japonaises ». Sources : dossier de presse ; lemonde.fr.

A United Kingdom

Grande-Bretagne – 2016 – 2h10, d’Amma Asante, avec David Oyelowo, Rosamund Pike, Tom Felton, Jack Davenport…

En 1947 Seretse Khama et Ruth Williams tombent éperdument amoureux l’un de l’autre. Or Seretse est le jeune roi du Botswana et Ruth une jeune Londonienne de 24 ans, si bien que tout s’oppose à leur amour : leur famille respective, les lois anglaises et sud-africaines, leurs différences… Pourtant le jeune couple va tenir bon, jusqu’à défier l’apartheid. Surmontant toutes les épreuves, leur histoire d’amour va changer le pays, entre autres… Après A Way Of Life (2004), Hunted By Their Families (2007) et Belle (2013), la réalisatrice britannique a adapté le livre Colour Bar de Susan Williams, inspiré de faits réels. Source : dossier de presse.

Aurore

France – 2017 – 1h29, de Blandine Lenoir, avec Agnès Jaoui, Thibault de Montalembert, Pascale Arbillot…

Aurore cumule les difficultés : elle vit seule à la suite d’une séparation et du départ de sa fille cadette, vient de perdre son emploi et apprend qu’elle va être grand-mère. Et si, dans cette période de déconstruction / reconstruction, tout devenait possible ? Si, malgré les humiliations subies, elle profitait d’une nouvelle sensation de liberté dont elle n’a pas l’habitude ? Le cinéma français laisse peu de place aux femmes de cinquante ans : « J’ai eu envie de leur rendre hommage, leur donner – et me donner – envie

8

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

de vieillir » confie la réalisatrice. Son film, porté par la richesse du jeu d’Agnès Jaoui, se décline en saynètes tantôt émouvantes, tantôt très drôles, mais toujours percutantes.

ans il rentre chez lui, où il retrouvera un frère encore plus traumatisé que lui par la guerre et fera la rencontre d’une jeune professeure de langue des signes. Pour son premier film E. Courcol (scénariste habituel chez P. Lioret) a choisi de tenter l’équilibre entre plusieurs pôles : aventure physique, aventure intérieure, reconstruction personnelle... On peut imaginer que la distribution exceptionnelle qu’il s’est offerte ne pourra que l’y aider !

Sources : dossier de presse

L’Autre côté de l’espoir Finlande – 2017 – 1h38 de Aki Kaurismäki, avec Sakari Kuosmanen, Sherwan Haji…

Sources : dossier de presse, critique-film.fr

Alors que Wikhström, la cinquantaine, décide de changer de vie en quittant sa femme alcoolique et son travail de représentant de commerce pour ouvrir un restaurant, Khaled, un jeune réfugié syrien, échoue à Helsinki par erreur. Bien que sa demande d’asile ait été rejetée il décide de rester. Un soir Wikhström le trouve dans la cour de son restaurant et décide de l’aider… Après son escapade française dans le très beau Le Havre (11), on attendait le nouveau film du réalisateur finlandais. Le voici revenu dans sa ville préférée, Helsinki, et, à la vue de la bande annonce, on a la sensation de retrouver son monde si particulier qu’on avait tant aimé dans Leningrad Cowboys (89), J’ai engagé un tueur (90), Au loin s’en vont les nuages (96), L’Homme sans passé (02) ou Les Lumières du faubourg (06).

La Confession

France - 2016 - 1h56, de Nicolas Boukhrief, avec Romain Duris, Marine Vacth, Anne Le Ny…

Sources : dossier de presse

Bienvenue au Gondwana France – 2016 – 1h43, de Mamane, avec Antoine Gouy, Michel Gohou, Digbeu Cravate…

B

Accompagné d’un notable français très calculateur, Julien Franchon est un énarque du Quai d’Orsay parachuté au Gondwana (pays imaginaire très exactement situé au Nord de quelque part et au sud de là) pour surveiller la mise en place des premières élections libres. Au cours de l’aventure il rencontrera les ministres du Président fondateur, découvrira l’étendue de la corruption, tombera amoureux d’une femme rebelle et du reggae de Tiken Jah Fakoly… Mamane dessine de jolis personnages perdus dans un monde absurde qui les dépasse. Humoriste chroniqueur sur RFI devenu réalisateur, il cache sa visée morale sous les atours de la comédie et du conte universels, dans un rire toujours communicatif.

La Consolation France – 2017 – 1h20 de Cyril Mennegun, avec Alexandre Guansé, Corinne Masiero…

Sources : dossier de presse, Première.

Cessez-le-feu

France/Belgique – 2016 – 1h43 de Emmanuel Courcol, avec Romain Duris, Céline Sallette, Grégory Gadebois...

Ancien héros de la guerre 14, Georges a fui la France (et l’on pourrait dire le monde) pour l’Afrique ; après 4

En 1945, dans une petite ville occupée par les Allemands, toutes les employées d’un bureau de poste n’ont pas assez de mots pour vanter les qualités du jeune et charismatique abbé Morin, nouvellement nommé dans la paroisse. Toutes sauf une, Barny, une jeune femme communiste et athée, sans nouvelles de son mari prisonnier en Allemagne. Décidée à défier le prêtre, elle se rend au confessionnal pour lui asséner quelques vérités sur Dieu et ceux comme lui qui prêchent la bonne parole. Leurs joutes verbales répétées vont peu à peu ébranler les convictions de Barny.… En 1952 Béatrix Beck obtenait le prix Goncourt pour son roman autobiographique Léon Morin Prêtre. En 1961 Jean-Pierre Melville en proposait une adaptation avec Emmanuelle Riva et Jean-Paul Belmondo, inoubliables. Nicolas Boukhrief réussit à apporter un regard neuf sur l’œuvre, sur cet « amour autrement » comme il définit cette histoire, avec la volonté de « faire un film sur la religion de façon ouverte, simple et positive » (cf lepoint.fr), tout en laissant entrevoir les failles de l’homme de foi. Avec son interprétation de Barny, Marine Vacth prouve qu’elle est mieux que belle : elle est intense; tandis que Romain Duris, lui, confirme qu’il est un très, très grand comédien. On les quitte bouleversé. IG

C

C’est décidé, Daniel part retrouver cette femme et le territoire perdu de son enfance pour y chercher la vérité et, qui sait, une consolation… Après le formidable succès de Louise Wimmer (douze récompenses dont le prix Louis Delluc et le César du meilleur premier film), Cyril Mennegun a refusé de faire un second film dans la même veine sociale. Par souci de la liberté il a choisi un film aux antipodes, tra-

versé par la même foi dans la capacité d’expression du cinéma. Il a donc choisi de faire un film pas cher, sans pression économique, un film pour creuser ses obsessions : « Dans La Consolation, j’explore un monde fait de temps, d’atmosphère, de lumière. Avec une forte présence de la nature et un Paris solitaire, réduit à peu de choses. J’avais envie de beauté, de cadres, d’images fixes, de précision, d’attention au moindre détail… On se dit : dieu – ou le diable, c’est selon ! – se cache dans les détails. J’ai l’impression que j’ai trouvé là ce qui est vraiment le point de départ de ma manière de faire du cinéma dans l’avenir. » Serez-vous prêt à vous laisser tenter par cette invitation… et notamment à retrouver la précieuse Corinne Masiero ? Sources : dossier de presse

Corporate

France – 2016 – 1h35, de Nicolas Silhol, avec Céline Sallette, Lambert Wilson, Stéphane de Groodt, Violaine Fumeau, Alice de Lencquesaing…

Émilie Tesson-Hansen est une jeune et brillante responsable des Ressources Humaines – une «killeuse « proactive –, ce qui lui vaut la confiance de sa hiérarchie. Très efficace, peut-être trop, elle est impliquée dans une enquête consécutive à un événement dramatique au sein de son entreprise. Se retrouvant bientôt en première ligne, confrontée à l’inspectrice du travail et menacée par ses chefs, Émilie tente de trouver une issue. Jusqu’où pourra-t-elle rester « corporate » ? Après Tous les enfants s’appellent Dominique (2008) et L’Amour propre (2010), deux courts-métrages sélectionnés dans des festivals et primés, Nicolas Silhol nous propose son premier long-métrage. Avec une superbe distribution et une mise en tension remarquable, Corporate nous transporte dans un univers du travail implacable. RS Vendredi 7 avril, CiCliC et les cinémas Studio proposent une rencontre avec Nicolas Silhol après la projection de 19h45.

De toutes mes forces France – 2017 – 1h38, de Chad Chenouga, avec Khaled Alouach, Yolande Moreau.

D

Sous ses allures de dandy Nassim, élève d’un grand lycée parisien, semble aussi insouciant que ses copains. Si personne dans ce milieu protégé ne se doute qu’en réalité sa vie n’est pas aussi facile qu’il l’affirme, c’est qu’il met toute son énergie à cacher qu’à la suite du décès de sa mère il se retrouve dans un foyer où tout s’oppose à l’existence dont il rêve. Il mène dès lors une vie de funambule, faite de décalages, de découragements, d’espoirs et de renoncements… sous Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

9


l’œil attentif de la directrice du centre – formidable Yolande Moreau ! De toutes mes forces est un de ces premiers films dont on parlera. Parfois drôle, souvent émouvant mais surtout ancré dans la réalité, il révèle les failles de notre société dans l’égalité des chances données à chacun. Mention spéciale au jeune Khaled Alouach qui interprète avec une grande sensibilité, cet adolescent déchiré entre deux mondes. SB Avant-première à 19h45 le vendredi 21 et rencontre avec Chad Chenouga, le réalisateur et Yolande Moreau après la séance.

Django

France – 2016 – 1h57, de Étienne Comar, avec Reda Kateb, Cécile de France, Beata Palya...

Tout le monde (ou presque !) a entendu des morceaux de Django Reinhardt, l’un des plus célèbres guitaristes jazz qui soient et quasi inventeur du style jazz manouche. On connaît aussi quelques éléments de sa biographie et, notamment, la perte de l’usage de plusieurs doigts qui, paradoxalement, semble presque avoir dopé sa virtuosité ! On connaît peut-être moins cet épisode de sa vie où, célèbre et courtisé en France pendant l’Occupation, alors que c’est par milliers que les Gitans étaient envoyés dans des camps, le Reich aurait aimé le faire jouer... à Berlin ! Reinhardt décide alors de s’enfuir vers la Suisse avec sa femme enceinte ; périple qui s’avérera infiniment plus compliqué que prévu...

Félicité

France – 2017 - 2h03, de Alain Gomis, avec Véronique Beya Mputu, Gaetan Claudia…

Félicité est une femme indépendante et fière qui chante, la nuit, dans un bar de Kinshasa. Mais sa vie bascule quand son fils de 14 ans a un accident de moto et qu’il faut qu’elle trouve l’argent pour payer l’opération et les frais d’hôpital. À sa suite nous allons parcourir les rues de la capitale congolaise, prenant le pouls fiévreux d’une grande ville africaine, entre misère, art de la débrouille et musique ensorcelante. Avec ce film puissant on retrouve le goût du réalisateur franco-sénégalais de L’Afrance (02), Andalucia (08) et Aujourd’hui (13) pour un mélange assez détonnant entre drame social et envolées oniriques. «Un film se construit sur des années, en convoquant une multitude de choses différentes. À l’origine de celui-ci il y a des personnages existants, des femmes fortes qui n’acceptent pas la compromission, qui prennent tout de plein fouet et ne plient pas sous les coups. » Ce portrait intense a reçu le Grand prix du jury à le dernière Berlinale et l’Étalon d’or au Fespaco, le plus grand festival de cinéma panafricain. DP

G

Après le magnifique Paterson en décembre dernier, Jim Jarmusch revient avec un documentaire sur les Stooges, groupe au sein duquel a débuté Iggy Pop. Mélange de rock, blues, R&B et free jazz, leur style avait fait fureur dans le paysage musical de la fin des années 60. Le réalisateur présente avec un grand sens du découpage / montage le contexte politique, culturel et historique dans lequel il a émergé. La réussite est totale : voilà un film passionné et passionnant, bourré d’énergie, d’anecdotes très drôles, et qui mélange interviews, images d’archives et séquences d’animation. Si l’on ajoute les chansons et le charisme irrésistible d’Iggy Pop, on comprend que Gimme Danger ait été ovationné au dernier festival de Cannes. Sources : dossier de presse

H

Fantastic Birthday Australie - 2016 - 1h20, de Rosemary Myers, avec Bethany Withmore, Harrison Feldman, Eamon Farren…

Années 70 en Australie... Alors que la plupart des enfants ont hâte de grandir, Greta, jeune fille repliée sur elle-même, ne veut pas avoir 15 ans et ne peut s’ouvrir de ses peurs qu’à son seul ami, Elliott qui, luimême, brille peu par ses talents de relations sociales... Alors, quand ses parents lui annoncent qu’ils veulent fêter son anniversaire en organisant une fête mémorable, la panique l’étreint. Le soir de l’événement, elle bascule dans un univers parallèle effrayant, absurde et érotique, dans lequel elle va devoir faire face à ses angoisses : épreuve nécessaire pour parvenir à ce nouvel âge ? Couleurs et vêtements kitchissimes, humour des détails d’une mise en scène très moderne, famille gentiment dysfonctionnelle... Fantastic birthday mélange les genres pour notre plus grand plaisir ! ER

La Ferme des Animaux Les Fiancées en folie Voir pages Jeune Public

10

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

Fiore

Italie – 2017 – 1h50, de Claudio Giovannesi, avec Daphne Scoccia, Valerio Mastandrea

Chassé-croisé entre Daphne, 17 ans, qui est emprisonnée pour des vols avec violence, et son père, libéré au bout de sept ans d’incarcération. Deux individus mal partis dans la vie, mais aimants, qui ont l’un pour l’autre une profonde affection. Dans sa prison pour jeunes délinquants Daphne rencontre Josh, 18 ans, et entre eux se noue petit à petit une relation pudique, douce, qui les aide tous deux à mieux vivre un présent difficile. Nulle démagogie, pas de manichéisme ni de caricature dans ce beau film sobre et fort qui n’édulcore pas la misère psychologique d’une jeunesse qui ne se voit pas d’avenir ni l’âpreté de l’univers carcéral, mais refuse en même temps toute noirceur factice. La mise en scène et les interprètes sont très convaincants. AW

L’Homme aux mille visages Espagne – 2017 – 2h02, de Alberto Rodriguez, avec Eduard Fernandez, Jose Coronado…

Agent secret espagnol véreux, Francisco Paesa est engagé pour résoudre une affaire de détournement au plus haut niveau de l’état. Il y voit le moyen de se venger du gouvernement qui l’avait autrefois trahi et de s’enrichir… en trompant tout un pays ! Après le spectaculaire succès de La Isla Minima (5 Goyas) qui auscultait les dernières années du franquisme au travers d’une enquête menée dans les marais andalous, Alberto Rodriguez se permet de se lancer dans un vieux projet souvent repoussé pour des raisons financières, dont notamment le tournage dans de nombreux pays. Dans cette histoire incroyable, mélange des affaires Cahuzac et Balkany, le réalisateur développe un véritable talent dans la gestion de l’espace, dans la façon de filmer la géométrie des villesmondes (Madrid-Paris-Genève-Singapour), et dans l’adrénaline qu’il insuffle pour rythmer des décennies de mensonges et de leurres. C’est sans doute au détriment des personnages, mais comment s’étonner de leur détestable froideur ? DP

Sources : dossier de presse

F

Gimme Danger

USA – 2017 – 1h48, de Jim Jarmusch, avec Iggy Pop, Ron Asheton, Scott Asheton…

un homme, désormais c’est en tant qu’instructeur qu’il y retourne. C’est aussi le seul moyen pour lui, le taiseux, de revoir Vija, un autre instructeur. Cette fois il lui a été expressément demandé d’être le guide de Kwanda, un jeune étudiant, que le père trouve trop délicat, trop sensible. En remettant en cause les diktats imposés par la tradition, en ne répondant pas aux questions qu’on lui pose, tout en formulant des interrogations que personne n’ose ou ne veut se poser, Kwanda va jeter le trouble, autant chez les initiés que chez les initiateurs, et particulièrement chez Xolani. Quelle blessure cache ce dernier (le film s’intitule originellement The Wound) ? Quand Kwanda voit ce qui n’aurait pas dû être vu, Xolani se trouve au pied du mur et dans l’obligation de faire un choix… Ce film, extrêmement fort par son sujet, son interprétation, son travail sur l’image (elle parvient à nous faire ressentir le moindre frémissement qu’il soit de feuillage, de peau, ou des ombres de la nuit), nous interroge sur ce qu’est un homme, la difficulté à devenir soi-même et pas seulement dans une société bridée par la tradition. IG

Jazmin et Toussaint

Mexique – 2017 – 1h41, de et avec Claudia Sainte Luce, Jimmy Jean-Louis…

J

À 60 ans, après de nombreux ennuis de santé, Toussaint s’installe chez sa fille Jazmin qui vit à Mexico. D’origine haïtienne, il est un parfait inconnu pour cette fille qu’il n’a jamais su aimer, toujours ailleurs. Pendant cette cohabitation forcée il recompose le puzzle de son passé et Jazmin apprend à le connaître… L’actrice-réalisatrice reprend le rôle qu’elle tenait dans son premier film, Les Drôles de poissons-chats (2013), un film formidable primé dans divers festivals dont celui de Toronto. En grande partie autobiographique, ce deuxième long-métrage, qu’elle considère comme « un processus de soin personnel », a pour titre original La Boîte vide : « Chacun vient au monde avec une boîte pleine de personnes, de souvenirs, et quand on est atteint par la maladie d’Alzheimer la boîte se vide peu à peu… » Sources : dossier de presse – jornada.uma.me

I

Les Initiés

Afrique du Sud/Allemagne/Pays-Bas/France - 2016 - 1h28, de John Trengrove, avec Nakhane Touré, Bongile Mantsai, Niza Jay Ncoyini…

Je danserai si je veux Palestine – 2016 – 1h42, de Maysaloun Hamoud,

Xolani, comme chaque année, interrompt son travail de cariste pour s’en retourner dans les montagnes du Cap Oriental, en Afrique du Sud. Si son premier voyage l’avait mené dans ces contrées afin d’être initié au ukwaluka, un rite traditionnel nécessaire pour devenir

Leila, Salma et Noor sont trois jeunes femmes palestiniennes qui vivent en colocation à Tel Aviv. Leila est avocate, Salma serveuse et Noor, encore étudiante, doit bientôt se marier. Le film est la chronique de leur quo-

avec Mouna Hawa, Sana Jammalieh, Shaden Kanboura...

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

11


tidien, de leurs joies et de leurs déconvenues. Il questionne la place des femmes, de leur liberté, face à une société qui ne leur en reconnaît pas suffisamment et dans laquelle la question de la religion est prépondérante. Des sujets assez souvent abordés, soit, mais le film apporte un air frais. Entièrement filmé du point de vue des femmes, il ne se complaît dans aucun dolorisme et c’est l’action, voire parfois l’humour (même si certaines situations sont très graves), qui dominent ici. Ces trois héroïnes aux trajectoires, attitudes et croyances différentes, ont pourtant une force commune, celle des battantes qui ne se laissent plus manipuler. Ce premier long métrage, réalisé par une femme et produit par Shlomi Elkabetz (réalisateur et frère de la regrettée Ronit) est décapant, stimulant, énergisant. JF

Jiburo La Jeune fille et son aigle VO VF Voir pages Jeune Public

Jonction 48

USA/Allemagne/Israël – 2016 – 1h36, de Udi Aloni, avec Tamer Nafar, Samar Qupty, Salwa Nakkara…

Dans un ghetto arabe de la ville de Lyd, à 20 minutes de Tel Aviv, Kareem, rappeur palestinien, mène une vie faite de petits boulots et de virées entre potes. Lui et son amie Manar doivent lutter pour s’aimer et s’exprimer par leur musique, que ce soit dans leur ghetto rongé par la criminalité ou sur la scène hip-hop de TelAviv… Le drame social est inspiré de l’histoire vraie du rappeur palestinien Tamer Nafar, un jeune Arabe vivant en Israël qui utilise la musique pour protester contre l’oppression politique et le conservatisme de la société. Udi Aloni veut dresser le portrait d’une nouvelle génération de jeunes Arabes qui cherchent la normalité à travers leur amour et la musique. Il met l’accent sur la lutte pour l’égalité des droits pour les Arabes israéliens. Sources : dossier de presse.

L

Lego Batman Voir pages Jeune Public Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

12

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

de la guerre Lettres Portugal – 2016 – 1h45, de Ivo M. Ferreira, avec Miguel Nunes, Ricardo Pereira..

.

Entre 1971 et 1973, un jeune médecin est envoyé en Angola pendant la guerre coloniale. Récemment marié et bientôt père, il écrit abondamment à sa femme de magnifiques lettres d’amour. Ce jeune médecin deviendra bientôt le grand écrivain Antonio Lobo Antunes et 280 de ces lettres poétiques et passionnées ont été publiées en 2006 aux éditions Christian Bourgois. Le film, qui rappelle par certains aspects le très beau Tabou de Miguel Gomes, a été tourné dans un somptueux noir et blanc. Les images du quotidien de ce jeune médecin militaire sont accompagnées, en voixoff, par la lecture des lettres. De ce dispositif, qui pourrait paraître artificiel, Ivo M. Ferreira (dont c’est la première œuvre distribuée en France) fait quelque chose d’étonnant, à la fois témoignage d’un passé récent (et peu glorieux) du Portugal et ode amoureuse troublante. Lettres de la guerre est un voyage épistolaire singulier et envoûtant. JF

O

Lost City of Z

Acculé par ses dettes et son impossibilité de rembourser Patenaude, implacable usurier, Jacques décide de quitter sans plus attendre Montréal. Sa fuite l’entraîne

Sources : dossier de presse, filmsquebec.com

C’est le portrait d’une femme à quatre âges de sa vie. Kiki, petite fille, passe son enfance à la campagne, jusqu’au jour où une tragique partie de cache-cache bouleverse son existence. Adolescente, prénommée Karine, elle est ballottée de fugue en fugue, d’homme en homme, pour échapper au triste foyer familial. Désormais Sandra, à vingt ans, elle monte à Paris et frôle la catastrophe. Femme accomplie enfin, Renée pense désormais être débarrassée de son passé... Quatre actrices différentes pour une seule et même héroïne qui incarne le mouvement et la transformation, la manière dont chaque être avance à différentes périodes de sa vie. Même dans les moments difficiles elle n’est jamais une victime mais une femme qui se construit contre et avec les autres. Le réalisateur explore un nouveau territoire après Michael Kohlhaas, son dernier long métrage en 2013.

L’Olivier

VO

Espagne – 2015 – 1h38, de Icíar Bollaín, avec A. Castillo, J. Gutiérrez, J. Lara... Genre : Drame

Ana traverse l'Europe pour récupérer un olivier millénaire ayant appartenu à ses ancêtres. Car, depuis qu'il a été vendu, son grand-père se laisse mourir. Elle part avec son oncle, un homme ruiné, et son ami Rafa... Une bouleversante aventure donquichottesque qui va les amener à traverser « un monde rongé par la corruption et le consumérisme et les contradictions d’un monde qui ne respecte plus rien ». Un beau film très sensible. ER

Pour gagner du galon, le major Fawcett accepte la mission que lui confie la Royal Geographic Society en 1906 : cartographier une zone inconnue de l’Amazonie. Il y entrera en contact avec les tribus amérindiennes et découvrira des restes archéologiques de ce qu’il pensera être une civilisation disparue. D’où son obsession pour la découverte d’une cité perdue qu’il nommera Z. En 1925, il montera une nouvelle expédition avec son fils aîné dont il ne reviendra jamais… Passionné par le best-seller de David Grann paru en 2009, James Gray avait décidé de porter cette histoire particulièrement romanesque à l’écran. Mais il lui faudra huit années pour réussir à tourner ce projet difficile sans cesse reporté. Et l’auteur (pourtant particulièrement new-yorkais) de Little Odessa The Yards, La Nuit nous appartient et The Immigrant, réussit un véritable chef-d’œuvre, à la fois grand spectacle à la magnifique photographie et récit intimiste bouleversant. Un film à ne pas manquer. DP

avec Alexis Martin, Gilles Renaud, Luc Picard…

sortie de scène. J.-S. Bron porte autant d’attention à ceux qui sont dans l’ombre qu’à ceux qui sont dans la lumière, qu’ils appartiennent à l’équipe technique ou au corps de ballet, qu’ils soient anonymes ou en haut de l’affiche, « reprenant ainsi une des caractéristiques des opéras véristes italiens du XIXe siècle, où tous les protagonistes, grands et petits, étaient traités avec la même attention ».

Mercredi 29 mars – 17 heures Séance Cinélangues gratuite pour les enseignants d'espagnol sur inscription à : monmarche@studiocine.com en précisant le nom et l'établissement. Ce film pourra faire l'objet de séances scolaires (contact et renseignements à la même adresse).

USA – 2017 – 2h20, de James Gray, avec Charlie Hunnam, Sienna Miller, Robert Pattinson

Mauvaises herbes Les Canada - 2015 - 1h48, de Louis Bélanger,

jusque sur les terres reculées de Simon qui n’en demandait pas tant. C’est que Simon c’est plutôt le genre solitaire, surtout préoccupé par sa production de cannabis (pot en québécois). Si cette intrusion va quelque peu perturber son quotidien, Simon prend conscience que le nouveau venu peut lui permettre d’augmenter la rentabilité de sa petite entreprise, tandis que Jacques pense trouver ainsi un moyen de rembourser ses dettes. Mais ce nouvel équilibre se trouve de nouveau perturbé quand Francesca apparaît pour relever le compteur électrique et qu’un peu plus tard Patenaude surgit : la récolte ne va pas être simple ! Cette comédie est une ode aux amitiés improbables !

L’Opéra France/Suisse - 2016 - 1h50, film documentaire de Jean-Stéphane Bron.

M

C’est tout l’Opéra de Paris (Bastille et Garnier) avec ses passions, sa rigueur, ses douleurs, ses tensions… que Jean-Stéphane Bron a voulu embrasser dans ce documentaire et, pour ce faire, a (dé)placé sa caméra de janvier 2015 à juillet 2016 à l’intérieur de la mythique institution. Si on lui a laissé carte blanche, il a pu mesurer à quel point ce lieu était délicat à filmer. Néanmoins par des allers-retours entre scène et coulisses, il a réussi à capter l’envers du décor : des moments drôles – comme le casting du taureau devant figurer dans Moïse et Aaron de Schoenberg – et des moments plus douloureux, comme la chute d’une danseuse à sa

Sources : Olyrix.com, dossier de presse

Orpheline

France – 2016 – 1h51, de Arnaud des Pallières, avec Adèle Haenel, Adèle Exarchopoulos, Solène Rigot…

Sources : dossier de presse.

Paris la blanche

France – 2016 – 1h25, de Lidia Terki, avec Tassadit Mandi, Zahir Bouzerar, Karole Rocher…

P

Sans nouvelles de son mari parti travailler en France dans les années 1970, Rekia quitte son village de Kabylie. Elle traverse l’Algérie, la France et les banlieues parisiennes pour ramener Nour au village. Mais l’homme, qu’elle finit par retrouver dans un foyer d’anciens travailleurs immigrés à la retraite, a changé. Son héros, l’ancien combattant des maquis, celui qui était revenu au village pour la dernière fois il y a quatre ans, est devenu un étranger... Le film ne traite pas de l’immigration mais du déracinement et de la perte d’identité. La réalisatrice porte un regard d’une tendresse et d’une délicatesse infinies sur son couple de personnages, Rekia, l’amoureuse qui veut entretenir la flamme et le mélancolique Nour. Un film qui vous hante. Sources : dossier de presse.

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

13


Patients

France – 2016- 1h51, de Mehdi Idir et Grand Corps Malade, avec Pablo Pauly, Soufiane Guerrab, Moussa Mansaly...

Grand et sportif, Ben se voyait devenir basketteur professionnel ; un accident le rend tétraplégique incomplet, brisant net tous ses espoirs et risquant même de le confiner au fauteuil roulant pour le restant de ses jours. Il va lui falloir tout réapprendre de l’usage de son corps, mais il va aussi peaufiner l’usage des mots pour devenir l’un des plus célèbres slammers français, qui montera sur scène sous le pseudonyme de... Grand Corps Malade... Point d’apitoiement ici, toute cette biographie est tournée vers l’énergie, la joie, l’humour et la rage de s’en sortir.

sa propre vie, mais aussi pour le genre humain… Le réalisateur canadien du fameux Incendies (2010) nous propose avec Premier contact un film original de science-fiction prometteur, qui donne envie d’aller voir aussi son Blade Runner 2049 à l’automne prochain.

tion inédite : Deneuve endosse le rôle d’une excentrique exubérante et bourlingueuse qui brûle sa vie de cigarettes en tripots ; Catherine Frot, la « sage », semble ne pas pouvoir quitter la posture de femme rigoureuse et attentionnée, incapable de se donner du plaisir. Quant à Olivier Gourmet, il enchante le film de son humanité touchante. SB

Source : dossier de presse.

Pris de court

T

Film du mois, voir au dos du carnet.

Les P’tits explorateurs Voir pages Jeune Public

Sources : dossier de presse

Paula

France/Allemagne – 2016 – 2h03, de Christian Schwochow, avec Carla Juri, Albrecht Abraham Schuch, Roxane Duran…

1900, nord de l’Allemagne. Une jeune femme, Paula Becker, rêve de liberté et de gloire. Celle qui veut le droit de jouir de son corps librement souhaite avant tout peindre ! Malgré l’amour et l’admiration de son mari Otto Modersohn, également peintre, Paula rejoint Paris, la ville des artistes, poussée par son besoin de reconnaissance. Dès lors la jeune femme se lance dans une aventure qui va bouleverser son destin… Paula Modersohn-Becker devient la première femme peintre à imposer son propre langage pictural. Exprimant ses sentiments à travers ses œuvres, elle s’éloigne de la démarche plus réaliste des peintres de Worpswede. Loin de toute reconstitution historique figée et avec un scénario empreint d’humour, le réalisateur, après De l’autre côté du mur (2014), dresse le portrait d’une femme cherchant à se réaliser pleinement, avec un bel appétit de vivre !

Qu’est-ce qu’on attend ? France – 2016 – 1h59, de Marie-Monique Robin

Tourné sur quatre saisons en 2015, Qu’est-ce qu’on attend ? s’intéresse à la petite ville alsacienne d’Ungersheim qui a lancé en 2009 un programme de démocratie participative, la plaçant comme la championne internationale du mouvement des villes en transition... Vision résolument optimiste, le mouvement des initiatives de transition, voit les crises comme des occasions de changer radicalement la société actuelle. La réalisatrice Marie-Monique Robin, transmet à la perfection l’énergie positive contenue dans la concrétisation de ce bel idéal et Qu’est-ce qu’on attend ? en est particulièrement vivifiant.

Premier contact

Douze étranges vaisseaux venant de l’espace surgissent un peu partout sur la Terre. Afin d’essayer de communiquer avec eux, de comprendre leurs intentions, différents experts sont réunis sous la direction d’une linguiste, Louise Banks. Face au mystère de cette présence et de leurs messages, les réactions sont de par le monde très diverses, voire extrêmes. La perspective d’une guerre pour l’humanité s’approche… La linguiste et son équipe ont peu de temps pour trouver des réponses. Louise va prendre un risque crucial pour

14

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

Nous sommes en 1865 dans une Angleterre rurale. Katherine, mariée sans amour à un lord deux fois plus âgé qu’elle, découvre la passion dans les bras d’un jeune palefrenier dont elle tombe profondément amoureuse. Elle est désormais prête à tout contre ceux qui l’empêcheraient de vivre sa passion. Adapté d’un roman de Nikolai Leskov, The Young Lady • Rodin de Jacques Doillon • Voyage of time : au fil de la vie

La Ronde des couleurs Voir pages Jeune Public

Sage femme

France – 2017 – 1h56, de Martin Provost, avec Catherine Frot, Catherine Deneuve, Olivier Gourmet, Quentin Dolmaire…

Claire, sage-femme, a voué sa vie à son métier. Alors qu’elle est perturbée par le départ de son fils et l’annonce de la fermeture prochaine de la maternité où elle travaille, débarque Béatrice, ancienne maîtresse de son père. Cette femme fantasque et égoïste va bouleverser sa vie, l’emplir d’incertitudes et réveiller un passé douloureux que Claire n’a jamais pu solder… C’est un vrai bonheur de retrouver les deux grandes Catherine du cinéma français dans une confronta-

Your Name

VO VF

Wadjda VO VF Voir pages Jeune Public

Y W

• Ana mon amour de Calin Peter Netzer • Tunnel de Kim Seong-Hoon • Emily Dickinson, a quiet passion

PROCHAINEMENT :

de Terrence Malick

• Sayonara de Kôji Fukada • De toutes mes forces de Chad Chenouga

de Terence Davies

Lundi 24 avril – 19h30 Partenariat Cinémathèque/Studio Hommage à James Whale

Sources : Dossier de presse

Source : dossier de presse.

USA – 2016 – 1h56, de Denis Villeneuve, avec Amy Adams, Jeremy Renner, Forest Whitaker…

Q

The Young Lady

Grande-Bretagne – 2017 – 1h29, de William Oldroyd, avec Florence Pugh, Cosmo Jarvis, Paul Hilton…

déroule une mécanique perverse incroyable dans laquelle le spectateur, passant de l’empathie à la fascination et au rejet, se laisse prendre au piège. Si le propos n’est pas sans rappeler Madame Bovary ou Lady Chatterley, l’héroïne ici fait preuve d’une volonté diabolique tandis que se côtoient une constante lutte de pouvoir entre les différents protagonistes. Pour son premier long métrage, William Oldroyd impressionne par sa maîtrise : beauté formelle (photographie, costumes…), scénario et mise en scène d’une parfaite sobriété.

R S

L’Homme invisible

Lundi 3 avril – 19h30

(1933) USA - 1h15, avec Claude Rains, Gloria Stuart, Henry Travers…

Les Trois lumières

Tout public à partir de 9 ans

de Fritz Lang (1920) - Allemagne - 1h40, avec Lil Dagover…

Mardi 25 avril

Copie restaurée et en provenance de la Fondation Murnau.

Une soirée, deux films

19h30,

Lundi 10 avril – 19h30

Frankenstein

(1931) USA -1h10, avec Boris Karloff, Colin Clive et Mae Clarke…

Little Big Man

de Arthur Penn (1969) - USA - 2h30, avec Dustin Hoffman et Faye Dunaway

21h,

La Fiancée de Frankenstein

(1935) USA - 1h30, avec Boris Karloff, Colin Clive, Valérie Hobson…

Soirée présentée par Thomas Anquetin

Lundi 17 avril – 19h30

Lundi 1er mai – 19h30

Les Oiseaux

Une soirée, deux films

de Alfred Hitchcock (1963) - USA - 2h, avec Rod Taylor, Tippi Hedren…

Lade Philippe Coupe à dix francs Condroyer (1974) France - 1h45,

Soirée présentée par Guy Schwitthal.

avec Didier Sauvegrain et Roseline Villaumé…

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

15


Bande annonce

Relations Ici…

Islam-Occident

` LES AFFINITÉS ÉLECTIVES

Avec Radioactive, Marjane Satrapi (Persepolis) devrait réaliser un film sur Marie Curie, ses recherches bien sûr, mais aussi sur le couple qu’elle formait avec Pierre, ainsi que la relation qu’elle entretiendra avec Paul Langevin, ancien disciple de son mari. Pour ce faire, elle adaptera le roman graphique de Laurent Redniss, Radioactive : Marie & Pierre Curie, A Tale of Love and Fallout. On ne sait pour l’instant qui, à la suite d’Isabelle Huppert et Charles Berling, dans Les Palmes de monsieur Schultz, endossera la blouse des physiciens ! ` HOMME DE ROBES Alors qu’il est en plein tournage d’Eva, en compagnie de sa comédienne fétiche Isabelle Huppert, Benoît Jacquot annonce qu’il travaille, déjà, à une nouvelle variation des aventures du mythique libertin, Giacomo Casanova. Pour incarner le séducteur impénitent, il a de nouveau jeté son dévolu sur Vincent Lindon, qu’il retrouvera donc là pour la cinquième fois. Ce qui intéresse le réalisateur dans ce projet, c’est la période londonienne de l’aventurier, et particulièrement l’épisode qui vit son pouvoir d’attraction et son expérience, pour la seule et unique fois de sa vie, se heurter à l’indifférence d’une femme !

et ailleurs… ` SANS FILTRE

Lars Von Trier, on le sait, a parfois le don de la formule choc ; ainsi a-t-il notamment exprimé ses angoisses en ces termes : « J’ai peur de faire des films de merde » ! Et pour donner le ton de son prochain film, The House That Jack Built, il explique avoir trouvé son inspiration, pour son tueur en série de personnage principal, en la personne de… Donald Trump : le film « célèbre l’idée selon laquelle la vie est mauvaise et inhumaine, ce qui est malheureusement prouvé par la récente émergence de l’Homo Trumpus, le roi rat ». On ne sait pas si les options capillaires du président des États-Unis stimuleront l’imaginaire de Matt Dillon, interprète principal du film. ` DE POUSSIÈRE ET DE SANG

Jacques Audiard n’est décidément pas un réalisateur qui se contente de réitérer ce qui a fait son succès ! Ainsi après avoir tourné Dheepan presque exclusivement en langue tamoul, c’est désormais dans les vastes espaces de l’Oregon qu’il a choisi de poser sa caméra pour The Sisters Brothers : un western dans la plus pure tradition qui racontera l’histoire de deux frères, interprétés par Joaquin Phoenix et Jake Gyllenhaal, traquant un chercheur d’or ayant escroqué leur patron ! IG

L

es décrets du président Trump interdisant aux musulmans l’entrée du territoire américain, les attentats commis en France, en Allemagne, en Turquie par des islamistes, les interventions armées des États-Unis et de la France en Irak et en Syrie contre l’Organisation de l’État islamique et Al-Qaida, peuvent laisser penser à une guerre des civilisations entre l’Occident et l’Orient. Et il ne manque pas de journalistes ou de politiques pour imaginer une hostilité d’origine entre la Chrétienté (puis l’Europe) et le monde musulman, une hostilité intrinsèque, où les musulmans (Arabes puis Turcs) auraient toujours été les agresseurs et les Chrétiens ou Européens, toujours les victimes. Et un tel d’évoquer la bataille de Poitiers et tel autre les raids sarrasins en Provence, ou la prise de Constantinople, ou les deux sièges de Vienne etc. Or cette vision est fallacieuse. D’abord parce que les guerres les plus fréquentes et les plus dévastatrices eurent lieu entre les Occidentaux eux-mêmes.

Ensuite parce que, souvent, ces Occidentaux furent les agresseurs (à l’époque des croisades ou, aux XVIIIe, XIXe et XXe siècles, en Algérie, en Égypte, dans l’Empire ottoman, en Afghanistan, au Soudan, en Tunisie, au Maroc, en Irak, etc.). Mais les relations entre ces deux aires de civilisations furent indifférentes, voire paisibles, durant de longues périodes. L’erreur est de faire une histoire rétrospective dans la perspective des événements des trente dernières années. Comme les Français qui, après la défaite de 1870, ont parfois réinterprété leur histoire dans la perspective d’un conflit quasi-millénaire entre Latins et Germains… qui n’eut jamais lieu. Il n’y a pas eu guerre idéologique entre Occident et Orient, comme certains voudraient le faire croire, mais plutôt, selon les périodes, poussée d’un peuple ou d’un État plus fort ou plus dynamique : Arabes, Croisés, Turcs, Russes, Français, Anglais, poussée qui se fit dans toutes les directions. Les Amis du Monde diplomatique

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

16

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

17


À propos de Le Disciple

Le Disciple nous conte l’histoire d’un lycéen, Vénia, qui vient de se découvrir une foi chrétienne inoxydable. Pénétré du caractère sacré des textes religieux (Ancien et Nouveau Testaments confondus), il les cite sans cesse pour expliquer à la hiérarchie de son lycée (ou aux rares profs qui envisagent de le contrer) à quel point il a raison et pourquoi il lui est impossible de se baigner, d’assister à un cours d’éducation sexuelle ou de faire un exposé sur l’industrialisation... À quel point, bref, il lui est impossible de se plier aux règles normales de fonctionnement de son établissement. Petit à petit, nous assistons au recul généralisé de l’administration qui trouve bien plus commode d’adapter les règles et les sanctions aux oukases du jeune homme que de le forcer à se plier au règlement (hilarante scène de relecture du règlement intérieur en quête d’un article qui permettrait d’interdire le bikini à la piscine...) UNE et une seule enseignante lui tient finalement vraiment tête, une prof de bio qui entend persister à enseigner la théorie de l’évolution (ce qui lui vaut de se faire traiter de « dogmatique » par sa chef qui lui suggère par ailleurs de « donner le choix » aux élèves entre créationnisme et darwinisme). Elle finira par le payer au prix fort... Mais ce qui nous intéresse ici, c’est la très jolie Aleksandra. Convoitée de tous, elle ne comprend pas que Vénia résiste à ses avances mais ne le prend somme toute pas trop mal... Jusqu’au jour où elle surprend Vénia en train de poser ses mains sur les

18

Compte-rendu Festival Désir… Désirs

cuisses dépantalonnées de Grigory, le « disciple » handicapé de Vénia, persuadé qu’il peut fait grandir sa jambe par la seule imposition des mains. Aleksandra entre alors dans une colère noire et ose affronter physiquement Vénia, et lui matraque la tête à coups de sac à main jusqu’à l’obliger à battre retraite et à se réfugier sous une table. Et là, moi spectateur, je jubile ! Enfin quelqu’un dans ce monde de lâches qui ose tenir tête à Vénia, le frapper, lui faire mal, lui qui ne cesse de prêcher la haine, d’expliquer à tous que le Christ est venu sur terre pour apporter la division, monter le fils contre le père, la fille contre la mère, la bru contre la belle-mère (Luc, XII, 4953). Enfin quelqu’un qui prend au pied de la lettre sa lecture mortifère de la Bible (si bien citée dans le film qu’on n’hésite pas trop à dire que, oui, effectivement, la Bible prêche bel et bien la haine !) Et, alors que peu avant il s’en était pris à sa prof de bio en lui disant « Je ne permets pas à la femme d’enseigner ni de dominer l’homme. Qu’elle se tienne donc en silence... » (Timothée II, 12), là il demeure impuissant face au déchaînement de colère d’Aleksandra, se laisse dominer par ses mots en même temps qu’il prend une jolie correction. Et donc, devant ce soudain accès de salutaire colère, je jubile... Jusqu’à ce qu’Aleksandra quitte la salle en crachant d’un ton de mépris « Pédale, va ! » Et là, la tristesse m’envahit de voir Vénia momentanément vaincu... par pure homophobie... Décidément les ennemis de nos ennemis ne sont pas nos amis… ER

R

ita El Khayat qualifie Much loved de « film extrêmement important sur la féminité, la prostitution, l’hypocrisie et le tourisme sexuel », rappelant qu’il est interdit au Maroc depuis sa sortie et que l’actrice principale qui a aussi co-écrit le scénario, Loubna Abidar, réfugiée en France, avait publié un livre sur son combat, La Dangereuse. A. Taïa nous précise que du film, présenté alors à Cannes, des extraits avaient fuité, provoquant un choc auprès des Marocains, par la manière de parler, jugée obscène : « Un artiste marocain ne doit pas représenter le Maroc ainsi ». Un second choc résiderait dans le fait que les Marocains se seraient tellement reconnus dans cette représentation du Maroc – où le corps de la femme ne saurait être incarné – qu’il en adviendrait une impossibilité d’adhé-

sion se traduisant alors par un rejet total. R. El Khayat rappelle d’ailleurs qu’il a fallu 50 ans pour voir un baiser sur leur écran. « Les islamistes ont voulu instaurer un cinéma "propre", "de famille", or, l’art n’est possible qu’avec la liberté de dire la vérité ». Selon S. Amari : « C’est le regard sur soi qui dérange » les Marocains, ainsi que « ce mélange explosif, avec ce corps montré, cette prise de parole et de pouvoir des femmes, malgré leur exploitation ». Elles sont dans l’indignité totale avec pourtant une dignité absolue. A. Taïa souligne le talent des actrices dans l’incarnation de leur rôle, « Leur générosité incroyable […]. Même dans l’abjection la plus totale, il reste des petits moments de tendresse et d’amour. Ces femmes disant aux Marocains que, malgré tout, elles ne seront pas soumises ». Dans Much Loved, « il y a une telle condensation de tous les maux que peuvent vivre les Marocains avec une vérité, une crudité, une évidence, que soit on est touché, soit cela devient insupportable ! » confie A. Taïa. Frappée par la violence qui ressort du film, endémique par ailleurs, R. El Khayat la considère comme un contrepoint de toutes nos sociétés. Pour les intervenants, Much Loved relèverait entre autres d’une œuvre sociologique, d’un acte de résistance, avec le corps des femmes comme enjeu de dignité. RS

Salima Amari, Rita El Khayat, Abdellah Taïa, aux Studio © Roseline Savard

19


Compte-rendu Festival Désir… Désirs

Médiathèque La Canopée, d’Azay-le-Rideau. Vendredi 3 février 2017. Rencontre avec Leila Slimani auteure, romancière, journaliste, en présence de Salima Amari, docteure en sociologie.

A

. Slimani, dans son premier roman Dans le jardin de l’ogre (2014), a écrit sur le rapport complexe de la femme avec la sexualité, par le biais de la fiction et à travers un personnage. Puis, elle a eu envie de raconter au lecteur, avec une certaine objectivité, la « misère sexuelle au Maghreb » dans un essai journalistique, Sexe et mensonges. Au Maroc les femmes ont besoin de paroles sur l’intimité. L. Slimani a témoigné de leurs paroles, dans leur contexte, à un moment donné. Elle a écouté les déchirements d’une société où la femme ne peut être que vierge ou épouse, où tout ce qui est hors la loi ou hors mariage (prostitution, homosexualité) est nié ; l’hypocrisie est acceptée par tous. On met le citoyen en position de mentir. L’oppression est très forte, comme la corruption. Toute une jeunesse est hors la loi. Dans son travail d’écriture, L. Slimani n’écrit pas en tant que femme, marocaine. Elle écrit pour le plaisir d’écrire avec son regard propre. Elle montre à quel point les témoignages relèvent de l’universel.

La jeunesse marocaine est dans la recherche d’une parole vraie et cohérente. C’est donc un signe que l’on peut avancer. Salima Amari a rédigé une thèse sur l’homosexualité féminine et les migrations maghrébines. Les femmes lesbiennes d’origine maghrébine sont condamnées. Leur donner la parole, c’est les faire avancer, leur donner la capacité d’agir. Certains militants homosexuels se défendent en prenant des risques, en devenant visibles. Mais les lois officielles punissent l’homosexualité. D’autres sont dans le silence. Finalement, pour qu’il y ait changement, il faut abolir l’hypocrisie, percer l’abcès en utilisant la parole. La réalité est sous les yeux de tout le monde, mais personne ne voit, ne reconnaît la situation. Une avancée existe aussi grâce à des associations intelligentes qui travaillent pour les parias. Les nombreux échanges ont été suivis d’une dédicace par L. Slimani de son roman Chanson douce, Prix Goncourt 2016. MS

teur croyait naïvement qu’au cinéma les lieux étaient les vrais lieux mais « on croit être à Paris et l’on est à Bourges, on croit être à Bourges et l’on est à Budapest… Or les lieux, c’est ce qui m’intéresse le plus, alors tous les plans, toutes les rues appartiennent aux lieux visités par les personnages. » Que s’est-il passé avant le départ de Pierre ? J. Reybaud a des hypothèses en tant que spectateur mais pas comme réalisateur. Est-il parti pour une raison que le film ne montre pas ou estil parti pour partir ? Il y a la possibilité de la jouissance du départ. « Puisque tu aimes, il faut partir »* « 90 % des road-movies commencent par un quart d’heure qui montre un personnage qui n’est pas heureux et donc part. Comme spectateur, ces dix minutes m’ennuient. J’ai préféré prendre le spectateur juste après. Au spectateur d’imaginer. » Les rencontres avec les femmes que Pierre croise sur la route ont toutes eu comme déclencheurs les comédiennes et les personnages ont été construits à partir de leur voix, leur visage. Pour elles. Dans le récit, aucune femme n’a peur de

Rencontre avec Jérôme Reybaud

À

l’origine de ce film singulier, il y a les routes de France, entre Paris et Cannes, le fait d’avoir conduit pendant des années en essayant de capter ce qu’on peut ressentir et voir en étant un simple passager, les paysages et les gens que l’on y croise. J. Reybaud a fait des choix, mais ce sont les paysages qui ont imposé leur relief… qui correspond à l’évolution du personnage. Comme c’était son 1er long-métrage, le réalisa-

* Blaise Cendrars

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Jérôme Reybaud sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

Le 10 février, le réalisateur autrichien Patric Chiha est venu présenter BROTHERS OF THE NIGHT. À mi-chemin entre fiction et documentaire, il nous emmène à la périphérie de Vienne, avec des jeunes roms et bulgares qui vendent leur corps à une clientèle homosexuelle…

C Le 10 février, Jérôme Reybaud est venu présenter son premier long-métrage intitulé JOURS DE FRANCE dans le cadre du festival Désir… désirs. « Honoré d’avoir été sélectionné pour le festival », il était accompagné d’E. Parey de l’agence régionale CiCliC, partenaire historique du festival, qui avait soutenu le film à la production et s’est dite heureuse d’accompagner « l’émergence des jeunes talents ».

Pierre. Peut-être parce qu’il est homosexuel, parce qu’il est riche ; avec son Alfa Roméo, sa petite chemise, il n’a pas l’air dangereux. « Je fantasme sans doute un état de la France où l’on n’a pas peur, où l’on peut Jérôme Reybaud, aux Studio © Dominique Plumecocq se rencontrer. Je dois avoir la nostalgie d’un pays où règne la confiance. » Quant au tournage d’un road-movie dans une voiture, ce fut une expérience particulièrement difficile avec une chef-opératrice qui déteste… les voitures. Au cinéma, habituellement, la voiture est sur un camion. Ici, l’acteur conduisait vraiment avec une caméra sur le capot, deux techniciens aux places arrière et le technicien son dans le coffre ! « Et nous avons fait 6 500 km de voiture en France pendant les 29 jours de tournage ! » Nous ne pouvons que souhaiter… bonne route à ce jeune réalisateur singulier. DP

es jeunes hommes qui racontent leur vraie vie ont-ils un message à transmettre ? « Sans vouloir polémiquer, je pense qu’il y a des réalisateurs qui font des films pour dire quelque chose, moi je ne fais pas des films pour ça. Je peux dire « C’est terrible, la prostitution ! » mais on fait un film parce qu’il y a quelque chose qu’on ne comprend pas. Si je pouvais le dire, je ne ferais pas le film. Là, je suis

Rencontre avec Patric Chiha face à un monde que je ne comprends pas. Bien sûr je comprends des signes, mais c’est ce mystère-là qui me donne envie de filmer. Au cinéma, j’aime aller voir des choses que je n’arrive pas à nommer…. Ils parlent beaucoup dans la culture rom, ça tourne mais le centre n’est jamais dit. Je trouvais très beau cette parole qui est presque une danse. On est dans la surenchère. Je n’ai pas dirigé cette parole. Il faut savoir qu’ils parlent une langue absolument dingue, un mélange entre romanès bulgare et turc et du turc viennois. J’ai essayé avec un traducteur : c’était comme à l’école, comme l’ONU… alors on a décidé de faire le film sans comprendre et on n’a traduit qu’au montage. Mais il ne faut pas être naïf : c’est mon film, pas le leur, mais je voulais qu’il y ait une forme d’égalité possible. Nous, on avait l’image, eux ils avaient la DP parole. »

Patrick chiha, aux Studio © Dominique Plumecocq

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Patrick Chiha sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

20

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

21


Les rédacteurs ont vu :

Jackie de Pablo Larraín

Le titre, Jackie, n’est pas juste : Natalie aurait beaucoup mieux convenu tant l’actrice, omniprésente, amoureusement filmée, est magnifiée par la mise en scène. Mais si c’est là la principale force du film, c’est en même temps son point faible : trop de gros plans pathétiques, trop de regards noyés, trop de violons, trop d’effets appuyés dont on reste le spectateur intéressé mais détaché, peu ou pas ému. AW Grâce à l’interprétation de Natalie Portman et à l’intelligence de sa mise en scène Pablo Larrain parvient à rendre passionnante la façon dont Jackie Kennedy, plongée en plein drame, a su poser les pierres de ce qui deviendra l’un des mythes contemporains. DP

22

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

Le réalisateur nous entraîne sur le chemin suivi par une jeune femme empruntée et timide faisant visiter la Maison Blanche, marionnette exposée dont le protocole tire les ficelles… jusqu’au portrait d’une First Lady prenant des risques et se rebellant contre ce même protocole, défendant bec et ongles l’image de son mari défunt. Une femme jusque-là méconnue, éprouvée au regard de tous dans son intimité. MS Passionnant de retrouver dans un biopic que l’on aurait pu craindre « officiel » des thèmes et des expérimentations déjà présents dans les précédents films de Pablo Larrain. Comme le travail sur les images d’archives, la représentation de la réalité et de la fiction, la célébrité et les apparences. Tout en répétitions et dédoublements, Jackie est intriguant jusqu’au bout. Et c’est aussi un beau travail quasi documentaire sur le travail d’une actrice. JF

Rien ne manque, ou presque ; en tous les cas, aucune des images emblématiques, constitutives de la légende « kennedyenne » ! Les comédiens ressemblent aux originaux. Natalie Portman effectue une de ces prestations impeccables dont elle est coutumière ; tandis que Pablo Larrain démontre sa totale maîtrise du lexique cinématographique lié à l’image : ce qu’elle donne à voir, ce qu’elle cache, et ce qu’elle laisse entrevoir, en utilisant miroirs, vitres, voile, portraits, images d’archives (reconstituées ou pas)… Ce qui manque à tout cela ? Des intentions moins appuyées pour laisser sourdre un peu d’émotion. IG Ni empathie, ni compassion pour cette Jackie passablement godiche et minaudant dans son petit tailleur rose. Ajoutons une réalisation sans surprise, une musique grinçante très pénible, des dialogues insipides. C’est plat, lent, ennuyeux… Pablo Larrain est beaucoup

plus inspiré quand il nous parle de son pays – No, Post Mortem… SB

On aurait pu s’attendre au pire avec un sujet aussi exposé médiatiquement, aussi rebattu... Mais bien sûr, P. Larrain sait toujours déjouer les pièges, même lorsqu’on lui livre un scénario « clef en mains »... Ici, l’extrême rigueur de la mise en scène enferme le spectateur dans la logique de Mme Kennedy, ne lui laisse aucune porte de sortie... Coincé entre drame personnel et volonté de tout surcontrôler, je comprends que l’on puisse ne pas aimer, se sentir un peu pris au piège ; mais rien dans Jackie ne m’a semblé froid ou ennuyeux, tout m’a passionné. Et notamment cette mise en abyme du film qui met en scène la manière dont Mme Kennedy (et les télévisions) avaient mis en scène sa propre vie. ER

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

23


Anne-Dauphine Julliand aux Studio © Nicole Joulin

Rencontre avec Anne-Dauphine Julliand

Rarement une venue de réalisateur a attiré autant de monde aux Studio : deux salles complètes pour la double projection du film, un débat réunissant l’ensemble des spectateurs dans un Studio 7 archi-comble, et malgré les efforts de tous, des malchanceux restés dehors.

L

e film est issu d’un projet né en 2012 avec le soutien de l’Association française des soins palliatifs qui a accompagné A-D Julliand dans toutes les étapes de sa réalisation. Pendant 1h20, 5 enfants nous prennent par la main et nous invitent à partager leur vie entre leur domicile et l’hôpital, leurs joies, leurs peines, leurs peurs…

La réalisatrice nous apprend qu’elle a eu une fille très malade : « Ça a changé ma vie ; entre ses 2 et 4 ans, je l’ai vue vivre un instant après l’autre… J’ai compris que tous les enfants vivent comme ça, dans l’instant ».

Le titre vient bien sûr de la chanson que Renaud avait écrite pour sa fille, bel hymne à l’insouciance de l’enfance – et que l’on entend dans son intégralité : « aimer la vie même si… » on sait qu’elle est dure.

Elle a relaté cette expérience à la fois douloureuse et enrichissante dans un livre biographique : Deux petits pas sur le sable mouillé (éditions Babelio).

Les enfants suivis viennent de différents

24

hôpitaux ; les équipes médicales ont aidé dans le choix et bien qu’ils ne se connaissent pas, leurs vies entrent naturellement en résonance.

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

En guise de scénario, ce sont des notes d’intention très développées qui furent

présentées au producteur et le film s’est progressivement écrit au cours du tournage. Sa force vient du fait qu’il n’y a jamais à proprement parler d’interviews, mais des discussions quand les enfants en avaient envie : « On ne peut rien leur faire répéter… tout est dans la spontanéité du moment… Ils se mettent à nu et nous demandent d’être dans le dialogue à cœur ouvert ». Pour arriver à une telle proximité, l’équipe était constituée de troit personnes seulement (cameraman, ingénieur du son et réalisatrice) ; tout en restant discrètes et au second plan, elles ont su gagner l’entière confiance des jeunes malades : « Ils savaient que c’était à nous qu’ils parlaient… Tout ce qu’ils nous ont dit, ce sont des cadeaux qu’ils nous ont faits ». Résultat : 110 heures de tournage et 1h20 de film pour restituer de la manière la plus juste possible la rencontre avec chacun de ces enfants. Nous sommes tous étonnés de leur incroyable lucidité, de la manière dont ils osent parler de la maladie et de la souffrance. Et, selon la réalisatrice, ce n’est pas parce qu’ils ont une maturité particulière : « Les enfants sont comme ça mais on ne les écoute pas : ils ont une conscience très lucide de la vie, osent parler de la souffrance, de la maladie avec une grande sagesse… ce n’est pas une maturité particulière »…

mistrals gagnants nous offre des scènes savoureuses, drôles, insolites. Car on rit beaucoup : nous n’oublierons pas le duo Jason- Charles, les soliloques de Tugdual sur la dépression du coq, la famille « et demie » de Camille, ni leur amour de la vie à tous. Et si l’on parle à Anne-Dauphine Julliand de projets à venir, elle nous répond qu’il lui est impossible pour elle d’envisager autre chose alors que son film dit : « Vivez maintenant »… Aujourd’hui Ambre, toujours suivie par l’équipe de soins palliatifs, poursuit son parcours lumineux en robe de princesse. Imad qui a enfin pu être greffé fait pipi. Charles ne guérira que si l’on parvient enfin à fabriquer du collagène. Tugdual et son coq vont bien… Camille : « tant qu’on n’est pas mort, c’est qu’on est vivant », nous a quittés. L’équipe savait au cours du tournage qu’il était parvenu au bout de sa vie. Et nous venons d’apprendre le décès d’Azylis, la deuxième fille de la réalisatrice… SB

Filmé à hauteur d’enfants que nous suivons (poursuivons parfois) dans les couloirs des hôpitaux ou leurs courses à vélo, et ne contenant que leurs paroles, qu’elles soient en prise directe ou en voix off. Et les Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Anne-Dauphine Julliand sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

25


Rencontre avec Julia Ducournau

Julia Ducournau aux Studio © Roselyne Guérineau

C’est pas grave ! Si, c’est Le 14 février 2017, le Studio 1 était comble. On ne comptait que des jeunes (20/30 ans) à part une dizaine d’intrus quinquas ou sexagénaires. La réalisatrice Julia Ducournau était présente ainsi qu’Émilie Parey représentant Ciclic. L’agence régionale du Centre-Val de Loire pour le livre, l’image et la culture numérique avait offert son soutien à l’écriture pour ce film singulier.

D

ans Grave, Justine a 16 ans. Dans sa famille tout le monde est vétérinaire et végétarien. Dès son premier jour à l’École vétérinaire, sous la pression du bizutage, Justine dévie radicalement des principes familiaux et mange de la viande. Les conséquences ne tardent pas et Justine révèle alors sa véritable nature.

L’événement tombe sur Justine sans crier gare. C’est la fatalité qui s’exprime. Le problème central, c’est le déterminisme, celui de l’atavisme, la fatalité familiale qui est elle-même reliée au déterminisme social. Le bizutage qui suit en est le relais. Le déterminisme est un thème qui questionne beaucoup la réalisatrice. L’idée du film est née après qu’un premier film avec un personnage féminin cannibale fut sorti. Les cannibales sont des êtres humains alors qu’on les qualifie d’inhumains. Pourquoi refouler cette part noire de l’humanité ? Où en est-on de

notre propre humanité ? Le personnage de Justine arrive vierge au début du film. Elle n’est que la projection de ses parents. C’est intéressant de passer par l’animalité pour éprouver notre responsabilité par rapport à l’autre. La plupart du temps, à l’adolescenc, on est moche, on pue, on a un gros nez, des poils partout, c’est l’enfer… On se sent monstrueux physiquement. C’est aussi un des premiers moments où l’on se sent confronté à l’appartenance. Au lycée des groupes se forment. Il y a des affinités qui se font, des rejets. On se fait mettre au ban… L’idée de groupe, l’idée d’appartenir à une forme de norme devient extrêmement prégnante. Pour moi, l’appartenance à quoi que ce soit est une forme de petite mort, d’abandon de toutes les autres possibilités. L’état d’animalité dans le film est une sorte de doigt d’honneur à l’état de norme qu’est le bizutage au début du film, un geste de rébellion.

Le lien entre sexualité et cannibalisme. Justine et Adrien n’appartiennent à aucune case. Justine arrive avec une assurance par rapport à la sexualité. Tous deux n’échappent à aucun déterminisme. On reconnaît l’autre comme notre égal. La sexualité fait partie du cannibalisme. La sexualité est un corps qui a pour but l’orgasme. Ici, Justine découvre sa sexualité. Elle lutte contre certains de ses désirs. Ici, c’est une sexualité dévorante ; d’où le cannibalisme. Le sang et les corps. L’idée était de faire un film organique, dédié aux corps des spectateurs, aux différents ressentis pour susæ été amenée à filmer la trivialité des corps. Tout le monde est capable de s’identifier. Ça nous touche tous. Dans la trivialité, il y a les fluides : les pets, les liquides, le sang, la peinture… On ne peut pas toujours expliquer le pourquoi. J’aime beaucoup travailler les corps : l’intérieur, l’extérieur, la rébellion des corps... Si J. Ducournau a choisi les trois acteurs Garance Marillier (Justine), Rabah Naït Oufella (Adrien) et Ella Rumpf (Alexia), c’est parce qu’ils sont très physiques ; ils aiment prendre des risques. Elle aime les diriger comme dans une chorégraphie. Dans mon travail sur le corps, j’aime bien travailler autour de la métamorphose. Pour moi la métamorphose, c’est l’anti déterminisme par excellence. J’aime beaucoup l’idée qu’il y ait beaucoup de vies possibles. Se métamorphoser, c’est se rapprocher de plus en plus de l’essence. Pourquoi GRAVE ? Pour plusieurs

raisons : on le dit tous. Quand on se confie sur quelque chose de lourd, on termine par « C’est pas grave ». C’est une manière de refuser. Grave, c’est aussi une référence à la gravité terrestre. Nous sommes des êtres finis qui rêvent d’être infinis. Le film est émaillé de références conscientes ou non comme Salo de Pasolini, Carrie adapté du roman de S. King, les films de Cronenberg. J. Ducournau admire les lumières des cinéastes coréens. Elle a utilisé la musique d’Orties Plus pute que toutes les putes. Le prénom Justine fait penser à Justine de Sade, sans oublier des références bibliques évidentes comme la relation des deux sœurs avec celle d’Abel et Caïn. Grave n’est pas un film d’horreur mais un film hybride, un mélange des genres. J. Ducournau tend à brouiller les frontières entre animalité et humanité. Dans le film il y a beaucoup d’amour. En fait Grave est une production de genre minimale. La réalisatrice a voulu sortir le genre de sa niche et semble avoir réussi quand on compte pour le film 10 prix et 4 nominations après son passage par Strasbourg, Toronto, Cannes, Gérardmer, ou Sitges en Catalogne. MS

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Julia Ducournau sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

26

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

27


À propos de Les Confessions

D

e plus en plus les films se présentent comme de déroutants jeux de construction : les pièces nous sont données mais pas la notice, l’implicite et l’allusif prennent le pas sur l’explicatif et nous autres, pauvres spectateurs en mal de repères, nous retrouvons très souvent démunis devant des narrations en forme de puzzles dont nous essayons tant bien que mal de reconstituer sinon le sens, du moins un sens acceptable. Inutile de dire qu’il ne s’agit là nullement d’une critique mais d’un simple constat dont il serait facile de multiplier les exemples et qui représente une évolution des plus plaisante du cinéma contemporain.

Pourtant rarement un film nous aura donné autant d’éléments énigmatiques dont le sens direct ou métaphorique échappe à notre désir de comprendre. Sans entrer dans les détails citons en vrac : une formule mathématique capitale mais peut-être dénuée de sens, un chien imprévisible au comportement absurde, une femme qui commande en secret aux membres du G8 par vidéo interposée, un suicide déguisé en meurtre (à moins qu’il ne s’agisse d’un meurtre maquillé en suicide), un dictaphone baladeur, un plan secret pour bouleverser l’ordre du monde, un propriétaire d’hôtel de luxe atteint d’Alzheimer mais supérieurement finaud, une écrivaine pour enfants et une rock

28

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

star invités au G8, des oiseaux omniprésents inutiles à l’action, un moine à la parole rare et souvent impénétrable, un directeur du FMI, ses opposants d’accord avec lui et ses partisans pas d’accord, une indéchiffrable parabole de la pomme et une confession qui a peut-être ou peutêtre pas eu lieu. Cet inventaire à la Prévert pourrait faire peur à qui n’a pas vu le film mais cette impression n’est pas justifiée. Il a pour seule fonction de montrer, une fois de plus, que quand un film est bon il n’est nullement gênant de ne pas tout comprendre. Cela est vrai d’ailleurs pour toute œuvre d’art : elle touche, émeut, passionne, intrigue, surprend, la raison raisonnante n’étant sollicitée qu’a posteriori. Toute la narration se focalise sur le personnage — remarquablement incarné par Toni Servillo — du moine Salus, au patronyme trop transparent pour être pris au premier degré, de même que tout ce qui le caractérise : sa robe blanche opposée aux costumes sombres des financiers, son extrême économie de paroles qui tranche avec les discours officieux ou officiels de ses interlocuteurs, son vocabulaire moral éthéré aux antipodes de celui des décideurs internationaux. Ces métaphores sont tellement évidentes et

démonstratives qu’on imagine tout piger du personnage et de ses relations avec les autres, mais en réalité on ne pige rien : et d’abord que vient-il faire là, cet homme d’église silencieux mais très écouté, au milieu d’une réunion politico-économique importantissime du G8 ? De quel plan pour l’avenir de l’humanité est-il question ? De quoi Daniel Rocher, le directeur du FMI suicidé ou assassiné, s’est-il ou ne s’est-il pas confessé ? Et si oui Salus a-t-il enregistré cette confession ? Mais même dans ce cas de quoi les membres du G8 ont-ils donc si peur, et ce alors que le secret de la confession ne saurait évidemment être trahi ? De tout cela on ne saura rien, et le point positif c’est que finalement on s’en fout. D’où vient alors le plaisir qu’on éprouve à voir cet étrange objet cinématographique ? S’agit-il d’un thriller ? d’un polar à énigme ? d’une parabole théologique ? d’une satire ? d’un film à thèse ? d’un film un peu surréaliste ? un peu humoristique ? d’un pamphlet ? d’une réflexion

philosophique ? d’un cri d’alarme ? d’un drame psychologique ? d’une analyse politique ? d’un apologue moral ? Aucun de ces termes ne peut définir Les Confessions, aucun cadre de genre ou de registre ne saurait l’enfermer dans des limites conventionnelles. Et pourtant, même apparemment hétéroclites, tous ces qualificatifs sont pertinents. Petit rappel pédant : on appelle oxymore l’alliance de deux mots qui n’ont a priori rien à faire ensemble (un silence éloquent, un illustre inconnu, se hâter lentement etc.). Ce mot peut paraître incongru dès lors qu’on parle de cinéma mais ce film n’est-il pas finalement un immense oxymore, un festival de paradoxes : transparence énigmatique, intelligence irrationnelle, drame amusant, tragédie bohème, apologue sans message, dénouement sans réponse ? Toujours est-il qu’on nage, on se perd, on se noie et on adore ça. AW

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

29


Interférences Moonlight Loving

A

u commencement il y la peur. Celle de Chiron, un garçon chétif pourchassé par les élèves de sa classe. Il s’enfuit, se cache, terrorisé, dans un bâtiment en ruines où il pourra trouver refuge malgré les insultes, les menaces et les pierres. C’est là que finira par le récupérer Juan, un dealer au physique inquiétant mais qui se prendra d’affection pour le jeune garçon mutique et lui offrira une seconde maison, une alternative au pauvre appartement dévasté où règne une mère épave, entre manque et défonce, et une figure paternelle paradoxalement aimante et rassurante. D’autant plus paradoxale que c’est Juan qui fournit à la mère de Chiron la dope qui la détruit. Comment survivre quand on est à la fois pauvre, noir et homosexuel ? En trois chapitres, ce chemin de croix est filmé avec une douceur, une poésie et une virtuosité assez remarquables, osant des mouvements de caméra étonnants et des ellipses qui ne le sont pas moins : l’enfant pourchassé – l’adolescent persécuté – l’adulte métamorphosé. Pour échapper à la violence sociale, Chiron ne trouve pas d’autre solution que de transformer son corps, par le culturisme, les tatouages, les signes symboliques (grosse voiture et dentition en or), d’en faire

30

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

une arme face à un monde extérieur impitoyable. Lui aussi le devient : après la mort de Juan (qu’on imagine violente), il devient à son tour dealer et se construit une apparence qui est comme le troublant reflet de ce père de substitution. Un corps de combat dont on apprendra dans un douloureux épilogue qu’il n’a jamais été touché et que lui n’a jamais pu aimer... La peur omniprésente qui traverse ce beau film de Barry Jenkins m’a rappelé les mots que Ta-Nehisi Coates, un journaliste noir américain célèbre, écrit à son fils dans un livre passionnant intitulé Une colère noire * : « Et j’ai peur. Cette peur augmente chaque fois que tu me quittes. J’ai découvert cette peur bien avant ta naissance. Quand j’avais ton âge toutes les personnes que je connaissais étaient noires et toutes vivaient dans cette peur, violemment, obstinément, dangereusement. J’ai été témoin de cette peur tout au long de mon enfance. (...) Elle était toujours là sous mes yeux. La peur était visible dans les grandes gueules de mon quartier, ces gamins avec leurs grosses bagues et leurs grosses médailles, leurs énormes blousons... Quand je repense à ces gamins, tout ce que je vois c’est de la peur ; je les vois se préparer au combat contre les fantômes de ce passé tragique au cours duquel les bandes du Mississippi encerclaient leurs propres grandspères et allumaient les branches du corps noir comme des torches, avant de les arracher. » La même peur irrigue sourdement l’histoire d’amour filmée par Jeff Nichols. Pourtant le

début semble presque idyllique. À Central Point, Mildred et Richard filent le parfait amour. Elle lui annonce qu’elle est enceinte. Il lui dit simplement qu’il saura prendre soin d’elle. Elle est entourée d’une famille joyeuse et aimante, lui est travailleur, doué de ses mains et entouré d’une bande de bons copains. Tout irait pour le mieux si elle n’était pas noire et lui blanc. Et que nous sommes en 1958. En Virginie. Malgré les apparences, harmonieuses (pas de racisme en vue dans ce petit monde qui entoure les personnages principaux), le spectateur se doute que quelque chose ne va pas quand on les suit, en catimini, jusque dans l’État voisin, pour la cérémonie du mariage. La peur survient brutalement, en pleine nuit, lorsque la police défonce la porte de leur chambre pour les arrêter : la loi de l’État de Virginie interdit les mariages interraciaux, jugés contre-nature. Dieu a séparé les races. Les enfants métis sont considérés comme des bâtards. Commence alors une situation totalement kafkaïenne : soit Richard rejette sa femme et ils peuvent rester avec leurs familles et amis, soit ils quittent l’État pour une durée de 25 ans, soit ils sont condamnés à un an de prison. L’inquiétude a toujours été au cœur du cinéma de Jeff Nichols, de Take Shelter à Midnight Special. Ici, de nouveau, la peur ne quitte pas le jeune couple et notamment Richard parce que, comme lui explique l’un de ses copains noirs à la fin du film, il est devenu comme eux ; une cible. Prisonnier d’une histoire infamante. On peut reprocher au réalisateur un certain académisme mais n’est-ce pas là plutôt une forme de pudeur et de délicatesse pour une histoire suffisam-

ment forte par elle-même ? On y découvre une actrice promise à un grand avenir, Ruth Negga, lumineuse. C’est son personnage qui devient le moteur du film quand elle décide de réclamer « ses droits civiques », quand commence la médiatisation de leur histoire d’amour que la loi veut impossible et du procès qu’ils finiront par gagner. C’est alors elle qui sait prendre soin de son homme. Encore un film « basé sur une histoire vraie » pourrait-on se plaindre. Mais on comprend que Jeff Nichols soit littéralement « tombé amoureux de la sincérité de ce couple » et il signe là un magnifique film d’amour. Dans Paterson, Jim Jarmusch s’était amusé à donner à son antihéros poète le nom de la ville où se passe le film (et, profitant que l’acteur s’appelait Adam Driver, pour en faire... un chauffeur de bus). L’histoire de Mildred et Richard est encore plus troublante car ils s’appelaient dans la vraie vie Loving et que, grâce à eux, la Cour suprême des États-Unis a signé le 12 juin 1967 un arrêt invalidant toute loi restreignant le mariage pour des causes raciales, son arrêt le plus poétique puisqu’il s’intitule : « Loving versus Virginia ». DP * Une colère noire – Lettres à mon fils - J'ai lu (2015)

Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

31


Gros plan Loving

Vos critiques JACKIE de PabloLarrain

P

our se dire que le scénariste de Loving n’a pas poussé le bouchon symbolique un peu loin en baptisant ses personnages... « Loving », il est bon de se souvenir que leur histoire est (selon l’expression consacrée) « tirée de faits réels ». Cette caution permet au spectateur d’entrer dans le film de plain-pied et d’évacuer tout de suite la question de la crédibilité.

Bien entendu, tout cela fonctionne quand même en trompe-l’oeil : autant il est possible de reconstituer la matérialité des faits (ordre des événements, attendus des jugements...), autant, tout ce qui relève de l’intime, de l’histoire telle que l’ont vraiment vécue les protagonistes (que se passait-il entre les deux membres du couple?) relève bien sûr de la spéculation. Comment peut-on être certain que M. Loving était effectivement un frein à la démarche judiciaire ? Comment attester de la véracité des subtiles et silencieuses tractations qui s’opèrent au sein du couple ? Encore une fois, c’est l’effet historique qui nous amène à y croire : puisque le reste est vrai, nous serons enclins à croire, à tenir pour vraisemblables, les détails non vérifiables. Il ne fait guère de doute que le film entend nous montrer que, dans le couple Loving, c’est madame qui tient le plus à la réparation des torts et à la restitution des droits, que M. Loving, lui, voudrait surtout vivre en paix avec sa famille sans se soucier autrement d’une

32

– Les CARNETS du STUDIO

n°355 – Avril 2017

vision plus large, plus politique de leur histoire ; tout cela est clairement mis en évidence. Et puis, patatras... à la toute fin du film, pendant le générique, comme c’est devenu l’habitude lorsqu’il retrace une « histoire vraie », on nous montre quelques photos d’époque, une fois encore gages de l’authenticité des propos. Et là, surprise, nous découvrons que Mme Loving fumait... Il n’y a rien de choquant à cela, mais alors pourquoi, alors que pendant toute la projection on nous montre M. Loving une cigarette au bec, elle... jamais... pas une seule fois, pas une petite bouffée... ? Que l’on nous montre M. Loving en train de fumer se justifie aisément pour des raisons de cohérence avec le mode de vie d’un prolétaire américain au tournant des années 60. Donc, pour lui, on conserve la cigarette... Mais, s’il en allait de même pour Mme Loving, pourquoi diantre retoucher ainsi la vérité ? A-t-on estimé qu’il fallait faire d’elle une héroïne plus « positive », plus exemplaire encore qu’elle ne le fut? S’est-on dit que le public américain risquait, aujourd’hui encore, de moins adhérer à son combat tranquille et tenace s’il la voyait fumer ? A-t-on si peu confiance en le public ? Cela ne ressemble guère au toujours très audacieux Jeff Nichols, qui n’a jamais craint de déranger ses spectateurs, de leur refuser le confort de la certitude… ER

[…] Natalie Portman très bien, très convaincante, touchante, mais en même temps, j’ai eu l’impression de regarder Natalie et pas Jackie pendant tout le film. La mise en scène, plutôt lente et fluide, est bien adaptée au propos du film, la description du chagrin, de la blessure, du sentiment d’égarement du personnage. […] On peut cependant reprocher au film son côté trop hagiographique […] JC Hagiographique ? Oui et non. Oui parce qu’il s’agit du récit que Jackie dicte elle-même à un journaliste, nous sommes en plein story telling, en pleine édification de soi-même sur un piédestal inaccessible. Non, parce que Larrain, en nous montrant le travail du journaliste sans cesse repris par Jackie (un making of de ce story telling : que d’anglicismes !) toute à ses contradictions, ne nous laisse jamais prendre ce récit au 1er degré. Il crée de la distance avec le récit […] rien n’est fait pour nous rendre le personnage vraiment sympathique en dépit des malheurs qui se sont abattus sur elle. Ses tergiversations semblent davantage être mises sur le compte de sa vanité et de son narcissisme que sur celui de son désarroi. […] Avec Neruda, Larrain s’en était pris récemment au grand mythe national de son propre pays et de l’orthodoxie stalinienne. Il procède également avec Jackie, autre mythe international, à un travail iconoclaste assez subtil que, personnellement, je trouve plutôt réjouissant : c’est la société du spectacle qu’il entreprend de démonter. HR

Le film de Pablo Larrain est tout sauf une hagiographie. D’abord il y a une mise en abyme : un réalisateur dont les mises en scène sont toujours tirées au cordeau, met en scène avec une cruelle acuité une femme qui se met en scène avec ses enfants. Le regard de P. Larrain est dénué d’indulgence et il fait tomber les masques en montrant sans concession l’ambition du pouvoir à laquelle il faut renoncer et qu’il faut cacher aussi […] CF LOVING de Jeff Nichols

Loving est un film éblouissant, lumineux. Un petit chef d’œuvre. Au début, gros plan sur le visage d’une jeune femme noire, qui ne dit rien. Suit un gros plan d’un visage d’homme, bien blanc, bien blond. Les deux visages remuent les lèvres, pour parler, rien ne sort. Leurs lèvres bougent sans prononcer de mots. Puis la phrase arrive : la femme déclare qu’elle est enceinte. Nouveau silence. Le plan s’élargit : les personnages qu’on croyait de face, frontalement, à l’intérieur, sont en fait côte-à-côte dehors, devant leur maison. Puis le sourire de l’homme éclot comme une fleur, la nouvelle lui plaît, le rend heureux. Il faut voir ce début magistral. Le reste est à l’avenant. Pas une image approximative, pas un plan de trop. Un art de l’ellipse et des raccords tout aussi magistral. Cette perfection a agacé beaucoup de critiques, mais elle colle aux personnages, elle leur confère une humanité et une dignité très émouvantes. Il y a chez Nichols un amour profond de ses personnages (et de ses acteurs) […] CdP Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°355 – Avril 2017 –

33


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.