Carnets été 2017

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53’

1h39’

14h15 19h30

juillet SEMAINE 1 – 1h54’

IVAN TSAREVITCH ET LA LA RÉGION SAUVAGE PRINCESSE CHANGEANTE

14h15

de Michel Ocelot

de Amat Escalante

14h30 19h15

j u i l l e t t

2017

1h41’ VF

14h00 1h48’ 17h00 21h15 14h00 17h00 19h00

DUNKERQUE

KUBO ET L’ARMURE MAGIQUE

de Roger Michell

LE JOUR D’APRÈS

L’ENFANCE D’IVAN mercredi jeudi

2h30’

ven-sam ANDREI ROUBLEV dimanche

2h45’

SOLARIS

lundi mardi

de Berni Goldblat

1h50’

UN VENT DE LIBERTÉ de Behnam Behzadi

WALK WITH ME

1h50’

BARRAGE

de Lisa Ohlin

de Laura Schroeder

2h05’

ON THE MILKY ROAD

17h45 21h45 17h15 21h30

14h15 1h26’ GRAND FROID 17h45 de Gérard Pautonnier 21h45

14h15 1h29’ 17h45 19h45 21h45

VISAGES, VILLAGES de Agnès Varda et JR

Mercredi : conte et film

jeudi vendredi

1h34’

ÉTÉ 93 de Carla Simon Pipo

17h45 21h45

14h30

LA VENGEANCE DE SALAZAR vendredi mardi

de Joachim Ronning et Espen Sandberg Avant

1h20’

première AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ vendredi

de Maryam Goormaghtigh,

1h28’

de Seyyed Reza Mir-karimi

NOS PATRIOTES

1h55’

de Gabriel Le Bomin

K.O. de Fabrice Gobert

1h45’

14h30 LE DERNIER VICE-ROI DES INDES 19h30 de Gurinder Chadha

1h53’

CE QUI NOUS LIE

1h50’

LE CAIRE CONFIDENTIEL de Tarik Saleh

2h18’

I AM NOT MADAME BOVARY de Feng Xiogang

1h44’

UNE FEMME FANTASTIQUE de Sebastian Lelio

www.studiocine.com

2h08’

SONG TO SONG de Terrence Malick

21h15

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

19h15 SAUF vendredi

19h45

Rencontre avec la réalisatrice

17h30

14h00 19h30

vendredi

PIRATES DES CARAÏBES SAUF jeudi

de Cédric Klapisch

de Emir Kusturica

19h00

16h00

PROMENONS NOUS AVEC SAUF LES PETITS LOUPS jeudi programme de courts métrages

UN JOUR NOUVEAU 21h30

jeudi vendredi 1h47’

14h15

mardi

14h15 16h00

SAUF jeu-ven de Benjamin Renner 17h30 Mardi : RENCONTRE avec la décoratrice du film SAUF jeu-ven

2h10’ VF

21h00

1h36’

1h24’

19h00

17h30

LE GRAND MÉCHANT RENARD

44’ VF

de Hong Sang-soo

WALLAY

19h45

de Kim Ki-duk

de Travis Knight

Andrei Tarkovski

MY COUSIN RACHEL

19h45

ENTRE DEUX RIVES

de Christopher Nolan

1h22’

14h30

17h00

2017

1h19’

1h32’

1h46’

14h30

du 5 au 11 juillet

19h30

21h15 SAUF vendredi

17h00 21h30

1h45’

AVA de Léa Mysius

1h32’

KÓBLIC de Sebastian Borensztein

17h30 21h45

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

2017

du 26 juillet au 1er août 2017

j u i l l e t t

juillet SEMAINE 4 –


19h30

1h19’

1h20’

AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ

juillet SEMAINE 3 –

2017

LE GRAND MÉCHANT RENARD de Benjamin Renner

de Maryam Goormaghtigh

14h15 14h15 15h45 19h30

2h10’ VO

j u i l l e t t

2017

1h44’

14h00

UNE FEMME FANTASTIQUE

19h45 14h00 17h00 19h30

de Sebastian Lelio

PIRATES DES CARAÏBES La vengeance de Salazar I AM NOT MADAME BOVARY

2h08

de Feng Xiogang

SONG TO SONG de Terrence Malick

14h15

de Doug Liman

ON THE MILKY ROAD

19h15

21h45

GRAND FROID

19h45

de Gérard Pautonnier

LE CAIRE CONFIDENTIEL de Tarik Saleh

KÓBLIC

16h00

de Sebastian Borensztein

17h15 21h30

1h45’

19h30 LE DERNIER VICE-ROI 17h45 DES INDES 21h45 de Gurinder Chadha

16h00 19h45

VISAGES, VILLAGES de Agnès Varda et JR

1h46’

LE LAURÉAT de Mike Nichols

17h45 19h45 21h45

AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ

ÉTÉ 93 de Carla Simon Pipo

de Maryam Goormaghtigh

17h45 21h45

2h08’

UN VENT DE LIBERTÉ

SONG TO SONG

de Behnam Behzadi

de Terrence Malick

17h00 21h15

2h05’

LE CAIRE CONFIDENTIEL

ON THE MILKY ROAD

de Tarik Saleh

de Emir Kusturica

1h48’

17h15 21h30

1h44’

UNE FEMME FANTASTIQUE

NUAGES ÉPARS de Mikio Naruse

de Sebastian Lelio

1h26’

1h29’

de Benjamin Renner

1h20’

1h50’

14h30

LE GRAND MÉCHANT RENARD 17h45

de Christopher Nolan

19h30

1h50’

1h32’

DUNKERQUE

14h30

21h30

14h15

1h19’

1h24’

de Kim Ki-duk

MA VIE DE COURGETTE de Claude Barras

17h00 1h34’ 21h00 14h00

1h54’

ENTRE DEUX RIVES

14h15

de Laura Schroeder

19h15 21h30

de Emir Kusturica

1h26’

BARRAGE

19h30 THE WALL

2017

1h06’ + court métrage 8’

14h00 1h48’

1h30’

2h05’

1h50’

17h15 17h00

de Joachim Rønning et Espen Sandberg

2h18’

du 19 au 25 juillet

17h30 21h30

1h29’

GRAND FROID de Gérard Pautonnier

VISAGES, VILLAGES 21h45 de Agnès Varda et JR

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

2017

14h00

du 12 au 18 juillet

j u i l l e t t

juillet SEMAINE 2 –


août SEMAINE 4 –

du 23 au 29 août

1h35’

1h37’

PATAGONIA EL INVIERNO

Luis Buñuel

LES AS DE LA JUNGLE

14h15 14h15

de David Alaux

de Emiliano Torres

19h45

14h00 17h00 120 BATTEMENTS LA CHOUETTE PAR MINUTE entre veille et sommeil 16h15 19h00 de divers réalisateurs de Robin Campillo 21h15 1h36’ VF 14h00 1h31’ MOI LES PROIES 17h00 MOCHE ET MÉCHANT 3 17h15 19h30 de Sofia Coppola de Pierre Coffin, Kyle Balda & Eric Guillon 21h45 À suivre.

2017

a o û t

1h22’

UNE FEMME DOUCE

LUMIÈRES D’ÉTÉ

de Sergei Loznitsa

de Jean-Gabriel Periot

1h35’

1h57’

SANS PITIÉ

LOLA PATER

de Sung-hyun Byun

de Nadir Moknèche

BELLE DE JOUR

17h30 21h45 19h30

14h00 17h15 19h30

1h48’

LA GRANDE ÉVASION

14h15

de Alberto Rodriguez

DJAM

QUE DIOS NOS PERDONE

de Tony Gatlif

de Rodrigo Sorogoyen

L’Aca démie Fra ncis Poulenc et les Studio proposent :

1h47’

19h45 L’ÉTERNEL RETOUR de Jean Delannoy

1h56’

17h00 TOM OF FINLAND 21h45 de Dome Karukoski www.studiocine.com

Takeshi Kitano 1h56’

L’ÉTÉ DE KIKUJIRO 1h43’ 1h47’

HANA BI KIDS RETURN

SAUF jeudi

21h30 mercredi jeudi ven-sam dimanche lundi mardi

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

DUNKERQUE

TOUS EN SCÈNE

de Christopher Nolan

de Garth Jennings

1h28’

1h46’

1h30’

de Roger Michell

LES FILLES D’AVRIL

LA RÉGION SAUVAGE de Amat Escalante

de Michel Franco

17h00

21h30 17h30 21h45

1h45’ Interdit –16 ans

MEMORIES OF MURDER

21h15

17h15

1h39’

2h11’

L’EMPIRE DES SENS 21h30 de Nagisa Oshima

de Bong Joon Ho

1h50’

21h15

MY COUSIN RACHEL

de Gyorgy Kristof

19h15

19h45

de Olivier Lorelle

OUT

19h30

17h00

CIEL ROUGE

de Éric Gravel

14h30

17h30

1h31’

CRASH TEST AGLAE

19h30

SAUF jeudi

21h30

1h43’ VF

1h25’

14h00

14h30

jeudi

OZZY,

1h41’

2h06’

1h37’

17h30

1h30’ VF

1h29’

WALK WITH ME

ERASERHEAD

de Lisa Ohlin

de David Lynch

2017

2h22’

14h30 19h15

2017

À suivre. 46’

2h20’

14h15 19h15

du 2 au 8 août

21h45

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

a o û t

14h30 19h45

août SEMAINE 1–

2017


Luis Buñuel

14h00 17h00 19h30

1h09’ sans paroles + court métrage 8’

CADET D’EAU DOUCE

mercredi LE JOURNAL D’UNE jeudi FEMME DE CHAMBRE ven-sam TRISTANA dimanche 1h40’ lundi 1h41’ LA VOIE LACTÉE mardi

1h30’ VF

OZZY,

LA GRANDE ÉVASION

2017

17h30

de Alberto Rodriguez

QUE DIOS NOS PERDONE

AU GRÉ DU COURANT

CRASH TEST AGLAÉ de Éric Gravel

1h48’

DUNKERQUE

1h37’

de Christopher Nolan

14h30

de Tony Gatlif

19h15

de Valérie Lemercier

17h45

MY COUSIN RACHEL

14h30 19h45

de Thierry de Peretti

de Roger Michell

1h38’

19h30 14h00

21h45

1h28’

de Michel Franco

de Gyorgy Kristof

14h00

17h30 21h30

de Nicolas Charlet & Bruno Lavaine

OUT

SOIRÉE DE L’HORREUR : MÊME PAS PEUR ! 1h39’ Interdit –12 ans

21h45

vendredi

de Edgar Wright

1h45’ Interdit –16 ans de Alexandre Aja

1h30’

LES FILLES D’AVRIL 17h45 de Michel Franco

L’OMBRE D’UN DOUTE

1h48’

DUNKERQUE

19h45

de Christopher Nolan

UNE FEMME DOUCE

1h35’

LOLA PATER

de Sergei Loznitsa

17h15 21h15

1h22’

LUMIÈRES D’ÉTÉ

1h37’

DJAM

de Jean-Gabriel Periot

1h47’

UNE VIE VIOLENTE

1h25’

de Thierry de Peretti

17h15

de Tony Gatlif

21h45

CRASH TEST AGLAÉ

21h45

de Éric Gravel

17h15 2h06’ QUE DIOS 21h15 NOS PERDONE

SAUF vendredi

16h00

SHAUN OF THE DEAD 19h00

2h22’

19h45

1h30’

LES FILLES D’AVRIL

14h15 de Pierre Coffin, Kyle Balda & Eric Guillon 17h30 MOI MOCHE ET MÉCHANT 3

de Nadir Moknèche

21h30

50’ + 12’

À LA RECHERCHE DE L’ULTRA-SEX

1h36’ VF

de Alfred Hitchcock

17h00

de Roger Michell

UNE VIE VIOLENTE

14h30

21h45

21h30

2017

LA COLLINE A DES YEUX 22h15

1h46’

1h46’

1h47’

21h30

SAUF vendredi

19h15 MY COUSIN RACHEL

Luis Buñuel

14h30 1h37 19h30 MARIE-FRANCINE

DJAM

19h45

du 16 au 22 août

mercredi CET OBSCUR OBJET DU DÉSIR jeudi 1h40’ ven-sam LE CHARME DISCRET DE LA BOURGEOISIE 1h09’ sans paroles + court métrage 8’ dimanche CADET D’EAU DOUCE 1h43’ lundi LE FANTÔME DE LA LIBERTÉ de Buster Keaton mardi

de Rodrigo Sorogoyen

14h00 1h35’ LOLA PATER 17h00 de Nadir Moknèche 19h30

17h30

14h15 19h30 1h45’

de Mikio Naruse

1h25’

a o û t

14h15

de Buster Keaton

1h57’

2h06’

août SEMAINE 3 –

2017

de Rodrigo Sorogoyen

1h28’

RARA de Pepa San Martin

21h45

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

2017

14h15 19h15 1h38’

du 9 au 15 août

a o û t

août SEMAINE 2 –


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°358 • Juillet-Août 2017

Film du mois de juillet

de Goormaghytigh

Soirée de l’horreur : même pas peur ! Vendredi 18 août à partir de 19h00 (voir page 4)

Un été la tête dans les étoiles Film du mois d’août

(voir page 5)

de Thierry de Peretti

de Maren Ade


S

O

M

M

A

I

R

E

Juillet - Août 2017 - n° 358

Édito

.................................................... ..............

4

....................................

4

Partenariat Académie Francis Poulenc Soirée de l’horreur

3

..........................

5

..................................

6

Un été la tête sous les étoiles Cycle Buñuel, Kitano, Tarkovski

LES FILMS DE A à Z À propos de

Jodorovsky, Dune

....................................

16

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio Gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

En bref

................................................

18

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Hommage à

Reda Kateb

elle accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

............................................

19

Tél : 02 47 20 85 77 Cet été, la cafétéria fermera le 31 juillet. Elle rouvrira le lundi 21 août.

Courts lettrages

Tunnel

.................................................

20

Interférences

Après la tempête/Saint Georges

......................

22

Pendant cette période Indo Emil sera heureux de vous retrouver pour vous proposer ses spécialités indiennes ainsi que des boissons chaudes et fraîches. Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

À propos de

Saint Georges

..........................................

25

À propos de

Saint Georges

..........................................

26

EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

Interférences ..............

27

..................................................

30

Album de famille/Une famille heureuse

ACOR

Face à face

Glory

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

À propos de

Twin Peaks

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

............................................

Jeune Public

..........................................

32 34

FILM DU MOIS DE JUILLET : AVANT LA FIN DE L’ÉTÉ FILM DU MOIS D’AOÛT : UNE VIE VIOLENTE GRILLE PROGRAMME

................

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

pages centrales

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Pierre Alexandre Moreau et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Engagements

Q

uotidiennement, lorsque nous discutons avec des partenaires, des spectateurs, et que nous exprimons nos inquiétudes sur l’avenir de nos salles, on nous répond qu’il n’y a rien à craindre, notre public étant particulièrement fidèle. Nous en sommes convaincus : les Cinémas Studio sont un élément structurant de la vie culturelle régionale et l’attachement des Tourangeaux pour notre complexe cinématographique est fort. Le problème ne se situe donc pas tant en termes de public qu’en termes de copies de films. Un distributeur a le libre choix du placement de ses films. Il n’a pas d’obligation légale ni coercitive de laisser un film à un exploitant de salle. Le médiateur du cinéma (nommé par le Premier ministre) a un rôle limité de contrainte sur ces distributeurs. Or il arrive déjà régulièrement qu’il faille se battre pour obtenir une copie d’un film art & essai porteur lors de sa sortie nationale.

Les négociations sont dures et, depuis le passage au numérique, se sont aggravées du fait de la multiplication des sorties hebdomadaires de films. Demain, avec l’arrivée d’un nouvel exploitant de salles au nord de la ville, la situation se dégradera inévitablement. À cause du risque structurel qui se profile, nous serons d’ailleurs amenés à augmenter les tarifs des places et des abonnements à la rentrée. Les films que nous appelons art & essai porteurs (les longs-métrages de Xavier Dolan, Quentin Tarantino, Woody Allen par exemple…) intéressent tous les exploitants du territoire. La différence avec nos concurrents est que ces copies sont vitales pour nous, car elles sont un élément économique

indispensable qui nous permet de défendre fortement des films plus fragiles, qui ne sont pas soutenus ailleurs… ni projetés. C’est un équilibre difficile à respecter… et un pari à chaque sortie. Le problème est la dilution de copies que l’arrivée du cinéma du groupe Davoine, à Tours-nord, va entraîner. La part de chaque cinéma sera moins grande quand chacun aura une copie. Le risque réel le plus grave étant que nous n’ayons pas, ou beaucoup moins, accès à une copie de ces films porteurs. Ce sera un enjeu pour notre pérennité. Un engagement de programmation est un document signé par un exploitant dans un cadre concurrentiel. Notre position (qui est soutenue par des instances nationales) est de renforcer ces engagements afin que la concurrence respecte notre primauté sur les films art & essai porteurs, afin de maintenir cet équilibre. Ce fut le but de la journée du 14 mars*. Si certaines instances nous soutiennent, celles qui représentent les grands groupes cinématographiques sont plus réservées. C’est maintenant le sens de notre bataille : leur faire admettre la nécessité, pour la diversité du cinéma et l’exception culturelle, d’un partage éthique entre les copies. Le défi qui nous attend est à la hauteur de son enjeu. PAM, président des Cinémas Studio * Les Cinémas Studio ont été à l’initiative, avec l’Acor (Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche), d’une journée, le 14 mars dernier, avec les acteurs nationaux sur la question des engagements de programmation. Le CNC, (Fédération nationale des cinémas), l’Afcae et d’autres sont venus débattre autour de cette problématique, qui relève pour nous d’un enjeu majeur pour les prochaines années.

Les CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

3


FILM DU MOIS DE JUILLET

Avant la fin de l’été France, Suisse – 2017 – 1h20, de Maryam Goormaghtigh, avec Arash, Hossein, Ashkan…

A

rash, Hossein et Ashkan, iraniens, ont passé la trentaine et achèvent leurs études en France. Si Hossein et Ashkan semblent bien décidés à rester (« l’avantage c’est qu’ici on repart à zéro ») ils ne parviennent pas à décider leur ami Arash qui veut retourner en Iran. « Les Français n’ont aucune raison de s’intéresser à moi… ». Parce qu’ils espèrent le faire changer d’avis, ses deux amis le convainquent de faire un dernier voyage à travers la France jusqu’au Midi. Embarquée avec eux, la réalisatrice les filme au plus près avec une grande tendresse et beaucoup d’intimité. Des siestes, des repas,

des bons mots, de la drague et toujours sous-jacentes ces questions lancinantes : que représente pour un Iranien le fait d’être exilé ? À quoi ces trois hommes doivent-ils renoncer pour trouver ce qu’ils appellent la « liberté » ? Nous sommes particulièrement touchés par le trop enrobé Arash, solitaire et nonchalant, amateur de cigarettes et d’alcool : « Ce qui me manquera le plus c’est le rayon alcool du Carrefour ». Au fur et à mesure que défilent les paysages français qui se superposent avec les paysages iraniens, que les nuits de pleine lune succèdent aux jours, que se mêlent le farsi et le français, les musiques d’ici et là-bas, les certitudes s’ébranlent. Avant la fin de l’été est un film rare : généreux, souvent drôle, mélancolique et d’une incroyable poésie. SB

FILM DU MOIS D’AOÛT

Vendredi 7 juillet à 19h45 Ciclic et les Studio proposent une avant-première du film en présence de la réalisatrice Maryam Goormaghtigh.

Une vie violente France – 2017 – 1h47, de Thierry de Peretti, avec Jean Michelangeli, Henri-Noël Tabary, Cédric Appietto, Marie-Pierre Nouveau, Délia Sepulcre-Nativi…

B

ien qu’ayant fui la Corse pour se réfugier à Paris, Stéphane retourne sur l’île afin d’assister aux obsèques de Christophe, assassiné la veille, qui n’était autre que son ami d’enfance et compagnon de lutte. Ce retour n’est pas sans lui rappeler les événements entre les années 1990 et 2000, qui l’ont vu passer du petit bourgeois bastiais qu’il était au délinquant, se radicalisant politiquement ensuite, du Front de libération nationale de la Corse au mouvement Armata Corsa, avant de passer à la clandestinité. Revenir en Corse, avec la menace de mort qui pèse toujours sur sa tête, c’est aussi comme s’il se jetait dans la gueule du loup… Après Les Apaches (2013), Thierry de Peretti est retourné en Corse pour filmer une histoire politico-historique dense, librement

inspirée du parcours tragique d’un jeune militant nationaliste, Nicolas Montigny. Présenté dans le cadre de la Semaine de la critique à Cannes 2017, Une vie violente, film habile, atypique et passionnant, est superbement maîtrisé et réalisé. Il résonne comme « un hommage à tous ces jeunes gens perdus ou assassinés. Mais aussi la promesse d’un dialogue entre une génération oubliée, perdue, massacrée et une autre, vivante et exaltée, qui l’incarne à l’écran ». Sources : dossier de presse, telerama.fr, lemonde.fr.

LES CARNETS DU STUDIO – n° 358 – Juillet-Août 2017 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


JEUNE PUBLIC

Les nouveautés USA – 1928 – 1h09, de Buster Keaton et Charles Reisner. sans paroles

Tout public à partir de 6 ans

VO

À la fin de ses études en ville, William Canfield retrouve son père marinier sur le Mississippi, à bord de son vieux rafiot le Steamboat Bill. Mais William tombe amoureux de la riche Kitty… Un chef-d’œuvre restauré à découvrir : péripéties, gags, burlesque… et le charme de Keaton ! Tout public à partir de 11 ans

VF

USA – 2017 – 2h09, de J Ronning et E Sandberg, avec Johnny Depp, Javier Bardem…

Vivez de fantastiques batailles navales avec Jack Sparrow et ses compagnons, pour retrouver le mythique trident de Poséidon et échapper aux fantômes du terrible capitaine Salazar…

PIRATES DES CARAÏBES la vengeance de Salazar

De

belles

France – 2017 – 1h19, film d’animation de Benjamin Renner et Patrick Imbert. Tout public à partir de 6 ans

Voir Carnets Jeune Public n° 248 - juin 2017 Tout public à partir de 8 ans

Mardi 11 juillet après la projection de 14h15, la décoratrice du film viendra vous présenter les différentes étapes de la réalisation.

France/Suisse – 2016 – 1h06, film d’animation de Claude Barras.

Voir Carnets Jeune Public n° 240 - octobre 2016 Divers pays – 2016 – 44 mn, programme de courts métrages d’animation.

LE QUART D’HEURE DU CONTEUR

Mercredi 5 juillet, Gaël Prioleau conteur tourangeau viendra au début de la séance raconter l’histoire d’un loup pas commun du tout !

À partir de 3 ans

Voir Carnets Jeune Public n° 239 - septembre 2016 France – 2016 – 53 mn, film d’animation de Michel Ocelot.

Tout public à partir de 6 ans

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Voir Carnets Jeune Public n° 240 octobre 2016

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JEUNE PUBLIC

de l’été VF

Espagne – 2017 – 1h30, film d’animation de Nacho La Casa et Alberto Rodriguez, avec les voix de Ramzy et d’Armelle…

Quand sa famille part en vacances et le laisse dans une luxueuse pension pour chiens, Ozzy découvre que c’est en réalité une prison ! Avec ses nouveaux amis, il va tout faire pour s’échapper...

À partir de 5 ans

VF

USA – 2017 – 1h36, film d’animation de Kyle Balda et Pierre Coffin, avec les voix de Gad Elmaleh et Audrey Lamy…

Tout public à partir de 5 ans

Gru et son frère jumeau Dru devront combattre un vrai méchant : le destructeur Balthazar Bratt. Toujours de l’humour, de l’action… et des Minions… France – 2017 – 1h37, film d’animation de David Alaux.

Tout public à partir de 6 ans

Maurice est le seul pingouin tigre de la planète. Avec ses amis les As de la jungle, il veut faire régner l’ordre et la justice autour de lui. Mais c’est sans compter avec Igor, un koala diabolique entouré de babouins mercenaires...

reprises France/Belgique – 2016 – 40 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

À partir de 4 ans

Voir Carnets Jeune Public n° 241 - novembre 2016 USA – 2016 – 1h42, film d’animation de Travis Knight.

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Voir Carnets Jeune Public n° 242 décembre 2016

Tout public à partir de 7 ans

VF USA – 2017 – 1h48, de Garth Jennings, avec les voix de Patrick Bruel, Jenifer Bartoli, Elodie Martelet… Tout public à partir de 6 ans

Voir Carnets Jeune Public n° 245 - mars 2017

Voir les Carnets Jeune Public ou le site des Studio.

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Vendredi 18 août 2017 à partir de 18h30 venez nombreux participer à La soirée de l’horreur : même pas peur ! Vous pourrez assister à la projection de 2 films, vous restaurer et vous divertir grâce à des stands thématiques ainsi qu’une exposition d’affiches de films du genre. Cette soirée sera rythmée par des musiques de films et une décoration vous plongera dans l’ambiance ! Venez déguisés et nous vous offrirons une boisson ! Préparez-vous à frissonner.. Les pass pour la soirée seront en vente à l’accueil des Cinémas Studio dès le 14 juin : abonnés : 6 ou 8 euros non abonnés : 10 ou 14 euros.

– 22h15 –

LaÉtats-Unis Colline a des yeux – 2006 – 1h45, d’Alexandre Aja, avec Aaron Stanford, Ted Levine et Kathleen Quinlan…

– 19h00 –

Shaun of the Dead Grande Bretagne – 2004 – 1h35, d’E. Wright, avec S. Pegg, K. Ashfield, N. Frost…

Shaun passe toutes ses soirées à boire des pintes au pub avec Ed, son ami d’enfance et Liz, sa petite amie. Mais cette dernière désire qu’il s’investisse plus dans leur relation. Après une énième déception, le couple se brise. Le jeune homme va trouver dans l’invasion de zombies qui touche la GrandeBretagne une occasion de mûrir. Comédie romantique avec des zombies, Shaun of the Dead réussit l’exploit d’être tout à la fois un des films de morts-vivants les plus audacieux des années 2000 et une comédie intelligente sur le couple et l’amitié. La force du film d’E. Wright se trouve dans l’alchimie parfaite entre ces deux aspects, une mise en scène nerveuse et un vrai amour du genre. INTERDIT –12 ANS

Pour fêter leurs noces d’argent, Bob et Ethel Carter partent en Californie avec enfants, petit-enfant, gendre et animaux. Voulant profiter de ce moment pour resserrer les liens entre eux, ils décident de faire le trajet en camping-car. Sur les conseils d’un garagiste, ils prennent un raccourci à travers le désert du Nouveau-Mexique. Mais quand survient la crevaison, la famille va devoir faire face à la violente attaque d’une horde de mutants nés des essais atomiques. Premier film américain d’Alexandre Aja, La Colline a des Yeux confirme le talent du cinéaste dans le genre horrifique avec une atmosphère anxiogène, une violence difficilement soutenable et un basculement dans le genre survival rappelant le mythique Delivrance. Après le déjà brillant Haute Tension, le film peut également s’enorgueillir de faire partie de la petite famille des remakes se révélant aussi bons, voire meilleurs, que l’œuvre originale. INTERDIT –16 ANS

Jeudi 24 août 2017 à 19h45 Partenariat avec l’Académie Francis Poulenc - 21e édition

L

’Académie Francis Poulenc propose pour sa 21e session, en partenariat avec les Cinémas Studio, de prolonger l’expérience d’il y a deux ans avec Les Visiteurs du soir de Marcel Carné ; c’est donc un autre grand film de patrimoine : L’Éternel retour de Jean Delannoy (1943) qui est à l’affiche. Sur un scénario original de Jean Cocteau revisitant le mythe de Tristan et Yseult, ce film, qui révéla véritablement Jean Marais au grand

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– Les CARNETS du STUDIO

n°358 – juillet-août 2017

public, et lança la mode du pull jacquard (qu’il portait à l’écran), est un chef d’oeuvre du noir et blanc. Aux côtés de la nouvelle star masculine du cinéma français, Madeleine Sologne, Yvonne de Bray, Pieral, Jean Murat... La musique est de Georges Auric, les décors de Georges Wakhévitch. Durée 1h30.

P

our la cinquième fois nous vous proposons de passer l’été à (re)découvrir des œuvres plus ou moins récentes, le tout sur grand écran et en copies restaurées.

Cette année, hommage, du 2 au 22 août et à travers sept de ses films les plus emblématiques, à Luis Buñuel. Libertaire et unique, ce cinéaste a toujours mêlé critique sociale et érotisme de façon étonnante. Sa franchise, son audace font plus que jamais du bien. Et à travers Belle de jour, Tristana, Le Journal d’une femme de chambre, Le Charme discret de la bourgeoisie, Le Fantôme de la liberté, La Voix lactée et Cet obscur objet du désir, c’est aussi tout le gratin des acteurs français et espagnols de l’époque que nous retrouverons avec un immense plaisir. Trois films d’Andrei Tarkovski nous permettront de voyager loin des contrées habituelles. Entre fascination et hypnotisme, L’Enfance d’Ivan, Solaris et Andrei Roublev proposent des images et des sensations que l’on ne peut oublier. Heureux ceux qui vont les découvrir du 26 juillet au 1er août.

Takeshi Kitano, un peu oublié aujourd’hui, fut une très grande révélation de la fin des années 90, trois de ses chefs d’œuvres, Hana-bi, Kids Return et L’Été de Kikujiro seront là du 23 au 29 août pour montrer que son cinéma est toujours aussi exceptionnel. Autour de ces trois hommages, ne manquez pas non plus les deux inédits superbes d’un autre maître japonais, Mikio Naruse. Nuages épars, tout d’abord, du 19 au 25 juillet, et Au gré du courant, du 9 au 15 août. Sans oublier au fil des semaines, le chef d’œuvre érotique de Nagisa Oshima, L’Empire des sens, le troublant Eraserhead de David Lynch, l’haletant Memories of murder de Bong Joon-Ho, le culte Le Lauréat de Mike Nichols, le mirobolant Cadet d’eau douce (Steamboat Bill junior) de Buster Keaton et l’extraordinaire L’Ombre d’un doute d’Alfred Hitchcock. Bon été la tête dans les étoiles. JF

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES, AU MOIS DE JUILLET : Turn up the quiet de Diana Krall (Studio 1-2-4-5-6) et Gravity zero de Laurent Coulondre (Studio 3-7) AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS D’AOÛT : At work de Géraldine Thomas (Studio 1-2-4-5-6) et EBalade en saxo de Manu Dibango (Studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

120 battements par minute France 2017 2h20, de R. Campillo, avec N. Perez Biscayart, A. Valois, A. Haenel...

Au début des années 90, le sida décime dans l’indifférence quasi générale ; pour lutter, les militants d’Act Up multiplient les actions spectaculaires. Nouveau venu dans l’association, Nathan se retrouve

confronté à Sean, dont la radicalité le bouleverse... Portrait de groupe puissant et émotionnellement très fort, coup de cœur (et Grand Prix) du dernier festival de Cannes, 120 battements par minute s’annonce comme le premier événement de la rentrée cinématographique. À travers l’histoire d’Act Up, R. Campillo a certaine-

Les CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

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ment fait œuvre militante mais il a surtout dépeint des personnages qui ont bouleversé les heureux,spectateurs qui ont déjà pu découvrir le film. Et après Les Revenants en 2004 et le magnifique Eastern Boys en 2013, 120 battements par minute marque la montée en puissance d’un cinéaste désormais majeur. Sources : dossier de presse

À la fin de l’été Film du mois de juillet, voir au dos du carnet

A À la recherche de l’ultra-sex France 2016 50’ + CM 12’, de B. Lavaine, N. Charlet

Il y a quelques années la Terre a soudain été prise d’une frénésie sexuelle généralisée, heureusement la Confédération intergalactique est venue à son secours… Cette comédie de détournement est un hommage humoristique à la production pornographique des années 1974 à 1995. Les auteurs ont remonté et détourné des centaines d’extraits de films en créant une nouvelle histoire. Et ils ont trouvé d’ahurissantes séquences dans lesquelles on peut croiser, entre autres surprises, des robots obsédés, des sexes atypiques et des brushings improbables. Entre scénario foutraque et situations renversantes, À la recherche de l’ultra-sex est aussi fascinant qu’hilarant. Jouissif. JF

Andreï Roublev

avec K. Tanaka, H. Takamine, M. Okada...

Une veuve en difficulté financière est placée comme bonne dans une maison de geishas alors que la petite entreprise est en plein déclin... Deuxième inédit de l’été (après Nuages épars en juillet) de l’immense Mikio Naruse. Fidèle à sa réputation de cinéaste des femmes, il propose ici de superbes portraits en réunissant une distribution qui fait la part belle aux vedettes les plus populaires de l’époque (dont la grande Hideko Takamine, son actrice fétiche). Chronique au fil du temps qui mêle histoires et tons différents, Au gré du courant est particulièrement touchant. À découvrir sans faute. JF

avec N. Abita, L. Calamy…

Le Caire, janvier 2011, avant le début de la révolution. Noureddine, inspecteur de police, se voit confier l’enquête sur le meurtre d’une chanteuse assassinée dans la chambre d’un grand hôtel. Il découvre peu à peu que les coupables pourraient bien appartenir au cercle rapproché du président Moubarak… Ce thriller cultive un suspense tendu, avec en toile de fond les événements historiques se précipitant dans le contexte d’un ordre social corrompu. Superbement maîtrisé, le film a obtenu le Grand prix du jury 2016 au Festival de Sundance et le Grand prix 2017 au Festival de Beaune ! Mérité ! RS

Sources : dossier de presse – lesrinroks.fr

Barrage

Catherine, jeune femme de trente ans, revient au Luxembourg pour renouer avec sa fille, qu’elle avait confiée à sa mère dix ans plus tôt. Peu à peu, le malaise s’installe entre une mère toxique et sa fille, entre une enfant froide et distante et sa génitrice… Famille dysfonctionnelle, états d’âme dépressifs et rancunes longtemps enfouies sont au cœur de ce Barrage. Si Isabelle Huppert fait de plus en plus souvent confiance à de jeunes réalisateurs, c’est bien la première fois que nous la verrons dans un rôle de grand-mère aux côtés de sa propre fille Lolita Chammah. Sources : dossier de presse

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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– Les CARNETS du STUDIO

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Le Caire confidentiel

Ava, 13 ans, est en vacances au bord de l’océan quand elle apprend qu’elle va perdre la vue. Sa mère décide de faire comme si de rien n’était pour qu’elles puissent vivre le plus bel été de leur vie, pour que l’adolescente passe dans le noir avec des lumières plein les yeux. Ava affronte le problème à sa manière : elle vole un grand chien noir qui appartient à un jeune homme en fuite… « Un premier film fascinant sur l’adolescence et la découverte de la sensualité. »

Russie, XVe siècle. Le moine et peintre d’icônes Andreï Roublev, de par ses tribulations, nous amène à voir l’Histoire de la Russie à travers son regard et sa vie. Après un prologue, les tableaux défilent – L’Histrion (été 1400), La Fête (1408), Le Jugement dernier (été 1408), décrivant une période pour le moins mouvementée : pillage des Tatars, fête de païens nus, peinture d’icônes… Le brillant réalisateur de Solaris et de L’Enfance d’Ivan, reprojetés également cet été, invite à réfléchir sur les questions de l’essence de l’art, de la foi.

Voir pages Jeune Public

Cadet d’eau douce

Suède/Danemark/Allemagne – 2017 – 1h50, de T. Saleh, avec F. Fares, G. Duany, S. Dazi…

Luxembourg, Belgique – 2017 – 1h50, de L. Schroeder, avec I. Huppert, L. Chammah, T. Pauwels…

Les As de la jungle

C

Ava France – 2017 – 1h45, de L. Mysius,

Russie – 1966 – 2h30, de A. Tarkovski, avec A. Solonitsyne, T. Ogorodnikova…

Source : dossier de presse

jour, l’employée de Mme Anaïs... Sans doute l’une des œuvres les plus célèbres de Luis Bunuel. Ce classique indémodable adapté de Joseph Kessel est toujours aussi fascinant et déroutant. Ici tout semble parfait et lisse, des cadrages aux lumières en passant par les costumes (signés Yves Saint Laurent), et pourtant, entre scènes cultes et esprit frondeur, c’est un film puissant qui enfreint les lois et les règles sans en avoir l’air. Porté par une distribution hors pair, c’est aussi très certainement le rôle le plus iconique de Catherine Deneuve. JF

Au gré du courant Japon – 1956 – 1h57, de M. Naruse,

Belle de jour

France – 1967 – 1h41, de L. Bunuel, avec C. Deneuve, J. Sorel, M. Piccoli...

Séverine, épouse très réservée en proie à des fantasmes masochistes, pousse un jour la porte d’une maison de rendez-vous et devient bientôt Belle de

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Ce qui nous lie

France – 2017 – 1h53, de C. Klapisch, avec P. Marmaï, A. Girardot, F. Civil.

Après le décès de son père, Jean, de retour dans sa Bourgogne natale, retrouve son frère et sa sœur sur la propriété viticole familiale. Retrouvailles, transmission, passage à l’âge adulte, travail de la vigne au fil des saisons sont au cœur de cette chronique parfois drôle, parfois émouvante et un rien mélancolique. Un nouveau Klapisch prometteur…

CetFrance/Espagne obscur– 1977 objet du désir – 1h45, de L. Buñuel, avec F. Rey, A. Molina, C. Bouquet…

Alors qu’il vient de monter dans un train, un quinquagénaire distingué déverse le contenu d’un seau d’eau sur une ravissante jeune femme, sous l’œil médusé de ses compagnons de voyage. Il se met, ensuite, à leur raconter comment il est devenu le jouet de cette Conchita, dont les airs d’ange dissimulent une perversité sans fin… Pour son ultime film, le maître espagnol livre sa version (concoctée

avec son collaborateur de longue date, le grand Jean-Claude Carrière) de La Femme et le Pantin de Pierre Louÿs, et offre deux visages à la tentatrice ! IG

Le Charme discret de la bourgeoisie

France/Espagne/Italie – 1972 – 1h40, de L. Buñuel, avec D. Seyrig, F. Rey, P. Frankeur, B. Ogier, S. Audran, J-P. Cassel…

Le couple Thévenot arrive pour dîner chez les Sénéchal… un soir trop tôt ! Thévenot invite alors le petit groupe de bourgeois dans une auberge. Le samedi suit une nouvelle réception mais cette fois-ci, les Sénéchal ne sont pas disponibles… Sans cesse, toujours absurdement repoussé, le dîner finit par se faire attendre. Oscar du meilleur film étranger, Le Charme discret de la bourgeoisie est une histoire loufoque servie par une distribution délicieuse. Entre satire sociale et humour noir, ce film est à voir et revoir sans modération ! RS

La Chouette entre veille et sommeil Voir pages Jeune Public

Ciel rouge

France/Vietnam – 2017 – 1h31, d’O. Lorelle, avec C. Descours et A. Giacomini

Au Vietnam, en 1946 : Philippe, un sergent âgé de vingt ans, ne comprend pas comment cette Vietminh prisonnière peut lire calmement alors qu’elle sait qu’elle va être exécutée la nuit venue... Elle l’obsède au point qu’il la libère. Ils fuient ensemble dans la jungle. Philippe est fasciné par le courage de Thi et elle par la liberté de ce Français qui a pu déserter pour elle. Dans une suite d’épreuves, ils vont chacun apprendre et faire sien ce qui les fascinait chez l’autre. Le film est l’histoire de leur amour. Ciel rouge est le premier long métrage d’O. Lorelle qui a reçu le César 2007 du Meilleur scénario original pour Indigènes. Sources : Cineuropa.

Crash Test Aglaé France - 2015 - 1h25, d’É. Gravel, avec I. Hair, J. Depardieu, Y. Moreau…

Aglaé a ce qu’on appelle un profil psychorigide : sa vie tourne uniquement autour de son travail. Alors, quand la direction de l’entreprise annonce une délocalisation sauvage, personne ne peut imaginer qu’Aglaé décide de suivre son usine en… Inde ! Dans ce périple improbable, elle embarque deux collègues à bord de sa voiture, Liette et Marcelle. On se doute que le chemin du trio va être long, périlleux et plutôt pittoresque, mais à cœurs vaillants… Sources : dossier de presse Les CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

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D

Le Dernier vice-roi des Indes GB/Inde – 2017 – 1h45, de G. Chadhan,

Eraserhead USA – 1977 – 1h25, de D. Lynch,

avec H. Bonneville, G. Anderson…

avec J. Nance, C. Steward…

En 47, après 300 ans de domination anglaise, le petit-fils de la reine d’Angleterre, lord Mountbatten, est nommé vice-roi des Indes afin de préparer le pays à l’indépendance. Après des négociations difficiles avec Nehru, Gandhi et Jinnah, devant la violence des conflits religieux, il n’aura pas d’autre choix que décider la partition, avec la création d’un nouvel état, le Pakistan. Soit le plus grand déplacement de populations que l’histoire ait connu… Pour son 7e long-métrage la réalisatrice indo-britannique a réalisé une épopée romantique à l’ancienne, « au mélange jamais avare en pathos entre des circonstances historiques troubles et un amour jugé impossible à cette époque mouvementée », présentée hors compétition à la dernière Berlinale.

Alors qu’il était déjà déprimé par l’ambiance totalement inhumaine de l’usine dans laquelle il travaille, Henry doit désormais faire face seul aux soins que réclame son fils. Mary, sa compagne, qui ne supportait plus ses cris, vient de le quitter. Ellle avait accouché prématurément d’une sorte de monstre, mi-humain, mi-animal, nécessitant des soins incessants… Jour et nuit, Henry est hanté par des rêves et des visions obsédantes... Pour son premier long-métrage, le futur célèbre cinéaste, peintre et photographe a réalisé un conte métaphysique terrifiant qui ne laisse aucune échappatoire au spectateur. Avec cette tête à effacer, il le conduit dans les labyrinthes asphyxiants de l’inconscient humain. Un voyage douloureux et qui hante pour toujours celui qui a fait ce voyage de 85 minutes… DP

Sources : critique-film.fr

Dunkerque

USA, France, G-B, Pays Bas – 2017 – 1h48, de C. Nolan, avec T. Hardy, C. Murphy, M. Rylance, K. Brannagh…

Cette superproduction qui a mobilisé 450 techniciens et 2 000 figurants fait le récit de la fameuse évacuation sanglante des troupes alliées de Dunkerque en mai 40. Après la SF monumentale (Batman vs. Superman : l’aube de la justice – 2016), le réalisateur s’attaque au film de guerre, autre genre fondamental. Il affirme pourtant : « C’est une histoire de survie et avant tout un film de suspense… Bien qu’il ait un haut niveau d’intensité, il ne traite pas nécessairement de l’aspect sanglant du combat… » Pour ce faire il propose une lecture en trois espacestemps : la plage, la mer et les airs ; sans doute avec l’efficacité qu’on lui connaît. Sources : dossier de presse

Djam France/Turquie/Grèce – 2017 – 1h37, de T. Gatlif,

d’Andrei Roublev…

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Source : dossier de presse.

Entre deux rives

Corée du sud – 2017 – 1h54, de Kim Ki-duk avec Ryoo Seung-bum, Lee Won-geun, Young-Min Kim…

Entre les deux Corée un lac marque la frontière. L’hélice du bateau de Nam Chul-woo, un modeste pêcheur nord-coréen marié et père d’une petite fille, se retrouve coincée dans les filets sur les eaux du lac. Dès lors, il n’y a pas d’autre issue que de se laisser dériver vers les eaux sud-coréennes, où la police des frontières l’arrête pour espionnage. Une lutte va s’engager pour pouvoir retrouver sa famille… Pour le réalisateur du superbe Printemps, été, automne, hiver… (2003), « les hommes sont prisonniers de l’idéologie politique des lieux où ils sont nés ». Source : dossier de presse.

Été 93

Filmographie sélective : Elephant man (80) – Blue Velvet (86) – Sailor et Lula (90) – Une Histoire vraie (99) - Muhholand drive (01)

Espagne – 2017 – 1h34, de C. Simon Pipó, avec L. Artigas, P. Blanco, B. Cusi…

À la mort de ses parents, une fillette de 6 ans, Frida, quitte Barcelone pour vivre chez son oncle, sa tante et Anna, leur fille de 3 ans, à la campagne. Le temps de cet été-là, Frida apprendra à accepter son chagrin et à prendre sa place auprès de ses proches qui l’aimeront comme leur propre fille… Après deux courts-métrages, la jeune réalisatrice nous propose Été 93. Primé à Cannes et à Berlin, il offre un regard sur cette nouvelle famille qui doit inventer ou transformer des relations existantes.

L’Empire des sens

Japon – 1976 – 1h45, (int - 16 ans) de N. Oshima, avec E. Matsuda, T. Fuji...

En 1936, à Tokyo, une ancienne prostituée devenue domestique et son patron vivent une passion érotique qui les entraîne dans un tourbillon qui ne connaîtra pas de bornes... Inspiré d’un fait divers, L’Empire des sens est la description d’une passion charnelle extrême, et le film qui a changé pour toujours la représentation du sexe à l’écran en montrant que pornographie et cinéma pouvaient faire très bon ménage. Ai no Korida, littéralement La Corrida de l’amour porte bien son titre et rarement Eros et Thanatos ont été si liés. De plus, c’est aussi le film d’un très grand cinéaste alors au sommet de son art. Indémodable. JF

Kakourgos, un ancien marin, envoie sa fille Djam à Istanbul chercher une pièce de moteur pour son bateau. Elle rencontre sur la route Avril, une jeune Française bénévole venue travailler auprès de migrants tentant de gagner l’Europe via la Grèce et la Turquie. Djam la prend sous sa protection. Tony Gatlif s’est fait un spécialiste de ces road movies musicaux souvent enthousiasmants. Sur fond de problèmes migratoires c’est ici le rebetiko, musique protestataire traditionnelle grecque, qui tient la vedette. Sources : dossier de presse

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– Les CARNETS du STUDIO

n°358 – juillet-août 2017

avec N. Burlyayev, V. Zubkov, Y. Zharikov…

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le jeune Ivan, 10 ans, et sa mère regardent tranquillement la campagne environnante. Soudain, un coup de feu éclate et tout n’est que ruines ! Devenu orphelin, Ivan noue ensuite un lien solide et amical auprès du capitaine Kholine rencontré au poste de police. Cette amitié va le conduire au contact de la folie meurtrière de la guerre en menant de dangereuses missions… Inspiré d’une nouvelle de Vladimir Bogomolov, L’Enfance d’Ivan avait reçu le Lion d’or du premier film à Venise. Par le brillant réalisateur de Solaris et

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Le Fantôme de la liberté France – 1974 – 1h43, de L. Bunuel, avec JC. Brialy, M. Vitti, M. Lonsdale, J. Rochefort...

Foule de grands acteurs de l’époque pour une comédie (?) faite d’épisodes sans lien entre eux qui creusent aussi loin que possible la question de l’absurde au cinéma. Pour une fois l’adjectif surréaliste n’est ici pas usurpé. ER

Grand froid

France – 2016 – 1h26 de G. Pautonnier, avec J-P. Bacri, O. Gourmet, A. Dupont...

Source : dossier de presse.

L’Été de Kikujiro

Le Grand méchant renard

C’est l’été et pour Masao, 9 ans, les vacances scolaires débutent et les amis se sont éloignés. Désœuvré et vivant seul à Tokyo avec sa grand-mère, le garçon croise par hasard Kikujiro, un ancien yakusa mais éternel joueur ! L’été va alors prendre un sacré tournant : ils partent ensemble en province à la recherche de la mère de Masao qu’il n’a jamais connue. Le voyage du duo s’improvise à travers le Japon avec des rencontres plutôt insolites… Un film à la fois touchant, poétique et cocasse réalisé par l’électique Takeshi Kitano ! RS

L’Enfance d’Ivan Russie – 1h36 – 1962, d’ A. Tarkovski,

Sources : lemonde.fr Filmographie sélective : Despues de Lucia (12) – A los ojos (13) – Chronic (15)

Perdue dans la neige, une petite ville abrite une entreprise de pompes funèbres au bord de la faillite... Son patron, Edmond, bien entendu désespéré, se demande s’il va devoir fermer boutique lorsque survient (enfin !) un gentil cadavre à enterrer, prometteur de jours qui ne chanteront pas que des requiems pour lui... mais lorsque le sort semble se retourner contre vous, il n’y a plus grand chose à faire, surtout si vous n’arrivez même pas à trouver le cimetière où l’enterrement doit avoir lieu...

Japon – 1999 – 2h01, de et avec T. Kitano et Y. Sekiguchi, R. Ide, K. Kishimoto…

avec D. Patakia, S. Abkarian, M. Cayon

et demande de l’aide à sa mère, Avril, qui vient l’aider et... s’accapare l’enfant. Fidèle du festival de Cannes, le réalisateur mexicain nous a habitués à une œuvre particulièrement dérangeante. Grâce à un magnifique trio d’actrices (où on retrouve la Julieta d’Almodovar), il réussit son plus beau film, qui a reçu le Prix du Jury de la sélection Un certain regard.

Les Filles d’Avril Mexique – 2017 – 1h30 - de M. Franco,

G

Voir pages Jeune Public

Hana bi

Japon – 1997 – 1h43, de et avec T. Kitano, K. Kishimoto…

Alors qu’il rend visite à l’hôpital à sa femme atteinte d’une maladie incurable, Yoshita Nishi, un policier, voit deux de ses collègues être abattus par des yakusas. Il décide de quitter la police pour faire un dernier voyage à travers le Japon… Après Sonatine (93), Kitano continue à surprendre avec ce film d’une grande beauté formelle à la narration complexe, mélange surprenant d’images contemplatives et de bouffées de violence. Un film magique qui a reçu le Lion d’or à Venise en 1997. DP

H

avec E. Suarez, A-Valeria Beccerill…

À 17 ans Valeria, enceinte, décide de garder l’enfant. Après sa naissance elle se trouve très vite dépassée Les CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

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I amChine not Madame Bovary – 2016 – 2h18, de Feng Xiaogang, avec Fan Bingbing, Guo Tao, Da Peng…

Li Xuelian et son mari Qin Yuhe simulent un faux divorce dans le but d’obtenir un second appartement. Six mois plus tard, Qin se marie à une autre femme. Abandonnée et bafouée, Li se lance dans une quête de justice qui va durer des années... Voici un portrait satirique de la Chine à travers le combat d’une femme déterminée à faire valoir ses droits. L’histoire repose sur un vrai phénomène en Chine. Le réalisateur a choisi un cadre circulaire pour une partie d’I am not Madame Bovary, en référence à la peinture chinoise et pour ajouter une impression de voyeurisme. Le film a reçu plusieurs prix aux festivals de San Sebastian et Toronto en 2016. Sources : dossier de presse.

Kids return

Japon 1997 1h47, de T. Kitano, avec M. Ando, K. Kaneko...

Masaru et Shinji sont deux adolescents qui préfèrent traîner plutôt que d’aller au lycée. Leur amitié va bientôt suivre une trajectoire différente quand l’un découvre la boxe tandis que l’autre se met à fréquenter les yakusas.... Issu de la période la plus féconde de Takeshi Kitano et tourné juste avant Hana-bi, Kids return est un des très grands films de son auteur. Sa description de la jeunesse est humaniste et sans concession. Très maîtrisé mais jamais corseté, le film est très émouvant et, de plus, la musique de Joe Hisaishi est magnifique. JF

K.O.

France – 2017 – 1h55, de F. Gobert, avec L. Lafitte, C. Mastroianni, P. Marmai, C. Hesme, Z. Hanrot...

Ivan Tsarevitch et la princesse changeante Voir pages Jeune Public

J

Le Journal d’une femme de chambre France/Italie - 1964 - 1h38, de L. Buñuel, avec J. Moreau, M. Piccoli, Georges Géret…

1928. Célestine, femme de chambre de son état, quitte Paris pour entrer au service des Monteil, une famille de notables de province. Entre la tyrannie de madame, le harcèlement sexuel de monsieur, les manies fétichistes du patriarche et les avances rustres du palefrenier, si Célestine ne dit pas grandchose, elle n’est dupe de rien… Buñuel s’adonne à son jeu favori : le massacre des institutions, sans exception aucune, et déclarait avoir trouvé l’interprète idéale de cette partition sans concessions avec la grande Jeanne Moreau ! IG

Le Jour d’après

Corée – 2017 – 1h32, de Hong Sang-Soo, avec Kim Min-hee , Kwon Hae-hyo...

Areum vient de se faire embaucher dans une maison d’édition pour remplacer une femme qui avait une liaison avec l’éditeur, Bongwan. Bongwan, lui, ne cesse de penser à celle qui vient de partir... Seulement voilà, Bongwan est marié et sa femme, qui vient de trouver une lettre d’amour qui lui était adressée, se rend à son bureau... où elle trouve Areum, qu’elle prend bien sûr pour la maîtresse de son mari... Voici le début d’une sorte de comédie au régime lent où l’on retrouve l’humour un peu désabusé de Hong Sangsoo. ER

– Les CARNETS du STUDIO

n°358 – juillet-août 2017

L

Le Lauréat

France - 2017 - 1h37, de et avec V. Lemercier, H. Vincent, P. Laudenbach, P. Timsit…

Benjamin Braddock, tout juste diplômé, rencontre la femme du patron de son père, Mrs Robinson, qui lui fait des avances et parvient très rapidement à le séduire. Ben profite de cette relation purement sexuelle, jusqu’au jour où il rencontre Elaine, la fille des Robinson, et en tombe amoureux. Les ennuis commencent… Les chansons de Simon and Garfunkel rendent encore plus mythique cette histoire d’amour peu conventionnelle, ce portrait d’un jeune homme flou, cette représentation acide d’une Amérique des sixties en pleine mutation. AW

Rien ne va plus pour Marie-Francine : son mari la plaque pour une plus jeune, et elle perd son emploi ! À cinquante ans elle retourne vivre chez ses parents qui ne l’ont pas vue grand… vieillir. S’ils l’aident à se recaser professionnellement en lui offrant la gérance d’une boutique de cigarettes électroniques, alors qu’elle est une fumeuse invétérée, ils font également leur maximum pour qu’elle se recase sentimentalement. L’espoir renaît quand elle rencontre Miguel qui, lui, « squatte » le canapé de sa mère…

Lola pater France/Belgique - 2017 - 1h35, de N. Moknèche,

Sources : Dossier de presse

Sources : Dossier de presse

Sources : telerama.fr ; gaumont.fr

Ma vie de Courgette Voir pages Jeune Public

Lumières d’été

Memories of Murder Corée du sud – 2003 – 2h11, de Joon-Ho Bong, avec Song Kang-Ho, Kim Sang-kyung, Hie-bong Byeon…

Dans les années 80, des femmes jeunes ou âgées sont mystérieusement violées et/ou assassinées dans la campagne. La rumeur d’actes commis par un serial killer grandit. Une unité spéciale de la police est créée avec, sous ses ordres, un policier local et un détective venant de Séoul. Avec des méthodes diamétralement opposées, ils enquêtent sur le terrain au gré des indices relevés et cèdent même aux charmes de la voyance... Inspiré de faits réels, Memories of murder (en version restaurée) est un film d’époque, à la mise en scène virtuose. Le réalisateur, sans abandonner l’intrigue, dresse le portrait de personnages profondément humains, faillibles et attachants.

Argentine/Espagne – 2016 – 1h32, de S. Borensztein, avec R. Darin, O. Martinez, I. Cuesta…

France – 2017 – 1h22, de J-Gabriel Périot, avec H. Ogi, A. Tatsukawa.

Sources : dossier de presse

Argentine 1977. Tomas Kóblic est un ancien pilote et capitaine de la Marine argentine. Après avoir désobéi à un ordre de l’armée à la botte du général Videla, il s’enfuit. Alors qu’il s’est réfugié dans une petite ville dans le sud du pays, un maréchal local autoritaire et sans scrupules remarque sa présence… Après la comédie dramatique El Chino (2012), le réalisateur argentin nous propose un thriller historique incarné par les deux excellents acteurs argentins que sont R. Darin et O. Martinez.

Le Japonais Akihiro, qui vit à Paris, rentre au Japon interviewer des survivants de la bombe atomique pour un documentaire sur les 70 ans d’Hiroshima. Il rencontre dans un parc une femme étrange et décide de la suivre pour un voyage improvisé à travers la ville jusqu’à la mer. « Le couple s’enfonce dans les profondeurs d’un récit qui déborde les frontières entre le présent et l’histoire, le réel et le fantastique. Un récit doux, qui avance par détails : un visage, une voix, un mot perdu dans la brume des souvenirs comme dans la lumière de l’été. (Elena Lopez Riera– festival de Belfort). Un nouveau long métrage de Périot dont nous avions beaucoup aimé Une jeunesse allemande (2015).

Moi, moche et méchant 3

Sources : Dossier de presse

Kubo et l’armure magique

M

avec F. Ardant, T. Jallab, N. Kaci…

Zino, 27ans, fils d’immigrés algériens, enterre sa mère à Paris. Enfant unique, il a grandi avec elle après le départ brutal de son père Farid, parti depuis plus de 20 ans. Sur la foi de ce que lui a dit sa mère, Zino croit que son père l’a abandonné. Il apprend du notaire que Farid n’est pas retourné en Algérie, mais qu’il réside en Camargue et que ses parents n’ont jamais divorcé. Pourquoi sa mère lui a-t-elle menti ? Lola pater est le 5ème long métrage de Nadir Moknèche après Le Harem de madame Osmane (2000), Viva Ladjérie (2004), Délice Paloma et Goodbye Morocco (2013). Cinéaste portraitiste, gageons qu’il nous dévoilera une originale galerie de personnages de la société algérienne.

Kóblic

Marie-Francine

USA – 1967 – 1h46, de M. Nichols, avec D. Hoffman, A. Bancroft, K. Ross

On se souvient du très réussi Simon Werner a disparu ; depuis ce beau premier long-métrage, Fabrice Gobert a œuvré à la réussite de la série Les Revenants. K.O. signe donc son retour au cinéma. Et il semble que l’on retrouve ici ce ton si particulier qui transporte la réalité vers une certaine forme d’étrangeté. Le film se concentre sur la personnalité complexe d’Antoine Leconte, qui se retrouve dans le coma au terme d’une journée très difficile. Mais à son réveil plus rien n’est comme avant ; s’agirait-il d’un complot ? À moins que ce ne soit un cauchemar.... Soutenu par une distribution hors pair, de l’excellent Laurent Lafitte à la trop rare Chiara Mastroianni en passant par Pio Marmai, K.O. promet beaucoup.

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K

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My Cousin Rachel

USA – 2017 – 1h46, de R. Michell, avec R. Weisz, S. Caflin…

My cousin Rachel est adapté du roman éponyme paru en 1951 de Daphné du Maurier, « à la fois détaillé, sombre, sexy, cinématographique et riche en coups de théâtre », commente le réalisateur. Au début du 19e siècle, le jeune Philip apprend que son cousin Ambroise, cinquantenaire avec lequel il est très lié, vient de décéder dans des circonstances troubles juste après son mariage, au cours d’un voyage en Italie avec une mystérieuse veuve, Rachel. Alors qu’il soupçonne cette dernière d’être responLes CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

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sable de son meurtre et prépare sa vengeance, il tombe peu à peu sous le charme de la jolie Rachel… Sources : dossier de presse

N

Nos patriotes France - 2016 - 1h47, de G. Le Bomin, avec M. Zinga, G. Gadebois, A. Lamy…

22 juin 1940. Addi Bâ, un jeune tirailleur sénégalais s’évade et trouve refuge dans les Vosges. Membre fondateur du premier maquis de la région, il enchaîne les actions de résistance et est donc activement recherché par les Allemands qui le désignent comme Le Terroriste noir… G. Le Bomin a voulu rendre hommage à cette figure majeure de la Résistance, torturée puis fusillée, sans avoir parlé, à 26 ans, en 1943. Addi Bâ sera décoré pour son courage, en… 2003 ! Sources : dossier de presse, estrepublicain.fr, vosgesmatin.fr

Nuages épars Japon – 1967 – 1h48, de Mikio Naruse, avec Y. Kayama, Y. Tsukasa, M. Kusabue...

Un homme provoque accidentellement un décès. Il rencontre la veuve du défunt pour lui verser une pension et, peu à peu, tombe amoureux d’elle... Un inédit du très grand réalisateur japonais Mikio Naruse, qui est aussi la dernière pièce d’une filmographie riche de plus de 80 longs métrages, dont Nuages flottants, Le Grondement de la montagne ou Le Repas, entre autres chefs d’œuvre. Film testament aux couleurs pastel et à la sensibilité extrême, Nuages épars est un mélodrame écrit de la plus belle eau. Immanquable. JF

décide de quitter sa famille pour partir à l’aventure à travers l’Europe de l’Est. Deux projets l’animent : l’espoir de trouver un emploi et le rêve de… pêcher un gros poisson ! C’est porté par le vent et le sel marin qu’il parvient ainsi en mer Baltique. Sa quête le plonge dans un flot d’événements et de rencontres inattendus : une femme solitaire, un Russe aux intentions hostiles et un étonnant lapin empaillé. Présenté dans le cadre d’Un Certain Regard, Out est le premier film slovaque en sélection officielle à Cannes. Prometteur !

O

Charlie fuit la police et se réfugie chez sa sœur où il retrouve sa nièce, prénommée Charlie elle aussi, qui l’adule. Mais peu à peu le doute s’installe dans la tête de la jeune femme, Oncle Charlie ne serait-il pas le tueur de veuves que tout le monde recherche ? Parmi tous les chefs-d’œuvre qu’il a réalisés, Hitchcock désignait L’Ombre d’un doute comme son film préféré. Il s’agit effectivement d’une œuvre exceptionnelle où l’on retrouve toute la fascination pour le mal de l’auteur dans ce jeu angoissant du chat et de la souris. Narrant l’émancipation d’une jeune fille, L’Ombre d’un doute est un conte cruel et jouissif absolument impossible à rater. JF

Out

Slovaquie/Hongrie/République Tchèque/Lituanie – 2017 – 1h28, de G. Kristof, avec S. Terhes, E. Bandor, J. Bárdos…

Ágoston, la cinquantaine et ouvrier au chômage,

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– Les CARNETS du STUDIO

n°358 – juillet-août 2017

Sources : dossier de presse, telerama.fr

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Les Proies

USA - 2017 – 1h31, de S. Coppola, avec C. Farrell, N. Kidman, K. Dunst, E. Fanning…

Sources : dossier de presse, lemonde.fr.

Sous le feu des balles Kosta, un laitier, traverse la ligne du front, risquant chaque jour sa vie pour aller ravitailler des soldats. L’arrivée d’une ravissante réfugiée italienne, Nevesta, va venir bouleverser cette routine bien rodée. Une histoire d’amour passionnée et impossible qui va les entraîner dans des aventures rocambolesques… Pour ce conte de fée moderne, le réalisateur de Chat noir, chat blanc (1998) et d’Arizona Dream (1993) se serait inspiré d’épisodes de sa propre vie.

Le film raconte comment l’irruption d’un soldat blessé en pleine guerre de Sécession fait voler en éclat le fragile équilibre d’un pensionnat de jeunes filles coupé du monde, au fin fond de la Virginie.. Les Proies a envoûté le Festival de Cannes. On y entendait des échos positifs sur « le charme de cette vénéneuse ambiance gothique avec une distribution menée par des acteurs au jeu impeccable, sobre, subtil, captivant ». Pas étonnant que Sofia Coppola ait reçu le Prix de la mise en scène. Alors que dans la première adaptation (celle de Don Siegel en 1971) le monde des femmes était vu par le soldat, dans la seconde l’histoire est racontée du point de vue des femmes.

Source : dossier de presse.

Source : dossier de presse

Ozzy

Promenons-nous avec les petits loups

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On the Milky Road Serbie/Royaume-Uni/Etats-Unis – 2016 – 2h05, de et avec Emir Kusturica, et M. Bellucci, M. Manojlovic…

Patagonia, el invierno France/Argentine – 2016 – 1h35, de Emiliano Torres, avec A. Sieveking, C. Salguero

L’Ombre d’un doute USA – 1943 – 1h38, de Alfred Hitchcock, avec T. Wright, J. Cotten...

venir à ses fins Salazar, désormais mort-vivant, conclut une alliance avec Barbossa, autre fameux ennemi du pirate aux dreadlocks. Évidemment, s’il pouvait s’emparer du Trident de Poséidon, ce serait, enfin, la fin des tribulations pour Sparrow, puisqu’il deviendrait, alors, le maître des océans…

Le vieil Evans a travaillé toute sa vie comme contremaître dans un ranch isolé de Patagonie mais ses employeurs ont à présent décidé de le licencier pour le remplacer par un homme beaucoup plus jeune, Jara. Mais Evans ne veut pas partir, d’où un conflit qui prendra toute sa dimension avec l’arrivée de l’impressionnant hiver patagonien. Film somptueux et poignant, dans lequel la grandeur des paysages et la force des éléments transcendent et relativisent à la fois les problèmes des hommes.

P

Q

Rara

Chili - 2016 - 1h28, de Pepa San Martin, avec J. Lübbert, E. Ossandon, M. Loyola…

Sara, 13 ans, et sa sœur vivent, depuis le divorce de leurs parents, auprès de leur mère Paula et de la compagne de celle-ci. Si les deux filles ne voient pas de problème à cette situation, leur entourage n’est pas prêt à accepter ce type de famille hors-normes : leur père entame une procédure pour obtenir leur garde, tandis qu’à l’école elles subissent moqueries et rejet… La critique salue cette comédie (si, si !) incisive qui, avec un scénario subtil et à une interprétation remarquable, s’efforce de faire bouger les mentalités ! Sources : dossier de presse ; trigon.film, cineman.ch

La Région sauvage

Mexique/Danemark,/France/Allemagne/Norvège/Suisse - 2016 - 1h39, de Amat Escalante, avec K. Johnston, J. Meza, R. Ramos…

Un couple en pleine crise conjugale rencontre Veronica, une mystérieuse jeune femme jaillie de nulle part. Elle les entraîne à la rencontre d’un couple de chercheurs vivant dans une cabane perdue au milieu des bois. Le sujet de leurs études se trouve être une étrange créature, aussi bien machine à plaisir que de destruction… Pour cette chronique à la fois crue, fantasmagorique et horrifique, le réalisateur de Sangre a reçu le Lion d’argent du meilleur réalisateur lors de la dernière Mostra de Venise ! Sources : dossier de presse ; telerama.fr

Sans pitié

Que dios nos perdone Espagne – 2016 – 2h06, de R. Sorogoyen,

Corée du Sud – 2017 – 1h57, de Sung-Hyun Byun, avec Kyung-Gu Sol, Si-Wan Yim, Kim Hie-Won...

avec A. de la Torre, R. Alaño…

Dans sa prison Jae-ho fait la loi. Mais s’il se rêve chef de gang, son autorité est remise en cause par l’arrivée d’un nouveau venu, Hyun-su. Et même si, à leur sortie de prison, ils partent à la conquête du marché de la drogue, ils n’arrivent pas à se faire réellement confiance... Présenté en séance de minuit au dernier festival de Cannes et très chaleureusement accueilli, Sans pitié montre une nouvelle fois la très grande vitalité de la Corée du Sud pour le cinéma de genre. Film d’action assez violent et au rythme effréné, Sans pitié, qualifié de tarantinesque, promet deux heures haletantes.

Pirates des Caraïbes la vengeance de Salazar VO/VF USA – 2016 – 2h10, de J. Rønning et E. Sandberg,

En 2011, dans la chaleur accablante de l’été madrilène, un serial killer tue et viole des vieilles dames tandis que « les indignés » occupent les places pour montrer leur colère contre le gouvernement espagnol et que les pélerins des Journées mondiales de la jeunesse envahissent les rues à l’appel du pape…. Les inspecteurs Alfro et Velarde commencent une course contre la montre où ils devront apprendre à se connaître et lutter contre leurs propres fantômes… Le film noir se porte bien en Espagne (La Isla mínima (14), La Colère d’un homme patient ou encore L’Homme aux mille visages (16) ! Après les succès 8 citas et Stockholm, Sorogoyen s’y essaie avec succès, notamment grâce au talent de ses deux interprètes qui ont reçu le Goya du meilleur acteur.

avec J. Depp, J. Bardem, G. Rush…

Sources : cineuropa.org – cinespagne.com

Sparrow, le plus escroc des pirates, est de nouveau dans une situation catastrophique. Cette fois il est confronté à la haine du Capitaine Salazar, qu’il a conduit à sa perte des années auparavant. Pour par-

Russie – 1972 – 2h45, d’Andrei Tarkovski, avec N. Bondarchuk, D. Banionis…

Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

Une station installée sur la fascinante planète Solaris, recouverte d’un océan. Le cosmonaute Kris Kel-

Source : dossier de presse

R

S

Source : dossier de presse

Solaris

Les CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

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vin a pour mission de se rendre sur place afin d’enquêter sur des événements étranges qui s’y sont produits. La découverte de l’équipe de la station n’est pas sans le surprendre… Cette œuvre de science-fiction adaptée du roman de Stanislas Lem est réalisée par le brillant réalisateur russe de Andreï Roublev et L’Enfance d’Ivan, films également reprojetés cet été. « Film splendide où la lenteur, si on consent à s’y abandonner, crée une fascination permanente ».

devant un certain humour.

passé et de son identité.

Sources : imdb.com

Sources : anglesdevue.com – filmsdeculte.com

V

Tous en scène Voir pages Jeune Public

Tristana

Song to Song

Faye et BV sont compositeurs et ils s’aiment. Cook est producteur et Rhonda est serveuse : ils s’aiment aussi. Tous les quatre sont à la recherche du succès dans le milieu musical d’Austin au Texas : leur quête respective va les faire se croiser, se confronter à leurs obsessions, et leurs jeux de séduction vont les mener jusqu’à la trahison… Quelle distribution pour le neuvième long métrage du réalisateur de La Balade sauvage qui, depuis The Tree of Life en 2011, a durablement repris goût au cinéma! Sources : dossier de presse, ladepeche.fr

The Wall

USA – 2017 – 1h30, de Doug Liman, avec A. Taylor-Johnson, J. Cena, L. Nakli…

Au cœur de l’immense désert irakien le sergent-chef Matthews et le sergent Isaac s’approchent de plusieurs véhicules apparemment abandonnés. Ils sont pris pour cible par un sniper impossible à localiser et seul un pan de mur en ruine leur offre un abri précaire. Film d’action sans action, huis clos en plein désert respectant les unités de lieu, de temps et d’action, ce film étrange et fascinant déconstruit le mythe du héros et constitue une charge violente contre la propagande militaire américaine. Source : dossier de presse

Orpheline, Tristana est recueillie par Don Lope, un grand bourgeois vieillissant qui devient son tuteur puis son amant. Mais, assez vite, elle le quitte pour s’installer avec un peintre... Ceci n’est que le point de départ de ce très grand film de Luis Bunuel, d’une grande simplicité apparente mais qui pourtant garde des zones d’ombre et de mystère. Film sur les rapports de force d’une grande perversité, fétichiste et libertaire, Tristana est tout aussi éblouissant qu’au premier jour. Et dans la somptueuse filmographie de Catherine Deneuve, il brille comme un diamant noir. JF

Une femme douce

Lettonie – 2017 – 2h22, de S. Loznitsa, avec V. Makovtseva…

Le 2nd long-métrage du réalisateur ukrainien, sélectionné au dernier festival de Cannes, raconte l’itinéraire d’une héroïne anonyme partie à la recherche de son mari, prisonnier, après qu’un paquet qui lui était destiné lui soit revenu. Sur son chemin en forme de descente aux enfers, elle ne va rencontrer que misère, économique et morale, malveillance, absurdité administrative, proxénétisme… Une fresque terrorisante, d’une grande intelligence formelle, qui veut dénoncer avec violence, « l’arbitraire d’une société gangrenée par la corruption, la folie, la cruauté. » Sources : lesinrocks.fr – lemonde.fr

Une femme fantastique Chili/Allemagne/Espagne – de S. Lelio – 1h44,

Film du mois d’août, voir au dos du carnet

Un jour nouveau

Espagne/France – 1970 – 1h40, de L. Bunuel, avec C. Deneuve, F. Nero, F. Rey...

Source : dossier de presse

USA - 2015 - 2h08, de Terrence Malick, avec R. Gosling, R. Mara, M. Fassbender, N. Portman, C. Blanchett, Patti Smith…

Une Vie violente

U

apprennent à se connaître entre surprises et humour. Très chaleureusement accueilli au dernier Festival de Cannes, le film en est revenu avec L’Oeil d’or qui récompense un documentaire, toutes sections confondues. Source : dossier de presse

La Voie lactée

Iran – 2017 – 1h28, de S. Reza Mir-Karimi, avec P. Parastui, S. Golestani, S. Moghadami…

France/Italie/Allemagne – 1969 – 1h41, de L. Buñuel,avec L. Terzieff, D. Seyrig, G. Marchal, M. Piccoli, A. Cuny, E. Scob, B. Verley…

À la fin d’une journée de travail, alors qu’il déjeune tranquillement, Youness, un vieux chauffeur de taxi, aide une jeune femme enceinte déboussolée et souffrante. Elle lui demande de l’accompagner à l’hôpital en voiture en se faisant passer pour son mari car son futur bébé est un enfant illégitime. Youness ne se doute pas de ce qui l’attend là-bas… Le film dénonce la condition féminine en Iran de manière détournée mais le constat n’en est pas moins accablant. Le film est grave et émouvant, les personnages des êtres portés par la grâce dont l’interprétation est de premier ordre.

Deux compères se rendent à Saint-Jacques-de-Compostelle, avec le dessein de se faire un peu d’argent sur le dos de quelques pèlerins… Pierre, croyant, et le jeune Jean, plutôt athée, vont ainsi faire certaines rencontres, parfois troublantes, parfois symboliques. Les six dogmes du catholicisme évoqués ici à travers le parcours picaresque de ces deux vagabonds sont illustrés de multiples références, le tout dans une ambiance onirique propre à Buñuel. RS

Source : dossier de presse

Danemark/Suède – 2016 – 1h50, de L. Ohlin, avec M. Boe Folsgaard, C. Lassen, K-L. Mynster…

UnIranvent de liberté – 2016 – 1h24, de B. Behzadi, avec S. Dolatshahi, A. Mosaffa, A. Reza Aghakhani…

Niloofar, 35 ans, vit seule à Téhéran avec sa mère tombée gravement malade à cause des pics permanents de pollution dans la capitale. Parce qu’elle est la benjamine et sans conjoint ni enfants, son frère et sa sœur, tous deux mariés, décident unilatéralement qu’elle accompagnera leur mère au nord du pays et s’y installera. Alors que Niloofar suit généralement ce qu’on lui impose, cette fois-ci, elle se rebelle. Une transformation va alors s’opérer en elle... Ce troisième long métrage de B. Behzadi décrit comment une jeune femme se heurte à l’étau insidieux de la suprématie masculine mais aussi de la primauté du droit d’aînesse. Source : dossier de presse

Walk With Me

Thomas est un soldat en mission à Helmand dans le sud de l’Afghanistan. Lors d’une opération il saute sur une mine antipersonnel et perd ses jambes. Il survit et se retrouve dans un centre de rééducation avec uner seule envie : retourner sur le terrain. Il fait la connaissance de Sofie, une danseuse professionnelle venue rendre visite à un parent. Elle propose à Thomas de l’aider avec une rééducation plus intense. Des liens forts vont se tisser entre eux malgré leurs différences… Si Walk with me est un film de production danoise, la réalisatrice, elle, est suédoise. Elle a obtenu une reconnaissance internationale pour Simon and the Oaks.

W

Source : dossier de presse

Wallay

France / Burkina Faso – 2017 – 1h24, de B. Goldblat, avec M. Nathan Diarra, I. Koma, H. Kassogué…

avec D. Vega, F. Reyes, L. Gnecco

T

Tom of Finland Finlande - 2017 – 1h56, de D. Karukoski, avec L. Tilkanen, J. Grabowsky, J. Oftebro…

Héros de la seconde guerre mondiale, Touko Laaksonen rentre en Finlande, où la persécution contre les homosexuels les contraint souvent à se marier et avoir des enfants pour faire bonne figure. Touko, lui, va se lancer dans l’art et dessiner en secret des hommes musclés... et fiers d’être gays. Voilà, tout est en place pour un « biopic » de celui qui est parmi les plus célèbres contributeurs d’une imagerie homosexuelle décomplexée, qui ne rechigne pas

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– Les CARNETS du STUDIO

n°358 – juillet-août 2017

Marina et Orlando (qui a 20 ans de plus qu’elle) sont amoureux et ont décidé de vivre ensemble. Après une nuit de fête, Orlando est victime d’un malaise et meurt à son arrivée à l’hôpital. Marina est dévastée mais elle a peu de temps pour les larmes : rejetée par la famille, elle est suspectée par la police à cause des nombreuses contusions dues à la chute… Pour son nouveau film après le remarquable Gloria, le cinéaste chilien a reçu l’ours d’or de la dernière Berlinale. Au-delà du film noir des premières scènes, il explore le combat d’une femme qui doit faire le deuil non seulement d’un être cher, mais aussi, à cause de l’agressivité des autres, d’une partie de son

Visages, villages France – 2017 – 1h29, de Agnès Varda et JR. La passion commune pour la photographie d’Agnès Varda et de JR ne pouvait que les rapprocher. C’est pourquoi, dès leur rencontre, en 2015, ils ont eu envie de travailler ensemble. À bord du camion photographique de JR, ils sont partis loin des villes au hasard des rencontres en combinant leurs deux façons d’aller vers les autres. Ils ont ainsi écouté, photographié et parfois affiché. Visages, villages est aussi le récit émouvant d’une amitié grandissante. De deux personnes qu,i au-delà de leur différences,

Ado métis de la banlieue lyonnaise que son père n’arrive plus à gérer, Ady est envoyé en vacances dans sa famille d’origine, au Burkina Faso, où il se trouve confronté à l’éducation traditionnelle sans nuance de son oncle : un vrai choc culturel pour ce sale gosse égoïste et roublard. Pour son 1er film de fiction, très bien accueilli dans les festivals (Berlin, Cannes, Ouagadougou), Beni Goldblat réussit un film lumineux et subtil porté par un jeune acteur épatant Makan Diarra. Un film drôle et émouvant qui s’interroge sur l’éducation, la filiation, la double appartenance sans jamais donner de leçons. DP Les CARNETS du STUDIO n°358 – juillet-août 2017 –

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À propos de Dune

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n 2013 Alejandro Jodorowsky, alors âgé de 84 ans, commençait à raconter son incroyable parcours de vie avec le flamboyant La Danza de la realidad, qu’il prolongeait trois ans plus tard de l’exaltant Poesía sin fin : de son enfance triste dans la petite ville de Tocopilla à sa jeunesse de poète sans le sou dans un Santiago du Chili réinventé, le vieil homme trouvait, à un âge où les souvenirs tournent souvent en boucle, une forme de récit baroque et échevelé que n’aurait renié ni l’enfant rêveur ni le jeune homme fantasque qu’il avait été ; et nous sommes nombreux, sans doute, à espérer qu’il ait la force et la puissance créatrice suffisantes pour tourner le dernier épisode, son arrivée dans les années 50, dans le Paris des surréalistes !!! En 2016, le réalisateur Franck Pavich tournait un documentaire intitulé Jodorowsky’s Dune*, qui dévoilait un pan de la vie artistique du réalisateur que j’ignorais totalement. Après avoir fondé le théâtre Panique avec Arrabal et Topor, il avait vécu dans les années 60 au Mexique où il avait monté une centaine de pièces de théâtre avant de tourner trois films qui firent scandale Fando et Lis (68), El Topo (70) et La Montagne Sacrée (73), des œuvres visionnaires et d’un mysticisme scan-

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daleux. Mais qui attira le public français. Le producteur Michel Seydoux proposa alors à Jodorowsky de tourner le film qu’il désirait ; il choisit d’adapter Dune, le chef d’œuvre de Frank Herbert. À 46 ans, Jodo veut en faire son grand œuvre. Il réunit autour de lui, pendant deux ans, une incroyable équipe de « guerriers artistiques » : le dessinateur Moebius, les peintres Hans Ruedi Giger et Chris Foss, le réalisateur d’effets spéciaux Dan O’Bannon. Il réunit un casting qui ne l’est pas moins : David Carradine, Mick Jagger, Orson Welles, Salvador Dali… et les groupes Pink Floyd et Magma sont d’accord pour signer la musique. Michel Seydoux a réuni les deux tiers du budget. Un magnifique pavé regroupant les dessins préparatoires et l’intégralité du story-board dessiné par Moebius est envoyé à tous les studios hollywoodiens… mais aucun n’envisagera de travailler avec un créateur aussi incontrôlable que le génial Chilien… Une autre histoire de film jamais porté à l’écran avait été réalisée en 2003 par Keith Fulton et Luis Pepe sous le titre de Lost in La Mancha : il racontait l’invraisemblable suite de contretemps et d’accidents qui avait empêché le tournage du film L’Homme qui a tué

Jorodovski et Moëbius

Don Quichotte de Terry Gilliam (avec Jean Rochefort, Johnny Depp et Vanessa Paradis), brisant 10 ans de préparations minutieuses. Le réalisateur britannique a plusieurs fois décidé de reprendre son projet mais la malédiction se poursuit puisqu’il a dû renoncer en 2012, puis en 2014 et enfin il doit repousser de quelques mois son nouveau projet avec Adam Driver, Michael Palin, Olga Kurylenko… par manque d’argent de son producteur. Mais il assure « Le projet n’est pas mort. Je serai six pieds sous terre avant que le film ne le soit. » Alejandro Jodorowsky a complètement abandonné son projet. Et le cinéma (pendant 23 ans, avant de retrouver Michel Seydoux pour ses films autobiographiques). Mais le film de Frank Pavich montre, images à l’appui, que l’énorme travail de recherche qu’il avait fourni avec son équipe a nourri… les films de science-fiction des studios américains qui ont refusé de financer son film… En 1979, toute son équipe artistique aide à la réalisation de Alien. Et on retrouve les idées de son Dune dans le premier Star Wars (77), dans Flash Gordon (80), Les Aventuriers de l’arche perdue (81), Terminator (84), Les Maîtres de l’univers (85), Contact (97), Prometheus (07). Un film qui n’a pas été fait a marqué les films qui sont venus après… « Dune a existé comme un rêve mais les rêves

changent le monde, » conclut Jodorowsky qui a nourri de nombreux cycles de bandes dessinées avec les ferments issus de son Dune : la série L’Incal (dessinée par Moebius), La Caste des Méta-Barons (dessinée par Juan Gimenez), les Technopères (dessinée par Zoran Janjetov)… tant il est vrai qu’en bande dessinée l’imagination, infinie, est au pouvoir et la réalisation ne demande que peu d’investissement (financier en tout cas…). Son rêve fut réalisé en 1984 par un des artistes qu’il admire le plus, David Lynch, et Jodorowsky, qui alla le voir traîné par ses fils, « comme un moribond », fut « heureux parce que film était horrible ». Le réalisateur Ridley Scott envisagera de proposer un nouveau script avant de se consacrer à Blade Runner. Les fils de l’écrivain Frank Herbert ont finalement décidé de confier le remake de Dune au canadien Denis Villeneuve, qui vient de réaliser un premier film de science-fiction, Premier contact, avant de s’embarquer dans la suite du film de Ridley Scott, Blade Runner 2049 avec Harrison Ford. Son Dune, roman dont il se dit « hanté depuis 35 ans », croiserat-il les rêves semés par Jodorowsky en 1975 ? DP

* Le film de Frank Pavich est empruntable à la bibliothèque centrale de Tours.

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Hommage à Reda Kateb

Ici… ` LA BELLE ÉQUIPE Il est des duos réalisateur/interprète pour lesquels la première collaboration est une véritable révélation et le début d’une création commune à long terme : parmi les exemples connus on ne peut que citer ceux de Sternberg/Dietrich, Scorsese/De Niro et Burton/Depp. Plus près de nous, depuis 2009, avec le beau et triste Mademoiselle Chambon, Stéphane Brizé et Vincent Lindon ont entamé une collaboration d’une belle intensité, poursuivie avec Quelques heures de printemps en 2012, et La Loi du marché en 2015 (film qui vaudra au comédien le Prix d’interprétation masculine lors du Festival de Cannes en 2015 et le César du meilleur acteur en 2016) ! Le duo va maintenant investir Un autre monde, celui de l’entreprise et suivre le combat d’un leader syndical afin de sauver les emplois de 1100 salariés d’un équipementier automobile !

et ailleurs… ` DE PROFUNDIS Enfin un premier rôle pour Alex Lutz (OSS 117 : Rio ne répond plus) et pas n’importe lequel puisqu’il va endosser le costume de dandy du grand Oscar Wilde pour Jean-Daniel Verhaeghe (Le Grand Meaulnes). Le film s’attachera à la passion de l’écrivain pour le jeune Alfred (Bosie) Douglas, au procès qui le condamnera, pour acte de basse moralité, à deux ans de travaux forcés, jusqu’à sa mort trois ans plus tard. C’est Mathieu Spinosi qui incarnera le séduisant Bosie. Raphaël Personnaz, Charles Berling et Grégory Gadebois participeront également à ce « drame teinté d’humour et de dérision comme savait en faire preuve Oscar Wilde ». ` INTERMEZZO Après avoir été membre du jury présidé par Pedro Almodovar lors du dernier festival de Cannes, Jessica Chastain s’attaque à un projet qui lui tient particulièrement à cœur puisqu’elle en est la productrice et qu’elle en sera l’interprète principale : une biographie d’Ingrid Bergman qui se focalisera sur sa liaison avec Robert Capa, le célèbre photographe de guerre. Le film devrait s’intituler Seducing Ingrid Bergman. Quant à savoir le nom de celui qui devra incarner le magnétique reporter, le mystère est, pour l’instant, entier !

V

oilà un acteur qui ne paie pas de mine : il a à la fois un physique assez commun et une sorte d’étrangeté qui lui permet de jouer des rôles très dissemblables, à la fois le voisin de palier presque anonyme et « l’étrange étranger ». En un peu moins d’une dizaine d’années, Reda Kateb s’est imposé petit à petit dans le cinéma français, d’abord comme un brillant faire-valoir puis comme une tête d’affiche sur laquelle on peut bâtir tout un projet. Que de chemin parcouru depuis Un prophète de Jacques Audiard où, dans le monde clos de la prison, il imposait la présence de Jordi le gitan. Inquiétant, il séquestrait Agathe Bonitzer dans À moi seule de Frédéric Videau, menait une enquête (de sociologie) dans le très beau film de Claire Denis Gare du nord où il rencontrait Nicole Garcia, avant d’interpréter brillamment l’inoubliable personnage d’Abdel, l’interne algérien d’Hippocrate de Thomas Lilti, qui lui valut le César du meilleur second rôle en 2015. Il sera ensuite le tendre vigile amoureux d’Adèle Exarchopoulos dans Qui vive de Marianne Tardieu, Mohamed, le paysan mutique accusé de meurtre que l’instituteur Viggo Mortenssen doit livrer à la police dans l’adaptation d’Albert Camus proposée par David Oelhoffen avec Loin des hommes, le compagnon d’Albertine Sarazin dans L’Astragale de Brigitte Sy, Xavier, le baroudeur africain qui se prend la tête avec Vincent Lindon

dans Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse. Enfin le voici devenu le génial guitariste manouche dans Django d’Étienne Comar. Malgré les critiques assez sévères envers cet ambitieux premier film pas complètement réussi, le public est venu nombreux, sans doute attiré par l’aura du musicien. Comme l’écrit les Inrocks, le film est sauvé « par un Reda Kateb exceptionnel… Sans jamais essayer de briller, il livre une interprétation d’une intelligence et d’une maturité stupéfiantes. » Les scènes musicales sont particulièrement réussies. Face à l’exigence des officiers allemands qui tentent d’embrigader le jazz manouche de Django en interdisant les tempos rapides, les gammes mineures, les dissonances, les improvisations… toutes les impuretés de « cette musique de singes », Django résiste en jouant. Par le jeu et par le swing. La dernière scène est inoubliable : la recréation de la messe écrite et dirigée par ce musicien qui ne connaissait pas la musique (« mais la musique me connaît ») ce Requiem pour mes frères tziganes qui n’a été joué qu’une fois en 1945 et dont il ne reste que quelques bribes. Une dispersion symptomatique de l’oubli dans lequel la déportation des Roms est longtemps restée… Comme si Guernica avait fini en lambeaux… DP

` LE POIDS DU SILENCE Voilà un projet fort intrigant : une biographie du mime Marceau, dirigée par le réalisateur vénézuélien Jonathan Jakubowicz (Hands of Stone), sous l’oeil de Baptiste le fils aîné du créateur de Bip. C’est Jesse Eisenberg, révélé par The Social Network, qui aura la lourde responsabilité de redonner vie au plus grand mime du XXe siècle ; et plus particulièrement à une période méconnue de son histoire, celle de son engagement dans la Résistance (titre du film d’ailleurs) lorsqu’il était étudiant et que son père était déporté à Auschwitz. C’est dans ce contexte que Marcel Mangel deviendra Marcel Marceau. IG

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Les rédacteurs ont vu :

TUNNEL de Kim Seong-hun

Avec les gros sabots du film catastrophe, celui de Kim Seong Hoon parvient à sonder, non sans humour, la réalité de la Corée du sud d’aujourd’hui (corruption, malfaçons, omniprésence médiatique…). On peut y voir aussi une forme postmoderne de publicité… pour l’ergonomie des intérieurs des KIA et la fiabilité des batteries Samsung ! DP Au cours des premières minutes, j’ai ressenti une tension, puis plus rien. Un drame humain s’est déroulé devant mes yeux et je n’y ai pas cru… Le héros survivant m’a plus fait sourire que pleurer et je n’ai jamais douté qu’il s’en sortirait ! Seul point fort : l’attaque du réalisateur contre les défaillances de la société coréenne, une critique qui pourrait sans souci concerner bien d’autres pays. MS Pendant que le protagoniste meurt de soif les sauveteurs sont noyés sous des bourrasques de pluie ou de neige : de tels contrastes ironiques, ainsi qu’une bonne dose d’humour et de satire, apportent un

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habile contrepoint au drame. Le film avance sur un bon tempo, avec une utilisation très efficace de la bande son, de l’écran noir, des effets spéciaux. Hélas il ne tient ni la distance ni ses promesses : peu à peu le rythme s’alanguit, les scènes s’affadissent, l’intérêt s’émousse, un pathos violoneux pénible achève de dissoudre ce qui nous reste de bienveillance et on finit par être impatient de voir enfin… le bout du tunnel. AW Depuis 1951 et Le Gouffre aux chimères de Billy Wilder, un homme coincé sous des décombres difficilement accessibles demeure un sujet cinématographiquement fort tant pour le fond que pour la forme, générant sensations et réflexions multiples, aussi bien pour les protagonistes que pour les spectateurs : phobies diverses, voyeurisme, utilisation de la catastrophe à des fins politiques ou mercantiles, cogitations pour trouver le moyen le moins coûteux (dans tous les sens du terme) de sauvetage du malheureux… Malgré un certain nombre d’invraisemblances, le film nous embarque et parvient même à nous faire

rire : la ruée des drones, le chien qui ne maigrit pas, mais aussi le « enfin à la maison » prononcé par notre héros soulagé quand il regagne sa carcasse de voiture… Et puis on apprend que l’on n’est pas obligés de devenir cannibale ni caniphage pour survivre, ce qui n’est pas inutile ! IG Dans ce survival movie qui réunit tous les ingrédients du film catastrophe mais en détourne les codes, il y a un chien – un carlin pour être précis. Il n’est ni beau, ni un héros comme on aurait pu s’y attendre, mais plutôt du genre sans-gêne et gaffeur : il mange le gâteau d’anniversaire, seule nourriture dont dispose l’homme piégé (contraint en plus de partager son eau), provoque un nouvel éboulement en essayant un collier anti aboiement… Et que croyez-vous que fit notre homme à bout de force et affamé après plus de 20 jours ? Non, il ne mangea pas le chien, mais l’adopta ! SB

Tunnel nous explique bien qu’il faut laisser refroidir un peu son urine avant de

la boire mais, bizarrement, ne nous dit rien du délai à partir duquel, faute d’aliments, les fonctions intestinales s’interrompent... J’ai encore perdu une occasion de me cultiver... ER La fille rêverait d’avoir un chien pour son anniversaire, mais le père le lui refuse. Ça c’était avant... l’effondrement du tunnel. Et lorsque par la suite l’on découvre comme le père qu’une jeune femme est aussi ensevelie, accompagnée de son petit animal de compagnie, on saisit (trop) bien l’issue dramatique de la situation... Trop prévisible ! Tunnel demeure cependant un beau film à suspense. RS Pourquoi La Corée du Sud est-elle, actuellement, quasi la seule à réussir un cinéma qui mêle habilement l’action et la critique sociale, le drame et l’humour ; le tout avec une bonne dose de suspense ? Et Tunnel a une grande vertu en bonus, il dégoûte à jamais des anniversaires et de leurs gâteaux. JF

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Interférences Après la tempête Saint Georges

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yota ne parvient à voir son fils Shingo qu’une seule fois par mois, pendant quelques heures ; c’est le contrat minimal et cruel qu’a finalement accepté Kyoko, dont il est séparé et qui est en train de refaire sa vie, tant qu’il ne lui aura pas versé tout l’argent qu’il lui doit et notamment celui des pensions. Mais Ryota n’a jamais un sou en poche. Sa vie part, peu à peu, à la dérive. Un jour il voit dans le regard de son fils une immense déception. Celle qu’il ressent sans doute luimême vis-à-vis de sa propre existence ; il se rêvait écrivain, a publié un roman qui a reçu un prix littéraire il y a maintenant de (trop) nombreuses années, mais il n’écrit plus, passe ses journées comme détective privé dans une agence minable où il s’était peut-être engagé pour trouver de la matière pour un nouveau récit, y monte des combines lamentables pour extorquer quelques billets supplémentaires qu’il ira dépenser en misant sur des courses cyclistes. Car Ryota est devenu accro au jeu, à l’image de ce père peu aimé, sans doute peu aimable, qui a marqué son enfance et fait vivre un véritable enfer domestique à Yoshiko, sa vieille mère. Enfant, il le détestait (et son roman s’était nourri de cette douloureuse histoire familiale) et il se met à lui ressembler. Mensonges et trahisons font partie de son quotidien. Son fils le regarde comme lui-même regardait son propre

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père. Hirokazu Kore-Eda continue avec Après la tempête, son exploration des déchirures de la famille japonaise… Mais survient précisément la tempête. Yoshiko demande à son ex-belle fille de rester avec elle, pour la rassurer. Alors qu’à l’extérieur les éléments se déchaînent, dans le petit appartement une vie commune semble un instant possible ; une soirée hors du temps, qui semble échappée d’un passé désormais inatteignable, d’un bonheur défait. Comme tous les enfants, Shingo rêve de voir ses parents se ressouder. Ryota tente maladroitement d’étreindre Kyoko mais il est trop tard. Il l’a depuis trop longtemps trahie. Pendant la nuit le père et le fils s’éclipsent. Ils bravent le typhon, la pluie, le vent, avec leurs dérisoires provisions, quelques gâteaux et une lampe torche, pour se réfugier sous le monumental toboggan en résine qui trône devant l’immeuble, une pieuvre où Ryota était venu, enfant, braver les éléments. Rituel miniature mais vrai moment de complicité. D’autant plus forte que Kyoko, inquiète, viendra les rejoindre quelques instants plus tard. Magnifique scène : dans l’étroit conduit de résine une vie future semble possible, non pas une impensable réconciliation mais l’acceptation de la séparation, notamment pour Ryota qui l’avait toujours refusée (il profitait de son statut

Après la tempête

de détective pour la surveiller). Et pour celui-ci, qui sait, la possibilité de devenir un autre père que celui qu’il avait subi toute son enfance... Jorge court à travers la ville déserte. Éperdument. Comme s’il voulait rattraper le temps perdu, ce qui lui a échappé, l’amour, l’argent, l’espoir. On imagine qu’il a été un combattant. Il a un corps de guerrier, aguerri à la discipline quotidienne de la boxe. Un ouvrier qui aimait son travail. Mais il n’y a plus de travail. Plus d’avenir. Les usines ferment les unes après les autres. La misère s’installe. Son immeuble ressemble à ceux d’un pays en voie de sous-développement. La trilogie des Mille et une nuits de Miguel Gomez

avait tenté de rendre compte, sous la forme d’une fable excentrique, de la crise qui a frappé le Portugal mais c’est ce Saint Georges de Marco Martins qui en exprime toute l’insupportable violence. Comme des millions de ses compatriotes, Jorge a perdu ; sur le ring, comme dans la vie, il n’est plus qu’un punching-ball. Susana, sa douce Brésilienne l’a quitté et il reste à ne pas savoir quoi faire de sa force, de sa volonté… de son amour qui perdure dans l’immense tendresse avec laquelle il s’occupe de son fils Nelson, avec laquelle il le porte, endormi, dans une image presque religieuse. Il est revenu vivre avec celui-ci dans le petit appartement de son père où se rassem-

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À propos de Saint Georges

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Saint Georges

blent ce qui semble être les damnés de la terre, ceux qui vivent de rien et palabrent inlassablement autour de repas partagés sur l’écroulement de leur monde, clope sur clope, sur l’inutilité de rechercher un travail. Colosse doux et mutique, Jorge encaisse mais on sent l’humiliation qu’il ressent de devoir vivre à nouveau chez son père, dans sa chambre d’enfant. Avec ce père qui traitait sa femme « de pute noire » et qui lui avait jeté au visage l’argent pour qu’elle se fasse avorter… Une nuit, après un combat où il est roué de coups, il voit dans les yeux de son fils un sentiment inconnu : la peur. Il lui donne alors la médaille qu’il porte depuis toujours autour de son cou de taureau et sur laquelle il priait au premier plan du film : « Je m’avancerai, revêtu et protégé par les armes de Saint Georges, afin que nul ennemi ne cherche à m’atteindre. » En 2010 l’ennemi du Portugal, c’est la finance : sous la forme d’une impitoyable

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Troïka, elle impose des mesures terribles pour faire payer les dettes. Les banques revendent celles des particuliers à des sociétés de recouvrement qui harcèlent la population. Pour tenter de reconquérir Susana, de louer un appartement, d’empêcher qu’elle reparte avec Nelson au Brésil, il devient homme de main de l’une d’elles. « Aidez-nous à vous aider ! » répètent ces patrons à la porte des pauvres dont ils veulent sucer le sang jusqu’au bout ! Mais quand Jorge doit en venir aux mains, il en est incapable, comme s’il devait se frapper lui-même. Et quand, ivre de tristesse, il poursuit un cuisinier endetté à travers le labyrinthe vide des rues et que celui-ci finit par se suicider, Jorge sait qu’il n’ira pas plus loin… et ce film impressionnant s’achève sur un paradoxal épilogue, une fin ouverte et presque heureuse : pour la première fois, Jorge sourit. À Susana qui a décidé de revenir vers lui. À Nelson. Et peut-être aussi à un avenir qui n’est peut-être pas tout à fait écrit d’avance… DP

oilà un film ambitieux, réalisé par un cinéaste de talent, Marco Martins, et joué par des acteurs impeccables, qui s’attache à rendre palpable la déliquescence d’une société à la dérive, dans laquelle l’unique préoccupation — on ne peut même pas parler d’espoir — est de survivre un mois, une semaine, quelques jours de plus sans être expulsé ou molesté par les chacals des sociétés de recouvrement, ces opportunistes cyniques qui s’enrichissent de la pauvreté même de ceux qu’ils poussent à la ruine et au désespoir, quand ce n’est pas au suicide. Tous les moyens sont bons pour faire cracher aux entrepreneurs sans chantier, aux artisans sans commande, aux transporteurs sans livraison, des euros qu’ils n’ont pas : manipulation, harcèlement, chantage, intimidation et, si cela ne suffit pas, recours à la violence de gros bras qui montrent leurs muscles et, si besoin, en font usage vis-à-vis des plus récalcitrants. Le tableau est très sombre, tant de l’état économique d’une société aux abois que de la prolifération d’escrocs sans scrupules et du désespoir d’une population sans avenir. Le personnage principal, Jorge, boxeur médiocre mais au physique imposant, synthétise parfaitement tous ces maux car, appartenant au monde des déclassés, il essaie de s’en sortir en mettant ses muscles et son potentiel de violence au service des exploiteurs de misère. La musique angoissante aux basses sophistiquées accentue très efficacement ce climat sombre et délétère. Cependant,

sourde d’abord puis toujours croissante, une forme de gêne s’installe. Pourquoi un film aux bonnes intentions si évidentes apparaît-il finalement comme ambigu ? Pourquoi devient-on de plus en plus réticent devant ce spectacle pourtant si fort par son sujet et la qualité de son traitement ? Le mot est lâché : spectacle. Tout est remarquable dans ce film : la composition des plans, les lumières glauques, les couleurs froides, les angles de prise de vue, le montage savant. De là des images superbes, souvent nocturnes, de bateaux au mouillage, de quais déserts, de bâtiments industriels décatis, d’usines à l’arrêt, de façades d’immeubles aux couleurs lugubres, de parkings désolés. Mais tout le problème est là justement, dans l’esthétisation de la misère. La laideur et le mal ont toujours été objets de littérature et de peinture, transfigurés par le génie ou le talent de l’artiste, mais cela restait plus ou moins abstrait, plus ou moins un jeu sur les formes. Au cinéma le choc est visuel, concret, brutal quand il cherche à représenter la réalité même. Sauf que faire du beau avec du laid pose le problème, non seulement esthétique mais également éthique, d’un hiatus embarrassant entre les intentions et la mise en œuvre, et qu’on peut trouver discutable un projet qui prétend dénoncer l’ignominie en la rendant séduisante. AW

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À propos de Saint Georges

Interférences Album de famille Une famille heureuse

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eux autres articles, dans ces mêmes Carnets, parlent déjà de Saint Georges, ce terrible film portugais qui nous fait suivre les errances et les efforts d’un boxeur fauché contraint de louer sa force de travail pour ce qu’elle est : sa capacité à cogner ou, tout au moins, la possibilité qu’il s’en serve sur les pauvres types qui ne sont pas en mesure de rembourser leurs dettes. On va donc s’efforcer d’aborder ce film sous deux angles qui n’apparaissent pas directement dans les deux autres articles... deux angles au premier abord antithétiques : une approche psychologique et une approche politique.

Dans une société où exister c’est avoir, Jorge n’est donc personne : plus de boulot, plus d’argent, plus de femme... ce qui lui reste de famille (un père raciste et machiste, des cousins, oncles ou autres qui ne valent guère mieux)... il ferait aussi bien de n’en pas avoir... Il ne semble pas posséder de savoir-faire particulier (on ne comprend jamais vraiment quel travail il exerçait dans l’usine qui vient de fermer). Nous avons donc dès lors affaire à un quasi cas d’école qui met en scène la manière

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dont le social et le politique2 se liguent « naturellement » pour amener un homme au bord du gouffre psychologique. La crise lui a fait perdre son emploi et l’éclatement de son environnement le prive de tout ce qui pourrait ressembler à un parachute. Le seul moyen qui semble s’offrir à lui pour trouver l’argent qui, espère-t-il, lui permettrait de faire revenir sa femme, c’est (paradoxalement) dans son essence qu’il va le récupérer. Car, une fois dépouillé des attributs qui sont censés faire de lui un être social, la seule chose qui lui reste, la seule chose qu’on ne puisse lui retirer, c’est son corps et le physique de tueur et de brute épaisse qu’il laisse deviner. Cette essence physique pourrait donc faire que lui qui n’était plus rien qu’un corps, n’avait plus rien (à part un fils qui allait lui aussi lui échapper) va peut-être réintégrer le monde de ceux qui ont (on n’ose dire possèdent tant les possessions auxquelles il aspire sont maigres). C’est ici que le film nous prend passablement à contre-pied puisque, contre toute attente, Jorge ne supporte pas de devoir cogner sur les endettés et se retrouve ainsi2 encore plus seul, isolé au milieu des petites frappes en costard qui ne peuvent admettre qu’il n’accomplisse pas ce pour quoi il a été embauché et à quoi il semble être si manifestement destiné. ER 1 Ce sont des décisions d’austérité européennes qui ont ainsi mis le pays et Jorge à genoux. 2 Pour un temps puisque, comme le montre l’article de DP, pp. 22-24, l’histoire se finit sur ce qui pourrait passer pour une note d’espoir.

C

ette question, on se la pose forcément en voyant la même semaine à l’affiche le film géorgien de Nana Ekvtimishvili et

très importante, mais une fonction n’a ni à penser ni à vouloir ! Mais alors quel est donc son problème ? À quoi peut bien

Album de famille

Simon Gross et celui du Turc Mehmet Can Mertoglu. Le premier est fortement ancré dans la réalité contemporaine d’un appartement surpeuplé de Tbilissi, dans lequel s’entassent trois générations. Manana a aujourd’hui 52 ans et, sans que personne ne lui ait demandé son avis ni même songé à l’en informer, l’appartement sera encore plus surpeuplé ce soir-là par une foule de visiteurs venus fêter son anniversaire. Surprise : elle s’en va, comme ça, sans explication sinon qu’elle n’est « pas d’humeur ». Scandale : une femme n’est pas un homme, c’est une fonction familiale, certes

rimer cette lubie aussi soudaine que ridicule, alors que l’enjeu est absolument primordial : que vont dire les voisins ? les amis ? les autres ? Si Manana pense, c’est qu’elle ne pense qu’à elle ! Vue de l’extérieur la situation est paradoxale et choquante, car elle inverse totalement les rôles : parents, mari, frère, enfants, reprochent sans vergogne à celle qui s’est toujours sacrifiée pour eux l’égoïsme qu’eux-mêmes étalent impudemment : « Mais comment peux-tu nous faire ça ? »

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Il fallait un déclic pour qu’elle se décide à franchir le pas, et c’est de l’une de ses élèves, âgée de 17 ans, qu’est venu ce déclic, comme s’il fallait le regard neuf d’une jeunesse décomplexée pour ouvrir les fenêtres et trouver le courage de se libérer d’une famille étouffante figée dans ses conformismes. Manana découvre enfin la solitude dans l’appartement qu’elle a loué, non pas la solitude des délaissés, mais celle qui permet d’être soi, de respirer loin de la promiscuité, du bruit, des disputes, des piailleries de sa mère, de se remettre à la guitare et au chant. Elle a changé de coiffure et s’habille de manière plus gaie, plus colorée, mais il ne s’agit nullement d’une révolte, d’une rupture, elle va retrouver les siens chaque fois qu’on l’appelle. Simplement à présent elle existe. Mais ce qui pourrait n’être qu’un joli conte féministe se révèle finalement particulièrement sombre. La liberté a un prix, celui de la vérité : voilà qu’elle apprend brutalement que Soso, son mari, l’a trompée et a même eu un enfant aujourd’hui âgé de 13 ans. Tout un pan de sa vie s’effondre. Au mensonge et à la trahison s’ajoute le sentiment cruel de s’être sacrifiée pour rien. Même en tant que simple fonction, que cheville ouvrière essentielle mais invisible, elle aura été le dindon de la farce. Pourra-t-elle au moins trouver dans sa nouvelle et relative liberté la sérénité, à défaut du bonheur ? Même pas car elle reste, contre vents et marées, fille, épouse et mère aimante, vertueuse, dévouée, percutée de plein fouet par les soucis et les dysfonctionnements des siens. L’absence de dénouement montre que la vie continue, que l’avenir n’est pas tracé. Seule

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conclusion : la famille traditionnelle se délite, lentement agonise. Le propos d’Album de famille est à la fois très voisin et aux antipodes. Même sujet d’observation, comme scruté par un regard d’entomologiste. Mais au registre psychologique d’Une famille heureuse s’oppose celui beaucoup plus satirique, profondément ironique, du film de Mehmet Can Mertoglu, et ce dès l’ouverture. Trois brèves séquences donnent le ton : la saillie placide d’une vache par un taureau suivie de son vêlage, actes rapides et mornes, purement techniques, totalement aseptisés, puis la danse brownienne de cellules observées au microscope qui se rapprochent, s’éloignent, se rapprochent à nouveau de façon totalement erratique. Et voilà comment Album de famille s’ouvre sur d’impitoyables métaphores de la procréation et de la parentalité. Mais là où Une famille heureuse décrivait une lente désagrégation, le film de Mehmet Can Mertoglu met en scène à l’inverse une tentative de construction. Au-delà des particularismes géorgiens et turcs, deux invariants culturels demeurent de quasi absolus : dans une vraie famille l’épouse et mère est au service de tous ; une famille sans enfants est d’une honteuse incomplétude. C’est là justement tout le problème qui fait le désespoir de Cüneyt et Bahar. Seule solution : mettre en scène une fausse grossesse. La multiplication des scènes de photographie n’est surtout pas anecdotique, elle vise à accumuler lespreuves, grâce à un faux ventre, que Bahar est enceinte. Le plan est minutieux : Cüneyt — comme d’ailleurs Manana dans le film géorgien — est professeur et demande sa mutation dans une

autre ville afin de commencer une nouvelle vie de famille avec un enfant adopté qu’ils feront passer pour le leur propre. Ce couple et son stratagème désespéré pourraient être pathétiques mais non : ce sont de gros beaufs bien vulgaires, s’empiffrant au McDo, racistes au dernier degré, ignares. Un seul exemple parmi d’autres :

traient de penser par eux-mêmes, d’être eux-mêmes. Les deux films sont symétriques, à l’opposé l’un de l’autre : déconstruction d’une famille heureuse, construction — finalement impossible — d’une famille normale. Dans les deux cas l’impasse est évidente :

Une famille heureuse

Bahar croit que « Tchad » est un village turc puis, quand on lui dit que c’est un pays en Afrique, elle s’écrie : « Ah oui ! Des cannibales ! » Le film est cependant beaucoup plus qu’une simple comédie de mœurs ou une satire cruelle et cynique. La fin est en effet ambigüe, très troublante, avec le suicide probable de Cüneyt et Bahar, portant dans leurs bras le petit enfant adopté. Ces deux pitoyables andouilles ne peuvent supporter le regard porté sur leur humiliante stérilité. L’image normative de la famille est tellement forte que ne pas pouvoir s’y conformer est une tache indélébile, à proprement parler insupportable. Contrairement à Manana, ils n’ont ni l’intelligence ni la volonté qui leur permet-

derrière le féminisme paisible du film géorgien, derrière l’humour mordant du film turc, les deux situations convergent vers le même constat que la famille traditionnelle est en crise, doit évoluer, se libéraliser ou disparaître. Il est bien loin le temps où André Gide s’écriait « Familles, je vous hais ! » On ne peut haïr que ce qui constitue une force ennemie qui vous nuit, vous opprime. Or la famille n’est plus cette force. Dans les sociétés occidentales elle craque de partout depuis des décennies et ces deux films nous montrent, après d’autres, que même les cultures religieuses traditionalistes échappent de moins en moins à ce mouvement profond d’évolution des mentalités et de transformation des structures sociétales. AW

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Face Glory

à face

… Mais plus que de sa voix, ce dont Tsanko ne se remet pas c’est de la confiscation de sa montre, sa seule richesse, une Slava de fabrication soviétique (rebaptisée Glory dans le film) héritée de son père, et qu’il remontait chaque matin avec une attention particulière. C’est en tentant de la récupérer qu’il devra affronter une succession d’obstacles révélant successivement des médias cyniques, un régime corrompu, un système mafieux dans les transports couvert par les autorités…

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armi les sous-chapitres de la question du rire et de l’humour (qui a déjà fait couler des fleuves d’encre) l’un des plus intéressants est probablement celui qui s’attache à savoir si, lorsque nous rions, nous rions de ou avec quelqu’un... autrement dit : rions-nous par moquerie ? Et si oui : « de qui se moque-ton ? »

Glory, film bulgare récemment vu sur les écrans des Studio, nous offre une séquence merveilleusement illustrative de ce dilemme. Tsanko, l’anti-héros du film, a trouvé une grosse somme d’argent sur les rails qu’il est chargé d’inspecter et a été assez... euh... honnête (?) pour redonner cet argent à son employeur (qui, notons-le, est en retard d’au moins deux mois dans le versement des salaires...). Le service de communications du Ministère des transports lui dépêche illico une petite équipe de télévision chargée de monter en épingle ce fait divers histoire de détourner l’attention des malversations et pratiques frauduleuses dont le ministre est accusé. Seulement voilà... catastrophe... Tsanko (que nous n’avons jamais vu parler jusque-là) se

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n°358 – juillet-août 2017

Avec son regard de chien battu, son mutisme, son dos vouté, ses valeurs balisées, Tsanko le cheminot n’est évidemment pas en mesure de faire face à un engrenage aussi fatal qu’inéluctable mené par Julia, la maîtresse d’œuvre du ministre des transports, formatée au libéralisme et à la course à la réussite. « Vous auriez pu vous raser » lui reproche-t-elle, avant la cérémonie officielle qui devra célébrer l’honnêteté du travailleur et la bienveillance des autorités. « J’ai fait un vœu » parvient-il à articuler devant l’hilarité des sbires de la bureaucratie…

révèle bégayer à un tel point que cela rend son discours parfaitement incompréhensible, et encore plus dans le cadre ultra-formaté d’une vignette télévisée de 20 secondes. Je l’avoue, j’ai ri, vraiment ri devant ce soudain déversement de syllabes fractionnées, de sons heurtés, déchiquetés... J’ai ri en me disant que, certes, c’était peut-être mal de rire d’un handicap, mais que, surtout, les « journalistes » au service du pouvoir allaient avoir bien du fil à retordre avec cette interview à peu près inutilisable...

Et c’est un héros fatigué, délesté de son pantalon du dimanche irrémédiablement taché, qui rentre au petit matin prendre soin de ses lapins comme s’ils étaient ses enfants. C’est ensuite l’interview cruelle d’un journaliste aussi magouilleur et peu scrupuleux que le régime qu’il dénonce qui accélèrera la descente aux enfers de Tsanko. La comédie absurde est devenue aussi grave qu’inquiétante jusqu’à une dernière scène carrément effrayante. Salement amoché, le héros de la probité a tout perdu : sa barbe, ses cheveux, ses lapins, sa dignité, sa liberté et sa candeur. Seule lui reste la clef avec laquelle il resserrait les boulons ici et là sur les voies de chemin de fer ; mais, brandie comme une arme, elle est porteuse d’une tout autre signification. SB

Et là le film vient à point nommé soutenir cette idée : la scène suivante nous montre en effet l’équipe se moquant très fort du bégaiement de Tsanko tout en se demandant ce qu’ils allaient pouvoir faire des images et des sons récupérés ! Bien entendu il est ici très clair que ces spécialistes de la com se payent la tête de Tsanko, qu’ils rient donc DE lui. Mais bon, leur éthique est sauve : ils accompliront leur mission en coupant le son de la voix de Tsanko et en plaquant des commentaires en voix off par-dessus... Magnifique métaphore de la manière dont, très littéralement ici, on prive le peuple de sa voix ! ER

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À propos de Twin Peaks identique bâche de plastique transparent abandonnée au fil de l’eau.

É

tant férocement allergique à la notion même de série, j’avoue sans la moindre honte ne pas avoir vu à la télévision le mythique Twin Peaks et même n’en ressentir aucune frustration. Or il paraît qu’on ne comprend rien au « prequel » Twin Peaks – Fire Walk With Me si on n’a pas vu au préalable la série et que, pire encore, on doit s’y ennuyer plus ou moins ferme.

Ne rien comprendre et s’ennuyer sont les deux mamelles de la déception cinématographique qui justifieraient le lynchage au moins médiatique de celui qui en serait responsable. Mais voilà : ce film est purement et totalement lynchien, autrement dit délectable, à la fois obscurément limpide et lumineusement confus. Tout y est narrativement clair mais d’interprétation épineuse. Quel(s) sens donner à des indices aussi évidemment importants que le T sur le petit bout de papier retrouvé sous un ongle du cadavre de Teresa Banks, T qu’on retrouvera un an plus tard sur le dos du blouson d’un des amants de Laura Palmer ? Que symbolise la rose bleue épinglée sur la robe écarlate de l’indéchiffrable sœur du shérif ? À quoi riment les multiples apparitions de cette bague verte aussi laide qu’énigmatique ? De tout cela on ne saura rien mais nous étions prévenus dès le départ : le film s’ouvre sur l’écran neigeux d’un poste de télévision vintage qui finit par imploser, métaphore d’une vérité qui se dérobe et disparaît brutalement. On peut ainsi regarder Twin Peaks – Fire Walk With Me comme un récit truffé de symboles, un vaste jeu de piste allégorique dont chaque image constitue une sorte de rébus proposé à la sagacité du spectateur qui, évidemment, est toujours perdant dans l’affaire, ce qui n’altère en rien le plaisir ludique, certes un peu intello, de la devinette non élucidée. Mais l’intérêt majeur du film est qu’il offre plusieurs autres lectures possibles, toutes également légitimes. On peut le voir comme un polar, avec tout ce que cela comporte de suspense,

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polar qui appartiendrait au sous-genre dit procedural au début, puis à celui du thriller. Ou bien comme la description satirique d’une petite ville américaine bien tranquille gangrenée par la drogue, le puritanisme, un lent pourrissement général sous le masque de la vertu et de la prospérité. Ou encore comme une ballade surréaliste dans laquelle on finit par ne plus savoir ce qui est cauchemar et ce qui est réalité, qui rêve et qui est rêvé, avec des fulgurances oniriques qui rappellent celles mises en scène ou inspirées par Salvador Dali dans certains films d’Alfred Hitchcock. À moins qu’on se laisse absorber par l’hypnotisante atmosphère de mystère régnant dans un univers fantasmagorique qui lorgnerait du côté du fantastique, du trouble généré par des situations et des personnages à la fois si proches et si loin de nous…

de son journal intime, qui a tué Teresa Banks qui fut sa maîtresse puis, un an plus tard, sa fille, les emmaillotant toutes deux dans une

Jusqu’à la dernière image tout reste ouvert et, si les personnages des scènes finales sont à proprement parler hallucinés, le spectacle devient lui proprement hallucinant, certains diront outrancier. Mais on ne condamnera pas David Lynch pour ça tant il ne se laisse jamais prendre au piège des poses compassées de l’artiste génial tourmenté. Le film se termine par la double image de Laura en ange ridicule s’élevant vers le ciel et en jeune femme prise d’un fou-rire inextinguible. Comment mieux signifier qu’au-delà de tous les jeux interprétatifs auxquels elle se prête, l’œuvre de David Lynch garde une vertu essentielle, celle de ne jamais se prendre au sérieux ? AW

RÉABONNEZ-VOUS ! Ce film offre donc une qualité rare mais qu’on retrouve dans toutes les réussites du cinéma lynchien : le spectateur y est invité, encore plus que chez d’autres créateurs, à construire son propre film à partir d’un matériau de base susceptible de résonner dans sa personnalité même, voire dans ses fantasmes. Est-il vraiment possible de s’ennuyer dans un film qui laisse la part si belle à l’imagination du spectateur ? Comment ne pas apprécier une œuvre qui, loin de le laisser en rade, le laisse libre d’être partie prenante dans son élaboration ? Il serait injuste, au passage et dans le même ordre d’idées, de ne pas évoquer la très talentueuse musique d’Angelo Badalamenti, qui n’assène jamais d’interprétation prémâchée des scènes. Il n’est pas question bien entendu de négliger pour autant l’abondance et la richesse de ce qui s’offre à la compréhension claire du spectateur : outre la récurrence évidente de thèmes propres au cinéaste et les échos à sa propre filmographie (en particulier Blue Velvet et Mulholland Drive), les informations essentielles sont données : c’est bien le père incestueux de Laura Palmer, dédoublé dans l’esprit de sa fille en Bob, ce mystérieux et hideux voleur de pages

La saison 2016-2017 approche de sa fin, pour que votre carte soit encore valide lors de votre prochain passage et éviter l'attente des renouvellements, vous pouvez utiliser le coupon ci-dessous ou, mieux encore, vous ré-abonner directement sur le site des Studio. (Vous trouverez le lien directement sur la page d'accueil.) Les cartes sont désormais valables un an à compter de leur achat. Par correspondance : • Un chèque à l’ordre de EST de : – Tarif de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30,00 € – Tarif plein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22,00 € – Retraité(e) de plus de 60 ans . . . . . . . . . . . 16,00 € – Minima sociaux, service civique, chômeurs 10,00 € – 18-26 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 13,00 € – 14 à 17 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11,00 € – 3 à 13 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9,00 € • Une photocopie du justificatif pour les tarifs réduits (obligatoire). Merci de remplir les champs suivants : NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PRÉNOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ADRESSE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Date de naissance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Le numéro de votre carte se trouve sous le code barre :

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