Carnets février 2017

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SEMAINE

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du 22 au 28 février

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2017

SEMAINE

1h25’

Carte Blanche à la Cinémathèque de Toulouse

lundi

L’EMPEREUR

RUE DES ÂMES PERDUES

de Paul Czinner 19h30 1h30’ Soirée en présence d’un des membres de la Cinémathèque de Toulouse

44’ sans paroles

SILENCE

21h00

S’aimer en banlieue : loin des clichés ?

mercredi

CNP VERS LA TENDRESSE

LES NOUVELLES AVENTURES 10h15 DE FERDA LA FOURMI 16h15 de Hermina Tyrlova

2h40’

14h15

14h15 17h15 + 16h00

SAUF lun-ma À suivre. mer 10h

de Luc Jacquet

SAUF lun-mar

de Martin Scorsese

1h55’

14h00 16h30 19h00 21h30

2h10’

14h30 17h00 21h30

QUELQUE CHOSE DE NOS CORPS mardi

19h45

CHEZ NOUS

Rencontre avec Stéphane Mercurio (sous réserves)

de Lucas Belvaux

1h45’

À suivre.

LION,

de Hamé Bourokba et Ekoué

PERDU PARMI UN MILLIARD D’HABITANTS de Garth Davis

LES DERNIERS PARISIENS À suivre.

21h30

1h40’

JACKIE

À suivre.

19h00

de Pablo Larrain

2h03’

LOVING

19h15

1h50’

de Jeff Nichols

À suivre.

19h15

de Barry Jenkins

NOCES

19h45

1h38’

L’INDOMPTÉE

de Stephan Streker

de Caroline Deruas

À suivre.

32’

1h43’

de Andréa Arnold

DANS LA FORÊT de Gilles Marchand

À suivre.

17h15 21h15 17h45 21h30

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

LE GÉANT DE FER

de Denis Herenger

jeudi 20h00 C

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19h30

de Brad Bird

d’Alice Diop

39’

Débat avec Anne Taillandier-Schmitt, maître de conférence & Patrick Zingile,chorégraphe & comédien É

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BALLERINA

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LES LUMIÈRES DE LA VILLE 1h30’

de Éric Summer & Éric Warin

Soirée présentée par Louis d’Orazio

1h40’

JACKIE

42’ Sans paroles

ALICE COMEDIES de Walt Disney

2h14’ VF

ROGUE ONE A STAR WARS STORY de Gareth Edwards

1h19’

ET LES MISTRALS GAGNANTS de Anne-Dauphine Julliand

de Pablo Larrain

1h26’

14h00 LUMIÈRE ! L’AVENTURE COMMENCE 21h15 de Thierry Frémaux 14h15 19h45

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

17h30 mercredi samedi dimanche

16h00

LIVE BY NIGHT de Ben Affleck

mercredi samedi dimanche

16h15 mercredi samedi dimanche

14h15 14h30 19h45 mer-sam dimanche

16h00

17h30 21h15

1h28’

1h26’

YOURSELF AND YOURS

TEMPÊTE DE SABLE 17h45 de Élite Zexer

21h45

de Hong Sang-soo

1h40’

19h30

mercredi samedi dimanche

de Charles Chaplin

14h15 2h08’ LA LA LAND 17h00 19h15 de Damien Chazelle 21h30 14h15 1h50’ 17h00 MOONLIGHT de Barry Jenkins 19h30 14h00 17h15 19h15

1h29’ VF

Cycle du muet au parlant

2h43’

14h15 AMERICAN HONEY

1h25’ VF

GUY MOQUET

2h09’

MOONLIGHT

1h35’

14h00

2017

Voir page 5 et 6

lundi

SOIRÉE LIBRES COURTS

14h15 17h00 19h15

du 1er au 7 février

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FLEUR DE TONNERRE de Stéphanie Pillonca

1h49’

LES CONFESSIONS 21h30 de de Roberto Ando

Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOU RS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


SEMAINE

du 8 au 14 février

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Dictatures : histoire et mémoires manipulées

CNP HISTOIRE ET CONFLITS DE MÉMOIRE EN ESPAGNE jeudi 20h00 C

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lundi

42’ de Charlotte Worms et Elodie Richard Débat avec Anne Jollet historienne à l’Université de Poitiers É

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Cycle du muet au parlant

LES TEMPS MODERNES

de Charles Chaplin 19h30 1h30’ Soirée présentée par Louis d’Orazio

14h00 2h40’ SILENCE 17h00 de Martin Scorsese 19h50 14h15 2h08’ LA LA LAND 17h00 de Damien Chazelle 21h30 14h15 1h50’ 17h00 MOONLIGHT de Barry Jenkins 21h45 2h43’

14h00 AMERICAN HONEY 19h00 de Andréa Arnold 14h30 19h15 17h00 19h30 21h15

1h59’

LE CONCOURS de Claire Simon

C

PANIQUE TOUS COURTS

de Stéphane Aubier & Vincent Patar suivi de 6 courts métrages

30’

JACKIE de Pablo Larrain

dimanche

10h30

Ciné Apéro

1h25’ VF Samedi 11 février 14h15

14h15 LE GÉANT DE FER SAUF jeu-ven 16h00 de Brad Bird

Conte & film mercredi à 14h15

SAUF jeu ven-samedi

16h00

44’ sans paroles

LES NOUVELLES AVENTURES SAUF DE FERDA LA FOURMI jeudi de Hermina Tyrlova

vendredi

2h14’ V0

ROGUE ONE A STAR WARS STORY 17h00

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14h30 de Anne-Dauphine Julliand 19h45 Mercredi rencontre avec la réalisatrice après la projection de 19h45 ET LES MISTRALS GAGNANTS

vendredi de19h00 fait son masque En direct de la Bibliothèque des Studio à 20h00

lundi 19h30

11h30

AVANT-PREMIÈRE

de Julia Ducournau

19h45 21h30

de Ben Affleck

1h26’

YOURSELF AND YOURS

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1h25’

LE DICTATEUR

L’EMPEREUR

de Charles Chaplin 1h25’ Soirée présentée par Louis d’Orazio

de Luc Jacquet

14h30 21h15

40’ sans paroles

mercredi

LES NOUVELLES AVENTURES 10h15 + DE PAT ET MAT mercredi de Marek Benes Présentation des marionnettes

16h15

44’ sans paroles

LES NOUVELLES AVENTURES 16h15 SAUF DE FERDA LA FOURMI mercredi de Hermina Tyrlova

LA LA LAND de Damien Chazelle

ET LES MISTRALS GAGNANTS

16h15

de Anne-Dauphine Julliand

1h40’

JACKIE

19h00 AMERICAN HONEY

de Pablo Larrain

de Andréa Arnold

14h00 19h15

14h00 16h00 17h45 19h30 mer 10h

1h19’

2h43’

17h15 21h30

de Patric Chiha

LIVE BY NIGHT

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2017

17h00 21h50

1h59’

1h43’

DANS LA FORÊT

LE CONCOURS

de Gilles Marchand

de Claire Simon

17h15

mardi

1h30’

BROTHERS OF THE NIGHT

A

14h15 2h03’ 17h00 LOVING 19h15 de Jeff Nichols 21h30 14h15 2h40’ SILENCE 17h30 de Martin Scorsese 20h45

LE BONHEUR D’ELZA dimanche GRAVE

M

Cycle du muet au parlant

Béton

1h38’

É

2h08’

1h19’

1h19’ de Mariette Monpierre

du 15 au 21 février

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N

de Ganeth Edwards

Rencontre avec la réalisatrice

1h40’

SEMAINE

AVANT-PREMIÈRE

Ciné-brunch BCAT - 5e édition

2h09’

19h15

45’

2017

21h50

de Hong Sang-soo

Le film imprévu : www.studiocine.com

14h30 19h30

1h58’

1h50’

LE DISCIPLE

MOONLIGHT

de Kirill Serebrennikov

de Barry Jenkins

21h30

1h30’

1h38’

L’INDOMPTÉE de Caroline Deruas

BROTHERS OF THE NIGHT

21h45

de Patric Chiha

Le film imprévu : www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOU RS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°353 • Février 2017

du 1er au 7 février Festival Désir… Désirs Voir page 5


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Février 2017 - n° 353

Édito

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CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 .................................

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Festival Désir… Désirs Planète Satourne

Béton fait son masque

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Festival Viva il cinema

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LES FILMS DE A à Z

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio En bref

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Bande annonce

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gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

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accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Bibliothèque

Cédric Anger

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À propos de ...........

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Le Ruisseau, le pré vert, le doux visage

Tél : 02 47 20 85 77 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Courts lettrages

Louise en hiver Rencontre avec

Pierre Carles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Rencontre avec

Davy Chou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

Pages & images

Réparer les vivants, Corniche Kennedy

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ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

À propos de

Tim Burton

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Interférences

Le Voyage au Groenland, Louise en hiver . . . . . . . . . . 30

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC

Vos critiques

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Jeune Public

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ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

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FILM DU MOIS : Tramontane GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Françoise Chapoton et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


Festival Désir… Désirs

éditorial

du 1er au 7 février 2017 24e édition liens toujours plus proches, de par leurs flux migratoires, leurs héritages ou leurs liens économiques. Nous essaierons ainsi de comprendre comment et pourquoi des tensions autour des questions de sexualité, de genre et de désirs demeurent vives, notamment après les révolutions arabes qui ont tant ébranlé la situation géopolitique du monde. Si Much Loved et son actrice principale, Loubna Abidar, ont reçu un accueil plus que chaleureux en France, pour l’audace et la gravité de son regard quasi documentaire sur la prostitution, Out Loud – Crie-le haut et fort, premier film gay libanais, surprendra par le souffle de liberté presque onirique qu’il transmet. Preuves d’un fort engagement politique en faveur des droits humains, ces deux longsmétrages remettent en question nos conceptions du fonctionnement de nos sociétés. La romancière franco-marocaine et Prix Goncourt 2016, Leila Slimani, sera l’une des invités d’honneur du Festival qui nous permettra de dessiner les enjeux actuels des sociétés arabes.

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e monde arabe n’a jamais été si fascinant, n’a jamais été autant d’actualité, tant ses paradoxes et ses évolutions récentes sont considérables. Se pencher sur sa production cinématographique et artistique grâce à un thème transversal a donc fait l’unanimité au sein de l’équipe. Haram, l’interdit, qu’il soit issu de la morale religieuse ou politique, incite souvent à sa transgression et quoi de plus excitant que d’en explorer les limites ?

La mer Méditerranée sépare le monde occidental du monde arabo-musulman, si différents et pourtant si proches à l’heure de la mondialisation. Ces deux espaces tissent des

Ouvert sur la ville, le festival Désir... Désirs ira – du mercredi 1er février au mardi 7 février 2017 – investir de nombreux espaces culturels tourangeaux et désormais blésois. Nous retrouverons donc avec enthousiasme nos partenaires, fidèles et passionnés, pour partager avec vous cet événement, pour favoriser sa découverte sous des formes artistiques variées. Loin d’être interdits, nous espérons que les moments d’échanges seront vastes, provocants, attachants, lors des avant-premières, des rencontres avec les invités, ou des débats, formels et informels. L’équipe de Désir, désirs...

L'abonnement en ligne est possible sur le site des Studio : www.studiocine.com pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres. Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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FILM DU MOIS

Loving USA – 2016 – 2h03, de Jeff Nichols, avec Ruth Negga, Joel Edgerton, Will Dalton, Michael Shannon...

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oving, c’est leur nom de famille (si, si...) mais, somme toute, c’est un nom assez adapté à ce couple qui va se battre pour exister... en tant que couple, justement ! Imaginez un peu : en Virginie, dans les années 50, un Blanc s’entiche d’une Noire et au lieu de se contenter de la violer, il la demande en mariage ! Cet acte était alors puni par la loi, ce qui vaut à nos deux amoureux de se retrouver en prison... Et, tenez-vous bien, ces deux-là n’étaient même pas des militants pour l’égalité des droits. Non, non, ils s’aimaient, voilà tout...

Jeff Nichols semble ne rien tant aimer que de prendre des genres cinématographiques assez bien balisés pour les tordre petit à petit jusqu’à leur donner une ampleur et une puissance totalement inhabituelles. Il avait déjà fait cela avec Shotgun stories (vrai-faux film de « vengeance chez les ploucs »), Take shelter (qui tordait admirablement le cou au genre « à parano, parano et demi ») et avait élevé le film initiatique à un niveau rare avec Mud. Ici, il semble s’être fermement refusé à la facilité et au pathos ; préférant laisser les événements vivre sous nos yeux, les laisser arriver à l’écran de manière subreptice. Il préfère l’ambiance à la démonstration méthodique

et, ce faisant, gagne bien mieux le spectateur à son propos. Avec Loving, il part d’un fait divers authentique pour retracer une dizaine d’années du combat de ce couple qui se serait bien passé de voir sa situation personnelle remonter jusqu’à la Cour suprême des États-Unis. Mais, en fait, ce qui va l’intéresser, bien plus que les aspects judiciaires de leur combat, c’est leur quotidien vers lequel il va tourner sa caméra. À propos de caméra, on n’oubliera pas que J. Nichols soigne particulièrement l’image par laquelle il donne vie à des personnages d’une toujours très grande densité. Et, à propos de personnages, on gardera présent à l’esprit que Nichols sait toujours tirer le meilleur de ses acteurs, qu’il lui arrive même de littéralement révéler au public ou à la critique (on peut penser, par exemple, à M. McConaughey, dans Mud ou M. Shannon, notamment dans Take Shelter !) On voit par là qu’une fois encore on a de bonnes raisons d’attendre avec la plus grande impatience la sortie de ce nouveau film d’un cinéaste toujours fort et original... Sources : bfi.org, nytimes.com,

Parmi les films diffusés dans les salles des Studio au cours de l’année 2016, élisez ceux que vous avez préférés. Une pré-sélection de 50 films a été établie à partir des coups de cœur des membres de la bibliothèque. Cette liste est disponible à l’accueil de la bibliothèque ou au niveau des caisses et est également consultable sur le blog de la bibliothèque : https://biblistudio.wordpress.com Déposez vos bulletins complétés dans les urnes que vous trouverez dans le hall de votre cinéma avant le 28 février 2017. Un tirage au sort désignera 10 gagnants qui se partageront des invitations pour voir des films en salle ou des affiches de films. La liste des gagnants sera affichée dans la bibliothèque au début du mois de mars 2017. LES CARNETS DU STUDIO – n° 353 – Février 2017 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


jeudi 2 février - 20h00 Le festival Désir... Désirs, le Centre LGBT de Touraine, le Planning familial, le Mouvement du Nid, Osez le féminisme ! 37 et le CNP proposent :

S’AIMER EN BANLIEUE : LOIN DES CLICHÉS ?

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es cités françaises inquiètent, fascinent, car elles semblent représenter des enclaves sur le territoire régie par des règles spécifiques. Qu’en est-il des normes amoureuses qui y ont cours ? Entre injonction à l’intégration à la culture française et transmission de cultures étrangères héritées d’ancêtres non gaulois, les adolescents de banlieue composent leurs propres codes : délimitation genrée des espaces, tolérance de l’homosexualité, rapport à la féminité… autant de normes qui semblent s’exprimer dans les banlieues d’une manière particulière. Font-elles partie de ces clichés trop facilement véhiculés sur les banlieues ? Sinon, comment trouver à leur marge l’espace de l’émancipation ? À l’issue de la projection des films Guy Moquet de Demis Herenger (2014 – France – 32’), et Vers la tendresse d’Alice Diop (2016 – France - 39’), un débat aura lieu en présence d’Anne Taillandier-Schmitt, maître de confé-

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– Les CARNETS du STUDIO

n°353 – Février 2017

du 1er au 7 février

jeudi 9 février - 20h00 La LDH 37, le NPA, RETIRADA 37 et le CNP proposent :

Dimanche 5 février

DICTATURES : HISTOIRE ET MÉMOIRES MANIPULÉES… ET AUJOURD’HUI ?

15h30 : Ciné Goûter en partenariat avec Ciclic

Folsom Street

d’Aron Kantor, Amal d’Aïda Senna, 1992 d’Anthony Doncque

She Said, She Said de Stuart Blumberg

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n Espagne et au Chili les dictatures ont falsifié l’Histoire. Le retour à la démocratie n’a pas permis le rétablissement de la vérité historique : au nom de la paix civile, les nouveaux gouvernements ont promulgué des lois qui ont entravé le fonctionnement de la Justice pour poursuivre les bourreaux. C’est le cas en Espagne avec la loi d’amnistie de 1977 et au Chili où la loi d’amnistie de Pinochet protège encore les tortionnaires ! Si les démocraties n’assument pas leur passé, que sera leur avenir, en France notamment, face à toutes ces lois liberticides, état d’urgence, surveillance généralisée, Justice en péril ? Film : Histoire et conflits de mémoire en Espagne de Charlotte Worms et Elodie Richard (2016 – France – 42’) suivi d’un débat avec Anne Jollet historienne à l’Université de Poitiers.

FAIT SON MASQUE en direct de la bibliothèque des Studio, vendredi 10 Février de 19h à 20h. nitiée à l’occasion des 50 ans des Studio, l’émission spéciale de cinéma Béton fait son masque, concoctée par l’équipe de Bande d’annonces de Radio Béton (émission de cinéma tous les vendredis soirs en direct de 19h à 20h sur le 93.6), revient au 2 rue des Ursulines le 10 février pour la 4e fois. De 19h à 20h, en direct et en public, Nicolas et sa bande de chroniqueurs venus de différents horizons (membres des Studio, professeur de cinéma, comédien…) passent en revue

Festival Désir… Désirs

rences en psychologie sociale à l’université de Tours, et de Patrick Zingile, chorégraphe et comédien dans le film Vers la tendresse.

dans la joie, l’impertinence et la bonne humeur, les films sortis le 1er et le 8 février. Cerise sur le gâteau, nos chroniqueurs vous donneront leur meilleur film de 2016. Pour assister, débattre et participer à cette émission en direct, vous êtes attendus nombreux a la bibliothèque des Studio. Si vous n’êtes pas dans le coin, vous pourrez toujours l’écouter en direct sur le 93.6 ou sur le site internet de cette incroyable radio associative (www.radiobeton.com).

Au bruitde Chabname des Zariab clochettes A Brief History of Princesse X de Gabriel Abrantes. Durée : 1h24

Rencontre avec la réalisatrice Chabname Zariab

Samedi 4 février 17h45

17h45

Brothers of The Night

Narcisse Tunisie – 2015 – 1h30 – fiction de Sonia Chamkhi, avec Aicha Ben Ahmed, Jamel Madani, Fatma Ben Saïdane

Autriche – 2016 – 1h28 – fiction/documentaire de Patric Chiha.

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Hind est une jeune comédienne de 30 ans. Dans la pièce mise en scène par Taoufik, son mari, elle joue son propre rôle : elle y retrace ses relations mouvementées avec son frère cadet Mehdi, devenu un célèbre chanteur homosexuel, et leur frère aîné tombé dans l’intégrisme religieux. Hind et Mehdi sont tous les deux tiraillés : lui entre son amour clandestin et la perspective de se marier, elle entre les secrets de leur passé et un présent qui l’étouffe.

19h45

Barash

Israël – 2015 – 1h25 – fiction de Michal Vinik, avec Sivan Noam Shimon, Hadas Jade Sakori, Dvir Benedek

Barash, c’est le nom de toute une famille israélienne très inquiète de la nouvelle fugue de la fille aînée. Pendant ce temps-là, la fille cadette Naama vit une adolescence ponctuée d’alcool, de drogues, de sorties avec ses copines. Elle remarque une autre lycéenne plus débridée et en tombe amoureuse. Débute alors une histoire d’amour tumultueuse.

Ils sont jeunes, roms, bulgares et vendent leur corps auprès d’une clientèle homosexuelle viennoise. Money, money, money... Ils sont prêts à accepter n’importe quoi pour subvenir à leurs besoins, à leurs envies, ainsi que ceux de leur famille. À mi-chemin entre le documentaire et la fiction, Patrick Chiha nous emmène dans un univers méconnu, troublant, érotique, sans jamais tomber dans l’impudeur. Rencontre avec le réalisateur Patric Chiha

19h45

Jours de France

France – 2016 – 2h17 – fiction de Jérôme Reybaud, avec Pascal Cervo, Arthur Igual, Nathalie Richard.

Pierre, en couple avec Paul, décide de le quitter, un matin, pour prendre la route et rouler au hasard des rencontres que lui propose l’application de drague sur portable, Grindr. Dans ce voyage initiatique, ce road movie dans lequel les paysages ne sont pas choisis au hasard, nous accompagnons Pierre dans une quête d’un idéal fantasmé. Rencontre avec le réalisateur Jérôme Reybaud

Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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Dimanche 12 février, 10h30 Lundi 6 février 17h45

Crie-le haut et fort (Out Loud) Liban – 2011 – 1h38 – fiction de Samel Dabour,

sins dont la facture faussement naïve permet à l’artiste d’érotiser le politique, de dévitaliser la virilité du dominant et de remettre en cause les différences stéréotypées entre Orient et Occident.

avec Ohad Knoller, Yousef Joe Sweid, Daniela Wircer.

Jeunes et idéalistes, six amis décident de fuir et de vivre ensemble, en dépit des normes sociales et religieuses, à la suite du coming-out de l’un d’entre eux et de l’arrivée de son petit ami, battu par sa famille. Proclamé premier film gay libanais et tourné sous protection militaire, Out Loud représente le désir de liberté d’une jeunesse libanaise contemporaine. Mardi 7 février 19h45

The Closet Monster

Canada – 2015 – 1h30 – fiction de Stephen Dunn, avec Connor Jessup, Aliocha Schneider, Aaron Abrams, Joanne Kelly.

Pour affronter les souvenirs traumatisants de son enfance, une situation familiale tourmentée et la naissance d’un amour déroutant, le jeune Oscar peut compter sur des alliés de poids : l’oreille attentive et les conseils avisés de son hamster, Buffy... Témoin du passage à tabac d’un homosexuel lorsqu’il était enfant, Oscar trouve dans son imagination débordante des armes qui l’aideront à assumer sa propre orientation sexuelle qu’il découvre à l’adolescence.

Cinémas Studio Mercredi 1er février – 19h Exposition de Fabien Gotteri-Sturm Fabien Gotteri-Sturm a toujours été à la recherche de moyens d’exprimer le non-dit, ces sentiments sur lesquels on ne peut poser de mots. Il cherche à travers son travail plastique à donner une vision, à poser une réflexion sur ce qui fait l’être humain dans ces recoins les plus sombres ou les plus lumineux.

Bibliothèque La Canopée d’Azay-le-Rideau Vendredi 3 février – 17h Rencontre-Dédicace avec Leila Slimani L'occident et le monde arabomusulman tissent des liens toujours plus proches, de par leurs flux migratoires, leurs héritages ou leurs liens économiques. Nous essaierons de comprendre avec Leila Slimani (Prix Goncourt 2016) et Salima Amari (docteure en sociologie) comment et pourquoi des tensions autour des questions de sexualité, de genre et de désirs demeurent vives.

Samedi 4 février – 16h Rencontre-lecture avec Rita el Khayat En 1994, Rita el Khayat rédige La Liaison. Considéré comme l’un des premiers romans qui brisent le tabou de la sexualité féminine, ce récit d’une intensité incroyable donne corps à un langage cru en le chargeant du désir de la narratrice.

Le Serpent Volant Samedi 4 février - 22h Dj S et Cristaux Liquides et Éphèbe Pour s’amuser, pour se libérer de la doxa, quoi de mieux qu’une soirée au Serpent Volant entre ami(e)s hétéros, lesbiennes, gays, transgenres autour des musiques électroniques, déviantes et décomplexées.

Lundi 6 février – 20h30

Jours de France

Eternal Gallery

Rencontre avec le réalisateur Jérôme Reybaud Pour plus d’informations : festival-desirdesirs.com

n°353 – Février 2017

Rires... tous courts ! Un festival d’animations pour tous à partir de 6 ans, avant de fêter l’ouverture de Planète Satourne autour d’un petit apéro ! Au menu : Courte impro burlesque par les comédiens de ACTED En avant-première : Panique tous courts de Vincent Patar et Stéphane Aubier, avec les dernières aventures de Cowboy et Indien, toujours aussi délirantes… Indien et Cowboy sont sur le départ pour une magnifique croisière sur un paquebot de luxe mais ils se sont emmêlé les pinceaux. Ils ont complètement oublié qu’aujourd’hui… c’est la rentrée des classes ! Adieu les îles exotiques, nos amis se retrouvent sur les bancs de l’école… Un programme surprise de six autres courts métrages * pour varier les plaisirs… Apéro pour tous ! *Programme complet aux Studio et sur les différents sites. Durée de la séance : 1h20

Viva il cinema 4e ! Le meilleur du cinéma italien dans une ambiance festive, c’est ce que propose Viva il Cinema! du 1er au 5 mars 2017

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u programme, une compétition des meilleurs premiers films présentés par leurs réalisateurs, une rétrospective des films de Ivano de Matteo (Les Équilibristes, Nos enfants), qui viendra présenter avec sa scénariste Valentina Furlan son dernier film en avant-première La Vie possible, un hommage à Valerio Zurlini (La Fille à la valise, Journal intime) et une sélection de documentaires qui abordent avec gravité et légèreté une réflexion sur la société italienne d’aujourd’hui. Entre fictions et documentaires, comédies et drames, Viva il cinema! rassemble pendant cinq jours le meilleur du cinéma italien d’aujourd’hui, à travers une programmation de films inédits, d’avant-premières, de rencontres avec les réalisateurs et de conférences. Programme complet sur www.viva-il-cinema.com

BCAT Dimanche 12 février, 11h30 Cinémas Les Lobis

Jeudi 2 février – 18h Exposition Bed Works de Soufiane Ababri Bed Works est une installation composée de des-

– Les CARNETS du STUDIO

e petit festival culturel dédié aux enfants leur permettra une jolie promenade dans la ville, en ouvrant les portes de l’imaginaire... Et pour bien commencer :

Bibliothèque des Cinémas Studio

France – 2016 – 2h17 – fiction de Jérôme Reybaud, avec Pascal Cervo, Arthur Igual, Nathalie Richard.

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Le prochain BCAT (Bimestriel du cinéma africain à Tours) arrive à grands pas. Pour cette 5e édition du désormais traditionnel ciné-brunch, PSV-Films vous propose une exposition sur Paulin Soumanou Vieyra, suivi d’une étape aux Antilles avec Le Bonheur d’Elza, long métrage de Mariette Monpierre. Elza, jeune Guadeloupéenne, vit à Paris avec sa

mère et sa jeune sœur. A 20 ans, elle obtient avec brio sa maîtrise de mathématiques et fait la fierté de sa famille. Cependant, Elza brise le cœur de sa mère en lui annonçant qu’elle part en Guadeloupe à la recherche de son père qui avait refusé de la reconnaître à sa naissance. Mais la jeune femme a peu d’informations sur lui: il s’appelle M. Désiré et dirige une entreprise... Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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LIBRES COURTS - Mercredi 28 février, 19h45 Quelque chose de nos corps

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orps intimes, corps politiques, corps sociaux : la représentation du corps au cinéma est multiple. Le corps, c’est l’intime, c’est l’identité, c’est la beauté, c’est le rapport de l’individu au groupe… Cette séance de courts métrages permet d’aborder la question avec une diversité de points de vue, de tons et de genres le temps d’une séance de cinéma. Les

Quelque chose des hommes de Stéphane Mercurio Aïssa de Clément Tréhin-Lalanne Carapace de Flora Molinié

cinq films de ce programme – du documentaire à l’animation en passant par la fiction – invitent les spectateurs à regarder le corps – le nôtre, le vôtre, le leur – l’humain, avec ses portraits, ses défauts, ses complexes ou ses beautés. La séance sera suivie d’un échange, en présence d’un invité et d’un verre de l’amitié. Daphné ou la belle plante de Sébastien Laudenbach Rhapsody de Constance Meyer

En présence de Stéphane Mercurio (sous réserve).

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES, AU MOIS DE FÉVRIER : Silences de Guillaume de Chassy (Studio 1-2-4-5-6) et Almot Wala Almazola de Naissam Jalal (Studio 3-7).

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Le Géant de fer - samedi 11 février - 14h15

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Alice Comedies Voir pages Jeune Public

de beuverie, coups minables et apprentissage amoureux, a reçu le Prix du Jury lors du dernier Festival de Cannes.

Sources : dossier de presse – lemonde.fr

Filmographie : Pour rire (96), Un couple épatantCavale-Après la vie (03), La Raison du plus faible (06), Rapt (09), 38 témoins (12), Pas son genre (14)

Sources : dossier de presse, lemonde.fr, lesinrocks.com

American Honey USA/Grande-Bretagne – 2016 – 2h43, de Andea Arnold,

Filmographie : Red Road (2006), Fish Tank (2009), Les Hauts de Hurlevent (2011)

avec Sasha Lane, Shia LaBeouf, Riley Keough…

Star traîne dans les rues : tout plutôt que d’avoir à supporter son père pédophile et sa mère alcoolique. Jake la repère quand elle est en train de fouiller dans des poubelles. Ce beau parleur a une proposition à lui faire : intégrer son équipe de vendeurs de journaux à domicile, en sillonnant le Midwest américain à bord d’une camionnette : le ticket pour une vie moins mauvaise ? Ce portrait, à la beauté brute, d’une bande de gamins perdus, partageant misère, soirées

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– Les CARNETS du STUDIO

n°353 – Février 2017

Ballerina Voir pages Jeune Public

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Brothers of the night Voir p. 5 : Festival Désir... Désirs

Chez nous

France – 2017 – 1h55, de Lucas Belvaux, avec Emilie Dequenne, André Dussolier, Catherine Jacob..

Infirmière à domicile, entre Lens et Lille, Pauline s’occupe seule de ses deux enfants et de son ancien métallurgiste de père. Tous ses patients l’aiment et comptent sur elle car elle est un modèle de générosité et de dévouement. Sensibles à sa popularité, les dirigeants d’un parti extrémiste en quête de légitimité lui proposent d’être candidate aux prochaines élections municipales... Sans l’avoir vu, les dirigeants du FN se sont insurgés contre un film qui selon eux s’insinue dans le cours d’une campagne présidentielle. Pas difficile, en effet, de reconnaître dans la ville de Hénard, une transposition de Hénin-Beaumont et dans le rôle d’Agnès Dorgelle, patronne du Bloc Patriotique, la figure de Marine Le Pen. Cependant, le réalisateur belge voulait faire un film engagé mais pas partisan. « J’ai essayé de décrire une situation, un parti, une nébuleuse, de décortiquer son discours, de comprendre son impact, son efficacité, son pouvoir de séduction. De montrer la désagrégation progressive du surmoi qu’il provoque, libérant une parole jusqu’ici indicible. D’exposer la confusion qu’il entretient, les peurs qu’il suscite, celles qu’il instrumentalise. »

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Le Concours France – 2017 – 1h59, documentaire de Claire Simon.

La Fémis, école nationale supérieure de l’image et du son, est une des plus prestigieuses écoles de cinéma européennes. Elle fête ses 30 ans et nombre de cinéastes qui font le cinéma d’aujourd’hui, de François Ozon à Emmanuelle Bercot, sortent de ses rangs. Le lieu, Claire Simon le connaît bien puisqu’elle a été directrice du département réalisation et a dû plusieurs fois faire pas-

ser le difficile concours d’entrée – 1200 candidats pour 30 places. Son film se concentre sur cette épreuve redoutable et adopte le « ton terrible de l’examen, du jugement de l’épreuve… » De l’arrivée des candidats aux délibérations du jury, il explore la fabrication de l’élite à travers le processus de sélection d’une grande école et la confrontation artistique entre l’ancienne génération et nos futurs réalisateurs. Avec Le Concours, Claire Simon dont on connaît le talent, a obtenu lePrix du meilleur documentaire à la Mostra de Venise. Filmographie récente - 2014 : Le Bois dont les rêves sont faits - 2013 : Gare du nord – 2008 : LesBureaux de Dieu. Sources : dossier de presse

LesFrance Confessions (Viva il cinema) – Italie – 2017 – 1h40 de Roberto Ando, avec Toni Servillo, Daniel Auteuil, Pierfrancesco Favino…

Les membres du G8 sont réunis par le directeur du FMI dans un hôtel en Allemagne pour prendre des décisions qui auront des conséquences dramatiques pour certains pays. Ajoutons une célèbre écrivaine, une rock star, un moine mystérieux et fascinant et un décès suspect, et tous les ingrédients d’un thriller digne d’Agatha Christie sont réunis. Trois ans après sa satire du monde politique dans Viva la libertà, Roberto Ando continue d’explorer les arcanes du pouvoir et replonge de fait avec talent dans le cinéma politique italien des années 70, à la manière de Rosi et tous les autres. Excellente nouvelle ! Sources : dossier de presse

Dans la forêt

France – 2016 – 1h43, de Gilles Marchand, avec Jérémie Elkaïm, Fredrik Carlsson, Théo Van de Voorde...

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Tom et Benjamin, son grand-frère, partent retrouver leur père en Suède pour l’été. Ce dernier les emmène séjourner dans une cabane au bord d’un lac. L’endroit est isolé

Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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de tout et plus les jours passent moins le père parle de retour... On retrouve dans ce troisième long métrage de Gilles Marchand tout ce qui faisait le prix et la séduisante étrangeté de ses deux précédents, Qui a tué Bambi ? et L’Autre monde. Ce film sur les peurs enfantines mêle habilement réalisme et quasi fantastique dans le décor grandiose d’une forêt à la fois féerique et angoissante. Plongés dans cette atmosphère inquiétante très réussie, on pense au livre de David Vann, Sukkwan Island, mais aussi, côté films, à La Nuit du chasseur de Charles Laughton ou à L’Esprit de la ruche de Victor Erice, avec même un petit côté Shining de Stanley Kubrick. Dans la forêt bénéficie, de plus, d’une magnifique photographie signée par la grande Jeanne Lapoirie (Huit femmes, Michael Kohlhaas, Un château en Italie).

Les Derniers Parisiens

France – 2016 – 1h45 de Hamé Bourokba, Ekoué Labitey, avec Reda Kateb, Mélanie Laurent, Slimane Dazi..

Nas a grandi à Pigalle, où il revient dès sa sortie de prison. Là-bas l’attendent ses amis et son grand frère, Arezki, patron du bar Le Prestige, d’où Nas a l’intention de se refaire un départ dans la vie... au cœur d’un Pigalle en pleine mutation... Dernier projet des membres du collectif La Rumeur, Les Derniers Parisiens s’annonce comme un film ambitieux qui entend montrer par le biais de la fiction comment Pigalle s’est transformé, est en train de changer de mains, la traditionnelle voyoucratie du monde de la nuit perdant peu à peu du terrain face à d’autres puissances, tout en étant victime de bouleversements économiques que personne, sur place, n’a su anticiper ni même accompagner... Le tout sur fond de néons, de strip-bars et de trafics divers. Voici donc un objet étrange, qui s’annonce comme au carrefour du politique, du policier et du film d’atmosphère...

rant d’assister à un moment particulièrement fort. Bien sûr, le film est parfois déchirant, mais c’est une réussite qui fait de ce sujet lourd une œuvre constamment surprenante, pleine d’énergie et d’espoir. En partageant leur jeux, leurs joies, leur maladie, on entend dans la bouche de ces enfants des paroles absolument incroyables, souvent d’une grande profondeur et d’un courage extrême. Avec une infinie délicatesse la réalisatrice (qui adapte ici son livre Deux petits pas sur le sable mouillé) réussit superbement un pari difficile. On n’est pas prêt d’oublier ces jeunes héros. JF Voir pages Jeune Public

Le Disciple

Russie – 2016 – 1h58, de Kirill Serebrennikov, avec Petr Skvortsov, Viktoriya Isakova, Yuliya Aug...

Veniamin, un ado charismatique et séduisant vers qui tous les regards convergent, est devenu chrétien radical ; il met à profit la fougue et le talent qui le caractérisent pour conspuer et s’en prendre, en vrac, aux homosexuels, à sa mère divorcée, aux filles qui se montrent en maillot de bain. Mais bien sûr, comme l’impose la Bible, cela ne suffit pas : il vomit aussi les tièdes et les lâches, c’est-à-dire à peu près tout le monde et, par-dessus tout, les prêtres qui n’ont pas su ou voulu endiguer la montée de ce formidable laxisme qui gangrène le monde... Seule une prof aura le courage de s’opposer à lui... Pour Télérama, la force, l’énergie et le talent que K. Serebrennikov met dans ce portrait d’une Russie déboussolée (car Veniamin n’est pas seul à dérailler quelque peu...) où l’on peut enseigner que Staline serait aujourd’hui un excellent manager, où l’antisémitisme n’est jamais très loin, cette force donc, fait de lui un cinéaste majeur.

Mercredi 8 : rencontre avec la réalisatrice Anne-Dauphine Julliand après la séance de 19h45.

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Sources : imdb.com, telerama.fr, next,leberation,fr

L’Empereur Voir pages Jeune Public

Et les mistrals gagnants 2016 – France – 1h19, de Anne-Dauphine Julliand.

Et les mistrals gagnants nous propose de partir à la rencontre de Camille, Charles, Ambre, Imad et Tugdual, âgés de six à neuf ans, dans leur quotidien d’enfants gravement malades. Un documentaire sur un sujet aussi grave peut-il être attirant ? Comment persuader de s’y précipiter ? En dépassant ses appréhensions et en assu-

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Fleur de tonnerre

2017 – France – Belgique – 1h40, de Stéphanie Pillonca-Kervern, avec Deborah François, Benjamin Biolay, Jonathan Zaccaï…

Dans les années 1800, au cœur d’une Bretagne reculée, accablée par le régime en place et le clergé omnipotent, Hélène Jegado est une fillette mal aimée et hantée par les superstitions, sortilèges et croyances dans lesquelles elle a été élevée. Elle deviendra l’une des plus grandes serial killer de l’histoire en empoisonnant à l’arsenic ses patrons successifs. Jean Teulé nous avait raconté son histoire dans son roman éponyme. C’est le même parcours que suit la réalisatrice sur les traces de son héroïne, sur fond de nature magnifique faite de forêts mystérieuses, de côtes battues par le vent, de landes hostiles, et parsemée de chapelles. Tour à tour dure et insensible, douce et violente, tourmentée et déterminée, Deborah François campe merveilleusement ce personnage hors du commun. Sources : dossier de presse

Le Géant de fer Voir pages Jeune Public

Samedi 11 février 14h15

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Grave France/Belgique – 2016 – 1h38, de Julia Ducournau, avec Garance Marillier, Ella Rumpf, Rabah Naït Oufella…

En première année d’école vétérinaire, Justine, une étudiante végétarienne, va subir un bizutage violent et développer un appétit aussi soudain que vorace pour la viande fraîche et... humaine. Atteinte de pulsions cannibales, Justine est à la fois effrayante et attendrissante. Végétariens et âmes sensibles s’abstenir ! La réalisatrice s’amuse à mélanger les émotions et les genres comme la comédie, le drame et l’horreur, ce qui fait de son œuvre un film inclassable et inédit. On parle de Grave comme d’un film choc qui, dévoilé à la Semaine de la critique à Cannes, a fait sensation, mettant certains spectateurs dans un malaise profond. Grave a été remarqué à Londres, Toronto et au Festival du film fantastique de Strasbourg : un film qui ne laisse pas indifférent ! Sources : dossier de presse.

Mardi 14, Ciclic et les Studio proposent une avant-première à 19h45 du film en présence de la réalisatrice, Julia Ducournau.

L’Indomptée

France – 2017 – 1h38, de Caroline Deruas, avec Clotilde Hesme, Jenna Thiam, Tchéky Karyo…

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Axèle est photographe, Camille, écrivaine. Toutes les deux ont la chance d’avoir été sélectionnées pour passer un an en résidence à la villa Médicis à Rome. Camille est accompagnée de son mari, un écrivain célèbre. Après une première rencontre, fugace mais mémorable, elle se lie avec Axèle, tandis qu’une étrange rivalité s’installe dans son couple. Mais qui est vraiment Axèle ? Une artiste sans concession qui vit

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Sources : dossier de presse

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Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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en symbiose avec son art ? Le fantôme d’un lieu chargé d’histoire à la fois havre et prison où les tensions peuvent virer au cauchemar ? La villa Médicis, que la réalisatrice connaît bien pour y avoir été pensionnaire, devient un véritable personnage avec lequel dialoguent tous ses habitants comme s’ils étaient hypnotisés par son atmosphère mystérieuse. Ce premier film « délicat et puissant », porté par la musique mélancolique et ensorceleuse de Nicolas Pavini, a fait sensation dans les festivals où il a été sélectionné (Locarno, Les Arcs). Sources : dossier de presse

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Jackie

Chili/USA – 2016 – 1h40 de Pablo Larrain, avec N. Portman, P. Sarsgaard, B. Crudup, G. Gerwig...

Jackie, bien sûr, c’est Jackie Kennedy (pas encore Onassis...) et Jackie, c’est le nouveau film du très prolifique et toujours surprenant Pablo Larrain, l’un des plus doués des cinéastes latino-américains... Un peu comme il l’avait fait voici deux mois avec Neruda, Larrain ne tente pas ici un biopic et préfère, à partir d’une interview de J. Kennedy, se concentrer sur les quelques jours qui ont suivi l’assassinat de son mari et précédé les funérailles. Sans oublier de se pencher sur la manière dont une figure pas encore historique passe du statut de « personnalité publique » à celui de mythe vivant. C’est probablement là que l’on retrouvera le plus la « patte » de Larrain, observateur minutieux et souvent ironique des nombreux liens qui tissent la petite histoire (ici, entre autres, l’organisation de funérailles) et la « grande » (l’assassinat d’un président et la fabrication d’une légende). Sources : eyeforfilm.co.uk, imdb.com, nytimes.com Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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La La Land

USA – 2016 – 2h08, de Damien Chazelle, avec Ryan Gosling, Emma Stone, J.K. Simmons...

Los Angeles. Mia rêve de devenir actrice et enchaîne les auditions, mais, en attendant, elle est serveuse. Sébastian vit pour le jazz mais survit en jouant du piano dans des clubs miteux. Bien loin de la vie dont ils rêvent, ils se rencontrent alors... Dire que La La Land est attendu est un euphémisme quand l’auteur s’appelle Damien Chazelle et qu’il est le réalisateur d’un succès à la fois critique et public comme celui de Whiplash. Heureusement pour nous, les réactions des chanceux qui ont déjà vu cette comédie musicale montrent que le film ne déçoit pas. Accueilli triomphalement à Venise (Prix d’interprétation pour Emma Stone) et à Toronto (Prix du public), La la land met à nouveau la musique en avant. Écrin pour le couple Ryan Gosling / Emma Stone, le film permet aussi de retrouver, dans un second rôle, J.K. Simmons, l’inoubliable prof sadique de Whiplash. Sources : Dossier de presse.

Lion, perdu parmi un milliard d’habitants

USA/Australie/Grande Bretagne – 2016 – 2h10, de Garth Davis, avec Dev Patel, Rooney Mara, Nicole Kidman…

Lion retrace l’incroyable destin de Saroo. À 5 ans, il se retrouve seul dans un train traversant l’Inde, train qui va l’emmener malgré lui à des milliers de kilomètres de sa famille. Après des mois d’errance, la vie dans un orphelinat, l’adoption par un couple d’Australiens, il décide à l’âge de 25 ans de retrouver sa famille en Inde. Mais, peut-on imaginer retrouver sa famille dans un pays peuplé d’un milliard d’habitants ? Le premier long métrage de Garth Davis est un drame existentiel inspiré d’une histoire vraie. Adapté du récit de Saroo Brierley, A

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Long Way Home, il s’annonce bouleversant, émouvant, sans jamais se complaire dans le mélodrame. Lion est nommé à quatre reprises aux Golden Globes dans les catégories Meilleur film, Meilleure musique originale et Meilleur second rôle pour Dev Patel et Nicole Kidman. Film à ne pas manquer ! Sources : dossier de presse.

Live By Night USA – 2016 – 2h09, de et, avec Ben Affleck, et Zoe Saldana, Elle Fanning…

En 1926, alors que la Prohibition réglemente drastiquement la fabrication et la consommation d’alcool, les audacieux font fortune en gérant des débits de boissons clandestins. Joe Coughlin, fils d’un chef de police, décide de jouer dans la cour des grands mafieux pour obtenir sa part du gâteau. Ne respectant pas plus le code d’honneur des voyous que la loi, il finit par se retrouver derrière les barreaux : sa vocation va alors trouver une nouvelle assise quand un vieux caïd, également incarcéré, va lui inculquer les règles indispensables pour devenir un parrain digne de ce nom… Ben Affleck réalise sa seconde adaptation d’une œuvre de Dennis Lehane après Gone Baby Gone : une histoire d’ambition, de trahison et de vengeance ! Sources : dossier de presse, lepoint.fr

Filmographie sélective : Gone Baby Gone (2007), The Town (210), Argo (2011)

Loving Film du mois, voir au dos du carnet

Lumière ! L’aventure commence France – 2016 – 1h26, de Thierry Frémaux

Inventeurs et industriels, les frères Lumière mettent au point le premier cinémato-

graphe en 1895 et donnent ainsi naissance à rien moins qu’une nouvelle forme artistique... La Sortie des usines Lumière, L’Arroseur arrosé, L’Arrivée du train en gare de La Ciotat... toutes ces scènes brèves souvent vues sont bel et bien, déjà, du cinéma ! Pour ce qui est une redécouverte et une déclaration d’amour au cinéma bien plus qu’un simple hommage, T. Frémaux, délégué général du festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière à Lyon, est allé retrouver une centaine de ces bijoux des débuts du septième art, certains étant pratiquement inconnus ! Autant d’images qui témoignent d’un regard porté sur la France mais aussi bien au-delà de ses frontières, à l’aube du 20ème siècle, sur un monde qui allait complètement changer. Sources : dossier de presse

Moonlight

USA – 2016 – 1h51, de Barry Jenkins, avec Mahershala Ali, Shariff Earp, Duan Sanderson, Trevante Rhodes...

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Timide, Chiron est la cible des moqueries de ses camarades d’école ; depuis l’école jusqu’à l’âge adulte, en passant par l’adolescence, nous suivrons l’itinéraire de cet enfant élevé tant bien que mal par une mère toxicomane et toute la difficulté qu’il y a à être à la fois homosexuel, noir et pauvre. Rien de misérabiliste ici, tout au contraire, c’est la tendresse et la pudeur qui semblent prédominer dans le regard porté sur ce parcours douloureux. Tendresse et pudeur mais beauté aussi tant est grand le soin porté à l’image, à la mise en scène. Il n’en fallait pas moins pour emporter l’adhésion du public (les critiques sont tout à fait unanimes) sur un sujet a priori aussi cassegueule... Sources : nytimes.com, reelviews.com, bfi.co.uk

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N

Noces

Belgique/Luxembourg/Pakistan/France – 2016 – 1h35, de Stephan Streker, avec Lina El Arabi, Sébastien Houbani, Babak Karimi, Olivier Gourmet

Zahira est une jeune fille belgo-pakistanaise de 18 ans, gaie et proche de sa famille, et plus encore de son grand frère Amir. Mais alors qu’elle est confrontée à un choix crucial, ses parents projettent de la marier selon la tradition avec un homme pakistanais du pays. Déchirée entre ses deux cultures, entre l’amour de ses proches et son désir d’émancipation, Zahira espère le soutien d’Amir. Après Michael Blanco (2004) et Le Monde nous appartient (2013), S. Streker nous livre Noces, une histoire dramatique inspirée d’un fait divers. Respectueux de ses personnages, il a réuni une belle distribution d’acteurs. D’ailleurs, Noces a été primé aux Festivals du Film francophone d’Angoulême (Meilleur actrice et Meilleur acteur) et de Bastia. RS

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avec Lamis Ammar, Ruba Blal, Hitham Omari...

avec Andrew Garfield, Liam Neeson, Adam Driver, Tadanobu Asano…

Sources : dossier de presse.

Rogue One : A Star Wars Story Voir pages Jeune Public

XVIIe siècle, deux prêtres partent au Japon en quête de leur mentor, le père Ferreira, disparu alors qu’il tentait de répandre les enseignements du catholicisme. Après un dangereux voyage, outre l’illégalité du christianisme au Japon, ils découvrent aussi que

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Tempête de sable Israël – 2016 – 1h28, de Elite Zexer,

Silence USA/Italie/Japon/Mexique – 2016 – 2h40, de Martin Scorsese,

Panique tous courts

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homme et s’est battue avec lui. Après une dispute, la jeune femme part, souhaitant qu’ils ne se voient plus pendant quelque temps. Mais dès le lendemain, le peintre la recherche, en vain. De son côté, Minjung (ou des femmes lui ressemblant) rencontre d’autres hommes… Hong Sangsoo a reçu le Prix du meilleur

Yourself And Yours Corée du Sud – 2016 – 1h26, de Hong Sangsoo, avec Kim Joohyuck, Lee Youyoung, Yu Junsang, Kim Euisung…

Le peintre Youngsoo apprend que Minjung, sa petite amie, a pris un verre avec un

réalisateur au Festival de San Sebastian pour Yourself And Yours. Avec ce 18e film du réalisateur de Ha Ha Ha (2010), The day He Arrives (2011) et d’Un jour avec, un jour sans (2015), on retrouve son remarquable travail sur le temps et son thème fétiche du sentiment amoureux. Sources : dossier de presse.

PROCHAINEMENT :

Sources : dossier de presse, tempsreel.nouvelobs.com.

Dans un village bédouin au sud d’Israël, Suleiman épouse sa deuxième femme alors qu’il est déjà marié à Jalila. Celle-ci découvre que Layla, leur fille aînée, fréquente un camarade d’université appartenant à une autre tribu. Elle va se battre contre cet amour interdit. Layla est prête à bouleverser les traditions ancestrales. Mais jusqu’où ? Tempête de sable arrive à porter un regard neuf sur le motif des mariages arrangés et aborde le choc entre modernité et tradition, les liens entre mères et filles, pères et filles... Elite Zexer propose un drame familial qui a remporté le Grand prix du jury au festival de Sundance et a été acclamé aux Ophirs du cinéma en Israël d’où il est reparti avec 6 prix. Tempête de sable a été choisi pour représenter Israël au prochain Oscar du meilleur film en langue étrangère. Une œuvre à ne pas manquer !

Les Nouvelles aventures de Ferda la fourmi Les Nouvelles aventures de Pat et Mat

P R

les fidèles y sont martyrisés. Les deux hommes, en menant leur recherche clandestinement, seront confrontés dans leur foi à bien des épreuves… Le réalisateur de Taxi Driver (1976) et de Gangs of New York (2002), en adaptant le chef d’œuvre éponyme de Shusaku Endô paru en 1966, aborde ses obsessions : la foi, le doute, le péché, la rédemption, la grâce. Déjà primé pour son scénario, Silence devrait être un grand événement de cinéma !

T

• L'Amant d'un jour de Philippe Garrel • Citoyen d'honneur de Mariano Cohn et Gaston Duprat • La Confession de Nicolas Boukhrief • Paris pieds nus de Fiona Gordon et Dominique Abel • Grave de Julia Ducournau • Lost city of Z-La Cité perdue de Z de James Gray • Sage-femme de Martin Provost

om ne.c ioci d u t s

Cycle Du muet au parlant Lundi 6 février – 19h30

Les Lumières de la ville de Charles Chaplin (1931) USA Noir et blanc 1h30

Soirée présentée par Louis D’Orazio

Lundi 13 février – 19h30

Les Temps modernes

Y

de Charles Chaplin (1936) USA Noir et blanc 1h30 avec Charles Chaplin, Paulette Goddard

Soirée présentée par Louis D’Orazio

Lundi 20 février – 19h30

Le Dictateur

de Charles Chaplin (1940) USA Noir et blanc 1h25 avec Charles Chaplin et Paulette Goddard

Soirée présentée par Louis D’Orazio

Lundi 27 février – 19h30

Rue des âmes perdues de Paul Czinner (1929) GB Noir et blanc 1h30, avec Pola Negri, Hans Rehmann, Warwick Ward

Copie restaurée et en provenance de la Cinémathèque de Toulouse. En présence d’un de ses représentants.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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Samedi 11 février 14h15

République tchèque – 2017 – 44 mn, cinq courts métrages d’animation de Hermina Tyrlova.

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

USA – 1999 – 1h25, film d’animation de Brad Bird.

Une touchante amitié lie un enfant et un géant de fer venu d’une autre planète. L’enfant va tenter de protéger son ami face à une population hostile… De l’action, de l’humour et beaucoup d’émotion dans ce chef d’œuvre d’époque en version restaurée !

Ferda est une fourmi bricoleuse et créative qui aimerait bien rendre service à tous les petits À partir de 3 ans animaux qu’elle croise sur son chemin. Mais sa bonne volonté n’a d’égale que sa maladresse Idéal pour une première séance !

sans paroles

LE QUART D’HEURE DU CONTEUR Mercredi 8, au début la séance de 14h15, notre conteur Gaël Prioleau fera découvrir aux enfants une belle histoire extraite d’une légende très ancienne…

VF Tout public à partir de 8 ans

VO USA – 2014 – 2h13, de Ganeth Edwards, avec Felicity Jones,

VF

Diego Luca, Ben Mendelsohn, Mads Mikkelsen...

Une bande de jeunes héros tente de dérober les plans de l’Étoile de la Mort, l’arme de destruction ultime de l’Empire.

France/Canada – 2016 – 1h29, film d’animation de Eric Summer et Eric Warin. À partir de 5 ans

VF

Tout public à partir de 5 ans

Tout public à partir de 10 ans

suivi de six courts métrages. Belgique – 2017 – 30 mn, quatre courts métrages d’animation de Vincent Patar et Stéphane Aubier.

Félicie, une jeune orpheline bretonne parvient à se rendre à Paris. Là, elle devra se battre comme jamais pour réaliser son rêve le plus fou : devenir danseuse étoile à l’Opéra de Paris !

USA – 2016 – 42 mn, courts métrages de Walt Disney de 1923 à 1927.

Quatre histoires menées tambour battant par Alice, une jeune héroïne en chair et en os qui évolue dans un univers de dessin animé.

sans paroles

Tout public à partir de 6 ans

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République tchèque – 2016 – 40 mn, film d’animation de Marek Benes.

Les deux inséparables bricoleurs ont encore beaucoup d’idées pour améliorer leur quotidien. Un brin gaffeurs mais surtout très marteaux, ils font toujours autant rire !

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À partir de 3 ans

Mercredi 15 les enfants pourront découvrir les vraies marionnettes du film qui s’animeront devant eux !

France – 2017 – 1h19, documentaire de Anne-Dauphine Julliand. Tout public à partir de 10 ans

sans paroles

Tout public à partir de 7 ans

France – 2017 – 1h25, documentaire de Luc Jacquet.

Suivons le voyage initiatique d’un jeune manchot vers l’océan, parti pour assurer la survie des siens en Terre antarctique. Après La Marche de l’Empereur, nous retrouvons les manchots dans un décor glaciaire toujours aussi somptueux.

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Bande annonce

Ici… ` NOUVEAU DÉRAPAGE

Quentin Dupieux (Rubber, Réalité) et son univers à nul autre pareil sont de retour ! Au poste devrait mettre en scène un huis clos au sein d’un commissariat, sur fond d’enquête au sujet d’ un meurtre. Rien de bien original jusque-là, mais, connaissant l’Oizo (pseudo de Dupieux quand il officie en tant que musicien) et son goût immodéré pour l’absurde, la chose ne devrait pas être aussi simple… Pour fomenter son mauvais coup, il a engagé Albert Dupontel, Vincent Macaigne, Grégoire Ludig, Orelsan et Anaïs Demoustier. On ne dénoncera personne mais dans la liste, on en connaît déjà qui ne sont pas des novices dans le le dérapage incontrôlé, comme Dupieux définit lui-même son cinéma ! ` FEMME FATALE Depuis 1981 et Les Ailes de la colombe, Benoît Jacquot aura tourné trois autres films avec Isabelle Huppert. Huit ans après Villa Amalia, le duo va se reformer pour une nouvelle adaptation d’Eva de James Hadley Chase, après celle de Joseph Losey en 1962. Ou comment un homme conditionne sa vie à une femme qui a choisi de ne pas aimer, ni d’être aimée. Au côté de l’infatigable Isabelle, on retrouvera le très actif Gaspard Ulliel !

et ailleurs… ` MÉDUSE IMMORTELLE

Bille August s’apprête à réaliser un nouveau film biographique, mais cette fois point de références à une figure emblématique du 7e art, comme pour Les Meilleures Intentions avec celle d’Ingmar Bergman. C’est la destinée flamboyante et tragique d’un des créateurs phares de la haute couture des années 80-90 qui l’a inspiré : Gianni Versace. Antonio Banderas, quant à lui, est producteur du projet mais également celui qui aura la responsabilité de ressusciter le couturier à La Méduse, tombé sous les balles d’un tueur en série en 1997. ` POUR L’AMOUR DE L’ART

Depuis 2013 et la sortie de son très controversé Nymphomaniac, on avait quelque peu oublié Lars Von Trier. Mais le voilà qui annonce son retour avec The House That Jack Built, qui suivra le parcours d’un tueur en série sur douze années. Le Jack en question, qui aura la particularité de considérer ses crimes comme des œuvres d’art, sera interprété par Matt Dillon, tandis que celui qui sera son « Pygmalion » aura l’intensité de Bruno Ganz ! Il semblerait que ce film soit une relecture de l’œuvre macabre du plus fameux Jack de l’histoire du crime, généralement qualifié d’Éventreur ! Gageons que le réalisateur danois saura fournir de ce sujet très exploité, une œuvre qui marquera les esprits ! IG

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– Les CARNETS du STUDIO

n°353 – Février 2017

Quelle démocratie au Brésil ?

près la destitution de Delma Rousseff au Brésil, le 31 août 2016, et la répression contre les mobilisations étudiantes et paysannes, on peut se poser la question : quelle démocratie au Brésil ? La mobilisation d’une opposition au gouvernement en place est normale dans une démocratie. Ce qui inquiète actuellement est la radicalisation de cette opposition. Une lutte est bel et bien engagée entre ceux « d’en haut » et ceux « d’en bas » ; une vision du monde et du Brésil est en jeu. La radicalisation politique des classes supérieures est peut-être aussi le signe que les mouvements sociaux, le Mouvement des Sans Terre (MST) en tête, sont en train d’opérer une réelle transformation sociale dans la société brésilienne.

A

Le MST, soutenu par Frères des Hommes, nous montre et illustre le combat mené pour la transformation sociale, en combattant les causes et conséquences des inégalités et des injustices. Le MST nous apprend que pour construire des solu-

tions qui conduisent à un changement durable, il faut former les femmes et les hommes qui vont conduire ce changement. Le Brésil est aujourd’hui caractérisé par une forte inégalité qui touche surtout les campagnes où la concentration de la terre est l’une des plus fortes au monde alors que l’agriculture familiale emploie la grande majorité de la main d’œuvre agricole. Le MST réclame une redistribution des terres et milite pour que l’État soutienne l’agriculture familiale. Le Brésil voit s’opposer deux modèles de développement agricole, Plus qu’un simple choix économique, de ces derniers découle aussi un véritable choix de société tant la question agricole est centrale au Brésil. A bien des égards, cette opposition entre ces deux modèles se retrouve dans la crise politique actuelle au Brésil.

Frères des Hommes et le Mouvement des Sans Terre au Brésil

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT… Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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À propos de Le Ruisseau Le Pré vert Le doux visage

Vendredi 18 novembre, Cédric Anger, ancien collaborateur des Cahiers du Cinéma, scénariste et réalisateur, a ouvert la saison des rencontres organisées par la Bibliothèque des Studio. Cette soirée, placée sous le thème De l’écrit à l’écran : écrire pour soi, écrire pour les autres, a permis un échange passionnant à la bibliothèque, avant de se poursuivre par la projection de son film La Prochaine fois je viserai le cœur (2013), inspiré d’une histoire vraie, avant de conclure par une ultime rencontre avec le public. « J’ai toujours voulu faire des films et j’idolâtrais les cinéastes de la Nouvelle Vague, j’avais rencontré Jean Douchet » par le biais d’un petit fanzine auquel C. Anger collaborait. Ensuite il a écrit pour les Cahiers. « C’était une période assez formidable, on voyait 4 à 5 films par jour et on rencontrait des cinéastes. C’est comme ça que j’ai rencontré Xavier Beauvois qui m’a proposé d’écrire. Mon premier scénario, c’était Selon Matthieu. On est parti sur une idée de Lorenzaccio de Musset qui racontait l’histoire d’un personnage joué par Benoît Magimel qui va décider de venger son père ». Concernant le scénario, il était encore possible à l’époque de se lancer avec 60 pages envoyées pour le financement. « Après, les 50 dernières pages, je les ai faites pendant le tournage, le soir. La fin s’est écrite dans l’urgence, pour le lendemain, avec un canevas déjà construit. Cela ne se fait quasiment plus ! Truffaut, Rivette, Godard fonctionnaient beaucoup comme ça ». La rencontre avec le réalisateur allemand «baroque Werner Schroeter est également marquante. Ils ont coécrit dans des cafés de Montparnasse le scénario de Deux (2002), « ce film complètement incompréhensible », tourné avec Isabelle Huppert. « L’idée était de fonctionner par imageries », avec des séquences empruntant au cinéma muet. Un nouveau travail suit avec X. Beauvois pour Le Petit Lieutenant (2005). « On était à quatre sur le scénario. On a passé 6 mois avec la police à vivre leur quotidien, à écouter leurs mots. Beauvois a besoin

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n°353 – Février 2017

Cédric Anger aux Studio © Nicole Joulin

Rencontre avec Cédric Anger

de connaître par cœur le sujet avant de se lancer. Il préfère l’action à l’écriture. Ça a amené de la vérité au film ». Après, C. Anger a écrit pour lui : Le Tueur (2007) avec Gilbert Melki. « Il y a une impression de liberté et de vertige quand on écrit pour soi. On ne sait pas quand ça fonctionne ou pas. Le rôle du producteur vient alors remplacer celui du réalisateur pour nous dire si là, c’est convaincant ou pas ». Autre étape essentielle dans l’écriture du scénario : « trouver les 4 ou 5 séquences qui fonctionnent bien. Hitchcock travaillait beaucoup ainsi ». Une autre rencontre d’importance, celle d’André Téchiné : « c’était une évidence, une connivence. Ça nous prend 2 à 3 mois d’écriture, alors que généralement, il faut environ 6 mois. Lui, il veut que l’on connaisse ses personnages par cœur, qu’on leur invente à chacun son histoire et à un moment donné, on attaque l’écriture du film ». Le film sortira cette année… Ce que C. Anger aime avec le film de genre, « c’est non pas une idée d’efficacité avec une image toujours au service de l’histoire » comme dans les séries, mais plutôt « des scènes qui ne sont pas au service de l’histoire mais qui apporte autre chose [… ] Plutôt montrer que démontrer »… RS

I

l y a quelques mois, le réalisateur égyptien Mohamed Diab proposait, avec Clash, une vision de la société égyptienne totalement désespérée : pendant 97 minutes, les quelques mètres carrés d’un fourgon policier devenaient le microcosme d’une société plus qu’au bord de la crise de nerfs, où les haines les plus violentes se déchaînaient, sur des conceptions religieuses et politiques irréconciliables. Et à l’extérieur, ce n’était pas mieux ! Le véhicule bringuebalait d’une manifestation à une contre-manifestation, de violences policières en attentats extrémistes, avec un épilogue apocalyptique où le fourgon devenait… l’ultime refuge pour les occupants qui avaient essayé d’en sortir, coûte que coûte, le film durant. J’étais sorti de la salle abasourdi : décidément le printemps arabe n’accouchait que de situations inextricables et les espoirs de la place Tahrir ne pouvaient qu’être déçus… Dans son film précédent intitulé Après la bataille, le réalisateur égyptien Yousry Nassralah avait essayé de capter presque in vivo les turbulences politiques de son pays. Il revient avec un film que l’on n’attendait pas, un film sensuel et épicurien Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage, trois termes qui évoquent, pour un spectateur oriental, le paradis. Un paradis des sens, éminemment terre-àterre, puisque, dans cette comédie familiale où les personnages hauts en couleurs foisonnent, on célèbre les plaisirs simples de la vie terrestre : la nourriture, la danse et le chant, l’amour et le sexe. Sur fond de trafics d’influence, une Règle du jeu aux couleurs bollywoodiennes dans une famille de trai-

teurs, les Al-Tabakh, qui, de père en fils, concoctent les banquets et les mariages du village. Autour de ces préparations culinaires goûteuses s’organise une véritable cuisine des désirs : à chaque nouvelle épice, une nouvelle scène sensuelle. Légitime ou non, l’amour y est célébré comme le sel même de l’existence. Le réalisateur a voulu faire « un film jouissif ! J’ai éliminé tout ce qui pouvait entraver mon envie initiale : parler de ce qui me fait plaisir, la cuisine, l’amour et le sexe. En Égypte, la révolution de 2011 s’est organisée autour de cette revendication : le pain, la dignité, la liberté ! Ce slogan m’a guidé. Aujourd’hui, les Égyptiens n’entendent parler que d’austérité et de mesures économiques draconiennes. Les intégristes font l’éloge de la mort. Moi, j’ai voulu dire ce qui nous garde en vie. ». Et ce qui est peut-être le plus surprenant (pour un spectateur occidental), c’est la sensualité des femmes telle que le film la célèbre ; des femmes aux formes girondes, aux courbes revendiquées, à la féminité excessive, aux désirs exaltés, chantés sur des rythmes envoûtants (loin, cependant, du regard des hommes). Le film a été mal reçu en Égypte, considéré comme « immoral » aussi bien par les intégristes… que par les gens de gauche « qui savent être très moralisateurs ». Et on ne peut s’empêcher de penser que c’est cette sensualité qui fait peur et nourrit la haine et la violence. « Les islamistes parlent des hommes comme de loups et des femmes comme de DP bouts de viande nue qu’il faut voiler. »

Interview du réalisateur parue sur télérama.fr

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Les rédacteurs ont vu :

LOUISE EN HIVER de Jean-François Laguionie

Sur le grain sensible du papier, le dessin s’anime accompagné par le grain de la voix off, un grain de sable enraye l’horlogerie du temps ouvrant le champ libre d’une délicieuse et hivernale robinsonnade. DP Je crois être de moins en moins sensible aux films d’animation : tout en reconnaissant que Louise en hiver est effectivement plein de qualités humaines très touchantes et déborde de bons sentiments, le décalage créé par le dessin (que j’ai trouvé assez faible et mièvre) m’empêche totalement de ressentir la moindre empathie avec cette si charmante vieille dame qui apprend à devenir une « vieille dame indigne », sujet qui, pourtant, sur le papier, ne pourrait que me réjouir... ER

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Dans sa solitude Louise bascule peu à peu dans un temps hors du temps symbolisé par l’horloge arrêtée qui lui fait rater le dernier train de retour vers le monde réel et qu’on reverra à plusieurs reprises, toujours arrêtée. D’autres horloges apparaîtront dans les rêves de la vieille dame, habitées, ballottées par les flots. Comment mieux dire que l’apparente robinsonnade est en réalité l’expérience d’un temps nouveau, immobile, paradoxal ? Et nous voilà embarqués avec elle, fascinés, à la recherche de ce temps qu’elle a retrouvé. AW Voyage intérieur en bord de mer, le film déploie une tendresse mélancolique et caressante. Aussi discret que malicieux, Louise en hiver devrait être remboursé par la Sécu tant il est apaisant. JF

Il ne faut pas se méprendre, malgré le sable chaud et des tons au demeurant pastel, l’histoire de la vieille femme, lucide, respire le doux-amer d’une profonde solitude. D’autant que Louise ne semble manquer à personne. Il lui reste alors les souvenirs… et un petit animal inscrivant du réel auprès d’elle. La parenthèse en saison creuse (ou morte...) de Louise laisse un sentiment de troublante mélancolie poétique. RS

2016 aura été un grand cru pour l’animation hexagonale ! En effet, après avoir été bouleversés par l’excellent Ma Vie de Courgette de Claude Barras, nous voilà tout émus par la parenthèse iodée de la magnifique Louise en hiver de JeanFrançois Laguionie : des techniques dif-

férentes mais une même façon, encore artisanale, d’être inventifs, une manière comparable d’aborder les sujets graves avec pudeur, humour et poésie, et au bout du compte, la même magie pour nous faire croire aux trajectoires tellement humaines de leurs petites créatures. IG C’est la découverte du journal d’une solitude orné de rêves, de souvenirs d’enfance, piqué de chants d’oiseaux et de regards tendres, déroulé au rythme des vagabondages de l’héroïne, baigné de poésie, contant les facéties créatives d’une mamie délaissée mais ô combien libre et apaisée... MS

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L

ors d’une conférence à la Sorbonne en 2013, le président équatorien ex-professeur d’économie, Rafael Correa, défend la thèse que l’Europe fait fausse route en prônant l’austérité pour se sortir de ses difficultés économiques et financières. Son pays est alors en pleine croissance mais personne n’en parle… Surtout pas les médias français !

Conquis par les propos entendus, Pierre Carles dont on connaît la qualité des documentaires – Pas vu pas pris (1998), Attention danger travail (2003) – part avec Nina Faure enquêter sur place. Un premier film est réalisé : Opération Correa - les ânes ont soif (2013). En 2015, c’est grâce à une souscription sur internet auprès de spectateurs que les deux réalisateurs ont repris le même chemin afin de rendre compte des résultats de la politique menée par Correa alors qu’il s’apprête à quitter le pouvoir. Leur but est de démêler le vrai du faux dans cette république revendiquée socialiste. Le film se présente comme un making of : on suit le cheminement des deux reporters, leurs choix, la façon dont ils montent les éléments recueillis. Et ils sont nombreux, incroyablement enrichissants pour l’ensemble des spectateurs en majorité peu ou pas informés de cette expérience qui a duré huit ans. Sont évoquées bien sûr l’ampleur des réformes accomplies, les contradictions de la politique menée, ses succès et ses limites…

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Pierre Carles aux Studio © Roselyne Guérineau

Rencontre avec Pierre Carles

Mais aussi les prises de position pas toujours reluisantes des syndicats, dépossédés du jour au lendemain de leur rôle : ainsi, celui majoritaire dans l’éducation qui n’a cessé de s’opposer à Correa alors que le budget alloué à l’éducation a triplé et que les enseignants n’avaient jamais connu de hausse aussi importante de leurs salaires. Difficilement compréhensible également le fait que les classes populaires non concernées par la forte augmentation des impôts, n’aient pas soutenu comme on pouvait s’y attendre des réformes qui ont largement amélioré leurs conditions de vie et niveau de revenus. Dans le domaine des richesses naturelles, l’Équateur, comme la Bolivie, a procédé à la nationalisation des ressources. Les mines, par exemple, ont été rachetées à leur juste prix aux Indiens qui possédaient les terrains ; les bénéfices tirés de leur exploitation restent dans le pays et sont redistribués alors que dans la majorité des pays sud-américains ils enrichissent des actionnaires étrangers. En ce qui concerne l’agriculture, les réformes ont sans doute été facilitées par le fait qu’il n’y avait que peu de très gros propriétaires terriens, contrairement aux voisins brésiliens ou argentins. Les prix de produits comme le lait sont régulés par l’État, ce qui permet aux éleveurs de s’en sortir mieux qu’en France mal-

gré la petite taille des exploitations. Pourtant, beaucoup s’estiment trop tenus à l’écart des travaux d’infrastructure engagés et des avancées sociales, malgré les améliorations dont ils ont bénéficié. Le documentaire se fait plus critique dans certains domaines ; difficile de comprendre, par exemple, le refus de dépénaliser l’avortement même en cas de viol. Le débat nous apprend que dans ce pays profondément catholique, comme la plupart de ses voisins, même la majorité des femmes est favorable à la pénalisation de l’avortement ! Pourtant, elles représentent 46% des députés (contre 22% en France)… Du côté des médias, deux chaînes publiques ont été créées, mais les moyens de diffusion et d’information du public restent moins puissants que ceux du privé. Aujourd’hui, 33% des fréquences sont accordées au public, 33% au privé et 33% le sont au monde associatif. Bel exemple de partage qui permet des points de vue différents, prouvé par le fait qu’il n’y a pas de consensus dans la hiérarchie et l’analyse des informations.

Restent enfin les avancées considérables qui permettent de tirer finalement un bilan positif de ces 8 ans d’expérience : non seulement l’émigration qui était très forte au début des années 2000 est quasiment stoppée, mais nombre d’Équatoriens reviennent dans leur pays. L’écart entre les plus riches et les pauvres s’est considérablement réduit, alors que dans le même temps en Europe il n’a cessé de croître. Des souverainistes plutôt de droite ont rejoint le gouvernement Correa parce qu’ils ont fini par partager l’idée que la richesse produite par le pays doit y rester. Depuis plusieurs années une véritable solidarité existe entre la Bolivie, l’Équateur et le Venezuela qui avaient du mal à sortir de leur marasme économique ; leur volonté commune est de redonner, malgré la mondialisation, du pouvoir à l’État. La politique menée par Rafael Correa est largement inspirée par un autre économiste que nous connaissons bien : Thomas Piketty. Mais nos pays continuent d’ignorer ce modèle et nous ne pouvons guère compter sur nos médias pour le relayer… À méditer. SB

Quant à la sécurité, thème si cher à nos politiques, on apprend que le taux de criminalité en Équateur est deve-nu un des plus faibles d’Amérique latine, et que les policiers et les fonctionnaires étant beaucoup mieux payés, la corruption a quasiment disparu.

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Davy Chou aux Studio © Roselyne Guérineau

Rencontre avec Davy Chou

C

’est en réaction à son premier longmétrage dans lequel il interrogeait la mémoire perdue du cinéma cambodgien et dont il filmait les survivants, forcément âgés, qu’il a eu l’envie de s’intéresser à la jeunesse, mais tout en partant à nouveau du réel. Diamond Island existe, c’est une île sur les rives de Phnom Penh transformée par des promoteurs immobiliers en un symbole du futur du Cambodge, un lieu ultra-moderne pour riches. L’aspect documentaire est relevé par un spectateur, qui vient de passer six ans au Cambodge, qui décrit la « justesse extraordinaire » du regard du réalisateur sur le Cambodge d’aujourd’hui et sa jeunesse. Le parti pris de la lenteur en interroge d’autres. Surtout dans le cadre d’une ville qui, comme il est dit, « grouille » de monde et de bruit. Pourtant, pour le réalisateur, « ça grouille aussi dans le film, à mon avis. J’ai essayé que ce soit vivant malgré ce choix

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Davy Chou n’en est pas à sa première visite aux Studio : présent pour le Ficat (Festival international de cinéma asiatique de Tours) 2013, il y a présenté son premier long-métrage, un documentaire, Le Sommeil d’or. Un court-métrage, Cambodia 2099, qui est en quelque sorte la genèse du film montré ce mardi soir, y a aussi été projeté.

volontaire. Je voulais montrer le ballet des motos, par exemple, comme un corps organique, que l’on soit emporté dans un monde dans lequel la lenteur permette de ressentir les choses de façon juste, notamment la façon brutale dont la mondialisation arrive dans un pays face à une jeunesse qui n’y est pas préparée et pour qui tout va trop vite. Mais c’est aussi par goût d’un certain cinéma asiatique que j’aime, celui de Hou Hsiao-hsien, Apichatpong Wheerasethakul ou Jia Zhang-ke. J’aime quand un film me laisse de la place pour respirer et je voulais aller à l’encontre d’un cinéma proche du reportage télévisé. » La source du film, il l’a trouvée en observant des jeunes contempler les constructions de Diamond Island avec envie et désir. Ce devenir « Qatar, Dubaï » est pour lui un devenir horrifique mais ce n’est pas ce que ressentent les héros du film. C’est en se posant la question du « Qu’est-ce qui les fait rêver ? »

qu’il a orienté sa mise en scène vers l’onirisme (en travaillant les lumières, les couleurs, les plans-séquences) afin de se détacher du réalisme. Il a cherché à se décoller du réel en montrant un univers faux mais caressant, en tentant de créer l’équivalence par l’image et le son de ce que voient les personnages et qui les aimante. Et pour ce faire il cite les influences des films de Francis Ford Coppola (Rusty James, Outsiders) pour la description de la jeunesse, Michael Mann (Collateral) pour son expérimentation sur le numérique et Harmony Korine (Springbreakers) pour son travail sur l’image. Et, si le tournage n’a pas toujours été simple, ce n’est pas tant à cause de la langue (même s’il est d’origine cambodgienne, Davy Chou est né en France et ne parle pas parfaitement le khmer) mais, surtout, aux difficultés inhérentes au tournage en décors réels, dans un vrai chantier qui évolue sans cesse. Il est également évoqué ce qui est peut-être la plus belle scène du film, celle de la neige. Mettant en scène une des thématiques principales du film, celle du rêve, cette scène a priori impossible (de la neige à Phnom Penh) est-

elle réalité ou illusion ? « Elle est comme l’envie qu’un rêve se réalise parmi tous les rêves impossibles des personnages. » Le résultat est magique. Sorti l’automne dernier au Cambodge, le film y a été très bien reçu. Davy Chou veut maintenant tourner son prochain long-métrage en France. Nous l’attendrons, mais, d’ici-là, gardons le souvenir de cette belle rencontre autour de cette pépite empreinte d’une très grande mélancolie, qui n’est certainement pas seulement celle des personnages, comme lui a fait remarquer un spectateur, mais aussi sans doute celle de Davy Chou lui-même. JF

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Bertrand Tavernier sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

Diamond island

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Pages & images

Réparer les vivants

B

ien que le cinéma actuel ait une appétence prononcée pour la réalité (on ne compte plus les mentions «tiré d’une histoire réelle »), il continue régulièrement à s’abreuver auprès des sources littéraires les plus variées, à y rechercher des prétextes pour ses scénarios. Ces derniers mois, deux réalisatrices ont décidé d’adapter des romans de Maylis de Kerangal, l’une des romancières qui allient succès public et critique, sans sembler faire de concession. Katell Quillévéré a choisi de porter sur les écrans le roman couvert de prix intitulé Réparer les vivants et Dominique Cabrera un roman plus ancien intitulé Corniche Kennedy. En gardant les titres originaux, les réalisatrices semblent indiquer une volonté d’être fidèles au livre et pourtant, l’une comme l’autre ont modifié l’histoire elle-même d’une façon assez importante. Chez MdK, tout le récit de Réparer les vivants tourne autour du donneur et de la chaîne humaine qui permet à ce cœur de continuer vivre ; KQ a inventé le personnage de la receveuse (jouée par Anne Dorval).

Expliquant que le héros de son film était le cœur, elle voulait qu’il transite d’une histoire d’amour (naissante) à une autre histoire (qui va pouvoir renaître). Dans Corniche Kennedy, le récit de MdK balance entre le côté solaire porté par les ados qui squattent la corniche, joyeusement irrévérencieux, et le côté nocturne et dépressif de Sylvestre Opéra, le policier qui les surveille depuis son bureau ; DC a remplacé ce personnage un peu caricatural par celui d’une policière noire jouée par Aïssa Maïga, beaucoup plus maternelle et atypique. Elle a aussi modifié tout l’arrière-plan polar comme si cette histoire de drogue ne l’intéressait que comme toile de fond. Les deux réalisatrices semblent avoir suivi les conseils de Milan Kundera qui recommandait au réalisateur Philip Kaufman de trahir son livre en adaptant L’Insupportable légèreté de l’être. Trahir pour être au plus juste. Au-delà de l’histoire proprement dite, comment rendre compte de ce qui fait le sel d’un livre, son style, le « lyrisme matérialiste » de MdK, qui « fait du geste littéraire une opé-

ration de métabolisation du réel en récit, du document en fiction »1 ? KQ a trouvé une façon de filmer à la fois très poétique (la déferlante de l’accident) et très prosaïque : peu de mots (MdK n’a jamais de dialogue), une chanson de gestes (ceux des surfeurs, de l’ébéniste, des médecins…), l’émotion tenue à distance par la précision de ceuxci, la circulation des personnages qui avancent sans cesse (travellings avant et arrière), parce que, malgré la mort de Simon, la vie continue, selon un flux vital perpétuel, d’un personnage à l’autre.2 Pour MdK, «écrire, c’est instaurer un paysage» (une ville sud-américaine dans Naissance d’un pont, la forêt sibérienne dans Tangente vers l’est, l’île de Lampedusa dans A ce stade de la nuit). Dans Corniche Kennedy, ce boulevard marseillais qui relie le vieux port aux calanques, serpent de bitume entre les villas bourgeoises et la mer, aimante tout le récit. Et le film bien sûr. «C’est là que ça se passe et c’est là que nous sommes », une frontière rocheuse investie par des bandes des quartiers nord qui viennent y chercher un terrain de jeu, le soleil et la liberté. Lola Créton, la Suzanne bourgeoise fascinée par les sauts vertigineux des ados qu’elle observe depuis sa terrasse, nous sert de guide. Avec elle, nous allons apprendre à vivre vite, dangereusement, à défier le vide et la police. On comprend la fascination de la réalisatrice

pour filmer la beauté de ces corps vifs, dans ce remake adolescent et solaire où Jules et Jim se nommeraient Marco et Mehdi. À se perdre avec eux. La confrontation sociale, l’enquête policière s’estompent en une dérive lente et poétique, dans un face à face avec la mer. Un éloge de la perte d’équilibre. Du plongeon. Comme dans le livre : «… bras, tête et buste l’accompagnant dans une même asymptote de flèche, et leur corps est propulsé à l’avant, à l’avant de la corniche, à l’avant de la ville, à l’avant du bourbier qu’ils laissent dans leur dos, le bourbier de l’enfance et des secrets pourris, et dans la chute, ils hurlent, ça dure une ou deux secondes, pas plus, trois mètres, ce n’est pas long, leur cri déchire l’espace dans le sens de la hauteur comme le cutter fend la toile du tableau et l’entrouvre, pour s’y engouffrer, pour s’y perdre, aaaah ! ooooh ! banzaaai ! un cri de fin du monde (…) alors l’eau se troue paf dans un bruit de détonation, cratère inversé, bouillon écumeux, le corps disparaît dans les éclabousDP sures… » 3

1 Judith

Josse-Lafon (dossier de Folioplus classique) lui reprochent de ne s’arrêter sur aucun d’entre eux, de ne voir des acteurs talentueux que quelques minutes, mais c’est l’enjeu même du film, cette circulation, cette transmission… 3 Le film a reçu le Prix du jury au festival de la Page aux images du Croizic. 2 Certains

Corniche Kennedy

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– Les CARNETS du STUDIO

n°353 – Février 2017

Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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À propos de Tim Burton

N

ous ne ferons jamais l’expérience de ce que les spectateurs originels du cinématographe ont ressenti quand ils ont vu les premières images en mouvement, sur un écran : de la surprise, de la peur, du plaisir, de l’émerveillement, on imagine. Tout cela bien sûr et sans doute bien plus. Des sensations et sentiments qu’il nous arrive encore d’éprouver dans une salle obscure, bien évidemment et heureusement, mais sans doute pas avec la même intensité que cette première fois, puisque nous avons été immergés dès notre plus jeune âge dans un bain d’images. Quoi qu’il en soit ces émotionslà nous sont précieuses, essentielles et, si on ne se souvient pas toujours précisément du film qui les a initiées – contrairement à Bertrand Tavernier qui a fini par identifier son film primitif, cf Voyage à travers le cinéma français – ne sont-elles pas celles que nous souhaitons retrouver quand nous nous enfonçons dans notre fauteuil, que l’obscurité se fait, que du projecteur jaillit la lumière et que les images commencent à défiler ? Si le rituel demeure le même, nous ne sommes jamais sûrs qu’à la fin de la projection, notre plaisir de spectateur sera à la hauteur de nos espérances : on attend, on désire ce plaisir régressif, connu, reconnu, tout en souhaitant sans cesse, renouveler notre capacité d’étonnement. Si la magie opère, on entre alors dans une

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autre dimension de l’espace et du temps, celle du film ; comme happés, aspirés à la manière de Dorothy par la tornade du Magicien d’Oz ! Si cette promesse de jubilation à venir ne peut être tenue par tous les réalisateurs, il en est comme Tim Burton qui figurent en bonne place sur la liste (subjective forcément) de ceux dont chaque film est attendu comme un rendez-vous. Avec son dernier opus, Miss Peregrine et les enfants particuliers, l’oncle Tim aura su de nouveau renouveler le sortilège, et nous emporter dans un maelström d’émotions à l’instar de Jake, le jeune héros ! On peut (re)trouver tous les thèmes qui lui sont chers : l’enfance incomprise, malmenée, comme dans Batman : Le Défi, Charlie et la chocolaterie ou Frankenweenie ; la monstruosité, qu’elle soit naturelle ou fabriquée, visible ou intérieure, comme dans Batman, Mars Attacks, Sleepy Hollow ; les relations père/fils, complexes pour ne pas dire conflictuelles comme dans Big Fish, Charlie et la Chocolaterie, Les Noces funèbres… Tandis qu’au détour du jardin d’une grande demeure gothique, comme il les affectionne tant, on découvre des topiaires en forme d’éléphants, de dinosaures et de dragons, comme si Edward et ses mains d’argent était passé par là. La fête chez Tim Burton, qu’elle soit

foraine ou liée au cirque, est toujours inquiétante, et les clowns font peur : si Le Joker dans Batman en est l’exemple le plus manifeste, Big Fish et L’Étrange Noël de monsieur Jack (qu’il n’a pas réalisé mais dont il a écrit l’histoire et dont il a été le directeur artistique) sont de parfaites illustrations de cet univers proche de celui de Freaks – chef d’œuvre de Tod Browning (s’)interrogeant également sur la nature de la monstruosité. Et puis, impossible d’occulter le thème de la mort et de ses représentations, avec notamment la figure récurrente du squelette, lequel, paradoxalement, n’y est pas forcément vecteur de terreur, mais au contraire incarne la vitalité. Cette fois, c’est même une horde de squelettes qui s’animent pour livrer bataille contre les Sépulcreux mangeurs d’yeux : hommage

totalement assumé à un de ses maîtres, expert du stop-motion, Ray Harryhausen (à l’origine notamment des créatures fabuleuses de Jason et les Argonautes de Don Chaffey, en 1963). Dans Les Noces funèbres, Tim Burton avait même fait d’Harryhausen une marque de piano ! Avec son adaptation de Miss Peregrine… Tim Burton ne nous donne pas seulement le plaisir de voir un film, il nous ouvre les portes d’un monde sans limites, nous fait renouer avec notre âme d’enfant et avec cette capacité à frémir, s’émerveiller, jubiler, comme quand on suivait les mésaventures de Charlot, drôles et tristes à la fois ! « Retrouver les choses premières…»* ! IG

* Alain Souchon in La Beauté d’Ava Gardner

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Interférences Le Voyage au Groenland Louise en hiver

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uoi de plus facile pour un auteur de comédies que d’envoyer deux zozos parisiens un peu paumés — tous deux prénommés Thomas — dans un minuscule village inuit du Groenland ? Toute la panoplie des gags obligés (étonnements ahuris, cocasses maladresses, décalages divers et incongruités de toutes sortes) n’attend qu’un tâcheron efficace pour mettre en scène le choc comique de deux cultures aux antipodes l’une de l’autre, avec si possible, en bonus, un sous-texte à visée sociologique pour justifier aux yeux des critiques l’exotisme de carte postale induit par le sujet.

Heureusement Sébastien Betbeder n’est pas un tâcheron efficace et Le Voyage au Groenland échappe à toutes les embûches et travers d’un pitch si séduisant, si prometteur de succès. En réalité le regard du cinéaste n’épouse pas celui des deux protagonistes découvrant avec un amusement condescendant les mœurs bizarres de ces grands enfants d’Inuits, mais plutôt celui des Inuits voyant débarquer avec étonnement, bienveillance et générosité ces deux énergumènes patauds mais finalement chaleureux et sympathiques. Ces deux Candide fuient Paris, leurs échecs professionnels de comédiens (très) intermittents du spectacle, leurs échecs

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sentimentaux aussi. Se retrouver en terre étrangère si loin de leur cadre urbain et codifié les force à s’adapter, à s’accoutumer à une autre vie, à d’autres préoccupations, d’autres valeurs, et cela passe par l’apprentissage progressif de conditions d’existence nouvelles, sans confort, sans télé, pratiquement sans ordinateur. Les voilà amenés à se déconnecter, dans tous les sens du terme, de leur vie antérieure pour mieux se reconstruire au contact d’une nature dont la beauté intacte ne peut masquer la rudesse. Loin des images stéréotypées et touristiques, le Groenland est aussi montré comme le pays de la solitude, des jeunes sans avenir, de la désespérance, des suicides. Bâti sur une structure circulaire, le film se termine sur une scène exactement symétrique de la première : le voyage en hélicoptère. Sauf que les deux Thomas repartent apaisés, libérés, régénérés par une véritable cure de nature et d’humanité. On est loin des films montrant des hommes, héros ou victimes, affrontant dans une lutte souvent terrible des éléments hostiles, écrasants. La parenthèse enchantée se referme. Il ne s’est rien passé de notable et pourtant pour eux tout paraît changé. Aux antipodes de cette comédie réaliste enneigée, le film d’animation de Jean-

François Laguionie Louise en hiver situe d’emblée — en fait dès le générique d’ouverture — le personnage éponyme et l’histoire dans un décor suranné de cartes postales, images nostalgiques d’une station de bains de mer au charme proustien des plus désuet. La plage et la ville revendiquent sans complexe leur fidélité à tous les clichés d’une cité balnéaire normande clairement datée belle époque. Les vacanciers qui la peuplent sont pourtant visiblement nos contemporains et ce décalage, on le verra par la suite, n’a rien de fortuit. Mais voici la fin de l’été et tous, sans exception, s’en retournent vers la ville. Tous sauf Louise qui, par la faute d’une horloge arrêtée, rate le dernier train en partance. Avec cette horloge arrêtée c’est le temps lui-même qui semble s’être arrêté, dans une sorte de parenthèse de solitude qui ne se refermera que l’été suivant avec le retour de la même horde de touristes. On retrouve dans Louise en hiver la même idée d’escapade hors de la vie normale ou habituelle que dans Le Voyage au Groenland, la même structure

circulaire (arrivée des deux Thomas/départ) mais inversée (départ des estivants/retour). L’essence même du récit est identique dans les deux films : déconnexion du monde connu, familier, et découverte d’un paysage neuf, expérience inédite de la nature qui transforme en profondeur les protagonistes. La tempête de trois jours au début du film constitue une sorte de sas qui fait accéder Louise à un autre monde. C’est toujours la même station balnéaire et en même temps ce n’est plus la même, ou plutôt c’est le regard de Louise qui la transforme du tout au tout. Mêlant passé et présent, rêves et réalité, modestes gestes quotidiens et hallucinations, Louise jette sur ce qui l’entoure un regard profondément fantasmé. Le monde l’a oubliée et elle a oublié le monde et sa vie d’autrefois. Elle se revoit à différents âges, spectatrice d’elle-même et de ses conversations avec le cadavre d’un parachutiste anglais encore suspendu dans un arbre. Le chien qu’elle rencontre parle, quoi de plus natu-

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Vos critiques rel ? La décharge qu’elle trouve au bout de la plage semble appartenir, par ses très anciens postes de radio et ses antiques épaves de voitures, à une autre époque, celle lointaine évoquée dans la bande-son par Les Roses de Picardie. Les objets abandonnés sur la plage font euxmêmes discrètement écho au plan final de La Planète des singes de Franklin Schaffner, ultimes témoins brisés d’une civilisation disparue. Louise a oublié le monde dans lequel elle vivait. Un de ses rêves, ou plutôt un de ses cauchemars, la voit accusée, dans un simulacre burlesque de procès, d’avoir tout oublié et la voit condamnée à « la solitude à perpétuité ». Le film apparaît alors, au-delà de sa poésie et de son humour délicat, comme une subtile allégorie de ce qu’elle appelle elle-même la « vieillitude », de l’isolement du grand âge, des prémisses de la mort. La nature fan-

tasmée, recréée par Louise à partir de ses souvenirs et de son amnésie partielle, est comme un retour à l’enfance, aux images les plus lointaines, dont on dit qu’elles précèdent l’instant de la mort. Elle s’est bâti une liberté, un monde très personnel et bienveillant, mais elle n’est déjà plus de ce monde : quand la meute des estivants revient, personne ne la voit. Voilà donc deux films très différents dans leur projet et leur réalisation, mais qui tous deux confrontent des personnages à une expérience nouvelle et originale de la nature qui les entoure. Ils y trouvent d’abord un refuge contre les difficultés de la vie ou de l’âge, puis un réconfort, un renouveau, une véritable résurrection, que ce soit aux portes de la vie ou à celles de la mort. Comédies poétiques et attachantes d’un abord facile, elles n’en sont pas moins, chacune à sa manière, de pénétrantes leçons de vie. AW

LA FILLE DE BREST d’Emmanuelle Bercot […] Le jeu des procédures en matière d’autorisation du médicament comme en matière juridique ne résulte pas de l’imagination paranoïaque de la réalisatrice. Et il faut bien de la pugnacité aux lanceurs d’alerte pour s’opposer avec succès à une censure à multiples visages. […] La Fille de Brest est donc bien un film des plus réalistes et le public ne s’y trompe pas au grand désarroi, d’ailleurs, d’une partie du corps médical plutôt mal à l’aise. HR La Fille de Brest se regarde comme un polar : c’est rythmé, c’est fort, c’est haletant et souvent très émouvant. J’en suis sorti impressionné par le combat d’Irène Frachon, bien incarnée par Sidse Babett Knudsen, […] Emmanuelle Bercot a réalisé un film qui donne envie de se battre et de réagir, en ces temps de doute et de pessimisme, je trouve que c’est très bien. JC UNE VIE de Stéphane Brizé Ce film retrace le destin tragique de Jeanne, épouse et mère, corsetée par les attaches des hommes, des titres et de l’église. Elle affrontera mensonges et trahisons. Récit éclaté entre le passé, le présent et le futur. Il y a de belles images, on ressent le mouvement des saisons. Au gré des états d’âme de Jeanne, on passe de la lumière et des couleurs chatoyantes aux nuances de gris et aux tons sombres.

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Mais il manque la passion et l’émotion pour que le spectateur s’accroche car le film est très lent et long. On finit par s’ennuyer malgré la prestation de Judith Chemla. Les personnages secondaires sont fades et récitent leur texte sans grande conviction. C’est dommage pour les rôles de J-P Darroussin et Yolande Moreau. CP LE CLIENT d’Asghar Farhadi On peut voir ce film comme une métaphore de la décomposition de la société iranienne, avec ces murs fissurés, les rapports distendus et méfiants entre les personnages (dans le couple, avec les amis, les collègues…), le contact impossible avec l’administration policière et enfin les problèmes de censure. Le Client pose aussi des questions intéressantes sur la culpabilité, la vengeance, la souffrance des victimes, il n’apporte évidemment pas de réponses toutes faites, mais il nous amène à réfléchir. On en vient même à s’interroger à la fin sur l’identité de la victime, qui est le plus traumatisé et pourquoi… Il est également beaucoup question de théâtre dans le film avec la mise en scène de la pièce d’Arthur Miller Mort d’un Commis Voyageur, qui peut représenter une mise en abyme des échecs et interrogations du personnage masculin du couple (Emad). On peut ressentir une certaine perplexité à la fin, avec des questions plein la tête, car le réalisateur, Asghar Farhadi, nous laisse en suspens sur la scène avec les acteurs, à nous d’imaginer ou choisir la suite […] JC Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°353 – Février 2017 –

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