Carnets janvier 2018

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SEMAINE

CNP jeudi 20h00 C

I

N

4– 18’ 8’

ACTRICES DU DÉVELOPPEMENT QUAND LES HOMMES EN PARLENT

de l’association Tetratkhys Débat avec un(e) intervenant(e) spécialisé(e).

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1h47’

14h15 17h00 19h15 21h30

1h55’

14h00 16h45 19h15 14h00 19h15 14h30 19h45 14h30 19h30

2018

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UTU de Geoff Murphy

PENTAGON PAPERS À suivre. de Steven Spielberg

1h47’

mercredi STAR WARS sam-dim LES DERNIERS JEDI 14h00 de Rian Johnson 40’ Sans paroles mercredi ALICE COMEDIES 2 sam-dim de Walt Disney 16h15 1h34’ VO mercredi sam-dim FIREWORKS de Akiyuki Shinbo et Nobuyuki Takeuchi 17h45

1h45’ À suivre.

NORMANDIE NUE

AVANT-PREMIÈRE

GASPARD VA AU MARIAGE vendredi de Antony Cordier 19h45 Rencontre avec le réalisateur

1h35’

de Philippe Le Guay

AVANT-PREMIÈRE

mercredi

JUSQU’À LA GARDE 31 janvier de Xavier Legrand

2h06’

LA DOULEUR de Emmanuel Finkiel

À suivre.

1h40’

Rencontre avec l’actrice Léa Drucker 1h30’

LE SEMEUR de Marine Francen

A GHOST STORY de David Lowery

21h45

de Andrea Pallaoro

À suivre.

1h43’ 1h32’

de Sergio Castellitto

À suivre.

mer-sam-dim 1h15’ 16h00 L’INTELLIGENCE jeu-ven DES ARBRES lun-mar de Guido Tolke et Julia Dordel 17h45

17h30

SAUF-jeu

1h40’

FORTUNATA

17h15 21h15 À suivre.

1h32’

1h35’

HANNAH

19h45

LA MONNAIE DE LEUR PIÈCE de Anne Le Ny

17h30 IN THE FADE 21h30 de Fatih Akin À suivre. LE RIRE DE MA MÈRE

21h15

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du 3 au 9 janvier M

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Partenariat Cinémathèque/Studio 2h17’ Hommage à Arnaud Desplechin

PADDINGTON 2 de Paul King

En présence de Arnaud Desplechin

mardi 2h19’ LA SENTINELLE 19h00 21h45 2h25’ ESTHER KAHN

14h15 L’ARGENT 17h00 TOUT DU MONDE 21h30 de Ridley Scott 14h00 2h20’ LE GRAND JEU 16h45 de Aaron Sorkin 19h15 14h15 1h52’ 17h15 L’ÉCHAPPÉE BELLE de Paolo Virzi 19h30 2h00’

14h30 19h00

1h28’ VF

DRÔLES DE PETITES BÊTES

de Antoon Krings et Arnaud Bouron

26’ VF

LA SOURIS DU PÈRE NOËL de Vincent Monluc

de Miransha Naik

COCO

de Lee Unkrich, et Adrian Molina

1h18’ VF

KEDI - DES CHATS ET DES HOMMES de Ceyda Torun

SAUF lundi mardi

16h15 SAUF lundi mardi SAUF

lun-mar + mercredi

16h15 SAUF lundi mardi

1h34’

MARIANA de Marcela Said

1h46’

JALOUSE

de Éric Barbier

1h55’

CŒURS PURS

16h00

10h00

de David et Stéphane Foenkinos

14h00 19h15

SAUF lundi mardi

17h15

1h45’ VF

2h10’

LA PROMESSE DE L’AUBE

14h30

17h45 19h15 21h45

2h09’

de Roberto de Paolis

HEARSTONE

21h30

de Gudmundur Arnar Gudmundsson

14h00 19h30

1h54’

EL PRESIDENTE de Santiago Mitre

1h30’

I AM NOT A WITCH 21h45

JE NE SUIS PAS UNE SORCIÈRE de Rungano Nyoni

1h34’

L’ENFANT DE GOA

2018

1h47’ VF

lundi 19h30 COMMENT JE ME SUIS DISPUTÉ… (MA VIE SEXUELLE)

de Colombe Savignac

21h30

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

1–

SEMAINE

Projet de développement au Sud : la place des femmes. 2h30’ VF

lundi 19h30

14h15 19h00

du 24 au 30 janvier

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

17h00 21h30

1h40’

L’ÉCHANGE DES PRINCESSES de Marc Dugain

1h20’

SIMON ET THÉODORE

21h45

de Mikael Buch

Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS – www.studiocine.com


2–

SEMAINE

du 10 au 16 janvier

Vers un autre Code du travail

INSPECTEURS DU TRAVAIL, UNE RENCONTRE CNP jeudi

19h45 C

I

Débat avec Christian Hallinger ancien directeur départemental du travail..

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COCO

de Wong Kar-wai

1h37’

21h15 CHUNGKING EXPRESS 1h37’

S éa nce

de Lee Unkrich, et Adrian Molina

L’ÉTRANGE NOËL mercredi DE MONSIEUR JACK 14h15 de Henry Selick

1h47’ VF

PADDINGTON 2

de Lea Rinaldi

Débat animé par les migrants du CAO de St-Pierre-desCorps et toutes les associations qui les soutiennent.

Partenariat Bibliothèque/Sans canal fixe

BÊTES DE FOIRE

14h30 1h47’ 17h00 NORMANDIE NUE 19h15 de Philippe Le Guay 21h15 14h30 1h30’ LA MONNAIE 17h00 19h00 DE LEUR PIÈCE de Anne Le Ny 21h00

14h00

de Éric Barbier

H

È

Q

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L’ÉCHANGE DES PRINCESSES

19h30

de Marc Dugain

TOUT L’ARGENT 2h00’ DU MONDE de Ridley Scott

CŒURS PURS de Roberto de Paolis

17h15 21h30 17h15 21h30

NORMANDIE NUE de Philippe Le Guay

LA MONNAIE DE LEUR PIÈCE de Anne Le Ny

1h51’ VF

2018

1h30’

BOUTIQUE DES PANDAS

de Divers réalisateurs Conte et film le mercredi

1h32’

LE RIRE DE MA MÈRE de Colombe Savignac

21h30

de Santiago Mitre

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

mercredi sam-dim 16h00

17h45 + FIREWORKS dimanche de Akiyuki Shinbo et Nobuyuki Takeuchi 11h00

1h34’

L’ENFANT DE GOA de Miransha Naik

14h30 19h45

1h41’

VERS LA LUMIÈRE 17h45

LE BRIO de Yvan Attal

mercredi sam-dim 14h15

1h34’ VO

de Naomi Kawase

14h15 1h40’ IN THE FADE 17h00 de Fatih Akin 19h00 14h30 19h45

Samedi 20 janvier 14h15

39’ VF LA

1h35’

TOUT L’ARGENT DU MONDE

21h30 19h00

de Ridley Scott

2h20’

LE GRAND JEU de Aaron Sorkin

21h00

1h52’

L’ÉCHAPPÉE BELLE 21h30 de Paolo Virzi

L’INTELLIGENCE

1h54’

EL PRESIDENTE

E

2h00’

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

T

17h30 Festival international de dimanche cinéma asiatique 16h45 19h30

14h15 19h15

de Aaron Sorkin

LA PROMESSE DE L’AUBE

A

lundi ET POUR QUELQUES HIRUNE HIME ÉVEILLÉS DOLLARS DE PLUS RÊVESKenji Kamiyama 19h30 2h10’ de Sergio Leone

14h15 19h45

SI TU VOYAIS SON CŒUR

du 17 au 23 janvier M

1h40’

LE GRAND JEU 2h10’

É

14h00 17h15 21h15

de Joan Chemla

1h55’

2h20’

3–

16h45 BELLE 21h30 de Paolo Virzi

VERS LA LUMIÈRE 14h15 19h30 de Naomi Kawase

Soirée B ib liothèqu e

N

1h30’

1h41’

1h26’

I

14h00 17h00 21h15

Au Centre Culturel de Saint Pierre-des-Corps Grande soirée des Migrants Accueillons-les-plutôt que de les maltraiter 1h52’ 1h22’ LES SAUTEURS L’ÉCHAPPÉE

E Wagner, M Siebert, A BakarSidibé les murs de En direct par Skype avec A. Sidibé mardi et film de Daniel Blanvillain sur les migrants de SPDC, 40’ 19h00

14h00 19h00

mercredi sam-dim 17h15

C

1h47’

de Paul King

C inéla ngu es

mercredi ESTO ES LO QUE HAY

mardi 18h30

samedi dimanche 14h15

1h15’ VF

de Wong Kar-wai

17h00 1h45’ VO

SEMAINE

E

lundi 19h30 NOS ANNÉES SAUVAGES

CNP Hors

1h45’ VF

de Jean-Pierre Bloc

1h30’

2018

dimanche 1h15’ DES ARBRES 10h45 de Guido Tolke et Julia Dordel

Séance suivie d’un débat

1h26’

SI TU VOYAIS SON CŒUR

21h45

de Joan Chemla

Le film imprévu : www.studiocine.com Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS – www.studiocine.com


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°363 • Janvier 2018

Festival international de cinéma asiatique de Tours du 12 au 23 janvier 2018 voir page 3 & 5


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Janvier 2018 - n° 363

Édito

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CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

Festival international de cinéma asiatique de Tours. . . 5 Partenariat Cinémathèque/Studio : hommage à Arnaud Desplechin . . 8 .........................

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Sans canal fixe/Bibliothèque LES FILMS DE A à Z En bref

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16

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Bande annonce

La traite des êtres humains

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Cafétéria des Studio Gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Pages et images ....................................

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Caravaca, Ernaux

sur présentation de la carte.

À propos de

Au revoir là-haut Courts lettrages

Au revoir là-haut Rencontre avec

Anne Fontaine Interférences

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Un beau soleil intérieur, The Square, Mise à mort du cerf sacré, D’après une histoire vraie

Tél : 02 47 20 85 77 La cafétéria sera fermé du 23 décembre au soir jusqu’au 2 janvier à 16h. Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

À propos de

Mise à mort du cerf sacré À propos de

A Beautiful Day Compte rendu

Joseph David

elle accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

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À propos de ......................................

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Vos critiques

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Jeune Public

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Prendre le large À propos de

Prendre le large

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Film du mois de Janvier : CŒURS PURS (voir au dos des Carnets)

GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Françoise Chapoton et de de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

19e FESTIVAL INTERNATIONAL DE CINÉMA ASIATIQUE DE TOURS Ficat 2018 du 12 au 23 janvier 2018

L’Orient vu d’Occident : vérités et clichés

A

vec ses anciens partenaires (La Cinémathèque de Tours, L’espace Parfum Culture, Ciné-ma Différence, Format’ciné, les Médiathèques de La Riche et de Saint-Avertin) et une nouvelle recrue (La Médiathèque de Montlouis-sur-Loire), les cinémas Studio vous attendent pour cette 19e édition du Ficat. Nous avions toujours l’habitude d’accueillir et de présenter des films venus d’Orient, plutôt d’Extrême-Orient, mais cette fois-ci nous avons décidé de déplacer le regard. L’Orient vu d’Occident par des réalisateurs occidentaux : J. Ford, J. Carpenter, O. Lorelle... mais aussi par des cinéastes asiatiques installés à l’Ouest : Lam Lê, Ang Lee… Bien sûr la Chine de John Ford n’est qu’un décor, ce n’est pas le sujet de Frontière chinoise mais Les Aventures (trépidantes) de Jack Burton dans les griffes du mandarin sont plus proches des codes du Wu Xia Pian que celles filmées par Ang Lee dans Tigre et dragon. Vérités et clichés : tout est question de regard. Et le cinéma n’est qu’une question de regard. Cette année, encore une fois, les cinéastes asiatiques qui comptent seront pour la plupart au rendez-vous : H. Kore-Eda, K. Kurosawa, Hong Sang-Soo, Wang Bing... Des réalisateurs coréens, japonais, indiens… peut-être moins connus mais dont les œuvres nous envoient des signes cinématographiques forts, seront à leurs côtés.

De nombreuses rencontres vous seront proposées : Hitonari Jinsei Tsuji, Han Kyung-Mi, Damien Manivel, Lam Lê, Olivier Lorelle, Pablo Pico…. Le film de Hong Sang-Soo, La Caméra de Claire, avec Isabelle Huppert, fera l’ouverture du festival aux Studio le mercredi 17 janvier. Rendez-vous immanquable mardi 23 janvier, où seront décernés les trois prix : celui du jury (La Toile de lumière, œuvre de Guy Romer), le Prix du public et une nouveauté, le Prix du jury étudiant. Bon festival ! L. J. Expositions Aux Studio : Balade à Shanghai, exposition photographique de Marie-Pierre Asquier À L’espace Parfum Culture : Notre Mongolie, un voyage avec les nomades, exposition photographique de l’association Aux quatre vents. Pour les informations de dernière minute, consultez les sites http://cineasia37.wordpress.com www.studiocine.com Remerciements À Hélène Kessous, Luisa Prudentino, Némésis Srour, Bich-Quan Tran, Jéon Soo-Il, Lam Lê, à la Médiathèque de Joué-lès-Tours, à tous les réalisateurs, producteurs, distributeurs, aux festivals, à nos amis viticulteurs et à toutes celles et à tous ceux qui ont permis au festival d’exister.

– Les CARNETS du STUDIO

n°363 – Janvier 2018 –

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FILM DU MOIS

La date de validité de votre carte d’abonnement figure... sur chaque ticket qui vous est remis en caisse. N’oubliez pas qu’il est également possible de se réabonner en ligne, sur le site des Studio !

CŒURS PURS Italie – 2017 – 1h55, de Roberto de Paolis, avec Selene Caramazza, Simone Liberati, Barbara Bobulova...

S

tefano, un jeune vigile, poursuit Agnese qui vient de voler un téléphone portable. À bout de course, après l’avoir arrêtée, il la laisse partir. Ce sont les premières images du film, on est immédiatement happés. Mais qui sont Stefano, et Agnese ? Lui, d’un milieu très modeste, oscille entre petite délinquance et envie de s’affranchir de son milieu ; elle, presque dix-huit ans, vit avec sa mère, catholique ultra-pratiquante qui demande à sa fille de faire vœu de chasteté jusqu’au mariage. Après avoir quitté sa place de vigile, Stefano devient le gardien d’un parking situé à côté d’un grand campement de roms. Il revoit alors Agnese, venue, avec sa mère, donner des vêtements aux gitans... Un jeune homme et une jeune femme que tout oppose et qui vont tenter de s’aimer malgré les obstacles, le sujet n’est pas neuf, certes, mais cela n’empêche pas cette variation de Roméo et Juliette d’être un premier long métrage remarquable. Cœurs purs est particulièrement intéressant par sa dimension sociale et sa description d’une Italie banlieusarde assez peu vue. Du

côté d’Agnese, prise entre les réunions du groupe de jeunes dont elle fait partie, dirigées par un prêtre pugnace qui veut faire promettre la chasteté (« Heureux sont ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu » cite-t-il), et sa mère très protectrice. Du côté de Stefano qui subit un contexte financier et familial difficile et qui doit prendre en charge ses parents expulsés de leur logement. Et entre ces deux personnages qui cherchent à s’extirper de leur quotidien et rêvent d’un ailleurs, le campement des roms qui, symboliquement, les sépare tout autant qu’il les rapproche. Le film séduit aussi par sa forme, tendue, nerveuse, qui montre des êtres complexes, ambigus, jamais tout d’une pièce. Quant à la dimension romanesque, elle fonctionne parfaitement, l’histoire d’amour est émouvante et on est touché par les tiraillements et les contradictions qui animent Stefano et Agnese. Ces différents aspects sont brillamment maîtrisés par Roberto de Paolis, dont le talent donne à Coeurs purs un souffle qui nous emporte avec grand plaisir. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n° 363 – Janvier 2018 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


JEUNE PUBLIC

France/Luxembourg – 2017 – 1h17, film d’animation de Arnaud Bouron et Antoon Krings, avec les voix de Kev Adams, Virginie Efira…

VF

À partir de 5 ans

Ce superbe film d’animation est un délice de nostalgie pour les enfants devenus grands et un grand moment de féérie pour les petits. France/GB – 1991 – 26 mn, film d’animation de Vincent Monluc.

VF

Gisèle, petite souris qui cueille les dents de lait, est sauvée des griffes d’un chat par Hans, un garçon pauvre au bon cœur. Courageusement, elle s’engage à réaliser le rêve du garçonnet : avoir un cheval à bascule... Un conte charmant, attachant, dans l’esprit de Noël, réalisé à partir de dessins de Jean-François Laguionie. En avant-programme, deux courts métrages (11 mn).

À partir de 3 ans

VO Japon – 2018 – 1h30, film d’animation de Akiyuki Shinbo et Nobuyuki Takeuchi.

Tout public à partir de 10 ans

Rivalité amoureuse entre Norimichi et Yusuke pour la jolie Nazuna ! Une course de natation désignera l’heureux élu qui assistera à ses côtés au feu d’artifice de la soirée... Une explosion de couleurs pour un début d’année tout en douceur ! Japon – 2017 – 1h50, film d’animation de Kenji Kamiyama.

VF

Depuis peu, Morikawa fait des rêves étranges. Soudain, son père est arrêté par la police ; elle va tout tenter pour le libérer et percer le mystère de ses rêves… Tout public à partir de 10 ans

Fantastique ! Un film d’une virtuosité étourdissante et une histoire familiale émouvante.

Samedi 20 janvier 14h15

VF Chine – 2009 –39 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs. À partir de 3 ans

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- L’Écureuil coiffeur - Le Hérisson et la pastèque - La Boutique des pandas

Trois bijoux d’animation issus des Studios d’art de Shanghai... un programme idéal pour une première rencontre avec le grand écran.

LE QUART D’HEURE DU CONTEUR Mercredi 17 au début de la séance, Gaël Prioleau viendra dire l’un de ses contes.


JEUNE PUBLIC

USA – 2017 – 1h30, de Rian Johnson, avec Daisy Ridley, John Boyega... Tout public à partir de 10 ans

VF

Luke, Rey et leurs comparses rejoignent les figures légendaires de la galaxie dans une épopée qui révèle des secrets ancestraux sur la Force et entraîne de surprenantes révélations sur le passé...

VF

USA – 2018 – 40 mn, quatre courts métrages de Walt Disney tournés entre 1924 et 1926, en version restaurée et sonorisée.

sans paroles

Tout public à partir de 4 ans

Alice vit des aventures burlesques dans un univers de cartoons. Entre rêve et réalité, ce procédé visuel mêle animation et prise de vues réelles. En avant-programme, Perfect Houseguest un court métrage de 2 mn. À partir de 6 ans

VF

USA – 2017 – 1h45, de Lee Unrich et Adrian Molina.

Dans la famille mexicaine du jeune Miguel, la musique est bannie depuis longtemps. Pourtant, Miguel rêve de devenir musicien.

Paddington vit heureux avec sa famille d’adoption, dans un quartier tranquille de Londres. Mais un jour, il est accusé à tort d’avoir volé un livre précieux et se retrouve en prison...

VF

Décidé à prouver son talent, il va se retrouver dans un monde étonnant, le Pays des Morts, où il va vivre une incroyable aventure...

À partir de 7 ans

GB/France – 2017 – 1h47, de Paul King, avec Hugh Bonneville, Sally Hawkins, Hugh Grant, Brendan Gleeson et la voix de Guillaume Gallienne.

VF

USA – 1994 – 1h15, film d’animation de Henry Selick d`après une idée et des personnages créés par Tim Burton. Tout public à partir de 6 ans

À Halloween-ville, Jack Skellington, roi des citrouilles chargé de la fête annuelle, décide de s’emparer de la fête de Noël… Séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.

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19e Festival international de cinéma asiatique de Tours

jeudi 11 janvier - 19h45 La LDH, Convergence Services publics 37,Groupe mouvement pour un revenu de base 37, Osez le féminisme ! 37, Attac et le CNP proposent :

VERS UN AUTRE CODE DU TRAVAIL Le Medef et la droite voulaient la peau du Code du travail, lui reprochant d’être un frein à la compétitivité des entreprises. En juin 2017, une étude de l’Insee a pourtant montré que le facteur causal était l’incertitude du carnet de commandes des PME-TPE (95% des entreprises) souvent pillées par les grands groupes donneurs d’ordres. Le scénario s’est déroulé comme prévu : le pouvoir politique a obéi à la finance et détruit des pans entiers du code du travail. Mais il lui sera impossible d’étouffer le désir émergeant de nouvelles règles de production et de répartition des richesses, porté par les mouvements sociaux actuels et les ressentis individuels. Film : Inspecteurs du travail, une rencontre de Jean-Pierre Bloc, France – 2017 – 1h30

Suivi d’un débat avec : Christian Hallinger, ancien Directeur départemental du travail.

CNP HORS LES MURS mardi 16 janvier - 19h00 Centre culturel de Saint-Pierre-des-Corps Le CNP et le Collectif solidaires des migrants de SaintPierre-des-Corps, avec Acat, Convergence services publics 37, Chrétiens-Migrants, Cimade, LDH, Mouvement Utopia 37, Retirada 37, RESF, proposent, en partenariat avec Ciné-Off et le Service culturel de SaintPierre-des-Corps,

une grande soirée solidaire avec les migrants :

ACCUEILLONS-LES PLUTÔT QUE DE LES MALTRAITER Le but de cette soirée solidaire est de donner la parole aux migrants en présentant des documentaires réalisés par certains d’entre eux. 19h - PREMIÈRE PARTIE : La fuite éperdue, les dangers et les maltraitances durant la migration. Film : Les Sauteurs, Danemark – 2017 – 1h22, documentaire de Moritz Siebert, Estephan Wagner, Abou Bakar Sidibé, avec Abou Sidibé…

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– Les CARNETS du STUDIO

n°363 – Janvier 2018

Melilla, enclave espagnole entre l’Afrique et l’Europe. Derrière la barrière s’entassent plusieurs milliers de migrants qui s’entraident dans l’espoir de survivre entre les tentatives pour sauter la muraille de grillages. Débat par Skype avec Abou, réalisateur et migrant assigné à résidence en Allemagne. 20h45 - Apéro dînatoire partagé : les spectateurs sont invités à apporter un petit plat à déposer sur le buffet pour les grignotages (boissons offertes).

Du 10 au 16 janvier

Vers la lumière-Tous les jours 14h15 et 19h30 Du 17 au 23 janvier

Vers la lumière-Tous les jours 17h45 et 21h30 L’Enfant de Goa-Tous les jours 14h30 et 19h45 Fireworks-VO-Tous les jours 17h45 + dimanche 11h Du 24 au 30 janvier

L’Enfant de Goa-Tous les jours 21h45 Fireworks VO-Mercredi, samedi, dimanche 17h45 Mercredi 17 janvier – 14h15

21h30 - DEUXIÈME PARTIE : arrivés à Saint-Pierre, que se passe-t-il dans le pays des droits de l’homme ? Film : documentaire de Daniel Blanvillain (2018 - 30’) réalisé à Saint-Pierre-des-Corps et à Tours sur le quotidien des migrants. Débat animé par les migrants du CAO de SaintPierre-des-Corps, leurs interprètes et toutes les associations.

Hirune Hime Rêves éveillés Japon – 2017 – 1h50 – film d’animation de Kenji Kamiyama.

VF Tout public à partir de 10 ans Morikawa vit avec son père à Okayama, et fait des rêves étranges. Soudain, son père est arrêté par la police. Avec l’aide de son ami Morio elle est déterminée à libérer son père. Mais pour cela elle devra percer le mystère de ses rêves...

Frères des hommes, AED (Association échange et développement), Réseau Afrique 37, Peuples solidaires Touraine, et le CNP, proposent :

DÉVELOPPEMENT AU SUD : LA PLACE DES FEMMES Dans de nombreux pays, les femmes assurent une partie des récoltes, l’alimentation de la famille et gèrent l’éducation et la santé des enfants. Mais qu’en est-il de la gestion financière ? Quelles sont les difficultés rencontrées par les femmes quand elles ont une volonté d’indépendance ? Ont-elles les mêmes droits que les hommes ? Dans les projets de développement, les femmes peuvent-elles avoir facilement une place de cadre, de gestionnaire, de responsable de projet ? Qu’apportent-elles de spécifique aux projets de développement ? Film : Actrices du développement, 18’ et Quand les Hommes en parlent, 8’ (association Tétraktys) France-2016 suivi d’un débat animé par un(e) intervenant(e) spécialisé(e).

Jeudi 18 janvier – 9h15

En partenariat avec Format’ciné Séance réservée aux scolaires Your Name Japon – 2016 – 1h46 – film d’animation de Makoto Shinkai.

Mitsuha, jeune lycéenne, vit à la montagne, et rêve de vivre à Tokyo. Taki, jeune lycéen, vit à Tokyo et rêve d’une vie au calme à la montagne. Une étrange relation naît entre eux quand ils se retrouvent dans le corps de l’autre. Quel mystère se cache derrière ces rêves étranges qui unissent leurs destinées…

Mercredi 17 janvier – 16h00 - Conte et film

La Boutique des pandas Chine – 1979 – 39’, courts métrages d’animation.

jeudi 25 janvier - 20h00

sa patronne elle est licenciée. Elle rencontre Claire qui se promène dans la ville pour prendre des photos et sympathise avec elle . Isabelle Huppert, incarnation légère et solaire de Claire, croise tous les personnages et dénoue les situations grâce à ses photographies. Elle est le révélateur de chacun : « La seule façon de changer les choses, c’est de tout regarder à nouveau très longtemps » dit-elle.

À partir de 3 ans. Conte par Gaël Prioleau. Voir programme Jeune Public. Mercredi 17 janvier – 17h30

Les Aventures de Jack Burton dans les griffes du Mandarin États-Unis - 1986 - 1h39, de John Carpenter, Dennis Dun, avec Kurt Russell, Kim Catrall, James Hong...

Jack Burton se trouve entraîné dans une étourdissante aventure au cœur du Chinatown de San Francisco. Tout ça parce qu’il accompagne son ami Wang Chi à l’aéroport pour aller chercher Miao Yin, la fiancée de ce dernier... Il ne s’attendait pas à devoir ensuite affronter Lo Pan, puissant sorcier qui convoite lui aussi la belle. Nous voilà plongés dans un Indiana Jones à la sauce redneck, mâtiné d’un film de cape et d’épée hongkongais, où le héros nous tiendra en haleine jusqu’au bout. Mercredi 17 janvier – 19h30

OUVERTURE DU FESTIVAL La caméra de Claire Avant- première / Compétition Corée du sud/France – 2017 - 1h09, de Hong Sang-Soo avec Isabelle Huppert, Kim Min-Hee, Jang Mi-Hee...

Manhee travaille pour une société de production coréenne pendant le festival de Cannes. Accusée de malhonnêteté par

Jeudi 18 janvier – 17h30

Thuy Inédit / Compétition Corée du sud - 2014 -1h46, de Kim Jae-han, avec Ninh Duong Lan Ngoc, Myung Gye-nam ...

Thuy, une jeune vietnamienne venue comme tant d’autres pour épouser un coréen de la campagne, vit avec sa bellefamille sur l’île de Changwon. Son mari, joueur invétéré, a disparu. On le retrouve mort, victime d’un accident de moto. Elle ne croit pas la version de la police, son mari ne savait même pas faire de vélo. Personnages isolés, horizon bouché par la brume, Kim JaeHan peint sobrement les failles de la société rurale coréenne. Jeudi 18 janvier – 19h30

Avant que nous disparaissions Avant-première / Compétition Japon – 2017 – 2h09, de Kiyoshi Kurosawa, avec Masami Nagasawa, Ryuhei Matsuda, Hiroki Hasegawa...

Le couple formé par Narumi et Shinji bat de l’aile. Un jour ce dernier disparaît soudainement. Quand il réapparaît, Narumi le trouve complètement transformé. Parallèlement, d’étranges phénomènes se produisent en ville, sur lesquels un journaliste, Sakurai, va enquêter... Avant que nous disparaissions est vraiment une œuvre à part : un vrai film de science-fiction, une farce assez déjantée, et un drame intimiste. C’est Apillone une belleTraoré réflexion sur le aux Studio Les CARNETS du STUDIO n°363 – Janvier 2018 –

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couple qui sous ses aspects de film fantastique s’avère surprenante et touchante.

Samedi 20 janvier – 17h30

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Inédit / Compétition

Corée du sud– 2017 – 1h41, de Kim Jong-woo, avec Kim So-Il, Oh Jae-Min…

Vendredi 19 janvier – 17h30

Rukh Inédit/Compétition Inde - 2017- 1h41, de Atanu Mukherjee, avec Manoj Bajpai, Smita Tambe, Adarsh Gourav.

Dhruv, un jeune homme, apprend la mort de son père dans un accident de voiture. Alors qu’il fait face à cette tragédie, il mène une enquête sur la disparition de son père. Seraitelle due à un accident ou à un meurtre? Même si sa mère Nandini se bat pour le protéger, Dhruv commence à chercher des réponses. Rukh est un drame complexe, avec une tension continue, qui mène à des révélations inattendues. Vendredi 19 janvier – 19h30

Tokyo Décibels Inédit / Compétition Japon- 2017- 1h37 deTsuji Hitonari, avec Matsuoka Mitsuru, Abe Natsumi, Adachi Yumi…

Chuya, professeur à l’université, rêve de réaliser une carte sonore de Tokyo. Il passe ses journées à enregistrer les sons de la ville. Un jour, sa petite amie Fumi rompt avec lui et il embauche Mariko, une jeune femme étrange, pour assurer le quotidien et s’occuper de sa fille Lisa. Entre les personnages se nouent et se dénouent des liens anciens et troubles. Hitonari Tsuji est réalisateur, musicien et écrivain reconnu au Japon et à l’étranger: Le Bouddha blanc a reçu le Prix Fémina en 1999. Rencontre avec Hitonari Jinsei Tsuji Samedi 20 janvier – 14h15

Hirune Hime Rêves éveillés VF - Ciné- ma différence

Suite à l’accident de leur mère, un jeune garçon, Jun-Ho, et son petit frère, Sung-Ho, sont séparés. Sung-Ho est recueilli par son père. Jun-Ho cherche le sien en vain, son papier d’adoption à la main. Il se rapproche de la famille de son petit frère, mais tous ne sont pas ravis de son existence, et il va devoir faire preuve d’un grand courage et de patience pour s’intégrer et remettre en question leur notion de la famille coréenne. Samedi 20 janvier – 19h30

The Third Murder Avant-première / Compétition Japon -2017- 2h04, de Hirokazu Kore-Eda, avec Masaharu Fukuyama, Yakusho, Isao Hashizume...

Shigemori est l’ avocat chargé de défendre Misumi, suspecté de vol et de meurtre. Ce dernier a déjà fait 30 ans de prison et il avoue être coupable alors qu’il risque la peine de mort. Le procès semble perdu d’avance. En enquêtant, Shigemori commence à douter. Et si Misumi n’était pas le coupable ? Après Tel père, tel fils, Notre petite sœur... Kore-Eda revient avec The Third Murder dont l’approche est très différente de celle de ses films précédents. Dimanche 21 janvier – 11h00

Rencontre des nuages et du dragon Vietnam – France – 1980 - 40’, de Lam Lê, Thanh Long, Le Vanh Le, Barbara Bui, Gérard Hoffmann, Ticky Holgado…

Oncle Xuan, retoucheur photographe vietnamien possède de singuliers talents. Il est surnommé «Pinceau magique». Chaque retouche de photo a un étrange pouvoir. Rencontre des nuages et du dragon est le premier film de Lam Lê et il est déjà totalement maîtrisé. Rencontre avec Lam Lê

Samedi 20 janvier – 16h00

La Boutique des pandas Samedi 20 janvier

• Animations -16h : atelier d’écriture khmère par Sina Lanois. • Atelier de confection de sacs d’herbes médicinales Par Lizi Meunier. • Atelier de confection de gâteaux de lune par Lizi Meunier de France/Chine /Touraine.

Canards mandarins

Inédit

Corée du sud-2017 - 36’, documentaire de Han Kyung-Mi.

La France et la Corée, deux pays aux mœurs très différentes. Comment se passe la cohabitation chez les couples mixtes ? Quels rapports les canards mandarins ont-ils avec les couples mixtes ? Rencontre avec Han Kyung-Mi Dimanche 21 janvier – 14h15

Hirune Hime Rêves éveillés VF

Dimanche 21 janvier – 16h00

La Boutique des pandas VF Animation : Création du manga : Arioch Chronicle par Alexis Pré. Dimanche 21 janvier – 16h45

La Nuit où j’ai nagé Avant-première / Compétition Japon/ France - 2017 – 1h19, de Damien Manivel et Kohei Igarashi avec Takara Kogawa, Keiki Kogawa…

Le petit garçon dessine un poisson, le glisse dans son sac et part à l’école. Mais ce matin là il s’éloigne de son trajet habituel , joue dans la neige, s’endort et repart hors des sentiers battus. Ce film singulier du réalisateur français Damien Manivel et du réalisateur japonais Kohei Igarashi nous plonge dans l’univers de l’enfance sans aucune explication et sans autre choix que de suivre ce petit bonhomme qui marche dans la neige. Rencontre avec Damien Manivel Dimanche 21 janvier – 19h30

Poussière d’Empire France/Vietnam – 1983 – 1h43, de Lam Lê avec Dominique Sanda, Hoang Lan, Jean-François Stevenin, Thang Long…

Dans la boue indochinoise, l’empire colonial s’essouffle mais persiste. Un maquisard blessé tente de faire parvenir à son épouse, un message par l’intermédiaire indirect d’un sergent, d’une religieuse française puis d’un petit garçon. Ces quelques mots d’amour arriveront-ils à sa destinataire? Poussière d’empire est le premier long métrage de Lam Lê . Rencontre avec Lam Lê Lundi 22 janvier – 17h30

Frontière chinoise USA - 1966 - 1h25, de John Ford, avec Anne Bancroft, Sue Lyon, Mildred Dunnock…

En 1935, non loin de la frontière entre la Chine et la Mongolie, Agatha Andrews, une femme austère et rigide, dirige tant bien que mal une petite mission américaine. L’arrivée d’une autre femme, la doctoresse Cartwright, bouleverse leur vie. Cette intruse choque par son irrespect des règles et révèle les tempéraments profonds de ceux qui la jugent. Dernier film de John Ford, il dessine des portraits de femmes étonnants de précision et d’intelligence. Un chef d’œuvre! Lundi 22 janvier – 19h30

En partenariat avec Ciclic Ciel rouge France/Vietnam – 2017 - 1h31, d’Olivier Lorelle, avec Cyril Descours et Audrey Giacomini…

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– Les CARNETS du STUDIO

n°363 – Janvier 2018

Vietnam 1946 : Philippe, un jeune sergent, ne comprend pas comment cette prisonnière peut lire tranquillement alors qu’elle va être exécutée. Il pensait pacifier le pays et il se trouve confronté à la torture. Il décide de la libérer et de déserter. Ensemble ils s’enfoncent dans la jungle … Ciel rouge est le 1er long métrage d’Olivier Lorelle qui a reçu le César 2007 du Meilleur scénario original pour Indigènes Rencontre Olivier Lorelle Mardi 23 janvier – 17h30

Madame Fang Avant-première Chine- France- Hong-Kong – 2017 - 1h26, documentaire de Wang Bing.

Mme Fang habite un petit village de pêcheurs. Au début, nous la voyons debout mais très vite elle est obligée de rester allongée sur son lit dans une longue agonie. Ses proches, ses voisins l’entourent mais parlent comme si elle n’était déjà plus là. De longs et magnifiques plans de scènes de pêche nocturne accompagnent cette veillée. « Ce n’est pas l’immense souffrance de Mme Fang que je voulais montrer. Je voulais être avec elle simplement », Wang Bing. Mardi 23 janvier – 19h30

Clôture du Festival – Remise des Prix Saving Sally Inédit Philippines – 2016 – 1h34, de Avid Liongoren, avec Rhian Ramos, Enzo Marcos...

Marty et Sally sont deux ados très en marge de leur lycée. Imaginatifs et créatifs, leurs grains de folie s’associent bien. Marty aime Sally, qui bien sûr... en aime un autre... bien bête, veule et machiste. Et les parents de Sally sont des monstres. Des vrais! Cette histoire est transcendée par une mise en scène très imaginative et élégante qui mélange prises de vue «réelle», animation et décors peints pour nous offrir de constantes surprises poétiques. Rencontre avec Pablo Pico, compositeur et Hervé Pennequin, coproducteur Lundi 15 janvier

En partenariat avec la Cinémathèque de Tours Soirée Wong Kar-wai 19h30 : Nos années sauvages 21h15 : Chungking Express

Exposition photographique de Marie-Pierre Asquier : Balade à Shanghai

Les CARNETS du STUDIO n°363 – Janvier 2018 –

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Partenariat CINÉMATHÈQUE / STUDIO

Partenariat Bibliothèque Studio / Sans canal fixe

Hommage à Arnaud Desplechin

Mardi 16 janvier à 18h30 – Séance IV

Bêtes de foire

Né à Roubaix en 1960, ancien élève de l’Idhec, Arnaud Desplechin est l’un des réalisateurs français de cinéma d’art et d’essai les plus connus dont les films ont fait découvrir toute une génération d’acteurs (Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos, Jeanne Balibar, Marianne Denicourt). Il a par ailleurs reçu de nombreux prix (Louis Delluc pour Rois et reine, Étoile d’or pour Un conte de Noël, César et Prix Lumière pour Trois contes de ma jeunesse). Un réalisateur talentueux qui ne laisse pas indifférent. Lundi 8 janvier - 19h30

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) France – 1996 – 2h17, avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos… Maître assistant de philo à Nanterre, Paul, 29 ans, n’arrive pas à finir sa thèse… ni à quitter Esther avec laquelle il veut rompre depuis 10 ans. D’autant qu’il est attiré par Sylvia, la compagne de son meilleur ami… Ne pas se fier au titre étriqué et narcissique qui cache un étonnant film romanesque où l’on découvre l’alter ego du réalisateur, Paul Dédalus, joué par un époustouflant Amalric, héros ordinaire qui se perd dans le labyrinthe du quotidien et de ses lâchetés. « Un grand film impudique et dérangé. » (Vincent Rémy)

En présence d’Arnaud Desplechin. Mardi 9 janvier - 19h00

LaFrance Sentinelle – 1992 – 2h19, avec Emmanuel Salinger, Emmanuelle Devos…

Fils de diplomates en poste outre-Rhin, Mathias revient en France pour suivre des études de médecine légale. Dans le train, il est étrangement

Zoo

Territory

de Bernt Haanstra, Pays-Bas – 1962 – 12’

de Eleonor Mortimer – Angleterre – 2015 – 17’

Le zoo est un endroit intéressant où il est aussi passionnant de regarder les gens que les animaux. En caméra cachée, Haanstra fait rimer les gestes et postures des Hollandais et des animaux.

Gibraltar abrite la seule colonie de macaques du continent européen. E. Mortimer érige leur défiance ludique en métaphore des tensions politiques qui agitent ce petit bout d’Europe, et Territory narre avec un non-sense typiquement britannique, l’esprit rebelle de ces singes qui peuvent se prévaloir d’avoir précédé les sujets de sa Majesté !

L’Empire de Médor

agressé par Bleicher, de la Police des frontières. Il découvre ensuite dans sa valise une tête humaine momifiée. D’où vient-elle ? Pourquoi la lui a-t-on transmise ? Sur un scénario complexe de film d’espionnage, son 1er long-métrage mène plusieurs fils narratifs et se transforme pour Mathias en parcours initiatique… à l’amour, à la vie professionnelle et à l’action. Prix Georges Sadoul.

de Luc Moullet (France – 1986 – 13’

En 1972, Le Cabot, un court métrage de J-P Letellier racontant les déboires d’un assistant qui doit tuer un chien pour les besoins d’un tournage se voit interdit pendant deux ans et Moullet découvre le tabou du chien : comme la vache en Inde, on ne peut pas tout se permettre avec l’animal domestique favori des Français. D’où ce court métrage consacré au délire insensé entourant la gente canine.

Pleure ma fille tu pisseras moins de Pauline Horovitz – Belgique – 2012 – 52’

Tout le monde le sait, « On ne naît pas femme, on le devient ». Pauline Horovitz signe une tragi-comédie sur la construction des genres, en forme d’inventaire à la Prévert, entre éducation et bonnes manières, coups de foudre ou mariages à répétition – sans oublier la recette du sauté de veau.

Mardi 9 janvier - 21h45

Esther Kahn France – 2000 – 2h25, avec Summer Phoenix, Ian Holm…

Au 19e siècle, dans le quartier juif de Londres, Esther Kahn est une enfant effacée et rêveuse. Travaillant dans l’atelier de couture familial, puis à l’usine, elle découvre le théâtre avec ses frères, est fascinée par les acteurs. Ses premiers pas sur les planches sont une révélation… « Filmer une aventure spirituelle comme un suspense » : sur un thème somme toute classique – l’ascension d’une actrice – Desplechin réussit un film magnifique grâce à la connivence totale avec sa jeune actrice.

Mercredi 10 janvier à 17h : séance Ciné langues Est es lo que hay France / USA – 2015 – 1h45 de Rea Rinaldi.

En suivant le parcours de Los Aldeanos, groupe de hip-hop le plus populaire et contestataire de Cuba, le film dresse le portrait intime d’une nouvelle révolution artistique et cybernétique de l’île, à l’heure de la transition du vieux régime castriste. Séance cinélangues : gratuit pour les enseignants d’espagnol sur inscription à : monmarche@studiocine.com

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z AVANT LES FILMS, DANS

TOUTES LES SALLES, AU MOIS DE JANVIER :

The Eye the West Lines - Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Hirune Hime Rêves éveillés : samedi 20 janvier - 14h15

A

A Ghost Story

USA – 2017 – 1h32, de David Lowery, avec Casey Affleck, Rooney Mara, McColm Cephas Jr...

Un homme et une femme s’aimaient, il est mort, elle reste en vie ; mais lui n’arrive pas à lâcher prise et revient sur les lieux de leur bonheur, présence bienveillante... Attention ! Son titre ultra générique, (« Une histoire de fantôme ») doit nous mettre la puce à l’oreille : pas d’horreur ici, mais au contraire un fantôme taillé dans un simple drap blanc, pas d’horreur, mais de la douceur et de la nostalgie. Un film qui déroutera autant les amateurs de fantastique que ceux qui n’apprécient guère le genre !

Alice comedies 2

La Boutique des Pandas Voir pages Jeune Public.

B

Le Brio

France – 2017 – 1h35, de Yvan Attal, avec Daniel Auteuil, Camélia Jordana, Yacin Houicha…

Le rêve de Neïla Salah est de devenir avocate et pour y parvenir elle s’inscrit à l’université d’Assas. Mais quand on vient de Créteil et que l’on est d’origine maghrébine, le projet ne va pas de soi, surtout quand on a affaire au fameux professeur Mazard, un cynique qui n’a aucune limite dans ses provocations : deux milieux, deux générations, deux perceptions du monde vont se confronter. Pourtant, quand le prof apprend que son étudiante a décidé de se présenter au pres-

Voir pages Jeune Public.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°363 – Janvier 2018

Les CARNETS du STUDIO n°363 – Janvier 2018 –

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tigieux concours annuel d’éloquence, conscient du potentiel de la jeune femme, il accepte de l’aider. Portés par ce projet commun, tous deux vont devoir réviser leurs certitudes et préjugés… Pour sa cinquième réalisation, Yvan Attal a voulu faire « un film politique, social, mais aussi léger, drôle, avec de l’émotion ». Ceux qui ont vu le film saluent les performances du duo formé par ce vieux briscard de Daniel Auteuil et par la nouvelle recrue, Camélia Jordana.

C

Coco

Film du mois, voir au dos du carnet.

La Douleur

France – 2017 – 2h06, de Emmanuel Finkiel, avec Mélanie Thierry, Benoît Magimel, Benjamin Biolay...

Juin 1944, pendant l’occupation allemande. Robert Antelme, écrivain, époux de Marguerite Duras et figure majeure de la résistance est arrêté puis déporté. Pour tenter de retrouver son mari, Marguerite rencontre un agent français de la Gestapo, Rabier, avec qui elle va peu à peu nouer une relation ambiguë... Emmanuel Finkiel n’a pas peur, car s’attaquer à des monuments tels que Marguerite Duras et Robert Antelme, il fallait oser. Heureusement pour nous, spectateurs, on peut faire confiance au talent du réalisateur de Voyages, Nulle part terre promise ou Je ne suis pas un salaud pour traiter le sujet avec délicatesse et talent. Jamais aveuglé ou pétrifié face à ces grandes figures de la littérature française, il permet aussi de remettre en lumière l’œuvre de ces deux géants. Et pour qui n’aurait pas encore lu les chefs d’œuvre que sont La Douleur de Marguerite Duras et L’Espèce humaine de Robert Antelme, c’est le moment de s’y mettre.

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L’Échappée belle

L’Étrange Noël de Monsieur Jack

Italie, France – 2017 – 1h52, de Paolo Virzi, avec Helen Mirren, Donald Sutherland, Christian McKay…

Ella et John Spencer vivent un amour intact depuis de nombreuses années. Un matin, ils décident de prendre la route au volant de leur vieux camping-car. Ils prennent la direction de Key West. C’est alors qu’ils découvrent une Amérique qu’ils ne reconnaissent plus. Ils se remémorent des souvenirs avec émotion et passion… Paolo Virzi nous concocte une savoureuse comédie dramatique. C’est drôle et émouvant. On assiste aux péripéties de deux vieux tourtereaux en balade partis embrasser leur jeunesse perdue. Le film est porté par deux comédiens en état de grâce dans ce trésor de tendresse et d’humanité.

L’Échange des princesses

L’Enfant de Goa (Festival asiatique) Inde/France/Pays-Bas – 2017 – 1h34, de Miransha Naik,

En 1721, Louis XV âgé de onze ans va devenir roi. Philippe d’Orléans, le Régent, veut s’assurer par tous les moyens que la paix avec l’Espagne soit pérenne. Alors quoi de mieux que de faire se contracter des unions entre princes et princesses

Un adolescent de 16 ans, Santosh, vit avec sa grand-mère dans le petit village indien de Boribmol, à Goa. Là, se côtoient dans la population beaucoup de Ghatis, des ouvriers immigrants venus d’autres états d’Inde. C’est là

– Les CARNETS du STUDIO

n°363 – Janvier 2018

F

Fireworks (Festival asiatique) Japon – 2018 – 1h30 – VO, film d’animation de Akiyuki Shinbo et Noboyuki Takeuchi.

À partir de 10 ans. C’est l’été, Norimichi et Yosuke, amoureux de la jolie et discrète Nazuna, se défient dans une course de natation. Le vainqueur assistera à ses côtés au feu d’artifice de la soirée. Au collège, l’adolescente a un comportement étrange, seul Norimichi connaît son secret. Pourra-t-il changer le destin de cette journée ? Une explosion de couleurs pour un début d’année tout en douceur.

El presidente

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France – 2017 – 1h40, de Marc Dugain, avec Anamaria Vartolomei, Juliane Lepoureau, Lmabert Wilson, Catherine Mouchet…

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2018 – Argentine, Espagne, France – 1h54, de Santiago Mitre, avec Ricardo Darin, Dolores Fonzi, Enrica Rivas…

Après avoir abordé l’apprentissage et l’engagement politique dans El Estudiante et Paulina (grand prix de la semaine de la critique à Cannes en 2015), le réalisateur argentin fait endosser à Ricardo Darin le costume d’un chef d’état, rattrapé par une affaire de corruption impliquant sa fille. Le film joue sur plusieurs registres : à la charge corrosive politique s’ajoute l’hypocrisie des rapports sociaux, le pouvoir de la manipulation sans oublier les séances d’hypnose qui vont se faire superposer l’étrange et le réel. El presidente est un film intrigant qui donne une image particulièrement équivoque et inquiétante de l’homme politique.

Drôles de petites bêtes

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aussi que sévit Juze, un homme tyrannique surnommé Slum Landlord, véritable marchand de sommeil et seigneur régnant sans foi ni loi. Malgré les menaces et les coups, Santosh ne cède en rien, plus déterminé que jamais d’aller à l’école. Mais face à l’accumulation d’abus et de violences qui vont crescendo, la résistance d’abord passive de Santosh risque d’évoluer… À travers le regard de Santosh et les chroniques du village de Boribmol, la réalisatrice offre à voir une toute autre réalité, pourtant à deux pas de la plage, que celle découverte par les touristes.

féré partir, laissant son frère Virgil et sa sœur Coline dans le zoo en voie de disparition du père. Celui-ci se remarie et Gaspard est alors bien obligé de revenir pour affronter tout ce à quoi il a voulu échapper dans cette drôle de famille. Beaucoup de fantaisie, de loufoquerie cocasse dans cette comédie plastiquement très belle, mais rien de superficiel : les personnages sont profondément humains et le film luimême d’une grande justesse. Film très apprécié par ceux qui l’ont vu. Avant-première le vendredi 26 janvier à 19h45 et rencontre avec le réalisateur.

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Cœurs purs

D

des deux cours concernées : ainsi Mlle de Montpensier, sa propre fille, épousera l’héritier d’Espagne, tandis que Louis XV s’unira à l’infante Anna Maria Victoria, âgée de quatre ans. L’échange des jeunes princesses aura lieu à la frontière franco-espagnole : la fin de l’insouciance pour de jeunes enfants sacrifiés sur l’autel des enjeux de pouvoir… Pour son second passage derrière la caméra Marc Dugain (Une exécution ordinaire), adapte le roman de Chantal Thomas. Tous ceux qui ont pu voir cette fresque tragique, saluent la qualité de l’interprétation des jeunes comédiens un travail particulièrement remarquable sur la photographie !

Fortunata

Italie – 2017 – 1h43, de Sergio Castellitto, avec Jasmine Trinca, Stefano Accorsi, Hannah Schygulla…

Dans la Rome des quartiers pauvres, séparée d’un agent de sécurité alcoolique et violent, Fortunata, coiffeuse à domicile, se bat quotidiennement pour élever convenablement sa fille. Malgré l’argent qui manque, les amours compliqués, elle s’accroche à son rêve : ouvrir son propre salon de coiffure… Hommage discret à Mama Roma de Pasolini, Fortunata est une incursion intime et puissante dans l’Italie qui a du mal à joindre les deux bouts mais qui veut rester la tête haute. Combative, solaire, Jasmine Trinca a ébloui le festival de Cannes où il était présenté dans la sélection Un certain regard (prix d’interprétation féminine). Filmographie : À corps perdu (04) – Venir au monde (12)

avec Rushikesh Naik, Sudesh Bhise, Prashanti Talpankar…

G

Gaspard va au mariage France – 2017 – 1h45, d’Antony Cordier, avec Félix Moati, Marina Foïs, Laetitia Dosch, Christa Théret…

À la mort de sa mère, il y a quelques années, Gaspard a pré-

Le Grand jeu

États-Unis – 2017 – 2h20, d’Aaron Sorkin, avec Jessica Chastain, Idris Elba, Kevin Costner…

2004. Molly Bloom débarque à Los Angeles. La jeune assistante aide son patron qui réunit chaque semaine des joueurs pour des parties de poker clandestines. Lorsqu’elle se retrouve virée, Molly se lance en montant son propre cercle avec une mise d’entrée conséquente : 250 000 $ ! Très vite, stars et millionnaires accourent, entraînant un succès vertigineux à l’affaire de Molly. Mais la belle histoire se corse. En effet, Molly est prise entre les feux : le FBI qui veut la faire tomber, la mafia russe qui la menace et certaines célébrités qui la harcèlent. Passionné par les intrigues qu’il a pu approfondir en tant que scénariste pour des séries télévisées et des films (Des hommes d’honneur, 1992), Aaron Sorkin livre sa première œuvre comme réalisateur. Le Grand Jeu dresse la prodigieuse histoire vraie d’une femme surdouée, reine d’un empire du jeu clandestin à Hollywood !

Hannah

Italie/France/Belgique – 2017 – 1h35, de Andrea Pallaoro, avec Charlotte Rampling, André Wilms, Jean-Michel Balthazar…

H

Hannah n’est plus jeune. Elle a toujours vécu pour son mari. Alors quand celui-ci est arrêté puis incarcéré, elle tombe des nues : elle ne peut y croire. Et puis, outre accepter la réalité, il va lui falloir apprendre à vivre seule, apprendre à ne pouvoir compter que sur elle, elle, qui manque tant de confiance en elle. Son monde s’écroule ; il va lui falloir le rebâtir. Autrement… Bouleversante, Charlotte Rampling a décroché pour ce rôle, la fameuse coupe Volpi, lors de la dernière Mostra de Venise. Avec ce portrait d’une femme à la dérive, Andrea Pallaoro poursuit sa trilogie sur les femmes, entamée avec Medeas en 2013. Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Les CARNETS du STUDIO n°363 – Janvier 2018 –

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Heartstone-Un été islandais Islande/Danemark – 2016 – 2h09, de Guðmundur Arnar Guðmundsson, avec Baldur Einarsson, Blaer Hinriksson, …

Dans un petit village de pêcheurs pittoresque au fin fond de l’Islande, Thor et Christian, deux adolescents, vivent un été mouvementé. L’un essaie de conquérir le cœur d’une jeune fille, l’autre découvre qu’il éprouve de nouveaux sentiments envers son meilleur ami. À la fin de l’été il est temps de quitter l’enfance et, pour les deux jeunes garçons, d’accepter d’entrer dans l’âge adulte... Heartstone est un magnifique film sur la jeunesse, la découverte de la sexualité et l’homosexualité, des thèmes vus et revus mais traités avec subtilité et avec une maîtrise surprenante pour une première œuvre. Guðmundur Arnar Guðmundsson choisit de rester simple et vrai dans son approche au plus près des sentiments et émotions que les pré-ados peuvent ressentir dans cette période. Heartstone a été primé dans les festivals d’Annonay, Marrakech et Angers.

Hirune Hime-Rêves Eveillés Voir pages Jeune Public.

I

I am not a witch-Je ne suis pas une sorcière Zambie – 2017 – 1h34 de Rungano Nyoni, avec Margaret Mulubwa, Henry B. J. Phiri, Nancy Mulilo…

Accusée par ses habitants de sorcellerie, Shula, 9 ans, se retrouve chassée de son village. Envoyée alors dans un camp de sorcières, elle se retrouve sous la protection de femmes bienveillantes qui ont aussi dû subir un jour une semblable condamnation. Gagnée par la superstition, Shula croit à un terrible sortilège : si elle s’enfuit, elle sera maudite et se transformera en chèvre ! Préférera-t-elle rester prisonnière au camp ou bien tenter une vie libre comme une chèvre ? Après plusieurs courts-métrages primés, R. Nyoni a vu son premier film – relevant de la fable – sélectionné d’emblée au Festival de Cannes dans la Quinzaine des réalisateurs. Concernant les camps de sorcière, la réalisatrice déclare avoir seulement parfois exagéré, précisant notamment que le plus vieux camp de sorcières existe au Ghana.

L’Intelligence des arbres Allemagne – 2017 – 1h20, documentaire

Dimanche 21 janvier à 10h45 : projection suivie d’un débat

In the fade

Allemagne – 2017 – 1h46, de Fatih Akın, avec Diane Kruger, Denis Moschitto, Numan Acar...

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– Les CARNETS du STUDIO

n°363 – Janvier 2018

Avant-première mercredi 31 janvier à 19h45 rencontre avec l’actrice Léa Drucker après la projection.

Katja et Nuri sont mariés, et ont un jeune fils. Le jour où une bombe explose devant le magasin de Nuri et le tue, lui et son fils, Katja part en croisade pour faire reconnaître ce qui lui semble être une évidence : la bombe a été placée là par des militants d’extrême droite alors que la police trouve plus commode de fouiller du côté du passé de Nuri, qui a jadis fait de la prison pour trafic de drogue. Fatih Akin ne cesse de ré-orienter son cinéma : parti de Head on, stupéfiant Ours d’or à Berlin, il a fait un détour par la comédie (Soul Kitchen), le récit historique (The Cut, sur le génocide arménien), le voici rendu du côté du thriller politique, thriller qui a valu un Prix d’interprétation à Diane Kruger à Cannes l’an passé.

Jalouse

France – 2017 – 1h47, de David Foenkinos et Stéphane Foenkinos, avec Karin Viard, Dara Tombroff, Anne Dorval…

Nathalie, professeur de lettres divorcée et mère attentionnée, devient jalouse de manière maladive du jour au lendemain. Elle ne se réjouit plus de la beauté et des talents de danseuse classique de sa fille. L’arrivée d’une nouvelle collègue l’irrite. Sa meilleure amie l’agace. Elle devient irritable, ne contrôle plus son agressivité. Le bonheur des autres et leur réussite lui deviennent intolérables… Qui mieux que Karin Viard pouvait le mieux exprimer en une seule scène le froid et la tendresse ? Faire rire d’un sujet pas drôle ? Jouer le sentiment de dépression face à la solitude quand les enfants ont grandi et les parents disparu ? Les Foenkinos signent une comédie à l’italienne grinçante et volontiers mélancolique. Un régal !

de Julia Dordel, Guido Tölke...

Des travaux universitaires récents ont validé les intuitions d’un forestier allemand, Peter Wohlleben, qui disait avoir constaté que les arbres communiquent les uns avec les autres en s’occupant de leur progéniture, de leurs anciens

La juge accorde la garde partagée de l’enfant. Ce dernier va tout faire pour que la garde se passe au mieux… Xavier Legrand aborde le sujet des violences conjugales en le traitant avec beaucoup de subtilité, sans esbroufe, et en empruntant les codes du thriller. Le film est impressionnant, l’atmosphère étouffante. La tension monte petit à petit, impliquant le spectateur et le prenant aux tripes. La performance des acteurs est exceptionnelle. Le film a obtenu le Lion d’argent du meilleur réalisateur à la Mostra de Venise et le Prix du jury du 4e festival international du film de St Jean- de- Luz. MS

et des arbres voisins quand ils sont malades. Trop beau pour être vrai ? Trop anthropocentrique ? Les scientifiques en question n’hésitent pourtant pas à parler de « langage » pour décrire le mode de communication entre les arbres... Très lyrique et très radical à la fois, le film prête clairement à débat...

Jusqu’à la garde

France – 2017 – 1h33, de Xavier Legrand, avec Denis Ménochet, Léa Drucker, Thomas Gioria…

Antoine et Miriam divorcent. Miriam accuse le père de violences. Elle demande la garde exclusive de leur fils Julien.

K

J

Normandie nue

Kedi, des chats et des hommes Turquie – 2016 – 1h18, VF documentaire de Ceyda Torun. Mi-sauvages, mi-domestiqués, des centaines de milliers de chats vagabondent dans les rues d’Istanbul depuis des siècles. Sans maître véritable, les chats sont le meilleur miroir de la vie des Stambouliotes. Ce documentaire atypique raconte l’histoire de sept d’entre eux. La ville, autant que les félins, est le personnage principal de ce film, notamment à travers ces incessantes mutations. Ce premier long-métrage a été sélectionné dans de nombreux festivals autour du monde.

M

draient. Mais contre toute attente, à sa mort, ils apprennent que leur l’indigne aïeule en a décidé autrement, en désignant l’horripilante Éloïse comme héritière. Non seulement contraints de gérer leur sentiment d’injustice et de frustration, les voilà obligés de supporter la présence insistante et exaspérante de cette cousine mal-aimée. Mais maintenant qu’elle a touché le pactole, que cherche-t-elle vraiment en se montrant aussi envahissante? Si les histoires de famille continuent à inspirer Anne Le Ny, il semblerait que les affaires d’héritage lui aient donné l’envie de passer de la comédie dramatique, à la comédie pure ! Filmographie : Ceux qui restent (2007), Les Invités de mon père (2010), Cornouaille (2012), On a failli être amies (2014)

Mariana

Chili/France – 2017 – 1h34, de Marcela Said, avec Antonia Zegers, Alfredo Castro, Rafael Spregelburd, Alejandro Sieveking…

Mariana, la quarantaine, est issue de la haute bourgeoisie chilienne. Coincée dans un rôle défini autant par son père que son mari, elle éprouve une étrange attirance à l’égard de Juan, son professeur d’équitation. L’homme, plus âgé, n’est autre qu’un ex-colonel suspecté d’exactions pendant la dictature. Alors que cette liaison ébranle des murs invisibles protégeant sa famille d’un passé enfoui, jusqu’où Mariana, entêtée et curieuse, sera-t-elle capable d’aller ? Sélectionné à la Semaine de la Critique 2017 à Cannes, ce drame troublant est la seconde fiction de la réalisatrice chilienne, après L’Été des poissons volants (2013).

La Monnaie de leur pièce

France – 2018 – 1h45, de Philippe Le Guay, avec François Cluzet, Toby Jones, François-Xavier Demaison, Grégory Gasdebois…

N

Le film commence sur fond de crise chez les éleveurs de Mêle sur Sarthe. Le maire, qui n’est pas du genre à se laisser abattre, veut profiter d’un improbable concours de circonstances – la présence au village d’un photographe qui déshabille les foules – pour attirer l’attention sur la situation. Mais il n’est pas évident de convaincre des paysans, bourrus, fiers et tiraillés par des guerres de clochers, de se mettre nus ! Après Les Femmes du 6e étage (2011) ou Alceste à bicyclette (2013), Philippe Le Guay nous offre un nouveau film plein d’humour peuplé de personnages attachants et qui enchaîne des situations les plus loufoques les unes que les autres.

Paddington 2 Voir pages Jeune Public.

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La Promesse de l’aube

France – 2017 – 2h11, d’Eric barbier, avec Pierre Niney, Charlotte Gainsbourg, Didier Bourdon…

La vie de Romain Gary est un roman qu’il nous a fait partager dans le livre éponyme. Cette deuxième adaptation au cinéma après celle de Jules Dassin en 1971, est à la hauteur de la destinée de l’écrivain aux mille vies. Le film est fort bien servi par un casting de choix : prestations saluées de Charlotte Gainsbourg, possessive en diable et qui incarne admirablement l’amour inconditionnel et la force de caractère, et de Pierre Niney tout en nuances entre colère et fragilité.

France – 2018 – 1h30, de Anne Le Ny, avec Julia Piaton, Baptiste Lecaplain, Miou-Miou, Anémone…

Paul, Nicolas et Charlotte ont toujours espéré qu’à la mort de leur vieille tante Bertille, tous ses biens leur revien-

Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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Le Rire de ma mère

France – 2016 – 1h32, de Colombe Savignac et Pascal Ralite, avec Suzanne Clément, Pascal Demolon, Sabrina Seveycou…

Adrien, à onze ans, est un enfant plutôt introverti ayant beaucoup de mal à vivre en société. Il partage son temps entre ses deux parents divorcés : Marie, sa mère, et Romain, son père qui a refait sa vie avec Gabrielle. L’annonce de la maladie de Marie va venir bouleverser la vie de famille. Mais Adrien ne semble pas préoccupé, pratiquant un atelier théâtre pour se rapprocher secrètement d’Elsa dont il est amoureux… Le film balance entre rires et larmes car on y parle d’un drame avec humour. C’est un premier film où l’on célèbre la vie. Pas de comédiens connus mais des comédiens choisis pour leur qualité à jouer aussi bien la gravité que la légèreté.

S

Le Semeur France – 2017 – 1h38, de Marine Francen, avec Pauline Burlet, Alban Lenoir, Géraldine Pailhas...

En 1851, dans un village des Alpes, les femmes sont restées seules après que les hommes ont été tous raflés suite au coup d’état du futur Napoléon III. Seules donc pour s’occuper des champs et des bêtes, mais aussi seules affectivement. Elles en arrivent donc à une entente tacite : si par hasard un homme passait dans leur village, il ne serait pas question que l’une d’elles se « l’approprie » Comme elles le disent : « On se le partagerait. On ne lui laisserait pas le choix : s’il en voulait une, il aurait toutes les autres. Et justement, deux ans plus tard, arrive Jean... plutôt bien fait de sa personne...

Simon et Théodore

France – 2017 – 1h24, de Mikael Buch, avec Félix Moati, Nils Othenin-Girard, Mélanie Bernier, Audrey Lamy, Philippe Rebbot…

Simon va bientôt devenir père. Mais comment ce jeune trentenaire hors normes, sorti il y a peu d’hôpital psychiatrique et effrayé de se confronter à de telles responsabilités, pourrait-il prendre soin d’un enfant alors qu’il n’y parvient pas pour lui-même ? Théodore, jeune ado attachant certes, mais aussi teigneux, est en conflit avec sa mère qui l’a élevé seule. Leur rencontre improbable lors d’une bar-mitzvah va égratigner quelques incertitudes. Et le temps d’une nuit, alors que la femme de l’un et la mère de l’autre se liguent, les deux comparses se lancent dans une course éperdue dans les rues de Paris… ! Après son premier long-métrage Let my people go ! (2010), le réalisateur et scénariste Mikael Buch pose un regard

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généreux sur ces deux êtres en quête d’eux-mêmes, entourés de personnages tout aussi maladroits dans leur capacité à communiquer les uns avec les autres.

le vieil homme ne veut pas se séparer d’une partie de sa fortune. Gail va tout faire pour obtenir la libération de son fils. Avec un agent de la CIA, elle se lance dans une course contre la montre face à des ravisseurs particulièrement cruels… Après le demi-succès d’Alien Covenant, Ridley Scott laisse de côté la science-fiction pour un film d’action basé sur un fait divers qui avait marqué son époque. Il dit avoir été attiré par le côté tragique de cette histoire. « C’est un drame shakespearien qui soulève de nombreuses questions philosophiques sur le pouvoir, la filiation et surtout la puissance corrosive de l’argent. »

Si tu voyais son cœur

France – 2018 – 1h26, de Joan Chemla, avec Gabriel Garcia Bernal, Marine Vacth, Nahuel Perez Biscayart…

Librement adapté du court roman autobiographique cubain Mon Ange, de Guillermo Gonzales, le film suit l’itinéraire de Daniel, jeune gitan mis au ban de sa communauté après la mort de son meilleur ami. Échoué à l’hôtel Métropole, refuge pour les paumés et les exclus, Daniel vivote de petits boulots en petites malversations jusqu’à plonger dans la violence qui l’entoure. La jeune réalisatrice a choisi une construction qui fait des allers retours entre passé et présent, situations concrètes et espace mental, moments plutôt festifs et bas fonds. Un soin particulier apporté aux lumières et à la bande son et un casting de choix servent ce premier film.

VersJapon la –lumière (Festival asiatique) 2017 – 1h41, de Naomi Kawase avec M. Nagase, A. Misaki, T. Fuji...

V

Misako fait avec passion son travail qui consiste à décrire oralement la partie visible des films pour les rendre accessibles à des aveugles. Le jour où elle rencontre un photographe qui est justement en train de perdre la vue, son travail prend une nouvelle dimension bien plus personnelle et intime encore. N. Kawase est une des cinéastes les plus sensibles qui soient. On attend avec impatience ce qu’elle a pu faire avec ce sujet à cheval sur les deux sens à l’oeuvre dans notre art préféré : le cinéma !

PROCHAINEMENT :

La Souris du Père Noël

• Gaspard va au mariage de Antony Cordier

• Eva de Benoît Jacquot

• Jusqu'à la garde de Xavier Legrand

• Cas de conscience de Vahid Jalilvand

• Wonder wheel de Woody Allen

• Une saison en France de Mahamat-Saleh Haroun

• Phantom Thread de Paul Thomas Anderson

• Le 15 : 17 pour Paris de Clint Eastwood

Star Wars : les derniers Jedi Voir pages Jeune Public

The Pentagon papers USA – 2017 - 1h55 de Steven Spielberg, avec Meryl Streep, Tom Hanks, Sarah Paulson...

Pendant la guerre du Vietnam les gouvernements américains successifs vont tout faire pour dissimuler l’ampleur de leur engagement là-bas. La lutte menée par l’équipe du Washington Post (déjà eux...) pour porter à la connaissance du public des documents confidentiels durera de nombreuses années et sera l’objet d’un conflit d’une rare intensité entre un organe de presse et le gouvernement américain. Encore un film basé sur une histoire vraie... Mais celle-ci, bien que peu connue en France, a fait trembler le gouvernement américain tout autant que les révélations du Watergate, voire peut-être plus... et ce fut probablement la première fois qu’une femme s’est retrouvée ainsi à la tête d’une aussi importante entreprise journalistique.

ToutUSA l’argent du monde – 2017 – 2h de Ridley Scott, avec M. Williams, M. Wahlberg, C. Plummer, R. Duris…

T

Lundi 15 janvier Une soirée, deux films

Lundi 8 janvier - 19h30

FESTIVAL INTERNATIONAL DE CINÉMA ASIATIQUE DE TOURS

Partenariat Cinémathèque / Studio Hommage à Arnaud Desplechin

19h30 : Nos Années sauvages

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) France – 1996 – 2h17, avec Mathieu Amalric, Emmanuelle Devos…

21h15 : Chungking Express de Wong Kar-wai– 1994 – Hong Kong – Couleurs – 1h37, avec Tony Leung

En présence d’Arnaud Desplechin.

Lundi 22 janvier - 19h30 Mardi 9 janvier Une soirée, deux films

ATTENTION, EN RAISON DE LA LONGUEUR DES FILMS, LA SOIRÉE DÉBUTERA EXCEPTIONNELLEMENT À 19H.

19h : La Sentinelle

France – 1992 – 2h19, avec Emmanuel Salinger, Emmanuelle Devos…

21h45 : Esther Kahn

France – 2000 – 2h25, avec Summer Phoenix, Ian Holm…

En 1973, des hommes kidnappent le petit-fils de Paul Getty, l’homme le plus riche du monde. Connu pour son avarice,

de Wong Kar-wai – 1990 – Hong Kong – Couleurs – 1h37

Et pour quelques dollars de plus

de Sergio Leone – 1965 – Italie – Couleurs – 2h10, avec Clint Eastwood, Lee Van Cleef, Gian Maria Volonté et Klaus Kinski…

Soirée présentée par Thomas Anquetin

Lundi 29 janvier - 19h30

Utu

De Geoff Murphy – 1982 – Nouvelle-Zélande – Couleurs – 1h47

Soirée présentée par Mark Fenton

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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Bande annonce

Traite des êtres humains, rendre visibles les invisibles !

Ici…

` BUFFET GARNI Gérard Depardieu, Christian Clavier et Edouard Baer de nouveau réunis après Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre (de réjouissante mémoire) d’Alain Chabat, pour Convoi exceptionnel, du caustique et rare Bertrand Blier ! Si pour C. Clavier, il s’agira d’une première fois, pour E. Baer, d’une seconde, pour le géant Gégé, ce sera la dixième fois qu’il travaillera avec le réalisateur qui lui a offert son premier premier rôle dans Les Valseuses, en 1974 ! L’histoire ? Un homme rencontre un homme qui se trouve détenir le scénario de sa vie : un scénario comme Blier les affectionne ! Espérons qu’il renoue avec ceux de la grande époque, celle de Buffet froid, Tenue de soirée ou Trop belle pour toi ! ` COMPÈRES Autres retrouvailles pour Gérard Depardieu : après Jean de Florette, Les Cent et Une Nuits de Simon Cinéma, Le Placard et 36 Quai des Orfèvres, c’est avec Daniel Auteuil qu’il va retravailler pour L’Envers du décor, inspiré de la pièce de Florian Zeller. Daniel Auteuil, qui sera à la fois devant et derrière la caméra, a également engagé Sandrine Kiberlain et Adriana Ugarte (Julieta). ` ACHEVER LA MÈRE Eva Ionesco va réaliser son deuxième film, après l’intrigant et dérangeant My Little Princess, film très autobiographique où elle donnait à voir comment une mère vampirisait sa petite fille en la photographiant comme un objet sexuel. La fameuse mère était interprétée par la géniale (évidemment) Isabelle Huppert. La réalisatrice et la comédienne vont se retrouver pour Une jeunesse dorée, un sujet inspiré cette fois de l’adolescence d’Eva Ionesco, entre son placement à la Ddass, ses soirées au Palace et son premier amour. ` FONTAINE D’ABONDANCE Anne Fontaine n’arrête pas de tourner : tout en s’occupant de la sortie de Marvin ou la belle éducation, elle travaille déjà sur une version érotico-comique de Blanche-Neige avec Lou de Laâge (Les Innocentes), Isabelle Huppert et sept hommes pas nains dont Vincent Macaigne, Charles Berling et Benoît Magimel. Sans abandonner son projet, original, autour du Boléro de Ravel, ni le quatrième opus des aventures d’Augustin, toujours interprété par son frère Jean-Chrétien Sibertin-Blanc, qui sera revêtu cette fois de la coule monastique.

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nfant, femme, homme, toutes les victimes de la traite, vendues, achetées, exploitées, sont meurtries jusque dans leur chair. Des parcours de vies volées, violées, violentées. En France, esclavage domestique, travail forcé et dissimulé, prostitution, en un mot la traite des êtres humains, sujet non-dit de la société, existent bien malgré une interdiction inscrite en droit : 270 000 victimes selon l’Onu, 70 000 adolescentes françaises de 10 à 18 ans menacées de mariage forcé pendant leurs vacances dans leur pays d’origine. La France reconnaît la traite comme « parmi les activités criminelles les plus développées et les plus lucratives dans le monde », au même titre que la drogue. En Europe elle est une réalité tangible et massive, qui déplace des millions d’individus d’un pays à l’autre : les réseaux mafieux profitent des mouvements migratoires

et ailleurs… ` LE CRÉPUSCULE D’UNE IDOLE Il fallait bien que ça arrive : Judy Garland va avoir son biopic ! Et c’est Renée Zellweger (Bridget Jones) qui a été choisie pour interpréter Over the Rainbow : le film s’attachera aux derniers mois de la vie de l’héroïne d’Une étoile est née, alors qu’elle semble renouer avec une vie plus douce et s’apprête à donner une série de concerts mais que sa voix lâche, fragilisée par des années d’addiction. Espérons que la comédienne soit à la hauteur du mythe Judy ! IG

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pour abuser de la vulnérabilité et de l’isolement de personnes, les réduire en esclavage. Dans le monde 40 millions d’êtres humains sont esclavagisés : 1/4 sont des mineur.e.s et 70 % sont des femmes. Tous les jours les associations sont témoins de récits impensables. Elles aident les victimes à se reconstruire, à se projeter dans l’avenir et à obtenir justice. La reconnaissance de leur statut de victimes de la traite des êtres humains est nécessaire, afin que chacun-e puisse comprendre que ce ne sont pas de simples faits-divers mais un trafic lucratif. L’esclavage a été aboli officiellement, mais existe encore. Indignons-nous et condamnons ces situations pour permettre aux victimes d’oser se lever et de reprendre le contrôle de leurs vies ! Nous avons besoin de sensibiliser la société, les institutions et les professionnels à cette question afin de multiplier les moyens de lutter contre la traite et contraindre les États à légiférer pour arrêter ce fléau. La route est longue, mais chaque vie retrouvée est une victoire.

Le collectif Féminisme et Révolution et Osez le Féminisme ! 37

NOUS

EN

ARLERONS

PROCHAINEMENT…

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Pages & images Carré 35

À propos de Au revoir là-haut

«

Mais tu n’es pas ma sœur, (...). Nous n’avons pas joué, mangé, dormi ensemble. (...) Je ne connais pas la couleur de tes yeux. Je ne t’ai jamais vue. Tu es sans corps, sans voix, juste une image plate sur quelques photos en noir et blanc. (...) Tu étais déjà morte depuis deux ans et demi quand je suis née ? Tu es l’enfant du ciel, la petite fille invisible dont on ne parlait jamais, (...) Le secret. » écrivait A. Ernaux en 2011, dans un livre intitulé L’Autre fille, une lettre adressée à Ginette, la sœur aînée dont elle n’a su l’existence qu’en surprenant une conversation entre sa mère et une voisine alors qu’elle était petite fille. Mais elle n’en parlera jamais avec ses parents, ni ne regardera leur tombe dans le cimetière où elle les mettra en terre. Un jour, lors d’un tournage, Eric Caravaca fond en larmes devant une tombe d’enfant. Troublé, conscient que « La souffrance saute une génération, voire plusieurs » et voulant en préserver le petit garçon qu’il vient d’avoir, il interroge ses parents et découvre qu’il a eu une petite sœur nommée Christine qui a vécu trois ans, est morte au Maroc et dont on n’a jamais parlé ni à lui, ni à son frère cadet. Un secret bien gardé. D’autant que sa mère avoue avoir détruit toutes les photographies, pour ne pas, dit-elle, vivre dans la nostalgie d’un passé douloureux. Eric Caravaca mène une véritable enquête et en fait un film remarquable, nommé Carré 35, le lieu où est enterrée Christine, dans la partie française du cimetière de Casablanca. Il interroge les films de famille, un mariage, une scène de plage, un bonheur solaire, retrouve la maison d’une enfance qui ne fut pas la sienne, puis finit par retrouver des traces, des témoins. Aucune volonté de

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règlement de compte. Ernaux l’écrit également : « Je ne leur reproche rien. Les parents d’un enfant mort ne savent pas ce que leur douleur fait à celui qui est vivant. » La force de Carré 35, c’est aussi de faire le parallèle entre une histoire personnelle et l’histoire collective, entre un déni familial et celui qui frappe la période coloniale française. Sa mère a voulu effacer toute trace de la mort de sa petite fille. Ernaux écrit, elle qui a fait de sa vie personnelle une page de l’histoire des femmes : « Les questionnements retardés, intimes ou collectifs, ne révèlent jamais que l’impossibilité même de la question à un moment donné. » La question d’un passé qui passe mal. Apport positif de la colonisation ou crime contre l’humanité ? En homme d’images, Caravaca a trouvé un dispositif radical pour anéantir la première proposition. Au niveau du son, la voix officielle de la France telle qu’elle se donnait à entendre aux informations, vantant avec emphase les écoles, les hôpitaux… construits grâce à l’élan colonisateur ; au niveau de l’image, la violence ordinaire de l’occupation, de tabassages en corvées de bois... « Je vis, nous vivons avec un fantôme. » dit la voix off de Caravaca et Ernaux écrit « Tu es une forme vide impossible à remplir d’écriture. » La modestie, la justesse et la force des deux projets semblent se répondre : 67 minutes et 80 pages inoubliables. « Peut-être que j’ai voulu m’acquitter d’une dette imaginaire en te donnant à mon tour l’existence que ta mort m’a donnée. » La dernière image de la mère du réalisateur revenue finalement, audelà du déni, devant la tombe de Christine, est à l’image aussi de cette quête d’apaisement. DP

À

côté de la performance inoubliable de Nahuel Pérez Biscayart qui marque chaque scène du film de sa gestuelle et de son regard, de la subtilité du jeu d’Albert Dupontel, clown triste, tantôt Chaplin, tantôt Keaton, de la prestation impeccable de Laurent Lafitte en ordure qui cristallise toute l’ignominie que la guerre peut produire, on croise dans le film de Dupontel une belle galerie de portraits tous magistralement interprétés. C’est ce que l’on a coutume d’appeler les seconds rôles – voire les « petits » rôles ! Pourtant, grâce au talent de ceux qui les incarnent, Au revoir là haut est un véritable festival de sentiments et d’émotions. Niels Arestrup d’abord, dont on ne doutait plus qu’il était un acteur hors pair, campe un magnifique homme de pouvoir, le vrai, pas celui de la magouille et du cynisme de son gendre, ni celui plus anecdotique du maire d’arrondissement. Il irradie de sa présence quasi muette les scènes où il apparaît. Patriarche redoutable, c’est lui qui tire les ficelles dans l’ombre. Son élégance et sa classe, sa retenue et son mutisme écrasent implacablement le crétin qui lui fait face. C’est Philippe Uchan qui se prête au jeu de celui qui parle trop. Aussi extravagant que dans 9 mois ferme – le précédent opus de Dupontel où il incarnait un juge du genre boulet – le voilà petit élu sans scrupule, véritable pantin face au puissant, et toujours aussi hilarant. À ses babillages, ses gaffes et sa soumission, Arestrup-Péricourt oppose un regard perçant et accusateur, reste digne et imperturbable. Ces deux-là forment un duo irrésistible : on dirait un petit roquet jappant face au loup dédaigneux… Formidable également le jeu de Michel Vuiller-

moz, le fonctionnaire Merlin, zélé, tatillon et incorruptible jusqu’à la déraison, qui traque sans relâche les malversations des profiteurs de guerre. Ses apparitions de personnage étriqué et obstiné sont tellement jouissives qu’on en redemande. Les femmes enfin incarnent la raison de vivre de tous ces hommes meurtris par la guerre et apportent un charme incontestable au film. Que ce soit la jeune et pétillante Héloïse Blaster dont la gouaille nous amuse ; ou Mélanie Thierry dont les apparitions sont comme des rayons de soleil – au point de faire endosser à un Albert Maillard transfiguré un costume jaune improbable… Quant à Émilie Duquenne, elle est méconnaissable. Que de douceur et de sensibilité cachées sous ses dentelles et ses sourires de circonstance… jusqu’à une dernière scène saisissante où, impériale dans son lit, elle balaie avec un grand calme son salaud de mari… C’est à ce moment que les masques commencent à tomber. Après que ledit salaud de mari ait littéralement disparu, Niels Arestrup/ Péricourt, le père sombre et dur, gagne sa rédemption quand il est confronté à son fils, dans une scène magnifique où l’émotion est à son comble. La quasi-totalité des critiques ont souligné l’inventivité, l’audace, voire la folie d’Au revoir là-haut. Mais le talent d’Albert Dupontel c’est aussi d’avoir réussi à faire se croiser dans cet univers si particulier des comédiens très différents, qui offrent une large palette de personnages, du plus immoral ou plus respectable, et d’avoir su tirer de leurs jeux les scènes les plus dramatiques et des purs moments de comédie. SB

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Les rédacteurs ont vu :

Au revoir là-haut de Albert Dupontel

Comment trouver le langage cinématographique capable de transcender un texte littéraire sans l’appauvrir ? Albert Dupontel y réussit très bien, avec une mise en scène flamboyante et de grands numéros d’acteurs, mais trébuche, comme dans le roman, sur un dénouement raté. La scène finale entre le père et le fils est très forte mais elle est suivie d’un épilogue consensuel et sucré indigeste. Curieuse convergence, comme si le disciple avait volontairement choisi, par respect et délicatesse, de ne pas faire mieux que Lemaître… AW « Mes films sont des drames rigolos » dit Albert Dupontel. Avec Au revoir là-haut il se surpasse dans ce genre cinématographique si personnel. Costumes, lumières, décors, jeux de caméra et d’acteurs sont au diapason d’un souffle narratif échevelé. C’est haut en couleurs, excentrique et plein de poésie. Grandiose ! SB

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Dès la première scène, Albert Dupontel prouve qu’il s’est complètement approprié la passionnante histoire de Pierre Lemaître : choix esthétiques, changements narratifs, orientation manifestement burlesque (avec un hommage au Malec de Buster Keaton)… Il relève la gageure de créer une œuvre personnelle à partir d’une matière qui n’est pas sienne et livre là son film le plus maîtrisé. Un bémol toutefois : des mouvements de caméra trop visibles et répétitifs qui viennent parasiter le propos ! Dommage ! IG Pour moi qui ignorais jusqu’à l’existence du goncourisé roman de P. Lemaître, pas de problème de comparaison entre film et livre ; ouf ! Dupontel s’est un poil assagi mais en se débarrassant de certains tics qui pouvaient parfois m’agacer un peu, donc tant mieux ! Reste deux scènes finales (la rédemption du père et le sauvetage in extremis dans

une gendarmerie en Algérie) que j’ai trouvées insupportablement cuculs... ER Pas désagréable, mais tout de même, quelle agitation ! C’est comme si le film souffrait d’une surcharge pondérale. Tout y est trop, les effets spéciaux, les décors, les mouvements de caméra ; on peut trouver cela emballant, on peut aussi trouver cela étouffant. Heureusement il reste Nahuel Perez Biscayart, toujours aussi touchant après 120 battements par minute et Laurent Lafitte qui assure l’outrance avec un impeccable sérieux. JF De film en film, on assiste à une normalisation du cinéma de Dupontel. Certes, j’ai plutôt aimé le film, mais il m’a semblé avoir une forme (maîtrisée) que l’on retrouve dans de nombreux films à gros budget (mouvements de caméra, musique...) mais j’ai sans doute fait l’erreur de lire le roman de Lemaître juste avant ! DP

Si Pierre Lemaître a gagné le Prix Goncourt pour son livre talentueux, Albert Dupontel pourrait lui aussi recevoir le prix du film populaire ! Il manie à nouveau l’absurde non pas pour nous faire rire mais pour jeter le trouble, nous émouvoir sur le sort de ces vétérans oubliés de la Grande Guerre. MS Depuis plusieurs films on savait déjà que Albert Dupontel, était non seulement un brillant acteur mais aussi un réalisateur d’exception. Au revoir là-haut le confirme, soulignant une superbe maîtrise du cinéaste – à tout point de vue – riche de contrastes, de la réalité des tranchées à la beauté des masques, bien inscrites dans l’époque. Pourtant, c’est comme si un certain «collage» à l’historicité des événements et/ou au roman n’avait pas permis à Dupontel de laisser pleinement advenir sa belle folie décalée et absurde habituelle… RS

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Rencontre avec Anne Fontaine

Anne Fontaine aux Studio © Roselyne Guérineau

OU

A

u départ le roman d’Édouard Louis, En finir avec Eddy Bellegueule ; c’est l’auteur qui a contacté Anne Fontaine pour son adaptation au cinéma. Mais si le roman se termine quand le héros atteint l’âge de 12 ans, la réalisatrice voulait d’emblée continuer le récit jusqu’à l’âge adulte, comment il parvient à se sauver par le théâtre, évoquer son retour, ses retrouvailles avec son père, et le malaise de sa mère révoltée par l’image que ce récit autobiographique avait donnée de la famille. Rappelons que la parution du roman avait provoqué un scandale, Édouard Louis apparaissant comme un traître aux yeux de son entourage. C’est d’ailleurs lui qui a refusé que son nom et celui de son livre apparaissent dans le générique. Pour le casting Anne Fontaine a long-

LA

BELLE

une force intérieure pour ne pas avoir à “pléonasmer” les situations qu’il vivait par des mots… »

raient être choquants, est en fait pleine d’émotion tant ce père si brut semble protecteur à ce moment-là.

De Vincent Macaigne, le professeur pygmalion, Anne Fontaine dira : « il faut le serrer un peu et toutes ses qualités ressortent » (dans Les Innocentes, elle l’avait fait jouer avec… un corset pour l’obliger à se tenir droit !). Le personnage qu’il interprète sert de catharsis, a lui aussi une fêlure qui remonte à l’enfance. Il est, comme la principale du collège interprétée par Catherine Mouchet, un guide spirituel pour le jeune Marvin.

Il sera aussi question de la structure du film, dont le récit a été volontairement fractionné dès l’écriture du scénario. Une façon de montrer l’enfant jeune qui regarde l’adulte qu’il est devenu… mais aussi l’adulte qui regarde son enfance. C’est qu’Anne Fontaine aime fermer les boucles : l’anneau de son père accepté par Marvin à la fin du film est celui non seulement de la réconciliation mais aussi celui de la transmission. Un spectateur évoque « l’expérience radicale de l’exil » vécue par les enfants gays. C’est ce que dit Vincent Macaigne : « L’enfant noir est aussi malmené, bien sûr, mais il trouve une consolation dans sa propre famille alors que l’enfant gay reste exilé dans sa propre famille. »

ÉDUCATION

Anne Fontaine est une réalisatrice confirmée dont nous avons passé tous les films. Pour sa première venue aux Studio, elle craint de ne pas être à la hauteur de Fabrice Luchini qui nous avait présenté en 2014 Gemma Bovery qu’elle avait réalisé précédemment ! temps cherché le jeune acteur idéal dont les traits pouvaient être ceux de Finnegan Oldfield à l’âge adulte. Pari réussi puisque le vieillissement semble naturel. Le jeune Jules Porier a en outre un visage très cinégénique et sait transmettre des émotions par son seul regard, il interprète sans surjouer l’enfant emmuré qui ne peut pas communiquer avec sa famille. Il se révèle aussi bouleversant dans les scènes de harcèlement filmées de manière directe, frontale, que dans celles d’improvisations théâtrales au collège. Ces dernières n’ont pas été écrites mais s’appuient uniquement sur les séquences tournées la veille. Étonnamment, c’est lui qui a contacté la réalisatrice après avoir vu une annonce sur internet. « J’ai été stimulée par ce jeune garçon qui, pour moi, avait une beauté, une fragilité et

La participation d’Isabelle Huppert est étonnante et le rôle (le sien au sens propre) est inédit. « Je ne pourrai plus jouer Isabelle Huppert » a-t-elle avoué à la réalisatrice… « Elle est une sorte de fée. Mon instinct m’a guidée vers elle. Dans la vraie vie, elle aurait pu accepter de jouer la partition d’un jeune auteur parce qu’elle est suffisamment curieuse et audacieuse dans ses choix. » Grégory Gadebois enfin fait l’unanimité pour sa belle prestation, « un acteur qui n’a pas fini d’être un grand acteur français » nous dit Anne Fontaine qui confie qu’il travaille beaucoup, prépare avec une grande précision chacune de ses scènes. « Il s’empare d’un rôle d’une façon tellement viscérale qu’il n’y a plus que des petites choses à lui dire. » La scène qui montre le père dans le train proférant en guise de mise en garde à son fils des propos racistes qui pour-

En guise de conclusion, il sera question de la belle santé du cinéma féminin français, 4 réalisatrices faisant la une des affiches en ce mois d’octobre : Noémie Lvovsky avec Demain et tous les autres jours, Tonie Marshall avec Numéro une et Claire Denis avec Un beau soleil intérieur ! « De sacrées nanas ! » s’exclame une spectatrice. SB

FILMOGRAPHIE SUCCINCTE D’ANNE FONTAINE : Nettoyage à sec (1997), Comment j’ai tué mon père (2001), Nouvelle chance (2006), Les Innocentes (2016)…

Retrouvez une vidéo de cette rencontre sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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Interférences Un beau soleil intérieur The Square Mise à mort du cerf sacré D’après une histoire vraie

M

auvaise passe pour le sexe à l’écran ? À la vue de quelques scènes récentes c’est ce que l’on peut se demander. Car, qu’il soit français, suédois ou étatsunien, il s’y vit, du côté féminin du moins, difficilement. Dans Un beau soleil intérieur de Claire Denis tout d’abord, qui s’ouvre sur une scène de sexe entre Isabelle (Juliette Binoche) et Vincent (Xavier Beauvois). On comprend vite qu’Isabelle s’ennuie et qu’elle ne prend aucun plaisir, elle encourage même Vincent à écourter les ébats, ce dont ne semble absolument pas se rendre compte ce banquier entièrement préoccupé par lui-même et particulièrement odieux. Puis c’est Christian (Claes Bang), dans The square de Ruben Östlund, qui n’est guère plus reluisant. Là-encore l’homme ne semble pas savoir y faire et Anne (Elisabeth Moss) trouve le temps bien long. Sans compter qu’en plus, le rapport enfin

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terminé, ce goujat ne veut pas lui confier son préservatif à jeter tant il semble avoir peu confiance en elle. Enfin, si on traverse l’Atlantique, la chair n’est guère plus joyeuse. Du moins chez les médecins chics de Mise à mort du cerf sacré de Yorgos Lanthimos. Ici, le moment de l’acte venu, Anna (Nicole Kidman) propose à son Steven de mari (Colin Farell) ce qui semble être un rituel érotique du couple, l’Anesthésie générale. Elle s’allonge donc, dans la posture d’une morte, pour se laisser prendre, mais ce qui pourrait être un jeu sexuel entre eux ne lui provoque pourtant aucun plaisir. Steven, assez couard et veule, semble incapable de prendre des initiatives tout comme il ne peut assumer quoi que ce soit, ce qu’Anna lui reproche régulièrement*. Les hommes s’affairent, les femmes subissent, aucune sensualité, aucune gaieté dans ces trois moments. Les mâles, qu’ils soient maris ou amants, y

sont piteux et les femmes insatisfaites. La chair y est triste, à l’image des liens entre leurs protagonistes. Fort peu de désir dans tout cela, mais ces trois femmes avaient-elles envie de ces relations au moment où elles nous sont montrées ? Pas sûr, tant leurs partenaires leurs semblent étrangers. Ontelles accepté un étranger en elles sans y avoir totalement consenti ? Possible. De l’étranger en soi à l’étranger chez soi, il n’y a peut-être qu’un pas. Toujours dans Mise à mort du cerf sacré, c’est ce qui arrive à Anna, dont la vie va peu à peu être envahie et détruite par l’intrusion, dans son quotidien, de Martin, un adolescent. Ce corps étranger et perturbateur, au sens littéral, puisque les manifestations sur les victimes de Martin sont physiques (perte de la motricité, yeux qui saignent), rejoint un thème classique du cinéma, celui de l’ange exterminateur comme dans Théorème de Pier Paolo Pasolini, entre autres. Thème que l’on retrouve dans D’après une histoire vraie de Roman Polanski, où Delphine (Emmanuelle Seigner) subit presque la même chose. Son univers y est peu à peu vampirisé par L (Eva Green), une de ses admiratrices, et même si la dimension sexuelle est moins prégnante, il y a bien du trouble qui s’instaure entre

elles deux. Quant aux corps, ils sont aussi touchés (Delphine finit le film la jambe plâtrée). Il pourrait paraître surprenant que des films aussi différents se répondent. Pourtant, quand on passe son temps à entendre que celui qui vient d’ailleurs, l’immigrant, l’autre, est un danger, une menace ; comment s’étonner alors que ce sujet, le soi-disant risque des étrangers chez soi, irrigue tant d’œuvres à la fois ? De façon allégorique ou plus directe, comme dans le tout récent et beau Problemski Hotel, par exemple ; sans compter les nombreux documentaires qui abordent le sujet frontalement : le cinéma a toujours été un miroir de l’état du monde. C’est une de ses forces, de ses intérêts, de ses vertus que de véhiculer un inconscient collectif et, à travers les œuvres, d’en être le reflet. Celui que nous renvoient ces quatre films ne fait sans doute pas preuve d’optimisme, mais de clairvoyance sûrement. JF

* Mais ce couple de cinéma, en apparence idéal, estil fait pour s’entendre ? Car déjà dans Les Proies de Sofia Coppola, Colin Farell y était allègrement mutilé par la même Nicole Kidman.

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À propos de Mise à mort du cerf sacré

quasi funèbre, on pense tout naturellement à la structure circulaire d’une tragédie, le sort du ou des héros-victimes étant irrévocablement scellé avant même le début des péripéties. Pas faux.

I

ls sont riches, beaux, bien élevés, intelligents, parfaits en tout, la famille américaine idéale d’une sitcom des années 60 : Steven et Anna, leur fille Kim, 14 ans, et son petit frère Bob, 12 ans. Seules ombres au tableau, Bob est en train de mourir et Kim a perdu son lecteur MP3. Kim : « Bob, estce que je pourrai récupérer le tien quand tu seras mort ? » Nul cynisme dans la question de la jeune fille, simplement il est hors de question qu’elle s’approprie quelque chose appartenant à son frère sans son consentement. Tout le film est là, dans ce constant jeu de bascule entre impeccable vernis et profonde inhumanité. Kim est par ailleurs très attirée par Martin, un jeune homme onctueux qui exige avec la plus exquise politesse la mort d’un membre de la famille pour racheter celle de son propre père, qui succomba lors d’une opération effectuée par un Steven un peu trop alcoolisé ce jour-là. Sans hausser le ton, il énonce les quatre étapes du sacrifice, d’abord de Bob, puis de Kim et d’Anna, si Steven ne choisit pas lui-même la victime expiatoire : paralysie des jambes – impossibilité d’avaler de la nourriture – saignement des yeux – mort. À quoi Anna trouve une parade on ne peut plus simple et rationnelle : une nouvelle grossesse, par FIV si nécessaire ! Un de perdu, un de retrouvé…. Bob est le premier touché, il en est déjà à la phase 3. Il reste donc très peu de temps et Steven n’a toujours pas choisi… Et voilà que c’est au tour de Kim d’entamer son agonie : phase 1, puis phase 2, ce qui ne l’empêche pas d’être toujours amoureuse — en

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toute connaissance de cause ! — de Martin. Steven ne peut plus reculer, il lui faut impérativement choisir qui sacrifier avant qu’il soit trop tard et que toute la famille y passe, sauf lui évidemment… Tâche au-dessus de ses forces, au-dessus des forces de n’importe qui. Faute d’une meilleure idée, il organise une macabre mise en scène destinée à confier ce choix au hasard, aveu d’impuissance en même temps qu’entreprise de déculpabilisation. Scène grotesque, effrayante, traumatisante pour les personnages, formidable pour les spectateurs, qui aboutit finalement au meurtre de Bob. Mais bon, lui au moins on avait eu le temps de s’y faire... La scène la plus épouvantable est cependant encore à venir. On y retrouve Steven, Anna et Kim — à nouveau en bonne santé — dans un café où ils se restaurent. Entre Martin qui vient, sans émotion apparente, se désaltérer. Les regards échangés sont neutres, sauf peut-être pour Kim, toujours visiblement attirée par le jeune homme. Il ne se passe strictement rien, aucune parole n’est prononcée, rien ne distingue ces individus des autres consommateurs, tout aussi anonymes qu’eux. La vie a repris son cours normal, tout va bien. Il manque juste quelqu’un… Steven a payé sa dette. Comment analyser un film aussi tordu ? Il commence par une musique sacrée solennelle sur écran noir, installant d’emblée une atmosphère dramatique qui deviendra de plus en plus lourde, scandée par une bande son multipliant les bruitages électroniques sourds, bourdonnants ou explosifs. Retrouvant à la fin une musique aussi sombre et

Satire acerbe de la bonne conscience d’une bourgeoisie américaine friquée sans âme ? Sans aucun doute. Les interminables couloirs déserts de l’hôpital suggèrent la vacuité foncière de Steven et d’Anna, de plus en plus mal masquée par les conventions obligées de l’harmonie familiale parfaite. Et lorsque le petit Bob s’écroule au bas d’un escalier, il est filmé de très haut, en une impressionnante plongée qui le réduit à sa véritable dimension dans la famille, celle de l’enfant en trop, de la pauvre petite chose qui gît déjà très loin en bas, comme en un profond tombeau. Reste évidemment l’hypothèse du film fantastique : une histoire horrible, en grande partie inexplicable rationnellement, remarquable par l’absence des vieux trucs et clichés du genre. Sauf que dans cette perspective le film montre une grande faiblesse. Les pouvoirs d’ensorcellement de Martin, aussi impossibles et aberrants qu’ils soient, sont présupposés sans le moindre début d’explication. On veut bien jouer le jeu et admettre l’invraisemblable, mais à condition qu’il soit rendu, sinon crédible, du moins à peu près recevable.* Au total un film brillant, délicieusement angoissant, à l’humour noir qui parfois tape dur, mais pas assez cohérent pour être un chef d’œuvre. Dommage, mais on a quand même passé un bon moment. AW * Le film a décroché un prix à Cannes et pas n’importe lequel : celui du scénario ! Vous avez dit bizarre ?

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À propos de A Beautiful Day

Rencontre avec Joseph David

S

i on peut trouver bizarre que Mise à mort du cerf sacré ait obtenu le Prix du scénario à Cannes, que dire alors qu’il l’ait obtenu ex aequo avec A Beautiful Day, film très estimable mais en aucun cas pour son scénario ! À croire que le président du jury, Pedro Almodovar, s’est offert une petite vengeance ironique en couronnant ces deux films, lui à qui justement on n’a jamais daigné décerner que… le prix du scénario. Ce n’est vraiment pas pour cette histoire archi rebattue de tueur à gages à la fois traqueur et traqué, déjà vue cent fois (Le Samouraï, Taxi Driver, Léon, Ghost Dog etc.) que le film de Lynne Ramsay retiendra l’attention.

À défaut d’un scénario original, A Beautiful Day se signale par une mise en scène expressionniste qui multiplie les effets sonores et visuels de nature à créer une atmosphère étrange, prenante, de plus en plus tendue et anxiogène : musique et bruitages, flash-backs énigmatiques, comptes à rebours récurrents, très gros plans qui paradoxalement cachent le sens de l’image etc. Autant de signes mystérieux, plus suggestifs qu’explicatifs, qui créent bribe après bribe l’image d’un Joe — le personnage principal — rongé par de traumatisants souvenirs d’enfance et de guerre, au corps labouré d’impressionnantes cicatrices. Signes mystérieux mais effets un peu trop virtuoses, un peu trop appuyés, qui relèvent moins d’une nécessité artistique que d’une

volonté d’en mettre plein la vue et l’ouïe. Heureusement le film vaut mieux que ces quelques facilités. En fait seul compte ici Joe, tous les autres personnages sont secondaires, pour ne pas dire purement décoratifs. Quasi zombie gros, gras, aux gestes lents, au regard lourd filtrant à travers ses paupières micloses, colosse épuisé revenu de tout, inadapté social, tueur violent plein de sensibilité, suicidaire énergique : Joe est un être extrêmement complexe, irrémédiablement contradictoire, impossible à enfermer dans une case. Il doit évidemment tout à un Joaquin Phoenix magistral en Superman fragile, qu’il réussit à rendre humain et bouleversant. Ni éloge de l’autodéfense ou de la justice individuelle, ni spectacle sanguinaire et complaisant, A Beautiful Day ne vise jamais à présenter sous un jour acceptable ce qui ne l’est pas. Ce titre d’ailleurs est idiot, inepte au regard de l’original : You Were Never Really Here, tu n’as jamais vraiment été là. Constat très sombre d’une société américaine autodestructrice, le film montre avant tout un homme qui n’est en phase ni avec lui-même ni avec le monde gangrené dans lequel il vit. En cela il émeut et fait presque regretter le cadre tapageur du thriller, qui détourne finalement l’attention de l’essentiel : le portrait troublant, sensible et douloureux d’un homme qui déjà n’est plus là, qui, si l’on en croit le titre original, ne l’a même jamais été. AW

Le dimanche 5 novembre, le réalisateur Joseph David est venu Joseph David aux Studio © Dominique Plumecocq présenter Pump, un film étrange et poétique, entre fiction et documentaire, le récit d’un périple de 7 jours de deux hommes à bord d’une draisienne surnommée Valentine au sommet du rail de béton de l’aérotrain au nord d’Orléans. Il était accompagné de sa productrice Maud Martin (L’Image d’après) et de Marie-Laure Boukredine, de l’agence régionale Ciclic qui coordonne le 18e Mois du documentaire, soit plus de 115 séances proposées aux quatre coins de la région.

J

oseph David faisait ses études au Fresnoy (studio national d’art contemporain de Tourcoing) lorsqu’il a rencontré Andrew Kötting, un cinéaste anglais qui a réalisé de nombreux films performatifs, et qui était chargé de cours cette année-là. Originaire d’Orléans, en passant en train près du viaduc, J. David, a eu l’image de ces deux hommes absurdement perchés à huit mètres de hauteur et qui pompaient sans relâche, avançant avec lenteur (3km/h) sur les 18 km de béton construit pour expérimenter les 350 km/h de l’aérotrain. Il a proposé le projet à E. Kötting qui a réagi avec enthousiasme. Restait à trouver les financements. Il s’est fait bouler de partout jusqu’à ce qu’il rencontre les productrices tourangelles de l’Image d’après qui l’ont poussé à réécrire complètement le projet pour en faire un film à part entière et pouvoir solliciter des aides du CNC. Maud Martin insiste sur les difficultés des demandes d’aide pour les films documentaires : on demande de décrire le film qu’ils vont faire alors que l’enjeu de ces films c’est précisément d’aller se confronter à une réalité et de se laisser travailler par elle. Que l’on découvre ce que sera le film… en le filmant. Une spectatrice s’est étonnée des images de corps, de cicatrices aperçues presque à la dérobée. J. David explique qu’à une période de sa vie, l’absurdité du quotidien lui était devenue insupportable et qu’il avait fait plusieurs tentatives de suicide. Les images étranges qui se glissaient à

chaque étape avaient été prises à l’hôpital psychiatrique. À sa sortie, un ami lui avait conseillé la lecture du Mythe de Sisyphe de Camus qui commence par « La seule question philosophique essentielle est le suicide ». Eux deux qui actionnaient la draisienne, c’était un peu ça, Sisyphe qui remonte sans cesse sa pierre en haut de la montagne. L’essai de Camus se termine cependant ainsi « Il faut imaginer Sisyphe heureux. » Les spectateurs présents semblaient l’être, contents d’avoir découvert un documentaire à la fois drôle et émouvant et dont la proximité thématique avec la fiction de Bouli Lanners Les Premiers les derniers, tourné juste avant près du même rail – un road movie hanté par la mort – (On voit A. Kötting quitter le tournage pour aller à l’enterrement de sa mère) a quelque chose de troublant. Le choix du magnifique Carré 35 d’Éric Caravaca comme film du mois rappelait la volonté des Studio de défendre, sur ses écrans, ce cinéma souvent méconnu. DP

Retrouvez une vidéo de cette rencontre sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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À propos de Prendre le large

étranger, qu’il fréquente un milieu aisé de bobos gays parisiens dans lequel elle est proprement invisible… et où il a honte d’elle (il ne l’a pas invitée le jour de son Pacs avec son ami) bien qu’elle ait toujours accepté son homosexualité *

L

es scènes de tête-à-tête entre un salarié et le DRH de son entreprise sont devenus monnaie courante dans le cinéma français (La Loi du marché, Violence des échanges en milieu tempéré, De bon matin, Corporate…) mais la réponse donnée par l’ouvrière jouée par Sandrine Bonnaire dans le film de Gaël Morel est réellement stupéfiante, inédite : tout en lui annonçant qu’elle venait de perdre son emploi, la DRH lui dit qu’elle a droit soit à des indemnités, conséquentes étant donné le nombre d’années qu’elle a passé dans cette entreprise de textile, soit à un reclassement au Maroc, là où la production va être délocalisée pour des raisons de moindres coûts ; contre toute rationalité économique, Edith choisit de Prendre le large, de partir car elle veut travailler encore (on dirait un écho à la chanson de Lavilliers Les Mains d’or) et qu’elle a de la fuite dans les idées (comme le titre joliment Le Monde). Rien ne la retient plus dans sa petite maison où elle s’ennuie. Son homme est mort. Son fils monté à Paris. Avant de partir, elle aussi rejoint la capitale. Dans une scène particulièrement réussie, d’une douloureuse cruauté, elle constate que son fils est un

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Les images des actualités, comme celles des films, nous ont habitués à un double flux : de travailleurs émigrés puis de migrants (des pays du sud vers l’Europe) et de touristes (de l’Europe vers les pays du sud). Gaël Morel renverse le dispositif. Édith découvre un Maroc qui n’est pas celui vanté par les slogans publicitaires, le Maroc heureux des riads et raids en 4x4 dans le désert. Le Tanger où elle débarque est rude, pauvre, violent, sans grâces touristiques… et sa logeuse a beau jeu d’ironiser sur « l’hospitalité marocaine » alors qu’elle vient de se faire voler ses économies. Depuis la corniche, la mer et le vent sont brutaux et la côte espagnole, devinée au loin, un eldorado inatteignable. Édith, qui est partie en disant à ses camarades syndicalistes qu’elle en avait marre d’eux, découvre une condition sociale ouvrière digne du 19e siècle. Ni syndicat, ni réelle maintenance des machines, ni cantine, ni transport public (le bus étant payé par un groupe islamiste, il faut qu’elle se couvre les cheveux), un rythme et une durée de travail abrutissants et un encadrement à l’ancienne par une contremaîtresse revêche qui ne peut que détester cette « étrangère » qui n’est pas à sa place. On avait déjà eu un aperçu de la violence sociale marocaine dans un film tourné lui aussi dans la zone franche de

Tanger, Sur la planche de Leila Kilani, film désespérant mettant en scène des jeunes femmes travaillant dans le décorticage des crevettes. Il prend ici les allures d’une descente aux enfers, Edith, à bout de nerfs et d’argent, finissant par se retrouver, sans force, au milieu de l’armada miséreuse des ramasseuses de fraises… Bien sûr tout finira bien, le fils prodigue reviendra chercher sa mère en perdition, et celle-ci aura trouvé une famille de substitution, une mère, une amie et un fils d’adoption (qui ne rêverait d’avoir un fils aussi beau et doux que le bel Ali !) pour lesquels elle voudra vendre sa maison pour pouvoir financer la réfection de la pension de famille dont elle deviendra la cuisinière. Bien sûr la vraisemblance aurait voulu

qu’elle rentre en France, amère, avec dans l’idée de ne jamais remettre les pieds dans un pays aussi cruel et glacé que le Maroc. Mais, même si l’on aime que le cinéma décrive crûment la réalité du monde tel qu’il est, on aime aussi paradoxalement que le cinéma ré-enchante celle-ci ! Et l’on sort heureux de ce happy end, que le beau personnage têtu porté par la lumineuse Sandrine Bonnaire ait encore la force de prendre le large ! DP * Le film d’Anne Fontaine Marvin ou la belle éducation montre lui aussi un jeune homme homosexuel qui réussit à échapper, par le théâtre, à son milieu d’origine… pour survivre à des années d’humiliation. La même France périphérique, entre usines et campagne, loin des métropoles conquérantes. Mais il y a chez Marvin la volonté de ne pas renier d’où il vient, notamment ce père hors-norme joué par Grégory Gadebois, contrairement au fils d’Édith.

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Vos critiques

À propos de Prendre le large

D

epuis combien de temps ne l’avions-nous vue, au cinéma, dans un rôle aussi important ? Pas dans Le Ciel attendra de Marie-Castille Mention-Schaar, en 2016, où elle apparaissait peu. Pas non plus dans La Dernière leçon de Pascale Pouzadoux, en 2015, vraiment pas terrible. Et pas plus dans la gentille bluette de Claude Lelouch, Salaud, on t’aime, en 2014. Donc, si on ne regarde pas la télévision, où elle a trouvé de beaux rôles dans des téléfilms tels que Elles... Les Filles du Plessis de Bénédicte Delmas ou Bébés volés d’Alain Berliner, il faut remonter à 2009 avec Joueuse de Caroline Bottaro et 2008 avec Un cœur simple de Marion Laine et L’Empreinte de l’ange de Safy Nebbou. Un bail tout de même pour qui aime voir Sandrine Bonnaire jouer. Du coup, la retrouver dans Prendre le large de Gaël Morel, depuis tout ce temps, ça surprend ; comme quand on revoit un ami perdu de vue depuis longtemps et qu’en constatant sur son visage le temps qui passe on se dit que c’est la même chose sur le sien.

Si le film est une belle réussite, ce n’est pas seulement parce qu’il parle intelligemment d’immigration et qu’il donne un rôle superbe à Sandrine Bonnaire. C’est aussi parce qu’il fait de son actrice son sujet profond en mêlant sa vie réelle et privée à celle, fictive et publique, qu’elle incarne à travers ses personnages. Ainsi ce n’est sûrement pas un hasard que Gaël Morel l’ait choisie pour incarner une ouvrière. Le passé qu’on lui connaît, son

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enfance dans un milieu populaire nous la rend immédiatement crédible, même de façon inconsciente, dans ce type de rôle. Mais la grande originalité de Prendre le large, c’est d’évoquer, par deux fois au moins, la carrière cinématographique de l’actrice à travers deux de ses incarnations emblématiques. C’est à la Mona de Sans toit ni loi d’Agnès Varda que l’on pense tout d’abord, dans la scène du champ de fraises. Quand on voit Édith s’écrouler, telle une gisante dans la terre, on songe à Mona mourant dans un fossé. C’est Suzanne, ensuite, qui vient à l’esprit, quand, à la fin, Édith est filmée de dos, sur le bateau, face à la mer et à Tanger. Le réalisateur reprend là une image, quasi identique, issue d’À nos amours, le film de Maurice Pialat qui l’a révélée. Ce ne sont pas des hommages stériles, mais plutôt une valeur ajoutée ; car en réactivant nos souvenirs ces évocations donnent de la force et de l’ampleur au personnage d’Édith. Comme si elle était porteuse de nombreuses vies, de nombreuses expériences ; comme si Mona et Suzanne l’aidaient à effectuer le chemin du film, à larguer les amarres et à commencer une nouvelle existence loin de sa terre d’origine. Cela provoque aussi un surcroît d’émotion, on espère maintenant que le couple Gaël Morel / Sandrine Bonnaire pourra se reformer afin que leur nouvelle rencontre soit encore plus belle. JF

CARRE 35 de Éric Caravaca Ce documentaire est une enquête sur une sœur disparue et une quête d’identité au cours de laquelle l’auteur parle avec beaucoup de sensibilité et de sobriété de ses racines. Il interroge ses proches, père, mère, frère, cousin… pour tenter de lever le voile sur des secrets de famille bien enfouis. Parallèlement à cette recherche, Eric Caravaca évoque le contexte historique et politique, au Maroc et en Algérie. La mise en scène des interviews, avec de longs plans fixes, toujours à la bonne distance, et le montage parfaitement maîtrisé […] contribuent à créer une atmosphère particulièrement émouvante et poétique. J’ai beaucoup aimé ce film, cette démarche personnelle et exigeante à la portée universelle. JC THE SQUARE de Ruben Östlund La fable est féroce et elle fait mouche. En témoigne sa réception par une partie de la critique touchée dans son ego qui crie à la misanthropie et au populisme dès lors que son microcosme est bousculé. Pour ma part, j’ai ressenti un certain plaisir à voir se lézarder la façade aseptisée d’une société à bout de souffle prête à réduire, à très grands frais, l’espace de la démocratie et de l’égalité à un carré de 4 mètres sur 4. […] C’est trop facile d’accuser Östlund de populisme (l’insulte à la mode) alors qu’il fait preuve d’autodérision ayant lui-même donné dans l’art conceptuel avec une œuvre intitulée The

square, celle qu’on voit dans le film. Le dérèglement de la machine de domination culturelle auquel il nous fait assister me semble tout à fait réjouissant. HR […] Ruben Östlund ne ménage pas le milieu qu’il dénonce. L’art contemporain y est bousculé et ridiculisé sans trop de ménagement : les petit tas de terre ou de cailloux du musée, et surtout ce carré blanc et lumineux qui donne son titre au film. Petit carré ridicule et dérisoire, tracé dans la cour du musée avec cette explication : « Le Square est un sanctuaire où règnent confiance et altruisme. Dedans, nous sommes tous égaux en droits et en devoirs. » […] Dès les premiers plans on est au parfum : la journaliste ne maîtrise rien du quotidien, elle renverse ses papiers, ses gestes sont maladroits. Néanmoins elle pose au directeur du musée la question qui tue : quel est le sens d’une phrase que ce dernier a écrite dans une revue et qu’elle ne comprend pas. On s’aperçoit vite que le directeur ne la comprend pas non plus, cette phrase absconse (ou absurde), même en la relisant. Par cette petite séquence Ruben Östlund met à nu l’essence d’un certain art contemporain (que l’on a d’ailleurs parfois appelé conceptuel) où les œuvres d’art ne peuvent exister et prendre sens qu’accompagnées d’ un immense cortège de phrases censées lui donner vie, et qui forment un corpus parfaitement intellectualiste pour ne pas dire inintelligible. Allez voir ce film, qui n’a pas démérité de sa Palme d’or et qui dénonce sans concession un monde culturel fondé sur l’entresoi et coupé du monde. […] CdP Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°363 – Janvier 2018 –

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