Carnets janvier 2017

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SEMAINE

CNP jeudi

20h00 C

I

19h30

mercredi 17h00

26’

Par le Collectif Lundi AM

débat en présence de deux ZADistes

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Carte blanche à l’Association Henri Langlois CARMEN 1h40’

Séance Cinélangues – Allemand 1h43’ JACK

mer-sam dimanche

42’ Sans paroles

ALICE COMEDIES de Walt Disney

1h29’ VF

BALLERINA

de Edward Berger

14h15 2h09’ 17h00 LIVE BY NIGHT de Ben Affleck 21h30 À suivre. 1h37’

OUVERT LA NUIT de Edouard Baer

SEMAINE

LE GÉANT DE FER 14h15 et de Brad Bird 16h00

de Carlos Saura

14h15 2h08’ 17h00 LA LA LAND 19h30 de Damien Chazelle À suivre. 21h45

14h15

2017

Les ZAD : nouvelles formes d’expérimentation sociale ? 1h25’ VF

CONSTRUIRE LA ZAD Par les ZADistes QUE SERA LA ZAD DANS 10 ANS 16’

N

lundi

du 25 au 31 janvier

4

de Éric Summer & Éric Warin

mercredi samedi dimanche

16h15

TIKKOUN de Avishai Sivan

16h00 17h00 21h30

1h40’

17h30 FLEUR DE TONNERRE 21h45 de Stéphanie Pillonca À suivre.

de Juan Antonio Bayona

1h28’

1h51’

LA COMMUNAUTÉ 17h45 de Thomas Vinterberg

14h30 19h45

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21h45

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lundi LA DERNIÈRE CHANCE

19h30 1h53’

de Léopold Lindtberg

2017

57’ sans paroles

LES PIONNIERS DU CINÉMA de divers réalisateurs

mercredi

14h15

2h10’ VO

LES ANIMAUX 17h00 FANTASTIQUES de David Yates

Soirée Bibliothèque/SCF

sam-dim

VF mardi HANDWORTH SONGS 1h24’ LA BATAILLE GÉANTE 14h15 du Black Audio Film Collective Soirée présentée par Emmanuel Chicon

dimanche

14h15

AVANT-PREMIÈRE

HARMONIUM

DE BOULES DE NEIGE de François Brisson et Jean-François Pouliot

46’ VF

de Koji Fukada

LE PÈRE FRIMAS

Rencontre avec le réalisateur après la séance

de Youri Tcherenkov et Tsuneo Goda

14h15 1h45’ PRIMAIRE 17h45 de Hélène Angel 19h45 14h15 1h57’ NOCTURNAL 17h15 ANIMALS de Tom Ford 19h30

LE NOËL DE KOMANEKO

1h39’

DIAMOND ISLAND de Davy Chou

2h13’

FAIS DE BEAUX RÊVES de Marco Bellocchio

mer-sam-dim

16h15

mercredi samedi dimanche

16h15

17h45 21h15 17h00 21h30

1h48’

14h15 QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT 19h30 de Juan Antonio Bayona 14h30 1h30’ SOUVENIR

sauf dimanche

19h30 14h30 1h48’ 19h30

2h06’

1h38’

de Bavo Defurne

AMERICAN PASTORAL de Ewan Mc Gregor

17h15 21h15

UNE SEMAINE ET UN JOUR

21h30

de Asaph Polonsky

NERUDA de Pablo Larrain

1h45’

PERSONAL SHOPPER 21h45 de Olivier Assayas

LUMIÈRE !

L’AVENTURE COMMENCE de Thierry Frémaux

1h34’

CORNICHE KENNEDY

21h15

14h30 19h45

1h12’

LE PARC de Damien Manivel

HARMONIUM de Koji Fukada

www.studiocine.com

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

mercredi 1h27’ L’AMI, samedi dimanche FRANÇOIS D’ASSISE ET SES FRÈRES

16h00

1h58’

PATERSON de Jim Jarmusch

de Dominique Cabrera

1h58

19h15

C

17h15

APRÈS MINUIT

1h26’

20h00

de Cullen Hoback 1h17’ Débat avec Jean-Bernard Marcon de Framasoft

1h58’

14h30 2h00’ 1h48’ LES QUELQUES MINUTES 19h45 CONFESSIONS 19h30 de Roberto Ando À suivre. 14h30 TEMPÊTE DE SABLE 19h15 de Elite Zexer À suivre.

LES NOUVEAUX LOUPS DU WEB CNP jeudi

18h30 59’ + court métrage’

mercredi samedi JAMAIS CONTENTE dimanche

2h

Le numérique au quotidien

mercredi samedi dimanche

1h29

de de Émilie Deleuze

du 4 au 10 janvier

1

de Renaud Fély & Arnaud Louvet

21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOU RS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


SEMAINE

CNP jeudi

20h00 C

I

N

lundi

du 11 au 17 janvier

2

Surpêche : la menace invisible

SURPÈCHE, LA FIN DU POISSON À FOISON

62’ de Jutta Pinzzer et Micke Otte Débat avec Valérie Le Brenne & Davide Ducoffre, Sea Shepherd É

M

1h50’

19h30

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JOE HILL de Bo Widerberg

Séance Cinélangues – Espagnol mercredi 1h36’

FRONTERAS

17h00

de Mikel Rueda

2017

mercredi samedi LA LÉGENDE DU BOUT DU MONDE dimanche

1h47’ VF

VAIANA

de John Musker et Ron Clements 1h24’ VF

LA BATAILLE GÉANTE DE BOULES DE NEIGE de François Brisson et Jean François Pouliot

Soirée Bibliothèque Rencontre avec Pascal Alex Vincent

18h00 19h45 1h50’

YOJIMBO de Akira Kurosawa

1h55’ VO

DOCTOR STRANGE de Scott Derrickson

Échange avec Pascal Alex Vincent après la séance

14h15 QUELQUES MINUTES 17h00 MINUIT 21h30 1h48’ APRÈS de Juan Antonio Bayona

2h13’

14h15 1h37’ 19h45 OUVERT LA NUIT mer-sam-dim de Edouard Baer 16h00 14h15 1h29’ 19h45 JAMAIS CONTENTE

1h48’

mer-sam-dim

16h00

FAIS DE BEAUX RÊVES NERUDA de Pablo Larrain

1h57’

1h45’

14h15 1h32’ LE DIVAN DE STALINE 19h30 de Fanny Ardant

2h06’

17h15

SOUVENIR de Bavo Defurne

NOCTURNAL ANIMALS de Tom Ford

14h30 1h58 HARMONIUM 19h00 de Koji Fukada

1h30’

mercredi samedi dimanche

16h00 16h15

mercredi samedi dimanche

17h30

19h00

de Marco Bellocchio

de Émilie Deleuze

14h30 1h24’ ENTRE LES FRONTIÈRES 19h45 de Avi Mograbi

14h15

46’VF LE PÈRE FRIMAS mercredi samedi LE NOËL DE KOMANEKO dimanche de Youri Tcherenkov et Tsuneo Goda Conte et film le mercredi

vendredi

SEMAINE

PRIMAIRE de Hélène Angel

AMERICAN PASTORAL

17h30 21h30 17h30 21h30

LE PARC de Damien Manivel

N

lundi

É M A T H È Q U E Partenariat Cinémathèque/Studio HOMMAGE À JULIEN DUVIVIER

19h30 1h40’ mardi

PANIQUE

Atelier jeux le mercredi

1h47’ VF

LA BELLE ÉQUIPE 19h30 21h30 1h53’ VOICI LE TEMPS DES ASSASSINS

14h15 2h09’ 17h00 LIVE BY NIGHT 19h00 de Ben Affleck 21h30

PRIMAIRE 1h57’

NOCTURNAL ANIMALS

1h34’

1h32’

LE DIVAN DE STALINE

14h30 1h40’ FLEUR DE TONNERRE 17h45 de Stéphanie Pillonca Vendredi 20 : rencontre avec la 19h45 réalisatrice, après la séance de 19h45

de Dominique Cabrera

1h51’

de Fanny Ardant

1h58

HARMONIUM de Koji Fukada

CORNICHE KENNEDY

14h30 LA COMMUNAUTÉ 19h15 de Thomas Vinterberg

19h30

de Tom Ford

1h29’

Samedi 21 janvier 14h15

17h00

de Hélène Angel

de Juan Antonio Bayona

14h15 JAMAIS CONTENTE 21h45 de Émilie Deleuze

17h15

1h45’

14h15 QUELQUES MINUTES APRÈS MINUIT

14h15

mercredi samedi LA LÉGENDE DU BOUT DU MONDE dimanche

1h48’

19h30

mercredi samedi dimanche

VAIANA

1h40’

21h15

Le film imprévu www.studiocine.com

de Walt Disney

de John Musker et Ron Clements

14h30 19h15

21h45

ALICE COMEDIES

de Anne-Fleur Delaistre 52’ Débat avec Naz Oke et Daniel Fleury

17h45 21h45

de Ewan Mc Gregor

1h12’

de Mathilde Damoisel et Syvie Jézéquel

TURQUIE : L’HÉRITAGE KÉMALISTE

18h00 I

2017

Festival d’un soir : où va la Turquie ? 42’ Sans paroles 2 x 52’ LA FIN DES OTTOMANS

CNP jeudi C

du 18 au 24 janvier

3

17h00 21h30 17h15 21h45

1h24’

ENTRE LES FRONTIÈRES

21h15

de Avi Mograbi

1h37’

OUVERT LA NUIT

21h30

de Edouard Baer

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOU RS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°352 • Janvier 2017

Primaire un film d’Hélène Angel


FILM DU MOIS

Primaire France – 2016 – 1h45 - d’Hélène Angel, avec Sara Forestier, Vincent Elbaz…

F

lorence est une professeure des écoles passionnée par son métier. Dix ans d’enseignement n’ont pas altéré son enthousiasme qui frôle souvent l’idéalisme. Maîtresse d’une classe de CM2, elle se sent investie d’une mission qu’elle ne prend jamais à la légère : accompagner ses élèves jusqu’à la sixième ! Mais Florence est aussi une mère, séparée du père de son fils de 10 ans, qu’elle a comme élève dans sa classe. La fin de l’année devient difficile à gérer pour elle quand son fils Denis lui dit qu’il veut aller vivre avec son père… et que dans sa classe arrive un élève, Sacha, qu’elle sent en grand danger… La réalisatrice Hélène Angel aime varier les plaisirs. Son premier film Peau d’homme, cœur de pierre, une tragédie avec Serge Riaboukine, obtenait le Léopard d’or du festival de Locarno en 1999. En 2003, son 2e long-métrage, Rencontre avec le dragon, était une épopée ambitieuse, portée par le couple Auteuil-Devos. Après avoir tourné un documentaire sur la prison en 2007, intitulé Hôtel des longues peines, elle tournait un thriller en 2011 intitulé Propriété interdite avec Valérie Bonneton. Avec ce nouveau projet, elle voulait s’intéresser au côté solaire de l’enfance en filmant la vie d’une classe ordinaire et d’une école sans problème particulier.

Le point de départ émotionnel de Primaire vient de sa propre vie ; quand son fils a fini son année de CM2, la réalisatrice s’est sentie brusquement très triste : une part de son enfance était terminée. Se rendant compte à quel point l’école marquait nos vies – en tant qu’enfant comme en tant qu’adulte – Hélène Angel a arpenté de nombreuses écoles pendant deux ans parce qu’elle voulait que l’histoire qu’elle allait écrire soit parfaitement juste. Et c’est le petit miracle de ce film : généralement, sur nos petits ou grands écrans, les professeurs ne sont pas crédibles, souvent même caricaturaux. Dans cette histoire de transition et de transmission, le film est à la fois délicat et drôle. Notamment dans les histoires qui nourrissent la vie de cette classe reconstituée et admirablement filmée par Yves Angelo : je pense particulièrement à la présence de Charly, une élève autiste, aidée par madame Duru, son auxiliaire de vie scolaire… Et elle a trouvé en Sara Forestier la professeure qu’il lui fallait et qui a mis « sa puissance de feu » dans cette Florence qui est sans doute son premier vrai rôle d’adulte après tant de rôles marquants en ado rebelle (De l’Esquive de Kechiche à La Tête haute d’Emmanuelle Bercot en passant par Le Nom des gens de Michel Leclerc et Suzanne de Katell Quillévéré)… DP

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec la réalisatrice sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

LES CARNETS DU STUDIO – n° 352 – Janvier 2017 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


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Janvier 2017 - n° 352

Édito

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CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 ...............

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6

Soirée Bibliothèque, le cinéma japonais Cinélangues

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6

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Soirée Sans Canal Fixe

LES FILMS DE A à Z En bref

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Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

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Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Bande annonce

L’amour en banlieue

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Interférences

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Planétarium, Mademoiselle

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18

Tél : 02 47 20 85 77

Interférences

Captain Fantastic, Primaire, Maman a tort . . . . . . . . 19 Courts lettrages

Maman a tort

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Rencontre avec

Bertrand Tavernier

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Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

Rencontre avec

Irène Frachon

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ACOR

Partenariat Cinémathèque/Studio ............................

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L’Amérique paranoïaque Rencontre avec

À propos de

Mercenaire. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC

À propos de ..................................................

Jeune Public

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

Julie Bertucelli

Apnée

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

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ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

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FILM DU MOIS : PRIMAIRE GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Françoise Chapoton et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Le cinéma : une économie comme une autre ?

S

avez-vous que sur le prix d’un billet de cinéma, une partie ira directement au distributeur lié par contrat au producteur, une autre à l’exploitant de la salle où vous vous trouvez, une troisième à l’État via une TVA à 5,5% et la dernière au CNC, qui reversera aux salles une partie de cette taxe de 10,72% (la TSA) afin qu’elles se rénovent et dont l’autre, exception culturelle oblige, aidera à la production de films français ?

Mais avant de voir un film, il faut le réaliser. Au départ : un producteur ; c’est lui qui trouve l’argent, souvent en empruntant. Le coût varie considérablement – de 20 à 200 millions d’euros – l’écart s’est encore accru depuis l’arrivée du numérique. Les films les plus chers ne sont pas forcément ceux qui auront le plus de succès ! Le producteur prend toujours un risque financier. Mais, avant lui, un réalisateur, un scénariste et, éventuellement, un compositeur, sont en fait les premiers ayants-droit : ils ont rétrocédé leurs droits au producteur et attendent de lui qu’une fois remboursé de ses dépenses, il leur donne une part des recettes… Le producteur cherche ensuite un distributeur, qui aura la charge de la promotion et de la diffusion et sera en relation directe avec l’exploitant. Si le premier cède ses droits au distributeur pour une durée déterminée, ce dernier sera redevable des sommes engagées, du nombre de copies mises en salles… Ce rôle d’intermédiaire qui tisse des liens juridiques et financiers avec les producteurs et les exploitants n’existe pas dans la plupart des autres pays. Malgré l’explosion du nombre de films produits chaque année, il n’y a en France pas plus de distributeurs ni d’écrans pour permettre à chacun d’eux d’être diffusé. Les exploitants, dernier maillon de la chaîne, sont de plus en plus soumis à des pressions et

à des méthodes parfois agressives pour accepter les exigences de distributeurs parfois victimes eux-mêmes des pressions des producteurs ! À l’inverse, certains distributeurs indépendants ont de plus en plus de mal à accéder aux salles, faute d’écrans disponibles… Pour être rentable, un complexe cinématographique doit pouvoir diffuser un certain nombre de films porteurs chaque année. Imaginons alors la difficulté d’accès à ces films pour un complexe indépendant comme les Studio, chacun d’eux faisant l’objet de tractations compliquées. L’économie du cinéma révèle une injustice qui consiste à priver des salles de recettes indispensables à leur survie (les plus touchées étant les mono-écrans des petites villes). Que peuvent faire les petites salles face aux multiplexes aux centaines d’écrans dont l’intérêt est exclusivement financier ? Faire évoluer les jurisprudences locales afin que les pratiques changent ? Se regrouper pour défendre des intérêts communs ? Une prise de conscience récente fait se multiplier les recours auprès du médiateur – autorité indépendante chargée de gérer les litiges commerciaux. Celui-ci peut émettre des recommandations et procéder à des injonctions. Mais multiplier ce type de recours peut également porter préjudice au plaignant… Vous l’avez compris, seule votre fidélité à des salles indépendantes comme les Studio vous permettra de continuer à profiter d’une programmation variée et de qualité et à de jeunes réalisateurs d’émerger. Merci à Catherine Bailhache, coordinatrice de l’Acor (Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche), de son aide, de sa fidélité, elle qui se bat sans cesse pour faire valoir auprès des autorités que le cinéma n’est pas une économie comme une autre… Grâce à elle nous avons obtenu toutes ces informations. SB

L'abonnement est possible en ligne sur le site des Studio : www.studiocine.com pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres Les CARNETS du STUDIO n°352 – Janvier 2017 –

3


USA – 2016 – 42 mn, courts métrages de Walt Disney de 1923 à 1927.

sans paroles

JEUNE PUBLIC

Quatre histoires menées tambour battant par Alice, une jeune héroïne en chair et en os qui évolue dans un univers de dessin animé. • Le Pestacle de Far West • La Maison hantée • Alice, chef des pompiers • Une journée à la mer

Tout public à partir de 5 ans

Mercredi 18 après la séance, nous proposons aux enfants un atelier jeux : les images en mouvement. France – 2014 – 57 mn, programme de treize courts métrages de 1895 à 1914, de Georges Méliès, Auguste et Louis Lumière, Emile Cohl, Winsor McCay…

sans paroles

À la découverte des premiers films de l’Histoire du cinéma : • Sortie d’usine • Arrivée d’un train en gare de la Ciotat • Fantasmagorie • Gertie The Dinosaur Tout public à partir de 5 ans • Le Voyage dans la lune… Mercredi 4, séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma. À partir de 6 ans

Canada – 2016 – 1h22, film d’animation de F. Brisson et J. F. Pouliot.

Pendant les vacances d’hiver, les enfants organisent une super bataille de boules de neige. Luc et Sophie dirigent les équipes ; mais Luc cherche l’affrontement.

VF

À partir de 3 ans

VF

France/Japon – 2009 à 2012 – 46 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Voici l’hiver et le temps des contes de Noël... Deux histoires pleines de douceur et de fantaisie, élaborées avec une précision d’orfèvre !

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LE QUART D’HEURE DU CONTEUR Un film qui se passe dans la neige ? Mercredi 11 avant la séance, Gaël Prioleau le conteur tourangeau vous emmènera en musique jusqu’en Sibérie…


JEUNE PUBLIC

USA – 2016 – 2h10, de David Yates, avec Eddie Redmaye, Katherine Waterston, Dan Fogler...

Tout public à partir de 9 ans

VO

Sur un scénario de J.K.Rowling, le film met en scène les aventures de l’auteur du livre Les Animaux fantastiques que Harry Potter étudiera à l’école des sorciers 70 ans plus tard…

USA – 2016 – 1h43, film d’animation de John Musker et Ron Clements.

La jeune navigatrice Vaiana rêve de découvrir l’île mystérieuse d’Océanie où vit le demi-dieu Maui, son idole. Avec lui, elle fera un grand voyage peuplé de créatures marines, dans un monde merveilleux riche de traditions millénaires. Cet hiver, Disney t’emmène à l’aventure sous le soleil du Pacifique !

VO

VF À partir de 6 ans

Le docteur Strange, qui a perdu l’usage de ses mains et se trouve doté de pouvoirs surnaturels, découvre un lieu étrange nommé Kamar-Taj, véritable avant-poste de la lutte contre des forces obscures qui cherchent à détruire notre réalité... Des effets spéciaux époustouflants créent un univers Marvel novateur et plein d’humour. Tout public à partir de 11 ans

USA – 2016 – 1h55, de Scott Derrickson, avec Benedict Cumberbatch...

Une touchante amitié lie un enfant et un géant de fer venu d’une autre planète. L’enfant va tenter de protéger son ami face à une population hostile…

De l’action, de l’humour et beaucoup d’émotion dans ce chef d’œuvre d’époque en version restaurée ! VF

USA – 1999 – 1h25, film d’animation de Brad Bird.

Tout public à partir de 8 ans

France/Canada – 2016 – 1h29, film d’animation de Eric Summer et Eric Warin.

VF À partir de 5 ans

Félicie, une jeune orpheline bretonne parvient à se rendre à Paris. Là, elle devra se battre comme jamais pour réaliser son rêve le plus fou : devenir danseuse étoile à l’Opéra de Paris !

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magne - 1h02), suivi d’un débat avec Valérie Le Brenne, de l’association Bloom et de David Ducoffre, Sea Shepherd…

jeudi 5 janvier - 20h00 L’ADETI (association de développement des technologies de l’information) et le CNP proposent :

jeudi 19 janvier - 18h00

LE NUMÉRIQUE AU QUOTIDIEN Nous rendons-nous réellement compte de toutes les conséquences de nos actes numériques ? Sans parler des conséquences écologiques ou autres, intéressons-nous aux contrats que nous signons sans même les lire, oui les textes un peu longs qui nous ralentissent durant l’installation d’un logiciel ou d’un service sur le web. On y trouve des clauses surprenantes que nous ne pourrions accepter si nous les avions lues. Tellement pressés de profiter d’un service dit « gratuit », nous en oublions de vérifier à quoi nous nous engageons. N’oublions pas que nos données peuvent être revendues. Et si le produit, c’était nous ? Film : Les Loups du web (2013 – USA – 1h17) de Cullen Hoback, suivi d’un débat avec Jean Bernard Marcon, membre actif de FRAMASOFT.

Le CNP propose son Festival d’un soir OÙ VA LA TURQUIE ? Dans la diversité turque, entre islamisme et république laïque, dictature et populisme, adhésion à l’Union Européenne et rapprochement avec la Russie : où va la Turquie? Connaîtra-t-on l’intégration des Kurdes ou la répression de leur volonté d’indépendance, le soutien aux séparatistes chypriotes ou le respect de leur intégrité? L’État turc laissera-t-il faire Daesh ? Comment se situera-t-il par rapport aux migrations vers l’Occident? 18h00 : Film La fin des Ottomans (1ère partie) de Mathilde Damoisel et Sylvie Jézéquel (2015 – France - 52’) Collation 19h45 : Film La Fin des Ottomans (2ème partie), 52’ Suivi d’un débat avec Naz Oke et Daniel Fleury, rédacteur (trice) et confondateur (trice) de la revue en ligne Kedistan. 22h00 : Film Turquie, l’héritage kémaliste (2014 – France – 52’) de Anne-Fleur Delaistre.

jeudi 12 janvier - 20h00 Sea Shepherd, l’Asso L214, l’AVF (Association Végétarienne de France) et le CNP proposent:

SURPÊCHE : LA MENACE INVISIBLE Pillage de côtes africaines, esclavage moderne, exploitation des enfants, destruction de fonds marins, extinction d’espèces... les techniques de pêche moderne sont la source de multiples tragédies humaines et animales. Les technologies utilisées, de plus en plus performantes, parfois financées par les gouvernements et parfois illégales engendrent une destruction invisible et méthodique des océans. Alors que les populations de poissons diminuent dans une souffrance muette, les prises accessoires tuées puis rejetées en mer s’intensifient. Le phytoplancton des océans produisant la majorité du dioxygène atmosphérique, il est urgent de réagir : si les océans meurent, nous mourrons. Film : Surpêche, la fin du poisson à foison de Jutta Pinzzer et Micke Otte (2014 – Alle-

4

– Les CARNETS du STUDIO

n°352 – janvier 2017

jeudi 26 janvier - 20h00 ATTAC, Convergence Services Publics 37, NPA, Sortir du Nucléaire 37 et le CNP proposent, avec la participation du Collectif Notre-Damedes-Landes :

LES ZAD : NOUVELLES FORMES D’EXPÉRIMENTATION SOCIALE ? Les ZAD ou Zones à défendre sont le symbole vivant d’une génération politique protéiforme, désireuse de réinventer les outils du mouvement révolutionnaire. Pour les ZADistes, la politique se passe en dehors des organisations, partis et syndicats. D’autres formes d’organisation sont expérimentées comme à Notre-Dames-des-Landes, Bure... où l’on s’organise en autogestion. Le rejet et l’émancipation d’une société déshumanisée, désormais

de plus en plus digitalisée et virtuelle, guident ces nouveaux activistes pour nous interpeller : sont-ils en train fonder une nouvelle société, de donner tort à Antonio Gramsci lorsqu’il disait : « Le vieux monde se meurt, le nouveau monde tarde à apparaître et dans ce clair-obscur surgissent les monstres » ?

Films : Construire la ZAD (2015 – France – 26’) réalisé par les ZADistes et Que sera la ZAD dans 10 ans ? (2016 – France – 16’) du Collectif Lundi AM. Suivi d’un débat en présence de deux ZADistes.

SOIRÉE BIBLIOTHÈQUE - Le cinéma japonais Vendredi 13 janvier, 18h & 19h45 Tous les cinéphiles connaissent Ozu Youjirô, Mizoguchi Kenji, Kurosawa Akira, Naruse Mikio, Ôshima Nagisa, Imamura Shôhei… Mais qu’en est-il de Kuroki Kazuo, Itami Mansaku, Toyoda Shirô et tant d’autres que l’on trouve au fil des pages du coffret : L’Âge d’or du cinéma japonais ? Ce bel objet : un dictionnaire agrémenté de 6 DVD dirigé par Pascal-Alex Vincent est la somme tant attendue par les passionnés du cinéma japonais, les passionnés de cinéma tout simplement. Pascal-Alex Vincent fut à l’origine de la réédition des grands classiques du cinéma japonais à l’époque de la maison de distribution Alive. Il enseigne aujourd’hui le cinéma à l’université Sorbonne Nouvelle Paris 3. Il est aussi réalisateur de nombreux courtsmétrages (Les résultats du bac, Far-west, Bébé requin…) et de longs métrages : Donne-moi la main, Miwa, à la recherche du lézard noir.

• 19 h 45 : Yojimbo (Le Garde du corps) d’Akira Kurosawa. Yojimbo Japon – 1961 – 1h50, d’Akira Kurosawa avec Toshiro Mifune, Tatsuya Nakadai, Takashi Shimura Un samouraï errant, Sanjuro, s’arrête dans un village décimé par la guerre entre deux clans. Opportuniste et sans scrupules, il se met au service du plus offrant, c’est-à-dire successivement de l’un et de l’autre. Mais, comprenant très vite qu’au lieu de le payer on se débarrassera de lui, il décide détruire les deux clans. Yojimbo est un chef d’œuvre de narration et de mise en scène qui a inspiré directement Pour une poignée de dollars de Sergio Leone. AW

• 18 h : en bibliothèque rencontre avec Pascal-Alex Vincent : l’âge d’or du cinéma japonais : 1935-1975.

Après la séance échange avec Pascal-Alex Vincent.

CINÉLANGUES – Espagnol Mercredi 11 janvier, 17h Fronteras

Espagne – 2016 – 1h36, de Mikel Rueda avec Germán Alcarazu, Adil Koukouh, Joseba Ugalde, Eder Pastor, Moussa Echarif…

Rafa et Ibrahim sont tous les deux ados et vivent tous deux en Espagne ; Rafa mène une vie bien normale d’adolescent et Ibrahim aimerait bien en faire autant. Sauf que l’époque n’est guère propice aux immigrés marocains illégaux.

Les deux aiment bien faire la fête et se rencontrent, un soir, dans une boîte. L’adolescent insouciant qu’était Rafa va se trouver bouleversé par cette rencontre et mettre toute son énergie à aider son tout nouvel ami. Salué pour son habileté à mélanger des thèmes différents, Fronteras s’annonce comme un film à la fois sensible et tonique. Sources : dossier de presse

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CINÉLANGUES – Allemand

Partenariat CINÉMATHÈQUE/STUDIO

Mercredi 25 janvier, 17h

Julien Duvivier – lundi 23 et mardi 24 janvier, 19h30

Jack

Allemagne – 2015 – 1h43, de Edward Berger avec Ivo Pietzcker, Georg Arms, Luise Heyer, Nele Mueller-Stöfen, Vincent Redetzki…

Joues roses et cheveux en bataille, à tout juste 10 ans, Jack est pratiquement chef de famille puisqu’il doit s’occuper de son petit frère ET de sa mère, totalement irresponsable... tellement irresponsable qu’elle est capable de laisser les enfants à la porte plusieurs jours : les clefs ont disparu et elle est

partie avec un nouvel homme... Lâchés seuls dans Berlin, les deux gosses vont devoir faire flèche de tout bois pour assurer leur survie... Que l’on parle du gosse ou du film, Jack fonce à toute allure, porté par l’urgence et le besoin... Et la critique fonce aussi, qui convoque Xavier Dolan et les frères Dardenne tout à la fois pour évoquer ce feu follet cinématographique venu d’outre-Rhin...

I

l est temps de redécouvrir Julien Duvivier et de le situer à la place qu’il mérite, c’est-à-dire celle d’un des plus grands metteurs en scène français. L’occasion nous en est fournie avec la projection de trois de ses œuvres les plus emblématiques. Bien qu’ayant réalisé quelques films aux États-Unis, Julien Duvivier a réalisé l’essentiel de sa carrière en France. S’essayant à tous les genres, y compris la comédie, il reste cependant un observateur pénétrant de la noirceur humaine. « Si j’étais architecte et devais construire un monument au cinéma, je placerais une statue de Duvivier au-dessus de l’entrée. Ce grand technicien, ce rigoriste, était un poète. » (Jean Renoir)

Panique France – 1946 – 1h31, avec Michel Simon, Viviane Romance…

Monsieur Hire est un homme solitaire qui cache aux yeux de tous son amour pour la belle Alice, dont l’amant attitré est une petite frappe du quartier. Celui-ci commet un crime crapuleux et Alice, profitant de son pouvoir sur M. Hire, s’arrange pour faire peser les soupçons sur lui. Très vite la situation dégénère…

Sources : lesinrocks.com, telerama.com, cinematon.fr

RAPPEL : Les séances Cinélangues sont ouvertes au public, gratuites pour les enseignants d’espagnol sur réservation à : monmarche@studiocine.com en indiquant nom et établissement. Séances scolaires possibles sur réservation de janvier à mars (tarif : 3,10€ par élève).

Soirée Sans Canal Fixe

La Belle équipe France – 1936 – 1h41, avec Jean Gabin, Charles Vanel, Viviane Romance…

Mensuelle 3 – Mardi 10 janvier – 18h30 Si un cinéaste obéit à ses désirs et à ses obsessions, qu’est-ce qui meut des individus lorsqu’ils travaillent à la réalisation d’un film à plusieurs ? Une telle démarche ne peut être que politique, au sens où elle engage une pluralité humaine dans la totalité du processus cinématographique. « Comment se fait un film collectif ? (...) C’est avant tout, expérimenter une autre poétique du cinéma », répond Pierre Hanau, intervenant au Master 2 Documentaire de création d’Ardèche Images. Pour ce nouveau cycle de Mensuelles, Sans Canal Fixe testera cette hypothèse en montrant quelques exemples iconoclastes qui déshabillent l’auteur unique, un temps consacré par la Nouvelle Vague.

Le Pédalogue France – 5’, de Alain et Wastie Comte

Une série de films de plan d’eau (ou) le point de vue du pédalo, filmé, à raison d’un épisode par an, sur le plan d’eau de La Chaise-Dieu en Haute-Loire.

1936, le Front Populaire, période d’optimisme et d’espoir.

USA– 1968 – 14’, de San Francisco Newsreel

Les années 1960 représentent l’âge d’or de l’activisme. Sous le nom de Newsreel, des cinéastes américains, en particulier Robert Kramer, décident de réaliser des films contribuant à décrire et expliquer leur époque. Ils ne se considèrent pas comme des chroniqueurs objectifs, mais plutôt comme des activistes. Organisés en collectifs décentralisés à travers les USA, ils voient dans le cinéma une arme à mettre au service des mouvements sociaux et des luttes politiques. Une arme à haute exigence qualitative et artistique. Réalisé par le Collectif de San Francisco en collaboration avec le Black Panther Party, Off The Pig est un message politique adressé à la jeunesse radicale américaine doublé d’un mani-

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France – 1956 – 1h53, avec Jean Gabin, Danièle Delorme, Gérard Blain…

André Chatelin tient un restaurant prospère au cœur des Halles à Paris. Homme généreux, il recueille Catherine, qui se dit fille sans ressources de sa première femme, morte récemment. L’attendrissante Catherine va révéler assez rapidement sa véritable nature machiavélique... AW

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z

feste explicite des idées portées par les Panthers sur l’économie et la politique américaine et un outil de guérilla médiatique.

AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE JANVIER : Citizen of glass de Agnès Obel (Studio 1-2-4-5-6) et Hot pink blues album de Keb’ MO live (Studio 3-7).

Handworth Songs « Handsworth Songs se présente comme un essai analytique sur les conditions culturelles dans lesquelles vivaient des jeunes hommes et femmes noirs au Royaume-Uni et sur les dispositifs policiers racistes mis en œuvre à leur encontre ; pourtant le film, produit pour Channel Four, n’est pas simplement une réflexion sur la violence structurelle du thatcherisme. Dans la poursuite des émeutes raciales de Handsworth et de Londres, le film se situe à un niveau différent : entremêlant photographies d’archive, extraits de newsreels et séquences de home-movies, le film est à la fois une exploration de l’esthétique documentaire et une méditation large sur l’oppression sociale et culturelle à travers les récits mêlés du racisme et du déclin économique en Grande Bretagne. » Olivier Marboeuf (Khiasma)

Voici le temps des assassins

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

GB – 1986 – 59’, de Black Audio Film Collective

Off The Pig

Cinq ouvriers au chômage gagnent le gros lot de la Loterie Nationale et décident d’acheter un vieux lavoir au bord de la Marne, qu’ils transforment de leurs propres mains en guinguette. Mais les choses tournent mal assez vite et le groupe se révèle fragile...

Séance Ciné-ma différence : Jamais contente - samedi 21 janvier - 14h30

A

Alice Comedies Voir pages Jeune Public

L’Ami, François d’Assise et ses frères

France/Italie/Belgique – 2016 – 1h27, de Renaud Fély et Arnaud Louvet, avec Jérémie Renier, Elio Germano, Olivier Gourmet

Entouré d’amis et de disciples convaincus et dévoués, François d’Assise recherche la pureté et l’innocence auprès des plus démunis, s’attirant la curiosité mais aussi la méfiance de l’Église et du pape Innocent III. L’originalité du film est de se concentrer non pas sur François mais sur un autre

personnage historique, Elia da Cortona, qu’il suit de 1209 à 1226. Tout aussi idéaliste que François, Elia est cependant plus pragmatique, plus disposé aux compromis que son intransigeant modèle. Les relations entre les deux hommes se révèlent beaucoup plus complexes qu’il pourrait sembler de prime abord. Sources : dossier de presse

American Pastoral

USA - 2016 - 1h48, de Ewan McGregor, avec Ewan McGregor, Jennifer Conelly, Dakota Fanning…

En cette fin des années soixante, Seymour

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Levov a la quarantaine épanouie, satisfaite. Il a tout réussi dans sa vie : après un parcours de sportif de haut niveau, il mène toujours le parfait amour avec son épouse, une ancienne reine de beauté avec laquelle il a eu une fille, et il est devenu ce qu’on appelle un riche homme d’affaires. Pourtant, cette vie idéale va s’écrouler, quand sa fille, engagée contre la guerre du Vietnam, va provoquer l’explosion meurtrière d’un bureau de poste, puis disparaître dans la clandestinité… Pour son passage derrière la caméra, Ewan McGregor adapte le roman éponyme de Philip Roth, qui, en 1997, avait été couronné du prestigieux Prix Pulitzer de la fiction. Sources : avoir-alire.com, dossier de presse.

B

Les Animaux fantastiques Ballerina La Bataille géante de boules de neige Voir pages Jeune Public

C

La Communauté Danemark – 2015 – 1h51, de Thomas Vinterberg, avec Ulrich Thomsen, Trine Dyrholm, Helene Reingaard Neumann, Fares Fares…

Au Danemark dans les années 70, tentés par la vie en communauté, Erik, professeur d’architecture, Anna, journaliste, et leur fille ado, Freja, s’installent dans une villa d’un quartier huppé de Copenhague. Là, ils convient des amis et des connaissances à les rejoindre dans leur expérience. La collectivité organise le quotidien, les repas, les fêtes… Lors de réunions démocratiques, les règles de vie et les décisions sont prises de manière collégiale. Mais alors que la communauté favorise les sentiments amicaux, voire amoureux, une liaison entre Erik et l’une de ses étudiantes va venir ébranler la vie de tous… Thomas Vinterberg a lui-même vécu au sein d’une communauté entre 7 et 19 ans.

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« C’était une époque fantastique, empreinte de folie […] pleine de souvenirs précieux et de moments absurdes ». Découvrir la dernière œuvre du co-fondateur du mouvement Dogme 95 et réalisateur des excellents Festen (1998) et La Chasse (2012) – films maintes fois récompensés – est toujours une expérience passionnante de cinéma ! Et La Communauté a reçu le Prix de la meilleure actrice au Festival de Berlin.

vivre dangereusement… En adaptant le roman éponyme de Maylis de Kerangal Dominique Cabrera a retrouvé l’amour de la Méditerranée et du sud. Dans ce Jules et Jim adolescent, où le bleu du ciel et de la mer laisse percevoir le noir du film policier, elle a donné la parole aux jeunes des quartiers, en écrivant notamment les dialogues avec Kamel et Alain, deux de ses acteurs-plongeurs. Un film envoûtant qui a eu le prix du Jury au festival De la page à l’image du Croisic. DP

Source : dossier de presse.

Les France Confessions (Viva il cinema) – Italie – 2017 – 1h40 de Roberto Ando, avec Toni Servillo, Daniel Auteuil, Pierfrancesco Favino…

Les membres du G8 sont réunis par le directeur du FMI dans un hôtel en Allemagne pour prendre des décisions qui auront des conséquences dramatiques pour certains pays. Ajoutons une célèbre écrivaine, une rock star, un moine mystérieux et fascinant et un décès suspect et tous les ingrédients d’un thriller digne d’Agatha Christie sont réunis. Trois ans après sa satire du monde politique dans Viva la libertà, Roberto Ando continue d’explorer les arcanes du pouvoir et replonge de fait avec talent dans le cinéma politique italien des années 70, à la manière de Rosi et tous les autres. Excellente nouvelle ! Sources : dossier de presse

Corniche Kennedy

France – 2017 – 1h34, de Dominique Cabrera, avec Lola Creton, Kamel Kadri, Alain Demaria…

La corniche Kennedy, c’est d’abord un lieu : une longue avenue marseillaise qui mène du vieux port aux calanques. Son parapet qui longe les demeures cossues de la bourgeoisie phocéenne est squatté par une bande de minots des quartiers nord qui y expérimentent la liberté de la vie en bande et celle de l’apesanteur et du risque, du plongeon vertigineux dans la grande bleue. De sa terrasse où elle devrait réviser son bac, Suzanne les dévore des yeux. Et rêve de rejoindre Marco et Mahdi, d’apprendre à

D

Diamond Island

2016 – Cambodge – 1h41, de Davy Chou, avec Sobon Noun, Cheanik Nov, Madeza Chhem, Mean Korn, Somnang Nut…

Bora quitte la campagne pour aller travailler à Phnom Penh sur le chantier de construction d’un immeuble de standing nommé Diamond Island et censé incarner un Cambodge moderne, tourné vers l’Occident et, de fait, réservé à la frange la plus aisée de la population. Dans la capitale cambodgienne, Bora dort dans un baraquement précaire, sort avec une bande de copains et collègues, regarde les filles ; tous parlent d’un avenir meilleur, de salaires plus confortables, mais sans jamais vraiment dépasser le stade du rêve ou du questionnement. Puis, un soir, Bora retrouve son frère aîné, Solei, parti depuis 5 ans sans prévenir ni donner de nouvelles. Ce dernier lui ouvrira les portes d’un monde dont il ne soupçonnait pas l’existence, nocturne et festif, plein de promesses, mais aussi très fermé. L’un des points forts de Diamond Island (outre ses qualités visuelles et poétiques) tient à ce que le réalisateur refuse les poncifs du cinéma social pour nous montrer la soif de vivre d’une jeunesse sans pour autant nous en cacher la misère. Le Monde parle à raison de ce film (qui a emballé la sélection Un certain regard) comme d’un « bijou pop », mais Diamond Island va un peu plus loin que cela, plus loin que les couleurs

délicieusement acidulées qui baignent les nuits de ces jeunes fêtards. ER Sources : lemonde.fr, imdb.com

Le Divan de Staline

France – Portugal – 2017 – 1h32, de Fanny Ardant, avec Gérard Depardieu, Emmanuelle Seigner, Paul Hamy…

Pour son troisième film en tant que réalisatrice, Fanny Ardant en adaptant un roman de J-D. Baltassat nous transporte dans une résidence secrète où Staline est venu se reposer quelques jours. Il est entouré de sa maîtresse et d’un jeune peintre choisi par elle qui vient présenter le projet d’un monument d’éternité à la gloire du dictateur vieillissant. Tous les trois se livrent à un jeu de dupes, de mensonges et de terreur... Gérard Depardieu, ami déclaré de Poutine et désormais citoyen russe, y est paraît-il « monstrueusement humain ». Sources : dossier de presse

Doctor Strange Voir pages Jeune Public

E

Entre les frontières

Israël – 2016 – 1h24, de Avi Mograbi, avec des acteurs inconnus.

Terre de réfugiés, Israël cantonne en plein désert du Néguev de nombreux demandeurs d’asile africains. Le réalisateur Avi Mograbi et le metteur en scène Chen Alon partent à leur rencontre. Les interrogations sont nombreuses : depuis les raisons qui poussent ces hommes et ces femmes à fuir, jusqu’à celles qui poussent Israël à ne pas les accepter... en passant par « le théâtre peut-il quelque chose pour resserrer les liens entre les hommes ? » Sources : dossier de presse, imdb.com

Fais de beaux rêves Italie – 2016 – 2h10, de Marco Bellochio, avec Valerio Mastandrea, Barbara Ronchi, Bérénice Bejo..

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F

À Turin en 1969, Massimo a neuf ans quand sa mère meurt dans des circonstances mystérieuses. Et même si un prêtre

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lui explique qu’elle est désormais au paradis, il n’accepte pas cette disparition. Trente ans plus tard, Massimo est devenu journaliste. Forcé de se replonger dans son passé, ses blessures d’enfance se ravivent... Présenté en ouverture de La Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, Fais de beaux rêves est un film splendide, d’une grande liberté et d’une maîtrise confondante. Remarquablement construit, brillant dans sa forme (la façon dont on navigue d’une époque à l’autre, par exemple) et d’une grande profondeur émotionnelle, c’est aussi, en creux, le portrait passionnant de trente ans d’histoire italienne. Et le film porte bien son titre, il nous emporte dans un monde aux couleurs chaudes (très belle photo), qui trouble, émeut et qui permet de se pacifier avec soimême et les autres. JF

Fleur de tonnerre 2017 – France – Belgique – 1h40, de Stéphanie Pillonca-Kervern, avec Deborah François, Benjamin Biolay, Jonathan Zaccaï…

Dans les années 1800, au cœur d’une Bretagne reculée, accablée par le régime en place et le clergé omnipotent, Hélène Jegado est une fillette mal aimée et hantée par les superstitions, sortilèges et croyances dans lesquels elle a été élevée. Elle deviendra la plus grande serial killer de la Bretagne en empoisonnant à l’arsenic ses patrons successifs. Jean Teulé nous avait raconté son histoire dans son roman éponyme. C’est le même parcours que suit la réalisatrice sur les traces de son héroïne, sur fond de nature magnifique faite de forêts mystérieuses, de côtes battues par le vent, de landes hostiles, et parsemée de chapelles. Tour à tour dure et insensible, douce et violente, tourmentée et déterminée, Deborah François campe merveilleusement ce personnage hors du commun. Sources : dossier de presse

Vendredi 20 janvier : rencontre avec Stéphanie Pillonca-Kervern, la réalisatrice, après la séance de 19h45.

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Le Géant de fer Voir pages Jeune Public

Harmonium

France/Japon – 2016 – 1h58, de Koji Fukada, avec Tadanobu Asano, Mariko Tsutsui, Kanji Furutachi…

G H

Dans une banlieue japonaise, Toshio et sa femme Akié mènent une vie en apparence paisible avec leur fille. Un matin, après une décennie en prison, un ami de longue date se présente à l’atelier de ferronnerie de Toshio. Ce dernier, à la surprise de sa femme, lui propose non seulement de travailler avec lui, mais aussi le gîte et le couvert. L’homme se fait alors apprécier : il apprend l’harmonium à la fillette et se rapproche doucement d’Akié… Présenté à Cannes dans la sélection un Certain regard, « le mélodrame familial du cinéaste japonais offre des épisodes romanesques où hasard et destin s’entremêlent et où douceur et violence se confondent ». Le réalisateur de Hospitalité (2010) et de Au revoir l’été (2013) nous livre un scénario passionnant, réservant bien des surprises et des retournements de situation.

L

Sources : dossier de presse, telerama.fr, lemonde.fr.

Dimanche 8 janvier : avant-première et rencontre avec Koji Fukada, le réalisateur, après la séance de 14h15.

Jamais contente

France – 2016 – 1h29, de Emilie Deleuze, avec Léna Magnien, Patricia Mazuy, Philippe Duquesne, Catherine Hiegel, Alex Lutz…

Pour Aurore rien ne va : des parents atroces, comme ses deux sœurs d’ailleurs ; elle-même s’estime être la pire de tous ! Ses profs, forcément, la haïssent et elle n’a plus de copine, ou presque ! Il y a bien Agathe, sa grand-mère, et peut-être un groupe de rock mais il faudrait alors chanter devant des gens ! Sans compter que ses parents voudraient se débarrasser d’elle… en pension. Alors, à 13 ans, quelle autre fille serait plus malheureuse qu’elle ? Marie Desplechin a effectué une première

version du scénario de son livre, Le Journal d’Aurore, reprise ensuite par E. Deleuze et L. Guyot. Aurore nous est familière et pour E. Deleuze, c’est cette apparente « normalité » qui importe, « dans la mesure où elle est la condition nécessaire et suffisante pour faire pleinement voir, et partager, le jugement tragi-comique et décalé qu’Aurore porte sur le monde qui l’entoure et sur la place qu’elle y occupe ». Ce teen-movie par la réalisatrice de Peau neuve (1999) et de Mister V (2003) a reçu une mention spéciale au Festival de Berlin 2016. RS

J

La la land

USA – 2016 – 2h08, de Damien Chazelle, avec Ryan Gosling, Emma Stone, J.K. Simmons...

Los Angeles. Mia rêve de devenir actrice et enchaîne les auditions, mais, en attendant, elle est serveuse. Sébastian vit pour le jazz mais survit en jouant du piano dans des clubs miteux. Bien loin de la vie dont ils rêvent, ils se rencontrent alors... Dire que La la land est attendu est un euphémisme quand l’auteur s’appelle Damien Chazelle et qu’il est le réalisateur d’un succès à la fois critique et public comme celui de Whiplash. Heureusement pour nous, les réactions des chanceux qui ont déjà vu cette comédie musicale, montrent que le film ne déçoit pas. Accueilli triomphalement à Venise (Prix d’interprétation pour Emma Stone) et à Toronto (Prix du public), La la land met à nouveau la musique en avant. Écrin pour le couple Ryan Gosling / Emma Stone, le film permet aussi de retrouver, dans un second rôle, J.K. Simmons, l’inoubliable prof sadique de Whiplash. Sources : Dossier de presse

Live By Night

USA - 2016 - 2h08, de et avec Ben Affleck, et Zoe Saldana, Elle Fanning…

En 1926 à Boston, comme partout ailleurs aux États-Unis, alors que la Prohibition réglemente drastiquement la fabrication et

la consommation d’alcool, les audacieux font fortune en gérant des débits de boissons clandestins. Joe Coughlin, fils d’un des chefs de la police locale, tourne le dos à son éducation et décide de jouer dans la cour des grands mafieux pour obtenir sa part du gâteau. Ne respectant pas plus le code d’honneur des voyous que la loi, il finit, tout de même, par se retrouver derrière les barreaux : sa vocation va alors trouver une nouvelle assise quand un vieux caïd, également incarcéré, va lui inculquer les règles indispensables pour devenir un parrain digne de ce nom… Ben Affleck réalise sa seconde adaptation d’une œuvre de Dennis Lehane (qui a aussi inspiré C. Eastwood avec Mystic River et M. Scorsese avec Shutter Island) après Gone Baby Gone : une histoire d’ambition, de trahison et de vengeance ! Sources : dossier de presse, lepoint.fr

Lumière !

L’aventure commence

France – 2016 – 1h30, de Thierry Frémaux

Inventeurs et industriels, les frères Lumière mettent au point le premier cinématographe en 1895 et donnent ainsi naissance à rien moins qu’une nouvelle forme artistique... La Sortie des usines Lumière, L’Arroseur arrosé, L’Arrivée du train en gare de La Ciotat... toutes ces scènes brèves souvent vues sont bel et bien, déjà, du cinéma ! Pour ce qui est une redécouverte et une déclaration d’amour au cinéma bien plus qu’un simple hommage, T. Frémaux, délégué général du festival de Cannes et directeur de l’Institut Lumière à Lyon, est allé retrouver une centaine de ces bijoux des débuts du septième art, certains étant pratiquement inconnus ! Autant d’images qui témoignent d’un regard porté sur la France mais aussi bien au-delà de ses frontières, à l’aube du 20e siècle, sur un monde qui allait complètement changer. Sources : dossier de presse

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N

Neruda

Chili – 2016 – 1h48, de Pablo Larrain, avec Luis Gnecco, Gael Garcia Bernal…

À la fin des années 40, le poète communiste chilien Pablo Neruda est déclaré traître par le régime populiste au pouvoir. Il doit fuir, se cacher, tout en continuant à écrire son œuvre poétique majeure, son célèbre Chant général, poursuivi par Oscar Peluchonneau, un policier acharné… De ces faits historiquement réels, Pablo Larrain a réalisé un antibiopic éblouissant, filmant cette traque comme un grand poème visuel. Il abandonne l’ironie mordante avec laquelle il avait raconté l’histoire chilienne dans ses remarquables films précédents Santiago 73 post mortem, No, El Club, pour faire vibrer son récit d’une chaleur romanesque qui rend hommage à la force mobilisatrice du verbe poétique. Plus qu’un film sur Neruda, il a voulu faire un film « nérudien », un film noir tel que le poète aurait pu l’imaginer, lui qui en lisait des tonnes. « Ce film-ci ne ressemble à rien de ce que j’ai fait auparavant. Un réalisateur, c’est comme un enfant qui joue avec une bombe. On ne sait jamais ce qu’il va en faire, quand ça va exploser. » En explosant lors de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, cette bombe épique a en tout cas impressionné les critiques. Sources : telerama.fr – lemonde.fr

Nocturnal Animals USA - 2016 - 1h57 ou 2h07, de Tom Ford, avec Amy Adams, Jake Gyllenhaal, Michael Shannon…

Susan mène ce que l’on appelle une vie confortable : mariée à un riche homme d’affaires, elle dirige une galerie d’art à Los Angeles. Mais son mari la délaisse. Sa vie va prendre une direction inattendue lorsqu’elle reçoit un manuscrit que l’auteur, son premier conjoint dont elle n’a plus de nouvelles depuis des années, lui a dédié. Il lui demande par ailleurs de le recontacter

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dès qu’elle aura lu le livre : sa lecture va l’entraîner dans un univers plein de bruit et de fureur, dans lequel il lui semble déceler une forme de vengeance. Bouleversée, elle va reconsidérer sa vie passée et celui avec lequel elle la partageait… Après le magnifique A Single Man en 2009, le styliste confirme sa vocation de réalisateur en adaptant Tony and Susan de Austin Wright : comme pour son premier opus, il a particulièrement soigné l’image car selon lui « les mots et les dialogues ne devraient servir qu’à faire évoluer une fable essentiellement visuelle ». Sources : dossier de presse

Ouvert la nuit

France – 2016 – 1h37, de et avec Edouard Baer et SabrinaOuazani, Audrey Tautou, Christophe Meynet, Grégory Gadebois…

O

Luigi a une nuit pour sauver son théâtre avant que tout ne s’effondre… mais aussi une nuit pour dénicher un singe capable de monter sur les planches, retrouver l’estime de son metteur en scène japonais et la confiance de son équipe, sans compter le respect de sa meilleure amie ! Une nuit enfin pour convaincre la jeune stagiaire de Sciences Po que d’autres manières existent pour appréhender les obstacles… Après La Bostella (2000) et Akoibon (2004), Edouard Baer nous entraîne dans un road movie urbain et nocturne avec toute une galerie de personnages, car les gens, Luigi les privilégie à la géographie ! Avec ce véritable adepte du hasard toujours en mouvement, cette Traversée de Paris devient rocambolesque ! Ouvert la nuit, c’est aussi le dernier rôle de Michel Galabru à l’écran…

Paterson

USA – 2016 – 2h03, de Jim Jarmusch, avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Kara Hayward…

Source : dossier de presse.

Le Parc

France – 2016 – 1h12, de Damien Manivel, avec Naomie Vogt-Roby, Maxime Bachellerie, Sobere Sessouna...

Un jeune garçon et une jeune fille se rencontrent dans un parc. C’est l’été et au gré

de leur promenade, ils tombent amoureux. Mais le soir et le moment de se séparer arrive. C’est le début de la nuit... Sur ce schéma simple, Damien Manivel (Un jeune poète, La Dame au chien) propose un film étonnant dans lequel il semble avoir beaucoup mis de lui même, « L’idée de la première fois me touche particulièrement. L’approche maladroite, les premiers rires et caresses, tomber amoureux et être quitté. L’idée qu’à ces âges-là, quand on traverse des épreuves comme la séparation amoureuse, on traverse littéralement le feu. » Très nettement partagé en deux (un jour et une nuit), Le Parc déploie peu à peu une belle étrangeté. Solaire et noir, candide et empreint de tristesse, il s’agit d’une réussite toute en délicatesse. JF

P

Paterson est une ville du New Jersey aujourd’hui en décrépitude où vécurent de nombreux poètes ; c’est aussi le titre du recueil du plus célèbre de l’un d’entre eux : William Carlos William (1883-1963) ; c’est enfin le nom du héros du film, chauffeur de bus dans cette ville, qui écrit de drôles de textes poétiques. Son sujet de prédilection : l’amour qu’il porte à sa compagne Laura et avec laquelle il partage une vie harmonieuse et ritualisée. Jim Jarmusch (Down by law, Dead man, Coffee and cigarettes, Broken flowers) ne filme rien d’autre que la vie qui passe, rend séduisant et cocasse un quotidien plein d’humilité, et fait lui aussi œuvre de poète avec un film d’une simplicité et d’une puissance remarquables. Il fut longuement ovationné au dernier festival de Cannes.

Le Père Frimas Le Noël de Komaneko Voir pages Jeune Public

Personal Shopper

France – 2016 – 1h45, de Olivier Assayas,avec Kristen Stewart, Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz, Benjamin Biolay…

Maureen, une jeune Américaine à Paris, gagne sa vie en s’occupant de la garde-robe d’une célébrité. Ce n’est pas un travail qu’elle aime, mais cela lui permet de payer son séjour et d’attendre que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. D’étranges messages anonymes lui parviennent alors sur son portable… Maureen « croit dans la communication avec l’au-delà, et essaye par ce chemin-là de retrouver son passé », dont il faudrait aussi se défaire pour pouvoir surmonter son deuil. Avec un film « mi-fantastique, mi-méditatif » (Télérama), à la fois érudit et irrationnel, le réalisateur de L’Heure d’été (2007) et de Sils Maria (2014) semble avoir joué ici avec les genres. Haletant, souvent fascinant, Personal Shopper, sélectionné au Festival de Cannes, y a obtenu le Prix de la mise en scène ! Sources : dossier de presse, telerama.fr.

Les Pionniers du cinéma Voir pages Jeune Public

Primaire Film du mois, voir au dos du carnet.

Quelques minutes après minuit USA/Espagne - 2016 - 1h48, de Juan Antonio Bayona,

Sources : dossier de presse Cannes 2016

avec Lewis Mac Dougall, Sigourney Weaver…

Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

La mère de Conor est gravement malade et l’enfant a de plus en plus de mal à faire face,

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d’autant qu’il doit se confronter également à la méchanceté de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Pour échapper à son quotidien étouffant, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires… Inspiré du bests-seller pour adolescents de Patrick Ness, le réalisateur espagnol a réussi « un conte d’une puissance inouïe » où l’enfant va apprendre la valeur du chagrin et à affronter la vérité. Après L’Orphelinat et The impossible, J. A. Bayona continue à être le porte-parole d’un cinéma espagnol aux émotions exacerbées qui, refusant le cynisme, « place l’amour au centre de l’univers, comme dernier rempart aux agressions extérieures ». On pourra lui reprocher son académisme et son sentimentalisme ou être emporté par « cette œuvre magnifique qui touche en plein cœur par une véritable démonstration de la force évocatrice du cinéma et des contes, comme rempart contre la cruauté du monde réel, mais également comme outil pour mieux l’appréhender et l’affronter, » comme l’était Le Labyrinthe de Pan de Guillermo del Toro, qui l’a beaucoup soutenu à ses débuts. Sources : abusdecine.com – filmosphere.com

S

Souvenir

Belgique/France/Luxembourg - 2015 - 1h30, de Bavo Defurne, avec Isabelle Huppert, Kévin Azaïs, Johan Leysen…

Liliane travaille à la chaîne dans la fabrique de pâtés Porluxe. Elle mène, comme beaucoup de gens, une vie sans surprises ; jusqu’au jour où Jean, un jeune intérimaire la reconnaît : il l’a vue à la télévision la veille. En fait, il s’agissait d’images de sa vie d’avant, quand elle était une chanteuse populaire et qu’elle avait même participé au concours de l’Eurovision. Jean c’est un battant, il veut devenir boxeur professionnel et il veut que Liliane redevienne la Laura que le public a acclamée autrefois… Pour Isabelle Huppert, ce second film de Bavo Defurne (Sur le chemin des dunes), est « une fable exemplaire qui donne de l’es-

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poir », fable que le réalisateur a parsemée de références à Hitchcock et à Sirk : rien que de bonnes raisons pour aller voir ce film, fort bien accueilli lors de sa projection au Festival du Film francophone d’Angoulême

s’écarter du droit chemin ou bien trouver une nouvelle voie pour raviver sa foi... Audelà des interrogations qu’il suscite sur la foi religieuse, Tikkoun, tourné en noir et blanc, s’avère une véritable expérience cinématographique, à la beauté poétique indéniable.

Sources : france3-regions.francetvinfo.fr, culturebox- francetvinfo.fr

Tempête de sable

Israël – 2016 – 1h28, de Elite Zexer, avec Lamis Ammar, Ruba Blal, Hitham Omari...

Dans un village bédouin au sud d’Israël, Suleiman épouse sa deuxième femme alors qu’il est déjà marié à Jalila. Celle-ci découvre que Layla, leur fille aînée, fréquente un camarade d’université appartenant à une autre tribu. Elle va se battre contre cet amour interdit. Layla est prête à bouleverser les traditions ancestrales. Mais jusqu’où ? Tempête de sable arrive à porter un regard neuf sur le motif des mariages arrangés et aborde le choc entre modernité et tradition, les liens entre mères et filles, pères et filles... Elite Zexer propose un drame familial qui a remporté le Grand Prix du Jury au festival de Sundance et a été acclamé aux Ophirs du cinéma en Israël d’où il est reparti avec 6 prix. Tempête de sable a été choisi pour représenter Israël au prochain Oscar du meilleur film en langue étrangère. Une œuvre à ne pas manquer !

T

Sources : dossier de presse, avoir-alire.com

U

UneIsraël semaine et un jour - 2016 - 1h38, de Asaph Polonsky, avec Shai Avivi, Evgenia Dodina, Tomer Kapon…

Eyal et sa femme Vicky ont perdu leur enfant. Au bout de la période de deuil rituelle de sept jours Vicky se réfugie dans les tâches et les obligations les plus routinières, tandis qu’Eyal multiplie de façon

Haïm-Aaron vit à Jérusalem où il effectue de brillantes études dans une yeshiva ultra orthodoxe. Tous envient ses aptitudes et sa dévotion. Alors qu’il s’impose un jeûne drastique, Haïm-Aaron perd connaissance. Déclaré mort par les médecins, son père le ramène pourtant à la vie par des massages cardiaques répétés. Après l’accident, HaïmAaron ne parvient plus à s’intéresser à ses études, se sentant dépassé par un soudain éveil charnel de son corps. Il soupçonne Dieu de le tester. Il se demande s’il doit

Vaiana la légende du bout du monde

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Voir pages Jeune Public Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

:

Partenariat Cinémathèque/Studio Lundi 23 janvier – 19h30 Hommage à Julien Duvivier

Panique 1946 France Noir et blanc 1h40avec Michel Simon et Viviane Romance

Lundi 2 janvier – 19h30 avec Aharon Traitel, Khalifa Natour, Riki Blich...

Sources : dossier de presse

• Moonlight de Barry Jenkins PRO • Jackie de Pablo Larrain CHA • Silence de Martin Scorsese INEM ENT • Loving de Jeff Nichols • Dans la forêt de Gilles Marchand • Chez nous de Lucas Belvaux • Certaines femmes de Kelly Reichardt

Sources : dossier de presse.

Tikkoun Israël – 2015 – 2h00, de Avishai Sivan,

débridée les actes incongrus, chacun essayant à sa manière de se libérer du poids écrasant de la perte. Le film ne s’embarrasse d’aucun pathos. Son originalité est de traiter la tragédie sous la forme d’une comédie, mélange assez détonnant semble-t-il de gravité et de légèreté.

La Chevauchée des bannis de André de Toth (1958) USA Noir et blanc 1h35, Avec Robert Ryan, Burt Ives, Tina Louise

Lundi 9 janvier – 19h30

La Dernière chance

Mardi 24 janvier Une soirée, deux films

19h30-La

Belle équipe

France Noir et blanc 1h40, avec Jean Gabin, Viviane Romance, Charles Vanel

21h30- Voici

le temps des assassins

1956 - France Noir et blanc 1h53, avec Jean Gabin, Danielle Delorme et Gérard Blain

de Leopold Lindtberg (1945) Suisse noir et blanc 1h53

Lundi 16 janvier – 19h30

Joe Hill de Bo Widerberg (1971) USA/Suède Couleurs 1h50.

Lundi 30 janvier – 19h30 Carte blanche à l’association Henri Langlois

Carmen

de Carlos Saura (1983) Espagne Couleur 1h40, avec Antonio Gades, Laura del Sol, Paco de Lucia

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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Bande annonce

Ici…

` BON SANG NE SAURAIT MENTIR Félix Moati, vu récemment dans La Vie très privée de Monsieur Sim et dans Médecin de campagne, passe derrière la caméra pour son premier long ! Et pour l’assister dans cette tâche, il a choisi son copain Vincent Lacoste (Victoria) pour interpréter l’un des membres d’une fratrie extrêmement attachée à son père dans Les Deux fils. On ne sait pas si le réalisateur endossera le costume de l’autre frère, et qui incarnera le pater familias !

et ailleurs…

` ENCORE VIVANT La réalisatrice suédoise Suzanne Osten a décidé de ressusciter un scénario jamais tourné d’Ingmar Bergman, originellement intitulé Soixante-quatre minutes avec Rebecka. Rebaptisé The White Wall, le projet reste le même : une œuvre féministe, anticonformiste et homo-érotique. Le personnage principal est une enseignante pour sourds-muets, enceinte et asociale, personnage plutôt désagréable, qui permettra de donner « une image différente du romantisme ». ` TOUS LES TALENTS Mélanie Laurent est sur tous les fronts : comédienne dans le récent Éternité de Tran Anh Hung, aux manettes du plus que plébiscité documentaire : Demain, réalisatrice de Plonger (qui sortira en 2017) avec Gilles Lellouche, elle vient de commencer le tournage de son quatrième long métrage de fiction, Galveston. À cette occasion, elle relève un nouveau défi : tourner en anglais et uniquement aux États-Unis. Le film est défini comme « un thriller viscéral prenant place dans un chaudron bouillant de violence et de désespoir ». ` PARRAIN Depuis Clean en 2004, Olivier Assayas travaille régulièrement avec des comédiens américains. Pour Idol’s Eye, il souhaitait pouvoir le faire avec Robert De Niro, mais en raisons de retrouvailles avec Martin Scorsese, l’acteur mythique a déclaré forfait (précisons que The Irishman sera également interprété par… Al Pacino). C’est finalement une autre légende hollywoodienne qui incarnera le ponte de la mafia qui se fait voler un bijou d’une grande valeur : Sylvester Stallone ! Début du tournage pour ce duo inédit et atypique : en février à Toronto !

L’amour en banlieue : loin des clichés ?

L

es banlieues françaises, embourbées dans une crise qui semble perpétuelle, font régulièrement la une des actualités. Émeutes, trafics, délinquances : les événements qui les placent sur le devant de la scène sont rarement heureux, et contribuent à en donner une image négative. De nombreux clichés sur ces espaces urbains circulent donc dans l’imaginaire collectif, qu’ils soient vérifiés ou simplement extrapolés à partir d’une présentation partielle de la réalité.

Espaces de mixité forte, notamment en termes d’origine de leurs populations, les cités sont au carrefour de plusieurs cultures et systèmes normatifs. Au fil des générations, leurs habitants ont injonction à s’intégrer à une culture française et européenne ; parallèlement, des décennies d’accueil y ont importé de multiples cultures étrangères que ces mêmes générations se transmettent pour partie. Les adolescents de banlieue composent donc leurs propres codes à partir de ces influences, définissant d’une manière originale ce qui peut être

montré, en public ou en privé… mais aussi ce qui doit être montré, en public ou en privé. Les relations amoureuses représentent ainsi un théâtre, où sont mis en scène les représentations du masculin et du féminin, la confusion des normes de genre, et les rapports de domination liés aux identités de genre et aux orientations sexuelles. Entre la revendication et l’acceptation d’une féminité sexualisée, le frein à la rencontre que provoque une délimitation genrée des espaces, et la tolérance à géométrie variable de l’homosexualité, les enjeux sont nombreux. Ce sont les normes de genre et le rapport aux relations amoureuses dans ces « hors lieux » que nous proposons de découvrir, mais aussi de questionner. Ne sont-ils pas, eux aussi, des clichés véhiculés sur la banlieue ? De telles normes, si elles existent, permettent-elles l’épanouissement des jeunes qui y sont confrontés ? Comment les remettre en question, où trouver à leur marge des espaces d’émancipation ? Festival Désir… Désirs

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

` HOMME OBJET Sofia Coppola va porter à l’écran une nouvelle version du roman de Thomas P. Cullinan, Les Proies. Si, pour la première adaptation en 1971, Don Siegel avait choisi le magnétique Clint Eastwood pour semer (plus que) le trouble dans un pensionnat de jeunes filles, durant la Guerre de Sécession, la réalisatrice a opté, elle, pour Colin Farrell. Un autre genre… Côté féminin, comme à son habitude, elle a plutôt misé sur la blondeur, mais pas n’importe laquelle, celle qui a de la classe puisque ce sera celle de : Nicole Kidman, Kirsten Dunst, Elle Fanning et Angourice Rice ! Pas sûr que même par un quatuor aussi délicat, il soit agréable d’être séquestré. IG

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Interférences Planétarium Mademoiselle

Interférences Capitain Fantastic Primaire Maman a tort

S

oient un film coréen et un film français que rien a priori ne permet de rapprocher, mis à part peut-être la concomitance des époques, les années 30. Et pourtant une caractéristique commune frappe par son évidence : tous deux sont des films cannibales qui laissent clairement voir de quelles œuvres antérieures ils se sont nourris, à se demander ce que signifie et ce que vaut une telle multiplication de références et de citations explicites, l’éventail, très large, allant du vulgaire plagiat à la sublimation créatrice. Sans parler de quelques modèles bien visibles1, on perçoit tout au long de Planétarium l’influence prégnante de Woody Allen, qu’il s’agisse du décorum des années 30 2, du spiritisme3, ou de la magie du cinéma4. Mais il est un auteur dont la présence surpasse celle des autres : François Truffaut. Outre trois œuvres que leur incomplète digestion rend aisément repérables5, le style même de Rebecca Zlotowski, ses partis pris de mise en scène, sont ceux d’une disciple du maître, jusqu’à faire de Natalie Portman une troublante déclinaison du physique, des expressions et du jeu de Fanny Ardant. Il faut bien l’avouer, Rebecca Zlotowski ne fait pas grand-chose de tout cet héritage. Planétarium est plutôt bien fait mais reste lisse et sage. Son film n’est ni bon ni mauvais, sans réelle originalité ni Planétarium profondeur, appliqué et facultatif. Disons qu’il s’agit là avant tout d’un exercice d’admiration et attendons la suite. Mademoiselle de Park Chan-Wook offre à l’appétit des spectateurs un

Q Mademoiselle

ragout cinéphilique encore plus riche, plus copieux, saupoudré de savoureuses pincées d’humour plus ou moins noir. Dans ce véritable labyrinthe de mensonges, de faux-semblants, de renversements de perspective, on rencontre à toutes les intersections de grands films du patrimoine6. Est-ce faire étalage d’une vaine et prétentieuse érudition que de percevoir et décrire ce film comme un patchwork de citations ? Ce n’est en tout cas ni l’objectif ni l’essentiel. Ce qui en fait apparaît comme une évidence, c’est que malgré la quantité des références cinéphiliques, Mademoiselle est un film fascinant par son esthétique à la fois emphatique et raffinée, son scénario plein de chausses-trapes, d’ellipses, de surprises, par son ode à la femme, à l’amour et à la liberté. Loin de pétrifier le film en une succession compassée d’hommages révérencieux, Park Chan-Wook s’amuse de ces multiples emprunts, complètement digérés et assimilés pour former une matière nouvelle, une authentique création. Lui n’est plus un simple disciple… AW

1 Gatsby le Magnifique de Baz Luhrmann ou Monsieur Klein de Joseph Losey. 2 Café Society 3 Le Sortilège du scorpion de jade et Magic in the Moonlight. 4 Entre autres La Rose pourpre du Caire. 5 La Nuit américaine, La Chambre verte, Le Dernier métro. 6 En vrac : The Servant de Joseph Losey, Mulholland Drive de David Lynch, Eyes Wide Shut de Stanley Kubrick , Rashomon d’Akira Kurosawa, Les Diaboliques d’Henri-Georges Clouzot, Le Limier de Joseph Mankiewicz, The Usual Suspects de Bryan Singer, et même La Vie d’Adèle d’Abdellatif Kechiche.

ue transmet-on à ses propres enfants ? C’est la question qui, sans doute, vient à l’esprit de chaque spectateur de Captain Fantastic, tant le personnage qui donne son titre au film, joué par Viggo Morgensen, propose/impose à ses enfants un mode d’éducation radicalement différent de celui que l’on vit ou voit habituellement autour de soi. Une sorte de version new age de la maxime latine un esprit sain dans un corps sain. Au milieu d’une forêt qui semble celle des premiers âges, sa petite tribu enchaîne quotidiennement une série d’exercices tant physiques qu’intellectuels d’une extrême exigence. Plutôt qu’à une béatitude édénique, la vie y ressemble souvent à un stage de survie où chacun selon son âge doit apprendre à prélever soi-même la nourriture dont le groupe a besoin, et à se surpasser. Quand la tension monte, peu à peu, à l’intérieur du clan, notamment à cause de l’absence de la mère, hospitalisée, impossible de ne pas penser que, malgré le magnétisme dégagé par ce père charismatique, on n’est pas très loin d’une pratique sectaire ou de l’aveuglement qu’ont connu certains groupes révolutionnaires avec la même exigence de vérité et de non contact avec le monde extérieur qui peut sembler un peu délirante. Avec le départ pour la cérémonie funéraire de la mère, un autre film commence, sous forme d’un road movie exaltant où l’on voit avec humour la tribu se confronter avec la réalité américaine. Décalage

savoureux où la société de consommation massive est décryptée avec une acuité sans concession mais où perce aussi, peu à peu, une envie fort légitime d’y goûter… La scène la plus réussie est sans doute le repas chez la sœur du père, où la confrontation entre les deux modes d’éducation, autour de deux poulets bio, est absolument hilarante. Au fur et à mesure de la progression du bus dans le récit, une inquiétude se fait jour : l’éducation qu’ils ont reçue ne fait-elle pas des enfants du Captain Fantastic des inadaptés, des monstres, incapables de trouver une place dans le monde tel qu’il est et non tel qu’on voudrait qu’il soit ? Une nuit, il envoie l'une de ses filles en commando sur le toit de son grand-père honni. Tombant du toit, elle manque d'y rester et l'on se dit qu'il est devenu un danger ambulant pour ses propres enfants C'est ce qu'affirmait sa caricature de facho texan de beau-père. C'est ce qu'il finit par penser de lui-même... Ce cheminement, avec retournement et joyeuse happy end baba cool et assez iconoclaste autour du bûcher funéraire, fait toute la richesse de ce film surprenant qui finit par un compromis où la tribu s’est normalisée, notamment en envoyant les enfants à l’école, sans renoncer à ce qui fonde leur existence. L’école. Le lieu de beaucoup de fantasmes, de batailles idéologiques, de mauvaise foi. Au cinéma, c’est souvent le lieu de caricatures où les profs sont bien Les CARNETS du STUDIO n°352 – janvier 2017 –

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peu crédibles dans leur pratique professionnelle. Pour Primaire, Hélène Angel s’est longuement assise au fond des classes avant d’écrire son film et Sara Forestier joue avec beaucoup de conviction son rôle de jeune prof des écoles plongée au cœur des contradictions d’une classe, ses joies, ses tensions, ses doutes, le hiatus entre ses rêves et la réalité de terrain. En installant sa caméra au centre de ce microcosme qui semble clos sur luimême avec ses codes et ses rites, la réalisatrice se pose aussi des problèmes de transmission. Et fait un portrait juste de ces fonctionnaires mal considérés, mal payés, mal formés… et qui font ce qu’ils peuvent sous le regard intransigeant des

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enfants.1 L’excellente idée du film de Marc Fitoussi Maman a tort est d’avoir pris au pied de la lettre le terme « Stage d’observation ». Parce qu’elle n’a pu avoir celui prévu à la télé, annulé au dernier moment, Anouk se retrouve dans la grande entreprise d’assurance où sa mère qui l’élève toute seule est cadre. Que faire d’elle ? De collages de post-it en réaménagement sisyphéen d’un placard, le réalisateur brocarde avec ironie le monde des bureaux avec ses codes et ses mesquineries. Mais dans ce stage où on ne cesse de lui faire comprendre qu’elle n’est bonne à rien, un boulet, Anouk ouvre l’œil et contemple avec une mordante lucidité le monde des

adultes, leurs compromissions, leurs bassesses. La comédie devient grave quand Anouk détective enquête et découvre que sa mère avec laquelle elle s’entendait bien a, pendant des années, eu des pratiques non seulement répréhensibles mais honteuses moralement pour assurer sa position dans l’entreprise. Les valeurs de justice et de respect qu’elle a transmises à sa fille se retournent brutalement contre cette mère qui a eu tort d’accepter de vendre son âme au profit. Justice, respect, égalité des chances, voilà les valeurs qui ont déterminé l’en-

sur pied en suivant le programme du Conseil national de la Résistance. Tout le monde a oublié ce personnage fondateur2, sans doute parce qu’il a le tort d’avoir été à la fois communiste et ouvrier (deux gros mots !) Mais cette mémoire vit encore et Perret la filme, notamment quand Frégonara rencontre les cadres de la Sécu à l’école nationale de SaintEtienne. Magnifique scène de transmission d’un héritage dont les libéraux de retour veulent tous nous déposséder dans un grand bond en arrière maquillé en modernisme pragmatique.

gagement de l’extraordinaire personnage au cœur du très beau film de Gilles Perret La Sociale. À 96 ans, Jolfred Frégonora est toujours un homme debout, militant CGT porté par la fierté de l’œuvre accomplie dans sa jeunesse : créer une Sécurité Sociale pour tous pour en finir avec l’angoisse du lendemain, de la maladie et de la vieillesse qui a tourmenté les classes laborieuses pendant des siècles. Film à la mémoire d’Ambroise Croizat, le ministre du travail du Front Populaire qui l’a mis

Transmettre : l’un des rôles essentiels du cinéma comme nous l’offre à voir le grand Bertrand Tavernier dans sa passionnante Histoire du cinéma français3 : l’amour des images et de la justice sociale. DP 1 La comparaison avec la réalité scolaire finlandaise montrée dans le documentaire Demain est édifiante : un pays où les profs sont considérés, bien formés, bien payés et où l’école semble être un lieu de partage heureux… 2 Ainsi de l’actuel ministre du travail François Rebsamen dans une amnésie révélatrice… 3 Lire Rencontre pages 24-25

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Les rédacteurs ont vu :

MAMAN A TORT de Marc Fitoussi

Un aussi mauvais titre pouvait laisser craindre le pire : une énième comédie familiale boboïsante, avec parents cadres surbookés, ados hystérico-blasés et blagounettes de fond de tiroir. Heureusement il n’en est rien et, même si on ne croit pas trop à cette histoire de petite justicière, le propos est fort, le récit très bien fait, avec deux beaux portraits féminins et une charge féroce contre une certaine culture (oui, ça s’appelle bien « culture » !) d’entreprise. AW Avec Maman a tort, Marc Fitoussi rejoint le club des Bruno Podalydès et autres Pierre Salvadori. Soit d’excellents cinéastes qui manient sujets graves et humour avec bonheur. Fin et intelligent, son film est à la fois grinçant (la découverte par une adolescente de l’état du monde légué par les adultes) et drôle (deux secrétaires impayables impeccablement jouées par Camille Chamoux et Nelly Antignac). JF Un film juste : juste dans sa façon

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de montrer la galère que peut représenter ce fameux stage de troisième. Juste dans sa façon de montrer la cruauté ordinaire, les petites mesquineries, les grosses magouilles justifiées par la nécessité d’être toujours plus productifs, plus rentables ! Juste dans l’interprétation, avec une mention spéciale à Jeanne Jestin (Anouk) : remarquable ! Un seul bémol : le titre du film ! IG

celui de la jeune Anouk, candide et fouineuse, est sans doute plus innocent. Deux points de vue inédits et deux héros généreux pour le même constat : mesquineries, pressions, non-sens absolu de certaines tâches, harcèlement, recherche impérative du profit sur le dos des petits… Bienvenue dans l’univers impitoyable du monde du travail. SB

dans une sorte de redressement de torts... Mais M. Fitoussi a tout de même évité l’écueil hollywoodien qui aurait consisté à la faire sortir gagnante de ce combat ! C’est peut-être un détail, mais il montre assez bien que, pour Marc Fitoussi, la comédie est une chose trop sérieuse pour être laissée à des plaisantins... ER

Marc Fitoussi nous convie à une comédie grinçante. Les adultes n’ont guère le beau rôle dans une entreprise où les compromissions et le harcèlement (entre autres) sont de mise. Anouk, l’ado curieuse et culottée, a le don de contourner les obstacles et de se servir d’inénarrables idiotes qui la croient naïve. Belle leçon offerte sur les illusions que chacun cultive pour rester debout face à une réalité parfois insoutenable. MS

Parents, élèves, maîtres de stage se sont souvent demandé à quoi pouvait bien servir le stage en entreprise de la classe de troisième. On a enfin une réponse : à réussir une comédie ! En prenant au pied de la lettre la terminologie de stage d’observation, Marc Fitoussi fait le portrait d’une ado atypique qui découvre les petites compromissions, pas toujours très morales, du monde des adultes. DP

Daniel Blake (Ken Loach) portait un regard sans concession sur le travail d’une agence de pôle emploi britannique ;

D’accord, il est peu réaliste d’imaginer qu’une gamine, aussi futée soit-elle, réussisse à mettre la main sur les dossiers compromettants et se lance ainsi

Un duo mère-fille superbement incarné, relié par un double jeu nuancé de tonalités bleue et jaune ! Un autre duo, satirique lui, de deux collègues stupides ! Ce dernier déçoit, inscrivant le film dans un registre moins subtil et surtout trop outrancier pour être crédible au regard de l'ambiance du film. Si cette différence de ton peut générer un manque de cohérence, sans doute se console-t-on en imaginant que c'est le regard critique (certes parfois candide, aussi) d'Anouk, qu'il nous est offert d'observer ici. Maman a tort trace avant tout un beau portrait d'adolescente, en pleine désillusion. RS

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Rencontre avec Bertrand Tavernier

Bertrand Tavernier aux Studio © Roselyne Guérineau

B

ertrand Tavernier aime les Studio. Il le dit à chaque fois qu’il vient et il vient régulièrement pour : rencontrer le public et échanger sur ses films ou sur les films des autres, dédicacer ses livres, regarder des films et même parrainer le 50ème anniversaire des Studio en 2013. « Je suis attaché à ce cinéma pour les salles et pour le public de cette salle. Vous avez compris que cette salle a une importance et qu’il faut la faire vivre, à l’époque des multiplexes », c’est par ces mots que le réalisateur a débuté la soirée du 27 octobre, après la projection de son Voyage à travers le cinéma français. Un documentaire atypique qui pendant 3h11 nous donne à (re)découvrir 94 films, réalisés entre les années 30 et les années 70, et des parcelles de vie du réalisateur. Cette soirée, s’il fallait une preuve supplémentaire, a confirmé à quel point ce fou de cinéma est un véritable érudit du septième art. ON NE DIT PAS SUFFISAMMENT MERCI « Ce film est un film de gratitude, de reconnaissance. Ma façon de remercier des gens extraordinaires. Ce cinéma, on ne le voit plus sur le service public parce que c’est en

noir et blanc, alors que le propos est extrêmement actuel. » Au cours de la soirée, Bertrand Tavernier reviendra à maintes reprises sur ces réalisateurs qu’il admire tant en précisant qu’ « il y a toute une liste de gens que je n’ai pas pu mettre dans le film, à cause de la dramaturgie du scénario. C’est pourquoi il y aura une série après, pour la télévision ». Il rappelle son soutien indéfectible à Claude Sautet, victime du « manque de mémoire des journalistes », ainsi que sa volonté de travailler, dès L’Horloger de Saint-Paul, son premier longmétrage en 1974, avec Jean Aurenche et Pierre Bost, parce qu’ils ont été des scénaristes capables d’écrire en 1942, pour le Douce de Claude Autant-Lara : « Je vous souhaite l’impatience et la révolte » en réponse au « patience et résignation » du maréchal Pétain ! LES MUSICIENS SONT LES GRANDS MÉCONNUS DU CINÉMA FRANÇAIS Quand Bertrand Tavernier évoque sa reconnaissance envers ceux qui font le cinéma, il englobe dans cet hommage tous ceux qui œuvrent pour qu’un film puisse devenir une œuvre justement, du plus connu au plus obscur ou au plus oublié : ainsi « Jacques Ibert ou Darius Milhaud ne sont jamais cités. La musique des films des années 30,40,50 est extraordinaire ! » Il explique que pour son film, Bruno Coulais a dû réenregistrer certaines bandes originales comme celle des Enfants terribles de JeanPierre Melville, seul film d’ailleurs « qui leur a claqué entre les doigts en raison des conditions posées par l’avocat d’Édouard Dermit » (tenant un des rôles principaux du

film et légataire universel de Jean Cocteau). Et toujours dans cette volonté de remettre en lumière des chefs-d’œuvre oubliés, Bertrand Tavernier annonce la sortie d’un CD de la musique de son film et celle de 28 morceaux introuvables, dont celle de L’Atalante de Jean Vigo et celle du générique de French Cancan de Jean Renoir. JEAN GABIN Bertrand Tavernier revient sur son admiration pour Jean Gabin, professionnellement et humainement parlant : « On ne dira jamais assez ce qu’a été Gabin, notamment par ses prises de position pendant la guerre. Kurt Bernhardt (réalisateur d’origine allemande des années 30) a toujours dit qu’il devait la vie aux interventions de Gabin. C’est des choses qu’on ne dit pas quand on parle de lui. Il a amené quelque chose d’extraordinaire au cinéma : c’est le premier qui a fait du prolétaire un héros tragique. Il m’a fait découvrir le milieu ouvrier ». UN CERTAIN TRAVAIL Avec une durée de plus de 3 heures, cette autobiographie cinéphilique est l’aboutissement d’un travail colossal pendant plus de 4 ans : Bertrand Tavernier a (re)visionné plus de 950 films, en a retenu 94 et sélec-

tionné 582 extraits. Le montage a duré 80 semaines ! Et puis, il a fallu « amasser et noter tous ces souvenirs. Il y a un certain travail, mais joyeux. Je n’ai de nostalgie pour aucune époque. J’avais envie de raconter des trucs un peu cocasses, une petite partie des anecdotes que j’ai vécues au cinéma comme le strip-tease à l’entracte, pratique qui a disparu ! À Lyon, ça a duré 3 ans de plus qu’à Paris malgré le primat des Gaules ! » Et d’évoquer par exemple, son parcours pour réussir à voir en 1962, le film Octobre à Paris, « sur la répression des Algériens à Paris en 1961, et toujours inédit à la télé française. Quand on voyait les films dans ces conditions, on a une mémoire incroyable, car on avait bossé pour voir le film. Maintenant c’est facile, ce qui a pour conséquence une culture de l’oubli ». Constat confirmé quand ce réalisateur de 75 ans, auteur de 25 longs-métrages, raconte sa difficulté à trouver des fonds pour ce Voyage à travers le cinéma français et même parfois celle même à rencontrer les décideurs, et pulvérise les espoirs de ceux qui s’imaginent que son nom et sa carrière sont de véritables sésames : « en fait de grande notoriété, un joueur de foot aurait été reçu avant moi » ! De bonnes raisons pour préserver sa capacité à l’impatience et à la révolte ! IG

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Bertrand Tavernier sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

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Les CARNETS du STUDIO n°352 – janvier 2017 –

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Rencontre avec Irène Frachon

Le vendredi 28 octobre, les Cinémas Studio accueillaient Irène Frachon, l’héroïne du film La Fille de Brest, d’Emmanuelle Bercot. Incarnée dans la fiction par l’actrice danoise Sidse Babett Knudsen, qui a su admirablement incarner toute l’énergie et la conviction du médecin lanceur d’alerte sur les effets secondaires mortels du Mediator. Irène Frachon aux Studio © Roselyne savard

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ne salle comble et une standing ovation enthousiaste pour accueillir cette femme d’exception ! Arrivant tout juste après avoir pris la route depuis Brest, I. Frachon confie son émotion et sa motivation de rencontrer un public très intéressé. « J’aime beaucoup ce film. Mon livre a été publié en juin 2010 et le scandale a éclaté fin 2010. J’ai vraiment cru qu’on n’y arriverait plus. En 2011, plusieurs réalisateurs m’avaient contactée. Tous les matins depuis 2007, je me pince car je vis dans un vrai polar. J’ai basculé dans une fiction hors norme donc je n’ai pas été surprise d’être contactée ». I. Frachon a choisi Emmanuelle Bercot car connaissant son cinéma, elle savait que ce ne serait pas « mièvre » ! Le travail sur le scénario a été long. La réalisatrice et une scénariste se sont rendues sur place, ont rencontré les différents acteurs, comme le député, … « Elles possédaient complètement l’histoire et j’étais

conseillère technique, vérifiant que tout tenait la route sur le plan médical. J’étais bien consciente que ce serait une fiction ». Lorsqu’E. Bercot a évoqué Sidse pour l’incarner, connue pour la série Borgen, I. Frachon a ressenti une vraie proximité et elles se sont alors rencontrées. Soucieuse de vérité, la réalisatrice a posé sa caméra à l’hôpital de Brest. Les scènes de la fiction ont été filmées dans la vraie salle d’opération, dans le bureau même d’Irène Frachon. Malgré la quarantaine de personnes arrivées pour le film, tout s’est très bien passé. « Ça a passionné tout le monde, les gens de l’hôpital ont joué le jeu ! On a découvert le monde du cinéma. J’ai vu des techniciens émus… » I. Frachon a été très touchée par l’implication de tous les professionnels de l’hôpital pendant le tournage, parfois pour faire de la figuration. Par contre, il semblerait qu’il aurait été plus difficile de trouver des médecins volontaires… D’où chez elle une

certaine amertume à l’égard du corps médical. Lors de la première projection organisée par la production, « on est sorti de là très émus. Il y a un réalisme complètement crédible, ils ont chopé des tas de trucs ! Ça ne trahit ni l’histoire, ni aucun des personnages ». Au sujet de cette histoire dramatique, « la vraie question est celle du sort des milliers de victimes. Une des scènes les plus fortes du film est lorsque l’une d’elles, Corinne, monte l’escalier et s’effondre, et ça, il y en a tous les jours ! ». Une autre préoccupation est leur indemnisation, un combat mené depuis 2012 ! Or, si un procès exemplaire devrait aboutir, mais pas avant 2018, « ce temps-là n’est pas celui des victimes qui continuent à mourir ». Ce qui sidère la lanceuse d’alerte, « c’est de se rendre compte que l’Agence était sous l’autorité de Servier, n’était que l’exécutant. Cela a enclenché des réformes très importantes de l’Agence depuis ». Actuellement, les combats

menés, dont en partie par les comités scientifiques, c’est la transparence avec l’accès aux sources. « C’est un combat violent ; on est lobby contre lobby ! ». « Merci d’être ici, ça me fait chaud au cœur, c’est important ! ». Irène Frachon remercie les étudiants en médecine présents dans la salle – avec une absence remarquée des médecins hospitaliers – ainsi que Collectif Santé qui a soutenu cette soirée. Celle qui n’a plus aucun lien avec les labos, que l’on a accusée de délation, alerte les futurs médecins sur leurs liens avec eux : « on ne maîtrise pas l’impact de nos liens d’intérêts, c’est illusoire […]Il faut refuser dès le premier café ! […] Le problème est de ne pas laisser l’industriel capter le médecin pour le mettre à sa solde ». Nombreux sont encore ceux qui sont venus échanger avec Irène Frachon, très disponible, admirable d’intelligence, de courage et d’engagement ! Chapeau, Madame ! et Merci à Emmanuelle Bercot ! RS

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Irène Frachon sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

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n°352 – janvier 2017

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Rencontre avec Juliette Goffard

Partenariat CINÉMATHÈQUE–STUDIO À l’occasion des élections présidentielles aux États-Unis la Cinémathèque de Tours nous a proposé, les 7 et 8 novembre, trois films représentatifs du Nouvel Hollywood, ce mouvement des années 70 exprimant les angoisses d’une société américaine doutant d’elle-même, de ses valeurs et des hommes censés les défendre. Juliette Goffart, enseignante de cinéma en lycée et critique à Critikat.com (entre autres) a centré son intervention sur le film de ce soir, Les Hommes du président d’Alan Pakula (1976), avant de répondre aux nombreuses questions du public. Juliette Goffard aux Studio © André Weill

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remière remarque : le film est autant un film de Robert Redford que d’Alan Pakula : c’est lui qui en est à l’initiative en s’intéressant très tôt au travail d’investigation des deux journalistes du Washington Post, Bob Woodward et Carl Bernstein, alors que le public restait encore totalement indifférent à l’affaire. Il faut dire aussi que Redford a été, dès l’origine, un opposant résolu à Richard Nixon. Les assassinats de John Kennedy et de

son frère Bob, puis l’accident suspect de Ted à Chappaquiddick installent une durable atmosphère de méfiance, de complot, de menace, qui se lit très bien dans le film, dont la structure dévoile au fur et à mesure toujours plus de mystères, de complexité, de défiance par rapport aux apparences et aux images, notamment officielles (discours, télévision). Les contrastes violents entre ombre (cambriolage du Watergate, séquences dans le parking) et lumière (la salle de rédaction du

Washington Post, lieu où se construit peu à peu la vérité) sont synthétisés dans la célèbre figure de Gorge Profonde, source occulte de renseignements, silhouette vaguement éclairée au milieu de l’obscurité. Soucieux de trouver une forme en accord avec son sujet, Pakula filme l’enquête quasi comme un documentaire, avec un maximum de réalisme dans les décors et la description du fonctionnement interne du Washington Post, s’attachant aux actes des deux journalistes à l’exclusion de toute scène relative à leur vie privée, alors même que les deux personnages du film représentent fidèlement leurs deux modèles, dont ils conservent le nom et, en gros, la psychologie. Hors de toute recherche d’effet spectaculaire, on les voit souvent au téléphone ou tapant à la machine, filmés toujours sous le même angle, la puissance de leurs actes suffisant à nourrir la dramaturgie. Déjà grande vedette à l’époque, Robert Redford voulait que les rôles soient tenus par des acteurs inconnus. C’est la Warner qui a exigé qu’il joue lui-même dans le film, en compagnie d’un autre acteur de renom. Ce fut Dustin Hoffman. Ce souci documentaire n’empêche nullement Pakula d’utiliser un langage cinématographique d’une grande richesse, en opposant par exemple les deux hommes, minuscules silhouettes, et les lieux gigantesques, monumen-

taux dans lesquels ils mènent leur enquête : deux fourmis cherchant une aiguille dans une botte de foin, écrasés par l’ampleur d’une tâche dans laquelle ils ne disposent pratiquement d’aucun atout. Le magnifique plan en zoom arrière ascendant de la bibliothèque du Congrès reste un modèle du genre. Cette lutte de David contre Goliath n’est pas seulement celle de deux individus contre un pouvoir opaque et toutpuissant, c’est également celle de l’écrit contre l’image manipulatrice et mensongère. On aurait pu tomber dans un manichéisme naïf, écueil évité par Pakula, qui montre Bernstein et Woodward comme des hommes honnêtes certes, mais eux aussi manipulateurs, voire menteurs lorsqu’il s’agit d’obtenir des informations de témoins, qu’ils n’hésitent pas à harceler s’ils l’estiment utile à leurs recherches. En cela le film est pessimiste, pour ne pas dire assez cynique.

Les Hommes du président montre une Amérique en pleine crise de confiance. Le mouvement qu’on appelle « le Nouvel Hollywood » est une autocritique d’un système et d’une société en train de se déliter, de perdre ses valeurs. Bien que ce mouvement ait disparu avec le regain des grands studios disposant de gros budgets et l’apparition du phénomène des blockbusters, on ne peut s’empêcher d’en percevoir l’indiscutable actualité. AW

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec Juliette Goffard sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

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Rencontre avec Julie Bertucelli

Le mardi 15 novembre, Julie Bertuccelli est venue présenter Dernières nouvelles du cosmos, son nouveau film documentaire, heureuse d’être parmi nous : « J’adore venir dans ce cinéma depuis mon premier film. C’est toujours un grand plaisir. » Réalisatrice de fictions Depuis qu’Otar est parti en 2003 et l’Arbre en 2010, elle a réalisé une quinzaine de films documentaires. « J’espère que vous partagerez ce plaisir, ce bouleversement d’avoir vécu auprès de cette jeune femme pendant presque deux ans. »

Julie Bertucelli aux Studio © Nicole Joulin

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es spectateurs ressortent forcément ébahis de cette intrigante rencontre. Ils croyaient rencontrer une handicapée, difficile à regarder à l’écran, et ils ont découvert un écrivain à l’esprit d’une fulgurance qui intrigue. Et d’abord : comment Hélène a-t-elle appris à lire ? « Elle a appris toute seule. Elle regarde. Elle a l’esprit qui turbine et une mémoire extraordinaire. Comme elle l’explique ellemême, elle utilise tous les espaces secrets de son cornichon de cerveau. »… Ça peut paraître mystérieux mais, plus je la côtoie, plus je me dis que le cerveau humain est d’une richesse incroyable, qu’on utilise rarement à son maximum. Des enfants d’un an comprennent tout alors qu’ils ne savent ni parler ni lire. Hélène lit, écoute des livres enregistrés,

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regarde la télévision, va voir des spectacles, écoute de la musique, beaucoup de chanteurs dont elle adore les paroles. Elle est comme nous sauf qu’elle n’arrive pas à parler… L’autisme est un handicap mais c’est aussi une autre façon d’être au monde, d’être connecté, de percevoir les choses. » La rencontre s’est faite avec son ami, le metteur en scène Pierre Meunier. Il venait de faire un spectacle autour du langage quand une amie d’amie lui a parlé d’une jeune fille qui, après 20 ans de silence, s’était mise à écrire grâce au travail incroyable réalisé par sa mère qui avait trouvé un moyen de communiquer avec sa fille, « une porte d’entrée ». « Il m’a parlé d’elle, fait lire ses textes. Lors de sa venue à Paris, on a passé la soirée ensemble,

j’étais sidérée et déjà filmo-magnétisée. Quand il a reçu le texte de Algorithme éponyme, avant qu’il soit édité, il a voulu en faire un spectacle. Retranscrire avec de la matière, des mouvements, des sons, de la musique. Je me suis dit qu’il fallait filmer. Faire un film sur une artiste, pas un sujet sur l’autisme. » Et la réalisatrice avait le même a priori que ses spectateurs : « Comment ce corps, cette maladresse peut-elle faire naître un texte aussi sidérant ? » Bien entendu, on ne peut s’empêcher de se demander ce que Babouillec (son nom d’artiste) a pensé du film. Julie B a tenu à nous lire le message qu’elle a reçu après la projection (tapé par sa mère) : « Vrai sujet de société, parler de l’autisme peut déranger. À travers ton film, Julie, j’apparais comme une personne hors circuit qui, avec sa boite de lettres, compose un langage d’une autre appartenance et les mondes se rejoignent. Avec plaisir, je m’observe dans l’œil goguenard habité par l’amour de la lumière, direct, fluide, embellissant les contours poétiques du réel. Abracadabra et saperlipopette, j’adore ce magique instant de l’éternité dans lequel le regard, l’émotion, le corps tout entier, s’immobilisent. Je crois que cette étrange alchimie de l’instant pour l’éternité m’enseigne la confiance dans l’existence, d’être quelqu’un quelque part dans un espace de partage. Alors merci Julie d’avoir débarqué avec moi dans un ailleurs que tu appelles des nouvelles du cosmos. Avec ma TVA (Tout Vivre Amour) » Pour capter ces moments de grâce inouïs, Julie B a voulu travailler seule, cadrant elle-même. Elle n’a pas voulu faire de

dossier de financement, préférant prendre le risque financier d’en assurer la production. 100 heures de rushs et 5 mois de montage plus tard, elle aboutit à ce film sidérant qu’Hélène a adoré : « L’œil goguenard de ta caméra filme tout bas le DP haut de nos êtres. »

Babouillec a publié un recueil aux éditions Payot et Rivages. Monsieur Roux, un chanteur rennais vient de sortir un CD intitulé Un jour de neige et un musicien contemporain lui a commandé… un livret d’opéra.

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À propos de Mercenaire

À propos de Apnée

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éritier d’un passé sans parole et d’une façon de regarder le monde où le documentaire n’est jamais loin, le cinéma se nourrit du corps de ses interprètes1. L’envie de filmer celui de son acteur principal, Toki Pilioko, est à la base du 1er film de fiction de Sacha Wolff, Mercenaire, corps à proprement parler extraordinaire, qui raconte à la fois ses origines mélanésiennes, un no man’s land pratiquement jamais filmé2 et un corps de rugbyman, ce sport qui est aussi peu filmé3 et qui marque ses athlètes de façon indélébile. Le récit commence sur un terrain de rugby à Nouméa ; Soane, jeune colosse de 19 ans, est repéré par un recruteur local, qui se révélera être un véritable maquereau, un marchand de viande comme l’avait dit, ironiquement, le père de Soane. Le récit prend alors des allures d’odyssée car Soane part pour un grand club de la métropole, contre l’avis de son père, brute avinée et despotique qui règne sur sa famille comme un dieu vengeur et qui marquera à jamais le corps de son fils de profondes cicatrices en le fouettant avec une violence démentielle, avant de le répudier dans une cérémonie brutale où il brûlera toutes traces de son fils désormais mort pour lui. Soane débarque donc dans le sud-ouest avec ses tongs, son short, son débardeur et ses illusions d’enfant perdu. Commence alors la description minutieuse (le réalisateur vient du documentaire) du microcosme du rugby de terroir, ses arrangements avec la morale, la médecine et l’argent. S. Wolff a tourné à Fumel, avec la complicité de l’équipe du cru où chacun a accepté de jouer son rôle, du président au pilier. Sa manière de filmer ce sport de combat collectif est passionnante, tout sonne juste, la camaraderie des vestiaires, la beaufferie de la troisième mi-temps et l’existence de ces mercenaires venus du monde

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entier vendre leurs muscles, exploités cachés d’une mondialisation qui envahit jusqu’aux terrains des petits clubs. Violences des échanges sur le terrain mais aussi dans une vie quotidienne bricolée (hébergements dans des mobile-homes de fortune, petits boulots à l’entrée des boites octroyés par des petits oligarques de province…) Cette description qui n’évite aucun des sujets qui fâchent (dopage, racisme, corruption…) parvient à insuffler un vrai souffle romanesque, notamment à travers une histoire d’amour impossible entre le colosse au cœur tendre et la grosse caissière que tous les joueurs « ont baisée ». De ce film âpre et violent restent en mémoire des scènes magnifiques : la déclaration d’amour de Soane, à la mode wallisienne, où il demande à son aimée de devenir « la femme qui portera ses enfants gros et gras » ! Celle, bouleversante, où il vient arracher sa liberté en saignant avec un poinçon son esclavagiste de recruteur au milieu des marchands du temple de Lourdes où celui-ci se faisait tatouer une vierge sur son corps musculeux ! Le haka qu’il entonne dans les vestiaires, pas celui des All Black, mais l’invocation viscérale le reliant aux éléments primordiaux et aux ancêtres, haka qu’il reprendra dans le cimetière de Nouméa, devant la tombe de son père, pour un final éblouissant d’un premier film remarquable, intense et vrai, comme son jeune acteur, époustouflant ! DP

rois zozos se présentent devant un adjoint au maire pour qu’il les marie séance tenante, non pas deux d’entre eux, mais tous les trois en un seul et même acte officiel de mariage. Il y a là Maxence, grand barbu à lunettes, Céline, pétillante blonde peroxydée, et Thomas, vieil adolescent au look vaguement soixante-huitard. Pour faire les choses comme il faut, tous trois se présentent en robe de mariée. À partir de ce point de départ farfelu plusieurs voies s’offrent au film. Il pourrait s’engager dans une narration pince-sans-rire qui développerait avec un sérieux imperturbable les situations les plus absurdes, enchaînant les épisodes incongrus avec toutes les apparences de la logique, dans une longue tradition qui va de Noblesse oblige de Robert Hamer (1949) aux Monty Python : ce qu’il est convenu d’appeler l’humour anglais.

Apnée ne suivra pas cette voie. Une autre tentation pourrait être celle de la satire féroce d’une société et d’un pouvoir figés dans leur immobilisme et leurs petitesses. Le propos du film s’orienterait alors vers la caricature acide d’une oppression multiforme et d’une nature humaine pervertie par la bêtise, l’égoïsme et la cupidité, dans le droit fil de la comédie italienne, à l’instar des Monstres de Dino Risi ou d’Affreux, sales et méchants d’Ettore Scola. Encore une fausse route. Apnée ne joue pas

dans ce registre, pas plus qu’il ne s’apparente à une quelconque catégorie de comédie clairement répertoriée (farce, comédie de mœurs, « romantique » etc.). Et même si le film ne se prive pas d’aborder des sujets sociétaux polémiques (monde du travail, banque, famille, religion…), à aucun moment la satire ne prend le pas sur l’humour. Le ton est original, anar sans agressivité, festif et délirant, osé dans les dialogues en même temps que plein de charme poétique, comme dans la très belle scène des trois patineurs nus. L’extravagance de la scène finale donne la clé du film : par un simple effort de concentration et de volonté Céline décide de faire monter la température de son corps à 45 degrés afin de mourir et de s’évaporer dans les airs. Résultat : elle et ses compagnons explosent et on les retrouve complètement calcinés, déambulant au milieu d’une foule anonyme, brûlés, noircis, mais vivants. Faut-il dire qu’’ils ont réussi leur pari fou mais se sont cramés — au sens propre comme au sens figuré — ou bien qu’ils se sont cramés mais ont réussi leur pari fou ? Verre à moitié vide ou à moitié plein… Personnages communs hors du commun, verdeur et délicatesse, goût de la déconne et mélancolie, liberté sans entrave et lucidité sans illusions : le film tient autant de Pierre Etaix que de Coluche, signe qu’il existe bel et bien, peut-être, une comédie et un humour proprement français. AW

1 Comme le disait Katell Quillévéré lors de la rencontre autour de son film Réparer les vivants. 2 Il n’y a eu que trois long-métrages tournés en Nouvelle-Calédonie. 3 La Fille du patron de O. Loustau évoquait d’une façon plutôt réussie ce sport qui peut être à la fois universitaire et populaire.

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