Carnets Studio juin 2018

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines-37000 TOURS

N°368 • Juin 2018

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Juin 2018 - n° 368

Édito - La

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Nuit . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Aucard de Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 BCAT - Bimestriel de cinéma africain de Tours . . . 5 Soirée CHRU - Don d’organes. . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Festival Courts d’écoles . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi:de 16h00 à 19h45 mercredi: de 15h00 à 19h45 jeudi: de 16h00 à 19h45 vendredi:de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Films de A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

elle accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation de la carte.

À propos de Don’t Worry He Won’t Get Far On Foot. . . . . . . 19 Courts lettrages Don’t Worry He Won’t Get Far On Foot . . . . . . . 20 À propos de 9 doigts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Interférences Mes provinciales - Une saison en France - L’ordre des choses 24 Interférences Les bonnes manières - Mme Hyde . . . . . . . . . . 26 À propos de The Third Murder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 À propos de The disaster artist . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Rencontre Michel Ciment . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 À propos de Sicilian . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

s’annonce dans quelques jours… le samedi 2 juin de 18h à l’aube. Quels films avez-vous choisis parmi les 15 à l’affiche ? 9 mois ferme France – 2013 : Comment une magistrate propre sur elle peut-elle tomber enceinte ? Film corrosif, jubilatoire, signé Albert Dupontel.

Cafétéria des Studio Gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Rencontre avec Jean Pierre Améris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

éditorial

La Nuit

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12 hommes en colère USA – 1957 : Douze jurés statuent sur le sort d’un jeune homme accusé de parricide... Un huis-clos étouffant et une tension grandissante, par Sidney Lumet.

Le Dernier combat France – 1983 : Comment survivre dans une ville dévastée ? Premier long métrage de Luc Besson, une curiosité cinématographique en noir et blanc et sans dialogue.

À l'est d'Eden USA – 1955 : Une adaptation de Steinbeck par Elia Kazan. Un sublime James Dean dans une tragédie familiale intemporelle.

Les 39 marches Royaume-Uni – 1935 : Un innocent accusé de meurtre est contraint de fuir… Alfred Hitchcock nous entraîne dans un lot de péripéties avec suspense, sensations fortes et humour british.

Tél : 02 47 20 85 77 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Film du mois de Janvier : Sicilian Ghost Story (voir au dos des Carnets) Prix de l’APF 1998

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . pages centrales

Site : www.studiocine.com – Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATIONcontribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

Docteur Folamour Royaume-Uni – 1964 : Un général fou déclenche une guerre nucléaire… Une perle de l’humour noir offerte par Stanley Kubrick, avec un génial Peter Sellers. Drive USA – 2011 : La descente aux enfers d’un cascadeur taciturne... Le suave Ryan Gosling dans un film électrique et romanesque réalisé par Nicolas Winding Refn. Fight Club USA/Allemagne – 1999 : Le film culte de David Fincher, film coup de poing qui laisse KO. Avec Brad Pitt, Edward Norton et Helena Bonham Carter, trois interprètes remarquables et flippants. Garçon d'honneur Chine/USA – 1993 : Un jeune Chinois cachant son homosexualité convient d'un mariage blanc... Ang Lee nous livre une comédie romantique fraîche, piquante et plus que jamais d'actualité ! L’Atalante France – 1934 : Sur la péniche la vie des jeunes mariés est compliquée… Un film moderne, fascinant par sa liberté de ton, poétique, mais surtout charnel. Le seul long métrage de Jean Vigo. Le Carnaval des âmes USA – 1962 : Unique rescapée d'un accident, une jeune femme part s'installer près d'un parc de loisirs abandonné… Unique film réalisé par Herk Harvey, un pur chef d’œuvre en noir et blanc, envoûtant et cauchemardesque.

Le Tombeau des lucioles Japon – 1988 : Deux jeunes orphelins traversent les ruines d’un Japon d’après-guerre... Un bijou d’animation bouleversant, au réalisme poétique, du regretté Takahata. Mon frère est fils unique Italie – 2007 : Années 60 en Italie. Deux frères rivalisent dans leurs engagements politiques et sentimentaux... Une chronique militante, sensible et attachante, par Daniele Luchetti. The Rocky Horror Picture Show UK/USA – 1975 : Jim Sharman livre une comédie musicale déjantée avec un savant fou travesti, sa créature blond platine, des chansons rock endiablées... Du délire à l’état pur ! Faut le voir pour le croire. Wild USA – 2014 : Une jeune femme incarnée avec force par Reese Witherspoon se lance dans un périple de 1700 km sur la côte ouest américaine... Jean-Marc Vallée filme un voyage émouvant au cœur de paysages sublimes. Entre chaque film vous pourrez déguster les plats sucrés ou salés dans le village d’associations… et au petit matin boire le café après la dernière séance ! ATTENTION ! La programmation habituelle n’a pas cours après 16h30. Seul un pass acquis à l’accueil vous permet l’entrée à La Nuit. Pas de billet en vente à l’unité. MS Les CARNETS du STUDIO

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Séance publique COURTS D’ÉCOLES Samedi 16 juin, 16H00

jeudi 7 juin - 19h45 Le CNP et l’association D’ailleurs nous sommes d’ici (DNSI) présentent :

CULTURE POPULAIRE et ENGAGEMENT LOCAL Le groupe Massilia Sound System est un vecteur essentiel de l’éclosion des mouvements hip-hop et reggae en France. Plus de trente ans après sa création, il est devenu un phénomène social porteur de revendications diverses, de la défense de la langue occitane

à la lutte contre les inégalités sociales. Cultures populaires, brassage des cultures, esprit de la fête : ingrédients du « Vivre et faire ensemble » ? Avec le Massilia Sound System, dans les années 80, la génération hip-hop a pris le micro pour bousculer les centres villes et a donné une identité positive à une génération entière de jeunes Marseillais. Et aujourd’hui en Touraine ? Ailleurs... ? Film : Massilia Sound System, le film de C. Philibert (France – 2017 – 1h38) Suivi d’un débat avec Gülçin Erdi, sociologue à l’Université de Tours.

tage – et non de compétition – dans des conditions optimales, avec leur projection sur un grand écran. Courts d’écoles est organisé en partenariat par les cinémas Studio et l’Inspection académique d’Indreet-Loire et une aide financière de la mairie de Tours. Samedi 16 juin à 16h tout le monde pourra venir voir gratuitement les films réalisés par les écoles élémentaires !

Soirée CHRU / Studio Mercredi 20 juin, 19h45

Soirée Cinéma bis du Festival Aucard de Tours

Mercredi 20 juin à 19h45 le CHRU et les Studio proposent dans le cadre de la Journée nationale de réflexion sur le don d’organes et la greffe du 22 juin.

Dimanche 3 juin

LA GREFFE D’ORGANES SAUVE DES VIES

AVEC NANARLAND.COM 18h : concert & cocktail gratuits dans la cour des Studio : LES BARONS DU BAYOU Ce groupe transforme la Loire en Mississipi. Autour d'une base banjo/contrebasse/batterie cette formation aigre-douce vous envoûtera avec ses standards New Orleans, blues et rythm'n'blues cajun. Chaque séance sera précédée et suivie des cuts Nanarland.com, le pire du cinéma mondial... 19h30 : GET CRAZY d’A. Arkush – 1983 - avec M. McDowell, L. Reed... 1h30 - VF C'est un peu les Blues Brothers version sex drugs & rock'n'roll. Ce film fou est une satire déjantée de la scène musicale US du début

des 80's. L'histoire d'un concert géant qui part en sucette... et sera sauvé entre autres par un dealer sapé à la Dark Vador... Gros gags, mauvais jeux de mots, sexualité débridée, drogues à gogo, une ode au politiquement incorrect de l 'époque... 21h45 : RIEN N'ARRÊTE LA MUSIQUE Can't Stop The Music de N. Walker avec Village People - 1980 2h00 - VF Même époque, même endroit, autre musique... C'est la fièvre du samedi soir qui revient, version Les Gars du Village. Le disco s'essoufflant, le producteur de Village People, J. Morali, tente de les relancer. En résulte ce film hallucinant, au budget double du premier Star Wars... Déluge de chorégraphies et de décors flashy/effets kitsch/mauvais goût vestimentaire. L 'histoire niaise et idéalisée du groupe, où l'imagerie outrancièrement gay se mêle à une vague histoire d'amour hétéro...

Le PASS 2 séances : 12,40€ / 8,20€ adhérents Studio. Prévente à partir du 20 mai.

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Chaque année, les Rencontres Courts d’Écoles offrent aux élèves d’Indre-et-Loire, de la maternelle au lycée, la possibilité de projeter sur grand écran les courts métrages réalisés en classe ou en atelier. Véritables créations, ces courts métrages sont aussi un pôle d’échanges entre ces jeunes réalisateurs, les enseignants et professionnels associés. Ces rencontres permettent aux élèves d’apprécier l’ensemble des réalisations dans un esprit festif de par-

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La greffe d’organes est un acte médical envisagé quand le remplacement de l’organe défaillant devient la dernière chance. Dans plus de 90% des cas le greffon provient d’un donneur décédé dans une structure hospitalière et nécessairement en réanimation. Ces situations particulières de décès ne représentent que 1% des décès à l’hôpital. Mais existe-t-il d’autres situations de don d’organes possibles ? Existe-t-il un âge limite ?

En France les 3 grands principes de la bioéthique sont le consentement présumé, la gratuité, l’anonymat. Le consentement présumé est la pierre angulaire de la chaîne du don. Sans donneur pas de greffe. La loi nous dit que tout le monde est donneur sauf si on exprime son refus. Mais quelle est la position des proches dans une situation où le donneur ne s’est pas exprimé ? Peut-on s’opposer au don de certains organes ?

Réparer les vivants

T. Rahim, B. Lanners, A. Dorval, K. Leklou, A. de Lencquesaing, D. Blanc, A. Taglioni…) : pas de premier rôle dans cette chaîne humaine car le véritable personnage de ce film bouleversant, c’est le cœur. Ce cœur qui continue à battre… DP

France – 2016 – 1h44 – de Katell Quillévéré, avec Tahar Rahim, Emmanuelle Seigner…

Adapter le roman éponyme de Maylis de Kerangal, couvert de prix et qui a connu un phénoménal succès public depuis sa sortie en 2014, était une véritable gageure. Et le pari de K. Quillévéré, dont on avait adoré Suzanne en 2013, est parfaitement réussi. L’écriture de M. de Kerangal se voulait précise, « chirurgicale », se concentrant sur les faits et leurs implications, pour tenir à distance les émotions. La jeune réalisatrice parvient à trouver un équivalent visuel à cette chanson de gestes. L’image est magnifique et les nombreux acteurs excellents (E. Seigner, Kool Shen,

Séance suivie d’un débat animé par des professionnels de la santé : Pierre-Yves Lamour : infirmier coordination prélèvements d’organes CHU Tours Dr Jean-Christophe Venhard : Pôle anesthésie réanimation coordination des prélèvements d’organes et de tissus CHU Tours Dr Emmanuelle Mercier : Médecine intensive réanimation CHU Tours.

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BCAT #12 - Ciné-brunch Dimanche 17 juin, 11h15 Déjà la fin de la saison. Pour clôturer cette deuxième saison du BCAT, nous avons le privilège de partager avec vous cette précieuse sélection : Le court métrage :

Le Sifflet de As Thiam - 22’ Samba et Coumba sont aveugles. Dans les rues de Dakar, ils chantent ensemble pour gagner leur vie. Une grève de transport les oblige à aller en ville à pied en traversant le seul poumon vert de la ville. Dans la tranquillité de la nature, ils imaginent le monde qui les entoure. Et puis, tout à coup, la rencontre avec la magie apparaît sous la forme d’un sifflet…

Suivi du long métrage :

L’Orage africain – Un continent sous influence de Sylvestre Amoussou (qui nous honorera de sa présence) 2017 – 1h29

Le Président de la République d’un pays africain imaginaire, qui souffre de voir les richesses naturelles de son pays uniquement exploitées par des entreprises occidentales, décide de nationaliser tous les moyens de productions installés sur son territoire par des étrangers : puits de pétrole, mines d’or, de diamants, etc. Évidemment, les Occidentaux apprécient peu. Un combat féroce s’engage alors, où tous les coups sont permis. Surtout ceux qui sont interdits. Qui va gagner ?

Pour célébrer le succès continu du BCAT, le brunch sera animé par un musicien africain avec sa kora.

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

A

1981, Romy Schneider traverse une profonde crise existentielle. Elle est en cure à Quiberon où elle tente de se débarrasser de ses démons : l’alcool, les calmants, les problèmes d’argent et surtout l’image ternie qu’elle a d’elle-même. Elle décide de se confier au journaliste allemand Michael Jürgs. Cette interview est le point de départ du film d’Emily Atef. Romy Schneider interprétée avec beaucoup de sensibilité par Marie Bäumer oscille entre mélancolie et légèreté.

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Grande-Bretagne – 2017 – 1h48, de Ritesh Batra, avec Jim Broadbent, Charlotte Rampling, Harriet Walter…

« Emily Atef a réalisé le tour de force de collecter un très grand nombre d’informations et d’en faire une œuvre d’art dont la forme rappelle les grands films français en noir et blanc » (Michael Jürgs)

À genoux les gars

Au bord de l’eau

Séance Ciné-ma différence : Le Miroir se brisa-VF : samedi 23 juin - 14h15

3 jours à Quiberon

À l’heure des souvenirs

Tony Webster mène une existence tranquille dans son magasin de photographie londonien. Un événement va bousculer sa vie : la mère de Veronica Ford, son premier amour, lui lègue le journal intime d’Adrian, son meilleur ami du lycée mais aussi son rival. Un à un les souvenirs affleurent, morcelés, doux ou cruels... Les souvenirs sont-ils le pur reflet de la réalité ou autant d’histoires que nous nous sommes racontées ? Ritesh Batra, réalisateur de l’émouvant Lunch Box (2013), signe une enquête intime sur les apparences et les malentendus, un labyrinthe mélancolique à travers passé et présent, illusion et réalité.

AVAN T LE S F ILM S , DANS T OU T ES LES S ALL ES , A U MOI S DE JU IN : Things have changed de Bettye Lavette - Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Allemagne/Autriche/France – 2018 – 1h57, d’Emily Atef, avec Marie Bäumer, Birgit Minichmayr, Robert Gwisdek…

au supermarché du quartier, la relation entre les deux jeunes gens va évoluer en ce que Yasmina croit être de la sensualité et une sexualité véritablement partagée. En réalité, elle subit un chantage affectif de la part de Salim qui la persuade qu’être soumise est la preuve de l’amour qu’elle lui porte. Un soir, se retrouvant seule dans un parking, en compagnie de Salim et Majid, la situation dégénère… Si en raison de son sujet –la sexualité des jeunes dans les banlieues – mais surtout de son traitement, cru, ce film sélectionné à Un certain regard, a été très diversement reçu par ceux qui l’ont vu, il a le mérite d’aborder frontalement la question des violences que subissent, quotidiennement, certaines jeunes filles, victimes de l’ignorance, de la bêtise et du mépris !

France – 201 – 1h38, d’Antoine Desrosières, avec Souad Arsane, Inas Chanti, Sidi Mejai…

Yasmina et Rim sont deux sœurs musulmanes de 17 et 18 ans. Yasmina rencontre Salim, meilleur ami de Majid, le copain de sa sœur : de la tchache au téléphone pendant des heures, aux rendez-vous à la piscine ou

médecines classiques échouent, se tournent vers des formes de soin différentes, parmi lesquelles les magnétiseurs occupent depuis longtemps une place centrale. Sylvestre Chatenay a choisi de nous donner à voir la pratique quotidienne de deux magnétiseuses « entre Touraine et Berry ». Ces guérisseuses, qui ne savent pas expliquer leurs soins, disent ne pas avoir choisi cet exercice ni la transmission qui l’accompagne. Les soins sont très ritualisés et font bien sûr appel au surnaturel et à l’invisible. Au-delà du mystère qui entoure ces soins, le défi du film est bien là : donner à (perce) voir ce qui, par définition, est invisible ! Vendredi 15 juin à 19h45, rencontre avec le Réalisateur.

Bécassine !

France – 2018 – 1h35, de Bruno Podalydès, avec Emelyne Bayart, Michel Vuillermoz, Karin Viard, Denis Podalydès...

B

Cette comédie poétique retrace l’histoire de Bécassine, une Bretonne qui doit son drôle de surnom à un vol de bécasses au-dessus de son village le jour de sa naissance. Adulte, elle rêve de rejoindre Paris mais n’ira pas bien loin. Sur la route la marquise de GrandAir, criblée de dettes, la recrute pour s’occuper de sa petite fille Loulotte. La fille de fermier découvre la vie de château… Bruno Poldalydès s’est détaché de la bande dessinée de Caumery et Pinchon de son enfance pour en faire une histoire pleine de gaieté et d’émerveillement, dans une version originale, légère et burlesque. À noter la brochette d’acteurs habitués du réalisateur qui font des merveilles ! Mardi 26, rencontre avec le réalisateur après la séance de 19h45.

Voir pages Jeune Public

Avec mes mains France – 2018 – 52’, documentaire de Sylvestre Chatenay.

Blue Voir pages Jeune Public

Nombre de gens, en particulier lorsque les

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C

Le Cerveau des enfants France / USA – 2017 – 1h30, documentaire de Stéphanie Brillant.

Rencontre avec des éducateurs, des scientifiques et... des enfants pour nous emmener à la découverte du développement du cerveau et de ses capacités, tant cognitives qu’émotionnelles. L’idée qui sous-tend ce film est que ce que la science nous apprend sur le fonctionnement et le développement du cerveau pourrait être utilisé dans l’éducation des enfants...

Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête

France – 2017 – 1h17, d’Ilan Klipper, avec Laurent Poitrenaux, Camille Chamoux, Marilyne Canto, Michèle Moretti...

Bruno, cinquante ans, célibataire et sans enfants, vit en colocation avec une jeune Femen. Il se lève tard et traîne la journée entière à la recherche de l’inspiration car, il y a vingt ans, il a publié un roman dont la presse a dit « Il y a un avant et un après Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête ». Pour lui tout va bien, mais ses proches ne voient pas la situation de la même façon et décident de lui faire rencontrer une psy qui devra estimer s’il faut l’interner de force ou pas... Après quelques documentaires, dont SainteAnne et Commissariat qui s’intéressaient déjà à la folie, Ilan Klipper signe son premier long métrage de fiction. Mais il ne faut pas se fier à la gravité du sujet car le film emprunte la voie de la comédie et les critiques soulignent son écriture comique enlevée. Et dans le rôle de Bruno on retrouve le grand Laurent Poitrenaux, qui jouait déjà les écrivains un peu dérangés dans Victoria de Justine Triet.

Le Crime de l’Orient Express VO VF Voir pages Jeune Public

D

Désobéissance

USA – 2017 – 1h54, de Sebastian Lelio, avec Rachel McAdams, Rachel Weisz…

Photographe à Manhattan, Ronit a pris ses distances avec la communauté juive ortho-

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doxe londonienne dans laquelle elle a grandi. À la mort de son rabbin de père, elle décide de rentrer chez elle pour les obsèques. Les membres de la communauté lui sont hostiles, seul son ami d’enfance, Dovid, semble heureux de la revoir. Ronit découvre qu’il est marié à Esti, dont elle était autrefois secrètement amoureuse. Les retrouvailles font renaître une passion qui ne s’est jamais vraiment éteinte… Découvert avec le magnifique Gloria, le cinéaste chilien a reçu l’Ours d’argent à Berlin en 2015 pour Une femme fantastique. Pour son 1er film en anglais, il propose un drame à action lente, avec une image impressionnante et un formidable couple d’actrices dans un film qui explore les limites de la liberté et les conséquences de… la désobéissance.

En guerre

France – 2017 – 1h52, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Jacques Borderie...

Everybody Knows commence comme une comédie familiale, prend un brusque virage vers le polar pour ensuite tirer un peu du côté politique (à qui appartient la terre ? Les travailleurs saisonniers sont-ils vraiment fiables ?) puis mener les trois genres de front sans que le spectateur s’y perde un instant. L’intérêt du film ne tient pas tant aux prestations des acteurs (ils sont TOUS excellents, avec une mention pour R. Darin) ou aux retournements de l’intrigue qu’à la façon avec laquelle Farhadi scrute les relations entre ses divers personnages et met en lumière leurs alliances ou leurs rivalités plus ou moins avouées. ER

F

Deux jeunes Lituaniens, Rokas et Inga, conduisent une camionnette humanitaire de Vilnius en Ukraine, jusqu’à la ligne de front où des militaires ukrainiens défendent le territoire national contre les séparatistes russes. Au gré de leurs rencontres et au fur et à mesure de l’avancement de leur périple, ils se retrouvent de plus en plus livrés à euxmêmes… Pour son nouveau film, Sharunas Bartas propose un road-movie totalement dans la lignée de son œuvre et de son univers mais qui semble néanmoins être également son film le plus accessible. Les critiques s’accordent tous pour souligner l’envoûtement qui se crée au fil du voyage et ils soulignent la beauté des plans et la magie de certains moments, comme celui de l’apparition de Vanessa Paradis en journaliste confiant au creux de la nuit son désarroi amoureux.

E

Perrin Industrie, équipementier automobile, fait des bénéfices record ; ses salariés ont déjà fait d’importantes concessions, mais peu importe, il y a sûrement de plus grosses marges à dégager ailleurs, donc, hop... on ferme ! Et voilà 1.100 salariés sur le carreau... Sauf que cette fois-ci, écoeurés par tant de mensonges, ils vont se battre, jusqu’au bout ! Trois ans après La Loi du marché, V. Lindon tourne à nouveau avec S. Brizé une histoire de ce qu’ils appellent les « vrais héros du quotidien », un registre où ils ont déjà fait leurs preuves !

Everybody Knows

Espagne – 2018 - 2h10, d’Asghar Farhadi, avec Penelope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin…

Avec sa famille Laura se rend de Buenos Aires à son village natal en Espagne. Ce qui devait être une simple et joyeuse réunion de famille se verra bouleversé par des événements imprévus qui vont changer le cours de leur existence…

Frost

Lituanie – 2017 – 2h00, de Sharunas Bartas, avec Andrzej Chyra, Mantas Janciauskas, Lyja Maknaviciute, Vanessa Paradis...

G

Grenouilles et compagnie Voir pages Jeune Public

Gueule d’ange

France – 2018 –1h50 de Vanessa Filho, avec Marion Cotillard, Alban Lenoir, Amélie Daure, Ayline Aksoy-Etaix...

Une station balnéaire du sud de la France, hors saison. Marlène vit seule avec Elli, sa fille de huit ans qu’elle surnomme Gueule d’ange. Marlène est sans repères, sans travail et elle délaisse sa fille. Elle ne s’aperçoit pas qu’Elli est en danger et qu’elle a même commencé à boire en cachette. Une nuit, Marlène va en boîte et y rencontre un homme avec lequel elle part, laissant son enfant livrée à elle-même... Photographe, vidéaste, Vanessa Filho signe avec Gueule d’ange son premier long métrage. Pour ce projet, a priori difficile, elle a su très bien s’entourer, notamment de l’excellent Guillaume Schiffman à la photo (César pour The Artist) et, en tête d’affiche, de Marion Cotillard pour ce premier film et d’Alban Lenoir, remarqué notamment dans Un Français et Le Semeur.

Have A Nice Day Chine – 2017 – 1h17, de Liu Jian

H

Dans une ville de béton, de néons, de rues désertes, Xiao Zhang, simple chauffeur d’un mafieux local, lui dérobe un sac contenant un million de yuans. La chasse à l’homme et au sac commence… Loin d’être un banal thriller, Have A Nice Day est un film d’animation réjouissant par son humour noir et la satire féroce qu’il fait d’une société corrompue. Pas étonnant qu’il ait connu des problèmes avec la censure chinoise ! Hilarant parfois, macabre souvent, plein de références et de clins d’œil à la Tarantino, voilà selon les critiques une sorte d’Ovni cinématographique on ne peut plus alléchant.

L’Homme qui tua Don Quichotte

Grande-Bretagne/France/Espagne – 2017 – 2h12, de Terry Gilliam, avec Jonathan Pryce, Adam Driver, Rossy de Palma…

Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

Un réalisateur publicitaire peu scrupuleux, Toby, rencontre un vieil excentrique persuadé Les CARNETS du STUDIO n°368 – Juin 2018 –

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d’être Don Quichotte. Le bout de chemin qu’ils vont faire ensemble va amener Toby à se confronter à l’homme qu’il fut quelques années plus tôt : plein de fougue, il avait alors tourné un film adapté de Cervantès... qui avait changé la vie de tout un village... Les aventures sont folles, les décors somptueux et la logique... obéit à des règles un peu particulières... mais nous sommes chez T. Gilliam qui, après 25 ans, plusieurs échecs et procès au coût faramineux, a ENFIN réussi à accoucher de son bébé le plus extravagant... Avec un casting pour le moins alléchant !

How To Talk To Girls At Parties GB/USA – 2018 – 1h42, de John Cameron Mitchell, avec Elle Fanning, Nicole Kidman, Ruth Wilson, Alex Sharp, Matt Lucas...

Combien de garçons se sont bien posé cette question : « Comment aborder des filles dans des fêtes ? » Cette comédie passablement folle ne va pas tout à fait apporter les réponses que certains attendent peut-être, puisqu’elle raconte comment trois jeunes Britanniques débarquant dans une soirée vont y tomber sous le charme de trois créatures d’une beauté quasi surnaturelle... et il y a une raison à cela : elles sont les envoyées d’une autre planète avec pour mission d’observer les mœurs terrestres. Une fois retournées chez elles, leur destin sera d’être dévorées sur place... Les réponses qu’elles vont rapporter pourraient bien être biaisées puisque, 1977, à Londres, c’est la grande époque du punk, pas forcément représentatif des mœurs terrestres...

J Jericó, le vol infini des jours

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meilleur documentaire au festival Cinelatino de Toulouse en 2017, met en scène sobrement ces paroles de femmes, recueillies dans l’intimité de leurs maisons, souvent pleines d’allégresse, qui confient leurs secrets, évoquent la vie qui passe, leur foi, leurs joies et leurs peines avec une grande authenticité : « même si on a 80 ans, tant qu’on a la santé, on peut s’écrier : Vive la jeunesse ! »

Je vais mieux

France – 2017 – 1h26, de Jean-Pierre Améris, adapté du roman de David Foenkinos, avec Eric Elmosnino, Ary Abittan, Alice Pol...

Dans cette nouvelle comédie, après Une famille à louer et Les Émotifs anonymes, le héros du dernier film de Jean-Pierre Améris, à l’abord de la cinquantaine, se retrouve le dos coincé. Ni rien ni personne ne semble pouvoir y faire quelque chose. S’il part de ce que l’on a coutume d’appeler le mal du siècle, le réalisateur en profite pour nous parler du couple, du travail, de l’amitié, de toutes les névroses de notre époque… Sensible et terriblement humain, Jean-Pierre Améris sait naviguer avec pudeur et délicatesse autant dans ses films que dans ses interventions en public. Nous avons été enchantés de l’accueillir de nouveau le 27 avril dernier pour l’entendre parler de Je vais mieux, un film tendre et décalé dans lequel il y a de fortes chances que vous vous retrouviez ! SB

Madame Fang Chine – 2017 – 1h26, documentaire de Wang Bing

. Madame Fang est une paysanne sexagénaire du Fujian, province du Sud de la Chine. Wang Bing la filme après un Alzheimer fulgurant, au moment où elle semble déjà absente au monde et où la vie la quitte. Autour d’elle ceux qui la veillent, même durant ces longues nuits qui sont le seul temps du film. Wang Bing fait du cinéma un passage inquiétant entre la vie et la mort. Au milieu d’une famille résignée, il ne relâche jamais son attention qui est à la fois soutien, compassion et défi violent. Il est avec elle, simplement. Il nous permet de rencontrer madame Fang. Cette rencontre est inoubliable. Et c’est une victoire du cinéma.

Ma fille

Allemagne/Italie/Suisse - 2018 - 1h37, de Laura Bispuri, avec Valeria Golino, Alba Rohrwacher, Sara Casu, Udo Kier…

Voir pages Jeune Public

Tina et Angelica : deux femmes que tout semble séparer. La première se dévoue corps et âme à sa fille Vittoria, qu’elle élève seule dans un village de pêcheurs en Sardaigne ; la seconde, criblée de dettes, mène une vie dissolue, dans une vieille bâtisse isolée. Pourtant, un jour, Angelica demande à voir l’enfant. Tina hésite puis finit par accepter, comme si elle n’avait pas vraiment le choix, car en vérité, un pacte secret, autour de la petite fille, lie les deux femmes… Pour ce second long métrage, Laura Bispuri s’/nous

JSA : Joint Security Area Corée du Sud – 2000 – 1h50, de Park Chan-Wook, avec Kira Myoeng-su, Song Kang-Ho…

À la mort de sa grande tante Julia, la réalisatrice colombienne, s’était promis de filmer les femmes de Jericó, un village pittoresque de la région d’Antioquia, « pour montrer une petite partie de la richesse et de la diversité de l’esprit féminin colombien. » Ce documentaire au charme fou, Prix du public et Prix du

Corée du Sud et Corée du Nord sont en guerre larvée depuis des dizaines d’années. Une Zone Commune de Sécurité (traduction de JSA) les sépare. Dans un poste de garde du côté Nord deux soldats sont retrouvés morts, tués par un soldat du Sud qui prétend avoir été fait prisonnier et les avoir tués pour

n°368 – Juin 2018

M

Le Jour où la Terre s’arrêta

Colombie – 2016 – 1h18, documentaire de Catalina Mesa

– Les CARNETS du STUDIO

s’évader. L’enquête révèle rapidement contradictions et incohérences. Que s’est-il donc réellement passé ? Énorme succès à sa sortie en Corée du Sud et dans le monde, le film ressort aujourd’hui dans une version restaurée. Beaucoup plus fin et complexe qu’un simple thriller, remarquablement interprété, JSA a toujours fait l’admiration de Quentin Tarantino, qui n’a pas hésité à le classer parmi les meilleurs films sortis dans le monde depuis 1992 ! À ne pas rater.

interroge sur ce qu’est une mère : sa place, ses droits, ses devoirs, les façons d’exprimer l’amour maternel entre étouffement par trop d’amour, et force et liberté par irresponsabilité et égoïsme… Questionnement universel, s’il en est, quel que soit le lieu et l’époque ! Filmographie : Vierge sous serment (2015)

La Mauvaise réputation Norvège – 2017 – 1h46 – d’Iram Haq, avec Adil Hussain, Sheeba Chaddha…

À 16 ans Nisha mène une double vie : à l’extérieur c’est une adolescente norvégienne ordinaire, une bonne élève qui aime traîner avec ses copains, faire la fête ; à l’intérieur elle est la parfaite petite fille pakistanaise qui doit garder intacte la sacro-sainte réputation familiale au sein de la communauté. Sa vie bascule quand son père la surprend dans sa chambre avec son petit ami norvégien et l’enlève pour commencer une nouvelle vie au Pakistan… Basé sur les rapports avec son propre père, le second film d’Iram Haq, après I Am Yours (13), sans sensiblerie ni misérabilisme, se transforme peu à peu en thriller sur la difficulté de survivre dans les rues dangereuses d’Islamabad : « Des pensées libres, des voix libérées, telle a été ma motivation pour faire ce film. La cause des femmes me passionne et je me sens une responsabilité, celle de dire à mes sœurs les femmes de ne pas avoir peur, d’oser parler, et de s’entraider. »

Le Miroir se brisa Samedi 23 juin, 14h15

Meurtre au soleil Mort sur le Nil

VO VF

Parvana une enfance en Afghanistan Voir pages Jeune Public

P

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Les CARNETS du STUDIO n°368 – Juin 2018 –

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Plaire, aimer et courir vite

France – 2018 – 2h12, de Christophe Honoré, avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès..

. Après deux adaptations littéraires, Ovide pour Métamorphoses et La Comtesse de Ségur pour Les Malheurs de Sophie, Christophe Honoré souhaitait revenir à une histoire à la première personne et à un certain réalisme. Avec Plaire, aimer et courir vite il se penche sur les années 90, époque où il était encore étudiant. Le film met en scène un jeune provincial, Arthur, étudiant à Rennes, dont la vie va basculer lors de sa rencontre avec Jacques, un écrivain qui habite Paris avec son fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer mais Jacques est malade... Soit, à travers une histoire d’amour, un premier et un dernier amour, un début et une fin dans la vie. Gageons que Christophe Honoré saura traiter sérieusement mais en évitant tout esprit de sérieux ces sujets graves. Exactement ce qu’il a déjà si bien réussi dans ces pépites que sont Les Chansons d’amour et Les Bien-aimés. Portée par Pierre Deladonchamps, Vincent Lacoste et Denis Podalydès, cette œuvre très prometteuse est en compétition officielle au festival de Cannes. JF

Pororoca, pas un jour ne passe Roumanie – 2018 – 2h32, de Constantin Popescu, avec Bogdan Dumitrache, Iulia Lumanare, Costin Dogioiu

Tudor et Cristina ne sont pas à plaindre : heureux, financièrement à l’aise, ils vivent dans un bel appartement avec leurs enfants, Ilie et Maria. Un jour, alors que Tudor a emmené les enfants jouer dans un parc, et sans même que Tudor soit spécialement inattentif, Maria disparaît... Le film va alors se concentrer, se refermer presque, sur Tudor et la façon dont il va peu à peu s’effriter. Alors qu’il sombre de plus en plus en plus profond, le film nous rappelle que le monde continue d’exister autour de lui, ce qui ne rend sa

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– Les CARNETS du STUDIO

n°368 – Juin 2018

T

chute que plus douloureuse. L’interprétation de B. Dumitrache a été très généralement saluée pour son intensité.

Qui a peur de Roger

Rabbit

Ready Player One

VF VF

Voir pages Jeune Public

Q R

Retour à Bollène

France-Maroc – 2018 – 1h07 – de Saïd Hamich, avec Anas El Bazn, Kate Colebroof...

Après plusieurs années d’absence Nassim, 30 ans, qui vit à Abu Dhabi avec sa fiancée américaine, revient à Bollène, dans le Sud de la France où il a grandi. Il doit alors faire face à son passé, à sa ville sinistrée, désormais gouvernée par la Ligue du Sud, à sa famille avec laquelle il entretient des relations complexes, et à ce père à qui il n’adresse plus la parole… Pour son 1er film, le producteur Saïd Hamich (Much Loved, Ni le ciel ni la terre, Hope, Vent du Nord) a voulu faire à la fois le portrait d’une ville et le portrait d’un homme rongé par la colère et le reproche. « C’est mon coup de projecteur sur cette France oubliée, un peu de ma France... On voit souvent le tropplein des cités, on surdramatise. On filme l’action, les gens qui veulent s’en aller... Moi, je voulais sous-dramatiser en disant qu’il ne s’y passe rien. Le néant. Le vide. » déclare le réalisateur en citant l’écrivain James Baldwin : « L’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent de manière si tenace à leur haine, c’est qu’ils sentent bien que, une fois la haine disparue, ils se retrouveront confrontés à la douleur ».

Sicilian Ghost Story Film du mois, voir au dos du carnet

The Final Portrait

USA – 2018 – 1h30, de Stanley Tucci,avec Geoffrey Rush, Sylvie Testud, Armie Hammer, Clémence Poésy...

En 1964 Alberto Giacometti accorde deux jours à un journaliste italien de passage à Paris ; deux jours pour faire le portrait du maître, un homme grincheux, irascible mais très attachant. Un vieil atrabilaire aux yeux de qui aucun peintre contemporain ne trouve grâce et qui a si peu confiance dans le monde (et les banques) qu’il planque son argent en liquide sous son matelas... Un insatisfait qui efface sans cesse la toile qu’il est censé peindre devant le journaliste qui, lui, ne trouve rien à y redire. L’un des exploits du film est de nous rendre Giacometti attachant en dépit de tous ces défauts et de nous transporter dans un Paris des années 60 très imaginaire.

Trois visages Iran – 2018 – 1h40, de Jafar Panahi.

S

Une célèbre actrice iranienne reçoit la troublante vidéo d’une jeune fille implorant son aide pour échapper à sa famille conservatrice... Elle demande alors à son ami, le réalisateur Jafar Panahi, de l’aider à comprendre s’il s’agit d’une manipulation. Ensemble ils prennent la route en direction du village de la jeune fille, dans les montagnes reculées du Nord-Ouest où les traditions ancestrales continuent de dicter la vie locale. Assistant du grand Abbas Kiarostami, Jafar Panahi est devenu un cinéaste internationalement reconnu : Caméra d’or à Cannes pour Le Ballon blanc (95), Lion d’or à Venise pour Le Cercle (00), Prix du jury d’Un certain regard à Cannes pour Sang et or (03), Ours d’argent à Berlin pour Hors-jeu (06). Arrêté en 2010 pour « activités contre la sécurité nationale et propagande contre le régime », le cinéaste est interdit de faire des films, d’écrire des scénarios, de voyager ou de don-

ner des interviews. Il avait mis en scène son enfermement dans Taxi Téhéran (Ours d’or en 2015). A-t-il utilisé le même procédé où il se met en scène au volant pour filmer la société iranienne défilant derrière son parebrise ? Réponse lors du festival de Cannes.

Tully

États-Unis - 2018 - 1h36, de Jason Reitman, avec Charlize Theron, MacKenzie Davis, Ron Livingston…

Marlo a voulu ses enfants et elle les aime ; mais après son troisième accouchement, malgré tous ses efforts, elle se sent débordée, dépassée, épuisée. Si son mari ne se rend absolument pas compte de cette dépression post-partum, son frère, en revanche, en est si conscient qu’il propose d’engager quelqu’un pour la seconder, particulièrement la nuit. L’arrivée de la dynamique Tully va transformer la vie de Marlo: non seulement la jeune femme est efficace mais elle rappelle à la mère de famille, celle qu’elle était quelques années auparavant. Pourtant, on finit par s’interroger : qui est vraiment la si parfaite Tully ? Comment se fait-il qu’elle connaisse si bien tous les membres de la famille ? Quels sont les véritables liens entre les deux femmes ? Ce conte tragicomique sur ce que peuvent vivre et ressentir certaines mères de famille a été particulièrement salué pour son absence de complaisance et pour la (nouvelle) performance de la trop rare Charlize Theron ! Filmographie sélective : Thank You for Smoking (2005), Juno (2007), Young Adult (2011)

Una questione privata

Italie – 2018 – 1h24, de Paolo et Vittorio Taviani, avec Luca Marinelli, Lorenzo Richelmy, Valentina Bellè…

U

Librement inspiré du roman d’apprentissage de l’écrivain et partisan Beppe Fenoglio, A Private Affair, ce dernier opus des frères Taviani nous transporte dans les collines de Langhe, au nord de l’Italie, en 1943. La

Les CARNETS du STUDIO n°368 – Juin 2018 –

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guerre fait rage et la résistance regroupe de jeunes hommes qui combattent le fascisme. Parmi eux Milton, amoureux de Fulvia, qui lui préfère Giorgio. Quand il l’apprend, Milton, torturé par le doute, déchiré entre devoir et intérêt personnel, met toute son énergie à rechercher Giorgio, qui combat dans un autre groupe. Des paysages brumeux piémontais et une troublante musique de jazz servent de fond à cette tragédie sur la guerre silencieuse que livre le héros de ce joli film, le dernier auquel ait participé Vittorio Taviani dont nous venons d’apprendre le décès. SB

Un couteau dans le cœur France 2018 1h40, de Yann Gonzalez, avec Vanessa Paradis, Kate Moran, Nicolas Maury...

Paris à l’été 1979. Anne est productrice de pornos gays au rabais et vit avec Loïs. Quand cette dernière la quitte, elle tente de la reconquérir en produisant, avec le flamboyant Archibald, un film beaucoup plus ambitieux. Mais un des acteurs est retrouvé sauvagement assassiné... Histoire intrigante et distribution séduisante pour le second long métrage de Yann Gonzalez après Les Rencontres d’après minuit très remarqué lors de sa sortie en 2013 pour son originalité et son culot. Comme dans ce dernier, on retrouve Nicolas Maury (un des acteurs français les plus singuliers du moment) et Kate Moran avec qui il a tourné tous ses films courts ou longs. Autour d’eux, brille Vanessa Paradis qui montre qu’elle est vraiment une actrice talentueuse capable de se confronter à tous les univers. Présenté en compétition à Cannes cette année, il est encore trop tôt, à l’heure d’écrire ces lignes, pour savoir s’il en est revenu avec des lauriers, mais c’est tout le mal qu’on lui souhaite. Mardi 12, Ciclic et les Studio proposent une avant-première du film à 19h45 en présence du réalisateur.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°368 – Juin 2018

tenait lui aussi à mi-chemin entre fiction et documentaire (parce que, oui, Une prière avant l’aube est adapté d’une histoire vraie.)

Une année polaire

France – 2018 – 1h34, de Samuel Collardey, avec Anders Hvidegaard, Asser Boassen…

Sans attache, bien qu’il n’ait jamais enseigné, Anders accepte un poste d’instituteur à Tiniteqilaaq, dans un village isolé du Groenland, habité par 80 Inuits. Rêvant d’aventure et de grands espaces, il se retrouve dans une position difficile, incapable de s’intégrer dans une communauté qu’il ne comprend pas, et à gérer un groupe d’élèves incapables de rester assis car ils rêvent de devenir chasseurs. Après L’Apprenti (Prix Louis Delluc et Prix de la semaine de la critique à Venise en 2008) et Comme un lion (13), Samuel Collardey continue avec justesse son travail à la limite entre fiction et documentaire : tous les acteurs jouent leurs propres rôles dans une réalité partiellement mise en scène et « il fait rayonner avec authenticité et délicatesse son récit initiatique, par lequel il questionne notre rapport à l’autre, si intime ou lointain soit-il. »

Une prière avant l’aube

France/GB – 2017 – 1h57, de Jean-Stéphane Sauvaire, avec Joe Cole, Vithaya Pansringarm, Panya Yimmumphai...

INTERDIT AUX MOINS DE 16 ANS Billy, un boxeur anglais, se retrouve emprisonné en Thaïlande pour trafic de drogue. Humiliations, sévices en tous genres… Billy a atterri dans un lieu maîtrisé par les gangs et c’est sa survie même qui est en jeu. L’organisation d’un tournoi de boxe thaï à l’intérieur de la prison va donner à Billy l’occasion de survivre en s’affirmant. Immersif, très violent (d’où l’interdiction aux moins de 16 ans), Une prière avant l’aube étonne aussi par sa qualité plastique, par le talent qu’a eu son réalisateur pour filmer les corps de ces prisonniers, ces corps qui sont tout ce qu’il leur reste pour exister et affirmer une identité. Rien d’étonnant à cela pour qui a vu le précédent film de J-S Sauvaire, Johnny Mad Dog, plongée terrifiante dans la vie des enfants-soldats au Liberia, qui se

V

Volontaire

France – 2018 – 1h41, de Hélène Fillières, avec Diane Rouxel, Lambert Wilson, Corentin Fila, Alex Descas, Josiane Balasko...

Laure, 23 ans, est une brillante étudiante qui ne sait trop quoi faire de sa vie. Après avoir envoyé son CV un peu partout, la Marine Nationale lui répond favorablement, elle décide de tenter l’expérience au grand dam de sa mère, une célèbre comédienne... Volontaire est la découverte d’un milieu pas forcément très connu, décrit sans parti pris et dans lequel Laure va faire un apprentissage rude. C’est aussi un très beau portrait

de femme qui explore la question du pouvoir et tente de montrer comment les femmes peuvent trouver leur place dans un milieu masculin. Dans le rôle principal, Diane Rouxel, vue récemment dans Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico, montre un mélange étonnant de douceur et de détermination ; elle est entourée par les solides Alex Descas, Josiane Balasko et autres Lambert Wilson ainsi que par Corentin Fila qui, après Quand on a 17 ans d’André Téchiné et Mes provinciales de Jean-Paul Civeyrac, fait à nouveau des étincelles. JF

Le Voyage de Lila Voir pages Jeune Public

PROCHAINEMENT : Au poste de Quentin Dupieux Joueurs de Marie Monge Woman at war de Benedikt Erlingsson Dogman de Matteo Garrone Zama de Lucrecia Martel Penché dans le vent de Thomas Riedelsheimer Fleuve noir de Erick Zonca

Paul Sanchez est revenu de Patricia Mazuy Under the silver lake de David Robert Mitchell Mary Shelley de Haifaa Al Mansour Le Poirier sauvage de Nuri Bilge Ceylan BlacKkKlansman de Spike Lee Sauvage de Camille Vidal-Naquet Le Monde est à toi de Romain Gavras

Cycle l’âme russe

Lundi 11 juin – 19h30 Lundi 4 juin – 19h30

En partenariat avec la Cinémathèque de Toulouse CINÉ-CONCERT

Carte blanche à l’association Henri Langlois

La Vendeuse de cigarettes du Mosselprom

Adua et ses compagnes

de Antonio Pietrangeli, 1960, Italie, Noir et blanc, 1h46, avec Emmanuelle Riva, Simone Signoret et Marcello Mastroianni…

Soirée présentée par Esther Hallé, chercheuse en cinéma, spécialiste de Pietrangeli.

de Iouri Jeliaboujski, 1924, Russie, Noir et blanc, 1h52

Accompagnement au piano par Raphaël Howson. Soirée présentée par Franck Loiret, directeur de la Cinémathèque de Toulouse.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

Les CARNETS du STUDIO n°368 – Juin 2018 –

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SEMAINE

du 27 juin au 3 juillet

5

2018

1h18’ VF

13h45 1h35’ 17h30 BÉCASSINE ! 21h15 mer-sam-dim

de Bruno Podalydès

15h45

À suivre.

13h45 UN COUTEAU 17h00 DANS LE CŒUR 19h15 de Yann Gonzales À suivre. 14h00 1h36’ TULLY 17h15 de Jason Reitman 19h15 À suivre. 1h50’

14h00

19h00 14h00

16h00 mer-sam dimanche

1h34’ VF

PARVANA

14h15

UNE ENFANCE EN AFGHANISTAN mer-sam dimanche de Twomey Nora À suivre.

17h00

36’

mer-sam AU BORD DE L’EAU dimanche de divers réalisateurs

À suivre.

16h00

Conte et film le mercredi

À suivre.

1h57’

UNE PRIÈRE AVANT L’AUBE

de Jean-Stéphane Sauvaire

À suivre.

de John Cameron Mitchell

17h15 21h30 17h00 21h30

1h18’

JSA JERICÓ, JOINT SEURITY AREA LE VOL INFINI DES JOURS 21h15 de Park Chan Wook

de Catalina Mesa

À suivre. 2h32’

1h37’

MA FILLE

19h15

POROROCA PAS UN JOUR NE PASSE 21h00

de Laura Bispuri

1h40’

19h20

de Keith Scholey et Alastair Fothergill

de Antoine Desrosières

1h50

14h15

mer-sam dimanche

HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES

À GENOUX LES GARS

19h30

BLUE

1h42’

1h38’

SEMAINE

de Constantin Popescu

du 30 mai au 5 juin

1

Samedi 2 juin : NUIT DU CINÉMA À partir de 18h à l’aube ! Seules les séances de 13h45, 14h00 et 14h15 sont maintenues. Les suivantes sont remplacées par la programmation spéciale de la Nuit des Studio.

CNP jeudi

20h00

Le Mouvement BDS, une réponse non violente à l’Apartheid Israélien 39’

3 courts métrages

Débat avec Jean-Guy Greilsamer, ancien coprésident de l’UJFP (Union juive française pour la paix) et les membres de BDS France

mer-sam dimanche READY PLAYER ONE

2h20’ VF

de Steven Spielberg

Carte Blanche à l’Association Henri Langlois 28’ VF

lundi

19h30 13h45 17h00 19h30 21h15

ADUA

1h46’

ET SES COMPAGNES de Antonio Pietrangeli

1h26

JE VAIS MIEUX

13h45 L’HOMME QUI TUA 17h00 DON QUICHOTTE 19h00 de Terry Gilliam 2h12’

14h15 19h30

1h48’

14h00 21h30

1h48’

À L’HEURE DES SOUVENIRS de Ritesh Batra

GUEULE D’ANGE

LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA

1h31’ VO

de Robert Wise

AUCARD DE TOURS

14h00 1h34’ UNE ANNÉE POLAIRE 19h15 de Samuel Collardey

14h00

mercredi dimanche

16h00 mercredi dimanche

17h30 dimanche

Concert Les Barons du Bayou 18h00 Cocktail Gratuit

1h30 VF

GET CRAZY de Allan Arkush

19h30

RIEN N’ARRÊTE LA MUSIQUE 21h45

2h00 VF de Nancy Walker

LE CIEL ETOILÉ AU 17h30 DESSUS DE MA TÊTE 21h00 1h17

de Ilan Klipper

1h52’

EN GUERRE

de Vanessa Filho

14h15 1h07’ RETOUR À BOLLÈNE 19h15 de Said Hamich

GRENOUILLES ET COMPAGNIE de divers réalisateurs

de Jean-Pierre Améris

1h54’

de Stéphane Brizé

2h00’

FROST de Sharunas Bartas

17h15 21h30

21h00

2h12’

PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE

19h00

de Chrisophe Honoré

TROIS VISAGES

DÉSOBÉISSANCE

de Jafar Panahi

de Sebastián Lelio

21h15

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

2018

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

1h30’

17h15

LE CERVEAU DES ENFANTS de Stéphanie Brillant

2h10’

EVERYBODY KNOWS

21h30

de Asghar Farhadi

Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


SEMAINE

CNP jeudi 19h45

du 6 au 12 juin 2018

2

Culture populaire et engagement local

MASSILIA SOUND SYSTEM

98’

de Christian Philibert

Débat avec Gulçin Erdin, sociologue à la faculté de Tours.

1h16’ VF

mer-sam dim

LE VOYAGE 14h15 DE LILA mer-sam dim de Marcela Rincon Gonzalez 16h00 mer-sam

dim LA VENDEUSE DE CIGARETTES 2h08’ VF 17h00 LE CRIME 1h52’ DU MOSSELPROM lundi de Iouri Jeliaboujski DE L’ORIENT jeu-ven 19h30 Accompagnement au piano EXPRESS VO lun-mar par Raphael Howson de Sidney Lumet 17h00

13h45 1h40’ TROIS 17h30 VISAGES 19h30 21h30 de Jafar Panahi

Ciclic / Studio AVANT-PREMIÈRE

UN COUTEAU mardi DANS LE CŒUR 19h45 1h50’ de Yann Gonzalez

Rencontre avec le réalisateur

2h12’ 13h45 1h26’ JE VAIS L’HOMME QUI TUA 17h00 17h30 MIEUX DON QUICHOTTE 21h15 21h30 de Jean-Pierre Améris de Terry Gilliam

1h41’

1h07’

14h15 VOLONTAIRE 19h30 de Hélène Fillières 1h24’

UNA 14h15 QUESTIONE 19h30 PRIVATA de Paolo et Vittorio Taviani

1h30’

14h00 THE FINAL 19h00 PORTRAIT de Stanley Tucci

RETOUR À 17h15 BOLLÈNE 21h00 de Said Hamich 1h34’

UNE ANNEE 17h15 POLAIRE 21h30 de Samuel Collardey 1h48’

GUEULE D’ANGE

19h15

de Vanessa Filho

SEMAINE

3 du 13 au 19 juin 2018

Bimestriel du cinéma africain de Tours – BCAT n°12 1h

dimanche 1h19’ L’ORAGE AFRICAIN UN CONTINENT SOUS INFLUENCE

11h15

C I N É M A T H È Q U E 1h40’

13h45 19h20 21h15 13h45 19h30

TROIS VISAGES de Jafar Panahi

1h26’

JE VAIS MIEUX de Jean-Pierre Améris

14h00 1h54’ 16h45 DÉSOBÉISSANCE 19h00 de Sébastián Lelio 1h58’

Séance COURTS D’ÉCOLES 16h00

LE VOYAGE 14h15 DE LILA mer-sam dim de Marcela Rincon Gonzalez 16h00 1h43’ VF

QUI VEUT LA PEAU samedi DE ROGER RABBIT 14h15 de Robert Zemeckis P’tit rétro Ciné

1h34’ VF

AVANT-PREMIÈRE

PARVANA, dimanche UNE ENFANCE EN AFGHANISTAN 11h00 de Twomey Nora

2h20’

1h55’

1h26’

mer-sam

dim VF 16h45 jeu-ven lun-mar

16h45

55’

AVEC MES vendredi MAINS 19h45 de Sylvestre Chatenay

1h41’

17h00 THE FINAL 21h30 PORTRAIT

1h24’

UNA QUESTIONE 17h30 PRIVATA 21h30

de Paolo et Vittorio Taviani

de Iram Haq

1h46’

de Iram Haq

Le film imprévu : www.studiocine.com

1h57’

13h45 UNE PRIÈRE AVANT L’AUBE 19h00 de Jean-Stéphane Sauvaire

de Terry Gilliam

14h15

de Marcela Rincon Gonzalez

36’

AU BORD DE L’EAU

16h00

mercredi samedi dimanche

de divers réalisateurs 16h00 14h00 1h42’ HOW TO TALK TO 1h56’ mer-sam 17h30 GIRLS dim AT PARTIES VF 17h00 19h30 de John Cameron Mitchell MEURTRE

1h38’

14h00 À GENOUX GARS 19h15 de LES Antoine Desrosières 14h15 19h30

1h18’

JERICÓ, LE VOL INFINI DES JOURS de Catalina Mesa

1h17’

14h15 HAVE A NICE DAY 19h15 de Jian Liu

AU SOLEIL

de Guy Hamilton

VO

jeu-ven lun-mar

17h00

1h40’

TROIS VISAGES de Jafar Panahi

17h00 21h15

1h55’

3 JOURS 17h15 À QUIBERON de Emily Atef

21h15

1h58’

1h54’

17h00 SICILIAN 21h00 DÉSOBÉISSANCE GHOST STORY 21h00 de Sébastián Lelio de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza 1h26’

Le film imprévu : www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

ATELIER : samedi samedi à 14h15

13h45 17h30 BÉCASSINE ! 1h16’ VF mercredi 19h45 1h35’ de Bruno Podalydès LE VOYAGE samedi Rencontre avec Bruno 21h35 Podalydes, mardi 26 après DE LILA dimanche la séance de 19h45. Sauf mardi

2h12’

17h00 LA MAUVAISE L’HOMME QUI TUA 21h15 21h00 RÉPUTATION DON QUICHOTTE

mercredi

Suivi d’un goûter en musique

Rencontre avec le réalisateur

14h15 17h30 MADAME FANG VOLONTAIRE 21h15 19h00 de Hélène Fillières de Wang Bing 1h30’

de Katell Quillévéré

Soirée animée par des professionnels de la santé.

mer-dim

1h16’ VF

1h45’ VF

mercredi 1h43’ RÉPARER LE MIROIR SE BRISA samedi de Guy Hamilton dimanche 19h45 LES VIVANTS

1h52 ’

14h00 LA MAUVAISE EN GUERRE 21h20 19h30 RÉPUTATION de Stéphane Brizé

www.studiocine.com

samedi

14h00 MORT SICILIAN SUR LE NIL STORY 19h15 deGHOST Fabio Grassadonia et Antonio Piazza de John Guillermin VO 14h15 3 JOURS 19h00 À QUIBERON de Emily Atef

4 du 20 au 26 juin 2018

Soirée CHRU Réflexion sur le don d’organes et la greffe

de Sylvestre Amoussou + C.M. LE SIFFLET de As Thiam Projection gratuite et ouverte à tous Kora, brunch africain offert

de Stanley Tucci

1h46’

SEMAINE

17h30

JE VAIS MIEUX de Jean-Pierre Améris

1h41’

VOLONTAIRE 21h30 de Hélène Fillières

Le film imprévu : www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


Rencontre avec Jean-Pierre Améris

Ici

Aux Studio Jean-Pierre Améris va beaucoup mieux…

 TOP MODÈLES Curieusement, jusqu'alors ces deux comédiennes emblématiques de leur génération respective et références absolues pour les apprenties actrices ne s'étaient jamais donné la réplique ! Grâce au réalisateur japonais Hirokazu Kore-eda (The Third Murder), la rencontre Catherine Deneuve/Juliette Binoche va enfin avoir lieu ! Dans ce film, dont on ignore pour l'instant le titre, la grande Catherine devrait incarner une comédienne ayant une fille scénariste interprétée par… Juliette Binoche. On sait également qu'Ethan Hawke est l'heureux élu, choisi pour leur donner la réplique.

 (H)ELL(E) bis Elle, premier film français de Paul Verhoeven a été une expérience plus que positive car, outre une razzia de récompenses, il lui a permis de rencontrer Virginie Efira, à laquelle il a confié le premier rôle de son prochain film, Sainte Vierge : un thriller érotique, adapté du roman de Judith C. Brown, Immodest Acts, paru en 1986. Virginie Efira incarnera Benedetta Carlini, une religieuse, mystique du XVIIe siècle qui fut condamnée au confinement pendant quarante ans, après que le clergé eut découvert qu'elle entretenait une liaison avec une autre sœur. Son histoire, vraie, est considérée comme l'un des premiers cas déclarés et documentés d’homosexualité féminine en Occident. Lambert Wilson fera également partie de la distribution.

 L'HÉRITIER Fougue, charme canaille, vaste palette de jeu allant du cinéma d'auteur à des productions plus populaires, des choix parfois discutables et un énorme potentiel de sympathie auprès du public : cette définition s'applique aussi bien au grand Jean-Paul Belmondo qu'à celui qui a toujours revendiqué son héritage, Jean Dujardin. Jusqu'alors manquait au registre de l'interprète de The Artist un rôle d'aventurier au long cours, comme L'Homme de Rio pour son modèle. Il semblerait que grâce à Alexandre Aja (Haute Tension), l'aventure soit enfin au rendez-vous dans les épaisseurs de la jungle vietnamienne, où le héros partira sur les traces du Vautane, le plus grand dirigeable jamais construit par l'armée allemande en 1918, et mystérieusement disparu après l'armistice.

F

idèle parmi les plus fidèles de nos réalisateurs amis, Jean-Pierre Améris est venu dans nos salles à la sortie de chacun de ses films. Onzième long métrage oblige, c’est donc la onzième fois qu’il vient rencontrer le public des Studio – « ma salle de cinéma préférée en France » - pour présenter Je vais mieux devant une salle archicomble.

Comme pour Les Émotifs anonymes, qui puisaient largement dans le vécu du réalisateur, Je vais mieux, sa troisième comédie, suit le parcours d’un homme qui lui ressemble fortement, surtout quand il a le dos coincé ! C’est parce qu’il s’identifiait au personnage du livre de David Foenkinos qu’il l’a adapté tout en prenant les libertés qui s’imposaient par rapport au roman pour coller à son histoire personnelle. Eric Elmosnino interprète Laurent, le héros malheureux, et « comme pendant le tournage j’ai plusieurs fois eu mal au dos, il me regardait et savait comment il fallait qu’il soit ».

Ce personnage lunaire qui prend sur lui en permanence est un peu décalé, à l’image de l’ensemble du film qui nous montre des rues sans voitures ni piétons, des décors sans éléments anecdotiques –un cabinet de psychologue entièrement vide et blanc, l’accueil futuriste d’un bureau d’architecture… – l’absence de téléphones portables… Dans ce monde en flottement, les personnages ne se comprennent pas, restent centrés sur leurs maux qui finissent par être les révélateurs de ceux de notre société : les problèmes de couple, la souffrance au travail, l’incommunicabilité. « Le corps se révolte contre ce que le cerveau accepte ; j’en fais souvent l’expérience » nous dit le réalisateur, qui explique que pour s’en sortir il faut trouver d’où vient cette douleur qui nous anesthésie et sortir de son narcissisme pour refaire le chemin qui va de l’un vers l’autre.

Et ailleurs

 GRAND D'ESPAGNE Savoir que le grand Pedro (Almodovar pour ceux qui pourraient imaginer qu'il en existe plusieurs) est de retour, deux ans après son magnifique Julieta, est déjà une grande source de réjouissance. Apprendre qu'à cette occasion il retrouvera deux de ses acteurs fétiches, Penelope Cruz et Antonio Banderas, ne freine pas notre enthousiasme, bien au contraire. Mais savoir que Dolor y Gloria sera centré sur le thème de la création cinématographique et théâtrale, sur la difficulté de séparer vie artistique et vie personnelle, pour un réalisateur sur le déclin des années 60 à nos jours, ne peut que générer une intense jubilation ! IG

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Rencontre avec Jean-Pierre Améris Je vais mieux prend alors la forme d’un récit initiatique et nous suivrons, sous forme de saynètes qui s’enchaînent, les étapes successives franchies par le héros qui progressivement s’ouvre aux autres. Car il ne s’agit pas seulement de régler ses comptes comme il décide de le faire. À cet égard les scènes où il se confronte à ses parents sont très révélatrices. On apprendra que Lise Lametrie et Henri Guybet forment un couple très voisin de celui des parents d’Améris, jusqu’au décor de leur intérieur reconstitué avec soin. Or les rapports qu’ils ont entretenus ne sont pas aussi simplistes que ce qu’en percevait leur fils avant d’aller vers eux. De même le couple d’amis en apparence si parfait se révélera vivre dans le mensonge. Tous les deux, présentés comme des personnages miroirs, finissent par plonger tandis que leur protégé Laurent se reconstruit. C’est parce qu’on n’est plus seulement concentré sur soi qu’on découvre que les autres peuvent souffrir, nous répète le réalisateur. Et « pour se sauver de sa névrose, il faut faire : que ce soit un film, une activité physique… », faire avec ou pour les autres. D’où l’idée de la passerelle, projet qui permet non seulement de faire, mais aussi de relier, de permettre de se rencontrer. Après avoir subi et été longtemps dans la retenue, la renaissance passe par une phase de débordement affectif et les rapports en sont

transformés. Le héros l’exprime dans des scènes très drôles avec sa fille et son compagnon, sa femme ou ses parents… Avec Pauline (sa nouvelle amie, qui lui fait tant de bien), le film prend des allures de comédie romantique quand « le mal de dos reconnaît le mal de ventre » ! Alors que le tournage de Je vais mieux fut relativement court (35 jours), son montage fut beaucoup plus long et complexe : il fallait garder le tempo, ne pas hésiter à couper et préférer les scènes à fort contraste entre les personnages afin de privilégier l’aspect comique. Comme à son habitude Jean-Pierre Améris ne s’est pas contenté de mettre en scène ses problèmes. Le temps du débat il nous en a parlé avec une touchante sincérité, nous a fait partager son expérience, son vécu : « Quand je suis allé aux émotifs anonymes, je me suis rendu compte que je n’étais pas seul… C’est en confrontant mon expérience avec les autres et grâce à ma passion pour le cinéma que je m’en sors… Tout seul je n’irais nulle part mais grâce aux films, je suis allé partout (chez les aveugles, en prison…), et je peux partager avec vous ». Et il conclut en nous disant : « Merci, ce fut vraiment une belle soirée ». SB

EN FAUTEUIL NON PLUS...

L

e dernier film de Gus Van Sant, Don't Worry He Won't Get Far On Foot, n'a pas fait l'unanimité de la critique ou, plus exactement, il a fait une quasi-unanimité contre lui (ainsi que vous pouvez le constater dans notre rubrique Courts Lettrages dans les pages suivantes)...

Grosso modo on lui reproche tout d'abord de n'être pas un chef d'oeuvre (ce qui est vrai, mais revient à oublier que l'ensemble de l'oeuvre de G Van Sant n'est pas du niveau d'Elephant...) ou bien d'être une sorte de prêchi-prêcha larmoyant pour la rédemption via la religiosité tarabiscotée qui anime les réunions d'alcooliques anonymes. Ne chipotons pas trop, il y a bien tout cela dans « Don't Worry... » mais c'est, à mon sens, loin d'être TOUT le film... Cette facette un peu repentante n'a d'ailleurs été pour moi vraiment sensible que dans la toute fin du film. Tout le reste est beaucoup plus en demi-teinte que cela et il y a parfois même une assez franche jubilation à se moquer gentiment des excès du « gourou » rédempteur incarné par Jonah Hill. Personnage excessif, excentrique, sorte de caricature de l'image qu'on pouvait se faire voici quelques décennies d'un homosexuel fils de bonne famille, tout en rondeurs et compréhension benoîte des alcooliques dont il est l'ange gardien. Mais, surtout, il y a toute la première partie, tout ce récit d'une vie tout entière tendue vers la prochaine bouteille, la prochaine gorgée d'alcool, on n'ose même pas dire vers la prochaine cuite tant l'ivresse relève presque d'un état normal pour ce bon à pas grand-chose qu'est alors John Callahan. Et là, le film joue totalement la carte de la complicité entre le spectateur et le personnage. Tous les deux savent bien que c'est mal de boire autant, que, indépendamment de tout point de vue purement moral, cela fait mal et fait du mal... Seulement voilà, les

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À propos de Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot

frasques diverses qui sont le quotidien de cet alcoolique qui n'a pas la moindre intention de se repentir (même après l'accident qui le paralyse il continue à faire tourner sa vie autour de l'alcool) sont si irrésistiblement drôles - malgré (ou bien à cause de ?) leur ridicule même - qu'il m'a été difficile (pour cause de souvenirs autobiographiques associés ?) de ne pas en rire, de ne pas trouver qu'une énergie communicative se dégageait de ses pitreries saoûlographiques. On pourrait aussi citer les sorties en fauteuil roulant électrique (transformé pour l'occasion en bolide slalomant entre les piétons sur les trottoirs), les ruses désespérées pour boire sans en avoir l'air ou récupérer une bouteille tombée hors de portée de ses mains paralysées. Et, pourquoi se priver, il y a aussi la chute grotesque dans la rue pour avoir, justement, roulé trop vite en fauteuil, chute qui amène John à rencontrer une bande de jeunes skaters (réminiscence de Paranoid Park ?) puis à les suivre jusqu'à une rampe de skate bricolée maison et sur laquelle John va s'essayer à une nouvelle discipline pas encore olympique : le handi-skateboard. Si vraiment l'axe principal du film était la rédemption, les diverses scènes où John se retrouve souillé de ses propres excréments seraient-elles filmées de manière comique ? Probablement pas, parce qu'il faudrait alors souligner à quel point cette conduite est celle de la déchéance, à quel point chaque chute de sa vie est celle d'un chemin de croix qui mènerait vers le Golgotha des Alcooliques anonymes ; or, rien de tout cela ici, les cuites, les merdes et les chutes de St John sont presque toujours tirées du côté comique... (mais il est certes possible que j'aie mauvais esprit...) ER Les CARNETS du STUDIO

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Courts lettrages Don’t Worry, He Won’t Get Far On Foot

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 Plusieurs films récents tournent autour de la rédemption avec, comme scènes incontournables, des confessions, souvent filmées frontalement, et émotionnellement très fortes comme dans La Fête est finie ou La Prière. Comment se fait-il que dans celui de Gus Van Sant elles ne m’aient pas touché ? Problème de mise en scène, d’interprétation ou de distance culturelle ? En tout cas, le jeu mimétique de Phoenix (à la pêche à l’Oscar) ne pouvait fonctionner... puisque je ne savais rien du personnage qui lui sert de modèle. DP

 Gus Van Sant tient tout au long de son oeuvre le fil conducteur de l'antipathie de son personnage, celui du dessinateur satirique John Callahan (méconnaissable Joaquin Phoenix) et sans faiblir. Donnie - alias Jonah Hill, troublant – lui, apparaît presque comme un pendant christique et de nature aussi plus complexe. Est-ce de la confrontation de ces personnages que finalement surgit une certaine émotion finale, à l'origine très incertaine... ? RS

 Ce qui faisait la force du cinéma de Gus Van Sant et le rendait passionnant, c’était son talent tout personnel à prendre ses distances. La froideur clinique du récit rendait Elephant bouleversant, donnait à Gerry ou à Last Days une force émotive décuplée par l’absence totale de pathos. Avec Don’t Worry… on se retrouve dans le tout-venant hollywoodien, avec son angélisme niaiseux et une archi-classique histoire de rédemption édifiante, sans mystère et sans âme. Rendez-nous le vrai Gus Van Sant ! AW

 Joaquin Phoenix est le fabuleux interprète de John Callahan, jouant ici avec le conformisme, la bienséance et créant des dessins irrévérencieux pas assez exploités à mon goût. Le thème du film, (une sorte de rédemption par l’arrêt de l’alcool, le retour sur l’enfance malheureuse, le pardon... du déjà vu), ne m’a pas transportée, presque ennuyée. Peut-on encore croire que la rencontre avec un gourou de pacotille peut aider à s’en sortir ? MS

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 Pas désagréable (notamment grâce à un Jonah Hill très étonnant) mais on se demande parfois où se trouve Gus Van Sant tant le film semble désincarné. Jusqu'à ce qu'à la fin un groupe de skateurs vienne en aide au héros tombé de son fauteuil. Et là c'est tout Paranoid park et autres Elephant qui arrivent en tête. Annonce d'un retour à des sujets plus personnels ? C'est tout ce que l'on souhaite. JF  Le début du film est assez jouissif. L’humour féroce le dispute au cynisme et aux provocations en tout genre d’un esprit fortement imbibé. Le tout dans une narration fragmentée alternant les flashbacks, et un montage aussi chaotique que l’état du héros devenu tétraplégique... Dommage que la longueur des scènes de rédemption beaucoup plus lisses et linéaires finisse par l’emporter ! SB

 J'ai d'abord craint une de ces biographies à la Lenny : logorrhée verbale et performance de comédien avec pluie d'Oscars en ligne de mire ! Mais si, au départ, Don't Worry… comporte bien ces ingrédients, le film se mue en autre chose à partir de l'intervention de Donnie, l'ange gardien, excellemment incarné par un Jonah Hill méconnaissable : Joaquin Phoenix et Jack Black prouvent alors qu'ils peuvent être des interprètes… sobres, sachant doser leur capacité à faire vibrer la corde sensible du spectateur. Le film devient à la fois drôle et émouvant, humain tout simplement ! IG  Il est amusant de constater que les spectateurs ont des visions pour le moins contrastées du statut de « l'archange » richissime et homosexuel qui aide John Callahan à s'en sortir... gourou à deux balles ou bien personnage excentrique qui prend son rôle au sérieux tout en étant capable de se moquer de lui-même en ayant parfaitement conscience de son côté excessif ? Cela dirait-il quelque chose de notre rapport à l'excès ? À l'alcool ? ER Les CARNETS du STUDIO

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À propos de 9 Doigts (F-J. Ossang)

Bienvenue en enfer U

n film en noir et blanc, découpé en chapitres séparés par des intertitres sur cartons, inspiré — surtout au début — par l’atmosphère funèbre des films noirs des années 50, ayant recours aux effets spéciaux à l’ancienne sans trucages numériques, utilisant systématiquement les fondus au noir ou au diaphragme, ainsi que l’inscription des personnages dans un cercle noir comme on le faisait souvent autrefois, quoi de plus suranné ou, si l’on veut être plus sévère, de plus ringard ? Alors, vieux nanar nostalgique plein d’afféteries ? Combat d’arrière-garde pour une esthétique obsolète ? Et si, au contraire, l’audace, le non-conformisme consistaient à fuir les modes du moment, quitte à chercher dans le passé une liberté et une originalité que les canons modernes n’offrent plus… Autre parti pris assumé dans 9 doigts, l’étalage de références littéraires et cinématographiques, qu’au début au moins on s’amuse à repérer : Rimbaud, Lautréamont, Poe, Eluard, Homère, Agatha Christie, Sartre, Bram Stoker, Raymond Roussel, Warhol, Cocteau, Lang, Welles, Godard, Bunuel, Lynch, Murnau, Coppola… Puis on s’agace devant un tel déferlement : cette volonté de s’inscrire dans la lignée de si illustres inspirateurs a quelque chose de vraiment puéril. Et comment qualifier le résultat : ultra-littéraire, prétentieux, snob, intello, abscons ? galimatias politico-métaphysique aussi creux que pompeux ? Ce n’est hélas pas faux car il est évident que le film souffre d’un trop-plein de citations et

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d’allusions qui, alourdissant son propos, sans aucun doute le desservent. Il serait cependant très dommage d’en rester à cette mauvaise impression, de passer à côté d’une œuvre unique, dérangeante, finalement passionnante. Dès les scènes d’ouverture le spectateur est plongé dans un noir et blanc violent, accusant les contrastes jusqu’à une sorte d’abstraction expressionniste, de lyrisme angoissé, dans une nuit rendue encore plus fantomatique par une pluie diluvienne qui annule les contours du décor. Il faut attendre au moins une demi-heure avant de voir un peu de jour, encore ces scènes diurnes sontelles très rares. La photographie bluffante de Simon Roca voit ses effets anxiogènes encore accentués par une musique aux sons métalliques d’une redoutable efficacité. Un homme fuit. On n’en saura pas plus sur lui, peut-être même de moins en moins au fur et à mesure que l‘intrigue se dilue…

réalisme parfaitement irréaliste : les gangsters se vouvoient, philosophent à qui mieux mieux, jouent et parlent faux ; qui plus est, à en croire le planisphère qui permet de suivre le trajet du cargo qui les transporte, celui-ci semble souvent naviguer en pleine terre... Ce à quoi on assiste c’est à une tragédie mystérieuse dont les tenants et aboutissants ne peuvent qu’échapper même aux plus sagaces : d’où vient le polonium transporté ? à qui et à quoi est-il destiné ? qui sont ces « assassins » opposés à nos gangsters ? quel sens donner au personnage de docteur Mabuse joué par Gaspard Ulliel ? pourquoi Magloire (le protagoniste principal) tue-t-il à la fin Ferrante ? Et que dire de l’énigmatique Nowhereland, pays de nulle part, inquiétant continent de plastique dérivant au milieu de l’océan et autour duquel le Sri Ahmed Volkenson 5, devenu entretemps le Marryat, tourne absurdement, comme sur un Styx ceinturant une immense île des morts ? « Bienvenue en enfer ! » : c’est ainsi que le capitaine du cargo avait accueilli Magloire à bord. Plutôt que comme une plaisanterie, la phrase doit probablement être prise au pied de la lettre, prononcée par un moderne Charon, le passeur des âmes…

Dans une même course sans destination, le film semble tourner autour de son obscur sujet, lui-même étrange pays insituable et fantomatique où s’agitent des ombres hallucinées, loin de toute rationalité narrative. Y règnent la nuit, les espaces confinés, la sensation permanente d’écrasement, d’étouffement. L’atmosphère paranoïaque, pleine de menaces inidentifiables, la folie rampante de plus en plus prégnante, tout concourt à générer une œuvre certes imparfaite, certes irritante, mais qu’on n’oubliera pas de sitôt. « Ne rien comprendre, voilà la clé », profère l’un des personnages. Si on se laisse aller, si on n’essaie pas de suivre F.J. Ossang dans son cuistre et vain petit jeu de références et d’érudition, alors on pourra se laisser emporter dans le sillage de ce bateau ivre à la très singulière et troublante beauté. AW

Au pays de nulle part Film de plasticien évidemment, mais film de cinéaste aussi, hyper doué, au talent fou qui crève l’écran dès lors qu’on considère comme inutile de vouloir à tout prix donner un sens rationnel aux dialogues sentencieux, aux aphorismes définitifs. Il suffit de délaisser la réflexion au profit de la sensation pour recevoir en pleine figure une œuvre en fin de compte à nulle autre pareille, une œuvre déjantée au pseudo Les CARNETS du STUDIO

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Interférence Mes provinciales Une saison en France L’ordre des choses

Humaniser le monde ? M

es provinciales : voilà un film qui avait tout pour être hautement rébarbatif ; l’histoire d’un jeune garçon monté à Paris pour faire une fac de cinéma, avec dialogues prises de tête entre condisciples, hésitations existentielles, filmé lentement et en noir et blanc, avec un titre emprunté à des lettres méconnues du philosophe Pascal ! Et c’est un film passionnant d’abord par son intemporalité : certes les jeunes qui s’y cherchent ont des Mac et des i-phones, certes la radio évoque la campagne de l’hypnotiseur de foule qui est devenu notre jeune président, mais le noir et blanc plonge le récit dans l’ici et maintenant de toutes les jeunesses étudiantes et le Paris est aussi bien celui de Godard et de la Nouvelle Vague. Certes il y a bien des discussions très parisiennes lors de fêtes mais les sujets qu’on y débat ont quelque chose d’essentiel pour celui qui aime le cinéma : quel est le pouvoir des films ? Et les questions que se posent ces jeunes qui deviendront ou non cinéastes sont assez passionnantes, dans leur outrance

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aussi. Qu’est-ce qu’un bon film ? Que et comment filmer ? Ces questionnements prennent une acuité plus grande lorsque débarque Annabelle, la future zadiste dont le héros tombe amoureux. Faire des films n’est-ce pas rêver sa vie au lieu de la vivre ? Les films peuvent-ils changer le monde ? Aimer le cinéma n’est-ce pas fuir le réel ? Mathias, le pédant autodestructeur qui fascine le groupe (et qui finira par se jeter par une fenêtre), croit au pouvoir du cinéma. Filmer les gens. Pour dire le monde. Et aider à le comprendre. C’est ce que croit profondément Mahamat Saleh Haroun, le réalisateur et ministre de la culture tchadien. Avec Une Saison en France il a voulu échapper aux films qui montrent essentiellement l’odyssée des migrants : « En ne montrant que des images spectaculaires on maintient les réfugiés dans un monde à part, on les exclut de notre réalité. Il m’a semblé important d’humaniser cette vision. » Notamment en créant le beau couple formé par Abbas (Eriq Ebouaney) et Carole

(Sandrine Bonnaire). « On parle partout des migrants, en entretenant la confusion, la simplification. Dans “migrants”, on entend migration, immigration, émigrés, invasion. On n’entend pas “refuge”. Il faut remettre à l’ordre du jour le mot de “réfugié”. Humaniser. C’est aussi ce que tente Vent du nord de Walid Mattar en traçant un parallèle entre le nord de la France et le nord de la Tunisie. Plusieurs plans de porte-container partagent l’écran et tracent l’axe de symétrie entre le destin d’Hervé, ouvrier dont l’usine est délocalisée en Tunisie, et celui de Foued, qui travaillera sur la même machine-outil. Montrer les conséquences de la délocalisation, non seulement ici mais aussi là-bas, c’est que tentait déjà Prendre le large de Gaël Morel (où c’était Sandrine Bonnaire qui suivait sa machine délocalisée jusqu’au Maroc, dans le royaume enchanté du travail sans conventions collectives). Mais la symétrie ne fonctionne pas vraiment. Hervé et Foued se croiseront bien quelques secondes en Tunisie, où Hervé et sa femme prennent des vacances, profitant des séjours low-cost, tandis que Foued ne peut échapper à l’enfer qu’est devenu pour lui son quotidien sans espoir en se cachant au fond d’un container : seules les marchandises sont libres de circuler... « Deux types de frontière divisent le monde. (…) D’une part il y a un monde où vit une classe ouvrière transnationale « d’aspect tiers-monde (…) ». Dans ce monde-là visas, contrôles, fouilles, enquêtes, interrogatoires, bureaucratie migratoire ; refus d’autorisation de traverser, problèmes de langue, file d’attente à l’ambassade, barrières, coût du voyage, etc… s’associent pour donner aux frontières nationales une apparence matérielle, capitale et évidente. D’autre part il y a un monde ouvert, dans lequel les personnes se déplacent sans anicroche d’un pays à l’autre, un monde ne présentant presqu’aucune frontière. C’est ce que vivent les élites principalement blanches, qui se sentent parfaitement chez elles partout dans le monde. »* Colmater l’une des frontières. C’est la mission

pénible dévolue à Rinaldi, le policier italien de L’Ordre des choses d’Andrea Serge. Il est chargé par son gouvernement, au nom de la Commission Européenne, d’organiser le maintien des réfugiés en Libye, dans des camps tenus par des trafiquants tous plus infréquentables les uns que les autres. Et il fait son travail avec la méticulosité maniaque qui le caractérise. Dans un camp de rétention il rencontre Swada, une jeune Somalienne qui le supplie de l’aider et avec laquelle il aura des contacts par Skype, découvrant une femme attachante sous la réfugiée anonyme et ne pouvant s’empêcher de sympathiser avec elle. Mais finalement, une fois son (sale) boulot accompli, il effacera d’un clic tout lien, revenant au confort de sa vie dans une banlieue cossue du nord de l’Italie. Circulez, il n’y a plus rien à voir. C’est aussi ce qu’exprime avec une force désespérée le dernier plan d’Une Saison en France. Carole est venue jusqu’à Calais chercher Abbass et ses enfants, qui ont disparu du jour au lendemain. Mais la jungle vient d’être rasée et il ne reste rien. L’extrême violence du vide. Celle que veut organiser la loi qui vient d’être votée au Parlement français. « Dans mon film, explique M.S. Haroun, un personnage évoque la conférence d’Evian, en 1938 : il s’agissait d’accueillir les Juifs qui fuyaient le nazisme, et tous les pays ont refusé… La question est de savoir si, quatre-vingts ans plus tard, on a évolué. » DP * Le Loup et le Musulman de Ghassam Hage (Wildproject)

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Interférence Les Bonnes manières Madame Hyde

Pleine lune et coup de foudre «

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n voit bien (…) que les films de genre, malgré tous leurs aspects conventionnels, voire stéréotypés, peuvent parfaitement amener le spectateur bien au-delà d’un simple plaisir de distraction. » écrivait AW le mois dernier à propos des films La Forme de l’eau, Avant que nous disparaissions et La Nuit a dévoré le monde. Dernièrement, deux autres films empruntaient des codes propres au cinéma fantastique pour dynamiter tranquillement le déroulement du récit et emmener le spectateur… ailleurs. Prenons le cas du film brésilien intitulé Les Bonnes manières. Il commence sous une forme assez classique par une confrontation sociale (à la façon de l’excellent Une seconde mère) entre une patronne et celle qui désire être son employée. Comme nous sommes au Brésil, post-colonialisme oblige, Ana la patronne est la blonde représentante de la bourgeoisie (à la fois cool et dure en affaires) et Clara, la bonne, une femme noire, ancienne élève infirmière sans le sou. Mais rapidement, à la grande surprise du spectateur, une histoire d’amour homosexuelle naît entre Ana, enceinte et complètement débordée par le quotidien, et Clara, et dans cette relation intense et sensuelle le pouvoir change de position. Les contes nous l’ont appris : les nuits de pleine lune,

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les loups garous se transforment en créatures anthropomorphes possédant une force colossale et une redoutable férocité. Cette phase astronomique a aussi le pouvoir de faire basculer le film dans une horreur que l’on ne pouvait soupçonner : en pleine nuit, le bébé décide de sortir du ventre de sa mère… la dévorant de l’intérieur. Cette scène, terrorisante, est comme un écho à Alien mais où la créature ne viendrait pas de l’espace mais… de l’espace intérieur de la mère, où elle dévorerait cruellement le ventre qui l’a conçu (une version œdipienne tropicale peu orthodoxe). Comment continuer un tel improbable récit ? Ayant découvert, horrifiée, la mort d’Ana, Clara enveloppe le nourrisson monstrueux dans un drap et l’emporte avec elle. Dans un premier temps elle décide de l’abandonner au bord du fleuve, dans le décor irréel de la ville bleuie par la nuit. Puis elle retourne sur ses pas, trouve à la fois l’enfant abandonné et un amour de mère, et un nouveau film commence. D’ailleurs, quelques années plus tard, Clara est méconnaissable avec ses lourdes boucles brunes et nous la suivons dans son quotidien de mère courage qui élève seule un – littéralement – petit monstre. L’amour débordant d’une mère, un strict régime végétarien et une salle spéciale où l’enchaî-

ner les nuits de pleine lune, et la malédiction semble conjurée. C’était sans compter sur le désir que fait naître une petite gamine de l’école qui veut danser avec lui, le pouvoir explosif d’un steak offert par la voisine et la débrouillardise d’un copain qui lui permet de mettre les bouts ! Dans le lieu de tous les désirs d’un centre commercial, la bête se réveille et plonge le récit dans l’effroi d’une nuit sans fin… Le film de Serge Bozon Madame Hyde, malgré son titre intrigant, commence lui aussi sous la forme assez commune d’une comédie sociale ba(na)lisée : professeure de physique martyrisée par ses élèves et moquée par ses collègues, madame Géquil est au bord de la crise de nerfs. Le quotidien du lycée professionnel où elle n’arrive pas à faire cours est un bizarre dosage de réalisme et d’humour déjanté (notamment avec le personnage du principal échevelé et pédant joué par Romain Duris) et Isabelle

Huppert offre sa silhouette souffreteuse à ce personnage falot qui n’arrive pas à détester l’élève qui pourrit ses cours parce qu’il est handicapé, prisonnier de son déambulateur et d’un avenir tout tracé de victime. Mais une nuit tempétueuse, elle est foudroyée… Apparaît alors la madame Hyde du titre et le film s’engage dans les voies d’un véritable jamais-vu avec à la fois des expériences pédagogiques passionnantes (voir l’article d’ER dans les derniers Carnets) où se transmet « le feu sacré de la connaissance » et un personnage fantastique de torche humaine qui illumine les nuits banlieusardes et dont la puissance féérique embrase. En ces temps de scepticisme généralisé, où toute idée de transmission parait définitivement éculée, où fractures sociale et scolaire se répondent, où l’obscurantisme semble s’étendre peu à peu, ce film improbable met en scène, en effet, un sujet brûlant. DP

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À propos de The Third Murder (H. Kore-eda)

Les vérités mensongères E

n pleine guerre de 1914-1918, qui voit s’écrouler tout un monde de certitudes, deux œuvres de cultures pourtant fort éloignées l’une de l’autre font presque simultanément le même constat de la fragilité et de la misère du jugement humain : le recueil de nouvelles de Ryûnosuke Akatugawa, Rashômon, et À chacun sa vérité de Luigi Pirandello. Dans les deux œuvres se confrontent des témoignages contradictoires, rendant caduque l’idée même de vérité. L’erreur, l’illusion, la manipulation peut-être, ont pris le dessus. On est encore loin des « faits alternatifs » à la Trump ou des fake news, mais le monde a cessé d’être fiable et rassurant.

The Third Murder est encore plus radical. Il ne s’agit plus d’essayer de débrouiller un écheveau de témoignages et de versions incompatibles, mais d’essayer d’y voir clair dans les explications successives qu’un même homme, Misumi, donne du meurtre qu’il a commis. Sauf que plus Misumi se raconte, se dévoile, se met à nu, moins on comprend. Au bout de deux heures de mensonges vrais et de vérités fausses la seule certitude est qu’il a tué le directeur de l’entreprise qui vient de le licencier, qu’il a volé son portefeuille et mis le feu au cadavre. Tout du moins avons-nous quelques bonnes raisons de le croire…

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Misumi a-t-il commis un crime crapuleux ? L’a-t-il prémédité ? Comment a-t-il pu attirer le directeur la nuit sur cette berge isolée ? At-il essayé de faire chanter sa victime suite à des malversations dans l’entreprise ? A-t-il été payé par la veuve pour la débarrasser de son mari ? Celui-ci était-il un père dénaturé qui violait sa propre fille, Sakie ? Cette dernière est-elle la commanditaire ? Ou bien est-ce sa mère qui a voulu venger sa fille et châtier son mari ? A-t-elle elle-même été incriminée par Misumi pour la punir d’avoir, au contraire, fermé les yeux sur l’inceste ? Mais y a–t-il eu réellement inceste ? Aucun des aveux successifs n’annule les précédents. Loin d’éliminer au fur et à mesure de fausses pistes, ils s’empilent les uns sur les autres, jusqu’au point où vérités et mensonges ne forment plus qu’un terrain mouvant où s’enfoncent peu à peu deux questionnements existentiels, celui de Misumi, le meurtrier, et celui de Shigemori, l’avocat brillant et un peu cynique chargé de le défendre. Là est l’intérêt véritable du film, non pas dans une intrigue policière plus ou moins alambiquée ou un procedural judiciaire à la japonaise, mais dans l’effritement progressif des repères et des certitudes de Shigemori, mais aussi du spectateur. La vérité fluctue et, de plus en plus évanescente, se dérobe, s’évapore. Comme dans

le Blow Up d’Antonioni, la personnalité même du héros semble se dissoudre. Misumi sera condamné à mort, mais Shigemori lui aussi connaît une sorte de petite mort : la dernière image le montre immobile au centre d’un carrefour, incapable de choisir une direction : ce qui le guidait jusqu’ici — le droit, la morale, la justice, la vérité, l’appât du gain aussi — tout cela n’est plus qu’illusion. Troublante image que cette sorte de croix formée par les rues, énigmatique écho de celle que Misumi a représentée sur la tombe de ses perruches ou de celle qu’a dessinée, sur la berge, le cadavre calciné du directeur. Au départ rien de commun entre l’avocat et son client, ni empathie ni même simple curiosité, juste une affaire embêtante qui lui tombe dessus, presque une corvée. Mais tout se brouille rapidement, les trois personnages centraux, la victime, le meurtrier et l’avocat, révèlent d’étranges similitudes. Tous trois sont pères d’une fille unique et ont de gros problèmes avec elles : Misumi n’a pas vu la sienne depuis trente ans ; Shigemori voit la sienne trop peu, d’où de grosses difficultés relationnelles ; le directeur a peut-être violé la sienne. La fille de Misumi souffre en outre d’un handicap à la jambe, tout comme Sakie, la fille de la victime.

Quelques signes plus ou moins ténus avaient dès avant créé entre l’accusé et son défenseur de mystérieuses affinités. Surtout la façon de les filmer évolue et les rapproche de plus en plus : des champs/contrechamps aux deux hommes face à face dans le même plan, jusqu’à la superposition, presque au fusionnement, de leurs visages. Le rythme est lent, recueilli, avec une musique dépouillée rappelant Erik Satie aussi bien que Philip Glass, dans une atmosphère insolite assez envoûtante. Très peu de scènes d’extérieur émaillent ce film d’action sans action, seuls de lents travellings et des zooms presque insensibles rythment une dramaturgie se nourrissant des seuls dialogues, de plus en plus profonds, de plus en plus passionnants. La fluidité de la mise en scène, la discrétion du montage accentuent encore par contraste la tension, la violence immobile des pensées et des sentiments. Polar ? Film fantastique ? Étude psychologique ? Drame réaliste ? Fable philosophique ? Vaines interrogations, « comme si les êtres et les choses étaient en soi comme ceci ou comme cela… » (Luigi Pirandello, À chacun sa vérité, I, 2). AW

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À propos de The Disaster Artist (James Franco)

Qui se soucie de la ressemblance avec le modèle ? R

ien à dire : il faut un cran certain pour oser faire un film (de fiction) sur le tournage d'un film de fiction qui existe réellement et qui est, de surcroît, considéré comme un film culte par les amateurs de nanars (il y en a, j'en connais, on a le droit d'être masochiste, je ne leur jetterai pas la première pierre). James Franco a du culot et il a osé tenter l'affaire.

Soit donc, pour ceux qui n'auraient pas suivi : au début des années 2000 un inconnu se faisant appeler Tommy Wiseau (mais dont, à ce jour, personne ne sait ni où ni quand il est né, pas plus que l'on n'est capable de savoir d'où vient sa fortune manifeste (cf. plus bas...), un inconnu donc, frustré de se voir refuser le moindre bout de rôle à Hollywood alors qu'il est sûr de son génie (bon, il faut bien dire qu'il parle très mal anglais, ça n'aide pas...), un inconnu, donc, décide de tourner un long métrage auto-financé baptisé The Room (pour un coût total d'environ 6 millions de dollars, d'où un légitime étonnement sur l'origine de la fortune de ce monsieur...) Tommy Wiseau ne connaît rien au cinéma, n'a probablement pas vu plus de 10 films dans sa vie (on découvrira par exemple qu'il ignorait l'existence de James Dean), n'a très certainement jamais rien écrit non plus. Mais voilà, Monsieur ose et si Monsieur et son ami acteur Greg Sestero pensent pouvoir devenir des stars par la seule force de leur volonté, yapuka !

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Donc Tommy Wiseau écrit un scénario où la platitude le dispute à l'incohérence, achète du matériel de tournage en 35mm et vidéo pour tourner toutes les scènes en deux versions (alors même que la différence de matériel implique des différences d'éclairage). Il aurait pu louer, comme tout le monde, c'est tellement plus simple... seulement voilà, M. Wiseau n'est pas tout le monde et en est bien fermement convaincu ! Le tournage est une authentique calamité, l'acteur tenant le rôle principal n'arrive pas à retenir son texte... que pourtant il a écrit lui-même puisque cet acteur est, bien entendu, Tommy Wiseau ! L'équipe menace mutinerie, le tournage dure deux fois plus longtemps que prévu etc. Avec un sujet (bien réel) tel que celui-ci, on se dit que le scénario de The Disaster Artist (la fiction de James Franco tournée au sujet du film de Tommy Wiseau, vous suivez ?) est vraiment tout tracé. Une histoire comme cela est déjà tellement forte, riche et tordue qu'il va plutôt s'agir d'élaguer que de construire. C'est d'ailleurs apparemment ce qu'a fait James Franco (qui est ici, acteur/scénariste/réalisateur et producteur comme... comme qui donc ? Tommy Wiseau, oui, c'est bien cela !). Il semble en effet qu'il ait édulcoré certaines péripéties de tournage.

statut même de l'objet de son film : The Room, bide complet à sa sortie, a depuis lors conquis un statut de film-culte absolu et permis à T. Wiseau de rentrer dans ses fonds. Les séances publiques sont pleines de fans qui connaissent le film par cœur et explosent de rire à tout instant. Wiseau entendait réaliser une tragédie post-shakespearienne sur la condition humaine ; le public a décidé d'y voir une impayable comédie et d'en rire (tout en ayant conscience que telle n'était pas l'intention de son auteur). Dès lors le problème est : de qui va-t-on faire rire ? Quel niveau d'empathie vat-on choisir pour son personnage principal ? Va-t-on en faire un crétin complet ? Un génie méconnu ? (Cette solution aurait eu le mérite du panache !) Un sombre salaud dictateur sur le tournage ? J. Franco a su ici guider sa barque d'une main très sûre, en évitant que l'on ne méprise ce créateur (c'en est un) torturé (c'est en tout cas l'image qu'en donne The Disaster Artist). Mais reste l'écueil du rire et de la réalité, à savoir : de quoi quelqu'un qui n'a pas vu The Room vat-il au juste rire ? Ou bien encore : quel est le niveau de ressemblance entre les scènes originales et celles reconstituées dans The Disaster Artist ? Lesquelles sont les plus « réussies » (entendre, ici, bien sûr, « les plus mauvaises » !) ?

puristes qui connaissent The Room par cœur et faire confiance à son cinéma pour séduire le spectateur, sans qu'il y ait besoin d'un quelconque sceau d'authentification. À titre personnel, devant un tel film, j'aurais aimé ne même pas savoir qu'il est « adapté d'une histoire vraie » ; j'aurais préféré me dire sans cesse « ah non ! Là, il y va vraiment (trop) fort ! » Seulement voilà, caution réaliste oblige, The Disaster Artist se termine par un écran partagé en deux, une moitié nous montrant les scènes originales tandis que les reconstitutions défilent sur l'autre moitié. L'effet est imparable : nous voici convaincus du talent de J. Franco ; les scènes sont identiques. Des décors aux costumes en passant par les intonations et la vitesse de parole, tout est « exactement comme l'original » (et peu importe si les scènes en question ne sont pas exactement celles que l'on a vues pendant le film...). Mais j'aurais préféré que The Disaster Artist se passe de cette démonstration de sa virtuosité, ne se sente pas obligé de prouver à quel point il montrait vrai. ER

Et c'est peut-être là que J. Franco force un peu son indéniable talent : il aurait parfaitement pu laisser cette question aux seuls

Mais la vraie difficulté pour J. Franco tient au Les CARNETS du STUDIO

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PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO

les 16 et 17 avril 2018,

Michelangelo Antonioni, peintre de la femme À

l’occasion de l’hommage à Michelangelo Antonioni, 3 films récemment restaurés étaient à l’affiche : Femmes entre elles, Le Désert rouge et Profession : reporter. Le lundi 16 avril Michel Ciment, grand critique de cinéma, nous a fait l’honneur de sa présence lors de la projection de Femmes entre elles. Ce film (au titre original Le amiche), sorti en 1955, est le 4ème film d’Antonioni et annonce la trilogie L’avventura, La Nuit (La notte) et L’éclipse (L’eclisse). M. Antonioni faisait partie d’une grande famille bourgeoise de Ferrare. Il a d’abord été critique de cinéma. À 28 ans il faisait des chroniques sur le festival de Venise. Il a fait 16 films, tous marquants et souvent sur la bourgeoisie. Femmes entre elles est l’adaptation littéraire très libre de la nouvelle Entre femmes seules de l’écrivain turinois Cesare Pavese. M. Antonioni a travaillé avec une équipe soudée, entouré du chef opérateur Gianni Di Venanzo et du compositeur de musique de films Giovanni Fusco. Il a inventé des séquences : la plage, la gare, le thé chez Mina ou dans la galerie d’art. Dans le roman il y avait 30 chapitres ; le film, lui, est composé de 6 parties. Ici on est dans un récit qui s’attache au rapport entre les gens. Il n’y a pas de gros plans, pas de travelling. Antonioni se tient à distance. Il fuit le sentimentalisme. Dans le film, il n’y a pas d’intrigue centrale mais des intrigues parallèles, dissociées : - un trio avec Rosetta, Lorenzo et Nene - Clélia et Carlo - Mina et l’architecte.

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On voit naître le style d’Antonioni, l’importance des lieux, du décor, le goût des espaces. Le réalisateur est fasciné par le vide, les espaces désertiques, le dépouillement. C’est pourquoi les critiques ont souvent parlé de lui comme le cinéaste de l’abstraction et ont insisté là-dessus plus que sur les rapports humains. Le film est une satire, une peinture de la haute bourgeoisie turinoise. Le réalisateur fait un état social de la bourgeoisie. Ce que l’on retient dans l’œuvre de M. Antonioni, ce sont les personnages féminins. Antonioni a eu plusieurs aventures qui lui ont permis de les étudier : la femme qui ne peut vivre sans homme, celle qui choisit son métier en premier, la femme trompée qui se reconstruit. On constate une grande richesse de l’image : un plan central et des arrière-plans. Les chefs opérateurs de cette époque travaillaient aussi bien dans les comédies que dans les drames, ce qui permettait une plus grande proximité des différentes classes. Les personnages d’Antonioni sont souvent des intellos, des archi,tectes, des photographes, des artistes, des personnages qui lui ressemblent. Il est souvent réduit à un cinéaste intellectuel. Pour finir M. Ciment nous a invités à voir ou revoir Le Désert rouge, un film écologique, prophétique par rapport à la pollution industrielle, ainsi que Profession : reporter traitant du dédoublement d’identité et tourné dans le désert africain. MS

Interférences L'Île aux chiens, Transit

Que choisir ? L

es personnages de L'Île aux chiens, le superbe film de Wes Anderson, sont, comme le titre l'indique, essentiellement canins ; ils ont, en VO, les voix de Bill Murray, Jeff Goldblum, Edward Norton, Greta Gerwig (présente aussi dans la version française), Frances McDormand, Scarlett Johansson, Bryan Cranston, Tilda Swinton, Liev Schreiber ou Harvey Keitel, entre autres. Excusez du peu, mais la version française n'est pas en reste en affichant Vincent Lindon, Isabelle Huppert, Léa Seydoux, Romain Duris, Louis Garrel, Romain Duris, Hippolyte Girardot, Mathieu Amalric, Daniel Auteuil, Yvan Attal, Aurore Clément, Jean-Pierre Léaud, Nicolas Saada (ouf !). Que choisir ? Dans quelle version préférer voir le film ? Quand on est amoureux de la VO, on se dit qu'il faut privilégier la « vraie », celle qui est telle que le réalisateur l'a conçue, celle où l'on va entendre la « vraie » voix des acteurs, donc la version étasunienne. Mais quand il s'agit d'un film d'animation qui utilise des marionnettes tout autant pour les personnages humains que pour les animaux, et qui sont, de plus, japonais, la VO veut-elle encore vraiment dire quelque chose ? D'autant plus que dans un cas comme dans l'autre, Wes Anderson supervise tout et que dans les deux cas le réalisateur s'est entouré de collaborateurs dont il est proche et avec lesquels, pour un grand nombre, il a déjà travaillé. Et puis, VO ou VF, on ne voit pas les acteurs, leurs voix servent à interpréter des figures animées, non à les incarner en chair et en os. Alors, franchement, cela vaut-il le coup de s’arc-bouter sur un principe trop rigide ? Certainement pas, car la VF de L'Île aux chiens est aussi belle que la VO de Isle of Dogs, c'est même assez jubilatoire de reconnaître les voix d'acteurs connus derrière les masques canins. Cette question autour de la VO/VF n'est pas nouvelle, elle se pose même depuis longtemps, avec des cas célèbres, dans le cinéma italien

en particulier (où pendant longtemps rien ne se faisait en son direct et où tout était postsynchonisé ensuite). Par exemple quelles sont les VO de films comme Le Guépard de Luchino Visconti ou 1900 de Bernardo Bertolucci ? Italiennes ? Sans doute, pourtant beaucoup de leurs acteurs (Burt Lancaster, Alain Delon, Robert de Niro, Gérard Depardieu, entre autres) y sont doublés. Quelqu'un comme Pier Paolo Pasolini, lui, préconisait même de voir ses films ainsi, pensant que les sous-titres défiguraient ses images. Un autre exemple récent est assez curieux. Transit de Christian Petzold est un film allemand, pas de doute. Même s'il se déroule à Marseille, tous les acteurs y sont germanophones et y parlent leur langue. Mais quand une voix off intervient, elle est en français ! On reconnaît parfaitement Jean-Pierre Darroussin dans ce rôle, pourtant, quand vers la fin du film, ce narrateur s'incarne, ce n'est pas lui qui apparaît mais un autre acteur, Matthias Brandt. Quelle est donc cette version que l'on a vue ? Une VO ? Alors pourquoi la voix off n'est-elle pas comme le reste du film en allemand ? Une VF ? Pas non plus puisque tout le monde n'y parle pas français. Comment appeler ce curieux exemple ? Est-ce un ajout dans les copies exploitées en France ? Mais le personnage de Matthias Brandt est bien appelé erzähler (narrateur) au générique et le nom de Jean-Pierre Darroussin n'y apparaît pas. Une idée du distributeur, de Christian Petzold ? Cela n'enlève pas grand-chose au film, intéressant à bien d'autres titres mais on serait curieux de connaître les raisons de ce choix surprenant. JF

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Tout public à partir de 10 ans

VF

Roger Rabbit, vedette du cinéma d’animation, pense que sa femme, la somptueuse Jessica, le trompe. Il engage un détective privé pour mener l’enquête… Ce film unique en son genre, qui mêle de façon incroyable animation et prises de vues réelles, fête cette année ses 30 ans ! Après la projection, Aude et Manon proposeront P’tit rétro ciné : un quiz sur le film suivi d’un goûter. VF

voir sur le site des Studio

Tout public à partir de 11 ans

USA – 2018 – 2h20, de Steven Spielberg.

n 2045, le monde réel est devenu un cauchemar et chacun se réfugie dans le paradis virtuel de l'Oasis. Le jeune Wade va-t-il triompher de l'inquiétante multinationale et trouver l'œuf numérique qui y est caché ?

E

VF

BL U E

Qui se cache près de la mare remplie de nénuphars, dans le trou d’un lac gelé ou encore dans la forêt ? Vite, allons voir les animaux au bord de l’eau… Un programme charmant pour nos tout-petits ! USA – 2018 – 1h18, documentaire de Alastair Fothergill et Keith Scholey.

À partir de 3 ans

VF

Tout public à partir de 7 ans

Une plongée dans le monde mystérieux de l’océan en compagnie des dauphins, dans un environnement somptueux mais fragile… Un merveilleux documentaire Disneynature à découvrir en famille !

sans paroles

USA – 2018 – 1h32, de Robert Wise, film de 1951 en version restaurée.

À partir de 3 ans

Estonie/Allemagne/Royaume-Uni/France/Russie – 2017 – 35 mn, six courts métrages d’animation.

es extra-terrestres débarquent aux États-Unis pour transmettre aux humains un message de paix. Mais ce ne sera pas sans obstacles... Ce film est à remettre dans son contexte historique, ce qui nous permet de réfléchir en famille à l'importance du cinéma et Tout public à partir de 8 ans de son message dans la société.

D VO

Pologne/Belgique/Russie/France/Allemagne 2018 – 30 mn, six courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

USA – 1988 – 1h43, de Robert Zemeckis.

Un joli programme où tout se passe sur la plage : une avant-première de l’été ! LE QUART D’HEURE DU CONTEUR Mercredi 27 au début de la séance, Gaël Prioleau viendra dire l’un de ses contes.

USA/Canada/Irlande/Luxembourg/Égypte – 2018 1h34, film d’animation de Nora Twomey.

VF

Tout public à partir de 10 ans Tout public à partir de 10 ans

n version restaurée, une rétrospective de quatre films au casting prestigieux*, adaptés des célèbres romans de la reine du crime. Le Crime de l’Orient Express : GB – 1974 – 2h08, de Sidney Lumet VO VF

E

Mort sur le Nil : GB – 1978 – 2h20, de John Guillermin Samedi 23 juin 14h15

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Le Miroir se brisa : GB – 1980 – 1h45, de Guy Hamilton Meurtre au soleil : GB – 1982 – 1h56, de Guy Hamilton

VF

VO

À partir de 7 ans

Colombie – 2017 – 1h16, film d’animation de Marcela Rincón Gonzáles.

ersonnage d’un livre pour enfants, Lila tombe de la page et reste bloquée dans notre monde. Seul Ramon qui possède le livre dans lequel elle vivait pourrait la sauver, mais Ramon a grandi et ne lit plus de contes pour enfants. Comment le convaincre de venir à sa rescousse ?

P 34

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VF

* Voir le casting et l’atelier sur le site des Studio

on père ayant été injustement fait prisonnier par les talibans, une jeune Afghane est contrainte de se travestir en garçon afin d’aider sa famille.

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VF

Adapté du roman de Deborah Ellis qui s’inspire de témoignages de réfugiées afghanes, Parvana est un conte sur l’émancipation des femmes et l’imagination face à l’oppression.

COURTS D’ÉCOLES L

e festival Courts d’écoles, c’est le rendez-vous de la création audiovisuelle pour les classes d’Indre et Loire qui réalisent un court métrage. Une projection gratuite des films des écoliers aura lieu le samedi 16 juin à 16h00.

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FILM DU MOIS

La date de validité de votre carte d’abonnement figure... sur chaque ticket qui vous est remis en caisse. N’oubliez pas qu’il est également possible de se réabonner en ligne, sur le site des Studio !

Sicilian Ghost Story Italie – 2017 – 1h58, de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, avec Julia Jedlikowska, Gaetano Fernandez, Vincenzo Amato...

D

ans un village sicilien Luna et Giuseppe, treize ans tous les deux, s’aiment d’un amour pur. Mais Giuseppe disparaît ; face au silence de tous Luna ne baisse pas les bras et cherche inlassablement son ami, même si elle doit se confronter à de nombreux obstacles... Le précédent film de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, Salvo, était une grande réussite ; un tueur à gages y enlevait la sœur aveugle de celui qu’il devait abattre, leur impossible proximité provoquait une tension aussi sensuelle que claustrophobe. Dans Sicilian Ghost Story les réalisateurs reprennent deux figures, encore plus jeunes, comme personnages principaux, mais ici la tension naît plutôt d’une séparation sans recours et sans fin. Et si Salvo se déroulait en ville, celui-ci se déplace dans un village, ce qui ne diminue en rien le poids des secrets et la violence sourde. Tout est quasi contenu dans le titre, qui précise le lieu et qui annonce aussi le ton du film, celui d’un conte. Inspiré par un fait divers réel, l’enlèvement du fils de Santino Di Matteo, un mafieux impliqué dans l’assassinat du juge Falcone et qui, tombé entre les mains de la police, a accepté de coopérer. Son fils fut séquestré par

la mafia afin de faire taire son père. Mais Sicilian Ghost Story n’est pas la reconstitution fidèle et documentaire de cette histoire tragique, son approche est beaucoup plus originale. En équilibrant réalité de la chronique historique et conte quasi fantastique, aux aspects parfois gothiques, les deux réalisateurs ont choisi de traiter leur film comme, selon leurs propres mots, une « fable noire » dans laquelle ils convoquent le mythe romantique de Roméo et Juliette, tout en y associant des éléments merveilleux comme une forêt pleine d’embûches, un lac sombre et des animaux plus ou moins inquiétants. Ce mélange des genres joue sur les contrastes et les sensations. Il est porté par deux jeunes interprètes fantastiques et un travail sur les cadres et les lumières superbe. Certains moments montrent même une étrangeté peu commune tout en restant totalement crédibles. Sortir ainsi des sentiers battus tout en étant capable de s’adresser à tous, c’est l’un des grands mérites de Sicilian Ghost Story. Et si cette histoire de mafia fait froid dans le dos, elle est aussi celle d’un amour naissant qui émeut profondément. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n° 368 – Juin 2018 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


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