4–
SEMAINE
CNP jeudi
Libertés et Libertés etdérives dérivesSécuritaires sécuritaires
52’
20h00 C
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du 23 au 29 mai
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PORTRAITS D'URGENCE
de Prune Missoffe, Lucas Roxo, Jonathan Vaudery Débat avec Maître Albane Hardy, avocate au Barreau de Tours. É
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2018
mercredi samedi LE JOUR OÙ LA TERRE S’ARRÊTA dimanche de Robert Wise
1h31’ VF
samedi à 14h15
À suivre.
28’ VF
GRENOUILLES ET COMPAGNIE de divers réalisateurs
lundi À BOUT DE SOUFFLE 19h30 1h30’ de Jean Luc Godard
CONTE & FILM
14h15
mercredi samedi dimanche
16h00
13h45 VO 19h00 mer-sam-dim dimanche LE MAÎTRE EST L’ENFANT READY PLAYER ÀONE suivre. VF de Steven Spielberg 17h00 de Alexandre Mourot 2h20’
1h41’
10h30
Rencontre avec Sylvie Boutroue directrice d’une école Montessori.
13h45 19h15 21h30
1h52’
14h15 17h00 19h15
1h45’
À suivre.
EN GUERRE
1h22’
de Sébastien Bailly
19h45
Rencontre avec le réalisateur.
18h00 1h45’ AFRICAN QUEEN 19h45 de John Huston
Rencontre avec Lam Lê sur le Story Board (entrée libre)
GUEULE D’ANGE
Le film sera suivi d’un échange et d’un pot.
vendredi
3h45’ À suivre.
1h17’
L’HÉROÏQUE LAND samedi LA FRONTIÈRE BRÛLE 15h30
de Élisabeth Perceval et Nicolas Klotz 14h00 LE CIEL ÉTOILÉ À suivre. DE MA TÊTE 2h10’ 16h45 19h30 AU-DESSUS de Ilan Klipper À suivre. EVERYBODY KNOWS 21h15 de Asghar Farhadi 14h15 1h27’ 19h45 CANDELARIA 1h25’ MANHATTAN + 17h45 mer-sam-dim de Jhonny Hendrix Hinestroza STORIES 16h00 21h30 de Dustin Guy Defa 1h30’ LE CERVEAU 14h15 1h50’ 17h00 DES ENFANTS LAND 19h45 de Stéphanie Brillant À suivre. de Babak Jalali 21h00
16h30 21h30
2h12’
PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE de Christophe Honoré
À suivre.
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14h15 15h45 19h30
NO DORMIRAS
21h30
de Gustavo Hernandez
Le film imprévu : www.studiocine.com Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35
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ATELIER : samedi
10h15
14h15 19h15
1h30’
13h45 19h30
1h47’
1h41’
SENSES
NOUS SOMMES L’HUMANITÉ
L’ÎLE AUX CHIENS
VF 17h15
de Wes Anderson
LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA mercredi de Isao Takahata EXPO
1h40’
de Christian Petzold
1h43’
THE DISASTER ARTIST de James Franco
LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE de Lars Kraume
1h22’
VO 21h00
2h17’ VF
CORNELIUS
1h51’
+
mercredi
10h00
TRANSIT
de Yann le Quellec
17h30
de Alexandre Espigares
de Alexandre Dereims
LE MEUNIER HURLANT
10h00
CROC-BLANC
1&2 de Ryusuke Hamaguchi
+ mercredi
de Marek Benes
1h27’
2h20’
16h00
PAT ET MAT DÉMÉNAGENT
de Agnès Jaoui
14h00 LE COLLIER ROUGE 19h15 de Jean Becker
15h45
14h15
13 FILMS POÈMES DE PAUL ÉLUARD SAUF mercredi + mercredi de divers réalisateurs
1h23’
13h45 19h15
LIBERTÉ
42’
PLACE PUBLIQUE
14h00 19h00
2018
39’ sans paroles
1h38’
1h24’
COMME DES ROIS de Xabi Molia
AMERICA
QUE RESTE-T-IL DU RÊVE AMÉRICAIN ?
17h00 LA ROUTE SAUVAGE 21h00 de Andrew Haigh
14h15
17h30 21h30 17h30 21h30 17h00 21h35
2h10’
EVERYBODY KNOWS mardi
de Claus Drexel
2h01’
1h34’
du 2 au 8 mai
Hommage à Andréï Tarkovski 1h30’ lundi Cycle l’âme russe. 19h30 1h30’ L’ENFANCE D’IVAN 21h30 1h50’ LE MIROIR
mercredi
Soirée Bibliothèque
de Stéphane Brizé
de Vanessa Filho
Ciclic/Studio proposent une séance de courts métrages
FÉMININ PLURIELLES
1–
SEMAINE
1h41’
de Asghar Farhadi
21h00
NOBODY’S WATCHING
21h15
de Julia Solomonoff
Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS – www.studiocine.com
SEMAINE
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lundi 19h30
2– É
du 9 au 15 mai M
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En complicité avec le Théâtre de Tours
1h42’
OCTOBRE
de Sergueï Mikhailovich Eisenstein
1h04’ VF
2018
1h30’ WILLY
de Zsolt Palfi
mardi 1h52’
19h15 21h30
14h00 19h45
de Stéphane Brizé
1h30’
NOUS SOMMES L’HUMANITÉ de Alexandre Dereims
2h19’
17h00
de Marek Benes RENCONTRE
14h15 19h30
1&2 1h25’
BLACK PANTHER
SENSES de Ryusuke Hamaguchi
MIRACLE
PLAIRE, AIMER ET COURIR VITE de Christophe Honoré
+ mercredi
10h15
17h00 SAUF lundi mardi
20h30 à partir de vendredi
13h45 16h30 19h00 21h30
1h24’
COMME DES ROIS 17h30 de Xabi Molia
1h47’
CORNELIUS LE MEUNIER HURLANT de Yann le Quellec
17h30 21h15
LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE
CNP jeudi C
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21h15
de Michele Placido
1h04’ VF
de Zsolt Palfi ATELIER : mercredi
Débat avec Maryse Artiguelong vice présidente de la É
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lundi 19h30 1h24’ L’ASSASSIN HABITE AU 21 21h30 1h50’ LES DIABOLIQUES 13h45 2h10’ 16h30 EVERYBODY KNOWS de Asghar Farhadi 19h00 13h45 1h52’ EN GUERRE 16h45 19h00 de Stéphane Brizé 21h15 14h00 2h12’PLAIRE, AIMER 16h30 ET COURIR VITE 21h15 de Christophe Honoré
28’ VF
GRENOUILLES ET COMPAGNIE de divers réalisateurs
2h15’ VO
1&2 de Ryusuke Hamaguchi
3&4 de Ryusuke Hamaguchi
de Ryan Coogler
17h00
MANHATTAN STORIES
14h15 19h45
1h25’
de Dustin Guy Defa
1h34’
NO DORMIRÁS de Gustavo Hernandez
1h31’
MIRACLE
LA ROUTE SAUVAGE 21h30 de Andrew Haigh
21h15
14h15 19h45 17h45 21h30
1h51’
LA RÉVOLUTION SILENCIEUSE
19h00
1h47’
LA MORT DE STALINE 21h30 de Armando Iannucci
de Agnès Jaoui
1h25’
16h00
de Lars Kraume
SENSES
19h30
mer-sam dim-lun
mer-sam dim-lun
de Egle Vertelyte
SENSES
14h15
BLACK PANTHER
2h19’
14h00
2018
mer-sam 1h30’ WILLY NOTHING TO HIDE ET LES GARDIENS DU LAC dim-lun de Marc Meillassoux
1h25’
2h01’
7 MINUTI
86’
Hommage à Henri-Georges Clouzot
de Guillaume Bodin
1h28’
BIG DATA quels contrôles ?
21h00
1h38’
100% BIO
du 16 au 22 mai
19h45 FIDH, Fédération internationale des Droits de l’Homme.
de Lars Kraume
PLACE PUBLIQUE
3–
17h00
1h51’
de Egle Vertelyte
16h00 1h16’ ZÉRO PHYTO SAUF lundi mardi
10h00
jeudi
2h12’
3&4
14h00 1h31’ 19h15
14h15 19h30
2h15’ VF
SENSES de Ryusuke Hamaguchi
mercredi
PAT ET MAT 16h00 SAUF DÉMÉNAGENT lun-mar
de Ryan Coogler
EN GUERRE
15h45
39’ sans paroles
+ court métrage : VIVE L’OPÉRETTE de Alain et Wasthie Comte
13h45 2h10’ 16h30 EVERYBODY KNOWS 19h00 de Asghar Farhadi 21h30
14h15
SAUF lun-mar
ET LES GARDIENS DU LAC SAUF+lun-mar
Soirée Sans Canal Fixe/Bibliothèque
mardi COMMENT J’AI APPRIS À SURMONTER ARIEL SHARON 18h30 1h02’MA PEURdeETAviÀ AIMER Mograbi 25’
SEMAINE
SENSES 5
de Ryusuke Hamaguchi
1h28’
7 MINUTI de Michele Placido
21h30
Le film imprévu : www.studiocine.com
Le film imprévu : www.studiocine.com
Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35
Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)
Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS – www.studiocine.com
ISSN 0299 - 0342
CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines-37000 TOURS
N°367 • Mai 2018
NUIT DES STUDIO Samedi 2 juin 2018 de 18h à l’aube – voir page 3
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Mai 2018 - n° 367
Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Soirée Sans canal fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Soirée Bibliothèque : Le storyboard . . . . . . . . . . . 5 Soirée Libres courts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 LES FILMS DE A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.
Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES
Cafétéria des Studio
À propos de Madame Hyde . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
Gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),
À propos de Vent du nord . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
sur présentation de la carte.
Compte-rendu Festival Viva il cinema . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Courts lettrages Razzia . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Rencontre avec Nabil Ayouch & Maryam Touzani . . . . . . . . . . . 24 Interférences L’Insulte / Wadjib . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Gros plan Prières . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28
elle accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45
Tél : 02 47 20 85 77 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN
AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI
ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)
Interférences La Forme de l’eau / Avant que nous disparaissions / La Nuit dévore le monde 30 Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33
GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE
Jeune Public. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34
ACC
Film du mois de Janvier : SENSES
ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)
(voir au dos des Carnets)
GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . pages centrales Prix de l’APF 1998
Site : www.studiocine.com – Facebook : cinémas STUDIO
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.
éditorial
La 34e NUIT
des STUDIO aura lieu le samedi 2 juin de 18h à l’aube Cher public cinéphile, Retenez deux dates indispensables pour assister à la 34e Nuit des Studio : • à partir du mercredi 2 mai les pass pour participer à la NUIT seront mis en vente à l’accueil des Studio, au prix de 15 € pour les abonnés et 20 € pour les non abonnés. Nous n’avons que 1 000 places à vous proposer. Organisez-vous de bonne heure ! N’attendez pas le dernier moment ! L’an passé, deux heures avant que ne commencent les festivités, tous les pass étaient vendus. • Le samedi 2 juin les portes du cinéma s’ouvriront à 17h. Les premières projections démarreront à 18h, les suivantes à 20h15, 23h15, 2h et 4h. 15 films sont à l’affiche. 15 films à revoir ou à découvrir sur grand écran dans nos 7 salles. Nous vous laissons deviner la programmation avec les titres suivants. À vous de trouver les noms de réalisateurs manquants ! – L’Atalante de Jean Vigo. – Les 39 marches de… – À l’est d’Eden d’Élia Kazan. – 12 Hommes en colère de… – Le Carnaval des âmes de Herk Harvey. – Docteur Folamour de… – The Rocky Horror Picture Show de Jim Sharman. – Le Dernier combat de… – Le Tombeau des lucioles de Isao Takahata. – Garçon d’honneur de… – Fight Club de David Fincher. – Mon frère est fils unique de… – Drive de Nicolas Winding Refn. – 9 mois ferme de… – Wild de Jean-Marc Vallée.
Pour en savoir plus sur la grille et la programmation, pour préparer votre choix de films, vous pouvez vous rendre sur le site www.studiocine.com ou sur notre page Facebook de la NUIT.
La Nuit des Studio, c’est un moment de cinéma unique pour chacun mais c’est aussi un moment à vivre avec les amis lors des pauses entre les séances. 17 associations (qui ont travaillé avec le CNP tout au long de l’année) seront présentes dans la cour pour vous régaler de plats sucrés ou salés. Sous le hall de l’accueil, vous rencontrerez les vendeurs d’affiches de la bibliothèque. Sous le hall du 3/7, vous pourrez vous détendre avec le jeu What the movie. Enfin une nouvelle animation sera installée et proposée par l’association Kaboom. Vous pourrez aller à la découverte de courts métrages repérés dans les festivals internationaux, à bord du ciné 4X4. Quelle NUIT magique en perspective ! Aux plus courageux, à celles et ceux qui repartent au petit matin sera offert un petit déjeuner… Alors, n’hésitez pas ! Venez vous joindre à nous ! Venez vivre cet événement incontournable ! MS, pour l’équipe de La NUIT
Les CARNETS du STUDIO n°367 – Mai
2018 –
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FILM DU MOIS
La date de validité de votre carte d’abonnement figure... sur chaque ticket qui vous est remis en caisse. N’oubliez pas qu’il est également possible de se réabonner en ligne, sur le site des Studio !
SENSES Japon – 2015 – 2h19 (Senses 1 & 2), 1h25 (Senses 3 & 4), 1h15 (Senses 5), de Ryusuke Hamaguchi, avec Sachie Tanaka, Hazuki Kikuchi, Maiko Mihara, Rira Kawamura... Au Japon, à Kobé, de nos jours. Jun, Sukurako, Akari et Fumi sont amies depuis longtemps. Quand, un soir, Jun annonce qu’elle est en pleine procédure de divorce, l’équilibre du groupe vacille. Pour éliminer tout sentiment d’amertume, elles partent en excursion à la station thermale d’Arima, mais au retour Jun disparaît... Voilà un film du mois hors normes, entre récit fleuve et série. Senses est une œuvre en cinq épisodes (comme les cinq sens du titre) présentée en trois parties diffusées sur trois semaines consécutives de la façon suivante : Senses 1&2 la première semaine, Senses 1&2 et Senses 3&4 la seconde et, pour une immersion totale, la possibilité, la troisième, d’enchaîner Senses 1&2, Senses 3&4 et Senses 5. Car, et cela en vaut vraiment la peine, c’est bien d’une immersion dans un temps, une durée à part, qui nous est proposée. Très accessible, facile à suivre et vraiment fascinant, on est face à Senses comme à cheval entre le pendant féminin de Husbands de John Cassavetes, Scènes de la vie conjugale d’Ingmar Bergman, et une saison de Desperate Housewives. Mais Senses possède une réelle originalité, un ton bien à lui et très particulier, où la violence n’empiète jamais sur une atmosphère de quiétude permanente, où le ton de la voix s’élève peu malgré la gravité de certains événements. Ce portrait du Japon contemporain est impres-
CONCOURS
sionnant (et universel) par ce qu’il révèle des rapports entre les sexes, ce qu’il montre de la condition féminine et d’une société prise entre tradition et modernité. Littéralement entre équilibre et chute, Ryusuke Hamaguchi tire de la force de cette position délicate en l’intégrant dans son scénario et sa mise en scène. D’où la belle idée d’accidenter les corps (le film aurait pu s’appeler Regarde les hommes tomber) à partir du moment où Jun disparaît. D’où aussi l’importance d’un personnage pourtant secondaire, un artiste à la capacité de faire tenir des objets en équilibre dans des positions improbables, qui anime un atelier où chacun est amené à « trouver son centre » et à communiquer avec l’autre par le toucher. Au tout début, les quatre héroïnes se retrouvent pour un pique-nique sur une colline qui domine Kobé. La vue sur la ville est cachée par le brouillard. « C’est comme notre futur » dit l’une d’elles. Senses est ainsi, incertain, même si tout semblait prévisible. À l’image de ces quatre amies qui pensaient pouvoir tout se dire et qui découvrent que rien n’est sûr, rien n’est acquis. L’amitié, l’amour, le mariage, la maturité, il fallait bien un peu plus de cinq heures pour explorer, fouiller les personnages, les situations, les questionnements. Et quand la durée est utilisée avec autant de maestria, on ne demande qu’une chose, « À quand Senses saison 2 ? » JF
CRITIQUE DE FILMS
13 - 17ANS
Tu as entre 13 et 17 ans ? Pour participer au concours, poste la critique d’un film que tu as vu dans nos salles (avant le 15 mai). Sois créatif, tout est possible ! C’est ici : http://studiocine.com/concours-critique-de-films-14-17-ans.html LES CARNETS DU STUDIO – n° 367 – Mai 2018 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305
www.studiocine.com
JEUNE PUBLIC
Tout public à partir de 8 ans
Voir page 8 Japon – 2014 – 2h17, film d’animation de Isao Takahata.
Séance unique le 2 mai en hommage à Isao Takahata. Exposition d’affiches et de photographies du 2 au 8 mai dans la Bibliothèque des Studio.
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Tout public à partir de 8 ans
France/Luxembourg/USA – 2018 – 1h25, film d’animation de Alexandre Espigares, avec les voix de Virginie Efira, Raphaël Personnaz…
Croc Blanc est un fier et courageux chien-loup. Après avoir grandi dans les espaces enneigés et dangereux du Grand-Nord, il est recueilli par Castor Gris et sa tribu indienne. Mais la méchanceté des hommes oblige Castor Gris à céder l'animal à un homme cruel et malveillant. Croc Blanc parviendra-t-il à lui échapper ? France – 2018 – 42 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs. Tout public à partir de 8 ans
Chacun des réalisateurs propose son interprétation et sa propre vision esthétique d'un poème, avec des univers très personnels. La sensibilité et 13 films-poèmes de Paul Éluard la force des mots d’Éluard demeure… Samedi 5 après la projection, les enfants pourront choisir leur poème préféré pour l’illustrer et terminer par un petit goûter ! Inscriptions à l’accueil ou par mail : monmarche@studiocine.com (nombre de places limité).
Hongrie – 2018 – 1h04, film d'animation de Zsolt Pálfi.
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Willy est un jeune garçon intrépide de la tribu des Verdies, minuscules et courageux gardiens d'un lac au cœur d'une forêt de roseaux. Il rêve d’aventures et n'a qu'une hâte : grandir pour devenir un Gardien À partir de 5 ans et protéger sa tribu des Bougons qui menacent de les attaquer. Un récit qui aborde les questions de différence, de tolérance, d’entraide, mais aussi de respect de la nature et d’écologie.
En avant programme : un court métrage d’animation (5 mn 30). Mercredi 16 après la projection, les enfants pourront aménager le Jardin partagé du JP, planter, semer... et voir pousser ! USA – 2018 – 2h15, film de Ryan Coogler.
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VF Tout public à partir de 11 ans
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Le roi T'challa est de retour au Wakanda pour servir son pays. Mais les conflits qu'il va devoir affronter vont mettre son courage à rude épreuve, s'il veut sauver sa nation et le monde entier...
sans paroles
JEUNE PUBLIC
République tchèque – 2018 40 mn, de Marek Beneš. À partir de 3 ans
Pat et Mat, nos deux amis inséparables, décident de s'installer sur un nouveau terrain où tout est à construire. Mais les deux bricoleurs débordent d’imagination pour réaliser les travaux... Mercredi 9, après les projections de 10h15 et de 16h, Manon, Aude et Marie présenteront les marionnettes et les décors du film.
USA – 2018 – 1h41, film d’animation de Wes Anderson. Tout public à partir de 10 ans
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Voir page 10 VF
USA – 2018 – 1h32, de Robert Wise, film de 1951 en version restaurée.
Samedi 26 mai 14h15
Des extra-terrestres débarquent aux États-Unis pour transmettre aux humains un message de paix. Mais ce ne sera pas sans obstacles... Ce film est à remettre dans son contexte historique, ce qui nous permet de réfléchir en famille à l'importance du cinéma et Tout public à partir de 8 ans de son message dans la société. Pologne/Belgique/Russie/France/Allemagne – 2018 – 30 mn, six courts métrages d'animation de divers réalisateurs.
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Qui se cache près de la mare remplie de nénuphars, dans le trou d'un lac gelé ou encore dans la forêt ? Vite, allons voir les animaux au bord de l'eau… Un programme charmant pour nos tout-petits !
À partir de 3 ans
LE QUART D'HEURE DU CONTEUR
: mercredi 23 au début de la séance, Gaël Prioleau viendra dire l’un de ses contes.
Tout public à partir de 11 ans
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USA – 2018 – 2h20, de Steven Spielberg.
En 2045, le monde réel est devenu un cauchemar et chacun se réfugie dans le paradis virtuel de l'Oasis. Le jeune Wade va-t-il triompher de l'inquiétante multinationale et trouver l'œuf numérique qui y est caché ? 35
jeudi 17 mai - 19h45 L’association Sciences citoyennes, Adeti (Association pour le développement des technologies de l’information), Les amis du Monde diplomatique, Attac, Le Café des femmes, la LDH, et le CNP présentent :
Big Data, quels contrôles ? Outil paradoxal, le Net est à la fois source infinie de connaissances et, comme collecteur de nos échanges, il est à l’origine de stockage, d’analyse, de diffusion de nos données. Si la commercialisation de nos profils auprès des entreprises commerciales est connue de tous, les données personnelles peuvent aussi devenir des renseignements pour la police, les pouvoirs politiques.... C’est-à-dire un enjeu de pouvoir extrêmement puissant aux mains des États sans que nous ayons notre mot à dire. La collecte de nos données personnelles nous autorise à poser les problèmes urgents : contrôle de l’appropriation des données, solutions de protection pour les citoyens, dérives possibles vers des régimes anti-démocratiques. Film : Nothing To Hide de Marc Meillassoux – France, Allemagne – 2016 – 86’ Débat avec Maryse Artiguelong, vice-présidente de la FIDH (Fédération internationale des Droits de l’Homme).
jeudi 24 mai - 20h00 La LDH et Convergence services publics 37, avec Retirada 37, la Sepant, Sortir du nucléaire Touraine et le CNP présentent :
Libertés et dérives sécuritaires Que manque-t-il en France pour que n’importe quel citoyen soit soupçonné de présenter une menace et poursuivi pour trouble à l’ordre public ? Rien. Nombreuses déjà sont les dé»onstatées : contrôles au faciès, fouilles et écoutes administratives, fichage d’opposants, criminalisation des lanceurs d’alerte,
violences envers les manifestants, les migrants... Le pouvoir exécutif fixe et applique sans être contrôlé les règles qui visent à obtenir une obéissance collective à ses choix politiques. Il utilise la peur liée à l’insécurité sociale qu’il crée, sans plus d’efficacité dans la lutte contre le terrorisme, bien au contraire. Notre indifférence serait la pire des attitudes. Courts métrages : Attentifs ensemble de Thibaut Oskian – France – 2018 – 4’16 et Portraits d’urgence (extraits) de Prune Missoffe, Lucas Roxo, Jonathan Vaudey, France – 2017 – 52’14. Suivi d’un Débat avec Maître Albane Hardy, avocate au Barreau de Tours (activités dominantes en Droit pénal et Droit des étrangers).
– Les CARNETS du STUDIO
n°367 – Mai 2018
Mardi 15 mai, 18h30 Comment j’ai appris à surmonter ma peur et à aimer Ariel Sharon Israël – 1997 – 1h02, d’Avi Mograbi.
À la suite de l’échec des Accords d’Oslo (précipité par l’assassinat de Yitzhak Rabin), le réalisateur israélien Avi Mograbi s’en va-t-en guerre (du moins c’est ce qu’il croit) contre son ennemi de toujours, Ariel Sharon. Avec, comme objectif avoué, de lui faire la peau en exposant en pleine lumière le monstre qui se cache derrière l’homme
politique. Dans cette entreprise hasardeuse, le cinéaste israélien ne prendra que des coups. Retors et caustique, ce film, qui emprunte son titre au Docteur Folamour de Kubrick, interroge sans concession la position du documentariste face à son sujet.
jeudi 31 mai - 20h00 La coordination BDS 37, le Collectif Palestine 37 et le CNP présentent :
Le mouvement BDS, une réponse non violente à l’apartheid israélien Les exemples de boycott dans l’histoire ne manquent pas : Ghandi, Mandela… Autant de situations où l’outil boycott et la non-violence ont été justement mêlés. Aujourd’hui la campagne BDS (Boycott Désinvestissement Sanctions) se présente comme une réponse à la politique d’apartheid conduite par l’État israélien qui bafoue le Droit international et les Droits humains. Cette campagne internationale BDS prend de l’ampleur et suscite de nombreuses questions, en France en particulier. Film et vidéos : • Histoire du boycott en Afrique du sud, extrait de À Force More Powerful de York Zimmerman Inc – USA – 2000 – 25’ • Vidéo : Boycott interdit en France, ce scandale : vidéoblog Osons causer – France – 2015 – 6’ • Vidéo BDS – 2015-2017 – BDS France et BDS Palestinian National Committee – 2015 – 2017 – 8’ Débat avec Jean-Guy Greilsamer, ancien co-président de l’UJFP (Union juive française pour la paix) et membre de BDS France.
PRÉCISIONS CONCERNANT LA BANDE-ANNONCE DES CARNETS D'AVRIL Un certain nombre de nos lecteurs ont réagi à la publication d'une bande-annonce (p. 17 dans les Carnets d'avril) évoquant la possibilité d'un boycott de l'État israélien en réponse à l'occupation des territoires palestiniens. Il s'agissait non d'un texte de propagande mais bien de l'annonce d'une soirée-débat organisée par le CNP, conjointement avec l'ancien co-président de l’UJFP (Union juive française pour la Paix), ainsi que vous pouvez le voir ci-dessus. C'est la fonction de cette rubrique bande-annonce qui peut être à l'origine d'une certaine confusion. Nous avons manqué de clarté et en sommes désolés ; nous voulons croire qu'aucun de nos lecteurs ne saurait avoir l'idée que les Studio ou le CNP seraient en quoi que ce soit le lieu d'une propagande anti-sémite. Pour les Carnets, ER
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Soirée Sans canal fixe
Vive l’Opérette France – 2003 - 25’, de Alain et Wasthie Comte
Le premier carton annonce la couleur : nous voici conviés à un « spectacle burlesque en trois actes, sept tableaux, un prologue et un épilogue ». L’intrigue ? La pré-
sidentielle de 2002. Revue et corrigée par le couple héroïque du Pédalogue en l’accommodant avec quelques touches savamment choisies d’opéra bouffe, de Badiou, de Hugo et d’Angot dans le texte. D’une férocité tranquille. Donc irrésistible.
Soirée Bibliothèque – Vendredi 25 mai De l’influence du storyboard sur l’écriture du scénario Révélé avec Garde à Vue de Claude Miller en 83, Lam Lê lance la mode du storyboard. Si ce film est le premier film français à en bénéficier, Lam Lê travaille ainsi depuis son premier moyen métrage, Rencontre des nuages et du dragon (1980). Sa démarche est unique car, étant scénariste et réalisateur, il travaille le découpage dessiné dès le stade d’écriture du scénario, revisitant à sa manière la technique des grands maîtres de sa cinéphilie : Lang, Sternberg, Welles, Hitchcock, Bresson, Clouzot, Satyajit Ray, Kurozawa, Ozu, etc. qui ont toujours accouché leur film d’abord sur papier.
Qu’est-ce qu’un storyboard ? Si tous les films nécessitent un découpage, ont-ils besoin qu’il soit dessiné plan par plan ? Quels avantages et quels inconvénients apporte le fait de tout régler sur papier avant la réalisation ? Quelles raisons décident un réalisateur ou un producteur à exiger un storyboard avant tournage ? À l’époque des images virtuelles obtenues sans caméra, quelle est la place du storyboard ? Autant de questions auxquelles Lam Lê répondra lors de sa venue. Il nous présentera aussi son travail, ses projets de film en cours, le tout illustré d’extraits de films et de documents d’archives.
En plus des siens, Lam Lê collabore aux films d’autres : La Guerre du feu (Annaud), La Lune dans le caniveau (Beinex), Microcosmos (Perrin). Il initie aussi au découpage dessiné à la Femis et dans certaines écoles d’art.
18h - 19h Rencontre en bibliothèque avec Lam Lê à propos le storyboard. (Entrée libre). 19h45 - African Queen de John Huston, 1h45. En salle aux tarifs habituels, suivie d’un échange avec le public et d’un pot amical.
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Soirée Libres courts Mercredi 23 mai - 19h45
place de la femme dans un tableau sans concession de l’Italie actuelle, et même si l’enjeu est différent on ne peut s’empêcher de penser, grâce au suspense savamment mené, au superbe film de Sydney Lumet 12 hommes en colère.
Féminin plurielles En présence du réalisateur Ciclic et les cinémas Studio consacrent cette séance de courts métrages à la découverte d’un parcours de cinéaste, avec la présentation de 3 films du réalisateur Sébastien Bailly, en sa présence. Au programme : Douce (2011), Où je mets ma pudeur (2013), Une histoire de France (2015) qui mettent en scène des personnages féminins modernes, complexes, forts et en prise avec le monde qui les entoure et « posent un regard singulier sur le rapport des femmes à leur corps, sur leur manière de s’épanouir hors normes ». (J. Morice, Télérama) Il y révèle des comédiennes comme Hafsia Herzi, Anne Steffens ou Lise Bellynck.
Sébastien Bailly a participé à la création avec Katell Quillévéré et a dirigé pendant plusieurs années les Rencontres du moyen métrage de Brive, organisées par la Société des réalisateurs de films, avant de se consacrer à 100% à la réalisation de ses films. Il développe actuellement son premier long métrage.
America
(que reste-t-il du rêve américain ?) USA/France – 2017 – 1h22, documentaire de Claus Drexel
Claus Drexel est allé planter sa caméra au cœur de l’Arizona, et en pleine campagne électorale, juste avant l’élection du 49ème président des États-Unis (que l’on entend d’ailleurs, au tout début du film, déclarer que le rêve américain est mort, tué parce qu’il est devenu le dépotoir de tous les ennuis du monde). Il y rencontre une population aussi diverse que possible et en dresse le portrait d’une sorte de face cachée du pays, portraits de gens aussi irritants qu’attachants mais toujours surprenants. Portraits de gens qui, pour beaucoup, ont voté pour le 49ème président de leur pays et, pour beaucoup, sont très opposés à toute forme de contrôle de la vente des armes à feu...
Féminin plurielles 3 films de Sébastien Bailly. Durée : 1h22
Hafsia, Douce, Delphine et Charlotte : quatre jeunes femmes qui cherchent à s’affranchir des limites qu’on voudrait leur imposer. Avec Hafsia Herzi, Lise Bellynck, Anne Steffens, Friedelise Stut. Musique originale de Laurent Levesque.
Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.
Les films de A à Z AVANT LES FILMS , DANS TOUTES LES SALLES , AU MOIS DE MAI : Cajueiro de Marcio Faraco - Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.
Séance Ciné-ma différence : Le Jour où la terre s’arrêta-VF : samedi 26 mai - 14h15
A
7 minuti
Italie – 2016 – 1h28, de Michele Placido, avec Ottavia Piccolo, Anne Consigny, Clémence Poésy…
Il aura fallu presque 2 ans pour que 7 minuti sorte enfin sur nos écrans après une belle carrière en Italie, Suisse… Le film s’inspire de faits réels qui se sont déroulés en 2012 en France à Yssingeaux. Lors de sa reprise par un grand groupe, toutes les ouvrières d’une usine textile sont assurées de garder leur emploi, à condition d’accepter une réduction de
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7 minutes (sur les quinze normalement accordées) de leur temps de pause. 7 minutes, cela semble dérisoire par rapport au risque de licenciement mais jusqu’à quel point peut-on brader sa dignité d’ouvrier pour garder son emploi ? Les onze femmes très différentes du comité d’entreprise qui doivent se prononcer pour l’ensemble des ouvrières se déchirent dans un huis-clos palpitant. Plus qu’un simple film ouvrier 7 minuti nous parle de racismede pauvreté, et
B C
Black Panther
dans un bar et Víctor Hugo trafique un peu… Le réalisateur colombien avait déjà abordé la difficulté d’être femme et noire dans Choclo, son film précédent. Ce nouveau projet, tourné à Cuba, est un trésor d’émotion et d’humanité. Amusant, scandaleux, touchant, Candelaria séduit par la délicatesse avec laquelle il traite de la sexualité au 3e âge, par la musique et les couleurs cubaines, et par la joie de vivre qui émane de tout le film, grâce notamment à l’interprétation de son duo d’acteur. Le festival de Venise lui a décerné son Premier prix.
Le Cerveau des enfants France/USA – 2017 – 1h30, documentaire de Stéphanie Brillant
Rencontre avec des éducateurs, des scientifiques et... des enfants pour nous emmener à la découverte du développement du cerveau et de ses capacités tant cognitives qu’émotionnelles. L’idée qui sous-tend ce film est que ce que la science nous apprend sur le fonctionnement et le développement du cerveau pourrait être utilisé dans l’éducation des enfants...
VO/VF
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Candelaria
Colombie – 2017 – 1h27 – de Jhonny Hendrix Hinestroza,avec Alden Knight, Knight James, Veronica Lynn, Alden Viveros…
Candelaria et son mari sont noirs et septuagénaires et vivent dignement mais difficilement dans un quartier très délabré de La Havane de la Période spéciale qui, dans les années 1990, a plongé Cuba dans la pénurie après la chute du bloc soviétique et à cause de l’embargo américain. Pour survivre, Candelaria chante
Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête
France – 2017 – 1h17, de Ilan Klipper, avec Laurent Poitrenaux, Camille Chamoux, Marilyne Canto, Michèle Moretti...
Bruno, cinquante ans, célibataire et sans enfants, vit en colocation avec une jeune Femen. Il se lève tard et traîne la journée entière à la recherche de l’inspiration car vingt ans plus tôt, il a publié un roman dont la presse a dit :« Il y a un avant et un après Le Ciel étoilé au-dessus de ma tête ». Pour lui tout va bien, mais ses proches ne voient pas la situation de la même façon et décident de lui faire rencontrer une psy qui devra estimer s’il faut
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l’interner de force ou pas... Après quelques documentaires dont Sainte-Anne et Commissariat qui s’intéressaient déjà à la folie, Ilan Klipper signe son premier long métrage de fiction. Mais il ne faut pas se fier à la gravité du sujet car le film emprunte la voie de la comédie et les critiques soulignent son écriture comique enlevée. Et dans le rôle de Bruno on retrouve le grand Laurent Poitrenaux, qui jouait déjà les écrivains un peu dérangés dans Victoria de Justine Triet.
Le Collier rouge
France - 2018 - 1h23, de Jean Becker, avec François Cluzet, Nicolas Duvauchelle, Sophie Verbeeck…
1919, la guerre est finie, enfin. Pourtant, pour Morlac, le combat continue et ce combat, c’est celui de ses convictions : cet homme qui s’est illustré au front est retenu prisonnier dans une caserne déserte d’un petit village du Berry, avec pour seuls compagnons son geôlier, Dujeux, et son chien qui ne cesse d’aboyer devant la porte. Mais qu’a fait Morlac, ce héros des tranchées, pour subir un tel sort, et pour refuser de revoir Valentine, la femme qu’il aimait, et qui non loin de là s’use dans le travail de la terre ? Un juge militaire est nommé pour démêler cette affaire et statuer sur le sort du soldat. Dans la chaleur de l’été et le confinement d’une cellule, deux convictions politiques et sociales, deux formes d’engagement vont se confronter, s’interroger… Cette adaptation du roman de Jean-Christophe Rufin donne une nouvelle occasion au réalisateur de L’Été meurtrier (avec déjà F. Cluzet) de restituer, outre les traumatismes irréversibles de la guerre, l’ambiance paisible de la campagne et, surtout, de mettre à l’honneur les gens de peu, ceux que de tout temps on a ignorés.
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Comme des rois
dernière œuvre du très grand Isao Takahata, disparu le 5 avril dernier. JF Voir pages Jeune Public.
France - 2017 - 1h24, de Xabi Molia, avec Kad Merad, Sylvie Testud, Stacey Mottet Klein…
Rien ne va plus pour Joseph : les gens sont de plus en plus méfiants et rechignent à se laisser escroquer en achetant des denrées frelatées, à domicile. Et puis son propriétaire n’est pas du genre à comprendre que l’arnaque ne nourrit plus son homme et ses méthodes pour recouvrer les loyers sont de plus en plus musclées. Pour rebondir, Joseph a l’idée d’associer Micka, son jeune fils, à ses combines, persuadé que la bonne mine de ce dernier pourra convaincre les bonnes âmes d’ouvrir leur porte et leur porte-monnaie. Mais Micka a d’autres projets, bien éloignés de cette vie d’expédients… Avec ce troisième long métrage, après 8 fois debout en 2009 et Les Conquérants en 2013, Xabi Molia, confirme son empathie pour les éclopés de la vie, ceux pour lesquels tout semble partir à vau-l’eau, mais qui pourtant ne se résignent pas : rester debout et réussir à en rire, quand même !
Cornélius, le meunier hurlant France – 2018 – 1h47, de Yann Le Quellec, avec Bonaventure Gacon, Anaïs Demoustier, Gustave Kervern, Denis Lavant...
Dans un village loin de tout arrive un jour un mystérieux visiteur, Cornélius Bloom, que les villageois accueillent à bras ouverts quand il se lance dans la construction d’un moulin. Mais le meunier a malheureusement un défaut : il hurle à la lune toutes les nuits sans pouvoir se maîtriser. Du coup tout le monde veut le chasser. Mais, soutenu par la belle Carmen, Cornélius va défendre sa liberté... Ceux qui ont vu Je sens le beat qui monte en moi ou Le Quepa sur la Vilni, les précédents moyens métrages de Yann Le Quellec, ne seront pas surpris par le ton de ce premier long, les autres vont avoir la chance de découvrir un univers peu commun. Adapté du Meunier hurlant d’Arto Paasilinna (Le Lièvre de Vatanen), le film est burlesque et tragique à la fois. Ici, bien plus que les mots, ce sont les corps et les décors qui ont la part belle de cette œuvre vraiment hors normes. JF
Le Conte de la princesse Kaguya Japon – 2014 – 2h17, de Isao Takahata VF
Un vieux coupeur de bambous découvre à l’intérieur d’une tige de bambou une princesse de la taille d’un pouce et décide de la recueillir. Kaguya devient très vite une jeune fille d’une grande beauté que les plus grands princes veulent épouser. Mais ces derniers devront relever d’impossibles défis dans l’espoir d’obtenir sa main... Ce magnifique récit, inspiré d’un conte traditionnel, est subtil, intemporel et sublimement mis en images à travers de lumineuses aquarelles. Cette splendeur n’est absolument pas réservée au seul jeune public. Elle restera aussi comme la
Croc-blanc Voir pages Jeune Public
E
sur le carreau... Sauf que cette fois-ci, écoeurés par tant de mensonges, il vont se battre, jusqu’au bout ! Trois ans après La Loi du marché, V. Lindon tourne à nouveau avec S. Brizé une histoire de ce qu’ils appellent les « vrais héros du quotidien », un registre où ils ont déjà fait leurs preuves !
Everybody knows
Espagne – 2018 – 2h10, Asghar Farhadi, avec Penelope Cruz, Javier Bardem, Ricardo Darin…
Avec sa famille, Laura se rend de Buenos Aires à son village natal en Espagne. Ce qui devait être une simple réunion de famille se verra bouleversé par des événements imprévus qui vont changer le cours de leur existence… Après avoir tourné en France et en français Le Passé en 2013, le grand réalisateur iranien, couvert de prix aux festivals de Cannes, de Berlin, et également récompensé de Césars et d’Oscars, a décidé de tourner en espagnol avec un casting de rêve : le couple Cruz-Bardem et le magnifique acteur argentin Ricardo Darin. À la base de ce projet, un voyage que fit Farhadi dans le sud de l’Espagne, il y a une dizaine d’années, où il découvrit des rues couvertes par le visage d’une enfant disparue. Quant à la langue, il n’y voit aucun problème : « Tout peut se résumer en deux mots : violence et tendresse ; les autres mots ne font qu’expliquer ces deux mots. »
En guerre
Filmographie : À propos d’Elly (09) – Une séparation (12) –Le Client (16)
Perrin Industrie, équipementier automobile, fait des bénéfices record ; ses salariés ont déjà fait d’importantes concessions, mais peu importe, il y a sûrement de plus grosses marges à dégager ailleurs, donc, hop... on ferme ! Et voilà 1.100 salariés
Grenouilles et compagnie VF
France – 2017 – 1h52, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon, Mélanie Rover, Jacques Borderie...
Voir pages Jeune Public
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Film proposé au jeune public, les parents restant juges.
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Gueule d’ange
L’Île aux chiens
France – 2018 –1h50 de Vanessa Filho, avec Marion Cotillard, Alban Lenoir, Amélie Daure, Ayline Aksoy-Etaix...
Grande-Bretagne/Allemagne – 2017 – 1h41, VO VF de Wes Anderson, avec les voix de V. Lindon, R. Duris, Y. Attal, L. Seydoux, M. Amalric (pour la VF)
Une station balnéaire du sud de la France, hors saison. Marlène vit seule avec Elli, sa fille de huit ans qu’elle surnomme Gueule d’ange. Marlène est sans repères, sans travail et elle délaisse sa fille. Elle ne s’aperçoit pas qu’Elli est en danger et qu’elle a même commencé à boire, en cachette. Une nuit, Marlène va en boîte et y rencontre un homme avec lequel elle part, laissant son enfant livrée à elle-même... Photographe, vidéaste, Vanessa Filho signe avec Gueule d’ange, son premier long métrage. Pour ce projet, a priori difficile, elle a su très bien s’entourer, notamment par l’excellent Guillaume Schiffman à la photo (César pour The Artist) et en tête d’affiche, le retour de Marion Cotillard dans un premier film Français et Alban Lenoir, remarqué notamment dans Un français et Le Semeur.
Parce que la ville est frappée d’une épidémie canine, tous les chiens de Megasaki sont condamnés par le maire à l’exil sur une île. Atari, 12 ans, veut à tout prix récupérer son cher Spots, il vole un avion (rien moins!) pour aller chercher son ami canin. Pendant ce temps, sur le continent, une équipe de journalistes amateurs découvre qu’il existe un sérum susceptible de guérir les chiens mais que l’on garde secret... Après le délicieux Fantastic Mr Fox, W. Anderson revient au film d’animation dans un univers dystopique à la fois plus noir et plus déjanté... Tout ici est excellent, du scénario aux images absolument superbes en passant par les dialogues servis par un casting voix en or massif ! ER
Le Jour où la terre s’arrêta VF Samedi
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Liberté, 13 films poèmes de Paul Éluard Voir pages Jeune Public
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L’Héroïque lande, la frontière brûle France – 2017 – 3h45, documentaire de Elizabeth Perceval et Nicolas Klotz.
Hiver 2016. Près de 12 000 personnes vivent dans la Jungle de Calais qui n’est qu’une ville naissante, en pleine croissance. Les commerces, les habitations, les rues de la zone Sud seront détruits au début du printemps. S’opère alors un déplacement des habitants et de leurs maisons vers la zone Nord. Le démantèlement définitif de la Jungle par l’État interviendra à l’automne. Mais la Jungle, même détruite, renaît toujours de ses cendres… Ce documentaire ambitieux et splendide témoigne d’une réalité humaine profondément méconnue. La Jungle se dévoile comme un modèle de société alternative et les exclus deviennent les héros d’une épopée.
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Land
Italie/France/Pays-Bas/Mexique – 2017 – 1h50, de Babak Jalali, avec Rod Rondeaux, Florence Klein, Wilma Pelly, James Coleman…
Nouveau-Mexique, dans la réserve indienne de Prairie Wolf. Raymond est l’aîné des trois frères appartenant à la famille des DenetClaw. Alccolique repenti, il travaille dans une exploitation de bétail. Wesley, le second, se rend chaque jour aux abords de la réserve pour boire au bar de Sally. Floyd, le plus jeune, est parti combattre en Afghanistan. Alors que sa famille apprend sa mort, Wesley tombe dans le coma, suite à un passage à tabac. Raymond décide de le venger… Le réalisateur iranien – Frontier Blues (2009), Radio Dreams (2016) – a réalisé
des recherches et a visité trente-et-une réserves indiennes pour se documenter. L’histoire fictionnelle de Land repose sur un travail documentaire remarquable, B. Jalali voulant se concentrer « sur la question de l’alcoolisme et sur le paradoxe que représentent ces Indiens engagés dans l’armée américaine ».
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Le Maître est l’enfant
France – 2017 – 1h40, documentaire de Alexandre Mourot, avec Annie Duperey, Alexandre Mourot, Christian Maréchal.
Le réalisateur A. Mourot est le père d’une petite fille qu’il regarde faire sa propre expérience du monde. Avant qu’elle ne soit scolarisée, il décide d’aller tourner à Roubaix, dans une classe d’enfants de 3 à 6 ans de la plus ancienne école Montessori de France. Il y rencontre des enfants libres de leurs mouvements et de leurs activités. Le tournage dure une année. Il montre la mise en œuvre de cette pédagogie de l’autonomie et de l’estime de soi que Maria Montessori voyait comme la promesse d’une société nouvelle de paix et de liberté. Seul l’enfant, disait-elle, « peut nous guider, nous obliger à nous dépasser, nous élever spirituellement. » C’est cette idée extrêmement forte qu’Alexandre Mourot a voulu développer. Séance unique le dimanche 27 mai à 10h30, suivie d’une rencontre avec Sylvie Boutroue, directrice d’une école Montessori.
Dans des chassés-croisés ponctués d’humour, d’incertitude et de tendresse, nous ferons la connaissance, entre autres, de Benny, le hippie au grand cœur, fou de Charlie Parker et de vinyles collectors, de son colocataire dépressif, d’une gamine sociopathe, d’un vieil horloger, d’un journaliste aux méthodes douteuses, d’une étudiante désabusée… Toute une galerie de portraits d’hommes et de femmes unis par le même besoin d’amour et d’attention. Très dialogué, le film offre en outre une vision originale de New York loin du bruit et des lumières : dans la splendeur automnale de la ville, la promenade, entre boutiques vétustes et musique jazz et blues, revêt un petit côté romantique. Nous ne sommes pas loin de l’univers de Woody Allen !
Miracle
Lituanie – 2017 – 1h31, de Egle Vertelyte, avec Egle Mikulionyté, Vyto Ruginis, Andrius Bialobzeskis...
Du temps du soviétisme triomphant, Irina gérait parfaitement un élevage porcin modèle. L’URSS disparue, le début des années 1990 la contraint à s’adapter au capitalisme triomphant ; un vrai changement de culture ! C’est alors qu’arrive Bernardas, un homme d’affaires américain à l’allure aussi étrange que ses méthodes... Sa richesse ferait croire à Irina qu’il est l’homme providentiel si ses intentions étaient vraiment aussi nobles qu’il y paraît.
La Mort de Staline
France/Grande-Bretagne- 2017 - 1h46, de Armando Iannucci, avec Adrian McLoughlin, Jeffrey Tambor, Michael Palin, Steve Buscemi…
Manhattan Stories
USA – 2018 – 1h25, de Dustin Guy Defa, avec Abbi Jacobson, Michael Cera, Philip Baker Hall…
Manhattan Stories nous propose de déambuler avec nonchalance à New York, le temps d’une journée, en partageant le quotidien d’une dizaine de personnages.
Le 2 mars 1953, le Petit père des peuples est à terre : il se meurt. Autour de lui les candidats à sa succession fourbissent leurs armes : Beria, Krouchtchev, Molotov et Malenkov sont sur les rangs et sur leurs gardes : on n’efface pas en quelques Les CARNETS du STUDIO n°367 – Mai 2018 –
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heures trente ans de terreur. Personne n’ose entrer dans la chambre où Staline agonise, d’autant que les meilleurs médecins ont été liquidés par ses soins. Pendant deux jours et deux nuits, non loin du mourant, tractations, coups tordus et autres trahisons ne vont pas manquer entre les prétendants… Si tout paraît incroyable dans cette adaptation de la bande dessinée de Fabien Nury et Thierry Robin, quasiment tout est vrai, même quand les hommes ou les situations paraissent caricaturales. Les dialogues sont à la fois crus et littéraires, et le burlesque jamais loin : la comédie selon Armando Iannucci (In the Loop), est cruelle, voire tragique ! Un humour qui n’a pu être apprécié en Russie, puisque le film y est interdit de projection : comme quoi il y a des choses qui ne changent pas, telle l’incapacité des tyrans à tolérer une vision caustique de ceux qui détiennent le pouvoir !
1984. Dans un hôpital psychiatrique abandonné, une compagnie théâtrale expérimente une technique de jeu radicale : en privant ses comédiens de sommeil, Alma prétend les préparer à donner le meilleur d’eux-mêmes. Bianca, jeune actrice en compétition pour le rôle principal, tente de percer les secrets de cet étrange endroit et devient bientôt l’objet de forces inconnues et terrifiantes… Pour son 2e long-métrage après La Casa muda, le réalisateur uruguayen réussit un film impressionnant, très maîtrisé techniquement, tant au niveau de l’image que du son, où le spectateur est plongé au côté de sa jeune actrice dans un cauchemar qui n’en finit pas. Un film d’épouvante (qui ravira les amateurs du genre) dont le slogan est « Vivez la peur en temps réel ». DP
Nobody’sWatching
France – 2018 – 1h30, documentaire de Alexandre Dereims
Argentine/Colombie/Brésil/Etats-Unis/France – 2017 – 1h41, de Julia Solomonoff, avec Guillermo Pfening, Elena Roger, Kerri Sohn…
Nico, comédien à Bueno Aires, vient juste de s’installer à New York avec un nouveau projet de rôle. Mais celui-ci piétine. Nico enchaîne alors les petits boulots et du baby-sitting pour s’en sortir. Sa vie personnelle et sociale s’en trouve bouleversée et lorsqu’un ancien amant lui rend visite, tout vacille. Nico se retrouve confronté aux raisons de son exil, de sa solitude et de la difficulté à vivre ailleurs. Après Hermanas (2005) et Le Dernier été de la Boyita (2009), la réalisatrice, scénariste et productrice argentine a aussi puisé dans son expérience personnelle d’exil à N.Y., ville beaucoup plus dure qu’il n’y paraît pour ceux qui y vivent, avec des quartiers marqués par les clivages culturels et sociaux.
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No dormiras
Uruguay – 2018 – 1h34 – de Gustavo Hernandez, avec Eva De Dominici, Natalia de Molina…
Nous sommes l’humanité
Sur les îles Andamas, au large de l’Inde, dans un lieu isolé du reste du monde, les Jarawas vivent encore comme au début de l’humanité. Venus d’Afrique il y a 70 000 ans, ils ne sont plus que 400 et leur mode de vie est menacé par les colons indiens qui veulent transformer leur territoire en exploitant les forêts et en transformant ces îles en paradis touristique.. Réalisateur dont les documentaires ont reçu de nombreuses récompenses (prix international de la Croix-ouge, Prix Albert Londres, Nymphe d’or de Monaco), Alexandre Dereims donne la parole à ce peuple en danger tout en lançant une pétition pour sanctuariser les îles où ils survivent. Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.
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Pat et Mat déménagent Voir pages Jeune Public
Place publique
France - 2018 - 1h38, d’Agnès Jaoui, avec Agnès Jaoui, Jean-Pierre Bacri, Héléna Noguerra, Léa Drucker…
Si pour Nathalie, productrice de profession, sa pendaison de crémaillère est un symbole de réussite et de félicité, pour Castro, célèbre animateur de radio en bout de course, participer à ce raout est au-delà de la corvée : en effet il va y retrouver son ex-femme, Hélène, qui, contrairement à lui, n’a rien renié de leurs idéaux de jeunesse, et leur fille, Nina, qui vient d’écrire un livre sur le couple formé par ses parents. De quoi faire tourner la fête à l’aigre… Les « Bacri-Jaoui » ont concocté un nouveau scénario autour de cette faculté contemporaine à déballer sa vie, même la plus intime, sur la place publique et comme dans leurs opus précédents, Le Goût des autres (2000), Comme une image (2004), Parlez-moi de la pluie (2008), et Au bout du conte (2013), il y sera question de cynisme, de compassion, de de fidélité en ses convictions et de la façon dont on affronte le temps qui passe. Vaste programme !
Plaire, aimer et courir vite
France 2018 2h12, de Christophe Honoré, avec Vincent Lacoste, Pierre Deladonchamps, Denis Podalydès...
Après deux adaptations littéraires, Ovide pour Métamorphoses et La Comtesse de Ségur pour Les Malheurs de Sophie, Christophe Honoré souhaitait revenir à une histoire à la première personne et un certain réalisme. Avec Plaire, aimer et courir vite, il se penche sur les années 90, époque où il était encore étudiant. Le film met en scène un jeune provincial, Arthur, étudiant à Rennes, dont la vie va basculer lors de sa rencontre avec
Jacques, un écrivain qui habite Paris avec son fils. Le temps d’un été, Arthur et Jacques vont se plaire et s’aimer mais Jacques est malade... Soit, à travers une histoire d’amour, un premier et un dernier amour, un début et une fin dans la vie. Gageons que Christophe Honoré saura traiter sérieusement mais en évitant tout esprit de sérieux ces sujets graves. Exactement ce qu’il a déjà si bien réussi dans ces pépites que sont Les Chansons d’amour et Les Bien-aimés. Portée par Pierre Delalonchamps, Vincent Lacoste et Denis Podalydès, cette œuvre très prometteuse est en compétition officielle au festival de Cannes. JF
Ready Player One
VO/VF
Voir pages Jeune Public
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La Révolution silencieuse Allemagne – 2018 – 1h51, de Lars Kraume, avec Leonard Scheicher, Tom Gramenz, Lena Klenke...
En 1956, en Allemagne de l’est, trois adolescents, Kurt, Theo et Lena, décident de rendre hommage aux révolutionnaires hongrois récemment réprimés par l’armée soviétique. Ils vont ainsi observer une minute de silence qui va faire beaucoup de bruit, jusqu’à devenir une affaire d’État qui finira par faire basculer leurs vies. Le gouvernement, lui, entend bien retrouver et punir les « coupables », qui vont devoir donner un sens très concret à la notion de solidarité.
La Route sauvage
USA – 2017 – 2h01 de Andrew Haigh, avec Charlie Plummer, Steve Buscemi, Chloë Sevigny, Travis Fimmel...
Charley a quinze ans, il vit avec son père, inconstant, plus souvent absent que le contraire. Livré à lui-même, Charley trouve refuge auprès de Del, un entraîneur de chevaux qui lui confie un petit Les CARNETS du STUDIO n°367 – Mai 2018 –
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boulot. Là, il va se prendre d’affection pour Lean on Pete, un pur-sang en fin de carrière. Le jour où il comprend que Lean on Pete risque l’abattoir, Charley décide de s’enfuir à travers le désert avec le cheval... La Route sauvage est un film gracieux sous des dehors rudes. Quête existentielle et universelle sur la nécessité de se trouver, c’est aussi un film d’amour. Ce portrait d’un adolescent bousculé par la vie sonne très juste et est particulièrement émouvant. Après les très réussis Weekend et 45 ans, voici maintenant le non moins beau La Route sauvage, troisième réussite consécutive signée Andrew Haigh. JF
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Senses 1, 2, 3, 4, 5 Film du mois, voir au dos du Carnet.
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The Disaster Artist
USA – 2017 – 1h43, de James Franco, avec James Franco, Dave Franco, Seth Rogen…
The Room est considéré comme le meilleur pire film de toute l’histoire. The Disaster Artist montre ce qu’a été le tournage de The Room, ce nanar culte des années 2000, sans exagérer avec les gags, en essayant d’être réaliste, sérieux et en respectant l’œuvre de Wiseau (le réalisateur de The Room), et son personnage assez particulier. En fait, The Disaster Artist est juste un film qui reconstruit sans être caricatural un autre film, avec une mise en scène et une superbe performance de James Franco. Le film est une adaptation du livre éponyme de Greg Sestero et Tom Bissel sur le développement et de la production The Room considéré comme « le Citizen Kane des mauvais films » .
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Transit
Allemagne – 2018 – 1h40, de Christian Petzold, avec Franz Rogowski, Paula Beer…
sant l’utilisation des pesticides dans les espaces publics pour changer leurs pratiques. Zéro Phyto 100 % Bio met en avant les pionniers de la restauration collective biologique. Les acteurs de terrain ne livrent pas de solutions toutes prêtes, mais décrivent plutôt les étapes qu’ils ont franchies
De nos jours, à Marseille, des réfugiés de l’Europe entière rêvent d’embarquer pour l’Amérique, fuyant les forces d’occupation fascistes. Parmi eux, l’Allemand Georg prend l’identité d’un écrivain mort pour profiter de son visa. Il tombe amoureux de Marie, en quête désespérée de l’homme qu’elle aime et sans lequel elle ne partira pas... Adapté d’un roman d’Ana Seghers (un des livres préférés du réalisateur et qu’il relit chaque année) qui raconte un chassécroisé amoureux sur fond d’exil d’un certain nombre d’intellectuels allemands pendant la seconde guerre mondiale, le réalisateur de Barbara et de Phoenix a choisi d’en faire une dystopie, en transposant cette histoire à notre époque. « En imaginant la situation inverse à celle d’aujourd’hui – des Allemands qui fuient et cherchent l’asile – on donne évidemment une tonalité politique au film ». Sous le soleil de la cité phocéenne, il tourne une œuvre osée, peuplée de fantômes : « Pour les exilés, le temps s’arrête et ne continue plus. Leur passé n’intéresse personne. Ils n’ont pas d’avenir, ils vivent uniquement dans le présent. Et le présent ne les accueille pas. »
Willy et les gardiens du lac
VF
Voir pages Jeune Public
pour mener à bien leurs projets. Pourquoi, après Insecticide mon amour, un nouveau documentaire à destination du cinéma ? G. Bodin, ex-vigneron en bio et en biodynamie, trouve que les salles deviennent de réels lieux d’échanges d’expériences permettant de débattre et de construire le monde de demain.
PROCHAINEMENT : Trois visages de Jafar Panahi
Bécassine de Bruno Podalydès
Volontaire de Hélène Fillières
Un couteau dans le coeur de Yann Gonzalez
Une questione privata de Paolo et Vittorio Taviani
How To Talk To Girls At Parties de John Cameron Mitchell
Trois jours à Quiberon de Emily Atef
Invasion de Kiyoshi Kurosaw Revivre de Im Kwon-Taek
À genoux les gars de Antoine Desrosières
Cycle l’âme russe
Lundi 7 mai Hommage à Andreï Tarkovski UNE SOIRÉE, DEUX FILMS :
19h30 : L’Enfance d’Ivan 1962 – URSS – Noir et blanc – 1h30
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21h30 : Le Miroir
Lundi 21 mai Hommage à Henri-Georges Clouzot UNE SOIRÉE, DEUX FILMS :
19h30 : L’Assassin habite au 21 1942 – France – Noir et blanc – 1h24, avec Pierre Fresnay, Suzy Delair, Pierre Larquey.
1974 – URSS – Couleurs – 1h50
Soirée présentée par Léa Hebert.
21h15 : Les Diaboliques
1954 – France – Noir et blanc – 1h50, avec Simone Signoret, Véra Clouzot et Paul Meurisse…
Lundi 14 mai – 19h30
Zéro Phyto 100 % Bio
France – 2016 – 1h16, documentaire de Guillaume Bodin, avec Sylvère Chéret.
C’est une enquête sur plusieurs communes françaises qui n’ont pas attendu l’entrée en vigueur de la loi Labbé interdi-
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En complicité avec le Théâtre de Tours
Octobre
Lundi 28 mai – 19h30
À bout de souffle
de Sergueï Mikhaïlovitch Eisenstein – 1927 – URSS – Noir et blanc – 1h42
de Jean-Luc Godard – 1959 – France – Noir et blanc – 1h30, avec Jean-Paul Belmondo, Jean Seberg, Jean-Pierre Melville…
Soirée présentée par Guy Schwitthal.
Soirée présentée par Thomas Anquetin.
Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr
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À propos de Madame Hyde
Ici ` ET LA LUMIÈRE FUT ! Si la lumineuse Vicky Krieps est loin d’être une débutante, il semblerait que 2018 soit l’année de sa révélation au monde. En effet on a pu admirer l’intensité de sa présence dans Le Jeune Karl Marx de Raoul Peck, où elle jouait l’épouse passionnée et courageuse du grand homme, et dans Phantom Thread de Paul Thomas Anderson, où elle tenait brillamment tête à Daniel Day-Lewis. Si jusqu’alors en France elle n’avait eu à défendre que des personnages secondaires, dans Passion simple, l’adaptation du roman d’Annie Ernaux par Danielle Arbid, elle aura le premier rôle. « Le livre est un récit érotique qui rompt avec les stéréotypes et qui pourrait être considéré comme un antiroman sentimental. Ou comme un acte féministe. Et cette force, ce sentiment de défi-là, son courage, m’ont donné envie de l’adapter », explique la réalisatrice
` QUI ? On pouvait se douter que Chanson douce de Leïla Slimani, Prix Goncourt 2016, et son histoire de dépendance mutuelle, toxique, dramatique, entre une nourrice et la famille qui l’emploie, allait susciter le désir de nombre de réalisateurs. Dans l’immédiat deux noms circulent : celui de Maïwenn (Mon Roi) et celui de Lucie Borleteau (Fidelio, L’Odyssée d’Alice). Ce qui est sûr c’est que Karin Viard tiendra le rôle principal. ` 3 HOMMES Après Frantz en 2016, L’Amant double en 2017, François Ozon continue à réaliser un film par an. Ainsi pour 2018 ce sera Alexandre, le portrait de trois hommes d’aujourd’hui : Alexandre, donc, François et Gilles, tous trois abordant la quarantaine et son lot de questions et de remises en cause. À cette occasion Melvil Poupaud collaborera pour la troisième fois avec le réalisateur, après Le Temps qui reste en 2005 et Le Refuge en 2010, tandis que pour Denis Ménochet il s’agira de la seconde après Dans la maison en 2012. En revanche, pour le fraîchement Césarisé Swann Arlaud (Petit Paysan) ce sera une première.
` LA PROCHAINE FOIS IL NOUS LE CHANTERA Après Bruno Dumont et sa Jeannette (cf. les En Bref d’avril 2018), une autre figure du cinéma français crée la surprise en annonçant vouloir se lancer dans la comédie musicale. Le réalisateur en question c’est Leos Carax qui pour son sixième longmétrage, Annette, tournera en anglais un opéra rock : «Je suis confiant, ce film (qui est peuplé de fantômes) sera envoûtant, noir et cruel mais aussi drôle et joyeux, et saura s’inscrire dans la riche histoire d’amour entre le cinéma, la musique et les voix». Vaste programme dans lequel il avait été question d’entendre Rihanna, puis Michelle Williams. Ce sera finalement Rooney Mara (Carol) et Adam Driver (Paterson) qui donneront de la voix. IG
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Axiome 1 : Les films qui mettent en scène des profs en situation de classe sont souvent très éloignés de ce qu’est la réalité d’un cours. Axiome 2 : Je ne suis pas une lumière, mes connaissances scientifiques sont fort anciennes et... déjà à l’époque, elles étaient pour le moins chancelantes... Observation 1 : Dans le très drôle Madame Hyde de Serge Bozon, I. Huppert incarne une drolatique (mais passablement dépressive) prof de physique dépassée par les événements, débordée par ses élèves et extrêmement malheureuse car elle croit pourtant dur comme fer à son métier, à sa fonction de transmission du savoir. Observation 2 : La prof incarnée par I. Huppert, Madame Géquil, va, à plusieurs reprises, demander à ses élèves de résoudre quelques problèmes (de physique ou de géométrie) dont la solution peut être trouvée sans calculs, en se basant simplement sur l’observation et l’application de quelques règles élémentaires (par exemple : « Le plus court chemin entre deux points est une ligne droite »). Et (comme, je suppose, tous les autres spectateurs) je me suis pris à suivre le raisonnement et, comme les élèves qu’elle questionne, à essayer d’anticiper, de trouver la réponse. Et à y trouver un grand plaisir...
teur. D’observateurs que nous étions (observateurs attentifs, critiques etc. bien sûr... pas question de dire que le spectateur est passif !) nous nous trouvons placés en situation d’acteurs ; notre cerveau fonctionne non plus sur le film, mais à l’intérieur du monde où le film nous invite. Ce faisant, et même si le propos du film n’est certainement pas de donner (d’infliger ?) une leçon de pédagogie ou de physique, S. Bozon réussit l’exploit de faire en sorte que le sujet de ces séquences ne soit plus seulement ce à quoi nous assistons mais devienne un temps le moteur même de notre rôle de spectateur, notre raison d’être là où nous sommes en nous rendant ER autres que ce que nous sommes. PS : Que l’on se rassure tout de même, Mme Hyde n’est PAS un pensum ; et même si une partie importante du film se déroule en classe, c’est toujours l’intensité dramatique (ou comique !) que vise S. Bozon.
Conclusion : Il se passe donc là quelque chose de particulièrement intéressant dans la relation entre le film et le specta-
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À propos de Vent du nord
Compte-rendu Viva il cinema
Rencontre avec Paolo Taviani et Lina Nerli-Taviani
Hervé (l’un des personnages principaux du très beau Vent du nord, de Walid Mattar) va perdre son emploi. Comme tous ses collègues de cette usine de chaussures qui s’apprête à être délocalisée en Tunisie... Dans l’usine, comme il est habituel en ce genre d’endroits et ce genre de situations, deux tendances se dégagent : certains veulent lutter (pour leur emploi, leur dignité, ne pas se laisser faire sans se battre...). Pour eux le maître mot est clairement « dignité » ; partir sans se battre, c’est ne pas être digne (ou, car un certain vocabulaire machiste ne fait pas peur, c’est « lécher le cul des patrons » ou « ne pas avoir de couilles »). Hervé, lui, est plutôt satisfait qu’on lui propose une prime de licenciement de 30 000 Euros. Il a donc choisi « l’indignité », ce que ses collègues ne se privent pas de lui faire amèrement remarquer. Le cinéma et une certaine forme de morale politique nous ont habitués (et c’est « normal » !) à valoriser le combat, à valoriser ceux qui restent debout, se battent, quitte à livrer un combat perdu d’avance. Mais ici le film commence avec Hervé et ses négociations aussi peu convaincantes que convaincues pour faire monter les enchères de sa prime de licenciement et, de ce simple fait, nous adoptons un peu le point de vue d’Hervé. Dans un film « militant », disons un film de Ken Loach, bien entendu le point de vue serait totalement différent, soit on nous placerait directement
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dans le point de vue de l’un de ceux qui veulent lutter, soit on nous montrerait Hervé vacillant dans sa décision et finissant par se ranger aux côtés de ceux qui veulent se battre. Aux côtés de ceux qui veulent conserver leur dignité. Alors ? Que se passe-t-il ? Walid Mattar nous suggère-t-il de vivre couchés ? De prendre le parti de l’oppresseur ? Non, rien de tout cela je pense... Il choisit plutôt de se placer du côté des humbles, du côté de ceux qui n’osent pas ou pas vraiment, ou du bout des lèvres pour presque aussitôt le regretter. Car Hervé, s’il capitule devant son employeur sans même que celui-ci ait besoin d’insister, n’est pas pour autant dépourvu de dignité. Nous dirons que sa dignité, il ne la place pas dans ce combat de coqs que semblent lui enjoindre de mener ses collègues. Il n’y met pas sa fierté virile en jeu. Sa dignité, pour lui, tient à son envie de faire autre chose, de (se) sortir de ce travail aliénant qu’il exerçait quand il découpait toute la journée des pièces de cuir pour chaussures. On pourrait dire que si, à l’usine, Hervé travaille à l’emporte-pièces, W. Mattar, lui, travaille beaucoup plus dans la nuance. Hervé se verrait bien pêcheur (semi-)professionnel, seul sur son hors-bord avec ses cannes. Et les efforts qu’il met à réussir cela, la persévérance qui ne le quitte jamais, quels que soient les obstacles rencontrés, sont aussi sa dignité. ER
C’est dans le cadre du festival Viva il cinema que le réalisateur Paolo Taviani et sa femme, Lina Nerli-Taviani, costumière de renom en Italie, sont venus aux Studio partager avec le public. Deux de leurs films qui ont marqué les cinéphiles y avaient été programmés : La Nuit de San Lorenzo (1982) et Good Morning Babilonia (1987). Ce fut un bonheur et un vrai moment de nostalgie de revoir ce dernier en copie 35 mm. Paolo Taviani, qui affirme ne pas se souvenir du film, qu’il n’a pas vu depuis 30 ans - « Vittorio et moi ne revoyons jamais nos films ; nous n’y remarquons que les défauts » -, nous raconte la genèse avec force détails… C’est un producteur américain qui voulait travailler avec eux à Hollywood et même si ce genre de proposition était assez exceptionnel à l’époque, les deux frères ont d’abord décliné – d’autres réalisateurs italiens avaient fait l’essai (Fellini, entre autres) et étaient revenus très vite. C’est devant l’insistance de l’équipe hollywoodienne et après avoir eu l’assurance qu’ils travailleraient en toute liberté qu’un accord fut trouvé. Pour l’écriture du scénario les Taviani s’inspirèrent d’une histoire vraie : Griffith, ébloui par le travail réalisé par les artisans italiens dans le pavillon de leur pays à l’Exposition universelle de San Francisco en 1915, voulait vraiment en embaucher pour réaliser les décors de son prochain film. Deux d’entre eux travaillèrent en effet avec le grand réalisateur. Les Taviani en firent des frères ; mais Paolo réfute le fait qu’il puisse être question d’autobiographie… Au départ, les réalisateurs avaient vraiment l’intention de tourner à Hollywood : « On peut faire un film qui nous reflète, qui soit à nous,
même si c’est à Hollywood ; c’est toujours du cinéma ». Mais dans les studios américains il ne restait presque plus rien des décors du film de Griffith. Ils décidèrent donc de rebrousser chemin et de les reconstruire en Toscane. Seules les vues de ville ont été tournées séparément en Californie. Et comme Paolo Taviani ne manque pas d’humour il conclut : « Nous sommes toscans, nous avons étudié à Pise, nous sommes partis pour aller à Hollywood et nous avons finalement travaillé à 10 kilomètres de chez nous ». Quant au contenu du film, outre l’hommage appuyé à Griffith, on apprend que ce dernier fut très influencé par Giovanni Pastrone, réalisateur et acteur italien, inventeur du carrello, dispositif aujourd’hui connu sous le nom de travelling. Griffith utilisa cette technique dans le tournage du film que l’on voit se faire… Le réalisateur italien insiste plusieurs fois sur le fait qu’un film est une œuvre collective qui ne peut être réalisée qu’avec des centaines de personnes. Parmi elles les costumiers, et Lina Nerli Taviani a vécu avec Good Morning Babilonia un des moments les plus fabuleux de son métier : beaucoup de personnages, du temps pour des recherches documentaires, des échanges avec des Américains, l’utilisation de photos d’époque prises dans les studios hollywoodiens… Et la découverte de la liberté des femmes qui pouvaient sortir sans gants ni chapeau, ce qui était impensable en Italie dans les mêmes années. « Nous avons tout fabriqué, cousu dans notre petit atelier… Le film des Taviani le plus riche au niveau des costumes ; ça changeait de la sobriété qu’ils me demandaient d’habitude »
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Good Morning Babilonia connaît toujours un réel succès aux USA, où il est régulièrement rediffusé à la télévision, et ce bien que certains Américains se soient sentis offensés quand il est question de Raphael et Michel-Ange inconnus outre Atlantique ! Et puis on peut toujours voir et revoir le film pour débusquer les clins d’œil que les Taviani adressent : cherchez l’éléphant, par exemple, l’animal qui a le plus de mémoire, que l’on
trouve chez Griffith dans Intolérance et sculpté sur la cathédrale de Sant’ Apollonia in Classe à Ravenne. Pas étonnant qu’il soit honoré dans le film… Il sera encore question de cathédrale pour conclure un moment cinéphile passionnant : « Les cathédrales sont faites pour durer ; espérons qu’avec les nouvelles technologies, les films dureront autant que les cathéSB drales »…
Rencontre avec Annarita Zambrano dans le cadre de Viva il cinema, avec la complicité de Ciclic
Annarita Zambrano aux Studio
Pour conclure une semaine de rencontres autour du cinéma italien, Annarita Zambrano était aux Studio le dimanche 18 mars pour présenter en avant-première Après la guerre. Il y a un an le film était plébiscité à Cannes, où il avait été sélectionné dans la section Un certain regard. En préambule la jeune réalisatrice a tenu à rendre hommage à la France, qui fait un énorme travail pour le cinéma. Installée dans notre pays depuis des années, c’est ici qu’elle a pu réaliser ce premier long métrage grâce à tout un dispositif qui n’existe pas en Italie. Elle remercie en outre le travail fait par les salles qui le projettent.
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Après la projection elle a répondu avec beaucoup de verve aux questions des spectateurs d’une salle comble conquise par le film. Dans cette histoire privée qui s’inscrit dans une histoire publique, elle nous parle de l’après-terrorisme des Brigades Rouges. « Hier c’était le quarantième anniversaire de l’enlèvement d’Aldo Moro. À l’époque j’avais 6 ans et je me souviens de la peur, du traumatisme, de cette journée où l’Italie a perdu son innocence ». 55 jours après, Moro a été condamné et exécuté par ses geôliers : « on ne pouvait pas y croire… J’ai grandi avec cette violence ; elle a été banalisée ». Si cet événement douloureux a marqué la fin du terrorisme, il a aussi mis un terme à la montée en puissance d’un Parti Communiste fort en Italie qui s’apprêtait à gouverner avec la démocratie chrétienne d’Aldo Moro. Quant aux Brigades Rouges, elles n’ont pas obtenu comme elles le revendiquaient, la reconnaissance d’un « état de guerre ». Dans son impossibilité à expliquer le terrorisme – « Contrairement à l’Allemagne, on n’arrive pas à l’historiciser », la réalisatrice s’est intéressée à ceux qui restent et qui en subissent les dommages collatéraux. Son film commence en 2002, à Bologne, quand un professeur de droit est assassiné
par un commando qui a repris le nom d’un ex groupe gauchiste. Alors que l’homme est réfugié en France – comme nombre de ses camarades de lutte grâce à la loi d’amnistie de Mitterrand en 1981– ses proches restés en Italie sont de nouveau pris pour cibles. « Les responsables qui sont venus en France n’ont eu de cesse de préserver leur liberté. Ils ont pourtant détruit leur vie et celle des autres ; ça m’a toujours gênée ». Le film alterne les scènes entre Bologne où vit, murée dans son silence, la très honorable famille de Marco et un petit coin des Landes où ce dernier, qui a dû fuir après ce nouvel attentat, se cache avec sa fille, Viola. Viola est elle aussi victime du passé de son père, qui lui demande beaucoup. Figure envahissante – tant moralement que physiquement – il est l’image paternelle toute-puissante en Italie. C’est lui qui décide et qui juge, qui veut exercer le pouvoir – qu’il a pris par les armes ! Et s’il a conscience de ses fautes, on ne sent pas de culpabilité : « je n’ai jamais rencontré un seul terroriste réfugié qui ait regretté ses actes ». Progressivement la dimension politique du film s’efface derrière la tragédie dans l’ambiance claustrophobe d’un huis clos… Marco, en vivant dans ses contradictions, va vers sa perte. À ses côtés Viola, à qui son père n’a cessé de demander d’être forte, se débat contre le destin qu’il lui trace, tente de se rebeller. Finalement c’est dans un acte inconscient qu’elle le sacrifie… En se donnant la possibilité d’une autre vie elle va vers la lumière, alors que lui n’avait d’autre choix que de rester dans l’ombre… Si les ex-terroristes ont souvent été perçus comme des héros romantiques, Après la guerre casse cette image. La banalité du langage de Marco, son égoïsme et sa responsabilité sont pathétiques.
n’hésite pas à s’engager et dénoncer : « Entre le pape, l’État, le gouvernement, il n’y a pas grand-chose de féminin en Italie ». Elle évoque les compromissions auxquelles elle échappe en ayant choisi de vivre en France. Elle regrette les controverses et l’énervement des Italiens quand il est question des années de plomb, leur refus de se pencher sur cette période pour essayer de comprendre. Comme pour appuyer son propos, elle rapporte un échange étonnant qu’elle a eu avec Nanni Moretti, qui a refusé de jouer le rôle du juge qu’elle lui avait proposé dans le film : – Pourquoi tu défends ce terroriste ? – Je ne le défends pas… – Le laisser parler, c’est déjà le défendre, c’est honteux… Elle évoque la montée en puissance du populisme et l’importance de l’extrême droite. S’il était nécessaire pour Annarita Zambrano de lancer toutes ces réflexions, elle craint la manière dont sera accueilli le film à sa sortie en Italie fin avril… À suivre ? SB
A. Zambrano affiche un fort tempérament et
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Les rédacteurs ont vu :
Razzia de Nabil Ayouch
— Le film évoque l’émancipation de la femme, l’arabisation forcée, l’islamisation de l’enseignement, la relation père-fils, la relation mère-fille, la relation employeurdomestique, l’antisémitisme, la transmission intergénérationnelle, le droit à la culture, le printemps arabe, les inégalités sociales, l’homosexualité, le modernisme vs la tradition, la jeunesse sans avenir, l’éveil à la sexualité, le machisme, l’avortement, le droit à la différence... — C’est tout ? C’est maigre… ça frise même l’indigence... AW Les premières images s’ouvrent sur le magnifique paysage des montagnes de l’Atlas propice au rêve, à l’envol vers la liberté, une certaine authenticité… Puis la réalité s’impose et le heurt est inévitable, dû aux traditions et à la religion qui enferment, rigidifient, entraînent la violence. D’un côté le désir, le rêve ; de l’autre la frustration, l’intolérance. Chapeau à N. Ayouch et son équipe pour leur combat et la défense de leurs idées ! MS
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Chacun des personnages de Nabil Ayouch est confronté à ce choix existentiel : fuir ou affronter la bêtise, l’intolérance, les diktats d’une société soumise à de prétendus principes religieux archaïques et fallacieux. Chacun fera comme il pourra, au risque de tout perdre… Le réalisateur brasse les époques, les destinées, et parvient non seulement à les faire toutes exister, mais également à les universaliser ! Imparable ! IG Peut-être que cette razzia aurait mérité deux films : l’un racontant l‘histoire d’un humaniste berbère emporté par l’arabisation de l’éducation, l’autre les multiples histoires dans l’effervescente Casablanca d’aujourd’hui ? Il n’en demeure pas moins qu’Ayouch a l’art d’appuyer là où ça fait mal, là où les contradictions de la société marocaine semblent intenables : dans les rues on manifeste aussi bien contre l’égalité homme-femme concernant l’héritage (avec de nombreuses manifestantes) que contre la paralysie économico-politique d’un royaume corrompu. DP
Il fallait oser. En réaction aux regards et commentaires désapprobateurs, Salima, en pleine rue, relève dans un mouvement de contorsion sensuel un peu plus haut sa robe, dévoilant ainsi encore davantage ses jambes. Résister et revendiquer le droit à la liberté d’exister, cela peut passer parfois par un acte pouvant paraître (faussement) anodin, au risque paradoxal d’alimenter des griefs ou positions – notamment sexistes – pas davantage recherchés. Nabil Ayouch ose donc aussi. Et avec quelle sensibilité et quel respect de ses magnifiques personnages ! RS Beaucoup d’histoires se croisent ou se poursuivent ici, chacune porteuse d’une colère, d’une répression ou d’une frustration. J’aurais bien aimé voir se développer un peu plus la toute première, celle de cet instituteur berbère « condamné » à enseigner à ses élèves en arabe, une langue qu’ils ne comprennent pas. Elle était peut-être l’une des plus riches de ce film foisonnant. ER
Dans un récit choral ambitieux et plein d’émotion, Nabil Ayouch fait se croiser des personnages pris au piège des limites et contraintes d’une société conservatrice, homophobe, inégalitaire. Parmi eux, Joe le restaurateur est une énigme. Dans le pessimisme ambiant il répond par le sourire, une blague, une volonté tenace à vouloir faire s’entendre les protagonistes des différentes communautés ou classes sociales, à être marocain plus que juif, comme si l’on pouvait ne pas croire ce qui se passe… Pourtant, comme les autres, il est seul, lucide et désarmé. Quand en découvrant qu’il est juif, la prostituée amie coupe court à leurs rapports tarifés la belle utopie vole en éclats… et Casa s’enflamme dans la violence des émeutes. Magnifique ! SB La fresque est touffue, un peu trop peut-être, mais cela ne l’empêche nullement d’être aussi puissante que mélancolique. Et l’image finale de Salima, enceinte et en maillot de bain deux pièces marchant vers la mer est saisissante. JF
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Rencontre avec Nabil Ayouch Maryam Touzani
Maryam Touzani & Nabil Ayouch aux Studio © Nicole Joulin
Much Loved... et après ? Le film précédent de Nabil Ayouch, Much Loved, lui avait valu de nombreux ennuis avec la censure marocaine, qu’elle soit officielle ou populaire. Comment continuer à faire des films lorsqu’on a été menacé de mort, traîné devant les tribunaux, lorsque votre actrice principale a été agressée et a fini par s’exiler en France ? N. Ayouch : « La censure de Much Loved a laissé de profondes blessures. Je l’ai vécue violemment ; d’abord la censure institutionnelle, illégale, brutale et stupide ; puis, derrière, la censure populaire, qui était bien plus virulente. Ça devenait hystérique et à un moment je me suis posé la question de ma place dans ce pays : est-ce que j’avais encore envie de continuer à y faire des films ? Et je me suis rendu compte que « oui », parce que j’y crois et pense que le cinéma peut être une réponse et parce que ce que voulaient les gens qui ont censuré le film, c’était justement briser ma relation à ce pays, ma capacité d’expression et mes convictions ; et ils ont échoué. Parce que je suis encore là, parce que ma liberté et ma capacité d’expression sont intactes. Je fais ce métier parce que j’y crois, que je crois que le film est un formi-
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Le 9 mars, Nabil Ayouch, (réalisateur et scénariste) et Maryam Touzani (scénariste et actrice) étaient aux Studio pour présenter leur film : Razzia. Histoires mêlées et croisées de cinq destins différents dans la société marocaine contemporaine (l’une des histoires débutant de fait dans les années 1980). dable véhicule pour transmettre des idées, pour changer le monde... sinon, je ferais autre chose. Ce qui n’empêche que, en ce qui concerne l’avenir du Maroc, je passe par des moments d’espoir et des moments de franche déprime. Mais, même si on n’est pas nombreux, dans l’Histoire ce sont souvent des minorités qui ont fait changer les choses. Il faudrait réussir à briser cette schizophrénie qui fait qu’on est enfermés dans des rôles tout en aspirant à autre chose, la briser pour être en harmonie avec soi. » Des femmes de combat ? Les deux films, Much Loved et Razzia, ont en commun de porter à l’écran les difficultés rencontrées par les femmes marocaines. N. Ayouch : « Oui, elles sont victimes de harcèlement (mais bon... il n’y a pas qu’au Maroc...), tenues pour mineures toute leur vie... Avec Razzia on a eu envie de quelque chose de l’ordre de la contagion, qui puisse être de l’ordre de la résistance, qui puisse offrir des modèles, parce que je crois beaucoup à l’exemplarité. Maryam, dans sa manière d’être dans la vie quotidienne, dans ses combats de femme, nous a beaucoup inspirés pour le personnage de Salima. Et au moment de la sortie au Maroc, on a vu com-
bien de jeunes filles se sont reconnues en elle et y ont vu une femme à laquelle elles n’osaient pas ressembler tout en en ayant envie. Et pourtant c’est difficile, ça demande beaucoup de courage. Autant Much Loved avait apporté une polémique stérile, autant Razzia suscite le débat et a donné le courage à beaucoup de filles de s’exprimer pendant les débats. Mais il faut savoir que la polémique autour de Much Loved a été le résultat d’une campagne sur les réseaux sociaux suite à une publication de 4 heures de rushes du film, ne respectant pas du tout mon montage, mettant surtout en avant les scènes les plus crues, les plus susceptibles de choquer. Le film a donc été condamné avant même d’être vu, sur la base d’une déformation de ce qu’il était. » Berbères, Arabes et Juifs... Razzia mélange des histoires et des milieux très différents... N. Ayouch : « Oui, mais c’est l’ADN du Maroc, cette diversité, des Berbères (ils sont la majorité), des Arabes, des Juifs... et j’ai eu envie de rendre au Maroc cette diversité, de la montrer alors que l’histoire officielle a essayé de l’effacer. On a voulu lui donner la parole. Les années 80 ont été une période d’arabisation forcée (présente lors des premières scènes du film, lorsque l’inspecteur vient sommer Abdallah de faire cours en arabe et non en
berbère, même si les enfants ne comprennent pas...) mais depuis une dizaine d’années il y a un petit retour en arrière et le berbère a été reconnu comme deuxième langue officielle du pays. » Femmes : suite... (mais pas fin !) On voit dans le film une scène où une foule manifeste contre une éventuelle réforme qui permettrait aux femmes d’hériter au même titre que les hommes ; or vous prenez bien la peine de montrer que, dans cette manifestation, il y a autant de femmes que d’hommes... N. Ayouch : « Oui, il y avait des femmes qui manifestaient contre elles-mêmes, contre leurs propres droits, des femmes qui sont leur propre ennemi. » M. Touzani : « Le patriarcat est tellement ancré que les femmes n’arrivent pas à avoir une vision indépendante. L’un des plus grands enjeux, c’est que les femmes se rendent compte qu’elles sont opprimées, qu’elles voient leurs chaînes ! » N. Ayouch : « Mais il y a aussi des femmes d’une incroyable force, Maryam par exemple, je trouve admirable sa façon de se placer dans l’espace public, de résister aux reproches et de camper sur ses positions ; la vieille femme qui joue le rôle d’Yto, par exemple, dans la vie de tous les jours, vous la voyez, y a pas un homme qui l’approche, ER sinon il se fait dégommer la gueule ! »
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Interférences L’Insulte Wajib L’Insulte
Tel fils
Telle fille Le film de Ziad Doueiri commence par une banale dispute lors de la réfection d’un quartier populaire d’une grande ville. Le chef de chantier est aspergé par l’eau qui ruisselle d’une terrasse dont le propriétaire arrose ses fleurs. Il vient lui proposer de mettre aux normes son évacuation d’eau mais celui-ci lui claque la porte au nez sous le motif qu’on ne viendra pas faire la loi chez lui. Le contremaître décide de passer en force, fait faire le raccordement que le propriétaire démolit aussitôt en hurlant et à grands coups de marteau. Le contremaître finit par s’exclamer : « Pauvre con ! ». Voici donc l’insulte qui donne son titre au film et qui, si on n’était pas à Beyrouth, si Toni, le propriétaire, n’était pas chrétien et Yasser, le chef de chantier, un réfugié palestinien, ne casserait pas trois pattes à un canard… Il faut dire que Toni passe ses journées à ressasser, dans son garage, des pensées racistes, alimentées par les discours haineux d’un leader nationaliste chrétien qu’il passe en boucle. Il veut absolument des excuses mais quand Yasser viendra les présenter, il ne pourra s’empêcher de lui dire son regret que Sharon n’ait pas réussi à finir le travail… son travail meurtrier dans les camps palestiniens. Yasser craque et frappe Toni. Ce coup aura de multiples
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conséquences (côtes cassées, crise cardiaque, accouchement prématuré) qui conduiront à des procès successifs qui prendront une ampleur nationale, enflammant les opinions publiques toujours au bord de la guerre civile. Doueiri admire la façon dont Tarantino (dont il fut l’assistant pour cinq films) a révolutionné la dramaturgie du cinéma en basant l’action sur les dialogues. Fils d’avocat, élevé aux USA, il voulait filmer un film de procès, là où la parole, précisément, devient une véritable arme de combat. Combat entre deux avocats, un père, porte-parole roublard du parti chrétien, et sa fille qui veut représenter le peuple palestinien opprimé et qui n’a de cesse d’en appeler au droit international ; rapidement cette lutte familiale devient aussi une guerre mémorielle quand l’avocat de Toni exhume le massacre du village chrétien où Toni vivait enfant. Qui a le plus souffert ? Qui a fait le plus souffrir ? Qui a le plus de sang sur les mains ? Malgré une fin apaisée, avec non-lieu et réconciliation paradoxale, l’on sort de ce film efficace avec la certitude que les cicatrices d’hier, non cautérisées, sont les germes des conflits à venir… d’autant que ce terreau fertile ne cesse d’être alimenté par des discours haineux.
Le film d’Annemarie Jacir nous propose une promenade relativement apaisée à laquelle le cinéma palestinien nous a rarement habitués. Wajib désigne la tradition qui veut que les invitations à un mariage soit remises en mains propres. Nous suivons donc Abu Shadi et Shadi dans leur tournée de distribution, l’occasion de découvrir la vie courante à Nazareth, la plus grande ville palestinienne d’Israël (40 % de chrétiens, 60 % de musulmans), bien éloignée de l’oppression que règne sur les Territoires occupés. Il y a bien des soldats en armes et du ressentiment d’être minoritaires et citoyens de seconde zone, mais le quotidien ressemble finalement à celui de nombreux pays. Au fur et à mesure de cette pérégrination voient le jour des dissensions inévitables entre le père, figure professorale très connue (tout le monde semble l’avoir eu comme prof !) et qui n’a jamais quitté sa ville natale, et son fils, architecte en Italie, qui vit en concubinage avec Nada, la fille d’un ponte de l’OLP en exil. Le père aimerait que son fils épouse une fille d’ici (et pourquoi pas sa cousine) et ne supporte pas les bureaucrates de l’OLP qui ont, selon lui,
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profité de leur notoriété pour s’en mettre plein les poches. Son fils, qui n’est pas revenu à Nazareth depuis des années, reproche à son père ses compromissions, notamment son amitié avec un Israélien qui est, pour lui, un indicateur. Son père voit en celui-ci le moyen d’appuyer une promotion à laquelle il rêve depuis des années. Son fils y voit un espion, celui qui permet à l’oppresseur d’exercer son pouvoir. (Le duo est d’autant plus savoureux que les deux acteurs sont père et fils. Deux acteurs très connus et qui ont toujours refusé de jouer dans des films produits par des Israéliens). À un moment, le portable du fils sonne. C’est le père de sa compagne, que déteste son propre père. Il lui donne le téléphone. Le père est obligé de prendre la communication. Que voit-il ? lui demande-t-on. Devant le parebrise le spectacle d’une ville sans services publics, à l’abandon, poubelles débordantes, maisons éventrées, trottoirs défoncés, et le père se met à décrire les palmiers, le ciel, la beauté immémoriale d’une Palestine… qui n’existe plus. Et qui nourrit la nostalgie stérile de tous les exilés. DP
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Gros plan Prières
Sans doute parce que son film raconte un parcours de vie, le premier plan du dernier film de Cédric Kahn montre Thomas de profil, assis dans un véhicule, alors que le paysage défile derrière lui. Au tout début il dort, l’œil marqué d’un coquard. Réveillé par les soubresauts du chemin, il tourne la tête et nous regarde, hagard, comme s’il nous prenait à témoin ; ce sera le seul regard caméra du film. Après une overdose qui l’a presque terrassé, ce jeune homme bourru atterrit dans une communauté religieuse perdue au cœur des montagnes dont les règles strictes (pas d’alcool, pas de drogue, pas de cigarette, pas de fille, pas de solitude) sont censées lui sauver la vie. On trouvait la même sévérité dans le centre qui accueillait les deux héroïnes de La Fête est finie, le formidable premier film de Marie Garel-Weiss mais il y ici un élément supplémentaire, primordial, et qui donne son titre au film : la prière. Exercice de décérébration par répétition rituelle ou recherche de l’absolu, selon la croyance du spectateur, elle imprègne le quotidien des membres de la
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communauté, accrochés à leurs chapelets, jusqu’à devenir insupportable à Thomas qui n’en peut plus de ce flot permanent de paroles, de cette absence de silence et de solitude et qui, dans un accès de rage et de violence, frappe Marco qui dirige la maison, insulte « son ange gardien » (le pensionnaire qui lui sert de tuteur) et décide de fuir (littéralement à travers tout). Céleste et Silhem avaient elles aussi rechuté et fui le centre de désintoxication. Coincé dans le village, dans la vallée, Thomas a la chance d’être hébergé par Sybille, dont les paroles et la douceur l’apaisent. Le lendemain c’est elle qui le ramènera vers la communauté, la seule chance qui lui reste, lui a-t-elle fait comprendre. De nouveau on voit Thomas de profil mais il ne cesse de tourner la tête pour regarder, non plus le spectateur, mais la belle Sybille qui ne quitte pas la route des yeux. Commence alors un récit plus difficilement supportable pour le non croyant. Certes, comme le dit le réalisateur (par ailleurs agnostique), il s’agit essentiellement « de la
reconstruction du lien » et il y a, à l’écran, la vue de profil avec le paysage qui défile : l’exercice d’une bienveillance systématique, le jeune converti sait où il va. Son chemin bouleversante, mais celle-ci se nourrit d’in- est tout tracé. Décidément, après L’Apparicessants rituels religieux qui semblent sur- tion de Xavier Giannoli, qui interrogeait la annés, d’une ambiance de jamboree perpé- foi avec une douceur presque trop comprétuel avec guitares et chansons allègres, hensive, on a l’impression d’un retour en célébration du créateur dans un cadre force de « l’opium du peuple »... Mais le montagnard sublimé par la majestueuse transport (mystique) en commun s’arrête photographie d’Yves Cape, avec repas sur une aire d’autoroute, Thomas mixte (mais de dos), résurrection descend et, brutalement, change « Le cinéma est un outil assez formidable théâtralisée et sourire édénique de direction. Il est pris en stop. pour filmer l’invisible. On de la sœur Hanna. Enfin, lors Le même plan revient mais peut raconter des choses, mais d’un chemin de croix en mon- on peut aussi les faire ressentir. cette fois-ci, le jeune homme Et il y avait un matériau tagne, la brebis égarée se bouge en rythme avec la formidable pour ressentir la perd, se prend les pieds dans musique électro, déjà dans la prière, la puissance du chant, le tapis (herbeux) et chute peau d’un autre lui-même, en l’apaisement que cela peut pour (ce qu’on pense être) la produire. » route vers Sybille, la bien nomdernière fois dans un éboulis vermée, qui travaille sur un chantier Cédric Kahn tigineux. Nuit solitaire au fond du de fouilles en Espagne. En route vers trou, le genou et l’âme en berne. Effroi et un futur qu’on peut rêver de désirs sans grand froid sous l’œil indifférent de la lune. faute, dans le temps suspendu de corps Au petit matin, miracle, Thomas (qui n’en plongés dans la mer et la lumière estivale, croit pas ses yeux) se lève (et marche) et comme le chante Abdhellatif Kechiche dans rejoint assez alertement la communauté. le Canto uno de son dernier film, cette Grâce aux mantras bibliques répétés toute lumière que glorifient saint Jean et une la nuit, il a trouvé sa voie : il veut devenir sourate en exergue de Mektoub My Love. prêtre. Pour ce nouveau départ on retrouve Une prière. DP
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Interférences La Forme de l’eau Avant que nous disparaissions La Nuit a dévoré le monde lambda. Ce sont en quelque sorte des éclaireurs chargés de préparer l’invasion de la Terre et l’élimination des humains, dont il faut au préalable, afin d’être efficace, comprendre les psychés, les « concepts » qui les régissent et auxquels eux ne comprennent rien : la propriété, le travail, la liberté, l’amour, etc.
La Forme de l’eau
Le cinéma de genre est peut-être celui qui s’inscrit le plus dans des traditions bien balisées, dans des schémas narratifs immédiatement reconnaissables par les thèmes (vampires, extraterrestres, criminels en série, cow-boys etc.) et les atmosphères qui s’y rattachent (urbaines, nocturnes, grands espaces etc.). Trois films vus en mars au Studio confirment ces évidentes filiations : La Forme de l’eau de Guillermo del Toro, visiblement inspiré de La Belle et la bête de Cocteau et dont l’homme-poisson prend très explicitement pour modèle L’Étrange créature du Lac Noir, superbe nanar de Jack Arnold ; Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa, qui reprend le thème classique de l’invasion de la Terre, et plus particulièrement la trame de l’une des plus célèbres nouvelles de Philip K.Dick, L’Homme truqué ; et enfin La Nuit a dévoré le monde de Dominique Rocher, remake de La Nuit des morts-vivants de George Romero, mais aussi version cinématographique d’un des chefs d’œuvre du genre, le roman de Richard Matheson Je suis une légende.
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Mais au-delà de cette loi une fois de plus vérifiée qu’il n’existe pas de création artistique ex nihilo, que toute œuvre s’inscrit — plus ou moins — dans un réseau intertextuel, ces films posent une question intéressante, fondamentale même, chacun à sa manière, chacun à travers une fiction ambitieuse qui n’oublie cependant jamais d’être un spectacle. Le titre même de La Forme de l’eau aurait pu être, par un jeu de mots certes hasardeux, La Forme de l’autre, tant il est question tout du long du rapport à la différence, de la marginalisation de l’héroïne sourde-muette et, évidemment, de la captivité, puis de la volonté d’élimination de l’homme-poisson. Le film (passablement surcoté à mon sens) finit en conte naïf, en bluette convenue qui en minimise la portée.
Avant que nous disparaissions de Kiyoshi Kurosawa se révèle beaucoup plus intéressant en posant réellement le problème de l’autre. Trois extraterrestres ont pris possession de trois jeunes gens : Amano, Shinji le mari de Narumi, et Tachibana, une adolescente
Parmi ces concepts celui d’identité leur pose véritablement un gros problème : « Expliquezmoi la différence entre moi et les autres », « Les autres ou moi-même, qu’est-ce que ça peut bien faire ? », demandent-ils à qui veut bien les entendre. Et en effet, à bien y réfléchir, voilà une question bien embarrassante, qui amène dans le film des réponses bien embarrassées. Et ce n’est pas Pierre Dac, malgré son sens de l’à-propos, qui aurait apporté la solution (« À la question Qui sommes-nous ? D’où venons-nous ? Où allons-nous ? je réponds : je suis moi, je viens de chez moi et j’y retourne »). La question est d’autant plus délicate que Sakurai, un journaliste freelance qui flaire le scoop du siècle, accepte de servir de « guide » aux pseudo Amano et Tachibana, avant de se mettre
complètement à leur service et d’épouser la cause des envahisseurs, qui ne font pourtant pas mystère de vouloir éliminer tous les humains à l’exception de quelques spécimenssouvenirs. Ses motivations sont de plus en plus obscures et on ne comprend pas pourquoi il trahit ainsi l’humanité. À moins qu’il ne soit lui-même « occupé » par l’extraterrestre qui s’incarnait préalablement dans le corps d’Amano, transpercé par des balles de fusilmitrailleur ? L’ambiguïté reste cependant totale : Sakurai l’humain est-il devenu l’autre, l’être venu de l’espace, ou simplement autre, un homme transformé, converti à leur cause ? Réponse inconnue. Quant à l’extraterrestre qui a pris possession du corps de Shinji, son cas n’est pas plus clair : est-il au dénouement un E.T. qui a découvert et a été conquis par l’amour de Narumi ou l’homme Shinji a-t-il repris le dessus sur l’intrus qui s’était immiscé en lui ? Où est la frontière ? Y a-t-il encore une frontière ? On ne peut même plus évoquer le « Je est un autre » de Rimbaud, la situation se décrit plutôt comme : qui est je ? Personne ne le sait, surtout pas peut-être je lui-même. Avec La Nuit a dévoré le monde les choses se compliquent encore. Sam, le jeune héros joué par Daniel Andersen Lie (étonnant sosie d’un certain Emmanuel Macron), se réveille au lendemain d’une teuf dans un
En attendant que nous disparaissions
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À propos de Vos critiques
A Ghost Story
La Nuit a dévoré le monde
appartement désert et dévasté. Au-dehors s’agitent des morts-vivants tout droit sortis du film-référence de George Romero, hagards, désarticulés, sanguinolents, affamés de chair fraîche. Il organise sa survie, récupérant vivres et matériels divers, pour se défendre la nuit contre ces zombies heureusement apathiques et inoffensifs à la lumière du jour. Le voilà donc seul, isolé, marginalisé, mais — et ce n’est pas un détail — il l’était déjà en réalité au milieu de la foule des fêtards. Éclairé par quelques piquants numéros de batterie et de percussions diverses, le drame devient vite beaucoup plus énigmatique et subtil qu’un simple hommage à l’un des plus grands classiques de la science-fiction. Lorsqu’apparaît une autre survivante, Sarah, Sam tire sur elle, la prenant pour une zombie, puis la recueille, la soigne, échafaude avec elle plans et stratégies. Mais on s’aperçoit finalement que cette autre survivante, synonyme d’espoir, n’était qu’une projection de son esprit : son coup de fusil l’avait tuée sur le coup. Sam a-t-il toute sa tête ?
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Au cours d’une séquence saisissante il est attaqué dans son lit par deux morts-vivants qui le mordent et l’écharpent, puis se réveille en sursaut : ce n’était qu’un cauchemar. Mais alors qu’y a-t-il de vrai dans cette histoire ? Qui est Sam ? Un survivant ? Un solitaire qui fantasme son rejet par les autres ? Dans un moment de retour sur soi il dit : « C’est devenu la normalité d’être mort, c’est moi qui ne suis pas normal ». C’est exactement le postulat final de Je suis une légende, le roman de Richard Matheson. Encore faudrait-il être sûr du sens des mots : que Sam ne soit pas normal est tout à fait recevable, mais est-il l’unique survivant d’une aventure aussi horrible qu’irrationnelle ou un schizophrène paranoïaque délirant ? Qui est Sam ? Qui est l’autre ? Je existe-t-il encore ? On voit bien par là que les films de genre, malgré tous leurs aspects conventionnels, voire stéréotypés, peuvent parfaitement amener le spectateur bien au-delà d’un simple plaisir de distraction. Face aux bouleversements dont nous sommes témoins, face à toutes les déstabilisations du monde et de l’individu présentes et à venir (réalité virtuelle, réalité augmentée, intelligence artificielle, big data etc.), ces trois films — surtout les deux derniers — suggèrent implicitement une angoisse diffuse liée à la perte de repères sécurisants, aux menaces sur la liberté et la maîtrise de chacun sur sa propre vie. Nos situations n’ont évidemment rien de commun avec celles, purement fictionnelles, des films en question, mais ne pourrait-on pas quand même dire, sans céder aux mirages de la surinterprétation, qu’ils sont l’expression d’une inquiétude sourde, appelée peut-être à se faire de plus en plus prégnante : que seront nos enfants ? la notion d’individu aura-t-elle encore un sens ? que deviendra l’humanité ? AW
RAZZIA de Nabil Ayouch Foisonnant, complexe, riche, passionnant, ce film de Nabil Ayouch est tout cela. Il décrit la société marocaine d’aujourd’hui dans toute sa complexité, sa modernité et son conservatisme, ses inégalités sociales, ses minorités religieuses ; le réalisateur brasse tout ça en brossant le portrait de cinq personnages principaux très différents. Chacun se bat ou réagit, à sa manière, mais ce qui ressort surtout, c’est leur solitude. Les références à Casablanca, le chef-d’œuvre de Curtiz, sont une excellente idée, notamment avec le côté factice (pas un plan n’a été tourné à Casablanca), romantique, qui contraste singulièrement avec l’atmosphère de Razzia alors que, d’autre part, le parallèle entre les résistants du film de Michael Curtiz et les personnages de Nabil Ayouch, qui tentent eux aussi de résister, est saisissant. Razzia est un film magnifique, aussi fort et percutant que Much Loved, le précédent film du réalisateur. Il nous bouleverse et nous secoue, en nous donnant de l’espoir, surtout à travers le personnage de Salima. La femme est l’avenir de l’homme… JC LADY BIRD de Greta Gerwig Comédie sympathique et généreuse malgré un sujet peu original. D’autres films sur la fin de l’adolescence et le passage à l’âge adulte ont été vus (sentiment d’être coincés dans une existence dont ils ne savent que faire, dans un monde trop étriqué pour eux, complexité des rapports familiaux…). S. Ronan (Lady Bird) confère à son personnage un caractère singulier, transmettant avec justesse sa détermination, mais aussi ses doutes. L. Metcalf est
aussi parfaite en mère surprotectrice, n’exprimant que difficilement son amour pour sa fille. Le père plus proche de sa fille est également attachant. Les personnages secondaires manquent un peu de profondeur. Globalement, on ne s’ennuie pas et des émotions effleurent. CP WINTER BROTHERS de Hlynur Palmason Après que Guy Maddin et Belà Tarr aient abandonné la partie, on pensait le genre définitivement disparu, mais avec Winter Brothers, Ylynur Palmason signe le retour du film hermétique. Et c’est une bonne nouvelle tant ce premier long métrage, situé entre rêve et réalité, très travaillé sur le plan visuel et sonore, bouscule allégrement le conformisme narratif ambiant. […]. HR CAS DE CONSCIENCE de Vahid Jalilvand Décidément le cinéma iranien se préoccupe beaucoup d’éthique en ce moment. Après un Homme intègre en décembre, ce dernier Cas de conscience, réalisé par Vahid Jalilvand, impressionne tout autant par sa force que par sa sobriété. […] Une grande partie de la force de ce film repose sur la construction du récit : on suit, alternativement ou en couple, les quatre principaux personnages dans leur quête de la vérité. Chacun cherche à comprendre, la culpabilité imprègne toute l’histoire, tous se sentent coupables de quelque chose, à titre personnel ou professionnel. Cette société iranienne contemporaine semble vivre dans un état de stress permanent, mais avec un point positif : les femmes y affirment davantage leur place, dans et hors du foyer. JC Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°367 – Mai 2018 –
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