SEMAINE
C
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5
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du 24 au 30 octobre É
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1h25’
lundi
19h30
2018
SEMAINE
C
1h46’ VF
LE VOLEUR DE BICYCLETTE
LA PROPHÉTIE DE L’HORLOGE
de Vittorio De Sica
de Eli Roth
À suivre. 1h45’
2h32’
THE HOUSE THAT JACK BUILT
À suivre.
GIRL de Lukas Dhont
de Lars Von Trier
14h00
17h00 19h00
À suivre. 1h43’
2h02
14h00 QUIEN TE CANTARA LE PROCÈS CONTRE 17h15 MANDELA ET LES AUTRES 21h30 19h15 de Carlos Vermut de Nicolas Champeaux et Gilles Porte À suivre. 1h22’
1h40’
14h00 LA TENDRE INDIFFÉRENCE DU MONDE 19h30
À suivre.
RAFIKI de Wanuri Kahiu
de Adilkhan Yerzhanov
vendredi à partir de
18h30
Les Films du Loup Blanc proposent : Soirée de clôture du marathon du court métrage
48 Hour Film Project Projection des courts métrages réalisés lors du marathon et remise des Prix
17h45 21h30
2h01’
DONBASS
21h15
de Sergei Loznitsa
Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com
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Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35
lundi
ASSURANCE SUR LA MORT
PRINCES ET PRINCESSES
19h30
de Billy Wilder
de Michel Ocelot
Séance Cinélangues - Espagnol 2h12’ mercredi
LE QUATUOR À CORNES de divers réalisateurs
de Asghar Farhadi
14h00 1h59 SAUF mer
19h15 21h00
L’AMOUR EST UNE FÊTE
14h15 1h49’
SAUF sam
19h30
OKKO ET LES FANTÔMES de Kitaro Kosaka
14h15 14h15 mer-sam dimanche
16h00 mercredi samedi dimanche
17h30
1h40’
LIBRE de Michel Toesca
1h46’
FORTUNA
14h00 19h00 17h00
SAUF mercredi
de Germinal Roaux
21h30 1h32’ 17h15 PREMIÈRE ANNÉE 19h00 de Thomas Lilti
SAUF lundi
CLIMAX
17h30 21h30
1h35’
MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES
19h30 14h15 1h49’
SAUF dim
1h35’ VF
de Cédric Anger
SAUF lun
mercredi
sam-dim
50’
16h45 EVERYBODY KNOWS 13h45 1h43’ 17h00 I FEEL GOOD 19h00 de Benoit Delépine et Gustave Kervern 21h15 13h45 2h01’ UN PEUPLE 16h45 ET SON ROI 19h00 de Pierre Schoeller 21h15 14h00 2h01’ LES FRÈRES SISTERS 17h00 de Jacques Audiard 21h30
2018
1h10’
1h46’
À suivre. 1h35’ À suivre. 16h00 13h45 2h03’ 16h45 17h15 DILILI À PARIS CAPHARNAÜM 19h15 mercredi de Nadine Labaki de Michel Ocelot 10h00 21h30 À suivre. 41’ 13h45 2h20’ 16h15 LA GRANDE AVENTURE FIRST MAN 19h00 mercredi DE NON-NON de Damien Chazelle 10h15 21h30 de Matthieu Auvray À suivre. 42’ VF 14h15 1h24’ 16h15 COLD WAR 16h00 LE RAT SCÉLÉRAT mercredi 17h45 de Pawel Pawlikoski 10h15 de Jeroen Jaspaert 19h30
14h00 21h00
I
du 26 septembre au 2 octobre
1
de Gaspar Noé
de Emmanuel Mouret
1h45’
LEAVE NO TRACE
VOLUBILIS
de Debra Granik
de Faouzi Bensaidi
21h00
Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.
Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com
SEMAINE
2 du 3 au 9 octobre 2018
Mai 68 … Et maintenant ? #2
MON PÈRE CNP jeudi ET LES CLOUS 1h24’
de Samuel Bigiaoui
19h45 Débat avec le réalisateur
42’ VF
LA CHASSE À L’OURS
CINÉMATHÈQUE
mer-sam-dim
MÉLODIES EN NOIR ET BLANC 3 jours de ciné-concert
14h15 16h00
mer-sam-dim
mercredi samedi dimanche
LE QUATUOR CORNES VITESSE À 19h30 EN QUATRIÈME 16h15 de divers réalisateurs de Robert Aldrich lundi
CINÉMATHÈQUE
1h45’
RAZZIA 21h30 1h23’deL’ULTIME Stanley Kubrick
1h20’ VF MINGA dimanche ET LA CUILLÈRE CASSÉE 10h00 de Claye Edou
13h45 1h43’ GOOD 17h00 I deFEEL Benoit Delépine 21h15 et Gustave Kervern
Duplex audio avec le réalisateur-10’
THE LUCKY 1h48’ SPECIALS 11h15 de Rea Rangaka + CM Fatima de Gérald K Barclay 25’ Duplex audio avec le réalisateur
Brunch africain offert après les séances
2h01’
13h45 UN PEUPLE 17h00 ET SON ROI 21h15 de Pierre Schoeller
1h32’
PREMIÈRE 19h15 ANNÉE
1h31’ 1h59’
AMIN
L’AMOUR 19h15 EST UNE FÊTE 21h00
de Philippe Faucon
de Cédric Anger
14h00 2h01’ LES FRÈRES 17h00 SISTERS 19h15 de Jacques Audiard
CLIMAX
21h00
de Gaspar Noé
1h49’
14h15 1h30’
1h40’
MADEMOISELLE DE JONCQUIÈRES 21h30 de Emmanuel Mouret
dimanche
de Hal Roach et Fred Newmeyer
THE LODGER
17h15 1h19’de Alfred Hitchcock
42’ VF
LE RAT mer-sam-dim 14h15 SCÉLÉRAT mer-sam-dim de Jeroen Jaspaert
1h35’
DILILI À PARIS de Michel Ocelot
42’ VF
16h00
14h15 SAUF sam 17h30 19h30 mercredi
samedi LA PASSION DE LA CHASSEÀ L’OURS dimanche 19h30 JEANNE D’ARC de Joanna Harrison, Robin Shaw… 16h00
lundi
1h30’ de Carl Theodor Dreyer
3 séances musicalement accompagnées par Christian Pabœuf
UNE MORT CHOISIE CNP jeudi 1h30’ de Bernard Giglio
19h45
1h24’
LINDY LOU 14h15
JURÉE NUMÉRO 2 19h45 de Florent Vassault
Débat avec Jonathan Denis corespon- 2h01’ sable des jeunes de l’ADMD
Bibliothèque/Sans canal fixe FAKE YOU !
dimanche AU 11h00 INCIDENT LOCH NESS 1h34’ de Zak Penn 1h43’
13h45 I FEEL GOOD Benoit Delépine 19h15 etdeGustave Kervern 13h45 1h45’ GIRL 17h00 19h00 de Lukas Dhont 14h00 19h30
CONTE ET FILM : mercredi 16h, avant le film
UN PEUPLE 17h00 ET SON ROI 21h15
de Pierre Schoeller
2h08
LA PARTICULE 17h15 HUMAINE 21h30 de Semih Kaplanoglu
1h30’
LA SAVEUR 17h30 DES RAMEN 21h15 de Eric Khoo
1h38’
17h45 NOS BATAILLES 21h30 de Guillaume Senez
1h31’
AMIN de Philippe Faucon
2h01’
LES FRÈRES 21h00 SISTERS de Jacques Audiard
LA SAVEUR DES RAMEN 16h00 de Eric Khoo
LIBRE de Michel Toesca
14h00 1h37’
21h30
19h00
Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com
Samedi 13 octobre 14h15
1h35’
14h15 1h38’ NOS 17h30 BATAILLES 19h30 de Guillaume Senez mer-sam dimanche
LES 3 (MÉS) AVENTURES 14h15 1h15’ D’HAROLD LLOYD samedi
Fin de vie sans tabou
BCAT #13
de Thomas Lilti
14h00 17h15 19h15
3 du 10 au 16 octobre 2018
mer-sam-dim
de Joanna Harrison, Robin Shaw… 17h45
50’
SEMAINE
mer-sam-dim
16h00 19h30
L’AMOUR FLOU
de Romane Bohringer et Philippe Rebbot
1h59’
L’AMOUR 21h30 EST UNE FÊTE
4 du 17 au 23 octobre 2018
Vaccination: la confiance passe par la transparence 1h35’
L’ALUMINIUM, LES VACCINS CNP ET LES DEUX LAPINS jeudi 1h30’
de Marie-Ange Poyet
19h45
Débat avec le Pr Romain Gherardi et Didier Lambert, Président national de l‘association E3M
CINÉMATHÈQUE
Festival Concerts d’automne de l’Ensemble Jacques Moderne
DILILI À PARIS de Michel Ocelot
14h15 SAUF lun 16h00 SAUF jeu-ven 17h45 SAUF jeu-ven vendredi
19h30
40’ sans paroles
lundi PAT ET MAT lundi DÉMÉNAGENT ÉLIZABETH 14h15 19h30 de Marek Benes 2h04’ de Shekhar Kapur
13h45 2h03’ 16h45 CAPHARNAÜM 19h15 de Nadine Labaki 21h35 13h45 2h20’ 16h30 FIRST MAN 19h00 de Damien Chazelle 21h30 14h00 2h32’ THE HOUSE 16h30 THAT JACK BUILT 19h00 de Lars Von Trier 14h00 1h45’ GIRL 17h00 de Lukas Dhont 21h30 1h43’
14h15 LE PROCÈS CONTRE 19h30 MANDELA ET LES AUTRES
de Nicolas Champeaux et Gilles Porte
1h43’
14h00 I FEEL GOOD de Benoit Delépine et Gustave Kervern
ATELIER avant la séance
42’ VF
16h15 LE RAT SAUF SCÉLÉRAT jeudi de Jeroen Jaspaert
vendredi
1h37’
L’AMOUR FLOU de Romane Bohringer et Philippe Rebbot
17h30 21h45
2h01’
UN PEUPLE ET SON ROI 19h15 de Pierre Schoeller
2h08’
LA PARTICULE 19h30 SAUF HUMAINE vendredi de Semih Kaplanoglu
1h38’
NOS BATAILLES 21h30 de Guillaume Senez
1h31’
AMIN
21h45
de Philippe Faucon
de Cédric Anger
Le film imprévu : www.studiocine.com
Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35
SEMAINE
Le film imprévu : www.studiocine.com
Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)
Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com
ISSN 0299 - 0342
CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines-37000 TOURS
N°371 • Octobre 2018
de Guillaume Senez
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Octobre 2018 - n° 371
Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Ciné-concert – Mélodie en noir & blanc . . . . . . . 5
BCAT . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 48 HFP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Matinée Sans canal fixe . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7
Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES
LES FILMS DE A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7 En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16
La cafétéria des Studio (gérée par l'association AIR, chantier d'insertion),
Bande annonce Décoloniser nos regards . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17
accueille les abonnés des Studio tous les jours de 15h30 à 21h45
À propos de Au poste . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18
sur présentation de la carte.
Tél : 02 47 20 85 77
Interférences Paul Sanchez est revenu / Woman At War . . . . 19 Courts lettrages BlaKkKlansman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Gros plan Le Monde est à toi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 À propos de Le Monde est à toi . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Compte-rendu Nuit de l’horreur . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25 Rencontre avec Nicolas Philibert . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Pages & images De Reims à Bollène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Interférences Le Poirier sauvage / Burning . . . . . . . . . . . . . . 30 Rencontre avec Sylvestre Chatenay . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32
Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN
AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI
ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)
GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE
ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)
Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Jeune Public. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 Prix de l’APF 1998
NOS BATAILLES de Guillaume Senez (voir au dos des Carnets)
GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . pages centrales
Site : www.studiocine.com Facebook : cinémas STUDIO
LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Anthony Pitens & Jérôme Tournadre et de de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.
éditorial
Faire vivre le cinéma À
l’heure où, sur les grands écrans, la concurrence va se renforcer sur l’agglomération tourangelle, les associations qui gèrent les cinémas Studio peuvent légitimement s’enorgueillir d’avoir su développer, depuis 1963, un outil de promotion des films art et essai assez exceptionnel et qui faisait écrire dans le livre d’or à l’acteur Karim Leklou (venu présenter Joueurs le 1er long-métrage de la jeune réalisatrice Marie Monge début juillet) : « Merci de faire vivre le cinéma comme vous le faites. C’est grâce à des gens comme vous que cet art est encore un peu vivant. » Avec environ 500 films projetés annuellement (dont plus de 350 dans la programmation générale), les Studio continuent à vouloir faire vivre quotidiennement cet amour d’un cinéma original (tous les films pour adultes sont projetés en VO) avec une authentique spécificité qui permet de « donner le temps au temps »* : une programmation mensuelle ! Un véritable luxe qui permet au spectateur tourangeau de prévoir ses sorties sur le mois et aux films, mêmes les plus discrets ou fragiles, d’espérer trouver leur public ! (L’immense majorité des salles, en France, ont une programmation hebdomadaire qui permet aussi, hélas, de passer discrètement « à la trappe » les films qui ne marchent pas.) Tout au long de cette saison, vous pourrez retrouver les deux festivals maison (la 26e édition du festival Désir Désirs du 23 au 29 janvier et la 20e édition du Festival international du cinéma asiatique de
Tours les 26, 27 et 28 avril et les nombreux événements locaux auxquels nous nous associons : Viva il cinema du 28 février au 3 mars, 48 HFP et la soirée spécial nanards de Radio Béton en avril, la 34e Nuit des Studio dont le succès ne cesse de croître le 25 mai, la 3e Soirée de l’horreur et l’Académie Francis Poulenc en août. Tous les lundis, vous pourrez retrouver les séances proposées par la Cinémathèque de Tours (lire p. 15), tous les jeudis, les soirées débat proposées par le CNP (lire p. 4), les RDV africains et bimestriels du dimanche matin proposés par le BCAT (lire p. 5) auxquels il faut ajouter les activités en direction du Jeune public (lire p 34) , les soirées Libres courts en partenariat avec Ciclic, les soirées Bibliothèque en partenariat avec Sans canal fixe… ainsi que les nombreuses avant premières en présence de réalisateurs ou d’acteurs (voir les vidéos sur le site dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.) Le 15 septembre, le Jour des Studio permettait au public de visiter le complexe de la rue des Ursulines, les cabines, la bibliothèque (la plus riche de la région Centre autour du 7e art), la cafétéria tenue par l’association Air, les jardins et leur muraille gallo-romaine… un cadre qui avait enthousiasmé Karim Leklou qui avait conclu par un encourageant : « Longue vie au Studio ! ». DP * Comme le disait notre parrain Bertrand Tavernier lors des 50 ans des Studio.
Les CARNETS du STUDIO n°371 – Octobre
2018 –
3
FILM DU MOIS
La date de validité de votre carte d’abonnement figure... sur chaque ticket qui vous est remis en caisse. N’oubliez pas qu’il est également possible de se réabonner en ligne, sur le site des Studio !
NOS BATAILLES France – 2018 – 1h38, de Guillaume Senez, avec Romain Duris, Laetitia Dosch, Laure Calamy, Dominique Valadié, Lucie Debay...
Olivier travaille dans une plate-forme de distribution ; syndicaliste, il lutte au quotidien pour améliorer les conditions de travail de son équipe. Laura, sa femme, est vendeuse dans un magasin de vêtements ; ils ont deux enfants. Malgré les difficultés matérielles, c’est une famille unie et aimante que Laura et Olivier ont construite ; pourtant, un jour comme un autre, Laura s’en va... Après le très beau et remarqué Keeper, Guillaume Senez frappe fort avec ce second long métrage où il atteint une ampleur et une puissance qui en font une superbe réussite. Mais il ne faut pas imaginer Nos batailles comme un constat plombant sur l’état de notre société car le cinéaste montre une belle ambition. Celle de mêler deux mondes, celui de l’intime, le dedans, à travers la chronique d’une famille ébranlée et celui de l’universel, le dehors, avec la description des violences, mais aussi des solidarités, de la vie en entreprise. Ce pari osé est formidablement tenu car tout sonne impeccablement juste. Le film est
d’un équilibre parfait dans lequel le réalisateur a su apporter légèreté, mystère, imprévu. Sans jamais appuyer, le regard posé sur les milieux traversés, la maison comme l’usine, est d’une très grande précision et d’une très grande acuité (notamment sur les mécanismes de l’exploitation contemporaine). Le constat n’est pas tout rose, on s’en doute, et Nos batailles ne nie pas des situations parfois dures, pourtant, il n’est jamais plombant. Au contraire, il est tonique, formidablement émouvant et souvent plein d’humour. Tout le mérite en revient au réalisateur, mais aussi à une troupe d’acteurs formidables. La collègue syndicaliste Laure Calamy, la sœur Laetitia Dosch, l’épouse Lucie Debay et la mère Dominique Valadié font mieux qu’entourer brillamment Romain Duris, elles sont d’authentiques personnages. Quant à ce dernier, il trouve là l’un de ses plus beaux rôles à ce jour, celui d’une maturité resplendissante dans lequel il est réellement exceptionnel. JF
LES CARNETS DU STUDIO – n° 371 – Octobre2018 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305
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JEUNE PUBLIC
GB/Suède/Nouvelle-Zélande – 2018 – 42 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs
De la musique, une aventure dans l’eau et un rat filou... Trois courts métrages poétiques et surprenants, à découvrir avec les plus petits !
VF À partir de 4 ans
Tout public à partir de 4 ans
France – 2018 – 50 mn, film d’animation de divers réalisateurs.
Aglaé la pipelette, Rosine la tête en l’air, Clarisse la peureuse et Marguerite la coquette vont découvrir la mer et la liberté dans le monde inconnu qui s’étend bien au-delà du pré... Tout public à partir de 8 ans
VF Japon – 2018 – 1h35, film d’animation de Kitaro Kosaka.
Okko vit à la campagne avec sa grand-mère et travaille à l’auberge familiale. Pour l’aider à grandir, des gentils fantômes vont croiser sa route...
Un film magique, dont on ressort le sourire aux lèvres… Tout public à partir de 5 ans
France – 2000 – 1h10, film d’animation de Michel Ocelot.
Dans un cinéma abandonné, deux enfants s’inventent des histoires et se déguisent pour donner vie à de nombreux personnages.
Un classique en ombre chinoise et papier découpé du maître de l’animation française. Séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma. France – 2018 – 1h35, film d’animation de Michel Ocelot.
Tout public à partir de 6 ans
Dans le Paris de la Belle Époque, une petite fille kanake fait la connaissance d’un jeune livreur en triporteur. Ensemble, ils partent à la découverte de la ville lumière pour résoudre le mystère qui sévit autour de l’enlèvement de fillettes.
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Attraper des ours, parcourir des forêts, traverser des rivières… Même en hiver, tout est possible pour nos petits héros intrépides ! VF
JEUNE PUBLIC
Biélorussie/GB – 2018 – 42 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs
À partir de 3 ans
Mercredi 10 au début de la séance de 16h
BCAT – JEUNE PUBLIC AUX CINÉMAS STUDIO
Tout public à partir de 7 ans
Deux courts métrages, un long métrage, un échange et un brunch ! Les Petits métiers de Kinshasa France – 2016 – 6mn, courts métrages de Sébastien Maitre.
Minga et la cuillère cassée Cameroun – 2017 – 1h20, film d’animation de Claye Edou.
VF
Voir page 6
USA – 2008 – 1h15, de Hal Roach et Fred Newmeyer, avec Harold Lloyd, Mildred Davis...
Dans ces trois courts métrages des années 1920, le grand burlesque américain, casse-cou maladroit et innocent, cherche désespérément à séduire la belle Mildred…
Voir page 5
Ces trois chefs d’œuvre seront accompagnés par Christian Paboeuf, hautbois, flute à bec et vibraphone, (texte de Mélodies en Noir et Blanc).
À partir de 3 ans
Tout public à partir de 6 ans
Samedi 13 octobre 14h15
sans paroles
France – 2017 – 41 mn, de Matthieu Auvray.
VF
Non-Non s’ennuie un peu à SousBois-Les-Bains... Alors, avec sa bande de copains, il va partir à l’aventure et rien ne pourra les arrêter ! République Tchèque – 2018 – 40 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.
sans paroles
Pat et Mat ont posé leurs cartons dans une toute nouvelle maison. Les deux amis bricoleurs ont plein d’idées pour améliorer leur quotidien. Mais leur nouveau terrain de jeux va-t-il résister à leurs expériences farfelues ? Lundi 22, RV à 14h15 pour l’atelier qui aura lieu avant la séance de 15h30.
À partir de 3 ans
VF USA – 2018 – 1h48, de Eli Roth, avec Jack Black, Cate Blanchett, Owen Vaccaro…
Lewis part vivre dans la vieille maison de son oncle, qui cache bien des secrets… Tout public à partir de 10 ans
Adaptation d’un roman fantastique de 1973, à venir découvrir en famille !
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Mélodie en noir & blanc Trois jours de Ciné concert à Tours
jeudi 4 octobre - 19h45 MAI 68… Et maintenant ? (2e épisode)
Quelles sont les questions que se pose la génération issue des soixante-huitards à propos des événements qu’elle n’a pas vécus ? Les récits de leurs parents ont-ils nourri leur imaginaire ? Y a-t-il une transmission et que faire de cet héritage ? Pourquoi pas un film ! C’est ce qu’a fait Samuel Bougiaoui qui demande à son père ce qu’il faisait avant d’ouvrir sa boutique de bricolage rue Monge à Paris. En parlant de son engagement dans un groupuscule d’action d’extrême gauche oeuvrant dans la clandestinité, sa réponse gardera une part de mystère. « – Sur les actions clandestines ou les manifestations de 68 ou qui ont suivi, as-tu eu des ennuis, quelle a été la réponse du gouvernement ? – Bah, on a été interrogés par la police, mais celle-ci comprenait nos actions, c’était une réponse politique. Aujourd’hui, pour les mêmes actions, la réponse serait uniquement policière… »
jeudi 18 octobre - 19h45 L’association E3M (Entraide aux Malades de la Myophasciite à Macrophages) et le CNP présentent :
Vaccination : la confiance passe par la transparence Depuis 1926, l’aluminium est utilisé comme
Fin de vie sans tabou
adjuvant dans les vaccins. Initialement destiné à augmenter leur efficacité, il se révèle maintenant neurotoxique et à l’origine de maladies graves. Selon certaines sources scientifiques, plusieurs dizaines de milliers de français seraient atteints d’un syndrome de fatigue chronique induit par ces sels d’aluminium, la lésion de myofasciite à macrophages en est la signature. Le film documentaire présenté s’attache à donner la parole, pour la première fois, aux acteurs de ce drame encore trop peu connu. Malades, chercheurs, médecins, historienne, journaliste et politiques viennent nous révéler une vérité trop longtemps cachée. Au-delà de ces témoignages, ce film remet en perspective le fonctionnement de la politique de santé publique face aux alertes incessantes exprimées depuis 40 ans sur l’aluminium.
Comme lors de la dépénalisation de l’avortement, les lobbies religieux et médicaux se font entendre sur la fin de vie pour refuser une modification de la loi souhaitée par la majorité des Français et de nombreux parlementaires. Après des mois de consultations, les lois de bioé-
Film : L’ALUMINIUM, LES VACCINS ET LES DEUX LAPINS de Marie-Ange Poyet (France – 2016 – 90’) Débat avec le Pr Romain Gherardi et Didier Lambert, président national de l’association E3M.
Film : 68, MON PÈRE ET LES CLOUS, de Samuel Bigiaoui (France – 2017 – 1h24) suivi d’un débat en présence du réalisateur.
jeudi 11 octobre - 19h45 L’ADMD (Association pour le Droit à Mourir dans la Dignité) et le CNP présentent :
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thique vont-elles être modifiées ? Nous attendons qu’on nous donne enfin le choix de notre fin de vie : soins palliatifs, sédation profonde, euthanasie, suicide assisté. Un droit, pas une obligation. Film : UNE MORT CHOISIE de Bernard Giglio (France – 2016 – 1h30) suivi d’un débat avec Jonathan Denis co-responsable des jeunes de l’ADMD.
– Les CARNETS du STUDIO
n° 371 – Octobre 2018
Samedi 13 octobre, dimanche 14 et lundi 15, La Cinémathèque de Tours, Les Cinémas Studio et Ciné-ma Différence proposent trois cinéconcerts lors desquels des chefs d’œuvre du cinéma muet seront accompagnés en direct par un musicien. Il s’agit d’un événement qui s’adresse à tous les publics, des plus jeunes avec un programme burlesque, aux plus curieux avec un des premiers films d’Alfred Hitchcock, The Lodger, et la plus belle adaptation au cinéma de l’histoire de Jeanne d’Arc. À noter que la séance du samedi après-midi est organisée par Ciné-ma Différence. Cette séance s’adresse à tout le monde et est accessible et adaptée aux personnes en situation de handicap. Un accueil particulier leur est réservé.
Samedi 13 octobre 14h15 Cinémas Studio Les Trois (més) aventures d’Harold Lloyd USA – 1921, 1h31, de Hal Roach et Fred Newmeyer
Trois sommets du burlesque (Oh, la belle voiture !, Viré à l’Ouest et Voyage au paradis), dans lesquels Harold Lloyd tente de séduire la belle Mildred. Personnage loufoque et cassecou, Harold Lloyd se retrouve, avec son innocence romantique, dans des situations cocasses autant qu’absurdes. Tout public. Tarifs de 3,20 € à 5,30 € Renseignements et réservations pour cette séance : tours@cinemadifference.com ou cmd@studiocine.org ou 02 47 88 50 31
Dimanche 14 octobre 17h15
Tout public à partir de 11 ans. Tarifs de 3,20 € à 9,30 € Lundi 15 octobre 19h30 La Passion de Jeanne d’Arc de C. Dreyer – France – 1928, 1h50, avec Falconetti, Antonin Artaud, Michel Simon
Lors de son procès, Jeanne d’Arc oppose toute son intelligence et son humilité aux juges. Elle cède pourtant sous la torture et signe son abjuration. Probablement le plus beau film consacré à Jeanne d’Arc. Tarifs de 3 € à 9,30 €
Ces trois films sont accompagnés par Christian Paboeuf hautbois, flûtes à bec, vibraphone. Né à Lyon en 1956, c’est au CNR de Rennes qu’il commence sa formation musicale avec le hautbois. À peine ses études terminées, il commence à travailler avec de nombreuses formations musicales tout en composant et en enseignant la musique. En 1991 il rejoint l’orchestre régional de jazz Aquitaine. En 1994 il crée avec son frère Daniel le duo Il Monstro qui deviendra un quintette trois ans plus tard. Touche à tout, il s’intéresse au cinéma et commence à partir des années 2000 à créer des musiques pour accompagner les grands classiques du cinéma.
Mélodies en Noir et blanc est un événement organisé par la Cinémathèque de Tours, les cinémas Studio et Ciné-ma Différence dans le cadre du partenariat avec l’ ADAPEI d’Indreet-Loire (L’Art et la manière) avec le soutien de la Ville de Tours et de l’ADRC.
The Lodger Grande-Bretagne – 1927 – 1h19, de Alfred Hitchcock
Un homme sème la terreur à Londres en assassinant des jeunes filles blondes. Non loin de là, Mme Bunting loue une chambre à un mystérieux étranger… Hitchcock inaugure le thème du faux coupable que l’on retrouvera souvent dans son œuvre. Premier grand succès du maître, dans lequel on perçoit déjà toute sa maîtrise de la suggestion et du suspense.
Renseignements : Ciné-ma Différence : tours@cinemadifference.com et md@studiocine.org ou 06 08 86 00 80 Cinémas Studio : 02 47 20 27 00 Cinémathèque de Tours : 02 47 21 63 95
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Matinée Bibliothèque / Sans canal fixe Dimanche 14 octobre - 11h – Le faux, l’envers du vrai décor
B C A T # 13 Dimanche 14 octobre
FAKE YOU !
(De l'art et du cochon dans le cinéma documentaire) En première partie : Le tournage, sur les lieux de l'apparition supVent d'Ouest posée de la créature, vire au désastre... Anonyme – France, 2018, 4’ comme dans tout bon film de Werner Herzog. Incident au Loch Ness Un cameraman a suivi le déroulement des Zak Penn États-Unis, 2004, 94’ événements. En ouverture de séance, projecUn producteur spécialisé dans les blockbustion d'un vrai faux Jean-Luc Godard en forme ters hollywoodiens entraîne son idole, le de ciné-tract sur l'expulsion de la Zad de cinéaste Werner Herzog, dans la réalisation Notre-Dame-des-Landes. d'un film sur le monstre du Loch Ness.
Pour sa 13e édition, le BCAT étend sa programmation aux enfants et à leur famille. Venez découvrir cette nouvelle version, préparée en partenariat avec le Jeune Public des Studio, avec des courts métrages inédits suivis d’un film d’animation en avant-première... et d’un brunch comme pour les plus grands ! 10h00 : Minga et la cuillère cassée de Claye Edou (1h20) à partir de 7 ans Minga, jeune orpheline, vit avec sa méchante marâtre Mami Kaba. Un jour, alors qu’elle lave la vaisselle à la rivière, elle casse accidentellement une cuillère. Furieuse, Mami Kaba chasse la jeune fille de la maison et lui ordonne de trouver une cuillère identique… Librement adapté du conte populaire La Cuillère cassée, ce premier film d’animation camerounais, comédie musicale au rythme entraînant, a tout pour séduire petits et grands... 11h15 : Un court et un long métrage pour tout public à partir de 12 ans :
Le court métrage : Fatima de Gérald K. Barclay. Fatima, immigrée sans papiers, prépare l’anniversaire de son fils. Elle reçoit un appel de son travail. N’ayant pas le choix, elle est obligée de faire un remplacement. Ce qui s’ensuit est un pur chaos…
Pour les Films du Loup blanc (producteur), ce
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– Les CARNETS du STUDIO
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Everybody Knows Espagne, 2018, 2h10, de Asghar Farhadi,avec P Cruz, J Bardem, B Lennie, R Darín…
Avec sa famille, Laura se rend de Buenos Aires à son village natal en Espagne. Ce qui devait être une simple et joyeuse réunion de famille se verra bouleversé par des événements imprévus qui vont changer le cours de leur existence… Everybody knows commence comme une comédie familiale, prend un brusque virage vers le polar pour ensuite tirer un peu du côté politique puis mener les trois genres de front
Vous pourrez assister à la séance de votre choix voire aux deux ainsi qu’au brunch qui clôturera chacune des séances toujours vers la découverte des saveurs d’ici et d’ailleurs.
48 HFP
La Touraine accueillera pour la 5e fois le Concours international de courts métrages : 48 Hour Film Project (Faire un film en 48 heures). Les films du Loup Blanc, à travers le plus important marathon de courts métrages au monde, souhaitent donner la chance à tous les amoureux du cinéma de relever un défi, avec un principe simple : réaliser un film en 48 heures chrono ! La compétition posera à nouveau ses valises en Touraine du 5 au 7 octobre 2018 !
Mercredi 26 septembre – 16h45
The Lucky Specials de Rea Rangaka (1h48) Dans une petite ville minière en Afrique du Sud, The Lucky Specials est un petit groupe de musique, spécialisé dans les reprises. Mandla, travaillant dans la mine pendant la journée, rêve d’une grande carrière dans l’industrie de la musique. Lorsqu’il est frappé par une tragédie, Mandla et son groupe trouvent la force de faire de leurs rêves une réalité.
Vendredi 26 octobre à partir de 18h30 Soirée de clôture du Marathon international du court métrage 48 HFP 5e édition vendredi 26 octobre à partir de 18h30
Séance cinélangues – Espagnol
www.48hourfilm.com/tours www.filmsloupblanc.com
Séance en version originale sous-titrée ouverte au public. Les enseignants d’espagnol d’établissements scolaires qui souhaitent visionner le film pour une future projection aux classes peuvent bénéficier d’une invitation. Ils doivent alors nécessairement s’inscrire à l’adresse suivante : monmarche@studiocine.com. Tarif de groupe pour séances scolaires : 3,20€ à partir de 25 élèves.
Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.
Les films de A à Z
week-end est avant tout l’occasion pour chaque équipe de se révéler en 48h seulement. « Un événement cinématographique unique qu’il semblait évident de partager avec notre partenaire depuis toujours, les cinémas Studio ». Créativité, talent et passion sont les maîtres-mots de cette compétition internationale. Tous les films seront projetés le 26 octobre aux Studio et les meilleurs seront éligibles à la finale France pour peut-être partir ensuite à la finale internationale Filmapalooza. Une soirée pleine de rebondissements, d’animations et d’échanges. Un rendez-vous à ne surtout pas manquer !
sans que le spectateur s’y perde un instant.
AVANT LES FILMS , DANS TOUTES LES SALLES, AU MOIS D ’OCTOBRE : The other side de Tord Gustavsen Trio – Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.
Séance Ciné-ma différence : Les Trois (mé) aventures de Harold Lloyd - VF : samedi 13 octobre - 14h15
A
Amin
France – 2018 – 1h31, de Philippe Faucon, avec Moustapha Mbengue, Emmanuelle Devos, Marème N’Diaye, Noureddine Benallouche…
Amin, venu du Sénégal pour travailler en France il y a neuf ans, a laissé sur place sa femme Aïcha et leurs trois enfants. Sa vie se partage désormais entre son travail et les liens
avec les hommes qui résident au foyer. Aïcha, elle, voit rarement son mari, celui-ci ne revenant qu’une ou deux fois dans l’année au Sénégal. Elle accepte la situation comme une nécessité, l’argent envoyé par Amin faisant vivre la famille. Un jour, Amin rencontre Gabrielle. Au-delà du problème de la langue
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et de la pudeur, une relation se noue… Après Samia (2000), La Désintégration (2012), Fatima (2015)…, Philippe Faucon évoque le déracinement de l’immigration avec l’originalité d’articuler son récit sur le pays d’origine d’Amin et sur le pays d’accueil. La solitude, le déracinement, la douleur intime et sourde sont restituées en évitant les facilités et les effets, tout comme les portraits touchants et sensibles de ces beaux personnages. Amin a été sélectionné à Cannes.
L’Amour est une fête
vivre la famille. À la vente de la maison familiale, Romane et Philippe décident de devenir voisins, avec chacun son espace personnel et, au milieu, un sas commun, celui des enfants... Poussés par des amis à faire de leur histoire (réelle) un film (de fiction), les deux acteursréalisateurs réussissent une comédie d’une drôlerie rarement vue, dans un comique de situation qui fait mouche à chaque réplique... avec ce surplus d’amour qui porte le film et qui en fait une vraie preuve : un OVNI émouvant et réellement jubilatoire !
ingurgité une drogue par accident, la situation dérape... Gaspar Noé (Irréversible, Enter the void) est un cinéaste qui n’a pas son pareil pour mettre en scène le chaos. Il ne faillit pas ici en orchestrant un cocktail explosif sur fond de danse et de musique quasi non-stop. Climax est un huis clos ébouriffant, peut-être son meilleur film dont la caméra inspirée semble avoir capté le meilleur et le pire de notre époque, « le plus vital comme le plus déviant et létal » comme l’écrit Télérama. Avec une force visuelle qui a emballé les spectateurs qui ont découvert le film à la Quinzaine des réalisateurs du dernier festival de Cannes, Climax ressemble à une impressionnante expérience.
France – 2018 – 1h59, de Cédric Anger, avec Guillaume Canet, Gilles Lelouche, Camille Razat, Elisa Bachir Bey, Xavier Beauvois…
1982. Le Mirodrome est un peep show parisien. Ses patrons, Franck et Serge, criblés de dettes, projettent de produire des films pornographiques avec leurs danseuses pour relancer l’établissement. Ils commencent par tourner des loops, petits films destinés aux cabines. Le succès est tel qu’il attire l’attention de leurs concurrents et un soir, des hommes cagoulés viennent détruire le Mirodrome. Ruinés, les deux compères doivent négocier avec leurs rivaux. Mais Franck et Serge ignorent que ces derniers sont des enquêteurs du business du « X » parisien… Une aventure qui pourrait les entraîner très loin ! Après le remarquable La Prochaine fois, je viserai le cœur (2014), Cédric Anger retrouve Guillaume Canet pour nous plonger dans le cinéma porno du début des années quatrevingts.
La Chasse à l’Ours Voir pages Jeune Public
Capharnaüm
Liban – 2018 – 2h03, de Nadine Labaki, avec Zain Al Rafeea, Yordanos Shiferaw, Kawthar Al Haddad, Boluwatife Treasure Bankole...
Ils se sont connus sur le tournage de la série Nos enfants chéris, se sont aimés, ont donné naissance à deux enfants, Rose et Raoul et, petit à petit, ont cessé de s’aimer. Ils ont cherché par tous les moyens à vivre au mieux cette séparation. L’Amour flou raconte leur séparation folle et réussie... en inventant à travers une comédie géniale, un nouveau moyen de
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2018 – Pologne – 1h27, de Pawel Pawlikowski, avec Joanna Kulig, Tomasz Kot, Jeanne Balibar…
Dans l’Europe de l’après-guerre, tiraillée entre la glaciation de la Pologne stalinienne et l’exubérance du Paris libéré qui s’enivre des goûts et musiques venus des USA, un couple d’amants impossible tente de s’aimer. Les contraintes politiques de l’époque font que chacun doit se méfier de chacun. De 1949 à 1964, entre séparations et retrouvailles, nous allons donc suivre leurs tentatives pour vivre et s’aimer parfois de part et d’autre du rideau de fer. Le tout servi par l’extraordinaire noiret-blanc donc nous savons capable l’auteur du très remarqué Ida, sorti voici déjà 5 ans.
Encore gamin, Zain erre dans les rues de Beyrouth ; ses parents n’ont pas les moyens de s’occuper de lui ni même de les nourrir ou vêtir décemment, lui et sa sœur. Alors, il sillonne la ville, vend, mendie... Et se donne même la responsabilité de veiller sur sa sœur de 11 ans dont il pense que ses parents pourraient essayer de la marier de force. Et il ira même encore plus loin lorsqu’il se retrouve avec sur les bras le bébé d’une réfugiée éthiopienne, un enfant encore plus démuni que lui. Mélo ? Oui, assurément, mais un mélo tellement bourré d’énergie et de mouvement qu’il emporte tout sur son passage.
L’Amour flou
2018 – France – 1h37, de et avec Romane Bohringer et Philippe Rebbot...
Cold War
C
Climax
France – 2018 – 1h35, de Gaspar Noé, avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub...
Un groupe de danseurs se retrouve dans un lieu isolé pour faire la fête. Mais, après avoir
Film proposé au jeune public, les parents restant juges.
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Dilili à Paris France – 2018 – 1h30, film d’animation de Michel Ocelot.
Dans le Paris de la Belle Époque, la petite kanake Dilili a été envoyée pour figurer dans un « village indigène » offert aux regards des Parisiens en quête d’exotisme. En compagnie d’Orel, un jeune livreur en triporteur, elle mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. En quête d’indices, elle rencontre des hommes et des femmes extra-
ordinaires et découvre sous terre des méchants très particuliers, les Mâles-Maîtres. Le mondialement célèbre auteur de Kirikou, Princes et princesses et autres Azur et Asmar a voulu filmer un petit manifeste pour apprendre au jeune public que les femmes ne doivent jamais se mettre à genoux. Voir pages Jeune Public
Donbass
Ukraine - 2018 - 2h01, de Sergeï Loznitsa, avec Boris Kamorzin, Valeriu Andriutã, Tamara Yatsenko…
Au Donbass, région de l’est de l’Ukraine, la guerre dure depuis quatre ans. Une guerre hybride entre l’armée ukrainienne, soutenue par des volontaires, et des gangs séparatistes soutenus, eux, par les troupes russes, mais perpétrant crimes et saccages à une échelle massive. Le réalisateur qui a reçu le prix de la Mise en scène à Un Certain Regard lors du dernier festival de Cannes, précise : « Partout, il n’y a que peur, trahison, haine et violence. La société s’écroule et la mort et le silence morbide règnent. L’état de guerre a atteint son paroxysme ». Le film est composé de 13 épisodes qui racontent, chacun, une histoire inspirée d’événements réels, parfois totalement incroyables, ayant eu lieu entre 2014 et 2015 dans les territoires occupés. Sergeï Loznitsa souligne que « ces épisodes sont liés par différents personnages qui nous guident dans le récit d’une situation à l’autre. On passe progressivement d’une comédie absurde à une tragédie absurde. Les protagonistes sont des citoyens ordinaires ».
First man
USA – 2018 – 2h18, de Damien Chazelle, aavec Ryan Gosling, Claire Foy, Jason Clarke...
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Deux ans après La la land (qui avait cassé la baraque partout où il était projeté...) le très imaginatif D. Chazelle, déjà auteur du remarquable Whiplash, revient en changeant son fusil d’épaule puisque, après une comédie musicale aimablement déjantée et poétique, il revient avec un biopic, genre « balisé » s’il en
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est. Le héros de son film, applaudi à la Mostra de Venise cette année, n’est en effet autre que le tout premier homme... à avoir marché sur la Lune, à savoir Neil Armstrong. D. Chazelle se trouve donc devant deux genres différents à essayer de renouveler : le biopic et le film d’aventure/voyage dans l’espace... Il s’en sort en mêlant (de manière classique) l’histoire personnelle d’Armstrong (la mort de sa fille notamment) et celle de la conquête spatiale mais, surtout, par un brio technique, certaines séquences réussissant apparemment à « tendre » le spectateur à bloc alors même que tout le monde connaît évidemment l’issue de l’aventure. Toujours aussi brillant et vif, D. Chazelle semble s’être tiré de l’exercice haut la main, en signant à nouveau un film très personnel.
Fortuna
2018 – Suisse, Belgique – 1h46, de Germinal Roaux, avec Kidist Siyum Beza, Bruno Ganz…
Fortuna, 14 ans, en provenance d’Éthiopie et sans nouvelle de ses parents depuis qu’elle a débarqué sur les côtes italiennes est accueillie, avec d’autres réfugiés, au monastère du Simplon à 2 000 mètres d’altitude, par une communauté de religieux catholiques. C’est là qu’elle rencontre Kabir dont elle tombe éperdument amoureuse… Filmé en noir et blanc (superbes paysages de montagnes enneigées), entre documentaire et fiction, Fortuna, dont la richesse spirituelle ne fait pas oublier sa dimension politique a obtenu l’Ours de Cristal à Berlin. « Un film sublime… un regard fort et touchant sur la question des migrants ».
Les Frères Sisters
France/États-Unis – 2018 – 1h57, de Jacques Audiard, avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal…
Les frères Sisters sont des tueurs professionnels, mais Charlie n’éprouve aucun état d’âme pour effectuer sa besogne tandis qu’Élie, lui,
Girl
2018 – Belgique – 1h45, de Lukas Dhont, avec Victor Polster, Arieh Worthalter...
À 15 ans, Lara n’a qu’un rêve : devenir danseuse étoile... et devenir une femme car elle a eu la malchance (pour elle) de naître dans le corps d’un garçon. Soutenu par son père, accompagné sur le plan médical,et psychologique, Lara est néanmoins un bloc de souffrance sur ses pointes... Pour son 1er film, le réalisateur flamand est tombé amoureux de cette histoire lue dans un journal et qui lui semblait un extraordinaire exemple de courage. Sans le moindre voyeurisme, son film, d’une douce altérité, pose des questions essentielles : Comment devenir soimême, quitte à remettre en cause les normes ? Qu’est-ce qui fait que l’on se sent homme, femme, ou en dehors de ces catégories ? Ovationné à Cannes, il a reçu la Queer Palm et son jeune acteur, le prix d’interprétation de la sélection Un certain regard.
La Grande aventure de Non-Non Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.
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voudrait enfin avoir une vie normale. Quand le Commodore les missionne pour retrouver Hermann Kermit Warm, un chercheur d’or qui l’aurait volé, les deux frères entament une traque, impitoyable, qui va les confronter à ce qui les a toujours unis mais aussi à ce qui fait qu’ils sont deux entités distinctes. De l’Oregon à la Californie, la route sera longue… Aucune contrainte n’arrête Jacques Audiard, avec cette adaptation du roman de Patrick deWitt, il s’approprie les codes du western, une version personnelle, forcément que l’on attend avec impatience ! Filmographie : Regarde les hommes tomber (1994), Un héros très discret (1996), Sur mes lèvres (2001), De battre mon cœur s’est arrêté (2005), Un prophète (209), De rouille et d’os (2012), Dheepan (2015)
Voir pages Jeune Public
I Feel Good France – 2017 – 1h43, de Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Jean Dujardin, Yolande Moreau, Jean-Benoît Ugeux…
Monique croit au partage, à l’entraide, et met en application ses convictions en dirigeant la communauté Emmaüs de Lescar, près de Pau. Jacques, lui, est un flambeur, qui ne court pas après le travail mais qui a toujours quinze idées à la seconde pour faire fortune sans se fatiguer ! Accessoirement, il est le frère de Monique, qui bien que d’une grande tolérance, est quelque peu surprise de le voir ressurgir dans sa vie après des années de silence. Mais il semblerait que Jacques ait enfin trouvé l’Idée et que les membres de la communauté pourraient lui être utiles pour la réaliser. Deux façons d’appréhender la vie vont alors se confronter… Avec cette huitième comédie grinçante, Delépine et Kervern, ces deux grands humanistes, continuent à leur façon très personnelle, de mettre en évidence les dysfonctionnements de notre société dite moderne et à embrasser la condition des gens de peu, «des rejetés, des déclassés… Emmaüs est un bel exemple de société un peu utopiste, de communauté qui arrive à vivre ». Deux réalisateurs qui de film en film construisent une œuvre cohérente et originale !
G L
intensité qui s’intéressait déjà à une adolescente marginale confrontée aux lois du monde extérieur ; une fois encore elle semble avoir trouvé un ton juste pour livrer des émotions non frelatées et une fois encore, elle semble avoir trouvé une remarquable jeune actrice pour porter ce rôle.
Libre France – 2018 – 1h40, documentaire de Michel Toesca.
Deux hommes vivent dans la vallée de la Roya : Cédric Herrou, agriculteur, cultive ses oliviers et élève ses poules. Michel Toesca, son ami, s’empare de sa caméra, avec passion et enthousiasme, pendant trois années pour filmer Cédric. Ce dernier, avec d’autres habitants, décide d’accueillir et d’aider les réfugiés qui frappent à leur porte, fuyant les guerres, la misère, les dictatures... Le film montre l’esprit de résistance de militants qui, bien qu’ils soient taxés par la justice de « délit de solidarité »*, respectent la « fraternité » républicaine. Cédric Herrou, ce héros magnifique et ordinaire, reste humaniste et libertaire, envers et contre tout. Libre a été récompensé comme le meilleur documentaire de toutes les sélections du Festival de Cannes 2018. MS
Leave no trace
* Le Conseil constitutionnel a censuré le principe du délit de solidarité le vendredi 6 juillet 2018.
Tom, une adolescente de 15 ans, et son père vivent en marge, dans une forêt à la lisière de Portland ; après s’être fait expulser de leur abri, la fille et le père se voient offrir une possibilité de retour à une vie « normale » : logement, lycée, travail... Tous les deux vont cependant vivre cette réadaptation différemment : Tom s’adapte plutôt bien à cette nouvelle vie alors que son père semble en souffrir. Cette ex-famille fusionnelle va-t-elle résister ou bien Tom choisira-t-elle le monde contre son père ? Avec Winter’s bone (2010), D. Granik nous avait donné un premier film d’une grande
Lindy Lou, jurée numéro 2
USA – 2018 – 1h49, de Debra Granik, avec Ben Foster, Thomasin McKenzie, Derek John Drescher…
France – 2017 – 1h25, documentaire de Florent Vassault.
Jurée lors d’un procès d’assise, Lindy Lou, citoyenne américaine ordinaire, a condamné à mort un homme. C’était il y a plus de vingt ans, mais elle ne cesse d’y repenser et se sent elle-même coupable de la mort de cet homme. Suivie par l’équipe de F. Vassault, elle entreprend alors de retrouver les onze autres jurés de l’époque pour confronter leurs souvenirs, revenir sur le procès, sur leur décision collective. La question n’est pas de refaire le procès, de déterminer si l’homme était coupable ou
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non ; la question ici est d’écouter ces jurés qui repensent à ce qu’ils ont senti en regardant cet homme qu’ils envoyaient à la mort.
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Mademoiselle de Jonquières
France – 2018 – 1h49, d’Emmanuel Mouret, avec Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Natalia Dontcheva, Laure Calamy…
Madame de La Pommeraye est une jeune veuve retirée du monde. Elle cède à la cour du marquis des Arcis, libertin notoire. Après plusieurs années d’un bonheur sans faille, elle découvre l’infidélité du marquis. Toujours follement éprise de lui mais terriblement blessée, elle décide alors de fomenter une vengeance avec la complicité de Mademoiselle de Jonquières et de sa mère… Après Laissons Lucie faire (1999), Un baiser s’il vous plaît (2007) et Caprice (2014), Emmanuel Mouret s’inspire d’un récit dans un roman de Diderot avec une histoire de désirs, de conflits, de sentiments et de questions morales qui ne vieillit pas. Le tout relevé par le brio des arguments des personnages qui ne manquent pas du piquant langagier de l’époque !
Minga et la cuillère cassée Voir pages Jeune Public
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Nos batailles Film du mois, voir au dos du carnet.
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Okko et les fantômes
tions climatiques, vont voir leurs chemins se croiser dans ces « Terres mortes ». Filmé dans un superbe noir et blanc, économe en paroles, La Particule humaine prolonge le genre post-apocalyptique en refusant clairement l’orientation « spectaculaire-Mad Max » et en lorgnant bien plus vers Tarkovski...
Pat et Mat déménagent Voir pages Jeune Public
Première année
France – 2018 – 1h32, de Thomas Lilti, avec Vincent Lacoste, William Lebghil…
Pour la troisième fois, Antoine recommence sa première année de médecine. Benjamin, lui, arrive directement du lycée, mais réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé. Dans un environnement compétitif violent, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions plutôt qu’à la fête, les deux étudiants devront s’acharner et trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et les espérances de demain. Après Hippocrate et Médecin de campagne, Thomas Lilti continue d’explorer le milieu qu’il connaît le mieux, celui de la médecine. L’humour qu’il met en permanence dans sa description du calvaire incessant des candidats de première année n’empêche pas le spectateur de se poser les bonnes questions quant aux critères qui président à la sélection de ceux qui vont nous soigner... et ça fait un peu peur... ER
Voir pages Jeune Public
Princes et Princesses
La Particule humaine
Voir pages Jeune Public
France/Turquie – 2017 - 2h08, de Semih Kaplano lu, avec Jean-Marc Barr, Ermin Bravo, Grigoriy Dobrygin, Cristina Flutur…
La Prophétie de l’horloge
Un changement climatique radical risque de mener la planète à sa fin... En attendant d’être relocalisés dans des villes protégés par des boucliers magnétiques, les migrants s’entassent dans des camps. Erol Erin et Cemil Akman, deux scientifiques en quête de graines qui pourront germer dans ces nouvelles condi-
Voir pages Jeune Public
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tentats et de violences contre l’État et ses fonctionnaires sous le prétexte fumeux d’émanciper « quelques semi-barbares colorés » du « soi-disant joug de la domination des blancs », les neuf accusés, dont Nelson Mandela, savent que, face à un procureur très zélé et au jury extrêmement partial du tribunal de Pretoria, leurs condamnations sont assurées et la peine de mort quasi inévitable. Ils décident alors de transformer leur procès en procès de l’apartheid. À partir d’archives sonores du procès (1963 et 1964), ce film documentaire se révèle absolument palpitant, d’une grande force dramatique et d’une réelle intensité émotionnelle.
Le Procès contre Mandela et les autres France – 2018 – 1h43, de Nicolas Champeaux et Gilles Porte.
Accusés de destructions, de sabotages, d’at-
Le Quatuor à cornes Voir pages Jeune Public
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Quien te cantara
Espagne – 2018 – 2h02 – de Carlos Vermut, avec Najwa Nimri, Eva Llorach…
Chanteuse la plus célèbre d’Espagne dans les années 90, disparue mystérieusement, Lila Cassens prépare son grand retour sur scène mais elle perd soudain la mémoire à la suite d’un accident… Chaque soir, Violeta fuit la réalité en faisant la seule chose qui la rende heureuse : imiter Lila Cassen, son idole de toujours, dans le karaoké où elle travaille. Un jour, Violeta reçoit une proposition qu’elle ne peut refuser : apprendre à Lila Cassen à redevenir... Lila Cassen ! Après l’énorme succès de Magic Girl en 2014, Carlos Vermut revient avec un film salué comme celui de la maturité et une mise en scène fantasmagorique et élégante au service d’une histoire qui interroge l’identité, les obsessions, la maladie, les relations de domination et de soumission. Et le compositeur Alberto Iglesias renforce, avec sa musique, le côté clairement almodovarien du film.
Film proposé au jeune public, les parents restant juges.
Rafiki
Kenya – 2018 – 1h22, de Wanuri Kahiu, avec Samantha Mugatsia, Sheila Munyiva, Dennis Musyoka...
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À Nairobi de nos jours. Kena et Ziki sont deux lycéennes dont les chemins se croisent par l’intermédiaire de leurs pères qui s’opposent lors d’une campagne électorale. Elles deviennent amies, tombent amoureuses l’une de l’autre et se retrouvent vite confrontées aux préjugés tenaces d’une société dans laquelle, comme le dit la réalisatrice, « réaliser un film sur deux femmes amoureuses au Kenya revient à bousculer le cynisme profondément ancré dans la société concernant l’homosexualité à la fois auprès des acteurs, de l’équipe, de mes amis et de ma famille ». Premier film kényan à être sélectionné au Festival de Cannes, et véritable ode à l’amour d’une grande délicatesse, Rafiki est un film sur, selon Wanuri Kahiu, « la beauté et la difficulté de l’amour, les moments précieux pendant lesquels on s’élève au-delà de nos préjugés ». Ce qui ne doit pas être l’avis de son propre pays puisque le film y est interdit.
Le Rat scélérat Voir pages Jeune Public
La Saveur des Ramen Japon/Singapour – 2018 – 1h30, de Eric Khoo, avec Takumi Saito, Jeannette Aw, Seiko Matsuda…
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Masato, né d’un père japonais et d’une mère singapourienne, est un jeune chef de Ramen au Japon. À la mort de son père, il entreprend un voyage chez son oncle à Singapour afin d’y retrouver la saveur des plats et des soupes que lui préparait sa mère, enfant… et en découvrir davantage sur cette femme depuis longtemps disparue et dont son père ne lui parlait pas. Masato découvre alors des secrets familiaux profondément enfouis… Trouverat-il la recette pour réconcilier les souvenirs du passé ? Le réalisateur de Hôtel Singapoura (2016), fasciné par le rôle que joue la nourriture dans nos vies, aborde ici, au-delà du voyage culinaire, les thèmes de l’acceptation, du pardon et de la réconciliation. Les CARNETS du STUDIO n° 371 – Octobre 2018 –
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La Tendre indifférence du monde Kazakhstan – 2018 – 1h39, de Adilkhan Yerzhanov, avec Dinara Baktybayeva, Kuandyk Dussenbaev...
Saltanat et Kuandyk sont amis d’enfance et s’aiment. Mais la famille de Saltanat étant criblée de dettes, elle décide de l’envoyer à la grande ville pour faire un riche mariage. Escortée par Kuandyk, elle quitte alors son village pour l’inconnu. Mais en chemin, les obstacles vont s’amonceler.. Ce film du Kazakhstan et présenté à Un certain regard au dernier Festival de Cannes est le sixième long métrage de son réalisateur mais le premier à être visible en France. Beau et délicat, La Tendre indifférence du monde (une phrase d’Albert Camus, cité deux fois dans le film) est une œuvre au sujet universel qui mêle description d’une société corrompue, conte des Mille et Une Nuits, Shakespeare et son Roméo et Juliette. Les images sont de plus, superbes, à l’image de la première apparition de son héroïne en robe rouge, assise au milieu des blés, sous une ombrelle orange. Dépaysement garanti. JF
The House That Jack Built Danemark – 2018 – 2h35, de Lars Von Trier, avec Matt Dillon, Uma Thurman, Bruno Ganz...
Le film est raconté par son héros, Jack, tueur en série qui s’en prend essentiellement aux femmes. Considérant ses meurtres comme des œuvres d’art et alors que la police ne cesse de se rapprocher, il décide de prendre de plus en plus de risques... Ce nouveau film de Lars Von Trier, a, comme d’habitude, fait scandale lors de sa présentation hors compétition lors du dernier festival de Cannes ; entre écœurement pour certains et hurlements au génie pour d’autres. Essayons aujourd’hui de regarder le film plus calmement surtout en sachant que le bref résumé ne rend pas justice à une œuvre dont le récit croît et gagne en ampleur jusqu’à un final incroyable où se mêlent, entre autres, les influences de Bosch, Sokurov et Tarkovski. Malaisant et assez terrifiant, certes, mais aussi passionnant. Cette descente aux enfers
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(au sens propre comme figuré) est un condensé des obsessions du réalisateur et une sorte de terrible portrait qu’il fait de lui même. Ne peut laisser indifférent. JF
leurs parents ce qui exclut tout moment d’intimité. Quand Abdelkader perd son travail et se fait tabasser par les hommes de main d’un patron tout puissant, le film tourne à la tragédie grecque. Tandis que l’humiliation, la pauvreté et l’injustice écrasent les faibles, la
Les Trois (més) aventures d’Harold Lloyd Voir pages Jeune Public
Samedi
PROCHAINEMENT :
13 octobre 14h15
Un peuple et son roi
2017 - 2h01 – de Pierre Schoeller, avec Laurent Lafitte, Louis Garrel, Gaspard Ulliel, Adèle Haenel, Céline Salette, Denis Lavant, Izia Higelin, Olivier Gourmet…
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En 1789, le peuple de France entre en révolution. Dans la naissante Assemblée nationale, se croisent les destins d’hommes et de femmes du peuple et de figures historiques. Au cœur de cette histoire en train de s’écrire, il y a le sort du roi Louis XVI et le surgissement de l’idée républicaine... Dans ce film hors-norme (par son budget considérable et rare dans le cadre du cinéma hexagonal... et par la liste de ses acteurs, impressionnante), le réalisateur de Versailles et de L’Exercice de l’état a voulu réussir « un film médiumnique qui ressusciterait par le discours des sensations et des mouvements oubliés ». Son film va de la prise de la Bastille à l’exécution de Louis XVI (juillet 1789-janvier 1793) en allant et venant entre un atelier du faubourg Saint-Antoine et les lieux de la grande histoire : Versailles, les Tuileries, l’Assemblée, le Champ-de-Mars. L’enjeu, filmer non le passé mais le présent d’une révolution, l’organisation de la révolte, la mise à bas d’un ordre ancien. Et si ce 1er film historique est un succès, il veut continuer à travers les guerres révolutionnaires et la Terreur, jusqu’à Thermidor !
Volubilis
France/Maroc – 2018 – 1h45, de Fouzi Bensaidi, avec Mouhcine Malzi, Nadia Kounda…
Abdelkader est vigile dans un centre commercial de Meknes ; Malika est femme de ménage chez un couple de nantis. Ils s’aiment, viennent de se marier, rêvent d’avoir leur maison mais n’ont d’autre choix que de vivre chez
seule voix qui retentit est celle des riches, inconscients du monde qui les entoure. Faouzi Bensaïdi signe un film politique qui porte un regard très critique sur la situation économique du Maroc et laisse entrevoir une révolte prête à éclater.
En liberté de Pierre Salvadori
Amanda de Mikhaël Hers
High life de Claire Denis
Un amour impossible de Catherine Corsini
Heureux comme Lazzaro de Alice Rohrwacher
Yomeddine de A. B. Shawky
Samouni road de Stefano Savona
Aga de Milko Lazarov
Les Chatouilles de Andréa Bescond et Éric Métayer
Les Veuves de Steve McQueen
CYCLE SÉRIE NOIRE
lundi 1er octobre - 19h30
Assurance sur la mort
de Billy Wilder – 1944 – USA – Noir et blanc – 1h46, avec Barbara Stanwyck , Fred MacMurray, Edward G. Robinson
Soirée présentée par Thomas Anquetin.
• Oh, la belle voiture ! • Viré à l’Ouest • Voyage au paradis Tout public. Tarifs de 3,20 € à 5,30 € Renseignements et réservations pour cette séance : tours@cinemadifference.com ou cmd@studiocine.org ou 02 47 88 50 31
Dimanche 14 octobre - 17h15
The Lodger
de Alfred Hitchcock – 1927 – GB – Noir et blanc – 1h19
lundi 8 octobre UNE SOIRÉE, DEUX FILMS 19h30 :
En quatrième vitesse
de Robert Aldrich – 1955 – USA – Noir et blanc – 1h45,avec Ralph Meeker et Gaby Rodgers
Lundi 15 octobre 19h30
La Passion de Jeanne d’Arc de Carl Theodor Dreyer – 1928 – France – Noir et blanc – 1h30, avec Renée Falconetti, Antonin Artaud, Michel Simon
Soirée présentée par Laurent Givelet. 21h30 :
V
L’Ultime Razzia
de Stanley Kubrick – 1956 – USA – Noir et blanc – 1h23
Lundi 22 octobre - 19h30
Soirée présentée par Thomas Anquetin.
Festival Concerts d’automne. En écho au concert de l’Ensemble Jacques Moderne : Tears of London (20 octobre à 20h en l’église N-D La Riche).
MÉLODIES EN NOIR ET BLANC 13, 14 et 15 octobre Trois jours de ciné-concerts proposés par la Cinémathèque, les cinémas Studio et Ciné-Ma différence
Samedi 13 octobre - 14h15
Les trois (Més) aventures d’Harold Lloyd
de Hal Roach et Fred Newmeyer – 1921 – USA – Noir et blanc – 1h15
Trois courts métrages sommets du burlesque :
Elizabeth
de Shekhar Kapur – 1997 – GB – Couleurs – 2h04
Lundi 29 octobre - 19h30
Le Voleur de bicyclette
de Vittorio De Sica – 1948 – Italie – Noir et blanc – 1h25
Soirée présentée par Esther Hallé, critique et professeur de cinéma.
Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr
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La page du CNP
Décoloniser nos regards
Ici `
LE MONDE EST À ELLE Après Le Monde est à toi de Romain Gavras, nous ne devrions pas attendre des années pour revoir Isabelle Adjani sur grand écran ! Elle sera Suzanne Valadon pour Virginie Despentes (Baise-moi). La réalisatrice s’intéressera plus particulièrement aux relations complexes, passionnées et tragiques entre la peintre et son fils, Maurice Utrillo, et à sa lutte pour le sortir de son addiction précoce à l’alcool. Isabelle Adjani sera également à l’affiche du nouveau film de Yamina Benguigui (Inch’Allah dimanche), Sœurs ou comment trois sœurs, à la mort de leur père vont se déchirer, quand l’une d’entre elles décide de mettre en scène l’histoire de ce dernier au théâtre. Rachida Brakni et Maïwenn compléteront cette fratrie. La réalisatrice précise : « ce sera un film de femmes. Il questionnera le rapport au pays d’origine et au pays d’accueil, l’enracinement, l’intégration ».
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LA QUESTION
La prolifique Anne Fontaine va porter à l’écran le roman de Hugo Boris, Police, au sujet particulièrement d’actualité : « Un huis clos dans une voiture de police, une nuit caniculaire. Trois personnages : deux hommes, une femme, à qui l’on confie une mission inhabituelle, celle de reconduire un étranger à la frontière. (...) Ils vont se rendre compte que cet homme est condamné à mort dans son pays. Le temps d’un trajet de 25 km, entre Paris et l’aéroport, ils vont être confrontés à un dilemme déchirant : est-ce qu’il faut obéir ou désobéir ? » Ce sont Virginie Efira Grégory Gadebois et Omar Sy qui se confronteront à cette brûlante question.
et ailleurs `
PASSAGE À L’ACTE Rebecca Hall (Vicky Christina Barcelona) passe derrière la caméra en adaptant Passing de Nella Larsen : « un livre époustouflant à propos de deux femmes qui ne font pas que lutter avec ce que signifie être noir en Amérique dans les années 20, mais avec les conventions de genre, la féminité, l’institution du mariage, les responsabilités de la maternité, et la façon dont toutes ces forces interagissent ». Tessa Thompson (Selma) et Ruth Negga (Twelve Years a Slave) incarneront ces deux amies d’enfance qui se retrouvent après douze ans de séparation et se confrontent à l’ambivalence des liens qui les unissent et de leurs rapports respectifs à leur négritude.
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n l’a oublié mais fin XIXe début XXe siècle, en Amérique, Europe et Japon, trente à trente cinq mille êtres humains furent exposés, exhibés au même titre que des animaux exotiques dans le cadre d’expositions universelles ou coloniales dans des zoos, des cirques ou des villages indigènes reconstitués. Près d’un milliard et demi de personnes ont visité ces zoos humains (28 millions à Paris en 1889). Ce phénomène est lié à l’émergence de la culture de masse (qui développe une fascination pour l’exotisme), de l’univers du spectacle et du capitalisme triomphant. Pour l’ l’historien Pascal Blanchard, chercheur associé au laboratoire Communication et politique du CNRS et codirecteur du groupe de recherche Achac (Association pour la connaissance de l’histoire de l’Afrique contemporaine)… « Cela sert la politique qui vise à convaincre que la colonisation, dont l’entreprise explose dans les années 18601880, est légitime. » C’est aussi une démonstration de la hiérarchisation des races. Selon Gilles Boëtsch et Pascal Blanchard, le lien est direct : « Les spectacles anthropozoologiques ont été le vecteur essentiel du passage du racisme scientifique (mesure des crânes, analyse de la texture des cheveux...) au racisme colonial vulgarisé. » Ainsi, insidieusement, l’idée de la hiérarchie des races et son cortège de stéréotypes vont forger les imaginaires dans
En 2011 l’exposition du quai Branly sur les zoos humains, l’une des premières au monde sur ce thème, avait un but clair : « Déconstruire une imagerie, qui influence encore forcément notre vision du monde ». Pour faire connaître ce passé peu glorieux, on peut aussi citer le roman de Didier Daeninckx, Cannibale, (1998). Inspiré par un fait authentique, l’auteur bâtit son récit autour de l’Exposition coloniale de 1931 à Paris, au zoo de Vincennes. Des représentants du peuple kanak sont présentés au public comme d’authentiques sauvages : « Hommes anthropophages de Nouvelle Calédonie ». Peut-être se souvient-on que Christian Karembeu refusa de chanter la Marseillaise lors de la Coupe du monde en 1998 en mémoire de son arrière grand-père qui fut exhibé. Plus récemment on a pu assister à des tentatives de reproduction de ces spectacles grand public et racistes : un Safari parc en Bretagne près de Nantes en 1994, un village Massaï ou une exhibition de Pygmées en Belgique et enfin un African village en Allemagne. Il est urgent de faire largement connaître cette histoire pour déconstruire les préjugés. Réseau Afrique 37 dans le cadre du Festival Plumes d’Afrique et CNP
ALTER EGO Pour son prochain projet, Natalie Portman sera non seulement derrière la caméra mais aussi devant pour interpréter des jumelles : les fameuses chroniqueuses américaines Ann Landers et Abigail Buren, qui leur vie entière ont été en concurrence professionnelle et tiraillées par leurs relations d’amour et de haine. Un rôle à Oscar pour l’interprète de Black IG Swan ?
NOUS EN – Les CARNETS du STUDIO
les pays occidentaux.
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ARLERONS PROCHAINEMENT LORS D’UNE SÉANCE DU
CNP
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À propos de Au poste !
Interférences Paul Sanchez est revenu Woman At War
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n peut tout attendre d’un film de Quentin Dupieux, et surtout le pire, sans que ce terme soit ici le moins du monde péjoratif. Le pire, pour qui espère une histoire bien balisée, avec des personnages clairement identifiés et des situations plausibles, c’est d’être sans arrêt pris à contrepied, baladé de leurres en chausse-trapes, en un mot de se trouver bête devant un film dont on sent bien que le désordre apparent est tout sauf gratuit et ce d’autant moins qu’il se présente ouvertement comme un hommage respectueux aux films d’interrogatoire des années 70 (on pense en premier lieu bien sûr à Garde à vue de Claude Miller).
Mais s’il s’agit bien, dans cet apparemment classique huis clos, d’un interrogatoire policier, les apparences très vite volent en éclats et le film, sous des dehors de prime abord sages et rassurants, fait très vite se caramboler réalité et fiction, mensonge et vérité, déboîte les épisodes, disloque la chronologie, désarticule la narration, intervertit passé et présent, anéantit tous les repères. Il est clair pourtant qu’il y a dans tout cet embrouillamini une logique, qu’il doit forcément y en avoir une et qu’il suffira pour la capter de réorganiser le tout, de retrouver l’ordre originel, la cohérence dissimulée de ce qui ressemble finalement à une gigantesque contrepèterie, exactement comme le sens véritable d’une phrase n’apparaît que si on remet les syllabes
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à leur juste place. Cet « art de décaler les sons que débite notre bouche » est forcément la clé… l’obscénité en moins bien entendu. Fort de cette conviction on se lance vaillamment à la recherche du sens perdu. Trop facile ! Un jeu d’enfant ! Il suffit de s’appuyer sur la dynamique même du scénario, qui enchâsse le récit entre une scène initiale et une scène finale qui se font clairement écho, mettant en avant deux thèmes majeurs forcément structurants : spectacle et arrestation. La voilà la clé qui va permettre de tout recaler, de redonner à chaque péripétie sa place et sa signification. Il n’y a plus qu’à laisser l’écheveau se débobiner tout seul… Quelques cogitations, désillusions et maux de tête plus tard, force est bien de se rendre à l’évidence : le coup de théâtre final, loin de donner sens à la scène d’exposition — et conséquemment au corps du récit — n’est qu’une incongruité de plus dans une histoire totalement barrée, à très proprement parler sans queue ni tête. Cette pseudo conclusion n’est qu’une fausse piste de plus qui enfonce encore davantage le spectateur dans une épaisse mélasse d’incompréhension. La clé si prometteuse n’ouvre aucune porte, le puzzle est infaisable, la contrepèterie sans solution. On a été embarqué sans recours, l’auteur s’est bien amusé de nous… et nous avec lui. AW
ans doute parce qu’il a la tête lisse du gendre idéal, Laurent Lafitte est en train de prendre, petit à petit, celle du paradoxale salaud de service : après le voisin violent et violeur de Elle, l’arrogant et avide gradé d’Au revoir là-haut, il interprète avec beaucoup de conviction le troublant vrai/faux « Paul Sanchez » dans le dernier film de Patricia Mazuy. Dans la première partie, il erre dans les quelques kilomètres carré de vraie/fausse campagne qui longe les autoroutes du sud, entre zones commerciales, lotissements, vignes et paysages rocailleux tandis qu’en contrepoint, se jouent les scènes de franche comédie entre la jeune gendarmette jouée par Zita Hanrot et son idiot de chef (l’excellent Philipe Girard). Le film commence sur les roulements d’une caisse claire puis, à mesure qu’il change de nature, que la farce tourne au thriller puis à l’improbable western varois, la musique envahit tout, surligne exagérément et m’a rendu difficile à supporter la fin de cette histoire qui m’a, par ailleurs, par son sens de l’absurde, à l’instar des improbables L’Amour est un crime parfait des frères Larrieu et de Tip Top de Serge Bozon, vraiment beaucoup plu.* Sans doute pour répondre au caractère guerrier du titre, on retrouve les mêmes roulements de tambour au début du très beau film islandais de Benedikt Erlingsson intitulé Woman at war : pendant que l’héroïne solitaire bande son arc pour faire disjoncter une ligne à haute tension, convoquant d’emblée,
au milieu des paysages grandioses de l’île volcanique, des figures légendaires entre celle d’une amazone post-moderne et celle d’un David en lutte contre l’état, ses services secrets et les multinationales. Véritable film d’action, il ne s’embarrasse de discours. Très vite, et cette fois-ci littéralement, la musique envahit l’écran puisque le trio qui joue la musique du film (piano/accordéon-tuba-batterie) prend place au détour des scènes, dans un appartement, au milieu de la lande, à flanc de montagne, au bord d’une route. Discrètement, les trois musiciens servent de témoins au combat de la farouche Halla, à la façon d’un humoristique chœur antique ; d’ailleurs, (car Halla est aussi chef de chœur et apprend qu’elle va pouvoir adopter une petite orpheline ukrainienne), le trio est bientôt rejoint par un chœur ukrainien en costume traditionnel qui scande le récit. Figure à deux têtes d’un Janus féminin (l’une tournée vers le passé, l’autre vers l’avenir), Halla a une sœur jumelle nommée Asa, jouée par la même merveilleuse actrice Halldora Geirharosdottir : éloge en musique de la femme ordinaire qui se révèle être aussi une redoutable combattante. DP * Mais c’est forcément aussi une question de goût : Patricia Mazuy avait fait appel à John Cale pour Saint-Cyr (00) et Sport de filles (11) et on peut lire dans Le Monde : « La partition décalée de John Cale, à base de flûte et de trompette, orne à plaisir cette bizarrerie frontale de Patricia Mazuy, riant jaune et voyant juste » et Libération parle de « l’étonnante musique de John Cale, aux trompettes morriconiennes et aux tambours de cavalerie. »
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Les rédacteurs ont vu :
BlacKkKlansman de Spike Lee
On a reproché à Spike Lee de dresser un portrait risible des hommes du KKK qui seraient tous des semi demeurés mentaux. C’est faire preuve de beaucoup de mauvaise foi ou alors avoir le cuir très dur : dans leur majorité, ils font bel et bien peur et cela ne rend que plus admirable l’exploit de réussir à nous en faire rire... (Et puis, reproche-t-on à Lubitsch d’avoir montré des Gestapistes ridicules dans To be or not be ?) ER Le film distribue de redoutables coups de poing du début jusqu’à la fin. L’image du drapeau étasunien en noir et blanc, la connexion avec l’Amérique actuelle raciste de Trump achèvent de nous donner les derniers frissons. Une question nous taraude : qu’est ce qui a changé en 50 ans ? Si peu… MS Brûlot anti Trump à l’humour féroce, l’excellent nouveau film de Spike Lee contient
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de vraies scènes inoubliables comme celle, par exemple, où est montré, en parallèle, la projection du film raciste de Griffith Naissance d’une nation devant lequel se goinfrent, en hurlant de rire à chaque mort d’un Noir, les émules du KKK et Harry Belafonte racontant gravement le lynchage d’une hallucinante cruauté de Jesse Washington ! A la fin, la brutale irruption de la réalité (les événements de Charlottesville) fait froid dans le dos, en montrant la virulente persistance de cette maladie mentale qui ronge l’Amérique depuis toujours. DP Quand déjà dans un film, le fond (s’il y en a un) est cohérent avec la forme, c’est réjouissant. Mais, quand un réalisateur relève la gageure d’aborder un sujet aussi brûlant que la question raciale aux États-Unis, et réussit tout aussi bien à nous faire froid dans le dos (ah le rictus cruel de Félix et l’œil vide d’Ivanhoé…) qu’à provoquer notre rire, et par-
fois en même temps, comme avec la « grande » scène du polaroïd, c’est jubilatoire. Mais quand tout est aussi intelligent et fort dans un film : travail sur la narration, rapport à la chronologie, sélection des documents intégrés au film, montage, son, interprétation, on a envie d’applaudir à la fin de la projection ! IG Qui aurait imaginé un film sur le Klu Klux Klan qui fasse rire ? Spike Lee l’a fait sans rien gommer de l’aspect effrayant du sujet. Bel équilibre. JF Ce film a toutes les vertus et tous les défauts des feel good movies : très sympathique, euphorisant même, mais au prix de personnages simplifiés à l’extrême, au manichéisme quelque peu manipulateur. On passe un bon moment, à condition de laisser son esprit critique au vestiaire. AW
Il y a mille et une bonne raisons d’aller voir ce dernier film de Spike Lee, tant sur le fond que sur la forme. La distribution nous offre une palette d’excellents acteurs, le contexte est superbement recréé et la B.O. est géniale ! Mais le petit groupe infiltré évoque parfois davantage une abominable bande hargneuse de «pieds nickelés» sexistes et alcoolisés adulant les armes se réunissant pour un billard (ce qui, malgré tout, est très insultant pour ces personnages fictifs de B.D.), qu’un dangereux groupe raciste et xénophobe. Le montage liant images d’archives, extraits de Naissance d’une nation aux discours du personnage joué par Harry Belafonte sur un lynchage et du suprématiste Dr Kennebrew Beaureguard, alias Alec Baldwin – qui a su démontrer ailleurs sa trumpesque capacité en parodie – rééquilibre les faits. La violence sans nom du KKK, de ses valeurs et de ses actes, devient alors d’autant plus réellement… glaçante ! RS
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Gros plan Le Monde est à toi
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l y a de nombreuses manières différentes d’ « entrer » dans un film et le spectateur ne choisit pas forcément la façon dont il va aborder une fiction, pas plus que le réalisateur n’est en mesure de réellement imposer une porte d’entrée et un mode d’appréhension à son public. Tel cinéaste glissera plus ou moins d’allusions, de références à d’autres films, à des romans, des mythes... autant de « portes d’entrée » que de risques de passer à côté pour le spectateur. Le degré de réalisme ou de vraisemblance offre une autre approche mais il est également très subjectif (nous avons tous fait, je pense, l’expérience de discuter avec des amis et de tomber en désaccord quant au fait que telle scène, telle situation, soit « vraisemblable » ou non) et, pour ma part, il m’arrive de m’en moquer complètement ; certains scénarios éminemment improbables emportent mon adhésion là où d’autres, très vraisemblables vont me laisser perplexe. C’est ici que Le Monde est à toi, nouveau film de Romain Gavras, offre un cas d’école particulièrement intéressant. En effet, on y voit Isabelle Adjani jouer le rôle de la mère passablement folle et très excentrique de Karim Leklou. Un strict minimum de recherche nous permet de savoir que I. Adjani, née en 1955, a 63 ans, tandis que K. Leklou, né en 1982, a 36 ans. Donc, côté « vraisemblance », on est paré, tout va bien, on n’a pas choisi une actrice de 40 ans pour jouer le rôle de la mère d’un homme qui approche la quarantaine...
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À propos de Le Monde est à toi Sauf que... Sauf qu’il existe un truc, quelque part, qui relève soit de la chirurgie esthétique soit du pacte avec le diable, qui fait qu’Isabelle Adjani, à l’écran, n’a pas vraiment l’air d’avoir 63 ans. En étant large, on lui donnerait une petite quarantaine, un âge idéal, donc pour jouer la grande sœur de Stéphane, ce grand benêt interprété par K. Leklou ; la grande sœur, pas la mère, ça non, impossible d’y croire. Donc, là, pour une fois, il est crucial que le spectateur sache un minimum de choses de la biographie des acteurs ; un spectateur qui ne saurait rien de la carrière d’Adjani, serait condamné à se dire qu’on se fiche de lui en voulant faire passer l’héroïne de La Gifle (1974...) ou Adèle H (1975) pour une femme de 60 ans... Nous sommes donc confrontés ici à un double paradoxe : - un fait parfaitement envisageable dans la « vraie vie » semble absurde à l’écran... - le désir des actrices de « rester jeunes » (nous ne discuterons pas ici de l’origine de ce désir... qu’il soit imposé ou non par les normes sociales, par les exigences des directeurs de casting ou autres n’est pas la question ici...) pourrait finir par se retourner contre ellesmêmes... Vieillissons et laissons vieillir, c’est encore, me dit-on, le seul moyen de ne pas mourir jeune. ER PS : À l’exact inverse de ce phénomène de « filtrage », ne connaissant pas du tout Alex Lutz, j’ai regardé son Guy sans me poser un seul instant la question du maquillage, persuadé que j’étais que c’était le film d’un cinéaste/acteur de 75 ans... Ici, ne RIEN savoir de la personne m’a permis de voir le film pour ce qu’il est, sans me soucier de telle ou telle performance technique...
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’est entendu, Le Monde est à toi de Romain Gavras est une comédie policière. Sauf qu’une fois qu’on a dit ça on n’a pas dit grand-chose, on n’a surtout pas expliqué le paradoxe qui consiste à associer de manière acceptable trafic de drogue, enlèvement d’enfant, grand banditisme, meurtres, et spectacle léger, amusant, voire par moments comique. On pense naturellement à différents modèles : à maître Tarantino bien sûr et à son génie si particulier des dialogues… Dans le cas présent il ne s’agit pourtant pas de ça. Pas plus que d’une comédie dramatique à l’italienne, avec sa joyeuse férocité dans la satire politique ou sociale. On reste très loin également de l’esthétisation chorégraphique de la violence chère aux cinéastes hong-kongais ou taïwanais, ou du glamour de maints films hollywoodiens. Pour réussir à faire sourire d’une intrigue forcément tendue et violente, que le spectateur est invité à prendre au sérieux, sans ironie ni second degré, Romain Gavras a choisi une tout autre voie : trouver le bon dosage entre personnages malhonnêtes, stupides ou ridicules (dans lesquels Isabelle Adjani, Vincent Cassel et Philippe Katerine visiblement se régalent – sans compter toute une réjouissante
galerie de seconds rôles d’abrutis) et ceux qui, à l’inverse, déploient sobrement tout un éventail d’émotions rendant personnages et situations non seulement crédibles mais encore touchants : François, le protagoniste principal, bien sûr, mais aussi la fille de « l’Écossais ». Faute de justesse et de subtilité dans ce difficile équilibre, la comédie dramatique devenait comédie cynique ou polar bancal. Cette répartition claire entre les deux pôles se traduit par une nette opposition dans la manière dont sont représentés les personnages. Si on se limite à l’exemple des deux principaux, François et sa mère Dany, le contraste est saisissant. D’un côté Karim Leklou, nounours infantilisé sous influence, au jeu subtil, émouvant, tout en intériorité, aux regards de chien battu où perle – une seule fois – une larme désespérée qui dit tout l’accablement du monde. Son visage souvent filmé en gros plan suggère beaucoup plus qu’il ne montre. François est le pilier réaliste, plausible, profondément humain de l’histoire. À l’opposé Dany, sa mère dominatrice, castratrice, multiplie les accessoires qui l’artificialisent : énormes lunettes de soleil (François, lui, n’en porte jamais),
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Compte-rendu Nuit de l’horreur
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our la 2e édition de cette soirée estivale où se conjuguaient la bonne humeur en terrasse et la peur dans la salle, le public a répondu une nouvelle fois présent. Nouveauté cette année : deux jeux (dont un quizz interactif dans la salle) avec de nombreux cadeaux offerts par nos partenaires pour les gagnants. D’ores et déjà les propositions de films pour l’année prochaine ont fusé dans la salle et sur notre livre d’or (ou de sang) en plus des nombreux compliments et remerciements. Rendez-vous donc l’année prochaine pour encore plus de frissons. Jérôme Tournadre pour l’équipe Nuit de l’horreur
sacs bariolés, tenues aussi diverses que voyantes. Isabelle Adjani donne à ce personnage extraverti, envahissant, un aspect spectaculaire qui contraste avec le jeu impressionniste de Karim Leklou. Elle est toujours en représentation et ce terme n’est pas innocent car on touche là probablement à l’essentiel : l’opposition des genres (drame et comédie) repose essentiellement sur l’opposition de deux modes d’interprétation, celui dans lequel l’oeil rapproché de la caméra traque la moindre nuance, le plus petit frémissement, et celui de la représentation théâtrale. D’un côté l’objectif qui scrute, comme au scalpel parfois, les visages, de l’autre la nécessité de rendre visibles, dans tous les sens du terme, situations et sentiments, même pour les spectateurs les plus éloignés de la scène, ce au détriment inévitable de la nuance subtile, du détail ténu. Les interprètes ne sont évidemment pas par essence acteurs de cinéma ou comédiens de théâtre. Isabelle Adjani elle-
même est la preuve éclatante qu’on peut être aussi convaincant dans les deux domaines. Quant à Oulaya Amamra, l’interprète de Lamya, la copine de François, elle passe avec une grande aisance, selon les circonstances, du rapport intime avec la caméra à la théâtralisation des postures. Il s’agit donc bien ici de l’option choisie par le metteur en scène de faire coexister, grâce au jeu différencié des interprètes – tantôt théâtral, exubérant, tantôt à travers des gros plans intimistes purement cinématographiques – grossissement et subtilité, caricature et délicatesse, légèreté et profondeur. Le film de Romain Gavras trouve ainsi son équilibre, à la fois original et efficace : rapide, pétaradant, souvent drôle, il est en même temps d’une gravité et d’une profondeur psychologique indéniable, en particulier lorsqu’il montre en parallèle comment François et la fille de « l’Écossais », en un geste vengeur et cruel, se libèrent de leur prison psychologique en faisant incarcérer leur géniteur abusif, dans une prison bien réelle celle-ci. AW
Les célèbres doigts de sorcière
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n° 371 – Octobre 2018
Labo de l’horreur, création des salariés des Studio
Un hall bien rempli…
…ainsi que la terrasse
Un laboratoire peu conventionnel
Pause entre deux films
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Les ceations d’Héléna Descorpsenvrac
Le quizz dans la salle Les CARNETS du STUDIO n° 371 – Octobre 2018 –
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Rencontre avec Nicolas Philibert
Que voir sinon qui s’obscurcit ?
Nicolas Philibert aux Studio © Dominique Plumecocq
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alle comble, en ce vendredi 31 août, pour accueillir Nicolas Philibert et son nouveau film intitulé De chaque instant. En préambule, ravi de voir qu’un documentaire pouvait remplir la plus grande salle des Studio, en cette fin d’été, il citait le cinéaste André S. Labarthe, décédé récemment : « J’ai fait le film, voilà, il ne me reste plus qu’à l’inachever »… Que saisir sinon qui s’échappe ?
Après la projection, la salle, unanime se félicite de la justesse et de la délicatesse du film qui montre la réalité d’un métier… Nicolas Philibert répond qu’un film, bien sûr, est forcément partiel. Il y a de nombreux aspects de cette formation qui ne sont pas montrés, notamment comment il faut aller de plus en plus vite, à cause de pressions économiques, du management. Il aurait fallu rester très
Je fais des films pour savoir ce qu’il y a dedans longtemps dans chaque service or, pour le stage, il n’a filmé qu’une journée par étudiant. Mais beaucoup de choses resurgissent lors des entretiens de la 3e partie. Dès le début, il a désiré filmer, non pas des infirmiers en poste et déjà rodés, mais des élèves car il voulait filmer le désir, la volonté de ces jeunes d’aider, d’apporter un soulagement et il voulait filmer cette flamme-là. « Ils vont se trouver confronter à des situations difficiles, la décrépitude, la souffrance, la finitude, mais ils sont impressionnants de conviction. Ils sont beaux ! » On lui demande comment il fait pour faire disparaître la caméra. Au contraire, il est très proche, très présent. « Je ne cherche pas à me faire oublier mais à me faire accepter. » Il y avait souvent quatre personnes (deux caméras, un assistant, un perchman). Les protagonistes s’habituent, ils sentent que la caméra n’est pas hostile, ne juge pas. « Je ne force jamais personne. »
Nicolas Philibert a longuement expliqué pourquoi et comment il filme. Il ne fait pas un film pour tenir un discours. Il prépare le moins possible, juste de quoi écrire les 10 pages d’intention pour les financeurs. « Mes films ne sont pas construits sur un vouloir dire, je ne fais pas mes films à partir d’un plan de travail détaillé, pour illustrer une idée… J’essaie de créer le cadre pour qu’en face de moi quelqu’un joue le jeu. Je compose avec ça. La recherche se fait avec la caméra… Quand je tourne, je pense déjà au montage, je travaille par association. » Très vite la structure s’est mise en place : 1) les cours, les TP 2) les stages 3) les entretiens de retour de stage. Chaque partie avec un vers d’Yves Bonnefoy qui entre en résonance (mais il refuse d’expliquer, de s’appesantir). Il a tourné des documentaires sur l’éducation, la psychiatrie, le service public d’information, des secteurs qu’on sent sous la menace d’un ordre libéral. Un hasard ? « Pas tout à fait, mais la dimension du hasard est importante chez moi. Je n’ai pas de plan de carrière. Je ne sais pas bien expliquer ce qui me pousse à faire un film ou pas. J’aime garder une part d’invisibilité sur mon propre travail » En 2016, il a été hospitalisé pour soigner une embolie pulmonaire. Quand il est allé mieux, il a regardé les gens qui s’agitaient autour de lui et a décidé de tourner un film pour rendre hommage au monde infirmier.
Que désirer sinon qui meurt, sinon qui parle et se déchire ? Dès que le film a été monté, il l’a présenté aux élèves et à leurs tuteurs et il a reçu un retour chaleureux : les protagonistes se retrouvent dans ce portrait collectif. Les réactions étaient assez peu autocentrées alors que ce n’est pas facile : il a filmé 60 entretiens et seulement 13 apparaissent dans le film. « Le montage amène à supprimer de très belles choses. Ce n’est pas un best of, le bout à bout des plus belles scènes mais une construction qui va exclure des scènes. Mais ce n’est pas forcément agréable de ne pas avoir été gardé dans le film… » Pour conclure, ce cinéaste passionné expliquait qu’il faisait des films pour aller à la rencontre des autres : « La caméra est un moyen pour avoir un peu moins peur, pour se DP sentir un peu protégé. »
Retrouvez une vidéo de cette rencontre sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.
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Pages et images Retour à Reims Retour à Bollène
Une part essentielle « Longtemps, ce ne fut pour moi qu’un nom. Mes parents s’étaient installés dans ce village à une époque où je n’allais plus les voir. De temps en temps, au cours de mes voyages à l’étranger, je leur envoyais une carte postale, ultime effort pour maintenir un lien que je souhaitais le plus ténu possible. En écrivant l’adresse, je me demandais à quoi ressemblait l’endroit où ils habitaient. Je ne poussais jamais plus loin la curiosité.(…) J’avais fui ma famille et n’éprouvais aucune envie de la retrouver. » Ainsi commence le formidable récit de Didier Éribon intitulé Retour à Reims auquel renvoie clairement le film de Saïd Hamich intitulé Retour à Bollène. La même fuite en avant. Le même retour en arrière. « Pour m’inventer, il fallait me dissocier. » Pour devenir un intellectuel et vivre son homosexualité dans l’anonymat d’une grande ville, il fallait quitter son milieu d’origine, ouvrier, et ses valeurs, pour rejoindre Paris. Nassim a fui lui aussi, très loin, à Abu-Dhabi, dans ce monde hors-sol pour expatriés, où l’on se moque des identités, après ses études et pour ne pas être, « l’Arabe qui a réussi ». Et fuir lui aussi une
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famille étouffante dont les valeurs ne sont plus les siennes. Didier a pu revenir lorsque ses parents se sont séparés, puis à la mort de son père. Nassim, quant à lui, revient pour les fiançailles de l’une de ses sœurs et à la condition impérative de ne pas voir son père. « Dès qu’il fut absent, il me fut possible d’entreprendre ce voyage ou plutôt ce processus de retour auquel je n’avais pu me résoudre auparavant. De retrouver cette « contrée de moi-même » comme aurait dit Genet, d’où j’avais tant cherché à m’évader : un espace social que j’avais mis à distance, un espace mental contre lequel je m’étais construit, mais qui n’en constituait pas moins une part essentielle de mon être. » La haine ou la douleur Éribon mêle, dans son récit, des éléments purement biographiques, sur l’enfance et l’adolescence d’un fils d’ouvrier dans le Reims des années 50, sur son parcours scolaire et sa formation intellectuelle… et des réflexions passionnantes sur l’évolution politique de la France et le vote des milieux populaires (la trahison des Socialistes et le glissement du PC au FN), sur le système scolaire « véritable machine infer-
nale » (2), sur la honte de celui qui a fui sa classe d’origine… et l’on y croise Ernaux, Baldwin, Genet, Sartre, Bourdieu, Foucault… Dans son film, Saïd Hamich fait lui aussi le portrait d’un milieu, d’une famille, d’un homme qui se cherche. Dès la scène inaugurale, dans le train où, en compagnie de sa compagne américaine, il laisse sentir son angoisse du retour, alternent les travellings et les scènes de dialogue. Parcours dans les rues de la ville du Vaucluse que Nassim reconnaît sans la/s’y reconnaître, une ville qui semble à l’abandon comme tant de villes moyennes françaises, avec comme spécificité qu’elle est dirigée par un maire de la Ligue du sud (à l’entrée de la ville un panneau montre une enfant blonde aux yeux bleus avec comme slogan « Bollène, une ville, une identité »). Dialogues avec son frère qui vit de petites combines, avec son ancien mentor, un prof qui a glissé du communisme à l’extrême droite, avec sa sœur qui lui reproche son amertume et sa froideur. Hamich filme la chaleur des retrouvailles mais aussi le malaise qui s’empare de Nassim qui ne veut plus des règles de bienséance d’une famille qui s’est recroquevillée sur un mode de vie « traditionnel », sur une « identité » (l’une
de ses sœurs porte le voile) qui n’a plus de sens pour lui. Au restaurant, il commande une bouteille de vin scandalisant son frère et ses sœurs car il offense sa mère en buvant devant elle. Il répond hypocrisie. Sa compagne s’interroge car il ne boit jamais le midi ! Plus celle-ci fait des efforts pour être proche de la famille de Nassim, plus il lui en veut, décharge sur elle l’agressivité qu’il ressent pour les autres, et contre luimême. « L’une des raisons pour lesquelles les gens s’accrochent de manière si tenace à leur haine, c’est qu’ils sentant bien que, une fois la haine disparue, ils se retrouveront confrontés à la douleur. » (James Baldwin) Le visage hermétique, peu bavard, le personnage de Nassim est loin d’être sympathique. À la fin du film, juste avant de quitter la ville, de rejoindre sa vie, il finira par aller voir son père qui trime, à genoux, ouvrier agricole dans une serre : pas d’effusion, pas de complicité ; avec quelques mots assez basiques, d’une désespérante banalité, l’impossibilité de se dire. Dans son récit, a contrario, Didier Éribon parvient à faire la paix avec ceux qui sont malgré tout les siens. Avec son père qu’il n’aura jamais revu. Avec luimême. DP
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Interférences Le Poirier sauvage Burning
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l est quand même étrange que deux films aussi dissemblables que Le Poirier sauvage et Burning accordent tous deux une place de premier plan à de simples puits. Dans le film de Lee Chang-dong il est l’un de ces éléments éminemment énigmatiques dont on ne saura jamais s’il existe réellement ou s’il est une pure production de l’esprit troublé d’Haemi, la jeune femme du trio au centre du film. Cette incertitude remet en cause tout ce qu’on croit savoir d’elle, tout ce qu’elle dit, tout ce qu’elle semble vivre même. De ce puits réel ou pas ne surgit aucune vérité. Le monde est indéchiffrable. Le père de Sinan (personnage principal du film de Nuri Bilge Ceylan) creuse quant à lui, encore et encore, des puits dans un terrain dont tout le monde sait qu’il ne contient pas une seule goutte d’eau. Fuite en avant, recherche désespérée d’un sens à la vie, ces puits sans fond et sans fin sont la misérable tentative d’échapper à un destin en forme d’impasse, de petite mort qui sera symbolisée à la fin par l’image de la pendaison de Sinan dans un de ces puits, simple métaphore de son suicide moral qui lui fait abandonner toutes ses ambitions antérieures, se résigner à une médiocrité définitive, dans la terrible continuité de ce qu’il mettait toute son énergie à fuir : son père. Un motif, deux regards : le monde est
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inconnaissable, le monde est délétère. Comme un naufrage au ralenti Mais ce n’est pas tout. Les deux protagonistes principaux respectifs, Sinan et Jongsu, mènent tous deux une vie flottante, indécise. Ils sont pleins d’ambition mais vivent un quotidien médiocre, étriqué. Mais surtout, et c’est là un point essentiel, ils sont tous deux des écrivains en herbe à la recherche de leur rapport au monde, ce qui place évidemment au premier plan la problématique qui sous-tend les deux films : comment représenter la réalité ? Qu’y a-t-il de vraiment intéressant en elle qui mérite qu’on la mette en scène et qu’on l’analyse ? Le regard de Sinan – et à travers lui celui du cinéaste – observe attentivement choses et gens, scrute les visages, bute sur les obstacles, les déceptions, les frustrations. L’avenir se bouche inexorablement, naufrage au ralenti, puits qui se creuse de plus en plus et ne mène nulle part. Sinan a bien essayé de sublimer le monde dans lequel il vit par la littérature, mais son livre tombe lui aussi dans le vide, personne ne l’a lu, pas même sa mère et sa sœur ! Seule exception – inattendue – son père, mauvais père et mauvais mari, minuscule rayon de soleil dans la grisaille générale…
Là où le regard volontariste de Sinan cherche à pénétrer les âmes, à percer les armures et les apparences, Jongsu au contraire ne fait que les frôler, regarde la plupart du temps au-dessus ou à côté de ses interlocuteurs, même quand il fait l’amour ! Il est constamment dans l’esquive, dans l’acceptation du flou, de l’inexpliqué. Toutes les questions à propos d’Haemi, de son chat, de Ben, des prétendues serres brûlées, restent sans réponse et ce n’est que dans un acte brutal à l’absolue radicalité qu’il tente pour la première fois, à la fin, de prendre le dessus sur une réalité qu’il a jusque-là cherché à contourner, voire à fuir. Une mandarine qui n’existe pas À l’âpre vision de Ceylan s’oppose un regard comme déréalisé : lorsque Haemi épluche et mange une mandarine imaginaire on pense bien sûr au Blow Up d’Antonioni et, plus encore, aux romans d’Haruki Murakami – auteur de la nouvelle qui a inspiré le film. Le réel est mystérieux, insaisissable, il échappe aux êtres humains comme les êtres humains essaient de lui échapper : Haemi s’endort n’importe où en dix secondes et finit par disparaître complètement. Mais même s’il est magique, le rapport au monde est douloureux : la sublime
pantomime de l’oiseau et la danse dans le crépuscule sur la musique de Miles Davis s’achèvent dans les larmes. Derrière l’élan vital apparaît toujours une faille, un désespoir qui peut surgir à n’importe quel moment. Les deux films s’opposent : pour Sinan le monde est désespérant, il espère le transcender, le sublimer par l’écriture. Dans Burning, à l’inverse, le monde est magique mais empoisonné par le désespoir. Voilà donc deux films qui prennent leur temps : 5h36 en tout, dénuées de ces scènes d’action dont on imaginerait volontiers pourtant qu’elles sont l’essence même de toute narration cinématographique. Le Poirier sauvage est un bout-à-bout de dialogues et c’est passionnant. Burning est un peu plus visuel, mais on ne peut pas dire que son rythme soit échevelé ! Lui aussi est captivant. Cinéma littéraire ? abstrait ? Peut-être mais on atteint là des sommets dans la représentation d’une condition humaine plus ou moins à la dérive, à travers des mots, des regards, des signes, beaucoup plus qu’à travers des scènes spectaculaires. Les constats sont amers mais les films magnifiques. C’est peut-être ça finalement qu’on appelle l’art : rendre beau ce qui ne l’est pas. AW
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Vos critiques
Rencontre avec Sylvestre Chatenay et Évelyne Chesnel
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ylvestre, dont les facettes sont multiples (auteur, cadreur, réalisateur, monteur, photographe) est tourangeau et connaît donc bien les Studio. Nous l’avions reçu lors de la présentation de son premier long Sylvestre Chatenay et Evelyne Chesnel aux Studio © Roselyne guerineau métrage documentaire intitulé Yvette Bon-Dieu !, sorti en 2008. Il nous revient avec ce qui fait sa marque de fabrique : une immersion dans le quotidien d’anonymes, en se fondant dans le décor, plaçant la caméra au bon endroit, filmant les habitudes, interrogeant au moment juste pour essayer de comprendre et d’expliquer, sans jugement ni parti pris. Et quand cette caméra trouve enfin porte ouverte pour la première fois depuis 10 ans (genèse d’un projet qui n’avait pu aboutir dans le contexte d’une époque qui n’était sans doute pas encore propice à montrer de telles pratiques qualifiées « d’obscurantistes », du domaine de la « sorcellerie »), c’est pour nous faire découvrir ce que chacun hésite un peu moins aujourd’hui à évoquer autour de lui : la consultation auprès d’un(e) guérisseu(r)se pour tenter de soulager un mal que la médecine dite « conventionnelle » n’a pas réussi à apaiser. Il faut dire que celles que l’on qualifie de « médecines parallèles » ont le vent en poupe. Et lorsque ce sont les médecins et scientifiques euxmêmes qui associent leurs savoirs aux guérisseu(r)ses -qui en deviennent tout à la fois objets d’étude et dont les consultations sont prescrites en nombre par des praticiens reconnus, justifiées par des résultats inexplicables mais bien palpables, alors une légitimité s’installe et libère la parole. Votre présence en nombre dans cette salle n° 1 des Studio, les échanges nourris après la projection, entre le public, le réalisateur et l’une des deux guérisseuses (Évelyne Chesnel) filmée par Sylvestre montrent bien comment ce documentaire était nécessaire. Sur la forme, le placement de la caméra en retrait, les gros plans sur les mains, les gestes qui font le
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C’est avec beaucoup de plaisir que l’équipe des cinémas Studio a reçu Sylvestre Chatenay ce vendredi 15 juin pour présenter son documentaire intitulé Avec mes mains, accompagné de Évelyne Chesnel, magnétiseuse. rituel, les objets qui aident, les questions parfois pour essayer de comprendre permettent au spectateur, sans lui apporter de réponse précise, de simplement faire la lumière sur l’aspect visible et factuel de la consultation. Sur le fond, sur l’invisible finalement, la réception du don, son acceptation, son partage avec le « souffrant », la communication avec l’entité qui utilise le guérisseur comme « canal », les résultats inexpliqués mais bien réels obtenus sur un certain nombre de maux (brûlures, zonas, etc.) bousculent les sceptiques et le monde scientifique. C’est bien l’originalité des cinémas Studio que de vous amener, chers amis spectateurs, à venir découvrir un cinéma-documentaire comme celui de Sylvestre Chatenay, local d’abord puisque tourné dans notre région, différent et qui bouscule dans le choix du sujet, qui questionne et en tous cas ne laisse pas indifférent, et qui rayonne, nous l’espérons, au-delà de l’obscurité de la salle et nous permet de partager nos propres expériences, notre vécu. AP
DE CHAQUE INSTANT, de Nicolas Philibert Le film est judicieusement découpé en 3 parties correspondant à 3 temps de la formation de ces élèves infirmiers (majoritairement des élèves infirmières) dont la grande diversité d’origines et même d’âge (un élève de 58 ans) nous frappe. [… ] La dernière partie qui nous permet de suivre les retours d’expérience de stage entre élèves et formateurs est sans doute la plus chargée d’émotions. S’y expriment des sentiments qui vont de la satisfaction de certains à la souffrance aiguë pour d’autres qui ont pu ressentir de l’hostilité à leur égard. Pourtant tous manifestent fortement leur envie de bien faire et d’être utiles. On comprend que la crise qui touche actuellement l’institution hospitalière produit des effets délétères dont certains élèves ont déjà à pâtir. Une nouvelle fois Nicolas Philibert, avec une caméra à la fois bien présente sans être envahissante et un travail de montage qui donne sens au film, réussit à nous faire partager son souci de rencontre avec des autres qui fait l’unité de son œuvre. HR HOW TO TALK TO GIRLS AT PARTIES, de John Cameron Mitchell Le nanar de l’année. Scénario inepte et dialogues idiots. Ce film ferait passer Le Gendarme et les gendarmettes et Mon curé chez les nudistes pour des chefs d’œuvre. Patgir TROIS VISAGES, de Jafar Panahi Ceux qui attendent un
règlement de comptes tonitruant du réalisateur avec la société iranienne traditionnelle seront déçus par cette incursion de Jafar Panahi aux alentours de la frontière turque propices à un jeu savoureux avec les langues. C’est, au contraire, un regard, apparemment détaché, malicieux, subtil et plein de bienveillance lucide qu’il cherche à nous faire partager. Mine de rien, il cherche aussi à nous faire comprendre que le poids du contrôle social (qui n’est pas la même chose que celui émanant du régime politique ) peut être progressivement réduit à condition de savoir jouer avec. […] C’est aussi une image qui semble représenter la posture même que Panahi met en œuvre dans ses rapports avec le régime : utiliser les règles pour s’en affranchir quand il y a une opportunité. Ça se discute peut être, mais ça n’est pas à mépriser. HR DOGMAN, de Matteo Garrone Chronique désespérée de la vie dans un quartier déshérité des environs de Naples, avec une mise en scène sobre et un récit linéaire. Les décors de plage abandonnée, cette moto qui passe et repasse en vrombissant, m’ont fait penser à Amarcord de Fellini, mais c’est le seul lien entre les deux films. En effet, ici, pas d’onirisme dans l’atmosphère, au contraire, on est plutôt dans l’hyper réalisme, d’autant plus que cette histoire s’inspire d’un fait divers des années 80. [… ] ce qui domine surtout, c’est l’interprétation extraordinaire de Marcello Fonte avec son air de chien battu souriant et désespérément optimiste. JC Rubrique réalisée par RS
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