Carnets septembre 2018

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4 – du 19 au 25 septembre

SEMAINE C

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1h35’

Soirée d’ouverture

lundi 2h00’ 19h30 LA GARÇONNIÈRE de Billy Wilder

AVANT-PREMIÈRE

jeudi 19h45

17h00

À suivre. mer-dim

SAUF sam-dim

de Michel Ocelot

LE QUATUOR À CORNES

LIBRE

1h34’ VF

OKKO ET LES FANTÔMES de Kitaro Kosaka samedi à 14h15

1h45’

À suivre. À suivre.

VOLUBILIS

1h32’

À suivre. 13h45 17h15 PREMIÈRE ANNÉE de Thomas Lilti 21h15 À suivre. 14h00 1h59’ L’AMOUR 17h00 EST UNE FÊTE 19h15 de Cédric Anger 21h30

14h00 17h00 19h00

CLIMAX

1h31’

19h30

17h15

14h15

18h30

samedi

14h15 mer-sam dimanche

THUNDER ROAD

mercredi samedi dimanche

de Jim Cummings

15h45

1h47’

À suivre.

LEAVE NO TRACE

MADEMOISELLE DE JONQUIÈRES de Emmanuel Mouret

17h30 21h30 19h15 21h00

de Germinal Roaux

1h41’

GUY

21h00

de Alex Lutz

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

SAUVAGE

REINE D’UN ÉTÉ de Joya Thome ATELIER : samedi

de Camille Vidal-Naquet

40’ Sans paroles

2h15’

BLACKkKLANSMAN

CONTES SUR MOI ! de divers réalisateurs

de Spike Lee

1h18’ VF 1h41’

GUY

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

SAUF lun-mar

16h15 SAUF lun-mar

16h45

de Genndy Tartakovsky

1h30’ VF 1h34’

LE MONDE EST À TOI de Romain Gavras

L’ENVOL DE PLOÉ 3h08’

AU POSTE de Quentin Dupieux

lun-mar

2h28’

SAUF lun-mar

LE POIRIER SAUVAGE

20h30

de Nuri Bilge Ceylan

1h50’

SUR LA PLAGE DE CHESIL

1h34’

THE LAST OF US de Ala Eddine Slim

1h43’

BONHOMME de Marion Vernoux

14h00 DE CHAQUE INSTANT de Nicolas Philibert 19h45 Vendredi 31 août rencontre avec 1h03’

LA BELLE de Arunas Zebriunas

17h15

de Dominic Cooke

BURNING de Lee Chang-Dong

15h50

de Arni Asgeirsson

17h30 21h30

21h15 UNE VALSE DANS LES ALLÉES SAUF

2h05’

de Thomas Stubert

vendredi

O GRANDE CIRCO MISTICO

21h45

1h45’

SAUF lundi mardi

SAUF lun-mar

15h45

HÔTEL TRANSYLVANIE 3 SAUF

1h13’

16h00

14h15

de Alex Lutz

SAUF mer-jeu vendredi

13h45 18h30 21h15 14h15 17h15 19h15

2018

1h07’ VF

1h30’

Nicolas Philibert après la séance de 19h45

À suivre.

FORTUNA

du 29 août au 4 septembre

1h39’

17h00

1h49’

de Gaspard Noé

16h45 19h15

14h15 17h15 19h15 21h15 13h45

À suivre.

1h46’

14h15

mer-sam dimanche

13h45

19h00

de Faouzi Bensaïdi

de Debra Granik

1h35’

14h15 15h45

de divers réalisateurs

de Michel Toesca

À suivre. 13h45 2h01’ LES FRÈRES 17h00 SISTERS 19h15 de Jacques Audiard 21h30

lundi

1–

Rencontre avec le réalisateur.

AVANT-PREMIÈRE

Rencontre avec le réalisateur.

SEMAINE

14h00 19h30

DILILI À PARIS 50’

1h40’

2018

de Carlos Diegues

1h42’

PARANOÏA de Steven Soderbergh

21h45

Le film imprévu : www.studiocine.com Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


SEMAINE

2 – du 5 au 11 septembre FRAISE ET CHOCOLAT

19h10

mer-sam dimanche

1h40’ VF

1h50’

13h45

2018

de Thomas Gutierrez Alea

MON VOISIN TOTORO 14h15

mer-sam dimanche

de Hayao Miyazaki

P’tit rétro ciné/ATELIER : samedi

17h30

mercredi samedi CONTES SUR MOI ! dimanche

3 – du 12 au 18 septembre

SEMAINE

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lundi 14h30 19h30

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Mémoire filmée de Tours

13h45 17h15 19h15

GUY de Alex Lutz

de divers réalisateurs

Conte et film le mercredi

1h07’ VO

REINE D’UN ÉTÉ

1h43’

14h15

BONHOMME

19h25

de Marion Vernoux

16h00

de Joya Thome

Séance Cinélangues

mer-sam VF dimanche

1h39’

SAUVAGE 2h20’

13h45

INVASION

19h00 14h00 19h15

de Camille Vidal-Naquet

de Kiyoshi Kurosawa

2h28’

BURNING de Lee Chang-Dong

1h16’

SOFIA

mer-sam dimanche

de Meryem Benm’ Barek

16h00

1h45’

DE CHAQUE INSTANT de Nicolas Philibert

1h49’

14h00

SHÉHÉRAZADE

19h30

de Jean-Bernard Marlin

17h00 21h35

LE PÈRE D’ITALIA 17h30

2h15’

21h15

21h20

jeu-ven lun-mar

1h32’

de Fabio Mollo

16h45

16h45

21h00

1h34’

BLACKkKLANSMAN de Spike Lee

LE MONDE EST À TOI

21h15

de Romain Gavras

Le film imprévu : www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

de Wolfgang Petersen

dimanche

14h15

Ciné-dédicace-goûter

mer-sam

OKKO ET LES FANTÔMES de Kitaro Kosaka

1h16’

SOFIA

2h03’

vendredi ONLY LOVERS 19h15 LEFT ALIVE de Jim Jarmusch

17h15 21h30

L’HISTOIRE SANS FIN 1h34’

samedi Le jour des Studio de cabines, de la bibliothèque, 10h00 Visitesateliers jouets optiques, à projections de courts métrages. 17h00 Plateau Radio Béton.

16h15

mercredi VO 17h30

1h35’ VF

Films amateurs sur Tours entre 1920 et 1978

40’ Sans paroles

1h41’

2018

13h45 1h32’ 17h15 PREMIÈRE ANNÉE 19h15 de Thomas Lilti 21h15 13h45 1h49’ 17h00 MADEMOISELLE 19h15 DE JONQUIÈRES de Emmanuel Mouret 21h30

de Meryem Benm’ Barek

1h31’

THUNDER ROAD

VF 14h15 mer-sam-dim

17h30 VO 19h15

14h15 mer-sam-dim

16h00 21h15 14h15

mer-sam-dim

de Jim Cummings

16h00 19h45

INVASION

16h30 21h30

2h20’

de Kiyoshi Kurosawa

1h43’

BONHOMME

16h45

de Marion Vernoux

1h41’

14h00

GUY

21h40

de Alex Lutz

1h49’

SHÉHÉRAZADE de Jean-Bernard Marlin

13h45 2h28’

17h30 21h30

2h15’

SAUF samedi

BURNING

18h45

de Lee Chang-Dong

BLACKkKLANSMAN 19h10 de Spike Lee

Le film imprévu : www.studiocine.com Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines-37000 TOURS

N°370 • Septembre 2018

SOFIA De Meryem Benm’Barek

LE JOUR DES STUDIO Samedi 15 septembre 2018 voir page 5


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Septembre 2018 - n° 370

Édito . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3 CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4

À Tours de bulles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 Libres courts . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5 LES FILMS DE A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

La cafétéria des Studio

Rencontre avec Jean-Pierre Améris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 17

(gérée par l'association AIR, chantier d'insertion),

À propos de Désobéissance . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

tous les jours de 15h30 à 21h45 à partir du 1er septembre. Tél : 02 47 20 85 77

accueille les abonnés des Studio sur présentation de la carte

Courts lettrages How To Talk To Girls At Parties . . . . . . . . . . . . 20 Rencontre avec Yann Gonzalez . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Rencontre avec Bruno Podalydès . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Rencontre avec Marie Monge & Karim Leklou . . . . . . . . . . . . . 26

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

À propos de Have A Nice Day . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

ACOR

À propos de Une année polaire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

(Membre co-fondateur)

Rencontre avec Sylvestre Amoussou . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

GNCR

Réabonnez-vous . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 Jeune Public. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Film du mois de septembre : SOFIA de Meryem Benm’Barek (voir au dos des Carnets)

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com – Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

L’effet ballon rond O

n le répète souvent et pas toujours avec forfanterie, la France est sans doute le pays de la cinéphilie, un pays où l’industrie du cinéma est considérée comme un art par les hommes politiques, par les instances administratives, par une partie non négligeable du public. Un art à protéger, à promouvoir, dont il faut enseigner les codes (à travers des dispositifs scolaires uniques au monde) et en préserver la mémoire (à travers les cinémathèques). Une production nationale de plus de 200 films par an, dont une bonne partie classée Art et essai, une aide à de très nombreuses cinématographies de pays émergents, mais aussi un réseau de distribution également incomparable, avec une multiplicité de salles non seulement dans les grandes villes mais aussi dans de nombreuses villes petites ou moyennes, dont une portion importante de salles indépendantes dont la raison d’être n’est pas uniquement le commerce.

Ce système repose sur une organisation remarquable autour du Centre national de la cinématographie et de nombreux dispositifs d’aides à l’écriture, à la réalisation, à la diffusion, à l’exploitation. Or ce système a comme clef de voûte, comme tout le monde le sait, une chaîne de télévision par abonnement, Canal+. Depuis plusieurs années celle-ci perd régulièrement des abonnés. Une situation qui inquiète forcément le monde du cinéma. La chaîne cryptée « investit moins d’argent dans les films français, puisque ce montant est indexé sur son chiffre d’affaires… Les films d’art et d’essai “ porteurs” au budget moyen sont les plus pénalisés. »1 « Les films sont de plus en plus chers à fabriquer et les financements, de plus en plus bas. »2 « L’exploitation du cinéma d’auteur s’est considérablement durcie. Deux ou trois films par an ont un succès spectaculaire et parfois imprévisible... Et la plupart des films ne marchent vraiment pas, au point que cela peut vite tourner au désastre. »3

Or ces trois remarques inquiètes, extraites du dossier de Télérama lors du dernier festival de Cannes, datent d’avant une nouvelle catastrophique : l’annonce par les instances du football professionnel de l’attribution des droits télé des matchs de la Ligue 1 pour plus d’un milliard d’euros au groupe espagnol Mediapro. Exit Canal+, qui pourra sans doute dire adieu plus ou moins rapidement à ses abonnés dopés au ballon rond ! Un contrecoup financier qui risque d’ébranler durablement le financement des films français. Du moins les plus fragiles, les films du milieu, ceux qui essaient de concilier exigences artistiques et accès à un public qui ne soit pas confidentiel. « Je suis inquiet : mon film, qui se trouve finalement en compétition à Cannes, a été difficile à produire. La place pour les films d’auteur qui échappent à la catégorisation des genres, thriller, comédie ou film social, se réduit. En France nous avons peut-être la chance d’avoir de très nombreux spectateurs dans les salles de cinéma, mais il ne faut pas se leurrer : ils sont surtout présents pour de grosses comédies qui sont les locomotives de l’industrie depuis des décennies. Le public des films d’auteur se réduit et vieillit. J’ai peur que ce cinéma-là devienne, un jour, l’équivalent de la haute couture, avec quelques salles spécialisées dans chaque grande ville. Un art strictement dissocié de l’ensemble de la production. »4 Et c’est contre cette perspective d’un art réservé à une élite qu’ont toujours essayé de lutter depuis 53 ans les cinémas Studio de Tours ! DP 1 Katell Quillévéré, réalisatrice de Suzanne et Réparer les vivants. 2 Marie-Ange Luciani, productrice notamment de Eastern boys et 120 battements par minute. 3 Alexandra Henochsberg, distributrice. 4 Christophe Honoré, lors de la sortie de son film Plaire, aimer et courir vite.

Les CARNETS du STUDIO n°370 – Septembre

2018 –

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FILM DU MOIS

La date de validité de votre carte d’abonnement figure... sur chaque ticket qui vous est remis en caisse. N’oubliez pas qu’il est également possible de se réabonner en ligne, sur le site des Studio !

SOFIA Maroc – 2018 – 1h20, de Meryem Benm’Barek, avec Maha Alemi, Lubna Azabal, Faouzi Bensaïdi, Sarah Perles…

C

asablanca, de nos jours. Sofia vit chez ses parents qui ont réuni pour dîner son oncle, sa tante et leur fille, Lena, étudiante en médecine. Ces derniers viennent de la haute bourgeoisie marocaine et, autour de la table, la discussion tourne autour dun projet qui implique toute la famille et a de gros enjeux financiers. À la fin du repas, Sofia est prise de douleurs au ventre. Lena s’aperçoit que sa cousine est prête à accoucher et a fait un déni de grossesse. Sans rien dire aux autres membres de la famille, elle l’emmène à l’hôpital ; mais l’enfant ayant été conçu dans une relation hors mariage, Sofia a un délai de 24 heures pour fournir les papiers d’identité du père du nouveau-né, sinon elle risque la prison…

Présenté dans la section Un certain regard du dernier festival de Cannes où il a reçu le Prix du scénario et joué, dans le rôle titre, par Maha Alemi que l’on a découverte dans Much loved de Nabil Ayouch, Sofia s’attache au personnage d’une jeune fille rangée et un peu ingrate qui s’efforce de ne jamais faire de vague et que personne ne remarque. La réussite du film est de faire de cette antihéroïne et d’une situation tristement banale

une œuvre à l’ampleur inattendue, qui propose une description de la société marocaine en abordant des enjeux qui dépassent largement ceux du simple drame familial. Si le début est assez haletant, comme une sorte denquête policière à la recherche d’un père absent, Sofia sort des pistes convenues et surprend en ne se conformant pas au cadre attendu. Son ampleur, malgré la modestie de ses apparences, n’en est que plus forte et c’est avec assurance que Meryem Benm’Barek pour son premier long métrage décrit une violence sociale (avec victimes collatérales) qui fait jeu égal avec les violences sexistes. « L’enjeu est moins de savoir qui est le père de l’enfant que de montrer la pression qu’impose une société qui ne conçoit pas une naissance sans mari. Du coup, le drame familial prend le pas et les jeux de pouvoir se font jour entre les personnages » dit la réalisatrice et son film fait penser à Sexe et mensonges, le livre de témoignages consacré à la vie sexuelle au Maroc, publié par Leïla Slimani l’an passé. Véritable petite bombe à retardement, Sofia, le personnage tout comme le film, vont vous surprendre. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n° 370 – Septembre2018 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com


JEUNE PUBLIC

VF À partir de 7 ans

USA – 2018 – 1h18, film d'animation de Genndy Tartakovsky.

Dracula part en croisière avec ses monstrueux amis, mais il tombe amoureux d’Ericka, capitaine du bateau et descendante de son ennemi juré... Islande/Belgique – 2018 – 1h24, de Arni Asgeirsson.

À partir de 5 ans

Alors que l’hiver islandais approche, les oiseaux migrent vers le sud. Mais Ploé, lui, n’a pas appris à voler ! Comment pourra-t-il retrouver sa famille ? VF

Allemagne – 2018 – 1h07, de Joya Thome.

Tout public à partir de 8 ans

C’est le début de l’été. Sur sa bicyclette, la jeune Léa explore les alentours de son village, pleine de curiosité. Un jour, elle aperçoit cinq garçons avec un mystérieux radeau et les suit. L’été devient alors celui de toutes les aventures...

VF

Ce film qui porte un regard juste et lumineux sur l’enfance a été récompensé au festival Voir Ensemble de Grenoble ainsi qu’au festival Les Toiles Filantes de Pessac.

Samedi 1er après la séance de 16h, Manon et Marie proposeront un atelier Expression d’impressions à la Bibliothèque. Les enfants pourront échanger librement sur le film afin de prolonger l’aventure ! Atelier sur inscriptions : monmarche@studiocine.com

USA/Allemagne – 1984 –1h35, de Wolfgang Petersen, avec Barret Oliver, Noah Hathaway, Tami Stronach... Dimanche 16 Septembre à 14h15

VF

Bastien dérobe un ouvrage merveilleux peuplé d’extraordinaires créatures.et s’enfonce fébrilement dans l’univers fantastique de ce livre qui le fascine… Venez fêter la BD aux Studio dimanche 16 ! Avant la séance : diaporama Bulles en herbe. Après la séance : Aude Soleihac, auteure reconnue, viendra dédicacer ses ouvrages, avant un agréable goûter !

Tout public à partir de 8 ans

France – 2018 – 1h35, film d’animation de Michel Ocelot.

Dans le Paris de la Belle Époque, une petite fille kanake fait la connaissance d’un jeune livreur en triporteur. Ensemble, ils partent à la découverte de la ville lumière pour résoudre le mystère qui sévit autour de l’enlèvement de fillettes.

Lundi 24 rencontre exceptionnelle avec MICHEL OCELOT à 17h00. Tout public à partir de 6 ans

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JEUNE PUBLIC

À partir de 3 ans

Iran/Russie/Mexique/USA – 2018 – 40 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

L’union fait la force ! Ces cinq contes hauts en couleur en sont la preuve, réalisés chacun avec amour et humour. Des possibilités d’animation illimitées pour raconter les aventures de ces petits héros.

sans paroles

Mercredi 5, Gaël introduira la séance par un petit conte de sa composition. Tout public à partir de 8 ans

Samedi 22 septembre 14h15

Japon – 2018 – 1h35, film d’animation de Kitaro Kosaka.

Okko vit à la campagne avec sa grand-mère et travaille à l’auberge familiale. Pour l’aider à grandir, des gentils fantômes vont croiser sa route... VO

Un film magique, dont on ressort le sourire aux lèvres …

VF

Tout public à partir de 4 ans

France – 2018 – 50 mn, film d’animation de divers réalisateurs.

Aglaé la pipelette, Rosine la tête en l’air, Clarisse la peureuse et Marguerite la coquette vont découvrir la mer et la liberté dans le monde inconnu qui s’étend bien au-delà du pré... Tout public à partir de 4 ans

Japon – 1988 – 1h27, film d’animation de Hayao Miyazaki.

VF

Deux petites filles s’installent avec leur père dans une grande maison à la campagne où elles vont découvrir l’existence de créatures merveilleuses mais très discrètes qui vont les plonger en plein rêve !

Rappelons que cette année nous fêtons les 30 ans de ce chef-d’œuvre intemporel.

Samedi 8 après la séance et dans le cadre de ce troisième P’tit Rétro Ciné, Manon et Aude proposeront un quiz sur le film suivi d’un goûter… 35


Soirée d’ouverture du festival

À TOURS DE BULLES Vendredi 14 septembre à 19h15

Le CNP, politiquement à gauche, est une structure associative qui, avec l’association des cinémas Studio TEC, se veut un lieu de remise en question citoyenne, d’explication et de décryptage d’une société aux enjeux multiples : luttes des peuples en colère, dégâts du capitalisme et du néolibéralisme, démocratie bafouée, instrumentalisation sécuritaire, menaces sur la liberté d’expression et la libre circulation des citoyens du monde, la diversité culturelle, l’environnement et la santé… Il s’agit de mettre en lumière l’idéologie qui sous-tend les discours et les actes politiques, économiques, écologiques, sociaux et culturels du pouvoir. Le CNP travaille avec des associations localement engagées dans la transformation de la société, ouvre la réflexion collective autour de tous ces enjeux et suscite la confrontation des points de vue.

Tous, CNP, associations partenaires et public participant aux séances du jeudi soir, nous continuons à nous interroger sur les alternatives possibles et les engagements permettant d’avancer vers un monde plus juste, plus solidaire et résistant à toute forme d’oppression. Merci aux 42 partenaires qui ont travaillé avec nous en 2017/2018, aux intervenant(e)s et aux 2130 participant(e)s à nos 27 soirées. LES JEUDIS DU CNP À 20h (parfois plus tôt) : un film documentaire, parfois une fiction, suivi d’un débat entre le public, les associations et les intervenant(e)s invité(e)s. Vous pouvez joindre le CNP le lundi entre 19h et 21h (hors vacances scolaires). au 02 47 20 27 00 ou à contact@lecnpstudio.org

Carte blanche à The Neb Studio Invités au festival de BD tourangeau à l’occasion de la sortie de leur 1er album La Valise, les trois jeunes auteurs grenoblois (Gabriel Amalric, Morgane Schmitt Giordano et Diane Ranville) du collectif The Neb Studio seront présents aux Studio pour nous faire découvrir leur univers inspiré à la fois par Hitchcock, Cocteau ou Métropolis... Venus du cinéma et du fanzine, les trois auteurs ont d’abord réalisé le court métrage La Valise avant d’en faire une BD... Les Studio se font un plaisir de les accueillir pour leur offrir cette soirée Carte blanche où ils nous donnent aussi l’occasion de revoir l’un des derniers films de Jim Jarmush. En bonus : le court La Valise ainsi que son making of. À l’issue de la soirée un pot convivial sera proposé par l’équipe du festival À Tours de bulles. Tarif unique : 5,20 €

Mercredi 5 septembre à 17h30

Reine d’un été (Voir pages Jeune Public) Séance en version originale sous-titrée ouverte au public. Les enseignants d’allemand d’établissements scolaires qui souhaitent visionner le film pour une future projection aux classes peuvent bénéficier d’une invita-

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– Les CARNETS du STUDIO

n° 370 – Septembre 2018

tion. Ils doivent alors nécessairement s’inscrire à l’adresse suivante : monmarche@studiocine.com. Tarif de groupe pour séances scolaires : 3,20€ à partir de 25 élèves.

Où l’on retrouve Adam et Êve, couple de vampires cultivés et fragiles, entre Tanger et Detroit... Une idylle bientôt mise à mal par l’arrivée de la jeune sœur d’Ève, avec de graves conséquences sur la survie des amants maudits... Jarmusch propose une relecture personnelle du mythe du vampire accompagnée d’une exceptionnelle BO ! À voir ou à revoir ! Et aussi aux Studio : Exposition dans le hall. Séance Jeune Public : ciné/goûter/ dédicace dimanche 16 septembre à 14h15 avec la présence de l’auteure de BD jeunesse Aude Soleihac (voir page 34). * du 14 au 16 septembre 2018. Programme détaillé du festival à l’accueil des Studio et mis à jour sur http://www.atoursdebulles.com/

LE JOUR DES STUDIO votre

CINÉLANGUES - ALLEMAND

ONLY LOVERS LEFT ALIVE Allemagne, Grande Bretagne, France – 2013 – 2h03, de Jim Jarmusch avec Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska…

cinéma

Samedi 15 septembre de 10h à 15h

Le Jour des Studio est une journée festive en référence à la Nuit des Studio. Il se déroulera à l’occasion des Journées européennes du patrimoine. Nous ouvrirons les portes à tous, petits et grands, pour vous faire découvrir les cabines de projection, des courts métrages inédits, la collection de jouets optiques du Jeune Public et la Bibliothèque, où un quizz pourra vous permettre de gagner vos affiches de films préférés ! Toutes les animations seront en entrée libre, profitez-en ! Entrée libre de 10h à 13h et de 14h à 17h.

• Visites de cabine de projection de 10h à 12h. • Visites de la Bibliothèque de 10h à 12h et quizz de 14h à 17h. • Atelier Jouets Optiques de 10h à 17h. • Projection en boucle de courts métrages Ciclic (34 mn) et Courts d’écoles (30 mn) de 10h à 17h. • Plateau Radio Béton de 15h à 20h. • Et pour les gourmands, brunch à 10h. et café à 14h à la cafétéria Air.

Les CARNETS du STUDIO n° 370 – Septembre 2018 –

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Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z AVANT LES FILMS , DANS TOUTES LES SALLES , AU MOIS DE SEPTEMBRE

À contretemps de Sarah Lancman –

Séance Ciné-ma différence : OKKO ET LES FANTÔMES - VF : samedi 22 septembre - 14h15

A

L’Amour est une fête

France – 2018 – 1h59, de Cédric Anger, avec Guillaume Canet, Gilles Lellouche, Camille Razat, Xavier Beauvois…

1982. Le Mirodrome est un peep show parisien. Ses patrons, Franck et Serge, criblés de dettes, projettent alors de produire des films pornographiques avec leurs danseuses pour relancer leur établissement. Ils commencent par tourner des loops, petits films destinés aux cabines. Le succès est tel qu’il attire l’attention de leurs concurrents et, un soir, des hommes cagoulés viennent détruire le Mirodrome. Ruinés, les deux compères se retrouvent contraints de négocier avec leurs rivaux. Mais Franck et Serge ignorent que ces derniers sont des enquêteurs chargés de préparer un coup de filet dans le business du « X » parisien… Une aventure qui pourrait les entraîner très loin ! Après le remarquable La Prochaine fois, je viserai le cœur (2014), Cédric Anger retrouve Guillaume Canet pour nous plonger dans le cinéma porno du début des années quatre-vingt.

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Au poste !

BlacKkKlansman

France/Belgique – 2018 – 1h13, de Quentin Dupieux, avec Benoit Poelvoorde, Grégoire Ludig, Anaïs Demoustier…

À première vue le scénario a tout pour ennuyer le spectateur : dans un poste de police anonyme, un commissaire (Benoit Poelvoorde) interroge un suspect (Grégoire Ludig) qui a découvert un cadavre devant son immeuble ! Mais avec Quentin Dupieux, l’iconoclaste réalisateur du génial Réalité (15), on peut s’attendre à tout… et, en l’occurrence, à un film extrêmement drôle et dérangeant (bousculant notamment la logique et la chronologie) ! Un excellent moment à ne pas rater… et dont la bande annonce donnait furieusement envie d’aller… Au Poste ! L’un des petits plaisirs de l’été 2018. DP

La Belle

Lituanie – 1969 – 1h05, d’Aruntas Zebriunas, avec Inga Mickyte, Lilija Zadeikyte...

Inga, neuf ans, ne se trouve pas très jolie même si on la surnomme La Belle en raison de sa gentillesse. Mais dans le quartier où elle vit, l’arrivée d’un petit garçon rejeté va lui faire découvrir le monde des adultes... Voilà une véritable découverte, un film lituanien de 1969, d’un peu plus d’une heure et jusqu’ici inconnu au bataillon. S’adressant tout autant aux adultes

qu’aux plus jeunes, les aventures de cette fillette qui rêve d’être aimée et admirée possèdent une fraîcheur, non dénuée d’une certaine cruauté, qui rappelle certains classiques comme Le Petit fugitif, entre autres. Une authentique rareté qui vaut vraiment la peine que l’on s’y attarde. JF

B

rut. Pour Marilyn, convaincue que son amour pour lui peut le sauver, c’est le début d’une bataille à mener… Une nouvelle comédie romantique de la réalisatrice de Love etc. (96), Rien à faire (99), Reines d’un jour (01), À boire (04) ou Et ta sœur (15), basée sur le couple Duvauchelle-Ana Girardot…

Burning

USA – 2018 – 2h15, de Spike Lee, avec John David Washington, Adam Driver, Laura Harrier…

Corée du Sud – 2018 – 2h28, de Lee Chang-Don, avec Ah-in Yoo, Steven Yeun, Jong-seo Jun…

En 1978 Ron Stallworth devient le premier policier afro-américain de Colorado Springs. Pendant des mois Stallworth se fait passer pour un suprémaciste blanc et contacte le KKK par téléphone ou par courrier pour ne pas être démasqué. Pour éviter d’être découvert, son collègue blanc Flip Zimmerman prend sa place lors des rendez-vous avec les membres du groupe suprémaciste et apprend ainsi qu’une opération meurtrière se prépare. Stallworth et Zimmerman font équipe pour neutraliser le Klan, dont le véritable objectif est d’aseptiser son discours ultraviolent pour séduire ainsi le plus grand nombre. Coécrit et réalisé par Spike Lee, le film, inspiré d’une histoire vraie, a remporté le Grand Prix au festival de Cannes 2018.

Lors d’une livraison, le jeune Jongsu, coursier – mais aussi écrivain en devenir – rencontre par hasard Haemi, une jeune fille fantasque qui habitait auparavant son quartier. Ce hasard fait bien les choses pour Haemi, qui lui demande de veiller sur son chat, le temps d’un voyage en Afrique. À son retour, la jeune fille présente à Jongsu, Ben, un homme mystérieux et jeune bourgeois sûr de lui qu’elle a rencontré dans le désert de Kalahari. Un jour, Ben révèle au coursier un bien étrange passe-temps… Pour son sixième film, le réalisateur de Petry (2010) dresse un triangle amoureux baigné par l’étrange mystère de chacun de ses membres, entre gravité et fantaisie. Inspiré de la nouvelle Les Granges Brûlées de Haruki Murakami, Burning en compétition au Festival de Cannes a reçu le Prix Fipresci de la Critique internationale.

Bonhomme

France – 2018 – 1h43, de Marion Vernoux, avec Nicolas Duvauchelle, Ana Girardot, Béatrice Dalle…

À la suite d’un accident de voiture, la vie de Piotr et Marilyn, jeune couple de la banlieue lilloise, va être bouleversée : à cause d’un traumatisme crânien Piotr, s’il garde son physique avantageux, n’a plus toute sa tête : il oscille entre l’apathie et l’hypersexualité débridée d’un animal en

Climax

France 2018 1h35, de Gaspar Noé, avec Sofia Boutella, Romain Guillermic, Souheila Yacoub...

C

Un groupe de danseurs se retrouve dans un lieu isolé pour faire la fête avant de partir pour les États-Unis. Mais, après ingurgitation accidentelle d’une drogue, la situation dérape...

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Éternel provocateur, Gaspar Noé (Irréversible, Enter the void) est aussi un cinéaste qui n’a pas son pareil pour mettre en scène le chaos. Il ne faillit pas ici en orchestrant un cocktail explosif. Le tout sur fond de danse et de musique électro quasi non-stop. Climax (qui est un point ultime, culminant dans une œuvre artistique) est un huis clos ébouriffant, peut-être son meilleur film, dont la caméra inspirée semble avoir capté le meilleur et le pire de notre époque, « le plus vital comme le plus déviant et létal » comme l’écrit Télérama. Avec une force visuelle qui a emballé les spectateurs qui ont découvert le film à la Quinzaine des réalisateurs du dernier festival de Cannes, Climax ressemble à l’une des expériences les plus impressionnantes de cette rentrée cinématographique.

Contes sur moi Voir pages Jeune Public

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De chaque instant France – 2018 1h45 – de Nicolas Philibert.

Spécialiste d’un documentaire qui tente de s’approcher au plus près des humains qu’il filme, Nicolas Philibert (Être et avoir, Le Pays des sourds...) porte cette fois sa caméra sur une école de formation d’infirmiers/infirmières, c’est-à-dire vers ceux et celles qui, très vite, vont se retrouver en première ligne face à des malades en souffrance. Des cours théoriques aux stages en passant par les travaux pratiques en école, sans négliger les « contraintes budgétaires » qui pèsent sur le quotidien des patients et des soignants,

F

De chaque instant s’annonce passionnant pour tous puisque nous pouvons tous nous retrouver entre les mains de ceux pour qui l’attention à l’autre doit être... de chaque instant. Vendredi 31 août, rencontre avec Nicolas Philibert, le réalisateur, après la projection de 19h45.

Dilili à Paris France – 2018 – 1h30, film d’animation de Michel Ocelot.

Dans le Paris de la Belle Époque, la petite kanake Dilili a été envoyée pour figurer dans un « village indigène » offert aux regards des Parisiens en quête d’exotisme. En compagnie d’Orel, un jeune livreur en triporteur, elle mène une enquête sur des enlèvements mystérieux de fillettes. En quête d’indices, elle rencontre des hommes et des femmes extraordinaires et découvre sous terre des méchants très particuliers, les MâlesMaîtres. Les deux amis lutteront avec entrain pour une vie active dans la lumière et dans une société ouverte… Le mondialement célèbre auteur de Kirikou, Princes et princesses et autres Azur et Asmar, a voulu filmer un petit manifeste pour apprendre au jeune public que les femmes ne doivent jamais se mettre à genoux. Son nouveau film a été très bien accueilli au dernier festival d’Annecy. Voir pages Jeune Public

Voir pages Jeune Public

Fortuna, 14 ans, en provenance d’Éthiopie et sans nouvelles de ses parents depuis qu’elle a débarqué sur les côtes italiennes, est accueillie, avec d’autres réfugiés, au monastère du Simplon, à 2000 mètres d’altitude, par une communauté de religieux catholiques. C’est là qu’elle rencontre Kabir, dont elle tombe éperdument amoureuse… Filmé en noir et blanc (superbes paysages de montagnes enneigées), entre documentaire et fiction, Fortuna, dont la richesse spirituelle ne fait pas oublier la dimension politique, a obtenu l’ours de Cristal à Berlin. « Un film sublime… un regard fort et touchant sur la question des migrants ».,

Si les frères Sisters sont des tueurs professionnels et que Charlie n’éprouve aucun état d’âme pour effectuer sa besogne, Élie, lui, voudrait passer à autre chose, pour enfin avoir une vie normale. Quand le Commodore les missionne pour retrouver Hermann Kermit Warm, un chercheur d’or qui l’aurait volé et qu’il ne veut revoir que les pieds devant, les deux frères entament une traque, impitoyable, qui va les confronter à ce qui les a toujours unis mais aussi à ce qui fait qu’ils sont deux entités distinctes. De l’Oregon à la Californie la route sera longue… Aucune contrainte n’arrête Jacques Audiard, bien au contraire même. Avec cette adaptation du roman de Patrick deWitt, il s’approprie les codes du western, une version personnelle, forcément, que l’on attend avec impatience !

Fraise et chocolat

Espagne/Mexique/Cuba – 1993 – 1h50, de Tomás Gutiérrez Alea et Juan Carlos Tabío,avec Jorge Perugorría, Vladimir Cruz, Mirta Ibarra, Francisco Gattorno...

E

Les Frères Sisters

France/États-Unis - 2018 - 1h57, de Jacques Audiard, avec Joaquin Phoenix, John C. Reilly, Jake Gyllenhaal…

Sources : dossier de presse.

Lundi 24 septembre à 17h, rencontre avec Michel Ocelot qui viendra présenter son film.

L’Envol de Ploé

Fortuna

2018 – Suisse, Belgique – 1h46, de Germinal Roaux, avec Kidist Siyum Beza, Bruno Ganz…

David, étudiant pauvre et militant communiste, rencontre Diego, intellectuel issu de l’ex-bourgeoisie cubaine et... homosexuel. Les deux hommes se rapprochent mais l’homosexualité reste un trop fort tabou pour David, qui se trouve dès lors déchiré entre d’une part son affection et son admiration pour Diego et, d’autre part, le mépris que lui inspirent les mœurs « décadentes » de ce dernier. Le scénario même du film peut être lu comme une allégorie de la situation cubaine tiraillée entre répression, orthodoxie communiste et désir d’émancipation, mais les deux réalisateurs ont (souvent...) opté pour le ton d’une comédie touchante.

Filmographie : Regarde les hommes tomber (1994), Un héros très discret (1996), Sur mes lèvres (2001), De battre mon cœur s’est arrêté (2005), Un prophète (209), De rouille et d’os (2012), Dheepan (2015).

Guy

France – 2018 – 1h41, d’Alex Lutz, avec Alex Lutz, Tom Dingler, Pascale Arbillot, Brigitte Roüan…

G

Gauthier est journaliste et sa mère, qui en est fan, se réjouit qu’il accepte de réaliser un documentaire sur Guy Jamet, LE chantre de ritournelles sentimentales depuis les années 60, vieille gloire sur l’éternel retour. Il va le suivre en tournée, le voir tout donner sur scène pour ses fidèles, l’écouter raconter sa vie et peu à peu tisser des liens avec lui… Si avec ce portrait d’idole cabossée et presque

Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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monstrueuse, Alex Lutz (méconnaissable et époustouflant) fait parfois sourire, jamais il ne réduit Guy à un vieux chanteur ringard, mais donne à voir un personnage complexe, pas forcément sympathique, conscient de ce qu’il a eu et qu’il n’a plus, et nous offre une réflexion mélancolique et émouvante, mais non sans cruauté sur le temps qui passe.

Le Grand cirque mystique Brésil – 2018 – 1h30, de Carlos Diegues, avec Jesuita Barbosa, Bruna Linzmeyer, Vincent Cassel…

Inspiré d’un poème de Jorge de Lima, porté par la musique solaire de Chico Buarque, le film de Carlos Diegues, l’un des fondateurs du Cinema Novo, raconte sur 100 ans la trajectoire d’une famille brésilienne propriétaire d’un cirque. Un film mystérieux où se mêlent réalisme et magie à travers plusieurs générations d’artistes audacieux, talentueux, passionnés, magiques et décadents. Projeté hors compétition à Cannes, le film présente, à travers un récit fluide et prenant, des scènes de cirque flamboyantes.

H

L’Histoire sans fin Voir pages Jeune Public

Hôtel Transylvanie 3 Voir pages Jeune Public

I

Invasion

Japon – 2018 – 2h20, de Kiyoshi Kurosawa, avec Kaho, Shôta Somatani, Masahiro Higashide…

Etsuko, ouvrière dans une usine de textile, remarque les absences de Tatsuo, son mari, lorsqu’il regarde par la fenêtre. Le ciel a pris une couleur étrange… Une de ses amies, Miyuki, est persuadée que sa maison est hantée. À l’hôpital psychia-

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trique où elle l’amène elle croise son mari, qui lui présente un nouveau médecin, Shiro Makabé, à qui il sert de guide. Etsuko instinctivement se méfie… Une atmosphère de menace diffuse, de complot souterrain, prend rapidement le dessus sur le thème classique de l’invasion de la Terre par des extraterrestres. Pas de petits monstres verts, de vaisseaux alambiqués ou d’armes foudroyantes, à peine quelques « signes » discrets, pas moins inquiétants. On reconnaîtra bien sûr l’argument du précédent film de Kurosawa, Avant que nous disparaissions. Cette réécriture, forcément intrigante, ne peut qu’attiser notre curiosité…

Leave No Trace

USA – 2018 – 1h49, de Debra Granik, avec Ben Foster, Thomasin McKenzie, Derek John Drescher…

Tom, une adolescente de 15 ans, et son père vivent en marge, dans une forêt à la lisière de Portland ; après s’être fait expulser de leur abri, la fille et le père se voient offrir une possibilité de retour à une vie « normale » : logement, lycée, travail... Tous les deux vont cependant vivre cette réadaptation différemment : Tom s’adapte plutôt bien à cette nouvelle vie alors que son père semble en souffrir. Cette ex-famille fusionnelle va-t-elle résister ou bien Tom choisira-t-elle le monde contre son père ? Avec Winter’s Bone (2010), D. Granik nous avait donné un premier film d’une grande intensité qui s’intéressait déjà à une adolescente marginale confrontée aux lois du monde extérieur ; une fois encore elle semble avoir trouvé un ton juste pour livrer des émotions non frelatées et une fois encore elle semble avoir trouvé une remarquable jeune actrice pour porter ce rôle.

Libre France – 2018 – 1h40, documentaire de Michel Toesca.

L

Deux hommes vivent dans la vallée de la Roya : Cédric Herrou, agriculteur, cultive ses oliviers et élève ses poules. Michel Toesca, son ami, s’empare de sa caméra, avec passion et enthousiasme, pendant trois années pour filmer Cédric. Ce dernier, avec d’autres habitants, décide d’accueillir et d’aider les réfugiés qui frappent à leur porte, fuyant les guerres, la misère, les dictatures... Le film montre l’esprit de résistance de militants qui, bien qu’ils soient accusés par la justice de « délit de solidarité »*, respectent la « fraternité » républicaine. Cédric Herrou, ce héros magnifique et ordinaire, reste humaniste et libertaire, envers et contre tout. Libre a été récompensé comme le meilleur documentaire de toutes les sélections du Festival de Cannes 2018. MS * Le Conseil constitutionnel a censuré le principe du délit de solidarité le vendredi 6 juillet 2018.

Ciclic et les Cinémas Studio proposent une avant-première le jeudi 20 septembre à 19h45, séance suivie d’une rencontre avec Michel Toesca le réalisateur.

M Mademoiselle de Jonquières

France – 2018 – 1h49, d’Emmanuel Mouret, avec Cécile de France, Edouard Baer, Alice Isaaz, Natalia Dontcheva, Laure Calamy…

Madame de La Pommeraye est une jeune veuve retirée du monde. Elle cède à la cour du marquis des Arcis, véritable libertin notoire. Après plusieurs années d’un bonheur sans faille, elle découvre l’infidélité du marquis. Toujours follement éprise de lui mais terriblement blessée, elle décide alors de fomenter une vengeance avec la complicité de Mademoiselle de Joncquières et de sa mère… Après Laissons Lucie faire (1999), Un bai-

ser s’il vous plaît (2007) et Caprice (2014), Emmanuel Mouret s’inspire d’un récit dans un roman de Diderot avec une histoire de désirs, de conflits, de sentiments et de questions morales qui ne vieillit pas. Le tout relevé par la brillance des arguments des personnages qui ne manquent pas du piquant langagier de l’époque !

Le Monde est à toi

France – 2018 – 1h34, de Romain Gavras, avec Karim Leklou, Vincent Cassel, Isabelle Adjani…

Dealer de banlieue en quête de légitimité, François rêve de devenir le distributeur officiel de la franchise « Mister Freeze » sur le territoire marocain, alors qu’il vit encore auprès d’une mère flambeuse et castratrice qui dilapide tout son pécule au jeu. Pour se renflouer il part en Espagne réceptionner une cargaison de résine de cannabis accompagné d’un beau-père margoulin, d’une amie michetonneuse et d’un duo explosif de petites frappes nommées toutes deux Mohammed… Pour son 2e film, Romain Gavras, réputé pour ses clips musicaux, ne laisse pas les critiques indifférents : il réussit un film d’une efficacité narrative et comique rare pour les uns (à travers les bourdes en série d’une bande de pieds nickelés)… ou un polar tape-à-l’œil pour les autres.

Mon voisin Totoro Voir pages Jeune Public

Okko et les fantômes

VO & VF

Japon – 2017 – 1h35, VO VF animation de Kitaro Kosaka.

Samedi

22 septembre 14h15

O

Okko, petite fille pleine de vie et d’énergie, a perdu ses parents et part vivre à

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la campagne chez sa grand-mère, qui tient une auberge. Bienveillante et très affectueuse envers sa petite fille, la grand-mère entend bien qu’elle reprenne plus tard la direction de l’auberge. Dans ce monde nouveau pour elle, très différent de la vie qu’elle a connue jusqu’alors, la petite fille pourra compter sur l’aide bienveillante de « fantômes » et en particulier celle de Uri-Bo. Kosaka, qui a contribué à plusieurs films de Miyazaki (Nausicaä, Le Château dans le ciel) mais a aussi signé l’animation du Tombeau des lucioles, réalise ici son premier long métrage, apparemment très en phase avec les grandes productions des studios Ghibli. Voir pages Jeune Public

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Paranoïa

USA – 2018 – 1h38, de Steven Soderbergh, avec Claire Foy, Joshua Leonard, Amy Irving...

Sawyer se rend un jour dans une clinique pour consulter un psychologue... et se retrouve internée en psychiatrie. Elle commence par se persuader que cet internement abusif est dû à la malveillance de la clinique, qui entend bien la garder jusqu’à ce que sa mutuelle ne puisse plus payer. Mais la clinique accueille aussi un homme qui l’a jadis harcelée et semble avoir changé d’identité... Tous les efforts qu’elle fait pour obtenir sa libération ne font bien sûr que confirmer les médecins dans leur diagnostic... Qui est fou ? Qui est malfaisant ? Soderbergh a une nouvelle fois renoncé à prendre sa retraite et nous ne pouvons que nous en réjouir tant ce nouveau film semble confirmer qu’il n’a rien perdu de son talent pour les intrigues retorses, les situations ambiguës et les personnages louches...

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lieux de son pays. Le Poirier sauvage met en son cœur les relations père/fils et multiplie plans et séquences inoubliables. Incroyable de maîtrise, de lyrisme et d’audace tranquille, c’est l’œuvre d’un cinéaste au sommet de son art, qui nous embarque dans un voyage d’un peu plus de trois heures dont on ressort absolument ravi. JF

Le Père d’Italia

Italie – 2018 – 1h32, de Fabio Mollo, avec Luca Marinelli, Isabella Ragonese, Anna Ferruzzo…

Paolo est un jeune trentenaire solitaire et introverti qui travaille comme vendeur dans un magasin de Turin. Homosexuel, il vient de rompre avec son compagnon de longue date, qui avait des désirs de mariage et de famille. Mais un soir, Paolo se retrouve à secourir Mia, une jeune femme enceinte de plusieurs mois, qui s’est évanouie dans ses bras. Exubérante et fantasque, Mia lui demande de l’aide. Paolo, en l’hébergeant, commence alors à ses côtés un voyage riche en rebondissements à travers l’Italie. Cette expérience va le changer… Après plusieurs courts métrages, documentaires et un premier long-métrage Le Sud, sinon rien (2013) – sélectionné à plusieurs festivals dont Viva il Cinema à Tours – le réalisateur calabrais présente Le Père d’Italia.

Première année

France – 2018 – de Thomas Lilti, avec Vincent Lacoste, William Lebghil…

Pour la troisième fois, Antoine recommence sa première année de médecine. Benjamin arrive directement du lycée, mais il réalise rapidement que cette année ne sera pas une promenade de santé. Dans un environnement compétitif violent, avec des journées de cours ardues et des nuits dédiées aux révisions plutôt qu’à la fête, les deux étudiants devront s’acharner et trouver un juste équilibre entre les épreuves d’aujourd’hui et les espérances de demain. Après Hippocrate et Médecin de campagne, Thomas Lilti, ancien médecin devenu réalisateur, continue à disséquer le milieu médical avec son regard qui mêle humour, tendresse et romantisme. Il retrouve le phénoménal Vincent Lacoste, qui avait reçu le césar du meilleur acteur pour Hippocrate en 2015. Il forme un formidable duo avec William Lebghil dans ce milieu hyper compétitif qui ressemble à un laboratoire… de monstres.

Le Poirier sauvage

Turquie – 2018 – 3h08, de Nuri Bilge Ceylan, avec Dogu Demirkol, Murat Cemcir, Bennu Yildirimlar...

Sinan a terminé ses études et revient dans sa ville natale. Aspirant écrivain, il met toute son énergie à essayer de trouver l’argent qui lui fait défaut pour publier à compte d’auteur son livre Le Poirier sauvage. Mais les dettes de son père le rattrapent bientôt... Après le triomphe (palme d’or à Cannes) de Winter Sleep, Le Poirier sauvage signe le retour de Nuri Bilge Ceylan, auteur de nombreuses réussites (Les Climats ou Il était une fois en Anatolie, entre autres) et c’est là une nouvelle splendeur d’un auteur qui sait se renouveler. Le film transforme l’intimisme parfois amer de son sujet en une épopée qui est à la fois une chronique familiale et un état des

Q R

Le Quatuor à cornes Voir pages Jeune Public

Reine d’un été Voir pages Jeune Public

Sauvage

France – 2018 – 1h39, de Camille Vidal-Naquet, avec Félix Maritaud, Éric Bernard, Philippe Ohrel...

S

Léo a 22 ans et vit dans un squat. Pour de l’argent il se vend dans la rue aux hommes qui veulent de lui, mais lui, en demande d’amour et de liberté, ne sait de quoi demain sera fait... Ce premier long-métrage d’un enseignant en analyse filmique, très remarqué à la Semaine internationale de la critique du dernier festival de Cannes, questionne la norme et la quête fondamentale des êtres. Brut, radical, érotique et impressionnant de maîtrise sont les qualificatifs qui reviennent le plus souvent et toutes les critiques soulignent également le travail sur l’image, souvent nocturne, du directeur de la photographie, Jacques Girault. Mais les éloges sont les plus nombreux sont ceux qui concernent la performance de Félix Maritaud, découvert dans 120 battements par minute de Robin Campillo et revu récemment dans un petit rôle d’Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez, récompensé à Cannes par le Prix de la révélation.

Shéhérazade

France – 2018 – 1h49, de Jean-François Marlin, avec Dylan Robert, Kenza Fortas…

À 17 ans, lorsqu’il sort de prison, Zachary est rejeté par sa mère. Il traîne alors dans les quartiers populaires de Marseille où il rencontre Shéhérazade, une jeune prostituée... Après avoir reçu l’Ours d’or du court métrage en 2013 avec La Fugue, Jean-Bernard Marlin est retourné dans la ville de son enfance tourner un premier film incandescent, basé sur un fait divers réel, ses souvenirs et ses sensations. Tordant le cou à la tentation documentaire pseudoréaliste, il raconte une histoire d’amour fou

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entre deux jeunes adolescents, en refusant de faire la distinction entre film de genre et poésie. On cite Brian de Palma, Pasolini, Nicholas Ray, à propos de ce jeune réalisateur talentueux qui a séduit le public de la Semaine de la critique au dernier festival de Cannes, avant de partager le prix Jean Vigo avec Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. Un film lyrique et brûlant qui signe la naissance d’un réalisateur.

Sofia Film du mois, voir au dos du carnet.

Sur la plage de Chesil GB – 2017 – 1h50, de Dominic Cooke, avec Saoirse Ronan, Billy Howle…

Dans une Angleterre encore très corsetée en cette année 1962, Florence et Edward, tous deux très jeunes, se marient et vont passer leur nuit de noces. Elle : jeune violoniste issue d’un milieu fortuné et conservateur. Lui : aspirant historien, de milieu beaucoup plus modeste. Pour eux, tous deux vierges et confrontés à leurs peurs, à leurs inhibitions, aux diktats sociaux et moraux de l’époque, cette nuit aura tout d’une épreuve de vérité… Film très bien accueilli par les critiques.

T

The Last Of Us

Tunisie – 2016 – 1h34, de Eddine Slim, avec Fathi Akkari, Jawher Soudani…

Après une difficile traversée du désert, un jeune Africain se retrouve dans une ville du littoral méditerranéen qu’il finit par quitter sur une barque volée ; après avoir fait naufrage, il débarque sur ce qui ressemble à une île, où il rencontre un étrange Robinson qui l’initiera à une vie nouvelle dans une forme de symbiose

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son aile pour lui apprendre le métier. Il y fait la rencontre de Marion, qui a une dizaine d’années de plus que lui et dont il tombe immédiatement amoureux… La comédie romantique que l’on imagine au bout de quelques scènes va finalement prendre un chemin beaucoup plus amer. Vraie-fausse romance dans les rayons d’un supermarché, Une valse dans les allées est la troisième réalisation de Thomas Stuber, un jeune Allemand encore méconnu chez nous.

avec la Nature-Mère. Doublement primé à la Mostra de Venise, Tanit d’or au festival de Carthage, ce premier film insolite propose un voyage initiatique dont la beauté picturale peut faire penser aux films de Carlos Reygadas, tout en soulevant les questionnements existentiels des personnages de Nuri Bilge Ceylan. Un cinéma déstabilisant qui ouvre un grand nombre de pistes de lecture (de l’enfant à l’intellectuel exigeant).

V

Thunder Road

USA – 2018 – 1h31, de Jim Cummings, avec Jim Cummings, Kendal Farr, Nican Robinson…

Abdelkader est vigile dans un centre commercial de Meknès ; Malika est

« Aujourd’hui maman est morte » : ainsi s’ouvre Thunder Road, avec un incroyable plan séquence de 10 minutes qui cadre de plus en plus serré un flic en uniforme qui prononce l’éloge funèbre de sa mère. À travers l’histoire tragi-comique de ce Texan en pleine crise existentielle, c’est le portrait d’une Amérique vacillante que nous donne à voir Jim Cummings, à la fois acteur, réalisateur, producteur et compositeur. Les critiques ont unanimement encensé « Le grand film américain de Cannes à l’ACID… la révélation la plus excitante depuis longtemps au sein d’un cinéma indépendant US souvent trop sage et sclérosé…» ; et tous ont souligné la performance phénoménale de Cummings, toujours sur le fil, passant d’une émotion à l’autre, « une des personnalités les plus originales du cinéma américain »

Une valse dans les allées Allemagne – 2018 – 2h05, de Thomas Stuber, avec Sandra Hüller, Franz Rogowski, Peter Kurth…

Christian perd son emploi sur un site de construction suite à une imprudence. Il retrouve un job dans un magasin. Bruno, un chef de rayon, le prend sous

Volubilis

France, Maroc – 2018 – 1h45, de Fouzi Bensaïdi, avec Mouhcine Malzi, Nadia Kounda…

femme de ménage chez un couple de nantis. Ils s’aiment, viennent de se marier, rêvent d’avoir leur maison mais n’ont d’autre choix que de vivre chez leurs parents, ce qui exclut tout moment d’intimité. Quand Abdelkader perd son travail et se fait tabasser par les hommes de main d’un patron tout puissant, le film tourne à la tragédie grecque. Tandis que l’humiliation, la pauvreté et l’injustice écrasent les faibles, la seule voix qui retentit est celle des riches, inconscients du monde qui les entoure. Faouzi Bensaïdi signe un film politique qui porte un regard très critique sur la situation économique du Maroc et laisse entrevoir une révolte prête à éclater.

PROCHAINEMENT : I feel good de Benoît Delépine et Gustave Kervern Amin de Philippe Faucon

L'État contre Mandela et les autres de Nicolas Champeaux et Gilles Porte

Nos batailles de Guillaume Senez

The house that Jack built de Lars Von Trier

Girl de Lukas Dhont

Lundi 17 septembre - 14h30 & 17h30

Mémoire filmée de Tours Films amateurs sur Tours entre 1920 et 1978

U

Venez découvrir Tours de 1920 à 1978, à travers des images tournées par des cinéastes amateurs. Scènes familiales tournées en 1920, le jardin botanique en 1935 , la fête foraine et son défilé de chars décorés en 1937, mais

Capharnaum de Nadine Labaki

Cold war de Pawel Pawlikowski

aussi Tours en temps de guerre, la visite de Charles de Gaulle en 1960, les vendanges à Vouvray ou encore l’effondrement du pont Wilson en 1978. Commentaires de Jean-Benoît Pechberty du Pôle patrimoine de Ciclic. Durée : 1h. Tarif unique : 3 €

Lundi 17 septembre - 19h30 Soirée d’ouverture

La Garçonnière

de Billy Wilder – 1960 – USA Noir et blanc – 2 h – avec Shirley MacLaine et Jack Lemmon.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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Rencontre avec Jean-Pierre Améris

Ici ` LE PETIT NICOLAS DANS LA COUR DES GRANDS Petit à petit Nicolas Maury fait son nid dans le cinéma français : remarqué dans la fameuse série initiée par Dominique Besnehard Dix pour cent, il a préalablement enchaîné des petits rôles chez P. Chéreau, P. Garrel mais aussi chez E. Bercot, O. Assayas, N. Klotz, N. Lvovsky ou R. Sattouf. Il accède désormais à des partitions plus importantes comme dans le récent Un couteau dans le cœur de Yann Gonzalez. Il va maintenant passer derrière la caméra avec Le Beau personnage, dans lequel il s’est également attribué le premier rôle. Un film qu’il définit comme « une comédie dans l’esprit des premiers Nanni Moretti, où il sera question d’un été de désastres et d’échecs. J’ai envie de faire une comédie très glamour, très belle, comme on n’en fait plus trop ».

Fidèle parmi les plus fidèles de nos réalisateurs amis, Jean-Pierre Améris est venu dans nos salles à la sortie de chacun de ses films. Onzième long métrage oblige, c’est donc la onzième fois qu’il vient rencontrer le public des Studio – « ma salle de cinéma préférée en France » – pour présenter Je vais mieux devant une salle archicomble.

` NAISSANCE D’UNE PASSION Onze ans après Naissance des pieuvres, Céline Sciamma retrouve celle qui a été révélée par le film, même si on avait déjà pu admirer ses talents de comédienne dans Les Diables de C. Ruggia alors qu’elle avait treize ans, Adèle Haenel. Portrait de la jeune fille en feu, fresque des sentiments et du désir, qui se déroulera sur une île isolée de Bretagne, à la fin du XVIIIème siècle, quand une peintre est mandatée pour faire le portrait de mariage d’une jeune femme. La réalisatrice précise qu’elle veut raconter « le présent d’un amour vécu mais aussi sa longue résonance en nous, qui console de l’avoir perdu ».

et ailleurs ` DEMAIN EST UN AUTRE JOUR ? On l’avait laissé fuyant, en compagnie de sa mère, un père devenu fou (interprété par l’inoubliable et terrorisant Jack Nicholson), errant dans le labyrinthe enneigé de l’hôtel Overlook. Avec Doctor Sleep, Stephen King propose de retrouver Danny Torrance et son shining : une suite qui ne pouvait manquer d’attirer l’attention de producteurs et de réalisateurs. Presque quarante ans après le grand Kubrick, c’est Mike Flanagan qui relèvera le gant derrière la caméra et c’est Ewan McGregor qui incarnera ce Danny devenu un adulte torturé par ses fantômes et en proie à l’alcoolisme hérité de son père. Alors qu’il décide de reprendre sa vie en main et de décrocher de ses addictions, Danny voit son shining et ses pouvoirs psychiques refaire surface : il décide de les mettre au service des autres.

` AUTO-DÉVORATION Harvey Weinstein, le désormais Banni du septième art, devient malgré lui, une égérie de ce même cinéma : un premier projet est déjà annoncé sous la houlette de… Brian de Palma ! Ce long-métrage devrait s’intituler Predator et sera un film… d’horreur. IG

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Jean-Pierre Améris aux Studio © Roselyne Guérineau

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omme pour Les Émotifs anonymes, qui puisait largement dans le vécu du réalisateur, Je vais mieux, sa troisième comédie, suit le parcours d’un homme qui lui ressemble fortement, surtout quand il a le dos coincé ! C’est parce qu’il s’identifiait au personnage du livre de David Foenkinos qu’il l’a adapté tout en prenant les libertés qui s’imposaient par rapport au roman pour coller à son histoire personnelle. Eric Elmosnino interprète Laurent, le héros malheureux, et « comme pendant le tournage j’ai plusieurs fois eu mal au dos, il me regardait et savait comment il fallait qu’il soit ». Ce personnage lunaire qui prend sur lui en permanence est un peu décalé, à l’image de l’ensemble du film qui nous montre des rues sans voitures ni piétons, des décors sans éléments anecdotiques – un cabinet de psychologue entièrement vide et blanc, l’accueil futuriste d’un bureau d’architecture… – l’absence de téléphones portables… Dans ce monde en flottement les personnages ne se comprennent pas, restent centrés sur leurs maux, qui finissent par être les révéla-

teurs de ceux de notre société : les problèmes de couple, la souffrance au travail, l’incommunicabilité. « Le corps se révolte contre ce que le cerveau accepte ; j’en fais souvent l’expérience » nous dit le réalisateur, qui explique que pour s’en sortir il faut trouver d’où vient cette douleur qui nous anesthésie et sortir de son narcissisme pour refaire le chemin qui va de l’un vers l’autre. Je vais mieux prend alors la forme d’un récit initiatique et nous suivrons, sous forme de saynètes qui s’enchaînent, les étapes successives franchies par le héros qui, progressivement, s’ouvre aux autres. Car il ne s’agit pas seulement de régler ses comptes, comme il décide de le faire. À cet égard les scènes où il se confronte à ses parents sont très révélatrices. On apprendra que Lise Lametrie et Henri Guybet forment un couple très voisin de celui des parents d’Améris, jusqu’au décor de leur intérieur reconstitué avec soin. Or les rapports qu’ils ont entretenus ne sont pas aussi simplistes que ce qu’en percevait leur fils avant d’aller vers eux.

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l est entendu que le rôle du traducteur est crucial dès lors que le film que vous regardez n’a pas été tourné dans votre langue maternelle ou dans une autre langue que vous maîtrisez plus ou moins bien. Les contraintes seront évidemment différentes selon que l’on aura affaire à du doublage ou à du sous-titrage.

De même le couple d’amis en apparence si parfait se révélera vivre dans le mensonge. Tous les deux, présentés comme des personnages miroirs, finissent par plonger tandis que leur protégé Laurent se reconstruit. C’est parce qu’on n’est plus seulement concentré sur soi qu’on découvre que les autres peuvent souffrir, nous répète le réalisateur. Et « pour se sauver de sa névrose, il faut faire : que ce soit un film, une activité physique… », faire avec ou pour les autres. D’où l’idée de la passerelle, projet qui permet non seulement de faire, mais aussi de relier, de permettre de se rencontrer. Après avoir subi et été longtemps dans la retenue, la renaissance passe par une phase de débordement affectif et les rapports en sont transformés. Le héros l’exprime dans des scènes très drôles avec sa fille et son compagnon, sa femme ou ses parents… Avec Pauline (sa nouvelle amie, qui lui fait tant de bien), le film prend des allures de comédie romantique quand « le mal de dos reconnaît le mal de ventre » !

férer les scènes à fort contraste entre les personnages afin de privilégier l’aspect comique. Comme à son habitude Jean-Pierre Améris ne s’est pas contenté de mettre en scène ses problèmes. Le temps du débat, il nous en a parlé avec une touchante sincérité, nous a fait partager son expérience, son vécu : « Quand je suis allé aux Émotifs anonymes, je me suis rendu compte que je n’étais pas seul… C’est en confrontant mon expérience avec les autres et grâce à ma passion pour le cinéma que je m’en sors… Tout seul je n’irais nulle part mais grâce aux films, je suis allé partout (chez les aveugles, en prison…), et je peux partager avec vous ». Et il conclut en nous disant : « Merci, ce fut SB vraiment une belle soirée ».

Pour le doublage il faut, dans l’idéal, trouver une traduction d’une longueur aussi égale que possible à la longueur du dialogue à traduire (et l’on pourrait même ajouter qu’il serait souhaitable que l’essentiel des consonnes, dans les deux langues, soient articulées de la même manière tant il est facile de voir que si votre personnage prononce un « n » tandis que le doubleur articule un « b », les deux réalisations ne « colleront » pas). Pour le sous-titrage les contraintes sont différentes mais pas moins exigeantes. Ici il faudra composer avec les éventuels chevauchements des voix des différents acteurs mais, surtout, réussir à « caser » toute l’information du dialogue original dans une longueur de texte qui soit rapidement lisible pour le spectateur. D’autres contraintes existent évidemment, notamment culturelles. Il s’agit entre autres de phrases qui ne seront pas « décodables » par quelqu’un ne parlant pas la langue du pays parce qu’elles relèvent du jeu de mots ou de l’allusion culturelle. Comment traduire « tonton » dans un film d’espionnage français qui ferait allusion à F. Mitterrand, par exemple ? Les dernières (?) difficultés tiennent néanmoins aux spécificités des langues elles-mêmes : lorsque

vous traduisez un film anglophone, dans la mesure où le « you » est aussi bien familier que poli, comment décider à coup sûr que deux personnages se tutoient ou se voussoient ? L’une des scènes cruciales de Désobéissance, de Sebastian Lelio, repose précisément sur cette ambiguïté. Esti, jeune femme juive orthodoxe, est mariée à Dovid, qui doit être publiquement intronisé rabbin. Peu auparavant Dovid a découvert que son épouse était amoureuse d’une femme, Ronit, une amie d’enfance des deux époux. Esti, respectueuse du pouvoir de son mari, lui a demandé de lui redonner sa liberté : elle ne veut pas partir s’il ne lui en donne pas l’autorisation. Lors du discours de réception que Dovid doit faire à la synagogue devant l’assemblée, ce dernier choisit de disserter sur la liberté humaine, le libre arbitre dont il dit que Dieu a doté les hommes. C’est alors qu’il répète à plusieurs reprises « you are free », message qui peut soit être considéré comme s’adressant à la communauté (« vous êtes libres ») soit à son épouse, présente dans la synagogue (« tu es libre ») ; l’assistance ne peut que comprendre la première interprétation alors qu’Esti est capable de saisir l’ambiguïté voulue par Dovid. Mais le sous-titreur ne dispose pas de formule d’une ambiguïté équivalente, il n’est pas « libre », il DOIT choisir entre « tu » et « vous ». Il serait absurde d’imaginer que Dovid fasse son discours public à la seule intention de sa femme aussi les sous-titres disent-ils bien « vous êtes libres », il n’est pas possible d’hésiter trop longtemps, mais je suis prêt à parier que le traducteur ou la traductrice a dû regretter quelques instants de ne pas disposer de la même souplesse qu’en anglais... ER

Alors que le tournage de Je vais mieux fut relativement court (35 jours), son montage fut beaucoup plus long et complexe : il fallait garder le tempo, ne pas hésiter à couper et pré-

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Les rédacteurs ont vu :

How To Talk To Girls At Parties Cette version punk du Rocky Horror Picture Show, brillamment mise en scène et savoureusement épicée, gagne sur tous les tableaux : science-fiction vintage pleine de clins d’œil et de choix esthétiques joyeusement kitsch, comédie dramatique touchante sans être mièvre, document sociologique intéressant, pittoresque reflet de la musique punk et de l’underground londonien des années 70... Aucune fausse note. Un vrai régal. AW Voilà un film très agréablement déjanté où l’on découvre que même les punks rêvent d’histoires d’amour et pourquoi pas avec une délicieuse et extravertie extraterrestre. DP

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Une célébration des marges en pleine ère punk, avec ambiance zinzin et fiestas nombreuses au programme. Peutêtre un peu foutraque mais ô combien réjouissant. JF Que dire de cet objet assez délirant punko-romantico-psychédélique ? Autrement dit : une guimauve ado avec latex extra-ordinaire et élucubrations hurlantes… Un oubli réconfortant : Nicole Kidman d’une énergie phénoménale et qui n’a vraiment peur de rien. Non, décidément, le punk, c’est pas mon truc. MS

Avec le latex qui est si sex’, le punk, ça décoince tous les sens de la tête aux pieds et plus si affinités... ça n’empêche pas, tout en contestant l’ordre établi et en prônant la liberté individuelle, d’être in love et d’avoir une progéniture... mais un brin martienne tout de même ! RS Rencontre du 4e type pour cet Objet Visuel Non Identifiable, télescopage improbable de l’esthétique futuriste des années 60 et de la No Future attitude : il fallait oser. John Cameron Mitchell ose. Tout. C’est kitsch, délirant, un peu indigeste au départ, mais on finit par se laisser entraîner à cette grande orgie musicale, menée par la grande prêtresse Kidman ! IG

Tout à fait jubilatoire tant John Cameron Mitchell prend un plaisir manifeste à organiser d’incessants dérapages parfaitement contrôlés. Ce mélange SF/musique/quasi documentaire social ose à peu près tout et s’en sort brillamment. On y retiendra que les aliens sont manifestement plus ouverts sexuellement que les punks et l’on pourrait même se demander si leur goût pour la sodomie n’aurait pas signé la défaite du mouvement punk tant celui-ci semble d’un seul coup assez coincé ! ER

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Rencontre avec Yann Gonzalez

qu’elles risquaient de faire écran à la narration ». (La Nuit américaine, F. Truffaut)

L’OMBRE ET LA LUMIÈRE

Le 12 juin dernier Yann Gonzalez, réalisateur des Rencontres d’après minuit, était de retour à Tours un an après le tournage de Un Couteau dans le cœur, « cet attentat bizarre » comme il le qualifie lui même.

Malgré un rôle sombre, voire ingrat, Vanessa Paradis vient incontestablement éclairer ce film où les scènes de nuit sont nombreuses : « c’est une personnalité magnifique, dont la rareté lui donne une force manifeste quand elle arrive sur un plateau. Elle a envie d’aller vers des zones obscures qui la bousculent. C’est important que ce soit une actrice populaire car elle donne de son aura à ces personnages de l’ombre : elle permet de mettre leur marginalité en lumière ». UN AIR DE FAMILLE

Yann Gonzalez aux Studio © Dominique Plumecocq

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l s’est montré fort disert avec les spectateurs, venus en nombre à cette avant-première organisée par Désir, Désirs… en partenariat avec Ciclic Région Centre Val de Loire ! Un réalisateur qui tout en exprimant son bonheur de retrouver certains figurants (d’autant que la veille il s’était vu décerner le Prix Jean Vigo) et de se remémorer la joyeuse ambiance de tournage, a tenu à rappeler l’importance de l’aide à la production (quelque peu remise en cause) dispensée par les Régions. TRAIN FANTÔME

Pour Yann Gonzalez ce film est une sorte de train fantôme : il relève du mélo, mais aussi du policier, provoque le rire et est plein de ruptures de tons. « On ne sait pas ce qui va se passer d’une scène à l’autre : avec le scénariste, on voulait être surpris. On avait aussi envie d’être sérieux tout en n’ayant pas peur d’être idiots, d’où parfois des scènes grotesques, absurdes. Il n’est pas incompatible de faire un film qui s’appelle Fureur Anale et de pleurer parce que l’on a un chagrin

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d’amour », comme c’est le cas du personnage interprété par Vanessa Paradis, Anne, productrice et réalisatrice de films pornos gays, en plein psychodrame amoureux car sa compagne et monteuse veut mettre un terme à leur histoire. Précisons qu’en même temps son entourage est décimé par une série de meurtres mystérieux. LES 3 PETITS COCHONS À un spectateur qui pointait la fréquence du motif de l’oeil dans le film, Yann Gonzalez explique qu’effectivement « l’oeil est partout, même sur le tee-shirt d’une des victimes, car le film traite du voyeurisme et de la pulsion scopique du cinéma. Ce thème est lié aussi à la première image du traumatisme, cette scène qui n’aurait pas dû être vue (et qui, parce qu’elle l’a été, sera à l’origine du premier drame : l’incendie de la cabane et la première mort). Elle illustre le côté dérobé du regard. » Il précise aussi que « le film n’est pas un film sur la pornographie mais un film qui se passe dans le milieu de la pornographie. Je ne me suis pas réfréné pour les scènes de sexe car je n’en avais pas besoin dans ce film-là, d’autant

Yann Gonzalez revendique la volonté de « défendre toutes les formes de cinéma sans hiérarchie et d’avoir recours dans un cinéma dit classique à des techniques marginales, comme le flicker, utilisé plus couramment dans un cinéma expérimental, ou le négatif, mais aussi d’expérimenter des choses pas vues ailleurs ». Pour lui un tournage est une histoire de famille : « on réapprend sur chaque film. L’expérience c’est savoir de mieux en mieux s’entourer. Moi j’orchestre le film mais il se construit avec les techniciens, les acteurs… avec certains acteurs, comme Kate Moran, on se retrouve de film en film. On vieillit ensemble ». Sa famille de cinéma est aussi constituée du réalisateur Bertrand Mandico (Les Garçons sauvages) qui interprète le chef opérateur dans le film. « C’est un frère de cinéma. Il fait un cinéma onirique, érotique. C’était pour moi naturel de l’inviter sur le film, d’autant qu’il a une dégaine incroyable et qu’il

sait manier une caméra 16 mm, puisqu’il cadre lui-même ses films. Quant à Hervé Joseph Lebrun, il a été mon conseiller sur le porno gay français. Patrick Chiha (Domaine) a défendu le film auprès du CNC et à la Commission d’Avance sur recettes. J’aime beaucoup son cinéma. Je lui dois beaucoup ». Notons également, au détour de quelques plans, la présence du réalisateur et comédien Jacques Nolot. LA CITÉ DE LA PEUR La question de la sélection du film au Festival de Cannes ne pouvait pas ne pas être abordée: « j’ai ressenti de la surprise et de la fierté. D’autant qu’il y avait beaucoup de suspense puisqu’il a d’abord été question d’Un Certain Regard puis finalement de la compétition officielle. C’est un rêve de gosse qui se réalise même si le film n’y était pas forcément à sa place en raison de sa bizarrerie et de sa volonté politique de mettre en lumière des gens à la marge. Le film a clivé. Certains ont trouvé que c’était un nanar, ce qui est totalement assumé : je n’établis pas de hiérarchie dans les images. Il y a de la beauté partout, il faut juste être assez ouvert pour la voir. De la pure poésie peut jaillir d’une série B ou Z ». Ne doutons pas que Yann Gonzalez reviendra aux Studio nous parler avec autant d’enthousiasme du prochain « attentat bizarre » qu’il ne manquera pas de commettre! IG

Retrouvez une vidéo de cette rencontre sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio. Les CARNETS du STUDIO n° 370 – Septembre 2018 –

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Rencontre avec Bruno Podalydès

Bruno Podalydès commence par se féliciter de trouver une salle comble à cette époque tardive de l’année et en conclut qu’une telle fidélité est un bon indicateur du travail de fond que les Studio effectuent ici.

pense que Hergé a dû être influencé par Bécassine ! Pourquoi avoir tourné dans le Perche plutôt qu’en Bretagne ? Bécassine est bien plus universelle que bretonne. En fait, dans la bande dessinée il faut attendre 8 ans pour que l’histoire s’ancre en Bretagne. J’avais bien trouvé un château breton parfait pour le tournage, avec une superbe vue sur la mer, mais lorsque le propriétaire a su que c’était pour tourner Bécassine, il a refusé. Par ailleurs, nous voulions un décor plus « générique » que spécifiquement breton, une sorte de campagne « rêvée », un peu comme celle qui figurait dans les vieux livres d’école. Être acteur ET réalisateur ?

Bruno Podalydès aux Studio © Nicole Joulin

Interrogation sur le point d’exclamation

Pourquoi un point d’exclamation dans le titre : Bécassine ! Réaliser ce film n’était pas gagné d’avance ; on rencontrait beaucoup de difficultés ; le personnage de Bécassine est soit peu connu des gens, soit entouré de nombreux préjugés défavorables. Le récit aussi est atypique, il y a peu de péripéties. Et pour compléter le tout, je tenais absolument à cette actrice, Emeline Bayart, qui était une quasi inconnue. Le point d’exclamation est donc en quelque sorte « revendicatif » … Bécassine hier et aujourd’hui

Bécassine est un personnage très riche, à multiples facettes, pour la petite Loulotte elle fait office de père et de mère, elle a l’air simplette mais elle veut conduire une voiture et déborde d’imagination pour des inventions surprenantes...

Françoise Dolto citait Bécassine en exemple d’une éducation qui évite la violence et met adulte et enfant sur un pied d’égalité, autrement dit un mélange d’attitudes assez modernes. Et bien sûr, c’est intéressant de mettre en valeur certains côtés méconnus du personnage.

Justement, en parlant de l’adaptation de la bande dessinée, qu’est-ce qui a été rajouté ou modifié ? Dans quelle direction avez-vous travaillé ? J’ai surtout travaillé à partir des images de la bande dessinée plus que des idées de scénario ; ce sont les images originales qui suggèrent des scènes, des idées d’autres images, cinématographiques cette fois. Mais je ne tenais pas à ce que l’époque où les lieux soient trop identifiables, j’ai essayé d’en faire quelque chose de plus neutre, de moins marqué historiquement. Le personnage de Rastaquoueiros, ce marionnettiste escroc, existe-t-il dans les livres originaux ? Non, il fait justement partie des ajouts, le nom a été choisi en hommage à Tintin et je

Vous êtes metteur en scène mais aussi acteur, chez vous comme chez d’autres... Quelle différence de travail y a-t-il entre tourner pour vous-même et tourner pour d’autres ? Chez les autres (Zem ou Corsini, par exemple), j’ai surtout des petits rôles, donc l’approche est déjà différente, vous êtes invité sur un tournage quelques jours et après c’est fini ; mais, surtout,

je trouve cela plus difficile de tourner pour d’autres parce que, là, on doit se plier aux demandes des réalisateurs, on ne prend pas les décisions soi-même... Et la musique dans tout ça ?

La musique semble très importante dans ce film, pourquoi ne feriez-vous pas un vrai film musical ? J’y pense souvent, j’aime bien mettre de la musique en direct sur le plateau ; ça apporte une sorte de magie ; les acteurs fonctionnent autrement, c’est plus amusant et ça peut même amener des sortes de petites chorégraphies. Mais je n’ai pas l’esprit à faire une comédie musicale par exemple. Pour cela, il faut tout tourner à partir de la bande-son, de la musique préalablement enregistrée et c’est vite très pesant parce que l’improvisation et les changements de dernière minute deviennent impossibles. Ici je n’avais pas envie de musique qui « tombe du ciel », écrite spécialement pour le film, j’ai donc choisi des musiques très connues de tous, Vivaldi, Mozart, Bach... mais aussi des choses moins connues, comme ce traditionnel sicilien joué au piccolo qui ouvre le film. Parce que j’ai été tellement ébloui enfant par le Pinocchio de Comencini et que je voulais garder une musique italienne pour ce projet. Mais comme j’aime mélanger des choses qui n’ont rien à voir, l’idée pour moi, c’était de réussir à faire un film qui irait d’un point (l’air italien au tout début) à un autre (une valse de Chopin à la fin) ! Et je suis passé par une musique grecque, dans l’idée que cette famille était capable d’accueillir l’étranger qui débarque chez eux, ce n’est pas un monde qui vit en autarcie. ER

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Rencontre avec Marie monge & Karim Leklou

Jeune cinéaste tourangelle, Marie Monge est venue le 6 juillet présenter aux Studio son premier long métrage. Elle était accompagnée de Karim Leklou, acteur du film et complice de la réalisatrice depuis plusieurs années déjà.

Marie Monge & Karim Le Klov aux Studio © Nicole Joulin

L

e film doit énormément à ses acteurs, tant principaux que secondaires, comment avez-vous travaillé ? K. Leklou : Les autres acteurs seraient d’accord avec moi pour dire qu’il y a truc génial quand on travaille avec Marie Monge, c’est ce truc de l’instant ; alors que c’est très écrit, très scénarisé, elle laisse d’incroyables espaces de liberté et de jeu.

M. Monge : Les comédiens sont les premiers alliés du film ; tout le monde est très investi mais c’est eux qui incarnent, il y a donc une collaboration, il n’y a rien qui soit imposé ; c’est un dialogue. Ce qui est agréable quand on a un scénario assez précis et qu’on a eu la chance de préparer le film avec un chef opérateur, c’est qu’avec toute cette préparation on est arrivés à avoir quelque chose qui ne soit pas trop rigide, qui ne soit pas bloqué et où l’on puisse intégrer les propositions faites par les acteurs. On est arrivés à trouver une énergie qui passe entre les acteurs à un moment précis.

K. Leklou : Et Marie « bouge » beaucoup sur le plateau, elle peut « jouer » les différents personnages d’une scène pour nous donner une idée de ce qu’elle imagine. M. Monge : C’est parfois un peu ridicule mais, en même temps, ça libère les acteurs !

Comment s’est fait le choix des acteurs ? Tout l’enjeu d’un choix de casting c’est de faire se rencontrer des gens. Karim avait déjà tourné deux courts métrages avec moi. J’avais Stacy Martin en tête depuis longtemps, depuis Nymphomaniac en fait. Et ça me semblait intéressant de l’associer à Tahar Rahim. Elle est plus froide, lui plus « méditerranéen », mais ils dégagent la même sensibilité, la même générosité. Et en définitive, les deux acteurs se sont rencontrés... sur le plateau, pour leur première scène commune. Pour ce qui est des figurants, nous avons tourné en « décors réels » dans les bistrots, donc les figurants... sont dans leur milieu naturel ; ils jouaient aux cartes, discutaient comme ils auraient fait en temps normal, sauf que là, ils étaient payés pour toute la journée dans leur bar habituel...

Pourquoi avoir choisi le monde du jeu comme cadre à cette histoire d’amour ? M. Monge : Par curiosité, j’avais accompagné un ami joueur dans des cercles parisiens ; quand on arrive là on accède à des mondes qui ne font que se croiser, c’est très codé et mystérieux ; pendant des années j’ai accumulé du matériau documentaire et puis je me suis dit que c’était là que je voulais raconter cette histoire. Les couleurs semblent très travaillées, avec de nets contrastes entre des couleurs froides et chaudes... M. Monge : Nous avions fait le choix de ne travailler qu’avec des éclairages intégrés au décor, sans spots ou rampes, ce qui risquait d’écraser l’image. Pour lui donner du relief, il fallait donc jouer sur les contrastes de couleurs ; mais cette opposition sert aussi à souligner l’ambivalence qui traverse le film.

Il y a justement dans le film quelque chose qui relève de la tragédie, de ce sentiment que ce qui arrive est inéluctable, que les personnages sont enfermés dans un cercle sans fin... M. Monge : Oui, dans un cercle... comme les cercles de jeu ! Merci de l’image ! Il fallait que mon film ressemble à ses personnages qui vont à leur perte. C’est une variante sur le film noir : dans les films noirs, c’est la société qui condamne les personnages ; ici je voulais que ce soit eux qui courent à leur propre perte. Et dans cette relation de couple qui repose sur l’addiction, si l’un des personnages renonce à son addiction, il devient différent, il n’est plus tout à fait celui que l’autre aimait, du coup la ER relation change...

Pourquoi ce titre au pluriel ? M. Monge : En écrivant « joueurs » au pluriel, sans mettre l’article « les » devant, je désigne une qualité (« ils sont joueurs ») et pas un groupe. Ces personnages ne sont pas que joueurs, ils sont aussi amants, ils ont des métiers. Mais jouer ce n’est pas qu’un rapport à l’argent, on ne joue pas forcément pour l’argent ; il y a une nécessité de « croire » à sa chance. Et jouer au poker ou jouer à des jeux de hasard, c’est deux pulsions très différentes. Avec le poker, ça dure longtemps et on essaie de maîtriser ; avec le hasard on se laisse aller à sa chance dans l’instant. Et comme le dit Abel, quand on a tout perdu on arrive à une forme de liberté. Lorsqu’Ella réalise à qui elle a vraiment affaire, comprend qu’à le suivre elle va tout perdre, argent, travail, famille et amis, elle décide d’y aller quand même.

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À propos de Have A Nice Day

Merci, M. Xi Jinping !

H

ave A Nice Day n’éblouit pas vraiment par l’originalité et la qualité de son animation. Visages figés, corps statiques, mouvements mécaniques, déplacements aux tempos bizarres : la recherche esthétique n’est visiblement pas le moteur de ce pastiche revendiqué des films noirs américains qui n’en reste pas moins fidèle à la tradition japonaise de l’estampe, Hokusai bien sûr mais, plus encore peut-être, Hiroshige pour la vivacité et la richesse des couleurs. Le scénario lui-même n’est guère enthousiasmant, sorte de course à l’échalote autour d’un sac de billets convoité par plusieurs protagonistes, sans véritable suspense et avec un dénouement ironique assez convenu. Quant aux personnages, leurs apparitions relèvent plus de la contingence que de la nécessité narrative et on ne s’attache guère à ces ectoplasmes. Tout cela semble donc constituer un sérieux passif pour un film dont on finirait peut-être par ne plus bien saisir la raison d’être.

Si on passe cependant un excellent moment, c’est justement parce qu’il est impossible de prendre toutes ces approximations au premier degré. Le film de Jian Liu revendique clairement sa désinvolture de modeste série B et invite tout aussi clairement à savourer ses multiples petits dérapages humoristiques, depuis les références amusées à Steve Jobs ou Mark Zuckerberg, les dialogues à la Tarantino (sur le point d’être égorgée, la victime demande : « Vous êtes un tueur à gages comme au cinéma ? »), les

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images insolites comme celle de ce chien étique pissant sur un corps inanimé, jusqu’aux gadgets dignes des pires James Bond (lunettes aux pouvoirs extravagants, manche de maillet transformable en pistolet…). Dans une société aussi verrouillée que la Chine, des prises de vues réelles auraient déjà eu de quoi susciter la méfiance des censeurs. Le dessin animé (dommage qu’on n’utilise plus guère cette expression) déréalise la fantaisie, l’inventivité mal-pensante, en désamorce l’aspect incorrect. Si l’humour, qu’il soit rose ou noir, est toujours très mal vu dans un État totalitaire, que dire alors de ce qui paraît au bout du compte le plus intéressant : la satire, c’està-dire la critique déguisée, l’attaque par la bande, la contestation souriante. Have A Nice Day s’y révèle d’une subtile efficacité. Passe encore qu’il ridiculise la télé-réalité, la publicité et les débiles rêves consuméristes qu’elle alimente, les sollicitations importunes au téléphone (pour des placements immobiliers, en pleine scène de violence !), on est encore dans le domaine du tolérable, de la soupape de sécurité permettant d’évacuer les frustrations : sourires et ricanements valent mieux que revendications et manifestations. En revanche le spectacle de la misère quotidienne, de la saleté, de la pollution, des quartiers sordides, des entrepôts et chantiers abandonnés, des terrains vagues et des bidonvilles signe évidemment l’échec d’un système économique qui crée d’énormes quantités de laissés-pourcompte, cruel et dangereux démenti des discours officiels.

Pire encore, l’un des personnages explique ce que sont dans la réalité les trois niveaux de la liberté : d’abord celle du marché, non pas au sens libéral, néo-libéral ou ultra-libéral du terme, mais le simple fait de pouvoir choisir sur les étals n’importe quels fruits et légumes sans avoir à se soucier des prix ; vient ensuite la liberté du supermarché, au choix évidemment beaucoup plus vaste dès lors qu’on a les moyens de remplir son caddie. Troisième niveau : la liberté de l’achat en ligne, où l’offre est infinie en quantité et en qualité, à condition bien sûr d’avoir le compte en banque adéquat. Dans un régime comme celui de la Chine suggérer que liberté et richesse sont très exactement synonymes est on ne peut plus subversif, c’est affirmer que le Communisme est une vaste blague et l’idéologie officielle une formidable arnaque ! Seul le dessin animé permet cette liberté, plus abstrait, plus ludique, plus léger qu’un film incarnant ces idées dans des personnages de chair et

d’os qui leur donneraient autrement plus de substance et de force contestatrice, à qui le spectateur pourrait s’identifier ou qu’il pourrait au contraire rejeter. On n’ira peut-être quand même pas jusqu’à remercier la Chine de Xi Jinping d’avoir obligé Jian Liu à maquiller en bon petit polar violent et poisseux une critique aussi pénétrante d’un système totalement schizophrène ou hypocrite, qui condamne politiquement ce qu’il promeut économiquement. « Parce que la forme est contraignante l’idée jaillit plus intense », disait déjà Baudelaire. Faire passer la pilule aux yeux d’une censure sourcilleuse et puissante oblige l’artiste à creuser, innover, créer bien au-delà de ce qu’on appelle communément l’inspiration, afin de suggérer plutôt qu’affirmer, de contourner plutôt qu’affronter, bref de trouver un langage original et suffisamment habile pour être compris à demi-mot. Entrave inacceptable à toutes les libertés, l’oppression stimule l’imagination et, par là même, favorise la création. Maigre consolation… AW

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À propos de Une année polaire

Les jolies colonies

A

nders a une vingtaine d’années et un avenir tout tracé : reprendre la ferme sur laquelle sa famille s’échine depuis cinq générations. Mais Anders a envie d’aventure, d’un ailleurs où trouver du nouveau et, comme il est Danois, cet ailleurs sera groenlandais (une terre sans culture !). Il postule et obtient un poste sur la grande île pas si verte que ça. La fonctionnaire du ministère lui annonce, ravie, qu’il peut avoir un poste à Nuuk, la capitale, où sa vie ne changera pratiquement pas. Mais ce qu’il veut c’est un complet dépaysement : il atterrit donc à Tinitequilaas, un village isolé de la côte est, habité par 80 Inuits et coupé du monde plusieurs mois par an. Les illusions du jeune homme font long feu : ses élèves, peu nombreux, sont insupportables, agités, refusent ce qu’il voudrait leur apprendre et ce refus prend une forme bruyante et irrévérencieuse. Plongé dans le film, je me disais qu’Anders vit, à l’extrême (nord), la situation de nombreux enseignants des quartiers « populaires ». L’enseignant y est un étranger qui n’appartient pas au même monde et qui,

d’un certain côté, fait un travail de « colon » qui doit « civiliser » ses élèves. Les voisins Inuits d’Anders finissent par le lui dire : les enfants ne veulent pas de son savoir, ce qu’ils veulent étudier (in vivo) ce sont les connaissances ancestrales qui permettent de devenir chasseur/pêcheur capable de survivre dans la nature arctique. Ils se désolent qu’en grandissant les enfants deviennent internes, quittent le village et deviennent des étrangers auxquels ont été inculqués les us et les manières de penser des Blancs. Dans les quartiers une lutte sourde a lieu, à travers un cocktail explosif d’insolence et de chahut, contre le savoir, contre la discipline scolaire, où les garçons (essentiellement) se font « happer par l’engrenage de l’auto élimination »*. « Une guerre se mène contre les dominés et l’École en est donc l’un des champs de bataille. Les enseignants font de leur mieux ! Mais ils ne peuvent rien, ou si peu, contre les forces irrésistibles de l’ordre social qui agissent à la fois souterrainement et au vu de tous et qui s’imposent envers et contre tout. »* Et difficile hors du contexte du film de Samuel Collardey d’apprendre la langue autochtone, de par-

tir à la chasse, de braver le blizzard en partageant le nid glacé d’un igloo, d’en finir avec le mépris bienveillant du colonisateur.

Paradoxe du comédien Autre paradoxe soulevé par ce film, celui des comédiens sur grand écran car, ici, tout le monde joue son propre rôle et avec une véracité qui doit sans doute beaucoup au talent du réalisateur, à sa capacité à capter, dans une fiction, la véracité du vrai monde, comme dans les meilleurs documentaires. On avait ce même effet de réel dans le film de Stéphane Brizé En guerre où, à part Vincent Lindon, le leader, tous les personnages étaient joués par des acteurs non professionnels, très proches dans le film de leur rôle social dans la vraie vie. Ce paradoxe du comédien de cinéma revient régulièrement dans les débats notamment lorsque décrochent le prix d’interprétation, dans des festivals, des acteurs dont ce n’est pas le métier (par exemple les quatre filles de Senses à Locarno). Peut-être parce qu’il ne faut pas jouer, mais être là,

devant la caméra, une présence, un corps qui se donne, pourrait répliquer Depardieu qui en « fait » de moins en moins avec un talent intact. Comment convainc-t-on les gens d’être eux-mêmes dans un film ? On sent que dans Une année polaire, où il n’y a pas de jugement moral ou plutôt que la morale de l’histoire mène à une rencontre apaisée entre deux mondes, il fut facile de les convaincre (la caméra ne vole plus l’âme de ceux qu’elle filme mais tâche, au contraire, de mettre en valeur celle d’un peuple.) Chez Brizé, même s’il a tenté d’éviter les situations caricaturales, il y a néanmoins des héros (les ouvriers en lutte) et les autres (politiques et patrons), notamment un patron allemand qui est loin d’être sympathique, même s’il dit aimer la France où il a une maison en Camargue pour « se ressourcer ». D’ailleurs il faisait partie de l’équipe, longuement ovationnée lors de la projection cannoise, et il rayonnait de bonheur, sans doute parce qu’il n’a pas tort. Dans le film et dans la vie. « Chacun a ses raisons » disait Jean Renoir. DP *Retour à Reims de Didier Éribon

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Les CARNETS du STUDIO n° 370 – Septembre 2018 –

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Rencontre avec Sylvestre Amoussou

semaines !!! Il a finalement mis son film sur Viméo où, pour la somme de 4 €, on a accès au film. Il veut maintenant le faire doubler dans les langues les plus parlées en Afrique, c’est sa manière de mener le combat…

Stéphane Viera & Sylvestre Amoussou aux Studio © Dominique Plumecocq

Le 17 juin dernier le BCAT proposait son dernier rendez-vous dominical de la saison : un prologue musical avec le joueur de kora Mamadou Cissoko, le délicieux court-métrage d’As Thiam intitulé Le Sifflet, suivi du 3e longmétrage de Sylvestre Amoussou : L’Orage africain, venu rencontrer le public tourangeau avant le traditionnel et délicieux brunch. Un continent riche

L

e réalisateur était heureux de voir une salle aussi pleine et de pouvoir montrer «un autre cinéma que celui qu’on veut qu’il fasse. » : « L’Orage africain, c’est le regard des Africains sur les relations entre l’Occident et le continent africain, ce qu’on ne montre pas, ce qu’on ne pense pas. Les Africains ont un vrai regard sur leur histoire et j’ai eu envie de mettre en lumière la voix de ceux qu’on n’écoute pas souvent. » Ce film tente de répondre à la question toute simple : « Comment un continent aussi riche peut-il être aussi pauvre en surface ? ». Dans le film, il joue le rôle d’un président qui nationalise les mines pour redonner au peuple ce qui lui appartient : « Chaque fois qu’un président africain veut travailler pour son peuple, soit il est assassiné, soit il est mis en prison. Tous les présidents ont peur… Au départ ils peuvent être animés de bonnes intentions, je ne fais pas partie des gens qui disent « tous pourris », ils deviennent pourris, notamment à cause d’accords secrets jamais dévoilés ». Le nom du pays, le Tangara, fait

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– Les CARNETS du STUDIO

n° 370 – Septembre 2018

penser à celui de Thomas Sankara, le président du Burkina Faso assassiné. Le réalisateur pense que la jeunesse africaine est en train de se réapproprier les images. « Il reste quelques dictateurs mais ils vont bientôt tomber. Le peuple doit prendre son destin en main ! »

Africa paradis Son 1er long-métrage, Africa paradis, racontait sous une forme humoristique un futur lointain où l’Afrique serait opulente alors que l’Europe aurait sombré dans la misère. Les Européens immigrent clandestinement pour tenter leur chance en Afrique, malgré les risques, la police des frontières et les centres de transit… Le film a été tourné en 2006 mais rien n’a changé. « Pourquoi les gens

quittent leur pays ? Pas par envie ! Quand son père ou sa mère meurt, on ne peut même pas accompagner dans sa dernière demeure la personne qui vous a donné la vie ! Est-ce humain ? Tout est lié économiquement parlant. » La seule solution : le développement économique de l’Afrique, la réappropriation des biens, la transformation sur place des matières premières pour donner de l’espoir et du travail à la jeunesse africaine… Mais ici il y a les fausses factures et là-bas la corruption : « La prédation, c’est l’humain, ce n’est pas une question de couleur ». Rendez-vous en octobre pour le 13e numéro du BCAT. DP

Retrouvez une vidéo de cette rencontre sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

RÉABONNEZ-VOUS ! Comment sais-je que ma carte est encore valide ? La date d’expiration de la carte est inscrite sur le ticket d’entrée ;

Une forme de censure Sylvestre Amoussou a mis dix ans à pouvoir tourner ce projet, avec la même équipe technique, les mêmes acteurs, des gens qui lui font confiance, un projet difficile à financer, (il a coûté un million d’euros). Il a fallu emprunter, des chefs d’entreprise ont fait des dons, les comédiens ont accepté d’être peu payés. Peu soutenu (car « c’est un film qui dérange nos dirigeants. » et « On n’aime pas sa liberté de ton ! »), il a quand même eu le 2e grand prix du FESPACO (le grand festival de Ouagadougou) ! Même s’il a été bien reçu par les critiques – Télérama, Le Monde, entre autres – son film n’a pas trouvé de distributeur… À Paris il n’est sorti que dans… une seule salle… mais où il est resté huit

Comment puis-je me ré-abonner ? • À l’accueil des Studio. Ne pas oublier d’apporter sa carte (elle est rechargeable). • Auprès de mon correspondant ou de mon CE (avec mon ancienne carte). par internet, (excepté en cas de changement de statut, ou tarif réduit à 10 euros). Consultez le site des Studio. Les cartes sont valables un an à compter de leur achat. – Tarif de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30,00 € (Si vous souhaitez soutenir un cinéma indépendant qui défend la diversité culturelle)

– Tarif plein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22,00 € – Retraité(e) de plus de 60 ans. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16,00 € – Minima sociaux, service civique, chômeurs . . . . . . . 10,00 € – 18-26 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3,00 € – 14 à 17 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 11,00 € – 3 à 13 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 9,00 € Une photocopie du justificatif pour les tarifs réduits (obligatoire). Moyens de paiement : Carte bancaire, chèques, espèces, chèques vacances.


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