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Information AU BUREAU D’ACCUEIL DE LA COURSIVE

Du mardi au vendredi de 13 h à 20 h. Les samedi et dimanche de 14 h à 20 h, le lundi de 17 h à 20h. PAR TELEPHONE du lundi au dimanche de 14 h à 18 h. Tél. 05 46 51 54 02 / 05 46 51 54 03. SUR REPONDEUR 05 46 51 54 04. SITE INTERNET programme téléchargeable sur www.la-coursive.com MEDIAS Sud-Ouest • Sud-Ouest Dimanche • Sortir • France Bleu La Rochelle • La Charente-Libre • France 3 Poitou-Charentes et Atlantique • RCF • La Nouvelle République Niort • Le Phare de Ré • Radio Collège

Tarifs cinéma TARIF NORMAL CARTE LA COURSIVE, PLUS DE 60 ANS MOINS DE 26 ANS, DEMANDEUR D’EMPLOI LE LUNDI POUR TOUS TARIF JEUNE (– 18 ans), TARIF SEANCES SCOLAIRES ET GROUPES (Centres de Loisirs) CARTE FIDELITE POUR LES TITULAIRES DE LA CARTE LA COURSIVE 10 séances (valable jusqu’au 25 juin 2013)

6,80 € 5,50 € 4,50 € 4,80 € 3,50 € 48 €

TARIFS CARTE LA COURSIVE • Individuel, 13,50 € • Collectivité ou groupe (minimum 10 personnes), 12 € • Plus de 60 ans, 12 € • Moins de 26 ans, Demandeur d’emploi, 7 € Cinéma Art et Essai Recherche et Découverte, Jeune Public, adhérent au Groupement National des Cinémas de Recherche, à l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai et à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche.

Cinéma jeune public Tout film présenté dans le cadre de la programmation du mois peut faire l’objet de séances scolaires (tarif : 3,50€). POUR TOUT RENSEIGNEMENT SERVICE CINEMA : 05 46 51 54 00 Directeur de la publication Jackie Marchand Programmation et rédaction Edith Périn Réalisation maquette, photogravure Brigitte Morisson Impression fabrication Imprimerie IRO Photo de couverture Shokuzai… de Kiyoshi Kurosawa


Le Passé

/ Asghar Farhadi

Comment se déroule l’écriture, comment se construit l’histoire? ASGHAR FARHADI : En fait, mes histoires s’écrivent toujours de façon non linéaire. Je n’ai pas un point

de départ et un point d’arrivée. J’ai toujours plusieurs histoires qui prennent forme indépendamment et qui finissent par converger vers une situation commune. Ici, j’avais l’histoire d’un homme qui se rend dans une autre ville pour les formalités de son divorce parce qu’il vit séparé de son épouse depuis quelques années. Et celle d’un homme dont la femme est dans le coma et qui doit s’occuper seul de son enfant. Ces bribes d’histoire s’étoffent parallèlement pour finalement converger vers une situation unique. Mon écriture est intuitive, mais dès que j’ai un synopsis, je commence à me poser des questions sur le peu de choses que je sais de l’histoire. Puisque je sais que cet homme vient pour divorcer, je vais me demander: «Pourquoi est-il parti il y a quatre ans?» Et s’il va dans la maison de cette femme: «Qu’est-ce qu’il s’y passe?» Il y a tant de questions qui émanent de ce petit texte, qu’y répondre revient à construire l’histoire tout entière. L’un de vos comédiens suggère que c’est en voyant une personne dans le coma que vous avez eu l’idée de cette histoire… A. F. : Ce n’est pas dans ce sens-là que ça s’est passé. Je suis allé voir des patients dans le coma pour préparer le film. Il se trouve que depuis toujours, sans avoir eu d’expérience directe de la chose, l’idée de coma est pour moi immédiatement associée à un entre-deux, à un doute : est-on dans la vie, dans la mort? Cette personne peut-elle être considérée comme morte ou est-elle encore vivante? Et ce film tout entier se construit sur cette notion de doute, sur cette notion d’entre-deux. Les personnages sont constamment face à un dilemme. Ils sont à la croisée de deux chemins. Si on revoit Une Séparation la situation que le personnage traverse est assez courante mais complexe: il doit choisir entre le bien-être de son père et celui de sa fille. Dans Le Passé, la question est un peu différente: est-ce qu’on privilégie une certaine loyauté envers le passé ou est-ce qu’on y renonce pour se lancer vers l’avenir? Le personnage de Marie est celui qui provoque les situations pour que les choses avancent… A. F. : C’est en tout cas celle qui est la plus déterminée à aller de l’avant et à ne pas s’embarrasser du passé. Mais pour ce qui est de savoir si elle y parviendra ou pas… Les personnages masculins sont plus encombrés par le passé qu’elle. La dernière fois qu’on voit Marie dans le film, elle vient vers nous, vers la caméra, Ahmad est derrière elle, elle lui dit: «Je ne veux plus revenir en arrière.» Et elle tourne le dos au passé, à la caméra, et donc à nous spectateurs. Elle prend de l’avance par rapport aux spectateurs aussi. C’est dans cet esprit-là que l’on peut dire qu’il s’agit du personnage le plus progressiste. Allez savoir pourquoi dans tous mes films ce sont toujours les femmes qui ont ce rôlelà. Comme dans Une Séparation. in Dossier de presse

France, 2013, 2 h 09, couleur Scénario Asghar Farhadi Photo Mahmoud Kalari Son Dana Farzanehpour Thomas Desjonquières Bruno Tarrière Musique Evgueni & Youli Galperine Montage Juliette Welfling Avec Bérénice Bejo, Tahar Rahim Ali Mosaffa, Pauline Burlet Elyes Aguis, Jeanne Jestin… CANNES 2013 : SÉLECTION OFFICIELLE

DU 29 MAI AU 11 JUIN SORTIE NATIONALE

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Shokuzai, Kiyoshi Kurosawa

celles qui voulaient se souvenir

Dans la cour d’école d’un paisible village japonais, quatre fillettes sont témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Sous le choc, aucune n’est capable de se souvenir de l’assassin. Asako, la mère d’Emili, désespérée de savoir le coupable en liberté, convie les quatre enfants chez elle pour les mettre en garde: si elles ne se rappellent pas du visage du tueur, elles devront faire pénitence toute leur vie. Quinze ans après, que sont-elles devenues? Sae et Maki veulent se souvenir. Japon, 2012, 1 h 59, couleur, v.o. Scénario Kiyoshi Kurosawa d’après le roman de Minato Kanae Photo Akiko Aschizawa Son Shinji Watanabe Musique Yusuke Hayashi Montage Koichi Takahashi Avec Kyôko Koizumi, Hazuki Kimura Yû Aoi, Mirai Moriyama, Eiko Koike Kenji Mizuhashi… VENISE 2012 / TORONTO 2012 DEAUVILLE ASIE 2013

DU 29 MAI AU 16 JUIN SORTIE NATIONALE

Shokuzai, Kiyoshi Kurosawa

celles qui voulaient oublier

Il y a quinze ans, quatre fillettes étaient témoins du meurtre d’Emili, leur camarade de classe. Incapables de se souvenir du visage du tueur, elles étaient menacées de pénitence par Asako, la mère de la disparue. Contrairement à Sae et Maki, Akiko et Yuka veulent oublier. Et la mère d’Emili, que cherche-t-elle encore après tout ce temps? Japon, 2012, 2 h 28, couleur, v.o. Scénario Kiyoshi Kurosawa d’après le roman de Minato Kanae Photo Akiko Aschizawa Son Shinji Watanabe Musique Yusuke Hayashi Montage Koichi Takahashi Avec Kyôko Koizumi, Sakura Andô Chizuru Ikewaki, Ayumi Itô Tomoharu Hasegawa… VENISE 2012 / TORONTO 2012 DEAUVILLE ASIE 2013

DU 5 AU 18 JUIN SORTIE NATIONALE

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Moment fort des festivals de Venise et Deauville, la série télévision de Kiyoshi Kurosawa sort aujourd’hui en salle, sous la forme d’un diptyque, «Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir» et «Shokuzai, celles qui voulaient oublier». Un film somme d’une richesse incroyable, insérant toutes les obsessions et les facettes de ce cinéaste prolifique qui a bâti une œuvre indiscutablement personnelle… Qu’avez-vous fait après «Tokyo Sonata», sorti en 2009? KIYOSHI KUROSAWA : J’ai traversé une période très difficile. J’avais trois ou quatre scénarios et deux

projets principaux. On a même commencé à faire des repérages, mais finalement, ça s’est toujours arrêté pour plusieurs raisons… [Depuis Kiyoshi Kurosawa a réalisé une romance science-fiction intitulée Real et a le projet d’aborder un jour les catastrophes survenues au Japon…] Comment en êtes-vous venu à travailler sur une série télé adaptée d’un roman? K. K. : C’était une proposition de Wowow, une chaîne de télé payante qui produit de bons téléfilms: une série hebdomadaire à raison d’une heure par épisode. A ce moment-là, j’avais juste envie de tourner quelque chose, pas forcément pour la salle d’ailleurs. Je n’avais pas imaginé que la série puisse être projetée à la Mostra de Venise. En la découvrant sur grand écran, je la voyais comme un long métrage, j’étais impressionné. Après un prologue traumatique, les épisodes suivent chacun une des fillettes témoin de la scène initiale, dans sa vie adulte.Chacune est définie par un détail de la scène du trauma et non par ce qui restera tout le temps hors champ, le visage du tueur. K. K. : C’était dans le roman, qui est composé de monologues des héroïnes racontant l’histoire de manière très subjective. Il y a un entremêlement des temps, et j’ai cherché à recomposer les différents passés du livre: le passé du passé, le passé de l’enfance, le passé d’il y a quelques années. Je ne voulais pas gâcher ce livre, et j’ai voulu les rendre humains, en faire de vrais personnages. Dans mes films, les personnages principaux sont souvent des hommes de mon âge. Et il y a une, deux ou trois femmes au maximum, bien caractérisées. Là, ce sont cinq femmes, dont quatre très jeunes. Ça me faisait très peur et c’est vraiment grâce aux actrices que j’ai pu donner une profondeur aux personnages. Ce devait être difficile de doser le drame psychologique et les aspects fantastiques. Il y aussi le rôle de la fatalité, avec la porte qui s’ouvre magiquement pour révéler la lettre qui est à l’origine de tout. K. K. : Dans mes films de fantômes, je traite vraiment cette figure. Ici, les scènes fantastiques sont la conséquence de la psychologie des personnages hantés par la culpabilité. Cette histoire est un mélange entre logique et hasard. L’histoire de la lettre est une des mes inventions. Dans le livre, on ne savait pas comment le tueur la découvrait. L’idée du destin était complexe à montrer, j’ai donc ajouté cette apparition presque magique. Il y a une scène extraordinaire dans une piscine, où une enseignante armée d’un bâton s’attaque à un fou qui menace ses élèves. Comme dans «Doppelgänger», vous mettez de la cornemuse dans la bandeson, ce qui apporte une touche d’humour noir jubilatoire dans cette scène violente. K. K. : Pour être honnête, je n’avais pas vraiment pensé à l’humour noir, mais je suis heureux que la séquence vous ait plu, car c’est aussi une de mes préférées. Dans le roman, ce sont deux hommes qui se battent mais j’ai voulu que ce soit la femme qui fasse du kendo. J’ai fait très attention à la mise en scène de cette séquence qui était compliquée à cause de la hauteur de la piscine: il n’y avait pas beaucoup d’espace et je voulais qu’on voie en arrière-plan les enfants qui crient, qui regardent. Entretien réalisé par Stéphane Delorme à Venise, Cahiers du cinéma n°683, novembre 2012 5


La Dernière Fois que j’ai vu Macao João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata

Portugal/ France, 2012, 1 h 25, couleur, v.o. Scénario et photo João Pedro Rodrigues João Rui Guerra da Mata Son Nuno Carvalho, Carlos Conceição Leonor Noivo Montage Raphaël Lefèvre J. P. Rodrigues, J. R. Guerra da Mata Avec Cindy Scrash João Rui Guerra da Mata João Pedro Rodrigues… LOCARNO 2012 : MENTION SPÉCIALE DU JURY

DU 29 MAI AU 2 JUIN

Du couple de cinéastes portugais João Pedro Rodrigues (O Fantasma, Odete, Mourir comme un homme) et João Riu Guerra da Mata, on avait découvert voilà deux ans en festivals un renversant documentaire malheureusement resté inédit, Alvorada Vermelha, ronde muette et hallucinée au milieu des abattoirs du marché aux poissons de Macao, hantée par une sirène numérique et le fantôme de Jane Russell. On se rappelle la sidération profonde suscitée par cette Aube rouge dès son premier plan, un talon aiguille abandonné au milieu d’une avenue macanaise, sans deviner alors que celui-ci ouvrait sur un autre film, La Dernière Fois que j’ai vu Macao, réalisé en parallèle, qui se révèle tout aussi inclassable et beau. C’est à la fois un film noir décharné dont l’enquête policière ne se joue qu’hors champ, un documentaire sur l’héritage colonial du Portugal, une investigation autobiographique des rues bourdonnantes de la ville-casino chinoise, qui comme le précédent film, se gorge peu à peu d’un climat sourd de fantastique mythologique et se peuple d’entêtants fantômes. Celui de Jane Russell, qui y laisse traîner ses bas, mais aussi celui de la femme disparue que tous recherchent, Candy. Son évaporation, aussitôt passée une superbe scène inaugurale chantée au milieu des tigres, s’imprime plus profondément comme l’obsession de ces plans désertés qu’elle hante de son absence que bien des présences d’acteurs. Julien Gester, Libération Next n°53, mai 2013 João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata se sont rencontrés il y a dix-neuf ans, et ont travaillé pour la première fois ensemble dans le cinéma en 1995. En 1997, João Rui a été le personnage principal du premier court métrage de João Pedro, Joyeux Anniversaire! Par la suite, João Rui a été le directeur artistique de tous les films de João Pedro, et a pris part à l’écriture de leurs scénarios. En 2007, ils ont décidé de coréaliser le court métrage China, China, sur une idée originale de João Rui, dont ils ont écrit le scénario à quatre mains. D’ailleurs, l’idée de réaliser La Dernière Fois que j’ai vu Macao a surgi pendant ce film, suite aux voyages qu’ils ont effectués en Extrême Orient. João Rui, fils d’un officier de la marine nationale portugaise, a passé son enfance à Macao dans les années soixante-dix, période durant laquelle il a visité de nombreux pays asiatiques, sans jamais pour autant se rendre en «Chine communiste», comme on l’appelait à l’époque. En trente ans, il n’était jamais retourné à Macao. João Pedro n’était jamais allé à Macao, mais éprouvait une fascination pour les histoires d’enfance que João Rui lui racontait, emplies de temples obscurs aux odeurs mystérieuses, de fumeries d’opium clandestines, de restaurants servant de la viande de chien, de grottes de pirates et de héros de kung-fu. in Dossier de presse

SORTIE NATIONALE

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Oh Boy

/ Jan Ole Gerster

Niko, Berlinois presque trentenaire, éternel étudiant et rêveur incorrigible, s’apprête à vivre les vingt-quatre heures les plus tumultueuses de son existence… «Je ne connaissais pas d’enfants du cinéma de Woody Allen, a déclaré Noémie Lvovsky, présidente du jury du Festival d’Angers à propos du réalisateur de “Oh Boy ” et de son interprète principal. Maintenant j’en connais deux qui viennent d’Allemagne. Le Prix spécial du jury récompense leur vision neuve du monde, enfin déculpabilisante et drôle de l’Allemagne.»

Le paysage urbain est très signifiant dans le film. Quel visage de Berlin vouliez-vous montrer? JAN OLE GERSTER : J’y ai déménagé il y a treize ans: c’est une ville d’art très vibrante, ce qui la rend

assez attractive par rapport à d’autres cités comme Francfort, plutôt tournée vers le commerce. Les lieux y sont aussi chargés d’Histoire, on peut se promener près d’un grand magasin et tomber plus loin sur un bâtiment de l’ère socialiste. Ce charme a aujourd’hui tendance à disparaître dans les grandes métropoles qui, forcément, se développent. Dans Oh Boy, ça ne devait pas avoir l’air d’une carte postale mais je ne souhaitais pas non plus montrer le côté «hipster» de la ville. Ce n’est pas un portrait générationnel, même s’il y a des traces du présent. J’ai surtout voulu capturer l’aspect intemporel de Berlin. Est-ce pour cette raison que vous avez fait le choix du noir et blanc? J. O. G. : C’est venu par instinct, et je suis très conscient de ne pas être le premier cinéaste à filmer ainsi une ville! Mais le noir et blanc instaure une sorte de distance, ce qui m’a encouragé à écrire à partir d’éléments très personnels. Le fait de s’écarter d’un certain naturalisme laisse aussi le choix au spectateur de s’identifier ou non avec le personnage, d’être en position d’observateur ou de partager son expérience. On sait peu de choses sur Niko. C’est un peu comme si son entourage dessinait son portrait… J. O. G. : Oui, il devient moins insaisissable au fil de ses rencontres. Les personnages autour de lui n’ont pas peur d’exprimer leurs frustrations et sont capables de les affronter. Niko a plutôt cette capacité à voir ce qui ne va pas, qu’à voir ce qu’il doit faire… Dans l’un de mes livres préférés, L’Attrape-Cœur de J. D. Salinger, il y a ce terme anglais que le héros emploie constamment: «phony». Il qualifie ainsi le manque d’authenticité et les gens qui se mentent à eux-mêmes. Pour diriger Tom Schilling, je lui disais toujours que Niko avait la faculté de reconnaître les personnes «phony». in Dossier de presse

Allemagne, 2013, 1 h 25, noir et blanc, v.o. Scénario Jan Ole Gerster Photo Philipp Kirsamer Son Magnus Pflü ger Musique The Major Minors, Cherilyn MacNeil Montage Anja Siemens Avec Tom Schilling, Friederike Kempter Marc Hosemann, Katharina Schü ttler Justus von Dohnanyi… ANGERS 2013 : PRIX DU PUBLIC / PRIX SPÉCIAL DU JURY / MENTION SPÉCIALE À TOM SCHILLING

DU 5 AU 18 JUIN SORTIE NATIONALE

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L’Inconnu du lac

/ Alain Guiraudie

L’été. Un lieu de drague pour hommes, caché au bord d’un lac. Franck tombe amoureux de Michel. Un homme beau, puissant et mortellement dangereux. Franck le sait, mais il veut vivre cette passion.

Vous avez connu une crise esthétique ou existentielle? ALAIN GUIRAUDIE : En fait, à presque cinquante ans, je me rends compte que je suis en perpétuelle

crise existentielle et du coup, en perpétuelle crise esthétique. J’ai fait des films décalés d’entrée de jeu, des films qui proposaient un monde réinventé, qui résistait au naturalisme. Le Roi de l’évasion obéissait encore à ce principe, un homosexuel quadragénaire qui tombe amoureux d’une jeune fille, c’est tout à fait possible mais en l’occurrence, c’était une vue de l’esprit. Puis je me suis dit qu’il fallait affronter le monde tel qu’il est. Je n’avais plus envie de faire un pas de côté en ayant recours à la fantaisie, en le remodelant suivant mes désirs. Là où j’en suis, et là où le monde en est, l’enjeu du cinéma ne me semble plus de proposer un autre monde mais de faire avec le monde tel qu’il est, l’aborder sous un autre angle et donner à le voir autrement. C’est ce monde-ci qu’il faut emmener ailleurs. Et puis j’avais envie de sortir de la mise à distance, de rentrer dans le vif du sujet… Eprouver l’expérience du désir, la rendre palpable. Une vraie pudeur me réfrénait dans cette quête, la distance, c’est aussi parfois rassurant. Là, j’ai la sensation d’avoir enfin lâché la bride. Jusqu’alors, du fait de cette pudeur, la comédie avait souvent tendance à prendre le dessus sur l’inquiétude qui traverse mes films. Ici, je tenais à ce que le mouvement soit vraiment inverse.

France, 2013, 1 h 37, scope-couleur Direction artistique Roy Genty Scénario Alain Guiraudie Photo Claire Mathon Son Philippe Grivel Montage Jean-Christophe Hym Avec Pierre Deladonchamps Christophe Paou Patrick Dassumçao… CANNES 2013 : UN CERTAIN REGARD

DU 12 AU 24 JUIN

Le lac est un personnage central du film, un élément trouble, double, trompeur. Il ajoute une ligne d’horizon à la mise en scène et pose la question de la fuite, de la liberté: est-ce que les personnages peuvent s’échapper par le lac? Ou bien est-ce qu’ils choisissent d’aller vers la forêt? A. G. : J’aime beaucoup nager mais il y a toujours un moment où je me dis que j’ai cinquante mètres de fond sous moi et je me demande si d’un coup, je peux ne plus savoir nager. Je me dis aussi qu’il y a pas mal de trucs qui s’agitent sous moi. C’est un lieu apaisant et en même temps, on peut y disparaître à jamais. Ce qu’il y a de bien avec un lac, c’est qu’on se tourne toujours vers lui. On peut passer des heures à le regarder, sans rien faire. Mes films ont beaucoup à voir avec l’horizon, je recherche des horizons lointains. Dans un lac, l’horizon est à la fois lointain et bloqué par la colline. «L’Inconnu du lac» est un film classique, au sens où il revient à la matrice du conte. Frank est l’enfant du conte, la petite fille ou le petit garçon, le Petit Poucet mais aussi la femme de Barbe-Bleue; Michel est l’ogre ou le loup; et Henri est peut-être le seul personnage adulte du film, qui connaît son désir et y consent. A. G. : Le film a à voir avec le conte dans sa simplicité. C’était présent dès l’écriture du scénario. Je ne sais pas si l’idée de Barbe-Bleue est juste, mais elle me plaît beaucoup! La clé tâchée de sang qui ne part pas. Je suis parti d’un trio, trois figures d’hommes, qui pourraient représenter trois facettes d’un même homme, comme souvent chez moi: le frivole «cool» (Frank), le dragueur puissant (Michel), dès qu’il ne désire plus, il se débarrasse de sa proie… Et l’homme qui en a un peu marre de tout ça (Henri). L’autre question, c’est: jusqu’où je vais pour vivre mon désir? in Dossier de presse

SORTIE NATIONALE

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Eat Sleep Die

/ Gabriela Pichler

Retour gagnant pour Gabriela Pichler, venue présenter il y a trois ans son film d’école au Festival d’Angers. Avec «Eat Sleep Die», elle repart avec le Grand prix du jury et le Prix d’interprétation féminine pour Nermina Lukacˇ. Deux récompenses amplement méritées tant ce film touchant montre une autre réalité de la Suède, dans les pas de Raša, une jeune femme débordant d’énergie, rattrapée par la crise.

Vous êtes-vous inspirée de votre expérience personnelle pour réaliser ce film? GABRIELA PICHLER : J’ai grandi dans un foyer de la classe ouvrière et j’ai travaillé dans la fabrique de

biscuits locale. J’ai étudié à l’école de cinéma de Gothenburg et Eat Sleep Die est mon premier longmétrage. Ma mère est d’origine bosniaque et mon père d’origine autrichienne, tous deux sont nés en Suède. Quels étaient pour vous les principaux défis liés à cette production? G. P. : Réaliser un film non-sentimental et honnête sur les gens de la classe ouvrière, sans avoir à céder aux conventions ni aux stéréotypes. Ne pas choisir la facilité, et ne jamais m’écarter de mon intuition. En quoi le fait de travailler avec des acteurs débutants a-t-il influencé vos objectifs? G. P. : Cela a donné au film un style très direct et authentique. Mon but était surtout de faire en sorte que les acteurs jouent de façon très naturelle et apportent au film leurs propres histoires et expériences personnelles. Où avez-vous puisé votre inspiration pour ce film? G. P. : Je voulais raconter l’histoire des gens que j’ai toujours aimés, mais dont j’avais honte de faire partie. Je voulais que Raša soit une sorte de Rocky Balboa de la campagne suédoise. Se battant non pas sur le ring, mais contre le chômage et la bureaucratie de la société. La Suède a un rapport difficile avec sa propre image, elle doit assumer son statut de pays d’immigration et de terre d’asile. Une jeune fille comme Raša, ouvrière musulmane passionnée, sûre d’elle et directe, qui se fiche totalement de ce que les autres pensent d’elle, remet clairement en question l’idée que les Suédois se sont toujours faits d’eux-mêmes. L’histoire de Raša est intimement liée à sa propre identité et à la façon dont les gens la considèrent, mais elle fait aussi écho à l’expérience de nombreux jeunes confrontés à la crise économique qui sévit actuellement en Europe, avec son taux de chômage élevé et ses contradictions croissantes au sein de la société. Que voudriez-vous que le public retienne de ce film ? G. P. : L’humour et la chaleur des personnages. La merveilleuse performance de Nermina Lukacˇ, qui interprète Raša, notre héroïne. in Dossier de presse

Suède, 2012, 1h 44, couleur, v.o. Scénario Gabriela Pichler Photo Johan Lundborg Son Martin Hennel Musique Andreas Svensson, Jonas Isaksson Montage Gabriela Pichler, Johan Lundborg Avec Nermina Lukacˇ, Milan Dragiši Jonathan Lampinen Peter Fält, Ružica Pichler… VENISE 2012 : SEMAINE INTERNATIONALE DE LA CRITIQUE : PRIX DU PUBLIC ANGERS 2013 : GRAND PRIX DU JURY PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE

DU 19 AU 25 JUIN SORTIE NATIONALE

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People Mountain, People Sea

Cai Shangjun People Mountain, People Sea est la meilleure surprise du Festival de Venise. Inspiré d’un fait divers, le film est un implacable récit de vengeance qui se situe dans la province de Guizhou, une région reculée du Sud-Ouest qui accuse un retard économique et un assujettissement très relatif à la loi du pouvoir central. Cette terre propice à l’affranchissement criminel, avec ses espaces arides et son soleil minéral, fait un excellent décor de western. Ce que ne manque pas d’être, dans une radicale transfiguration, ce film de poursuite impitoyable, laconique et elliptique… Son héros est un paysan paisible, que la découverte du cadavre de son jeune frère assassiné pour sa moto, transforme en bloc de granit lancé à la recherche du meurtrier que la police a laissé échapper… C’est du western, mais aussi la Bible et Albert Camus réunis. La traque qui s’ensuit est par ailleurs la chose la plus étonnante qu’on ait vue au cinéma depuis longtemps: une course lente et poétique, la fureur silencieuse du désespoir en marche contre l’injustice, une révolte aux lueurs d’apocalypse. Sidérant! Jacques Mandelbaum, Le Monde, septembre 2011

Chine / Hong-Kong, 2011, 1 h 31, coul., v.o. Scénario Cai Shangjun, Gu Xiaobai… Photo Dong Jinsong Son Yang Jiang Musique Dong Wei Montage Yang Hongyu Avec Chen Jianbin, Tao Hong, Wu Xiubo, Li Hucheng… SOUTIEN RECHERCHE NANTES 2011 / 3 CONTINENTS : MONTGOLFIÈRE D’ARGENT VENISE 2011 / MOSTRA : LION D’ARGENT DE LA MISE EN SCÈNE

DU 19 AU 25 JUIN

Pourquoi avoir choisi une narration aussi elliptique? Ce parti-pris peut être déroutant pour le spectateur. CAI SHANGJUN : Pour prendre une métaphore sur le style que nous avons cherché, je dirais que People

Mountain, People Sea va à l’os. Je voulais que le film ressemble à un os qu’on a cassé et qui fait des arêtes extrêmement acérées. On pourrait aussi parler d’un morceau de bois sec coupé en deux dont les pointes peuvent piquer. Et Je ne voulais pas recourir à une narration conventionnelle. Pouvez-vous nous parler du titre et de sa symbolique? C. S. : Le titre est représentatif d’une partie de la démarche. Ce sont des mots qui se comprennent séparément mais qui, mis ensemble, signifient en tant qu’expression chinoise «la multitude», la mer des hommes. Je voulais donner le sentiment d’une force, de quelque chose de puissant, représentés par la montagne et la mer, qui sont des énergies, des forces de la nature. Vouliez-vous dès le départ canaliser tout cet «océan de monde» à travers un seul personnage ? C. S. : La ligne du récit, c’est le destin d’un individu. Cet individu doit être constamment au centre de tout. Il avance ou n’avance pas parce qu’autour de lui, il y a de la multitude et de l’environnement complexe. La multitude ne peut pas être décrite et exprimée efficacement si le destin individuel n’est pas constamment au centre du récit. in Dossier de presse

SORTIE NATIONALE

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La Fille du 14 juillet

/ Antonin Peretjatko

[…] Le film revient de loin. Antonin Peretjatko a porté son scénario pendant quatre ans, avant de le laisser de côté, de croire l’envie du film éteinte puis de le réactiver au début de l’année 2011 tout en sachant qu’il faudrait ne compter que sur ses propres forces. Les contraintes de production ont scindé le tournage en deux temps (trois semaines à l’été 2011, puis une nouvelle session en juin 2012). Entre-temps, Peretjatko s’est retrouvé sur le plateau de De rouille et d’os de Jacques Audiard pour en réaliser le making-of et surtout constater qu’entre son film et cet autre nettement plus pourvu de moyens, il fallait composer avec exactement les mêmes avanies de tournage… […] Dans La Fille du 14 juillet, on trouve un patchwork d’époques: une façon presque exotique de filmer Paris le jour de la Fête nationale comme dans les années 60, une DeLorean DMC-12 (la voiture de Retour vers le futur) pour la touche rétro «eighties» et deux présidents de la République dans leurs propres rôles pour ancrer le récit aujourd’hui. Ces ingrédients dessinent une échappée belle sur les traces d’une informelle bande d’amis qui part en vacances au moment où, crise oblige, le gouvernement avance la rentrée scolaire et veut (re)mettre la France au travail dès le 1er août. Tout improbable que paraisse ce pitch, le film arrive au moment où Vincent Peillon évoque la réduction des vacances d’été à six semaines. Prophétie cocasse et involontaire signalant par-là que le cinéma de Peretjatko est moins déconnecté de la France contemporaine qu’il n’en a l’air. Il y a toujours eu une infusion situationniste dans le regard de Peretjatko: goût du collage, jeux visuels s’amusant du moindre logo ou de la moindre inscription, mise en évidence du devenir publicitaire de Paris, quête d’une dérive aux allures de cartoon libertaire. En passant au long, ces composantes se teintent d’une autre densité. Les thématiques du droit à la paresse et de la fuite du quotidien ne sont pas de futiles prétextes, mais nourrissent une colère souterraine, laissant courir un véritable désir révolutionnaire sous l’indolence estivale. On sent l’apport indéniable du rôle principal, Vincent Macaigne, dans la définition d’un héros moins brossé à gros traits que dans les courts métrages: toujours sentimental et révolté, mais au final, plus virulent que nonchalant. Si La Fille du 14 juillet se rattache également à une tradition post-Nouvelle Vague du film de vacances, c’est aussi pour en faire surgir un slogan: sous la plage, les pavés (dans la mare)! Joachim Lepastier, Cahiers du cinéma n°688, avril 2013

France, 2013, 1h 28, couleur Scénario Antonin Peretjatko Photo Simon Roca Son Julien Brossier, Julien Roig Martial De Roffignac Montage Carole Le Page, Antonin Peretjatko Avec Vimala Pons, Grégoire Tachnakian Vincent Macaigne, Thomas Schmitt Marie-Lorna Vaconsin… CANNES 2013 : QUINZAINE DES RÉALISATEURS

DU 19 AU 25 JUIN EN EXCLUSIVITE

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LE PASSÉ de Asghar Farhadi France, 2013, 2h09, couleur LA DERNIÈRE FOIS QUE J’AI VU MACAO de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata • Portugal/France, 2012, 1h25, coul., v.o. SHOKUZAI, CELLES QUI VOULAIENT SE SOUVENIR de Kiyoshi Kurosawa • Japon, 2012, 1h59, couleur, v.o.

14H15 18H30 16H45

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DU 5 AU 11 JUIN

MER 5

JEU 6

VEN 7

SAM 8

DIM 9

LUN 10

MAR 11

OH BOY de Jan Ole Gerster Allemagne, 2013, 1h25, noir et blanc, v.o. SHOKUZAI, CELLES QUI VOULAIENT OUBLIER de Kiyoshi Kurosawa • Japon, 2012, 2h28, couleur, v.o. LE PASSÉ de Asghar Farhadi SHOKUZAI, CELLES QUI VOULAIENT SE SOUVENIR de K. Kurosawa

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20H45 14H

MER 12

JEU 13

VEN 14

SAM 15

DIM 16

LUN 17

MAR 18

21H

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19H

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DU 12 AU 18 JUIN

L’INCONNU DU LAC de Alain Guiraudie France, 2013,1h37, scope-couleur OH BOY de Jan Ole Gerster SHOKUZAI, CELLES QUI VOULAIENT SE SOUVENIR de K. Kurosawa SHOKUZAI, CELLES QUI VOULAIENT OUBLIER de Kiyoshi Kurosawa DU 19 AU 25 JUIN

EAT SLEEP DIE de Gabriela Pichler Suède, 2012, 1h44, couleur, v.o. LA FILLE DU 14 JUILLET de Antonin Peretjatko France, 2013, 1h28, couleur PEOPLE MOUTAIN PEOPLE SEA de Cai Shangjun Chine/Hong-Kong, 2011, 1h31, couleur, v.o. L’INCONNU DU LAC de Alain Guiraudie

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MER 19

JEU 20

VEN 21

SAM 22

DIM 23

LUN 24

MAR 25

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20H

19H15

16H

! A partir du mercredi 21 août: reprise des séances cinéma Le programme cinéma est consultable sur : www.la-coursive.com LA COURSIVE SCENE NATIONALE /// 4, RUE SAINT-JEAN-DU-PEROT /// 17025 LA ROCHELLE CEDEX 1 /// TEL. 05 46 51 54 00


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