21.08 au 01.10 2013

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7 jours sur 7

AU BUREAU D’ACCUEIL DE LA COURSIVE

du mardi au vendredi de 13 h à 20 h / samedi et dimanche de 14 h à 20 h / lundi de 17 h à 20h PAR TÉLÉPHONE du lundi au dimanche de 14 h à 18 h / 05 46 51 54 02 / 05 46 51 54 03 SUR RÉPONDEUR 05 46 51 54 04. SUR INTERNET www.la-coursive.com horaires consultables et programme téléchargeable MÉDIAS Sud-Ouest • Sud-Ouest Dimanche • Sortir • France Bleu La Rochelle • La Charente-Libre • France 3 Poitou-Charentes et Atlantique • RCF • La Nouvelle République Niort • Le Phare de Ré • Radio Collège • TMV La Rochelle • UBACTO

Tarifs cinéma

TARIF NORMAL CARTE LA COURSIVE, PLUS DE 60 ANS MOINS DE 26 ANS, DEMANDEUR D’EMPLOI LE LUNDI POUR TOUS TARIF JEUNE (– 18 ans), TARIF SEANCES SCOLAIRES ET GROUPES (Centres de Loisirs) CARTE FIDELITE POUR LES TITULAIRES DE LA CARTE LA COURSIVE 10 séances (valable jusqu’au 24 juin 2014)

6,80 € 5,50 € 4,50 € 4,80 € 3,50 € 48 €

TARIFS CARTE LA COURSIVE • Individuel, 13,50 € • Collectivité ou groupe (minimum 10 personnes), 12 € • Plus de 60 ans, 12 € • Moins de 26 ans, Demandeur d’emploi, 7 € Cinéma Art et Essai Recherche et Découverte, Jeune Public, adhérent au Groupement National des Cinémas de Recherche, à l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai, à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche, à l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion et à l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma

Cinéma jeune public Tout film présenté dans le cadre de la programmation du mois peut faire l’objet de séances scolaires (tarif : 3,50€). POUR TOUT RENSEIGNEMENT SERVICE CINEMA : 05 46 51 54 00 Directeur de la publication Jackie Marchand Programmation et rédaction Edith Périn Réalisation maquette, photogravure Brigitte Morisson Impression fabrication Imprimerie IRO Photo de couverture Jimmy P. Psychothérapie d’un Indien des Plaines de Arnaud Desplechin


Michael Kohlhaas / Arnaud des Pallières

Adapté d’un roman de Heinrich von Kleist sur un marchand de chevaux au XVIe siècle qui lève une armée pour faire justice lui-même après avoir échoué devant un tribunal corrompu, «Michael Kohlhaas» est un film plastiquement impressionnant. Tournant dans les Cévennes, des Pallières et sa chef-op Jeanne Lapoirie ont remarquablement capté les paysages grandioses et montagneux, faisant un usage extensif des plans larges et de toutes les conditions météo possibles. Le ciel, les nuages, le vent, les bruits de la nature et des bêtes sont des personnages à part entière et transforment le film en puissante machine sensorielle. La beauté frémissante des chevaux et le visage seigneurial de Mikkelsen contribuent à l’élaboration d’une sorte de western médiéval… Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, 29 mai 2013

Qu’est-ce qui vous a passionné, dans cette histoire? ARNAUD DES PALLIÈRES : Le personnage, évidemment, sa dignité, sa fulgurance. On lit Michael

Kohlhaas comme on suit les traces d’une boule de feu. Mais par-dessus tout, je crois, ce moment incroyable où Kohlhaas, à deux doigts de renverser le pays, dissout son armée et rentre chez lui. Acceptant de redevenir un homme ordinaire, parce qu’il a soudain obtenu ce qu’il demandait depuis le début: le droit de voir sa plainte examinée par un tribunal. Cette rigueur, qui est la marque de Kohlhaas, m’a bouleversé et me bouleverse toujours. Qu’un homme gagne, par son courage et sa détermination, la possibilité de prendre le pouvoir mais y renonce par droiture morale, est à mes yeux une des plus belles histoires politiques qu’on puisse raconter. Quelles libertés avez-vous prises avec le texte d’origine? A. D. P. : La plus flagrante est qu’il s’agissait d’un livre allemand. J’aime et j’admire la littérature allemande mais je n’ai aucune notion d’Allemand. Je voulais tourner en Français et n’avais d’autre solution que de franciser l’histoire. Pour conserver le rapport des personnages au protestantisme naissant, les Cévennes se sont imposées car au début du XVIe siècle, catholiques et protestants ont vécu pacifiquement dans cette rude et magnifique région. Par ailleurs, la nouvelle de Kleist comportait une intrigue secondaire de nature fantastique, incompatible avec le matérialisme décidé de mon film. Puis plusieurs personnages secondaires ont été développés, afin de sortir Kohlhaas d’une trop grande «solitude héroïque». Sa propre fille, le jeune prédicant, le jeune valet Jérémie, le convers manchot ont été créés de toutes pièces. Enfin, les dialogues ont été intégralement réécrits, dans une langue volontairement contemporaine. Une histoire inscrite dans son temps mais qui a de fortes résonances dans le monde d’aujourd’hui… A. D. P. : Michael Kohlhaas témoigne d’une formidable intuition de notre monde contemporain: comment un marchand respecté, mari aimant, père attentif, devient-il un véritable fanatique, pur corps porteur d’idée fixe? Quelle puissance de mort se met soudain à l’oeuvre chez ce paisible commerçant d’il y a cinq siècles? Il y a dans ces questions, malheureusement, l’essentiel de nos inquiétudes politiques pour le monde d’aujourd’hui. in Dossier de presse

France , 2013, 2 h 02, scope-couleur Scénario Christelle Berthevas, A. Des Pallières d’après Michael Kohlhaas de Heinrich von Kleist, Ed. Mille et une nuits Photo Jeanne Lapoirie Son Jean-Pierre Duret Musique originale Martin Wheeler, Les Witches Montage Sandie Bompar, A. des Pallières Avec Mads Mikkelsen, Mélusine Mayance Delphine Chuillot, David Kross Bruno Ganz, Denis Lavant Sergi Lopez, Amira Casar… SOUTIEN RECHERCHE FESTIVAL LA ROCHELLE 2013 CANNES 2013 : SÉLECTION OFFICIELLE

DU 21 AOÛT AU 3 SEPTEMBRE EN EXCLUSIVITE

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Bambi / Sébastien Lifshitz

Un trajet de vie trépidant et romanesque documenté par le réalisateur subtil et sensible des «Invisibles».

France, 2013, 58 ’, couleur Réalisation Sébastien Lifshitz Photo Sébastien Buchmann Son Jean-Christophe Lion Montage Tina Baz Avec Marie-Pierre Pruvot (Bambi) BERLIN 2013 : TEDDY AWARD DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE

DU 21 AU 26 AOÛT EN EXCLUSIVITE

Une femme élégante est de retour à Alger, longtemps après. Après quoi? Quel mystère dissimule cette blondeur hitchcockienne? Qu’elle n’est ni blonde, ni tout à fait une femme. Ou plutôt que lorsqu’elle était petite, elle était un garçon prénommé Jean-Pierre. Très tôt, avec une obstination qui ne se démentira jamais le reste de sa vie, celle qui est devenue Marie-Pierre aujourd’hui se sent fille. Sa mère s’y oppose évidemment (nous sommes dans les années 30-40). Et puis une troupe venue de Paris va l’aider à sortir de son enfermement. C’est celle du Carrousel, une boîte de travestis des Champs-Elysées. Jean-Pi (comme l’appelle affectueusement sa tante) découvre à dix-sept ans qu’il n’est pas seul au monde. Il obtient son émancipation de sa mère, qui n’y comprend rien, et monte à Paris. Marie-Pierre, alors qu’elle ne sait ni chanter ni danser, va devenir Bambi, l’une des vedettes des boîtes de travestis (comme Madame Arthur) et surtout l’amie de la plus célèbre d’entre elles à l’époque, Coccinelle (1931-2006). Les travestis n’ont de toute façon que deux manières de survivre: le spectacle ou la prostitution… Elle enregistre des disques. Elle prend des hormones féminines à qui mieux mieux, se fait opérer à la suite de Coccinelle. Et puis elle comprend qu’elle va vieillir. A trente-trois ans, elle passe le bac, entre à l’Université dont elle sort avec un Capes de lettres. Pendant vingt-cinq ans, jusqu’à sa retraite, elle sera enseignante au collège de Garges-lès-Gonesse, loin du strass et des paillettes des Champs, sans que personne ne s’avise jamais de s’occuper de sa vie passée. Elle recevra les palmes académiques… […] La réalisation alterne scènes de la vie moderne (notamment ce retour saisissant sur les lieux de son enfance en Algérie) et de nombreuses archives montrant les travestis des années 50 et 60. Marie-Pierre/Bambi est une femme remarquable et intelligente, qui sait exprimer avec pudeur et pourtant sans inhibition les sentiments ambivalents d’un être humain qui se sent différent, parfois à son grand dam, affolé par des pulsions qui le dépassent, le choquent presque, le surprennent toujours. Et c’est peut-être ce qu’il y a de plus intéressant et de troublant dans le film de Lifshitz: ce qu’il dit de la sexualité des gens, de tous les gens, qu’ils soient hétérosexuels ou homosexuels… Jean-Baptiste Morain Les Inrockuptibles, 19 juin 2013 4


Dans un jardin je suis entré Avi Mograbi

«Je veux faire quelque chose avec le conflit, ce fardeau que je traîne avec moi.» Ainsi s’exprime Ali Al-Azhari devant la caméra de son vieil ami Avi Mograbi. Celui qui parle, Palestinien d'Israël, est obsédé par le retour des réfugiés. Celui qui filme, Juif israélien, est empêtré dans un amour impossible avec une Libanaise. De cette imbrication complexe, le cinéaste-acteur tire un documentaire foisonnant, où le fantôme d’un Moyen-Orient sans frontières, multi-ethnique et pluriconfessionnel côtoie la jeunesse révoltée des printemps arabes. Les deux hommes manipulent des photos sépia, un vieil annuaire du Tel-Aviv des années 1930, une page de calendrier d’une vie antérieure. Avant la création d’Israël et la nakba, c’est-à-dire la «catastrophe», l’exil de milliers de Palestiniens lors de la guerre de 1948. L’Arabe et le Juif recomposent leurs histoires de famille, refont mentalement le voyage entre Liban, Syrie, Israël et Palestine. Au fil de leurs va-et-vient entre intérieurs (l’appartement d’Ali) et extérieurs (sur les traces de sa maison natale, dans les rues de Tel-Aviv ou face à la mer) se noue un dialogue passionnant. Ali est un «présent-absent»: un de ces Palestiniens citoyens d’Israël dont les biens ont été confisqués. Elevé dans la haine des Juifs, il a épousé une Juive, dont il a eu une fillette, Yasmine, aussi loquace en arabe qu’en hébreu. Dans la bouche de ce conteur truculent et tragique, la moindre anecdote devient un spectacle, dont Avi Mograbi est à la fois le metteur en scène et le spectateur. Avec ce regard sur l’ennemi désigné, le cinéaste suggère magnifiquement la fraternité des destins. Quant à Yasmine, fruit d’un métissage culturel, elle incarne le rêve d’une réconciliation possible. Mais quand il s’agit de dénoncer la violence d'une société ségrégationniste, Avi Mograbi sait ce qu’il faut filmer: la pancarte en hébreu «Interdit aux étrangers», par exemple, plantée dans le square où s'élevait jadis la maison d'Ali et de ses parents… Comme une ponctuation élégiaque et poétique, des vignettes en super-8 viennent régulièrement bousculer la linéarité du récit: images d’un Orient englouti et, en voix off, la chronique épistolaire d’un amour transfrontière entre Beyrouth et Israël. On avait quitté Avi Mograbi en 2009 avec un documentaire-exorcisme sur la confession d’un jeune criminel de guerre israélien, le matricule Z32. A l’époque, le cinéaste se disait fatigué, terrassé par le pessimisme. Il est toujours aussi incisif, mais on le sent cette fois apaisé, presque confiant. Comme s’il avait trouvé le moyen de ne plus jamais être seul contre tous. Mathilde Blottière, Télérama, 10 juillet 2013 5

France / Suisse / Israël, 2012 1 h 37, couleur, v.o. Scénario Avi Mograbi, Noam Enbar Photo Philippe Bellaîche Son Florian Eidenbenz Musique Noam Enbar Montage Avi Mograbi, Rainer Trinkler Avec Avi Mograbi, Ali Al-Azhari Yasmine Al-Azhari-Kadmon Voix Aysha Taybe SOUTIEN RECHERCHE FESTIVAL LA ROCHELLE 2013

DU 21 AU 27 AOÛT EN EXCLUSIVITE


Alabama Monroe

The Broken Circle Breakdown / Felix Van Groeningen Le réalisateur de «La Merditude des choses» revient avec une histoire d’amour sur fond de musique bluegrass en filmant sa Belgique comme le Midwest.

Belgique, 2012, 1 h 52, scope-couleur, v.o. Scénario Carl Joos, F. Van Groeningen Photo Ruben Impens Son Jan Deca Musique The Broken Circle Breakdown Bluegrass Band dirigé par Bjorn Eriksson Montage Nico Leunen Avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh Nell Cattrysse, Geert Van Rampelberg Nils de Caster, Robby Cleiren… FESTIVAL LA ROCHELLE 2013 BERLIN 2013 : PRIX DU PUBLIC

DU 28 AOÛT AU 10 SEPTEMBRE SORTIE NATIONALE

[…] Tout commence comme dans un mélodrame classique: on y suit alternativement la naissance d’un couple (elle tatoueuse, lui musicien) et leur combat, sept années plus tard, pour sauver leur jolie petite Maybelle des griffes d'un cancer salement tenace. De quoi faire pleurer dans les chaumières? Oui, certes, mais pas seulement. La construction du film, qui opèrera ensuite un basculement inattendu, permet non seulement de radiographier un amour, mais aussi et surtout de s’interroger sur ce qu’est vraiment l’amour conjugal et sur ce qu’il peut supporter… […] Le style de Groeningen est d’une amplitude folle, entre poésie du quotidien et rage permanente, considérations sur la nécessité de croire et le revers de la médaille… Chaque scène semble fonctionner exactement comme son réalisateur l’a prévu, et c’est une tornade émotionnelle (mais jamais racoleuse) qui s’empare de vous. Adapté d’une pièce de théâtre co-écrite par l’acteur principal Johan Heldenbergh, Alabama Monroe est une ballade déchirante dont le ton colle de très près à sa bande originale bluegrass, branche de la musique country, capable en quelques notes de vous ravir le cœur. Cette musique laisse pantois, ce film aussi… Thomas Messias, artistikrezo.com, 15 mai 2013 6


Grand Central / Rebecca Zlotowski

Gary, un habitué des petits boulots, est embauché dans une centrale nucléaire. Et là, au plus près des réacteurs, il trouve enfin ce qu’il cherchait: de l’argent, une équipe, une famille. Mais l’équipe, c’est aussi Karole, la femme de Toni… Pour son deuxième long métrage, Rebecca Zlotowski signe un film d’une intensité inédite.

[…]Il y a, au centre du film, un va-et-vient entre l’intérieur de la centrale, où la tension imposée par les contraintes de temps et les fissures qui lézardent la communauté deviennent peu à peu insupportables, et les coins de campagne où Gary et Karole se cachent pour s’aimer. L’enfer nucléaire et le paradis amoureux ne sont, ni l’un ni l’autre, tout à fait ce que l’on croit, et Rebecca Zlotowski infléchit intelligemment (mais toujours vigoureusement) cette opposition. Le garçon éperdu cherche refuge à l’intérieur de la centrale, au plus près du danger, pour échapper à un désir qui le met au ban de la petite société dans laquelle il avait cru trouver sa place. On peut rêver ou réfléchir à l’infini sur la charge politique ou poétique du film. Sur l’ignorance bienheureuse que l’on entretient autour de l’existence de cette petite tribu d’intouchables (certains risquent de le devenir, au sens strict du terme) ou sur les correspondances entre les ravages de la passion sur les âmes et ceux des radiations sur les corps. Mais sur le moment, c’est à la vie de ces personnages que l’on s’attache, filmée dans toute sa force, sa violence et sa banalité. La distribution des rôles est exemplaire: autour du couple Léa Seydoux-Tahar Rahim (dissonant et harmonieux), Denis Ménochet (récemment vu dans Dans la maison, de François Ozon) se distingue par une variation assez inédite et tout à fait touchante sur le thème du mari trompé. D’autres personnages passent au premier plan pour une ou deux séquences, une ouvrière forcée de raser ses cheveux irradiés, la responsable du personnel temporaire, impitoyable et compréhensive. Cette petite foule trop humaine et la mise en scène produisent une énergie inédite dans le cinéma français, qu’on espère renouvelable. Thomas Sotinel, Le Monde du 20 mai 2013 7

France , 2013, 1 h 34, couleur Scénario Gaëlle Mace, Rebecca Zlotowski Photo George Lechaptois Son Cédric Deloche, Gwennolé Le Borgne Alexis Place, Marc Doisne Musique Rob

Montage Julien Lacheray

Avec Tahar Rahim, Léa Seydoux Olivier Gourmet, Denis Ménochet Johan Libereau, Nozha Khouadra… SOUTIEN AFCAE

FESTIVAL LA ROCHELLE 2013

CANNES 2013 : UN CERTAIN REGARD

DU 28 AOÛT AU 17 SEPTEMBRE SORTIE NATIONALE


Gare du Nord / Claire Simon

Paris, Gare du Nord, tout peut y arriver, même des trains. On aimerait y rester, mais il faut se dépêcher… Comme des milliers de vies qui s’y croisent, Ismaël, Mathilde, Sacha et Joan vont s’y rencontrer… La gare est comme une bulle que tous traversent, Français, immigrés, émigrés, voyageurs, fantômes… C’est un carrefour où chaque vie passe vite et disparait.

La séance du lundi 9 septembre à 20 h 30 sera suivie d’une rencontre avec Claire Simon.

Vous avez dès le départ envisagé la «Gare du Nord» comme un projet au long cours ? CLAIRE SIMON : J’aurais préféré aller plus vite! Je voulais que les personnages et les histoires France, 2013, 1 h 59, couleur Auteurs Claire Simon, Shirel Amitay Olivier Lorelle Photo Claire Simon, Richard Copans Laurent Bourgeat Son Thierry Morlaas Musique Marc Ribot Montage Julien Lacheray Avec Nicole Garcia, Reda Kateb François Damiens, Monia Chokri Lou Castel, Jean-Christophe Bouvet Jacques Nolot, André Marcon… LOCARNO 2013 :

SÉLECTION OFFICIELLE

DU 4 AU 24 SEPTEMBRE SORTIE NATIONALE

surgissent de la gare. La Gare du Nord représente le territoire, le royaume, le domaine que j’ai essayé d’arpenter comme s’il s’agissait d’un résumé du monde. J’entends par là une métaphore spatiale et géographique mais aussi temporelle; le passage dans la gare comme métaphore de notre vie. On arrive, on traverse, on part: ça correspond au séjour sur Terre. Je pensais toujours à ça, au Jugement dernier, à la Porte des Enfers. Sans l’aspect cauchemardesque de l’Enfer, mais dans l’idée d’un passage, d’une porte vers l’inconnu… […] On peut raconter plein d’histoires qui se passeraient à la gare, on peut même le faire depuis chez soi, mais c’est tout ce que je ne voulais pas. C’est pour cette raison que j’ai proposé à trois personnes –Benoît Laborde, Judith Fraggi et John Hulsey– une période d’immersion, ce que je n’avais jamais fait sous cette forme. Nous cherchions à écouter les histoires que la gare raconte, à rencontrer des gens pour trouver matière à un scénario de fiction à partir de choses vues, entendues, ressenties à la gare… […] Au début nous écrivions sur calepin, nous ne faisions qu’écouter, nous ne regardions pas –d’ailleurs je me disais à cette étape que je ne parviendrais jamais à filmer ce lieu. Comme c’était un exercice de mémoire et que l’on perdait beaucoup, on a commencé à s’armer de micros et d’enregistreurs: on a joué aux espions! On rencontrait aussi des gens évidemment, mais parfois nous enregistrions sans qu’ils le sachent. Ensuite nous avons retranscrit et nous nous sommes lus les textes tous ensemble. C’est à cette étape que l’idée de faire un projet plus grand est apparu, il y avait une telle matière! La première forme qui m’est venue est le théâtre –la pièce est écrite et répétée mais bute sur des aspects financiers– puis la fiction. Je me suis dit que si je faisais ces deux projets, il fallait aussi faire un documentaire, prendre le risque de la vraie rencontre, de ce qu’on ose dire quand la caméra tourne, sans passer par la médiation des acteurs. Ce film s’appelle Géographie humaine et a été réalisé avant la fiction. in Dossier de presse

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Jimmy P.

Psychothérapie d’un Indien des Plaines Arnaud Desplechin

C’est un film d’aventure, un vrai, un grand. L’histoire de deux hommes en marge qui parcourront, ensemble et l’un vers l’autre, une odyssée. Ce voyage semé d’embûches, de gouffres, de passages obscurs, les deux héros l’accompliront pour l’essentiel assis face-à-face, dans une salle désaffectée d’un hôpital militaire du Kansas. L’un, qui jusque là ne parlait pas, raconte. L’autre, avec son accent bizarre, pose des questions, écoute et prend des notes… […] Cette aventure sera aussi, surtout, celle du spectateur: il s’agira, pour lui comme pour les personnages, de partir des acquis, de son savoir (de spectateur) pour aller de l’avant et accomplir lui aussi ce beau programme politique et éthique qu’énonce Devereux à la fin: «deux hommes de bonne volonté qui cherchent un terrain commun». Ce terrain commun est très exactement ce que construit le film d’Arnaud Desplechin, avec ses spectateurs. Jean-Michel Frodon, slate.fr, mai 2013

[…] Ce n’est pas simplement son personnage d’Amérindien souffrant d’un trouble de la vue psychosomatique que Arnaud Desplechin assoit sur un fauteuil d’analysant. C’est toute l’histoire des temps modernes qui est soumise au même régime analytique. Une histoire qui va du génocide indien à la Shoah, et dont les deux protagonistes, Jimmy P., donc et Georges Devereux, son analyste français, juif d’origine roumaine (le film est adapté d’un de ses «cas»), portent la mémoire. La possibilité de la survie, c’est la question ultime de toute psychanalyse et Devereux, campé avec bonhomie et malice par Mathieu Amalric accouche Jimmy P. des moyens de sa survie, rongé par de puissants acides névrotiques qui attaquent les yeux, la parole et le corps de cet Indien catholique prostré (Benicio Del Toro, tout en puissance endolorie). Mais la survie, c’est aussi un poids, une culpabilité terrible pour ceux qui n’ont pas été anéantis par une des grandes catastrophes de l’histoire. Comment survivre au désastre de sa propre vie, de celle de ses parents? Comment survivre à la plus grande catastrophe de l’histoire et à la destruction d’un peuple? Desplechin noue ces deux questions avec beaucoup de finesse, organise une belle circulation entre mémoires collective et individuelle, les poids dont on se leste soimême et ceux dont on hérite. Le film est grave, sombre: il couve à feux doux, mais laisse des brûlures profondes. Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, 22 mai 2013 9

France , 2013, 1 h 56, scope-couleur, v.o. Scénario Arnaud Desplechin en collaboration avec Julie Peyr, Kent Jones d’après le livre Psychothérapie d’un Indien des Plaines de Georges Devereux, Ed. Fayard Photo Stéphane Fontaine Son Jamie Scarpuzza, Sylvain Malbrant Nicolas Cantin, Stéphane Thiébault Musique Howard Shore

Montage Laurence Briaud

Avec Benicio Del Toro, Mathieu Amalric Gina McKee, Larry Pine, Joseph Cross Elya Baskin, Gary Farmer… CANNES 2013 : SÉLECTION OFFICIELLE

DU 11 SEPTEMBRE AU 1er OCTOBRE SORTIE NATIONALE


Tip Top / Serge Bozon

SERGE BOZON: C’est quoi, le genre de «Tip Top» (polar, comédie, etc.)? JEAN DOUCHET: J’ai une idée. Dans vos films précédents, il y avait déjà un goût pour les

ruptures de ton, par exemple les danses dans «Mods» ou les chansons dans «La France». Ici, les ruptures ne sont plus ponctuelles, elles deviennent le principe même du film. A chaque changement de scène, on change de décor, de personnage, de ton, de tout. Alors le spectateur ne sait jamais sur quel pied danser. Le burlesque a à voir avec les ruptures, car un gag burlesque survient toujours par rupture. Peau de banane ou tarte à la crème, on glisse ou ça claque. Pour «Tip Top», je parlerais de «burlesque moderne». C’est ça, le genre du film. in Dossier de presse

France, 2013, 1 h 46, couleur Scénario Axelle Ropert, Serge Bozon d’après le roman de Bill James, Ed. Rivages Photo Céline Bozon Son Laurent Gabiot, Valène Leroy Angelo Dos Santos Musique Roland Wiltgen Montage François Quiqueré Avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain François Damiens, Karole Rocher Aymen Saïdi, Saïda Bekkouche François Negret, Samy Naceri… FESTIVAL LA ROCHELLE 2013

CANNES 2013 : QUINZAINE DES RÉALISATEURS / PRIX SACD

DU 11 AU 24 SEPTEMBRE SORTIE NATIONALE

[…] Tip Top ouvre sur une petite scène d’anthologie. On y voit Robert (François Damiens en majesté) mettre le souk dans un café de province peuplé de Nord-Africains, qu’il provoque de harangues racistes. On comprend deux minutes plus tard que Robert est un flic «undercover» et que sa diversion visait à sauver la peau d’un indic, maghrébin luiaussi. La violence de la scène est comique, mais le comique de Bozon n’est pas violent, il est retors, malin, tonique et jamais malveillant… […] On n’a pas fini de rire: Robert a sur le dos deux inspectrices de la police des polices venues de Paris, aussi bizarres l’une que l’autre et aussi détraquées que lui: Esther (Isabelle Huppert) et Sally (Sandrine Kiberlain). La première est une maîtresse femme à la limite du trouble compulsif, la seconde est frappée d’un voyeurisme sexuel pathologique. Une synchronie affective, l’une intrépide, l’autre fascinée, les unit très vite. Avec Robert, ces actrices forment aussi un assez sidérant alliage nordique, tout en cheveux clairs et tâches de rousseur, qui contraste avec leur environnement… […] On pourrait tout à fait décrire le stable Tip Top comme une petite soupe cosmique de collisions permanentes entre les codes sociaux, entre les genres cinématographiques, entre les mœurs culturelles et, naturellement, entre les personnages. Pas facile, par exemple, d’en départir le genre: Tip Top navigue entre le contexte d’un téléfilm policier, les codes sentimentaux d’un certain cinéma d’auteur, les petites connivences de la comédie en uniformes, la fable déconstructrice à la Luc Moullet et une certaine féerie sociale déglinguée à la Tati… […] Le film, léger, drôle et gracieux, court avec la fluidité d’un sable nous glissant entre les doigts… Olivier Séguret, Le Monde du 20 mai 2013 10


La Bataille de Solférino / Justine Triet

Dimanche 6 mai 2012, le matin. Laetitia (Laetitia Dosch), journaliste télé, couvre les élections présidentielles. Elle s’apprête à quitter son appartement pour la rue de Solférino et à confier ses deux filles à un baby-sitter très amateur. Mais débarque son ex Vincent (Vincent Macaigne, toujours impressionnant), le père de ses enfants, qui vit mal une rupture douloureuse et souffre de troubles maniaco-dépressifs. Gamines déchaînées, baby-sitter submergé, amant un peu envahissant, avocat misanthrope, France coupée en deux: c’est le bordel. Premier film d’une jeune réalisatrice, chronique d’un couple séparé qui se déchire autour de la garde des enfants le jour de l’élection de François Hollande, «La Bataille de Solférino» dresse aussi un portrait – accablant mais juste– de la France entre le privé et le public, délire et marasme, crise de nerfs et bouffées d’angoisse. «La Bataille de Solférino» réjouit par son énergie mais surtout dérange et démange. Car le film de Justine Triet gratte là où ça fait mal. Olivier Père, www.arte.tv

Quels étaient les défis de mise en scène les plus risqués, excitants ou difficiles de «La Bataille de Solférino»? Tourner une scène de fiction au milieu de la foule, comme un documentaire ou un reportage? Chercher la vérité dans des longues scènes de dialogues et d’intimité où les personnages –acteurs passent par plusieurs états de fatigue, d’émotion et de violence? JUSTINE TRIET : Les deux. C’était très excitant lorsqu’on a vu les militants, rue de Solférino, croire aux «faux journaux» de Laetitia et se précipiter derrière elle pour apparaître à la télé dès qu’elle lançait son journal. Parce que j’avais beau avoir prévu les choses, ça me dépassait. Pareil pour la dispute entre Vincent et Laetitia après les résultats. La sécurité du PS a vraiment cru que Vincent allait agresser une journaliste d’I télé, et a voulu le sortir. Le plus complexe, c’est que plusieurs scènes se tournaient simultanément et que je ne pouvais pas tout contrôler. Et je pensais tout le temps que le tournage allait s’arrêter, qu’on allait nous virer. Mais étrangement, on a frôlé les catastrophes, mais c’est passé. Huit caméras tournaient ce jour-là, six au PS (deux aux balcons et trois en bas dans la rue), une à l’UMP, deux dans les rues de Paris, sur le scooter. Alors, c’était un peu fou comme organisation. A 20 heures, l’heure des résultats, plus aucun téléphone ne passait, et j’étais coincée dans la foule, je ne pouvais plus avancer. C’était l’une des scènes les plus importantes de mon film et je n’étais pas là. Les scènes dans l’appartement sont difficiles pour d’autres raisons, parce que nous tournions énormément, pour avoir cet état de fatigue, de violence, ou de rire. Et les acteurs étaient poussés à bout. Vincent s’est cassé la voix à la première prise de la dispute, Laetitia a détruit le décor à la seconde. On a dû tout reprendre un nombre incroyable de fois pour trouver. www.arte-tv.com

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France , 2013, 1 h 34, couleur Scénario Justine Triet Photo Tom Harari Son Julien Sicart

Montage Damien Maestraggi

Avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne Arthur Harari, Virgil Vernier Marc-Antoine Vaugeois Jeane Arra-Bellanger, Liv Harari Emilie Brisavoine… SOUTIEN ACID FESTIVALS 2013 : ACID CANNES PARIS CINÉMA, LA ROCHELLE…

DU 18 SEPTEMBRE AU 1er OCTOBRE SORTIE NATIONALE


Mon âme par toi guérie François Dupeyron

Frédi perd sa mère. Cette dernière lui a transmis un don. Il ne veut pas en entendre parler mais il est contraint, forcé de reconnaître que ses mains guérissent… Il s’interroge. D’où vient ce don? Qu’importe, il l’accepte… il lâche prise.

La séance du mercredi 2 octobre à 20 h 30 sera suivie d’une rencontre avec François Dupeyron.

France, 2013, 2 h 03, scope-couleur Scénario François Dupeyron Photo Yves Angelo Son François Maurel, Fred Messa Musique The Swingsons, Vanupie, Nina Hagen Montage Dominique Faysse Avec Céline Sallette Gregory Gadebois Jean-Pierre Darroussin Marie Payen Nathalie Boutefeu…

DU 25 SEPTEMBRE AU 8 OCTOBRE SORTIE NATIONALE

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CYCLE / STAGE JACQUES DEMY

Jacques Demy: « La création Demy, parcours» Qu’est-ce qu’un grand cinéaste? C’est quelqu’un qui trouve un équilibre unique –qui n’existait pas avant lui– entre les grandes options de base qui sont les mêmes pour tous ceux qui font des films. La plupart des cinéastes acceptent sagement de faire un choix parmi ces options contradictoires et de renoncer à celles qu’ils n’ont pas choisies. Jacques Demy a aimé à égalité des cinémas dont les principes fondamentaux semblent difficilement compatibles. Bresson et Ophuls. Minnelli et Cocteau. Pagnol et Welles. On parle volontiers de «l’univers de Jacques Demy», et l’une de ses grandes ambitions (réussie) a été de créer un monde que l’on retrouve avec émotion et nostalgie de film en film, avec ses villes portuaires, ses appartements aux étranges couleurs, ses mères essayant de guider la vie de leurs filles pour réparer la leur, ses amoureux malheureux ou désynchrones, ses malentendus et ses quiproquos, ses personnages qui passent d’un film à l’autre, et toujours les jeux de l’amour, du hasard et du destin social. Mais cet univers ne doit pas nous masquer «le cinéma de Jacques Demy» comme geste de création d’une audace incroyable, d’une invention permanente. Un cinéma de l’entre-deux. Un entre-deux que personne avant lui n’avait exploré avec une telle audace tranquille: entre le réel et l’artifice, entre notre monde ordinaire et un monde qui n’existait que dans sa tête, entre le merveilleux et le trivial, entre le corps ordinaire et le corps chantant et dansant. On suivra le parcours de la création-Demy de son premier long-métrage, quasiment bressonien, «La Baie des Anges» à son dernier film, «Trois places pour le 26», où il rassemble tout ce qui a constitué les grands fils rouges de son œuvre: la vie et le spectacle, la fascination de l’inceste, la vérité et les masques, la pesanteur et la grâce, les déchirements et la légèreté. On y passera par la case «Parapluies de Cherbourg», le plus parfaitement demyien de ses films, et par l’œuvre qui a le plus grandi en trente ans, «Une chambre en ville», dont on peut aujourd’hui mesurer pleinement la grandeur et la terrible noirceur. Un mystère traverse tous les films de Jacques Demy, l’enfance. On sait tout ce qui vient anecdotiquement de la sienne: les ports, les garages, le petit théâtre, etc. Mais comment, par quels chemins secrets, l’enfant que Demy a préservé en lui a-t-il résisté aux déceptions et à la lucidité de l’adulte devant la réalité de la vie? C’est sans doute un moteur essentiel de sa création. Alain Bergala STAGE animé par Alain Bergala

essayiste, cinéaste, enseignant de cinéma à La fémis et commissaire d’exposition

‡ samedi 28 septembre

15 h

20 h30

La Baie des Anges (France, 1962, 1 h 19, noir et blanc) Les Parapluies de Cherbourg (Fance, 1964, 1 h 31, couleur) précédé du moyen métrage Le Sabotier du Val de Loire (Fance, 1955, 23 ’, noir et blanc)

® Rencontre publique avec Alain Bergala

‡ dimanche 29 septembre 9 h 30

15 h

Une chambre en ville (France, 1982, 1 h 34, couleur) Trois places pour le 26 (France, 1988, 1 h 38,couleur)

Formulaire d’inscription à retourner avant le mardi 24 septembre disponible à l’accueil de La Coursive ou téléchargeable sur le site de La Coursive

40 €, tarif normal / 32 €, Carte La Coursive / 25 €, – de 26 ans / 20 €, Pass’Culture Etudiant

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Un film léger parlant de choses graves vaut mieux qu’un film grave parlant de choses légères. Jacques Demy


CYCLE / STAGE JACQUES DEMY

France, 1962, 1 h 19, noir et blanc Scénario, dialogues Jacques Demy Photo Jean Rabier Son André Hervé Décors et costumes Bernard Evein Musique Michel Legrand Montage Anne-Marie Cotret Avec Jeanne Moreau, Claude Mann Paul Guers, Henri Nassiet André Certes, Nicole Cholet…

MER 25 SEPTEMBRE 16H45 VEN 27 SEPTEMBRE 18H30 SAM 28 SEPTEMBRE 15H LUN 30 SEPTEMBRE 16H

France, 1964, 1 h 31, couleur Scénario, dialogues Jacques Demy Photo Jean Rabier Costumes Jacqueline Moreau Musique Michel Legrand Montage Anne-Marie Cotret Avec Catherine Deneuve Nino Castelnuovo, Anne Vernon Marc Michel, Ellen Farner…

JEU 26 SEPTEMBRE 14H VEN 27 SEPTEMBRE 16H30 SAM 28 SEPTEMBRE 20H30 soirée-rencontre avec ALAIN BERGALA en première partie passage unique du SABOTIER DU VAL DE LOIRE (1955, 23 ’)

DIM 29 SEPTEMBRE 17H MAR 1er OCTOBRE 18H15

La Baie des Anges

[…] Film tourné sous le soleil de Nice, avec une Jeanne Moreau métamorphosée en vamp américaine, entraînant dans sa dépendance au jeu Claude Mann, acteur novice aux accents dignes d’un Bresson […], La Baie des Anges est l’un des plus beaux films de Jacques Demy… Devant l’impossibilité de réunir le financement des Parapluies de Cherbourg, dont il avait terminé l’écriture peu après Lola, Demy écrivit l’argument de La Baie des Anges en un record de temps et le porta à l’écran dans l’urgence d’une jeunesse qui a soif de montrer ce dont elle est capable et pour qui le tournage doit rester un moment de vérité et de grâce. Cette urgence commande les premiers pas du film: c’est l’inoubliable travelling arrière lancé à cent à l’heure sur la Promenade des Anglais comme la promesse du vertige qui viendra étreindre le spectateur. Dans ce ballet des corps, des impressions et des passions, le cinéaste décrit la vérité à la fois superficielle et profonde des êtres et des choses. Il trempe son pinceau dans l’encrier de la modernité pour dépeindre de façon modeste, dans les seules nuances du noir et du blanc, l’indécision de la vie. Modeste, parce qu’il est précis dans son observation du monde feutré qu’est l’univers du jeu, sans avoir recours à une métaphysique qui viendrait expliquer inutilement l’état de fébrilité dans lequel se débattent les personnages. Il ne pose sur eux aucun regard moral, il se contente d’enregistrer le faisceau des sentiments et des vibrations qui les animent. […] Jamais autant qu’ici, Jacques Demy n’a livré une histoire aussi complètement détachée de lui et en même temps aussi intime. […] La Baie des Anges qui brille désormais d’un nouvel éclat, s’affirme, cinquante ans après sa première sortie en salles, comme l’un des emblèmes de la Nouvelle Vague et du cinéma moderne. Vincent Vatrican, Directeur des Archives Audiovisuelles de Monaco

Les Parapluies de Cherbourg

Quand on me demande mon top 10 ciné de tous les temps, Les Parapluies de Cherbourg figurent toujours dans ma liste. La mélancomédie en-chantée de Jacques Demy fait partie de ces films presque parfaits que l’on peut revoir dix ou vingt fois en éprouvant toujours le même plaisir, en ressentant immuablement les mêmes tressaillements. Pourtant, ce destin chef-d’œuvral n’était pas écrit d’avance, et il fait imaginer ce que fut l’amont du film, l’audace de Demy et Legrand pour se lancer dans un projet entièrement chanté, configuration absolument inédite à l’époque, y compris dans le musical américain qui alternait toujours séquences chantées et dialoguées. Oui, les auteurs ont fait preuve d’un culot, d’une pugnacité et d’une croyance en leur projet admirables pour oser cette aventure quasi expérimentale, puis pour l’amener vers la Palme d’or cannoise et les cimes de l’histoire du cinéma. Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, avril 2013

Le Sabotier du Val de Loire

Le Sabotier du Val-de-Loire subit l’influence de Georges Rouquier –dont Demy fut l’assistant–qui l’a produit et qui dit le commentaire. Cette évocation d’une semaine de la vie d’un vieux sabotier et de sa femme fera, dans sa forme (un documentaire fictionnalisé) comme dans son sujet (le monde rural, le petit artisanat), figure d’exception dans la filmographie de Demy, comme s’il voulait, par ce chef-d’œuvre, s’exprimer une fois pour toutes sur une partie de son enfance et rendre hommage à ce couple qui l’accueillit pendant la guerre… Dominique Marchais, Les Inrockuptibles

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CYCLE / STAGE JACQUES DEMY

Une chambre en ville

Des films dés-enchantés, emblématiques de ces années 1980 traumatiques, où les utopies sont remises en question. Dans Une chambre en ville, chanté de bout en bout (sur la partition pulsative et vénéneuse de Michel Colombier), les personnages évoluent dans un monde saturé de couleurs sombres. Le film est une variation autour du motif du fantôme: la mort du frère, la présence d’une cartomancienne aux allures de Pythie, les rues de Nantes filmées de manière presque gothique, avec en son centre névralgique l’appartement étouffant de la colonelle Langlois (Danielle Darrieux, décadente, très loin de la femme pimpante qu’elle incarnait dans Les Demoiselles de Rochefort). Pour montrer le monde en dégradation, Une chambre en ville est élaboré avec une provocante puissance plastique – ainsi le magasin de télés monochrome d’Edmond (Michel Piccoli) n’est-il pas sans rappeler les assemblages de postes TV de l’artiste Nam June Paik. A ce stade de sa vie et de son œuvre, Demy dit que les désirs irréalisés amènent à jaillir du sang sur la toile de l’écran. D’un côté, la passion qui mène au trépas, l’amour impossible entre un ouvrier et une bourgeoise, incarnée par une Dominique Sanda élégante, éperdue, mais sublimement rebelle, meurtrie, et dont le vison ne fait que révéler l’animalité instinctive; de l’autre, la fracture sociale et les barricades qui tuent également. La lutte des classes semble être un constat sans avenir. Et la sexualité crue, dans le champ, au premier plan: intangible mais mortelle. Le film, soutenu par la critique, sera injustement boudé dans les salles, parce que la crudité de Demy déboussole et met mal à l’aise. Mathieu Orléan in Catalogue de l’exposition «Le monde enchanté de Jacques Demy» coédition Skira-Flammarion, la Cinémathèque française, Ciné-Tamaris, 2013

France, 1982, 1 h 34, couleur Scénario, paroles Jacques Demy Photo Jean Penzer Son André Hervé Décors Bernard Evein Musique Michel Colombier Montage Sabine Mamou Avec Dominique Sanda, Richard Berry Danielle Darrieux, Michel Piccoli Fabienne Guyon… AVANT-PREMIÈRE

DIM 29 SEPTEMBRE 20H30

Trois places pour le 26

Dans Trois places pour le 26, son dernier film, produit par Claude Berri – «alors que j’envisageais de laisser le cinéma pour un temps» (in dossier de presse)– Jacques Demy rend hommage au théâtre et au spectacle vivant, aux passions gaies de son enfance et de son adolescence (avec une touche moderne, apportée par les danses géométriques de Michael Peters, par ailleurs chorégraphe de Thriller de Michael Jackson). Pour cela, il demande à ses complices de toujours, Bernard Evein et Michel Legrand, de concevoir, pour l’un des décors inspirés de Dufy, pour l’autre des instants de music-hall qui exhibent sans retenue le bonheur de la parole et l’intériorité des personnages («ciné qui chante, ciné qui danse»). Et même si l’inceste est là, qui menace l’ordre du film (entre Montand et la jeune Marion –Mathilda May, qu’il ne sait pas être sa propre fille), c’est avant tout une manière de dire que les pulsions ne se racontent pas (elles se vivent !). Pas pour choquer le public. Demy rend aux arts de la scène, dont il dévoile les coulisses, le bonheur qu’il en a reçu et crée une dernière fois, avec Françoise Fabian, un personnage féminin malicieux qui, dans la lignée des précédentes mères-filles de son œuvre cinématographique, incarne une de ces éternelles amoureuses foncièrement indépendantes, aux allures aristocratiques mais au cœur simple. Dans Trois places pour le 26, Demy est à la recherche de l’harmonie, mais pas de la bienséance. Avant que le rideau multicolore ne retombe définitivement sur sa pratique protéiforme du cinéma. Mathieu Orléan in Catalogue de l’exposition… 15

France, 1988, 1 h 38, couleur Scénario, dialogues, lyrics Jacques Demy Photo Jean Penzer Son André Hervé Décors Bernard Evein Chorégraphie Michael Peters Musique Michel Legrand Montage Sabine Mamou Avec Yves Montand, Mathilda May Françoise Fabian, Jacques Nolot… SÉANCE UNIQUE

DIMANCHE 29 SEPTEMBRE 15H


2 1 A O Û T AU 1er O C TO B R E 2 0 1 3 DU 21 AU 27 AOÛT

ME 21/08 JEU 22

MICHAEL KOHLHAAS de Arnaud des Pallières France, 2013, 2h02, scope-couleur

14H30 20H30

14H 18H

17H

20H30

19H

16H30

MER 28

JEU 29

GRAND CENTRAL de Rebecca Zlotowski France, 2013, 1h34, couleur ALABAMA MONROE de Felix Van Groeningen Belgique, 2012, 1h52, scope-couleur, v.o. MICHAEL KOHLHAAS de Arnaud des Pallières

14H 20H30 18H15

16H15

16H

14H 18H15 20H30

DANS UN JARDIN JE SUIS ENTRÉ de Avi Mograbi France /Suisse/Israël, 2012, 1h37, couleur, v.o. BAMBI de Sébastien Lifshitz France, 2013, 58’, couleur DU 28 AOÛT AU 3 SEPTEMBRE

VEN 23

SAM 24

DIM 25

LUN 26

MAR 27

16H 18H30 21H 14H

14H30 20H30

14H30 18H15

15H30 20H

17H

20H45

18H

16H 18H30 21H 14H

19H

17H

14H

VEN 30

SAM 31

DI 1er/9

LUN 2

MAR 3

14H 18H30 20H30

16H45 21H 18H45

14H30 18H45 16H30

16H30 20H45 18H30

16H15

16H

14H30

20H45

14H

14H 18H15 20H30

DU 4 AU 10 SEPTEMBRE

MER 4

JEU 5

VEN 6

SAM 7

DIM 8

LUN 9

GARE DU NORD de Claire Simon France, 2013, 1h59, couleur ALABAMA MONROE de Felix Van Groeningen

14H 20H30 16H15

16H

14H 18H30 16H15

16H45

18H30

(1)

16H15

GRAND CENTRAL de Rebecca Zlotowski

18H30

14H 18H30

20H45

14H30 21H 19H

14H30 20H45

18H

14H 20H30 16H15

MER 11

JEU 12

VEN 13

SAM 14

DIM 15

LUN 16

MAR 17

14H 20H30 18H30

14H 18H15 20H30

16H 20H30 18H15

14H30 20H30 18H30

14H30 18H45 16H45

18H* 20H30* 20H45

16H15

14H

16H45

21H

16H15 20H30* 14H 18H30 18H* 20H45

DU 11 AU 17 SEPTEMBRE

JIMMY P. PSYCHOTHÉRAPIE D'UN INDIEN DES PLAINES de Arnaud Desplechin France, 2013, 1h56, scope-couleur, v.o. TIP TOP de Serge Bozon France, 2013, 1h46, couleur GARE DU NORD de Claire Simon GRAND CENTRAL de Rebecca Zlotowski

20H30

16H15

20H30

18H15

MAR 10

18H15

DU 18 AU 24 SEPTEMBRE

MER 18

JEU 19

VEN 20

SAM 21

DIM 22

LUN 23

MAR 24

LA BATAILLE DE SOLFÉRINO de Justine Triet France, 2013, 1h34, couleur GARE DU NORD de Claire Simon JIMMY P. PSYCHOTHÉRAPIE D'UN INDIEN DES PLAINES de Arnaud Desplechin

16H15 20H30 14H 18H15 20H15*

14H 18H15* 20H30 18H 20H15*

14H 18H15 16H 18H* 20H30*

16H30 20H30 17H30* 15H* 20H*

16H30

20H45

18H*

16H

20H15

14H30 18H30

18H15 15H* 17H30 * 20H* 14H30 20H30

16H15 14H 18H* 20H30* 18H30

14H 18H15 20H30* 16H 18H*

DU 25 SEPTEMBRE AU 1er OCTOBRE

MER 25

JEU 26

VEN 27

SAM 28

DIM 29

LUN 30 MA 1er/10

MON ÂME PAR TOI GUÉRIE de François Dupeyron France, 2013, 2h03, scope-couleur JIMMY P. PSYCHOTHÉRAPIE D'UN INDIEN DES PLAINES de Arnaud Desplechin LA BATAILLE DE SOLFÉRINO de Justine Triet

14H30 20 H45 18H30

18H 20H30 16H

18H* 20H30* 14H 20H15

14H30* 20H* 17H* 18H

14H30* 17H30 20H 18H45*

14H

18H30 16H30

15H 20H30 (2)

TIP TOP de Serge Bozon

20H15

20H30

14H

18H 14H

20H15 16H15

cycle / stage Jacques Demy : «La création Demy, parcours.»

LA BAIE DES ANGES • France, 1962, 1h19, noir et blanc LES PARAPLUIES DE CHERBOURG • France, 1964, 1h31, couleur UNE CHAMBRE EN VILLE • France, 1982, 1h34, couleur TROIS PLACES POUR LE 26 • France, 1988, 1h38, couleur (1) (2) *

16H45

16H 17H* 20H45* 15H

18H15

Rencontre publique avec Claire Simon, lundi 9 septembre à 20h30 à l’issue de la projection de Gare du Nord. (Pré-vente billetterie à partir du lun 2 sept.) Rencontre publique avec Alain Bergala, samedi 28 septembre à 20h30 à l’issue de la projection du Sabotier du Val de Loire et des Parapluies de Cherbourg de Jacques Demy. (Pré-vente billetterie à partir du samedi 21 septembre) Projections dans le Grand Théâtre Le programme cinéma est consultable sur : www.la-coursive.com

LA COURSIVE SCENE NATIONALE /// 4, RUE SAINT-JEAN-DU-PEROT /// 17025 LA ROCHELLE CEDEX 1 /// TEL. 05 46 51 54 00


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