28.02 au 27.03 2018

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7 jours sur 7

AU BUREAU D’ACCUEIL DE LA COURSIVE

du mardi au vendredi de 13h à 20h / samedi, dimanche et lundi de 14h à 20h PAR TÉLÉPHONE du lundi au dimanche de 14 h à 18h 05 46 51 54 02 - 05 46 51 54 03 - 05 46 51 54 04 SUR INTERNET www.la-coursive.com horaires consultables et programme téléchargeable MÉDIAS Sud-Ouest • Sud-Ouest Dimanche • Sortir • France Bleu La Rochelle • La Charente-Libre • France 3 Poitou-Charentes et Atlantique • RCF • La Nouvelle République Niort • Le Phare de Ré • Radio Collège • TMV La Rochelle • UBACTO

Tarifs cinéma

TARIF NORMAL CARTE LA COURSIVE, PLUS DE 60 ANS LUNDI POUR TOUS MOINS DE 26 ANS, DEMANDEUR D’EMPLOI TARIF JEUNE MOINS DE 18 ANS TARIF GROUPES SCOLAIRES, CENTRES DE LOISIRS CARTE FIDELITE POUR LES TITULAIRES DE LA CARTE LA COURSIVE 10 séances (valable jusqu’au mercredi 27 juin 2018)

7€ 6€ 5€ 5€ 4€ 3,50 € 50 €

TARIFS CARTE LA COURSIVE Individuel, 13,50 € • Collectivité ou groupe (minimum 10 personnes), 12 € • Plus de 60 ans, 12 € • Moins de 26 ans, Demandeur d’emploi, 7 € Cinéma Art et Essai Recherche et Découverte, Jeune Public et Patrimoine et Répertoire, adhérent au Groupement National des Cinémas de Recherche, à l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai, à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche, à l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion et à l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma. Salle Europa Cinémas.

Cinéma jeune public

Tout film présenté dans le cadre de la programmation du mois peut faire l’objet de séances scolaires (tarif : 3,50€). FILMS TOUT PARTICULIEREMENT RECOMMANDÉS

LOU ET L’ILE AUX SIRÈNES de Masaaki Yuasa • Animation, Japon, 2017, 1h52, couleur, v.o. m à partir de 8-9 ans m Séance tout public: mercredi 28 février 18h15 AGATHA, MA VOISINE DÉTECTIVE de Karla von Bengtson • Animation, Danemark, 2017, 1h17, couleur, v.f. m à partir de 6 ans m Séances tout public: samedi 3 mars 14h30/dimanche 4 mars 16h30 m Séance scolaire possible: jeudi 1er mars 9h45 LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES de Benjamin Renner et Patrick Imbert Animation, France, 2017, 1h20, couleur m à partir de 5-6 ans m Séance tout public: samedi 3 mars 16h15 m Séance scolaire: lundi 5 mars 9h45 CHARLOT FESTIVAL de Charles Chaplin • 3 courts métrages, USA, 1916-17, 1h13, noir et blanc, sans paroles m à partir de 5 ans m Séance tout public: mercredi 14 mars 14h30 / dimanche 18 mars 16h m Séance scolaire possible: vendredi 16 mars 9h45 L’ÉTRANGE FORÊT DE BERT ET JOSÉPHINE de Filip Pošivacˇ, Barbora Valecká Animation, République tchèque, 2017, 45’, couleur, v.f. m à partir de 5-6 ans m Séances tout public: mercredi 21 mars 14h30 / samedi 24 mars 17h / dimanche 25 mars 16h45 et du 28 mars au 3 avril m Séances scolaires possibles: lundi 26 mars 10h et 14h15 POUR TOUT RENSEIGNEMENT SERVICE CINEMA : 05 46 51 54 00

Directeur de la publication Franck Becker Programmation et rédaction Edith Périn Réalisation maquette, photogravure Brigitte Bombaron Morisson Impression fabrication Imprimerie IRO Photo de couverture Jean Douchet. L’Enfant agité de F. Hagege, G. Namur, V. Haasser


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Winter Brothers / Hlynur Pálmason Mon film a des affinités avec ceux de Buster Keaton. Hlynur Pálmason

Premier long métrage du plasticien islandais Hlynur Pálmason, Winter Brothers (Grand prix du jury au Festival d’Angers, ex-aequo avec Tesnota. Une vie à l’étroit) témoigne à la fois d’une grande ambition et d’une véritable maîtrise. Dans un monde où la neige et la poussière de calcaire se disputent le paysage et les visages, afin de les confondre dans la même blancheur, tandis qu’à l’intérieur de la mine on ne perçoit dans le noir que l’agitation des lampes attachées aux casques, se déroule confusément une intrigue simple: Emil vend à ses camarades une mixture alcoolisée de sa fabrication, dont la consommation s’avère mortelle; après avoir été, en tant que pourvoyeur, un agent de la sociabilité dans les ténèbres où les mineurs perdent leur individualité, il s’en trouve exclu en tant que meurtrier dehors et dans un bureau. Ces événements, dont certains se renouvellent à loisir avec des degrés de réalité incertains, présupposent des mœurs primitives, une société tribale, indifférente aux lois établies, dont le chef d’entreprise luimême n’est pas exempt: un temps coutumier plutôt qu’historique. L’aspect mythologique de la fable se voit confirmé par ses balbutiements. Le récit bégaie, exactement: il se répète en même temps qu’il se bloque, on ne sait parfois guère reconnaître ce qui s’y établit solidement comme un fait capable de figurer au titre de cause dans la suite. Où les courses éperdues d’Emil peuvent-elles le mener? Ceux de ses actes qui dénotent une intention entraînent des conséquences, mais sont-elles celles qu’il souhaitait? Le rêve, le réel, à quoi pourrait-on les distinguer? La mise en scène, à la fois insistante et rompue, dépeint donc la causalité insidieuse et invincible d’un univers qui ne connaît que la blancheur indistincte et les ténèbres inintelligibles. Quelle importance les desseins des personnages pourraient-ils y garder? L’extraordinaire séquence où les deux frères, naguère complices dans le trafic, désormais opposés dans leurs projets et rivaux dans leurs amours, se battent l’un contre l’autre nus rassemble toutes les équivoques: comme les étreintes s’y mêlent aux coups, ce corps à corps intime et brutal présente à la fois l’image d’une lutte amoureuse et incestueuse et celle d’un combat fratricide; la petite mort d’Emil qui en marque le terme répond à ces deux significations. Alain Masson, Positif n°684, février 2018

Vinterbrødre Danemark / Islande, 2017, 1 h 34, coul., v.o. Scénario Hlynur Pálmason Photo Maria Von Hausswolff Son Lars Halvorsen Décors Gustav Pontoppidan Musique Toke Brorson Odin Montage Julius Krebs Damsbo Avec Elliott Crosset Hove, Simon Sears Victoria Carmen Sonne, Lars Mikkelsen Peter Plaugborg, Michael Brostrup… SOUTIEN AFCAE FESTIVALS : LOCARNO 2017 (Prix meilleur acteur et film européen) / TORONTO 2017 / LA ROCHE-S/YON 2017 ANGERS 2018 (Grand Prix du Jury)

DU 1er AU 6 MARS SORTIE NATIONALE

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Les Garçons sauvages Bertrand Mandico

Début du XXe siècle, cinq adolescents de bonne famille épris de liberté commettent un crime sauvage. Ils sont repris en main par le Capitaine, le temps d’une croisière répressive sur un voilier. Les garçons se mutinent. Ils échouent sur une île sauvage où se mêlent plaisir et végétation luxuriante. La métamorphose peut commencer… Connu dans le monde du court métrage pour sa singularité, pour ne pas dire la folie de son univers, Bertrand Mandico réussit magnifiquement le passage au long métrage, en parvenant à ne pas éteindre sa flamme formelle ni, à l’opposé, à exaspérer les sens du spectateur par les excès d’effets qu’un tel cinéma amène parfois. Le fil narratif nous emmène dans une aventure fantastique que le réalisateur a voulu au croisement des romans de Jules Verne et de William S. Burroughs –dont le titre du roman The Wild Boys est d’ailleurs un emprunt en forme de clin d’œil– baignée dans un climat d’une poésie rare aujourd’hui, qui évoquera à certains la beauté du cinéma de Jean Cocteau. La prestation des comédiens, et en premier des comédiennes qui incarnent «les garçons» –Pauline Lorillard dans un rôle à l’opposé de ce qu’elle était dans Pour le réconfort, Vimala Pons méconnaissable, Diane Rouxel, Anaël Snoek et Mathilde Warnier– donne un relief encore plus particulier à cette œuvre unique.

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Quel est le point de départ des «Garçons sauvages» ? BERTRAND MANDICO: J’ai voulu juste faire le film que je voulais voir, ne pas bouder mon plaisir de

spectateur. Explorer un type de récit fantastique qu’on n’a peut-être pas l’habitude de développer quand on aborde un premier long: une histoire qui mêle aventure et surréalisme, île tropicale et studio, bateau et tempête… J’ai tourné en essayant d’embrasser la fantaisie chaque jour, avec toujours le désir d’entraîner le public dans ce sillage.

Soirée-rencontre avec Pauline Lorillard, actrice et Pascal Vimenet, critique indépendant et enseignant de cinéma LUNDI 5 MARS 20H

Le titre du film vient du roman de William S. Burroughs (1973), dont la quatrième de couverture annonce que des «adolescents guérilleros, rompus à toutes les armes du sexe et de la drogue, vont dévaster la terre»… B. M.: C’est un titre qui me hante, cette couverture est prophétique. Burroughs pensait ses romans comme des films. Certaines séquences du roman ont été des déclics, comme les scènes de jeunes garçons faisant l’amour avec une masse végétale hypersexuée. Mais ce n’est pas du tout une adaptation, plus une rêverie sur un titre. J’ai voulu faire une bouture entre Jules Verne et Burroughs, une bouture impossible, comme si Burroughs contaminait une robinsonnade à la Jules Verne. Parlez-nous du casting: vos «garçons sauvages» sont incarnés par des femmes et l’illusion est au début bluffante pour le spectateur non averti… B. M.: J’ai pensé à des actrices dès le début. C’était le désir de leur offrir des rôles iconoclastes et chercher en elles les garçons sauvages… C’est intéressant de donner des possibilités de jeu à des actrices qui se sentent peut-être à l’étroit dans ce qu’on peut leur proposer. Cela a été long pour trouver les cinq jeunes actrices et la dynamique de bande : je ne voulais pas tomber dans la caricature du film choral, où la caractérisation physique de chacun est très marquée pour qu’on reconnaisse le personnage. Je voulais une bande unie, presque comme un groupe de rock. Et qui jouerait quoi dans ce groupe? B. M.: Vimala Pons serait au chant, Anäel Snoek au clavier, Pauline Lorillard à la batterie, Mathilde

Warnier à la basse et Diane Rouxel à la guitare. Le Capitaine (Sam Louwyck) serait le manager qui se ferait voler son groupe par le Dr Séverin (Elina Löwensohn), qui aurait des ambitions plus hautes pour les garçons. Comme dans vos courts, «Les Garçons sauvages» est une œuvre chargée de violence et d’érotisme, mais avec un traitement singulier de ces deux mamelles du cinéma… B. M.: Je ne suis pas du tout amateur de violence réaliste au cinéma. Ma préoccupation est de montrer la violence de façon presque vaporeuse et lyrique. La scène où Nathalie Richard est attachée nue sur un cheval, sur le papier, ça peut sembler cru et dur. Mais j’essaye, en filmant, de créer une distance onirique, non pour minimiser, mais pour l’intégrer à un récit que j’espère enivrant. Je ne suis pas certain qu’il faille violenter le spectateur avec cynisme. Je pense qu’au contraire, on peut faire passer des choses complexes autrement et créer sans doute un trouble plus profond. Pour ce qui est de l’érotisme, je me laisse guider par la caméra, la pellicule m’aide à embrasser les peaux, grain contre grain. Le numérique est trop dur pour mes yeux. Je ne cherche pas à être explicite, je tente le détournement par métaphores visuelles ou collages organiques. Par exemple, j’ai remplacé le sexe du Capitaine par une langue de bœuf –ce n’est pas très érotique sur le papier mais cela crée un trouble profond. Ce genre de substitution m’amuse beaucoup, comme pour les fruits phalliques ou poilus: mon érotisme est lié à l’humour noir, je m’amuse à planter des pointes d’ironie dans la sensualité. Que ce soit dans la présence des fluides corporels ou la confusion des genres, vos courts métrages –et maintenant «Les Garçons sauvages»– sont traversés par l’idée de fluidité… B. M.: C’est la mécanique organique vivante qui me motive, la communion de fluides, les fusions, les métamorphoses: les passages de frontières, les zones non marquées… Je travaille cela de façon obsessionnelle, inconsciente. Les Garçons sauvages n’est pas un film à thèse, c’est plus de l’ordre de la pulsion: un luisant objet du désir. Mes idées me disent où je me trouve, mais elles ne m’indiquent pas où je vais. Propos recueillis par Léo Soesanto in Dossier de presse

France, 2017, 1 h 50, noir & blanc et couleur Scénario Bertrand Mandico Photo Pascale Granel Son Simon Apostolou, Laure Saint-Marc… Décors Astrid Tonnellier Musique Pierre Desprats Montage Laure Saint-Marc Avec Pauline Lorillard, Vimala Pons Diane Rouxel, Anaël Snoek Mathilde Warnier, Sam Louwyck Elina Löwensohn, Nathalie Richard…  Vente de la BO du film en disque vinyle couleur collector à l’accueil de La Coursive (à partir du 28 février) SOUTIEN GNCR FESTIVALS 2017:VENISE (Prix de la critique internationale) / BORDEAUXFIFIB (Grand prix du jury) / SÉVILLE (Prix spécial du jury) / MONTRÉAL / GARDANNE

DU 28 FEVRIER AU 13 MARS SORTIE NATIONALE

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Tesnota. Une vie à l’étroit Kantemir Balagov

Véritable révélation cannoise, ce premier long métrage russe du jeune Kantemir Balagov vient d’obtenir le Grand Prix du jury et d’interprétation féminine au Festival premiers plans d’Angers.

Russie, 2017, 1 h 58, couleur, v.o. Scénario Anton Iarouch, Kantemir Balagov Photo Artem Emelyanov Son Andreï Nikitin Décors Alexeï Paderine Montage Kantemir Balagov Avec Daria Jovner, Olga Dragounova Artem Tsypine, Nazir Joukov Veniamine Kats… SOUTIEN AFCAE CANNES 2017 : SÉLECTION UN CERTAIN REGARD ANGERS 2018 : GRAND PRIX DU JURY et PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE

DU 7 AU 20 MARS

[…] Sans préjuger de la suite du parcours du jeune Kantemir Balagov, il vient de ciseler à coup sûr un bijou de premier film. Balagov est originaire du Caucase et a tourné ce film dans sa ville de Nalchik d’après un fait divers réel. Mais réel ou pas, il subjugue surtout par son éclaboussant talent de filmeur, palpable dans chaque plan exsudant d’intensité, de juste durée, de beauté, de silences dénués de toute complaisance auteuriste. L’histoire qu’il raconte n’est pas franchement fun. Dans une famille juive, on célèbre les fiançailles du fils avec une fille juive du voisinage –les parents sont donc très heureux. Mais le soir même, les tourtereaux se font enlever par des mafieux qui réclament une rançon. Les parents recherchent des fonds parmi la communauté juive, peu solidaire, puis décident de marier leur fille pour obtenir l’argent de la dot. Mais Ilana est une rebelle: elle bosse dans le garage paternel, fume en cachette, ne veut en aucun cas épouser le garçon de «bonne famille» juive choisi par ses parents car elle est amoureuse d’un Kabarde, ce qui n’est pas anodin dans cette région-mosaïque fracturée par les tensions inter-communautaires. Cette histoire à la James Gray est filmée selon une facture qui évoque tantôt Gray (lumières chaudes, attention aux rituels communautaires, foyer familial vu à la fois comme un cocon et une prison…) tantôt Pialat (art du visage, tension à fleur de peau, révolte sous-jacente…). Partir? Rester? S’émanciper ou demeurer soudé à sa «tribu» pour reprendre le mot de la mère? Telle est la question qui divise parents et enfants de cette famille juive selon des lignes œdipiennes. Ce feu mijotant au sein de la famille renvoie à celui qui couve dans une région où se haïssent Russes, Kabardes, Tchétchènes, musulmans, islamistes et où le point commun entre ces groupes divisés reste l’antisémitisme. Mais encore une fois, ce substrat socio-politique ne prend jamais le pas sur le regard de Balagov qui tient sa cohérence, sa densité et sa justesse quasiment de bout en bout (petit bémol, il a du mal à conclure son film). Les acteurs sont tous tip-top, doués d’une hyper-présence sans jamais en rajouter, mais on s’autorisera à mettre particulièrement en lumière Daria Jovner (Ilana) qui est vraiment géniale. Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, 24 mai 2017

SORTIE NATIONALE

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La Caméra de Claire / Hong Sang-soo La beauté du film tient au grand cas qu’il fait du regard: non seulement Claire (Isabelle Huppert, extraordinaire que le cinéaste retrouve pour la seconde fois) prétend que ses photos transforment ses modèles, mais elle invite ces derniers à poser un regard différent sur le monde qui les entoure. «La seule façon de changer les choses, c’est de tout regarder à nouveau très longtemps», dit-elle. Une morale limpide et tenace, qui résume à merveille toute l’évidence et la sophistication mêlées du cinéma de Hong Sang-soo. Le Monde

Pour Hong Sang-soo cette année à Cannes, il y avait la compétition, Le Jour d’après, et la séance spéciale: le tapis rouge et l’école buissonnière… Tourné en catimini pendant l’édition 2016 du Festival, il est venu comme un enchantement redéfinir la géographie de la ville, ses passages secrets, ses impasses, son horizon. On n’avait jamais vu la ville ainsi, sa bibliothèque, son restaurant vietnamien désert, et une jetée rocheuse qui rappelle la Corée. Hong Sang-soo a transporté son monde avec lui, dans le lieu a priori le plus enchâssé dans le cliché. Film limpide, gracieux, léger comme une ondée de printemps, La Caméra de Claire commence et finit dans un minuscule bureau du Palais des festivals, où travaille Manhee (Kim Minhee), juste avant de se faire licencier par une productrice jalouse: Manhee a eu le malheur de passer une nuit avec le réalisateur So, que celle-ci aime et produit. Le triangle se chiffonne et Claire (Isabelle Huppert) apparaît, en touriste «pour la première fois à Cannes» (!), et met son grain de sel dans l’affaire. Car Claire a un pouvoir, celui de prendre des photos avec son Polaroïd et ce faisant de changer discrètement le cours des choses. N’ayant rien de précis à faire à Cannes, elle s’engouffre dans les plis du marivaudage et fait miroiter ses clichés à elle devant les yeux fatigués mais ébahis des trois Coréens: ainsi Manhee se maquille beaucoup, So et sa productrice ont l’air heureux, tous ont croisé le même gros chien gris au moins une fois durant le festival. Maigres indices qui ne conduisent à rien d’autre qu’à un beau serpent farceur qui finit par se mordre la queue. C’est tout, c’est le titre du recueil de textes de Marguerite Duras que choisissent Claire et So à la bibliothèque: c’est trois fois rien et c’est énorme, comme La Caméra de Claire, le film de contrebande de Hong Sang-soo, minuscule perle précieuse jetée sur les berges cannoises à mi-parcours pour nous éblouir. Laura Tuillier, Cahiers du cinéma n°734, juin 2017

Soirée-rencontre avec Carole Desbarats, historienne et critique de cinéma JEUDI 8 MARS 20H

Corée du Sud / France, 2017, 1 h 09 couleur, v.o. Scénario Hong Sang-soo Photo Lee Jinkeun Son Seo Jihoon Musique Dalpalan Montage Hahm Sungwon Avec Isabelle Huppert, Kim Minhee Chang Mihee, Jung Jinyoung Yoon Heesun, Lee Wanmin… CANNES 2017:SÉLECTION OFFICIELLE HORS COMPÉTITION

DU 7 AU 27 MARS SORTIE NATIONALE

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LA F Ê T E DU COURT M É T RAGE / 1 4 AU 2 0 M ARS

Chaque année, La Fête du court métrage élabore une programmation officielle –avec le soutien de L’ Agence du court métrage–, permettant à toutes et tous de visionner, sélectionner et diffuser des programmes de films courts libres de droits durant la période de l’événement. A La Coursive deux propositions : «Charlot Festival», programme de trois courts métrages de Charles Chaplin et «Révisons nos classiques», un programme de sept courts métrages réalisés par Samuel Benchetrit, François Ozon, Gustave Kervern et Sébastien Rost, Denis Villeneuve, Eric Toledano et Olivier Nakache, Michel Hazanavicius, Antonin Peretjatko. > Tarif unique : 4 euros

CHARLOT FESTIVAL

Charlot Patine / Charles Chaplin USA, 1916, 24’, noir et blanc, sans paroles Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, James T. Kelley, Eric Campbell, Albert Austin…

Charlot est garçon de restaurant. Chaussé de ses patins, il crée une panique folle, en cuisine comme dans la salle!

Charlot Policeman / Charles Chaplin USA, 1917, 24’, noir et blanc, sans paroles Avec Charles Chaplin, Albert Austin, Lloyd Bacon, Henry Bergman, Frank J. Coleman, Eric Campbell…

Charlot s’engage dans la police et se voit affecté dans un coin dangereux, Easy Street, où Eric Campbell fait régner la terreur…

L’Emigrant / Charles Chaplin USA, 1916-17, noir et blanc, sans paroles durée du programme : 1 h 13 • à partir de 5 ans • MERCREDI 14 MARS 14H30 DIMANCHE 18 MARS 16H

USA, 1917, 25’, noir et blanc, sans paroles Avec Charles Chaplin, Edna Purviance, Eric Campbell, Albert, Austin, Henry Bergman

Emigrant aux Etats-Unis, Charlot rencontre sur le bateau deux autres aspirantes à la liberté, Edna et sa mère. Ensemble, ils échappent aux pickpockets qui sévissent sur ces navires et se retrouvent sans ressources dans un restaurant qui ne tolère pas les mauvais payeurs. 8


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RÉVISONS NOS CLASSIQUES Nouvelle de la Tour L / Samuel Benchetrit France, 2000, 8 ’, noir et blanc Avec Sami Bouajila, Laurent Bateau

C’est la nuit, quelque part dans une banlieue, au pied de la tour L, un homme attend. Un autre arrive, la conversation s’engage: il est minuit et l’homme cherche du «chocolat» (du haschisch). L’un dit qu’il n’est pas dealer, l’autre refuse d’être pris pour un policier. Comme sur une scène d’opéra ou de théâtre le jeu des apparences et des mots offre d’infinies possibilités d’interprétation au spectateur médusé…

Une robe d’été / François Ozon France, 1996, 15’, couleur Avec Frédéric Mangenot, Lucia Sanchez, Sébastien Charles

C’est l’été. Sébastien aime Sheila. Lucia aime les garçons. Et Frédéric, lui, veut simplement se faire bronzer…

Ya Basta! / Gustave Kervern et Sébastien Rost

France, 2010, 11’, couleur Avec Augustin Legrand, Stéphanie Pillonca-Kervern, Yolande Moreau, Jean-Pierre Darroussin…

Un centre d’éducation spécialisé va fermer ses portes. Des handicapés mentaux aidés par leurs éducateurs, vont alors prendre leur destin en main!

Next Floor / Denis Villeneuve Québec, 2008, 11’34”, couleur

Avec Jean Marchand, Helga Smithz, Simone Chevalot, Luc-Martial Dagenais…

Au cours d’un opulent et luxueux banquet, onze convives, servis sans retenue par une horde de valets et de serviteurs attentionnés, participent à un étrange rituel aux allures de carnage gastronomique. Dans cet univers absurde et grotesque, une succession d’événements viendra secouer la procession de cette symphonie d’abondance.

Ces jours heureux / Eric Toledano et Olivier Nakache France, 2001, 17 ’, couleur Avec Lorànt Deutsch, Véronique Dossetto, Elsa Kikoïne, Omar Sy

Ah! les joies de la colonie de vacances… Surtout pour ces pauvres moniteurs…

Echec au capital / Michel Hazanavicius France, 1996, 14 ’, noir et blanc Avec Yvon Back, Philippe Herisson, Antoine Fayard, Valérie Benguigui

Karl Marx n’a pas écrit la fin du Capital. Les livres II et III furent rédigés et publiés par Friedrich Engels entre 1885 et 1894 à partir des notes laissées par Karl Marx. Ce film retrace sous l’angle de la déconne le moment où Marx annonce à Engels sa décision d’arrêter d’écrire Le Capital.

Vous voulez une histoire / Antonin Peretjatko France, 2014, 10 ’ 21”, couleur Avec Lucie Borleteau, Pauline Ghersi, Laure Giapiconi, Antonin Peretjatko

France / Québec, 1996-2014, 1 h 28 couleur / noir et blanc

Vous voulez une histoire? Mettez deux femmes dans une pièce et imaginez que l’une d’elle est rousse.

LUNDI 19 MARS 18H15

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Razzia / Nabil Ayouch

France, 2017, 1 h 59, couleur, v.o. Scénario Nabil Ayouch et Maryam Touzani Photo Virginie Surdej Son Zacharie Naciri Décors Hafid Amly Musique Caroline Chaspoul & Eduardo Henriquez Guillaume Poncelet Montage Sophie Reine Avec Maryam Touzani, Arieh Worthalter Abdelilah Rachid, Dounia Binebine Amine Ennaji, Abdellah Didane… SOUTIEN AFCAE FESTIVAL TORONTO 2017

DU 14 AU 27 MARS

Casablanca, exaltante, ouverte… Mais la liberté de Salima est surveillée. Sur le toit de sa maison, elle fume des cigarettes, dans le dos d’un mari qui contrôle ses faits et gestes… Hakim, jeune garçon des quartiers populaires, se réfugie parfois, lui aussi, sur le toit de son immeuble: c’est là qu’il écoute son idole, Freddie Mercury, le chanteur gay de Queen… Au cœur des quartiers bourgeois, l’adolescente Inès s’asphyxie dans son ghetto de riches, qu’elle quitte seulement pour aller au lycée français. Dans le centre-ville, le restaurant de Monsieur Joe est plein de vieux habitués bavards. Certains évoquent encore le tournage de Casablanca, le fameux film avec Humphrey Bogart et Ingrid Bergman, sorti en 1942. Un mythe. Car aucune scène de cette production hollywoodienne ne fut tournée au Maroc. L’esprit communautaire est devenu, pareillement, une illusion. Autour de lui, Monsieur Joe sent désormais se crisper les comportements. Parce qu’il est juif. «Ces personnages existent, ils sont inspirés par des gens que j’ai rencontrés, explique Nabil Ayouch. Ils se débattent avec leurs rêves, leurs frustrations, ils essaient d’exister au sein d’une société qui les étouffe. Sur le plan économique, le pays est entré dans la modernité. Mais la modernité, c’est aussi l’acceptation des différences. Ce cap est plus dur à passer. Nous sommes à un tournant, nous pouvons tout aussi bien avancer que reculer d’un siècle. Nous sommes en plein combat.» […] Les remparts de l’intolérance, le cinéaste les a vus se dresser lorsque la haine accueillit son Much Loved. En novembre 2015, son actrice principale, Loubna Abidar, était agressée à Casablanca. Elle quitta le Maroc. «J’ai compris à ce moment-là qu’une censure populaire avait pris le relais de la censure politique. La censure politique s’était arrêtée à l’interdiction de mon film. La censure populaire est allée beaucoup plus loin. C’est elle qui nous a fait le plus de mal.» […] Mais être pris pour cible par les partisans d’un durcissement de l’ordre moral et religieux a aussi fait de lui une figure de proue du Maroc progressiste… Aujourd’hui, la liberté a le beau visage de Maryam Touzani, qui cosigne le scénario et interprète le personnage de Salima, qu’elle semble avoir directement inspiré. […] L’ambition du film est grande… Pour comprendre le présent du pays, tout doit être fait, évoquer le passé comme anticiper les risques de l’avenir… «Je veux que les jeunes d’aujourd’hui puissent rêver. C’est ce qui nous a manqué ces dernières années: pouvoir continuer à faire un rêve, pour chacun et pour tous. Un rêve collectif, c’est important pour notre pays.» Frédéric Strauss, telerama.fr, 16 janvier 2018

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Les Bonnes Manières Juliana Rojas et Marco Dutra

Avec son court synopsis qui nous parle d’une infirmière solitaire de São Paulo engagée par une jeune femme pour être la nounou de l’enfant dont elle est enceinte, Les Bonnes Manières n’éveille, volontairement, aucun soupçon. Les organisateurs du Festival de Locarno ont cependant tenu à ajouter cette fameuse petite phrase: «Certaines scènes sont susceptibles de heurter la sensibilité des spectateurs.» Pour être tout à fait exact, il aurait fallu ajouter: «Certaines scènes sont également susceptibles d’éblouir les spectateurs.» Quand l’infirmière, Clara, entre dans l’appartement de la future maman, Ana, elle peut y contempler la ville sous un jour nouveau, magique, coloré, presque futuriste. Et une fois la nuit tombée, la pleine lune surgira dans le ciel comme une apparition. La beauté frappante de ces images est, au sens strict, surnaturelle: les trucages numériques y trafiquent avec les vraies prises de vue, créant une impression de flottement entre rêve et réalité. Qui nous prépare à accueillir l’impossible. Le père inconnu de l’enfant à naître était un loup-garou. Et les soirs de pleine lune, Ana et le petit qu’elle porte ont grand besoin de manger de la viande… Moitié homme, moitié bête, le loup-garou fait peur et surtout, il fait sens : tout est croisement dans ce film réalisé par deux moitiés, Marco Dutro et Juliana Rojas. Visuellement, on voyage du côté de chez Almodóvar, avec des décors intérieurs superbes et superbement travaillés. Et un univers de femmes, aux prises avec un enfant sauvage, que l’on voit grandir dans la seconde partie du film. Mais on plonge en même temps dans un merveilleux quasi hollywoodien, un rêve séduisant auquel se mêle la cruauté du cauchemar. Ces contrastes si forts sont réunis en une parfaite cohérence stylistique. Tout semble couler de source dans Les Bonnes Manières… C’est tout naturellement que Marco Dutro et Juliana Rojas font un cinéma qui se revendique, de toutes les façons possibles, différent. Découverts avec Travailler fatigue (2011), leur goût des cocktails entre réalisme et fantastique n’avait alors pas semblé tout à fait au point. Cette fois, ils maîtrisent parfaitement leur créativité sans barrière et accompagnent la mutation du spectateur d’aujourd’hui, de plus en plus ouvert aux passerelles entre les genres, aux croisements entre toutes sortes d’imaginaires. Les Bonnes Manières n’en est pas moins un choc, une sorte d’ovni. Mais le cinéma d’auteur trouve là une proposition passionnante, aussi ludique que très réfléchie. Et qui fera réfléchir. Frédéric Strauss, telerama.fr, 10 août 2017

As Boas Maneiras Brésil / France, 2017, 2 h 15, couleur, v.o. Scénario Juliana Rojas, Marco Dutra Photo Rui Poças Son Gabriela Cunha; Bernardo Uzeda… Décors Fernando Zuccolotto Musique Marco Dutra, Juliana Rojas, Guilherme et Gustavo Garbato Montage Caetano Gotardo Avec Isabél Zuaa, Marjorie Estiano Miguel Lobo, Cida Moreira Andrea Marquee, Felipe Kenji… SOUTIEN AFCAE FESTIVALS : LOCARNO 2017 (Prix du jury) / L’ÉTRANGE FESTIVAL 2017 (Prix du public) / GÉRARDMER 2018… (Prix du jury)

 Film interdit aux moins de 12 ans DU 21 MARS AU 3 AVRIL SORTIE NATIONALE

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JEAN DOUCHET «L’ART DU PASSEUR »

Jean Douchet. L’Enfant agité. Fabien Hagege, Guillaume Namur, Vincent Haasser

La critique est l’art d’aimer. Elle est le fruit d’une passion qui ne se laisse pas dévorer par elle-même mais aspire au contrôle d’une vigilante lucidité. Jean Douchet Jean Douchet est un passeur. Depuis une cinquantaine d’années, il est un critique de cinéma influent. Il sillonne les cinémathèques du monde entier pour rencontrer le public et parler des films qui le passionnent. Par son intelligence, sa culture, son humour, il a influencé des générations de cinéastes et d’amoureux du cinéma. Un soir, trois amis, Vincent, Guillaume et Fabien croisent son chemin. Ils sont immédiatement fascinés et séduits par sa parole. Et bien que le trio développe une relation privilégiée et intense avec Jean Douchet, l’homme n’en demeure pas moins plein de mystères… Rencontre avec Jean Douchet, critique et enseignant de cinéma et Carole Desbarats, historienne et critique de cinéma MARDI 27 MARS 18H

France, 2017, 1 h 25, couleur et noir & blanc Réalisation Fabien Hagege, Guillaume Namur Vincent Haasser Photo Amine Berrada Son Tristan Pontécaille Musique Arthur Dairaine Montage Nicolas Ripoche Avec Jean Douchet, Arnaud Desplechin Noémie Lvovsky, Barbet Schroeder Xavier Beauvois… MARDI 27 MARS 18H

Parmi les figures dominantes qui œuvrèrent ou travaillent encore à commenter le cinéma plutôt qu’à le créer, entre le chamanique André Bazin et le tutélaire Serge Daney, Jean Douchet fait figure de chaînon manquant et, à cet égard, ne démérite pas du sous-titre que de jeunes documentaristes, Fabien Hagege, Guillaume Namur et Vincent Haasser, ont inscrit sous son portrait:L’Enfant agité. Cette qualification follement énigmatique ne le reste pas longtemps quand on apprend le nom d’un scénario écrit par Douchet au début des années 1980. Un conte où un enfant égaré s’offre au diable, probablement. Le mystère se dissipe tout en augmentant sa brume. A l’aune de cette incertitude, le portrait est une toile cubiste visible sous plusieurs angles à la fois. Celui de la biographie est aigu mais réduit. Certes Douchet naît à Arras en 1929. Bien sûr, comme deux fameuses demoiselles de Rochefort, la province l’ennuie et il monte exercer son art à Paris où il collabore à La Gazette du cinéma puis, à partir de 1957, aux Cahiers du cinéma en duo avec Rohmer. Suivront des apparitions dans des films amis (Godard, Eustache, Rivette, Monteiro, Chéreau), de rares publications (dont L’Art d’aimer, tout un programme !), des enseignements furtifs, ou, encore plus discret, une dizaine de courts métrages (en 1965, il est du collectif de Paris vu par…). Mais encore? Rien d’intime. Douchet pratique l’élégante esquive quand ses interlocuteurs s’approchent des frontières de la vie privée. Et c’est tant mieux. Car on n’écoute pas Douchet à l’image pour débusquer quelque secret de l’ami Polichinelle. Ce qui dérive et nous emporte, c’est le Douchet encore plus parlant que le cinéma qui l’anime, à la manœuvre aussi bien dans les nombreux débats d’après-film qu’il miracule avec ardeur, que dans une pérégrination au festival de Bologne… Ce don de l’oralité et du contact fulgure lors d’une archive qui sert un moment de fil rouge: un ciné-club où Douchet déclenche de nouveaux courants d’air dans ce qu’on pensait être l’archi claquemuré Citizen Kane. Des anciens élèves de l’Idhec (Arnaud Desplechin, Noémie Lvovsky) témoignent de cette voix «qui permet de mieux voir les films grâce à une bonne vie». Son ciné-fils préféré, Xavier Beauvois, parle de «perfection dans une histoire d’amitié». Douchet à écouter-voir. Douchet à prolonger, à rêver, dans les bras câlins et inquiétants de cet enfant-ogre aux nombreux sortilèges. Il dit, gentiment philosophe: «J’ouvre et je lance le mouvement, après démerdez-vous.» Gérard Lefort, Les Inrockuptibles, 24 janvier 2018

EN EXCLUSIVITÉ

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JEAN DOUCHET « L’ART DU PASSEUR »

Madame Hyde / Serge Bozon Une timide professeure de physique dans un lycée de banlieue est méprisée par ses élèves. Un jour, elle est foudroyée pendant une expérience dans son laboratoire et sent en elle une énergie nouvelle, mystérieuse et dangereuse… Madame Hyde est une folie de cinéma, un pari comme l’interprète de Elle (Isabelle Huppert, prix d’interprétation au Festival de Locarno) a toujours cherché pour se surpasser. Télérama

Soirée-rencontre avec Jean Douchet et Carole Desbarats MARDI 27 MARS 20H30

JEAN DOUCHET: Madame Hyde est à la fois un film social, où les couleurs de peau, le rap et la banlieue

sont plus qu’un décor; un film fantastique, qui repose sur une transformation de l’héroïne; et un film sur l’école, au sens le plus simple du terme: pourquoi transmettre le savoir et comment le transmettre? Pourquoi est-ce si important et si dur de le transmettre? Et pourquoi est-ce que ce ne serait pas si important si ce n’était pas si dur, et vice-versa? SERGE BOZON: Je suis d’accord. J. D.: Mais l’essentiel est pour moi qu’on ne sente aucune volonté «originale» de mélanger les trois genres, comme si le geste de mélanger de l’extérieur trois choses si différentes vous excitait en soi. La force du film, c’est que ce qui les mélange, et même les unit, vient de l’intérieur. Les trois n’en font forcément qu’un. Pourquoi? L’héroïne du film (Madame Géquil) est une prof obscure. Elle est obscure parce qu’elle n’arrive pas à transmettre la lumière du savoir. Et la seule manière dont elle peut y arriver, c’est en devenant elle-même cette lumière. Il faut, pour sortir de l’obscurité, qu’elle «s’allume» enfin. D’où la simplicité des effets spéciaux: Madame Hyde est juste le négatif lumineux de Madame Géquil. Or c’est dangereux de «s’allumer». En un mot, Madame Géquil ne peut répandre la lumière sans devenir lumière et elle ne peut devenir lumière sans prendre le risque de brûler. Donc le fantastique vient bien de l’intérieur. On ne le comprend pas tout de suite, mais peu à peu. S. B.: Je n’y avais pas pensé. La simplicité (des effets) dont vous parlez a été en fait dure à trouver. J’espérais au début réussir à tout faire en direct, sur le plateau, par des projections d’images de feu, mais cela n’altérait pas assez l’apparence de Madame Géquil. Alors on a eu l’idée, grâce à Djibril Glissant, de ce passage au négatif en post-production qui permettait de remplacer le feu par la lumière. La lumière, c’est plus simple et plus mystérieux que du feu –on n’essaie plus de faire les Quatre Fantastiques avec Huppert en femme-torche… Mais vous disiez que les trois genres n’en faisaient qu’un, alors quel rapport avec le dernier genre, le film social? J. D.: C’est que les jeunes à qui elle n’arrive pas à enseigner sont eux-mêmes dans l’obscurité, mais sociale cette fois. Ils sont relégués en banlieue et relégués en classe technique. Ce sont à la fois les pauvres, les descendants d’immigrés et les mauvais élèves. Ils sont triplement obscurs. Et l’élèvephare de Madame Géquil, Malik, est quadruplement obscur, parce qu’il est en plus handicapé… Extrait de «Un cours de Jean Douchet au réalisateur» in Dossier de presse

France, 2017, 1 h 35, couleur Scénario Axelle Ropert, Serge Bozon librement adapté de L’Etrange Cas du Dr Jekyll et de M. Hyde de Robert Louis Stevenson Photo Céline Bozon Son Laurent Gabiot Décors Laurie Colson Musique Benjamin Esdraffo Montage François Quiqueré Avec Isabelle Huppert, Romain Duris José Garcia, Adda Senani, Pierre Léon Guillaume Verdier, Patricia Barzyk… SOUTIEN GNCR FESTIVALS : LOCARNO 2017 (Prix d’interprétation Isabelle Huppert) / ANGERS 2018 / BERLIN 2018 /

MARDI 27 MARS 20H30 AVANT-PREMIÈRE

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FESTIVAL TÉLÉRAMA AFCAE ENFANTS DU 21 FEVRIER AU 6 MARS

Lou et l’île au sirènes / Masaaki Yusa

Animation, Japon, 2017, 1 h 52, couleur, v.o. • à partir de 8-9 ans • MER 28 FEVRIER 18H15

Kai broie du noir. Après la séparation de ses parents, il a quitté Tokyo pour vivre à Hinoshi, un port de pêche sur la mer du Japon où le jeune ado se réfugie dans la musique. Ses compositions finissent par attirer l’attention de Lou, une toute jeune sirène qui n’aime rien tant que chanter et danser… Touffu, bien ficelé, délibérément destiné à un public familial, le scénario de ce film qui a reçu le Cristal du long métrage au Festival d’Annecy 2017 vaut aussi par ses à-côtés sociaux, ses personnages secondaires, et sa peinture d’un petit port de pêche est particulièrement convaincante. Stéphane Jarno, Télérama

Agatha, ma voisine détective Karla von Bengtson

Animation, Danemark, 2017, 1 h 17, coul., v.f. • à partir de 6 ans • SAM 3 MARS 14H30 DIM 4 MARS 16H30

Agatha, dix ans, porte un prénom que connaissent tous les fans de polar. Et, comme la célèbre romancière, elle veut devenir détective. Dans la ville où elle emménage avec sa mère, policière, et ses deux sœurs, elle repère un garçon étrange et une épicerie où les vols se multiplient. Ce beau film d’animation, plein d’invention et de fantaisie, nous apprend que le mystère est partout. Que les apparences sont souvent trompeuses. Et qu’il faut toujours vivre ses rêves jusqu’au bout… Pierre Murat, Télérama

Le Grand Méchant Renard et autres contes / Benjamin Renner, Patrick Imbert

Animation, France, 2017, 1 h 20, couleur • à partir de 5-6 ans • SAM 3 MARS 16H15

Cette comédie est l’adaptation réussie de la fameuse (et hilarante) bande dessinée que Benjamin Renner a adaptée lui-même, avec le renfort d’un complice doué, Patrick Imbert, en trois historiettes tendres et goguenardes, dont celle d’un renard pas très doué qui devient malgré lui la «maman» de trois remuants poussins. Dans ce monde bizarre, les poules prennent des cours d’autodéfense, le canard se déguise en Père Noël et le lapin, fait une gaffe par image. Campagne à l’aquarelle, radieuse et veloutée et purs moments burlesques: ce film d’animation s’adresse au jeune public autant qu’aux parents… Cécile Mury, Télérama

L’Etrange Forêt de Bert et Joséphine / Filip Pošivacˇ, Barbora Valecká Animation, Rép. tchèque, 2017, 45’, coul., v.f. • à partir de 5-6 ans • tarifs : enfant 4 € / adulte 5 € SOUTIEN AFCAE JEUNE PUBLIC

DU 21 MARS AU 3 AVRIL

Bert et Joséphine vivent dans un prunier au milieu de la forêt. Ensemble, ils prennent soin des créatures qui la peuplent et s’assurent de leur bien-être. Chaque soir, Bert s’occupe de l’éclairage de la forêt, assuré par des champignons lumineux. Joséphine, quant à elle, pouponne un groupe de champignons qui se chamaille sans cesse. Une parfaite harmonie règne dans leur univers jusqu’au jour où les champignons lumineux commencent à disparaître… Ce bijou de l’animation tchèque emporte le spectateur dans un univers féerique et poétique proche de Tim Burton!

EN EXCLUSIVITÉ

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SPECTACLES

Ensemble Matheus /

DIRECTION

JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI

EN

MARS

CLASSIQUE

“Week-end à La Rochelle ”

Un week-end musical qui va habiter divers espaces de La Coursive, dans un parcours ludique et séduisant sous la baguette et l’archet du bouillonnant Jean-Christophe Spinosi. samedi 3 mars 16 h au Théâtre Verdière • PROGRAMME : Monteverdi 2.0 samedi 3 mars 20 h 30 au Grand Théâtre • PROGRAMME : Beethoven dimanche 4 mars 17 h 30 au Grand Théâtre • PROGRAMME : Vivaldi, Haendel > programme détaillé du week-end disponible à l’accueil de La Coursive et sur www.la-coursive.com

JEAN-CHRISTOPHE SPINOSI

Réversible / LES 7 DOIGTS ARTS DE LA PISTE Avec Les 7 doigts, c’est toujours la promesse de chaleureux moments partagés, pleins de joie et de prouesses. mardi 6 mars 20 h 30 / mercredi 7, jeudi 8 mars 19 h 30 représentation supplémentaire samedi 10 mars 20 h 30

Rinaldo

OPÉRA

GEORG FRIEDRICH HAENDEL / ENSEMBLE LE CARAVANSÉRAIL DIRECTION MUSICALE BERTRAND CUILLER / MISE EN SCÈNE CLAIRE DANCOISNE

OPÉRA DE

Enchanteur, c’est le mot qui vient à l’esprit lorsque l’on a vu cet opéra, une histoire mêlant intrigue amoureuse et magie, situations comiques et héroïques. mardi 13 mars 20 h 30 La Fresque DANSE CHORÉGRAPHIE ANGELIN

RÉVERSIBLE

PRELJOCAJ / 10 DANSEURS

Un conte chinois a donné naissance à cette création plus évocatrice que narrative, dans une superbe scénographie de cheveux-lianes et des costumes de Azzedine Alaïa. jeudi 15 mars 19 h 30 / vendredi 16, samedi 17 mars 20 h 30

Peer Gynt D’APRÈS

THÉÂTRE

HENRIK IBSEN / MISE EN SCÈNE IRINA BROOK

La scène est magistrale, bouillonnante, électrique, elle a enchanté de prestigieux théâtres lyriques et irradié l’histoire passionnante de cet aventurier fanfaron. lundi 19 mars 19 h 30 / mardi 20 mars 20 h 30

Je crois en un seul Dieu TEXTE

THÉÂTRE

STEFANO MASSINI / MISE EN SCÈNE ARNAUD MEUNIER

PEER GYNT

Trois voix, trois existences déchirées, trois femmes prennent vie dans le corps d’une seule actrice, mardi 20, vendredi 23, samedi 24 mars 20 h 30 Rachida Brakni, éclatante d’intensité. mercredi 21, jeudi 22 mars 19 h 30

Dianne Reeves Elle est l’une des vocalistes les plus chevronnées et charismatiques de la scène jazz.

JAZZ

Dianne Reeves chant / Peter Martin claviers / Romero Lubambo guitare Reginald Veal basse / Terreon Gully batterie samedi 24 mars 20 h 30 / dimanche 25 mars 18 h

Albatros TEXTE

THÉÂTRE / tous publics à partir de 11 ans

FABRICE MELQUIOT / MISE EN SCÈNE CHRISTELLE DERRÉ

A partir de l’écriture foisonnante de Melquiot, la metteuse en scène fabrique un théâtre magique et décuple sa narration à travers des créations vidéographiques. mercredi 28 mars 19 h 30

JE CROIS EN UN SEUL DIEU

m Réservation des places

Ouverture 1 mois avant la représentation pour les spectateurs titulaires de la CARTE LA COURSIVE. Ouverture 15 jours avant la représentation pour les spectateurs NON titulaires de la CARTE LA COURSIVE. u Ouverture exceptionnelle des réservations pour tous publics sur les spectacles suivants: u u

PEER GYNT • AKRAM KHAN, Until the Lions / Chotto Desh • ORCHESTRE DES CHAMPS-ELYSÉES • THE WACKIDS • J’AI DES DOUTES, François Morel • Tous les spectacles sont, dans la limite des places disponibles, accessibles aux spectateurs qui ne souhaitent ni prendre un abonnement, ni prendre la Carte

La Coursive.


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M

A

R

S

DU 28 FEVRIER AU 6 MARS

2 ME 28/02 JE 1er/03

2 FESTIVAL TÉLÉRAMA / AFCAE ENFANTS

VEN 2

0

1

SAM 3

DIM 4

14H30

16H30

8

LUN 5

MAR 6

15H45 20H (1) 18H

14H 18H15 16H15 20H30

e

LOU ET L’ILE AUX SIRÈNES de Masaaki Yuasa Animation, Japon, 2017, 1h52, couleur, v.o. AGATHA, MA VOISINE DÉTECTIVE de Karla von Bengtson Animation, Danemark, 2017, 1h17, couleur, v.f. LE GRAND MÉCHANT RENARD ET AUTRES CONTES de Benjamin Renner et Patrick Imbert • Animation, France, 2017, 1h20, couleur

18H15

16H15

LES GARÇONS SAUVAGES de Bertrand Mandico France, 2017, 1h50, noir & blanc et couleur WINTER BROTHERS de Hlynur Pálmason Danemark/Islande, 2017, 1h34, couleur, v.o.

20H30

DU 7 AU 13 MARS

MER 7

LA CAMÉRA DE CLAIRE de Hong Sang-soo Corée du Sud/France, 2017, 1h09, couleur, v.o. TESNOTA. UNE VIE À L’ETROIT de Kantemir Balagov Russie, 2017, 1h58, couleur, v.o. LES GARÇONS SAUVAGES de Bertrand Mandico DU 14 AU 20 MARS LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE

CHARLOT FESTIVAL, 3 courts métrages USA, 1916-1917, 1h13, noir et blanc, sans paroles RÉVISONS NOS CLASSIQUES, 7 courts métrages France/Québec, 1996-2014, 1h28, couleur et noir & blanc RAZZIA de Nabil Ayouch France, 2017, 1h59, couleur, v.o. TESNOTA. UNE VIE À L’ETROIT de Kantemir Balagov LA CAMÉRA DE CLAIRE de Hong Sang-soo DU 21 AU 27 MARS

14H

16H 20H15 14H 18H15

14H 18H15 16H15 20H30

20H

18H15

18H

14H30 20H30

JEU 8

VEN 9

SAM 10

DIM 11

18H30

14H30 20H30 18H15

19H

20H

(2)

15H30 20H 17H45

14H 16H30

MER 14

JEU 15

16H15 20H 14H

16H

LUN 12 MAR 13

14H30 18H15 20H

16H45 14H30 20H30

16H

16H15 14H 18H 20H15

* LUN 19* MAR 20*

VEN 16 SAM 17 DIM 18

14H30

16H 18H15

16H 20H30 18H15

14H 18H 20H15 16H30

MER 21 JEU 22

L’ÉTRANGE FORÊT DE BERT ET JOSÉPHINE de Filip Pošivacˇ, Barbora Valecká 14H30 Animation, République tchèque, 2017, 45’, couleur, v.f. LES BONNES MANIÈRES de Juliana Rojas et Marco Dutra 15H30 Brésil /France, 2017, 2h15, couleur, v.o. 20H15 RAZZIA de Nabil Ayouch 18H

14H 18H 20H30

LA CAMÉRA DE CLAIRE de Hong Sang-soo

16H30

14H 18H 20H15 16H15

16H45 20H30 14H30 19H

VEN 23 SAM 24

16H15 14H 20H15 18H45

17H30

20H15

20H 14H30

14H30 16H45

DIM 25

17H

16H45

14H30 20H15 18H

17H45 14H30 20H15

14H 16H30 20H15 18H45

LUN 26 MAR 27

17H (GT) 20H (GT) 14H30 (GT) 17H30 20H30 16H

SOIRÉE JEAN DOUCHET, « L’ART DU PASSEUR »

JEAN DOUCHET, L’ENFANT AGITÉ de Fabien Hagege, Guillaume Namur et Vincent Haasser • France, 2017, 1h25, couleur et noir & blanc MADAME HYDE de Serge Bozon • France, 2017, 1h35, coul. (avant-première)

15H (GT) 15H30 14H 18H 18H(3) 20H30 20H30(3)

Festival Télérama/AFCAE Enfants du 21 février au 6 mars : 3,50€ la place de cinéma sur présentation du «pass» Télérama, valable pour un adulte et les enfants qui l’accompagnent. [Sinon tarifs habituels] / «Pass» dans le magazine Télérama des 14 et 21 février et sur telerama.fr (1)

Lundi 5 mars 20h, projection du film Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico, suivie d’une rencontre avec Pauline Lorillard, actrice et Pascal Vimenet, critique indépendant et écrivain de cinéma. (Pré-vente billetterie à partir du lundi 26 février)

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Jeudi 8 mars 20h, projection du film La Caméra de Claire de Hong Sang-soo, suivie d’une rencontre avec Carole Desbarats, historienne et critique de cinéma. (Pré-vente billetterie à partir du jeudi 1er mars) La Fête du court métrage / 14 au 20 mars : 4€ tarif unique

*

Le Printemps du cinéma / dimanche 18, lundi 19, mardi 20 mars : 4€ tarif unique

(3)

Mardi 27 mars, projections suivies d’une rencontre avec Jean Douchet, critique et enseignant de cinéma et Carole Desbarats. (Pré-vente billetterie à partir du mardi 20 mars)

LA COURSIVE SCENE NATIONALE /// 4, RUE SAINT-JEAN-DU-PEROT /// 17025 LA ROCHELLE CEDEX 1 /// TEL. 05 46 51 54 00


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