30.11 2016 au 03.01 2017

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7 jours sur 7

AU BUREAU D’ACCUEIL DE LA COURSIVE

du mardi au vendredi de 13h à 20h / samedi, dimanche et lundi de 14h à 20h PAR TÉLÉPHONE du lundi au dimanche de 14h à 18h 05 46 51 54 02 - 05 46 51 54 03 - 05 46 51 54 04 SUR INTERNET www.la-coursive.com horaires consultables et programme téléchargeable MÉDIAS Sud-Ouest • Sud-Ouest Dimanche • Sortir • France Bleu La Rochelle • La Charente-Libre • France 3 Poitou-Charentes et Atlantique • RCF • La Nouvelle République Niort • Le Phare de Ré • Radio Collège • TMV La Rochelle • UBACTO

Tarifs cinéma TARIF NORMAL CARTE LA COURSIVE, PLUS DE 60 ANS LUNDI POUR TOUS MOINS DE 26 ANS, DEMANDEUR D’EMPLOI TARIF JEUNE MOINS DE 18 ANS TARIF GROUPES SCOLAIRES, CENTRES DE LOISIRS CARTE FIDELITE POUR LES TITULAIRES DE LA CARTE LA COURSIVE 10 séances (valable jusqu’au mercredi 28 juin 2017)

7€ 6€ 5€ 5€ 4€ 3,50 € 50 €

TARIFS CARTE LA COURSIVE • Individuel, 13,50 € • Collectivité ou groupe (minimum 10 personnes), 12 € • Plus de 60 ans, 12 € • Moins de 26 ans, Demandeur d’emploi, 7 € Cinéma Art et Essai Recherche et Découverte, Jeune Public et Patrimoine et Répertoire, adhérent au Groupement National des Cinémas de Recherche, à l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai, à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche, à l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion et à l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma. Salle Europa Cinémas.

Cinéma jeune public

Tout film présenté dans le cadre de la programmation du mois peut faire l’objet de séances scolaires (tarif : 3,50€). FILMS TOUT PARTICULIEREMENT RECOMMANDÉS

LOUISE EN HIVER de Jean-François Laguionie • Animation, France/Canada, 2016, 1h15, couleur m pour tous et à partir du collège m Séances tout public: jeu 1er déc 16h15 / ven 2 déc 14h / sam 3 déc 18h30 / dim 4 déc 14h30 / lun 5 déc 18h30 / mar 6 déc 18h m Séance scolaire possiblesur séance tout public du vendredi 2 décembre 14h LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach • Animation, France, 2016, 1h13, couleur m pour tous et à partir 7-8 ans m Séances tout public: mer 30 nov 18h30. Avant-première présentée par Pascal Vimenet, écrivain de cinéma, réalisateur et enseignant spécialisé en esthétique et histoire du cinéma d’animation

mer 14 déc 14h30 / jeu 15, ven 16 déc 14h / sam 17 déc 16h30 / dim 18 déc 17h / lun 19 déc 19h / mar 20 déc 16h30 / mer 21 déc 19h15 / ven 23 déc 14h et 17h15 / mar 27 déc 16h15 m Séances scolaires possibles sur séances tout public des jeu 15 et ven 16 déc 14h MONSIEUR BOUT-DE BOIS de Jeroen Jaspaert et Daniel Snaddon • Animation, G.-B., 2015, 26’, v.f. précédé de deux courts métrages d’animation / durée totale du programme: 40’ m à partir de 3-4 ans m Séances tout public: sam 10 déc 17h / mer 21 déc 16h15 m Séances scolaires possibles: lun 28 nov à 10h et 11h30 / complètes: lun 12 et mar 13 déc 10h JULIUS ET LE PÈRE-NOËL de Jacob Ley • Animation, Danemark, 2016, 1h20, couleur, v.f. m à partir de 4-5 ans m Séances tout public: mer 7 déc 14h30 / dim 11 déc 16h30 / mer 14 déc 16h / ven 23 déc 15h30 / sam 24, lun 26 déc 16h45 m Séance scolaire possible: mer 7 déc 9h45 / complètes: jeu 8, ven 9, mer 14, jeu 15, ven 16 déc 9h45 POUR TOUT RENSEIGNEMENT SERVICE CINEMA : 05 46 51 54 00

Directeur de la publication Jackie Marchand Programmation et rédaction Edith Périn Réalisation maquette, photogravure Brigitte Bombaron Morisson Impression fabrication Imprimerie IRO Photo de couverture Fais de beaux rêves de Marco Bellocchio


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La Jeune Fille sans mains Sébastien Laudenbach

C’est un film d’animation à part, un fascinant rêve graphique… Au commencement, il y a ce conte des frères Grimm, d’une cruauté inouïe. Où un meunier à bout de force, affamé et ruiné, vend sa fille au diable, contre une rivière d’or et l’illusion du bonheur. Coupe les mains de la belle innocente pour mieux la livrer, souillée et mutilée, à son tourmenteur… De cette implacable récit métaphorique sur la noirceur de la nature humaine, Sébastien Laudenbach tire un film lumineux, une œuvre qui ne cesse de se réinventer sous nos yeux. Suggérées en quelques traits sûrs et gracieux, dont la pureté rappelle le travail de Matisse, les silhouettes se forment et se défont : le mouvement des corps est aussi celui du dessin en train de naître, de s’élancer sur le papier. Dans ce tableau si vivant, aéré par un vaste fond blanc, les couleurs surgissent en léger décalage, en transparence, en superposition, animent de bleu profond le feuillage d’un arbre, le rouge alarmant d’une traînée de sang… On retrouve aussi un peu de Raoul Dufy dans cette vibration, cette drôle de chorégraphie à contre-temps entre les lignes claires et les divagations du pinceau. Au delà de sa beauté méditative, à couper le souffle, le film s’empare du conte initial avec une liberté et une poésie étonnantes. A travers les aventures fantastiques de La Jeune Fille sans mains, il brode sur sa trame rêveuse les thèmes les plus sombres –la toxicité de certains rapports parents-enfants, la vénalité, la lâcheté, la violence– mais aussi les choses les plus simples –la sexualité, l’amour, l’enfantement, la jouissance d’être vivant– avec la même candeur limpide, la même sincérité délicate, mais frontale. Pas de fausse pudeur à la Disney, dans ces scènes où le lait jaillit joyeusement d’un sein, où le diable est nu. Ce n’est pourtant pas qu’un film «pour adultes». Il invite simplement, et autrement, tous les publics, enfants compris, à contempler sans ciller la danse de l’art et de la vie. Cécile Mury, Télérama, 12 mai 2016 Est-ce que ce conte cruel avec fin heureuse peut s’adresser à un public de sept à soixante-dix-sept ans? Y avez-vous songé? SÉBASTIEN LAUDENBACH: Le film a été démarré de façon libre. Je n’ai pas seulement pensé au public, alors. Mais je crois que ce conte s’adresse à tous. Les thèmes du film : le corps, l’émancipation et l’amour sont des choses qui intéressent les enfants. Ils n’ont pas de jugement moral. Et si ils ont peur du diable, le sang ne les effraie pas. Ils ne sont pas choqués non plus par la nudité. Tout est dessiné, rien n’est vrai, on est dans la métaphore. Les enfants le ressentent, les adultes le comprennent. in Dossier de presse

Avant-première mercredi 30 novembre à 18 h 30. Film présenté par Pascal Vimenet, écrivain de cinéma, réalisateur, historien et enseignant d’histoire du cinéma d’animation.

France, 2016, 1 h 13, couleur Réalisation, montage Sébastien Laudenbach Inspiré par Olivier Py et librement adapté du conte des frères Grimm Musique Olivier Mellano Montage Santi Minasi, Sébastien Laudenbach Avec les voix de Anaïs Demoustier Jérémie Elkaïm, Philippe Laudenbach Sacha Bourdo, Olivier Broche Françoise Lebrun, Elina Löwensohn • pour tous et à partir de 7-8 ans • FESTIVALS 2016: CANNES ACID / ANNECY, MENTION DU JURY

AVANT-PREMIÈRE MERCREDI 30 NOVEMBRE 18H30

DU 14 AU 27 DECEMBRE SORTIE NATIONALE

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Swagger / Olivier Babinet SWAGGER (verbe): rouler les mécaniques, parader, plastronner, se pavaner, faire le fier, marcher avec une allure fière. What hempen homespuns have we swaggering here, So near the cradle of the fairy queen? Quels sont ces rustiques personnages qui font ici les fanfarons, Si près du lit de la reine des fées? William Shakespeare, Le Songe d’une nuit d’été

France, 2016, 1 h 24, couleur Réalisation Olivier Babinet Photo Timo Salminen Son Guillaume Le Braz Christophe Penchenat Musique Jean-Benoît Dunckel Montage Isabelle Devinck Avec Aïssatou Dia, Mariyama Diallo Abou Fofana, Nazario Giordano Astan Gonle, Salimata Gonle Naïla Hanafi, Aaron N’Kiambi Régis Marvin Merveille N’Kissi Moggzi Paul Turgot, Elvis Zannou SOUTIEN ACID / GNCR CANNES 2016 : ACID

DU 30 NOV AU 6 DECEMBRE

«On va pas percer, on va déchirer!!!» C’est un post prophétique qui irradie tout le film. Et ils déchirent ces jeunes d’Aulnay-sous-Bois dans le documentaire-écrin d’Olivier Babinet qui les sublime et prend le contre-pied des représentations éculées que l’on nous sert habituellement sur les jeunes de banlieue. Devant la caméra, Régis, Naïla, Nazario, Aïssatou, Paul, Salimata et les autres envahissent l’écran et construisent la représentation qu’ils se font d’eux-mêmes. A rebours des clichés, ils déchirent les idées reçues… Et avec une grande habileté, le cinéaste fait honneur à leur lucidité, leur fantaisie, la subtilité de leur humour et la finesse de leur analyse. Dans les couloirs du Collège Claude Debussy, chez eux et au dehors ils parlent d’amitié, d’amour, de leurs peurs, du quotidien, de l’avenir… Ils rêvent sans oublier la cité, la violence sociale, le racisme, l’exil. Une galaxie de personnalités aussi riches que diverses coexistent, des plus flamboyantes aux plus discrètes, traitées avec la même attention et la même acuité. Jamais de misérabilisme ni de naturalisme. La parole de ces ados est recueillie et mise en scène, le film en est l’unique réceptacle. Mais Olivier Babinet joue avec le groupe et y met toute la magie qu’offre le cinéma qui nous permet de plonger dans la ville, de passer par les fenêtres pour aller au chevet d’une jeune fille endormie, au mépris des pesanteurs. Le cinéaste matérialise leur univers intérieur, leur offre l’espace de le représenter à la hauteur de leur imaginaire. Et le plaisir qu’ils ont à faire du cinéma nous gagne. Les codes de la culture populaire irriguent la mise en scène et l’on navigue dans un univers coloré où ils prennent toute la place, traversant la comédie musicale, le clip et la science-fiction. Et malgré le contexte difficile qui n’est pas évacué, ils sont debout, pleinement vivants, beaux, intelligents, lucides, drôles. Ils ont de quoi bomber le torse, ces swaggers (fanfarons en français)! Car ce sont des jeunes pleins de sève et d’avenir que l’on a eu un plaisir infini à rencontrer. Emilie Brisavoine, Régis Sauder, cinéastes, membres de l’ACID

EN EXCLUSIVITE

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Comment est né «Swagger»? OLIVIER BABINET: Le conseil général de Seine-Saint-Denis m’a proposé d’animer des ateliers de

cinéma, puis une résidence d’artiste au collège Claude Debussy, au milieu des cités d’Aulnay et de Sevran. Pendant deux ans, j’ai aidé ces collégiens à réaliser des films, leurs films, avec les moyens du bord. Nous avons travaillé à partir de leur quotidien, leurs rêves, leurs cauchemars, pour créer des histoires, qui basculent dans le fantastique et la science-fiction. Ces deux années là-bas m’ont totalement bouleversé, je me suis beaucoup attaché à ces enfants, et j’ai eu envie de faire un film sur eux. J’ai décidé de faire Swagger pour leur rendre hommage. En leur donnant la parole, car on ne prend jamais le temps de les écouter. J’ai voulu regarder le monde et la France à travers leurs yeux. Au final, quatre années de travail, passionnantes. Quels étaient vos principes de mise en scène? O. B.: Tout partait toujours de l’énergie des enfants, de leur imaginaire, de leurs références, et aussi de leur environnement, le collège, les cités, les terrains vagues. Je voulais les filmer comme des héros de cinéma. Pour les entretiens, je ne les avais pas prévenus à l’avance des questions que je leur poserais. Ils acceptaient donc de figurer dans le film sans savoir ce qui les attendait. Je voulais recueillir leur parole brute sans aucun artifice. En écoutant les enfants on a l’impression qu’un retournement s’opère. C’est la «banlieue» qui parle des «Français de souche» et de Paris. O. B.: Quand je suis allé là-bas ce qui m’a frappé c’est qu’il n’y a pas de blancs, sauf quelques-uns dans le corps enseignant. C’était ma première observation, du coup je voulais voir ce qu’ils en pensaient, comment ils le vivaient, ils glissent alors du mot «français» à «blanc». Pourtant, la grande majorité sont fiers d’être français! Mais lorsque Astan me dit que les Français et eux ne peuvent pas vivre ensemble, cela pose quand même un vrai problème. En même temps les propos finissent par se nuancer et même se contredire, et même, elle finit par dire qu’elle ne peut pas avoir d’amie française et qu’en même temps elle se sent française… in Document ACID

Louise en hiver / Jean-François Laguionie Le retour majestueux du réalisateur du «Tableau». L’Express Les circonstances de la vie m’ont amené à croiser Jean-François Laguionie, lui et certains de ses amis et collaborateurs, dont Paul Grimault au tout début des années 1980, mais je n’ai jamais imaginé qu’il frapperait un jour à la porte de JPL Films pour me faire lire un premier récit de Louise en hiver; ce fut à la fois une surprise et un plaisir. L’histoire de Louise est celle d’une vieille dame ressurgie d’une nouvelle écrite par Jean-François il y a quelques années. Mais cette «Vieille» s’est nourrie de l’expérience des précédents films de l’auteur et enrichie d’un certain nombre d’événements tirés de sa propre vie. Jamais une œuvre n’a été aussi proche de son créateur. Le film est parsemé de subtiles références à ses courts et longs métrages, depuis La Demoiselle et le Violoncelliste jusqu’au Tableau, réexposant les mêmes thématiques. Avec Louise en hiver, l’imaginaire de Laguionie se libère de toutes les contraintes du passé pour s’envoler vers des cieux devenus intimes et plonger dans sa propre mer intérieure. Il ne reste plus qu’un seul personnage, qui résume toutes les femmes depuis La Demoiselle…, et qui se nomme Louise. Elle a décidé d’expérimenter l’hiver et de se laisser aller à la robinsonnade, bientôt rejointe par un vagabond de chien qu’elle finit par appeler Pépère, plutôt que Vendredi. Tous les deux se comprennent à demi-mot, et savent ce que le temps leur réserve: un peu de douceur et de sérénité, au sein d’une nature aquarellée qui frémit de couleur, de lumière, et de chants d’oiseaux. Jean-Pierre Lemouland, producteur in Dossier de presse

Animation, France/Canada, 2016, 1h15, coul. Scénario original, création graphique, story-board, décors et réalisation Jean-François Laguionie Avec les voix de Dominique Frot Diane Dassigny, Anthony Hickling Jean-François Laguionie • pour tous et à partir de 10-11 ans • SOUTIEN AFCAE

FESTIVALS 2016 : ANNECY SÉLECTION OFFICIELLE / OTTAWA, GRAND PRIX

DU 1er AU 6 DÉCEMBRE SORTIE NATIONALE

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Ma’ Rosa / Brillante Ma Mendoza Ma’ Rosa a quatre enfants. Elle tient une petite épicerie dans un quartier pauvre de Manille où tout le monde la connaît et l’apprécie. Pour joindre les deux bouts, elle et son mari Nestor y revendent illégalement des narcotiques. Un jour ils sont arrêtés. Face à des policiers corrompus, les enfants de Rosa feront tout pour racheter la liberté de leurs parents. Cinéaste de l’urgence et de la survie, Mendoza plonge ici encore plus loin que d’habitude dans un réel bouillonnant. Dans un décor incroyable, on crie, chante, bouffe et sniffe dans un même élan, même sous la pluie diluvienne qui menace de noyer la caméra. C’est le chaos, mais tout l’art de Mendoza est d’y naviguer tête baissée avec virtuosité. Grégory Coutaut, filmdeculte.com

Philippines, 2016, 1 h 50, couleur, v.o. Scénario Troy Espiritu Photo Odyssey Flores Son Albert Michael Idioma Décors Dante Mendoza Musique Teresa Barrozo Montage Diego Marx Dobles Avec Jaclyn Jose, Julio Diaz Felix Roco, Andi Eigenmann Kristofer King, Mercedes Cabral… SOUTIEN GNCR FESTIVALS 2016 : CANNES, PRIX D’INTERPRÉTATION FÉMININE / LA ROCHELLE

DU 30 NOV AU 13 DÉCEMBRE

Comment est née l’idée de «Ma’ Rosa»? BRILLANTE MA MENDOZA: Il y a quatre ans, quelqu’un m’a raconté cette histoire que sa famille et lui

avaient vécue. Cette personne est aujourd’hui devenue l’un des personnages du film, mais vous me permettrez de ne pas dire lequel… Son histoire m’a touché: c’est un secret de polichinelle aux Philippines, tout le monde sait qu’il y a à la fois un problème de drogue et un problème de corruption. Mais c’est la première fois que j’y étais personnellement confronté. J’ai essayé d’en savoir plus, de connaître tous les détails de cette affaire: comment c’est arrivé, et surtout pourquoi un tel besoin d’argent vous pousse à vendre de la drogue. Et puis j’ai rencontré les autres membres de la famille: ce n’était pas facile pour eux de tout raconter, il fallait qu’une confiance s’installe entre nous, qu’ils comprennent que je ne voulais pas «exploiter» leur histoire, en tirer parti d’une façon mercantile, que je voulais comprendre le processus et les situations qu’elle avait provoqués. Le scénario s’est écrit petit à petit, j’ai également fait des recherches sur la police philippine. On peut donc dire que Ma’ Rosa est tiré d’une histoire vraie. C’est ma méthode de travail depuis quelques années: chercher des expériences réelles, trouver un «référent», une personne qui servira en quelque sorte de tremplin au scénario que je développerai avec un scénariste –en l’occurrence Troy Spiritu pour Ma’ Rosa. in Dossier de presse

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Baccalauréat / Cristian Mungiu «Baccalauréat» est le récit de l’effondrement moral d’un homme qui, alors que sa fille a été agressée à quelques jours de ses examens, va tout faire pour que le traumatisme ne gâche pas ses chances de réussite –tout faire, c’est-à-dire jouer de connexions, de dissimulations, de compromissions, jusqu’à s’y noyer. «Je n’ai pas voulu porter de jugement sur le personnage, ni le condamner, ni lui offrir le pardon.» Cristian Mungiu (Palme d’or en 2007 pour «4 mois, 3 semaines et 2 jours») suit ici une veine réaliste cimentée par une écriture forte et limpide, sans errements, toute en confrontations, portée par l’excellent Adrian Titieni. Théo Ribeton, Les Inrockuptibles, 25 mai 2016

Né en 1968, Cristian Mungiu est à l’âge où l’on fait le point, comme son personnage, Romeo, honnête médecin qui veut donner à sa fille une vie meilleure que la sienne. Lui et sa femme ont tenté de changer la société après la chute du communisme, mais le pays, gangrené par la corruption, est devenu dépressif. Alors, pour Romeo et Magda, l’Eldorado est ailleurs, et leur fille Eliza, vouée à des études supérieures en Angleterre, doit juste passer le baccalauréat, condition de son entrée à Cambridge. Une formalité car Eliza est très bonne élève. Mais sait-on jamais comment la vie se déroule? Comment le passé nous rattrape? Comment le rêve des parents reporté sur les enfants peut tourner au cauchemar? Avec une économie d’effets admirable, des plans fixes et une lumière qui va de l’ensoleillement à la grisaille, Cristian Mungiu dévide une pelote dont les fils serrés n’en constituent pas moins des strates séparées. Film philosophique, fable policière, portrait d’un père entre deux âges et d’un pays où les bonnes intentions abondent tandis qu’affluent aussi les conflits moraux et les catastrophes… «Mon film est sur la Roumanie, mais aussi sur la nature humaine. Je parle de gens de ma génération qui se posent la question pour leur enfant: rester ou partir? Nous qui sommes nés avec le communisme, nous avons eu l’énergie d’essayer de changer la société, mais aujourd’hui on se demande combien il faudra de générations pour améliorer les choses. Quand on vit dans un endroit où les problèmes n’ont pas été réglés, il y a beaucoup de tensions et une anxiété qui s’étend à toute la vie sociale…» Sophie Avon Sud Ouest, mai 2016

Roumanie, 2016, 2 h 08, scope-couleur, v.o. Scénario Cristian Mungiu Photo Tudor Vladimir Panduru Son Constantin Fleancu Montage Mircea Olteanu Avec Adrian Titieni, Maria Drˇagu¸s Lia Bugnar, Mˇalina Manovici Vlad Ivanov, Gelu Colceag… CANNES 2016 : PRIX DE LA MISE EN SCÈNE

DU 7 AU 20 DECEMBRE SORTIE NATIONALE

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Une semaine et un jour Asaph Polonsky

A la fin du Shiv’ah – les sept jours de deuil dans la tradition juive– l’existence doit reprendre son cours. Tandis que Vicky, sa femme, se réfugie dans les obligations du quotidien, Eyal, lui, décide de lâcher prise… Avec un ami de son fils défunt, il partage un moment de liberté salvateur et poétique, pour mieux renouer avec les vivants…

One Week and a Day Israël, 2016, 1 h 38, scope-couleur, v.o. Scénario Asaph Polonsky Photo Moshe Mishali Son Eli Bain Musique Tamar Aphek, Ran Bagno Montage Tali Halter Shenkar Avec Shai Avivi, Evgenia Dodina Tomer Kapon, Alona Shauloff Uri Gavriel, Sharon Alexander… SOUTIEN AFCAE CANNES 2016 : SEMAINE DE LA CRITIQUE

DU 14 AU 27 DECEMBRE

Faire une comédie sur le deuil sans contredire la nature dramatique de son sujet : pour son premier long métrage, le réalisateur israélo-américain Asaph Polonsky cherche la difficulté, et la difficulté lui va bien. One Week and a Day débute une semaine après la mort du fils de Vicky et Eyal, le dernier jour du deuil dans la tradition juive. Les cris et les larmes ont tari. Le second temps du deuil commence, infligeant aux endeuillés un mouvement contradictoire: tandis que leur douleur s’intériorise et se condense, le corps retrouve les gestes quotidiens. C’est du moins ainsi que Vicky tente de renouer avec la vie. Eyal prend la fuite et chipe la marijuana médicinale du mort. Avec le quotidien revient l’envie de rire –même jaune, mais plus puissante d’avoir été des jours durant interdite. Le quotidien revient maladroitement. Les situations sont drôles, et l’on rit beaucoup de ce rire singulier qui soigne et fait un peu mal en même temps. Au gré d’une écriture fluide et généreuse, One Week and a Day promène ses personnages d’un accident cocasse à l’autre, comme pour fissurer en douceur la carapace insensible qu’ils se sont déjà construite. On rit plus souvent qu’eux, mais jamais d’eux: en leur nom, comme pour leur indiquer la voie. A terme, on renouera avec les larmes et le droit de pleurer sur l’histoire des autres et sur la sienne, mais de pleurer cette fois ensemble. Partager à nouveau sous un toit une vie commune, après s’être murés, chacun de son côté, dans le silence du mort. Noémie Luciani, Le Monde, 16 mai 2016

SORTIE NATIONALE

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Qu’est-ce que shiv’ah dans la religion juive? ASAPH POLONSKY: Shiv’ah, c’est la semaine de deuil qui suit les funérailles du défunt. Sept jours

pendant lesquels les parents et les amis se relaient continuellement auprès de la famille endeuillée, pour la soutenir et la réconforter. Shiv’ah s’achève le matin du septième jour. Pendant cette période, les personnes en deuil ne travaillent pas et, la plupart du temps, restent chez elles. C’est comme une parenthèse, une interruption de la vie, pour surmonter sa douleur et se souvenir. Parlez-nous de la genèse de ce film? A. P.: L’un des mes meilleurs amis a perdu sa petite amie très jeune. Elle était très malade. Mais même si nous la savions condamnée, sa mort a été une surprise et un choc. J’ai vu mon ami un vendredi soir autour d’un houmous, avant qu’il ne se rende à l’hôpital. Quelques jours après, il m’appelait pour m’annoncer la terrible nouvelle. Plus tard ce jour-là, un groupe d’amis est venu lui rendre visite chez ses parents. Ils se sont tous assis à ses côtés, dans le silence, car il n’y a pas grand-chose à dire dans ce genre de situation. Puis l’un d’eux a rompu le silence et a demandé à notre ami endeuillé s’il lui restait l’herbe médicinale que fumait sa petite amie. Tout le monde s’est tourné vers lui, d’abord interloqué par cette question qui avait, à ce moment précis, quelque chose d’incongru. Ce moment m’a marqué et poursuivi. J’ai moi-même perdu ma tante lorsque j’étais jeune. C’est à sa mort que j’ai remarqué combien chacun avait sa façon d’affronter le chagrin. Dans le film, Vicky, la mère, et Eyal, le père, réagissent et font face au deuil et au chagrin à leur propre manière, mais finalement, ils traversent la même épreuve – ils veulent l’un et l’autre vivre les choses comme ils l’entendent, sans prendre en considération les regards extérieurs. Vicky souhaite retrouver sa routine habituelle et rassurante tandis que Eyal, lui, rompt avec la sienne. Pourquoi avoir choisi la comédie pour aborder ce sujet? A. P.: Comment raconter l’histoire tragique de ce couple: un père en deuil qui n’en fait qu’à sa tête et sa femme qui essaie de comprendre, de déchiffrer l’attitude de son époux? Tandis qu’elle tente de se raccrocher à son quotidien, son jogging, un rendez-vous chez le dentiste, ses cours, lui décide de lâcher totalement prise, de s’abandonner au vide insensé que son fils a laissé et qui va lui permettre de retrouver une forme de légèreté et d’apaisement… J’avais envie de montrer l’absurdité de la situation avec humour, de poser un regard lumineux et vivant sur une histoire triste. Pour faire plus simple, j’aime passer du rire aux larmes, alors j’ai essayé de réunir les deux. Etait-ce un défi de conjuguer rires et larmes? A. P.: Bien sûr. Mais j’ai décidé d’aborder les choses sans pression, surtout vis-à-vis des acteurs à qui je n’ai pas demandé de faire quoi que ce soit de drôle. Ils devaient seulement être dans la scène, échanger avec leurs partenaires, ce qui est déjà un exercice en soi. L’humour est né des situations, du drame, du cadre, des mouvements de la caméra et du son. Je vois les choses comme cela du moins. Ce fut une discussion constante avec mes collaborateurs –garder tout ça drôle sans sacrifier le drame ou déployer trop d’efforts pour faire rire. Il fallait rester naturel. Finalement, l’humour se niche dans les petits détails et permet aux personnages de faire face au drame qu’ils traversent. in Dossier de presse

LA FÊTE DU COURT MÉTRAGE

La Fête du court métrage, manifestation nationale dédiée aux courts métrages, soutenue par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) et élaborée avec le soutien de l’Agence du court métrage, a lieu les 15, 16, 17 et 18 décembre 2016.

Le Génie de la boîte de raviolis Claude Barras

Comme tous les soirs en rentrant du travail, Armand, ouvrier à la chaîne d’une usine de pâtes alimentaires, s’ouvre une boîte de raviolis en guise de dîner…

Animation, France , 2016, 7’, couleur DU 15 AU 18 DECEMBRE

en première partie des séances suivies d’un dans la grille (p.16)

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Paterson / Jim Jarmusch «Paterson» raconte une histoire tranquille, sans conflit dramatique à proprement parler. Sa structure est simple : il s’agit de suivre sept journées dans la vie de ses personnages. «Paterson» rend hommage à la poésie des détails, des variations et échanges quotidiens. Le film se veut un antidote à la noirceur et à la lourdeur des films dramatiques et du cinéma d’action. C’est un film que le spectateur devrait laisser flotter sous ses yeux, comme des images qu’on voit par la fenêtre d’un bus qui glisse, comme une gondole, à travers les rues d’une petite ville oubliée. Jim Jarmusch in Dossier de presse Comment décrire l’état dans lequel Paterson nous met, infoutus de quitter cette salle alors que le générique finit de défiler? Comment leur dire que ce n’est pas anecdotique, cette sensation d’hypnose lente, que c'est tout le travail souterrain, conscient, dirigé, du film. Cinéma des languides –pas certain que cela plaise à une critique qui ne rêve que de démonstration de forces. De tout cela, Jarmusch se fiche totalement. Son idée en 2016 est la même qu’en 1984 au moment de Stranger than Paradise: affiner de plus en plus la structure, jusqu’à s’approcher de la minéralité et de la métrique de son seul maître à jamais: Yasujiro Ozu. Envoûter avec peu. C’est un travail sur l’hypnose, donc sur la poésie. Une caressante façon de mettre à vif le spectateur en lui arrachant les peaux sans que celui-ci ait eu l'impression que la chose ait eu lieu. Le scénario de Paterson lui-même tient

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sur une feuille A4. Paterson (Adam Driver) est conducteur de bus dans la ville de Paterson (New Jersey). En roulant, il écrit des poèmes qu'il consigne sur un carnet. Il a une fiancée, Laura (Golshifteh Farahani) et un chien, Marvin. Comment ces trois-là se sont-ils rencontrés, depuis combien de temps font-ils «trouple»? On ne sait pas. S’aiment-ils à la folie? Peut-être, peut-être pas. Ils ne se le disent pas, en tout cas, pas de cette façon-là. La preuve d’amour ici, c’est laisser l’autre comme seul responsable de sa folie douce. Laura, ainsi, partout, dessine des cercles. Paterson lui, dans son bus, tourne en rond. Tourner en rond, c’est le principe initial de la poésie qui ressasse le mot. Ramasse un galet, serre-le dans ta main, polis-le, porte-le à ta bouche. Encercle la chose et jusqu’à trouver le point de la dire. Sépare les éléments pour mieux les réordonner. Dans Paterson, Jarmusch se donne un défi : croiser le cercle du dedans (où se remixe la même histoire conjugale chaque jour) avec le cercle du dehors (qui invente trop d’histoires pour un seul poète). Pourquoi? Parce que ce n’est pas au monde d’encercler le poème, mais au poème de contenir la totalité du monde. Aussi, ce que vous avez vu est immense, tout fin, et immense. Philippe Azoury, Grazia Daily Cannes, 17 mai 2016 Quel est le point de départ du film? Paterson, la ville du New Jersey? Ou «Paterson», le poème de William Carlos Williams? JIM JARMUSCH: C’était plus ou moins les deux, entrelacés. Je suis allé à Paterson pour la première fois il y a environ vingt-cinq ans, peut-être plus, à cause de William Carlos Williams. Son long poème Paterson n’est pas un de mes préférés, parce qu’il est assez abstrait et compliqué, et franchement il y a beaucoup de choses que je ne comprends pas, mais parce qu’il parle métaphoriquement de la ville, comme d’un homme, cela m’a donné l’idée d’un type qui s’appelle Paterson et qui vient de Paterson. Ce qui me touche dans son œuvre, ce sont ses poèmes plus courts qui sont comme des petits aperçus de détails ordinaires par lesquels se révèle quelque chose de beau, une réaction humaine à quelque chose de modeste, comme une brouette, un camion de pompier, ou des prunes sur une table. Williams est comme un prédécesseur des poètes de l’école de New York, dont certains, comme Kenneth Koch ou David Shapiro, ont été mes professeurs. David Shapiro et Ron Padgett ont dirigé le recueil An Anthology of New York Poets en 1975, je pense, et c’est de là que le nom d’école de New York, qu’on utilisait pour certains peintres, est passé aux poètes. La vie de Williams m’a aussi inspiré pour faire de Paterson un poète de la classe ouvrière. Williams était médecin, il a mis au monde deux mille enfants de 1910 à 1950. On dit qu’il a mis au monde Allen Ginsberg, mais je ne peux plus demander à Allen si c’est vrai… Par contre j’ai appris qu’il était le pédiatre de Robert Smithson, un artiste qui m’est très cher. Quant à la ville, c’est un endroit fascinant mais un peu oublié, malgré sa proximité avec New York. C’est un lieu suffisamment bizarre et inattendu pour avoir tous ces rapports à la poésie. Et puis il y a aussi son mélange d’ethnies, son histoire industrielle et syndicale, avec beaucoup de grèves et d’anarchistes. Et avant l’arrivée du «stupid white man», le peuple indigène Lenape vivait dans un magnifique camp juste à côté de la chute d’eau. La ville de Paterson dans votre film est-elle une utopie? Les Etats-Unis traversent une période de violentes tensions raciales, mais votre film présente une vie américaine plus harmonieuse. J. J.: Je ne sais pas si j’utiliserais le mot «utopie» mais c’est certainement une version inventée et fantasmatique de Paterson. C’est très loin d’être du réalisme social. Paterson est une putain de ville malfamée, il y a beaucoup de criminalité, beaucoup de gangs. C’est un endroit assez lourd, qui a aussi la plus grande population arabe des Etats-Unis après Dearborn, Michigan. C’est pour cela que Donald Trump a dit dans un des ses délires qu’il avait vu une vidéo où des milliers de musulmans applaudissaient les attaques du 11 septembre dans les rues de Paterson. En voilà du fantasme! Notre Paterson n’est pas censé être un portrait réaliste de la ville, elle est idéalisée. Mais nous avons essayé d’en préserver la diversité ethnique, de montrer les rues, l’ambiance visuelle de la ville. Propos recueillis par Nicholas Elliott, 1er août 2016 in Cahiers du cinéma n°726, octobre 2016

USA, 2016, 1 h 58, couleur, v.o. Scénario Jim Jarmusch Photo Frederick Elmes Son Robert Hein Décors Mark Friedberg Musique Sqürl Montage Affonso Gonçalves Avec Adam Driver Golshifteh Farahani SOUTIEN AFCAE CANNES 2016 : SÉLECTION OFFICIELLE

DU 21 DEC AU 10 JANVIER SORTIE NATIONALE

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Le Voyage au Groenland Sébastien Betbeder

Thomas et Thomas cumulent les difficultés. En effet, ils sont trentenaires, parisiens et comédiens… Un jour, ils décident de s’envoler pour Kullorsuaq, l’un des villages les plus reculés du Groenland où vit Nathan, le père de l’un d’eux. Au sein de la petite communauté inuit, ils découvriront les joies des traditions locales et éprouveront leur amitié.

France, 2016, 1 h 38, couleur Scénario et dialogues Sébastien Betbeder Photo Sébastien Godefroy Son Roman Dymny Musique Minizza (Franck Marguin / Geoffroy Montel) Montage Céline Canard Avec Thomas Blanchard, Thomas Scimeca Ole Eliassen, Adam Eskildsen François Chattot, Judith Henry… SOUTIEN ACID / GNCR FESTIVALS 2016 : CANNES, ACID / LA ROCHELLE

DU 28 DEC AU 10 JANVIER

SOUS LE SIGNE DE JANKÉLÉVITCH ET D’HERGÉ Le Voyage au Groenland est un film lumineux où l’émotion est d’autant plus forte qu’elle sourd d’un subtil décentrement du quotidien. Variation «betbederienne» autour de ses figures de paumés perchés, l’épopée drolatique de Thomas et Thomas, jeunes gens lunaires parachutés sur une terre lunaire, se déroule sous le patronage conjoint du philosophe et du dessinateur de BD. Sous les auspices malicieux du premier, un je-nesais-quoi flotte comme un charme dans ce village inuit, sorte d’idéal écolo : pas d’électricité, on charrie l’eau selon les besoins, les toilettes sont sèches, les équipements techniques sont modestes, collectifs et souvent en panne, on y pratique le footing comme aux Buttes-Chaumont. La luminosité particulière de ce territoire gelé éclaire le tragique familier de leur précarité et de leur maturité indécise de façon plus aiguë qu’observées dans leur écosystème habituel… […] L’altérité devient miroir et l’expérience de l’amitié se déploie, aussi paradoxalement que la relation au père se tisse dans la distance pudique. C’est sous le signe du second que les aventures de T & T au Groenland imposent leur expressivité poétique, une limpidité qui a tout à voir avec la ligne claire: précision, rigueur et lisibilité. Les séquences sont structurées et cadrées comme des planches de bande dessinée. La chasse au phoque est à ce titre exemplaire: l’absence d’ombre sur la banquise renvoie à la quasi absence d’ombre dans les dessins d’Hergé, l’expressivité graphique des silhouettes des deux Thomas, le temps suspendu du final (viser/tirer) qu’on voudrait prolonger en revenant à son début, comme dans la relecture fébrile d’une page de BD pour en prolonger la fin… la jubilation d’un récit en soi… […] Le voyage excelle à déployer la palette des rêveries douces-amères des deux héros. Merveilleux comédiens, très contemporains dans l’incertitude de leur statut social et affectif, Thomas Blanchard et Thomas Sciméca résistent au tragique familier avec une mélancolie souriante et une légèreté élégante. Ils distillent une émotion de haute intensité et s’en reviendront de cette contrée au froid revigorant avec une maturité nouvelle. Cati Couteau, texte de soutien de l’ACID

EN EXCLUSIVITÉ

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Fais de beaux rêves / Marco Bellocchio

Intelligence du cœur et de l’esprit, fluidité et rigueur de la mise en scène. On savait cela de Marco Bellocchio, soixante-dix-sept ans, l’un des derniers grands maîtres du cinéma italien (avec Ermanno Olmi)… Fais de beaux rêves, inspiré d’un livre de Massimo Gramellini (grand journaliste de La Stampa), est un très beau film, d’une simplicité limpide, autour d’une tragédie intime. Celle vécue par Massimo, un garçon de neuf ans, qui a une relation très tendre et complice avec sa mère. On est en 1969, à Turin. Dans la première séquence, on les voit danser un rock dans le salon. L’attachement est manifeste, même si une part d’ombre caresse déjà ce chromo assumé, où l’on pressent le drame. Cette mère meurt une nuit, dans des circonstances obscures. Du moins pour l’enfant, Massimo, auquel on cache la vérité, de plusieurs manières. On lui dit d'abord qu’elle est à l’hôpital, puis qu’elle est partie au Paradis, où elle a été appelée par Dieu. Massimo n’accepte pas vraiment toutes ces versions, il questionne, se rebelle. C’est un garçon (Nicolò Cabras, formidable) dont le seul regard, noir et têtu, renferme ce qu’on aime tant chez Bellocchio: faire apparaître une âme belle et rebelle derrière les visages et leurs traits marqués. La perte de cette mère est montrée comme une hantise. Devenu journaliste sportif puis reporter de guerre une fois adulte, Massimo (Valerio Mastandrea) est toujours poursuivi par le sourire de sa mère. L’appartement familial où il a continué de vivre avec son père doit être vendu, alors les souvenirs remontent. Heureux ou malheureux, avec toujours cette dimension irréelle contenue dans les moments forts d’une vie. Que ce soit une sortie –décisive quant à sa future vocation– au stade du Torino avec le père ou une soirée devant la télévision qui diffuse la série Belphégor et le Fantôme du Louvre (avec Juliette Gréco!), Bellocchio donne à ses «vignettes» fugitives beaucoup d'intensité. Le film ne cesse de faire des allers-retours entre 1969, un peu les années 70, où Massimo est ado, et la fin des années 90. C’est depuis ce présent-là que le récit se construit, autour de doutes et de peurs –scène très forte que celle où Massimo, assailli par une crise d'angoisse, appelle l’hôpital et reprend peu à peu sa respiration grâce aux consignes données par un médecin (Bérénice Bejo). Si Bellocchio ne croit pas en Dieu (il dénonce une fois encore les méfaits et les mystifications de la religion, tout en épargnant un homme d'église savant), au moins croit-il dans la cure, l’amélioration de soi et du monde. Fais de beaux rêves, souvent poignant, soulage aussi, en menant à une forme de délivrance, symbolisée par une danse déchaînée ou, pour rester dans une tonalité plus proche de Belphégor que du Christ, endiablée. Jacques Morice, Télérama, 12 mai 2016

Fai bei sogni Italie, 2016, 2 h 10, couleur, v.o. Scénario, adapation et dialogues Valia Santella, Edoardo Albinati Marco Bellocchio d’après l’œuvre de Massimo Gramellini, Fais de beaux rêves, mon enfant (Fai bei sogni, Ed. Longanesi) Photo Daniele Ciprì Son Gaetano Carito Musique Carlo Crivelli Montage Francesca Calvelli Avec Valerio Mastandrea, Bérénice Bejo Guido Caprino, Nicolò Cabras Dario Dal Pero, Barbara Ronchi… avec la participation de Emmanuelle Devos SOUTIEN AFCAE CANNES 2016 : QUINZAINE DES RÉALISATEURS

DU 28 DEC AU 17 JANVIER SORTIE NATIONALE

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Monsieur Bout-de-Bois Jeroen Jaspaert / Daniel Snaddon

Après «Le Gruffalo» et «La Sorcière dans les airs», voici une nouvelle adaptation d’un album de Julia Donaldson et Axel Scheffler… Monsieur Bout-de-Bois mène une vie paisible dans son arbre familial… Lors de son footing matinal, il se fait attraper par un chien qui le prend pour un vulgaire bâton. Commence alors une série d’aventures qui l’entraîneront bien loin de chez lui… Grande-Bretagne, 2015, 26’,couleur, v.f. durée totale du programme : 40’ • à partir de 3-4 ans • tarifs : enfant 4 € / adulte 5 € SOUTIEN AFCAE JEUNE PUBLIC

SAM 10 DEC 17H MER 21 DEC 16H15

EN AVANT-PROGRAMME LA CHENILLE ET LA POULE de Michela Donini et Katya Rinaldi (Italie, 2013, 10’, sans dialogue) La poule et la chenille sont amies. Mais le temps est venu de se dire au revoir, de laisser le temps faire son œuvre… PIK PIK PIK de Dimitry Vysotskiy (Russie, 2014, 4’, sans dialogue) Des fourmis marchent sur les arbres, en colonne et en rythmes syncopés. Le pivert au plumage coloré adore les picorer. Mais les coups de hache du bûcheron menacent d’interrompre cette symphonie…

Julius et le Père Nöel / Jacob Ley

Un conte de Noël inspiré des traditions scandinaves… Julius vit à l’Orphelinat des Grelots et adore Noël car il est persuadé que c’est le Père Noël qui l’a déposé là quand il était encore bébé. Gregor, un autre pensionnaire plus âgé, n’a jamais accepté l’arrivée de Julius. Il le jalouse, se moque de lui et de ses histoires de Noël… Pourtant, un jour Julius est transporté dans un monde magique où l’on compte sur lui pour sauver Noël. En effet, le Père Noël a disparu!

Danemark, 2016, 1 h 20, couleur, v.f. avec les voix de Achille Dubois, Mélanie Dermont Olivier Bony, Arthur Dubois… • à partir de 4-5 ans • DU 7 AU 26 DECEMBRE

Ce sont les dessins d’elfes réalisés au XIXe siècle par un de mes aïeuls, Hans-Christian Ley, qui m’ont donné envie de réaliser Julius et le Père Noël. Je voulais faire un film de Noël où l’on se reconnecte aux joies simples et aux traditions d’antan. Même quand on a cessé de croire au Père Noël, aux elfes, aux anges ou aux lutins, il est parfois bon de vouloir garder ses rêves d’enfant. Julius et le Père Noël nous ramène dans les années 1930 à une époque où l’hiver était rude et où l’on attendait et préparait durant tout le mois de décembre le réveillon de Noël. A l’orphelinat, les occasions de réjouissance étaient sans doute peu nombreuses et les plaisirs plus simples. Quand Julius passe du monde réel au monde magique, j'ai voulu inciter les spectateurs, petits et grands, à faire appel à leur imagination et à retrouver la magie des noëls d’autrefois. Jacob Ley in Dossier de presse

EN EXCLUSIVITE

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S P E C TA C L E S E N D E C E M B R E

SLAVA’S SNOWSHOW

Quatuor Modiglini / Eric Le Sage

MUSIQUE

Albums et concerts de ce quatuor sont autant de trésors, à l’image de cette soirée qui invite au piano un immense connaisseur de Schumann. Programme : Robert Schumann Quatuor avec piano en mi bémol majeur opus 47 / Quatuor à cordes opus 41, n°3 en

la majeur / Quintette pour piano et cordes en mi bémol majeur opus 44

Tango y Noche,

lundi 5 décembre 20h30

HOMMAGE À PIAZZOLLA TANGO METROPOLIS DANCE COMPANY / QUINTETO DANIEL BINELLI

DANSE / TANGO TANGO Y NOCHE

Ces musiciens et danseurs tiennent toujours le premier rang de la scène à Buenos Aires où le tango joue l’alchimie du populaire et de l’érudition. mercredi 7, vendredi 9 décembre 20h30 / jeudi 8 décembre 19h30

Circus Incognitus, JAMIE ADKINS

CLOWN

Seul en scène, ce clown surdoué et vitaminé avait enflammé le Grand Théâtre, il était entendu qu’il reviendrait à La Rochelle. lun 12, mar 13 décembre 20h30 / mec 14, jeu 15 décembre 19h30

887,

EX MACHINA / ROBERT LEPAGE

CIRCUS INCOGNITUS

THEATRE

Les spectacles de Robert Lepage sont des expériences théâtrales qui marquent les mémoires.

Cette nouvelle création est un joyau de tendre simplicité et de fabuleuse sophistication scénographique. Epoustouflant. mardi 13, mercredi 14 décembre 20h30 / jeudi 15 décembre 19h30

Slava’s Snowshow

ARTS DE LA PISTE

On peut les avoir vus et les revoir avec enthousiasme, ces clowns jaunes et verts dont la poésie et la malice enchantent la scène et la salle. 20 au 23 décembre (7 représentations) SPECTACLE COMPLET

887

m Réservation des places

Ouverture 1 mois avant la représentation pour les spectateurs titulaires de la CARTE LA COURSIVE. Ouverture 15 jours avant la représentation pour les spectateurs NON titulaires de la CARTE LA COURSIVE. u Ouverture exceptionnelle des réservations pour tous publics sur les spectacles suivants: 887 • HALKA, Groupe Acrobatique de Tanger • L’OISEAU VERT • À Õ LÀNG PHÕ u u

• ÇA IRA (1) FIN DE LOUIS • LA RÉSISTIBLE ASCENSION D’ARTURO UI • MÉLANIE DE BIASIO • CRÉATION 17, Philippe Decouflé •

Tous les spectacles sont, dans la limite des places disponibles, accessibles aux spectateurs qui ne souhaitent ni prendre un abonnement, ni prendre la Carte La Coursive.


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C

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DU 30 NOVEMBRE AU 6 DECEMBRE

B

R 20H30

DU 7 AU 13 DECEMBRE

MER 7

DU 14 AU 20 DECEMBRE

LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach Animation, France, 2016, 1h13, couleur JULIUS ET LE PÈRE-NOËL de Jacob Ley UNE SEMAINE ET UN JOUR de Asaph Polonsky Israël, 2016, 1h38, scope-couleur, v.o. BACCALAURÉAT de Cristian Mungiu

DU 21 AU 27 DECEMBRE

16H45

1

6

VEN 2

SAM 3

DIM 4

LUN 5

MAR 6

15H45 20H 18H15

14H30 20H 16H45

17H45

15H45

16H15

14H

18H30

16H 20H 14H30

16H 20H 14H

JEU 8

VEN 9

SAM 10

DIM 11

14H 20H 18H

18H30

LUN 12 MAR 13

17H

16H30

14H30

18H

16H 20H30 18H30

14H 18H30 16H30 21H

16H 20H30 14H 18H30

MER 14

JEU 15

VEN 16

14H30

14H

14H

16H30

17H

19H

16H30

• 15H30 • 20H •

15H30

• 17H30 • 20H •

14H30 20H30 18H

• • •

18H30

• 14H30 • 20H30 •

14H30 20H30 16H30

18H

VEN 23

SAM 24 DIM 25

16H 20H15 17H45 MER 21

19H15

MONSIEUR BOUT-DE-BOIS de Jeroen Jaspaert et Daniel Snaddon JULIUS ET LE PÈRE-NOËL de Jacob Ley PATERSON de Jim Jarmusch USA, 2016, 1h58, couleur, v.o. UNE SEMAINE ET UN JOUR de Asaph Polonsky

16H15

DU 28 DECEMBRE AU 3 JANVIER

0

18H30

LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach

FAIS DE BEAUX RÊVES de Marco Bellochio Italie, 2016, 2h10, couleur, v.o. LE VOYAGE AU GROENLAND de Sébastien Betbeder France, 2016, 1h38, couleur PATERSON de Jim Jarmusch

2

14H 17H45 20H

ME 30/11 JE 1er/12

MA’ROSA de Brillante Ma Mendoza Philippines, 2016, 1h50, couleur, v.o. SWAGGER de Oliver Babinet France, 2016, 1h24, couleur LOUISE EN HIVER de Jean-François Laguionie Animation, France/Canada, 2016, 1h15, couleur LA JEUNE FILLE SANS MAINS de Sébastien Laudenbach Animation, France, 2016, 1h13, couleur

MONSIEUR BOUT-DE-BOIS de Jeroen Jaspaert et Daniel Snaddon Animation, G.-B., 2015, 26’, v.f. / durée totale du programme: 40’ JULIUS ET LE PÈRE-NOËL de Jacob Ley Animation, Danemark, 2016, 1h20, couleur, v.f. BACCALAURÉAT de Cristian Mungiu Roumanie, 2016, 2h08, scope-couleur, v.o. MA’ROSA de Brillante Ma Mendoza

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18H

JEU 22

14H30 20H15 18H

14H30 20H30

SAM 17 DIM 18

16H 20H30 14H 18H30

LUN 19 MAR 20

16H 18H15 14H 20H30

MER 28

JEU 29

14H 20H45 18H45

16H15

16H30

14H 18H45

21H

14H 20H

LUN 26 MAR 27

14H 17H15

14H 20H45 17H15

14H 18H30 16H30 20H45

16H15

15H30 20H45

16H45 18H15

18H45

14H30

16H45 14H30 20H30 18H30

14H 17H45 20H

VEN 30 SAM 31 DI 1er/01

LUN 2

MAR 3

14H 18H30 16H30 21H

14H 20H45 16H30

16H15 18H45

16H15 20H45 18H45

18H30

14H

14H

Projection du film La Jeune Fille sans mains de Sébastien Laudenbach présentée par Pascal Vimenet, écrivain de cinéma, réalisateur et enseignant spécialisé en esthétique et histoire du cinéma d’animation, mercredi 30 novembre à 18h30.

Dans le cadre de la Fête du court métrage (du 15 au 18 décembre) projection du film de Claude Barras Le Génie de la boîte de raviolis (Animation, France, 2006, 7’, couleur) en première partie des séances suivies d’un .

Le programme cinéma est consultable sur : www.la-coursive.com LA COURSIVE SCENE NATIONALE /// 4, RUE SAINT-JEAN-DU-PEROT /// 17025 LA ROCHELLE CEDEX 1 /// TEL. 05 46 51 54 00


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