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LA COU RSIVE SCENE NATIONALE LA ROCHELLE

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Information AU BUREAU D’ACCUEIL DE LA COURSIVE

Du mardi au vendredi de 13 h à 20 h. Les samedi et dimanche de 14 h à 20 h, le lundi de 17 h à 20h. PAR TELEPHONE du lundi au dimanche de 14 h à 18 h. Tél. 05 46 51 54 02 / 05 46 51 54 03. SUR REPONDEUR 05 46 51 54 04. SITE INTERNET programme téléchargeable sur www.la-coursive.com MEDIAS Sud-Ouest • Sud-Ouest Dimanche • Sortir • France Bleu La Rochelle • La Charente-Libre • France 3 Poitou-Charentes et Atlantique • RCF • La Nouvelle République Niort • Le Phare de Ré • Radio Collège

Tarifs cinéma TARIF NORMAL CARTE LA COURSIVE, PLUS DE 60 ANS MOINS DE 26 ANS, DEMANDEUR D’EMPLOI LE LUNDI POUR TOUS TARIF JEUNE (– 18 ans), TARIF SEANCES SCOLAIRES ET GROUPES (Centres de Loisirs) CARTE FIDELITE POUR LES TITULAIRES DE LA CARTE LA COURSIVE 10 séances (valable jusqu’au 25 juin 2013)

6,80 € 5,50 € 4,50 € 4,80 € 3,50 € 48 €

TARIFS CARTE LA COURSIVE • Individuel, 13,50 € • Collectivité ou groupe (minimum 10 personnes), 12 € • Plus de 60 ans, 12 € • Moins de 26 ans, Demandeur d’emploi, 7 € Cinéma Art et Essai Recherche et Découverte, Jeune Public, adhérent au Groupement National des Cinémas de Recherche, à l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai et à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche.

Cinéma jeune public Tout film présenté dans le cadre de la programmation du mois peut faire l’objet de séances scolaires (tarif : 3,50€). FILMS TOUT PARTICULIEREMENT RECOMMANDES

PINOCCHIO de Enzo d’Alò • Animation, Ital./Luxembourg/Belg./Fr., 2012, 1h20, coul., version française m A partir de 6 ans m Séances tout public: vendredi 1er, samedi 2 mars 14h30 / dimanche 3 mars 16h45 m Séance scolaire possible : lundi 4 mars 14h

MONSTRES… PAS SI MONSTRUEUX!, 5 courts métrages d’animation • Fr./Bel., 2009/11, 41’, coul. et n&b

m A partir de 6 ans m Séances tout public: mercredi 6 mars 14h30/samedi 9 mars 14h30 et 17h/dimanche 10 mars 16h45/ mercredi 13 mars 14h30 / samedi 16 mars 16h30 m Séance scolaire possible: mardi 19 mars 10 h

TOMBOY de Céline Sciamma • France, 2011, 1h22, couleur

m A partir de 10-12 ans m Séance tout public: samedi 9 mars 15h30 m Séances scolaires réservées au dispositif national «Ecole et cinéma» POUR TOUT RENSEIGNEMENT SERVICE CINEMA : 05 46 51 54 00

Directeur de la publication Jackie Marchand Programmation et rédaction Edith Périn Réalisation maquette, photogravure Brigitte Morisson Impression fabrication Imprimerie IRO Photo de couverture Camille Claudel, 1915 de Bruno Dumont


Syngué sabour

– Pierre de patience —

Atiq Rahimi […] Cela fait plusieurs jours qu’il est là, sans parler, allongé tout près d’elle. Plongé dans le coma, une balle dans la nuque. Elle, c’est son épouse, elle le veille. Caresse son visage, lui parle. Pour l’encourager à se réveiller. Pour se sentir moins seule, aussi. Elle est perdue, avec ses deux enfants, car dehors les combats font rage. Nous sommes à Kaboul, dans la pièce nue d’une maison, suspendus en quelques sorte entre la vie et la mort. La situation, tragique, ne suscite pas, curieusement, de sensation d’urgence. Au contraire. Dans ce captivant huis clos tiré du prix Goncourt 2008, que son auteur, Atiq Rahimi, adapte lui-même (avec Jean-Claude Carrière pour coscénariste), tout est fait pour favoriser la patience. Aux effusions du cœur succèdent vite chez l’esseulée d’autres expressions, plus inattendues. D’abord de la colère, face à l’absurdité: c’est à cause d’une bataille fratricide, d’une fierté de mâle offensé que l’homme a essuyé le feu. Cette colère se teinte de ressentiment: la femme raconte qu’ils ne se sont guère vus depuis leur mariage, où l’époux, héros sur le front, n’était même pas présent. «Je me suis mariée avec toi sans toi», dit-elle. La violence des mots enfle, où la femme se surprend elle-même à exprimer ce qui était enfoui en elle, ses souffrances, ses frustrations, ses secrets… Pour passer du livre à l’écran, pour que s’incarne le monologue si riche de cette femme courageuse, il fallait une comédienne à la fois théâtrale et cinégénique. Golshifteh Farahani, originaire d’Iran a la majesté et la flamme d’une tragédienne antique. Jacques Morice, Télérama, 20 février 2013

Elefante blanco

Scénario Jean-Claude Carrière, Atiq Rahimi Avec Golshifteh Farahani Hamidreza Javdan, Massi Mrowat Hassina Burgan…

DU 1er AU 5 MARS SORTIE NATIONALE

/ Pablo Trapero

[…] Situé dans un bidonville de Buenos Aires, le film se focalise sur la construction interrompue d’un gigantesque hôpital, l’éléphant blanc du titre. Tourné dans les lieux réels avec une flopée de figurants tout aussi réels, Elefante blanco revêt une saisissante dimension de reportage en immersion dans une réalité topographique et sociale dont nous soupçonnons l’existence mais que nous ne connaissons pas. Sur ce terreau documentaire, Trapero dépose une fiction mettant aux prises deux prêtres engagés (les excellents Ricardo Darin et Jérémie Renier) et une séduisante travailleuse sociale (la toujours remarquable Martina Gusman, par ailleurs compagne du cinéaste). A travers cette histoire et ce contexte, Trapero dévoile couche après couche le décourageant mille-feuille de forces et d’intérêts contradictoires entre populations, politiciens, milieux d’affaires, mafias, clergé, qui participe in fine d’une certaine impuissance politique et d’une permanence de l’injustice sociale… Serge Kaganski, Les Inrockuptibles, 20 février 2013

Tomboy

Fr./ All./ Afghanistan, 2012, 1 h 42, coul., v.o.

Argentine / Fr./ Esp., 2012, 1 h 45, coul, v.o. Scénario Pablo Trapero Avec Jérémie Renier, Ricardo Darín, Martina Gusmán… CANNES 2012 : UN CERTAIN REGARD

DU 1er AU 5 MARS SORTIE NATIONALE

/ Céline Sciamma

[…] Cela faisait longtemps que j’avais en tête cette histoire d’une petite fille qui se fait passer pour un petit garçon. Elle a une saveur d’inédit, dans le sens où les questions d’identité pendant le temps de l’enfance ne sont pas si souvent traitées que cela au cinéma. Il y a presque un tabou dans l’évocation du trouble enfantin… Les questions de genre et d’identité concernent tout le monde. Surtout à cette période de l’enfance où l’on parle de «déguisement» et non pas de travestissement. On peut y lire le début d’un trajet radical et décisif ou une parenthèse dans la vie d’un enfant qui a choisi ça à un moment donné… J’aime l’idée d’un instant où tout bascule et où un personnage doit ensuite en assumer les conséquences. J’avais envie d’une dramaturgie simple et efficace, on suit un personnage avec un objectif fort dans une dynamique de double jeu et donc de suspense. Céline Sciamma in Dossier de presse

France, 2011, 1 h 22, couleur Scénario Céline Sciamma Avec Zoé Héran, Malonn Lévana Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy… • pour tous et à partir de 10-12 ans •

SAMEDI 9 MARS 15H30 ECOLE ET CINEMA

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No

/ Pablo Larraín

Clore un cycle. En espérant que les films génèrent des liens entre eux. «Santiago 73, post mortem» parle des origines de la dictature, «Tony Manero» de son époque la plus violente, et«No» de sa fin. Peut-être que ce qui m’intéresse le plus, c’est de faire le bilan, de revisiter l’imaginaire de la violence, de la destruction morale et de la distorsion idéologique, pas pour la comprendre, mais pour dire qu’elle a existé. Peut-être qu’avec le temps les films donneront un regard sur une période pleine de labyrinthes sombres et tristes, de joies maladroites et souvent forcées. Pablo Larraín in Dossier de presse S’il est déjà venu à la Quinzaine des réalisateurs, en 2008, avec Tony Manero, s’il a connu les honneurs de la compétition vénitienne avec Santiago 73, post mortem, en 2010, Pablo Larraín n’a sans doute jamais reçu pour aucun de ses films un accueil si triomphal. Derrière ce titre sec, No, qui signifie simplement «non», ce Chilien de trente-six ans signe un film galvanisant, en surface du moins, sur le renversement en 1988, à l’issue d'un plébiscite, du régime d’Augusto Pinochet. Sous la surface, c’est autre chose. Troisième volet d’une trilogie sur la dictature chilienne, No n’est pas moins noir, pas moins dérangeant que les deux précédents.… Le sujet n’est pas la destitution de Pinochet, qui est annoncée dès l’introduction, avec quelques éléments de contexte. Le sujet, qui pose des questions infiniment plus

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complexes que l’alternative entre dictature et démocratie, c’est la campagne. La campagne présentée depuis le point de vue des communicants, et dont on comprend qu’elle ne s’est finalement jouée que sur ce terrain. Le oui ne l’a pas emporté parce que le peuple demandait plus de justice, mais parce que l’équipe qui le défendait était nulle en communication. Organisé sous la pression de la communauté internationale, le plébiscite devait respecter un semblant de vernis démocratique. Des temps d’antenne télévisée ont ainsi été accordés à chaque camp: quinze minutes quotidiennes, pendant vingt-sept jours. Après quinze ans durant lesquels les médias étaient intégralement occupés par le pouvoir, et les esprits rongés par la peur, ce quart d’heure avait un caractère de farce. A droite comme à gauche, personne ne croyait à la victoire du non. Jusqu’à ce qu'un jeune publicitaire, René Saavedra, soit contacté par le leader de l’opposition. Dans cette mince fenêtre de tir, il voit une occasion. Immature, jouisseur, ce fils d’exilés est un pur produit de la société de consommation. C’est moins pour la démocratie qu’il se lance dans la partie que pour l’amour du risque, le plaisir de gagner et le profit qu’il escompte en tirer. Première étape: balayer la rhétorique des opposants, la vider de son contenu politique. Le clip que les militants anti-Pinochet avaient préparé, qui posait avec une simplicité bouleversante que voter non, c’est voter contre les milliers de morts, de torturés, de disparus, d’exilés de la dictature, n’est pas «vendeur», assène-t-il. Pour rallier les masses, il faut créer un élan. Il faut de l'enthousiasme, de la musique pop, du rire… La boîte à outils de la campagne se déclinera autour de trois éléments: logo en forme d’arc-en-ciel, un hymne «jingle», et la joie comme mot d’ordre. Cette stratégie provoque bien quelques défections chez les anciens, mais la majorité s’y rallie. Et le peuple suit. La campagne devient alors une gigantesque opération publicitaire, que le film décortique par le menu, condensant avec une maestria impressionnante les réunions, les propositions graphiques, les tournages de spots… Cette déferlante fourre-tout, où les chorégraphies les plus ringardes coexistent avec des détournements dignes des situationnistes, et avec des messages de soutien de stars hollywoodiennes, est passionnant sur le plan documentaire, et formidablement gaguesque. La riposte ne tarde pas à venir. Pris de cours par la vague contestataire, le camp Pinochet recrute le patron de René (formidable Alfredo Castro, acteur fétiche du cinéaste), qui porte le duel à un niveau plus brutal… Pour la première fois de sa vie, René ressent la violence du régime dans sa chair et semble un instant gagné par la révolte. Il y a quelque chose de très beau dans le frémissement du personnage, qui doit beaucoup au jeu de Gael García Bernal. Avec une finesse et une sobriété qu’on ne lui connaissait guère, il lui apporte une complexité touchante, un mélange de vulnérabilité affective, de résidu de conscience morale, d’arrivisme impitoyable. Pablo Larraín, lui, confirme son talent de grand cinéaste politique. Aboutissement d’une trilogie qui faisait du spectacle le nerf de la dictature Pinochet, No élargit son propos aux sociétés capitalistes modernes dans leur ensemble. Pour mettre en scène ce moment emblématique du devenir publicitaire de la politique, il a filmé avec une caméra de 1983, la même qu’utilisaient les publicitaires de l’époque, dans un format 4/3. La texture métallique des images, qui se fond avec celle des archives, est aux antipodes de l’esthétique vintage et du chantage à la nostalgie qu’elle impose. Décapant le vernis sucré de la pub, elles en révèlent la logique nihiliste, purement prédatrice. Isabelle Regnier, Le Monde, 15 mai 2012

Chili / USA, 2012, 1 h 57, couleur, v.o. Scénario, photo Pedro Peirano d’après la pièce The Referendum d’Antonio Skármeta Photo Sergio Armstrong Son Miguel Hormazábal Montage Andrea Chignoli Avec Gael García Bernal, Antonia Zegers Alfredo Castro, Luis Gnecco Marcial Tagle, Elsa Poblete… SOUTIEN AFCAE CANNES 2012 : QUINZAINE DES RÉALISATEURS

DU 6 AU 26 MARS SORTIE NATIONALE

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La Poussière du temps Theo Angelopoulos

Grèce, 2009, 2 h 05, couleur, v.o. Scénario Theo Angelopoulos Photo Andreas Sinanos Son Marinos Athyanasopoulos Jérôme Aghion Musique Eleni Karaindrou Montage Yannis Tsitsopoulos Giorgos Chelidonides Avec Willem Dafoe, Bruno Ganz Irène Jacob, Michel Piccoli Christiane Paul… SOUTIEN RECHERCHE

DU 6 AU 12 MARS

Présenté en compétition au Festival de Berlin en 2009, La Poussière du temps est le dernier film de Theo Angelopoulos, mort il y a un an après avoir été renversé par une moto dans une rue du Pirée, pendant le tournage de ce qui aurait dû être son film suivant. La Poussière du temps est un film éclaté –dans l’espace et dans le temps. Il raconte, sur plusieurs décennies, à coups de flash-backs ou flash-forwards incessants, comme le flux et le reflux qui ramèneraient les souvenirs à la mémoire, l’histoire d’une femme, Eleni (Irène Jacob), tiraillée entre deux hommes, un Grec, Pyros (Michel Piccoli), et Jacob, un Juif russe (Bruno Ganz) qui migrera vers Israël, laissant Eleni rejoindre son mari Pyros aux EtatsUnis. Il met aussi en scène un metteur en scène américain, A (Willem Dafoe), le fils de Pyros et d’Eleni, venu à Rome tourner un film qui semble problématique. Ses parents et son «oncle» Jacob lui rendent visite, sa femme l’a quitté (il l’aime encore), sa fille a fugué, semble-t-il. On voyage dans tous les sens, de la Russie de la fin du stalinisme à Berlin aujourd’hui, mais le passé ne passe pas, les blessures ne cicatrisent jamais (Jacob âgé, retrouvant Eleni vingt ans après leur liaison, ne peut s’empêcher de continuer à lui crier absurdement «Ne t’en va pas»), c’est très beau… Angelopoulos maîtrise toujours aussi bien son cinéma, les mouvements de foule comme les scènes plus intimes, raccourcissant aussi, semble-t-il, ses fameux plans-séquences qu’on avait pu par le passé juger pesants, très pesants. A soixante-seize ans, il semblait opter pour plus de fluidité, de légèreté dans le trait, de liberté dans le récit aussi. Il y a dans Poussière du temps… des images, des plans, des scènes d’une puissance émotionnelle dont on a du mal à saisir la raison pour laquelle ils nous bouleversent autant, comme ce décor désolé, jonché de restes de statues abattues après la mort de Staline, où l’on retrouve un orgue en parfait état de marche alors que personne n’en a joué depuis très longtemps, et sur lequel un organiste tout d’un coup fait revivre un air de Bach. Miracle des guerres, qui détruisent tout, mais justement pas tout: avec le temps, la beauté repousse toujours à travers le bitume. C’est le dernier film, le dernier soupir, la dernière confession de Theo Angelopoulos: la poussière du temps recouvre le présent, pour le meilleur et pour le pire. Jean-Baptiste Morain, Les Inrockuptibles, 13 février 2013

EN EXCLUSIVITE

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Les Nuits avec Théodore Sébastien Betbeder

Soirée-rencontre avec Sébastien Betbeder lundi 18 mars à 20 h 30

Magnifiquement conçu, finement réalisé, le film de Sébastien Betbeder raconte une histoire simple, portée par une grande imagination cinématographique. Présenté d’abord comme un documentaire sur le parc des Buttes-Chaumont, il bifurque rapidement vers la fiction : un couple d’amants maudits dont l’univers s’inscrit entièrement dans le parc –paradis de falaises, lacs, ponts, cascades, grottes, arbres et jardins bordant le magnifique Temple de la Sybille, construit sous Napoléon III dans les années 1860. Théodore rencontre Anna à l’occasion d’une fête. En la raccompagnant chez elle, il suggère de passer par le parc, fermé au public. Ils escaladent la grille, explorent les lieux et finissent la nuit sous un arbre majestueux. Ils se retrouvent le soir suivant, prolongent leur visite en découvrant la grotte, puis un pavillon de gardien meublé de reliques abandonnées. Betbeder fait alterner leur histoire d’amour naissante avec des films d’archives en noir et blanc, images fantomatiques des visiteurs qui ont précédé Théodore et Anna. L’ambiance nocturne, semblable à un rêve, est interrompue par le récit d’un psychiatre racontant l’expérience d’un homme ayant recouvré la santé en retournant aux Buttes-Chaumont. Le jour, Théodore et Anna se séparent pour dormir un peu. Chacun garde une part de jardin secret vis-à-vis de l’autre. Une nuit, ils découvrent pourtant qu’ils ne sont pas tout à fait seuls. Ce parc qu’ils pensaient être entièrement «le leur» au soleil couchant abrite un autre occupant. Très naturellement, Betbeder trouve un style et une ambiance uniques dans lesquels évoluent ses personnages. Les deux amants, drapés dans l’anonymat de la nuit, échappent au monde extérieur et disparaissent dans l’étreinte verdoyante du parc. Jusqu’à ce qu’un intrus vienne perturber cette retraite idéale. Les Nuits avec Théodore est un petit bijou de cinéma, à la croisée de la rêverie romantique de Pelléas et Mélisande et de la modernité éternelle des Quatre nuits d’un rêveur de Robert Bresson.» Piers Handling, directeur du Festival TIFF (Toronto International Film Festival)

France, 2012, 1 h 07, couleur Scénario Sébastien Betbeder Photo Denis Gaubert Son Xavier Griette, Roman Dymny Musique Sylvain Chauveau Montage Julie Duprée Avec Pio Marmaï, Agathe Bonitzer Fabrice Adde, Sarah Le Picard Emmanuel Siety… Film présenté dans le cadre de la manifestation « L’Effet scènes, le festival des Scènes nationales ».

DU 13 AU 19 MARS SORTIE NATIONALE

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Camille Claudel, 1915

/ Bruno Dumont

[…] Qui connaissait le projet de Bruno Dumont de filmer une évocation de Camille Claudel après son internement dans un asile près d’Avignon, avec Juliette Binoche dans le rôle principal, pouvait légitimement s’interroger sur les enjeux d’un tel choix, les effets de la rencontre avec une vedette d’un réalisateur qui a toujours préféré les acteurs nonprofessionnels, l’étrangeté de sa part à se lancer dans un film d’époque, ou la possibilité pour l’actrice de succéder à la mémorable interprétation d’Isabelle Adjani dans le film de Bruno Nuytten. Interrogations et éventuelles préventions sont balayées par «Camille Claudel, 1915». Oh, pas immédiatement. Le film met quelques séquences à imposer son rythme et sa distance, à accoutumer ses spectateurs à la présence infiniment troublante de Juliette Binoche comme jamais vue, à instaurer cette égalité de traitement des mots, des paysages, des visages, qui permet la mise en œuvre d’un programme minimal et bouleversant: regarder la souffrance en face. A mille lieux de tout pathétique, avec une totale dignité dans la manière de montrer chacune et chacun, dans sa folie, son orgueil, ses défenses scientifiques et religieuses, sa générosité ou son égoïsme, ou les deux, le film de Bruno Dumont et Juliette Binoche (il est juste de les associer tant ce qu’elle fait participe de la création même de l’œuvre) envoute et transporte, suscitant en chacun vibrations inédites et interrogations mystérieuses. Sous le soleil froid de Provence, celui-là même qu’avait peint le pauvre Vincent, nait un grand film exigeant… Jean-Michel Frodon, blog slate.fr, 14 février 2013

CAMILLE CLAUDEL, 2012 - Extraits du documentaire BRUNO DUMONT : L’origine du projet, c’est un message téléphonique de Juliette Binoche. J’étais en

train de tourner Hors Satan; Et j’ai reçu un message assez long d’elle, que je ne connaissais absolument pas, où elle me disait qu’elle voulait tourner avec moi. Voilà… J’ai trouvé qu’elle était téméraire de me laisser un message. Et pendant un mois je me suis posé la question: «Mais qu’estce que je peux bien faire avec elle?» parce que je veux bien travailler avec des comédiens, mais souvent je ne vois pas ce que je peux faire avec eux… JULIETTE BINOCHE : Il s’est passé quelques semaines entre mon coup de fil et le moment où on s’est rencontrés. Quand nous nous sommes vus, moi j’avais l’idée d’un thème de film et en fait il m’a dit qu’il avait envie de filmer une femme dans sa solitude, dans une maison.

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BRUNO DUMONT : Le hasard a voulu que je lise un livre à propos de la vie de Camille Claudel, au moment de son internement, et en fait Juliette et elle ont le même âge. Ça a été un flash, dans mon esprit, je me suis dit: «Et bien voilà.» Ce que j’aime assez, c’est qu’on ne sait rien sur sa vie, rien sur son internement, hormis le journal médical. Et l’idée d’écrire un scénario avec rien, ça me plaisait. Je fais un film avec quelqu’un qui passe son temps à ne pas faire grand-chose et ça me plaisait, cinématographiquement… Donc l’idée de tourner trois jours de la vie de Camille Claudel, c’est devenu, avec tous les éléments que j’avais, le journal, etc., un choix auquel je crois beaucoup, c’està-dire qu’on peut tout dire à partir de l’accessoire. Ce n’est pas la peine de raconter toute la vie de quelqu’un. En quelques secondes on peut dire la vérité. L’idée, c’était de tourner avec des vraies personnes qui souffraient de maladie mentale, c’était ça le projet. Donc il fallait trouver un endroit dans lequel coexistaient à la fois un décor et une proximité avec les malades, soit un hôpital avec lequel il y aurait un accord avec les médecins pour que les patients participent au film. Je n’ai jamais pensé le film autrement.Quand j’ai rencontré le personnel soignant, j’ai beaucoup écouté, je n’ai pas débarqué en disant: «Voilà, c’est moi, je fais un film, etc.» J’ai accepté beaucoup de choses sur la réalité de ces femmes. Je n’ai pas cherché à les manipuler pour en faire autre chose.

Mardi 19 mars à l’issue de la séance de 20 h projection du documentaire Camille Claudel, 2012 réalisé par Sacha Wolff (55 ’) / passage unique

JULIETTE BINOCHE : La règle de départ, pour ne pas qu’il y ait de mauvaises surprises en plein tournage, parce qu’on s’en faisait un monde de tourner là, (beaucoup plus, d’ailleurs, que ça ne l’a été en réalité) c’est que tous devaient m’appeler Camille. Sur le tournage tout le monde m’a appelée Camille parce que c’était plus simple, si jamais un patient improvisait une phrase. BRUNO DUMONT : La bonne idée, ça a été de prendre les infirmières pour jouer le rôle des sœurs, je

ne l’avais pas eue au début. Je me suis dit: «Mais qu’est-ce que je vais faire si dans une prise, il se passe quelque chose?»… Et elles ont accepté. Du coup c’est ça qui a fait corps, il y a une cohérence. Elles ont été partie prenante et je pense que les autorités médicales ont accepté aussi parce que leur personnel était là… En même temps elles nous ont aidés, elles ont fait de la mise en scène en plus, elles étaient là, elles les plaçaient, elles les tenaient, les poussaient, elles ont participé à la mise en scène. C’était à moi d’assimiler ces personnes qui sont aujourd’hui dans le film, Céline, Alexandra, Rachel, elles sont finalement devenues des personnages, parce que je n’avais pas d’idées de personnages. Donc Jessica, c’est Jessica, je n’ai pas de commentaire à faire sur elle. Je n’ai pas de directions à lui donner.Quand je filme Rachel, quand je filme Jessica, quand je filme Christiane, je n’ai rien à faire, je pose ma caméra et je fais tourner…Je fais ça simplement, il n’y a pas de tralala, car elles donnent quelque chose qui est inimaginable, qu’aucun comédien ne peut faire, c’est impossible, et ça j’en ai besoin pour justement tenter d’exprimer cet environnement dans lequel Camille Claudel s’est trouvée, ce dont elle parle. Mais ce sera Christiane, ce sera Myriam, ce sera Jessica, des malades mentales contemporaines, qui disent quelque chose d’ancien, qui est toujours là, devant lequel il n’y a pas beaucoup de commentaires à faire et de choses à dire. Je ne sais jamais ce qui va se passer, et c’est ça qui m’intéresse. A chaque moment où je dis «action», il va se passer quelque chose d’imprévu, mais cet imprévu est bienvenu, il est même nécessaire dans un travail où tout doit être prévu. Donc il y a une nécessité impérieuse d’avoir un découpage strict, très, très rigoureux, mais qui peut accueillir l’imprévu… Moi je pense que le film entraîne le spectateur dans la réalité d’un internement, sans paroles, parce que ce sont des cris, c’est de la douleur, c’est du temps, c’est de l’ennui, ce sont des formes béantes de la maladie mentale qui sont justement la non-parole, l’émotion… En même temps, Paul et Camille, ce sont des intellectuels, des personnalités tout à fait capables et puissantes dans l’élocution et dans la façon de créer. Ça existe dans les lettres de Camille et dans l’œuvre de Paul. Ils ont une puissance à aller dans les profondeurs de leur être qui est absolument exceptionnelle, donc le film est construit sur l’amplitude de Camille, sur l’extrémité de sa douleur, c’est-à-dire qu’elle joue des scènes tourmentées d’une façon très, très… quasiment expressionniste, même poussée à fond. Mais elle va vers la parole. C’est-à-dire que sa parole existe dans ses lettres, il y a une nécessité, même pour Juliette, de se déchirer, de s’abandonner, mais en même temps il faut retourner au texte, donc à un moment donné, il faut dire… in Dossier de presse

France , 2013, 1 h 37, couleur Scénario et dialogues Bruno Dumont librement inspiré des œuvres et de la correspondance de Paul Claudel, de la correspondance de Camille Claudel et des archives médicales de Camille Claudel Photo Guillaume Deffontaines Son Philippe Lecœur Montage Bruno Dumont, Basile Belkhiri Avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent Robert Leroy, Emmanuel Kauffman Marion Keller, Armelle Leroy-Rolland… Avec la participation des Résidents de la Maison d’Accueil Spécialisée Alexandra Lucas, Daniele Jessica Herrero, Myriam Laloum Christiane Blum BERLIN 2013 : SÉLECTION OFFICIELLE

DU 13 MARS AU 2 AVRIL SORTIE NATIONALE

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Djeca.

Bosnie Herzégovine / Allemagne / France… 2012, 1 h 30, couleur, v.o. Scénario Aida Begic’ Photo Erol Zubcˇevic’ Son Igor Cˇamo Montage Miralem Zubcˇevic’ Avec Marija Pikic, Ismir Gagula Bojan Navojec, Sanela Pepeljak Mario Knezovic Dekic’… CANNES 2012 : UN CERTAIN REGARD / MENTION SPÉCIALE LA ROCHELLE 2012 : FESTIVAL INTERNATIONAL DU FILM

DU 20 MARS AU 2 AVRIL

Enfants de Sarajevo

/ Aida Begic´

Qu’est-ce qu’un film utile? Djeca, de la Bosniaque Aida Begi´c. Parce qu’il nous avise de l’après-guerre civile et ethnique dans laquelle vivotent les différents éclats de l’exempire yougoslave. Ce qu’il est advenu de Sarajevo, qui fut le passe-partout de toutes les horreurs, réelles ou fantasmées. Mais aussi, plus accaparant, l’après-guerre en général. La vie des survivants, quel que soit le cataclysme humain qu’ils ont vécu. Le regret de ce qui s’est passé, le chagrin du temps perdu, mais aussi la nostalgie. L’odeur de la guerre est aussi un parfum entêtant. Le personnage de Rahima est à l’image de ce paradoxe: vingt-trois ans, orpheline de la guerre de Bosnie, bonniche dans un restaurant chic de Sarajevo, seconde mère pour son jeune frère Nedim –diabétique vaguement délinquant– et récemment convertie à l’islam. C’est sa valeur refuge, son espoir de respect par tous, et en particulier de mise à distance des hommes qui convoitent sa beauté. Mais il n’y a pas que la face qu’elle se voile. Drôle de fille en foulard, qui jure comme un camionneur, fait l’humour au bazooka, fume comme une caserne de pompiers, envoie vertement péter quiconque lui cherche des noises. La part documentaire du film est à l’aune de ce style nerveux: comme une paire de claques, le passé de la guerre est évoqué par des documents d’archives, où le chaos du cadre coïncide avec la panique de ce qui est alors filmé (tirs de sniper, bombes à l’aveugle). Comme un direct à l’estomac, dans la fiction contemporaine du film, il n’est question que de corruption, abus de pouvoir, mortification, marché noir et trafics de toutes sortes. Parce que son petit frère a eu la mauvaise idée de «latter» à l’école un fils de ministre, Rahima doit encaisser une descente de police sous haute tension de violence, y compris sexuelle. Un pur bloc de fièvre cette fille-là. Le parti pris de ne suivre, caméra à l’épaule, que le point de vue de Rahima, est la bonne idée formelle du film. Sa vie est un chantier bordélique, le film de sa vie est un bulldozer sans freins. L’autre bonne idée vient de la bande-son: l’action se déroule entre Noël et le jour de l’an. Le bruit des pétards le dispute à l’explosion de quelque feu d’artifice. Djeca nous laisse libres d’imaginer que ces détonations pacifiques en rappellent d’autres, nettement plus mortelles. Gérard Lefort, Libération, 22 mai 2012

SORTIE NATIONALE

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La Porte du paradis

/ Michael Cimino

En 1870 James et Billy fêtent la fin de leurs études à Harvard. Ils se retrouvent vingt ans plus tard: le premier est devenu shérif du comté de Johnson, le second l’un de ces gros éleveurs qui voient arriver d’un mauvais œil les immigrants d’Europe centrale attirés par le rêve américain.

En 1978, alors que Voyage au bout de l’enfer sonne le triomphe du cinéma d’auteur à Hollywood, son réalisateur Michael Cimino entreprend un projet fou, épris de grandeur et d’authenticité, qui retrace l’un des épisodes les plus scandaleux de la création des EtatsUnis. Ainsi naît La Porte du paradis, récit fleuve situé au coeur de paysages vertigineux, mêlant le lyrisme de la grande littérature russe et le romantisme des chefs-d’œuvre de David Lean. Taxé d’antiaméricanisme et de mégalomanie, Cimino passe immédiatement du rang de génie adulé à celui de cinéaste maudit; son film symbolise encore aujourd’hui la banqueroute de United Artists, le célèbre studio fondé par Charles Chaplin et D.W. Griffith. Néanmoins, La Porte du paradis demeure une œuvre au souffle unique portée par des acteurs prodigieux (la jeune Isabelle Huppert, radieuse aux côtés de Kris Kristofferson, Christopher Walken, Jeff Bridges, John Hurt) et vouée à la toute puissance de l’expression cinématographique. Un monument incontournable, enfin présenté dans une version intégrale et restaurée en numérique.

Heaven’s Gate USA, 1980, 3 h 36, scope-couleur, v.o. Scénario Michael Cimino Photo Vilmos Zsigmond Musique David Mansfield Montage Tom Rolf, William Reynolds… Avec Kris Kristofferson, Isabelle Huppert Christopher Walken, John Hurt Sam Waterston, , Brad Dourif Joseph Cotten, Jeff Bridges…

DIMANCHE 24 MARS 16 H 30 LUNDI 25 MARS 16 H VENDREDI 29 MARS 19 H 30 VERSION RESTAURÉE INÉDITE

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The Lebanese Rocket Society L’Etrange histoire de l’aventure spatiale libanaise Joana Hadjithomas / Khalil Joreige

Liban / France, 2013, 1 h 35, couleur, v.o. Réalisation Khalil Joreige, Joana Hadjithomas Photo Jeanne Lapoirie, Rachelle Aoun Son Chadi Roukoz, Rana Eid Musique Nadim Mishlawi, Scrambled Eggs Discipline Montage Tina Baz Avec Manoug Manougian, John Markarian General Youssef Wehbé Harry Koundakjian, Joseph Sfeir Hampar Karageozian, Paul Haidostian Assaad Jradi, Zafer Azar, Le Ministre Ziad Baroud, Le Ministre Tarek Mitri, Fouad Matta, Jana Wehbé… SOUTIEN RECHERCHE TRIBECA 2012 : PRIX DU MEILLEUR FILM DOCUMENTAIRE

DU 27 MARS AU 2 AVRIL

Qui se souvient des fusées spatiales libanaises? Il y a deux ans, comme la plupart de leurs congénères, Joana Hadjithomas et Khalil Joreige, le couple de plasticiens-cinéastes qui s’est fait connaître pour avoir filmé Catherine Deneuve sur la frontière israélienne dans Je veux voir (2008), n’avaient jamais entendu parler de ces engins… […] L’histoire est étrange en effet, et passionnante. Elle renvoie à une époque lointaine, pleine d’espoir, celle du panarabisme triomphant, quand la croyance dans la science, dans le progrès, dans la solidarité tiers-mondiste, animait le monde en général, et le monde arabe en particulier. «C’était un moment où l’on pouvait croire dans le changement social, soutient Khalil Joreige. Nous, nous avons hérité d’une autre société.» Sous la houlette du scientifique Manoug Manougian, un Arménien né en Israël, une équipe de chercheurs de l’université Haigazian de Beyrouth a fait évoluer ses recherches sur la trajectoire vers un programme spatial. «C’étaient des rêveurs», estime Joana Hadjithomas. Après des débuts très artisanaux, les rapides succès de l’entreprise attirent l’attention de l’armée, puis de la nation entière, qui suit, galvanisée, les progrès de cette première fusée du monde arabe. Peints en rouge, décorés d’un cèdre, les engins, dont les plus puissants atteignent Chypre, sont lancés le jour de la Fête de l’indépendance. Ils montent à la «une» des journaux, créent l’événement à la télévision. Le programme fait la fierté du pays jusqu’en 1967, quand les scientifiques de l’université Haigazian sont sur le point de créer un satellite. Ce programme est arrêté net après la défaite arabe contre Israël, à la suite de «pressions internationales». Le panarabisme a entamé son déclin… […] A en croire Hadjithomas et Joreige, cette histoire de fusée a été largement oubliée. C’est un timbre qui a attiré leur attention, dans un livre de la Fondation arabe pour l’image, cette institution de Beyrouth qui archive depuis des années la mémoire visuelle du monde arabe. La fusée au Cèdre y était représentée. Le couple, dont le travail se concentre sur des questions ayant trait à l’effacement de la mémoire, aux images latentes, fait des recherches et s’immerge peu à peu dans cette folle histoire. Ils en rencontrent presque tous les protagonistes. Le principal, Manougian, a aujourd’hui 92 ans. Il vit en Floride, et a conservé toute la mémoire de l’aventure: écrits, dessins, photos, et surtout des films. A elles seules, ces archives filmées feraient un documentaire passionnant. Tournées par des amateurs, elles rappellent les balbutiements du cinéma. Les opérateurs ne s’arrêtaient pas au décollage de la fusée, qu’ils rataient le plus souvent. Leur caméra en suivait la trace nuageuse dans le ciel, ce qui donne à ces images scientifiques une dimension poétique inattendue… […] Près d’un demi-siècle après, Joreige et Hadjithomas ont à leur tour fait construire une fusée, réplique exacte d’un des prototypes réalisés à l’époque. Ils lui ont fait traverser Beyrouth en camion, le nez pointé vers le ciel. «A Beyrouth, un tel objet est nécessairement pris pour un missile», explique Khalil Joreige, qui veut voir dans cette action une manière d’étendre les limites du territoire de l’art… […] Lancé en 2010, avant le coup d’envoi du printemps arabe, « le film a radicalement changé de couleur » sous son influence. Dans la salle de montage, des échos inattendus résonnent entre l’époque actuelle et les années 1960, dont on pensait l’esprit mort à jamais. « Il y avait alors cette idée que le Liban était connecté au reste du monde, à la recherche mondiale, estime Joana Hadjithomas. Les gens ne se disaient pas que les choses étaient impossibles. Aujourd’hui, le rêve gagne à nouveau la rue arabe.» Isabelle Regnier, Le Monde, mai 2012

SORTIE NATIONALE

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Des abeilles et des hommes Markus Imhoof Quelle fierté pour moi de prêter ma voix à ce film unique sur le monde des abeilles, je devrais dire notre monde car en le découvrant, j’ai compris à quel point notre sort est intimement lié à ces petites créatures. Cette exploration en images, d’une qualité inouïe, proposée par Markus Imhoof, nous projette au cœur de leur vie si touchante; c’est comme si l’auteur du film nous proposait un parallèle fascinant et édifiant avec nos propres sociétés humaines… Charles Berling in Dossier de presse

Entre 50 et 90% des abeilles ont disparu depuis quinze ans. Cette épidémie, d’une violence et d’une ampleur phénoménale, est en train de se propager de ruche en ruche sur toute la planète. Partout, le même scénario: par milliards, les abeilles quittent leurs ruches pour ne plus y revenir. Aucun cadavre à proximité. Aucun prédateur visible. Arrivée sur Terre soixante millions d’années avant l’homme, l’Apis mellifera (l’abeille à miel) est aussi indispensable à notre économie qu’à notre survie. Aujourd’hui, nous avons tous de quoi être préoccupés: 80% des espèces végétales ont besoin des abeilles pour être fécondées. Sans elles, pas de pollinisation, donc pratiquement plus de fruits, ni légumes. Il y a soixante ans, Einstein avait déjà insisté sur la relation de dépendance qui lie les butineuses à l’homme: «Si l’abeille disparaissait du globe, l’homme n’aurait plus que quatre années à vivre.» Un grand-père qui avait construit une maison pour y loger sa collection de ruches a fait du documentariste suisse Markus Imhoof un vrai piqué des abeilles. Fasciné à son tour par ce grand cycle: les fleurs butinées deviennent fertiles, la pollinisation fait circuler la vie. Or ce cercle vertueux peut être brisé, comme jadis en Chine, où le réalisateur se rend: quand Mao ordonna, dans les années 1950, le massacre des moineaux, pour préserver les céréales, la vermine proliféra et on abusa des insecticides, qui tuèrent toutes les abeilles. Aujourd'hui, la pollinisation se fait manuellement dans les vergers chinois. Ce lien entre les abeilles et les hommes n’est plus seulement scruté par des spécialistes ou des passionnés, mais par des citoyens attentifs aux enjeux de la biodiversité. Markus Imhoof se fait leur porte-parole à tous, sans dramatiser à outrance la question du mal nouveau, et en partie mystérieux, qui frappe l’apiculture. Comme le dit un businessman qui loue ses ruches à prix d’or à des propriétaires d’amandiers à travers les Etats-Unis: «Avant, quand les abeilles mouraient, c’était comme un décès dans la famille; maintenant, c’est simplement les risques du métier.» Tout en pointant la folie d’un monde qui se fait à tout, pourvu que l’argent rentre, ce documentaire aide à comprendre quelle évolution est possible, et comment le cycle vital pourra se perpétuer. Frédéric Strauss, Télérama, 20 février 2013

More than Honey Suisse, 2012, 1 h 28, couleur, v.o. Scénario Markus Imhoof Caméra Jörg Jeshel Caméra macro Attila Boa Son Dieter Meyer Musique Peter Scherer Montage Anne Fabini Avec la voix de Charles Berling

DU 27 MARS AU 2 AVRIL EN EXCLUSIVITE

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Pinocchio Animation, Italie …, 2012, 1 h 20, coul., v.f. d’après Pinocchio de Lorenzo Mattoti • à partir de 6 ans •

DU 1er AU 3 MARS SORTIE NATIONALE

/ Enzo d’Alò

Pour goûter la nouvelle adaptation animée des aventures du pantin menteur, oubliez la version Disney et son imagerie de jouet un peu trop lisse. Ce nouveau Pinocchio se chauffe d’un bois plus authentique: le garnement fait les quatre cents coups avec la grâce et l’ironie d’un vrai Arlequin, et son vieux Gepetto a rarement paru aussi tendre. Surtout, Lorenzo Mattotti, peintre et illustrateur, s’est chargé d’offrir de beaux décors aux aventures bien connues (l’île aux jouets, la baleine…): collines piquées de cyprès, roussies par la lumière du soir, villes aux toits cramoisis, escaliers tortueux… Une balade picturale dans une Italie rêvée, entre cirque et commedia dell’arte… Cécile Mury, Télérama, 20 février 2013

Monstres… pas si monstrueux !

Nous avons l’habitude de voir au cinéma des monstres terrifiants… Mais ils ne sont pas toujours aussi terribles! Ce programme de cinq courts-métrages propose un tour d’horizon des plus terribles créatures de la planète… Sous un nouveau jour, rempli de tendresse et d’humour! CITROUILLE ET VIEILLES DENTELLES de Juliette Loubières (2010, 8’ 50”, couleur)

Un photographe de pub est contraint de chercher dans une maison de retraite «une bonne tête de papy» pour une affiche. Mais les vieux pensionnaires vont très vite le prendre au dépourvu: ronces, citrouille géante, neige et autres manifestations incongrues envahissent la maison… CUL DE BOUTEILLE de Jean-Claude Rozec (2010, 9’, noir et blanc)

La nouvelle, terrible, est tombée: profondément myope, Arnaud doit porter des lunettes. Ces affreuses binocles, Arnaud ne les aime pas et il préfère de loin le monde flou et protéiforme de sa myopie, un monde peuplé de monstres licornes et autres chimères qui apparaissent au gré de sa fertile imagination… DUO DE VOLAILLES, SAUCE CHASSEUR de Pascale Hecquet (2011, 6’, noir et blanc)

Un coq noir, une poule blanche sont chassés par un loup gris. La survie de ces deux proies dépend d’une simple lampe sur pied. Doit-elle rester éteinte ou allumée? Réponse en musique! MONSTRE SACRÉ de Jean-Claude Rozec (2009, 9’ 50”, couleur) Animation, France / Belgique, 2009-2011 couleur et noir et blanc > durée totale du programme : 41 ’

tarif enfant : 3,50 € / tarif adulte : 4,50 €

• à partir de 6 ans • SOUTIEN AFCAE JEUNE PUBLIC

DU 6 AU 16 MARS

Né accidentellement parmi les canards, un dragon aussi gigantesque qu’inoffensif, devient subitement une star médiatique. Considéré à tort par les hommes comme une créature féroce et sanguinaire, il se retrouve bientôt perdu dans la jungle urbaine… BYE BYE BUNNY de Julia Bueno, Cheng Li, Catherine Lepicard… (2012, 7’20”, couleur)

Comment le monde réagirait-il à la mystérieuse disparition de tous les lapins de la planète? Un magicien va tout faire pour retrouver son partenaire de scène. Mais un scientifique fou va venir compliquer la situation…

EN EXCLUSIVITE

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PROCHAINEMENT… EN M A R S Hommage à Bernard Giraudeau lundi 11 mars 19 h30 ❙ La Coursive ❙ Grand Théâtre – au profit du Fonds Bernard Giraudeau > 19 h 30 Soirée animée par Jean-Louis Foulquier. Présentation du Fonds Bernard Giraudeau par

François Giraudeau, en présence de Sara et Gaël Giraudeau, Anny Duperey, Roger Dumas et Niels Dubost > 20 h

Projection du documentaire Bernard Giraudeau - Le Baroudeur romantique (2012, 52’, productions Flach Film) en présence du réalisateur Bertrand Tessier

> 21 h 15

Projection du film Un été glacé, (1992, 1h30) réalisé par Bernard Giraudeau, avec Michel Duchaussoy, Roger Dumas, Niels Dubost… TARIF UNIQUE : 11 € (au bénéfice du Fonds Bernard Giraudeau) RÉSERVATIONS À LA COURSIVE à partir du 26 février / avec le soutien de la Ville de La Rochelle

« chorédrame » de James Thierrée > INCLASSABLE avec 7 danseurs, 1 comédien, 1 danseur-circassien, 1 contortionniste Tabac rouge est, assurément, dans la lignée des magistrales inventions de James Thierrée. A une différence fondamentale puisqu’il n’est pas sur scène. Il est l’époustouflant chef de l’orchestre corporel de solistes virtuoses. A juste titre James Thierrée définit son spectacle d’un spectacle de danse… mais pas seulement. La machinerie délirante qu’il a inventée est aussi un personnage en mouvement de cet univers si singulier. Et le théâtre, visuel, narratif, exploratoire n’est pas loin…

Tabac rouge,

mercredi 6, vendredi 8, samedi 9 mars 20 h 30 / jeudi 7 mars 19 h 30

Quatuor Modigliani Cette formation tutoie l’excellence sur les scènes prestigieuses de tous les continents.

>MUSIQUE

Philippe Bernhard, violon / Loïc Rio, violon / Laurent Marfaing, alto / François Kieffer, violoncelle Programme : JUAN CRISÓSTOMO DE ARRIAGA Quatuor à cordes n°3 en mi bémol majeur LUDWIG VAN BEETHOVEN Quatuor à cordes n°16 en fa majeur opus 135 MAURICE RAVEL Quatuor à cordes en fa majeur mardi 12 mars 20h30

2 h 14, texte David Paquet / mise en scène Dinaïg Stall >THEATRE Une pièce d’un jeune et brillant auteur québécois, une tragi-comédie sur l’adolescence dont la force est sublimée par les marionnettes de taille humaine. mer 13 mars 20h30 / création J’avais un beau ballon rouge

texte Angela Dematté / mise en scène Michel Didym >THEATRE Une fiction qui a pour socle la réalité des Brigades rouges italiennes, dans l’intimité d’une relation pèrefille incarnée par Richard et Romane Bohringer. jeu 14 mars 19h30 / ven 15, sam 16 mars 20h30

Tabac rouge

Plexus, spectacle de Aurélien Bory / avec Kaori Ito >DANSE Kaori Ito est une danseuse rare, inoubliable chez Decouflé, James Thierrée, Angelin Preljocaj ou Podalydès. Friande de nouveauté, elle enjambe les frontières et se joue des disciplines. mardi 19, mercredi 20 mars 20h30

Ars Nova Ensemble Instrumental

>MUSIQUE

direction Philippe Nahon Du tango imaginaire, avec Pascal Contet, à la création de Bernard Cavanna, l’ensemble de Philippe Nahon célèbre l’aventure musicale buissonnière. jeudi 21 mars 20 h 30

Les Tistics,

“Les Franglaises ”

>CHANSON

J’avais un beau ballon…

Deuxième rendez-vous de la saison avec Les Tistics qui chantent les succès que l’on connaît en anglais, en français traduit mot à mot. Désopilant et jubilatoire. vendredi 22 mars 20h30

spectacle de Yoann Bourgeois >INCLASSABLE avec 11 artistes de l’école d’art de Dalian (Chine) et 8 musiciens Une création avec onze artistes de la troupe de cirque acrobatique chinois de Dalian et huit musiciens pour Vivaldi et la musique des Quatre saisons. mar 26, mer27 mars 20h30 / jeu 28 mars 19h30

Wu-Wei,

m Réservation des places u

Ouverture 1 mois avant la représentation pour les spectateurs titulaires de la CARTE LA COURSIVE. Ouverture 15 jours avant la représentation pour les spectateurs NON titulaires de la CARTE LA COURSIVE. u Ouverture exceptionnelle des réservations au guichet et par internet: TABAC ROUGE • WU-WEI • CYRANO DE BERGERAC Tous les spectacles sont, dans la limite des places disponibles, accessibles aux spectateurs qui ne souhaitent ni prendre un abonnement, ni prendre la Carte La Coursive. u

Plexus


M

A

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DU 1er AU 5 MARS

2

0

1

3

MER 27

JEU 28

VE 1er/3

SAM 2

DIM 3

PINOCCHIO de Enzo d’Alò Animation, Italie, 2012, 1h20, couleur, v.f. SYNGUÉ SABOUR – PIERRE DE PATIENCE de Atiq Rahimi France/Allemagne/Afghanistan, 2012, 1h42, couleur, v.o. ELEFANTE BLANCO de Pablo Trapero Argentine/France/Espagne, 2012, 1h45, couleur, v.o.

14H30

14H30

14H30

14H30

16H45

16H15 20H15 18H15

18H15

16H15 20H30 18H15

18H15

14H30 20H30 18H30

20H15

DU 6 AU 12 MARS

MER 6

JEU 7

VEN 8

SAM 9

DIM 10

LUN 11

MAR 12

MONSTRES… PAS SI MONSTRUEUX!, 5 courts métrages Animation, France/Belgique, 2009/2011, 41’, couleur et n.& b. TOMBOY de Céline Sciamma France, 2011, 1h22, couleur NO de Pablo Larraín Chili/USA, 2012, 1h57, couleur, v.o. LA POUSSIÈRE DU TEMPS de Theo Angelopoulos Grèce, 2009, 2h05, couleur, v.o.

14H30

14H30 17H 15H30

16H45

14H 18H30 16H15 20H45

DU 13 AU 19 MARS

16H15 20H15

16H15 20H30

LUN 4

MAR 5

18H

16H 20H15 14H 18H

15H30 20H30 18H

16H30 21H 14H 18H45

14H 18H45 16H15 21H

20H30

18H

20H

18H

14H30 20H30

17H30

MER 13

JEU 14

VEN 15

SAM 16

DIM 17

LUN 18

MAR 19

18H15

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20H (2)

16H45

20H30 (1)

18H30

18H45

14H30 20H15

18H

16H15

LUN 25

MAR 26

MONSTRES… PAS SI MONSTRUEUX!, 5 courts métrages CAMILLE CLAUDEL, 1915 de Bruno Dumont France, 2013, 1h37, couleur LES NUITS AVEC THÉODORE de Sébastien Betbeder France, 2012, 1h07, couleur NO de Pablo Larraín

14H30 15H30 21H 19H45

18H 20H 16H30

17H30

14H

14H 17H30 16H 19H30 21H

DJECA. ENFANTS DE SARAJEVO de Aida Begic´ Bosnie Herzégovine/All./Fr.…, 2012, 1h30, couleur, v.o. CAMILLE CLAUDEL, 1915 de Bruno Dumont

MER 20

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VEN 22

SAM 23

DIM 24

14H30 20H30 16H15

16H

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14H30

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14H 18H 20H

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14H30 20H30 18H30

20H30

14H 18H15 16H

DU 20 AU 26 MARS

NO de Pablo Larraín LA PORTE DU PARADIS de Michael Cimino USA, 1980, 3h36, scope-couleur, v.o.

18H15

DU 27 MARS AU 2 AVRIL

DES ABEILLES ET DES HOMMES de Markus Imhoof Suisse, 2012, 1h28, couleur, v.o. THE LEBANESE ROCKET SOCIETY de Joana Hadjithomas et Khalil Joreige • Liban/France/, 2013, 1h35, couleur, v.o. DJECA. ENFANTS DE SARAJEVO de Aida Begic CAMILLE CLAUDEL, 1915 de Bruno Dumont LA PORTE DU PARADIS de Michael Cimino

VEN 29

16H30 14H30 21H 17H30

16H15 16H30

20H 16H

SAM 30

DIM 31

LU 1er/4

MAR 2

14H30

18H15

19H

14H 19H15 21H

MER 27

JEU 28

19H15

14H

21H

18H

14H

18H15

20H

17H

17H30

20H 16H

15H45 17H30 19H30

16H30 20H15

16H30 14H30

20H45

15H45 17H30

«Le Printemps du cinéma», dimanche 17, lundi 18, mardi 19 mars. Tarif unique à toutes les séances 3,50€ (1)

Les Nuits avec Théodore sera suivi d’une rencontre publique avec Sébastien Betbeder, lundi 18 mars à 20h30. (Pré-vente billetterie à partir du lundi 11 mars)

(2)

Camille Claudel, 1915 sera suivi mardi 19 mars à 20h de la projection du documentaire réalisé par Sacha Wolff, Camille Claudel, 2012 (durée: 55’) / passage unique Le programme cinéma est consultable sur : www.la-coursive.com

LA COURSIVE SCENE NATIONALE /// 4, RUE SAINT-JEAN-DU-PEROT /// 17025 LA ROCHELLE CEDEX 1 /// TEL. 05 46 51 54 00


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