Octobre 2015

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AU BUREAU D’ACCUEIL DE LA COURSIVE

du mardi au vendredi de 13h à 20h / samedi, dimanche et lundi de 14h à 20h PAR TÉLÉPHONE du lundi au dimanche de 14h à 18h 05 46 51 54 02 - 05 46 51 54 03 - 05 46 51 54 04 SUR INTERNET www.la-coursive.com horaires consultables et programme téléchargeable MÉDIAS Sud-Ouest • Sud-Ouest Dimanche • Sortir • France Bleu La Rochelle • La Charente-Libre • France 3 Poitou-Charentes et Atlantique • RCF • La Nouvelle République Niort • Le Phare de Ré • Radio Collège • TMV La Rochelle • UBACTO

Tarifs cinéma TARIF NORMAL CARTE LA COURSIVE, PLUS DE 60 ANS LUNDI POUR TOUS MOINS DE 26 ANS, DEMANDEUR D’EMPLOI TARIF JEUNE MOINS DE 18 ANS TARIF GROUPES SCOLAIRES, CENTRES DE LOISIRS CARTE FIDELITE POUR LES TITULAIRES DE LA CARTE LA COURSIVE 10 séances (valable jusqu’au mercredi 29 juin 2016)

7€ 6€ 5€ 5€ 4€ 3,50 € 50 €

TARIFS CARTE LA COURSIVE • Individuel, 13,50 € • Collectivité ou groupe (minimum 10 personnes), 12 € • Plus de 60 ans, 12 € • Moins de 26 ans, Demandeur d’emploi, 7 € Cinéma Art et Essai Recherche et Découverte, Jeune Public et Patrimoine et Répertoire, adhérent au Groupement National des Cinémas de Recherche, à l’Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai, à l’Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche, à l’Association du Cinéma Indépendant pour sa Diffusion et à l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma

Cinéma jeune public Tout film présenté dans le cadre de la programmation du mois peut faire l’objet de séances scolaires (tarif : 3,50€). FILMS TOUT PARTICULIEREMENT RECOMMANDÉS

PETITES CASSEROLES, 6 films d’animation Suède/France/Irlande…, 2005-2014, 41’, couleur, version française m à partir de 4 ans m Séances tout public: samedi 3, dimanche 4 octobre 16h30 m Séances scolaires : la semaine du mercredi 30 septembre au mardi 6 octobre PHANTOM BOY de Alain Gagnol et Jean-Louis Felicioli • Animation, France, 2015, 1h24, couleur m à partir de 7-8 ans m Séances tout public: mercredi 14 oct 14h30 et 17h15 / samedi 17 oct 17h / dimanche 18 oct 14h30 / lundi 19 oct 17h15 / mardi 20, mercredi 21 oct 14h / jeudi 22 oct 15h / vendredi 23 oct 14h / samedi 24 oct 14h30 et 17h15 / dimanche 25 oct 16h30 / lundi 26 oct 14h30 / mardi 27 oct 15h / mercredi 28, jeudi 29 oct 14h / vendredi 30 oct 14h15 / dimanche 1er nove 14h30 m Séances scolaires : la semaine du mercredi 7 au mardi 13 octobre et lundi 2 et mardi 3 novembre SAMETKA, LA CHENILLE QUI DANSE, 2 films d’animation Russie / République Tchèque, 1965-1976, 39’, couleur, version française m à partir de 3 ans m Séances tout public: mercredi 14 oct 16h15 / samedi 17 oct 16h / lundi 19 oct 16h 15 / mardi 20, mercredi 21 oct 15h45 / jeudi 22 oct 14h / vendredi 23 oct 15h45 / samedi 24 oct 16h15 / lundi 26 oct 16h30 / mardi 27 oct 14h m Séance scolaire: jeudi 15 octobre 10h POUR TOUT RENSEIGNEMENT SERVICE CINEMA : 05 46 51 54 00 Directeur de la publication Jackie Marchand Programmation et rédaction Edith Périn Réalisation maquette, photogravure Brigitte Morisson Impression fabrication Imprimerie IRO Photo de couverture Fatima de Philippe Faucon


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CYCLE / STAGE de Truffaut à Desplechin…

De Truffaut à Desplechin: la tentation du romanesque Truffaut a toujours revendiqué son goût pour la littérature romanesque. Il a construit par bribes avec certains de ses films un univers romanesque à la Balzac autour du personnage d’Antoine Doinel, son double de fiction. Les autres cinéastes de la Nouvelle Vague étaient plus méfiants à l’égard de ce romanesque dont la modernité, en littérature comme au cinéma, s’est beaucoup démarquée. Desplechin a hérité de cette envie de romanesque truffaldien, notamment avec son personnage de Paul Dédalus, dont il a emprunté le patronyme à un roman largement autobiographique de James Joyce. Lui aussi a trouvé dans un acteur, Mathieu Amalric, son double de fiction. Pour les deux cinéastes le romanesque ne se réduit pas à un jeu avec les personnages. C’est aussi une façon d’échapper au plat naturalisme du cinéma français, de faire vibrer l’écart entre le temps des personnages et le temps de la narration, de prendre en main avec jubilation leur pouvoir d’intervention arbitraire de raconteur, de jouer avec lyrisme, et parfois avec humour, des plaisirs de l’imaginaire et de l’écriture. Cette programmation raconte aussi une histoire de filiation élective entre deux cinéastes de générations et de préoccupations très différentes, dont les films se répondent pourtant parfois de façon étonnamment précise. Elle permettra de s’interroger sur l’évolution du cinéma français entre ces deux états du cinéma : celui des années 60-80, dont Truffaut a été le centre, et celui des années 90-2010, dont Desplechin est l’un des cinéastes les plus conscients. Alain Bergala, juin 2015

STAGE animé par Alain Bergala essayiste, cinéaste, enseignant de cinéma à La fémis et commissaire d’exposition

‡ samedi 10 octobre 14 h 30

Les Deux Anglaises et le continent de François Truffaut (France, 1971, 2 h 12, couleur)

® séance de travail jusqu’à 19 h 20 h 30

Trois souvenirs de ma jeunesse de Arnaud Desplechin (France, 2015, 2 h 03, scope-couleur)

® Rencontre publique avec Alain Bergala ‡ dimanche 11 octobre 10h

Domicile conjugal de François Truffaut (France, 1970, 1h 40, couleur)

® séance de travail jusqu’à 13 h 14 h 30

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) de Arnaud Desplechin (France, 1996, 3 h, couleur)

® séance de travail jusqu’à 18 h 30 Formulaire d’inscription à retourner avant le mardi 6 octobre disponible à l’accueil de La Coursive ou téléchargeable sur le site de La Coursive 40 €, tarif normal / 32 €, Carte La Coursive / 25 €, – de 26 ans / 20 €, Pass’Culture Etudiant

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CYCLE / STAGE de Truffaut à Desplechin…

Les Deux Anglaises et le continent / François Truffaut Au début du XXe siècle, Claude un jeune bourgeois français se lie d’amitié avec deux sœurs galloises, Ann et Muriel…

France , 1971, 2 h 12, couleur Scénario François Truffaut, Jean Gruault d’après le roman de Henri-Pierre Roché Photo Nestor Almendros Musique Georges Delerue Montage Yann Dedet Avec Jean-Pierre Léaud, Kika Markham Stacey Tendeter, Philippe Léotard Sylvia Marriott, Irène Tunc… SAMEDI 10 OCTOBRE 14H30

« Ce n’est pas un film d’amour physique, mais un film physique sur l’amour » explique Truffaut au moment de la sortie des Deux Anglaises et le continent, réalisé en 1971 après une grave dépression. Truffaut malmène en effet sa pudeur naturelle et ose affronter des thèmes et des images délicates à filmer… […] Si aimer est une joie et une souffrance, le film ne retient que la souffrance. Adapté d’un roman de Henri-Pierre Roché, comme Jules et Jim, Les Deux Anglaises et le continent appartient à la veine intimiste et douloureuse de l’œuvre de François Truffaut, nourrie de ses propres expériences, où le cinéaste s’intéresse à la passion amoureuse, à ses ravages et ses ratages. « La vie est faite de morceaux qui ne se joignent pas », déclare Muriel. Le cinéaste tranche dans l’épaisseur romanesque du sujet pour en extraire différentes époques, faites de retrouvailles et d’éloignement, d’étreintes et de ruptures, de correspondances et de silences. Bouleversant. Le film maudit –et sans doute le chef-d’œuvre– de François Truffaut, mutilé lors de sa première distribution, ne fut restauré que beaucoup plus tard dans la version intégrale de cent trente minutes . Olivier Père, www.arte.tv, 17 mars 2012

Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) / Arnaud Desplechin Les débordements existentiels de Paul Dédalus, maître-assistant, vingt-neuf ans, une fiancée, deux maîtresses, un ennemi, un psychanalyste… «Paul et Esther s’entendent très mal, ça fait bientôt dix ans qu’ils essaient de se débarrasser l’un de l’autre.» L'incipit de Comment je me suis disputé… (ma vie sexuelle) résonne toujours, près de vingt ans après, comme la promesse d’un film générationnel où se mêlent de grandes histoires d’amour qui n'en finissent pas de finir, des héros insoumis mais lestés de doutes, ancrés dans le réel tout en étant nourris de fantasmes romanesques et de philosophie. Le film d’Arnaud Desplechin, présenté à Cannes en 1996, quatre ans après La Sentinelle l’a transformé en réalisateur incontournable du cinéma français. Faisant éclore avec lui toute une génération d’acteurs: Emmanuelle Devos, Marianne Denicourt ou Emmanuel Salinger (tous au casting de La Vie des morts) et surtout, le jeune premier Mathieu Amalric. Une nouvelle troupe de comédiens français, tout à la fois doubles et pendants du réalisateur. Et, face à l'écran, de nombreux spectateurs pour qui le film fut un choc. Vincent Jolit, trente-six ans, romancier à Hyères, se souvient: «J’ai vu le film en 1996, à sa sortie, à Toulon. Ce fut un tournant dans ma jeunesse. Un passage initiatique. Il m’a fait découvrir le cinéma, ce qu’il apporte et rend possible. Grâce à Desplechin, j’ai pris conscience qu’il y avait des films d’une puissance romanesque inouïe, des films qui montraient avec talent et humour la complexité des choses et des vies. Comment je me suis disputé… m’a offert Eustache, Bergman et Sautet. Il m’a fait aimer le cinéma. Paul Dédalus, le personnage de Mathieu Amalric, m’a fait une telle impression que je voulais lui ressembler.» 4


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CYCLE / STAGE de Truffaut à Desplechin…

Etre bouleversé par Paul Dédalus ou s’identifier à ces thésards, normaliens et bavards, tour à tour tourmentés et hilarants, pouvait aussi arriver à des jeunes filles, comme Léa Mysius, vingt-cinq ans, réalisatrice, qui a vraiment découvert le film à l’âge de quatorze ans. «On l’a regardé sur le vidéo-projecteur un peu pâlot de mes parents. J’ai été complètement subjuguée. Je me souviens de l’effet de la fin sur moi, la partie de mikado puis le noir. Je suis restée silencieuse un moment puis j’ai filé, toute adolescente que j’étais, me cacher au fond de ma chambre pour écrire à Desplechin. Je n’avais en revanche aucune idée de comment lui faire parvenir ma lettre passionnée. Honteuse, je l’ai enfouie dans une boîte et ne l’ai jamais retrouvée. Je ne sais pas trop expliquer pourquoi ce film m’a tant marquée. Peut-être ce flux de paroles qui m’avaient abreuvée puis laissée sans voix. La parole vers le silence.» […] Si le film a tant marqué les esprits, c’est aussi grâce à des scènes inoubliables, des dialogues qu’on rêverait d'entendre dans la vraie vie: «Tu sais, je crois que je ne me remettrai pas de te connaître», dit Paul à Sylvia, après leur rencontre à la piscine. Ou alors: «cette fille qui dansait en culotte, c’est l'expression exacte de l’Esprit Saint. Tu te souviens? Les petites flammes de la Pentecôte. Après Pâques.», confie Ivan, en pleine crise mystique, à Paul, à propos d’une conquête d’une nuit. On se souvient aussi, bien sûr, de la bouleversante et inoubliable lettre d’Esther à Paul, qui étouffe et exulte face caméra. Un procédé que le cinéaste réutilisera dans Un conte de Noël avec Amalric à la place d’Emmanuelle Devos, et encore dans Rois et Reine, dans une lettre lue par Maurice Garrel à sa fille (Devos, encore). Cette scène a beaucoup marqué Jean-Baptiste Viaud, vingt-neuf ans, rédacteur en chef du site Il était une fois le cinéma: «Tout le hors champ est là, tous les ailleurs et tous les avants, une absence qui “tient compagnie”.C’était tellement plus grand que moi: je ne comprenais pas tout, mais j’étais chaviré.» Caroline Besse, Télérama, 16 mai 2015

France , 1996, 3 h, couleur Scénario Emmanuel Bourdieu Arnaud Desplechin Photo Eric Gautier Musique Krishna Levy Montage Laurence Briaud François Gédigier Avec Mathieu Amalric, Jeanne Balibar Emmanuelle Devos, Marianne Denicourt Thibault de Montalembert Emmanuel Salinger, Denis Podalydès Michel Vuillermoz… DIMANCHE 11 OCT 14H30

Trois souvenirs de ma jeunesse / Arnaud Desplechin Paul Dédalus va quitter le Tadjikistan. Il se souvient… De son enfance à Roubaix… Des crises de folie de sa mère… De ses seize ans… De son père, veuf inconsolable… Il se souvient de ses dix-neuf ans. Et surtout, Paul se souvient d’Esther. Elle fut le cœur de sa vie… […] Trois souvenirs de ma jeunesse condense tout le romanesque français, toute une histoire du tourment amoureux, et de la fierté blessée. Ce film est malade d’une vieille maladie qui se nourrit d’elle-même. Et qui, à force, a fini par dessiner une ligne. Qui commence avec Flaubert et court jusqu’à Jean Eustache. Ou Truffaut. De quoi se souvient-on quand on voudrait tout oublier? De moments ténus… […] On ne sait pas, il faut se l’avouer, comment Desplechin s’y prend pour restituer les choses en retrouvant le pouvoir intact de la première fois. On dira: en filmant des visages qui n’ont jamais été filmés avant ceux, solaires et inquiets de Quentin Dolmaire et l’incroyable Lou Roy-Lecollinet… Si seulement c’était si simple… Non ce film sur des moins de vingt ans que Desplechin a mis vingt ans à faire, porte en lui toutes les strates du temps. Les larmes qui nous viennent devant lui ont vingt ans elles aussi… […] Desplechin s’est souvenu de nous. Philippe Azoury, Grazia, 17 mai 2015 5

France , 2015, 2 h 03, scope-couleur Scénario, dialogues Arnaud Desplechin Julie Peyr Photo Irina Lubtchansky Musique Grégoire Hetzel Montage Laurence Briaud Avec Quentin Dolmaire Lou Roy-Lecollinet, Mathieu Amalric Dinara Droukarova, Françoise Lebrun Irina Vavilova, Olivier Rabourdin… SAMEDI 10 OCT 20H30 soirée-rencontre avec ALAIN BERGALA


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Les Deux Amis / Louis Garrel «Les Deux Amis» suivent un labyrinthe sentimental qui s’achève sur une rupture entre deux amis amoureux de la même fille. Au cinéma, la rupture se passe généralement entre un homme et une femme. Clément et Abel «cassent» de façon conjugale, comme si Laurel et Hardy s’expliquaient dans un lit: «Ecoute Laurel, on va faire un point, je ne t’aime plus». J’ai voulu cadrer deux hommes jusque dans la chambre à coucher, raconter la façon dont l’un tient le cœur de l’autre dans sa main. Louis Garrel

France, 2015, 1 h 40, couleur Scénario Louis Garrel, Christophe Honoré Photo Claire Mathon Son Laurent Benïm, Léo Banderet… Musique Philippe Sarde Montage Joëlle Hache Avec Golshifteh Farahani, Vincent Macaigne Louis Garrel, Mahaut Adam Pierre Maillet, Laurent Laffargue… FESTIVALS 2015 : CANNES, SEMAINE DE LA CRITIQUE / LA ROCHELLE

DU 30 SEPT AU 6 OCTOBRE

Cela aurait pu s’appeler Abel et Clément ou Les Caprices de Mona. Référence à François Truffaut, à Musset, tradition française de la quête amoureuse dont Louis Garrel, en bon héritier, reprend le motif pour son premier long-métrage. Les Deux Amis ou l’éternelle histoire de deux garçons face à l'amour d'une femme. Le rêve serait bien sûr de pouvoir tout intégrer: passion, amitié, tendresse. Mais la chimère d’une félicité triangulaire n’est pas plus au point aujourd’hui qu’hier. Il faut se résoudre à ce que les deux amis ne trouvent pas la clé d’un idéal à trois. Pour autant, l’histoire n’est pas celle d’une jeune femme incapable de choisir entre deux garçons mais, plus prosaïquement, de deux garçons qui, aimant la même fille, sont condamnés à se trahir. De Mona (Golshifteh Farahani), on ne sait pas grand chose, sinon qu’elle travaille dans une sandwicherie et qu’elle purge une peine de prison. A la gare où elle vend ses sandwichs, Mona a rencontré Clément (Vincent Macaigne) qui est tombé illico amoureux, mais elle n’a de cesse de l’éconduire. Elle l’aime beaucoup sans l’aimer vraiment ni avoir la tête à ça. Il insiste. Clément étant un garçon fragile sur lequel son meilleur ami Abel (Louis Garrel) veille avec autorité, le voici appelant Abel à la rescousse. En guise de conseils, celui-ci lui fait faire n’importe quoi, mais c’est le privilège de la fiction. Ce qui intéresse Louis Garrel, c’est que Mona, prise dans la difficulté de sa propre réalité, emmène dans son sillage ces deux garçons aussi peu arrimés à la vie que possible. Métaphoriquement, ils sont censés lui ôter ses chaînes, lui apprendre à être légère, à être libre. Concrètement, elle leur enseigne l’amour, la discorde, l’autonomie. Le sujet n’est pas neuf, mais le jeune cinéaste montre, avec ce récit coécrit par Christophe Honoré, une véritable grâce dans le registre amoureux. Sans peser sur la forme, restant toujours dans la comédie, il soulève les questions parmi les plus essentielles: pourquoi aime-t-on? Comment? A quel prix? Sophie Avon, Sud-Ouest, 23 septembre 2015

SORTIE NATIONALE

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Ni le ciel ni la terre / Clément Cogitore

[…] Où sont ceux qui ont disparu? Voilà une question aussi bête que vertigineuse, sur laquelle planche l’humanité depuis un bon moment. Aussi on sent combien Clément Cogitore fait de cette question un symptôme tenant dans une interrogation: qu’est-ce que fabriquent –concrètement, mentalement, spirituellement– ceux qui, exposés à la disparition, restent? Clément Cogitore transpose ce thème dans le cadre bien particulier de la guerre, où la mort est une fidèle voisine. Antarès Bonassieu (Jérémie Renier) est à la tête d’une section cantonnée en Afghanistan, dans des confins frontaliers avec le Pakistan. Les paysages désertiques et l’écoulement du temps dans l’attente ne sont pas sans rappeler l’atmosphère du roman Le Désert des Tartares de Dino Buzzati. Sauf qu’ici le champ de vision des militaires aux aguets se peuple régulièrement de quelques présences, notamment celles des habitants du patelin voisin. Mais l’idée de présence est contredite par une mystérieuse affaire de disparition; cela commence une nuit lorsque deux soldats s’évaporent après que l’on ait observé avec des jumelles infrarouges sur la crête en face un étrange rituel de crémation d’une brebis par les villageois. Ces événements mettent évidemment en branle les troupes, les nerfs à l’épreuve, et la tonalité verse dans un fantastique mystérieux. La quête entêtée de Bonassieu sera dès lors de retrouver ses hommes, ceci mettant à mal aussi bien le protocole militaire que la rationalité, faisant appel à des formes de mysticisme ésotérique –la croyance et la quête des uns se confondant avec celles des autres puisque des hommes d’un seigneur de guerre local ont connu le même sort. Eventuellement une manière pour Clément Cogitore de signifier que face à l’inexpliqué (et l’inexplicable), tous les hommes partagent la même propension à fabriquer croyances et rites. Le propos est pour le moins ambitieux – disons qu’il invite à la métaphysique –, et l’on apprécie qu’il entre en résonance avec de véritables propositions plastiques. C’est notamment le cas de l’appréhension des paysages (le tournage s’est déroulé dans le massif de l’Atlas au Maroc), d’emblée saisis comme une force tellurique propice à engloutir les hommes – et il sera question d’une caverne souterraine. Aussi le film est émaillé de plans épousant le point de vue des jumelles infrarouges, dont le régime d’image semble désigner le devenir spectral de la figure humaine –élément que l’on peut considérer comme un propos plus général sur la virtualisation des existences de nos jours… Arnaud Hée, critikart.com, 16 mai 2015

France / Belgique, 2015, 1 h 40, couleur Scénario Clément Cogitore en collaboration avec Thomas Bidegain Photo Sylvain Verdet Son Fabrice Osinski, Julie Brenta Vincent Cosson Musique Eric Bentz, François-Eudes Chanfrault Montage Isabelle Manquillet Avec Jérémie Renier, Kévin Azaïs Swann Arlaud, Marc Robert Finnegan Oldfield, Clément Bresson… SOUTIEN GNCR CANNES 2015 : SEMAINE DE LA CRITIQUE

DU 30 SEPT AU 18 OCTOBRE SORTIE NATIONALE

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Vers l’autre rive / Kiyoshi Kurosawa Au cœur du Japon, Yusuke convie sa compagne Mizuki à un périple à travers les villages et les rizières. A la rencontre de ceux qu’il a croisés sur sa route depuis ces trois dernières années, depuis ce moment où il s’est noyé en mer, depuis ce jour où il est mort. Pourquoi être revenu?

Kishibe No Tabi Japon/ France, 2015, 2 h 07, couleur, v.o. Scénario Takashi Ujita, Kiyoshi Kurosawa d’après l’œuvre de Kazumi Yumoto, Kishibe No Tabi Photo Akiko Ashizawa Son Showa Matsumoto Musique Yoshihide Otomo, Naoko Eto Montage Tsuyoshi Imai Avec Eri Fukatsu, Tadanobu Asano Masao Komatsu, Yu Aoi Akira Emoto… CANNES 2015: UN CERTAIN REGARD

DU 30 SEPT AU 20 OCTOBRE

Après une longue accalmie causée par l’échec au Japon de son pourtant superbe Tokyo Sonata, Kiyoshi Kurosawa a repris depuis sa mini-série exploitée en salles en France Shokuzai, son trépidant rythme de travail, avec des résultats artistiques admirables. Alors que le tournage de son film français La Femme de la plaque argentique s’est achevé il y a quelques semaines, Kurosawa présente à Cannes un film réalisé au Japon l’été dernier, Vers l’autre rive traversé par l’un de ses thèmes de prédilection, la relation entre le monde des morts et celui des vivants. Succédant aux inquiétants ectoplasmes de Kaïro ou de Séance, porteurs d’angoisse et de culpabilité, le fantôme de Vers l’autre rive propose une nouvelle déclinaison du revenant, non plus sur le mode de l’inquiétude ou de l’effroi mais au contraire de l’harmonie retrouvée. Yusuke (Tadanobu Asano), le mari de Mizuki (Eri Fukatsu) s’est noyé il y a trois ans. Un beau jour, il fait sa réapparition dans la vie de Mizuki, sans que cette dernière ne s’en étonne outre mesure. Ensemble, ils vont entreprendre un voyage à travers le Japon, afin de conduire Yusuke vers la mort définitive. Histoire d’amour en forme de road movie adaptée d’un roman de Kazumi Yumoto, Vers l’autre rive délaisse le fantastique pur pour le mélodrame, avec un ton plus apaisé que d’habitude de la part de Kurosawa. Le cinéaste raconte comment les liens amoureux entre une femme et son mari perdurent au-delà de la vie, dans des espaces qui délaissent l’architecture urbaine au profit de paysages bucoliques. C’est une véritable géographie intime et mentale, à l’échelle d’un pays insulaire et brumeux, que le cinéaste perce à jour. La réduction d’une vie et d’une relation conjugale au temps d’un voyage, avec ses ralentissements, accélérations et retours en arrière permet d’évoquer, sur un autre registre, Voyage à deux de Stanley Donen. Là aussi l’apparent classicisme de la mise en scène de Kurosawa, majestueuse et tranquille, dissimule une sismographie émotionnelle dont on ressort bouleversé. Olivier Père, www.arte.tv.fr, 17 mai 2015

SORTIE NATIONALE

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Fatima / Philippe Faucon Fatima vit seule avec ses deux filles: Souad, quinze ans, adolescente en révolte, et Nesrine, dix-huit ans, qui commence des études de médecine. Fatima maîtrise mal le français et cela complique ses rapports quotidiens avec ses filles. Afin de leur offrir le meilleur avenir possible, Fatima travaille dur comme femme de ménage. Un jour, elle chute dans un escalier. En arrêt de travail, Fatima se met à écrire à ses filles…

De films en films, réalisés pour le cinéma ou la télévision, Philippe Faucon construit une œuvre trop discrète mais remarquable dont l’honnêteté et l’intelligence finiront par s’imposer dans le paysage du cinéma français contemporain. La plupart de ses films s’intéressent à l’immigration maghrébine dans notre pays, souvent au travers de portraits féminins, avec quelques entorses à la règle. La Trahison (2004) est l’un des rares films récents à parler –bien– de la Guerre d’Algérie tandis que La Désintégration (2011) étudiait avec lucidité le phénomène de l’endoctrinement islamiste dans les cités. A chaque fois Faucon prend soin de ne pas se répéter, d’éviter les lieux communs et les généralités. Fatima ne parvient pas à s’exprimer correctement en français, en éprouve un sentiment de honte et d’infériorité. Le soir elle tient un journal intime écrit en arabe où éclatent toute sa sensibilité et la finesse de sa compréhension des choses. Fatima est une nouvelle et éclatante réussite qui dispense des petits miracles de vérité grâce à une mise en scène et une écriture qui savent allier réalisme et stylisation. La mise en scène de Faucon se construit autour des ses personnages féminins, leur façon de parler et de se comporter dans la vie. Faucon dirige au mieux des comédiennes non professionnelles placées dans des situations à la fois ordinaires et primordiales. Le film conte une histoire simple et très émouvante qui pose les questions de la transmission et des origines (savoir d’où on vient) et de la possibilité de s’extraire d’une sorte de déterminisme communautaire et socioculturel (savoir où on veut aller) grâce au système républicain de l’éducation nationale. Le cinéaste parvient à transcender les qualités sociologiques de son film en procédant par de subtils effets de distanciation et d’humour qui mènent à la grâce. Cinéaste humaniste mais sans illusions, sensuel mais sans insistance, Philippe Faucon est peut-être le plus crédible héritier de Maurice Pialat, en plus doux, et de Jean Renoir, en plus inquiet (époque oblige). Olivier Père www.arte.tv.fr, 20 mai 2015

France , 2015, 1 h 19, couleur Scénario, adaptation et dialogues Philippe Faucon librement inspiré des ouvrages de Fatima Elayoubi Prière à la lune et Enfin, je peux marcher seule (Ed. Bachari) Photo Laurent Fénart Son Thierry Morlaas-Lurbe Musique Robert-Marcel Lepage Montage Sophie Mandonnet Avec Soria Zeroual, Zita Hanrot Kenza Noah Aïche, Chawki Amari… SOUTIEN AFCAE FESTIVALS 2015: CANNES, QUINZAINE DES RÉALISATEURS / LA ROCHELLE

DU 7 AU 20 OCTOBRE SORTIE NATIONALE

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Comment avez-vous eu l’idée, et l’envie, d’adapter librement «Prière à la lune» de Fatima Elayoubi? PHILIPPE FAUCON: Ce projet m’a été proposé par Fabienne Vonier, qui devait en être la productrice.

Le livre Prière à la lune est un petit recueil de poèmes, de pensées, de fragments écrits divers, et lorsque je l’ai lu, je me suis demandé quel film on pouvait en tirer. J’ai mieux compris l’intuition qu’avait eue Fabienne quand j’ai rencontré Fatima Elayoubi, qui est une personnalité extraordinaire. Elle est venue en France en suivant son mari, sans savoir ni écrire, ni parler le français, et elle n’a donc eu accès qu’à des boulots peu considérés. Elle a fait des ménages toute sa vie et a commencé à parler et à écrire sur le tard, car ses horaires et ses difficultés de vie ne lui laissaient guère de temps pour apprendre. Elle a appris quasiment seule, en déchiffrant puis en lisant tout ce qui lui tombait sous la main. Aujourd’hui, son expression est riche et minutieuse, on sent un besoin de l’exactitude du mot qui exprimera sa pensée ou son ressenti. Je me suis beaucoup attaché à ce projet, qui n’était pas simple à écrire ni à financer: le sujet n’offrait pas la possibilité d’un casting porteur et le film était en partie sous-titré. Pour des raisons de santé, Fabienne a dû renoncer à le produire et nous a proposé, à Yasmina Nini-Faucon et moi, de le reprendre en tant que producteurs. Tout en faisant de Fatima le personnage principal, vous brossez le portrait de trois femmes de générations –ou en tout cas d’âges– différents et, à travers elles, vous abordez des problématiques qui leur sont propres. P. F.: Oui, car toutes trois vivent au sein d’une même cellule familiale, avec des affects forts, mais également dans des univers différents, qui établissent ou accentuent quelquefois des séparations entre elles, des ignorances l’une de l’autre, des incompréhensions. Il y a avant tout les barrières de la langue, qui sont révélatrices des différences entre les mondes dans lesquels elles évoluent séparément. Fatima ne comprend rien à la langue des études qu’a entreprises Nesrine, ni au langage de la rue qui est celui de Souad. De même, les deux jeunes filles ignorent tout de ce que leur mère écrit en arabe dans son cahier. Effectivement, l’absence de maîtrise de la langue française est une source d’enfermement et d’isolement pour Fatima, voire d’aliénation… P. F.: C’est un handicap quotidien, dans les rapports sociaux et aussi dans sa relation à ses filles, qui, elles, parlent le français depuis toujours. Chacune des trois possède un niveau de langage en rapport avec son histoire et son environnement culturel. Fatima apprend le français comme elle peut, en interrogeant Nesrine ou Souad, ou aux cours d’alphabétisation lorsqu’elle a le temps de s’y rendre. Elle éprouve une grande frustration en communiquant mal avec ses filles, et fait tout son possible pour suivre la scolarité de Souad, malgré ses carences et les railleries de cette dernière. Nesrine parle le français d’une jeune fille de deuxième génération, qui s’est emparée, grâce à ses lectures et aux études, de quelque chose que ses parents ne pouvaient lui transmettre. Si on l’écoute attentivement, elle commet quelques rares «fautes» qui continuent de la «marquer» concernant ses origines sociales. Quant à Souad, elle parle le langage de ses quinze ans et des ados de son environnement social, à la fois restreint, inventif et provocateur, avec des expressions inattendues pour sa mère: «Arrête de dire que c’est un garçon pas assez bien pour moi! Comme si j’étais sortie du cul d’une poule en or!» Vous mettez en évidence plusieurs formes de violence: celle, insidieuse, de la bourgeoise qui emploie Fatima, celle, sous-jacente, de la propriétaire qui refuse de louer son appartement à une femme voilée, et celle, plus évidente, de Souad qui s’en prend brutalement à sa mère. P. F.: La violence de Souad est en lien direct avec celle subie par Fatima, même si Souad dirige aussi la sienne contre sa mère, à qui elle reproche d’être une «cave» tout juste bonne à se laisser exploiter. Mais il y a un moment où Souad craque et où l’on voit bien qu’à l’origine de sa fureur, il y a la nonacceptation de ce qui est vécu par sa mère. Fatima le comprend lorsqu’elle écrit dans son cahier: «Là où un parent est blessé, il y a un enfant en colère.» Dans le même temps, vous mettez en scène une forme d’intégration réussie. Peut-on dire que ce film est comme le double, inversé, de «La Désintégration», votre précédent film? P. F.: Certainement. Lorsque nous présentions La Désintégration, nous utilisions quelquefois cette image: «Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse.» J’ai pensé qu’il fallait aussi raconter la forêt qui pousse et Fatima en a été l’occasion. in Dossier de presse

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Asphalte / Samuel Benchetrit Un immeuble dans une cité. Un ascenseur en panne. Trois rencontres. Six personnages. Sternkowtiz quittera-t-il son fauteuil pour trouver l’amour d’une infirmière de nuit? Charly, l’ado délaissé, réussira-t-il à faire décrocher un rôle à Jeanne Meyer, actrice des années 80? Et qu’arrivera-t-il à John McKenzie, astronaute tombé du ciel et recueilli par Madame Hamida?

Depuis près de quinze ans, l’écrivain Samuel Benchetrit aura tenté de s’imposer au cinéma en parcourant presque tous les genres possibles (le polar maniériste J’ai toujours rêvé d’être un gangster, la comédie populaire Chez Gino ou le home-movie Un voyage)… Mais voilà qu’en adaptant ses Chroniques de l’asphalte, roman quasi autobiographique qui le fit connaître en 2005, Samuel Benchetrit signe son meilleur film à ce jour, le plus dense et intime, celui après lequel il semble courir depuis ses débuts. Ce retour aux origines n’est d’ailleurs pas sans lien avec la réussite d’Asphalte: débarrassé de toutes ses pesantes citations, de son désir un peu précipité de se frotter aux plus grands (Jarmusch, Dino Risi ou Kaurismaki ont toujours constitué son horizon), le cinéaste atteint ici la formule la plus chimiquement pure de son style, mélange d’absurde, de réalisme social et d’écriture tragicomique. Presque entièrement situé dans le décor unique d’une banlieue défraîchie, Asphalte déploie une série de portraits d’hommes et de femmes qui ont en commun une absence, un sentiment de manque insurmontable: ici cette actrice un peu vieillissante (Isabelle Huppert) qui court après les jobs, là cet ado orphelin ou encore cette mère arabe solitaire, qui reçoit la visite d’un cosmonaute américain (Michael Pitt), littéralement tombé du ciel. Certains se croiseront et s’aimeront au cours de cette fable sur l’ultra solitude contemporaine, qui échappe aux poncifs propres au sujet grâce à une frontalité et une épure saisissantes. Passant d’un portrait à l’autre, sans réel souci de cohésion, le film dépeint avec une empathie sensible une sorte d’humanité en friche, qui se sauve par l’humour et la rêverie d’un environnement de banlieue tenu longtemps hors-champ. Un seul plan final, une image simple et puissante, viendra clore cet émouvant et a priori anecdotique Asphalte dans un climat inattendu de terreur sociale. Surprenant Benchetrit. Romain Blondeau, www.lesinrocks.com, 17 mai 2015

France , 2015, 1 h 40, couleur Scénario Samuel Benchetrit, Gabor Rassov Photo Pierre Aïm Son Miguel Rejas, Thomas Lascar… Musique Raphaël Montage Thomas Fernandez Avec Isabelle Huppert, Gustave Kervern Valeria Bruni-Tedeschi, Tassadit Mandi Jules Benchetrit, Michael Pitt… CANNES 2015: SÉLECTION OFFICIELLE HORS COMPÉTITION

DU 21 OCT AU 3 NOVEMBRE SORTIE NATIONALE

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Sangue del mio sangue Marco Bellocchio

Sang de mon sang Italie, 2015, 1 h 45, couleur, v.o. Scénario Marco Bellocchio Photo Daniele Ciprì Son Christophe Giovannoni Musique Carlo Crivelli Montage Francesca Calvelli, Claudio Misantoni Avec Roberto Herlitzka Pier Giorgio Bellocchio Lidiya Liberman, Fausto Russo Alesi Alba Rohrwacher, Federica Fracassi… MOSTRA DE VENISE 2015 : SÉLECTION OFFICIELLE

DU 21 OCT AU 3 NOVEMBRE

Le film est né par hasard lorsque j’ai découvert les prisons antiques de Bobbio, fermées et laissées à l’abandon depuis de nombreuses décennies. Elles ont été construites au XIXe siècle dans une ancienne aile du couvent de San Colombano. Une découverte que j’ai faite en 2009, alors que j’étais comme toujours à la recherche de nouveaux décors pour situer mes histoires car chaque année, depuis 1995, je filme Bobbio durant l’été pour l’atelier que j’anime, «Faire du Cinéma». Cette découverte m’a inspiré le premier épisode du film intitulé La Monaca (La Nonne). En deux mots, il s’agissait de l’histoire de Benedetta, une religieuse emmurée vivante dans le couvent-prison de Santa Chiara à Bobbio. La référence à la religieuse de Monza était explicite. Ce bref récit cinématographique terminé mais encore jamais montré, me poussa dans les années suivantes à imaginer et à raconter dans un film à proprement dit, ce qui a précédé cette terrible condamnation. C’est ainsi qu’est né Sangue del mio sangue, qui raconte l’histoire du procès de Benedetta, les épreuves qu’elle a subies pour avouer son alliance avec Satan et le final de son emmurement. Il m’apparut enfin que cette histoire puisée dans un passé très lointain méritait un retour au présent dans l’Italie d’aujourd’hui, et plus précisément dans certains de ses petits villages tels que Bobbio, que la modernité, la globalisation, etc., ont désormais effacés, et qui ont perdu le confort et l’aspect protecteur de leur isolement, jusqu’alors garanti par le système solidaire des partis politiques et des syndicats. Ce monde est représenté dans l’épisode contemporain du film à travers l’image d’un mystérieux comte (un vampire?) qui vit justement dans cette prison abandonnée où notre histoire a commencé. Un film aussi incertain et enthousiasmant de mon point de vue ne peut se faire pour une raison futile ou fortuite. Ma motivation profonde était de vouloir revenir de façon indirecte et «transfigurée» sur une histoire tragique qui a marqué ma vie, en l’occurrence la mort de mon frère jumeau que j’avais déjà racontée dans Les Yeux, la Bouche, mais avec de fortes influences inconscientes qui avaient finalement nuit au film. Ici, une histoire datant de 1630 m’a donné la liberté nécessaire pour revenir sur ce même thème sans qu’il ne soit «persécuté» par mon histoire personnelle, tout en demeurant dans un cadre qui m’est familier, Bobbio, et qui a permis une coexistence spatiale et temporelle des images. Marco Bellocchio in Dossier de presse

EN EXCLUSIVITE

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Notre petite sœur / Kore-eda Hirokazu Trois soeurs, Sachi, Yoshino et Chika, vivent ensemble à Kamakura. Par devoir, elles se rendent à l’enterrement de leur père, qui les avait abandonnées une quinzaine d’années auparavant. Elles font alors la connaissance de leur demi-sœur, Suzu, âgée de quatorze ans. D’un commun accord, les jeunes femmes décident d’accueillir l’orpheline dans la grande maison familiale…

D’emblée, la caméra se fait enveloppante. Caressante. Un homme et une femme, allongés dans un lit. Merveilleux plan circulaire avec, entendu au loin, comme s’il les réveillait doucement, le bruit de la mer. Pour Sachi, la journée s’annonce particulière: avec ses deux sœurs, elle se rendra à l’enterrement de son père, qui les avait abandonnées toutes les trois, quinze ans auparavant. Lors de la cérémonie, mais elle ne le sait pas encore, elle fera la connaissance de Suzu, sa jeune demi-sœur. Grand habitué de la compétition cannoise – en 2004, Yuya Yagira avait obtenu le Prix d’interprétation masculine pour son rôle dans Nobody Knows et, en 2013, Tel père, tel fils avait obtenu le Prix du jury–, Hirokazu Kore-eda est, une nouvelle fois, parti sonder les mystères des liens familiaux. Quatre sœurs, puisque, peu après la cérémonie, Suzu ira vivre dans la maison familiale de Kamakura avec Sachi, Yoshino et Chika: on pourrait songer aux Trois sœurs de Tchekhov. Il n’en est rien. Inspiré de Umimachi Diary, un roman graphique de Yoshida Akimi, Notre petite sœur n’a rien de la noirceur de la pièce russe. Un jour, peut-être, «on saura pourquoi l’on vit, pourquoi l’on souffre», espèrent les trois sœurs. Les quatre jeunes filles de Koreeda ne se posent guère ce genre de question. Elles vivent, tout simplement. En prenant soin les unes des autres. Et, miracle de ce film bouleversant, leur aptitude au bonheur, en dépit des vicissitudes de la vie, se révèle communicative. Un film qui rend heureux, en compétition, à Cannes, ce n’est pas si fréquent! […] Physionomiste en diable, Kore-eda filme si bien les visages et les corps que l’on finit par percer le mystère quasi alchimique de ces quatre sœurs dont l’enfance fut en grande partie volée. Voilà bien le plus élégant des films de Kore-eda. Elégance des actrices, des sentiments, de la mise en scène. Franck Nouchi, Le Monde du 16 mai 2015

Unimachi Diary Japon, 2015, 2 h08, couleur, v.o. Scénario, montage Kore-eda Hirokazu Photo Takimoto Mikiya Son Tsurumaki Yutaka Musique Kanno Yoko Avec Ayase Haruka, Nagasawa Masami Kaho, Hirose Suzu… FESTIVALS 2015 : CANNES, SÉLECTION OFFICIELLE / LA ROCHELLE

DU 28 OCT AU 10 NOVEMBRE SORTIE NATIONALE

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Petites casseroles / 6 courts d’animation Suède / Fr. / Irl. 2005-14, 41 ’, coul., v.f. • à partir de 4 ans •  tarif enfant : 4 € / tarif adulte : 5 € SOUTIEN AFCAE JEUNE PUBLIC

SAM 3, DIM 4 OCT 16H30

Les six héros de ce programme ont un point commun: ils doivent apprivoiser leurs petites casseroles visibles et invisibles. Dougal rêve de voler, Aston de fêter son anniversaire et Anatole de se faire des copains mais, pour eux, les choses sont parfois compliquées. Avec courage et humour, nos héros vont pourtant trouver le moyen de dépasser leurs peurs ou leurs singularités. Une ode à l’acceptation de la différence pour ces pépites de l’animation multi-récompensées en France comme à l’étranger.

Sametka, la chenille qui danse 2 courts d’animation

Deux histoires de rencontres, d’amitié et de danses dans un univers poétique, un rien désuet. Un programme idéal, aux dessins sobres et délicats, pour entamer une saison de cinéma pour les tout-petits. Russie / Rép. Tchèq., 1965-76, 39’, coul., v.f. • à partir de 3 ans •  tarif enfant : 4 € / tarif adulte : 5 € SOUTIEN AFCAE JEUNE PUBLIC

DU 14 AU 27 OCTOBRE SORTIE NATIONALE

LES VACANCES DU LION BONIFACE de Fiodor Khitruk (Russie, 1965, 22’) Boniface, lion de cirque en mal de vacances, part pour son Afrique natale rejoindre sa grand-mère. Il rêve de journées paisibles où il va prendre un repos bien mérité. Mais les enfants du village découvrent bien vite ses talents… SAMETKA, LA CHENILLE QUI DANSE de Zdeneˇk Miler (République Tchèque, 1976, 17’) Sametka, la chenille danseuse, rencontre un petit musicien. Sur ses airs d’accordéons enjoués et rythmés, les mille petites pattes de Sametka entrent dans la danse. Quel beau spectacle! Bientôt, leur duo connaît le succès et part en tournée.

Phantom Boy / Alain Gagnol, Jean-Loup Felicioli

France, 2015, 1 h 24, couleur Scénario Alain Gagnol Création graphique, chef décorateur Jean-Loup Felicioli Musique Serge Besset Avec les voix de Audrey Tautou Jean-Pierre Marielle, Edouard Baer Jackie Berroyer, Patrick Ridremont • à partir de 7-8 ans • SOUTIEN AFCAE JEUNE PUBLIC

DU 14 OCT AU 1er NOV

New York, un mystérieux homme défiguré blesse Alex, un inspecteur de police lancé à ses trousses. Immobilisé à l’hôpital, Alex fait la rencontre de Léo, un garçon de onze ans qui possède la faculté de sortir de son corps. Comme un fantôme, invisible de tous, il s’envole et passe à travers les murs. Le gangster défiguré menace la ville avec un virus informatique. Grâce aux pouvoirs extraordinaires de l’enfant, Alex reprend son enquête. Deux virtuoses du cinéma d’animation français Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli ont marqué le paysage du dessin animé par leurs productions au trait singulier qui rappellent parfois le peintre Modigliani ou le sculpteur Brancusi… Leur précédent film, Une vie de chat baignait dans une ambiance de film noir, au son de quelques notes de jazz résonnant sur les toits de Paris. Ici, Paris laisse la place à New York et aux gratte-ciels de Manhattan. Phantom Boy est un film policier fantastique saupoudré d’une pincée de super héros…

SORTIE NATIONALE

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S P E C TA C L E S E N O C TO B R E

LILIOM

Ibrahim Maalouf,

“KALTHOUM”

JAZZ

Un concert en hommage à la grande dame Oum Kalthoum. lundi 5, mardi 6 octobre 20 h30 / COMPLET

Ancien malade des hôpitaux de Paris TEXTE

DANIEL PENNAC / MISE EN SCÈNE BENJAMIN GUILLARD

THEATRE

Un interne aux urgences, sous la plume de Daniel Pennac, incarné avec un brio savoureux par Olivier Saladin. du 5 au 9 octobreet les 19 et 20 octobre / COMPLET

Les Musiciens du Louvre DIRECTION

MARC MINKOWSKI / 32 MUSICIENS

MUSIQUE

Le retour de Marc Minkowski, qui vient d’être nommé directeur de l’Opéra National de Bordeaux, pour un somptueux programme Gluck et Rameau. PROGRAMME :

Christoph Willibald Gluck, Dom Juan ou Le Festin de pierre / Jean-Philippe Rameau, Symphonie imaginaire vendredi 9 octobre 20h30

Liliom TEXTE

IBRAHIM MAALOUF

(ou la Vie et la Mort d’un vaurien) FERENC MOLNÁR / MISE EN SCÈNE, SCÉNOGRAPHIE JEAN BELLORINI

THEATRE

Une histoire tendre, vive et pleine d’humour, qui conte l’amour tourmenté de deux jeunes adultes sur le bord de piste d’un manège d’auto-tamponneuses. Du théâtre dans toute la splendeur du jeu et des décors. lundi 12, mardi 13 octobre 20 h30

Philippe Bianconi

RÉCITAL DE PIANO

OLIVIER SALADIN / ANCIEN MALADE…

MUSIQUE

Pianiste subtil, unanimement célébré, son récital puise chez Debussy, Chopin et Schumann. Frédéric Chopin, Trois Mazurkas opus 59 ; Barcarolle opus 60 ; 3ème Scherzo en do dièse mineur opus 39 Claude Debussy, Préludes extraits des 1er et 2ème livres / Robert Schumann, Carnaval opus 9 vendredi 16 octobre 20h30 PROGRAMME :

MARC MINKOWSKI

m Réservation des places

Ouverture 1 mois avant la représentation pour les spectateurs titulaires de la CARTE LA COURSIVE. Ouverture 15 jours avant la représentation pour les spectateurs NON titulaires de la CARTE LA COURSIVE. u Ouverture exceptionnelle des réservations pour tous publics sur les spectacles suivants: u u

IBRAHIM MAALOUF • ANCIEN MALADE DES HÔPITAUX… • LES LIAISONS DANGEREUSES • ROMÉO ET JULIETTE • STOMP • CUISINE & CONFESSIONS • LE RETOUR AU DÉSERT • CONTACT, Philippe Decouflé • LES AFFAIRES SONT LES AFFAIRES • ON ACHÈVE BIEN LES ANGES (ELÉGIES), Zingaro • JAMES THIERRÉE, nouveau spectacle

Tous les spectacles sont, dans la limite des places disponibles, accessibles aux spectateurs qui ne souhaitent ni prendre un abonnement, ni prendre la Carte La Coursive.


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DU 30 SEPTEMBRE AU 6 OCTOBRE

PETITES CASSEROLES, programme de 6 courts métrages Animation, Suède / France / Irlande…, 2005-2014, 41’, couleur, v.f. NI LE CIEL NI LA TERRE de Clément Cogitore France / Belgique, 2015, 1h40, couleur VERS L’AUTRE RIVE de Kiyoshi Kurosawa Japon / France, 2015, 2h07, couleur, v.o. LES DEUX AMIS de Louis Garrel France, 2015, 1h40, couleur

R

E

ME 30/09 JE 1er/10

VEN 2

2

0

SAM 3

DIM 4

16H30

16H30

16H15 20H30* 18H* 20H15 18H15

18H30 20H30* 14H 18H* 16H30 20H45

14H 18H30* 16H 20H15 18H15 20H30*

17H30* 20H15 15H* 20H* 14H30 18H

14H30 17H* 17H30 19H* 15H* 20H

1

5

LUN 5

MAR 6

19H

14H

21H

18H

15H 17H

16H 20H30

DU 7 AU 13 OCTOBRE

MER 7

JEU 8

VEN 9

SAM 10

DIM 11

FATIMA de Philippe Faucon France, 2015, 1h19, couleur

14H 20H15

14H 18H

16H 20H30

17H30

17H45 19H30

LUN 12 MAR 13

15H 21H

VERS L’AUTRE RIVE de Kiyoshi Kurosawa NI LE CIEL NI LA TERRE de Clément Cogitore

15H45 18H15

20H 16H

18H 14H

21H

18H45 16H45

14H 18H30 20H15 16H

cycle / stage: «De Truffaut à Desplechin: la tentation du romanesque»

14H30

LES DEUX ANGLAISES ET LE CONTINENT de François Truffaut France, 1971, 2h12, couleur COMMENT JE ME SUIS DISPUTÉ… (MA VIE SEXUELLE) de Arnaud Desplechin • France, 1996, 3h, couleur TROIS SOUVENIRS DE MA JEUNESSE de Arnaud Desplechin France, 2015, 2h03, scope-couleur DU 14 AU 20 OCTOBRE

14H30 20H30 MER 14

PHANTOM BOY de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli Animation, France, 2015, 1h24, couleur SAMETKA, LA CHENILLE QUI DANSE, programme de 2 courts métrages Animation, Russie / République Tchèque, 1965-1976, 39’, coul., v.f. FATIMA de Philippe Faucon

19H 20H45

NI LE CIEL NI LA TERRE de Clément Cogitore VERS L’AUTRE RIVE de Kiyoshi Kurosawa DU 21 AU 27 OCTOBRE

PHANTOM BOY de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli SAMETKA, LA CHENILLE QUI DANSE, programme de 2 courts métrages SANGUE DEL MIO SANGUE de Marco Bellocchio Italie, 2015, 1h45, couleur, v.o. ASPHALTE de Samuel Benchetrit France, 2015, 1h40, couleur DU 28 OCTOBRE AU 3 NOVEMBRE

PHANTOM BOY de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli NOTRE PETITE SŒUR de Kore-eda Hirokazu Japon, 2015, 2h08, couleur, v.o. ASPHALTE de Samuel Benchetrit SANGUE DEL MIO SANGUE de Marco Bellocchio

*

JEU 15

VEN 16 SAM 17

17H

14H30 17H15 16H15

14H30

16H 14H 17H30 19H 15H30 20H45

16H30 20H15

14H30 20H45

18H45

18H15 14H

18H45

20H30 16H15

VEN 23 SAM 24

MER 21

JEU 22

14H

15H

14H

15H45 16H45 20H45 18H45

14H 18H45

15H45 16H45 20H45 18H45

16H45 20H45

MER 28 JEU 29

14H 15H45 20H15 18H15

DIM 18

14H30 17H15 16H15 19H 21H

DIM 25

16H30

14H30 20H15 18H15

VEN 30 SAM 31 DI 1er/11

14H 17H45

14H15 18H

15H45 20H15

20H30 16H

16H30 21H 19H 14H30

14H30 18H15 20H45 16H15

LUN 19 MAR 20

17H15

14H

16H15

15H45

14H30 19H 20H45

16H45 21H

18H30 LUN 26 MAR 27

14H30

15H

16H30 18H

14H 20H45

20H

16H45 18H45

LUN 2

MAR 3

15H 20H 18H

14H 18H30 16H30 21H

Projections dans le Grand Théâtre Rencontre publique avec Alain Bergala, samedi 10 octobre à 20h30 à l’issue de la projection du film Trois souvenirs de ma jeunesse de Arnaud Desplechin. (pré-vente billetterie à partir du samedi 3 octobre) Le programme cinéma est consultable sur : www.la-coursive.com

LA COURSIVE SCENE NATIONALE /// 4, RUE SAINT-JEAN-DU-PEROT /// 17025 LA ROCHELLE CEDEX 1 /// TEL. 05 46 51 54 00


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