Cinéphare | 6 mars 2014 à callac

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PREVISIONNEMENT

Cinema d’Argoat

CINEPHARE

Association Cinéphare

Jeudi 6 mars Cinéma d’Argoat de Callac

Programme 9h00 : 9h30 :

Les Trois soeurs de Yunnan

de Wang Bing

12h30 :

Repas

13h30 : Real de Kiyoshi Kurosawa 16h00 : Noor de Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti 17h30 :

En collaboration avec : Cinépharebénéficiedel’aidedelarégionBretagnedanslecadredudispositifemploisassociatifsd’intérêtrégional

Accueil

Fin de la journée

En partenariat avec :


Les Trois soeurs du Yunnan

Real

Noor

Un documentaire de Wang Bing

Un film de Kiyoshi Kurosawa

Un film de Çagla Zencirci, Guillaume Giovanetti

Chine - 2012 - 2h28 Les Acacias - Sortie le 16 avril 2014

Japon - 2012 - 2h07 Version Original /Condor - Sortie le 26 mars 2014

France, Turquie, Parkistan - 2012 - 1h18 Zootrope - Sortie le 23 avril 2014

Prix Orizzonti à Venise 2012 Montgolfière d’Or festival des 3 continents

Deauville Asian Film - Locarno -Tiff

ACID Cannes 2012 Festival de Dieppe 2012 - Grand Prix

Wang Bing filme le quotidien de trois jeunes sœurs, dans les montagnes les plus élevées du Yunnan. YingYing, 10 ans, et ses sœurs cadettes sont autonomes, contraintes de vivre seules des mois durant, pendant que leur père cherche du travail à la ville. L’ainée qui ne peut être scolarisée à moindre coût en milieu urbain, reste seule à la maison. (...) Elle et ses sœurs ne rient pas souvent, jouent peu, travaillent dur. La perception que peut avoir la petite fille sur ses heures de labeur et sur sa solitude n’est certainement pas la même que celle des spectateurs qui la regardent. (...) YingYing elle-même ne se rend peut-être pas compte de la singularité de sa situation. (...) Dans Yi Yi d’Edward Yang, un petit garçon prenait en photo le dos des gens qu’il rencontrait, « pour leur montrer l’autre moitié de leur vérité », disait-il. C’est ce que semble souhaiter Wang Bing quand il cadre la grande sœur de dos, en route pour l’école, à travers champs, au plus haut des monts environnants. Sa caméra, bienveillante, se veut aussi une présence discrète, qui jamais n’intervient mais qui l’accompagne, de loin, en l’absence de son père. A bonne distance, Wang Bing sait toujours quoi filmer. Presque une forme de prescience. (...). Les mouvements de la caméra de Wang Bing précèdent ceux des figures qu’il rassemble dans son cadre. En cela, le quotidien des fillettes esseulées apparaît moins inquiétant qu’il ne pourrait l’être. Le réalisateur veille. La parole est aussi rare qu’elle est essentielle. Les quelques mots prononcés par le père le matérialisent plus auprès des siens que son propre corps. (...) Ce n’est pas un père indigne. Seulement, la situation économique le brime et pousse sa famille au déchirement. (...)

Les personnages de Kiyoshi Kurosawa sont souvent hantés par une faute originelle, le poids de la culpabilité, quelque chose à expier. Ce qui pèse sur le héros de Rétribution ou sur les fillettes de Shokuzai, c’est ce souvenir entêtant de la faute, cette tache qui envahit l’esprit. C’est souvent, aussi, ce qui empêche ses personnages d’être totalement humains, ils sont littéralement fantômes ou bien c’est comme si (...). L’horreur cérébrale de Kurosawa laisse place à une SF où l’on pénètre directement dans le cerveau pour voir ce qui s’y cache. Comment se reconnecter au réel. Et être vivant. Un jeune homme tente l’expérience de pénétrer dans le subconscient de la jeune fille avec qui il a tout vécu, et qui a tenté de se suicider un an plus tôt. Celle-ci est dans le coma, motif récurrent chez ce cinéaste fasciné par l’entredeux mondes. (...) Le réel est toujours une notion fragile chez Kurosawa, le surnaturel s’imprègne dans la vie comme une trace de moisissure dans le mur. Le doute s’installe très vite dans l’ironiquement nommé Real (on préfèrera d’ailleurs le beau titre A Perfect Day for Plesiosaur).(...)

Noor est un ancien khusra, c’est-à-dire un eunuque travesti (...). Il n’a jamais été libertin, ni prostitué, seulement danseur. Socialement, les khusras sont des asexués, suscitant une forme particulière de méfiance (...). Aucun désordre d’identité sexuelle ne semble toucher Noor. Aujourd’hui, il voudrait reprendre une vie normale au Pakistan, à commencer par rencontrer une femme et l’épouser. Seulement le lien est irrémédiablement rompu : avec son passé, parce qu’il l’a choisi, et avec sa société, parce qu’il ne parvient plus à le renouer. Troublant apologue dans un monde étouffé par ses clans.

La durée du film lui est profitable : malgré les indications temporelles, il est parfois difficile de mesurer le temps qui s’écoule à l’image, et le temps qui s’écoule dans la salle. « On ne s’est pas lavées depuis que tu es parti » dit la fille cadette à son père, « on ne s’est pas lavées depuis des années ». C’est un voyage atemporel, composé de rencontres mémorables : des gens, des animaux, des paysages, des sons, qui l’on aimerait retrouver un jour. Hendy Bicaise - Accreds.fr

Derrière ce jeu sur la limite et la frontière, où les portes poussent toutes seules dans les appartements, où l’eau de l’inconscient envahit la chambre, il y a une histoire poignante d’amitié ou d’amour platonique. Une histoire de deuil, et de refus du deuil, jusque dans le surréel. Les visages disparaissent, mais on se refuse à cette fatalité. (...) Real est le film d’un immense poète, et un très grand film sur l’imaginaire. Un imaginaire qui se faufile dans une fête foraine abandonnée, ou dans une maisonnette où l’on assiste, bouche-bée, à une sorte de fascinante procession de fantômes derrière des voiles. La science du cadre de Kurosawa, sa lumière envoûtante, renversent et bouleversent. Il y a des moments de Real où l’on a l’impression que le réalisateur n’a même pas besoin de raconter quelque chose pour captiver : son talent seul de metteur en scène suffit pour évoquer, provoquer, exciter, émouvoir. On ne parlera pas de la surprise réservée par le film, jaillissement poétique comme on n’en a plus vu depuis les singes d’Oncle Boonmee. Nicolas Bardot - Filmdeculte.com

Film soutenu par le GNCR

Film recommandé par le GNCR

Le poids des normes s’abat sur Noor avec une fatalité inouïe. Rien, ou presque, ne suinte des compartiments cloisonnés qui encadrent la société pakistanaise. Si Noor a tenté de sauter de l’un à l’autre, il se retrouve coincé dans l’entredeux, et pas beaucoup plus libre d’esprit que les autres : son désir profond, c’est celui d’épouser une femme, qu’il attend comme un signe céleste, un pardon. Le film de Çağla Zencirci et Guillaume Giovanetti donne la pleine mesure de cet étouffement généralisé, où la vie se résume à un programme ronflant de cérémonies, de protocoles, de mariages arrangés (...). C’est un monde privé de liesse, déserté par la séduction, par l’érotisme, par la liberté fulgurante (...) Pourtant, il y a en Noor une sorte de liberté contenue, de bizarrerie, qui nous tient inlassablement en haleine. C’est à mi-film, lors d’une scène de danse en rupture totale avec le reste du film, que la chair s’ouvre à vif. Quand Noor agite frénétiquement son corps, ses cheveux, on le croirait en train de se débattre contre lui-même, d’expulser un parasite. S’agit-il de sa fondamentale étrangeté ? Cette peste qui le coupe du monde ? Car c’est là, dans le soustexte de Noor, que se trouve le drame fondamental : au lieu d’être un combat pour exister dans sa différence, c’est un combat pour redevenir normal.

Théo Ribeton - CRITIKAT.FR Film soutenu par l’ACID


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