Graines d'images | 26 et 27 juin 2014 au Mans

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PRÉVISIONNEMENT Graines d'Images avec le soutien de l'ACID, L'AFCAE et du GNCR ont le plaisir de vous inviter aux deux journées de prévisionnement

JEUDI 26 et VENDREDI 27 JUIN 2014 au cinéma Le Royal 409, avenue Félix Géneslay – 72100 Le Mans tél : 02 43 84 58 62

Jeudi 26 juin 9h – Accueil 9h30 – Still the water de Naomi Kawase 11h45 – Les Combattants de Thomas Cailley 13h30 – Déjeuner 15h – Projections et rencontres autour de la production et création sarthoise 15h10 – Elephant blues de Philippe Gautier et Prajna Chowta 17h00 – Figures d'enfance de Céline Thiou 18h15 – The Riding dead de Paulo Polaroil 18h45 – Le Saint de Stockholm de Claude Saussereau 19h00 – Présentations de différents contenus courts d'OHNK Productions 19h30 – Dîner 21h00 – Moonwalk one de Théo Kamecke

Vendredi 27 juin 9h – Accueil 9h30 – Leviathan d'andrey Zviaguintsev 12h00 – À la recherche de Vivian Maier de Charlie Siskel et John Maloof 13h30 – Déjeuner 14h30 – Mange tes morts de Jean-Charles Hue 16h30 – Le Garçon et le monde de Alê Abreu

Merci de confirmer votre présence par téléphone ou retour de mail avant le 20/06/2014 à Graines d'Images

Graines d'Images – 28, avenue Jean Jaurès – 72000 Le Mans Tel : 02 43 78 25 01 – Email : graines.dimages@wanadoo.fr


STILL THE WATER

LES COMBATTANTS

de Naomi Kawase

de Thomas Cailley

Japon – 2014 – 1h59 Sortie le 17 septembre 2014 – Haut et Court Avec Nijirô Murakami, Jun Yoshinaga, Miyuki Matsuda,...

France – 2014 – 1h38 Sortie le 20 août 2013 – Haut et Court Adèle Haenel, Kevin Azaïs, Antoine Laurent,...

Sélection Officielle – Festival de Cannes 2014

Quinzaine des Réalisateurs – Festival de Cannes 2014 Label Europa Cinéma, Prix SACD, CICAE – Art cinema Award, Prix Fipresci

Sur l¹île d'Amami, les habitants vivent en harmonie avec la nature, ils pensent qu'un dieu habite chaque arbre, chaque pierre et chaque plante. Un soir d'été, Kaito, découvre le corps d¹un homme flottant dans la mer, sa jeune amie Kyoko va l¹aider à percer ce mystère. Ensemble, ils apprennent à devenir adulte et découvrent les cycles de la vie, de la mort et de l'amour…

Entre

ses potes et l’entreprise familiale, l’été d'Arnaud s’annonce tranquille… Tranquille jusqu'à sa rencontre avec Madeleine, aussi belle que cassante, bloc de muscles tendus et de prophéties catastrophiques. Il ne s’attend à rien ; elle se prépare au pire. Jusqu'où la suivre alors qu'elle ne lui a rien demandé ? C’est une histoire d’amour. Ou une histoire de Naomi Kawase est une cinéaste panthéiste. Chez elle, survie. Ou les deux. l’homme se fond dans le grand univers de la nature, qui peut être vue comme une divinité. La forêt de Mogari (qui a remporté le Grand Prix à Cannes en 2009) exprimait déjà ce En orchestrant le télescopage de deux personnages opposés, sentiment. C’est le cas plus encore dans Still The Water. En Thomas Cailley (déjà auteur d’un court métrage remarqué, partie parce qu’elle a tourné ce film dans l’île d’Amami, où la Paris-Shangai, Grand prix du festival d’Angers) s’amuse avec présence et la beauté de la nature sont éclatantes, et où la une liberté de chien fou des codes de la comédie romantique. cinéaste a découvert il y a quelques années que ses ancêtres y Mais pas que. Il y a chez lui une aisance bluffance à glisser d’un registre et d’un genre à l’autre : du buddy movie au film avaient leurs origines. Dans le petit texte qu’elle a écrit pour le dossier de presse, de troufion (les scènes dans la caserne sont hilarantes) au film Naomi Kawase évoque le bruit sourd des vagues, et se de catastrophe en passant par une parenthèse plus ou moins demande si ses ancêtres ont entendu ce bruit de la même enchantée pour notre duo de robinsons transis d’amour. manière qu’elle. Voilà qui donne une bonne idée de ce qu’est Surprenant de bout en bout, irrésistiblement drôle, Les Still The Water. (…) Ce qui est frappant chez Naomi Kawase, c’est qu’elle Combattants a l’art d’aborder les choses graves – l’idée de la interroge le mystère du monde au moyen de sa caméra, en destruction de l’homme par l’homme, l’ultra-indivualisme silence. Elle filme non seulement la splendeur des vagues qui contemporain, etc – avec un humour tendre et acide à la fois. roulent, ou celle des fonds marins, ou les éléments torturés La tendresse et la sensualité surgissent au moment le plus sous la fureur d’un typhon, mais aussi, par son cadre, ses inattendu, dans les moments de démonstration de force. (…) mouvements, la durée des plans, elle semble toucher à Au fur et à mesure que les visages disparaissent sous la l’éternité qui se déploie devant elle. Comment dire que ses peinture de guerre, les cœurs se mettent à nu. Dans une nature plans de mer démontée ne sont pas beaux avant tout, mais exubérante, comme un Eden sylvestre et maritime qui n’est qu’ils sont reconnaissants (où l’on retrouve dans ce mot, re- pas sans danger (les Pyrénées atlantiques, dont le réalisateur connaissant, le fait d’une transmission à travers le temps et est originaire), leur osmose amoureuse ressemble à une bulle les générations de la mémoire de ces paysages, transmission de fiction, d’autant plus intense que menace l’adversité. Avec cette belle idée que l’amour désarme, et que la survie passera, inconsciente, secrète, à l’insu de nous) ? (…) Still The Water est tout simplement un film merveilleux, aussi, par la solidarité, Thomas Cailley offre à la Quinzaine au sens plein du terme, où les femmes, Kyoko la première, ont l’un de ses premiers coups de cœur. une force particulière. Il faut se rendre disponible pour en Mathilde Blottière – Télérama.fr accueillir l’intensité, qui peut paraître ténue aux spectateurs distraits. On en est mille fois récompensé. Christophe Kantcheff – Politis Graines d'Images – 28, avenue Jean Jaurès – 72000 Le Mans Tel : 02 43 78 25 01 – Email : graines.dimages@wanadoo.fr


Projections et échanges autour de la production et de la création cinéma/audiovisuelle sarthoise

FIGURES D'ENFANCE de Céline Thiou 2014 – 52 min Production : Les Films du Balibari

Dans le cadre de ce prévisionnement, Graines d'Images propose un temps de projections et d'échanges dans l'idée de faire se rencontrer les deux univers de la production/réalisation et de la diffusion pour faire découvrir aux salles quelques productions/créations locales et d'échanger autour des rôles de chacun pour envisager la question de la diffusion des oeuvres produites en Sarthe, sur le réseau Graines d'Images. Trois films seront donc visionnés, accompagnés de différentes présentations de travail terminé ou en cours et d'interventions de leurs réalisateurs ou producteurs :

ELEPHANT BLUES de Philippe Gautier et Prajna Chowta 2014 – 1h30 Production : 24 Images

L’enfance. Dans le vif du commencement. 7 enfants de 2 ans et demi à 10 ans et demi ont accepté l’aventure d’un film pour dire et partager leur expérience de la vie. C’est comment d’être un enfant ? De là où ils en sont, en âge, en langage et en centimètres, ils déplient leur pensée, chacun leur tour. Ensemble, dans une forêt et dans un théâtre, Emile, Elsa, Samuel, Nora, Noah, Minh Uyen et Joseph font vivre la fabrique de l’enfance en improvisant la leur.

THE RIDING DEAD de Paulo Polaroil 2013 – 52 min Production : Polamix Production

Elephant

blues est l’histoire d’Ojas, une petite fille qui grandit dans une forêt du Sud de l’Inde parmi les éléphants. Cette enfance, elle la doit à sa mère, Prajna, qui a tout quitté pour retrouver une identité aux racines de sa culture, inspirée par l’histoire de Palakapya, un ermite de la mythologie indienne qui vivait avec les éléphants sauvages il y a 2500 ans. Aujourd’hui, Prajna est devenue une spécialiste reconnue de la réadaptation des éléphants captifs en milieu sauvage. L’obsession de Prajna est de transmettre à sa fille les valeurs simples de la nature qui l’ont guidée dans ses choix. Elle sait que l’environnement dans lequel elle l’a fait naître marquera son imaginaire, forgera son identité, mais son devoir de mère lui rappelle qu’elle doit aussi la préparer à affronter la société humaine. C’est ainsi qu’elle dédie à sa fille chaque instant de ces quelques années de sa petite enfance en tentant par tous les moyens de retarder le moment redouté où elles devront quitter la forêt pour retourner vers ce monde qu’elle avait choisi de quitter.

Le meilleur film de zombies-motards tourné en super 8 du monde ! Un gang de motards sanguinaires investit une caserne abandonnée. De mystérieuses disparitions mettront leurs nerfs à rude épreuve, jusqu'au face à face avec l'horreur... Promotion et financement du projet The Riding Dead, par le Moto Club Polaroil : un film d'horreur tourné en super 8, impliquant des zombies, des motards, et du rock'n roll.

Graines d'Images – 28, avenue Jean Jaurès – 72000 Le Mans Tel : 02 43 78 25 01 – Email : graines.dimages@wanadoo.fr


LE SAINT DE STOCKHOLM

MOONWALK ONE

de Claude Saussereau

de Théo Kamecke

France – 2014 – 11 mim

USA – 1970 – 1h48 Sortie le 30 juillet 2014 – ED Distribution

Michel, 8 ans, traduit d'une façon singulière le monde qui l'entoure.

Réalisé entre 1969 et 1970, Moonwalk One capte la première + Présentation de différents contenus courts d'OHNK Productions

L'Enfant de François Chevalier France – 2013 – 9 min Ils devaient se marier et avoir beaucoup d’enfants… Quantum full split de Thierry Bohnké France – 2013 – 5 min J'ai rencontré Marie Curie de Steve Murez et Thierry Bohnké France – 2012 – 5 min Le musée comme toile de projection nous jouons avec les formes, les correspondances passé/présent, les jeux d'ombres pour mettre en lumière les fantômes de l'institut du Radium et offrir une visite inédite du Nouveau Musée Curie.

tentative de l’Homme de marcher sur la Lune lors de la mission Apollo 11. Véritable documentaire de création, le film permet enfin de découvrir à l'occasion du 45e anniversaire de la mission des images tournées grâce au matériel de la N.A.S.A. et à ce jour jamais montrées. Mêlant séquences d’archives et moments captés dans le vif de l’action, Theo Kamecke donne à voir cet événement tel qu’il a été vécu à l’époque : une aventure humaine incroyable, une épopée scientifique hallucinante, un bond dans le futur au sein d’un présent chaotique, mais aussi une avancée vers l’inconnu, avec ce qu’elle offre de possibilités de changement, et de responsabilités. Ce long métrage magnifiquement réalisé en 35mm et en couleurs pour la N.A.S.A., demeure jusqu'à ce jour le seul film qui aborde certains aspects philosophiques et poétiques d'un événement où l'on a voulu voir, tragiquement et systématiquement, qu'un exploit technologique. Il contient toute une série de prises de vues qui n'avaient jamais auparavant été filmées : la Terre vue de l'espace (elle apparaît comme un globe vert dont les amours, les misères et les cruautés sont dissimulés dans les nuages) ; les étendues grisbeige, mortes et glacées de la lune qui, de la fusée spatiale, apparaissent inversées de bas en haut ; l'horizon sombre, inquiétant ; le départ de la fusée, dans un flamboiement d'une intensité inouïe, faisant penser à quelque cataclysme. A côté de ces prises de vues, on assiste aux réactions ridiculement déplacées de l'homme vis-à-vis de cet événement : la foule, tout en assistant au décollage de l'engin, prépare des grillades sur des barbecues portatifs, dévore des hot-dogs, brandit des jumelles, demeurant résolument terre à terre tant physiquement que psychologiquement. Amos Vogel – dans Le Cinéma, art subversif

Graines d'Images – 28, avenue Jean Jaurès – 72000 Le Mans Tel : 02 43 78 25 01 – Email : graines.dimages@wanadoo.fr


LEVIATHAN d'Andrey Zviaguintsev Russie – 2014 – 2h21 Sortie le 24 septembre 2014 – Pyramide Avec Aleksei Serebryakov, Elena Lyadova, Vladimir Vdovichenkov,...

À LA RECHERCHE DE VIVIAN MAIER de Charlie Siskel et John Maloof USA – 2014 – 1h24 Sortie le 2 juillet 2014 – Happiness Distribution

Sélection Officielle – Festival de Cannes 2014 Prix du scénario

Kolia habite une petite ville au bord de la mer de Barents, au

L’incroyable

histoire d’une mystérieuse inconnue, photographe reconnue aujourd’hui comme l’une des plus grandes Street Photographers du 20ème siècle. Née à New York, d’une mère française, avant de résider à Chicago, Vivian Maier était inséparable de son Rolleiflex et prit tout au long de son existence plus de 100 000 photographies sans jamais les montrer. Pour être libre d’exercer son art quand elle le voulait, Vivian Maier fut une nanny excentrique toute sa vie. Cachées dans un garde-meuble, c’est par hasard que John Maloof mit la main sur les photos de Vivian Maier en 2007. Depuis, il n’a cessé de chercher à mettre en lumière son travail et les C'est la musique (superbe) de Philip Glass qui fait le lien expositions se multiplient partout dans le monde. entre Léviathan et le précédent film d'Andreï Zviaguintsev. A la recherche de Vivian Maier ou la découverte de la vie et du Dans Elena, on voyait les « pauvres » envahir la maison regard hors du commun de cette femme sur le monde. luxueuse où une femme de leur classe sociale avait commis un meurtre. Ici, c'est l'inverse : le peuple se fait ratiboiser sinon par l'Etat, du moins par les élus qui le représentent. Les Une histoire extraordinaire. Celle d’une nounou qui ne se pourris sont partout, les affreux font la loi. Léviathan l'a séparait jamais de son appareil photo. Qui a réalisé plus une définitivement emporté dans cette Russie exsangue et désolée. centaine de milliers de clichés… mais qui ne les a jamais Le regard du cinéaste sur son pays est sans indulgence, ni montrés. Alors, pourquoi autant de photos ? Et pourquoi ne pas les avoir partagées ? Mais surtout, qui est cette pitié. mystérieuse Vivian Maier ? C’est ce que l’auteur du (…) Zviaguintsev montre ses compatriotes en ébriété documentaire tente de découvrir dans le film, sous forme permanente, toujours chancelants, noyant dans la vodka leur d’enquête. Et tout de suite, on est happé par le truc car on ne mal être et leurs remords éventuels d'être devenus ce qu'ils peut être que d’accord sur le constat : ses photos sont sont. En même temps que leur alcool chéri, ils semblent avaler absolument incroyables. Elle a su capter des moments de vie, leur médiocrité, leur impuissance, leur fatalisme. Et même rares, d’une intimité bouleversante. Notre curiosité est piquée Poutine, comme Staline, jadis. ... Qu'importe les dirigeants pour de bon et on se laisse emporter. Comme pour le film puisqu'ils les laissent boire ! La vodka est leur seul passeport Sugar Man, de rencontre en rencontre, on va de surprise en pour l'oubli... Avec une mise en scène aussi sèche qu'elle était surprise. C’est juste fou, en fait. À l’image de son héroïne, une lyrique dans Elena, Andreï Zviaguintsev filme un polar sorte de Mr Hulot en décalage constant, tantôt drôle, sombre, effrayant tant il est implacable. On dirait une rocambolesque, touchante, sombre et tragique. Ça ne s’invente pas une vie comme celle de Vivian Maier. Et c’est variation russe sur La Moisson rouge de Dashiel Hammett. absolument passionnant. Pierre Murat – Télérama Nicolas Cliet-Marrel – onrembobine.com nord de la Russie. Il tient un garage qui jouxte la maison où il vit avec sa jeune femme Lylia et son fils Romka qu’il a eu d’un précédent mariage. Vadim Sergeyich, le Maire de la ville, souhaite s’approprier le terrain de Kolia, sa maison et son garage. Il a des projets. Il tente d’abord de l’acheter mais Kolia ne peut pas supporter l’idée de perdre tout ce qu’il possède, non seulement le terrain mais aussi la beauté qui l’entoure depuis sa naissance. Alors Vadim Sergeyich devient plus agressif...

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MANGE TES MORTS

LE GARÇON ET LE MONDE

de Jean-Charles Hue

d'Alê Abreu

France – 2014 – 1h34 Sortie le 10 septembre 2014 – Capricci Films Avec Frédéric Dorkel, Jason François, Mickaël Dauber,...

Brésil – 2013 – 1h19 Sortie le 8 octobre 2014 – Les Films du Préau Cristal du long métrage – Festival d'Annecy 2014 Prix du Public – Festival d'Annecy 2014

Quinzaine des réalisateurs – Festival de Cannes 2014 Prix Jean Vigo 2014

Jason Dorkel, 18 ans, appartient à la communauté des gens du voyage. Il s’apprête à célébrer son baptême chrétien alors que son demi-frère Fred revient après plusieurs années de prison. Ensemble, accompagnés de leur dernier frère, Mickaël, un garçon impulsif et violent, les trois Dorkel partent en virée dans le monde des « gadjos » à la recherche d’une cargaison de cuivre. L’entreprise était méchamment casse-gueule de passer du quasidocumentaire de La BM du Seigneur, sorti il y a trois ans, à une fiction réunissant les mêmes acteurs non professionnels mais puisant ses sources dans le western et le film noir. Jean-Charles Hue ne s’en était pas ému outre mesure puisque Mange tes morts était le premier scénario qu’il aurait voulu convertir en long métrage. Et c’est peut-être mieux comme cela, tant le metteur en scène a ainsi pu prendre une salutaire distance avec ses acteurs qui se trouvent être également des membres de sa famille d’adoption. Au passage, le cinéaste s’est affirmé, construisant ici une poésie sauvage qu’il ne doit qu’à lui-même. L’épisode qui forme la trame du film est, dans ses grandes lignes, un moment vécu, entre adrénaline à pleins tuyaux et trip survolté, quand le jeune cinéaste roulait sa bosse avec ses cousins yéniches. Il avait fait leur connaissance grâce à un oncle baroudeur qui, par un heureux hasard, s’était découvert des ancêtres communs avec la famille Dorkel, des durs à cuire de cette communauté gitane du nord de l’Europe. Coup de foudre de Hue qui se faufile chez les Dorkel avant que ceux-ci ne l’adoptent pour de bon, devenant par la suite les personnages magnifiques de ses films. Et la folle virée nocturne qui, ici, tient lieu de ligne narrative, a des allures de passage initiatique musclé et tendu. Mange tes morts est le récit d’un larcin qui tourne mal, impliquant quatre hommes de la même famille : deux frères, que la prison a séparés pendant quinze ans, et deux cousins, dont un est à la veille de son baptême religieux. L’équipée qui traverse la campagne toute une nuit au volant d’une bagnole surpuissante constitue la mince frontière séparant deux visions diamétralement opposées de ce que sera, au petit matin, la vie de ce tout jeune homme. Celle, pieuse et résignée, d’exclu d’une société qui, de toute manière, ne voudra jamais de lui. Ou celle, irréductible et sauvage, d’un homme libre. Dans le contexte, une expression à ne jamais prendre à la légère. Bruno Icher – Libération

À

la recherche de son père, un garçon quitte son village et découvre un monde fantastique dominé par des animauxmachines et des êtres étranges. Un voyage lyrique et onirique illustrant avec brio les problèmes du monde moderne. Le Garçon et le monde est en fait un drôle d’ovni animé. Sur le plan de la narration d’abord. En suivant les aventures de ce petit bonhomme, le film réussit à mêler harmonieusement la critique radicale d’une société de consommation hyper répressive (le garçon suit le trajet du coton d’un pays du sud indéterminé aux US puis retour ; assiste à des grèves et à la répression de l’armée), la quête adolescente et l’histoire des sociétés latinos. Essai total sur l’injustice du monde, passant de scènes très dures à des moments plus doux ou chatoyants, le film est pourtant, d’abord, un gros morceau esthétique. C’est la principale force du film : avec son dessin « à la manière » des enfants, avec ces personnages ronds, ces oiseaux multicolores et cette absence de dialogue (compréhensible), l’essai d’Abreu impose son audace et sa liberté qui entraînent, comme par essence, une poésie et une qualité de rythme qu’on ne se souvient pas avoir vu dans un dessin animé depuis très longtemps. Demandez-lui ses références et Abreu est catégorique. Peu d’animation, plutôt les peintres de la modernité archaïque : Miro ou Klee avant tout. Ah si : il y a quand même René Laloux et on voit très vite pourquoi : même lorsqu’il décrit des choses dures, cherche le rêve et la poésie, le mystère et le fantastique… Et puis, en adoptant le regard que l’enfant pose sur le monde, Abreu décille sa vision de cinéaste et atteint une forme de lyrisme naïf, surréaliste, l’inverse de l’effectivisme de l’animation contemporaine (prend ça dans les dents Rio). Le cinéaste prend le temps de voir, de regarder pour mieux décrire le monde contemporain et l’essence de l’homme. On ne s’étonnera pas de retrouver certaines réminiscences tarkovskienne dans ce drôle de dessin animé qui flirte avec la métaphysique. Parce que derrière sa simplicité et sa beauté immédiate, l’ambition du film est folle. (...) Le Garçon et le monde est un film libre et peut-être plus, libertaire. Un film qui prouve que l’animation n’est jamais aussi forte que lorsqu’elle casse les carcans et les règles industrielles. Edouard Sonderborg – Première

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