02.10 au 29.10 2013

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du 23 au 29 octobre

SEMAINE 4 C

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1h46’

lundi 19h30

PAT GARETT ET BILLY LE KID

2013

Making of à la fin des séances de 14h15

1h15’

MA MAMAN EST EN AMÉRIQUE, elle a rencontré Buffalo Bill

de Sam Peckinpah

de Marc Boreal & Thibaut Chatel

14h15 16h15 17h45

samedi à 14h15

14h15 16h00 17h30 21h30 14h15 17h30 20h45

14h15 17h15 21h30

1h22’

9 MOIS FERME

41’ VF

LÉO ET FRED

de Albert Dupontel

de Pal Toth

À suivre.

2h59’

16h00

CHAPITRE 1 & 2

POUPI

de Abdellatif Kechiche

Courts métrages de Zdenek Miler

À suivre.

16h15

1h44’

de Louise Archambault

AS I LAY DYING de James Franco

19h15

À suivre.

FIFI HURLE DE JOIE

19h30 14h30 19h45

1h48’

SALVO de Antonio Piazza

1h36’

de David Perrault

À suivre. Vendredi 25, rencontre avec David Perrault après la séance de 19h45.

17h30 21h30

1h36’

OMAR de Hany Abu-Assad

17h45

14h30

BAIKONUR

FILM + DÉBAT

14h15 17h45 19h45 14h15 19h45

42’ sans paroles

À suivre.

21h45

de divers réalisateurs

BLUE JASMINE

QUI VOILÀ ?

de Woody Allen

de Jessica Lauren

1h58’

MA VIE AVEC LIBERACE LA VIE DOMESTIQUE

ELYSIUM

HAEWON ET LES HOMMES

21h45

Le film imprévu

de Neill Blomkamp À suivre.

16h00

1h46’ VO

PERCY JACKSON

17h00

LA MER DES MONSTRES de Thor Freudenthal

de Steven Soderbergh

1h33’

mercredi samedi dimanche

32’ VF + court métrage 4’

1h40’

mer-sam dimanche

2h

LETTRE A MOMO de Hiroyuki Okiura

de Isabelle Czajka

VF 14h15

Ts les j.

VO 19h00

Suivez la route de l’animation

1h34’

LA BATAILLE DE SOLFERINO de Justine Triet

en partenariat avec l’Abbaye de Fontevraud

1h15’

Ciné p’tit déj’

LOULOU L’INCROYABLE SECRET

14h30 19h30 14h30 21h15

1h48’

PAPA VIENT DIMANCHE

2h04’

MON ÂME PAR TOI GUÉRIE de François Dupeyron

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55’

Présentés par Chen Chen, auteur de film d’animation.

Programme de courts métrages réalisés par les jeunes cinéastes en résidence à L’Abbaye de Fontevraud Rencontre avec Dahee Jeong et Marta Pajek

JIMMY P.

19h15

dimanche

AVANT PREMIÈRE. Rencontre avec Grégoire Solotareff

Programme de courts métrages chinois d’animation

de Radu Jude

10h00 10h30

1h36’

de Arnaud Desplechin

LES AMANTS DU TEXAS

U

E

lundi 19h30 mardi 19h30 21h45

de David Lowery

de Hong Sang-Soo

1h50’

samedi

LA PETITE dimanche FABRIQUE DU MONDE 16h00

1h30’ + court métrage 3’

de Veit Helmer

19h45

de Dennis Gansel

1h57’

1h34’

19h00

14h15 17h15 21h30

LA VAGUE

2013

de Grégoire Solotareff et Eric Omond

de Mitra Farahani

NOS HÉROS SONT MORTS CE SOIR

1h47’

19h45

1h50’

GABRIELLE 1h36’

14h15

CNP jeudi

14h15 19h15

35’ sans paroles + court métrage 2’

LA VIE D’ADÈLE

du 2 au 8 octobre

SEMAINE 1

www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

17h00 21h30 17h30 21h30

1h53’

ELLE S’EN VA de Emmanuelle Bercot

1h36’

LES CONQUÉRANTS de Xabi Molia

1h40’ + court métrage 7’

MIELE

Le film imprévu

de Valéria Golino

www.studiocine.com

www.studiocine.com

17h45 21h45

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 9 au 15 octobre

SEMAINE 2 1h53’

mercredi

N

lundi

19h30 mardi

19h30 21h15

14h15 17h30 20h45 17h15 19h15 14h15 21h30 14h15 19h30

É

M A T H È Q U Partenariat Cinémathèque/Studio

de Thierry Teston

Performance avant la séance et rencontre avec Julia Flot après le film. E

32’ VF + court métrage 4’

QUI VOILÀ ?

Hommage à John Schlesinger

MACADAM COWBOY BILLY LE MENTEUR MARATHON MAN

1h48’ 1h38’ 2h05’

de Jessica Lauren

2h VF

LETTRE A MOMO

2h59’

de Hiroyuki Okiura

LA VIE D’ADÈLE CHAPITRE 1 & 2

de Abdellatif Kechiche

1h40’

BLUE JASMINE de Woody Allen

1h33’

LA VIE DOMESTIQUE

2e

SOIRÉE VAGUE JEUNE

Projection de courts métrages Rencontre avec des réalisateurs tourangeaux

ELLE S’EN VA de Emmanuelle Bercot

1h48’

PAPA VIENT DIMANCHE de Radu Jude

1h24

VANDAL de Helier Cisterne

1h31’ + court métrage 6’

14h30 17h15 19h30

1h50’

ROOM 514 de Sharon Bar-Ziv

samedi

17h00 mercredi samedi dimanche

16h00 17h15 SAUF jeudi lundi

de James Franco

+ DÉBAT

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MON ÂME PAR TOI GUÉRIE de François Dupeyron

www.studiocine.com

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17h45 21h45 21h15

1h36’

U

41’ VF

14h15 19h30 21h30

1h48’

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

QUI VOILÀ ? de Jessica Lauren

16h00 SAUF

jeudi vendredi

16h15

LÉO ET FRED de Pal Toth

SAUF

jeu-ven

17h15 SAUF jeudi

N UI T

DU

PC E

Passeport culturel étudiant

Concerts filmés au Temps Machine

vendredi

22h00 à 24h00

1h50’

SALVO de Antonio Piazza

AS I LAY DYING de James Franco

1h44’

GABRIELLE

1h33’

de Louise Archambault

LA VIE DOMESTIQUE

17h15 21h15

17h45

de Isabelle Czajka

1h36’ + court métrage 6’

14h30 19h30

1h24

OMAR

VANDAL

de Hany Abu-Assad

de Helier Cisterne

21h30

1h30’

HAEWON ET LES HOMMES de Hong Sang-Soo

21h45

www.studiocine.com

E

14h15 2h59’ VIE D’ADÈLE 17h30 LA CHAPITRE 1 & 2 de Abdellatif Kechiche 20h45

14h30 19h30

Le film imprévu

LA BELLE ET LA BÊTE 14h15 32’ VF

LES CONQUÉRANTS 21h30 1h34’

1h40’

lundi LE COMMENCEMENT 19h30 37’ de Loic Barché en sa présence GOUPI MAINS-ROUGES 20h15 1h44’ de Jacques Becker

1h40’

BLUE JASMINE de Woody Allen

21h45

1h31’

de Justine Triet

2h04’

É

2013

de Jean Cocteau

19h30

de Steven Soderbergh

LA BATAILLE DE SOLFERINO

de Lech Kowalski

14h30 19h45

de Xabi Molia

AS I LAY DYING

19h45

DU GAZ DE SCHISTE

19h45

vendredi

1h58’

MA VIE AVEC LIBERACE

CNP jeudi

Gaz de schiste, l’escroquerie ! 1h23’ LA MALÉDICTION

14h15 1h22’ 16h00 SAUF jeu-ven 9 MOIS FERME 17h30 de Albert Dupontel 19h30 21h30

1h53’

de Isabelle Czajka

14h30 19h45

17h15

LA CITÉ DE LA DANSE

52’ FILM de Wangari Maathai + DÉBAT avec Monique Derue

20h00 I

de Jean Cocteau

55’ RENCONTRES DE DANSES URBAINES

Quand les femmes prennent l’initiative

CNP jeudi C

LA BELLE ET LA BÊTE 14h15

Avant-première et rencontre avec Bertrand Tavernier et, sous réserve, Julie Gayet.

du 16 au 22 octobre

SEMAINE 3

1h40’

QUAI D’ORSAY de Bertrand Tavernier

19h45

2013

17h30

ROOM 514

Le film imprévu

de Sharon Bar-Ziv

www.studiocine.com

www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


ISSN 0299 - 0342

FILM DU MOIS

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°316 • octobre 2013

Salvo Italie/France – 2013 – 1h48, de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza, avec Saleh Bakri, Sara Serraiocco, Luigi Lo Cascio, Mario Pupella…

P

alerme. Salvo, tueur de la mafia sicilienne, est un homme solitaire, déterminé et absolument impitoyable. Alors, quand, en voiture, il tombe dans ce qui ressemble fort à un guet-apens, tout s’accélère de manière brutale. Coups de feu, courses poursuites… Le règlement de compte le mène plus tard à s’introduire dans une maison afin d’éliminer celui qui semble avoir manigancé le coup. Ce qu’il ignore – au début – c’est la présence de Rita, une jeune fille aveugle. Or, celle-ci va assister, en toute impuissance, au meurtre de son frère. Normalement, il ne faudrait pas laisser de témoin derrière soi, mais Salvo, étrangement, laisse la vie sauve à Rita ! Et c’est l’inattendu qui surgit…

Alors que les premières minutes laissent présager un film classiquement d’action mettant en scène des affrontements mafieux, assez rapidement, l’histoire évolue pour s’intéresser à la rencontre de Salvo, homme froid et peu bavard, avec Rita. En huis-clos, le rythme se faisant plus lent contribue à épaissir la dimension psychologique des personnages. Contraste des rythmes, du collectif et de l’intime comme également celui des

lumières. Dehors, l’institution mafieuse avec ses lois et sa hiérarchie n’est jamais bien loin. La surveillance rôde, le regard, d’une certaine manière, est omniprésent, y compris voyeur (pléonasme) ! Le suspens, lui, plane à bien des égards et la mise en tension ne s’assouplit pas malgré une ritournelle italienne susurrée à la radio… Salvo, surprend, questionne les sens et amène parfois à voir ce qui n’est pas offert d’emblée au regard. L’univers est âpre et impardonnable, pourtant, une humanité pourra peut-être émerger quelque part. Pour leur premier film, les réalisateurs et scénaristes Fabio Grassadonia et Antonio Piazza se sont entourés de Daniele Cipri, un chef opérateur talentueux qui a travaillé avec Marco Bellochio, et d’excellents acteurs, Saleh Bakri et Sara Serraiocco. Le risque pris du film de genre revisité est prometteur du talent du duo de cinéastes, soutenu par une co-production française. Salvo, a d’ailleurs été récompensé par le Prix révélation France 4 et le Grand prix de la semaine de la critique, à Cannes. RS

COLLECTIF DE SOUTIEN AUX CINÉMAS INDÉPENDANTS TOURANGEAUX propose une réunion publique, le vendredi 11 octobre à 19h00 à l’Espace Gentiana (avenue Maginot, Tours nord). Débat avec les membres du collectif de soutien, suivi de la projection du film : No Popcorn On The Floor, de Gaël Mocaër. (Entrée gratuite).

No Popcorn On The Floor nous plonge pendant un an dans les coulisses du seul cinéma indépendant de Bayonne : L'Atalante. Chronique drôlatique de la vie de cette salle pas ordinaire, qui tente de résister encore et toujours à l'envahisseur. * Composé de salariés des cinémas, d’associations, de syndicats, de partis politiques et d’adhérents.)

LES CARNETS DU STUDIO – n° 316 octobre 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01

Salvo de Fabio Grassadonia & Antonio Piazza

SUIVEZ LA ROUTE DE L’ANIMATION avec l’Abbaye de Fontevraud du 6 au 8 octobe (voir page 5)


S Éditorial

CNP

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A

I

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octobre 2013 ....................................................

..........................................................

Rencontres de danses urbaines

Suivez la route de l'animation

.....................

........................

Partenariat Studio-Cinémathèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Nuit blanche PCE

.........................................

Soirée Vague Jeune

.....................................

LES FILMS DE A à Z

...........................

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

éditorial 3 4 5 5 6 6 7

7 16

8O% Horaires d’ouverture : lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

Bande annonce

Femmes victimes de violence… Encore ?

........

18

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

À propos de

Aya de Yopougon . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Courts lettrages

Aya de Yopougon

.....................................

20

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77 Hommage

Noémie Lvosky . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22 Rencontre

Aurélia Poirier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Rencontre ...........................

25

..........................................

26

Académie Francis Poulenc Interférences

Gold/Intervallo Hommage

Bernadette, pour mémoire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Interférences .................................

29

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30

Vos critiques

............................................

33

Jeune Public

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34

FILM DU MOIS : SALVO . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36

Juliette/Jeune et jolie À propos de

Hiroshima mon amour

GRILLE PROGRAMME

...................

pages centrales

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Qui a créé ce public ? Le réseau de salles indépendantes, qui, par leur travail de communication, de recherche, d’accompagnement des œuvres a attiré l’attention d’un public sur ces films… Nous trouvons injuste que ce secteur du paysage cinématographique se soit transformé en parts de marché à conquérir par les grands groupes. Ces derniers exploitaient 22 multiplexes (ensemble de plus de 8 écrans) en 1998 et 176 (700% d’augmentation) fin 2012. Le réseau de salles indépendantes est en train de mourir et les Studio comptent parmi l’une des plus importantes. Ils sont menacés à leur tour, malgré l’incrédulité de nos élus qui préfèrent croire à notre solidité.

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

, c’est l’argument de tous ceux qui ne voient pas de quoi les Studio se mêlent en s’opposant à l’installation d’un troisième multiplexe à Tours. Notre public nous sera fidèle à 80 %. Ciné Alpes rebaptisé Ciné Loire, pour faire plus local, annonce publiquement que sa programmation sera à 80 % « généraliste ». Qu’en est-il des 20 % restants ? Cela fait même beaucoup plus de place qu’il n’en faut pour programmer les films dits art & essai porteurs, et que comptent bien programmer les dirigeants du projet de multiplexe. Quel programmateur renoncerait à ce « petit marché » de films (une trentaine par an), fragile et de plus en plus convoité, constitué des films de J. Audiard, F. Ozon, M. Haneke, K. Loach, ou encore W. Allen, P. Almodovar ou T. Burton entre autres ?

Les Studio ne cherchent pas la rentabilité, mais seulement à maintenir l’équilibre finan-

cier, d’où leur fragilité. Une baisse des entrées de plus de 20 % serait une catastrophe. Quelle idée alors de risquer un gros investissement pour deux salles dans le site de Ciné Alpes !! Les professionnels savent tous qu’en dessous de 5 écrans, un cinéma ne peut être viable, la masse salariale pour 2 ou pour 5 écrans étant la même. Faut-il répéter aussi et encore que la présence de trois opérateurs au lieu de deux sur l’agglomération va inévitablement poser le problème de l’alimentation en films. Sans loi, rien n’oblige un distributeur à fournir un film à un opérateur. La politique tarifaire des Studio est moins intéressante pour ceux-ci. Au mieux, nous devrons donc partager le public des films porteurs et au pire nous n’aurons pas accès à ces films. C’est ce qui est arrivé dans d’autres villes comme La Rochelle où les indépendants ont été rachetés par ces grands groupes… Or, ces films, qui représentent 5 % des 450 films programmés chaque année, apportent plus du tiers des recettes des Studio, ce qui permet à la programmation de prendre des risques sur d’autres films (qui ne passent pas ou très peu dans les multiplexes) et de permettre à ces films de rencontrer leur public. L’uniformisation de la culture… c’est cela que nous combattons, le danger est là, quoiqu’en pensent ceux qui nous opposent les vieux clichés « d’intello » eu de « pseudo intello » qui imposeraient leurs visions de la culture. Philippe Perol, président des Studio

Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de Françoise Chapoton et la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

Jean Hingan nous a quittés brutalement à la fin de l’été. Amoureux de cinéma et de littérature il fut longtemps membre actif des Studio, rédacteur et co-fondateur du festival Désir…Désirs… Les plus anciens abonnés se souviennent peut-être de ses articles toujours originaux et pleins de fougue signés Franck Tireur, de sa longue silhouette dégingandée et de son sourire.

Les CARNETS du STUDIO

n°316

octobre 2013

3


RENCONTRES DE DANSES URBAINES* ET CINeMA*

Tout public à partir de 8 ans

Japon – 2012 – 2h, film d’animation de Hiroyuki Okiura.

VF

Tout public à partir de 7 ans

VO

Tout public à partir de 8 ans

À la mort de son père, Momo quitte Tokyo pour s’installer avec sa mère sur une île où le temps semble s’être arrêté. Sa vie va être bouleversée par l’apparition d’étranges créatures...

La Petite fabrique du monde Divers pays – 2012 – 42 mn, six courts métrages d’animation.

sans paroles

Voir page 5

Samedi 12 octobre - 17h

AVANT LE FILM : Performance de danse hip hop par les jeunes de la MJC de Joué lès Tours.

La Cité de la Danse

APRÈS LE FILM : Rencontre avec Julia Flot danseuse hip hop, suivie d’un pot offert par les Studio. AUTOUR DU FILM : eX-Position X-PRESS en images.

France – 2012 – 55 mn, film inédit de Thierry Teston.

Leo et Fred

À partir de 3 ans

Hongrie – 2013 – 41 mn, six courts métrages d’animation de Pal Toth.

Dans ces histoires, la matière s’anime comme lorsque l’enfant joue et invente son monde. À partir de 3 ans

VF

Ma maman est en Amerique,

Suède – 2013 – 32 mn, programme de huit courts métrages d’animation de Jessica Laurén.

elle a rencontre Buffalo Bill

-

-

France – 2013 – 1h15, film d’animation de Marc Boréal et Thibaut Chatel, avec les voix de Marc Lavoine, Julie Depardieu…

Le personnage de Jean, six ans, incarne toute la gamme des sentiments et attentes de l’enfance face aux bouleversements de la famille…

Poupi

Tout public à partir de 11 ans

Pour sauver la colonie des Sang-Mêlé, le jeune Percy, fils de Poséidon, doit récupérer la Toison d’or en affrontant les dangers de la Mer des monstres.

l’incroyable secret Les CARNETS du STUDIO

n°316

octobre 2013

Ciné p’tit déj’ – Rencontre

Sortie nationale : le 18 décembre

avec Grégoire Solotareff

voir page 5

France – 2013 – 1h20, film d’animation de Grégoire Solotareff et Éric Omond.

Tout public à partir de 6 ans

sans paroles

République tchèque – 2013 – 35 mn, trois courts métrages d’animation de Zdenek Miler.

Poupi, chiot curieux plein d’humour et de créativité, découvre le monde sous un nouveau jour. En avant-programme : Le Château (3 mn) réalisé dans le cadre de Courts d’écoles.

France – 1946 – 1h36, film en noir et blanc de Jean Cocteau avec Jean Marais, Josette Day...

Tout public à partir de 6 ans

En réalisant La Belle et la bête, Cocteau a offert un cadeau merveilleux à plusieurs générations... Ce chef-d’œuvre en version restaurée reste un enchantement !

Dimanche 6 octobre, à partir de 10h, avec l’Abbaye de FONTEVRAUD

34

À partir de 3 ans

La Belle et la bête

Tout public à partir de 7 ans

Loulou

Un duo attachant vit des histoires très amusantes.

À découvrir dans le hall à la fin du mois.

Percy Jackson : la Mer des monstres VO

À partir de 3 ans

Qui voilà ?

Huit histoires qui abordent avec humour le quotidien des tout petits : dormir pour la première fois chez un copain, être malade, faire le ménage, avoir un petit frère... En avant-programme : Les Trois grains de riz (5 mn) réalisé dans le cadre de Courts d’écoles.

USA – 2013 – 1h46, de Thor Freudenthal, avec L. Lerman, B. T. Jackson...

VF

Mercredi 16, après la séance de 14h15, vous pourrez lire et écouter différentes versions de La Belle et la bête, présentées par nos partenaires de la Quinzaine du livre jeunesse.

À découvrir dans le hall dès le 27 septembre.

• Les Petits canards en papier, programme de courts métrages chinois • Planes de Klay Hall • Sur le chemin de l’école de Pascal Plisson Les CARNETS du STUDIO

n°316

octobre 2013

35


jeudi 3 octobre - 19h45 Le CNP propose un ciné-débat

LA VAGUE Film de Dennis Gansel – Allemagne – 2009 – 1h47

Ces initiatives peuvent être à l’origine d’une prise de conscience citoyenne et accroître ainsi l’espace démocratique. FILM -52’ - sur l’engagement écologiste et politique de Wangari Maathaï –Kenya- 1re femme africaine Prix Nobel de la paix. DÉBAT avec la participation de Monique Derue, présidente de Peuples Solidaires du Loir et Cher.

E

n Allemagne, aujourd’hui : dans le cadre d’un atelier, un professeur de lycée propose à ses étudiants une expérience visant à leur faire découvrir comment s’installe un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, dont les conséquences vont s’avérer tragiques. La Vague est une leçon d’Histoire, de sociologie, de manipulation, qui permet de faire découvrir la construction d’un régime de dictature. DÉBAT après la projection.

jeudi 10 octobre - 20h00 Le CNP, le Café des Femmes, Peuples Solidaires et le CIDFF proposent :

QUAND LES FEMMES PRENNENT L’INITIATIVE… ourquoi plus les femmes que les hommes ? Dans les pays du Sud, soit pour des raisons culturelles, soit à cause de l’absence des hommes partis travailler au loin ou victimes de conflits, les femmes sont obligées de faire face aux nécessités du quotidien. S’appuyant sur une tradition familiale et communautaire existante, elles prennent en main de ce fait le développement économique local.

P

jeudi 17 octobre - 19h45 Le CNP et la Sepant proposent :

GAZ DE SCHISTE, L’ESCROQUERIE ! ent ans d’indépendance énergétique ou autres miracles promis par le gaz de schiste ? Une escroquerie ! Un chercheur canadien vient de publier une étude confirmant un phénomène connu, mais dissimulé : une production utile de gaz de schiste ne peut être maintenue qu’en creusant perpétuellement de nouveaux gisements puisque le rendement d’un puits isolé est éphémère. Une raison supplémentaire pour refuser les nuisances graves et irrémédiables que veut nous imposer le libéralisme avec l’exploitation des gaz de schiste : l’atteinte aux paysages, la consommation des eaux et leur pollution, les émissions de gaz à effet de serre. Film : La Malédiction du gaz de schiste – Lech Kowalski – France – 1h23. DÉBAT avec les associations et Adeline Mathien, chargée de mission Énergie à France Nature Environnement.

C

11 octobre à partir de 19h45 Deuxième soirée du court métrage avec la Vague Jeune des Studio. Après le succès de la première édition, les Cinémas Studio et toute l'équipe de la Vague Jeune (et ils sont nombreux !) se remobilisent et vous convient à une nouvelle salve de courts métrages à découvrir dans votre cinéma préféré.

La Cité de lala danse danse France – 2012 – 55, film inédit de Thierry Teston.

Suresnes Cités Danse, 20e festival de hip hop… c’est la toile de fond d’un reportage éblouissant sur le spectacle conçu à cette occasion par des danseurs et chorégraphes de toutes origines, de tous styles. Né du désir de Thierry Teston de s’attacher, par un vrai travail de cinéma, à montrer ce que seul le grand écran peut révéler : beauté des gestes, fluidité d’un mouvement, surprenante apesanteur d’une figure acrobatique… ce documentaire séduit par sa qualité esthétique et l’émotion qu’elle véhicule. Son art des gros plans sur les corps et les visages, ses ralentis extrêmes nous font pénétrer au cœur du travail de chacun, que ce soit au stade de sa recherche, de sa réflexion ou encore de son accomplissement. Les danseurs, filmés dans leur création comme s’ils

Vague Jeune

Tout comme l'année dernière, laissez-vous embarquer dans une nouvelle programmation surprise de films garantis 100% tourangeaux. Vous aurez la chance de rencontrer les équipes des films et d'échanger avec eux ! Et comme la Vague Jeune est toujours synonyme de convivialité, un apéritif vous sera offert à la fin de la projection ! Tarif unique de 3 euros.

vivaient un rêve à nous faire partager, se livrent à des confidences d’une totale sincérité et d’une grande beauté. Le spectacle s’élabore au fil des chapitres-séquences, de doutes en performances individuelles, de quêtes d’inspiration en premiers pas ensemble sur scène. Les mouvements de caméra suivent avec attention et empathie chaque étape de la création et nous révèlent bien plus que des bribes de l’histoire de chacun. « Dans ce film on se lance, on se livre… on a la danse au corps et au cœur ! » FC • Performance de danse hip hop par les jeunes de la MJC de Joué-lès-Tours. • Rencontre avec Julia Flot, danseuse hip hop, suivie d’un pot offert par les Studio… • eX-Position X-PRESS en images.

SUIVEZ LA ROUTE DE L’ANIMATION du 6 au 8 octobre, avec l’Abbaye de Fontevraud Pour inaugurer ce nouvel événement interrégional, les Studio accueillent trois séances dédiées au cinéma d’animation. • Dimanche 6 à partir de 10h : Ciné p’tit déj’ – Rencontre

Loulou, l’incroyable secret France – 2013 – 1h20, film d’animation de Grégoire Solotareff et Eric Omond.

TOUT PUBLIC À PARTIR DE 7 ANS Avant-première (sortie nationale le 18 décembre 2013)

courts métrages –

2e soirée

RENCONTRES DE DANSES URBAINES samedi 12 octobre - 17h

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epuis leur plus tendre enfance, Loulou le loup et Tom le lapin sont restés deux amis inséparables. Alors qu’ils vivent une adolescence sans heurt, Loulou apprend d’une bohémienne que sa propre mère est vivante… Sa quête les entraînera tous les deux au milieu d’un monde hostile, fait de carnassiers insensibles à l’amitié qui lie nos deux héros. Résisteront-ils ? Une écriture subtile, qui laisse présager un film très abouti…

Petit déjeuner offert à partir de 10h, projection du film à 10h30 suivie de la rencontre avec Grégoire Solotareff. • Lundi 7 à 19h30 : Soirée Cinémathèque (voir page 15) • Mardi 8 à 19h30 Courts métrages des réalisateurs en résidence à l’Abbaye de Fontevraud. Depuis 2006, plus de 60 réalisateurs ont été accueillis dans ce haut lieu de l’animation. Venus d’un peu partout dans le monde, certains étaient déjà des stars dans leur domaine, d’autres étaient encore «à découvrir»… En présence de deux cinéastes en résidence cet automne, les Studio présenteront un panorama de la jeune création internationale, avec un programme de dix courts métrages totalement inédits.

Un parcours de cinéphile aussi atypique qu’exceptionnel…

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w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Les Studio sont partenaires du PASSEPORT CULTUREL ÉTUDIANT

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epuis exactement vingt ans, le Passeport culturel étudiant (PCE) permet à ses milliers de détenteurs de bénéficier d’offres exclusives et d’un accès privilégié à prix réduit aux propositions culturelles de plus de 50 structures de l’agglomération tourangelle et de Blois. Le Passeport culturel étudiant est le fruit de la collaboration de plusieurs partenaires qui se sont engagés à favoriser l’accès à la culture des étudiants inscrits dans l’enseignement supérieur (Université François-Rabelais, CROUS Orléans-Tours, Ville de Tours, Conseil général d’Indre-et-Loire, DRAC Centre). Tout au long de l’année 2013-2014 le PCE est à l’honneur. Un joyeux canevas culturel sera tissé

Sur le site des Studio (cliquer sur : pluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

lors d’une nuit festive aux Studio, dédiée aux étudiants: le 18 OCTOBRE, de 22h à MINUIT, projection de concerts filmés du Temps Machine, concert de Tous en Scène (Blackie Sam) et exposition photos du Petit Faucheux. Diverses autres propositions culturelles estampillées 20 ans PCE figurent dans les programmes des autres structures partenaires. À fréquenter sans modération !

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS D’OCTOBRE

L’actualité culturelle de l’université et des acteurs culturels est relayée sur le passeport.culturel.etudiant Contact PCE : Christelle Berthier 02 47 36 67 05 christelle.berthier@univ-tours.fr

HOMMAGE à JOHN SCHLESINGER

Macadam Cowboy USA – 1969 – 1h49, de John Schlesinger, avec Dustin Hoffman, Jon Voight…

Un grand blond mal dégrossi débarquant de son Texas natal persuadé de devenir le gigolo Number One de la Grande Pomme ; un petit escroc aussi raté que sale. Deux solitudes, deux misères qui vont se trouver. Deux comédiens inoubliables chacun dans leur registre. Ah… la dernière scène… Et la chanson de Harry Nilsson, Everybody’s Talkin’… Magnifique ! IG Mardi 15 à 19h30

Billy le menteur USA – 1963 – 1h38, de John Schlesinger, avec Tom Courtenay, Mona Washbourne, Ethel Griffies…

Billy Fisher est employé dans une entreprise de pompes funèbres. Il vit chez ses parents dans une ville ennuyeuse du nord de l’Angleterre. Pour échap-

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per à une réalité décourageante, il fuit dans un monde qu’il s’est inventé en rêve. Afin de protéger cet univers, il ment à tout le monde, ses parents, les nombreuses filles à qui il a promis le mariage, ses collègues. Deuxième film du réalisateur, Billy le menteur est une satire de la vie étriquée et étranglée par les conventions qui règne dans les familles anglaises au début des années 60. On y retrouve les thèmes qui ont fait de lui un des chefs de file de la Nouvelle vague anglaise, surtout la dénonciation de l’hypocrisie et de la morale étouffante de la société anglaise. Mardi 15 à 21h15

Marathon Man USA – 1976 – 2h05, de J. Schlesinger, avec Dustin. Hoffman, Laurence. Olivier, Marthe Keller, Roy Scheider…

Un étudiant new-yorkais, Babe, s’entraîne au marathon dans Central Park, il y rencontre une jeune femme suisse. Parallèlement à cette rencontre, le frère de Babe est assassiné par un criminel nazi qui, par la suite fait enlever Babe et le soumet à des séances de tortures particulièrement raffinées pour l’obliger à révéler un secret dont il ne connaît strictement rien… Thriller kafkaïen très prenant, Marathon man est sans aucun doute l’un des grands films de Dustin Hoffman, avec qui Schlesinger sait nous faire entrer dans une angoissante empathie… ER

9 mois ferme

vie un peu plus rangée en est une autre. Peut-être plus dure. Mais pas non plus la seule…

Ariane Felder, juge intransigeante, célibataire endurcie, coincée est enceinte ! Elle ne se souvient de rien et ne trouve aucune explication à la présence de ce bébé dans son ventre. Mais le plus surprenant est qu’elle découvre après enquête et tests de paternité que l’enfant à naître est celui d’un marginal loufoque accusé d’un meurtre atroce… Albert Dupontel se surpasse dans cette comédie délirante menée tambour battant par deux acteurs déchainés – Kiberlain comme vous ne l’avez jamais vue ! Ne vous privez pas d’une franche rigolade… SB

Sources : semainedelacritique.com

France – 2013 – 1h22, de Albert Dupontel, avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel…

Partenariat Cinémathèque/Studio

John Schlesinger (1926-2003), cinéaste britannique qui fit une bonne partie de sa carrière aux USA, est surtout connu pour Macadam cowboy et Marathon man… mais il ne faudrait pas oublier que cet auteur souvent très intéressé par les destins chaotiques de petites gens reçut un Ours d’or pour son tout premier film (Un amour pas comme les autres, 1962) et que sa filmographie comprend aussi de vraies perles un peu oubliées comme Billy le menteur… Lundi 14 à 19h30

2013 :

• Life Forum de Gerald Clayton (studio 1-2-4-5-6) • Shades de J.J. Cale Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

Filmographie : Désiré (1992), Bernie (1996), Le Créateur (1999), Enfermés dehors (2006), Le Vilain (2009).

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Les Amants du Texas USA – 2012 – 1h436, de D. Lowery, avec C. Affleck, R. Mara, B. Foster, K. Carradine…

Depuis quatre ans qu’il est en prison, Bob n’attend qu’une chose : s’évader pour aller retrouver Ruth, qui lui avait dit être enceinte juste avant qu’il ne se fasse arrêter après un braquage qui avait mal tourné. Mais, en définitive, il semblerait bien que, même s’il lui a fallu quatre ans pour s’évader, s’enfuir de la prison ne s’avèrera pas être la plus difficile des épreuves pour Bob. Retrouver une Ruth changée et qui voudrait bien mener une

As I Lay Dying

USA – 2013 – 1h50, de James Franco, avec J. Franco, T. Blake Nelson, Danny McBride…

Dans une ferme décrépite du Sud des USA des années 30, Addie Bundren attend la mort pendant que sa famille prépare son cercueil… Son dernier vœu est d’être enterrée dans sa ville natale, assez loin de là… Une fois Addie morte, le plus difficile reste à faire pour cette famille qui menace sans de craquer aux coutures : transporter le cercueil dans une carriole jusqu’à la dernière demeure d’Addie. La route est difficile, pleine d’obstacles et d’embûches et les tensions familiales ne facilitent pas la chose. Adapter le roman de W. Faulkner (Tandis que j’agonise), où chaque chapitre est dit par une voix différente, relevait de la gageure ; James Franco a osé relever le défi (il faut dire qu’il a également tourné une adaptation de Un enfant de Dieu, de C. McCarthy, ce qui montre bien l’ambition du réalisateur !) et, à en croire les critiques cannoises, il semblerait qu’il s’en soit sorti haut la main et nous ait livré un film sombre bien à la hauteur de cette famille Bundren, rongée de haines et de secrets. Sources : theguardian.com, cinemateaser.com, telerama.fr

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La Bataille de Solférino France – 2012 – 1h34, de Justine Triet,

aventurier, chercheur de trésors qu’il revend à des collectionneurs. Avant de mourir, il a découvert et dérobé le Graal. Bien sûr, il l’a revendu sans scrupule. Les deux frères, convaincus que c’est là la cause de tous leurs malheurs, veulent récupérer le Graal pour le rapporter dans sa cachette, au milieu des montagnes basques. Un beau film, une belle fable poétique, que Mathieu Demy et Denis Podalydès portent avec talent.

avec Laetitia Dosch, Vincent Macaigne, Arthur Harari…

La bataille dont il est question dans le titre, c’est celle des élections présidentielles du 6 mai 2012. Laetitia est journaliste de télévision et est de reportage le soir des résultats, rue de Solférino, au siège du PS. La vie privée de Laetitia va envahir l’événement politique : son ex-mari débarque pour voir ses filles, celles-ci rejoignent leur mère sur le reportage, l’ex se précipite sur les lieux… Au milieu de la foule déchaînée par l’approche des résultats, les deux ex-conjoints se déchirent, hurlent : hystéries collective et privée se font écho. Très remarqué à Cannes et à La Rochelle, le film a été tourné sur les lieux, le jourmême de l’événement : un exploit, qui en fait un film hors norme et surprenant. Sources : sites politis.fr et filmdeculte.fr.

Baikonur

Allemagne/Russie – 2012 – 1h35, de Veit Helmer, avec Alexander Asochakov, Marie de Villepin...

Dans les steppes kazakhes vit Islanker, un opérateur radio surnommé Gagarin car il rêve de voyages dans l’espace. Un jour, une capsule spatiale s’écrase non loin de chez lui avec à son bord « La touriste de l’espace », Julie Mahé. Islanker la trouve inconsciente. Amoureux, il convainc Julie, devenue amnésique, qu’ils sont fiancés ; car selon une loi non écrite : « Tout ce qui tombe du ciel, tu peux le garder »… Avec son histoire à la fois très originale et pleine de fraîcheur, Baikonur est une très jolie surprise. Comédie romantique à la sauce kazakhe, le film est plein d’humour et le personnage d’Islanker s’avère très touchant, surtout quand il doit admettre que tout rêve a une fin. Baikonur est loin de toute prétention mais cela n’empêche ni une certaine ambition ni l’amour du tra-

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vail bien fait et c’est exactement ce que Veit Helmer a réussi. JF

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La Belle et la Bête Voir pages Jeune Public

Blue Jasmine USA – 2013 – 1h40, de Woody Allen, avec Alec Baldwin, Cate Blanchett, Sally Hawkins …

Après un intermède européen et des films cartes postales plutôt optimistes (To Rome with love, Midnight in Paris, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu), Woody Allen est brièvement rentré aux USA tourner sur un sujet qu’il affectionne : la déprime et le mal de vivre… Même si, à l’heure où nous imprimons, il est de nouveau en tournage sur la côte d’azur. Blue Jasmine, donc, met en scène Cate Blanchett comme vous ne l’avez jamais vue : déprimée, yeux bouffis, bouteille de vodka à la main. Il faut dire que, suite aux malversations financières de son époux volage, elle vient de perdre ledit mari et le train de vie fastueux qui allait avec. Elle trouve refuge chez sa sœur qui vit modestement du côté de San Francisco. Au programme : une difficile découverte de la réalité de la vie et une spirale de mensonges... Comme d’habitude, les bons mots fusent et le film est rythmé par le jazz (notamment par le titre Blue Moon). Que du plaisir en perspective !

Sources : dossier de presse.

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Sources : dossier de presse.

Les Conquérants France – 2013 – 1h36, de Xabi Molia, avec Mathieu Demy, Denis Podalydès, Christian Crahay…

Galaad est un comédien sans succès. Noé entraîne un tout petit club de foot. La vie ne leur réussit pas. Ils sont demi-frères mais se fréquentent peu et s’apprécient tout aussi peu. Ils se retrouvent par obligation à l’enterrement de leur père, un

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Elle s’en va France – 2013 – 1h53, de Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve…

Alors qu’elle approche les 70 ans, Bettie vient d’être quittée par son amant. En plein service de midi, elle quitte sa vieille mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant de Concarneau au bord de la faillite… et prend la route. Commence alors un road-movie à travers une France des sous-préfectures qui ressemble à celle de Depardon. Au fil des étapes, elle rencontre des personnages (l’actrice Mylène Demongeot, le peintre Gérard Garrouste, la chanteuse Camille…) dans une suite de portraits enchantés. Après le passionnant Backstage (04), Emmanuelle Bercot a écrit Elle s’en va pour pouvoir réaliser son rêve de filmer Catherine Deneuve… qui se révèle une nouvelle fois formidable et totalement bouleversante… et répondre à son angoisse du vieillissement. Un film qui évite toute nostalgie et dont on semble ressortir à la fois ému et le sourire aux lèvres. Sources : abusdecine.com – cinok.com

Elysium

USA – 2013 – 1h50, de Neill Blomkamp, avec Matt Damon, Jodie Foster, Sharlto Copley…

Ne nous voilons pas la face, Elysium est un blockbuster hollywoodien au gros budget.

Mais son sujet est politique et contestataire, puisqu’il s’agit de la lutte des classes ! Nous sommes en 2154 : la terre est ravagée par la pollution et la surpopulation. Y vivent entassés des milliards de pauvres, écrasés par la misère et la violence. Les riches se sont créé un paradis dans l’espace, Elysium. Et Max, un paria de la Terre, se fixe pour mission de pénétrer ce monde interdit et de l’ouvrir à tous. Cela donne un thriller de Science-fiction enthousiasmant, maîtrisé de bout en bout, qui fait suite à un premier opus, District 9, où Neill Blomkamp s’attaquait à l’apartheid, rien de moins ! Sources : dossier de presse.

Fifi hurle de joie

USA/France – 2013 – 1h36, de Mitra Farahani, avec Bahman Mohassess, Rokni, Ramin Haerizadeh...

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Mitra Farahani, cinéaste et peintre à la fois, avait en tête de retrouver Bahman Mohassess, grand artiste iranien contemporain, disparu de son pays en 1954, après avoir détruit la plupart de ses peintures et sculptures « pour ne rien laisser aux vautours ». Elle le retrouve, exilé dans la chambre d’un hôtel italien et réussit à l’apprivoiser. On vit intensément leur relation complice faite de moments où explosent aussi bien la joie, le désespoir, la violence, la provocation. L’envie de créer est là et Mitra Farahani trouve deux mécènes pour un chef d’œuvre à venir ... Ce film documentaire est étonnant et nous interroge. Mitra Farahani en est la réalisatrice mais l’acteur principal, Bahman Mohassess, n’hésite pas à lui dicter des citations, à influencer l’élaboration du film jusqu’au dénouement qu’on ne peut dévoiler ici. Le film a remporté le Prix international de la SCAM (Société civile des auteurs multimédias) au festival international de films documentaires Cinéma du réel au centre Pompidou. MS Les CARNETS du STUDIO

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Gabrielle

entre rêve et réalité est souvent floue. Une grande figure du cinéma coréen à (re)découvrir. RS

Gabrielle est la joie de vivre incarnée. Elle possède un don certain pour la musique et c’est, d’ailleurs, en participant à une chorale qu’elle a rencontré Martin. Entre elle et lui c’est le grand amour et tout irait pour le mieux si leurs familles respectives ne s’opposaient à cette histoire. Il faut préciser que Gabrielle et Martin sont déficients intellectuels et ne vivent pas de manière autonome. Ils vont donc devoir démontrer qu’ils peuvent être indépendants et capables d’assumer une vie de couple. Louise Archambault, pour ce second long métrage, a travaillé avec des comédiens non professionnels, certains interprétant leur propre rôle. Au plus près des personnages, le film ne donne jamais dans le pathos. Présenté au Festival de Locarno, le public lui a décerné son prix.

Filmographie sélective : Ha Ha Ha (2010), Les Femmes de mes amis (2009), Night and day (2008)

Canada – 2013 – 1h44, de Louise Archambault, avec Gabrielle Marion-Rivard, Alexandre Landry…

Sources : dossier de presse, cinoche.com, filmsquebec.com

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Haewon et les hommes

Corée du Sud – 2013 – 1h30, de Hong Sangsoo, avec Jung Eunchae, Lee Sunkyun, Yu Junsang, Jane Birkin…

Haewon, une jeune étudiante, a une liaison avec un professeur de cinéma, Seongjun. Alors qu’elle veut rompre, elle le recontacte lorsqu’elle déprime, suite au départ définitif de sa mère pour le Canada. Mais leur liaison est révélée par des étudiants rencontrés dans un restaurant. Tandis que Haewon, perturbée, s’endort, se cherche et s’épanche sur son journal intime, Seongjun propose qu’ils partent tous les deux… Le réalisateur du superbe Matins calmes à Séoul (The Day he arrives – 2011), lorsqu’il ne tourne pas (trois films tous les deux ans !), enseigne le cinéma à l’université. Tel Seongjun… Une ressemblance pas vraiment étonnante dans le cinéma, original, de Hong Sangsoo où la frontière

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Lettre à Momo

Japon – 2013 – 3’, Animation, de Bastien Dubois

avec Benicio del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee…

Jimmy Picard, Indien Blackfoot, souffre de graves troubles neurologiques depuis qu’il est revenu de la Seconde Guerre mondiale. Vertiges, pertes de connaissance, aveuglements… il n’est plus maître de sa vie. Sa sœur aînée l’emmène dans un hôpital militaire… où l’on trouve que tout semble fonctionner normalement dans son cerveau. Les médecins locaux décident alors de faire appel à un ethnologue et psychanalyste français d’origine hongroise, Georges Devereux, qui vit désormais aux Etats-Unis. Grand connaisseur des cultures amérindiennes, il pourrait apporter de nouvelles lumières sur l’origine des maux qui affectent Jimmy Picard. Seulement voilà, Devereux est un original, un ludion qui ne rentre dans aucune case… Adapté du récit que Devereux fit de ce cas, Jimmy P. est un film d’un grand classicisme mais aussi d’une très grande élégance beauté visuelle. B. Del Toro, massif et presque muet, et M. Amalric, tout en vivacité et exubérance sont tous deux remarquables dans deux rôles que tout oppose, mais l’ensemble des « seconds rôles » qui les entourent est tout aussi excellent. L’un des films les plus attendus de cette rentrée, Jimmy P. ne déçoit en rien ! ER

Voir pages Jeune Public

Japon – 2012 – 2h00, VO – VF film d’animation de Hikoyuki Okiura.

+ COURT MÉTRAGE semaine du 23 au 29 Portraits de voyage, Japon : Hojo Jutsu

Jimmy P. Psychothérapie d’un Indien des plaines France/USA – 2013 – 1h56, de Arnaud Desplechin,

Léo et Fred

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Momo a 11 ans et vit seule avec sa mère depuis que son père a disparu en mer. De lui, il lui reste des souvenirs bien sûr et une lettre inachevée. Ikuko préfère partir s’installer avec sa fille dans son île natale, mais pour Momo les choses ne sont pas plus simples : elle ne parvient pas à se faire des amis et demeure obsédée par cette missive dont elle voudrait tant connaître l’objet. Et puis elle culpabilise : elle avait eu une dispute avec son père. Elle a également le sentiment que d’étranges phénomènes se produisent : des ombres, des bruits, des disparitions… Okiura, animateur sur Metropolis, Innocence-Ghost in the Shell 2 et Paprika, aborde, treize ans après sa première réalisation Jin-Roh, la Brigade des loups, un sujet qui concerne tout le monde et souhaite qu’il « communique à chacun un peu de bonheur et lui donne des forces ». Ce conte fantastique et poignant a été primé dans de nombreux festivals. Sources : dossier de presse.

Voir pages Jeune Public

Loulou, l’incroyable secret Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill Voir pages Jeune Public

MaUSAvie avec Liberace – 2013 – 1h58, de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd…

Liberace était pianiste de music-hall : un monstre du spectacle, tout en excès et en démesure. Peu connu en France, il a enthousiasmé le public américain d’après-

guerre. Mort du sida en 1987, il a connu des aventures homosexuelles nombreuses, mais les a toujours niées pour ne pas ruiner sa carrière. Steven Soderbergh, qui a annoncé que ce film serait son dernier, s’attaque à la biographie de cet artiste extravagant en mettant en scène un épisode de sa vie sentimentale orageuse. En 1977 (il a alors 58 ans), Liberace rencontre le jeune Scoot Thorson, pour qui il s’enflamme. Leur liaison, secrète, va durer 5 ans et se terminer douloureusement dans l’outrance chère au musicien. Opposants au mariage homosexuel, s’abstenir. Les autres, courez voir le film. Sources : dossier de presse, telerama.fr, lemonde.fr.

Miele

France/Italie – 2012 – 1h36, de Valeria Golino, avec Jasmine Trinca, Carlo Cecchi, Vinicio Marchioni...

Irène, (l’éblouissante Jasmine Trinca, qui sera de presque tous les plans du film), aide clandestinement à mourir des personnes atteintes d’une maladie incurable. Sans que son père ou son amant ne soient au courant, elle voyage jusqu’au Mexique pour acheter le produit interdit, qui mettra fin aux souffrances des malades. Mais, un jour, un homme qui semble en bonne santé, lui demande de mourir. Il n’est pas dans ses convictions d’aider à un suicide. Irène est bouleversée et bouleversante. On partage ses doutes, son malaise. Pour finir, acceptera-t-elle de donner la substance mortifère ? Pour son premier film, Valeria Godino (actrice dans Rain Man et Respiro) a choisi un sujet très fort, tabou dans son pays particulièrement croyant : le suicide médicalement assisté. Pour elle : « Les êtres humains ont un droit profond et sacré pour décider de la fin de leur vie, et cela ce n’est pas contre Dieu ». À chacun de vous de prendre position en Les CARNETS du STUDIO

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toute liberté ! MS + COURT MÉTRAGE De riz ou d’Arménie France – 2011 – 7’, de Marchal Hélène, Samy Barras , Romain Blondelle , Céline Seille, Animation

Mon âme par toi guérie

France – 2013 – 2h02, de François Dupeyron,avec Grégory Gadebois, Céline Sallette, Jean-Pierre Darroussin, Marie Payen…

Frédi perd sa mère. Cette dernière lui a transmis un don. Comment assumer un tel don quand on a tant de mal à s’assumer soi-même, à trouver un vrai sens à sa vie, quand on ne trouve rien de solide à quoi s’accrocher ? Frédi semble traverser la vie et le monde sans y prendre vraiment part, sans parvenir à s’attacher à quelque chose ou quelqu’un. Un accident dont il se sent responsable va le contraindre à accepter ce don, à souhaiter par dessus tout que ses mains soient réellement capables de guérir celles et ceux qu’elles touchent… Révélé par Drôle d’endroit pour une rencontre (1988) qui réunissait Deneuve et Depardieu, François Dupeyron s’illustre également dans un thriller fantastique (La Machine, 1994), La Chambre des officiers (2001), Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran (2002), Inguelezi (2003), Aide-toi, le ciel t’aidera (2008). Auteur du scénario de tous ses films, il réalise ce dernier long métrage à partir de son roman Chacun pour soi, Dieu s’en fout. Il signe une œuvre audacieuse, originale, inclassable, libre. Et en même temps parfaitement accessible, ouverte, accueillante, servie par une distribution exceptionnelle. Sources : dossier de presse.

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Nos héros sont morts ce soir France – 2012 – 1h34, de David Perrault, avec Denis Ménochet, Jean-Pierre Martins, Philippe Nahon...

David Perrault réalise son premier long métrage en prenant le parti du noir et blanc et en situant l’action dans un décor

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d’amour et d’amitié. Il a obtenu le Prix un certain regard à Cannes et six nominations.

et une ambiance début des années 60. Vont s’affronter sur le ring deux amis, Simon et Victor, deux catcheurs. Le premier porte le masque blanc et représente Le Spectre, le justicier, le gentil. Le deuxième assume mal de porter le masque noir, celui de L’Équarrisseur de Belleville, le salaud. Il souhaiterait échanger son masque noir contre le blanc, les huées contre les applaudissements... mais le public, l’entourage s’en apercevra-t-il ? La peur n’est pas loin, les paris se font et se défont, les mafieux rôdent, les liaisons amoureuses s’invitent derrière le zinc des bistrots... Si vous voulez retrouver le spectacle d’une passion révolue pour le catch français, n’hésitez pas ! Dans ce film original et audacieux, nous retrouvons Denis Ménochet, très courtisé ces temps-ci, qui s’empare du rôle de manière fascinante. MS

Sources: dossier de presse.

+ COURT MÉTRAGE semaine du 16 au 22 La Quarantième marche France – 2011 – 6’ de Nicolas Saada, avec Grégoire Leprince-Ringuet, Marie Carpentier

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Le vendredi 25 octobre Ciclic et les Cinémas Studio proposent une rencontre avec David Perrault, le réalisateur, après la projection de 19h45.

Omar

Palestine – 2013 – 1h 37, de Hany Abu-Assad, avec Waleed Zuaiter, Adam Bakri…

Trois copains palestiniens décident de former leur propre cellule de résistance mais, après un entraînement intensif, leur première action tourne mal, un soldat Israélien est tué. À l’issue d’une course-poursuite dans les rues de Gaza, Omar, l’un d’entre eux, est arrêté par la police israélienne. Il est innocent. En échange d’une promesse de trahison, on le relâche. Dès lors, il est suspecté par ses amis et la femme qu’il aime… Ce film sensible et attachant du réalisateur de Paradise Now, est entièrement produit par la Palestine. Le fond en est l’action politique, mais c’est surtout une histoire

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Papa vient dimanche Roumanie – 2012 – 1h48, de Radu Jude, avec erban Pavlu, Sofia Nicolaescu, Mihaela Sîrbu , Gabriel Spahiu…

Marius, quadragénaire, vit à Bucarest : il est divorcé, il n’a pas la garde de sa fille, cinq ans. Il doit l’emmener à la gare mais, quand il passe chez son ex-femme, Otilia, tout se gâte. Otilia lui dit que sa fille est malade, puis refuse de la lui laisser. S’ensuivent des séquences de chantage affectif et de violence verbale auxquelles se mêle le nouveau compagnon d’Otilia. Le réalisateur mélange intentionnellement les tons, humour, amour, violence, jeux, le tout pêle-mêle. De ce grand foutoir jaillit un monde qui ressemble à la Roumanie, vue par son réalisateur, monde à la fois sinistre et tendre, mais aussi plein de vitalité et de débrouillardise. C’est le deuxième long métrage de Radu Jude, après La Fille la plus heureuse du monde, en 2009. Sources : dossier de presse.

La Petite fabrique du monde

Quai d’Orsay

France – 2013 – 1h53 – de Bertrand Bertrand Tavernier, avec Julie Gayet, Anais Demoustier, Thierry Lhermitte, Raphaël Personnaz, Niels Arestrup…

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La satire politique a toujours occupé une grande place dans le cinéma de Tavernier. En s’inspirant de la BD à succès de Blin et Lanzac (ce dernier a participé au scénario), il nous emporte au cœur du ministère des Affaires étrangères du temps de Villepin ; l’occasion d’observer au plus près des personnages centraux de la vie politique française, qui résolvent des questions primordiales, tout en se comportant comme s’ils jouaient dans une comédie hollywoodienne farfelue des années 1930. Au centre le ministre, crinière argentée sur un corps d’athlète légèrement halé, il est fougueux, intelligent, arrogant et toujours en mouvement. Très cultivé il peut gloser sur n’importe quel sujet (Lhermitte, étonnant de vérité). Dans ce ministère en état de chaos, on y croise aussi le « le machiavel » indispensable aux rebonds de l’histoire (Arestrup) et une foule de personnages qui courent, tentent de placer une idée auprès du prince... Mais encore fautil apprendre à composer avec sa susceptibilité et son entourage sans compter le stress, l’ambition et les coups fourrés... Un régal en perspective ! Sources : dossier de presse – festival de San Sebastian.

Mercredi 9 octobre à 19h45, avant-première et rencontre avec Bertrand Tavernier et, sous réserve, Julie Gayet, à l’issue de la projection de 19h45

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Qui voilà ? Percy Jackson, la Mer des monstres Voir pages Jeune Public

Poupi Voir pages Jeune Public

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R

Room 514

Israël – 2011 – 1h31, de Sharon Bar-Ziv, avec AsiaNaifeld, Ohad Hall, Guy Kapul…

Anna, jeune femme idéaliste, est enquêtrice dans l’armée israélienne. En confron-

film proposé au jeune public, les parents restant juges. Les CARNETS du STUDIO

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tant un officier supérieur à des accusations de violence gratuite envers un Palestinien, elle est mise à l’épreuve dans sa propre intégrité. Malgré la complexité de l’affaire et les avertissements de ses collègues, Anna prend nettement position contre ce qui s’apparente à un abus de pouvoir. Pourtant, sa quête déterminée de justice ne sera pas sans de lourdes conséquences pour toutes les personnes concernées. Room 514, premier long-métrage de Sharon Bar-Ziv, est inspiré d’événements réels survenus en Israël. L’implication des acteurs masculins tous ex-soldats apporte une certaine dimension documentaire. Dans un univers aux rapports de force complexes où la sexualité semble jouer un rôle important, le monde militaire et la vie intime se mêlent dans ce huis-clos dérangeant. Room 514 a reçu la Mention spéciale du Jury au Festival du film de TriBeCa à Manhattan. Prometteur ! Sources : dossier de presse, lacid.org

+ COURT MÉTRAGE semaine du 9 au 15 Les Chroniques de la poisse (Pas de peau pour l’ours) France – 2010 – 6’, de Osman Cerfon, Animation

S

Salvo Film du Mois. Voir au dos du Carnet.

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Vandal

France – 2013 – 1h24, de Hélier Cisterne, avec Zinédine Benchenine, Chloé Lecerf, Emile Berling, Jean-Marc Barr, Brigitte Sy, Marina Foïs...

Avec Les Deux vies du serpent et Les Paradis perdus, deux moyens métrages, Hélier Cisterne a marqué les esprits tant il y montrait du talent et de la maturité. Pour Vandal, son premier long métrage, il s’écarte de chemins trop balisés pour faire le portrait d’un adolescent.

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Chérif, quinze ans, est rebelle et solitaire. Dépassée, sa mère décide de le placer chez son oncle et sa tante à Strasbourg pour continuer un CAP de maçonnerie. Chérif étouffe mais il découvre des grapheurs qui œuvrent sur les murs de la ville toutes les nuits. Un nouveau monde s’ouvre à lui... Entouré d’acteurs chevronnés pour les rôles secondaires et d’artistes reconnus comme Lokiss, Pisco Logik ou Orca pour les graffitis et peintures murales, Hélier Cisterne a beaucoup d’atouts et son Vandal est très prometteur. JF

La Vie d’Adèle - Chapitres 1 & 2 France – 2013 – 2h59, de Abdellatif Kechiche, avec Adèle Exarchopoulos, Léa Seydoux…

À 15 ans, entre sa famille et ses copains du lycée, Adèle vit une vie ordinaire. Tout bascule quand elle croise Emma, la bouleversante étudiante en arts plastiques aux fascinants cheveux bleus… En choisissant de donner une inédite triple Palme d’or (au réalisateur et aux deux actrices), le jury du dernier festival de Cannes a fait preuve d’un vrai courage, non pas parce qu’il s’agit de la naissance d’une passion entre deux femmes (« Peu importe la sexualité, c’est un film d’amour profond, magnifique » a déclaré Spielberg, le président du jury), mais parce qu’il récompense une œuvre dont la longueur et la crudité lui interdiront la plupart des circuits de distribution mondiaux. Et pourtant, tous les critiques ont eu le sentiment d’être éblouis par un film qui marquera l’histoire du cinéma ! L’impudeur et l’ivresse des scènes de sexe pourront choquer car on y retrouve le goût du réalisateur pour les très gros plans et les scènes très longues mais ils lui permettent d’atteindre ici une intensité émotionnelle et réflexive qu’il n’avait jamais eue, même dans les magnifiques L’Esquive (04) et La Graine et le mulet (07). « Un pur bloc de beauté, de

courage, d’intelligence, de noblesse, un film impossible à épuiser en une vision et une critique ». Avec deux très grandes actrices. Sources : lesinrocks.com – lemonde.fr – telerama.fr – liberation.fr

La Vie domestique

France – 2013 – 1h33, de Isabelle Czajka,avec Emmanuelle Devos, Julie Ferrier, Natacha Régnier, Héléna Noguerra...

Juliette vient de s’installer, avec son mari et ses enfants, dans une banlieue résidentielle non loin de Paris. Elle rencontre Betty, Marianne et Inès, des voisines, qui toutes, comme elle, ont la quarantaine, des enfants à élever, des maisons à entretenir et des maris qui rentrent tard.

Juliette aimerait ne pas se fondre dans le même moule, d’autant qu’elle attend une réponse pour un poste dans une maison d’édition qui pourrait changer sa vie de tous les jours... Troisième film d’Isabelle Czajka après L’Année suivante et D’amour et d’eau fraîche, La Vie domestique est inspiré du roman de Rachel Cusk, Arlington park. La réalisatrice montre une grande finesse ; jamais moqueuse avec ses personnages, elle révéle les failles mais elle ne juge pas. Et la distribution est superbe, menée par Emmanuelle Devos qui après Le Temps de l’aventure poursuit une année exceptionnelle. JF

les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

mardi 15 octobre-19h30 Partenariat Cinémathèque/Studio Une soirée deux films

Billy le Menteur

1963-GB Noir et Blanc 1h38, avec Tom Courtenay, Julie Christie.

lundi 7 octobre-19h30

21h15 Marathon Man

1976-USA-2h05, avec Dustin Hoffman, Lawrence Olivier, Marthe Keller.

En partenariat avec l’Abbaye de Fontevraud

Suivez la route de l’animation

lundi 21 octobre-19h30 Le Commencement de Loïc Barché-2013-France Couleurs-37’

Programme de courts métrages d’animation contemporains chinois, présentés par Chen Chen, auteur chinois de films d’animation, en résidence à Fontevraud. 55’

Le mythe de Faust, revu par un ancien élève du lycée Balzac de Tours ; en présence du réalisateur.

lundi 14 octobre-19h30

20h15 Goupi Mains-Rouges

Partenariat Cinémathèque/Studio HOMMAGE À JOHN SCHLESINGER

Macadam Cowboy

1969-USA Couleurs 1h48, avec Dustin Hoffman et Jon Voight.

Interdit aux moins de 12 ans.

de Jacques Becker-1942-France-1h44, avec Fernand Ledoux, Robert le Vigan, Blanchette Brunoy.

lundi 28 octobre-19h30 Pat Garett et Billy le Kid

de Sam Peckinpah-1973-USA1h46, avec James Coburn, Kris Kristofferson, Bob Dylan.

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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En bref…

Ici. . . ` RÉSURRECTION Malgré l’attente impatiente de ceux qui conservaient un souvenir étonné et ému de son premier opus Toto le héros, et le succès de Le Huitième Jour, son ambitieux Mr Nobody fut un cuisant échec (reconnaissons que l’on s’ennuyait ferme et que le sujet était abscons). Néanmoins, Jaco Van Dormael rebondit avec La Fille de Dieu. À cette occasion, il retrouvera Daniel Auteuil, qui en 1996, avait reçu le prix d’interprétation à Cannes avec Pascal Duquenne, pour leurs prestations dans Le Huitième Jour. Le comédien devra déployer tout son talent, dans cette comédie fantastique, puisqu’il interprétera… Dieu. ` D’ENTRE LES MORTS Eric Rohmer a fait tourner Jocelyn Quivrin dans Les Amours d’Astrée et de Céladon en 2007. Très marqué par cette rencontre, le jeune comédien s’en inspirait pour écrire un scénario intitulé Maestro. Après le décès de Jocelyn Quivrin dans un accident de voiture (quelques mois avant la disparition du réalisateur), le projet aurait pu demeurer inachevé si Léa Fazer, réalisatrice de Notre univers impitoyable et Ensemble, c’est trop avec Jocelyn Quivrin et co-auteure de Maestro, n’avait finalement fait le choix de, malgré tout, le mener à terme. Pio Marmaï (¨Le Premier jour du reste de ta vie) incarnera donc ce jeune comédien qui rêve de tourner dans un film d’action et se retrouve sur le plateau d’un réalisateur de films d’auteur, qui sera interprété par le grand Michael Lonsdale. Bel hommage !

et ailleurs. . . Qui a découvert Le Petit Prince dans son enregistrement d’origine, ne peut imaginer un autre que Gérard Philipe dans le rôle de l’aviateur-narrateur ; de même que les illustrations demeurent celles créées par Saint-Exupéry lui-même (Joann Sfar, en 2008, a proposé une version dessinée pas vraiment convaincante). Qu’on le veuille ou non, il y a des monuments intouchables mais par principe, certains veulent démontrer qu’ils sont capables de relever la gageure. Ainsi Mark Osborne, co-réalisateur de Kung-fu panda, annonce une version animée en 3D (n’est-ce pas un peu gadget dans ce cas précis ?), avec des voix de comédiens de premier plan : James Franco, Marion Cotillard, Benicio Del Toro, Rachel McAdams et Jeff Bridges pour le récitant. Mais qui les doublera en français… ` FEMME FATALE

Marion Cotillard a décidément plus d’une corde (vocale) à son arc ! Elle s’apprête à

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` EN FAUDRA T-IL DEUX POUR ÊTRE HEUREUX ?

On a déjà pu constater que ce n’était pas toujours une très bonne idée de revisiter les classiques, surtout quand la première version était excellente. Il est donc nécessaire que la proposition soit réellement innovante et témoigne de la créativité de celui qui se risque à revisiter le monument ! Cette fois, c’est Mowgli et Baloo qui devraient subir un lifting. Ils seront opérés d’une part par les studios Disney, des spécialistes s’il en est puisqu’ils avaient déjà proposé leur version animée du Livre de la Jungle de Kipling en 1967 ; et d’autre part, par la Warner. Les deux projets devraient être réalisés en prises de vues réelles avec des comédiens, humains et animaux, en chair et en os. Quant à savoir si Baloo poussera de nouveau la chansonnette… ` LES RAISONS DE LA COLÈRE

Dans la série « relecture », les studios DreamWorks s’attaquent aux Raisins de la colère de Steinbeck. En 1940, John Ford proposait sa version de l’exode de Tom Joad et de sa famille pendant la Grande Dépression. L’interprétation de Henry Fonda demeure à jamais gravée dans les mémoires et le film reçut deux Oscars. Est-ce la crise mondiale, et la misère qui va avec, qui ont donné à envie à Spielberg de réveiller les consciences ? On ignore les noms de ceux qui oseront emboîter le pas aux géants Ford et Fonda ! ` LEONARDO LE MAGNIFIQUE

` VOIX ROYALES ?

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relever un gant sur lequel plus d’une grande comédienne s’est brisé les dents, Simone Signoret notamment : incarner Lady Macbeth! Son royal époux aura les beaux yeux de Michael Fassbender Tandis que Justin Kurzel (Les Crimes de Snowtown) orchestrera ces mythiques noces sanglantes.

Ayant joué dès son plus jeune âge dans la cour des grands sous la direction de réalisateurs nommés Hallström, Holland, Raimi, Luhrmann, Allen, Boyle… « Titanisé » à 23 ans par Cameron, adoubé par Martin Scorsese, au même titre que Robert De Niro, comme alter-ego du maestro, Leonardo DiCaprio semble ne pas devoir tomber du sommet de la vague et n’en finit pas de tourner avec les plus grands, dans des projets exigeants ! Dans Legacy of Secrecy de David O. Russell, il retrouvera Robert De Niro pour un projet sur l’assassinat du Président Kennedy. S’appuyant sur des documents déclassifiés du FBI, le film explorera l’hypothèse du meurtre commandité par Carlos Marcello parrain de la mafia. Le comédien devrait également enfiler la défroque de Raspoutine (ce ne devrait pas être le même costume que celui porté par Depardieu récemment). Un nouveau personnage habité et même hanté comme les affectionne Leonardo Le Magnifique. IG Les CARNETS du STUDIO

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Bande annonce

À propos de Aya de Yopougon

Aya de Yopougon, ou l’apprentissage du mensonge et de la désobéissance.

Femmes victimes de violences… Encore ?

Le 25 novembre est déclaré par l’ONU Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes. Les violences sont une atteinte aux droits les plus élémentaires.

Dans le monde entier, des millions de femmes et de filles sont agressées, insultées, humiliées, battues, violées, mutilées, assassinées. Ces agressions, ces insultes, ces paroles humiliantes, ces violences sexuelles, ces violences dans les relations amoureuses, ne sont pas « normales » : ce sont des infractions que la loi punit en tant que délits ou crimes. N’ignorons pas qu’en France, c’est une femme qui décède sous les coups de son conjoint tous les 2,5 jours. Les violences c’est aussi ici et maintenant. Les violences faites à l’encontre des Femmes sont un fait de société, dont depuis des millénaires elles subissent les atteintes, car le patriarcat les infériorise.

Parce que ce phénomène est grave, parce qu’il est encore trop peu connu et mal analysé, nous proposons de poser les jalons indispensables à la compréhension de ce fléau sociétal. En Indre-et-Loire, des actions de prévention et de lutte contre les violences faites aux femmes sont mises en œuvre. «Prévenir, protéger, pénaliser» montrent l’efficacité d’une prise en charge globale pour les femmes victimes de violences, les hommes auteurs et leurs enfants qui souffrent en étant témoins des violences intrafamiliales. Former, sensibiliser, éduquer, outiller les professionnels et les victimes, c’est rentrer en guerre contre toutes les formes de violences faites aux femmes, insupportables dans une société démocratique.

T

rois jeunes filles dans les années 70, en Côte d’Ivoire, à Abidjan en proie à leurs désirs et confrontées à la difficulté de les réaliser. Aya, sage héroïne, voudrait faire des études de médecine, mais son père n’en voit pas l’intérêt pour une fille, ni la possibilité de les financer. Adjoua et Bintou, ses amies, ne rêvent que de garçons : l’une succombe aux charmes d’un séducteur et perd ses illusions romantiques, l’autre se retrouve enceintée, à l’occasion d’une nuit de maquis, autrement dit, d’un bal. Voilà la trame de l’histoire, qui nous offre une lecture en filigrane de la société ivoirienne de l’époque. Société peu permissive pour les femmes, mais où celles-ci se débrouillent, en trichant, intriguant, avec humour et sens de l’entraide. S’il s’agit d’aller danser et séduire la nuit, toutes les combines sont bonnes: une amie dormira dans le lit de la belle et le père ne se doutera de rien, après son habituel comptage de pieds dans la chambre des enfants. S’il faut trouver un père pour reconnaître un enfant à venir, mieux vaut le prendre riche, pour couvrir la honte familiale, même si c’est peu crédible ! La Côte d’Ivoire à cette époque était à la fois joyeuse et violente : joyeuse, car il était toujours possible de trouver de petits arrangements entre soi, en famille, dans le même quartier, la même ethnie. La fin du film en témoigne, lorsque la maîtresse délaissée par le père d’Aya, vient chez lui et abandonne les enfants illégitimes, et bien, cela fait deux petits pensionnaires de plus dans la cour de la maison,

sous le regard attendri d’Aya et sans trop de remous dans la famille. Violente, car les relations humaines sont basées sur l’exercice d’un pouvoir absolu dans une société fortement hiérarchisée, entre patrons despotes et employés serviles, entre pères autoritaires et femmes soumises, entre parents exigeants et enfants démunis. Certes, ce film d’animation, réalisé par les auteurs de la BD éponyme, ne manque pas de fraîcheur et d’humour, ni de précision dans le dessin de certains quartiers d’Abidjan et la restitution des publicités de l’époque. Toutefois, pour y avoir vécu alors, j’ai trouvé très surprenant que les rapports entre les Ivoiriens et les blancs soient escamotés ! Or, c’était une période très dure, celle de l’voirisation, qui consistait, pour les français, très nombreux, à transmettre savoir et pouvoir aux Ivoiriens. Et cela ne se faisait pas sans heurts, sans oublier les rivalités internes, ce pays étant composé d’une grande diversité ethnique. Marguerite Abouet, auteure de l’histoire, est partie trop tôt de Côte d’Ivoire, à l’âge de 12 ans, pour en vraiment percevoir et restituer la complexité. Elle nous donne à voir son imaginaire d’enfant, la vision qu’elle avait des femmes, à travers celle d’une mère libérée, arborant fièrement un pantalon pattes d’éléphant, dit-elle au cours d’une interview récente, ce qui est loin de constituer une analyse politique... CP

COLLECTIF pour la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, coordonné par Nadine Lorin, chargée de mission.

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu : AYA de YOPOUGON de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie

Magie de certains films d’animation : parvenir à nous faire oublier que ceux dont nous suivons les péripéties ne sont « que » des dessins ; faire que l’on s’insurge, tremble, s’émeut, rit (ah la découverte des frimousse et chevelure du nouveau-né !) à leurs déboires ou joies sans mièvrerie mais avec beaucoup de dérision ! À quand la suite ? IG Pour les amateurs de la BD des mêmes auteurs, peut-être aurait-il fallu s’éloigner un peu plus de l’histoire originale (comme avait su le faire le prolifique Sfar dans son adaptation de sa BD Le Chat du rabbin) mais j’ai quand même pris beaucoup de plaisir à voir Aya sur grand écran notamment grâce à la musique si chantante du français de Côte

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d’Ivoire (à la fin de chaque tome, Marguerite Abouet donne des recettes de cuisine ; ici, les voix des personnages sont une épice supplémentaire). Si l’animation manque de fluidité, les plans aériens d’Abidjan dessinés par Clément Oubrerie sont très beaux. L’inclusion d’authentiques publicités des années 70 à l’intérieur de l’animation est également une excellente idée… DP L’intérêt ethnographique du film se trouve peut-être davantage dans les publicités qui entrecoupent l’animation, plutôt que dans la fiction elle-même. EC Je ne connais pas la bande dessinée dont c’est l’adaptation mais le film m’a laissé sur ma faim. Même si l’hu-

mour et le pittoresque des personnages est agréable, j’ai trouvé qu’ Aya de Yopougon était répétitif et s’essoufflait assez vite. Heureusement il y a la présence de la voix d’Aïssa Maïga... JF Que la vie est fatigante à Yop city ! D’abord ça n’arrête pas de jacasser à un rythme de mitraillette avec des héééé pour commencer les phrases, des oooh pour les conclure ; en fond, les crooners ivoiriens hurlent dans les transistors entre deux pubs décalées. Et comme les filles belles comme un cacao qui sèche au soleil ne pensent qu’à aller gazer toutes les nuits pour courir les môgos (de préférence habillés par Tati, le plus grand couturier de Paris), ça ne s’arrête jamais… C’est coloré, truculent, chaleureux et chantant. On se croirait en vacances ! SB

Que ce soit à Abidjan ou à Paris, en Côte d’Ivoire ou en France, les préoccupations des jeunes filles, féministes ou non, sont bien les mêmes. Le film développe là le thème universel de l’émancipation. L’ambiance graphique m’a séduite bien que le procédé d’animation soit basique. Méconnaissant la BD, je ressens aujourd’hui le désir de la découvrir. MS L’animation un peu hésitante ne facilite pas forcément l’entrée dans l’univers de ces jeunes femmes, mais leur soif de vivre, l’humour qui est mis à dépeindre leurs ruses et leurs déboires font vite oublier quelques soucis techniques. Mention spéciale également pour les publicités vintage qui apportent un décalage des plus savoureux. ER

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Hommage Noémie Lvosky

Le sourire de Noémie

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amille est une actrice ratée. Elle ne supporte plus les tournages minables. Le temps qui passe et son amour de jeunesse qui s’en va, qui la quitte. Alors Camille boit. Trop et trop souvent. Jeanne est une réalisatrice qui ne tourne plus. Quitté par son ami, à bientôt 50 ans, à part son chien, sa vie est vide. Alors Jeanne se noie dans l’alcool. Deux personnages défaits qui se répondent. Dans Camille redouble, Camille est brutalement projetée dans son passé et retrouve sa vie d’autrefois quand elle avait 16 ans, avant la mort foudroyante de sa mère, dont elle ne s’est jamais remise. Dans Chez nous, c’est trois, Jeanne finit par accepter une tournée minable en Bretagne pour présenter ses premiers films à un public clairsemé, en attendant l’improbable

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financement de son dernier projet. Là aussi, elle est également projetée dans son passé puisque cette tournée se déroule autour de la petite ville dont elle est originaire et elle y rencontre forcément son amour de jeunesse, qu’elle n’a jamais vraiment oublié. Pour les deux films, la même magnifique actrice porte le récit : Noémie Lvovsky ! La réussite de ces deux histoires assez improbables (revivre son passé d’adolescente avec son corps de femme mûre, faire vivre le scénario de Claude Duty qui peine bien souvent, malgré d’excellentes trouvailles, à être totalement crédible) repose entièrement sur son actrice principale et la subtilité de son jeu. Même si elle se défend d’être totalement une actrice, sa présence illumine chacun de ses rôles. « J’avais

déjà 30 ans quand j’ai joué pour la première fois, je n’ai pas de formation de comédienne, je n’ai pas fait de théâtre, je n’ai pas la discipline de vie d’une actrice qui sait qu’elle ne doit pas fumer trois paquets de clopes par jour ni prendre 20 kilos… je n’ai pas cette vie-là, ces attentes-là. Je suis réalisatrice. Et un peu scénariste. » On le sait, le monde du cinéma est particulièrement cruel avec les femmes. Le dernier festival de Cannes en fut encore la preuve, les réalisatrices sont rares et les actrices sont révérées comme des stars à condition qu’elles soient jeunes et belles et le restent presque éternellement, chirurgie esthétique aidant. Alors, il y a quelque chose de merveilleux à voir cette femme de bientôt 50 ans, ronde, acceptant ses rides et ses cernes, être aussi belle sur les écrans. Avec son sourire « qui irradie », irrésistible. Elle a bien sûr raison d’insister sur son parcours de réalisatrice – cinq films de 1994 à 2012, tous passionnants1 - elle est devenue une actrice qui compte (chez Arnaud Depleschin, Emmanuelle Bercot, Riad Sattouff, Valéria Bruni-Tedeschi).

Dans deux films récents, elle était magistrale dans un second rôle clé : dans l’Appolonide de Bertrand Bonello, elle était la tenancière de la maison close où se déroule tout le film. Dans Les Adieux à la reine de Benoît Jacquot, elle joue madame Campan, la femme de chambre de Marie-Antoinette. Dans l’un et l’autre, elle est celle qui met en scène, qui donne accès au théâtre splendide et horrible de la prostitution (les clients sont joués par des réalisateurs : Xavier Beauvois, Jacques Nolot…) ou au théâtre ritualisé et absurde de l’ancien régime à bout de souffle. Celle qui donne accès aux coulisses de ces mondes clos sur euxmêmes. A la fois pleinement actrice et totalement metteuse en scène : les deux vies de Noémie Lvovsky 2. Espérons donc que le succès continue à lui sourire, autant comme réalisatrice que comme actrice. DP 1 Oublie-moi (94), La Vie ne me fait pas peur (97), Les Sentiments (03), Faut que ça danse (07), Camille redouble (12) 2 Titre d’un très bel article de Serge Kaganski (Les Inrockuptibles du 15/09/12).

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Rencontre Aurélia Poirier

Rencontre Académie Francis Poulenc

Le 25 juillet, entre un coup de chaleur et un orage nocturne, Aurélia Poirier est venue présenter le premier long métrage dont elle tient le rôle principal : La Cinquième saison, réalisé par un couple belgo-américain (Peter Brosens et Jessica Hope Woodworth).

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our lancer la discussion d’après-projection, après avoir rappelé que « le film, loin d’être grand-public, a un aspect presque expérimental », Aurélia Poirier commence par évoquer l’atmosphère presque magique dans laquelle baigne cette Cinquième saison et précise qu’il lui semble important d’accepter de se laisser porter par l’extrême beauté formelle des images, de se laisser emporter par cet univers qui ne répond plus aux règles que nous connaissons. Les premières questions portent bien entendu sur le parcours de la jeune actrice : « Après un bac option théâtre au Lycée Grandmont, j’ai fait le Conservatoire d’art dramatique à Tours puis, tout en faisant de la danse, j’ai continué à l’École nationale supérieure des Arts et Techniques du théâtre de Lyon puis j’ai fait une série télé (La Lazy company). Pour La Cinquième saison, j’ai répondu à un casting qui cherchait une fille jeune, avec des yeux clairs, qui pouvait avoir l’air renfermée… et ça a marché ! » • Où ce film a-t-il été tourné ? Il y a certains décors ou paysages tout à fait saisissants… Nous avons tourné en Belgique, dans la région où les deux réalisateurs vivent, souvent dans le village même où ils habitent. Une partie des figurants du film sont les habitants du village en question, la (très belle) scène de danse country a été tournée avec le club local de danse country. Le magnifique décor de la car-

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rière est juste cela : une carrière, très minérale, très sombre, avec des bouleaux qui poussent au fond… • Tourné avec un budget très serré dans des délais beaucoup plus courts qu’un film « ordinaire », La Cinquième saison n’a peut-être pas toujours été très facile pour une actrice ? Nous avions un peu travaillé les rôles en improvisation avant, comme j’étais la seule actrice à ne pas venir de Belgique, j’étais présente à peu près tous les jours, les autres acteurs pouvant rentrer chez eux les jours où ils ne tournaient pas. Les conditions n’étaient vraiment confortables mais le tournage a été passionnant. • L’une des caractéristiques du film est l’utilisation de plans longs : qu’est-ce que cela change pour les acteurs par rapport au système plus habituel de séquences très découpées, avec des plans bien plus courts ? Si l’on vient du théâtre, c’est nettement mieux pour les acteurs, on a vraiment le temps d’entrer dans la scène, de s’approprier le personnage… Troisième film réalisé par ce couple belgoaméricain, La Cinquième saison fait vraiment regretter que les deux premières oeuvres (Altiplano et Khadak, tournés respectivement au Pérou et en Mongolie) ne soient pas distribuées en France : les deux réalisateurs ont un sens de la poésie visuelle et savent vraiment tirer le meilleur de leurs acteurs et actrices… ER

Sans bagage mais pas sans charme

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omme le rappelait François Leroux, ce rendez-vous de fin d’été de l’Académie Francis Poulenc a déjà sept ans. Cette année, un film rare a été choisi : Le Voyageur sans bagage. Un film peu connu, pas vu depuis des années, d’ailleurs, il n’en existe pas de copie et nous ne pourrons voir qu’une version DVD.

Jean-Claude Penchenat fera l’historique de ce film. D’abord pièce de théâtre, la quatrième pièce écrite en 1927 par Jean Anouilh, jeune dramaturge de 25 ans alors en pleine ascension. Il adaptera le film en 1944, sous l’occupation, avec le célèbre scénariste Jean Aurenche. Inspiré d’un fait réel, fréquent dans l’entre deux guerres, (un jeune amnésique recherché par sa famille) il reprend l’un des thèmes familiers de son œuvre : un jeune homme révolté contre la société. Tournant sous Vichy, les scénaristes ont voulu échapper à la censure en éliminant beaucoup de références à 14-18, présentes dans la pièce. Mais on retrouve dans ce film quelque chose des rancœurs de la guerre (la première scène, emblématique, insiste sur le personnage de l’éclopé), l’atmosphère de dénonciations. Le Voyageur sans bagage a été tourné la même année que Le Corbeau de Clouzot. Ce chef d’œuvre a été interdit pendant trois ans

après l’occupation car il donnait une mauvaise image de la France. Pierre Fresnay a lui aussi été interdit. Alsacien, on lui reprochait son comportement pendant l’occupation. Il a été tourné à Senlis mais ce pourrait être à peu près partout. On retrouve dans ce film le fantastique d’Anouilh, son goût pour le mélange des genres. Beaucoup d’acteurs, très connus au théâtre, ont un jeu outré, caricatural alors que Pierre Fresnay est toujours très juste. Il y avait une vraie complicité entre Anouilh et Poulenc. Ce n’est pas une grande partition mais une stagiaire note qu’elle lui ressemble bien, « avec son côté voyou » alternant avec des thèmes très doux. Le thème des Mélodies villageoises a été composé à la même époque. L’utilisation des silences est très intéressante. Dans la musique de film actuelle, tous les moments dramatiques sont annoncés musicalement quelques secondes avant, soulignés d’une façon insistante. Ici, par la musique, les moments de silence prennent beaucoup de force. Pour finir cette rencontre, François Leroux a pu annoncer à la fois le thème de la prochaine académie Verlaine mis en musique et le film qui sera projeté en août prochain Rimbaud-Verlaine (Total Eclipse en anglais) de la réalisatrice polonaise Agnieszka Holland. Le film a été mal accueilli à sa sortie en 1997 mais selon lui : « Elle a trouvé des clés passionnantes dans les relations entre deux personnes géniales » et c’est l’un des meilleurs rôles de…. Leonardo di Caprio ! Rendez-vous en août 2014 ! DP François Leroux est chanteur lyrique et directeur de l’Académie Francis Poulenc. Jean Claude Penchenat est un comédien, metteur en scène qui y enseigne (il a cofondé le Théâtre du soleil avec Ariane Mnouchkine !)

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Interférences Gold/Intervallo

dehors-dedans C

ertes, il y a bien eu dans le dernier Tarantino Django unchained, le rocambolesque personnage du dentiste teuton auquel Christoph Waltz a donné son charme toujours aussi irrésistible… ainsi qu’une variation afro-américaine plutôt iconoclaste du mythe de Lohengrin ! Mais, il était difficile d’imaginer que, quelques mois plus tard, nous serions les spectateurs étonnés d’un western germanique intitulé Gold. Confronter les grands espaces canadiens avec la langue de Goethe, il fallait oser. Thomas Aslan l’a fait en constituant une caravane de chercheurs d’or en herbe sur la côte est des Etats Unis afin de les conduire jusqu’à cet ouest de tous les fantasmes, poussés par la fièvre de l’or et la perspective d’une vie meilleure. Arrivés dans le nouveau monde il y a quelques années et n’y ayant trouvé qu’une vie somme toute misérable, ils sont prêts à tout et notamment à parcourir les milliers de kilomètres à travers les forêts jusqu’au Klondike de leurs

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rêves puisqu’ils n’ont pas les moyens de se payer le bateau jusqu’au Pacifique. Le film raconte un voyage où il ne se passe presque rien si ce n’est les aléas catastrophiques des grands espaces naturellement hostiles. Un no man’s land où l’on se perd, où l’on perd tous ses repères, tout espoir, et souvent, la vie. Ce récit linéaire aurait pu s’appeler Into the wild. Peu à peu, dans ce huis clos à ciel ouvert, le groupe se disloque et ne reste plus qu’Emily Meyer et le guide chargé des chevaux. Parallèlement à leur déplacement dans l’espace infini de la forêt canadienne toujours recommencée, un autre parcours a lieu, en eux ; la naissance d’un sentiment qui ressemble fichtrement, même s’il ne se paie pas de mots, à de l’amour.

minime, aura une unité de lieu (un hôpital désaffecté) et de temps (une seule journée). Comme le titre le dit, il s’agit d’une parenthèse dans la vie monotone d’un garçon de 18 ans qui vend du granité avec son chariot ambulant, l’été. Un gros bras de la mafia lui a donné l’ordre de surveiller une jeune fille de 15 ans qu’il ne connaît pas. Il ne sait pas ce qu’on lui reproche, il ne sait pas combien de temps durera sa détention, il sait juste qu’il a tout intérêt à ne pas la laisser s’échapper. Pendant tout le début du film, il ne se passe rien. Ils ne se disent rien. Ils se regardent en chiens de faïence. Puis Veronica disparaît. Il la retrouve. Elle peut fuir et ne le fait pas. Ils explorent lentement le labyrinthe que constituent les milliers de mètres carrés de l’hôpital psychiatrique en ruines qui devient, peu à peu, un terrain de jeu, un terrain d’entente. Salvatore et Veronica se parlent (avec la saveur particulière du napolitain, à la musique si différente de l’italien – le film est sous-titré partout dans la péninsule, même à Naples !), racontent des his-

toires anodines de leur vie. Ils découvrent une barque abandonnée dans une cave inondée ; elle devient le support d’un voyage imaginaire, celui d’une Odyssée miniature qui les mène cependant loin de la promiscuité sans échappatoire d’un quotidien ristretto. Un orage sous une verrière, une fin de journée sur un toit terrasse qui domine tout le quartier. Ce parcours immobile prendra fin avec la tombée du jour : le parrain débarque. Quelle faute a commise Veronica ? Elle sort avec un garçon qui ne fait pas partie de la bande ! C’est forcément inacceptable puisque l’honneur du groupe est étroitement dépendant du comportement des femmes. La violence du dehors s’engouffre brutalement (mais sans la brutalité explosive de Gomorra) dans ce qui fut quelques heures un havre de paix hors du monde. Veronica doit accepter de rompre et repart, proie silencieuse, sur la moto du parrain. Salvatore devra accepter une poignée de billets pour quitter cet intervalle hors du temps et retrouver son quotidien de vendeur ambulant. DP

L’Intervallo de Leonardo di Costanzo propose une situation qui semble diamétralement opposée : nous sommes de nos jours, à Naples, et l’action du film,

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hommage Bernadette Lafont 1938-2013

Juliette e(s)t jeune et jolie

Bernadette, pour mémoire

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uand on observe avec un peu d’attention la longue filmographie de Bernadette Lafont, on s’aperçoit que, comme dans son premier film, Les Mistons de Truffaut en 1957, elle a, à maintes reprises, interprété des personnages prénommés Bernadette, comme si les réalisateurs attendaient d’elle moins une prestation de comédienne, que le transfert de sa nature au rôle. Et quelle nature ! Oeil mutin, bouche gourmande, gouaille déversant fleurs ou crapauds, au gré de sa fantaisie, cette Arletty des années 60/70, moue à la Bardot et postures de Mangano, entrait dans le cadre comme elle déambulait dans les rues du Nîmes de son adolescence, sans entraves ! D’autres et pas des moindres, Chabrol dans Le Beau Serge (premier long du réalisateur et de la comédienne) en 1958, Diourka Medveczky en 1967 dans Marie et le Curé, Nelly Kaplan pour La Fiancée du pirate en 1969, Jean-Daniel Pollet dans L’Amour c’est gai, l’amour c’est triste en 1971 et Jean Eustache dans La Maman et la Putain en 1973, l’ont baptisée Marie. Une Marie, à la fois maman et putain justement, vamp au cœur d’artichaut, plus sensible qu’elle n’en a l’air, comme la comédienne qui, n’a jamais considéré « le cinéma comme un métier mais comme une flamme que le désir doit alimenter de façon permanente * » et a, pour cela, toujours préféré les premiers films fauchés aux conditions de tournage parfois chaotiques, aux super productions plus confortables certes, mais plus dénuées d’âme, plus impersonnelles. Ainsi Luc Béraud, Jacques Davila, Henry Chapier, Pascal Aubier, Nelly Kaplan, Pierre Zucca et László Szabó, entre autres, ont pu

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compter sur elle quand ils ont fait le grand saut. Quant à Philippe Garrel, c’est pour Le Révélateur son second film qu’elle le suivra en Allemagne en plein mai 68 ! Une Marie pour mémoire ? Celle de La Fiancée du pirate qui a donné leur revanche à toutes les Marie-Madeleine, Marie couche-toi-là et autres Marie-Ange (cf. Les Valseuses de Blier), en utilisant son corps comme une arme contre l’oppression de ceux qui en détenant le pouvoir et l’argent, croient masquer leur lâcheté et leur médiocrité ! « Moi je m’ balance/Dégraffez les cols blancs/De vos consciences » chante Barbara, antienne entêtante, hymne libertaire. Marie ne devra qu’à elle seule le prix de sa liberté. Au propre et au figuré, celle vouée au bûcher, enflammera tout sur son passage : sa masure et ses trésors de pacotille, le village et sa cohorte d’hypocrites ! Rien ne sera plus jamais pareil puisqu’en partant, elle emporte ce qui donnait du sens à leur existence et les rendait vivants. « Sans adieu, ni merci/Je vous laisserai ici/Car j’m’en balance… », résonne dans l’église entre les confidences des hommes du pays, imprudemment diserts sur l’oreiller de Marie. Dans le dernier plan, on voit pour la première fois Marie, Comtesse aux pieds nus pour Nelly Kaplan, Charlot pour Bernadette Lafont, femme libre assurément, (s’)offrir un vrai sourire et s’en aller vers son avenir, de blanc vêtue, chaussures dorées, entraves ultimes, jetées aux orties. « J’ m’en balance… » Silhouette emblématique et inoubliable ; une femme libre. Enfin. IG * Le Roman de ma vie, souvenirs, Flammarion 2001

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eux réalisateurs, Pierre Godeau et François Ozon, deux films sur le même thème, le passage à l’âge adulte, une approche radicalement différente du sujet, illustrée par Juliette et Isabelle.

Juliette a 25 ans, ses études sont terminées depuis un an, mais elle hésite à s’engager dans la vie active, n’ayant pas de contingences matérielles à résoudre. Elle ne s’implique pas davantage dans la vie affective, jonglant entre amitiés amoureuses et amours amicales. Elle est velléitaire, plus que désenchantée, ce que ne manque pas de souligner un père aimant, mais gravement malade. Sans référence maternelle, abandonnée très jeune, Juliette tisse les jours avec la trame de ses rêves, sans délaisser ni accomplir ses désirs d’enfant. Écrire, reprendre son journal illustré, le transformer en roman, ce projet aboutit enfin, après la mort de son père. C’est ce qui lui permettra d’advenir au monde réel et peut-être, de cesser le chassé-croisé affectif.

Interférences Juliette/ Jeune et jolie

Cela ne suffit sans doute pas à susciter une vocation de prostituée, sauf si l’on ajoute une première expérience sexuelle peu concluante et un imaginaire réduit. Dédoublement de personnalité, Isabelle, vs Léa pour ses clients, s’adonne à la prostitution de luxe, en retirant plus d’argent, inutilisé, que de plaisir. Le plaisir, c’est celui de la rencontre, de la découverte de chambres d’hôtels, dit-elle à la police, lorsqu’elle est sommée de s’expliquer, après la mort de son client le plus âgé et le plus tendre. Beauté glaçante et glacée, ne trouvant d’élan vital que dans la transgression et le danger, la jeune fille n’est finalement comprise et acceptée que par la veuve de son client. Cette dernière séquence clôt magnifiquement quatre saisons d’errance, à la recherche d’un sens à la vie et, sans doute, d’amour sans jugement. Deux très beaux films, celui de François Ozon, fort bien interprété par Marine Vacth et Charlotte Rampling, rappelant le désenchantement du Taking off de Milos Forman ou de Belle de jour par Bunuel. Le film de Pierre Godeau, plus léger, avec la très expressive Astrid Bergès-Frisbey, laisse miroiter la création, comme issue à la souffrance humaine. Mais pour cela, il faut un guide, un initiateur, le père, dans Isabelle, alors que dans Jeune et jolie, le père a disparu et les autres hommes sont des salauds. CP

Isabelle, lycéenne de 17 ans, rebelle sans aspirations précises, se laisse guider par son rejet d’un mode de vie bourgeois et surtout par celui d’une mère incarnant, d’après elle, le conformisme le plus hypocrite : un divorce réussi, un compagnon fidèle, bien que soumis à la tentation (par Isabelle), un amant, marié à sa meilleure amie… tous ces ingrédients sont propres à fomenter le mépris d’Isabelle.

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à propos de Hirochima mon amour

Une voix d’outre-tombe sur un désastre bien réel n plus de la représentation de l’amour physique pour la première fois à l’écran, Resnais, à l’instar de la Nouvelle Vague, introduit des tonalités de voix distinctes de ses prédécesseurs de la Qualité française, notamment des dictions remarquables, Emmanuelle Riva sur le mode du récitatif dans Hiroshima mon amour, en l’opposant à l’accent japonais de l’homme. La femme dicte les textes sans réellement de relief, aucun sentiment ne transparaissant dans sa voix. On ressent une sorte de nostalgie, de mélancolie caractéristique de la Nouvelle Vague, de regret d’un amour qui n’a pu vraiment se réaliser, d’une voix qui sort d’outretombe. Cette femme venant de Nevers va revivre en souvenir l’aventure amoureuse avec un soldat allemand mort, parallèlement au désastre d’Hiroshima. Sa voix monocorde compose une sorte de méditation sur les morts de la guerre et de la bombe. Dès la scène inaugurale, la voix off – plus précisément hors-champ – se fait entendre, caractéristique d’un cinéma moderne, la narratrice étant à la fois dans l’image et racontant son histoire, créant une sorte de décalage entre représentations visuelle et sonore, entre la scène d’amour et le discours sur la bombe. La parole redouble l’image, tel un cinéma qui respecte la littérature, le texte littéraire à l’origine du film, qui ne le contredit pas et en multiplie la puissance d’évocation. Le texte est dit sans expression dramatique, dépourvu d’expressivité psychologique, de théâtralité, de toutes formes d’expressionnisme du jeu. La femme nie cet amour impossible, tout en s’affirmant être un témoin visuel du drame de la bombe atomique. « L’hôpital existe à Hiroshima. Comment aurais-je pu éviter de le voir ? », dit-elle.

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Une mémoire éternelle Alain Resnais : un cinéaste moderne ’œuvre d’Alain Resnais a profondément marqué le cinéma mondial. Elle s’inscrit dans un contexte littéraire et cinématographique particulier. Indépendamment de cinéastes comme Bresson, Renoir, Ophuls, Melville, la Qualité française des années 1950 (Carné, Autant-Lara, Duvivier) mettaient en scène des chefs-d’œuvre de la littérature classique. En réaction contre ces derniers, les cinéastes de la Nouvelle Vague (Godard, Truffaut, Chabrol, Rivette, Rohmer) furent les scénaristes de leurs propres films. En revanche, Resnais s’est adressé à l’époque à de jeunes auteurs contemporains – Marguerite Duras, Alain RobbeGrillet – chefs de file du Nouveau Roman pour les scénarios de ses films. Il se déclare lui-même entre deux générations, celle des metteurs en scène traditionnels (Clouzot, Carné, Renoir) et la Nouvelle Vague. Il appartient à la « Rive gauche » (Varda, Marker, Franju, Rouch, Demy), la Nouvelle Vague à la « Rive droite ». Il avoue toutefois être redevable envers cette dernière parce qu’elle a créé les conditions de produire un film tel qu’Hiroshima mon amour face à la production normalisée de l’époque.

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Une séquence inaugurale inoubliable iroshima mon amour repose totalement sur une dialectique entre fiction et documentaire, montage d’oppositions (eisensteinien) et plan séquence, flash-backs de Nevers et images actuelles d’Hiroshima, plongées-contreplongées, jour-nuit, luminosité-obscurité. Un fondu au noir apparaît après le générique, figure de la mémoire qui se ferme sur quelque chose, une image qui s’enfonce dans le temps, qui tente de persister à l’écran. Il annonce le changement de lieu et d’espace tout en suggérant l’intemporalité ou l’éternité, marque la continuité d’un plan à l’autre, tout en signalant une rupture temporelle : c’est l’écoulement du temps, signifiant au spectateur la durée de l’étreinte amoureuse. Il représente également l’absence à l’image et autorise la mise en mémoire par l’effacement de la trace du plan précédent, l’oubli étant indispensable à la mémorisation. Ce que confirment les dires de la femme : « Comme toi je connais l’oubli, je suis doué de mémoire… Comme toi, j’ai essayé de lutter de toutes mes forces contre l’oubli… pourquoi nier l’évidente nécessité de la mémoire ». L’oubli permet de se tourner vers l’avenir. La femme a oublié ce qui s’est passé dans sa vie privée.

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Une abstraction des corps et des êtres l’opposé d’une réalisation classique, Resnais commence le film par des gros plans qui relativisent le décor, évacuent le contexte, mettant en jeu l’espace-horschamp. Il extrait les amants de leur milieu, de leur vie sociale, les modélisant. Peu importe qui ils sont, les deux amants n’ont pas d’identité pendant tout le film : on ne connaît jamais leur prénom, chacun s’identifiant à sa ville respective : lui à Hiroshima, elle à Nevers, créant des « figures abstraites ». Pour la femme, il ne s’agit pas de transformer ses amours anonymes en aventures passagères. Au contraire, occulter le nom de son premier amour constitue une tentative de l’éterniser, de diviniser l’être aimé. Figure absolue du manque, son amant défunt est immortalisé, il ne peut se circonscrire dans un nom humain, avec toutes ses limites spatio-temporelles. L’abstraction de son nom est un moyen de figurer la présence de l’absence de l’Allemand, de son manque dans la vie de l’héroïne, de lutter contre l’oubli. L’absence du nom laisse toutes les possibilités ouvertes, toutes les significations imaginables, empêchent la fixation dans le passé, la stratification, enfin l’oubli par la sédimentation. Elle va permettre à la femme de s’extérioriser, de revivre l’événement avec son amant actuel, de manière cathartique.

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Une joie trop courte pour une souffrance éternelle e fondu enchaîné sur le même motif des corps entrelacés a tendance à éterniser ce trop court moment de l’étreinte. La discontinuité intemporelle étend l’instant aux dimensions de l’éternité, donnant à la fois le sentiment de pérennité et une sorte de nostalgie du présent. Il en ressort une impression de « ralenti onirique » qui se grave dans la mémoire. Le temps s’écoule, pourtant rien ne se passe à l’écran, les corps restant

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à propos de Hirochima mon amour

englués dans leur être. Pressentant la fin de son aventure, la femme voudrait que le temps s’arrête pour toujours. L’excès à l’image, obtenu par le gros plan et le redoublement du fondu enchaîné, compense l’absence qui se produira forcément. Pour l’amant japonais, cette femme est une image qui n’existe qu’un moment, celui de leur rencontre. Elle disparaîtra et deviendra à son tour un souvenir, avec ses propres représentations, donnant la sensation inépuisable d’une mise en abyme infinie. C’est parce qu’elle a déjà subi des sévices personnels dans le passé qu’elle peut parler des souffrances d’Autrui, être en empathie avec le deuil de la catastrophe atomique, capable de se projeter dans le passé des Autres différents d’elle-même, les Japonais martyrs, miroirs de son propre calvaire. Il n’existe plus de distinction entre la première et la troisième personne, une confusion des rôles, une indiscernabilité du réel et de l’imaginaire, du présent et du passé, du Japonais et de l’Allemand, de la Mémoire officielle et du souvenir individuel. La femme intègre la dimension collective à sa propre personne, le documentaire à sa vie personnelle, l’objectif au subjectif, tentative de lutter contre l’oubli. L’éternité, c’est le néant pour cette femme qui vit dans l’instantané de la rencontre amoureuse, la plénitude de l’instant, la surabondance des sentiments. C’est aussi l’oubli de son amant décédé, la vie qui suit l’épisode malheureux de la guerre. Ce sont les ténèbres qui envahissent son souvenir jusqu’à lui faire oublier. De la même manière que la guerre lui a fait connaître l’amour, la bombe d’Hiroshima lui fait redécouvrir les mêmes sensations. Entre ces deux moments obscurs de l’Humanité, qui ont été un éblouissement pour elle, sa vie a été vide de sens. Cette nouvelle rencontre réactive sa mémoire, lui fait retrouver ses émotions qu’elle croyait perdues à jamais. L’anamnèse

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Vos critiques

ne se réalise pas nécessairement dans la durée, elle s’effectue dans l’instantané. Le Japonais est cette étincelle dans les ténèbres de son éternité, l’éclair de lumière qui va lui permettre de sortir de sa léthargie, de s’éveiller de sa nuit interminable. Alain Resnais : une mémoire du monde endant le discours off de la femme, des images documentaires en « montage cut », des plans très courts non reliés les uns aux autres, se succèdent, produisant un effet d’accumulation, de sédimentation, comme pour s’opposer à l’oubli de l’image, tenter de constituer activement une mémoire. Une image remplace l’autre sans se soucier du contenu de la précédente, suggérant la perte de mémoire de l’instant présent. L’effacement des souvenirs, l’oubli, s’effectuent aussi facilement que le passage d’une image à l’autre. C’est pourquoi, avec son actualité permanente, le cinématographe est davantage un instrument de mémoire à long terme qu’à court terme. Cette impossibilité de garder le temps présent est compensée par l’effort des cinéastes de l’Anamnèse, tel Resnais, le cinéma devenant le médium privilégié de la Remémoration, une « prothèse de la conscience ». Alain Resnais s’inscrit dans l’histoire du cinéma mondial comme l’un des fondateurs du cinéma de la Modernité. Son travail sur la Mémoire est indéniable et ses contributions à la remémoration collective sont inestimables depuis ses premiers courts métrages. Cinéaste iconophile, il est persuadé du bien-fondé de l’image pour l’Anamnèse autant collective qu’individuelle. Sa recherche des traces passées s’effectue au présent, parce que le temps n’est pas une succession séquentielle d’événements déjà oubliés. C’est au contraire une temporalité immanente où la simultanéité autorise la résurgence de souvenirs profondément enfouis s’exprimant dans les longs travelEC lings d’Hiroshima mon amour.

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HIJACKING de Tobias Lindholm Rares sont les films qui vous donnent à ce point la sensation de la chaleur, de la moiteur, de la crasse et du confinement. À noter aussi que certains personnages sont traités avec suffisamment de subtilité pour que le spectateur soit régulièrement amené à s’interroger sur leurs motivations réelles, ce qui relance fortement notre attention (déjà sérieusement sollicitée par le côté très «prenant» du film). Fanny H CHA CHA CHA de Marco Risi Tous les ingrédients classiques du polar (privé désabusé, flics ambigus, spéculation immobilière, couple à la dérive, drogue, poursuites dans le métro ...), pas de grande surprise, mais, dans ce décor Romain, ça fonctionne plutôt bien. Hervé Rigault KEEP SMILING de Rusudan Chkonia Le slogan sur l’affiche parle d’un Full Monty en bikini, ce qui est à la fois racoleur et faux ! Dans The Full Monty, les déclassés anglais s’en sortaient par la solidarité ; ici, les pauvres de Géorgie sont bien engagés dans une compétition pleine de rivalités et parfois de coups bas. L’ensemble est assez grinçant et souvent très touchant ! Eric Deslondains LES APACHES de Thierry de Peretti Une totale réussite ! Ce film est la preuve que le cinéma français peut même avec peu de moyens produire des films

conciliant intrigue prenante et intimisme. Les jeunes acteurs, tous amateurs, sont excellents. La sociologie corse est dépeinte de façon réaliste, enfin beaucoup plus de que ce que j’en ai vu jusque là et ce sans aucun tabou (racisme, mafia, lutte des classes). Ce mélange de thriller, de drame et de western me fait beaucoup penser au Shotgun Stories de Jeff Nichols. Mickaël Serre MORT À VENDRE de Faouzi Bensaïdi Parfaitement désespéré, ce film aux accents de polar et de tragédie vaut d’être vu pour d’assez diverses raisons : acteurs impeccables, images souvent très réussies et cadrages rigoureux. Certains plans font parfois penser aux premiers films de Jim Jarmusch… C’est dire ! Eric Deslondains. Tout à fait d’accord avec le commentaire d’Eric Deslondains. Un film totalement abouti tant dans la forme que dans le propos. Le dernier plan, particulièrement significatif peut être compris à la fois comme le constat d’un monde qui marche à l’envers où toutes les solidarités s’effondrent et comme un appel à le révolutionner. Le genre noir semble s’imposer comme le plus à même de rendre compte de l’évolution de la société Marocaine, puisque Goodbye Morocco, de Nadir Moknèche s’inscrivait récemment dans la même veine, avec déjà, je crois, Faouzi Bensaïdi en tant que comédien, excellent dans un rôle clé. Hervé Rigault Rubrique réalisée par RS

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