03.07 au 27.08 2013

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°314 • juillet-août 2013

Revoir Nichols, Ozu, Wilder voir page 4


S

O

M

M

A

I

R

E

juillet-août 2013

Horaires d’ouverture :

Éditorial

................................................

Académie Francis Poulenc

........................

4

....................

4

.......................

5

Revoir Nichols, Ozu, Wilder…

LES FILMS DE A à Z

3

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

16

lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

La bibliothèque est fermée pendant les vacances.

La cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

EXPO Musique et cinéma ..............................

18

Lauréat du concours de nouvelle Studio mon amour . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

19

Courts lettrages Mud . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

22

Le mariage du siècle

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77 Pendant l’été, la cafétéria est fermée du 5 au 25 août. Réouverture : le 26 août.

Rencontres

Marion Vernoux & Fanny Ardant . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Interférences

El Premio/Enfance clandestine . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Compte-rendu

La Nuit des Studio

.................................

29

Compte-rendu .............................

30

........................................

33

Festival Désir… Désirs Vos critiques

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 FILM DU MOIS DE JUILLET : HIJACKING . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

36

FILM DU MOIS D’AOÛT : MICKAEL

36

GRILLE PROGRAMME

KOHLHAAS

...............

.........

pages centrales

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Appel à soutien « L’exception culturelle est le meilleur moyen de préserver la diversité du cinéma. » Steven Spielberg

«

À Tours comme ailleurs, l’art et essai menacé », titrait l’édito des Carnets de novembre dernier. Les mois suivants, on pouvait suivre le feuilleton journalistique local des infos et contre-infos sur l’ouverture à Tours nord d’un futur multiplexe, d’abord pressenti chez CGR et finalement confié au groupe Davoine. Pendant l’hiver, de nombreuses réunions eurent lieu entre l’association TEC (qui gère les Studio) et l’association Ciné Off afin de mettre au point une stratégie de défense. Au début du printemps était proposé en direction du public un appel à soutien qui a rencontré un large succès, au-delà même des spectateurs tourangeaux. Pendant les cérémonies des 50 ans, malgré la volonté festive qui était la nôtre, les dangers qui menacent les Studio (mais aussi toutes les salles indépendantes) n’étaient pas oubliés puisqu’ils étaient relayés lors d’une table ronde (voir Carnets n°312) et « mis sur la table » lors de la cérémonie officielle devant le sénateurmaire Jean Germain par le président de TEC et par Bertrand Tavernier, notre parrain.

CDAC. Si le projet Ciné Alpes est agrée, nous déposerons un recours auprès le la CNAC auquel s’ajouteront les recours de l’AFCAE, du GNCR, le L’ACOR, de L’ACC, de l’ADI, de l’API entre autres. Tant de dossiers car nos salles sont emblématiques du travail qu’effectuent les salles classées art et essai dans le domaine de la culture cinématographique, de l’animation culturelle, l’éducation l’image, l’accueil de publics défavorisés. Pour le maintien de ces activités, nous sommes cosignataires du Manifeste pour une exploitation cinématographique indépendante élaboré par le GNCR. Nous vous demandons d’intervenir sur le plan législatif, notamment : – en redéfinissant les modalités de la régulation de l’implantation de nouvelles salles ; – en réévaluant les moyens dévolus à la politique art et essai afin que les établissements d’intérêt général comme le nôtre puissent mener une action pérenne ; – en ramenant le taux de la TVA pour les salles art et essai au même taux que celui qui concerne le livre et le spectacle. »

Et depuis ? À quoi vont bien pouvoir servir les plus de 14 000 signatures recueillies sur papier ou numériquement ? peuvent logiquement s’interroger les nombreux signataires.

Une copie de ce courrier a été également adressée aux élus de la région que nous avons déjà rencontrés. Et les résultats de l’appel à soutien sera déposé à la mairie de Tours lors du prochain conseil municipal. Pour que les responsables politiques, nationaux et locaux, prennent leur responsabilité dans la défense d’un maillon majeure de l’exception culturelle dont la France s’enorgueillit : la défense d’un cinéma vivant et riche de sa diversité. DP

À la fin du mois de mai, un courrier a été envoyé à la ministre de la Culture Aurélie Filippetti pour l’informer de la situation cinématographique locale. Il s’achevait ainsi : « Nous déposons donc un dossier auprès de la

TEC (Technique Éducation Culture), CDAC (Commission Départementale d’Aménagement Commercial), CNAC (Commission Nationale d’Aménagement Commercial), AFCAE (Association Française des Cinémas d’Art et d’Essai), GNCR (Groupement National du Cinéma de Recherche), ACOR (Association des Cinémas de l’Ouest pour la Recherche), ACC (Association des Cinémas du Centre), Association des Distributeurs Indépendants, API Association des Producteurs Indépendants.) Les CARNETS du STUDIO

n°314

juillet-août 2013

3


SEMAINE 4

du 24 au 30 juillet LA CHAIR DE MA CHAIR

JOUR DE FÊTE de Jacques Tati 1h35’

14h15 DE YOPOUGON 17h30 deAYA Marguerite Abouet & Clément Oubrerie 21h30

14h15

LE JOUR DES CORNEILLES

1h28’

LE QUATUOR

CHEZ NOUS C’EST TROIS ! de Claude Duty

17h15 17h30 21h30

de Yaron Zilberman

19h30

1h32’

14h30 1h26’ DANS LA TÊTE 17h15 DE CHARLES SWAN 3 de Roman Coppola 19h15

de Alain Resnais 2h16’

LE JOLI MAI

1h37’

14h30

HIROSHIMA MON AMOUR

de Chris Marker

GOLD

19h45

de Thomas Arslan

de Steven Spielberg

1h33’

LA CINQUIÈME SAISON

14h30

17h45 21h45 17h00 21h15

2h30’

LINCOLN

21h00

LE CONGRÈS de Ari Folman

21h00

1h39’

HIJACKING

17h45

de Tobias Lindholm

1h33’

20 ANS D’ÉCART de David Moreau

19h30

JOSÉPHINE de Agnès Obadia

43’ VF

19h00

14h15 17h30 21h30

de divers réalisateurs

sauf jeudi vendredi

A VERY ENGLISHMAN de Michael Winterbottom

19h15

1h30’

JEUNESSE

THE BLING RING

de Justine Malle

de Sofia Coppola

1h26’

17h00 21h30

16h15

LE PETIT GRUFFALO 1h41’

L’ONCLE DE BROOKLYN

1h12’

14h30 19h45

14h15 17h15

de Paul Grimault

de Daniel Cipri & Franco Maresco

14h30 19h45

1h28’ 1h29’

de Ari Folman

14h15 MA MEILLEURE AMIE, SA SŒUR ET MOI 19h30 de Lynn Shelton 14h30 19h30

LE ROI ET L’OISEAU

LE CONGRÈS

1h38’

2013

1h27’

2h00’

21h30

1h27’

FRANCES HA

NÉ QUELQUE PART

de Noah Baumbach

de Mohamed Hamidi

21h30

1h48’

1h55’

2h00’

de Peter Brosens & Jessica Woodworth

14h15 17h00 19h15

1h30’

de Jean-Christophe Dessaint

1h47’

19h30

14h15

de Denis Dercourt 1h24’

du 3 au 9 juillet

SEMAINE 1

1h16’

1h18’

14h15 19h45

2013

METRO MANILA

BEFORE MIDNIGHT

de Sean Ellis

de Richard Linklater

1h34’

17h30 21h30

1h25’

LES BEAUX JOURS

12 ANS D’ÂGE

de Marion Vernoux

de Frédéric Proust

17h45 21h45

1h34’

UNE JOURNÉE À ROME

21h45

de Francesca Comencini Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

17h45 21h45

ELECTRICK CHILDREN de Rebecca Thomas

www.studiocine.com

Le film imprévu www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 10 au 16 juillet

SEMAINE 2 1h34’

14h15

ELECTRICK CHILDREN

2013

SEMAINE 3

1h40’ VF

1h19’

1h29’

HEIDI de Luigi Comencini

14h15

de Rebecca Thomas

14h15 17h15 19h15 21h15

du 17 au 23 juillet

14h30 19h30

UNE JOURNÉE À ROME

ERNEST ET CÉLESTINE

de Francesca Comencini

de Benjamin Renner, Vincent Patar, Stéphane Aubier

48’ VF 1h47’

LE QUATUOR

10,11,12, POUGNE LE HÉRISSON

de Yaron Zilberman

de divers réalisateurs 1h27’

14h15 2h00’ LE CONGRÈS 17h00 de Ari Folman 21h30 1h41’

14h30 19h45

de Paul Grimault

BEFORE MIDNIGHT de Richard Linklater

16h00 17h30 19h30

1h25’

1h39’

14h15 19h30

16h00

de Frédéric Proust

21h30

HIJACKING de Tobias Lindholm

1h34’

LES BEAUX JOURS de Marion Vernoux

1h34’

INI AVAN

14h30 19h45

CELUI QUI REVIENT de Asoka Handagama

19h15

17h30 19h30

1h12’

JEUNESSE

de Ben Affleck

de Justine Malle 1h26’

FRANCES HA de Noah Baumbach

16h00

1h40’ VF

HEIDI de Yaron Zilberman

de Luigi Comencini

de Claude Duty

17h45 21h45 17h45 21h45

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

de René Clément

17h30 19h15

3h26’

LES SEPT SAMOURAIS 19h30 de Akira Kurosawa

2h00’

14h30

17h30

1h53’

PLEIN SOLEIL CHEZ NOUS C’EST TROIS !

16h00

de Paul Grimault

LE QUATUOR

LE CONGRÈS

1h26’

de Ari Folman

FRANCES HA de Noah Baumbach

17h45

1h32’

14h30

1h30’

www.studiocine.com

LE ROI ET L’OISEAU

1h47’

14h15 19h30 21h30

MA MEILLEURE AMIE, SA SŒUR ET MOI 21h30 de Lynn Shelton

17h45 5 CAMERAS BRISÉES 21h45 de Emad Burnat & Guy Davidi

14h15 17h15 21h30

19h45

1h30’

1h59’

ARGO

14h15 17h15 AYA DE YOPOUGON 19h15 de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie 21h15 1h24’

1h28’

12 ANS D’ÂGE

14h15

1h27’

1h48’

GRISGRIS de Mahamat Saleh Haroun

LE ROI ET L’OISEAU

2013

HIROSHIMA MON AMOUR

19h45

de Alain Resnais

1h39’

HIJACKING de Tobias Lindholm

17h45 21h45

1h41’

17h30 21h30

59’ + court métrage 19’

GRISGRIS de Mahamat Saleh Haroun

ORLÉANS de Virgil Vernier

21h45

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.)

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 21 au 27 août

SEMAINE 4

14h30

LE FILS UNIQUE

MONSTRES ACADEMY

de Yasujiro Ozu

de Dan Scanlon

19h45 14h15 17h15 19h15 21h15

1h44’ VF

1h22’

52’ VF

de François Ozon

de divers réalisateurs

STAR TREK INTO DARKNESS

19h00

de Jeffrey J. Abrams

1h39’

LE VOYAGEUR SANS BAGAGE de Jean Anouilh

de Faouzi Bensaïdi

19h30

FEDORA

2h05’

SAUF jeudi

MICHAEL KOHLHAAS

17h15

17h45

14h15 21h15

1h16’

de Jacques Tati

SHOTGUN STORIES MUD

19h30

de Rusudan Chkonia

21h30

Jeff Nichols

JULIETTE

17h30

de Pierre Godeau

21h45

LES APACHES

17h30 19h45

17h45 21h45

TAKE SHELTER de Jeff Nichols 1h33’

LA CINQUIÈME SAISON

de Peter Brosens & Jessica Woodworth

LANDES de François-Xavier Vives 1h30’

L’INTERVALLO

19h00 17h30 21h30

1h26’

DANS LA TÊTE 17h45 DE CHARLES SWAN 3 21h45 de Roman Coppola

1h47’

LE QUATUOR

de Léonardo di Costanzo

19h30

17h00

1h58’

1h35’

14h30

1h30’

14h15

de Jeff Nichols

SUR LES RIVES SU MISSISSIPI

14h30 CAMILLE REDOUBLE de Noémie Lvovsky 19h30

17h15

1h21’

de Shari Springer Berman & Robert Pulcini

JOUR DE FÊTE

1h55’

KEEP SMILING

1h31’

de Thierry de Peretti

de Yaron Zilberman

17h30

1h18’

17h45

LA CHAIR DE MA CHAIR

21h45

1h37’

GOLD

de Denis Dercourt

de Thomas Arslan

21h30

1h37’

1h34’

21h45

de Chris Renaud & Pierre Coffin

2h10’

14h30

À suivre.

1h43’

IMOGENE

de Ferzan Ozpetek

14h15 AYA DE YOPOUGON 19h00 de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie

21h30

de Arnaud des Pallières

de Billy Wilder

19h30

MOI MOCHE ET MÉCHANT 2

19h30

de Régis Roinsard

1h54’

14h30

MAGNIFICA PRESENZA

1h32’

jeudi 19h45

1h51’

1h57’

MORT À VENDRE

16h00

2013

1h38’ VF

1h46’

14h30 19h45 1h24’

Présenté par Jérôme Rossi et Jean Claude Penchenat

POPULAIRE

14h15 LA BAIE DES ANGES de Jacques Demy 19h30

du 31 juillet au 6 août

Partenariat avec l’Académie Francis Poulenc

1h29’

14h30

17h30

JEUNE ET JOLIE À suivre.

SEMAINE 1

14h15

L’OGRE DE LA TAÏGA

1h34’

2h13’

14h15

2013

LA SIRGA de William Vega

1h40’

LES SALAUDS de Claire Denis

21h30 SAUF jeudi

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

17h00 21h15

1h28’

WADJDA de Haifaa Al-Mansour

www.studiocine.com

CHEZ NOUS C’EST TROIS !

21h45

de Claude Duty Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 7 au 13 août

SEMAINE 2

VOYAGE À TOKYO

MOI MOCHE ET MÉCHANT 2

de Yasujiro Ozu

de Chris Renaud & Pierre Coffin

14h15 19h15

14h15

1h41’ VF

1h35’

LES GAMINS de Anthony Marciano

du 14 au 20 août

SEMAINE 3

1h38’ VF

2h16’

14h15 19h00

2013

LA FOLLE ESCAPADE 17h15 de Martin Rosen

14h15

14h15

1h41’ VF

1h53’

LE GOÛT DU SAKÉ

LA FOLLE ESCAPADE 14h15

de Yasujiro Ozu

19h30

de Martin Rosen

3D

1h38’ VF

1h31’

MOI MOCHE ET MÉCHANT 2

KEEP SMILING de Rusudan Chkonia

19h30

2013

2h15’ 2h21’

14h15 19h00

LA GRANDE BELLEZZA

1h35’

LANDES de François-Xavier Vives

de Paolo Sorrentino

1h40’

14h30 LES SALAUDS 17h30 de Claire Denis 21h30 14h30 1h43’ IMOGENE 17h45 de Shari Springer Berman & Robert Pulcini 19h45

17h15

14h15

21h30

19h00

CHA CHA CHA de Marco Risi

MICHAEL KOHLHAAS de Arnaud des Pallières

40 ANS MODE D’EMPLOI de Judd Apatow

1h43’

IMOGENE

1h35’

2h10’

ANNA KARENINE de Joe Wright

19h15

LANDES

17h15

de François-Xavier Vives

de Shari Springer Berman & Robert Pulcini 1h40’

LES SALAUDS 1h37’

DANS UN JARDIN JE SUIS ENTRÉ de Avi Mograbi

17h45

14h30

21h45

21h30

1h45’

1h29’

14h30 19h45

2h05’

1h50’

de Claire Denis

UN DEUX TROIS de Billy Wilder

1h29’

CHA CHA CHA de Marco Risi

1h30’

SPÉCIALE PREMIÈRE 19h30 de Billy Wilder

14h30

LES APACHES

19h45

de Thierry de Peretti

1h20’

17h00 21h00

17h00 21h15 17h45 21h45 17h30 19h30 17h45 21h45

1h45’

DANS LA MAISON de François Ozon

1h46’

17h15

de Chris Renaud & Pierre Coffin

19h00

1h21’

MAGNIFICA PRESENZA

NAÎTRE PÈRE

de Ferzan Ozpetek

de Delphine Lanson

21h45

14h30

JULIETTE

2h44’

de Pierre Godeau

19h45

DJANGO UNCHAINED

21h00

de Quentin Tarantino 1h25’

17h15 21h15

1h43’

1h24’

SUGAR MAN de Malik Bendjelloul

www.studiocine.com

AYA DE YOPOUGON 21h30 de Marguerite Abouet & Clément Oubrerie

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

17h30 21h30

LES CHANSONS POPULAIRES de Nicolas Pereda

2h21’

LA GRANDE BELLEZZA

21h15

de Paolo Sorrentino

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.)

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


Partenariat avec l’Académie Francis Poulenc Jeudi 22 août – 19h45 Cette année, l’Académie Francis Poulenc a choisi de présenter un film dont la musique a été écrite par Francis Poulenc.

Le Voyageur sans bagage France – 1944 – 1h39, de Jean Anouilh, avec P. Fresnay, B. Brunoy, L. Salou, M. Deval…

Devenu amnésique à la suite de la Première Guerre Mondiale, Gaston va d’asile en famille d’accueil jusqu’au jour où il se trouve

confronté à une très bourgeoise famille qui affirme… qu’il est l’un des leurs. Le seul problème est que le portrait que cette nouvelle famille dresse de lui est très peu flatteur… Vaut-il mieux alors se souvenir ou oublier ? Et qui croire ?

LE FILM SERA PRÉSENTÉ PAR JÉRÔME ROSSI ET JEAN-CLAUDE PENCHENAT, QUI ANIMERONT AUSSI LE DÉBAT QUI SUIVRA.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Sur le site des Studio (cliquer sur : pluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE JUILLET 2013 : • Wind de Ibrahim Maalouf (studio 1-2-4-5-6) • Panamerican de Stephane Hucahrd (studio 3 et 7). AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS D’AOÛT 2013 : • Winterreise de F. Shubert de Udo Reinemann (studio 1-2-4-5-6) • Givin’It Up de G. Benson & Al Jarreau (studio 3 et 7). Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

10, 11, 12, Pougne le hérisson Voir pages Jeune Public

12 ans d’âge

Un été la tête dans les étoiles

C

ette année nous vous avons concocté un été cinéphilique placé sous le signe de la (re)découverte et du plaisir. Un voyage partant des années 40 pour s’achever aujourd’hui. Pour cela, trois coups de projecteur sur trois auteurs (deux mythiques, Yasujiro Ozu, Billy Wilder, et un tout neuf : Jeff Nichols) avec trois films de chacun.

Démarrons par Yasujiro Ozu, le maître japonais, avec un inédit superbe, Le Fils unique (du 21 au 27 août), et deux de ses chefs d’œuvres, Voyage à Tokyo (du 7 au 13 août) et Le Goût du saké (du 14 au 20 août). Que ceux qui ne le connaissent pas encore s’attendent à un choc majeur. Continuons par les années 60 et 70 avec l’immense Billy Wilder. Pas la période la plus connue de sa filmographie, mais pas la moins intéressante, loin de là. Avec Un, deux, trois (du 14 au 20 août), Spéciale première (du 7 au 13 août) et Fedora (du 21 au 27 août), c’est l’occasion de parcourir les différents aspects, de la comédie au drame, du

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Les CARNETS du STUDIO

n°314

juillet-août 2013

génial auteur de Certains l’aiment chaud. Et pour finir, un cinéaste encore jeune que nous apprécions beaucoup, Jeff Nichols. Ses trois longs métrages représentent, pour le moment, l’intégrale de son œuvre, vous pourrez voir ces trois magnifiques films : Shotgun stories, Take shelter, Mud, dans la même semaine (du 31 juillet au 6 août), ou même, si vous le souhaitez, dans la même journée.

France-2013-1h25, de Frédéric Proust, avec François Berléand, Patrick Chesnais, Anne Consigny…

Deux amis inséparables, Charles et Pierrot, peuvent enfin passer un maximum de temps ensemble, lorsque Charles part en pré-retraite. Leur imagination les embarque alors dans une transgression de tous les instants. Tandis que leurs épouses considèrent avec bienveillance leurs débordements, la réalisation de leurs fantasmes pré-adolescents les amène aux confins des limites sociales… Ce premier film de l’acteur Frédéric Proust, en tant que réalisateur, explore avec humour et sensibilité les registres de l’amour et de l’amitié, au seuil de la vieillesse. Sources : dossier de presse

20 ans d’écart France – 2013 – 1h32, de David Moreau, avec Virginie Efira, Pierre Niney, Gilles Cohen…

Et pour encadrer ces trois coup de projecteur, il y aura d’autres pépites : Le Roi et l’oiseau de Paul Grimault, Plein soleil de René Clément, Le Joli mai de Chris Marker, Jour de fête de Jacques Tati, Hiroshima mon amour de Alain Resnais, en juillet, et La Baie des anges de Jacques Demy, fin août.

Alice Lantins, femme séduisante et ambitieuse, investit sa carrière au point d’en oublier sa vie privée. Bien placée pour devenir la rédactrice en chef du magazine Rebelle, son image de femme coincée pourrait lui porter préjudice. De là à feindre une improbable idylle avec le jeune Balthazar qui croise son chemin… ? Duo de charme, peps d’un humour bien affuté, 20 ans d’écart évite les poncifs du genre, trouvant « un bel équilibre, une justesse et une vivacité de ton ».

Bref, si la perspective d’un été à Tours ne vous transporte pas d’enthousiasme, rassurez-vous, la possibilité du bonheur est au 2 rue des Ursulines. JF

Sources : dossier de presse, lemonde.fr

40 ans : mode d’emploi USA – 2013 – 2h14, de Judd Apatow, avec Paul Rudd, Leslie Mann, John Lithgow…

Marié depuis des années, Pete est le seul homme de la maison : il vit entouré de sa femme Debbie et de

leurs filles Charlotte et Sadie, âgées de 8 et 13 ans. Alors que sa maison de disques indépendante bat de l’aile, ils doivent trouver les moyens de lâcher prise et de profiter du reste de leur vie… avant de s’entretuer. Il y a cinq ans, le scénariste et réalisateur Judd Apatow nous présentait le couple formé par Pete et Debbie dans En cloque, mode d’emploi (2007) et ses problèmes de responsabilité paternelle après l’adolescence qui se prolonge jusqu’au handicap dans 40 Ans, toujours puceau (2005). Une comédie très écrite, fondée sur les dialogues. Sources : dossier de presse

5 caméras brisées Palestine – 2013 – 1h30, de Emar Burnat et Guy Davidi

Pour la naissance de son 4e enfant, Emad, paysan de Cisjordanie, achète une caméra et filme la construction du mur qui sépare les habitants de leur terre, dressant le portrait de sa famille et de ses amis et du conflit infini qui pourrit leurs vies. Aidé du réalisateur militant israélien Guy Davidi, sur une musique du magnifique trio des frères Jubran, mêlant scènes collectives et intimes, cette chronique donne à comprendre la permanence du harcèlement, la banalité de l’arbitraire, comment se fabrique la rage. Il a été primé à une quinzaine de festivals et concourt pour l’Oscar. Sources : telerama.fr – lemonde.fr

Anna Karénine GB – 2011 – 2h10, de Joe Wright, avec Keira Knightley, Jude Law, Aaron Taylor-Johnson…

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Anna quitte mari respectable et enfant par amour pour le comte Vronski… Pour cette reprise d’une classique histoire d’adultère russe, traitée avec une nouvelle charge d’érotisme et de passion, J. Wright (Reviens-moi (2007)) n’oublie pas d’égratigner les convenances et l’hypocrisie d’une certaine « bonne société ». Sources : rollingstone.com, sfgate.com Les CARNETS du STUDIO

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Argo

USA – 2012 – 1h59, de Ben Affleck, avec Ben Affleck, Bryan Cranston, John Goodman…

Le 4 novembre 1979, en pleine révolution iranienne, des militants prennent en otage 52 américains. Six d’entre eux réussissent à s’échapper et se réfugient à l’ambassade canadienne. Un agent de , chargé de les faire sortir d’Iran, invente un plan incroyable où les six évadés vont être présentés comme une équipe de cinéastes américains sur le tournage d’un film de Science-fiction. Ben Affleck renoue avec le succès et a obtenu l’Oscar du meilleur film en 2013 pour Argo, thriller que les critiques ont apprécié pour l’intelligence de sa narration et sa parfaite maîtrise du suspense. Sources : dossier de presse, nouvelobs.com.

A very Englishman

Grande-Bretagne – 2012 – 1h41, de Michael Winterbottom, avec Steve Coogan, Ana Friel, Imogen Poots…

En 1958, un ambitieux jeune homme, Paul Raymond, lance une revue de spectacles dénudés. Dans la foulée, il démarre For men only, un magazine… pour hommes, comme son nom le laisse entendre ! Les affaires tournent bien, si bien même qu’il devient, en 1992, l’homme le plus riche d’Angleterre… On se doute bien qu’une vie de cet acabit ne peut pas être tout à fait calme et c’est une nouvelle fois à Steve Coogan que M. Winterbottom a fait appel pour incarner ce personnage très controversé et l’on peut toujours compter sur le plus prolifique des cinéastes britanniques pour faire qu’un biopic soit un peu plus qu’un biopic ! Sources : Imdb.com, dossier de presse

Les Apaches

France – 2013 – 1h30, de Tony de Peretti, avec A. El Addachi, H. Mezziani, J. Ebrard…

Adapté d’un fait divers qui secoua récemment la Corse, Les Apaches suit les traces d’une bande de 5 amis très jeunes qui, par désoeuvrement, pénètrent dans une villa, y passent la nuit et repartent avec un petit butin dans lequel on compte deux fusils de collection, ce qui n’est pas du goût de la petite pègre locale… Le résultat, sans complaisance pour la Corse, est, paraît-il, très dérangeant… Sources : dossier de presse, telerama.com

Aya de Yopougon France – 2013 – 1h24, dessin animé de Marguerite Abouet et Clément Oubrerie.

Fin des années 70, dans un quartier populaire d’Abidjan, avec un trio de filles de 19 ans, Aya qui

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veut devenir médecin et ses deux amies Adjoua et Bintou. Autour de ce sympathique trio, on croise de nombreux personnages, Ignace, le père infidèle d’Aya, Moussa le fils d’un homme d’affairs, Grégoire, Mamadou, Yao, Jeanne… une exploration drôle et sensible de la société ivoirienne… Adapté des 6 tomes d’une bande dessinée à succès, ce dessin animé franco-ivoirien a été très bien accueilli au festival d’Annecy.

Des problèmes de gosses, des problèmes d’exfemme, des concessions de couple… Bref, tous les ingrédients d’une comédie française générationnelle, ou d’une crise du couple chère à Woody Allen par ce réalisateur indépendant très attaché aux relations entre les personnages, dont le dernier film est couronné du Prix de la mise en scène à Berlin. Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse.

La Baie des anges

France – 1963 – 1h29, de Jacques Demy, avec Jeanne Moreau, Claude Mann, Henri Nassiet...

La Baie des anges, dans une version restaurée, nous conte l’histoire de Jean Fournier, modeste employé de banque qui se prend au jeu et voit, pour un temps, son destin noué aux hasards des tables de casino. Il rencontre sa reine, une certaine Jackie dont il tombe immédiatement amoureux. Mais les ailes de leurs amours se brûleront à la passion du jeu... Jeanne Moreau est éblouissante, comme ses cheveux blonds fascinants comme l’argent et réfléchissant la lumière à chaque plan. La musique de Michel Legrand accompagne avec bonheur la ronde des roulettes et le tournis des joueurs. Sources : dossier de presse.

Les Beaux jours

France – 2013 – 1h33, de Marion Vernoux, d’après le roman Une jeune fille aux cheveux blancs de Fanny Chesnel, avec Fanny Ardant, Laurent Laffitte, Patrick Chesnais…

Fraîchement retraitée, Caroline a du temps devant elle : du temps libre et encore du temps libre. Quand elle pousse la porte d’un club pour retraités, elle ne s’imagine pas qu’une nouvelle vie est possible. Fautil succomber aux charmes de Julien, beaucoup plus jeune qu’elle ? Ou se contenter d’être dans l’acceptation de ce qui lui arrive ? Le thème de ce joli film n’est pas tant la vieillesse que la question de ce que l’on fait, à 60 ans, de sa vie, de son désir… et de son couple. Quant aux admirateurs de Fanny Ardant, ils ne seront pas déçus : étonnante en jean et cheveux teints en blond, elle assure avec une classe folle ! SB

Before Midnight USA, Grèce – 2013 – 1h48, de Richard Linklater, avec Ethan Hawke, Julie Delpy, Seamus Davey-Fitzpatrick…

Après Before Sunrise (1995) et Before Sunset (2005), on retrouve Céline et Jesse. Jesse est toujours un écrivain reconnu. Quant à Céline, elle est à un tournant de sa carrière, prête à accepter un poste au gouvernement. Presque vingt ans après leur première rencontre dans un train en partance pour Vienne, les voilà de retour en Grèce avec leurs jumelles.

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Camille redouble France – 2012 – 1h55, de et avec Noémie Lvovsky…

Parce que son histoire d’amour vieille de 25 ans s’achève, Camille, actrice qui vit mal la cinquantaine, retombe littéralement dans son passé. Avec son corps d’adulte, elle retrouve ses habits d’ado, ses amies, le lycée, ses parents… Sur la trame loufoque de Peggy Sue, Noémie Lvovsky réussit un film magnifique, drôle et mélancolique et terriblement émouvant, sur le temps qui passe et sur la perte, servi par une troupe d’acteurs magnifiques : J.-P. Léaud, Y. Moreau, M. Vuillermoz, M. Amalric, D. Podalydès. DP

Cha cha cha

Italie – 2013 – de Marco Risi, avec Luca Argentero, Pippo Delbono, Eva Herzigova…

« Un fait divers vu par les yeux d’un détective », tel est le résumé laconique que M. Risi fait de son dernier film, apparemment très noir. Cha cha cha nous entraîne dans le sillage d’un détective qui enquête sur l’« accident » dont a été victime un adolescent. Or, si la mère de la victime veut absolument faire éclater la vérité, autour d’elle gravitent des personnalités particulièrement complexes, assez représentatives de ce que peut être « la face sombre de l’Italie d’aujourd’hui… » le tout, bien sûr, avec un air de Chandler, sur fond de film noir… Sources : melty.it, cinema-tv.guidone.it

La France Chair de ma chair – 2012 – 1h18, de Denis Dercourt, avec Anna Juliana Jaenner, Louis Sebastien…

Anna aime sa fille plus que tout au monde. Elle est prête à tous les sacrifices pour la nourrir. Mais l’assassinat de plusieurs personnes qui se sont approchées d’elle fait peser des soupçons sur sa santé mentale. Longtemps musicien professionnel (altiste), Denis Dercourt a déjà réalisé cinq longs métrages dont le remarqué La Tourneuse de pages (2006) avec Catherine Frot et Déborah François. Avec son nouveau film, il nous propose une histoire… de cannibalisme. Sources : dossier de presse.

Les Chansons populaires Mexique – 2012 – 1h43, de Nicolas Pereda, avec Teresa Sanchez, Gabino Rodriguez...

Gabino, 27 ans, vit toujours avec sa mère et vend des compilations de chansons piratées dans le métro. Un jour, son père revient à la maison après quinze années d’absence... Curieux film, curieux objet, qui mêle vérité et mensonge, fiction et documentaire. Intrigant et étonnant, le film surprend constamment par sa forme et, notamment, par quelques changements de casting inattendus et autres mises en abyme. Même si c’est ce film qui va révéler son auteur en France, Nicolas Pereda jouit déjà d’une reconnaissance internationale et est l’auteur de cinq autres longs métrages. JF

Chez nous, c’est trois France – 2013 – 1h 28, de Claude Duty, avec Noémie Lvovsky, Marie Kremer, Judith Godrèche…

Jeanne, réalisatrice de films en panne d’inspiration, accepte de présenter son deuxième film dans sa ville natale. Elle y fait rencontres et retrouvailles qui vont redonner un élan et du sens à sa carrière. Cette comédie est inspirée d’un épisode réel de la vie professionnelle du cinéaste Claude Duty. Sources : dossier de presse.

La Cinquième saison

Belgique-France-Pays Bas – 2012 – 1h33, de Peter Brosens et Jessica Hope Woodworth, avec Aurélia Poirier, Django Schrevens, Sam Louwyck…

Dans un village belge, au milieu des Ardennes, la nature a des ratés : le printemps ne vient pas. Le monde autour du village plonge dans le silence et l’immobilité. Deux adolescents refusent de se résigner et tentent de lutter contre la catastrophe. La Cinquième saison est un film à la beauté formelle époustouflante, qui nous présente une vision surréaliste d’un monde devenu fou. Film de fin du monde, il raconte une descente aux Enfers où le bien n’a plus aucune chance de reprendre le dessus. Les deux réalisateurs nous offrent un film fort, sans concession, avec une force esthétique fascinante. Sources : dossier de presse.

Le Congrès Israël – 2013 – 2h02, de Ari Folman avec Robin Wright, Harvey Keitel…

Dans une société future dominée par une Major hollywoodienne Miramount et une industrie pharmaceutique nommée Nagazaki, l’actrice en fin de carrière Robin Wright (jouée par elle-même) se voit proposer d’être scannée. Son alias sera alors libre-

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ment exploité. Pendant 20 ans, elle devra disparaître, pour revenir comme invitée d’honneur du congrès Miramount-Nagazaki… Cinq ans après Valse avec Bachir, le réalisateur israélien adapte un roman de Stanislas Lem dans un projet complexe et passionnant : une heure de prises de vue réelles, une heure d’animation. « Profond cri de nostalgie pour le cinéma à l’ancienne », Le Congrès veut à la fois traiter du mythe de la vie éternelle et des ravages à venir de la société du spectacle… et confirme l’immense talent d’un cinéaste hors norme.

Palestinien, ils militaient contre la guerre au Liban. Leurs relations se sont par la suite dégradées mais Al-Azhari a finalement accepté de tourner ce nouveau documentaire qui donne à penser qu’une solution est possible au Moyen-Orient, que l’appartenance à un côté ou l’autre du mur ne détermine pas fatalement ce que vous allez devenir. A. Mograbi (entre autres : Pour un seul de mes yeux, 2005, est un documentariste israélien particulièrement dérangeant, qui aime beaucoup gratter là où cela fait mal et qui le fait avec talent… Sources : Imdb.com

Sources : lemonde.fr – télérama.fr

D

Dans la maison France – 2011 – 1h45, de François Ozon, avec Fabrice Lucchini…

Un professeur de français lassé par la médiocrité des écrits de ses élèves est enthousiasmé par la rédaction de Claude, un garçon à part. Il décide de l’aider à développer son talent. Claude entreprend un feuilleton étrange où il décrit la vie de la famille de l’un de ses amis, dans l’intimité de laquelle il s’immisce peu à peu… Une relation malsaine s’installe entre l’élève et son mentor. Ozon réussit un film envoûtant autour du voyeurisme… où le spectateur cherche à savoir sans cesse qui manipule qui. DP

Dans la tête de Charles Swan III USA – 2013 – 1h25, de Roman Coppola, avec Charlie Sheen, Jason Schwartzman, Bill Murray, Patricia Arquette...

Tout a toujours souri à Charles Swan, graphiste réputé et séducteur excentrique. Jusqu’au jour où Ivana met brusquement fin à leur relation. Effondré, Charles entreprend alors un étrange voyage d’introspection... Après Sofia et son beau The Bling ring, voilà son frère, Roman, pour son deuxième long métrage après CQ. Nettement moins sérieux, il a choisi la comédie déjantée comme terrain de jeux. Le film enchaîne les fantaisies et la sympathie qu’il dégage permet de passer un bon moment avec Bill Murray, Charlie Sheen ou Patricia Arquette, entre autres. Il y a pire compagnie. Sources : dossier de presse.

Dans un jardin je suis entré

Japon – 1936 – 1h27, de Yasujiro Ozu, avec Choko Iida, Masao Hayama...

Un chasseur de primes libère un esclave noir qui peut l’aider à identifier l’homme qu’il recherche. Les deux finissent pas s’associer et il viendra un moment où la chasse à la prime et la juste lutte pour la vengeance du peuple noir vont converger. Et alors, ça va saigner… Sans renoncer à son sens du sarcasme ni à son goût pour une certaine violence spectaculaire, Tarantino les utilise ici de manière moins gratuite et nous offre un grand film qui ne souffre même pas de sa durée ! ER

Electrick Children USA – 2012 – 1h36, de Rebecca Thomas, avec Julia Garner, Rory Culkin, Liam Aiken...

Voir pages Jeune Public

Frances Ha USA – 2012 – N&B – 1h26, de Noah Baumbach, avec Greta Gerwig, Mickey Sumner, Miles Adam Driver…

Frances est une jeune New-Yorkaise qui projette de devenir chorégraphe. En attendant, elle s’amuse avec sa meilleure amie, danse un peu, est amoureuse… et rêve beaucoup. Derrière la légèreté apparente du personnage, Frances se révèle nuancée et attachante. C’est tout l’art et l’humour de N. Baumbach, qui retrouve ici la pétillante G. Gerwig qu’il avait révélée dans Greenberg (2010), de savoir porter un regard humaniste sur ses personnages décalés.

Ernest et Célestine

Sources : dossier de presse, filmdeculte.fr

Voir pages Jeune Public

Fedora

A. Mograbi et A. Al-Azhari se sont rencontrés dans les années 70, alors que, l’un Israélien et l’autre

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Sources : dossier de presse.

Gold Allemagne – 2013 – 1h37, de Thomas Arslan, avec Nina Hoss, Marko Mandic, Peter Kurth…

Sources : dossier de presse, site filmdeculte.com.

Le Goût du Saké Japon – 1962 – 1h55, de Yasujiro Ozu, avec Chishu Ryu, Shima Iwashita, Schinichiro Mikami…

La Folle escapade

Rachel, jeune fille innocente de15 ans, issue d’une communauté mormone, vit dans un univers familial austère qu’elle n’a jamais quitté. Après avoir écouté en cachette la voix d’un chanteur sur une cassette, elle pense avoir vécu un miracle en se découvrant enceinte. Devant l’éventualité d’un mariage forcé, elle s’enfuit jusqu’à Las Vegas à la recherche de l’homme à la voix enregistrée... Electrick Children est une fable poétique contemporaine aux accents rock et pop et nous permet de vivre des émotions bien réelles. MS

Barry, producteur américain, se remémore les derniers jours de Fedora, une star hollywoodienne qui vivait retirée du monde en Europe et qu’il a rencon-

Gold est un western dont le sujet est la Ruée vers l’or et qui se déroule au Canada, dans le Klondike, en 1898. Une femme, Emily Meyer, rejoint un groupe d’immigrés allemands où chacun croit partir pour une vie meilleure. Confrontés à l’immensité des espaces canadiens et à la sauvagerie de la nature, les personnages craquent, se déchirent, souvent gagnés par la tentation de fuir et de disparaître. Tourné par un réalisateur allemand, porté par une grande actrice du cinéma allemand, Gold est un western curieux, décalé, au charme mystérieux.

Une veuve vivant à la campagne se sacrifie pour envoyer Ryosuke, son fils unique, faire des études à Tokyo. Treize ans plus tard, elle se décide à lui rendre visite. Entre temps, Ryosuke s’est marié et est devenu père... Attention : événement, Le Fils unique est un inédit de l’immense Yasujiro Ozu. Véritable prélude à Voyage à Tokyo, qui reprendra le même thème, cet inédit est une merveille de délicatesse dont les nondits déchirent le cœur. Immédiatement à ranger à côté des, très, nombreux autres chefs d’œuvres du maître japonais. JF

USA – 1978 – 1h54, de Billy Wilder, avec Marthe Keller, William Holden...

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Le Fils unique

Django unchained

Israël – 2012 – 1h37, de Avi Mograbi, avec A. Mograbi, A. Al-Azhari, Y Al-Azhari-Kadmon

Les CARNETS du STUDIO

homme pour son choix, il parvient à le convaincre de ne pas se marier et de profiter avec lui d’une liberté inédite. Mais s’agit-il d’une nouvelle vie ou d’une crise passagère et illusoire ? Peu importe, puisque le couple Chabat/Boublil est plutôt là pour nous faire rire !

USA – 2012 – 2h44, de Quentin Tarantino, avec Christoph Waltz, Jamie Foxx, Leonardo Di Caprio, Samuel J. Jackson…

Les fiches paraphées correspondent à des textes dont le rédacteur a vu le film

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trée, pour la persuader de faire son come-back, quinze jours plus tôt... Fedora passa un peu inaperçu lors de sa sortie en 1978. C’est donc l’occasion de se rattraper en allant voir ce grand film crépusculaire et qui, justement, est un peu le pendant du tout aussi magnifique Boulevard du crépuscule. Ce joyau rare, nostalgique, noir et irrévérencieux montre une fois de plus qu’il n’y a rien à jeter, ou si peu, dans l’impressionnante oeuvre de Billy Wilder. JF

Les Gamins France – 2012 – 1h35, de Anthony Marciano, avec Alain Chabat, Max Boublil, Sandrine Kiberlain…

Thomas devrait épouser Lola et pour cela, il se doit de rencontrer son futur beau-père. Seulement, le Gilbert en question est revenu de tout et particulièrement du mariage ; alors au lieu de féliciter le jeune

Un père, veuf, retrouve ses amis le soir, pour boire du saké. Il vit avec sa fille en âge de se marier. Malgré son angoisse de la solitude, il prend conscience qu’il risque de lui gâcher sa vie, s’il agit comme l’un de ses anciens professeurs et dès lors il accepte le gendre qu’on lui propose. Ce drame illustre la nécessité, pour le Japon d’après guerre et pour Ozu, d’accepter le changement… Sources : dossier de presse.

La Grande belleza Italie – 2013 – 2h21, de Paolo Sorrentino, avec Toni Servillo, Luis Tosar…

À Rome, Jep Gambardella est le roi des mondains : journaliste à succès, grand séducteur vieillissant, auteur d’un unique et célèbre roman de jeunesse, il ne sait pas bien quoi faire de sa vie, jetant un regard cynique et désabusé sur la faune qui l’entoure… Dans cette œuvre nostalgique, on retrouve Toni Servillo, observateur lucide du monde qui l’entoure, dans la lignée de La Dolce Vita ou de La Terrasse. Le réalisateur l’avoue : « C’est un film totalement débiteur du grand cinéma italien, Scola, Fellini, Ferreri, Monicelli... » On ne s’en plaindra pas ! Sources : lemonde.fr – telerama.fr

Film proposé au jeune public, les parents restant juges. Les CARNETS du STUDIO

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Grigris France/Tchad – 2013 – 1h41, de Mahamat Saleh Haroun, avec Souleymane Démé, Anaïs Monory, Cyril Gueï…

Nord du Sri Lanka. Un ex-combattant de l’armée rebelle vaincue retourne chez lui après deux ans de camp de réhabilitation. Avec sa femme, il espère revenir à une existence normale. Mais aux yeux des villageois, demeurant coupable d’avoir survécu, il est victime des haines. Une rencontre inattendue peut tout changer… Engagé à décrire les réalités difficiles de son pays, le réalisateur de This is my Moon (2000) filme cette histoire grave avec tendresse et humour.

Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse.

Heidi Voir pages Jeune Public

Hijacking Danemark – 2013 – 1h39, de Tobias Lindholm, avec Pilou Asbæk, Søren Malling…

Film du mois de juillet. Voir au dos du Carnet

Hiroshima mon amour France, Japon – 1959 – 1h30, d’Alain Resnais (scénario de Marguerite Duras), avec Emmanuelle Riva, Eiji Okada, Bernard Fresson… version restaurée.

Une histoire d’amour bouleversante entre une jeune française venue à Hiroshima jouer dans un film sur la paix et un architecte japonais. Chacun porte à sa manière les stigmates de la guerre… Avec un scénario et des dialogues d’une puissance inouïe (Duras au sommet de son art), une mise en scène admirable tour à tour fluide et audacieuse, le visage et la voix inoubliables d’Emmanuelle Riva, Hiroshima est une œuvre extrêmement mélancolique, d’une beauté foudroyante ; un poème d’amour plein de finesse et de douleur qui n’a pas fini de nous poursuivre. SB

I

Imogène

USA – 2013 – 0h00, de Shari Springer Berman et Robert Pulcini, avec Kristen Wiig, Darren Criss, Annette Bening…

Imogène vit à New-York, où elle est dramaturge. Toujours un peu à côté de la réalité, elle perd son travail et son petit-ami. Pour récupérer les deux, elle tente de mettre en scène son propre suicide. Echec : la voici contrainte d’aller vivre chez sa mère dans le New Jersey. Elle y retrouve une famille excentrique où il lui faudra apprendre à exister et à s’imposer. Imogène est une comédie américaine légère et fraîche, servie par une équipe de comédiens inspirés et en verve. Souces : dossier de presse.

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avec Dharshan Dharmaraj, Subashini Balasubramaniyam…

Alors que sa jambe paralysée devrait l’exclure de tout, Grigris, 25 ans, se rêve en danseur. Rêve qui se brise lorsque son oncle tombe gravement malade. Pour le sauver, il va travailler pour des trafiquants d’essence… Au Festival de Cannes, Grigris a reçu le Prix Vulcain, récompensant Antoine Héberlé, directeur de la photographie. Abordant également la prostitution, sujet tabou, Grigris se présente pourtant comme « Un conte bourré d’espérance » (Le Monde).

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l’autobiographie pour essayer de rendre ce qu’elle entend être une sorte de « définition de ce qu’est la jeunesse ».

Ini Avan, celui qui revient Sri Lanka – 2013 – 1h44, d’Asoka Handagama,

Sources : dossier de presse.

Le Joli Mai France – 1963 – 2h16, de Chris Marker et Pierre Lhomme, avec Yves Montand, Chris Marker, Simone Signoret...

Nous sommes à Paris, au mois de mai 1968, pensez-vous ? Non, nous sommes au mois de mai 1962, dans la capitale filmée au plus près des pavés et des visages. La guerre d’Algérie vient de s’achever. L’équipe de Chris Marker interroge des passants, des commerçants, des étudiants, une famille, un jeune travailleur algérien... sur ce qu’ils pensent. Elle dresse des portraits saisissants, rapporte des témoignages touchants, naïfs, angoissés, exceptionnels sur la vie d’alors, dans une version restaurée du film. Michel Legrand a signé la musique accompagnant ce documentaire fascinant et plein de poésie. MS

L’Intervallo Italie – 2012 – 1h30, de Leonardo Di Costanzo, avec Carmine Patermoster, Salvatore Ruocco…

. Dans un quartier populaire de Naples, contraint Salvatore à surveiller Veronica, une jeune fille détenue dans un immense bâtiment désaffecté pour avoir offensé un gangster local... Première fiction pour Leonardo Di Costanzo, documentariste réputé. Pour raconter cette histoire très forte qui réussit à évoquer l’Italie mafieuse sans le moindre flingue, le réalisateur a eu l’idée de tourner son huis-clos dans un édifice sans limites. Il réussit ainsi la prouesse de ne jamais laisser retomber la tension tout en étant juste et sensible. Très chaudement accueilli par la presse.

Joséphine France – 2012, 1h28, de Agnès Obadia, avec M. Berry, M. Nebbou…

À bientôt 30 ans, Joséphine continue d’attendre M. Parfait en compagnie de Brad Pitt… son chat. Elle a aussi tendance à s’inventer des histoires d’amour incroyables mais c’est le mariage de sa sœur qui fait tout exploser et va la lancer dans un mensonge tellement énorme qu’il pourrait l’emmener très loin…

Sources : Positif, Première.

Sources : dossier de presse.

Jeune et jolie France – 2012 – 1h34, de François Ozon, avec Marina Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot…

Le prolifique F. Ozon brosse un nouveau portrait de jeune fille, en quatre mouvements, cette fois. En quatre saisons et autant de chansons donc, on suit Isabelle qui, en pleine découverte de la sexualité, décide de monnayer ses charmes auprès d’hommes rencontrés sur Internet. Ce film, sulfureux et pourtant plein de sensibilité a enthousiasmé les critiques à Cannes, notamment en raison du jeu intense de l’interprète principale. Sources : dossier de presse.

Jeunesse France – 2013 – 1h12, de Justine Malle, avec Emile Bertherat, Didier Bezace, Esther Garrel…

Près de 20 ans après la mort de son père, Justine Malle revient sur ce moment crucial de sa jeune vie : elle a vingt ans, tombe amoureuse, rejette l’autorité de son père… et celui-ci meurt. Comment ne pas s’en sentir coupable ? La fille de Louis Malle a donc délibérément choisi de se situer sur le terrain de

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Jour de fête France – 1949 – 1h16, de Jacques Tati, avec Jacques Tati, Paul Frankeur, Guy Decomble…

Des forains s’installent dans un petit village. Parmi les attractions se trouve un cinéma ambulant où le facteur découvre un documentaire sur ses collègues américains. Il décide alors de se lancer dans une tournée à « l’américaine ». Premier long métrage de Jacques Tati, ce film annonce la carrière ultérieure du cinéaste… Avec son style caractéristique (peu de dialogues, un comique de situation), l’un des plus grands réalisateurs français confronte le vieux continent, illustré par cette petite communauté villageoise pittoresque, à la modernité de la culture américaine. (Version restaurée). EC Voir pages Jeune Public

Le Jour des Corneilles Voir pages Jeune Public

Juliette France – 2013 – 1h40, de Pierre Godeau, avec Astrid Bergès-Frisbey, Élodie Bouchez…

Juliette a 25 ans, elle est jolie, elle vient de finir ses études, la vie s’ouvre devant elle. Mais il va falloir choisir, grandir… 25 ans, l’âge des possibles, l’âge des amants, l’âge des doutes… Pour son 1er film, Pierre Godeau a choisi de raconter la valse hésitation d’une jeune femme d’aujourd’hui.

Keep smiling France/Géorgie/Luxembourg – 2013 – 1h31, de Rusudan Chkonia, avec Olga Legrand, Nana Shonia, Tamar Bziava…

K

À Tbilissi, la télévision géorgienne organise un concours pour élire la « Meilleure Mère de l’année ». Dix mères vont alors s’affronter et tout faire pour ne pas laisser passer cette chance d’accéder à une vie meilleure. Tous les coups sont permis. Une seule règle, gardez le sourire. R. Chkonia est une réalisatrice géorgienne dont le film de fin d’étude Children without a name a été récompensé dans plusieurs festivals internationaux. Keep smiling, cette tragi-comédie autour de dix mères de famille qui s’arrangent avec leur idée de la dignité à l’occasion d’un concours de beauté, a reçu l’Antigone d’or au rendez-vous international du cinéma méditerranéen. Sources : dossier de presse.

Landes

France – 2012 – 1h35, de François Xavier Vivès, avec Marie Gillain, Jalil Lespert, Miou-Miou…

L

Nous sommes en 1920, dans les Landes. La crise sociale menace la région. Liéna a 35 ans, son mari, propriétaire fortuné, décède et lui laisse un rêve étrange pour l’époque : mettre l’électricité partout sur ses terres. Mais tout le monde s’oppose à ce projet : les autres propriétaires, son entourage, les syndicats. Liéna s’obstine, et découvre que la Lande est une source de richesse insoupçonnée, pleine de promesses sociales. Elle regarde la vie autrement. C’est le premier film d’un cinéaste qui a su réunir autour de lui une belle brochette d’acteurs dont la critique semble attendre beaucoup. Sources : site allociné.com.

Lincoln USA – 2012 – 2h29, de Steven Spielberg, avec Daniel Day-Lewis, Sally Field, David Strathairn…

Spielberg a pris le parti de ne raconter que les derniers mois de la vie de Lincoln. Celui-ci veut mettre fin à une Guerre de Sécession meurtrière, qui ruine le pays. Mais il tient aussi à obtenir l’adoption par le Congrès d’un amendement à la Constitution qui Les CARNETS du STUDIO

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abolirait l’esclavage. Pour cela, il lui faut convaincre ses adversaires démocrates qu’il est de leur intérêt de le voter, et il doit y parvenir avant la fin de la guerre. On découvre un Lincoln prêt à utiliser des méthodes peu orthodoxes, pour parvenir à ses fins. CdP

M

Magnifica Presenza Italie/Turquie – 2013 – 1h46, de Ferzan Özpetek, avec Elio Germano, Margherita Buy…

Pietro, jeune chef pâtissier, rêve de devenir acteur. Il s’éloigne alors de sa Sicile natale pour s’installer à Rome dans une charmante maison. Or, ce lieu se révèle plein d’inattendu, avec la présence d’individus envahissants qui ne semblent pas prêts à quitter les lieux… En tout cas pas sans l’aide de l’hypersensible Pietro ! Le réalisateur de Hammam, le bain turc (1997) mêle ici larmes, drame et humour pour une histoire riche en mystères. Sources : dossier de presse.

Ma meilleure amie, sa sœur et moi U.S.A – 2013 – 1h30, de Lynn Shelton, avec Emily Blunt, Rosemarie DeWitt, Mark Duplass…

Michael Kohlhaas

Naître père

France/Allemagne – 2013 – 2h02, d’Arnaud des Pallières, avec Mads Mikkelsen, David Bennent, Paul Bartel, Bruno Ganz, Mélusine Mayance…

France – 2012 – 1h20, de Delphine Lanson

Film du mois d’août. Voir au dos du Carnet

Pacsés depuis treize ans, Jérôme et François veulent un enfant. Ils font appel à Colleen, qui habite dans le Wisconsin, où la GPA est autorisée, pour être la mère porteuse de... leurs jumeaux ! Delphine Lanson signe un documentaire remarquable. Mais pas un film dossier sur la gestion pour autrui, Naître père pose des questions mais n’assène pas de réponses. Le film est un parfait équilibre entre très grande émotion et légèreté, humour. Ce que filme la réalisatrice ce n’est pas une situation qui serait inédite, mais, au contraire, l’ordinaire de ces nouveaux papas. Et c’est ce qui est formidable, sous ses yeux, Jérôme, François, Colleen, et les autres, deviennent inoubliables. Bienveillant et généreux. JF

Moi, moche et méchant 2 Voir pages Jeune Public

Monstres Academy Voir pages Jeune Public

Mort à vendre

Maroc – 2011 – 1h57, de Faouzi Bensaidi, avec Mouhcine Malzi, Fehd Benchemsi, Fouad Labiad…

À Tetouan, Malik, Allal et Soufiane vivent de petits larcins en rêvant d’un plus grand destin. Lorsqu’il devient question d’aller braquer la plus grosse bijouterie de la ville, chacun a ses raisons de s’y lancer… ou de s’en méfier. Après Mille mois et What a wonderful world, F. Bensaidi revient à un cinéma un peu plus classique, très ancré dans les codes du polar et qui ne semble jamais sacrifier l’image (très belle) au récit (dense et tragique).

O

Sources : dossier de presse.

Surprise au festival de Deauville : ovation et tonnerre d’applaudissements pour ce film à petit budget, où tout se passe ou presque dans un chalet de vacances entre trois personnages. Jack, sous le coup de la disparition de son frère a accepté, sur l’invitation d’Iris, sa meilleure amie, d’aller y passer une semaine seul pour méditer sur sa vie. Mais il trouve la maison déjà occupée par Hannah, la sœur d’Iris, venue y soigner une blessure amoureuse. Iris, elle-même ne va pas tarder à arriver… Avec un scénario plein de rebondissements et d’idées fines, des acteurs talentueux qui nous font passer du rire aux larmes.

Mud sur les bords du Mississipi USA – 2012 – 2h10, de Jeff Nichols, avec M. McConaughey, T. Sheridan, S. Sheppard, R. Witherspoon…

Sources : dossier de presse festival de Deauville

Sur une île au milieu du Mississipi, deux ados découvrent un bateau perché dans les arbres… et un criminel en fuite. Un criminel romantique qui voudrait que les enfants l’aident à entrer en contact avec la femme qu’il aime… Mais, sur la terre ferme, l’homme est très recherché… Magnifique film d’initiation, d’amour, de vengeance, film policier aussi, Mud confirme que J. Nichols est un grand réalisateur. ER

Metro Manila

Né quelque part

Grande-Bretagne/Philippines – 2012 – 1h50, de Sean Ellis, avec Jake Macapagal, Althea Vega, John Arcilla…

France – 2013 – 1h27, de Mohamed Hamidi, avec Tewfik Jallab, Jamel Debbouzze…

Incapable de nourrir sa famille en raison de la chute des cours du riz, Oscar part s’installer à Manille. Mais il se retrouve vite à faire des affaires avec des gens peu recommandables. L’avenir semble s’éclaircir un peu lorsqu’il trouve un emploi de convoyeur de fonds… travail très risqué qui vous place au milieu de bien des dangers et bien des convoitises… Filmé très près des personnages, Metro Manila est tout autant un film social qu’une manière de polar sans concessions. ER

Alors qu’il n’a jamais traversé , Farid, un jeune Français, doit aller en Algérie pour aider son père. Il y découvre une famille simple et chaleureuse et notamment son débrouillard cousin qui rêve de rejoindre son 1er film, le réalisateur a réussi à convaincre Jamel Debbouzze de jouer le cousin. “Ce film parle de ce retour au bled. Nos parents ont tous construit une maison dans notre pays d’origine pour que l’on y retourne un jour, mais on n’y retourne jamais. ” Sources : dossier de presse.

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P

Plein soleil France - 1959 - 1h55, de René Clément, avec Alain Delon, Maurice Ronet, Marie Laforêt…

Ripley n’a pas les moyens de ses goûts, alors, quand un milliardaire l’engage pour ramener son fils au bercail, il ne se fait pas prier, pensant lui aussi profiter de la dolce vita du sud de l’Italie ! Mais Philippe n’a pas l’habitude qu’on lui dicte sa conduite. La tension entre les deux hommes montera ; implacable duel au soleil ! Qui a vu l’Apollon Delon à la barre du voilier, en sera à jamais retourné. IG

Populaire France – 2012 – 1h51, de Régis Roinsard, avec Romain Durisn Déborah François…

L’Oncle de Brooklyn Italie – 1995 – 1h38, de Daniele Cipri et Franco Maresco, avec Salvatore Gattuso, Pippo Augusta, Salvatore Schiera..

. Dans un vieux bâtiment délabré de la banlieue de Palerme fantastiquement vide, deux mafiosi nains demandent à quatre frères escrocs de s’occuper d’un personnage mystérieux. Il s’agit de l’oncle de Brooklyn, un vieux parrain muet, qui ne mange pas, qui ne dort pas et qui ne parle pas.... Irrévérencieux, très drôle et parfois exaspérant, L’Oncle de Brooklyn, dans une version restaurée, témoigne d’un plaisir immédiat, celui de fabriquer un cinéma en toute liberté et loin des sentiers battus. Sources : dossier de presse.

L’Ogre de la Taïga Voir pages Jeune Public

N

Le Petit Gruffalo

Orléans France – 2012 – 0h58, de Virgil Vernier, avec Andréa Brusque, Julia Auchynnikava, Hélène Chevallier…

Orléans : 2011. Pendant qu’au centre-ville on prépare les célébrations de Jeanne d’Arc, à la sortie de la ville deux strip-teaseuses, Sylvia et Joane, font leur métier et tentent de charmer le client. Joane va assister par hasard à la messe donnée en l’honneur de la Pucelle, puis la rencontrer, incarnée par une comédienne dans les bois. Dès lors Joane est saisie par le mysticisme et l’adoration. Virgil Vernier joue avec habileté du grand écart entre la sainteté et la « dépravation », et nous livre un film court, mais étrange et fascinant, comme il en a l’habitude. Sources : Télérama, La République du centre, Les Inrocks.

Pour échapper à son petit village normand, Rose part pour Lisieux avec le fol espoir de devenir secrétaire dans un cabinet d’assurances. Découvrant qu’elle possède un don exceptionnel, son patron décide de la garder et de l’entraîner pour le championnat de France de vitesse dactylographique… Porté par des acteurs épatants, cette comédie pétillante trace un portrait ironique et charmant de la France des années 60. Un petit plaisir estival à ne pas manquer. DP

Le Quatuor USA – 2013 – 1h47, de Yaron Zilberman, avec Philip Seymour Hoffman, Catherine Keener, Christopher Walken…

Q

Le quatuor , qui jouit d’une renommée internationale, va célébrer son 25e anniversaire par un concert, sans doute son dernier. Les liens d’amitié qui unissaient les musiciens sont mis à mal : les rancœurs, les ambitions, les égoïsmes jusque-là refoulés éclatent au grand-jour. Le concert projeté est menacé. Le Quatuor est la première fiction du réalisateur, qui s’est entouré de comédiens inspirés. Jouant sur la richesse émotionnelle de la musique, ici inspirée par le Quatuor à cordes opus 131 de Beethoven, Le Quatuor est un film émouvant, plein d’humanité. Sources : dossier de presse, site voir.ca.

Le Roi et l’oiseau France – 1980, version restaurée 2013 – dessin animé de Paul Grimault, d’après l’œuvre de Andersen – scénario et dialogues de Jacques Prévert.

R

Le Roi Charles V et Trois font Huit et Huit font Seize règne en tyran sur le royaume de Takicardie. Seul un oiseau, enjoué et bavard, qui a construit son nid en haut du gigantesque palais, ose le narguer. Le Les CARNETS du STUDIO

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Roi veut épouser une modeste Bergère, mais celleci aime un petit Ramoneur… Film culte, Le Roi et l’oiseau est un pur chef d’œuvre de poésie et d’intelligence dont les dessins et l’histoire n’ont pas pris une ride ! Le (re)découvrir dans une version restaurée est une chance à ne pas rater. SB Voir pages Jeune Public.

S

Les Salauds France – 2013 – 1h40, de Claire Denis, avec Vincent Lindon, Chiara Mastroianni, Julie Bataille, Michel Subor, Grégoire Colin…

Un entrepreneur en faillite se défenestre et laisse derrière lui sa femme face à une montagne de dettes et sa fille à la dérive. Le frère de la veuve intervient pour mettre de l’ordre dans ce monde où se mêlent argent, drogue, alcool et jeux sexuels. Parmi les personnages violents, corrompus, quels sont les salauds de ce polar noir ? Le film est extrêmement troublant. Cependant, on retrouve la marque singulière de Claire Denis dans la manière coulée de filmer les corps, les visages, la pluie, la lumière, les ombres… MS

Les Sept Samouraïs Japon – 1954 – 3h26, d’Akira Kurosawa, avec Toshirô Mifune, Takashi Shimura, Keiko Tsushima…

Au Moyen-Âge, la tranquillité d’un village japonais est troublée par les attaques répétées d’une bande de pillards. Sept samouraïs sans maître acceptent de défendre les paysans impuissants. Les 7 Samouraïs est sans doute le film le plus connu de Kurosawa, célèbre entres autres avec Rashomon (1950) et Ran (1985). Chef d’œuvre épique, un film inoubliable par l’ampleur de la fresque historique, la variété des épisodes, l’énergie extraordinaire qui emporte toutes les séquences, la beauté des images, le lyrisme de la mise en scène. Film de samouraïs de référence, qui a inspiré Les Sept Mercenaires (John Sturges, 1961), il ressort en copie restaurée et version intégrale. EC

Shotgun stories USA – 2007 – 1h32, de Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Douglas Ligon…

Dans une petite ville du sud de l’Arkansas, trois frères entrent en conflit ouvert avec leur père, remarié, et les fils adoptifs de ce dernier. De vieilles rancœurs empoisonnent la vie des deux familles, rancœurs qui vont s’accentuer à la mort du père. Pour son premier film, J. Nichols avait déjà fait preuve d’une remarquable maîtrise dans l’art d’approcher des personnages complexes et d’organiser son récit. ER

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sans qu’il le sache, il devint une icône dont les chansons étaient le symbole de la lutte contre l’apartheid. Des années plus tard, deux fans du Cap partent à sa recherche et ce qu’ils découvrent est non seulement une histoire faite de surprises et d’émotions mais aussi une leçon de vie. Ce documentaire, tourné sous la forme d’une enquête passionnante pleine de suspense, nous dévoile une histoire exceptionnelle. Il est d’autant plus fort que le sujet nous bouleverse. SB

La Sirga Colombie/France – 2013 – 1h28, de William Vega, avec Floralba Achicanoy, Joghis Seudin Arias, David Fernando Guacas…

Oscar, plus tout jeune, vit seul au bord d’un lac des Andes dans une maison délabrée qu’il retape tant bien que mal. Un jour l’une de ses nièces arrive pour lui demander de l’abriter. Sa famille a été tuée. Car, tout près, tout autour, rôde la guérilla… La vie et les tensions entre ces habitants lacustres sont, pour l’auteur, l’occasion de nous livrer une « métaphore de la société colombienne d’aujourd’hui », mais la montrer sans négliger le cinéma, dans un film « fort et envoûtant. » Sources : Les Inrocks, telerama.fr

T

Take Shelter USA – 2011 – 2h, de Jeff Nichols, avec Michael Shannon, Jessica Chastain…

Assailli de visions et de cauchemars, Curtis est obsédé par l’idée qu’une énorme tornade va prochainement causer la perte de toute sa ville. En secret d’abord, puis dans l’incompréhension grandissante des siens, il s’endette pour aménager un abri, mettant ainsi la survie financière de sa famille en danger. Curtis serait-il en train de suivre les pas de sa mère, internée depuis plus de 20 ans ? Envoûtant de la première à la dernière image, Take Shelter est le film qui a signé l’entrée de Jeff Nichols dans la cour des grands. ER

Spéciale Première USA – 1974 – 1h45, de Billy Wilder, avec Jack Lemmon, Walter Matthau…

Le journalisme, pour Hildy Johnson : c’est terminé ! Mais c’est compter sans l’entêtement de son rédacteur en chef, qui n’a pas l’intention de lâcher son meilleur reporter, surtout quand un condamné à mort doit être pendu ! Sur le ton de la comédie douce amère, (la cruauté n’est jamais loin chez Wilder), le réalisateur nous interroge, à nouveau, sur les notions d’engagement, de manipulation et de sincérité.

The Bling Ring

Sources : dossier de presse, Billy Wilder de G. Colpart

USA - 2012 - 1h30, de Sofia Coppola, avec Emma Watson, Israel Broussard, Leslie Mann, Taissa Farmiga…

Star Trek Into Darkness

The Bling Ring s’inspire d’un authentique fait divers, soit les aventures, à Los Angeles, d’un gang de jeunes braqueurs californiens qui traquent les déplacements de stars holywoodiennes pour dévaliser leurs demeures... Après Virgin suicides (1996), Lost in translation (2002), Marie-Antoinette (2006) et Somewhere (2010), Sofia Coppola revient avec une nouvelle histoire mêlant ses thèmes favoris : l’adolescence, l’ennui, la perte des illusions et le miroir aux alouettes de la célébrité.

USA – 2013 – 2 h12, de J. J. Abrams, avec Chris Pine, Zachary Quinto, Benedict Cumberbatch, Zoë Saldaña…

L’espace, ultime frontière. Voici les voyages du vaisseau galactique Enterprise. Sa mission : explorer des mondes étrangers, chercher de nouvelles vies et de nouvelles civilisations, s’aventurer là où nul n’est encore allé. Connu pour les séries cultes Alias (2001) et Lost (2004), après Star Trek (2009), Super 8 (2011), Abrams s’intéresse cette fois-ci davantage aux rapports humains. Toutefois, il montre une nouvelle fois son génie, dans la mise en scène mouvement perpétuel et sa gestion du trop-plein. Sachant mieux que quiconque filmer une scène d’action ultracomplexe, Abrams expérimente, pour la première fois, la 3D. Sources : dossier de presse.

Sugar man Grande-Bretagne/Suède –2013 –1h25, documentaire de Malik Bendjelloul, avec Sixto Díaz Rodríguez…

Qui n’a pas encore entendu parler de Sixto Rodriguez, qui au début des années 70, enregistre deux albums et qu’on oublie ? Mais en Afrique du Sud,

Sources : dossier de presse.

U

Un, deux, trois USA – 1961 – 1h50, de Billy Wilder, avec James Cagney, Horst Buchholz, Pamela Tiffin…

À Berlin-Ouest, l’ambitieux MacNamara représente Coca-Cola et voudrait conquérir le marché de l’Est, pour son avancement. Pour cela, il entreprend de convaincre un trio d’attachés commerciaux soviétiques. La fille du grand patron de la firme débarque. Séduite par un beau communiste, elle se marie. Le père arrive et MacNamara n’a qu’une matinée pour transformer le révolutionnaire en gendre idéal…

Dialogues brillants, gags à profusion, une comédie effrénée, telles que Wilder sait les réaliser. EC

Une journée à Rome Italie – 2013 – 1h29, de Francesca Comencini, avec Filippo Scicchitano, Giulia Valentini…

C’est à une journée particulière dans la vie d’une jeune italienne que nous convie la réalisatrice. Gina a rendez-vous avec un député, censé l’aider à trouver un rôle d’actrice. Suite à un contretemps, le chauffeur du dit député est chargé de la faire patienter... La ballade dans une ville idéalisée va se révéler pleine de charme et « offre une photographie fidèle d’une jeunesse italienne, qui veut encore croire en une opportunité à venir, méprise l’éducation, et doit se rendre à l’évidence d’un pistonnage omniprésent, et d’une inégalité de richesses grandissante. » Sources : Abusdeciné.com

Voyage à Tokyo Japon – 1953 – 2h16, de Yasujiro Ozu, avec Chishu Ryu, Setsuko Hara…

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Un couple âgé rend visite à ses enfants installés à Tokyo. Reçus avec les égards qui leurs sont dus, ils deviennent peu à peu dérangeants... Sous son apparence simple et modeste, Voyage à Tokyo est d’une grandeur et d’une majesté infinies, abordant des thèmes universels (les rapports filiaux, le temps qui passe) d’une façon profondément touchante. C’est le film « étendard » de Yasujiro Ozu, celui qui l’a fait découvrir en France et, surtout, un chef d’œuvre d’une pureté éclatante et absolument inusable. JF

Wadjda Arabie saoudite – 2012 – 1h37, de Haifaa Al Mansour, avec Reem Abdullah, Waad Mohammed…

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Wadjda, 9 ans, veut un vélo pour faire la course avec son copain. Elle n’est pas non plus une élève modèle. Et son père voudrait bien épouser une nouvelle femme. Bref, il pleut des coups durs sur cette gamine qui ne s’en laisse pas compter et qui se battra jusqu’au bout. Tonique et gai, Wadjda n’est pas un film de plainte, c’est un film (très élégant) qui déborde d’énergie. ER

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FILM DU MOIS DE JUILLET

Hijacking Danemark – 2013 – 1h39, de Tobias Lindholm, avec Pilou Asbæk, Søren Malling…

L

FILM DU MOIS D’AOÛT

a prise en otage d'un équipage par des pirates au large de la Somalie n'est pas un phénomène rare dans cette région du monde. T. Lindholm s’est inspiré d’un de ces détournements, pour nous faire vivre l’épreuve endurée par les sept hommes restés à bord. Mikkel, le cuisinier, marié et père d'une petite fille, est parmi eux. Prisonnier et affaibli, il se retrouve au cœur d'une négociation entre le PDG de la compagnie du cargo et les pirates : d’un côté, les hésitations, le sang-froid et les millions ; de l’autre, des marins de plus en plus désespérés et des preneurs d’otages indécis, tour à tour humains et violents… Hijacking est un film incroyable, sans doute parce que le réalisateur a choisi de le tourner en conditions réelles : « Nous étions au large des côtes kényanes sur un bateau qui avait déjà été détourné, avec

l'équipage qui avait été pris en otage… Nous avions des gardes armés parce que nous naviguions en direction de la Somalie, au nord du Kenya, donc c'était assez dangereux », confie l’acteur Pilou Asbæk à l’issue de ce tournage éprouvant. Le résultat est saisissant : l’enfermement dans des espaces confinés, la faim, la peur, la chaleur étouffante, l’incompréhension… nous suivons au plus près des sensations cette aventure qui s’apparente à un thriller. Acclamé par la critique, Hijacking a raflé pas moins de neuf récompenses internationales, dont le Prix du meilleur film nordique au festival de Göteborg. Les américains n’ont pas tardé : dans quelques mois sortira sa version hollywoodienne avec Tom Hanks dans le rôle principal ! SB

Michael Kohlhaas France/Allemagne – 2013 – 2h02, d’Arnaud des Pallières, avec Mads Mikkelsen, David Bennent, Paul Bartel, Bruno Ganz, Mélusine Mayance, Sergi Lopez, Amira Casar, Denis Lavant, Jacques Nolot…

XVIe siècle. Michael Kohlhaas, marchand de chevaux, mène une vie familiale paisible dans les Cévennes. Mais, victime d’injustice de la part d’un seigneur, cet homme pieux et intègre va lever une armée, s’opposant ainsi avec violence à la société en place. Son idéal de justice va l’amener à mettre le pays à feu et à sang afin de faire rétablir son droit. Après Adieu (2003), Parc (2006) et Poussières d’Amérique (2011) notamment, Arnaud des Pallières adapte ici librement le court roman éponyme de Heinrich Von Kleist, abordant l’histoire bien réelle d’un marchand. Il fallait de l’au-

dace pour porter à l’écran Michael Kohlhaas, chef d’œuvre de la littérature allemande, qui a mené Franz Kafka au désir d’écriture ! Avec Mads Mikkelsen en héros tragique (Casino royal, After the wedding, La Chasse, Royal Affair…) qui est magistral – certains disent sublime, époustouflant – (et la distribution entière laisse rêveur), une mise en scène sobre, majestueuse et efficace, un décor naturel très présent, parfois austère, un remarquable travail sur le son, Michael Kohlhaas est : « Un film d’une beauté à couper le souffle, vertigineux » (L’Humanité). L’histoire de cet homme solitaire n’offre pas seulement « une réflexion épique sur le pouvoir et la justice » (Le Monde), c’est d’abord un grand moment de cinéma ! Sources : dossier de presse, lemonde.fr, next.liberation.fr.

LES CARNETS DU STUDIO – n°314 juillet-août 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


Nouvelle programmation pour l’été :

Le Roi et l’oiseau

à ne pas manquer !

Tout public à partir de 6 ans

Suisse – 1952 – 1h40, de Luigi Comencini, avec Elsbeth Sigmund, Heinrich Gretler...

France – 1980 – 1h27, film d’animation de Paul Grimault en version restaurée.

L’histoire merveilleuse d’un amour entre une bergère et un petit ramoneur, victimes du roi jaloux de Takicardie… Tout public à partir de 7 ans

Chef-d’œuvre de Jacques Prévert et Paul Grimault.

Comencini, cinéaste de l’enfance, nous enchante avec cette histoire certes très connue mais indémodable, en version restaurée.

Tout public à partir de 5 ans

Lors de la fête au village, François le facteur découvre un film sur les prouesses de la poste aux États-Unis. Il se lance alors dans une tournée à l’américaine…

VF

GB – 1978 – 1h41, film d’animation de Martin Rosen.

Un groupe de lapins fuit la garenne anglaise à la recherche d’un nouvel éden… Sur fond de tableaux champêtres, ces animaux renvoient aux contradictions de notre condition humaine.

Programmation 2012-2013 : VF

GB – 2011 – 43 mn, film d’animation de J. Weiland et U. Heidschötter. À partir de 4 ans

Tout public à partir de 5 ans

France – 2012 – 1h15, film d’animation de S. Aubier, B. Renner et V. Patar.

3D

Gru est de retour et cette fois-ci, il n’est plus du côté des méchants. James Bond n’a qu’à bien se tenir !

Tout public à partir de 9 ans

VF

Voir les Carnets JP ou le site des Studio.

À partir de 6 ans

USA – 2013 – 1h38, film d’animation de Chris Renaud et Pierre Coffin, avec les voix de Gad Elmaleh, Audrey Lamy…

France – 1949 – 1h16, film de Jacques Tati en version restaurée, avec Jacques Tati, Guy Decomble, Paul Frankeur…

VF

USA – 2013 – 1h40, film d’animation de Dan Scalon. VF

À partir de 6 ans

Deux monstres, la terreur d’élite Jack Sullivan et son coach Bob Razowski apprennent à faire peur aux enfants… à l’université !

à voir ou à revoir !

Voir les Carnets JP ou le site des Studio.

10, 11, 12, Pougne le hérisson France – 2012 – 48 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

À partir de 4 ans

France – 2012 – 1h35, film d’animation de JeanChristophe Dessaint, avec les voix de Jean Reno, Lorànt Deutsch, Isabelle Carré… Tout public à partir de 7 ans

VF

Russie – 2013 – 52 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

À partir de 4 ans

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Lettre à Momo, de Hiroyuki Okiura La Petite fabrique du monde, programme de courts métrages Oggy et les cafards, de Olivier Jean-Marie Drôles d’oiseaux, de Wayne Thornley Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici. . ` ENGAGÉ Viggo Mortensen a décidément tous les talents : il a prouvé à maintes reprises qu’il avait plusieurs cordes à son arc de comédien et qu’il savait fort bien s’en servir, comme par exemple dans Le Seigneur des anneaux, A History of violence, Les Promesses de l’ombre ou La Route. Poète, musicien, éditeur, il parle également plusieurs langues. Passionné par l’œuvre d’Albert Camus, il a maintenant le bon goût de venir tourner en France dans une adaptation de la nouvelle, L’Hôte, sous la direction de David Oelhoffen (Nos retrouvailles). Loin des hommes se situera en 1954, au début de la Guerre d’Algérie, et Viggo Mortensen y interprétera Daru, un instituteur français nommé dans un village isolé de l’Atlas, qui se trouve dans l’obligation de conduire en ville, un prisonnier de droit commun pour le livrer aux autorités. Le réalisateur a reçu, pour ce scénario, le Grand Prix Sopadin. ` DES COQUILLETTES AU GRATIN Après le récent (et, quelque peu horripilant) Les Coquillettes, Sophie Letourneur annonce le tournage de Gaby Baby Doll. Cette fois, elle devrait disposer de davantage de moyens puisqu’elle a engagé pour cette comédie romantique, Lolita Chammah (Copacabana, ainsi que de fugitives apparitions dans Les Coquillettes), le plus en plus aimé par la caméra, Benjamin Biolay, le pétillant Félix Moati (Télé Gaucho) et Audrey Lamy (Polisse). Elle racontera cette fois, l’histoire d’une fille qui ne sait vivre qu’entourée d’une bande de copines, et qui, relevant le défi de son amoureux, s’engage à passer un mois seule dans une maison. Mais il se trouve qu’un beau ténébreux, pas très sociable occupe le poste de gardien du château se trouvant sur la route menant au village. Romantique, on vous a dit ! ` FIDÈLE Après les sublimes quadragénaires australiennes quasi incestueuses de Perfect Mothers, Anne Fontaine revient en France et retrouve pour une nouvelle collaboration, Fabrice Luchini, son héros de Pas de scandale et de La Fille de Monaco. Gemma Bovery narrera les aventures, quelque peu rocambolesques, d’un couple d’Anglais venant s’installer en Normandie, là où Flaubert a écrit Madame Bovary. Gemma Arterton (Tamara Drewe) aura à coup sûr l’accent attendu, mais le logorrhéique comédien français aura-t-il autant de verve avec l’accent british ? ` UN HOMME À ABATTRE L’assassinat du Juge Michel par la pègre en 1981 va être l’objet d’un nouveau film. Après Jacques Perrin en 1984, c’est Jean Dujardin qui tentera d’entrer dans la peau de ce magistrat atyp-

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ique qui, ayant porté de grands coups au milieu des trafiquants de drogues marseillais, sera abattu de trois balles alors qu’il circulait à moto. C’est Gilles Lellouche qui interprétera le parrain Gaëtan Zampa, soupçonné d’être le commanditaire de cet assassinat. La French pour French Connection, sera dirigé par Cédric Jimenez, déjà réalisateur de Aux yeux de tous ! ` VIOLETTES IMPÉRIALES Le one-woman-show de Océane Rose Marie, La Lesbienne invisible, a fait jaser, c’est le moins que l’on puisse dire, mais a si bien marché qu’il va devenir un long métrage. La jeune auteure et interprète conservera le rôle titre mais coiffera également la casquette de co-réalisatrice pour mettre en images, ce parcours initiatique d’une jeune lesbienne que tout le monde croit hétérosexuelle. Dans le film, elle vivra une histoire d’amour avec Céline Sallette (L’Apollonide). ` L’HOMME À TOUT FAIRE Pour sa cinquième réalisation, Mathieu Amalric est en train d’adapter La Chambre bleue de Simenon, l’histoire d’une jeune femme épousant un cousin fortuné de soixante-cinq ans, pour sauver sa famille de la ruine, alors qu’elle est amoureuse d’un autre. Adultère et complications allant avec, il y aura ! La mise en scène de cet argument à la fois classique et daté, sera « simple, rapide, dans l’esprit d’une vraie série B », d’autant plus, comme le précise Paulo Branco le producteur, qu’ils tiennent lui et le réalisateur - également interprète d’un des premiers rôles - à « faire un film qui va contre ce que le système est en train de devenir, sans attendre les agréments, les décisions des financiers, et toutes ces lenteurs du cinéma français ».

et ailleurs. . . ` CONFESSIONS CUBAINES Après Cuba pour un des courts métrages du film 7 jours à La Havane, puis les États-Unis et le Canada pour Foxfire, confessions d’un gang de filles, Laurent Cantet continue à ne pas vouloir rester entre les murs, et retournera à Cuba pour un long métrage. Vuelta a Itaca, co-écrit avec l’écrivain cubain Leonardo Padura, sera interprété par des acteurs locaux. Ils donneront corps et mots aux retrouvailles, après seize ans de séparation, d’un groupe d’amis d’enfance, et leur permettront de livrer leurs doutes, leurs secrets et leurs rêves brisés. Gageons que l’humaniste Cantet saura s’approcher au plus près et avec subtilité de ces hommes. IG

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expo à la Cité de la musique

La nouvelle primée

Musique et cinéma, le mariage du siècle… Les auteurs des quatre nouvelles primées

… du siècle dernier surtout, clin d’œil amusé aux promesses conjugales du vingt et unième, peut-être ? De l’humour, donc, dans cette exposition présentée à la Cité de la Musique, à Paris, jusqu’au 18 août. Et de l’amour, celui qui lie, depuis l’avènement du cinéma, réalisateurs et compositeurs, car il est difficile d’imaginer un film muet, sans un pianiste près de l’écran, ou de laisser la parole aux acteurs, sans l’entremêler de musiques et de silences. Mais comment s’élabore ce partenariat, se met en place le processus créatif ? Toutes sortes de couples se sont tissés depuis les débuts de l’épopée cinématographique. Il y aura les couples de génie, tels Prokofiev et Eisenstein, et puis les couples fusionnes, qui durent jusqu’à la mort de l’un des deux, comme Fellini et Nino Rota, et aussi, les couples dominant-dominé, où l‘un impose sa vision du film à l’autre, ainsi David Lynch, musicien lui-même, décrivant l’ambiance de son film à un musicien, voire même les couples posthumes, lorsque Polanski reprend dans La Jeune fille et la mort le lied de Schubert. Que la musique soit écrite avant, pendant ou après le film, ou même qu’elle le précède de quelques centaines d’années, peu importe, pourvu que le couple son/images parvienne à une harmonie, à une osmose telle que, pour nous, spectateurs auditeurs, certaines bandes sonores soient définitivement associées à des scènes. Quelques notes, et nous voyons se mouvoir la panthère

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rose ou surgir les sept mercenaires… Des violons aux étirements aigus, et c’est la scène du meurtre dans la douche de Psychose… Innombrables sont les connexions qui résonnent dans nos mémoires et nous laissent bouleversés et ravis, en parcourant cette exceptionnelle exposition. Outre cette sollicitation des traces mnésiques et de la sensibilité, Musique et cinéma se veut aussi didactique et interactive. Didactique, car puisant dans toutes sortes d’archives, elle nous expose les choix, les rejets, des partenaires : élision de la parole des acteurs, au profit de la musique avec Marguerite Duras dans India song, rejet de la partition de Bernard Hermann dans Vertigo par Hitchcock. Interactive ; car nous pouvons, nous visiteurs, choisir parmi différentes bandes-son et les corréler, ou non, avec un extrait de film, ou bien modifier celle de Sur mes lèvres de Jacques Audiard et de son compositeur Alexandre Desplat, dans un studio d’enregistrement prévu à cet effet. Enfin, dans le sous-sol de la Cité de la Musique, une dernière salle, immense, qui alterne avec les boudoirs intimes ou les hémicycles de l’étage précédent, nous convie à la représentation sur trois écrans géants d’extraits de films aux musiques, ô combien familières. Et nous repartons, il est tard, les portes se referment, épuisés mais enrichis, en compagnie de visiteurs qui ont passé avec nous plusieurs heures à rêver… CP

Lors du concours de nouvelles des festivités des 50 ans de mars dernier, le jury, présidé par Jean-Marie Laclavetine, a décerné le Prix des plus de 17 ans à Olivier Pion pour sa nouvelle intitulée : Studio mon amour que nous publions ce mois-ci. Vous pouvez lire les 13 nouvelles sélectionnées parmi les 58 propositions reçues sur le site ou les emprunter à la Bibliothèque des Studio.

Studio mon amour « Tu n’as rien vu aux Studio. Rien. – J’ai tout vu. Tout. – Non, tu n’as rien vu aux Studio. – Ainsi, Hiroshima mon amour, je l’ai vu. J’en suis sûr. Hiroshima mon amour a été projeté aux Studio. Comment aurais-je pu éviter de le voir ? » – Juliette releva la tête, ouvrit la bouche, hésita. Les quatre personnes assises à ses côtés étaient plongées dans la lecture studieuse de feuillets dactylographiés. Elle décida de garder pour elle ses commentaires et revint à son propre texte. – « Tu n’as pas vu Hiroshima mon amour aux Studio. Tu n’as rien vu aux Studio. » – Elle apprécia la distance qu’il lui restait à parcourir : trois pages entières, sur le même ton. Une plainte glissa entre ses lèvres : « Non mais c’est n’importe quoi ! » – Surpris, Michel lui lança un coup d’œil par-dessus ses lunettes. – Désolée, s’excusa Juliette, mais bon ! Puis, consciente que l’argument était insuffisant pour justifier son intervention, elle agita les feuilles qu’elle tenait à la main. – Quelqu’un d’autre a lu ça ? … Studio mon amour, c’est le titre. Tous avaient à présent levé les yeux et l’observaient, interloqués. – Non ? Personne ? Seulement moi ? Le ton sur lequel elle prononça ces derniers mots révélait l’ampleur de son désarroi face à ce qu’elle considérait manifestement comme une réelle injustice. Sa question

restant sans réponse, elle chercha un instant les mots qui sauraient illustrer avec exactitude le fond de sa pensée. – Eh bien, c’est de la merde ! L’appréciation fut accueillie sans émotion particulière : Michel mâchait une branche de ses lunettes ; Delphine avait posé son menton sur ses mains croisées ; Catherine jouait machinalement avec son alliance ; Jacques s’était appuyé contre le dossier de sa chaise. Juliette prit leur silence pour un encouragement. – Lorsque je me suis portée volontaire pour faire partie du jury, reprit-elle, je me doutais bien que je n’aurais pas à lire que des chefs-d’œuvre, mais là… enfin ça… Joignant le geste à la parole, elle jeta les feuilles sur la table. – J’ai lu près de deux cent textes pour l’instant. Beaucoup sont d’une grande originalité, quelques-uns vraiment émouvants, charmants, amusants. Deux ou trois m’ont complètement séduite. Mais alors, il y en a certains… Sa phrase se termina par un éloquent soupir. – Vous, je ne sais pas, mais moi, je viens quand même de tomber sur une série assez gratinée. D’abord, il y a eu la nouvelle entièrement écrite à partir de répliques célèbres. Tout en parlant, Juliette avait trié les liasses de feuilles posées sur la table. Elle en dégagea une. – Vous l’avez lue celle-là ? Catherine hocha la tête avec compassion. – Presque aussi terrible que la nouvelle uniquement composée avec des titres de films, commenta-t-elle. – Je vous passe les textes qui mettent en scène les jurés du concours… ironisa Juliette. En voilà une mise en abyme follement originale ! Et j’en viens à ma catégorie

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préférée : les pastiches. Dans le genre, je vous conseille particulièrement celui-ci : l’incendie de 1985 raconté à la manière de La Tour infernale. Du grand art ! Tout y est, le découpage, les dialogues. On croirait presque entendre Steve Mac Queen. – La seule différence, précisa Delphine, c’est qu’au lieu d’être à San Fransisco, on est rue des Ursulines. Michel gloussa bruyamment. – Il doit y en avoir une dizaine comme celle-là, conçues par des petits malins persuadés d’avoir trouvé l’idée du siècle et qui attendent sans doute près de leur téléphone qu’on leur annonce qu’ils ont gagné le Prix Goncourt. Alors, je suis désolée, mais Studio mon amour, c’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase. – Et encore, renchérit Jacques, tu n’as pas lu celle-là : la Nuit des Studio à la sauce Antoninio. « Coupez ! » Un homme s’approche de la table. – On va la refaire, dit-il à des techniciens restés dans l’ombre. Puis il se tourne vers ses comédiens. – D’abord, ce n’est pas Antoninio, c’est Antonioni. Il pousse vers Jacques le scénario et pointe du doigt sa réplique. L’acteur s’excuse, précisant qu’il a beaucoup de mal à retenir ce nom. – En fait, je ne sais même pas qui c’est ton Antonio-truc. – C’est un réalisateur italien des années 50. – 2050 ? – Non, 1950. Mais bon, je ne te demande pas de connaître l’histoire du cinéma. Essaie seulement de retenir ton texte. Jacques, piteux, baisse les yeux. – Ce n’est pas ça le plus important, continue le réalisateur. Ce qui m’embête, c’est que vous n’êtes pas du tout dans l’esprit de la scène. Vous la jouez comme une grosse comédie, en insistant sur le côté moqueur des personnages. Les acteurs le regardent avec perplexité. – Lorsque les Studio m’ont demandé de réaliser un holofilm, pour fêter leur centenaire, explique Marcello, plutôt qu’une reconstitution historique, j’ai préféré tourner un épisode précis qui symboliserait l’esprit même de ce cinéma. Il faut savoir ce que c’était, les Studio, à une époque, à Tours. Le cinéma, les films, tout ça ce n’était pas comme aujourd’hui. En ce temps-là, on ne faisait pas des hologrammes. Les films étaient tournés avec de la pellicule, projetés sur des écrans. Vous voyez ? – Pas trop, répond Jacques. C’est quoi de la pellicule ? Ignorant la question, Marcello poursuit. – Et puis, il y avait les spectateurs des Studio. Pas forcé-

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ment des cinéphiles mais des passionnés, des fidèles. Mon père y passait ses journées. Il voyait tout, il voulait tout voir. Il disait que les films étaient plus harmonieux que la vie, qu’ils avançaient comme des trains. Il disait : Comme des trains dans la nuit. – C’est bien joli tout ça, l’interrompt Delphine, mais pourquoi tu ne tournes pas un film sur ton père plutôt ? Sans vouloir te vexer, je ne vois pas trop le rapport entre les Studio, les trains de ton père et cette histoire de concours. – J’y viens, répond Marcello. En 2013, les Studio vont avoir cinquante ans et décident, pour l’occasion, d’organiser un concours de nouvelles. Mon père voulut tout de suite y participer. Lui qui n’avait jamais écrit quoi que ce soit d’autre dans sa vie que des listes de courses, se creusa la tête pendant des jours et des nuits, jusqu’à en perdre le sommeil. Et un matin, d’un seul coup, c’était fait, il avait écrit sa nouvelle, d’un trait. Il racontait que c’était venu comme par magie et que c’était parce qu’il aimait vraiment les Studio qu’il avait fini par y arriver. Franchement, le texte en question, je l’ai lu plusieurs fois et ce n’était pas du Marcel Proust, loin s’en faut. Mais on sentait qu’il y avait du plaisir dans chaque mot. Alors bien sûr, je n’étais pas dans le jury, je n’étais même pas né à l’époque, mais je crois vraiment que tous les textes envoyés témoignaient de l’attachement de leurs auteurs aux Studio, montraient que ces gens faisaient le choix d’aller voir des films à cet endroit-là et pas dans les multiplexes, parce que c’était un lieu d’échanges et de rencontres. Jacques lève la main. – Qu’est-ce qu’il y a encore ? grogne Marcello. Tu ne sais pas ce que c’est qu’un multiplexe ? – Ah si, quand même ! répond l’acteur. Mais c’est qui Marcel Proust ? – Bref, enchaîne Marcello, cette scène, il ne faut pas la jouer comme si les jurés se moquaient des écrivains amateurs. Il faut montrer que même les pires textes étaient touchants parce que les Studio, c’était vraiment un lieu particulier et ceux qui décidaient d’aller y voir un film, exprimaient par leur choix, même inconsciemment, une certaine idée qu’ils se faisaient du cinéma mais aussi une certaine idée qu’ils se faisaient de la vie. Et tant pis s’ils passaient pour des profs à la retraite abonnés à Télérama. – C’est quoi Télérama ? demande Jacques. Aucune réponse ne sortira de la bouche subitement figée de Marcello. Son visage, son corps tout entier, l’espace autour de lui se changeront en une poussière bleutée qui crépitera un peu avant de disparaître dans l’obs-

Illustration : Dominique Plumecocq

La nouvelle primée

curité. Une voix synthétique annoncera : « Fin de la séquence. Vous pouvez retirer votre masque. » Les spectateurs s’exécuteront et quitteront les sortes de hamacs dans lesquels ils s’étaient allongés pour suivre la séance de Memovies®. Ils sortiront de la salle, en silence. Sur le trottoir, pendant que Louise nouera son écharpe, Henry observera un écran plasma fixé sur la façade : « Les Studio ont 150 ans ! Le 9 mars 2113 pour la première fois au monde, séance publique de Memovies®. » Annoncé comme « la plus grande invention depuis la découverte de la lumière », le Memovies®, mis au point au tout début du XXIIe siècle, permet, grâce à un masque spécial relié à un boitier de programmation spatio-temporelle, de voyager dans le temps. Projeté des jours ou des siècles en arrière, n’importe qui peut ainsi devenir le témoin direct d’un évènement passé. – C’est vraiment incroyable, non ? dira la jeune femme. D’un signe de tête, Henry acquiescera. – Moi, j’ai trouvé ça fou. Tu as vraiment l’impression d’y être, tu ne trouves pas ? insistera Louise. Il ne répondra rien. Elle soupirera. – Évidemment, pour toi ce n’est pas pareil. C’est ton père qui a inventé ça. Ils se mettront à marcher tranquillement. Henry pensera à son père, ingénieur de formation, cinéaste par passion, spécialiste de la 3D, inventeur du cinéma hologrammatique, sorte de savant fou qui lui avait expliqué un jour que le cinéma était maintenant condamné, que l’espace (la salle de projection mais aussi l’écran) lui était fermé, que la seule liaison possible avec les images passait par le Temps. « Un trou dans le Temps, disait-il, et peut-être y ferait-on passer des spectateurs... » Il se souviendra de l’atelier secret aménagé au sous-sol de la maison, des machines aux bruits métalliques et stridents, des informations incompréhensibles défilant sur des écrans scintillants, de l’odeur d’étain des fumées grises, des souris à demi-carbonisées enterrées

au fond du jardin. Il se souviendra de son père qui, à force de travail et de persévérance, avait fini par inventer un outil capable de faire un trou dans le temps : le Memovies®. La voix de Louise tirera Henry de ses pensées. – Moi, je suis allée à Chicago, en 2012, voir Barak Obama, quand il a été réélu. Tu vois qui c’est, Barak Obama ? Et toi, t’es allé où ? – Pas très loin, répondra Henry, voir un truc de famille. – Un truc de famille ? – Oui, le tournage d’un film, réalisé par mon père. Louise sera presque déçue. C’est qu’elle ignorera que l’homme qui marche à ses côtés n’en est pas, lui, à son premier voyage dans le temps. Un soir de décembre 2093, il s’est introduit en cachette dans le laboratoire secret. Il a branché ce qui n’était encore qu’un prototype pour remonter 80 ans dans le passé, à la recherche de son grand-père, Louis, mort avant sa naissance et dont son père lui parlait continuellement. Il s’est retrouvé au milieu d’une pièce sombre. Une lampe de bureau éclairait un homme endormi sur sa table. Henry a reconnu ce grand-père qu’il avait si souvent vu en photo. Il a eu envie de le réveiller, de se présenter, mais comment expliquer à un jeune homme qui n’a peut-être pas même l’idée d’avoir un jour des enfants que l’on est son petit-fils, que l’on naîtra dans 60 ans et que l’on a traversé le temps pour venir le rencontrer. Sur la table traînaient un tas de livres, des crayons, des carnets ; sur le sol, des feuilles froissées. Henry en a ramassé quelques-unes, les a dépliées et lues. Elles portaient toutes le même titre : Nouvelle 50 ans des Studio en dessous duquel étaient griffonnés des textes inachevés, des idées plus ou moins développées. Pris d’une inspiration soudaine, Henry a saisi le crayon que Louis, dans son sommeil, tenait encore entre ses doigts et a écrit en haut d’une feuille : « Tu n’as rien vu aux Studio. Rien. » Puis il est reparti, comme il était venu. – À quoi penses-tu ? demandera Louise. – À ma famille, au cinéma, au temps qui passe ; répondra Henry. Et toi ? Je sens que ça t’a vraiment emballée cette séance de Memovies®. – Emballée ? s’exclamera la jeune-femme. Plus qu’emballée, oui ! Là, je peux dire que j’aurai vraiment tout vu aux Studio. Olivier Pion

Ce texte comporte des samples de Hiroshima mon amour (A. Resnais, 1959), La Nuit américaine (F. Truffaut, 1973) et La Jetée (Ch. Marker, 1962).

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Courts lettrages Mud, sur les rives du Mississippi de Jeff Nichols

Mud semble avoir été créé sous le signe de l’eau : le Mississipi y dicte sa temporalité, apporte son lot de rebondissements et entraîne l’ensemble des personnages dans son mouvement incessant. Loin de l’esthétique tapageuse d’un Terrence Malick, Nichols filme avec une infinie délicatesse les miroitements de l’eau, de l’aube au crépuscule. Les jeux de lumière et les ombres changeantes, sur la rivière boueuse qui se perd en méandres infinis, provoquent la même émotion que celle ressentie naguère devant les images sublimes de Jean Renoir (Le fleuve, Une partie de campagne). Du grand art ! SB J’ai été émerveillée, j’ai eu peur, j’ai aimé, j’ai été émue comme les enfants dans le film… Seule ombre au tableau qui a fait que je ne me suis pas abandonnée : la gueule de Mud en qui j’ai vu un personnage sauvage et séduisant, torse nu, aux pectoraux huilés (par la sueur bien sûr !) mais viril et musclé comme un mâle représentant une fragrance masculine ! MS

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Jeff Nichols possède un art exceptionnel pour filmer paysages et personnages. Le cinéaste montre un attachement profond à cette Amérique du sud qu’il parcourt de sa caméra, à ses espaces ouverts et poétiques, mais il manifeste aussi une immense empathie pour ses personnages, enfants en recherche d’un absolu ou adultes dont la vie n’a guère d’horizons. Mud est une magnifique histoire d’aventure, un roman d’apprentissage captivant, un film, en bref, empreint d’humanité, tourné par un cinéaste inspiré et doué. CdP Tout est minutieusement préparé et exécuté, tout fonctionne à la perfection dans ce film qui, assez audacieusement, entend mêler polar, histoire d’amour, récit d’initiation, observation sociale et y parvient sans jamais nuire à sa lisibilité ni à l’effet émotionnel qui s’en dégage. ER Ah ! l’initiation au monde des adultes… quand le père naturel est

défaillant, quand le père idéalisé s’avère mythomane et bien trop clean pour s’appeler : Mud ! Il ne reste plus qu’à glisser dans un bourbier et s’y faire piquer par la multitude de serpents grouillant là. Serpents de la Connaissance, qui font advenir l’homme et l’adolescent à l’âge d’homme. Joli thème, incarné avec vérité par les jeunes acteurs, peu crédible quand le vagabond ressemble à une publicité pour cigarettes ! CP Un film fleuve au bord du Mississipi qui emporte tout sur son passage, le spectateur en premier, derrière ces deux aventuriers de la fin de l’enfance qui naviguent dans les promesses à tenir alors que les adultes qui les entourent ne vivent que de petits arrangements et de rêves à trahir. DP Avec ce nouvel opus, Jeff Nichols se confirme comme un formidable realisateur. L’île apparait à la fois le lieu d’un danger flou – un ailleurs sauvage où tout pourrait surgir, y compris de soi-même – comme celui d’un passage initiatique… ce qui n’est pas sans lien. Là, une scène clef

dans l’évolution intérieure d’Ellis se produit, celle où il pleure sa déception envers Mud, figure paternelle empruntant d’abord au Robinson aventurier dans l’imaginaire adolescent avant d’offrir une figure opportuniste et immature. Désillusion quant à la fiabilité de l’autre, adulte… L’alter ego d’Ellis, lui, ne se dérobe pas malgré son désaccord. Finalement chacun va ressortir mûri de l’île. Subtilement, Nichols explore – à nouveau – les liens d’amour, de filiation, d’attachement et de confiance en nous proposant un moment fort de cinéma. Du grand Art ! RS Un film agréable à regarder avec de beaux paysages, de beaux couchers de soleils. Difficile cependant d’adhérer à l’engouement de la critique pour ce film. Un scénario sommaire, un manichéisme déconcertant, un simplisme de la mise en scène où tout est prévisible d’un plan à l’autre, observés déjà dans son précédent film. Mais peut-être est-ce l’air du temps, avec cette « culture de l’évidence », où tout doit être limpide, ce « mythe de la transparence ». EC

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Partenariat Cinémathèque/Studio

Pascal Mérigeau aux Studio © Serge Bodin

Rencontre Pascal Mérigeau

Gloire et crépuscule* Hommage à Joseph von Sternberg

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’est à l’occasion d’un hommage à Joseph von Sternberg que Pascal Mérigeau, critique de cinéma au Nouvel Observateur et écrivain, revient aux Studio, quelques mois après son intervention à la Bibliothèque, autour de son grand œuvre sur Jean Renoir et la projection de La Règle du jeu. Ce lundi 6 mai, c’est donc la figure à la fois baroque et incomprise du pygmalion de Marlène Dietrich que ce conteur passionné (d’ailleurs auteur d’une biographie sur Sternberg) est venu évoquer, après la projection de Shanghai Gesture, mélodrame flamboyant mettant en images l’implacable chute de Poppy Smith/Gene Tierney. OMBRES ET LUMIÈRES Joseph von Sternberg a eu un destin très particulier : il a remporté des succès énormes, mais a dû redevenir assistant et passer des essais pour pouvoir réaliser à nouveau des films. Certaines de ses oeuvres, comme celle commandée par

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Chaplin avec Edna Purviance n’ont jamais été projetées et ont totalement disparu. Sternberg dira que sa carrière s’est arrêtée en 1935, année marquant la fin de sa collaboration, après sept films, avec sa plus que muse, Marlene Dietrich. Leurs films coûtant trop cher et rapportant de moins en moins, les studios ne voudront pas le reprendre sous contrat. En 1937, il s’éloignera d’Hollywood et ira tourner en Angleterre, I, Claudius, produit par Alexandre Korda et interprété par Charles Laughton. Mais en raison de désaccords indépassables avec le producteur et le comédien, Sternberg dut abandonner ce tournage. Un documentaire, L’Épopée qui jamais n’exista sera réalisé ultérieurement avec les images conservées et permettra de se rendre compte que ce film achevé aurait été un chef d’œuvre. En 1941, Shanghai Gesture ne sera donc pas le nouvel écrin de son égérie, mais celui de la sublime Gene Tierney, plutôt

cantonnée jusque là dans les rôles exotiques que les producteurs d’Hollywood se plaisaient à lui faire jouer. Sublime, d’autant plus que Sternberg était un peintre de la lumière. Pour ce film-là, contrairement à ses habitudes il a délégué le réglage des éclairages à Paul Ivano un chef opérateur français, mais en a néanmoins assuré la direction. Le cinéma de Sternberg, c’est le style : sa patte demeure reconnaissable entre mille. Il avait également la réputation de monter ses films « dans » la caméra, le montage était donc quasiment fait au tournage. FEMMES FATALES Marlène absente donc, mais pas tout à fait : elle continue à hanter Sternberg et transparaît dans les personnages de la vénéneuse « Mother » Gin Sling et de l’ange égaré, Poppy. La première, abandonnée, et même vendue, par l’homme qu’elle aimait et ne pouvant s’en sortir qu’avec de la haine et la soif de revanche à l’esprit ; la seconde, jouant avec le feu et pensant maîtriser le jeu. Le passé qui

ne passe pas et la déchéance : deux thématiques guidant l’œuvre du réalisateur et sa propre vie. FANTAISIES ORIENTALES Le Shanghai représenté dans le film n’a rien de réaliste, et est totalement kitsch ! En Californie à l’époque, il y avait beaucoup d’asiatiques et l’Orient et ses mystères exerçaient une certaine fascination. Sternberg intitulera d’ailleurs ses mémoires Rires dans une blanchisserie chinoise, et avant Shanghai Gesture, en 1932, il avait déjà créé en studio, la Chine de ses fantasmes pour Shanghai Express. Le Maroc de Cœurs Brûlés en 1930 (comme le précédent, interprété par Marlène Dietrich) n’était pas plus ancré dans la réalité, d’autant que le réalisateur n’avait jamais posé un pied au Maroc. Shanghai, à l’époque, comme le cabaretcasino de « Mother » Gin Sling, était une ville complètement cosmopolite, sorte de Tour de Babel en dehors du temps. Une soirée donnant envie de (re)découvrir les films d’un des plus fameux réalisateurs que Vienne ait vu naître, mais aussi d’entendre d’autres histoires de cinéma par des intervenants aussi passionnants que Pascal Mérigeau. IG * Crépuscule de gloire (The Last Command) film muet de Sternberg de 1928.

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Rencontre Marion Vernoux Fanny Ardant

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aut-il préciser qu’avec sa bonne humeur, sa passion, son sourire et sa voix inégalable, Fanny sut conquérir rapidement la salle ? « Quand j’ai lu le scénario, j’ai tout de suite aimé cette histoire et le personnage de Caroline – dentiste fraîchement retraitée qui va vivre une passion amoureuse avec un homme beaucoup plus jeune –, l’arc qu’elle représentait… Quand on aime un rôle, on l’aime de façon obscure… On sait qu’on va découvrir des choses de soi qu’on n’a pas encore découvert… Après, on se laisse faire dans les mains de la réalisatrice qui détient toutes les clés de ce qu’elle nous fait vivre… je me suis sentie bien, regardée… Marion a une incroyable énergie et de la gaité ; c’est généreux sur un plateau… » En évoquant l’ensemble de l’équipe, l’actrice affirme : « Quand on s’est tous retrouvés (avec Chesnais, Laffite et tous les autres), tous les clichés de ce que leurs personnages représentent dans le film sont tombés… Tout le monde donne quelque chose au résultat final. Nous avons beaucoup ri… Qu’un film soit réussi ou pas, je retiens le moment magnifique du tournage…» « Dans ma carrière, mon seul luxe a été la liberté… J’ai toujours choisi ce que j’ai voulu… Ce qui relie tous les réalisateurs avec

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lesquels j’ai tourné c’est leur passion ; Marion a aussi cette passion… » Aujourd’hui, Fanny Ardant met la dernière main à un film dont elle a terminé le tournage : « Je suis passée de l’autre côté du miroir. J’ai été très longtemps à tout regarder – techniciens, coiffeurs etc. Faire un film c’est un travail d’équipe. Tout est lié. Quand une scène est réussie, ça tient du miracle... Ça n’aide pas d’être actrice pour diriger les acteurs : Gassman disait : je ne discute pas avec le metteur en scène car s’il est bon, ce n’est pas nécessaire, s’il est mauvais ça ne change rien ! » À l’issue de la projection – chose rare – quasiment aucun spectateur n’a quitté la salle. Les premiers témoignages furent particulièrement élogieux : « Un très beau film… Je suis encore sous le choc, très émue, merci… Le choix des comédiens est remarquable… » Et plus tard, au cours du débat : « On a l’impression que vous filmez l’air… C’est très aérien… » « J’ai beaucoup apprécié l’avidité de Caroline, sa soif de vie alors qu’elle a un certain âge. Cela fait que ce film est extraordinaire… » Marion Vernoux a répondu aux nombreuses questions posées : Sur la genèse du film : un roman qu’elle a reçu chez elle de Fanny Chesnel, inspiré par la mère de l’écrivain au moment où elle a pris

sa retraite. Toutes les deux ont travaillé sur le scénario que la réalisatrice s’est attachée à dédramatiser. « Je suis une fille concrète ; je passe beaucoup de temps à écrire, mais pas beaucoup à tourner… Je me suis tenue à une durée de 1h30, à l’ancienne. Aujourd’hui, les films sont souvent trop longs… Le temps du film est celui d’un moment dans la vie de Caroline, je ne voulais pas qu’on s’ennuie, qu’on s’épuise, mais qu’il reste du mystère…» Sur la séquence finale (les retraités sur la plage) : « Je suis éblouie par tous ces corps nus ou en maillot ; on peut être pudique sans cacher ce que l’on est… C’est moins obscène que ce que l’on trouve dans nombre de magazines… » Sur le choix des comédiens : Je n’écris pas en fonction d’acteurs, le casting vient après… Chesnais m’a dit juste après avoir reçu le scénario : de toutes façons, je ne vois pas qui d’autre pourrait jouer le rôle ! Pour Fanny Ardant, je voulais à talent égal et à âge égal, une actrice pas trop « refaite » ; il n’y en avait pas beaucoup !... J’ai tout de suite senti de la camaraderie et de la complicité entre eux ; ils se séduisaient l’un l’autre et me donnaient tout ce qu’ils avaient vécu avant de se rencontrer…» Sur les lieux : « J’ai souvent tourné dans le nord ; le côté « no man’s land » avec l’ouverture sur la mer et sur l’Europe m’inspire… je ne sais pas comment ça fonctionne à Tours, par exemple… » Sur le regard porté sur les personnages du film, tous dans le dernier quart de leur vie : « Les gens qui font du cinéma savent que ça peut s’arrêter demain, qu’ils peuvent être à la retraite sans s’y attendre. J’ai été très émue quand j’ai vu arriver tous ces acteurs qui ont été connus et qui ont vécu des hauts et des bas, de leur soif de vivre à cet âge – d’où l’avidité de Caroline-Fanny. De leur expérience commune est née une complicité très riche. Je me suis dit que plus qu’une question d’âge, c’est une question d’état… J’ai réalisé un film « gourmand »… En creux, Les Beaux jours

parle aussi des plus jeunes, de la génération des enfants de Fanny… et des miens. Je suis mère et convaincue qu’il faut de la pudeur entre mère et fille mais aussi de l’égoïsme pour partager son bonheur avec sa fille… » Sur le travail sur l’image, les flous et la profondeur de champ : « Je ne voulais pas un film cru mais romanesque et sentimental, nimbé de la lumière du nord. Caroline découvre sa ville après avoir été toute sa vie concentrée sur des dents. Au montage j’ai gardé les ballades sur la plage qui apporte de l’air… » Sur la vie qui revient chez cette femme : « On pourrait croire que tout ce qui a été vécu est comme un moment d’égarement… j’aime infiniment qu’elle retourne avec l’homme qu’elle n’a finalement jamais cessé d’aimer. Pour moi, ça n’a rien de moral et de convenu ; c’est ce qui me bouleverse… Dans tous les cas, c’est horrible de faire des fins de films ! » Sur la musique : « Le compositeur Quentin Sirjack est le fils d’amie très chère et je lui trouve beaucoup de talent. C’est la deuxième fois que je lui fais confiance. Nous avons opté pour une veine relativement classique, mélodieuse… Christophe (Les Mots bleus) est de tous mes films… La reprise de Noir Désir (Le Vent nous portera) colle bien au sujet… » Ainsi s’est achevée cette soirée riche, trop rapidement aux dires échangés autour d’un pot à l’issue du débat…. Alors, à bientôt Marion Vernoux et merci. SB

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Marion Vernoux aux Studio © Nicole Joulin

Fanny Ardant aux Studio © Nicole Joulin

La salle était archicomble ce vendredi 31 mai pour accueillir Marion Vernoux, cinéaste, et Fanny Ardant, qui est de toutes les scènes du film Les Beaux jours présenté en avant-première. Deux temps forts au cours de la soirée : une intervention de l’actrice avant la séance (elle nous avait fait l’amitié de venir malgré un planning chargé qui l’obligeait à prendre un train plus tôt), et un débat avec la réalisatrice après la projection.

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Interférences

El premio

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n le sait : pendant la dictature de la junte militaire argentine, 500 bébés furent volés. Non seulement leurs parents, militants politiques ou syndicaux, furent kidnappés, torturés et assassinées, leurs corps éliminés, mais les bébés nés en détention furent volés par des familles de militaires pour que leur âme soit sauvée grâce à une éducation dans les valeurs « occidentales et chrétiennes ». En Argentine, depuis la fin de la dictature, le combat pour la mémoire n’a jamais cessé. Les grands-mères de la place de mai continuent à défiler depuis 36 ans… et à chercher les disparus et les bébés volés (une centaine ont retrouvé leur famille). Derrière les caméras, la génération des enfants de disparus cherche à mettre des images sur cette histoire cachée. Deux films récents largement autobiographiques (et dédiés à leurs parents) racontent ces enfances volées. Dans El Premio de Paula Markovitch, nous sommes en 1976 au moment où le général Videla vient de prendre le pouvoir. La terrible répression qui s’est abattue sur le pays est hors champ, le film est à hauteur d’enfance. Cécilia et sa mère se sont réfugiées dans une maison totalement isolée sur un bord de mer battu par les vents et le vagues, l’hiver. À la violence des éléments répond la violence d’une histoire tue qu’on découvre peu à peu avec la fillette. Sa mère se cache, malade d’angoisse, pour échapper aux militaires qui ont déjà tué une cousine… et son père. Mais Cecilia veut vivre et pas comme une bête apeurée. Elle veut aller à l’école. Elle sait qu’elle doit mentir sur son identité, dire que son père est représentant, sa mère au foyer… Lors d’un concours organisé par l’armée, elle écrit la vérité… Sa mère, paniquée, parvient à récupérer la copie dénonciatrice. Cécilia réécrit un hymne mensonger en l’honneur de l’armée et remporte le prix (d’où le titre). Cette récompense ouvre un terrible conflit avec

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sa mère qui refuse obstinément tout compromis avec les meurtriers… Mais la petite fille, désespérée, y tient comme à sa propre vie… Le film Enfance clandestine de Benjamin Avila commence lui aussi par une substitution d’identité : après trois ans d’exil à Cuba, Juan, revient clandestinement en Argentine en 1979. Dirigeants des Montoneros, ses parents ont décidé de reprendre la lutte armée. Juan s’appellera donc Ernesto (comme le Che) et devra apprendre à vivre dans le mensonge. Mais il vit en même temps une vie ordinaire de préado, il a des copains, tombe amoureux d‘une copine de classe. Focalisé lui aussi sur la perception d’un gosse de douze ans, avec infiniment de sensibilité, le film montre la douleur de devoir se conformer à la discipline de la vie clandestine pour échapper à la violence de la répression, le malaise de devoir mentir sans cesse sur soi à un âge où l’on découvre peu à peu qui l’on est. Sur les riffs d’un hard rock rageur, le générique de ce film bouleversant convoque les images de ce passé douloureux, album de photos d’une famille que l’histoire a voulu broyer… Le 17 mai dernier, Videla est mort. « C’était un génocidaire sans scrupules qui a tué, torturé et volé. »1 Mais contrairement à Pinochet, mort dans son lit, Videla est mort en prison « répudié par le peuple argentin. » La loi interdit que lui soit rendu les honneurs militaires. « Justice a été faite. Mais il y a des blessures qui ne cicaDP trisent pas. »2 1 Estrella de Carlotto présidente des grands-mères de la place de mai dont la fille et le petit-fils font partie des disparus. 2 Victoria Donda, députée, fille de disparus.

Sources : Le Monde du 20 mai 2013

Quelques images de la Nuit des Studio, 1er juin 2013

Les Studio pris d'assaut dès 17 heures par les nombreux cinéphiles venus prendre les dernières places. Des salles pleines et foule dans la cour entre les séances. Une programmation qui semble avoir fait l'unanimité. De la bonne humeur jusqu'au petit matin pour le café final. Totale réussite pour cette 29e Nuit, rendez-vous incontournable dans le paysage cinématographique tourangeau. Rendez-vous à la 30e édition en juin 2014 !

© Nicole Joulin

O

Enfance clandestine

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compte-rendu Festival Désir… Désirs

DÉSIR DÉSIRS Bambi & Sébastien Lifshitz aux Studio © Francis Bordet

20 ans : le bel âge

S

i Paul Nizan pensait que 20 ans n’était pas le plus bel âge de la vie, cette vingtième édition du festival Désir… Désirs s’est davantage inscrite sous l’égide de Barbara en prouvant que si, certes, ce n’était pas la meilleure période de la vie, elle pouvait, malgré tout, être celle des coups de cœur, des coups de gueule, des coups de tête ! Une programmation variée, d’émouvantes rencontres, d’autres bousculantes, des conférences porteuses d’enseignement et d’interrogations ont notamment permis de vivre cette période intensément !

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« On ne demande aucune compassion, mais juste la liberté de vivre ! » Bambi Retrouver Sébastien Lifshitz est toujours un moment de bonheur, de belle humanité ! Venu régulièrement aux Studio présenter ses films, comme le touchant Les Invisibles en décembre dernier, le réalisateur était de nouveau fidèle au rendezvous pour l’avant-première de son docuBambi, portrait plein mentaire d’empathie de Marie-Pierre Pruvot. Sa diaphane et lumineuse héroïne l’accompagnait et c’est un duo complice et plein

Marie-Pierre Pruvot : « Sébastien évoque une incroyable volonté quand il parle de moi, mais dans quelle mesure est-on libre de faire ce que l’on fait ? Il y a soixante ans, on ne se plaignait pas, on essayait de passer entre les gouttes. »

avant de devenir Marie-Pierre, se mutera en Bambi, féminissime vedette du cabaret parisien Le Carrousel. Celle qui la conseillera lors de ses premiers pas sur scène et dans sa nouvelle vie, sera la célèbre Coccinelle : « Elle a tout inventé. Elle sera la première à se faire opérer en France ; en 1960 son mariage hérissera les bien-pensants. Elle travaillait au Carrousel au milieu des travestis et les a démodés. Le travesti se vit ponctuellement en femme ou en homme et n’utilise que les attributs extérieurs d’un sexe ; le transsexuel, lui, a une identité psychique autre que celle du sexe de sa naissance. Les relations entre les deux, au sein du Carrousel, n’étaient pas toujours simples, les travestis considérant que les trans leur faisaient une concurrence déloyale car elles devenaient plus fines avec la prise d’hormones et les opérations ; les travestis craignaient qu’un contrôle d’identité des transsexuels entraîne la fermeture du cabaret. » Consciente qu’elle ne pourrait pas toujours demeurer artiste de music-hall, Bambi, pendant plusieurs années, mena de front spectacles et études. Après avoir obtenu son bac à 33 ans, elle mena avec passion une carrière de professeur de Lettres : « La vie de prof me permettait d’entrer dans un certain anonymat. Puis j’ai écrit Marie parce que c’est joli, et à ce moment-là je suis sortie de l’anonymat. L’éditrice ayant commandé cette biographie voulait que ce livre témoigne du fait que l’on peut être transsexuel et mener une vie normale. »

Pour que sa vie commence véritablement, Jean-Pierre viendra s’installer à Paris et

Sébastien Lifshitz : « Quand on voit les images de classe tournées par Marie-

d’humour qui a rencontré le public. À l’origine, le réalisateur pensait intégrer le récit de Marie-Pierre dans Les Invisibles, mais explique « qu’ayant constaté que l’homosexualité interroge la sexualité, la transsexualité interroge l’identité, il était difficile de mêler les deux thèmes. Et puis la richesse du récit de MariePierre (née Jean-Pierre en Algérie dans les années 30, son corps et son prénom lui apparaîtront très tôt comme des prisons dont il lui fallait absolument sortir) a vite impliqué de lui consacrer tout un film. Ce qui m’intéressait dans sa vie, c’est moins sa transsexualité que le fait que ce soit quelqu’un qui aille au bout. Je trouve l’ensemble de son parcours admirable. Comment fait-on pour construire sa vie conformément à ses désirs ? J’admire les gens qui assument pleinement leurs désirs et vont au bout d’eux-mêmes. Marie-Pierre n’est pas dans la plainte et ne cherche pas la compassion. Elle ne s’inscrit pas dans l’idée que la vie d’un homo ou d’un transsexuel n’est que souffrance et tragédie. Tout le monde n’est pas forcément capable d’être un bon témoin pour un film. Ce qui a été un élément déterminant, en plus, c’est l’existence d’archives qui donnaient une incarnation concrète de ses transformations. »

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Vos critiques

Festival Désir… Désirs

Pierre, c’est très émouvant surtout quand on aperçoit une élève coiffée à l’Indienne comme elle. C’est comme un pied de nez, ces jeunes filles qui, par admiration, voulaient lui ressembler. » Outre le visage malicieux de Bambi, resteront notamment dans nos mémoires les figures de Lukas et de Edi : fille ? garçon ? trans ? homo ? hétéro ? bi ? Quelle importance. D’autres nous-mêmes, nous bouleversant avec leurs souffrances, leurs difficultés à aimer, à s’aimer. Le premier est allemand, a 20 ans à peine, il a l’apparence d’un garçon, mais a toujours son identité de fille (puisque en transition « female to male »), se débat pour être intégré dans un foyer de garçons et s’éprend de Fabio qui incarne physiquement tout ce qu’il voudrait être. Rick Okon est absolument bouleversant dans ce rôle. Espérons que Roméos de Sabine Bernardi, pourra être distribué et projeté ailleurs que dans des festivals ! Edi, jeune fille qui se sait garçon, veut fuir l’Iran pour échapper à un mariage forcé et pouvoir se faire opérer. Edi se prend des coups au propre et au figuré. Edi résiste même quand tous semblent l’abandonner. La main tendue viendra pourtant, de Rana, jeune femme respectueuse des traditions, qui dépassera ses préventions et finira par accepter Edi tel qu’il est. Maud-Yeuse Thomas chercheuse de l’Observatoire des Transidentités, définit Facing Mirrors réalisé par la jeune réalisatrice Negar Azarbayjani, comme « un film anthropologique et philosophique, dont les mouvements pro-

fonds disent ce qu’est l’humanité ». Elle rappelle, à cette occasion, que « dès 1983, il est possible de se faire opérer en Iran, seulement si ce n’est pas dans l’optique de devenir homosexuel. Aujourd’hui, beaucoup de gens se font opérer pour ne pas avoir à subir leur homosexualité car ils risquent la condamnation par pendaison. Cinquante pour cent de l’opération est pris en charge par l’état iranien. Ainsi on crée des trans de force et on impose une double transformation : un homme devenant femme, mais aussi hétéro. Il existe un documentaire terrifiant démontrant la violence de la norme. Il n’y a donc plus de condition humaine. On ne s’intéresse pas à l’identité mais à la norme. » Alors Unique en son genre ? Oui Désir… Désirs l’est indéniablement et ne cesse de prouver que chacun d’entre nous l’est à sa façon. Unique en son genre donc, mais pas plus dans une optique de cloisonnement des genres, que dans celle d’une autocélébration du moi, bien au contraire : tout le monde peut trouver sa place dans ce festival et se reconnaître dans celui ou celle qui au départ pouvait apparaître comme son antithèse ! L’altérité créant l’universalité ! Alors en ces temps où peur, ignorance, incompréhension engendrent une recrudescence d’intégrisme et de violence, souhaitons que ceux qui se posent en parangons de vertu aient (assez vite, ce serait bien) la curiosité de venir voir ce qui se passe, s’échange dans le cadre de manifestations comme Désir… Désirs ! À 20 ans, IG on peut encore rêver, non ?

HANNA ARENDT de Margarethe Von Trotta

L’ÉCUME DES JOURS de Michel Gondry

Film passionnant. Pari difficile, pourtant, de transformer ce sujet en matière cinématographique. Hannah Arendt s’est toujours efforcée de préserver la liberté de sa pensée malgré les controverses sur sa thèse Banalité du mal. Ce film rend hommage à la philosophe, à son intelligence, son courage, son humanité. CP

Gondry s’est essayé à Vian. […] visuellement le film est fascinant. Dommage que le contenu même du roman ait été oublié. On a donc perdu un peu la force du roman, de l’histoire d’amour, du courage et de l’abattement de Colin. De bonnes propositions très ingénieuses mais un manque d’émotion évident.

Ce film très intéressant montre comment s’élabore la pensée d’une femme libre, d’une intelligence lumineuse qui n’hésite pas à se mettre en danger et à s’opposer à ceux qui lui sont le plus proche pour aller jusqu’au bout de ce qu’elle veut démontrer. Le «politiquement incorrect» de l’époque nous parait évident aujourd’hui. Une belle leçon à méditer…

PROMISED LAND de Gus Van Sant […] quelle est l’utilité de faire un film engagé, qui reste une fiction, si le réalisateur ne veut lui insuffler aucun style ? […] Pour ainsi dire, le gaz de schiste n’est ici qu’un prétexte à la mode pour développer un drame tout ce qu’il y a de plus commun. […] Paul Pasquier Rubrique réalisée par RS

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NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PRÉNOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ADRESSE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Téléphone : .

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Profession : (facultatif) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Studio vous feront parvenir votre carte pour la saison 2013/2014 qu’il faudra faire oblitérer à l’accueil lors de votre première venue. Les cartes cafétéria (3 €) et bibliothèque (3 €) sont en vente l’une à l’accueil, l’autre à la bibliothèque.

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ENVOI à : STUDIO ABONNEMENTS – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS n°215 – juillet/août 2004

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