28.05 au 01.07 2014

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°324 • juin 2014

samedi 14 juin 2014 16 films de 18h à l’aube


Les séances du dimanche matin reprendront début septembre 2014 jusqu'à la fin du mois d'avril 2015. S

O

M

M

A

I

R

E

juin 2014 - n° 324 ........................................

3

..........................................................

4

La Nuit des Studio CNP

Horaires d’ouverture : ......................

4

..................................

5

.....................................

5

Partenariat Studio/Centre LGBT Soirée Aucard de Tours Soirée Viviane Maier

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5

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6

Animation La Maison des jeux

LES FILMS DE A à Z Face à face

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18

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22

Eastern Boys

Rencontre

Jean-Pierre Pagliano . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

À propos de ..................................................

28

Interférences

12 years A Slave/My Sweet Paper Land

............

30

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

À propos

Real

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

EUROPA

Rencontre

Dominique Marchais Nebraska

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

Tél : 02 47 20 85 77

Courts lettrages

Her

lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

Vos critiques

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Jeune Public

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FILM DU MOIS : UGLY

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GRILLE PROGRAMME

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34 36

pages centrales

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation du CNP et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

STUDIO S E e D T I U N 30 it revient ! Le 14 Ça y est, la Nu es à l’aube, les ur he juin, de 18 oposeront 16 Studio vous pr 5 séances, r su is films répart pauses pour s de , ux je s avec de des stands , ire manger et bo ur, justement, associatifs po ! anger et à boire vous offrir à m nt so !) à la séance a pas de vente Les pass (il n’y euros pour les 13 : ai m is le 14 s. Faut-il rapen vente depu né on ur les non ab po ur 19 s, né on ab e une cohue po souvent comm ent… om m r ie peler qu’il y a rn de aces faites au les achats de pl s que pourrezbien beau, mai st c’e Tout cela, )? là ir-là (cette Nuitbétique, voici vous voir ce so ha lp ’a sement qu Sans autre clas oposés en ce samedi 14 juin. s pr donc les 16 film

Le Dictateur Chaplin, 06, de Charlie USA – 1940 – 2h Oakie… J. d, , P. Goddar avec C. Chaplin e lienn Divorce à l’ita i, , de Pietro Germ 2h – 61 19 – lie Ita ia Sandrelli… an ef St i, nn astroia avec Marcello M Django rbucci, 32, de Sergio Co Italie – 1966 – 1h … ro, José Bodalo avec Franco Ne rg bo Cy Chan-wook, Je suis un – 1h45, de Park 07 20 – d Su du Corée … ng, Choi Hee-jin avec Lim Soo-ju t or m et la n La Jeune fille lanski, avec Be 43, de Roman Po 1h – 94 … 19 on – ils A W US uart ney Weaver, St Kingsley, Sigour Mary et Max imation – 1h32, film d’an i S. Hoffman, Australie – 2009 Ph ec les voix de av t, Aaltra lio , El 33 am 1h de Ad – 2004 – na… n France/Belgique Gustave Kerver T. Collette, E. Ba et e in lép De ît om gd de Beno in K e is Moonr derson, fle Godard 1h34, de Wes An Frances À bout de souf – uc -L 12 an 20 – Je A de , US 30 y, 1h ra – ur M 60 ll 19 Bi – rton, France Seberg… avec Edward No Belmondo, Jean l au -P an Je ec av Mc Dormand… Le Bal , 52 berg, 1h La Mouche 83 19 – de David Cronen France – Italie d… ar ich – 1986 – 1h36, Gu A E. US … ec vis av Da a, a ol um, Geen de Ettore Sc avec Jeff Goldbl taire en m Benda Bilili ! cu do , 25 e Onc hn Carney, – 2010 – 1h Tullaye… France/Congo 07 – 1h25, de Jo lová… La 20 – de t de en an or Irl Fl et et ard, Markéta Irg de Renaud Barr avec Glen Hans paille Les Chiens de a, Piano Forest 1h58, … Masayuki Kojim USA – 1973 – ffman, S, George 2007 – 1h41, de – Ho n D, po ec Ja i, av ik h, m pa Ryunosuke Ka de Sam Peckin avec Aya Ueto, … da Citizen Kane ku Mayuko Fu 59, n… tte USA – 1941 – 1h Co ph se Jo n Welles, de et avec Orso

Les CARNETS du STUDIO

n°324

juin 2014

3


SEMAINE

du 25 juin au 1er juillet

5

2014

Du dimanche 29 au mercredi 2 juillet inclus. Tarif unique pour tous : 3,50 euros dès la première séance. (sur toute la durée de La Fête du cinéma)

14h15 1h31’ ON A FAILLI 17h30 ÊTRE AMIES 19h30 de Anne Le Ny 21h30 À suivre. 14h15 1h32’ 17h15 AU FIL D’ARIANE de Robert Guédiguian À suivre. 21h30 14h30 1h47’ 17h15 UNDER THE SKIN de Jonathan Glazer 19h15 À suivre. 14h30 1h38’ + court métrage 6’ 19h30 LA RITOURNELLE SAUF

de Marc Fitoussi

mercredi

14h30

de Roger Pigaut

samedi à 14h15

mercredi samedi dimanche

14h15

A

T

H

È

Q

U

2h09’

lundi 19h30 14h15 17h15 21h15 dim 11h00

de Billy Wilder

DEUX JOURS, UNE NUIT

RÉSISTANCE NATURELLE

À suivre.

1h10’

mer-jeu sam-dim

1h42’

21h15

14h30 1h54’ 17h15 LE VIEUX QUI NE VOULAIT SON ANNIVERSAIRE 19h30 PAS FÊTER de Félix Herngren

LA PETITE TAUPE 16h00 de Zdenek Miler

BLACK COAL

21h45

19h15 21h30

TON ABSENCE de Danièle Luchetti

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

17h15

À LA RECHERCHE dimanche DE VIVIAN MAIER 19h45 de John Maloof & Charlie Siskel Soirée débat avec le CCC, après la séance

mercredi

Tequila Savate & Mojito Rangers 19h00 CONCERT gratuit SQUIRM, LA NUIT DES VERS GÉANTS 21h00 de Jeff Lieberman-1h30-VF L’INCROYABLE HOMME PUMA 23h15 de Alberto de Martino-1h30-VF

2h03’

UGLY 1h44’

17h00 21h15

PARCE QUE J’ETAIS PEINTRE

21h30 + jeu-ven

de Christophe Cognet

14h15

1h16’ + court métrage 13’

LA CHAMBRE BLEUE de Mathieu Amalric

lun-mar

1h50’

24 JOURS, LA VÉRITE SUR L’AFFAIRE ILAN HALIMI 21h30 de Alexandre Arcady

1h39’

19h30

mercredi jeudi samedi dimanche

Avant-première

de Anurag Kashyap

de Yi'nan Diao

Partenariat Studio/La Maison des jeux de Touraine

Le film imprévu www.studiocine.com

de John Lee Hancock

dim 11h15

1h46’

de David Michôd

1h46’

DANS L’OMBRE DE MARY

dim 11h00

14h30 19h15

dim 11h00 mer-jeu sam-dim

1h45’ Festival Aucard de Tours

ADIEU AU LANGAGE de Jean-Luc Godard

16h00

17h15 21h30 À suivre.

THE ROVER

de Tommy Lee Jones

19h45

19h15

de Jonathan Nossiter À suivre.

de Pascale Ferran

www.studiocine.com

45’ sans paroles

de Jean-Pierre et Luc Dardenne

dim 11h00 3D

2h07’

de Luc Jacquet

samedi à 14h15

14h30

de Panos H. Koutras

IL ÉTAIT UNE FORÊT

mer-jeu sam-dim

L’ENFANT LION 14h15 de Patrick Grandperret

ARIANE 1h30’

2014

1h26’

1h26’

de Terry Gilliam

mercredi 1h30’

E

1h24’ Voir page 5

XENIA

17h00 2h15’ JERSEY BOYS 19h00 de Clint Eastwood 21h15 À suivre. 19h30

M

14h15 2h00’ 17h15 THE HOMESMAN 21h30

mercredi samedi dimanche

de Ben Stassen

À suivre.

BIRD PEOPLE

É

17h30 2h17’ VO 14h15 LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA 17h00 de Isao Takahata À suivre. 19h25

AFRICAN SAFARI

ZERO THEOREM

SAUF

N

2h05’ VO

3D

2h08’

mercredi samedi dimanche

I

14h15 1h51’ MAPS TO THE STARS 17h00 de David Cronenberg 19h15

1h25’ VF

1h47’

19h30 17h00

LE CERF-VOLANT 1h23’ DU BOUT DU MONDE

C

du 28 mai au 3 juin

1

SEMAINE

LES GAZELLES de Mona Achache

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

du 4 au 10 juin 2014

2

1h21’ VO

LES JOURS HEUREUX

CNP jeudi 1h37’

de Gilles Perret

20h00 Débat avec A.S. Jacques & R. Macherel C I N É M A T H È Q U E

L’HOMME QUI RÉTRÉCIT de Jack Arnold

40’ sans paroles

FABLES D’ÉTÉ lundi LAWRENCE 3h47’ D’ARABIE FABLES D’HIVER 19h30 de David Lean de divers réalisateurs

14h15 17h00 19h15 21h30

2h07’

1h26’

BIRD PEOPLE

L’ENFANT LION

de Pascale Ferran

de Patrick Grandperret

SEMAINE

mercredi samedi dimanche lundi

14h15 mercredi samedi dimanche lundi

16h00 mercredi samedi dimanche lundi

17h15

1h30’

14h15 DEUX JOURS, 1h30’ samedi Festival 19h15 UNE NUIT Courts d’écoles 14h15 SAUF mardi de Jean-Pierre et Luc Dardenne SÉANCES GRATUITES, OUVERTES À TOU(TE)S 16h00 1h42’ 14h15 1h43’ 17h45 THE ROVER Partenariat Studio/ Centre LGBT mardi 19h45 de David Michôd TRANSAMERICA 19h45 de Duncan Tucker 2h00’

THE 14h30 1h54’ HOMESMAN LE VIEUX QUI NE VOULAIT 17h15 19h30 de Tommy Lee Jones PAS FÊTER SON ANNIVERSAIRE 21h30 de Félix Herngren 1h45’ 14h30 LES POINGS 1h10’ LES MURS ADIEU AU 17h45 19h30 CONTRE de David Mackenzie LANGAGE 3D de Jean-Luc Godard 21h45 2h03’ 14h30 1h46’ UGLY TON 19h15 de Anurag Kashyap 21h30

ABSENCE

mardi

19h45

Avant-première 1h31’ ON A FAILLI ÊTRE AMIES

de Anne Le Ny

Rencontre avec Anne Le Ny et, sous réserve, K. Viard ou E. Devos

1h51’

17h15 MAPS TO THE 21h15 STARS sauf mardi

de David Cronenberg

de Danièle Luchetti

1h16’

LA CHAMBRE 21h45 BLEUE de Mathieu Amalric

Le film imprévu www.studiocine.com

du 11 au 17 juin 2014

3

SAMEDI 14 JUIN : 30e NUIT DU CINÉMA 16 films de 18h à l’aube ! Seules les séances de 14h15/30 sont maintenues. Les suivantes sont remplacées par la programmation spéciale de la Nuit des Studio. Pass en vente à l’accueil à partir du 14 mai : abonnés 13 €: non abonnés : 19 € C I N É M A T H È Q U E

2h42’

1h42’ VF

mercredi sam-dim

L’ÎLE 14h15 lundi NEW-YORK, NEW-YORK DE GIOVANNI 19h30 de Martin Scorsese de Mizuho Nishikubo mer-dim 17h15 Avant-première 1h40’ 14h15 2h07’ BIRD GEMMA 17h00 PEOPLE mardi BOVERY 19h45 19h30 de Pascale Ferran de Anne Fontaine Soirée de clôture

1h38’

Rencontre avec A. Fontaine et F. Luchini

14h15 LA 1h45’ 17h15 RITOURNELLE LES POINGS 17h45 19h15 de Marc Fitoussi CONTRE LES MURS 21h15 21h45

14h30 1h42’ 17h30 THE ROVER 19h30 de David Michôd 1h46’

14h15 BLACK COAL 19h30 de Yi'nan Diao 1h32’ + court métrage 10’

14h30 CUPCAKES 19h45 de Eytan Fox 1h30’

14h30 TRISTESSE CLUB 19h30 de Vincent Mariette 1h10’

ADIEU AU

17h15 LANGAGE de Jean-Luc Godard

de David Mackenzie

1h51’

MAPS TO THE 21h30 STARS

SEMAINE

du 18 au 24 juin 2014

4

Ciclic/Studio proposent : 2h00’ Avant-première

1h31’ mercredi samedi vendredi DU GOUDRON LES DEMOISELLES dimanche DE ROCHEFORT 19h45 ET DES PLUMES de Pascal Rabaté 14h15 de Jacques Demy Rencontre avec le réalisateur GOÛTER DE L’ÉTÉ samedi

14h30 1h32’ 1h42’ V0 AU FIL mercredi 17h00 D’ARIANE L’ÎLE samedi 19h30 de Robert Guédiguian DE GIOVANNI dimanche 21h30 de Mizuho Nishikubo 17h15 14h15 2h15’ 17h00 JERSEY BOYS 19h00 de Clint Eastwood 21h15

1h30’

17h00 TRISTESSE 21h30 + CLUB mercredi de Vincent Mariette

1h38’

14h15 LA RITOURNELLE 17h45 19h30 de Marc Fitoussi

1h42’

THE ROVER

de David Cronenberg de David Michôd

2h07’ 2h00’

THE HOMESMAN 21h30 de Tommy Lee Jones

14h30 19h15

BIRD PEOPLE

LE VIEUX QUI NE VOULAIT PAS 21h45 FÊTER SON ANNIVERSAIRE

de Pascale Ferran

de Félix Herngren

1h30’

DEUX JOURS, UNE NUIT 21h45 de Jean-Pierre et Luc Dardenne

Le film imprévu www.studiocine.com

14h15 1h26’ + court métrage 6’ 19h45 RÉSISTANCE + mercredi NATURELLE sam-dim

16h00

19h15

21h30

de Yi'nan Diao

17h45 21h45

1h32’

de Jonathan Nossiter

CUPCAKES 21h45

2h08’

14h30

17h15

1h46’

BLACK COAL 1h54’

sam-dim

16h00

de Eytan Fox

XENIA de Panos H. Koutras

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35


Dimanche 1er juin, 19h45

jeudi 5 juin – 20h00 Le CNP propose :

Les Jours heureux Les Jours heureux : tout un programme. Celui du Conseil national de la Résistance, rédigé entre mai 1943 et mars 1944, en France occupée, par 16 hommes qui travaillent à jeter les bases d’une société plus juste dans une France libérée.

Une utopie qui devient réalité à la Libération et donne naissance à la Sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprise… Une réalité qui est de plus en plus menacée, déconstruite… C’est une aventure que rappelle Gilles Perret dans son film, en laissant la parole à des Résistants, des hommes politiques actuels et des historiens. FILM : Les Jours heureux de Gilles Perret (France – 2013 – 97’). Après la projection, DÉBAT avec AnneSophie Jacques, journaliste à Arrêt sur Images, et Raymond Macherel, chargé de communication du film.

Mardi 10 Juin, 19h45 Dans le cadre de la semaine culturelle de la Lesbian and Gay Pride, les Studio vous proposent une soirée organisée par le centre LGBT de Touraine, avec la projection de :

TRANSAMERICA USA – 2006 – 1h43, de Duncan Tucker, avec Felicity Huffman, Kevin Zegers…

À force de travail et de sacrifices, Bree va enfin réaliser son rêve : accéder à la dernière opération qui lui permettra de devenir physiquement une femme. Mais un coup de fil inattendu vient bouleverser ce projet : un certain Toby, ayant maille à partir avec la justice, cherche à retrouver

son père. Pour Bree, pas question d’aller se compliquer la vie avec un individu qui est le rejeton d’une liaison sans lendemain, à l’époque où il s’appelait Stanley. Sa thérapeute, elle, n’est pas du tout de cet avis : elle ne lui délivrera le sésame pour la fameuse opération que si elle se confronte à son passé, en rencontrant le jeune homme… Un itinéraire drôle et bouleversant à la fois. IG

Mercredi 28 mai, 19 heures Radio Béton présente sa Soirée du Cinéma Bis ! (Voir détails dans les Carnets de mai)

4

– Les CARNETS du STUDIO

n°324

juin 2014

Avant-première, projection du documentaire : À la recherche de Vivian Maier, de C. Siskel et J. Maloof. Séance organisée avec le concours du Centre de Création Contemporaine, Jeu de Paume hors les murs au Château, Université F. Rabelais et Ville de Tours.

Les étudiantes-conférencières du CCC présenteront le film et animeront le débat après la projection.

À la recherche de Vivian Maier Documentaire américain – 2014 – 1h24, de Charlie Siskel, John Maloof.

Le jour où s’achève l’extraordinaire exposition du château de Tours, John Maloof revient sur la découverte des 100 000 clichés de Vivian Maier stockés dans un garde-meuble, et mène l’enquête sur cette artiste géniale, énigmatique et totalement inconnue jusqu’à sa mort. Le portrait, fait de témoignages souvent contradictoires,

tente de retracer l’incroyable histoire de cette femme excentrique, nounou qui arpentait les rues sans relâche, son Rolleiflex à la main. Si nous sommes fascinés par le regard hors du commun qu’elle portait sur le monde, nous le sommes aussi par sa vie. Le film est à la hauteur de nos attentes : à la fois captivant, édifiant et bouleversant. SB

Il était une forêt et des jeux ! jection du film, puis participer à un débat Mercredi 25 juin au sujet de la conception du jeu en lien Les Studio, en partenariat avec La Maison des jeux de Touraine, vous proposent une journée autour du film de Luc Jacquet : Il était une forêt. Dans un premier temps, de 16h à 19h, vous pourrez découvrir et participer, en famille (à partir de sept ans), à des ateliers de jeux sur la terrasse des Studio : des jeux pour échanger, apprendre et s’amuser, tel étant le leitmotiv de La Maison des jeux . À 19h30, vous pourrez assister à la pro-

direct avec le film, mais dans une volonté de produire autre chose qu’un produit dérivé promotionnel.

IL ÉTAIT UNE FORÊT France – 2012 – 1h18, documentaire de Luc Jacquet

Sur une idée du botaniste Francis Hallé, présent dans le film, le réalisateur de La Marche de l’empereur se propose de donner à voir la naissance d’une forêt tropicale, son développement sur sept siècles et les dangers qui la menacent aujourd’hui. Les deux hommes ont voulu faire un film sensuel et beau, un hymne à la forêt primaire !

Les CARNETS du STUDIO

n°324

juin 2014 –

5


Les séances du dimanche matin reprendront début septembre 2014 jusqu'à la fin du mois d'avril 2015. w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

B

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE MAI

2014 :

• Quiet de Piromalli, Polin, Themines (studio 1-2-4-5-6) • A New Tango Song Book de Plaza Francia (studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

24 jours, la vérité sur l’affaire Ilan Halimi France – 2014 – 1h50, d’Alexandre Arcady, avec Zabou Breitman, Pascal Elbé, Jacques Gamblin…

5 mètres 80

Le vendredi 20 janvier 2006, Ilan Halimi, choisi par le gang des Barbares parce qu’il était juif, est enlevé et conduit dans un appartement de Bagneux. Il y sera séquestré et torturé pendant trois semaines avant d’être jeté dans un bois par ses bourreaux. Retrouvé gisant nu le long d’une voie de chemin de fer à Sainte-Geneviève-des-Bois, il ne survivra pas à son calvaire. Avec un casting impeccable et une réalisation efficace en forme de thriller, Arcady rend un bel hommage à ce jeune martyr de l’antisémitisme.

France – 2013 – 5’, de Nicolas Deveaux, Animation.

Sources : dossier de presse

A

Adieu langage

Suisse-France – 2014 – 1h40, de Jean-Luc Godard, avec Héloïse Godet, Zoé Bruneau, Kamel Abdelli…

L’un des plus provocateurs des cinéastes francophones revient à Cannes avec un film en 3 D... Celui qui n’a cessé de bousculer convenances et conventions entend conter une histoire d’amour, ou plutôt deux histoires d’amour, puisque la seconde partie du film semble transposer les personnages de la première dans un autre temps... De toute façon, chez Godard, le synopsis apparent rend rarement bien compte de ce qui est finalement visible à l’écran et l’on peut parier qu’avec son sens aigu de la formule qui touche, à 80 ans passés, il saura encore une fois nous surprendre et créer la polémique ! Sources : dossier de presse

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+ court métrage semaine du 4 au 10 juin

– Les CARNETS du STUDIO

n°324

juin 2014

African Safari

La Chambre bleue France – 2013 – 1h15, de Mathieu Amalric,

Un homme d’affaires américain et une jeune femme de chambre se retrouvent dans un hôtel international, près de l’aéroport de Roissy et tentent de donner un sens à leur vie. Ils vont vivre une expérience singulière dont ils ressortiront grandis et empreints d’une nouvelle clairvoyance… Malgré le succès de Petits arrangements avec les morts (Caméra d’or à Cannes en 1994) et Lady Chatterley (5 Césars en 2007 et Prix Louis Delluc), les films de Pascale Ferrand sont rares (dans les deux sens du terme !) On attendait Bird people avec impatience pour le précédent festival de Cannes et il n’arrive sur nos écrans qu’un an plus tard, avec son casting alléchant et une histoire où se mêlent doutes, espoirs et irruption du surnaturel…

« Dis-moi Julien, si je devenais libre, tu te rendrais libre aussi ? » Ainsi commence ce film très ramassé (1h15), épuré, qui raconte aussi bien le crime passionnel que ses conséquences judiciaires. Accusé d’avoir empoisonné son épouse Delphine, Julien Gahyde est arrêté et subit interrogatoires et procès. La recherche de réalisme a poussé Mathieu Amalric à tourner dans un vrai tribunal avec un juge d’instruction et une greffière qui jouent leur propre rôle à l’écran. Sur le thème classique des amants diaboliques, l’auteur propose une adaptation du roman éponyme de Georges Simenon qui se veut à la fois un vrai film de série B et en même temps un film d’auteur. En soignant tout particulièrement les cadrages et le montage il aboutit à une narration épurée, éclatée mais toujours claire. À lire les critiques, il semble bien que ce film soit, à ce jour, le plus abouti de son auteur.

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Black Coal

Chine – 2014 – 1h46, de Diao Yinan, avec Fan Liao, Liu-mei Gwei, Xue-bing Wang…

Au fil d’Ariane

France – 2014 – 1h32, de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Jacques Boudet, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier…

Le jour de son anniversaire, Ariane est seule dans sa jolie maison. Les bougies sont allumées sur le gâteau. Mais les invités se sont excusés… Ils ne viendront pas. Et si leur absence était un cadeau inattendu ? L’occasion pour Ariane de quitter son monde (presque) parfait et de partir à l’aventure se perdre dans la grande ville… Le réalisateur marseillais confie que l’idée de départ était de faire un film pour le plaisir, en toute liberté, qui se présenterait comme une petite pièce de poésie ludique et jubilatoire. Ariane est dans un conte et, comme Alice au pays des merveilles, elle jouit d’une liberté totale. « Je m’aperçois aujourd’hui que ce rêve est quand même une invitation à réinventer une fraternité qui soit universelle », confie l’incorrigible Robert Guédiguian.

Bird People

France – 2014 – 2h07, de Pascale Ferrand, avec Josh Charles, Anaïs Demoustier, Roschdy Zem, Hippolyte Girardot…

Après l’assassinat d’un ouvrier, dans une mine, dont le corps est dispersé en Mandchourie, on charge l’inspecteur Zhang de mener l’enquête. Celui-ci est blessé après avoir retrouvé les suspects et il abandonne l’affaire. Cependant, cinq ans plus tard, on assiste à deux autres meurtres, en relation avec la femme de l’ouvrier. Zhang reprend du service comme agent de sécurité, mais s’intéresse sans doute de trop près à la dangereuse veuve… Dans la lignée des grands films policiers américains, ce film a reçu trois prix et douze nominations, notamment l’Ours d’or pour le réalisateur et celui d’argent pour l’acteur masculin, à Berlin. Sources : dossier de presse.

C

Le Cerf-volant du bout du monde

France Chine – 1958 – 1h22, de Roger Pigaut et Wang-Kia-Yi.

Voir pages Jeune Public

Sources : dossier de presse

Filmographie succincte : Les Neiges du Kilimandjaro- 2011, Le Voyage en Arménie – 2006, Marie-Jo et ses deux amours – 2001, Marius et Jeannette 1997.

avec Mathieu Amalric, Léa Drucker, Stéphanie Cléau…

Sources : dossier de presse

+ court métrage semaine du 28 mai au 3 juin

Heavy Sentimental France – 2012 – 13’, de Laure Ballarin, avec Philippe Rebbot, Arben Bajraktaraj, Sophie Cattani, Matthieu Deniau.

Le Conte de la princesse Kaguya Japon – 2014 – 2h17, animation de Isao Takahata…

Il s’agit de l’adaptation d’un conte traditionnel du Xe siècle : un vieux coupeur de bambous découvre, à l’intérieur d’une tige, une princesse de la taille d’un pouce et décide de la recueillir. De bébé, Kaguya devient très vite une jeune fille d’une grande beauté, « la Princesse lumineuse », que les plus grands princes veulent épouser. S’ils veulent obtenir sa main, ils devront relever les défis qu’elle leur impose… Féru du travail de Jacques Prévert et de Paul Grimault, Isao Takahata, connu pour Horus, prince du soleil (1968), Goshu le violoncelliste (1982), fonde le Studio Ghibli avec Hayao

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Miyazaki en 1985. Suivront ses longs métrages les plus célèbres et notamment Le Tombeau des lucioles (1988), Pompoko (1994), Mes voisins les Yamadas (1999). Takahata assure la mise en scène, car il ne dessine pas lui-même, au contraire de Hayao Miyazaki, esquissant seulement le story-board. Pour ce film, le réalisateur a privilégié une esthétique singulière, abandonnant tout principe réaliste, les personnages dessinés au fusain évoluant dans des décors à l’aquarelle. Sources : dossier de presse

Cupcakes

Israël – 2013 – 1h32, de Eytan Fox,avec Anat Waxman, Keren Berger, Ofer Shechter, Efrat Dor, Dana Ivgy…

Tel-Aviv. Une bande d’amis se lance dans la composition d’une chanson à l’occasion de l’anniversaire de l’un d’eux. Ofer, fan d’un concours international, se prend au jeu de proposer leur création collective au comité de sélection. Contre toute attente, leur chanson est choisie et c’est alors le groupe entier qui se retrouve invité à venir l’interpréter lors de la fameuse compétition télévisuelle. L’aventure amicale se révèle délicieusement décalée… Évidemment, toute ressemblance avec une autre compétition du genre serait purement fortuite… Eytan Fox, qui sait aussi nous toucher par des sujets plus graves comme Tu marcheras sur l’eau (2005), nous propose avec Cupcakes une belle comédie sucrée et colorée en perspective ! Sources : dossier de presse

+ court métrage semaine du 11 au 17 juin

Jeudi 15h France – 2013 – 10’, de Léa Drucker, avec Natalie Beder, Esteban Carvajal Alegria.

D

Dans l’ombre de Mary USA – 2013 – 2h05, de John Lee Hancock avec Emma Thompson, Tom Hanks…

Avant que Mary Poppins vienne enchanter plusieurs générations d’enfants, il a fallu du temps (vingt ans) et beaucoup d’acharnement à Walt Disney pour persuader l’auteure de ce succès d’édition d’accepter son projet d’adaptation pour le grand écran : Pamela Lyndon

Travers n’avait pas envie que son héroïne, qui avait beaucoup à voir avec elle, ne devienne qu’une créature disneyenne supplémentaire. Nous assistons, ici, au parcours du combattant vécu par le producteur emblématique face à une femme ne se laissant pas envoûter par les sirènes hollywoodiennes, à la genèse explosive d’un film qui marquera son époque (notamment à cause du mélange prises de vue réelles/animation), mais encore à la destinée d’une femme qui avait décidé de bâtir sur ses souffrances plutôt que de se laisser détruire par elles. Les performances des toujours impeccables Thompson/Hanks sont unanimement saluées par la critique. Sources : myscreens.fr, familiscope, toutlecine.com

Voir pages Jeune Public

Les Demoiselles de Rochefort

France – 1967 – 2h, de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve, Françoise Dorléac, Danielle Darrieux…

Dans la ville de Rochefort-sur-Mer, Madame Yvonne Garnier tient un café. Elle est la mère de deux ravissantes jumelles, Delphine et Solange, qui rêvent de rencontrer le grand amour et occupent leur temps à donner des leçons de solfège et de danse. Yvonne Garnier a, dans le passé, refusé d’épouser l’homme qu’elle aimait, parce qu’il s’appelait Monsieur Dame. Celui-ci va bientôt présenter à Solange un compositeur américain, Andy Miller, qu’elle admire énormément. Le jour du tricentenaire de la ville, une caravane de forains s’installe… Après Les Parapluies de Cherbourg, Palme d’or au Festival de Cannes en 1964, Jacques Demy réalise une deuxième comédie musicale, tout aussi réussie. Cinéaste contemporain de la Nouvelle Vague, il réalise Lola (1960) et La Baie des anges (1962), revisite le conte Peau d’âne (1970), poursuivant la comédie musicale avec Une chambre en ville (1982), Trois places pour le 26 (1988), entre autres… Un cinéaste avec un univers poétique spécifique qui a renouvelé le genre de la comédie musicale et inspiré de nombreux réalisateurs contemporains. EC Voir pages Jeune Public

Deux jours, une nuit

France-Belgique – 2013 – 1h30, de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet...

Sandra est sur le point de perdre son emploi et n’a plus d’autre choix que d’aller convaincre ses collègues de renoncer à la prime qui leur est promise. Elle n’a, pour délai, qu’un seul week-end... Dans cette lourde tâche, elle sera épaulée par son mari. Après le très beau Le Gamin au vélo, qui avait obtenu le Grand Prix à Cannes en 2011, les frères Dardenne reviennent avec un neuvième long métrage de fiction (tourné principalement en Belgique), sélectionné en compétition officielle à Cannes. Jolie récompense pour les frères belges, duo primé à deux reprises par la Palme d’or (Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005), et dont on connaît l’immense talent de directeurs/découvreurs d’acteurs (on leur doit les premiers grands rôles de Jérémie Rénier, Emilie Dequenne et Olivier Gourmet, rien que ça !) ainsi qu’un sens de l’humain très aiguisé. Qualifié de « western belge » par Thierry Frémaux, les quelques premières images dévoilées annoncent une course contre-la-montre prenante et essoufflante… Sources : dossier de presse

Du goudron et des plumes France – 2013 – 1h31, de Pascal Rabaté, avec Sami Bouajila, Isabelle Carré, Talina Boyaci, Daniel Prévost…

Nous voici transportés à Montauban où, sous le soleil, la fête du « grand Triathlon de l’été » se prépare avec ses sportifs, ses majorettes... Christian, divorcé et commercial bidouillard, est en admiration devant sa fille et ferait tout pour elle jusqu’à accepter sa participation à la compétition. C’est au cours d’une répétition qu’il fait la connaissance de Christine, mère célibataire enceinte. Sa vie va alors basculer. Cette comédie nous ravit, empruntant des images, des décors un peu datés et des situations burlesques pleines de poésie. Jamais de cynisme envers les personnages, simplement un regard amusé et tendre. Tourangeau d’origine, P. Rabaté a tourné à Montauban et dans notre ville dont vous

reconnaîtrez aisément les lieux. Après Les Petits ruisseaux (2009) et Ni à vendre ni à louer (2011), Du goudron et des plumes est le troisième long métrage de Rabaté : à savourer sans modération ! MS Avant-première. Ciclic et les Studio proposent une rencontre avec Pascal Rabaté, vendredi 20 juin après la séance de 19h45.

L’Enfant lion

France – 1993 – 1h22, de Patrick Grandperret, avec Mathurin Sinze, Sophie-Véronique Toue Tagbe…

E

Dans un village africain perdu au milieu de la brousse, Oulé vient au monde le même jour qu’une lionne. Ils deviennent inséparables et Oulé apprend le langage des animaux, du vent et du feu, passant ses journées à chasser avec Sirga, rendant jalouse son amie Oulé. Mais un jour, une razzia détruit le village et les enfants sont emmenés en esclavage… En adaptant le roman de René Guillot, Sirga la lionne, sur des images magnifiques et la séduisante musique de Salif Keïta, Patrick Grandperret a réussi un film enthousiasmant. Loin des clichés exotiques, dans l’univers fantastique des contes, il raconte une très belle histoire d’amitié entre un enfant et un lion sans occulter la violence de la captivité. À sa sortie, l’Enfant lion eut un vrai succès populaire avec 1,3 million de spectateurs. Une œuvre tout public oubliée à redécouvrir. DP Filmographie succincte : Mona et moi (89) – Les Victimes (96) – Meurtrières (05)

Voir pages Jeune Public

Fables d’été, fables d’hiver Voir pages Jeune Public

Les Gazelles

France – 2014 – 1h39, de Mona Achache, avec Camille Chamoux, Audrey Fleurot, Joséphine de Meaux…

F G

Sur un coup de tête, alors qu’ils viennent d’acheter un appartement, après 14 ans de vie commune, Marie quitte l’homme qu’elle

Les fiches signées correspondentà des films vus par les rédacteurs.

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connaît depuis l’adolescence. À 35 ans, elle se met à faire la bringue avec des collègues de son âge, également seules… Adapté du spectacle de Camille Chamoux, Les Gazelles renouvelle « le genre moribond de la comédie de filles avec un humour trash et un vrai feeling », s’enthousiasment Les Inrocks. Camille Chamoux, l’instigatrice du projet, est une vraie révélation. Petite machine comique efficace, avec de vrais personnages réalistes, qui refuse à la fois la sensiblerie, la grossièreté de nombreuses comédies françaises… et le happy end, le film porte un regard aigu sur une génération, celles des amours précaires et du célibat conquérant. « On en avait ras le bol de voir des femmes servir de fonctions dans les comédies et tenir des rôles qui ne correspondent qu’à des stéréotypes : la grosse, la bimbo, la rigolote, la reum », affirme Camille Chamoux. « Nous, on voulait montrer les choses telles qu’elles sont, ne rien édulcorer et défendre un regard désinhibé sur l’intimité des femmes. » Sources : lesinrocks.com

Gemma Bovery

France – 2014 – h40, de Anne Fontaine, avec Gemma Arterton, Jason Flemyng, Fabrice Luchini, Elsa Zylberstein…

Ancien bobo parisien, Martin est devenu boulanger dans un village normand, là où Gustave Flaubert a écrit Madame Bovary, un roman dont il est totalement passionné. Un jour, il voit s’installer, dans une fermette du voisinage, un couple d’Anglais qui lui font penser aux personnages de Flaubert… Adapté, avec Pascal Bonitzer, d’un roman graphique de Posy Simmonds, Gemma Bovery signe le retour en France d’Anne Fontaine (après son troublant film australien Perfect Mothers) et à la comédie. Si l’on se réjouit à l’avance de la prestation du génial Luchini, on peut remarquer les coïncidences entre le prénom de l’actrice et de son personnage (Gemma !) et le fait qu’elle a déjà joué dans une adaptation d’une BD de Posy Simmonds, Tamara Drewe de Stephen Frears… Sources : dossier de presse

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Filmographie succinte : Nettoyage à sec (96) – Augustin, roi du kung-fu (99) - La Fille de Monaco (08) – Coco avant Chanel (09) - Mon pire cauchemar (11)

fois derrière la caméra et s’attaque cette foisci à un genre encore jamais abordé : la comédie musicale. Adaptée de la célèbre pièce de Broadway du même nom, Jersey Boys s’annonce pour le moins comme un film étonnant, à l’atmosphère proche de celle du dernier Soderbergh, Ma vie avec Liberace. Reste à savoir si ce biopic connaîtra davantage de succès ou non, lui qui apparaît comme l’un des grands oubliés de la sélection cannoise de 2014.

Avant-première.

Rencontre avec Anne Fontaine et Fabrice Luchini, mardi 17 juin après la séance de 19h45.

L’homme qui rétrécit USA – 1957 – 1h30, de Jack Arnold, avec Grant Williams, Randy Stuart…

H

Une balade en bateau, un brouillard radioactif : le début du cauchemar pour Scott Carey. Il se met à rapetisser, jusqu’à ne plus mesurer que quelques centimètres ! Désormais, non seulement il est devenu un objet de curiosité pour les autres et d’étude pour les scientifiques, mais il évolue dans un univers où tout peut dissimuler un piège et ceux qu’hier, il écrasait d’un coup de talon se sont mués en redoutables prédateurs ! Si ce film demeure un grand classique du fantastique avec des effets spéciaux toujours aussi efficaces, il interroge aussi sur la dépendance à l’autre, la solitude, la peur, le sens de la vie : une œuvre beaucoup plus grande qu’elle n’en a l’air. IG Voir pages Jeune Public

L’Île de Giovanni Voir pages Jeune Public

Sources : dossier de presse

M

Dans la famille Weiss il y a Cristina, la mère, qui s’occupe de la carrière de sa star de fils, Benjie, treize ans et à peine sorti de cure de désintoxication ; la fille, Agatha, qui vient d’être libérée de prison pour pyromanie et Stafford, le père, auteur et coach pour célébrités. Il y aussi Havana, cliente de Stafford qui veut s’accomplir en tant qu’actrice et Jérôme, un chauffeur de limousine qui veut, lui aussi, devenir acteur... Le grand David Cronenberg, s’attaquant à Hollywood et à l’obsession de la célébrité, ça fait saliver. Avec lui on sera certainement très loin du sucré et de l’anodin, le rêve hollywoodien risque ainsi de virer au rouge sang. Et qui a dit qu’il n’avait pas d’humour ? Après avoir enfermé Robert Pattinson dans une limousine dans Cosmopolis, il en fait aujourd’hui un chauffeur.

I

Il était une forêt Voir pages 5

Jersey Boys

Américain – 2014 – 2h15, de Clint Eastwood, avec John Lloyd Young, Christopher Walken, Erich Bergen…

Dans le New Jersey des années 60, quatre jeunes hommes, venus d’un milieu modeste, fondent le bien nommé groupe The Four Seasons. S’enchaînent des succès, des triomphes même, pour le meilleur comme pour le pire… Après trois ans d’absence (fait rare dans la carrière du grand Clint, puisque metteur en scène de pas moins de 11 films en… 11 ans, depuis l’année 2000), et son très apprécié biopic J. Edgar, Eastwood repasse une nouvelle

Maps To The Stars

USA – 2014 – 1h51, de David Cronenberg, avec Robert Pattinson, Julianne Moore, John Cusack, Mia Wasikowska...

Sources : dossier de presse

J

O

On a failli être amies

France – 2014 – 1h30, de Anne Le Ny, avec Karin Viard, Emmanuelle Devos, Roschdy Zem…

Dans l’institut de formation pour adultes où elle travaille, Marithé veut aider les autres à trouver leur véritable vocation… Comme d’habitude, Marithé s’implique à fond, quand elle rencontre Carole qui vit dans l’ombre de son mari, Sam, un chef étoilé. Carole reprend confiance en elle et songe à le quitter, mais Marithé ne semble pas insensible au charme de Sam…

Pour son 4e long-métrage, Anne Le Ny a voulu retrouver un triangle (un homme-deux femmes) comme dans les grands classiques mais… en le pervertissant. Désireuse de renouer avec la comédie, elle voulait explorer le thème de l’amitié féminine en écrivant pour un couple d’actrices parmi les plus passionnantes du moment, Karin Viard et Emmanuelle Devos, pour la première fois réunies à l’écran. « Et je voulais surtout que le fil de l’histoire soit ténu, que celle-ci ne soit pas marquée par de grands événements... ce sont des petits moments de vie qui sont importants pour les personnages principaux, mais où personne ne meurt, où aucun bateau ne coule, aucune guerre n’éclate. Ce sont des micro événements qui font que la vie peut changer en profondeur. » sources : dossier de presse

filmographie : Ceux qui restent (07) – Les Invités de mon père (10) – Cornouaille (11) Avant-première. Mardi 10 juin, rencontre avec Anne le Ny et, sous réserve, Karin Viard ou Emmanuelle Devos, après la séance de 19h45.

Parce que j’étais peintre France – 2013 – 1h44, de Christophe Cognet.

P

Voilà un documentaire qui aborde un sujet rare puisqu’il part à la recherche des œuvres réalisées clandestinement dans les camps par des artistes déportés. Christophe Cognet filme les lieux, rencontre et dialogue avec les rares survivants et les conservateurs des œuvres dispersées un peu partout dans le monde. Mais surtout il s’attarde, en les filmant au plus près, sur les dessins, les peintures, souvent faits sur des supports improbables, et qui constituent des témoignages incroyables. À travers les témoignages passionnants et les œuvres fascinantes, Christophe Cognet pose la question de la beauté dans l’expression artistique de l’horreur. Il questionne aussi la notion d’œuvre et interroge l’idée de la beauté, la place et le rôle de l’artiste. Parfois dérangeant mais en restant toujours très respectueux, Christophe Cognet signe un premier long métrage essentiel. JF

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La Petite taupe Voir pages Jeune Public

Les Poings contre les murs Grande-Bretagne – 2013 – 1h45, de David McKenzie, avec Jack O’Connell, Rupert Friend, Ben Mendelsohn...

Éric, un jeune délinquant, arrive en prison, dans un monde qui ne l’a pas attendu et où se protéger et se faire respecter est une lutte de chaque instant, ce qui ne devrait pas étonner un garçon dont le père a passé une bonne partie de sa vie derrière les barreaux... C’est même une des difficultés qu’il devra affronter, puisque son père est, de fait, dans la même prison que lui... Pour l’aider à surmonter ses pulsions et vaincre ses peurs, Éric a rencontré plusieurs adultes prêts à l’aider (notamment un psychologue fort peu ordinaire), mais les luttes qui l’attendent sont peut-être au-delà de sa mesure... Bien des années après Scum de Alan Clarke, divers critiques anglo-saxons n’hésitent pas à revenir à cette référence pour décrire la puissance et la pertinence du film de D. McKenzie... tous sont également d’accord pour saluer la performance de Jack O’Connell. Sources : theguardian.com, entertainment.ie

R

Résistance naturelle

France-Italie – 2014 – 1h23, de Jonathan Nossiter, avec Stefano Bellotti, Elena Pantaleoni, Corrado Dottori...

Sous le soleil de la Toscane, des vignerons et un directeur de cinémathèque échangent sur leur passion du vin et du cinéma. Résistance naturelle évoque ces agriculteurs entrés en résistance contre la tyrannie du marché et des gouvernements, en transformant leur approche du vin, notamment par goût de la liberté, de l’honnêteté artisanale et de la santé de la planète. « Mais un engagement écologique envers la nature ne sert à rien s’il n’y a pas également une écologie de la culture. Comme le vin, la transmission vitale et le rôle contestataire de la culture cinématographique

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sont menacés de disparition ». Dix ans après Mondovino (2003), Jonathan Nossiter part à la rencontre en Italie – à travers l’Émilie-Romagne, les Marches et le Piémont – de ces quelques résistants, de ces passeurs de vie. Passionnant et nécessaire ! Sources : dossier de presse

+ court métrage semaine du 18 au 24 juin

Le Miroir Suisse – 2011 – 6’, de Ramon et Pedro, avec Henri Destraz.

La Ritournelle

France – 2014 – 1h38, de Marc Fitoussi, avec Isabelle Huppert, Jean-Pierre Darroussin, Michael Nyqvist…

Brigitte et Xavier sont éleveurs bovins en Normandie. Elle est rêveuse, la tête dans les étoiles. Lui, les pieds ancrés dans la terre, vit surtout pour son métier. Avec le départ des enfants, la routine de leur couple pèse de plus en plus à Brigitte. Un jour, sur un coup de folie, elle prend la clef des champs. Destination : Paris. Xavier réalise alors qu’il est peutêtre en train de la perdre. Parviendront-ils à se retrouver ? Et comment se réinventer, après toutes ces années ? La reconquête emprunte parfois des chemins de traverse… Après des courts-métrages remarqués et son documentaire L’Éducation anglaise (2006), le cinéaste se lance dans la réalisation de son premier long métrage, La Vie d’artiste (2007), qui remporte le Prix Michel d’Ornano en 2007. Son second film, Copacabana (2010), déjà avec Isabelle Huppert, est sélectionné au Festival de Cannes dans le cadre de la Semaine de la critique. Avec son troisième long métrage, Pauline détective (2012), comédie haute en couleurs, le réalisateur accède au statut d’auteur, ce qui se confirme avec La Ritournelle. Sources : dossier de presse

+ court métrage semaine du 25 juin au 1er juillet)

Le Tarif album France – 2011 – 6’, Animation de Christophe Tourette, Mathieu Travi, Aurélien Maury.

T

The Homesman

western pour le moins atypique. The Rover, sélectionné pour Cannes 2014, hors-compétition, semble encore très prometteur.

Arkansas, années 1860, sous la surveillance de deux autres femmes, une femme jugée folle doit entreprendre un long voyage vers l’Iowa. L’une de ces femmes, une vieille fille intraitable au caractère sérieusement trempé, comprend assez rapidement que, dans un monde aussi brutal, elles auront besoin de l’aide d’un homme, lui-même aguerri à tout. Cet homme, ce sera George Briggs, mi-vagabond, misquatter. Sans trop dévoiler la suite du périple, on peut aisément imaginer que l’on va voir un mélange de western et de road movie, ce qui, déjà, peut être assez attirant, mais, surtout, ceux d’entre vous qui ont vu le prodigieux Trois enterrements (précédente réalisation de T. Lee-Jones), savent à quel point ce brillant acteur (No country for old men, Dans la brume électrique) sait faire vivre les déserts, les paysages et les humains qui les traversent.

Sources : dossier de presse

USA – 2013 – 2h, de Tommy Lee Jones,avec Tommy Lee Jones, Hilary Swank, Grace Summer, Meryl Streep...

Sources : dossier de presse, imdb.com

The Rover

Australie/USA – 2014 – 1h42, de David Michôd, avec Guy Pearce, Robert Pattinson, Scoot McNairy, David Field…

Une décennie après l’effondrement de l’économie occidentale, l’activité des mines australiennes se perpétue, attirant des hommes désespérés et… dangereux. La survie dans cette société moribonde se transforme en un véritable combat quotidien. Éric, lui, n’est plus qu’un homme rempli de colère, qui a presque tout abandonné derrière lui. Alors, quand une bande le dépossède de son dernier bien, sa voiture, il se lance à sa poursuite. Rey, l’un des membres du gang, abandonné, blessé, représente un espoir. Contraints, ils vont cheminer ensemble pour un périple à l’issue incertaine… Suite à son remarquable Animal Kingdom (2010) avec Guy Pearce déjà à l’affiche, David Michôd s’adjoint ici Robert Pattinson – l’exvampire de Twilight – pour nous proposer un

Anni Felici TonItalieabsence – 2014 – 1h45, de Daniele Luchetti, avec Kim Rossi Stuart, Micaela Ramazzotti, Martina Gedek...

Rome, été 1974, le jeune Dario filme avec son premier super 8 les événements qui vont changer sa vie et celle de sa famille. Avec son frère Paolo, il est le témoin de l’amour de ses parents, de leurs échecs, de leurs trahisons, de leurs perpétuels marchandages amoureux, des crises qu’ils traversent… C’étaient les années heureuses et pourtant, à l’époque, il ne le savait pas ! Tout en décrivant avec justesse et légèreté tout un pan de la société italienne des années 70, Luchetti nous livre ses souvenirs les plus intimes avec une grande sensibilité, un dosage parfait d’émotion, d’humour et de nostalgie. Ces années heureuses ont enchanté les spectateurs du festival tourangeau Viva il cinema en février dernier. Ne ratez pas cette deuxième chance ! SB

Transamerica Voir page 4

Tristesse club

France – 2013 – 1h30, de Vincent Mariette, avec Ludivine Sagnier, Vincent Macaigne, Laurent Lafitte...

Bruno et Léon sont deux frères très différents, l’un a réussi socialement mais pas amoureusement (ce qui est paradoxal pour quelqu’un qui travaille dans la rencontre sur Internet !), l’autre est une manière de loser avec un côté arrogant ! Les deux vont voir leur vie s’animer quelque peu avec l’arrivée de deux sœurs (qui découvriront qu’en réalité elles ne sont pas sœurs) ainsi qu’avec la découverte que leur père n’est peut-être pas aussi mort qu’ils l’avaient pensé... On voit qu’il n’est pas tellement question de

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réalisme ici mais plus d’humour, de décalage, ce qui n’est pas étonnant pour ce réalisateur qui revendique l’influence de Wes Anderson et de Hal Ashby... Et l’on ne peut qu’attendre beaucoup d’une rencontre entre V. Macaigne et L. Lafitte, surtout en sachant que la pétillante Ludivine Sagnier semble ici utilisée dans ce qui ressemble à un assez mystérieux contre-emploi. Sources : dossier de presse

U

Ugly Film du mois, voir au dos du carnet.

Under The Skin

USA – 2013 – 1h47, de Jonathan Glazer, avec Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams...

Une extra-terrestre prend l’apparence d’une jeune femme. À travers l’Écosse, elle séduit et assassine des hommes pour le compte de son espèce... Après Sexy Beast et, surtout, le magnifique et très troublant Birth, on attendait le retour de Jonathan Glazer. Under The Skin emprunte aux genres de la science-fiction, de l’horreur ou du thriller, mais il est surtout un objet à part. Un voyage, libéré d’un scénario traditionnel, qui ressemble à une expérience sensorielle où les univers visuels et sonores sont, d’après les critiques, tout aussi étranges que beaux. Fascinant, déstabilisant, le film pose aussi un regard singulier sur la solitude et sur l’espèce humaine (les hommes en particulier), tout en dégageant de la mélancolie à travers le portrait de cet alien comme représentation de la condition féminine. Et de l’avis de tous, Scarlett Johansson y est exceptionnelle. Sources : cinemateaser.com, arte.tv, premiere.fr

Le Vieux qui ne voulait pas fêter –son anniversaire 2013 – 1h54, de Félix Herngren, Suède avec Robert Gustafsson, Iwar Wiklander, David, Wiberg…

Après une vie bien remplie, Allan Karlsson, ancien expert en explosifs, s’échappe de la maison de retraite où tout le monde s’apprête à lui fêter ses cents ans. Mais lui n’a pas l’intention d’en rester là et commence alors une série d’aventures improbables au cours desquelles il s’acoquine avec un escroc, un vendeur de hot dogs, une femme rousse et un élephant… Ce film, tiré du livre éponyme, paru en 2009, traduit en 35 langues et tiré à 6 millions d’exemplaires, promet d’être tout aussi déjanté que l’opus de Jonas Jonasson, explorant 100 ans de petite et grande Histoire, de rencontres banales ou extraordinaires…

V

Zero Theorem

Grande-Bretagne – 2013 – 1h40, de Terry Gilliam, avec Christoph Waltz, David Thewlis, Mélanie Thierry, Matt Damon...

Dans une espèce d’église désaffectée travaille Qohen Leth, un informaticien dans la débine, plus tout jeune, qui a été recruté pour essayer de résoudre le théorème dit du zéro, qui devrait permettre de découvrir le sens de la vie... De temps à autre, Leth rencontre une jeune femme qui fait commerce de sexe cybernétique (mais peut-être pas que cybernétique) ou bien encore le très étonnant M Management, son employeur... Les amateurs d’univers bringuebalants, de

réalités entremêlées, d’images étonnantes, d’humour tordu et de trouvailles visuelles incessantes seront ravis : le plus maudit des cinéastes britanniques (mais aussi l’un des plus grands visionnaires du cinéma tout court) est de retour, peut-être dans le genre qui lui a le plus réussi pour l’instant : la dystopie SF dynamitée aux grandes questions philosophiques très chargées en humour... Pour couronner le tout, il semblerait que le remarquable David Thewlis (Naked) soit entré dans la famille Gilliam comme s’il avait passé toute sa vie chez les Monty Python (n’oublions pas que Gilliam fut le réalisateur des Python !) Sources : thewrap.com, entertainmenttime.com

Sources : dossier de presse

08 92 68 37 01 studiocine.com

Xenia Grèce/France/Belgique – 2014 – 2h08, de Panos H. Koutras, avec Kostas Nikouli, Nikos Gelia, Yannis Stankoglou…

Xenia conte l’aventure de deux frères, Danny, 16 ans, et Odysseas, 18 ans, nés en Crète d’une mère albanaise et d’un père grec qui ne les a jamais reconnus. Après la mort de leur mère, le plus jeune rejoint l’aîné à Athènes. Ils prennent alors la route menant à Thessalonique afin de retrouver leur père (qu’ils n’ont jamais connu) et obtenir la nationalité grecque, impossible sans la reconnaissance paternelle officielle. Ils sont de fait étrangers dans leur propre pays. Leur traversée est l’occasion d’une peinture saisissante de la société grecque moderne… Xenia est présenté au festival de Cannes 2014 dans le cadre de la sélection Un certain regard. Souhaitons-lui plus qu’une nomination ! Sources : dossier de presse.

lundi 16 juin -19h30 lundi 2 juin -19h30 Ariane de Billy Wilder (1957) – USA Noir et Blanc 2h09

Soirée de clôture

New York, New York

de Martin Scorsese (1977) USA Couleurs 2h15, avec Liza Minnelli, Robert De Niro.

Tout public à partir de 12 ans.

lundi 9 juin -19h30 Lawrence d’Arabie de David Lean (1962) GB-USA Couleurs 3h36

Tout public à partir de 12 ans Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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FILM DU MOIS

UGLY Inde – 2013 – 2h05, de Anurag Kashyap avec Rahul Bhat, Tejaswini Kolhapure, Ronit Roy…

R

ahul est un jeune comédien sans emploi, divorcé, vivotant aux crochets d’un ami en attendant le grand rôle qui le rendra célèbre. Son ex-épouse, Shalini, a la garde de leur fille Kali. Elle s’est remariée avec Shaumik Bose, haut gradé de la police de Bombay. Rahul et Shaumik se connaissent depuis longtemps et se détestent. Profitant d’un droit de visite, Rahul vient chercher Kali pour l’emmener au cinéma et la laisse seule quelques minutes dans sa voiture. La fillette disparaît, visiblement kidnappée. L’enlèvement de Kali ravive haines et rancoeurs, alors que les suspects et les fausses pistes se multiplient. L’enquête n’avance pas et Rahul va jouer un jeu de plus en plus dangereux avec la police. Ce film est d’abord un excellent polar au rythme rapide, très prenant, ce qui n’exclut pas un humour parfois quasi surréaliste (la scène du commissariat au début du film). Un scénario délicieusement tortueux conduit les principaux personnages dans un engrenage de décisions stupides qui

révèle petit à petit leurs ambiguïtés et leurs failles : nul manichéisme, tous ont quelque chose à cacher ou à se reprocher. Sans jamais recourir au pittoresque facile, Ugly nous offre en outre un passionnant portrait de la société indienne des grandes villes, très différent mais très complémentaire de celui offert par The Lunchbox, proposé récemment aux Studio. On y retrouve de façon très vivante les difficultés et les petites combines de la vie quotidienne, l’univers de la rue, l’habitat, sans oublier la place de la femme et les relations sociales. Univers paradoxal où la pauvreté et la précarité ne peuvent se passer de téléphones portables et d’informatique. Après son très remarqué Gangs of Wasseypur, Anurag Kashyap nous offre une nouvelle preuve du dynamisme du cinéma indien, loin des sucreries de Bollywood. AW Prix du public au Festival international du cinéma asiatique de Tours 2014.

Les nouvelles cartes d’abonnement seront des cartes à code qui vous éviteront de devoir re-présenter vos cartes à l’entrée des salles. Elles faciliteront aussi les ré-abonnements en début de saison puisqu’il ne sera plus nécessaire de remplir de nouveau formulaire. Les nouvelles cartes sont désormais disponibles aux Studio, passez donc les récupérer dès maintenant pour éviter les encombrements de septembre !

LES CARNETS DU STUDIO – n° 324 juin 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


JEUNE PUBLIC

France – 1993 – 1h26, en version restaurée, de Patrick Grandperret. Tout public à partir de 7 ans

Oulé l’enfant noir et Sirga la lionne naissent le même jour et grandissent ensemble. Mais, à l’arrivée de pillards, les deux amis sont séparés et Oulé est emmené en esclavage... Un récit magnifique !

À partir de 3 ans

République tchèque – 2007 – 45 mn, film d’animation de Zdenek Miler.

sans paroles

Six délicieux courts métrages dans lesquels notre petite taupe fera bien des découvertes !

USA – 1957 – 1h21, de Jack Arnold.

Tout public à partir de 8 ans

VO

Après avoir traversé un nuage radioactif, un homme se met à rétrécir. Il doit faire face à une série d’épreuves spectaculaires dans un monde devenu hostile. VO

DANS L’OMBRE DE MARY

La promesse de Walt Disney

USA – 2014 – 2h05, de John Lee Hancock, avec Tom Hanks, Emma Thompson... Tout public à partir de 10 ans

C’est l’histoire extraordinaire et méconnue de la création du film Mary Poppins. C’est aussi le récit d’une relation très houleuse entre Walt Disney et la romancière Pamela Travers…

FESTIVAL COURTS D’ÉCOLES Un festival pour les jeunes réalisateurs Samedi 7 juin : projections gratuites et ouvertes à tous des courts métrages réalisés dans l’année par les classes d’Indre-et-Loire.

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À partir de 3 ans sans paroles

JEUNE PUBLIC

France/Suisse/Belgique/Pays-Bas – 2005 – 40 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Hautes en couleurs, pleines d’humour et de naïveté, ces fables sont un pied de nez aux intempéries de la vie ! Japon – 2014 – 1h42, film d’animation de Mizuho Nishikubo.

Tout public à partir de 10 ans

En 1945, une île japonaise est annexée par la Russie. Deux enfants vont surmonter la barrière linguistique et l’Histoire pour s’entraider.

VF VO

Les Demoiselles de Rochefort France – 1967 – 2h, comédie musicale de Jacques Demy.

La ville est repeinte en couleurs pastel et tout le monde y parle, y chante, y danse… Samedi 21, goûter pour les enfants, afin de fêter la musique au cinéma, les vacances…

Tout public partir de 6 ans

Le Cerf-volant du bout du monde France/Chine – 1958 – 1h22, de Roger Pigaut.

Deux enfants découvrent à Paris un magnifique cerf-volant accroché dans un arbre. Ils y trouvent une lettre écrite en chinois…

Tout public partir de 5 ans

AfricAn SAfAri

Belgique – 2014 – 1h25, documentaire de Ben Stassen.

VF

Tout public à partir de 7 ans

3D

Un voyage de la Namibie au Kilimandjaro, dans une nature splendide qui doit faire face à l’intrusion de l’homme… Une aventure inédite en 3D.

ET POUR VOUS, DANS LES PAGES ADULTES… Le Conte de la princesse Kaguya Japon – 2014 – 2h17, film d’animation de Isao Takahata.

… à suivre. Tout public à partir de 10 ans Voir page 7 VO

Il était une forêt et des jeux ! Séance organisée par la Maison des Jeux de Touraine. Voir page 5.

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En bref…

Ici… ` DEUXIÈME COUSTEAU Dans L’Odyssée, le biopic que s’apprête à tourner Jérôme Salle (Anthony Zimmer), la Calypso ne sera pas celle qui envoûta Ulysse, mais celle qui fut le fidèle « destroyer » de Jacques-Yves Cousteau. Si on ne connaît pas le nom de celui qui héritera du bonnet rouge emblématique, on sait qui interprétera un des fils du fameux commandant : Pierre Niney. Le film devrait l’entraîner de l’Antarctique au Canada en passant par l’Afrique du Sud! L’aventure quoi ! ` SŒUR SOURIRE Dans Fauteuils d’orchestre de Danièle Thompson en 2006, Albert Dupontel interprétait un pianiste concertiste qui ne parvenait plus à jouer dans un cadre traditionnel. Cécile de France y était sa partenaire et parvenait à lui transmettre (comme à tous ceux qu’elle approchait dans le film) sa joie de vivre. Denis Dercourt (La Tourneuse de pages) les réunit à nouveau pour En équilibre : il y sera un cascadeur équestre, incapable de remonter sur un cheval suite à un grave accident survenu lors du tournage d’un film. Elle, elle sera l’employée de la compagnie d’assurance chargée du dossier, et, sans aucun doute, celle qui saura lui rendre le sourire. ` QUAND LA MUSIQUE EST BONNE

Un homme et une femme… Chabadabada, chabadabada, encore une fois, badabadaba… Cette fois, c’est Jean Dujardin et Elsa Zylberstein qui constitueront le couple emblématique de la thématique chère à Lelouch ! On ne sait pas s’il les fera courir sur une plage normande, mais on sait en tous les cas qu’il les entraînera jusqu’en Inde. Il veut faire un road movie musical… Tout recommence…Badabadadadadadada ` STUPEUR ET TREMBLEMENTS

Des années que l’on parle d’une nouvelle version du film de Claude Berri, Un moment d’égarement, réalisé en 1977, contant les affres d’un homme d’une quarantaine d’années, vivant une liaison avec la fille, mineure, de son meilleur ami. À l’époque, c’était Jean-Pierre Marielle la victime de ces tourments, tandis que son copain était joué par Victor Lanoux. Pour cette nouvelle version dirigée par Jean-François Richet, ce sont Vincent Cassel (qui retrouvera à cette occasion son réalisateur du diptyque Mesrine) et François Cluzet qui s’y colleront.

Et ailleurs… ` EN ROUTE POUR LA JOIE

Jim Jarmusch ne nous a guère habitués à rire, mais son pro-

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chain film devrait être une comédie : l’histoire d’un chauffeur de bus du New Jersey, poète à ses heures. Rien de vraiment drôle dans cet énoncé, pourtant le réalisateur l’assure : il fera tout pour nous faire rire. ` LES DÉSARROIS DE L’ÉLÈVE KECHICHE

Après le tumulte et les questionnements consécutifs à La Vie d’Adèle, il semblerait qu’Abdellatif Kechiche ait tranché : son projet sera finalement une adaptation du roman de François Bégaudeau, La Blessure. Il s’agira encore de suivre la trajectoire d’un être en devenir, mais cette fois, d’un jeune garçon, puisqu’il est question de l’adolescence de l’auteur d’Entre les murs lui-même, à la différence près qu’elle se déroulera en Tunisie pour le film, et non en Vendée comme dans le livre. Une nouvelle Palme d’or à la clé, pour le romancier et le réalisateur, après Entre les murs en 2008 et La Vie d’Adèle en 2013 ? ` LE CŒUR A SES RAISONS

Sean Penn revient à la réalisation, sept ans après le magnifique Into the Wild, pour mettre en scène, de nouveau, un homme face à un questionnement existentiel : cette fois, il s’agira d’un médecin auquel tout réussit, incarné par le toujours étonnant Javier Bardem, devant choisir entre son amour pour une (belle forcément, surtout quand on sait qu’elle est interprétée par Charlize Theron) Américaine se vouant à l’humanitaire, et un dévouement sans partages pour sauver des vies en Afrique. Voilà qui fleure bon (pour ceux qui apprécient le genre) la comédie romantique échevelée ; on imagine mal Sean Penn dans ce registre, mais sait-on jamais ? Notons que l’héroïne de La Vie d’Adèle, Adèle Exarchopoulos a signé pour un petit rôle. ` LA POULE AUX ŒUFS D’OR

Mauvaise nouvelle : on annonce encore un biopic sur Marilyn, devenue un produit dérivé mais surtout dérivant pour tout et n’importe quoi, un objet de culte frelaté. La bonne nouvelle : il s’agirait d’adapter le meilleur livre (avis personnel) écrit sur la trajectoire de cette femme dans ce qui constitue sa singularité certes, petite fille éternellement enfermée dans un corps objet de désirs et source de malheur-, mais aussi dans l’universalité de la souffrance liée à l’abandon, au manque de confiance en soi et à un besoin d’amour jamais rassasié : Blonde de Joyce Carol Oates (dont John Arnold a récemment proposé, sous le titre Norma Jeane, une adaptation pour le théâtre totalement époustouflante). Croisons les doigts pour qu’en engageant Jessica Chastain, Andrew Dominik (L’Assassinat de Jesse James) évite de tomber dans les abîmes habituels de la représentation monroeenne : cheveux oxygénés, faux cils et bouche incarnat, vision réductrice se répétant inlassablement. IG

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Face à face Eastern Boys

Face à face

Gare aux gars de l’est de la gare du Nord

L

es premiers plans sont aériens : des vues des statues monumentales de la gare du Nord. Puis la caméra observe la foule qui déambule sur le parvis et on a la sensation de retrouver le film de Claire Denis, et sa tentative de construire une fiction mélangeant les milliers d’histoires potentielles qui se croisent sur les quais de cette immense gare parisienne. Le regard est un peu lointain, celui d’un documentaire ou d’une caméra de surveillance. Mais un groupe de jeunes apparaît, se structure en une suite de salutations rituelles avec, déjà, un personnage central qui semble aimanter les énergies, le chef d’une meute. Petit à petit, une certaine tension monte, qui irriguera tout le film de Robin Campillo,

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jusqu’à se traduire en une angoisse presque insupportable. Toujours distante, la caméra suit certains membres du groupe qui entrent dans la gare, circulent entre les voyageurs, à la fois décontractés et inquiétants, déclenchant des réflexes d’évitement, de peur, et la surveillance des agents de sécurité. Que va-t-il se passer ? C’est la question que se pose le spectateur tout au long de ce récit perpétuellement inattendu, fort et déconcertant. On attend un événement qui ne vient pas. Ou plutôt si : l’un des voyageurs, cinquantenaire anonyme, suit l’un des membres du groupe. Le long des quais. Dans des escaliers. Dans le recoin où s’est réfugié ce jeune homme aux yeux en amande. Que lui veut-il ? Le garçon qui s’appelle Marek est plus pragmatique. « I do everything ». Puis lui donne une heure, un jour et obtient son adresse. Fin

du premier chapitre, Sa majesté la rue. Le deuxième, Cette fête dont je suis l’otage, s’ouvre dans l’intérieur banal d’un appartement cossu de l’autre côté du périphérique. La sonnette retentit. Mais à la place du plan cul à 50 € commence une scène cauchemardesque inoubliable. De l’autre côté de la porte, ce n’est pas Marek mais l’enfant agité qui jouait sur les épaules du chef, devant la gare. Il entre en menaçant l’homme qui n’a toujours pas de nom, de crier, précisant qu’il est mineur. Puis la sonnette ne cesse de sonner, l’appartement est envahi calmement par une marée de jeunes, pas vraiment agressifs, mais qui se comportent instantanément comme s’ils étaient en terrain conquis, se servent à boire, fouillent, pianotent sur internet, mettent de la musique. Sidéré, l’homme ne réagit pas. Arrive enfin Boss, le jeune homme envoûtant, à la beauté féline et dont la douceur étrange angoisse. « C’est toi qui a voulu que l’on vienne », lui rappelle-t-il, goguenard. Petit à petit, dans cette transe techno (l’hypnotique Who’s gonna play this old machine d’Arnaud Rebotini), la mise à sac se met en place ; tout en dan-

sant avec leur prisonnier, libre de ne rien faire, de contempler le lent dépeçage de sa vie privé, son appartement* est entièrement dépouillé, comme si d’avoir ouvert sa porte à ses Easterns boys, l’homme avait accepté d’en assumer toutes les conséquences. Jusqu’à ce qu’on emporte le grand miroir, éparpillant sur le sol les photos de son passé, et emportant avec eux, un fragment de seconde, sa propre image. Il y a, dans cette scène sidérante, la préfiguration d’un changement complet de vie : en acceptant de plonger dans les yeux d’un clandestin, Daniel en finit avec son existence solitaire, uniquement tournée vers la satisfaction de désirs égoïstes. Avec une construction visuelle d’une grande maîtrise, sans explications psychologiques superflues, Robin Campillo porte un regard totalement stupéfiant sur le monde qui nous entoure et tient son spectateur à bout de souffle… sans pourtant avoir recours aux ficelles scénaristiques habituelles. Du grand art. DP * Détail troublant : le tournage a eu lieu dans l’appartement du réalisateur.

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Face à face Eastern Boys

De l’amant au fils : ensemble contre la peur

A

ttardons-nous maintenant sur les deux derniers chapitres. Projetés quelques temps plus tard (on ne sait combien exactement, seul repère temporel : Daniel a eu le temps de s’acheter de nouveaux meubles, encore en cartons), on entre dans la troisième partie, Ce qu’on fabrique ensemble. C’est au pied de la lettre qu’il faut prendre ce titre, car ce chapitre ne parle que de ça, de création en commun. Marek réapparaît, seul cette fois, pour proposer à Daniel, qui accepte, de consommer le rapport sexuel initialement négocié. Marek va revenir, Daniel et lui vont s’attacher l’un à l’autre. Ils organisent leurs emplois du temps pour se voir de plus en plus souvent, leurs relations se transforment, la parole se libère, les dialogues augmentent. Cette ouverture réciproque à l’autre permet à chacun de prendre une place différente. Marek, celle du très jeune homme qu’il ne sem-

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blait plus être (« T’es qu’un gosse », lui dit Daniel, qui paraît, lui aussi, le découvrir). Il apprend la légèreté, le rire, la confiance ; il raconte à Daniel son histoire et lui dévoile son vrai prénom, Rouslan. Daniel, lui, quitte le statut de client (même s’il est toujours question d’argent entre eux), pour celle d’un adulte bienveillant et attentionné. Il lui installe une chambre et instaure un nouveau contrat : fin des rapports sexuels entre eux et obligation de rompre avec sa bande, « Ils me font peur, ils te font peur », dit-il. Mais pour s’affranchir totalement, Rouslan a besoin de ses papiers. Ceux-ci sont enfermés dans un casier de l’hôtel où toute la bande loge, et seul Boss en possède les clés. Cette troisième partie est la plus longue du film mais aussi la plus longue dans l’histoire des personnages (les trois autres se déroulent sur quelques heures, celle-ci doit bien durer quelques mois). Si elle peut sembler plus classique en termes de mise en scène, elle est loin d’être habituelle dans ce qu’elle raconte. Nous sommes aux trois-quarts du film et

on navigue toujours de surprise en surprise. C’est un sacré plaisir de spectateur d’être conduit de façon aussi sûre et aussi belle sans arriver à savoir exactement où l’on va. La quatrième et dernière partie s’intitule Halt hôtel, donjons et dragons. Donjons et dragons, que l’on connaît au moins de nom, est un jeu de guerre. Ce qui veut dire, entre autres, combats, tactiques, courage, exactement ce qui va nous être décrit. Situé quelque part en banlieue, Rouslan revient au Halt hôtel et réussit à voler les clés des casiers. Mais surpris par Boss, il est bâillonné, attaché, battu et enfermé. Daniel, sans savoir ce qui est arrivé, vient à sa recherche. Apparaît un nouveau personnage, une jeune femme noire, gérante du lieu et au prénom, Chelsea, prédestiné. Là encore, Eastern boys se démarque du tout venant en arrivant à faire de ce personnage secondaire une figure marquante. Daniel va pouvoir sauver Rouslan grâce au courage de cette

dernière qui ouvre, alors qu’elle n’en a pas le droit, le local où il est retenu prisonnier. Dans cette ultime partie, le rythme s’emballe, Robin Campillo s’amuse à jouer avec le suspense, la peur ; on est tendus, inquiets. Ce redoutable polar en miniature est aussi un bel acte d’amour. Quant à Boss, il a récupéré les clefs de chez Daniel et s’y précipite. Intense moment de tension, mais, de façon inattendue, l’appartement est entièrement vide. Il s’écroule en pleurs ; dans Eastern boys, c’est une autre de ses beautés, même ceux qui effraient finissent par émouvoir. Ultime surprise, l’épilogue se déroule chez le juge dans l’attente d’une réponse à une demande d’adoption de Rouslan par Daniel. La dernière scène nous les montre à travers une baie vitrée s’éloignant côte à côte. Le film nous laisse à l’intérieur du Palais de Justice, eux sont déjà loin. Mais ils resteront près, tout près dans nos mémoires. JF

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu :

Her, de Spike Jonze

Mais où est passé le réalisateur inventif et surprenant de Dans la peau de John Malkovich ? Son Adaptation, abscons, avait généré ennui et déception. Nous n’évoquerons point Max et les Maximonstres, non vu. Her aurait pu être le film de la réconciliation, il sera celui de la frustration. IG Comment la voix chaude, attentionnée, sensible de Samantha sortant d’un ordinateur peut émouvoir un être humain comme Theodore jusqu’à l’en rendre amoureux ? Est-ce désormais possible ? On est au cœur de la solitude, celle de Theodore fuyant la réalité d’un partage où l’aimée serait touchée, regardée, vivante et préférant égoïstement une compagne idéale, virtuelle. Même si l’absurdité de la situation s’impose à nous, déboussolés, notre cœur bat la joie ou la tristesse comme celui de Theodore ! MS Theodore tombe amoureux de Samantha qui n’est qu’une voix ; son physique il ne peut que l’inventer. Nous,

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nous savons que la voix de Samantha est celle de Scarlett Johansson et son physique, on le connaît. Non qu’il soit désagréable, bien au contraire, mais notre imaginaire se serait peut-être plus déployé face une voix anonyme. JF Bienvenue dans les délices et les délires de l’ère numHERique ! (Attention cependant : en amour, l’excès de mémoire peut s’avérer fatal...) DP Quand le chant des sirènes est modulé par Scarlett Johansson, il y a de quoi fantasmer, et c’est ce qui arrive à ce pauvre Theodore, dont la vie est passablement vide. L’histoire se déroule dans 50 ans, dans un Los Angeles où seule l’informatique relie les humains. Et justement, Samantha, logiciel capable de s’adapter à la personnalité de chaque utilisateur et de plusieurs milliers d’entre eux en même temps, apprend vite la Carte du Tendre… tandis que Theodore parcourt toutes les étapes de l’état amoureux. De la cristallisation stendha-

lienne au transfert freudien, tout est incarné avec sensibilité par l’acteur, seul en scène, et pour cause ! Mais, comme pour les marins, la sirène n’est qu’un lamantin, alors, désillusion à la clé et léger ennui pour nous… CP Dans un monde ouaté et pas si futuriste que ça, Spike Jonze campe un Joaquin Phoenix mélancolique, dans l’obscurité d’une vie banale et dénuée de tout intérêt… surtout depuis que l’être aimé a fichu le camp. Mais point d’énième mélo langoureux et passionné, le Her de Spike Jonze est, lui, habité de bien plus de matière et de nuances. Alors que Theodore embrasse la voix avec qui il refait le monde, cette voix qui l’enchante et le change, cette voix dont il tombe amoureux, c’est tout un univers, une façon de considérer le monde et de l’appréhender que décrit Jonze. Le monde de demain ? Libre à chacun de le penser, et de décider si, oui ou non, c’est de celui-là dont il rêve… MR

Her titille la curiosité par sa love story insolite entre un quadra déboussolé et une voix féminine purement informatique. Dans le cadre très coloré d’une science-fiction quasi contemporaine très plausible, on ne sait plus si l’homme se réifie ou si la machine s’humanise. Ce sujet fort intéressant est malheureusement traité comme une banale comédie romantique longuette, au dénouement insipide et téléphoné. Comment ne pas être déçu ? AW Comment dynamiter de l’intérieur un genre aussi rebattu que la comédie romantique ? Jonze a trouvé la réponse radicale qui lui convient : supprimez l’une des deux moitiés du couple et laissez le spectateur se débattre avec son imagination, tout comme le personnage principal doit le faire ! Ce film est un véritable plaidoyer pour la force et la magie du verbe, un plaidoyer qui réussit le tour de force de marier imagination visuelle et, justement, pouvoir de la parole pure ! ER

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Jean-Pierre Pagliano aux Studio © Isabelle Godeau

Rencontre

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Rencontres de la Bibliothèque

Rencontre avec Jean-Pierre Pagliano vendredi 11 avril 2014

Voyage surprise avec Pierre, Paul et Jacques

S

i les Rencontres de la Bibliothèque sont toujours placées sous de bons auspices, celle du 11 avril dernier, l’était particulièrement puisque les frères Prévert étaient les héros de la soirée : Jacques et Pierre, mais aussi Paul Grimault, considéré comme faisant partie à part entière de cette drôle de famille. Jean-Pierre Pagliano, héraut incontestable et intarissable de leur geste, présentait ce soirlà son livre Le Roi et l’Oiseau. Voyage au cœur du chef-d’œuvre de Prévert et Grimault mais aussi Voyage Surprise, un des rares (dans tous les sens du terme) films réalisés par Pierre Prévert. Considéré comme un des grands spécialistes du Groupe Octobre et comme LE spécialiste de l’œuvre de Grimault, J.-P. Pagliano est capable de repérer, parmi tous les documents exposés dans la bibliothèque, en lien avec la thématique de la soirée, deux articles de journaux inconnus de lui et en demander, avec émotion et enthousiasme, la copie. On comprend alors son envie de partager sa passion pour ces hommes et leur univers créatif ! DESTIN ANIMÉ Même s’il a fait tourner une table en compagnie de Jean Aurenche pour une publicité Levitan intitulée La Séance de spiritisme est

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terminée, en 1931, ce que voulait absolument animer Grimault, c’était le dessin, car disaitil « Quand on fait un dessin animé, on crée à partir de rien ». Animer de l’intérieur était un impératif pour lui : ainsi distribuait-il les rôles des personnages en fonction de la personnalité des animateurs, pour qu’il y ait adéquation entre les deux, car « c’est le personnage qui commande son animateur ». Si Le Roi et l’Oiseau est définitivement considéré comme un chef-d’œuvr et constitue une référence pour des créateurs comme Miyazaki et Takahata, la route pour accéder à ce succès a été particulièrement longue et complexe. En 1936, Grimault fonde la société de films d’animation Les Gémeaux. Si la collaboration avec Prévert débute en 1947 pour le court métrage Le Petit Soldat, le travail autour des contes d’Andersen en général, et La Bergère et le Ramoneur en particulier, a démarré pour Grimault dès 1944. C’est son projet d’en faire un long métrage qui le conduira à ce qu’il considérait comme une tragédie et plusieurs décennies plus tard au triomphe ! En effet, au bout de cinq ans de labeur acharné et passionné de l’ensemble du studio, le budget a explosé, mais le film est inachevé. A. Sarrut, producteur et co-fondateur de la société Les Gémeaux, bâcle la fin et distribue le film

contre l’avis de Grimault et Prévert. Cette version sera pourtant couronnée de lauriers à Venise. Grimault doit repartir à zéro. Il crée, en 1951, Les Films P. Grimault. Des générations seront formées dans ce studio : Jacques Demy (en 1988, ils coréaliseront La Table Tournante. La voix du petit clown est d’ailleurs celle de Mathieu Demy) et JeanFrançois Laguionie, par exemple ; collaborations qui, comme toujours avec Grimault et Prévert, se mueront en indéfectibles amitiés. En 1976 Paul Grimault pourra enfin racheter le négatif de La Bergère et le Ramoneur. Il n’en conservera alors que quarante-deux minutes, qu’il réutilisera dans Le Roi et l’Oiseau. Prévert disparaîtra avant de voir la version définitive. Aujourd’hui encore, le film est régulièrement cité parmi les meilleurs films français et est le seul film d’animation à avoir reçu le Prix Louis-Delluc. LA BANDE À PRÉVERT Qui dit Prévert pense Jacques. Pourtant, il existe un autre Prévert, le frère Pierre, réalisateur quelque peu oublié. Les trois longs métrages qu’il a réalisés, L’Affaire est dans le sac, Adieu Léonard et Voyage Surprise, sont sans doute ceux où la folie de Jacques a pu s’exprimer sans aucune limite. Malheureusement leur humour absurde n’attira pas le public. Cette fantaisie délirante semblant plus proche du burlesque américain que du burlesque français à la Tati. Voyage Surprise est donc un film rare : il n’est que fort peu projeté et une seule copie, dans un état pitoyable, reste dispo-

nible. Malgré tout, le charme du film opère encore, notamment par la folie de ses personnages : Piéral, « un Goya de poche » selon Jean-Louis Bory, dans le rôle de la capricieuse duchesse de Stromboli, le mime Etienne Decroux, maître de Jean-Louis Barrault et de Raymond Devos, dans celui du rebelle rasant les murs, le curé prenant place dans un fauteuil Voltaire, une Martine Carol en jeune première pas encore emprisonnée dans son rôle de sex symbol, constituent l’agrément de ce voyage, entre autres. Plus tard, Pierre Prévert réalisa quelques films pour la télévision notamment, en 1964, une adaptation remarquable d’un conte… d’Andersen, Le Petit Claus et le Grand Claus, où on retrouve Maurice Baquet et Roger Blin, compagnons depuis le Groupe Octobre de la fratrie Prévert, mais aussi Paul Grimault aux décors ! Fidèles, encore une fois, jusqu’au bout ! N’hésitez pas à venir assister aux Rencontres de la Bibliothèque, elles sont, elles aussi, toujours pleines de surprises ! IG

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Rencontre

Rencontre

Rencontre avec Dominique Marchais La Ligne de partage des eaux

vendredi 25 avril 2014 Dominique Marchais aux Studio

D

ominique Marchais est venu aux Studio présenter son nouveau film, La Ligne de partage des eaux, documentaire dont les différents chapitres suivent le bassin versant de la Loire depuis le Plateau de Millevaches jusqu’à Nantes. Ce film, assez atypique dans sa forme, n’est pas un documentaire géographique au sens strict puisqu’il entend utiliser l’écoulement des eaux de l’amont vers l’aval pour donner à voir en métaphore ce qu’il y a de commun entre des territoires aussi différents et d’ailleurs, interrogé sur le titre du film, D. Marchais fait remarquer qu’il est à double sens puisque le partage c’est aussi la séparation (partager quelque chose entre plusieurs personnes) que la mise en commun (partager quelque chose avec d’autres).

La première question porte d’ailleurs sur la structure du film et la raison pour laquelle la dernière scène se déroule dans le village même où le film débutait, cette scène étant plus joyeuse que le reste du film, il est permis de se demander si elle est là pour terminer sur une note optimiste. En fait, non, l’opposition optimisme/pessimisme n’a pas influencé la construction du film, qui se veut ouvert et doit fonctionner seul, sans recours à ces grilles de lecture. Cette scène sert à donner le sens du temps qui s’est écoulé, en revenant au point de départ à un autre moment de l’année, on comprend que les choses ont continué et évolué.

Bien entendu, dans un film où sont régulièrement évoqués les rapports de pouvoir et les prises de décision publiques, se pose la question de savoir à quel point compte la personnalité des décideurs ou des acteurs locaux. Le début du film utilise l’exemple de la moule perlière en voie de disparition : elle vit en symbiose avec saumons et truites, les saumons et truites ne pouvant revenir, même si les moules ne sont pas en danger en tant que telles, leur reproduction est compromise et l’on ne peut plus revenir en arrière, c’est pourquoi il faut toujours penser en prenant son temps en amont de la prise de décision. D’où la nécessité d’avoir des institutions qui fonctionnent bien, alimentées par une réflexion démocratique constante. Cela finit aussi par créer une culture politique locale. À ce titre, d’ailleurs, Faux la Montagne est un lieu très intéressant. On y trouve par exemple une scierie autogérée, montée en 1988 par des Parisiens venus s’installer en Creuse. Ils ont été bien accueillis et se sont vite aperçus que, dans une région très boisée, rien n’existait pour transformer le bois localement et, aujourd’hui, face à l’exode rural, Faux est l’une des rares communes de Creuse dont la population continue d’augmenter, mais cela passe par des infrastructures collectives : crèche, l’une des premières télévisions associatives, maintien d’une supérette... Tout cela, c’est le fruit d’une réflexion et d’une action collectives et, à un moment, ils se sont dit qu’il allait falloir

construire et que, pour ne pas faire n’importe quoi, pour ne pas subir, il allait falloir anticiper et, donc, ils ont fondé une Société coopérative d’intérêt collectif, destinée à prendre en charge l’agrandissement du village. On voit donc l’importance de la prise en charge politique, effectivement. À plusieurs reprises, des comparaisons se font avec le précédent documentaire de D. Marchais, Le Temps des grâces, notamment en ce qui concerne la manière de filmer les intervenants... Le projet, ici, était de ne pas faire d’interviews, de maintenir la caméra à la périphérie des scènes collectives, pour éviter la « parole d’expert », qui explique et qui sait tout. Il m’a quand même fallu quelques interviews pour expliciter certains concepts, mais l’idée de départ était en fait celle d’un mur de pierres sèches, des éléments juxtaposés qui tiennent debout seuls, sans liant. J’ai supprimé les noms propres pour me concentrer sur la fonction des intervenants parce que c’est un film sur le collectif, qui se veut sans personnalité dominante. On ne peut pas dire non plus que ce film parle de repli sur soi : les gens que l’on voit à Faux, par exemple, en train de prévoir un lotissement de manière collective, veulent continuer à vivre là-bas, donc ils agissent de manière locale. Les salaires sont peu élevés, les emplois sont loin, ils font facilement 100

kilomètres chaque jour pour se rendre au travail, une fois le chauffage du logement payé, on se rend compte que la facture énergétique est énorme, si bien que la question est « Si l’on veut continuer à vivre ici, comment faire ? » Et ça passe par tout un tas de projets collectifs, y compris le développement de locaux à usage collectif ou même la construction de logement destinés à des locations de courte durée prévus pour que d’éventuels candidats à l’installation à Faux puissent venir faire une période d’essai, sans tout plaquer. On voit donc qu’on est très loin d’un repli sur soi, vraiment insER crit dans une démarche collective.

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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À propos de Nebraska

tiques avec leurs banlieues désertes, anonymes, établissent une échelle où l’être humain n’est rien. Dans les bourgs les rues sont très larges mais on ne voit personne. C’est là peut-être finalement l’enjeu central du film : où sont les humains dans un monde aussi vaste, aussi vide ?

De la désespérance optimiste

W

oody Grant est un vieil alcoolique cabochard et grincheux, bancal, mal marié à Kate, une femme beaucoup plus sensée que lui mais agressive, facilement blessante, une vraie mégère. Il reçoit un jour un courrier lui annonçant un gain d’un million de dollars à retirer à Lincoln, dans le Nebraska : sacrée trotte depuis Billings, dans le Montana, surtout que Woody n’a plus de permis et que personne ne veut le conduire vers ce qui est de toute évidence une grossière arnaque. Woody va-t-il renoncer ? Non. Un homme têtu comme lui, pour ne pas dire stupide et borné, ne renonce jamais. Tout vaut mieux que continuer cette vie misérable, sans horizon, sans affection, d’une tristesse à pleurer. Woody est-il fou ? Oui, sans doute

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un peu, assez en tout cas pour partir à pied, sans bagages, sans argent, à mille cinq cents kilomètres de là, en claudiquant péniblement le long de rues larges et désertes. Assez pour concevoir des projets absurdes avec cette illusion de gain : s’acheter un pick-up alors qu’il ne peut plus conduire et un compresseur pour remplacer celui qu’il a prêté quarante ans plus tôt et qui ne lui a pas été rendu ! De guerre lasse, l’un de ses deux fils, David, l’accompagne. Le voyage devient une odyssée miniature, un road movie bien dans la tradition américaine avec ses paysages spectaculaires, sublimés par un noir et blanc somptueux. Mais au-delà de leur beauté plastique, les grandes plaines vides, les routes interminables, les villes fantoma-

Les deux hommes font étape à Hawthorne, ville natale de Woody, petite bourgade où tout est sinistre : la large rue principale, déserte évidemment, le vieillard assis sur le bord de la route depuis vingt-cinq ans pour regarder passer les voitures quand il y en a, la maison natale en ruine et surtout la famille et les anciennes connaissances restées sur place. Beau défilé d’abrutis de l’Amérique profonde, saisissant ramassis de cas sociaux, de bras cassés, de crétins cupides et mesquins. Misère intellectuelle et affective, oisiveté, ennui : le vide du monde extérieur se double du vide intérieur des individus. Et pourtant Nebraska reste une comédie fine et drôle, excellemment interprétée par des acteurs professionnels et non professionnels (mention spéciale au formidable Bruce Dern). L’humour, qui est ici plus que jamais « la politesse du désespoir », est permanent, le film ne génère à aucun moment la morosité. Bien sûr le récit est celui d’une désillusion. Au bout de cette épopée dérisoire le vieux Woody est bien obligé d’accepter la triste réalité : le million n’a jamais existé et il repart avec une simple casquette publicitaire marquée ironiquement « Winner ». Son histoire rappelle d’autres mésaventures semblables : Little Miss Sunshine de Jonathan Dayton et Valerie Faris ou Une Histoire vraie de David Lynch, autres voyages

aux buts illusoires entrepris par des losers inefficaces. A chaque fois l’objectif se solde par un échec, mais à chaque fois pourtant la défaite fait naître quelque chose, provoque un retournement de perspective, au point même que l’échec proprement dit ne devient pas seulement secondaire, il est pour ainsi dire gommé par la découverte de l’essentiel : la dimension humaine, celle justement dont l’absence était si palpable (si on peut dire) pendant la plus grande partie de Nebraska. L’herbe n’est pas plus verte ailleurs. Il faut juste savoir ouvrir les yeux sur ce et ceux qui sont là, à portée de main, et peut-être surtout sur soi-même. La quête initiale a certes échoué mais sa vanité même, devenue évidente, la rend désormais sans objet. Du coup le pessimisme latent, pour ne pas dire la noirceur insidieuse de ces films cèdent la place à une vision beaucoup plus positive de l’homme et de la société. Symboliquement, à la fin le fils achète à son père le pick-up et le compresseur inutiles mais tant convoités. Au retour, juste le temps de retraverser Hawthorne, il lui laisse même le volant. Le vieux fou peut désormais soutenir fièrement le regard interloqué des habitants. Là n’est pas l’essentiel, bien sûr. Ce qui compte c’est que plus rien désormais ne sera tout à fait pareil. Quelques mots chuchotés tout bas, un geste à peine ébauché, un regard furtif… Il n’en faut pas plus : chacun lentement se dénoue, sort avec précaution de son enfermement. Les vastes espaces sont toujours déserts mais un petit îlot d’humanité a surgi. Avec Nebraska on a non seulement un excellent film mais également le spectacle étonnant d’une comédie de la désespérance optimiste. AW

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Interférences 12 Years A Slave My Sweet Pepperland

notre homme parvient-il à reposer la pointe de ses pieds au sol et à faire traîner son agonie en longueur ; puis, la corde ayant lâché et le condamné chu à terre, il s’avère qu’il n’est en fait pas encore mort... Après qu’il eut été décidé qu’une balle dans la tête ne saurait faire l’affaire et que seule la pendaison devait être utilisée, l’homme finira par tristement se balancer seul sous un panneau de basket, devant des chaises vides...

La Vie au bout des orteils

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eux films que tout oppose par leur facture, leur origine, leurs budgets et leurs castings, viennent de nous proposer deux scènes reposant partiellement (si l’on ose dire) sur un même élément de syntaxe visuelle, un plan sur des pieds tendus à l’extrême, des pieds masculins bien costauds faisant des pointes de ballerine.

Par ordre d’apparition sur nos écrans : A- 12 Years A Slave. Gros budget, casting impressionnant (Brad Pitt, Michael Fassbender pour n’en citer que deux)... Solomon, né libre mais devenu esclave, subit l’ire d’un contremaître de plantation qui le suspend à une branche basse de telle manière qu’il n’échappe à la strangulation qu’en se maintenant sur l’extrême pointe des pieds. Ici, la force de la scène (certainement la meilleure de tout le film), tient à l’odieuse combinaison de deux choses : 1- elle est filmée dans une grande durée1 qui oblige le spectateur à encaisser l’insupportable et 2- elle laisse entrer un par un les autres esclaves, qui vaquent autour de Solomon comme si de

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rien n’était, en feignant presque de ne pas le voir, double décalé de la position du spectateur qui voudrait intervenir mais est coincé sur son siège, hors du monde du film. B- My Sweet Pepperland : pas de grosse production ici, pas de star (encore que G. Farahani finira bien, un jour ou l’autre, par obtenir la reconnaissance internationale qu’elle mérite!) ; là où 12 Years A Slave présentait la semi-pendaison de Solomon comme la vengeance gratuite et strictement individuelle d’un homme seul, My Sweet Pepperland s’ouvre en fait directement sur une exécution par pendaison : ici, il s’agit donc bel et bien d’une pendaison tout ce qu’il y a de plus officiel2. Seulement voilà, après la défaite de Saddam Hussein, il semblerait qu’on ait quelque peu perdu la main dans le nord de l’Irak et la mise à mort se déroule on ne peut plus mal tant pour le condamné, qui peine à mourir, que pour ses bourreaux, qui ne parviennent pas à faire preuve de la moindre forme de compétence... Ainsi, dans un premier temps,

Plus important probablement, les deux scènes diffèrent également par leur tonalité : 12 Years A Slave joue sans aucune concession sur le registre dramatique : le spectateur, épouvanté, choqué, veut faire cesser le martyre, du coup, il en oublie peut-être un peu ce qui devrait faire le centre du film : en nous faisant spectateurs d’un châtiment gratuit, appliqué hors de toute légalité (le tortionnaire n’est pas le propriétaire de l’esclave), il passe à côté de la nocivité intrinsèque du système esclavagiste. À l’inverse, My Sweet Pepperland, en colorant cette scène d’un humour macabre, noir et grotesque, nous renvoie à la même conclusion que celle

qu’appliquera Baran : un système qui se comporte de la sorte, avec une telle insouciance de l’homme, avec une telle inefficacité, ne peut qu’être intrinsèquement corrompu et mieux vaut s’en éloigner le plus vite possible... ER PS : My Sweet Pepperland comporte aussi d’étranges et savoureuses scènes féministes où l’on voit d’improbables commandos d’indépendantistes uniquement composés de femmes s’occuper justement de remettre de l’ordre dans un système gangrené. La femme est l’avenir de l’homme ? Sauf lorsqu’elle tient la Kalachnikov et que l’homme est un pourri qui se laisse surprendre...

Il ne s’agit pas tout à fait d’un plan séquence puisqu’elle s’ouvre sur un gros plan des pieds de Solomon et que deux ou trois changements d’angles viennent introduire des points de vue nouveaux. 2 On explique même à Baran, héros de la guerre d’indépendance et policier écœuré par la corruption, que l’application de la peine de mort est LA condition pour bien montrer que le Kurdistan est devenu un état souverain ! 1

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À propos de Real

Vos critiques

Q

ui sera un jour capable d’expliquer ce qu’est un bon film ? Quelle miraculeuse alchimie provoque ce sentiment de plénitude ressenti à la vision d’un film totalement réussi ? Mystères de l’art... En revanche il est beaucoup plus facile d’expliquer pourquoi un film est raté. Real, de Kiyochi Kurosawa, est à cet égard un vrai cas d’école. Pendant une heure cinquantecinq (sur une durée totale de deux heures et sept minutes) on assiste à un spectacle de grande qualité, tant au niveau du scénario que de la mise en scène, du jeu des acteurs, et même des effets spéciaux, toujours au service d’une narration maîtrisée et prenante.

Atsumi et Koichi, les deux protagonistes, sont attachants et on suit leur histoire avec une vraie curiosité. Certes on sent nettement l’influence d’Inception de Christopher Nolan et plus encore du magnifique roman d’Haruki Murakami, 1Q84, sans oublier Le Sixième Sens de Night Shyamalan ou Les Autres d’Alejandro Amenabar pour le retournement final, aussi surprenant que finalement logique. Si le film s’arrêtait là, ce serait sinon un chef-d’oeuvre, du moins un excellent film. Hélas il ne s’arrête pas là. L’un des motifs (au sens pictural du terme) les plus intrigants de l’histoire est un dessin de plésiosaure dont l’importance et le sens restent longtemps énigmatiques. Que ne le sont-ils restés jusqu’au bout ! Péchant par gour-

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mandise, par désir peut-être d’affirmer sa virtuosité, l’auteur a cru bon de convertir ce fantasme mystérieux et poétique en grosse bébête grognante et ahanante, avec en prime une poursuite subtile comme un sorbet à la pomme de terre et un sauvetage du héros par l’héroïne affreusement nunuche. Et voilà comment, faute de rigueur narrative, une œuvre est gâtée par sa propre boursouflure. Dans un film totalement différent à tous points de vue comme Wrong Cops, de Quentin Dupieux, la dernière séquence montre elle aussi une apparition incongrue, celle d’un chevreuil pas du tout apeuré dans un cimetière lors d’une inhumation, apparition d’autant plus saugrenue que jusque-là le film excluait tout symbolisme, tout second degré. Mais le metteur en scène s’est contenté ici de l’effet de surprise — et quelle surprise vu la tonalité générale du film ! — et, peut-être, d’une métaphore discrète, amenant ainsi un très joli dénouement, « sans rien qui pèse ou qui pose » … Un film est une construction à l’équilibre si fragile qu’un rien, la séquence de trop, peut le briser. AW

NEBRASKA de Alexander Payne Avec Nebraska, on pense un peu au Lynch de Straight story. Pour autant il me semble erroné d’y voir un feel good movie, j’y vois plutôt une comédie grinçante. C’est un voyage dans un rêve américain en lambeaux que nous sommes amenés à accomplir avec Woody et David dans le Middle West US traité dans un doux noir et blanc. Comédie ? Certes l’humour n’est pas absent mais il touche à un univers fait de ragots, de rancœurs, d’envies, de pulsions et de quantité de bouteilles de bières. C’est bien la politesse du désespoir comme disait le poète. La critique de Télérama a parlé d’un éloge de la candeur. Peut-être mais cet éloge aurait alors justement quelque chose de désespéré. Woody le père a raté sa vie, marqué par sa guerre en Corée, il n’a fait que subir une femme mauvaise comme la gale et des copains qui ont toujours profité de lui. Il finit son parcours, hagard et seulement habité par quelques idées fixes tout autant dérisoires que saugrenues. David son fils l’accompagne de sa compassion, mais il ne paraît pas payé de retour. Il est fait de la même pâte que son père et semble voué à un destin similaire, même si le crochet qu’il décoche au visage de Stacy Keach pourrait esquisser un début de révolte. No future pour la candeur ? Hervé R. STATES OF GRACE de Destin Cretton Un film très touchant, poignant. Belle interprétation. Le réalisateur a réussi un tableau plein de vie, de justesse. Malgré la fragilité intérieure, tangible, de tous les personnages et les blessures profondes de chacun, Destin Cretton nous offre un film lumineux. CP

EASTERN BOYS de Robin Campillo Le titre est en anglais, la majorité des acteurs sont d’origine slave, pourtant il s’agit bien d’un film français tourné en français. Excellente mise en scène entre contre-plongée, gros plans, alternance de moments calmes et d’éclats de violence. La tension monte au fur et à mesure. Cela se termine relativement bien, ce qui est loin d’être le cas dans la réalité. Un film profondément ancré dans la France d’aujourd’hui, avec la confrontation surprenante entre deux cultures, deux sociétés, deux conceptions de la vie. Un film qui pose des questions au spectateur(-trice). Un film «réussi». Gilda G. L’ÉTÉ DES POISSONS VOLANTS de Marcela Said Un film qui mérite bien mieux que le jugement hâtif et condescendant porté par le critique de Télérama. S’il s’agit bien d’une chronique plus que d’un récit, celle-ci s’avère à la fois subjective et impressionniste grâce des images parfois étranges et à une bande sonore qui rendent sensible à la fois la présence de la nature sauvage et la domination sociale, économique et ethnique exercée de manière décomplexée envers son environnement par le groupe de hobereaux qui domine la contrée. La montée de la tension est bien palpable qui nous conduit irrémédiablement à une issue tragique. Hervé R.

Rubrique réalisée par RS

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