28.08 au 01.10 2013

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°315 • septembre 2013

ALABAMA MONROE un film de Felix Van Groeningen

JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE aux Studio : samedi 14 septembre de 9h30 à 12h30


S

O

M

M

A

I

R

E

septembre 2013

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3

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4

Éditorial

CNP

Festival À Tours de bulles

LES FILMS DE A à Z

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5

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6

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

16

Humeur

Coming out lexical

.....................................

18

Rencontre

Alain Guiraudie . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Courts lettrages

L’Inconnu du lac

........................................

22

Horaires d’ouverture : lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

À propos de

Ob-scène . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24 Interférences

Le Temps de l’aventure/Les Beaux jours

..........

25

À propos de

Oh Boy . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 Interférences

S’il n’en reste qu’un . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Compte-rendu

Festival de La Rochelle

................................

30

Interférences .............

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33

.............................................

34

Electrick Children/Millefeuille/Wadjda Vos critiques/Réabonnez-vous

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

Jeune Public

FILM DU MOIS : ALABAMA

GRILLE PROGRAMME

MONROE

.....................

...................

36

pages centrales

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Le fond de l’air effraie

C

e n’est pas tout à fait surprenant : l’anonymat a toujours appelé les expressions malsaines, honteuses (graffitis, lettres de dénonciation, messages nocturnes…) Le cahier mis à la disposition des spectateurs dans le hall des Studio a régulièrement servi de défouloir à des frustrations diverses. Mais ce message, écrit en juin, interroge : « Palme d’or du festival de Cannes : une histoire de gouines filmée par un arabe : la bien pensance boboïde exulte ! L’inconnu du lac, un nouveau film partouzard plébiscité… Les hétéros se cachent. » Bien sûr, on se dit que cet avis, homophobe et raciste, n’est que celui d’une personne isolée et que l’immense majorité des spectateurs partage les mêmes valeurs de tolérance que nous. Il n’empêche. Depuis quelque temps, ce genre de propos s’affirme. Et l’on reçoit, par exemple, des lettres anonymes pour nous reprocher le choix d’un film du mois dont les héros sont homosexuels et… juifs ! Une parole semble s’être libérée (et pas celle que l’on appelait de nos vœux dans les années 70). Les horreurs qui se pensaient sans être dites sont revendiquées sans honte. Dans le sillage des manifestations contre le mariage pour tous, des affirmations haineuses qu’on croyait à jamais au fond des

poubelles de l’histoire sont ressorties : l’homosexualité comme maladie, possiblement transmissible, notamment à la jeunesse, parce que toujours suspectée d’être liée à la pédophilie, à l’inceste… et pourquoi pas à la zoophilie ! Dans le même ordre d’idées, on peut légitimement s’inquiéter de la teneur du futur débat sur le vote des étrangers aux élections locales… Comment ne pas faire le parallèle entre la demande d’interdiction de l’affiche de L’Inconnu du lac par deux maires de droite parce que des hommes s’y embrassent (sous une forme picturale peu explicite)1 et les remarques récurrentes sur la teneur du Festival Désir… Désirs parce que ne s’y exprimerait pas le désir hétérosexuel2. Boboïdes les Studio ? Peut-être. Mais en tout cas fondamentalement attachés à l’expression de l’antiracisme, à l’égalité des droits et à la libre expression de toutes les différences. DP

1 Lire

la rencontre avec le réalisateur page 19.

2 Faut-il prendre le temps de répondre que le désir hétérosexuel remplit la plupart des écrans la plupart du temps. Et, comme le notait un spectateur : personne n’est obligé d’aller voir ces films !

Les Studio participent aux Journées européennes du Patrimoine et vous ouvrent leurs portes le samedi 14 septembre de 9h30 à 12h30.

Les CARNETS du STUDIO

n°315

septembre 2013

3


du 25 septembre au 1er octobre 2013

SEMAINE 5 C

I

N

lundi

19h30

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

1h48’

42’ sans paroles

UN, DEUX, TROIS de Billy Wilder

de divers réalisateurs

mardi

HENRI

AVANTPREMIÈR E

2h VF

LETTRE À MOMO

de Yolande Moreau

19h45

de Hiroyuki Okiura

samedi 14h15

Rencontre avec la réalisatrice

14h15 17h15 19h15 21h15 14h15 19h15 21h30 14h15 19h15 21h30

1h35’

LA PETITE FABRIQUE DU MONDE

1h47’

1h40’

À suivre.

TIP TOP

de Woody Allen À suivre.

mer-sam dim

14h15 + 17h15 17h15

1h53’ 1h56’

ELLE S’EN VA de Emmanuelle Bercot À suivre.

1h58’

JIMMY P.

17h15

de Arnaud Desplechin

21h30

lundi

19h30

MA VIE AVEC LIBERACE

1h36’

17h45 21h45

MOI ET TOI

de Steven Soderbergh

de Bernardo Bertolucci

À suivre.

MIELE

19h30

de Valéria Golino

SAUF mardi

LES AMANTS DU TEXAS

À suivre.

21h45

de David Lowery À suivre.

1h36’

14h30 LES CONQUÉRANTS 17h30 de Xabi Molia 19h45 À suivre.

17h45

ROCK THE CASBAH de Yariv Horowitz

2h02’

MON ÂME PAR TOI GUÉRIE

Le film imprévu

de François Dupeyron

www.studiocine.com

À suivre.

14h30

21h45 SAUF lundi

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

de Denis Côté

Rencontre avec Romane Bohringer

de Dan Scanlon

1h50’

19h30

14h15 SAUF mardi

3D

17h15 1h08’ VF

DESMOND

16h00

ET LA CRÉATURE DU MARAIS

SAUF mardi

de Magnus Carlsson

1h24’

LE RENARD JAUNE de Jean-Pierre Mocky

17h30 21h30

1h42’

ROOM 237

ALABAMA MONROE

de Rodney Ascher

17h45 21h45

de Félix Van Groeningen 1h40’ 1h37’

MAGIC MAGIC

19h45 14h30

1h28’

1h45’ VF

MONSTRES ACADEMY

14h15 JEUNE ET JOLIE 17h15 de François Ozon 21h15 14h15 1h40’ UNE PLACE SUR LA TERRE 19h15 de Fabienne Godet 21h15 14h15 1h34’ GRAND CENTRAL 17h30 de Rebecca Zlotowski 19h30

14h30

1h45’

AVANT-

VIC & FLO PREMIÈRE ONT VU UN OURS 1h34’

À suivre.

14h15

19h30

16h00

de Serge Bozon

1h40’

14h30

mer-sam dim

1h46’

BLUE JASMINE

du 28 août au 3 septembre 2013

SEMAINE 1

JE NE SUIS PAS MORT 17h45

de Sébastián Silva

1h31’

de Djamila Sahraoui

PACIFIC RIM de Guillermo Del Toro

2h05’

19h00

MICHAEL KOHLHAAS de Arnaud des Pallières

www.studiocine.com

21h45

2h11’

YEMA

19h45

de Mehdi Ben Attia

21h15

Le film imprévu www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 4 au 10 septembre 2013

SEMAINE 2

1h20’ VF

1h33’

14h15

MARIUS

19h15

de Daniel Auteuil

LES AVENTURES FANTASTIQUES de Karel Zeman

mercredi samedi dimanche

14h15

du 11 au 17 septembre 2013

SEMAINE 3

de 9h30 à 12h30

1h20’

14h15 UNE PLACE OGGY ET LES CAFARDS 17h30 17h15 SUR LA TERRE de Olivier Jean-Marie 21h15 de Fabienne Godet 1h50’ 1h59’

14h15 19h30

17h30

GARE DU NORD

ALABAMA MONROE 21h30

de Claire Simon Vendredi 6 septembre, rencontre avec la réalisatrice après la séance de 19h30.

de Félix Van Groeningen 1h42’

1h42’

14h30 TIREZ LA LANGUE MADEMOISELLE 19h30 de Axelle Ropert

14h15

FANNY de Daniel Auteuil

jeudi vendredi lundi

19h15

vendredi

LE MYSTÈRE DU LAPIN GAROU mercredi

Visite guidée des Studio de Nick Park & Steve Box

Festival À Tours de bulles

19h30 BEETLEJUICE de Tim Burton

1h39’

14h30

ILO ILO

19h45

de Anthony Chen

de Rebecca Zlotowski

17h30 21h45

1h35’

VIC & FLO 17h30 ONT VU UN OURS 14h30 LA DANZA DE 21h45 de Denis Côté LA REALIDAD 19h15 de Alejandro Jodorowsky 1h37’ MAGIC 1h34’ MAGIC 21h45 JEUNE de Sébastián Silva 17h15 ET JOLIE 21h15 de François Ozon Le film imprévu 2h10’

www.studiocine.com

www.studiocine.com

14h15

1h40’

samedi ET LES CAFARDS dimanche

OGGY

de Olivier Jean-Marie

14h15

de Karel Zeman

14h15 UNE PLACE 1h42’ LA TERRE TIREZ LA LANGUE 17h30 19h15 SUR MADEMOISELLE 21h30 de Fabienne Godet de Axelle Ropert 1h28’ 14h15 ROCK 2h10’ 17h45 THE CASBAH LA DANZA DE 21h30 19h45 de Yariv Horowitz LA REALIDAD SAUF 14h30 17h45 19h45 14h30 19h30 14h30 19h30 17h00 21h30

1h46’

TIP TOP de Serge Bozon 1h35’

VIC & FLO ONT VU UN OURS de Denis Côté 1h36’

LA TOUR DE GUET de Pelin Esmer 1h59’

GARE DU NORD de Claire Simon

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

BERLIN, lundi 67’SYMPHONIE D’UNE 19h30 GRANDE VILLE

de Walter Ruttmann Ciné-concert

1h20’

14h15 1h56’ 1h20’ VF 17h30 17h00 JIMMY P. LES AVENTURES SAUF 19h15 de Arnaud Desplechin jeudi FANTASTIQUES 21h30 lundi

1h34’

GRAND CENTRAL

SOIRÉE D’OUVERTURE

WALLACE ET GROMIT, 1h32’

1h40’

C I N É M A T H È Q U E

1h25’ VF

samedi

du 18 au 24 septembre 2013

SEMAINE 4

de Alejandro Jodorowsky

vendredi

14h15 1h53’ 17h00 ELLE S’EN VA 19h15 de Emmanuelle Bercot 21h30 14h15 1h58’ MA VIE 17h00 AVEC LIBERACE 19h15 de Steven Soderbergh 21h30 14h15 17h15 21h45

ILO ILO

21h30

de Anthony Chen

JIMMY P. de Arnaud Desplechin

14h30 LES AMANTS DU TEXAS 19h45 de David Lowery

1h34’

GRAND CENTRAL

1h36’

21h45

de Rebecca Zlotowski

14h30 MOI ET TOI 19h30 de Bernardo Bertolucci

1h34’

JEUNE ET JOLIE

21h45

1h36’

de François Ozon

14h30

Le film imprévu

19h30

www.studiocine.com

mercredi

OGGY ET samedi LES CAFARDS dimanche de Olivier Jean-Marie 14h15 1h34’ VO

MON BEL ORANGER 17h30 de Marcos Bernstein

1h46’

TIP TOP de Serge Bozon

17h30 21h30

1h56’

1h45’

1h39’

1h20’

LA TOUR DE GUET de Pelin Esmer

1h28’

17h45 ROCK THE CASBAH de Yariv Horowitz 21h45 1h59’

GARE DU NORD

19h30

de Claire Simon

1h42’

TIREZ LA LANGUE MADEMOISELLE 21h30 de Axelle Ropert

Le film imprévu

www.studiocine.com

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


-

Réfléchir, échanger et avancer ensemble

L

e CNP, politiquement à gauche, est une structure associative qui, au sein de l’association des cinémas Studio, se veut un lieu de remise en question citoyenne, d’explication et de décryptage d’une société aux enjeux multiples : luttes des peuples en colère, dégâts du capitalisme, démocratie bafouée, instrumentalisation sécuritaire, menaces sur l’environnement et la santé… Mettre à jour l’idéologie qui sous-tend les discours et les actes politiques, économiques, écologiques, sociaux et culturels du pouvoir. Le CNP travaille régulièrement avec des associations locales engagées dans la transformation de notre société, ouvre la réflexion collective autour de toutes ces questions et suscite la confrontation des points de vue.

Tous, CNP, associations partenaires et public participant aux séances du jeudi soir, nous continuons à nous interroger sur les alternatives possibles et les engagements permettant d’avancer vers un monde plus juste, plus solidaire et résistant à toute forme d’oppression. Merci aux 40 partenaires qui ont travaillé avec nous en 2012-2013, aux intervenant(e)s et aux nombreux(ses) participant(e)s à nos soirées (près de 2 000). LES JEUDIS DU CNP À 20h (parfois plus tôt) : un film documentaire, parfois une fiction, suivi d’un débat entre le public, les associations locales et les intervenant(e)s invité(e)s. Les séances sont ouvertes à toutes et à tous. Caisse au point d’accueil central. Participation aux frais : 4 € ou 3 € (pour les abonné(e)s aux Carnets du Studio)

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Les CARNETS du STUDIO

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Vous pouvez joindre le CNP le lundi entre 19h et 21h au 02 47 20 27 00 ou, par mail : contact@lecnpstudio.org Les prochains rendez-vous d’octobre : jeudi 3 octobre - 19h45 Le CNP propose un ciné-débat Film : LA VAGUE de Dennis Gansel – Allemagne – 2009 – 1h48

E

n Allemagne, aujourd’hui : dans le cadre d’un atelier, un professeur de lycée propose à ses étudiants une expérience visant à leur faire découvrir comment s’installe un régime totalitaire. Commence alors un jeu de rôle grandeur nature, dont les conséquences vont s’avérer tragiques. La Vague est une leçon d’Histoire, de sociologie, de manipulation, qui permet de faire découvrir la construction d’un régime de dictature. Le film sera suivi d’un Débat avec un intervenant qui abordera ces différents aspects.

Pour cette 9e édition, osez affronter les chats noirs et autres superstitions pour rejoindre le Off du vendredi 13 aux Studio. Au programme de cette soirée exceptionnelle, nous découvrirons un court métrage d’animation, Reverso, en présence d’un de ses réalisateurs, Arthur Séguin. Puis, Sébastien Morice, dessinateur de l’album 1914 Papeete (Prix Tour d’ivoire 2012), nous proposera d’explorer son univers cinématographique avec la projection de Beetlejuice. À l’issue de la soirée un pot convivial sera offert par la Ville de Tours Tarifs : abonnés 3€ - non-abonnés : 4€

Reverso France – 2012 – 7’14, de Kimberly Honma, Clément Lauricella et Arthur Seguin.

Barney tente de mener une vie normale, même s’il est vraiment différent: sa gravité est inversée…

Et aussi aux Studio : • Dès 18h00, vendredi 13 septembre, dans le hall, animation proposée par La Maison des jeux.

jeudi 10 octobre - 19h45

Quand les femmes prennent l’initiative… Film : MISÈRES A CRÉDIT de Michel Crozas Débat avec une intervenante qualifiée et des associations : Peuples Solidaires, Café des Femmes, CIDFF et le CNP. jeudi 17 octobre - 20h00

Gaz de schiste, l’escroquerie ! Film + débat avec une intervenante chargée de mission Énergie de France Nature Environnement, la SEPANT et le CNP.

Beetlejuice

• 2 expositions :

USA – 1988 – 1h32 de Tim Burton avec Mickael Keaton, Alec Baldwin, Geena Davis, Winona Ryder...

– Dans le hall : l’univers cinématographique de Sébastien Morice.

Ambiance délirante, personnages loufoques, décors et maquillages extravagants... Avec Beetlejuice, Burton nous propose une vision du monde où le fantastique est la norme et où l’ordinaire devient monstrueux. Un régal cultissime !

– À la bibliothèque : affiches et BD sur le thème de la superstition. • Séance Jeune Public : mercredi 11 septembre avec atelier BD (voir page 35).

* du 11 au 15 septembre 2013. Programme détaillé du festival à l’accueil des Studio et mis à jour sur http://www.atoursdebulles.com/

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w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Sur le site des Studio (cliquer sur : pluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

cachette, au milieu des montagnes basques. Un beau film, une belle fable poétique, que Mathieu Demy et Denis Podalydès portent avec talent.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE SEPTEMBRE

Sources : dossier de presse.

D

2013 :

Dans son septième long métrage, (après 23 ans d’absence), Jodorowsky tente un essai autobiographique assez fou. Il revient tourner à Tocopilla, la ville chilienne qui l’a vu naître et où il a reçu une éducation très stricte par son père. Son film ressemble à un long poème où se mêlent des faits réels, la vision qu’il a gardée de son enfance et ce qu’il en a imaginé. Il recrée un monde violent, cru et coloré. Toute la famille Jodorowsky est présente, auprès de l’homme de 84 ans, pour l’aider à retrouver le petit garçon qu’il a été, dans un pays sur fond de dictature. Cinéaste, auteur de BD avec Moebius, fondateur de la psychomagie, tireur de tarot, écrivain et poète, Jodorowsky nous propose une œuvre originale, surréaliste, drôle et pleine d’émotion. À découvrir absolument ! MS

• Woman Child de Cécile McLorin Salvant (studio 1-2-4-5-6) • Border Free de Chucho Valdes & Afro-Cuban Messengers

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

A

Les Amants du Texas USA – 2012 – 1h45, de D. Lowery, avec C. Affleck, R. Mara, B. Foster, K. Carradine…

Depuis quatre ans qu’il est en prison, Bob n’attend qu’une chose : s’évader pour aller retrouver Ruth, qui lui avait dit être enceinte juste avant qu’il ne se fasse arrêter après un braquage qui avait mal tourné. Mais, en définitive, il semblerait bien que, même s’il lui a fallu quatre ans pour s’évader, s’enfuir de la prison ne s’avèrera pas être la plus difficile des épreuves pour Bob. Retrouver une Ruth changée et qui voudrait bien mener une vie un peu plus rangée en est une autre. Peut-être plus dure. Mais pas non plus la seule…

veau en tournage sur la côte d’azur. Blue jasmine, donc, met en scène Cate Blanchett comme vous ne l’avez jamais vue : déprimée, yeux bouffis, bouteille de vodka à la main. Il faut dire que, suite aux malversations financières de son époux volage, elle vient de perdre ledit mari et le train de vie fastueux qui allait avec. Elle trouve refuge chez sa sœur qui vit modestement du côté de San Francisco. Au programme : une difficile découverte de la réalité de la vie et une spirale de mensonges... Comme d’habitude, les bons mots fusent et le film est rythmé par le jazz (notamment par le titre Blue Moon). Que du plaisir en perspective ! Sources : dossier de presse.

Sources : semainedelacritique.com

Les Conquérants Les Aventures fantastiques Voir pages Jeune Public

B

Blue jasmine

USA – 2013 – 1h40, de Woody Allen, avec Alec Baldwin, Cate Blanchett, Sally Hawkins…

Après un intermède européen et des films cartes postales plutôt optimistes (To Rome with love, Midnight in Paris, Vous allez rencontrer un bel et sombre inconnu), Woody Allen est brièvement rentré aux USA tourner sur un sujet qu’il affectionne : la déprime et le mal de vivre… Même si, à l’heure où nous imprimons, il est de nou-

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Les CARNETS du STUDIO

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France – 2013 – 1h36, de Xabi Molia, avec Mathieu Demy, Denis Podalydès, Christian Crahay…

Galaad est un comédien sans succès. Noé entraîne un tout petit club de foot. La vie ne leur réussit pas. Ils sont demi-frères mais se fréquentent peu et s’apprécient tout aussi peu. Ils se retrouvent par obligation à l’enterrement de leur père, un aventurier, chercheur de trésors qu’il revend à des collectionneurs. Avant de mourir, il a découvert et dérobé le Graal. Bien sûr, il l’a revendu sans scrupule. Les deux frères, convaincus que c’est là la cause de tous leurs malheurs, veulent récupérer le Graal pour le rapporter dans sa

La Danse de la réalité Chili – 2013 – 2h10, d’Alejandro Jodorowsky, avec Alejandro Jodorowsky, Brontis Jodorowsky, Axel Jodorowsky, Adan Jodorowsky...

C

Desmond et la créature du marais Voir pages Jeune Public

E

Elle s’en va France – 2013 – 1h53, de Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve…

Alors qu’elle approche les 70 ans, Bettie vient d’être quittée par son amant. En plein service de midi, elle quitte sa vieille mère envahissante, son chagrin d’amour, son restaurant de Concarneau au bord de la faillite… et prend la route. Commence alors un road-movie à travers une France des sous-préfectures qui ressemble à celle de

Depardon. Au fil des étapes, elle rencontre des personnages (l’actrice Mylène Demongeot, le peintre Gérard Garrouste, la chanteuse Camille…) dans une suite de portraits enchantés. Après le passionnant Backstage (04), Emmanuelle Bercot a écrit Elle s’en va pour pouvoir réaliser son rêve de filmer Catherine Deneuve… qui se révèle une nouvelle fois formidable et totalement bouleversante… et répondre à son angoisse du vieillissement. Un film qui évite toute nostalgie et dont on semble ressortir à la fois ému et le sourire aux lèvres. Sources : abusdecine.com – cinok.com

Fanny France – 2013 – 1h42, de Daniel Auteuil, avec Daniel Auteuil, Victoire Belezy, Jean-Pierre Darroussin…

F

Fanny, amoureuse et abandonnée, apprend qu’elle attend un enfant de Marius. Elle se retrouve en position dramatique de fille-mère, incapable d’assurer son propre avenir et celui de son enfant. Elle accepte alors, avec l’approbation de sa mère et du grand-père de son enfant, César, de se marier avec un commerçant prospère du Vieux-Port, Honoré Panisse ; celui-ci est âgé de trente ans de plus qu’elle. Après La Fille du puisatier (2011), sa première réalisation, Daniel Auteuil, acteur célébrissime depuis Jean de Florette et Manon des Sources de Claude Berri en 1986, retrouve ici l’univers de Marcel Pagnol. Fanny (1932) a été réalisé par Marc Allégret, interprété toujours par le grand Raimu, les dialogues étant de Marcel Pagnol. Les problèmes sociaux des fillesmères ayant évolué depuis, ainsi que ceux de la paternité et de la filiation, Auteuil parvient à restituer toute la force et l’intensité des dialogues de Pagnol. Nous attendons avec hâte la suite de la trilogie marseillaise (Marius-Fanny-César). Sources : dossier de presse.

Les CARNETS du STUDIO

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G

Gare du Nord France – 2013 – 1h59, de Claire Simon, avec Nicole Garcia, Reda Kateb, François Damiens…

Pour son dernier opus, Claire Simon ne choisit pas vraiment un sujet ou une histoire, mais plutôt un lieu, la Gare du Nord. Ce qui l’intéresse dans ce lieu si connu, c’est qu’il soit un carrefour où se croisent sans se connaître des milliers de vies anonymes. Gare du Nord est un film de fiction. Des personnages vont y jouer leur vie. Ismaël, sociologue, rencontre sur un quai Mathilde, jeune prof, malade. Il lui fait découvrir la gare, l’amour est de la partie. Ils croisent alors d’autres personnages, Sacha qui cherche sa fille, Joan, agent immobilier, qui passe sa vie dans les trains. Ainsi se mêlent histoires, chagrins et joies, qui passent et disparaissent… comme nos vies. Ce nouvel opus de Claire Simon, qui nous avait offert Sinon oui, Ça brûle, Les Bureaux de Dieu, s’annonce très séduisant et très prometteur. Sources : dossier de presse.

Vendredi 6 septembre, rencontre avec Claire Simon après la projection de 19h30.

Grand Central France – 2013 – 1h35, de Rebecca Zlotowski, avec Léa Seydoux, Tahar Rahim, Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau...

Après une série de petits boulots, Gary est embauché dans une centrale nucléaire. Là, en travaillant où les doses radioactives sont les plus fortes, il trouve enfin ce qu’il cherchait : une famille, une équipe, de l’argent. Mais dans l’équipe, il y a Karole, la femme de Toni, dont il tombe amoureux. L’amour interdit et les radiations contaminent lentement Gary... Grand Central est le second long métrage de Rebecca Zlotowski, après le très réussi Belle épine. Distribution formidable (Olivier Gourmet, Denis Ménochet, Johan Libéreau entourant Léa Seydoux et Tahar Rahim),

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décor atypique (nombreuses scènes à l’intérieur de la centrale) et histoire d’amour contagieuse, le film affiche une belle ambition. Ancré dans un milieu social peu montré, ce second film est une belle réussite. JF

Henri

France – 2013 – 1h47, de Yolande Moreau, avec Pippo Delbono, Candy Ming, Jackie Berroyer, Lio...

H

Henri, la cinquantaine, d’origine italienne, tient avec sa femme Rita le bar restaurant La Cantina. Mais Rita meut subitement. Sur les conseils de leur fille Lætitia, Henri engage Rosette, un « papillon blanc », comme on appelle les résidents d’un foyer d’handicapés mentaux proche de La Cantina. Une nouvelle vie s’organise alors pour Henri... Après Quand la mer monte, Henri signe le retour de Yolande Moreau (cette fois en solo) à la réalisation. On retrouve intact tout son univers empli de bonté mais jamais niais, son film semble lui ressembler, plein de cœur et profondément humain. L’apprivoisement d’Henri et Rosette nous touche et le film réserve de très beaux moments dont toute la dernière partie au bord de la mer du nord qui est d’une grande beauté. Un retour gagnant. JF

Sources : dossier de presse.

J

Avant-première de Henri mardi 1er octobre à 19h45 et rencontre avec Yolande Moreau, la réalisatrice, après la projection.

Ilo Ilo Singapour – 2013 – 1h39, de Anthony Chen, avec Yann Yeo, Chen Tian Wen, Angeli Bayani…

Dans les années 90, une famille de Singapour accueille comme bonne, une jeune Philippine, cette forme d’immigration ayant été très encouragée alors. Mais l’arrivée de Teresa complique les relations, déjà tendues, d’un couple confronté à la crise économique, au chômage et qui se préoccupe peu de leur fils. Entre elle et lui vont alors se tisser des liens d’affection qui permet-

tront discrètement à Teresa de mieux intégrer la famille Lim et à l’enfant de s’apaiser. Ce film autobiographique a été récompensé par la Caméra d’Or à Cannes. Jouant sur l’intime, sans occulter les problèmes sociétaux, il allie la tendresse et l’acuité du regard. « Un film de musique de chambre, plutôt qu’un film d’orchestre », dit Agnès Varda, en lui remettant sa récompense pour le Meilleur premier film.

I

Je ne suis pas mort France – 2012 – 1h39, de Mehdi Ben Attia, avec Mehdi Dehbi, Maria de Medeiros, Emmanuel Salinger…

D’origine modeste, Yacine allie de brillantes études de sciences politiques et un job de coursier. C’est ainsi qu’il retrouve Richard, son professeur de philosophie et, de façon inattendue, bénéficie d’un soutien… de courte durée, car ce dernier meurt brutalement. Richard s’incarne dans le corps de Yacine et reprend sa place, dans sa famille et son univers bourgeois : « Ne vous inquiétez pas, je suis Richard », dit YacineRichard… C’est l’histoire d’un homme qui renie son identité et d’un homme mûr qui retrouve une jeunesse, en fusionnant ! Film complexe, à multiples lectures : récit d’une métamorphose ou d’une folie, basculement dans le fantastique, ou parabole politique sur le racisme et les inégalités sociales ? Ce deuxième long-métrage de Mehdi Ben Attia, qui a collaboré à l’écriture de plusieurs films d’André Téchiné, prend le parti de nous faire vivre cette aventure du point de vue de Yacine, à travers ce qu’il ressent, ce qui laisse le mystère intact. Sources : dossier de presse.

Jeune et jolie France – 2012 – 1h34, de François Ozon, avec Marina Vacth, Géraldine Pailhas, Frédéric Pierrot…

Le prolifique F. Ozon brosse un nouveau portrait de jeune fille, en quatre mouve-

ments, cette fois. En quatre saisons et autant de chansons donc, on suit Isabelle, une jeune étudiante, qui, en pleine découverte de la sexualité, décide de monnayer ses charmes auprès d’hommes rencontrés sur Internet. Point de raisons financières dans sa démarche, mais le plaisir de se confronter à l’inconnu : circonstances, partenaires, lieux… Le réalisateur a pu constater que le film génère une certaine angoisse chez les parents et précise que, sans aller jusqu’à la question de la prostitution « réaliser que son enfant va entrer dans la sexualité, c’est toujours perturbant… ce film peut permettre le dialogue entre parents et adolescents ». Cette œuvre, sulfureuse et pourtant pleine de sensibilité a enthousiasmé les critiques à Cannes, notamment en raison du jeu intense de l’interprète principale. Sources : dossier de presse, interview du 16-05-13 de F. Ozon sur Europe1

Jimmy P. France – 2013 – 1h54, d’Arnaud Despléchin, avec Benicio Del Toro, Mathieu Amalric, Gina McKee…

Arnaud Despléchin s’inspire d’un fait réel et d’un livre de 1951 : Psychothérapie d’un Indien des Plaines, écrit par le psychanalyste et ethnologue Georges Devereux, où celui-ci relate un épisode de sa vie professionnelle. Jimmy Picard est amérindien, ancien combattant de la Seconde Guerre mondiale. Il souffre de troubles psychologiques. Georges Devereux (qui est un spécialiste des cultures amérindiennes) le prend en charge dans un hôpital américain pour anciens combattants. Entre ces deux hommes en marge, l’Indien qui a perdu ses repères et le psychanalyste français, juif d’origine hongroise, dépaysé en Amérique, se nouent des liens d’amitié solides. Jimmy P. est un véritable roman d’aventure où deux hommes vont inventer, au milieu d’obsLes CARNETS du STUDIO

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tacles de toutes sortes, un monde riche, humain, passionnant. Sources : dossier de presse, telerama.fr.

L M

Lettre à Momo Voir pages Jeune Public

Magic Magic USA – 2013 – 1h37, de Sebastián Silva, avec Juno Temple, Michael Cera, Emily Browning…

Alicia est américaine, elle n’a jamais quitté son pays. Mais sa cousine l’emmène en vacances au Chili avec trois de ses amis. Très rapidement Alicia laisse libre court à son tempérament paranoïaque et ses facultés mentales s’affaiblissent. Elle voit des menaces partout, et l’on ne sait plus si elle délire ou si le danger est réel. Magic Magic est un objet cinématographique étrange qui joue avec subtilité sur les codes du fantastique et entraîne sans cesse le spectateur sur de fausses pistes. Il mélange de manière brillante humour et angoisse, réalisme et mystère. Sebastián Silva avoue avoir pris Roman Polanski, celui du Couteau dans l’eau, pour référence, et c’est une réussite. Sources : liberation.fr, evene.fr, dossier de presse.

Marius France – 2013 – 1h33, de Daniel Auteuil, avec Daniel Auteuil, Raphaël Personnaz, Jean-Pierre Darroussin…

L’histoire de Marius se déroule sur le Vieux-Port de Marseille, dans le Bar de La Marine tenu par César et son fils Marius. Marius ne rêve que d’embarquer sur un des bateaux qui passent devant le bar et prendre le large vers les pays lointains. Fanny, jeune et jolie marchande de coquillages sur le devant du bar, aime secrètement Marius depuis l’enfance ; Marius, sans l’avouer, a toujours aimé Fanny. Après La Fille du puisatier (2011), sa première réalisation, Daniel Auteuil, acteur

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célébrissime depuis Jean de Florette et Manon des Sources de Claude Berri en 1986, retrouve ici l’univers de Marcel Pagnol. Marius (1931) est l’un des premiers chefs-d’œuvre du cinéma parlant français, réalisé par Alexandre Korda, dialogues de Marcel Pagnol, interprété par le grand Raimu. Si, à l’époque, on a reproché à Pagnol de faire du théâtre filmé, la Nouvelle vague, en revanche, l’a considéré comme étant le précurseur du néoréalisme italien. Quant à Auteuil, il met toute la puissance de l’expression cinématographique au service d’une œuvre intemporelle. Sources : dossier de presse.

Ma vie avec Liberace USA – 2013 – 1h58, de Steven Soderbergh, avec Michael Douglas, Matt Damon, Dan Aykroyd…

Liberace était pianiste de music-hall : un monstre du spectacle, tout en excès et en démesure. Peu connu en France, il a enthousiasmé le public américain d’aprèsguerre. Mort du sida en 1987, il a connu des aventures homosexuelles nombreuses, mais les a toujours niées pour ne pas ruiner sa carrière. Steven Soderbergh, qui a annoncé que ce film serait son dernier, s’attaque à la biographie de cet artiste extravagant en mettant en scène un épisode de sa vie sentimentale orageuse. En 1977 (il a alors 58 ans), Liberace rencontre le jeune Scoot Thorson, pour qui il s’enflamme. Leur liaison, secrète, va durer cinq ans et se terminer douloureusement dans l’outrance chère au musicien. Opposants au mariage homosexuel, s’abstenir. Les autres, courez voir le film. Sources : dossier de presse, telerama.fr, lemonde.fr

Michael Kohlhaas France – 2013 – 2h02, de Arnaud des Pallières, avec Mads Mikkelsen, David Bennent, Bruno Ganz, Denis Lavant...

Au XVIe siècle dans les Cévennes, Michael Kohlhaas, marchand de chevaux, mène

une vie familiale prospère et heureuse. Pieux et intègre, il va néanmoins, suite à une injustice, lever une armée pour faire valoir son droit... Ce qui frappe le plus dans ce nouveau film d’Arnaud de Pallières (Adieu, Parc), c’est sa forme. Récit épique qui magnifie les paysages superbes des Cévennes, il y a du western, dans le meilleur sens du terme, dans ce récit. Entre histoire de vengeance et stylisation extrême, c’est un film très surprenant, très original, porté par le grand Mads Mikkelsen (Casino royal, La Chasse, Royal affair), à la présence impressionnante. « Film d’une beauté à couper le souffle » (L’Humanité), « Réflexion épique sur le pouvoir et la justice » (Le Monde), Michael Kohlhaas est avant tout un superbe et dépaysant spectacle. JF

Miele France/Italie – 2012 – 1h36, de Valeria Golino, avec Jasmine Trinca, Carlo Cecchi, Vinicio Marchioni...

Irène, (l’éblouissante Jasmine Trinca, qui sera de presque tous les plans du film), aide clandestinement à mourir des personnes atteintes d’une maladie incurable. Sans que son père ou son amant ne soient au courant, elle voyage jusqu’au Mexique pour acheter le produit interdit, qui mettra fin aux souffrances des malades. Mais, un jour, un homme qui semble en bonne santé, lui demande de mourir. Il n’est pas dans ses convictions d’aider à un suicide. Irène est bouleversée et bouleversante. On partage ses doutes, son malaise. Pour finir, acceptera-t-elle de donner la substance mortifère ? Pour son premier film, Valeria Godino (actrice dans Rain Man et Respiro) a choisi un sujet très fort, tabou dans son pays particulièrement croyant : le suicide médicalement assisté. Pour elle : « Les êtres humains ont un droit profond et sacré pour décider de la fin de leur vie, et cela ce n’est pas

contre Dieu ». À chacun de vous de prendre position en toute liberté ! MS

Moi et toi Italie – 2012 – 1h36, de Bernardo Bertolucci, avec Tea Falco, Jacopo Olmo Antinori, Sonia Bergamasco…

Lorenzo, ado de 14 ans, est plutôt solitaire. Un père absent qui compense par les cadeaux, une mère trop présente… Alors, quand une classe de neige se prépare, Lorenzo projette de se cacher dans la cave de son immeuble le temps du séjour. Tout est bien organisé : provisions, ordi, musique et bouquins… C’était sans compter sur la venue inopinée d’Olivia, sa demisœur, souhaitant récupérer des affaires. Les retrouvailles avec cette sœur peu familière et en mal-être se révèlent houleuses… Cela faisait trente ans que B. Bertolucci n’avait tourné en italien ! Moi et toi, d’après le roman éponyme de Niccolò Ammaniti (Io e Te) est un film « sur les aspirations, les déceptions, les luttes et les rêves de deux jeunes gens » commente le réalisateur (dossier de presse). Un regard touchant sur le temps difficile de l’adolescence et le sentiment fraternel avec un beau moment souligné par Space Oddity de David Bowie. RS

Mon âme par toi guérie France – 2013 – 2h02 de François Dupeyron, avec Grégory Gadebois, Céline Sallette, Jean-Pierre Darroussin, Marie Payen…

Frédi perd sa mère. Cette dernière lui a transmis un don. Il ne veut pas en entendre parler mais il est contraint, forcé de reconnaître que ses mains guérissent… Il s’interroge. D’où vient ce don ? Qu’importe, il l’accepte… il lâche prise. Révélé par Drôle d’endroit pour une rencontre (1988) qui réunissait Deneuve et Depardieu, François Dupeyron s’illustre également dans un thriller fantastique (La Machine, 1994), La Chambre des officiers (2001), Monsieur Ibrahim et les fleurs du Les CARNETS du STUDIO

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Coran (2002), Inguelezi (2003), Aide-toi, le ciel t’aidera (2008). Auteur du scénario de tous ses films, il réalise ce dernier long métrage à partir de son roman Chacun pour soi, Dieu s’en fout. Sources : dossier de presse.

Mon bel oranger Brésil – 2013 – VO - 1h34, de Marcos Bernstein, avec José de Abreu, Caco Ciocler, Eduardo Dascar…

Succès international de la littérature, Mon bel oranger, récit autobiographique de José Mauro de Vasconcelos raconte l’histoire de Zézé, presque 8 ans, qui vit au Brésil à la campagne dans une famille pauvre. Jamais à court d’idées, il multiplie les frasques qui lui valent les coups répétés de toute sa famille à l’exception de sa sœur Gloria et de son frère Luis. En manque d’affection, il se lie d’amitié avec un oranger, avec qui il passe de nombreuses heures à se raconter des histoires. Quand survient Portuga, un vieil homme riche et seul, Zézé en vient à espérer que celui-ci accepterait de l’adopter pour qu’il puisse échapper à la misère dans laquelle il vit… On nous annonce un film aussi bouleversant que le livre : préparez vos mouchoirs ! Sources : dossier de presse.

Voir pages Jeune Public

Monstres Academy

O P

Oggy et les cafards Voir pages Jeune Public

Pacific Rim

USA – 2013 – 2h, de Guillermo del Toro, avec C. Hunnam, I. Elba, C. Day…

Les Kaijus sont d’énormes monstres sortis d’une faille au fond du Pacifique, bien décidés à en découdre avec l’humanité toute entière. Pour les combattre, on a mis au point des robots tout aussi gigantesques, les Jaegers, contrôlés par deux pilotes reliés

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par une forme de télépathie. Devant l’avancée des monstres, il ne reste plus guère qu’une solution : faire appel à un tandem de pilotes très, mais alors, très mal assortis. Block-buster testostéroné aux dollars, Pacific rim semble tenir ses promesses : grand spectacle, effets spéciaux…

Rock the casbah

Maroc – 2013 – 1h28, de Laïla Marrakchi, avec Morjana Alaoui, Nadine Labaki, Lubna Azabal et Hiam Abbass…

Sources : imdb.com

La Petite fabrique du monde Voir pages Jeune Public

Le Renard jaune France – 2013 – 1h24, de Jean-Pierre Mocky, avec Michael Lonsdale, Frédéric Diefenthal, Antoine Duléry…

Charles Senac, auteur d’un unique roman à succès, est retrouvé mort chez lui. Il était l’être le plus méprisé de tout le quartier et notamment des clients et du patron du Renard jaune, un bar-restaurant où il avait ses habitudes. Tous avaient une bonne raison pour tuer Charles. L’inspecteur Giraud, un ancien champion cycliste tombé dans l’oubli, mène l’enquête, faisant du bistrot sa salle d’interrogatoire. Cela, Jean Virno ne l’avait pas prévu, lorsqu’il avait placé sa bombe dans le restaurant ce matin-là. Explosion prévue pour Midi pile… Le Renard jaune est l’adaptation d’un roman policier destiné à son ami et interprète André Bourvil (Un drôle de paroissien, 1963, La Grande Lessive, 1968). On ne présente plus le cinéaste le plus prolifique du cinéma français (À mort l’arbitre !, 1983, Le Miraculé, 1986), anarchiste, adepte des compositions expressionnistes et s’entourant d’une bande de comédiens tous plus connus et brillants les uns que les autres. Une exception culturelle française encore vivante et tenace. Sources : lesinrocks.com, Télérama.fr les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

R

C’est l’été. Pourtant, il faut quitter les plages, se vêtir de djellabas, réunir tout le monde à la maison aux allures de deuil car le père de famille vient de disparaître. Comme la tradition musulmane le veut, la famille se réunit en effet pendant trois jours dans la maison du défunt. L’agitation est à son comble, l’homme n’a laissé derrière lui que des femmes. Tout va basculer avec l’arrivée de Sofia qui vit en Amérique contre le gré de son père. Devenue actrice, elle n’interprète que des rôles de terroristes dans des séries américaines. Des secrets vont éclater et l’ordre établi par le patriarche risque bien d’être bouleversé. Entre larmes et rires, une hystérie collective va mener chacune de ces filles à se révéler à elle-même… Après Marock (2004), Laïla Marrachi nous propose avec Rock the casbah une comédie douce-amère au rythme d’un enterrement et sur fond de règlements de comptes familiaux à Tanger. Sources : dossier de presse.

Room 237 USA – de Rodney Ascher, avec Bill Blakemore, G. Cocks, J. Kearns…

En 1980, S. Kubrick tournait Shining. Trente ans plus tard, ce film continue de susciter maintes interrogations. Room 237 (le numéro de la chambre maudite de Shining) donne la parole à 5 personnes, toutes obsédées par Shining et toutes persuadées détenir l’explication parfaite… Cela va de « Shining est une métaphore du génocide des Indiens » à « Kubrick cherchait à se faire pardonner pour avoir réalisé la mise en scène bidon de l’arrivée de Armstrong sur le Lune » (quoi ? vous n’étiez pas au courant ?) Il va de soi que chacun des intervenants (tous enregistrés en voix off) connaît les moindres détails de l’œuvre kubric-

kienne et est donc capable de nous livrer un discours qui, au-delà de son caractère parfois un peu délirant (puisqu’obsessionnel !) est suffisamment argumenté pour stimuler l’imagination du lecteur. Cette exégèse acharnée et kaléidoscopique devrait être capable de séduire même ceux qui ne sont pas totalement fascinés par l’histoire de cet hôtel perdu dans la neige et pourrait même élargir encore les rangs déjà nombreux des fans de ce grand classique du cinéma d’horreur. Sources : abusdecine.com, imdb.com

Tip top France – 2013 – 1h46, de Serge Bozon, avec Isabelle Huppert, Sandrine Kiberlain, François Damiens…

T

Deux inspectrices de la police des polices débarquent dans un commissariat de province pour enquêter sur la mort d’un indic d’origine algérienne… Ajouter un journaliste foireux, un capitaine de police louche, des cadavres d’arabes dans le placard, une policière qui n’aime rien tant que de cogner à coups de marteau son compagnon violoniste pendant l’amour, et vous avez tous les ingrédients d’un film irrespectueux et plein d’excentricité. Si les gifles sont distribuées en pagaille, c’est semble-t-il moins «pour choquer le spectateur (comme tous ces atroces « films coup de poing »), que pour le stimuler en permanence, le sortir de sa confortable torpeur - particulièrement dans un festival comme Cannes » (où il était présenté à la quinzaine des réalisateurs). Les Inrocks. Sources : dossier de presse Cannes.

Tirez la langue, Mademoiselle France – 2013 – 1h42, d’Axelle Ropert, avec Louise Bourgouin, Cédric Kahn, Laurent Stocker…

Boris et Dimitri Pizarnik sont médecins dans le quartier chinois à Paris. Ils sont frères et vivent dans deux appartements en vis-à-vis. C’est aussi ensemble qu’ils pratiquent leur métier, consacrant tout leur Les CARNETS du STUDIO

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temps à leurs patients. Une nuit, Boris et Dimitri sont amenés à soigner une petite fille diabétique que sa mère, Judith, élève seule. Ils tombent tous deux amoureux de Judith. Bientôt, tout sera bouleversé… Après La Famille Wolberg (2008) présenté à la Quinzaine des réalisateurs au Festival de Cannes, Axelle Ropert, entrée dans l’univers du cinéma par la critique, également scénariste, réalise pour son second film une histoire d’amour romantique. Loin d’être mièvres, ses personnages font preuve d’un courage quotidien, portant en eux quelque chose de noble et d’entier. Une réalisatrice à (re-)découvrir ! Sources : dossier de presse.

La Tour de guet Turquie – 2013 – 1h36, de Pelin Esmer, avec Olgun Simsek, Nilay Erdönmez...

Nihat accepte un emploi de gardien dans une tour de guet pour observer la forêt. Seher est hôtesse dans une gare routière de la même région. L’un comme l’autre portent un lourd secret. Une série d’événements va les réunir... La rencontre de ces deux solitudes aux passés douloureux pourrait peser des tonnes. Il n’en est rien, Pelin Esmer n’évite pas une certaine crudité mais jamais elle ne surligne le trait. Dans une nature élégiaque aux paysages magnifiques, le couple improbable qui se forme est formidablement émouvant, en déséquilibre, peut-être, mais empli d’une compassion capable d’apaiser leurs chagrins. Ce second film d’une jeune cinéaste turque est une magnifique découverte qui n’est pas sans rappeler le superbe Derrière la colline de Emin Alper projeté récemment. JF

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Une place sur la terre France-Belgique – 2012 – 1h40, de Fabienne Godet, avec Benoît Poelvoorde, Ariane Labed…

Antoine, un photographe désabusé, vit seul

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avec pour seul ami Matéo, le jeune fils de sa voisine souvent absente, auquel il donne une éducation fantaisiste… jusqu’au jour où parviennent jusqu’à lui les notes du piano d’Elena, une étudiante idéaliste qui vit dans l’immeuble d’en face. En bouleversant sa vie, elle lui permettra de trouver une place sur la Terre… Fabienne Godet a fait des débuts remarqués, d’abord avec La Tentation de l’innocence (moyen métrage avec Emmanuelle Devos à la Quinzaine des réalisateurs en 99) puis dans un intense polar social avec Olivier Gourmet Sauf le respect que je vous dois (06) sur la violence du monde du travail et enfin dans un documentaire sur l’exbraqueur Michel Vaujour Ne me libérez pas je m’en charge (09). Un nouveau film porté par celui qu’elle pense être « le meilleur acteur du monde ! »

décalé de quoi décontenancer le spectateur. Sources : dossier de presse (festivals de Berlin et de Paris cinéma).

Lundi 2 septembre : avant-première et rencontre avec Romane Bohringer après la projection de 19h30.

W Wallace et Gromit

Sources : dossier de presse.

Vic et Flo ont vu un ours Canada – 2013 – 1h35, de Denis Côté, avec Marc-André Grondin, Romane Bohringer, Pierrette Robitaille…

Victoria, en libération conditionnelle, retrouve Florence, qui a terminé de purger sa peine et avec laquelle elle a partagé plus de dix ans d’intimité en cellule. Recluses dans une cabane à sucre en forêt, elles réapprennent à vivre. Mais le retour au monde libre n’est pas facile surtout lorsque le passé rôde et que, traquées par des fantômes du passé, leur liberté est gravement mise en péril. Un jeune agent de probation, Guillaume, assiste à ces retrouvailles incertaines. Il écoute et observe la difficile réinsertion des deux femmes aux ambitions et tempéraments de plus en plus différents. On retrouve dans Vic et Flo… la même atmosphère un peu anxiogène qui se dégageait de Curling, le précédent opus de Denis Côté. On sent que quelque chose va se passer, mais quoi ? De plus, le film alterne en permanence entre violence et humour

: le mystère du lapin garou

GB – 2006 – 1h25, film d’animation de Nick Park

V

Avant le grand concours annuel de légumes, Wallace et Gromit sont engagés pour venir à bout d’un lapin-garou géant grâce à leur dernière invention : la machine à éradiquer les lapins. Après les géniaux courts métrages, Une grande excursion (89), Un mauvais pantalon (93), Rasé de près (95), Nick Park réunissait ses deux héros de pâte à modeler dans un formidable long-métrage qui reçut l’Oscar du meilleur film d’animation en 2006. DP Voir pages Jeune Public

film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Yema

France-Algérie – 2012 – 1h31, de et avec Djamila Sarahoui, Samir Yahia…

Y

Ouardia vit dans une ferme isolée de la campagne algérienne. Elle y a enterré son fils Tarik, un militaire peut-être tué par son propre frère Ali, dirigeant d’un maquis islamiste. Surveillée par un inquiétant homme d’Ali, Ouardia reprend force et courage en cultivant son jardin. La réalisatrice algérienne, qui joue également le rôle principal, a réussi un film magnifiquement personnel, une épure qui laisse toute sa liberté au spectateur et qui a été très bien accueilli dans de nombreux festivals (Venise, Ouadagoudou, Dubaï). Réalisatrice de nombreux documentaires (Algérie la vie toujours, Et les arbres poussent en Kabylie) comme de fictions (Barakat), Djamila Sarahoui travaille les mêmes obsessions sous des formes différentes : « la violence de l’Algérie, de son histoire, la violence contre les jeunes, contre les femmes, l’état de désespoir total et la question de savoir comment on fait pour revivre, pour vivre quand même. » Sources : filmfestamiens.org – africultures.com – critikat.com

RENDEZ-VOUS À BERLIN lundi 30 septembre-19h30 lundi 23 septembre-19h30 Un, deux, trois Soirée d’ouverture

Berlin, symphonie d’une grande ville de Walter Ruttmann (1927) Allemagne /NB/67'

Ciné-concert mis en musique par Falter Bramnk (clavier, voix) et Sébastien Beaumont (guitare).

de Billy Wilder (1961) USA/NB/108'

Le dirigeant de Coca cola à Berlin en pleine Guerre froide voit ses ambitions chamboulées par l'arrivée de la fille de son patron. Une comédie de Billy Wilder au sommet de sa forme.

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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FILM DU MOIS

Alabama Monroe Belgique – 2013 – 1h52, de Felix Van Groeningen, avec Veerle Baetens, Johan Heldenbergh, Nell Cattrysse…

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idier et Élise sont éperdument amoureux. Lui joue du banjo dans un groupe country et vénère l’Amérique. Elle, tient un salon de tatouage et chante dans le même groupe. Quand ils apprennent, au début du film, que leur fille Maybelle, sept ans, est atteinte d’un cancer, ils luttent avec acharnement pour la sauver. La trame narrative ne cessera ensuite d’alterner entre présent et passé pour montrer le combat de cet amour contre la fatalité. Une des grandes forces du film est cette construction en flashbacks non chronologiques parfaitement maîtrisée. Elle permet non seulement de radiographier un amour passionné, mais aussi et surtout de s’interroger sur ce qu’il est vraiment et sur ce qu’il peut supporter. Parce qu’on n’est plus jamais le même une fois qu’on est parent, parce qu’une multitude de nuances découvertes peu à peu ternissent cette relation passionnelle et parce que certaines tragédies sont irréversibles…

Les différentes phases que traversent Élise et Didier, chacun survivant comme il le peut, sont montrées avec une grande justesse, sans aucun fauxsemblant. Esthétiquement très réussi, Alabama Monroe multiplie les scènes d’une extrême intensité et parvient avec une incroyable agilité à mêler légèreté et tragédie. Quant aux nombreuses séquences musicales qui ponctuent le film, elles agissent comme un contrepoint aux émotions des personnages. L’auteur de La Merditude des choses signe ici une œuvre très différente : poignante, d’une grande beauté, elle oscille entre poésie et rage en évitant tout effet de style ostentatoire. « C’est une tornade émotionnelle (mais jamais racoleuse) qui s’empare de vous » (Thomas Messias, artistikrezo.com). Alabama Monroe a été acclamé dans les festivals où il était présenté hors compétition et a obtenu le label Europa du meilleur film européen. SB

LES CARNETS DU STUDIO – n°315 septembre 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


À partir de 6 ans

France – 2013 – 1h25, film d’animation de Olivier Jean-Marie.

Oggy et ses ennemis de longue date, les cafards, passent du petit au grand écran pour le plus grand plaisir des jeunes mais aussi des grands enfants.

Desmond et la créature du marais

Suède – 2008 – 1h08, film d’animation de Magnus Carlsson.

VF

À partir de 3 ans

Les habitants de la forêt des framboisiers décident de construire un piège pour capturer la créature du marais…

Une animation toute en humour et malice !

Les Aventures fantastiques

Tout public à partir de 7 ans

VF

République tchèque – 1958 – 1h20, de Karel Zeman, en version restaurée.

L’affreux comte Artigas enlève le savant Roch pour connaître le secret de sa bombe extraordinairement puissante.

USA – 2013 – 1h40, film d’animation de Dan Scalon.

VF

Deux monstres, la terreur d’élite Jack Sullivan et son coach Bob Razowski apprennent à faire peur aux enfants… à l’université !

2D 3D

À partir de 6 ans

JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE AUX STUDIO Samedi 14 septembre de 9h30 à 12h30 Dans la matinée, deux occasions de découvertes pour tous : • les cabines de projection : visites commentées • les jouets optiques : présentation de notre collection, manipulation et création

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Mon bel oranger

Tout public à partir de 10 ans

VO

Brésil – 2013 – 1h34, de Marcos Bernstein.

Adapté du roman de José Maura de Vasconcelos, ce film explore, entre réalisme et onirisme, les mésaventures d’un petit brésilien aussi précoce que turbulent.

Japon – 2012 – 2h, film d’animation de Hiroyuki Okiura.

VF

Tout public à partir de 7 ans

VO

Tout public à partir de 8 ans

À la mort de son père, Momo, une fillette de onze ans, quitte Tokyo pour s’installer avec sa mère sur une petite île où le temps semble s’être arrêté. Sa vie va se trouver bouleversée par l’apparition de trois étranges créatures...

La Petite fabrique du monde À partir de 3 ans

sans paroles

Dans ces films d’animation venus des quatre coins du monde, la matière s’anime comme lorsque l’enfant joue et invente son monde. Un programme dédié à l’imaginaire des tout petits.

Festival À TOURS DE BULLES VF

Divers pays – 2012 – 42 mn, six courts métrages d’animation.

Tout public à partir de 5 ans

Wallace et Gromit :

Le Mystère du lapin Garou

Royaume-Uni – 2005 – 1h25, de Nick Park et Steve Box.

Où l’on retrouve nos deux héros de pâte à modeler préférés dans une chasse au lapin géant... De l’humour décalé très british. Oscar du meilleur film d’animation en 2006. Mercredi 11, dans le cadre du festival À Tours de bulles, rencontre après le film avec des élèves des écoles de Hommes et de Vouvray qui viendront présenter leurs planches de BD réalisées pour le concours Bulles en herbe.

Poupi de Zdenek Miler (réalisateur de La Petite taupe) Qui voilà ? et Léo et Fred, deux programmes de courts métrages de Jessica Lauren Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill de Marc Boreal et Thibaut Chatel Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici. . ` LÉGENDE PHOCÉENNE

Robert Guédiguian est un homme fidèle à ses convictions, à Marseille, à sa famille d’acteurs et à son égérie d’épouse, Ariane Ascaride. Pour son nouveau film il lui rend même directement hommage, en déroulant Le Fil d’Ariane : l’histoire d’une femme qui, constatant que ses amis ne viendront finalement pas lui tenir compagnie pour son anniversaire, décide de tout plaquer, de s’enfuir. Lui tiendront néanmoins compagnie dans le film, les indispensables Jean-Pierre Darroussin et Gérard Meylan, mais aussi Adrien Jolivet, Anaïs Demoustier, ainsi que Mélanie Laurent ! ` DEUX !

La toujours très active Mélanie Laurent revient à la réalisation, deux ans après le plutôt bien accueilli Les Adoptés. Cette fois, elle portera à l’écran le roman d’AnneSophie Brasme, Respire, paru en 2001 : l’histoire de deux lycéennes liées par une forte amitié, qui finiront, pourtant, par se déchirer. On annonce Lou de Laâge (J’aime regarder les filles, Jappeloup) et Joséphine Japy (Le Moine, Cloclo) dans les rôles principaux, mais aussi Isabelle Carré qui, malgré son éternelle fraîcheur, interprète maintenant les mères de jeune fille ! ` PASSAGES À L’ACTE

Après s’être fait un nom en, tant qu’animateur de radio, d’humoriste puis de comédien, Manu Payet (Tout ce qui brille) travaille désormais à s’en faire un, également, en tant que réalisateur. Il a l’honnêteté, pas forcément répandue chez les apprentis de la mise en scène, d’annoncer qu’il partagera cette responsabilité avec Rodolphe Lauga, cadreur de son état. C’est compliqué contera l’histoire de Ben, un trentenaire sur le point de convoler, retrouve par hasard Vanessa, la bombe anatomique du lycée. À l’époque, elle n’imaginait même pas son existence, aujourd’hui, elle semble ne plus connaître que lui à Paris ! Manu Payet s’est réservé le rôle principal. Anaïs Demoustier (encore elle) devrait lui donner la réplique. On se doute que ce film fera plutôt dans la comédie. ` L’EMPIRE DES SENS

Cinq ans que l’on n’avait plus de nouvelles de Tonie Marshall ; mais la voici de retour avec une comédie, Les Missionnaires, qui réunira Patrick Bruel et Sophie Marceau. La réalisatrice les a choisis pour interpréter deux victimes d’addiction sexuelle que les hasards de la vie (mais il n’y

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a pas de hasard), associeront pour travailler… dans le même cabinet de conseil conjugal. Dès qu’ils se croiseront, leurs sens s’enflammeront, mais pour la bonne santé de leur association, à leurs élans, ils résisteront ! Sylvie Vartan retrouvera le grand écran pour devenir la mère de Patrick Bruel, tandis que le trop rare André Wilms, sera l’oncle de Sophie Marceau. Compléteront la distribution, les très grands Jean-Pierre Marielle et François Morel !

et ailleurs. . . ` COMBAT DE TOQUES

Décidément, la cuisine a le vent en poupe et pas seulement sur le petit écran : ainsi deux films américains intitulés Chef sont annoncés. L’un réalisé par Jon Favreau (Iron Man), avec Robert Downey Jr et Scarlett Johansson ; l’autre dirigé par John Wells (The Company Men) suivra les prouesses culinaires de Marion Cotillard, Omar Sy et Bradley Cooper. Autre point commun des deux films : la nécessité d’être beau et sexy pour être crédible en as des fourneaux ! ` BONNE MINE ?

Les bons filons ne sont pas éternellement exploitables, parfois même ils s’épuisent. Ainsi, si la veine biopic est d’un rendement assuré, il semblerait que celles des contes et des super héros commencent à donner des signes d’essoufflement. Force est de chercher de nouvelles sources d’inspirations, comme par exemple le concept imaginé dans les années 80 par Edward Packard, des livres dont vous êtes le héros. Mais si, souvenez-vous, c’était la folie ces romans interactifs qui permettaient aux lecteurs de choisir à chaque chapitre, parmi deux directions du récit. Bon sur du papier on voit bien ce que cela peut donner concrètement, mais dans une salle de cinéma, sur grand écran, l’idée paraît tout de suite beaucoup moins évidente. Mais parfois les petits ruisseaux font de grandes rivières. ` HILLARY LA MAGNIFIQUE

Ce mois-ci le nom à ajouter sur la liste des héros de biopic est celui de… Hillary Clinton ! On peut penser que si des producteurs misent de l’argent sur un tel sujet, c’est qu’ils pensent qu’il y aura un public pour aller le voir. On connaît le nom du réalisateur pressenti et celui de celle qui devrait interpréter la femme du président : c’est Carey Mulligan, récemment vue dans Gatsby le Magnifique, qui aurait été préférée à Scarlett Johansson et Jessica Chastain. IG

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humeur

Rencontre Alain Guiraudie

Coming Out Lexical S

eptembre. La rentrée. Pendant deux mois, il y a eu une sorte de mise entre parenthèses des sujets qui fâchent, sans pour autant que ceux-ci soient devenus caduques. Ainsi le débat concernant le mariage pour tous, a mis en évidence que l’ignorance ou la mauvaise foi était à l’origine, chez certains, de pernicieux amalgames. Alors, rentrée oblige, effectuons quelques révisions sur des concepts de base, en nous référant, notamment, à l’intervention de Georges-Claude Guilbert au sujet de Gays contre Queers : plus qu’une question de vocabulaire et au documentaire de Jeffrey Schwarz sur la vie et les combats de Vito Russo, activiste homosexuel, auteur du livre The Celluloid Closet, proposés lors du dernier festival Désir… Désirs. Pour commencer, appelons un chat, un chat : un homosexuel n’est PAS un pédéraste, le dictionnaire de l’Académie française en atteste : PÉDÉRASTE : n. m., XVIe siècle. Emprunté du grec paiderastês, qui aime les jeunes garçons, lui-même composé à l’aide de pais, paidos, enfant, et erastês, qui aime passionnément. Homme attiré par les jeunes garçons, qui entretient avec eux un commerce charnel. Par une extension abusive homosexuel.

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Rappelons également que, dans la Grèce antique, l’amour entre hommes était considéré comme indigne d’un citoyen honorable ; alors qu’en revanche la relation entre un homme mûr (l’éraste) et un jeune à peine pubère (l’éromène) correspondait à une institution morale et éducative. Pourquoi gay ? G.-C. Guilbert rappelle que l’expression trouve son origine dans le terme gay-house, que l’on peut traduire par lupanar. Par extension, le gay était donc un débauché. C’est au XIXe qu’a été inventée la catégorie et l’appellation homosexuel, et donc celui d’hétérosexuel ; tandis que le terme queer est un mot anglais signifiant étrange, peu commun. Et les alliés ? Ce sont des hétérosexuels qui s’impliquent dans les causes homosexuelles. Ultime petit rappel : le mouvement Lesbien, Gay, Bi et Trans s’est constitué, en juin 1969, suite aux émeutes de Stonewall, conséquences des violentes discriminations subies par la clientèle gay et lesbienne du bar portant ce nom. La Marche des fiertés ou Gay Pride a lieu pour commémorer ce début de la lutte pour la défense des droits civiques des homosexuels ! IG

Avec sa faconde aveyronnaise et son sens de la réparti inimitable, les rencontres avec ce réalisateur atypique ont toujours été un vrai plaisir partagé ; et ils furent nombreux puisqu’Alain Guiraudie est venu présenter tous ses films au Studio, depuis Ce vieux rêve qui bouge à Le Roi de l’évasion en passant par Pas de repos pour les braves et Voici venu le temps.

C

OMMENT SE SITUE L’INCONNU DU LAC DANS CETTE FILMOGRAPHIE ? J’ai

voulu partir de ce que je connaisais, d’une réalité qui existe et qui est peu connue. Je ne m’étais jusque là pas vraiment affronté à l’amour passion. Avec un ton assez drôle, j’avais traité de l’amour camarade, de l’amour joueur. Mes films précédents étaient traversés par l’angoisse mais la comédie reprenait le dessus. Par pudeur. Par envie de me marrer. Ici, j’ai eu l’envie d’être sur le fil du rasoir, du côté de la tragédie : Jusqu’où est-on capable d’aller pour vivre son désir. L A PASSION AMOUREUSE POUR UN ASSAS SIN SEXY N’ EST PAS UNE NOUVEAUTÉ DANS LE CINÉMA MAIS ICI, SA CONTEXTUALISATION EST NOVATRICE . Mon projet était de filmer un huit clos à ciel ouvert, un concentré de réel, dans une unité de lieu et de temps. J’ai toujours eu la volonté de mythifier le réel : on ne peut

pas se contenter de redonner la réalité. Retrouver le même endroit, ça théâtralise les choses. J’avais d’abord pensé mettre l’histoire dans un milieu libertin hétérosexuel en me disant que ça m’ouvrirait un plus large public. Mais ça ne marchait pas, peut-être parce que je connais moins. Il n’y a pas la même frivolité, le même rapport au sexe dans le milieu hétéro. Puis j’ai eu honte d’y avoir pensé… c’est mieux de parler de là où l’on est. Politiquement et cinématographiquement. Il y est question d’amour et de mort. C’est une idée assez romantique : on va jusqu’au bout avec l’autre. C’est une question qui date depuis toujours et pleinement inscrite dans le présent avec le sida qui a beaucoup rapproché l’idée d’amour et de mort. AU GÉNÉRIQUE, IL Y A LE NOM DE PLUSIEURS COLLABORATRICES . E TAIT - CE IMPOR TANT QU’ IL Y AIT DES FEMMES ? Ça

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VIE AILLEURS .

L’AVEZ-VOUS IMAGINÉ ? Je n’ai pas poussé plus loin. Je voulais lui garder sa part de mystère. C’est la figure de l’homme qui prend ce qui est à prendre, le consommateur de sexe, l’inverse du romantique. L’acteur a une diction assez étrange. Il a à la fois un charisme certain et un côté flippant de tueur… Le scénario était beaucoup plus explicite, de nombreuses scènes explicatives ont sauté au montage. Plus on enlevait, plus on gagnait en richesse narrative. C’est agréable d’avoir des zones à trou, des brèches dans lesquelles va s’engouffrer le spectateur… QU ’AVEZ- VOUS PENSÉ DE LA DEMANDE DU RETRAIT DE L ’ AFFICHE* ? Je me suis

m’aurait ennuyé de faire un tournage qu’avec des mecs. Déjà, un tournage, c’est très communautaire alors c’est bien qu’il y ait des femmes. Mais je ne fais pas de différence entre les pratiques des hommes et des femmes… en tout cas à ce niveau-là ! C’EST UN FILM BASÉ SUR LES REGARDS. Ca me plaisait beaucoup de ne plus savoir qui regardait. J’ai découvert au montage des plans de coupe sur le ciel, le lac, les branches qui prennent une allure presque fantastique. Il y a toujours un équilibre à conserver entre le point de vue du personnage et le point de vue sur le personnage. O N IMAGINE QUE MICHEL A UNE AUTRE

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dit : ça va faire de la pub au film. Mais ça m’a vite soûlé. Ca sentait la rancœur post bataille contre le mariage pour tous. Le maire de Saint-Cloud voulait préserver le bien être dans sa ville. Il y a des gens qui pensent encore qu’on peut protéger les enfants de l’homosexualité. Moi aussi, on a essayé de m’en protéger, c’était les années 70, dans l’Aveyron. J’ai essayé moi-même de m’en protéger, ça a été difficile de l’accepter. Vous voyez ce que ça a donné ! POURQUOI CES DEUX PLANS PORNOGRAPHIQUES ? Très vite, je me suis dit qu’il

fallait des organes en fonctionnement, des érections. Je ne voulais pas le faire dans une volonté provocatrice. Au cinéma, il y a toujours une force du sexe explicite. Pascal Quignard parle

du sexe et de l’effroi. Je voulais relier l’amour et le sexe. Filmer le sexe comme les arbres. Comme la nage. Je ne sais pas si j’y ai réussi. P OURQUOI N’ AVOIR PAS UTILISÉ DE ? Je ne voulais pas polluer l’ambiance par des détails inutiles. La sensualité c’était : prendre ce qui a à prendre, le clapotis du lac, le vent dans les arbres, le soleil qui décline, les oiseaux qui se réveillent avec la fraîcheur. C’est mon film le plus riche du point de vue sonore, le plus riche également pour la lumière. L’épure nourrit le film dans tous ses aspects. MUSIQUE

ET LE PERSONNAGE J’en avais besoin du point de vue narratif pour que Frank soit encore plus coincé entre son désir et sa morale. Mais je ne voulais pas d’une véritable enquête. Le spectateur sait déjà tout. L’inspecteur a un côté lacanien. On est face à un microcosme qui a ses propres règles de conduite qui coulent de source. C’est bien d’avoir quelqu’un qui vient remettre en cause les évidences. Pour moi,

DE L ’ INSPECTEUR

il était très important de pointer la nonsolidarité à l’intérieur de la communauté homosexuelle. Cette course effrénée au plaisir, je ne peux m’empêcher de me demander où ça nous mène. « Au fond du lac ! » proposera une spectatrice. Alors qu’une autre conclura : « Le plus frustrant, c’est qu’on n’a DP même pas vu le silure ! » * Sur cette affiche, on voit deux hommes qui s’embrassent.

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu : L’Inconnu du lac de Alain Guiraudie

Alain Guiraudie propose une nouvelle et fort séduisante définition du silure : c’est désormais un prédateur à l’œil clair, mesurant environ un mètre quatre-vingts, au corps d’Apollon, frayant aussi bien dans les eaux claires des lacs que dans l’ombre des sous bois. Son attaque est imparable : aucune proie ne résiste à son étreinte mortelle. IG Sous le soleil exactement. Face au miroir du lac. Des corps nus. Et le désir de jouir ou d’en finir. Huis clos à ciel ouvert. Avec la solitude. La mort qui rôde et l’amour qui vagabonde. Ou vice versa. DP

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Alain Guiraudie maîtrise à la perfection l’art cinématographique. Dans son film, les images sont belles, les paysages sont beaux, les hommes sont beaux, les corps sont beaux, l’érotisme est esthétique (si, si !). Mais voilà, tout cela ne fait pas un film réussi. C’est beau, mais on s’y ennuie, le scénario semble piétiner, paresseusement. Justement : la fin ouverte est une solution paresseuse. Ah ! Les vacances, la plage… CdP

« Rendez-vous au jardin des plaisirs, rendez-vous donc/Quel que soit l’objet de vos désirs, rendez-vous donc/ J’annonce la couleur illico, j’me jette à l’eau/Vous et moi, nous nous ressentons, rendez-vous donc/À l’évidence, nous nous ressemblons/Même souf-

frances, même isolement, même désir de fusion ». Cet extrait de Rendez-vous au jardin des plaisirs écrit par Étienne Daho aurait pu être la bande son du film si Alain Guiraudie n’avait privilégié, la musique du bruissement des feuilles et du clapotis du lac. Ce superbe univers sonore accompagne à merveille ce conte d’amour à mort où éros et thanatos s’affrontent. Dans cet éden préservé, les chairs et les éléments (fraîcheur de l’eau, feu du soleil) convolent en des noces dionysiaques. Des rendez-vous d’une beauté élégiaque et noire. JF Alain Guiraudie s’était taillé une réputation de créateur d’univers décalés, fantaisistes et plutôt drôles. Il a ici choisi de refuser la distance, de se confronter, sans ces artifices, à diverses choses qui

traversaient ses films précédents de manière un peu souterraine. Le résultat, d’une rigueur et d’une beauté formelle exemplaires, génère une angoisse et un malaise certains… ER L’hypothétique présence d’un silure, poisson solitaire et omnivore… plane le long du film, sous la surface du lac à la manière du monstre écossais du Loch Ness. Nous sommes avertis : derrière une apparence paisible, les eaux pourraient se révéler troubles, masquant un danger. Générant de la crainte conjuguée à la curiosité de (sa-)voir, le silure s’offre aussi comme métaphore, entre effroi et désir, de l’amant meurtrier et impulsif en quête de nouvelle proie. Alain Guiraudie a prêté à Thanatos les traits d’un bel Eros viril. RS

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S

Interférences Le Temps de l’aventure Les Beaux jours

OB-SCÈNE ?

à propos de l’affiche de L’Inconnu du lac

’il est un sujet qui a quelque chose à voir avec le cinéma, c’est bien celui de l’obscène, ce que l’on cache ou évite de montrer sur scène. La représentation du sexe et de la mort, voilà le problème de fond ; comment montrer sans exhiber, donner au regard, sans flatter les instincts pervers, telle est la gageure formelle. Toutes les époques et toutes les civilisations ont secrété leurs propres limites, mais il semble que les nôtres balbutient quelque peu ou se confrontent violemment dans ce domaine. L’instantanéité des connexions planétaires ne facilitant pas l’affaire : souvenez-vous de la suppression de l’image de L’Origine du monde, tableau de Courbet, par Facebook ! Mais venons-en au sujet : l’interdiction d’installer les affiches du film L’Inconnu du lac par les mairies de Versailles et de Saint-Cloud, dans leurs villes. Sur cellesci, plutôt belles, issues d’une esquisse colorée signée par Tom de Pékin, on voit deux hommes s’embrasser et, en arrièreplan, au bord d’un lac, quelques hommes nus, dont on perçoit que certains s’adonnent à la fellation. Polémique immédiate, réglée de la façon Manichéenne habituelle : diktat provenant de bourgeois réactionnaires et, comme l’analyse le réalisateur Alain Guiraudie : « On est en plein dans l’homophobie… c’était peutêtre lié à cette situation de fellation à l’ar-

aimant que leur portent deux cinéastes. Il y a tellement de délicatesse et de pudeur dans la façon avec laquelle Jérôme Bonnell filme Emmanuelle Devos, tellement d’élégance et de pudeur dans celle avec laquelle Marion Vernoux filme Fanny Ardant.

rière-plan, mais c’est tout petit, je ne pense pas que cela soit cela… le débat sur le mariage pour tous a instauré un vrai climat de méfiance qui vient, il faut le dire, directement de l’ouest parisien… »* Oh ! Affaire classée, donc, alors que l’on aurait pu enfin nuancer, sortir de ce clivage absurde entre homophiles et homophobes. Car le vrai sujet, ce n’est pas l’homosexualité, ni l’appartenance sociale ou politique, ni la protection de nos chères têtes blondes, mais l’expression d’une liberté qui n’altère pas celle des autres. Alors, je vous pose la question: la suggestion, en tout-petit, d’une scène de fellation entre deux adultes, est-elle obscène ? Où se situe la frontière entre érotisme et pornographie, ici et maintenant? Jusqu’où peut-on montrer « la scène primitive » Freudienne et ses arabesques, le corps humain et ses organes sexuels en ostentation, des partenaires s’ébattant, que leurs chromosomes soient identiques ou non ? Désormais, dans une société qui ne fabrique plus ni totem, ni tabou, la réponse sera individuelle, en résonance avec une certaine vision de l’intimité, la leur. Mais, de grâce, que l’on cesse de mesurer l’opinion à l’aune de quelques idées réductrices ! CP * Propos recueillis par allociné le 11 juin 2013 Voir l'article p 24

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d’aventure A

lix est comédienne. Un jour, entre deux trains, pour un casting qu’elle vit comme une humiliation, elle se perd. Plus de carte de crédit, plus de batterie, le téléphone du conjoint sur un éternel répondeur, une parenthèse s’ouvre. Un inconnu croisé dans un train. Il n’a rien de particulièrement séduisant si ce n’est qu’il est britannique. Alix le retrouve dans une église, pour l’enterrement d’une amie que, fatalement, elle n’a pas connue. Les mots de la séduction seront d’une autre langue. Caroline était dentiste. Un jour, sur un coup de tête, elle a pris sa retraite. Elle s’est mise en retrait. Elle a du temps. Pour ne pas qu’elle s’y ennuie, ses filles lui ont offert un abonnement découverte dans un club de loisir pour personne du troisième âge auquel elle est bien décidée à ne pas appartenir. Au club et à l’âge. Mais pour un problème de connexion, elle y croise Julien, un prof d’informatique. Les mots de la séduction seront dans la bouche d’un homme qui à l’âge de ses filles.

Pour l’une et l’autre, il y a une douce urgence : cette aventure, pleinement sensuelle, ne peut être qu’une parenthèse hors du temps. Pour Alix, une vie nouvelle va s’ouvrir avec la naissance d’un enfant dont elle a pu enfin annoncer qu’elle était enceinte à son compagnon. Pour Caroline, c’est sans doute la dernière fois qu’elle est désirée physiquement, comme une amante, sans que son âge soit une donnée du jeu amoureux, avant de se blottir de nouveau contre son vieux mari. Alix qui marche dans les rues de Paris. Caroline qui marche sur la plage de Dunkerque avec la voix de Sophie Hunger dans le vent du large.

Ton message à la Grande Ourse Et la trajectoire de la course Un instantané de velours Même s’il ne sert à rien va Le vent l’emportera Tout disparaîtra mais Le vent nous portera DP

Le Temps de l’aventure et Les Beaux jours : deux titres qui semblent se compléter. Former une déclaration d’amour à deux femmes magnifiques. Belles dans le regard Les CARNETS du STUDIO

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À propos de Oh Boy

temps que Niko fasse des choix et s’intègre dans la société – exactement comme Antoine Doinel avant lui.

P

our son premier film, le réalisateur allemand Jan Ole Gerster nous a offert une heure trente de bonheur truffées de références à un cinéma que nous avons tant aimé.

Ça commence par un choc : première scène dans une chambre au petit matin avec une jeune femme étrangement ressemblante à Jean Seberg dans À bout de souffle de Godard. A ses côtés le sosie de Jean-Pierre Léaud du temps où il était Antoine Doinel. Et c’est bien son frère jumeau, Niko, antihéros un peu marginal, très dilettante, un brin menteur et à la fois insouciant et indécis que nous allons suivre pendant 24 heures dans un Berlin superbement filmé en noir et blanc. Au départ Niko cherche un café ; mais il ne cessera de se heurter à un monde hostile. Sa journée d’errance riche en rencontres, anecdotes et souvenirs s’apparentera à un parcours initiatique : il est

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Par sa forme, cette déambulation n’est pas sans rappeler celle du héros dans le magnifique Oslo 31 août – film norvégien de Joachim Trier (2012). Mais la grande différence est qu’il n’y a pas de réel enjeu dramatique dans Oh boy. Niko, contrairement au trentenaire d’Oslo n’a pas besoin se confronter avec l’autre pour exister. Comme il n’a pas vraiment d’objectif en tête, son errance semble légère, voire anecdotique malgré une situation personnelle qui ne fait qu’empirer au cours des 24 heures. Car dans la même journée, les ennuis s’accumulent : son père qui a appris qu’il avait abandonné ses études depuis deux ans décide - dans son intérêt ! - de lui couper les vivres ; sa petite amie lasse de ses indécisions le quitte ; un psy incohérent l’empêche de récupérer son permis de conduire ; son voisin exilé dans une cave pleure dans ses bras ; des contrôleurs incompréhensifs veulent le verbaliser dans les transports en commun ; une ex-camarade de

classe jadis obèse le poursuit de ses assiduités avant de le jeter ; un metteur en scène d’avant-garde ne supporte pas ses critiques pourtant timides ; sa carte bleue se fait avaler dans la machine ; jusqu’à ce maudit café « normal » qu’une serveuse tatillonne refuse de lui servir dans un bistro bio !… Et cela donne des scènes savoureuses, parfois pleines de malice, jusqu’à ce que notre héros épuisé s’endorme quelque peu déprimé et alcoolisé dans le fauteuil électrique de la grandmère attentionnée de son copain dealer… Chacune de ces rencontres, dont certaines très improbables, donnent lieu à autant de saynètes empreintes tour à tour d’humour, de nostalgie ou de rêve. Exactement comme celles que faisaient Doinel jadis dans Paris. Quant aux différents protagonistes, ils sont croqués avec dérision et subtilité, comme ceux que nous rencontrions chez Truffaut : souvenez- vous entre autres de la mystérieuse Madame Tabard et de son époux bizarre dans Baisers volés (Delphine Seyrig et Mikael Lonsdale), du copain tapeur de 100 balles… Pour ajouter à la confusion, Antoine et Niko ont la même allure, la même démarche, la même mèche rebelle qu’ils ne cessent de repousser et la même incapacité à se mettre en colère… Ce qu’ils subissent comme des agressions, ils tentent de l’esquiver ; Et on en vient au même questionnement : sont-ce les comportements de leurs compatriotes qui sont étranges ? Ou est-ce leur marginalité qui fait qu’ils ne peuvent comprendre les individus dits normaux ? Pour autant, Oh Boy n’est en rien une copie des œuvres de ses aînés, qu’ils s’ap-

pellent Godard, Truffaut ou Rohmer. Si Gerster a parfaitement digéré ces influences pour en conserver la liberté de ton et de récit, il fait preuve d’un talent extraordinaire pour filmer Berlin. Alors que le Paris des cinéastes de la nouvelle vague était ancré dans leur époque et sa réalité, la capitale allemande parcourue dans Oh Boy est transfigurée et intemporelle. D’un café au métro, d’un théâtre à un plateau de tournage, d’un appartement glauque à un restaurant chic, la ballade est baignée d’une lumière sublime. Aux travellings qui suivent la déambulation désœuvrée de Niko, succèdent des plongées et contre-plongées qui magnifient l’espace, le tout dans le noir et blanc somptueux d’un monde en demiteinte. Loin de la visite carte postale, le réalisateur donne à voir une ville joliment dégradée et chargée d’histoire. Deux séquences sont particulièrement significatives : la brève irruption dans les restes d’un Tacheless (fameux squat d’artistes) désormais hors du temps ; et ce vieil homme perdu dans un bar aux lumières tamisées qui raconte les agressions de juifs dans les années 30. Quant à la bande-son, que ne renieraient ni Godard, ni Woody Allen, elle accompagne l’errance d’airs jazzy particulièrement mélancoliques. L’insouciance laisse alors la place à une indicible émotion… Au-delà de son allure anodine de petit film, Oh boy est une œuvre subtile, toute en finesse, pleine d’élégance et de poésie. Son auteur, Jan Ole Gerster, est assurément un cinéaste dont on reparlera. SB

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Interférences

lure résistaient à tous les affronts. Le plaisir ressenti est régressif, presque inavouable, mais tellement jubilatoire. • que l’on voudrait aimer mais on a beau essayer, on n’y arrive pas : L’Année dernière à Marienbad, c’est beau indéniablement, incroyablement, mais c’est long, indéniablement, incroyablement. Ce qui s’applique également pour Monty Python : Sacré Graal ! pas du point de vue de la beauté mais de la longueur et, parce que si le rire est le propre de l’homme, le moyen pour y parvenir n’est pas universel !

S

i François Truffaut, notamment, a consacré un livre aux films de sa vie, tout un chacun, cinéphile averti ou amateur de salle obscure plus ponctuel, peut effectuer une liste, un bilan des films qui l’accompagnent pour de bonnes ou de mauvaises raisons, et essayer de répondre à l’insupportable question : « Et s’il n’en reste qu’un ? » Mais comment parvenir à définir le film ultime, à la fois Xanadu et Rosebud, Citizen Welles que nous tentons d’être de notre propre vie ? Quel sera celui qui restera parmi ceux :

• pour lesquels les aimer et le revendiquer donne l’impression d’appartenir à une caste d’initiés et de représenter, en toute humilité, une élite : ainsi, seuls les inconditionnels des Angélique savent que, sous Louis XIV, maquillage et cheve-

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• pour lesquels on doit assumer de s’esclaffer seul ou presque, dans une salle pleine de monde : OSS 117, Sur la piste du Marsupilami parce que, décidément, si le rire est le propre de l’homme, le moyen pour y parvenir n’est pas universel. • pour le visionnement desquels quelques précautions ne sont pas à négliger telles une réserve de mouchoirs, une place isolée dans la salle, pour ne pas parasiter autrui par nos reniflements et penser à ne pas forcer sur le mascara pour éviter le maquillage de panda à la sortie de la salle : Elephant man, Into the Wild, The Hours, Camille Claudel, Titanic, Des hommes et des dieux… • qui nous ont fait tellement peur qu’à force de nous agiter, notre voisin de siège

a pu penser que la séance s’accompagnait d’une animation genre Futuroscope, ou train fantôme, quand on s’est, malencontreusement, emparé de son bras : Le Silence des agneaux, Shining, Rosemary’s baby, La Maison du diable, Les Oiseaux… • qui nous font quasiment vivre une expérience sensorielle, émotionnelle, telle que nous avons le sentiment de n’être plus tout à fait les mêmes, à l’issue de la projection : Twenty-nine palms, Home, Mulholland Drive, Requiem for a dream, The Tree of life… • que l’on a beaucoup aimés certes, mais nous avons vieilli et… eux aussi ; à un point tel que l’on se demande ce qui avait pu déclencher notre enthousiasme à l’époque : 37°2 le matin, Meurtre dans un jardin anglais, Jonathan Livingstone le goéland… • que notre souvenir a peut-être enjolivés, mais on préfère ne pas vérifier pour nous épargner des désillusions supplémentaires : Un carnet de bal, La Lune dans le caniveau, La Ronde, Une aussi longue absence.

cartons, par cœur parce qu’on les a vus deux cents fois et qu’on pourrait revoir deux cents fois encore avec le même enthousiasme, le même plaisir : L’Homme qui rit, Metropolis, Elle et lui, Les Enchaînés, Les Enfants du Paradis, La Belle et la Bête, Nosferatu, La Ruée vers l’or, Sunset Boulevard, Celui par qui le scandale arrive, King-Kong, Les Quatre cents coups, L’Atalante, Eve, The Hours, La Leçon de piano, La Grande illusion, Rocco et ses frères, La Nuit du chasseur, Rebecca… À la fois poèmes visuels, et uppercut au plexus : ils nous laissent à jamais sonnés. Donc ne retenir qu’un film dans tous ceux classés ci-dessus, sachant que de nombreux autres n’ont pu figurer, sélection nécessaire oblige, je crois que cela ne va pas être possible. Et puis au fond n’est-ce pas une démarche vaine ? Car finalement, ce qui nous reste ce sont des instants volés au cinéma, à Truffaut, Mankiewicz, Welles, Wilder, Chaplin, Hitchcock, Almodovar, Minnelli, Tavernier, Lang, Sirk, Murnau, Lynch, Carné et à tant d’autres qui nous ont aidés à nous construire, à aimer la vie. Alors continuons plutôt à effectuer le maximum de larcins ! IG

• qui nous font entendre le sanglot long des violons même quand il n’y a pas de musique, parce qu’ il nous est impossible de rester de marbre en assistant à des amours impossibles : La Femme d’à côté, Propriété interdite, Les Plus belles années de notre vie, Out of Africa, Le Patient anglais… • dont on connaît les dialogues, ou les

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compte-rendu Festival de La Rochelle

La Rochelle : entre réel et imaginaire Dilemme

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ornéliens, vous dirai-je, ces choix permanents, en-tre réel et imaginaire, plaisir et raison !

Dilemme : entre les rétrospectives, les hommages, les avant-premières, que décider ? Et lorsque, à la même heure, cinq fois par jour, sont proposés au moins huit films différents, que faire ? Ainsi se déroule cette semaine cinéphilique, parsemée de découvertes et de déceptions, de courses fébriles d’un cinéma à l’autre, ou d’attente bavarde dans les files d’attente. Quant aux deux cent cinquante films présentés, nos commentaires seront loin d’être exhaustifs, à travers la vingtaine seulement, que nous avons pu voir ou revoir. Au plan historique, deux rétrospectives concernant des réalisateurs, Max Linder et Billy Wilder, ce qui permet de suivre la création et l’évolution d’un genre, du comique de situation au burlesque, les films de Max Linder ayant d’ailleurs fait l’objet d’une recherche patiente de plusieurs années. Quant à Billy Wilder, on retrouve avec émotion ses acteurs fétiches, dont Marilyn Monroe,

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merveilleuse dans Certains l’aiment chaud, peu d’années avant son suicide. Hommages ensuite à six réalisateurs ou acteurs, dans des registres très différents : chroniques serrées du quotidien par Andreas Dresen, abord frontal de la vie affective et sexuelle à tous les âges, (sujet dit tabou : Le Septième ciel) ; documentaires tendres et poétiques de Heddy Honigmann (O amor natural). On fête aussi le centenaire du cinéma indien, en re-présentant le superbe Salon de musique de Satyajit Ray, mais aussi la production indépendante, dont Ship of Theseus, âmes sensibles s’abstenir, sur le questionnement éthique associé à la transplantation d’organes. Projecteurs aussi sur le cinéma chilien : violences et perte des valeurs humaines sous Pinochet, avec les trois films de Pablo Larrain : Tony Manero, Santiago 73, post mortem et No. Tant d’offres encore, du nouveau film de Yolande Moreau, Henri, tendre élan réprimé entre un homme mûr et une jeune handicapée mentale, au formidable Final Cut-Ladies and Gentlemen de György Palfi narrant l’éternelle histoire amoureuse des hommes et des femmes, à travers une compilation visuelle et musicale des plus belles séquences de cinéma de tous les temps… CP

Un festival très à part

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u’est-ce qui caractérise ce festival si particulier ? Sans doute la passion palpable qui l’anime. Ferveur de l’équipe organisatrice, toujours disponible, et des spectateurs, venus ici pour une seule et même chose: leur amour des films. Découvertes en tous genres retraçant toutes les époques et, presque, toutes les origines : ici, même si l’on ne bouge pas beaucoup de son fauteuil, on voyage du muet à nos jours tout en passant d’un continent à l’autre.

Au jeu des (re)visions, Billy Wilder fût le must de beaucoup d’entre nous. Il faut dire qu’il est rare de pouvoir, sur grand écran, s’immerger dans la filmographie d’un auteur. L’œuvre de cet immense cinéaste n’a pas pris une ride. Son univers est toujours aussi percutant, grinçant, tant dans ses drames que dans ses hilarantes comédies. Naviguer, par exemple, entre Le Gouffre aux chimères, Assurance sur la mort, Spéciale première ou Avanti ! est un bonheur qui illumine vos journées. Mais, à La Rochelle, on prend aussi des nouvelles du monde contemporain, grâce à la section Ici et ailleurs où sont montrées des films à venir. Avec de très belles réussites comme, entre autres, Suzanne, le second film (après Un poison violent) de Katell Quillévéré, Un château en Italie de Valéria Bruni-Tedeschi (qui boucle en beauté et en drôlerie sa trilogie plus ou moins autobiographique) Tel père tel fils de Hirokazu Kore-eda (après Still walking ou Nobody knows), A touch of sin de Jia Zhang-Ke (Still life) et un premier film ita-

lien très étonnant, Salvo de Fabio Grassadonia et Antonio Piazza. Mais le plus beau, le plus grand, le plus fort, est venu des deux documentaires dans lesquels Claude Lanzmann et Rithy Panh poursuivent leur exploration exemplaire de la tragédie génocidaire. Dans Le Dernier des injustes Claude Lanzmann ajoute un chapitre à l’œuvre de toute sa vie. Depuis Shoah, il continue à utiliser l’immense matériau accumulé pour développer dans de nouveaux films, des aspects restés dans l’ombre de l’œuvre initiale. Utilisant une interview de B. Murmelstein, le dernier « doyen des juifs » du camp de Theresienstadt, il passionne mais émeut aussi par sa double présence à l’écran (en 1975 lors de l’interview et aujourd’hui dans les lieux mêmes) qui accentue la sensation testamentaire et bouleversante. Après S-21, la machine de mort khmer rouge ou Duch, le maître des forges de l’enfer, Rithy Panh monte encore une marche. Prolongeant son magnifique livre L’Élimination, L’Image manquante raconte l’enfance du cinéaste, déporté dans les camps où toute sa famille succomba. Écrit à la première personne, le film est plus intime. Partant à la recherche d’une image inexistante, celle du génocide, le cinéaste évoque avec une très grande intelligence et une émotion puissante ce qui ne peut se montrer, L’Image manquante est de ces films dont on a l’impression de sortir changé, c’est dire son caractère exceptionnel. JF

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ntre autres points communs, les trois « grandes religions monothéistes » semblent promouvoir une haine ou une peur des femmes dont on pourrait bien se demander où elle prend sa source. Qu’est-ce qui peut bien à ce point traumatiser les hommes pour qu’ils aient éprouvé le besoin d’inventer toutes sortes de règles rivalisant d’absurdité et de cruauté pour empêcher une moitié d’humanité de jouir des mêmes droits que les hommes (quand il ne s’agit pas de l’empêcher de jouir, tout court) ?

Nos écrans ont vu ces derniers temps arriver plusieurs films fraîchement débarqués d’Afrique du Nord ou d’un Orient plus ou moins moyen, plus ou moins lointain, mais qui avaient en commun de mettre l’accent sur la situation faite aux femmes ou aux filles (Wadjda, Millefeuille, pour n’en citer que deux…). Aussi peut-il s’avérer salutaire de voir Electrick children, dont l’action se tient en grande partie dans une famille mormone (donc, chrétienne) d’assez stricte obédience et d’en déguster l’absurde jeu de massacre auquel se livre la réalisatrice. Regardons-y d’un peu plus près… Rachel vient d’avoir 15 ans, vit dans une famille très religieuse et, au moment de prêter le serment de ses 15 ans, découvre l’existence de ce qui est pour elle le comble de l’exotisme : un magnétophone à cassette. Curieuse de ré-entendre sa voix, elle se glisse dans la cave où l’objet maléfique est archivé… et tombe, horresco referens, sur une cassette de musique. Quelques semaines plus tard, comme elle s’aperçoit qu’elle est enceinte, elle attribue la paternité

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Vos critiques

de cet enfant à la voix du chanteur de la cassette… Bizarrement, dans une famille où l’on croit dur comme fer à la littéralité des évangiles, personne ne saute de joie à l’idée que Rachel soit une nouvelle Immaculée Conception… Rachel et son frère vont alors fuir cette communauté et partir pour Las Vegas dans l’idée parfaitement absurde de retrouver le chanteur dont la voix serait le père de l’enfant qu’elle porte. Bien entendu, Electrick Children n’est pas Millefeuille, n’est pas non plus Wadjda. Le propos ici n’est pas militant et la part laissée à la poésie, à une certaine forme d’absurde l’emporte de très loin sur la dénonciation ou même sur le questionnement. Mais, même si la réalisatrice1 préfère nous entraîner dans un univers aux limites de l’onirisme, même s’il n’y a pas de dénonciation frontale de cette oppression honteuse, on ne peut que frémir devant l’aliénation qui, ici comme ailleurs, est imposée à la communauté dans son ensemble, mais aux femmes encore plus particulièrement. Ici comme ailleurs, c’est bien sûr la femme, cette pécheresse-née, qui se doit d’être responsable du trouble jeté dans la communauté, de l’opprobre qui ne saurait manquer de rejaillir sur la famille. Et, encore une fois, on se prend à se demander quelle trouille viscérale, quelle angoisse dévorante pousse les hommes à devoir charger les femmes de la responsabilité de leurs propres errements. ER

FRANCES HA de Noah Baumbach

METRO MANILA de Sean Ellis

Un film en suspens (et sans suspense, du coup…) Une jolie performance d’actrice, des dialogues souvent assez drôles. Un beau noir et blanc. Au final, 1h26 d’intimité avec un personnage touchant mais que l’on ne comprend jamais tout à fait… Et un titre qui ne s’explique que dans le tout dernier plan du film (je dis ça pour les curieux, qui, au lieu de regarder le film, passeraient leur temps à se demander : « Mais pourquoi Frances HA, alors que l’héroïne ne s’appelle pas ainsi ? » Jérémie Aka

Excellent polar tragique à moteur social sur fond de mondialisation et de criminalisation de l’économie. Bien pensé. Hervé RIGAULT

Étonnant petit film porté par une certaine grâce et une grande élégance. Le personnage principal aurait tout pour nous irriter (immature, assez égocentrique) et pourtant, cette Frances parvient à nous toucher et nous émouvoir. Fanny H

A VERY ENGLISHMAN de Michael Winterbottom Toujours imprévisible, M. Winterbottom passe en mode biopic pour nous emmener (avec élégance, tendresse et humour) sur les terres du graveleux. Et, derrière l'apparente truculence du personnage principal, se cache non pas seulement le vice que dénoncent ses ennemis, mais aussi une forme de désespoir social. Comme il a le bon goût de ne pas forcer l'empathie avec l'assez peu recommandable arriviste dont il dresse le portrait, on regarde cela avec beaucoup de plaisir et d'amusement. (...) Yossarian Heller Rubrique réalisée par RS

Texte site

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interférences Electrick Children, Millefeuille, Wadjda

RÉ-ABONNEZ-VOUS PAR CORRESPONDANCE Pour éviter les files d’attente lors de la rentrée, vous pouvez vous réabonner par correspondance. Envoyez le coupon ci-dessous accompagné de : • Un chèque à l’ordre de l’EST de – Tarif plein . . .€ . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19,50 € • TARIF PLEIN : 19 – Moins de 12 ans . . . . . . . . .ans, . . . . . apprentis, . . . . . . . . . . . . .étudiants . . . 8,00 €et seniors) • TARIF RÉDUIT : 12 € (18-26 – 12-17 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,50 € • TARIF RÉDUIT : 9,00 € (bénéficiaires minima sociaux, RSA, chômeurs) – 18-26 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12,50 € • TARIF Jeune public (– 12 ans) : 7,00 € – Minima sociaux, chômeurs . . . . . . . . . . . . . . . . . 9,00 € • TARIF DE SOUTIEN : 26 € – Retraité(e) + 60 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14,00 € – Tarif de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28,00 € • Une photo d’identité récente avec votre nom au verso. • Une enveloppe timbrée à vos nom et adresse. • Une photocopie du justificatif pour les tarifs réduits (obligatoire).

NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PRÉNOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ADRESSE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Téléphone : .

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Profession : (facultatif) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 1 Elle

s’appelle Rebecca Thomas… j’attends déjà son prochain film avec autant d’impatience qu’après avoir découvert Jeff Nichols…

Les Studio vous feront parvenir votre carte pour la saison 2013/2014 qu’il faudra faire oblitérer à l’accueil lors de votre première venue. Les cartes cafétéria (3 €) et bibliothèque (3 €) sont en vente l’une à l’accueil, l’autre à la bibliothèque.

ENVOI à : STUDIO ABONNEMENTS – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS n°215 – juillet/août 2004

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