30.04 au 27.05 2014

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°323 • mai 2014

Sarah préfère

la courSe un film de Chloé Robichaud

Nuit des Studio 2014 : samedi 14 juin (Voir page 3)


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mai 2014 - n° 323

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La Nuit des Studio CNP

LES FILMS DE A à Z

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5 Horaires d’ouverture :

En bref

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À propos

Heimat

lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

Compte-rendu

Festival asiatique de Tours . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Courts lettrages

The Grand Budapest Hotel

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accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Interférences

Omar/Bethléem

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Rencontre

Coline Serreau

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Tél : 02 47 20 85 77

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Interférences .....

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Week-end/Arrête ou je continue/Son épouse À propos

Only Lovers Left Alive Vos critiques

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Jeune Public

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REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

FILM DU MOIS : SARAH PRÉFÈRE LA COURSE

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34

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

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(Membre co-fondateur)

GNCR

GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation du CNP et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

STUDIO S E e D T I U N 30 ma

la Nuit du ciné .. trentième !) de ! ui (o n ures à l’aube. io it éd juin de 18 he 14 i La trentième ed m sa le tiendra aux Studio se

Au programm

e:

rentes assor grâce aux diffé ge an m le à et À boire availlent avec ute l’année, tr to i, aqu ch , ns re io ai at lin ci é cu e a sa spécialit CNP ! Chacun es, c’est l’occant ta ili m s té ci ifi éc sp s se a cune er à la fois ! er et de discut ces cinésion de dégust ent : vos connaissan er st te Et concrètem ur po ) … la Des jeux ce e s (mais pas qu matographique plus haut : vous le disions s or us al , No : ut es to ir à ra s on Côté ho h15, 1h30 et oui, nous pens it du ures, 20h30, 23 he Nu 8 e (1 de un Des films (oui, s ce ur an po 5 sé r un pass (pas mes dit que, accessibles pa e bonne aes un m ut nous nous som it m to ra ra ), se og 45 s pr 3h m la er des fil l’unité, et r 5 à s su ce is an rt sé em pa cinéma, projet id ré de vente ne sera év ut, même ! Et ) Des de la semaine e s… ir iée vr na idée ! 16 en to ss di ou pa or es n es rt tio s po e les anné Pas si e ce soir-là !) Le séances comm ment pas visibl s quels films ? partir quand ai re m ez s, uv ou po -n us ns ns vo l’i et ur 0 Po s. h3 films, diso … 17 ps ront à s de prisonnier ose en son tem er : À us ne faisons pa nc no à , no ez ez vite, chaque ch an ul ns vo us pe r, vo us vo de reveni ns-nous de ez et envisagez , Divorce à rt m tant, contento so do us ng vo Ki e Si is , Moonr contremarque. on… pas le bout de souffle demander une che, Django (n ou M La n, , e lie nn ita les l’italie x… plus (13 euros pour re… plus vieu ces : Les pass i… Vous le us Tarantino, l’aut lil an no Bi – fin a s, té nd né Cô Be on , et Max ète ur les non-ab pl po m co 19 te net aussi…), Mary lis l’a s la de né abon ir les prix e n’y est pas et tience, oix de mainten pa ch , s le ge voyez, le compt de it pa il fa s ue tte on cc ce av core sur vente à l’a e s vous décene figure pas en ière) seront en nn pa rn bo t e de ai e vr un né t de es ne i reste mai, ce qu 14 le r s patience… Le sû dè re êt io i et Stud cohue du samed voir ! . e pour éviter la 0) os 00 ch e1 e (il n’y en a qu vous pourd’avoir une plac savez déjà que us vo t, -à an st nd En atte eurer… c’e s cartes d’abon ur, b) rire, c) pl passage que de s plaisirs de e au rez : a) avoir pe ie s êm rt on m pa el la e pp à nn e Ra vent e une bo ront mises en rs que dire e dire : connaîtr nement été se vous offrir (alo 4 €. On voit qu ut et pe € 5 m 6, fil ux n €, de bo 10 ou de un ix qu’un s, ire pr pa du x oi ré au t date lemen s !) Et, pourqu et de considérab de 16 bons film la Carte été perm s-le à ceux de ite ? D er ns it… da Nu films pour ût d’entrée à la co le re eu la bonne co raient pas en ès vite, tr au n’ us i pl qu jusir is vo sa am vos e été est valable vraiment en sur Internner… La Cart ur Si vous voulez bo to e la s’a m tit m de pe co e ée t id pl ès sim e, exactemen ières br m lu em s pt le sachez qu’un tr se er t 30 rt qu’au ent droi aux en vous appo et donne égalem le el net pourrait bi nu an ! e is rt ca d’entrée. À vos sour ns sur les prix recherchées… mêmes réductio la Nuit, ER Pour l’équipe de

Les CARNETS du STUDIO

n°323

mai 2014

3


52’

CNP jeudi

ALEP SYRIE, VIVRE AVEC LA GUERRE

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RIO 2 de Carlos Saldanha

DÉBAT avec Jean-Pierre Filiu & Aytham Hakki

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46’ sans paroles

KOKO LE CLOWN

1h50’

LE TROISIÈME HOMME

lundi 19h30

14h15 17h30 19h30 21h45

dim 11h00

de Jean-Pierre et Luc Dardenne À suivre.

14h15 1h51’ 17h00 19h15 MAPS TO THE STARS 21h30 de David Cronenberg

dim 11h00

À suivre.

14h15 2h00’ 17h00 THE HOMESMAN 19h15 21h30 de Tommy Lee Jones

dim 11h00

À suivre.

14h30 1h16’ 17h15 LA CHAMBRE BLEUE de Mathieu Amalric 21h15 À suivre.

de Jasmila Zbanic

mercredi samedi dimanche

Festival Aucard de Tours

mercredi samedi dimanche

17h15 mercredi 28

CONCERT-Tequila Savate & Mojito Rangers 19h00 SQUIRMdeLAJeff NUIT DES VERS GÉANTS VF 21h00 1h30’ Lieberman

L’INCROYABLE HOMME PUMA VF 23h15 de Alberto de Martino 1h30’ 1h41’

ARTHUR NEWMAN

19h15

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PAS SON GENRE de Lucas Belvaux

www.studiocine.com

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1h52’

lundi ALEXANDRE NEVSKI 19h30 de Serguei M. Eisenstein 2e SOIRÉE FILMO-PHILO

mardi 19h45

2h28’

L’ÎLE DES MIAM-NIMAUX

2h

LA VOIE DE L’ENNEMI

SAUF lun-mar

16h00 TEMPÊTE DE BOULETTES GÉANTES 2 SAUF lun-mar de Cody Cameron

dim 11h15

40’ sans paroles

CAPELITO ET SES AMIS

INCEPTION de Christopher Nolan

14h15 1h37’ DANS LA COUR 17h15 21h15 de Pierre Salvadori

dim 11h00

14h15 1h51’ 19h00 PAS SON GENRE 21h15

16h00 SAUF lun-mar

1h57’

JOE de David Gordon Green

dim 11h00

16h00

LES NOUVELLES (MÉS)AVENTURES D’HAROLD LLOYD

SAUF lun-mar

de divers réalisateurs

11h15

dimanche

1h34’ VF

TARZAN de Reinhard Klooss

de Lucas Belvaux

dim 11h00

14h15 17h15 19h30

48’ sans paroles

3D

17h15 SAUF lun-mar

1h45’

TOM À LA FERME 21h30 de Xavier Dolan

19h45

14h30 STATES OF GRACE 19h45 de Destin Cretton

1h27

17h45 L’ÉTÉ DES POISSONS VOLANTS 21h45 de Marcela Said

de Bill Blympton

CHARLIE COUNTRYMAN

14h15

1h35’ VF

1h36’

1h17’

1h48’

2014

de Rodolfo Pastor

de Dante Ariola

LES AMANTS ÉLECTRIQUES

du 30 avril au 6 mai

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17h45 21h30

21h15

14h30 19h45

1h22’

LA BRACONNE de Samuel Rondière

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

1h48’

LA LIGNE DE 17h45 PARTAGE DES EAUX de Dominique Marchais

14h30 19h45

21h45

1h38’

UNE PROMESSE de Patrice Leconte

1h30’

APPRENTI GIGOLO 21h45 de John Turturro

de Rachid Bouchareb

1h51’

14h30

dim 11h15

dim 11h15

de Fredrik Bond

LES FEMMES DE VISEGRAD

14h15

ATELIER : mercredi

de John Lee Hancock

1h13’

14h30 19h45

mercredi samedi dimanche

16h00

DANS L’OMBRE DE MARY

DEUX JOURS, UNE NUIT

SEMAINE

de Dave et Max Fleischer

2h05’ VO

Carol Reed

1h30’

2014

1h42’ VF

de Camille Courcy

19h45 C

du 21 au 27 mai

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SEMAINE

17h30 21h30

2h00’

NIGHT MOVES de Kelly Reichardt

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

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du 7 au 13 mai

2 É

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Partenariat Cinémathèque/Studio HOMMAGE À MAURICE PIALAT

lundi 2h38’ GOGH 19h30 En présence deVAN Évelyne Jardonnet, prof. de cinéma mardi 20’ L’AMOUR EXISTE 1h43’ 19h30 SOUS LE SOLEIL DE SATAN

1h21’ VO

de Rani Massalha

40’ sans paroles

14h30 19h15 ARTHUR NEWMAN 11h00 14h30 17h00 21h15

de Rodolfo Pastor

48’ sans paroles

1h51’

PAS SON GENRE de Lucas Belvaux

dim 11h00

LA VOIE DE L’ENNEMI

dim 11h00

dim 11h15 mer-jeu sam-dim

16h00 dim 11h15 mercredi

jeudi LES NOUVELLES (MÉS)AVENTURES samedi dimanche D’HAROLD LLOYD de divers réalisateurs

Visite des cabines mercredi après la séance

16h00

mer-sam-dim

TEMPÊTE DE BOULETTES GÉANTES 2 de Cody Cameron

1h57’

JOE de David Gordon Green

de George Maas

16h00

1h35’

SARAH PRÉFÈRE LA COURSE de Chloé Robichaud

1h24’

14h15 L’ARMÉE DU SALUT de Abdellah Taia 19h45 Rencontre avec le réalisateur

3D

L’ÎLE DES MIAM-NIMAUX 17h30

de Rachid Bouchareb

14h15 1h37’ D’UNE VIE 19h30 + À L’AUTRE

SAUF lun-mar

17h30 21h30

de Pierre Salvadori

20h00 C

I

N

sport et homophobie SPORT ET HOMOSEXUALITÉ, C’EST QUOI LE PROBLÈME ? 50’

de Michel Royer

DÉBAT

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19h15

de Nils Tavernier

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1h21’ VO

21h15

Le film imprévu www.studiocine.com

mercredi samedi dimanche

14h15

dim 11h00

17h30

GIRAFADA de Rani Massalha

de René Clément

dimanche

11h15

1h57

dim 11h15

JOE 2h18’

NOÉ

14h15 1h48’ CHARLIE COUNTRYMAN 19h30 de Fredrik Bond

dim 11h00

14h30

1h51’

PAS SON GENRE de Lucas Belvaux

17h00

de Darren Aronofsky

21h30

SARAH PRÉFÈRE LA COURSE

17h30 21h30

1h35’

de Chloé Robichaud

1h41’

ARTHUR NEWMAN 17h45

Rencontre avec le réalisateur, dim 11h00 mercredi 14 mai, après la séance de 19h45

14h15 19h15

de Dante Ariola

21h45

1h24’

L’ARMÉE DU SALUT 21h30 de Abdellah Taïa

LA VOIE DE L’ENNEMI de Rachid Bouchareb

1h37’

DANS LA COUR de Pierre Salvadori

14h30 19h30

17h30

de David Gordon Green

2h

2h00’

NIGHT MOVES

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PLEIN SOLEIL

1h37’

DE TOUTES NOS FORCES

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À PARTIR DU 16 MAI 14h15 1h16’ 17h15 19h15 LA CHAMBRE BLEUE 21h15 de Mathieu Amalric

de Patrice Leconte

de Kelly Reichardt

1h30’

A

1h38’

21h45

DANS L’OMBRE DE MARY de John Lee Hancock

14h30 1h36’ LA BELLE VIE de Jean Denizot 19h45

UNE PROMESSE

2h05’ VF

2h

lundi 19h30

2014

avec un intervenant spécialisé

19h30

17h45 STATES OF GRACE 21h45 de Destin Cretton

1h37’

DANS LA COUR

CNP jeudi

du 14 au 20 mai

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1h36’

vendredi 9 mai, après la séance de 19h45.

17h15 21h15

14h15 16h00

mer-jeu-sam-dim

1h35’ VF

14h30 2h 17h15 19h30

14h15 19h45

CAPELITO ET SES AMIS

de Dante Ariola

SEMAINE

mer-jeu-sam-dim

GIRAFADA

1h41’

dimanche

2014

D’UNE VIE À L’AUTRE de Georg Maas

21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


jeudi 15 mai – 20h00

jeudi 22 mai – 19h45

Le CNP, Le Centre LGBT de Touraine, La LDH 37, Osez le féminisme ! 37, Collectif Féminisme / Droits des Femmes du PCF proposent :

Le CNP, AAVS (Association d’Aide aux Victimes en Syrie), le NPA, Amnesty International proposent :

Sport et homophobie « J’étais énervé en première mi-temps, on jouait comme des tapettes » , Tony Parker, au micro de Canal Plus, après la victoire des bleus contre l’Espagne, en demi-finale de l’Euro de basket, le 21 septembre 2013. Après coup, le champion s’est excusé : « Je m’excuse auprès de la communauté gay. Je ne voulais pas l’affecter. Je regrette ce que j’ai dit. C’est pas bien. Ce n’était pas dans mon intention de blesser ». Tous ces propos sont révélateurs de l’homophobie ordinaire qui existe dans le milieu sportif et de sa banalisation. Nous sommes bien au cœur de la question du vivre ensemble. Comment apprendre le respect de l’autre et de ses différences ? Comment faire reculer les stéréotypes qui concernent aussi bien les femmes que les hommes ? C’est le débat… FILM : Sports et homosexualités: c’est quoi le problème? réalisé par Michel Royer (France - 2010 – 50’)

DÉBAT avec un intervenant spécialisé.

Syrie : silence, on tue ! Le conflit en Syrie ; un sujet complexe dont tout le monde parle beaucoup, mais que trop peu maîtrisent. Entre propagande qui nie la réalité et politique de désinformation, il est difficile de se faire une idée réelle des combats humains et politiques. La Révolution syrienne est l’histoire d’un soulèvement populaire pacifique qui débuta durant les Printemps arabes et qui, après trois ans de combats, a déjà fait plus de 140 000 morts. C’est un véritable massacre qui s’opère, pourtant la communauté internationale, (y compris les occidentaux) reste indubitablement silencieuse et passive. Pourquoi ? Quels sont les intérêts et les enjeux de ce conflit ? Une soirée pour rétablir quelques vérités. FILM : Alep. Syrie, vivre avec la guerre de Camille Courcy (France - 2013 - 52’).

DÉBAT avec Jean-Pierre Filiu, professeur de Sciences Politiques à Paris, ancien diplomate, et Ayham Hakki, conférencier franco-syrien, observateur politique et géopolitique.

Soirée Filmo-Philo – Mardi 6 mai à 19h45 Inception, sorti en 2010, est un film écrit et réalisé par Christopher Nolan. Il met en scène Dominic Cobb (Leonardo Di Caprio), le chef d’un groupe de mercenaires s’introduisant dans l’esprit des gens par le biais des rêves pour leur dérober leurs secrets. Ils pratiquent ainsi une forme inédite d’espionnage industriel. Un client formule une demande singulière : réaliser non pas l’extraction d’une idée mais son « inception », autrement dit son implantation dans l’esprit de la personne ciblée. Avec Inception, Nolan reprend des thèmes qui lui sont chers et qu’il a déjà abordés

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– Les CARNETS du STUDIO

n°323

mai 2014

dans Memento, Le Prestige ou Insomnia, en particulier la fragilité de la frontière entre la réalité et l’illusion (qu’elle vienne du rêve, de la prestidigitation, de l’hallucination ou de l’imprécision d’un souvenir). Tout en proposant une réflexion sur l’expérience cinématographique elle-même, il rejoint ainsi une tradition littéraire et philosophique riche et reprend à son compte la question : Au nom de quoi privilégierait-on une réalité désespérante plutôt qu’une illusion réconfortante ? Que ne serions-nous pas prêts à sacrifier pour accéder au bonheur ou le conserver ?


Mercredi 28 mai 2014 radio béton 93.6 présente :

La SOIREE CINEMA BIS du festival Aucard de tours avec nanarland.com 19h Tequila Savate et Mojito rangers, CONCERT GRATUIT dans la cour des Studio, duo de rock primitif et catcheurs mexicains en tenue... 21h Squirm-La Nuit des vers géants 1976 USA de Jeff Lieberman VF 1h30

Imaginez une petite ville du fin fond du sud des USA peuplée de rednecks pas tres futés… Imaginez qu’une tempête abatte une ligne de haute tension et que le courant se répande dans la terre… Imaginez que cet évènement déclenche la haine de millions de lombrics (pas du tout géants) envers ces habitants… Imaginez que c’est totalement inimaginable, avec en prime les premiers effets spéciaux du maitre Fx de Star Wars, Rick Baker…

23h15

L’Incroyable homme puma

1980 Italie de Alberto de Martino VF 1h30

Comme tous les blockbusters du cinema US, le film Superman a eu droit a sa séquelle made in Italy... Ce qui nous donne un trésor culte du nanar : tout y est ridicule, du scénario aux décors, des costumes aux dialogues, des comédiens à la musique, des effets spéciaux aux scènes d’action… « Une amplitude de force 4,5/5 sur l’échelle Lambert-Van Damme du nanar» dixit Nanarland… Chaque séance sera précédée et suivie des cuts Nanarland.com

le PASS 2 séances : 9,80 € ou 8 € pour adhérents Studio, en vente a partir du 14 mai.

Partenariat Cinémathèque/Les Studio

Hommage à Maurice Pialat Cinéaste à l’indépendance farouche, en perpétuel refus des compromissions, Maurice Pialat est l’auteur d’une grosse dizaine de longs métrages qui n’ont jamais laissé public et critiques indifférents. Directeur d’acteurs hors normes, on lui doit aussi la superbe découverte de Sandrine Bonnaire (À nos amours, 1983). Intraitable, il fait scandale à Cannes lorsque, allant chercher sa Palme d’or (Sous le soleil de Satan) il renvoie à ceux du public qui le sifflaient : « Je ne vous aime pas non plus ! ». Il a souvent traité l’intime avec excès (presque sa marque de fabrique) et a toujours su obtenir de ses acteurs et actrices un dépassement total... LUNDI 12 MAI-19h30 MARDI 13 MAI-19h30

Van Gogh

L’Amour existe

France – 1991 – 2h35, avec Jacques Dutronc, Gérard Séty, Elsa Zylberstein...

France – 1960 – 21’, avec Jean-Loup Reynold

À sa sortie de l’asile de St Rémy, Van Gogh se rend à Auvers-sur-Oise, où il est accueilli par le docteur Gachet et sa fille. Leurs attentions et leurs soins ne semblent pas venir à bout des démons intérieurs du peintre... Ni biographie ni hagiographie, Van Gogh est une nouvelle tentative de Pialat de pénétrer au plus intime des tourments humains...

Avec la participation de Evelyne Jardonnet, professeur de cinéma, spécialiste de Maurice Pialat.

Court métrage très primé (prix Louis Delluc, Lion St Marc à Venise et prix Louis Lumière !) ce film rarement vu en salles depuis lors, L’Amour existe est porté par une voix qui nous emmène de Paris en banlieue, de terrains vagues en terrains de jeux, avec une certitude : l’humain doit avoir sa chance dans un monde brutal, sa chance de se développer… ER Les CARNETS du STUDIO

n°323

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Sous le soleil de Satan France – 1987 – 1h43, avec Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Maurice Pialat…

Donissan est un prêtre sujet aux visions, tenté par Satan ; les relations qu’il entretient avec Mouchette, une jeune femme qui a eu de nombreux amants et a tué l’un d’entre eux,

sont très troubles ; aspirant à la sainteté, Donissan croit pouvoir sauver l’âme de la jeune femme... Cette Palme d’or nous offre l’occasion aujourd’hui de nous souvenir que Depardieu fut un immense acteur et que Pialat était lui aussi excellent à l’écran ! ER

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE MAI

2014 :

• Intermodulation de Bill Evans-Jim Hall (studio 1-2-4-5-6) • Luzia de Paco de Lucia (studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

A

Apprenti Gigolo

USA – 2014 – 1h30, de John Turturro,avec John Turturro, Woody Allen, Vanessa Paradis, Sharon Stone…

Murray, vendeur de livres en faillite, septuagénaire, arrive à convaincre son ami Fioravante, fleuriste quinquagénaire, de devenir le gigolo de fortunées New-Yorkaises. Murray sera son mac, rabatteur de jolies recrues. Le film est drôle et sans vulgarité, et c’est l’amour que Fioravante va découvrir, à travers ce métier improbable. Pour la petite histoire, John Turturro (excellent acteur chez les frères Coen, chez Spike Lee avait parlé de ce scénario à son coiffeur, qui avait comme autre client… Woody Allen. C’est ainsi que les deux réalisateurs se sont retrouvés autour de ce projet, et cela fonctionne on ne peut mieux : la première demi-heure nous replonge dans l’humour allenien de l’époque de Annie Hall avant que le film ne bifurque vers des directions plus graves et parfois même plus tendres...

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– Les CARNETS du STUDIO

n°323

mai 2014

Une vraie réussite pour cette comédie érotique et touchante, qui n’en est pas tout à fait une tout en étant plus, bien plus, même... ER

L’Armée du salut France – 2014 – 1h24, d’Abdellah Taïa, avec Saïd Mrini , Karim Aït Mhand…

Ce premier film, adapté du roman autobiographique que le réalisateur a publié en 2006, raconte la vie d’Abdellah, un adolescent qui se découvre attiré par les hommes, dans un quartier populaire de Casablanca, au milieu du cocon chaleureux d’une famille nombreuse, avec une mère autoritaire, un père absent et un grand frère qu’il admire et aime passionnément d’un amour impossible... À travers la découverte du désir par cet adolescent timide, ce film sélectionné à la Mostra de Venise et qui a reçu le Prix du Jury du festival Premiers plans d’Angers, aborde avec poésie et sensibilité un sujet encore tabou au Maroc : l’homosexualité.


Un premier film réussi qui doit beaucoup aux très belles images d’Agnès Godard. Il a reçu Le Prix de Flore en 2010 pour le très beau roman Le Jour du roi. DP Vendredi 9 mai, rencontre avec Abdellah Taïa, réalisateur, après la séance de 19h45.

Arthur Newman USA – 2013 – 1h41, de Dante Ariola, avec Colin Firth, Emily Blunt, Lucas Hedges. . .

Ne supportant plus sa vie, Wallace Avery décide d’en changer. Il met en scène sa propre mort, change d’identité en devenant Arthur Newman, un homme neuf, et se glisse dans la peau d’un golfeur professionnel. Sur sa route, il trouve Michaela Fitzgerald, sans connaissance, au bord de la piscine d’un motel. Quelle est la véritable identité de cette jeune femme, se demande Wallace ? Ces deux êtres vont faire connaissance, s’accepter et vivre une même vie, mais jusqu’où ? Pour son premier long métrage, Dante Ariola a choisi deux acteurs anglais, Colin Firth et Emily Blunt qui ont dû travailler l’accent américain. Ce n’était pas la première fois que Colin Firth travaillait sa voix. Souvenez-vous de lui : il interpréta magistralement le Roi bègue George VI dans Le Discours d’un roi. Sources : dossier de presse.

B

La Belle vie

France – 2014 – 1h33, de Jean Denizot, avec Zacharie Chasseriaud, Solène Rigot, Nicolas Bouchaud...

Depuis dix ans qu’il les a enlevés et soustraits à leur mère, suite à une décision de justice, Yves vit dans la clandestinité avec ses deux fils, Sylvain et Pierre. Cachés près de la Loire, les garçons sont devenus grands ; les rêves d’adolescents, les premiers émois amoureux, le besoin de rencontres, de partages se font prégnants...

Même si le scénario est inspiré d’une histoire vraie, le réalisateur n’a pas privilégié l’approche documentaire. Au contraire, cette cavale romanesque met en avant la beauté des paysages et une vision subtile et touchante sur la question du passage à l’âge adulte. Le suspense est tendu mais le film sait aussi être drôle et émouvant. Pour ce premier long-métrage très réussi, Jean Denizot allie la beauté de la mise en scène à une atmosphère haletante où tout semble possible. La Belle vie tient les promesses de son titre : c’est un beau film. JF Mercredi 14 mai, Ciclic et les cinémas Studio proposent une rencontre avec Jean Denizot, réalisateur, après la séance de 19h45.

La Braconne

France – 2014 – 1h22, de Samuel Rondière, avec Patrick Chesnais, Rachid Youcef…

Driss, jeune délinquant immature, frimeur et naïf, croise la route de Dany, un vieux de la vieille dans l’arnaque en tout genre. Ce dernier, fatigué, en bout de course et poursuivi par des truands impitoyables, prend sous son aile le jeune Driss et lui apprend les ficelles du métier. Ce premier film, tourné dans le décor très typé d’une ZAC de la banlieue tourangelle, montre sans complaisance le quotidien minable de petits malfrats poussés à la violence pour survivre. Les deux acteurs qui forment ce duo improbable, sont formidables : le jeune Rachid Youcef est étonnant et Patrick Chesnais, impérial, semble très à l’aise dans un genre de rôle qu’on ne lui connaissait pas. Film à l’esthétique épurée, d’une liberté d’esprit loin des clichés, tourné et joué sans esbroufe, La Braconne est une belle surprise. SB

Les fiches signées correspondentà des films vus par les rédacteurs. Les CARNETS du STUDIO

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C

Capelito et ses amis Voir pages Jeune Public

La Chambre bleue

France – 2013 – 1h16, de Mathieu Amalric, avec Mathieu Amalric, Léa Drucker, Stéphanie Cléau…

Adaptation du roman éponyme de Georges Simenon (1964), La Chambre bleue raconte une relation charnelle menant au crime passionnel. Julien Gahyde est accusé d’avoir empoisonné son épouse Delphine après avoir promis à sa maîtresse, Esther, de partager sa vie avec elle. Le film est construit en deux parties, l’interrogatoire judiciaire et la réalité rétrospective des faits. La recherche de réalisme et de vérité a conduit le metteur en scène aussi bien à essayer de cerner au plus près les vertiges de la passion qu’à tourner dans des lieux réels, avec les conseils de vrais gendarmes, d’un juge d’instruction et d’une greffière qui jouent leur propre rôle à l’écran. Entre Tournée et son projet toujours incertain d’adapter Le Rouge et le Noir, Mathieu Amalric a voulu tourner, à partir d’un roman qui l’a toujours fasciné, un vrai polar de série B rapide, tendu, efficace. Sources : dossier de presse.

Charlie Countryman

USA – 2014 – 1h48, de Fredrik Bond, avec Evan Rachel Wood, Mads Mikkelsen, Shia Labeouf…

Après la mort tragique de sa mère, Charlie est victime d’une hallucination : celleci lui dit d’aller à Bucarest, mais il confond avec Budapest… Et, après déjà trois morts, nous voilà entraînés au cœur de la mafia roumaine à un rythme

effréné : séductrice sulfureuse, dont l’ex est un dangereux criminel, trafics de drogue, overdoses de Viagra, scènes de violence, humour décalé… Déjà avant sa présentation au festival de Berlin, le film avait mis internet à feu et à sang avec une première bande-annonce non-censurée… Si la critique est divisée, nombreux sont très fans : « Construisant son récit sur un ton quasi prophétique, le scénario interroge sur ce qui vaut la peine d’être vécu, et invite à aimer au bon moment, quitte à risquer sa vie… Le film fleure bon l’œuvre culte… Il charrie une furieuse envie de cinéma et une nécessité de vivre... vite. » Abus de ciné.com Sources : dossier de presse festival de Berlin

Dans la cour

France – 2014 – 1h37, de Pierre Salvadori, avec Catherine Deneuve, Gustave Kervern, Feodor Atkine…

Un chanteur, la quarantaine, fatigué de sa vie, décide de tout quitter et trouve un petit emploi de gardien d’immeuble. Mathilde, jeune retraitée, s’investit à fond dans les œuvres caritatives en délaissant son mari. Suite à la découverte d’une fissure dans son appartement, elle est persuadée que l’immeuble va leur tomber sur la tête. Un couple surprenant se forme : dans la cour, deux âmes se reconnaissent. Après avoir été l’auteur de nombreuses comédies à la fois hilarantes et saluées par la critique, Pierre Salvadori a délaissé le registre purement comique pour cette comédie dramatique sur l’amitié, les choix de vie, les crises existentielles et la vieillesse… « C’est même un film très sombre. Même s’il est également drôle, je

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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l’espère, ce n’est pas une comédie, plutôt une chronique, comme pouvait l’être Les Apprentis… » Face à un Gustave Kervern bouleversant, Catherine Deneuve rayonne, avec de superbes éclipses dépressives. Pierre Salvadori semble avoir de nouveau frappé juste. Sources : toutelaculture.com – clap.ch

Filmographie : Cible émouvante (93) – Les Apprentis (95) – Comme elle respire (98) – Après vous (03) – Hors de prix (06) – De vrais mensonges (10)

Dans l’ombre de Mary Voir pages Jeune Public

De toutes nos forces

France-Belgique – 2013 – 1h30, de Nils Tavernier, avec Jacques Gamblin, Alexandra Lamy, Fabien Héraud…

Julien, infirme moteur cérébral, a 18 ans et rêve d’aventures et d’exploits, ce qui n’est guère plausible en étant figé dans un fauteuil roulant. Il met au défi un père qui, jusqu’alors, ne s’était guère occupé de lui : pourquoi ne pas tenter le triathlon Ironman de Nice ? Celui-ci refuse, puis se laisse happer par le projet, ainsi que sa femme. Deuxième long-métrage sensible et réaliste de Nils Tavernier, présenté au Festival du film de Sarlat, ce film émouvant trace en profondeur la relation entre un père et son fils handicapé et la reconstruction d’une famille, autour d’un exploit improbable. Sources : dossier de presse.

Deux jours, une nuit

France-Belgique – 2013 –1h30, de Jean-Pierre et Luc Dardenne, avec Marion Cotillard, Fabrizio Rongione, Olivier Gourmet…

Sandra est sur le point de perdre son emploi, et n’a plus d’autre choix que

d’aller convaincre ses collègues de renoncer à la prime qui leur est promise. Elle n’a pour délai qu’un seul week-end... Dans cette lourde tâche, elle sera épaulée par son mari. Après le très beau Le Gamin au vélo, qui avait obtenu le Grand prix à Cannes l’année de sa sortie (2011), les frères Dardenne reviennent avec un neuvième long métrage de fiction (tourné principalement en Belgique), dont on ne sait pas grand chose, si ce n’est que sa sortie est annoncée pour le 21 mai, soit au même moment que les festivités de la Croisette... L’occasion d’une sélection en compétition ? Ce serait une jolie nouvelle pour les frères belges, duo primé à deux reprises par la très reconnue Palme d’or (Rosetta en 1999 et L’Enfant en 2005) et dont on connaît l’immense talent de directeurs/ découvreurs d’acteurs (on leur doit les premiers grands rôles de Jérémie Rénier, Emilie Dequenne et Olivier Gourmet, rien que ça !) ainsi qu’un sens de l’humain très aiguisé... Sources : allocine.fr

D’une vie à l’autre

Allemagne/Norvège – 2011 – 1h37, de Georg Maas, avec Juliane Köhler, Liv Ullmann, Sven Nordin…

Europe 1990, le mur de Berlin est tombé. Après avoir grandi en Allemagne de l’Est, Katrine vit en Norvège depuis vingt ans. Née d’une relation entre une Norvégienne et un soldat allemand pendant la Seconde Guerre Mondiale, elle a été placée dans un Lebensborn, orphelinat réservé aux enfants aryens. Des années plus tard, elle réussit à s’échapper de la RDA pour rejoindre sa mère. Lorsqu’un avocat lui demande de témoigner au nom

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de ces « enfants de la honte » au cours d’un procès contre l’État norvégien, curieusement, elle refuse. Peu à peu, des secrets enfouis refont surface, dévoilant le rôle de la Stasi – les services secrets de la RDA – dans le destin de ces enfants. Alors pour Katrine et ses proches, est-ce leur vie construite ensemble ou bien le mensonge sur lequel elle repose qui est le plus important ? Après des courts métrages, des documentaires et NeuFundLand (2003), son premier long métrage de fiction, Georg Maas s’inspire du livre éponyme écrit par Hannelore Hippe. D’une vie à l’autre aborde un sujet sensible, se fondant sur des faits historiques réels. Représentant l’Allemagne aux Oscars, cette œuvre passionnante a notamment reçu le Prix de la meilleure actrice au Festival de St-Jeande-Luz. Sources : dossier de presse.

E

L’ÉtéChili des poissons volants – 2013 – 1h35, de Marcela Said, avec Gregory Cohen, Francisca Walker...

Fille d’un riche propriétaire foncier, Manena est une adolescente qui découvre, au cours d’un été, ses premiers émois mais aussi un monde qui existe silencieusement dans l’ombre du sien : celui des Indiens Mapuche qui revendiquent l’accès aux terres et s’opposent à son père... Sans faire de bruit, par touches impressionnistes, Marcela Said donne l’impression d’avancer sur la pointe des pieds. Au sein d’une nature luxuriante et quasi fantastique sur laquelle plane une odeur de mort, la réalisatrice pose un regard tout autant acéré que délicat. D’une grande finesse d’écriture et loin de tout cliché,

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L’Été des poissons volants ne montre jamais frontalement la violence, mais est néanmoins d’une force peu commune. De plus, picturalement somptueux, il parvient à dire des choses très justes sur les rapports de classe ou l’adolescence entre autres. Un film d’apparence humble mais qui se révèle éclatant au final. JF

LesBosnie Femmes de Visegrad – 2013 – 1h13, de Jasmila Zbanic, avec Kym Vercoe, Boris Isakovic…

Kym, une jeune femme australienne, vit de magnifiques vacances d’été dans les Balkans : la mer est belle, il fait beau, les gens sont accueillants. En visitant l’intérieur de la Bosnie, elle se retrouve dans un étrange hôtel où des événements dramatiques se sont déroulés durant la guerre. Elle se balade avec sa caméra et finit par se faire repérer par la police qui décide de l’interroger… Les Femmes de Visegrad est le fruit d’une belle rencontre entre l’actrice-écrivaine Kym Vercoe et la réalisatrice Jasmila Zbanic (Ours d’or pour Sarajevo mon amour en 2006 – Le Choix de Luna 2010). Après un séjour troublant en Bosnie, Kym écrit une pièce de théâtre assez intimiste que Jasmila verra plus tard en DVD. Bouleversée, elle décide de tourner un documentaire avec Kym mais devant les réticences des autorités et des habitants, elles se tournent vers une fiction, Kym y jouant son propre rôle. Voyage dans les tréfonds de la douleur et de ses non-dits, hommage aux 200 femmes musulmanes victimes des commandos serbes, ce film salutaire rappelle avec talent que les décors de carte postale peuvent cacher des actes d’une terrifiante barbarie. Sources : telerama.fr – avoir-alire.com

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G I K J

Girafada Voir pages Jeune Public

L’Île des Miam-nimaux 2 Voir pages Jeune Public

Koko, le clown Voir pages Jeune Public

Joe

USA – 2013 – 1h57, de David Gordon Green, avec Nicolas Cage, Tye Sheridan...

Dans une petite ville du Texas, Joe Ransom, la cinquantaine, tente d’oublier son passé en ayant la vie de monsieur toutle-monde : le jour, il travaille pour une société d’abattage de bois. Mais la nuit, son goût pour l’alcool et la bagarre reprennent souvent le dessus. Gary Jones, un gamin de quinze ans né dans la misère, cherche un travail pour faire vivre sa famille. Quand leurs chemins se croisent, Joe, l’homme sans avenir, va offrir sa chance à Gary... À l’origine, un extraordinaire livre de Larry Brown et à l’arrivée une adaptation qui semble réussie et très bien accueillie dans de prestigieux festivals tels que Toronto ou Berlin. Réalisé par David Gordon Green (dont on a pu apprécier Prince of Texas au mois d’octobre dernier), Joe offre, enfin, un retour en beauté à Nicolas Cage. Et il est accompagné dans le rôle de Gary par Tye Sheridan l’adolescent impossible à oublier si on a vu Tree of life ou Mud.

L

La Ligne de partage des eaux France – 2013 – 1h48, documentaire de Dominique Marchais.

La Ligne de partage des eaux s’inscrit

dans le périmètre du bassin versant de la Loire, de la source de la Vienne, sur le plateau de Millevaches, jusqu’à l’estuaire. Cet espace irrigué s’étend bien au-delà de la Loire elle-même, comprenant aussi les zones d’activités et les zones humides, les fossés et les autoroutes, les chantiers… Car l’eau est partout, dans les nappes, dans l’air, se métamorphosant et reliant les territoires entre eux, dans une interdépendance. Après Le Temps des grâces (2009), une enquête sur le monde agricole français, premier volet Histoire d’un diptyque sur la France rurale, D. Marchais livre ici la partie Géographie. Cette ligne de partage des eaux désigne une ligne à la fois géographique, entre bassins versants, et politique, reliant des groupes et des individus. Avec un film ouvert, le réalisateur espère « décalcifier les habitudes de pensée » sur une question intéressant toute une communauté ayant en partage l’eau, un territoire, un paysage… Sources : dossier de presse, festival-entrevues.com, senscritique.com.

Maps To The Stars

USA – 2014 – 1h51, de David Cronenberg, avec Robert Pattinson, Julianne Moore, John Cusack, Mia Wasikowska...

M

La famille Weiss fait partie de la dynastie hollywoodienne typique : le père, Stafford, est un ancien coach, qui a fait fortune avec ses livres de développement personnel. La mère, Cristina, pousse la carrière de leur fils de treize ans, Benjie, un enfant star qui vient de terminer une cure de désintoxication commencée déjà quatre ans plus tôt. La sœur, Agatha, vient, elle, de purger une peine de prison pour pyromanie et s’est liée d’amitié avec Jérôme, un chauffeur de limousine qui veut devenir acteur... Les CARNETS du STUDIO

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Le grand David Cronenberg s’attaquant à Hollywood et à l’obsession de la célébrité, ça fait saliver et, comme aucune info n’est parue au jour de la rédaction de cette fiche (le film concourant au festival de Cannes), tous les rêves sont permis. Et qui a dit que David Cronenberg n’avait pas d’humour ? Après avoir enfermé Robert Pattinson dans une limousine dans Cosmopolis, il en fait aujourd’hui un chauffeur. Sources : dossier de presse

N

Night Moves

USA – 2014 – 1h47, de Kelly Reichardt, avec Jesse Eisenberg, Dakota Fanning, Peter Sarsgaard...

Josh travaille dans une ferme biologique en Oregon. Au contact d’activistes qu’il fréquente, ses convictions écologiques se radicalisent. Déterminé à agir, il s’associe à Dena, une jeune militante, et à Harmon, un homme au passé trouble, pour exécuter l’opération la plus spectaculaire de leur vie : l’explosion d’un barrage hydroélectrique... Night Moves est à la fois un film d’actualité et un véritable thriller écologique. Les deux parties qui le composent – la préparation méticuleuse de l’action et ses conséquences – sont aussi intrigantes l’une que l’autre. Grâce à un casting impeccable, une mise en scène travaillée, une écriture et un montage de pointe ce film captivant a obtenu le Grand prix du dernier festival du cinéma américain de Deauville. Une référence ! Sources : site du festival de Deauville.

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Noé

USA 2013 - 2h18, de Darren Aronofsky, avec Russel Crowe, Jennifer Connely, Emma Watson…

On le sait depuis Pi en 1998, Aronofsky est un réalisateur à la fois ambitieux et singulier, sensible aux légendes, aux mythes, ceux-ci pouvant le mener à des abysses d’incompréhension et d’ennui, comme avec The Fountain en 2006, ou lui faire atteindre les sommets critiques et publics comme The Black Swan en 2011. Cette fois, il propose sa version de l’épopée de Noé, cet homme se voyant chargé par Dieu de construire une arche gigantesque afin de sauver sa famille et toutes les espèces animales du Déluge. Le réalisateur a envisagé cet épisode de la Bible comme une histoire vraie, mais, en raison de son aspect surnaturel, l’a traduit avec les codes de l’Heroic Fantasy. Ce parti pris esthétique ainsi que l’argumentation écologique du film ne manqueront pas de faire grincer quelques dents, mais c’est aussi cela la marque Aronofsky : ne pas laisser indifférent ! Sources : telérama.fr, Le Huffington Post, Studio CinéLive n° 58

Les Nouvelles (més)aventures d’Harold Lloyd Voir pages Jeune Public

Pas son genre

France – 2014 – 1h51, de Lucas Belvaux, d’après un roman de Philippe Vilain, avec Emilie Dequenne, Loïc Corbery…

Clément, jeune professeur de philosophie affecté à Arras pour un an, s’ennuie loin de Paris. Il tombe amoureux de Jennifer, jolie coiffeuse, dont la vie est rythmée par la lecture de romans populaires et de magazines people. Le plus beau des amours peut-il concilier Kant et Proust

P


d’un côté et les soirées karaoké avec les copines de l’autre ? Suffira-t-il à renverser les barrières culturelles et sociales ? Impossible à la lecture du scénario de ne pas penser à La Dentellière, le très beau film de Claude Goretta d’après le roman de Pascal Lainé, qui a révélé Isabelle Huppert (1977). Pourtant le ton et le point de vue sont tout autres. Lucas Belvaux observe à la loupe les liens qui peuvent se tisser entre un dandy érudit et une fille du peuple et traite cette histoire en prenant en compte les deux protagonistes. C’est avec une belle énergie que ce réalisateur aimé des Studio, change une nouvelle fois de registre…

R

T

Tarzan

Filmographie succincte : 38 témoins (2012), Rapt (2009), Un couple épatant/Cavale/Après la vie (2001)

Voir pages Jeune Public

Rio 2

USA – 2013 – 2h, de Tommy Lee Jones, avec Tommy Lee Jones, Hilary Swank, Grace Summer, Meryl Streep…

Voir pages Jeune Public

S

quillement son travail et sa vie privée, l’arrivée d’une nouvelle jeune fille dans le centre va jeter le trouble et la déstabiliser… En 2008, Destin Cretton avait déjà réalisé un court métrage du même nom, inspiré de son passé d’éducateur spécialisé. States of Grace, premier long métrage, a remporté pas moins de trois Prix du public et Brie Larson a reçu le Prix de la meilleure interprétation féminine au festival de Locarno pour sa magnifique prestation. Venez la découvrir ! MS

Sarah préfère la course Film du Mois, voir au dos du carnet.

States Of Grace

USA – 2013 – 1h36, de Destin Cretton, avec Brie Larson, John Gallagher jr, Kaitlyn Dever. . .

Grace est au premier plan, à la direction d’un centre de jeunes à problèmes. Elle travaille au sein d’une équipe d’éducateurs énergiques et sensibles. Pour chaque dérapage d’un pensionnaire, Grace intervient avec fermeté et justesse. Elle est très présente et sait recueillir les confessions de chaque adolescent en détresse. Alors qu’elle semble gérer tran-

The Homesman

Arkansas, années 1860. Sous la surveillance de deux autres, une femme jugée folle doit entreprendre un long voyage vers l’Iowa. L’une d’elles, une vieille fille intraitable au caractère sérieusement trempé, comprend assez rapidement que, dans un monde aussi brutal, elles auront besoin de l’aide d’un homme lui-même aguerri à tout. Cet homme, ce sera George Briggs, mi-vagabond, misquatter. Sans trop dévoiler la suite du périple, on peut aisément imaginer que l’on va voir un mélange de western et de road movie, ce qui, déjà, peut être assez attirant, mais, surtout, ceux d’entre vous qui ont vu le prodigieux Trois enterrements (précédente réalisation de T. LeeJones), savent à quel point ce brillant acteur (No Country For Old Men, Dans la

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brume électrique) sait faire vivre les déserts, les paysages et les humains qui les traversent. Sources : dossier de presse, imdb,com

Tom à la ferme

Canada – 2014 – 1h45, de Xavier Dolan, avec Xavier Dolan, Pierre-Yves Cardinal, Elise Roy…

Un jeune publicitaire voyage jusqu’au fin fond de la campagne pour des funérailles et constate que personne n’y connaît son nom ni la nature de sa relation avec le défunt. Lorsque le frère aîné de celui-ci lui impose un jeu de rôles malsain visant à protéger sa mère et l’honneur de leur famille, une relation toxique s’amorce bientôt pour ne s’arrêter que lorsque la vérité éclatera enfin, quelles qu’en soient les conséquences. Pour son quatrième long-métrage, le jeune prodige québécois a souhaité sortir de ses « zones de confort », comme il le confie, afin d’aborder d’autres sujets et d’autres ambiances que celles liées à un amour impossible, sujet plus ou moins central de chacun de ses précédents films. Après le superbe Laurence Anyways, c’est donc dans d’autres sphères que Xavier Dolan a souhaité inscrire son film. Thriller aux scènes parfois malsaines et au dénouement inattendu, Tom à la ferme promet de révéler d’autres aptitudes du jeune cinéaste, et sans doute de confirmer un talent qui n’est plus à débattre. Sources : dossier de presse, critiques web.

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Une promesse

Belgique-France – 2014 – 1h38, de Patrice Leconte, avec Rebecca Hall, Alan Rickman, Richard Madden, Toby Murr...

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Changement de registre pour le prolifique réalisateur tourangeau qui, après un film d’animation (Le Magasin des suicides), adapte en anglais l’œuvre de Stefan Zweig, Le Voyage dans le passé. Allemagne, 1912. Un jeune diplômé, d’origine modeste, devient le secrétaire particulier d’un homme âgé et malade, patron d’une usine de sidérurgie. L’épouse de ce dernier est une femme de trente ans, belle et réservée. Le jeune homme s’éprend d’elle, sans oser révéler ses sentiments. Alors que, dans le huisclos de la demeure, couve cette passion amoureuse, le patron décide d’envoyer son protégé au Mexique, afin d’y superviser l’exploitation de mines de fer. Deux ans de séparation et une promesse de l’épouse désespérée… « J’ai cherché à être au plus près des personnages, de leurs tourments, des enjeux émotionnels très forts que Zweig décrit si bien. J’ai été heureux de tourner un film dans lequel les silences ont autant d’importance que les mots, un film peu bavard, mais où tout est dit. » Sources : dossier de presse.

La Voie de l’ennemi France – 2014 – 2h, de Rachid Bouchareb, avec Forest Whitaker, Harvey Keitel…

En liberté probatoire après 18 ans derrière les barreaux pour meurtre, Garnett, ancien membre d’un gang, tente de reprendre une vie normale. Mais le shérif Bill Agati est bien décidé à venger la mort de son adjoint…

V


Pour le 2e volet de sa trilogie américaine (après Just Like a Woman, sorti directement en DVD), le réalisateur d’Indigènes a choisi un argument minimaliste emprunté à Deux hommes dans la ville de José Giovanni, en le transposant au Nouveau Mexique où il retrouve son thème de prédilection des hommes au prises avec leur passé. Si la conversion de Garnett à l’Islam est plutôt anecdo-

tique, ce qui constitue le cœur du récit, c’est l’errance dans les limbes arides du désert de son héros, vacillant entre la rédemption et la damnation. S’il semble avoir mis de côté son militantisme, Bouchareb a su trouver en Forest Whitaker l’acteur idéal pour son western. Sources : critikat.com - filmdeculte.com

Filmographie sélective : Cheb (91) – Little Sénégal (01) – Indigènes (06) – Hors-la-loi (10)

08 92 68 37 01 studiocine.com

Sous le soleil de Satan

lundi 5 mai -19h30 Alexandre Nevski

de Serguei M. Eisenstein (1938) – URSS Noir et Blanc 1h52, avec Nicolaï Tcherkassov.

Soirée présentée par Donatien Mazany.

1987 – France Couleurs 1h43, avec Gérard Depardieu, Sandrine Bonnaire, Maurice Pialat.

lundi 19 mai -19h30 Plein soleil

de René Clément – 1959 – France Couleurs 2h, avec Alain Delon, Marie Laforêt, Maurice Ronet.

Partenariat Cinémathèque/Studio

HOMMAGE

À

MAURICE PIALAT

lundi 12 mai -19h30 Van Gogh

1991 – France Couleurs 2h38, avec Jacques Dutronc, Elsa Zylberstein, Alexandra London, Bernard Le Coq.

Avec la participation de Evelyne Jardonnet, professeur de cinéma, spécialiste de Maurice Pialat.

mardi 13 mai -19h30 L’Amour existe

lundi 26 mai -19h30 Le Troisième homme

de Carol Reed (1949) – GB Noir et Blanc 1h44, avec Orson Welles, Joseph Cotton, Trevor Howard.

Soirée présentée par Alain Bonnet.

lundi 2 juin -19h30 Ariane de Billy Wilder (1957) – USA Noir et Blanc 2h09

1960 – France Documentaire Noir et Blanc 20’

Tout public à partir de 12 ans. Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

Les CARNETS du STUDIO

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FILM DU MOIS

Sarah préfère la course Canada 2013 1h35, de Chloé Robichaud, avec Sophie Desmarais, Jean-Sébastien Courchesne, Geneviève Boivin-Roussy, Hélène Florent...

S

arah est une toute jeune fille qui vit à Québec et court. Beaucoup. Cette spécialiste du demi-fond court tellement qu’elle n’a pas vraiment le temps pour autre chose. Les garçons, les fêtes, elle ne connaît pas, elle n’a vraiment pas ça en tête, ce qui importe c’est de courir, travailler, s’entraîner, baisser les chronos, terminer première…

Elle est si bonne et si sérieuse qu’elle se voit offrir une place dans l’équipe d’athlétisme d’une prestigieuse université de Montréal… la chance de sa vie, sans aucun doute… Sa mère, elle, ne voit pas ce déménagement d’un très bon œil parce qu’elle ne pense pas qu’il y ait d’avenir dans le sport pour sa fille et parce qu’elle n’a pas les moyens financiers de l’entretenir pendant ses études. Lorsque Antoine, l’un de ses amis, qui étouffe aussi un peu à Québec, lui propose de partir avec elle et de prendre une colocation à Montréal, Sarah accepte parce que cela lui permettra de réduire les frais. Puis Antoine apprend qu’il existe des aides spécifiques pour les jeunes couples étudiants et lui propose même un mariage blanc…

Mais, assez rapidement, Sarah est victime d’un malaise (antécédents cardiaques) ; les médecins ne savent pas bien mais quelque chose semble vraiment clocher dans sa vie, sans qu’elle sache exactement quoi… Film intimiste mais aussi très prenant, Sarah préfère la course offre de nombreux cadeaux au spectateur… Il nous offre déjà une certaine liberté puisque nous ne sommes jamais mis en demeure de choisir, de trancher. Sarah est un personnage attachant, très attachant même, mais pas facile à vivre ; son ami Antoine est à la fois prévenant et un peu envahissant. Et puis, ce malaise qui semble envahir la vie de Sarah, nous avons parfois l’impression d’arriver à le cerner avant même que l’héroïne ait conscience de sa nature. Le premier long métrage de Chloé Robichaud (déjà remarquée à Cannes pour un court métrage intutilé Chef de meute) fait la preuve d’une très grande maîtrise formelle et démontre que cette toute jeune cinéaste de 26 ans ose affronter la difficulté des sentiments. ER

LES CARNETS DU STUDIO – n° 323 mai 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


JEUNE PUBLIC

VF

À partir de 6 ans

USA – 2014 – 1h35, film d’animation de Cody Cameron et Kris Pearn.

Voici les nouvelles aventures de Flint Lockwood et de sa super machine qui crée des croisements entre animaux et aliments : les miam-nimaux.

2D 3D

Capelito et ses amis Espagne – 2009 – 40 mn, courts métrages d’animation de Rodolfo Pastor.

sans paroles

À partir de 3 ans

Huit nouvelles aventures pleines de surprises de Capelito, le petit champignon magique… sans paroles Tout public à partir de 6 ans

Les Nouvelles (més)aventures d’Harold Lloyd

USA – 2014 – 48 mn, courts métrages de divers réalisateurs, en version restaurée, avec Harold Lloyd...

Grand comique du cinéma muet américain, le célèbre homme aux lunettes d’écaille est de retour, en prise à des situations plus loufoques les unes que les autres. Mercredi 7 après la séance.

2D 3D Allemagne – 2014 – 1h34, film d’animation de Reinhard Kloss.

VF

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À partir de 6 ans

La dernière adaptation de Tarzan, légende de la jungle, avec une technique nouvelle : la motion capture.


JEUNE PUBLIC

VO Palestine/France – 2014 – 1h25, de Rani Massahla. Tout public à partir de 11 ans

Dans le dernier zoo de Palestine, Ziad dix ans, s’est pris d’affection pour un couple de girafes. Après un bombardement israélien, le mâle meurt et la femelle se laisse dépérir. Pour la sauver, Yacine doit chercher de l’aide dans le zoo de Tel Aviv… Tout public à partir de 5 ans

VF Brésil/USA – 2014 – 1h42, film d’animation de Carlos Saldanha.

La suite de Rio nous ramène en Amazonie où Blu et Perla vont vivre bien d’autres aventures…

DANS L’OMBRE DE MARY

La promesse de Walt Disney

USA – 2014 – 2h05, de John Lee Hancock, avec Tom Hanks, Emma Thompson...

VO

Tout public à partir de 10 ans

VF

C’est l’histoire extraordinaire et méconnue de la création du film Mary Poppins. C’est aussi le récit d’une relation très houleuse entre Walt Disney et la romancière Pamela Travers…

Koko le clown

sans paroles

À partir de 4 ans

USA – 1920 – 50 mn, version restaurée en noir et blanc de Max et Dave Fleischer.

Koko est un petit clown malicieux sorti de l’encrier des frères Fleischer, inventeurs du dessin animé. Mercredi 21 après la séance, un atelier réservera des surprises aux petits clowns amateurs...

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En bref…

Ici… ` DES RIRES QUI SAIGNENT (Bravo pour le clown interprété par Edith Piaf) Voilà plus d’un an qu’est annoncé le film biographique autour du clown Chocolat. Depuis le début du projet, on sait que c’est Omar Sy qui interprétera la figure mythique du premier artiste noir de la scène française, à la fin du XIXe siècle. En revanche, on ignorait qui mettrait en scène cette destinée précocement fracassée ; désormais, on sait que c’est Roschdy Zem qui sera derrière la caméra. Gageons qu’il saura faire preuve d’humanité sans tomber dans le misérabilisme, comme il l’avait fait pour Omar m’a tuer, car des larmes, il y en aura forcément quand on sait qu’avant de devenir le partenaire applaudi de Footit, il fut vendu comme esclave, que par la suite il mourra à 49 ans et sera inhumé dans la fosse commune des indigents à Bordeaux. ` JEUNE ET PREMIER Pierre Niney semble prêt à relever tous les défis : après la comédie romantique avec 20 ans d’écart, le biopic et son impeccable interprétation d’Yves Saint Laurent, il va maintenant investir le polar, sous la houlette de Yann Gozlan. Dans L’Homme de paille, il entrera dans la peau d’un écrivain qui n’arrive pas à écrire et qui vole un manuscrit lors d’un déménagement près de chez lui. Quand le livre deviendra un succès d’édition, il devra en payer le prix. ` ASSOCIATION DE… Les faits divers ont toujours été une source d’inspiration pour le cinéma. Joachim Lafosse qui avait déjà puisé dans ce registre pour À perdre la raison, s’intéresse maintenant à l’affaire de l’Arche de Zoé, du nom de l’association humanitaire française qui, en 2007, avait tenté de faire sortir du Tchad une centaine d’enfants censés être orphelins, afin de les faire adopter en France. C’est au Maroc que Vincent Lindon et Louise Bourgoin interpréteront le couple des Chevaliers blancs, à l’origine de ce scandale. Valérie Donzelli et Reda Kateb seront également du voyage. ` LE NON DES GENS Le Nom des gens : c’était elle et lui pour le scénario, et lui derrière la caméra. Pour Je suis à vous tout de suite, le scénario sera toujours signé de leurs deux noms, mais c’est elle qui officiera comme réalisatrice. Baya Kasmi et Michel Leclerc s’intéressent cette fois à la gentillesse, à l’incapacité de dire non et aux conséquences qui en découlent. Pour les aider à illustrer leur propos, ils ont fait appel à Medhi Djaadi et à Vimala Pons, l’héroïne de La Fille du 14 juillet, pour interpréter un frère et une sœur que tout sépare. Agnès Jaoui, Anémone et Zinedine Soualem ont également dit oui !

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` TROIS FEMMES PUISSANTES Tran Anh Hung (L’Odeur de la papaye verte) adapte le roman d’Alice Ferney, L’Elégance des veuves, et va tourner pour la première fois en France. Intitulé Eternité, le film suivra les destinées tourmentées de trois femmes traversant les épreuves et les drames avec courage et dignité. Bérénice Bejo, Mélanie Laurent et Audrey Tautou seront ces mères courage.

Et ailleurs… ` APRÈS LA SUITE, LES DÉBUTS La suite (quand ce n’est pas « les ») a été une mine plus qu’exploitée par le cinéma, et cela depuis ses débuts. Un des nouveaux filons stimulant désormais l’imagination des producteurs se nomme prequel, l’objectif : raconter ce qui s’est passé avant le film qui a rencontré le succès, et multiplier la rentabilité du projet. En effet, il ne viendrait à l’idée de personne de se préoccuper des événements précédant une histoire qui n’a attiré personne, ni même d’en réaliser la suite. Pour les professionnels, le modèle de ces films du commencement, des origines (ces vocables étant souvent rajoutés au titre du film pour permettre aux spectateurs de le situer par rapport au film étalon) s’appelle Starwars et tous rêvent de répéter l’exploit ! Alors après The Thing, L’Exorciste ou La Planète des singes, c’est autour des Wachowski d’annoncer une suite à leur trilogie Matrix ! Dans Matrix Reloaded, L’Architecte révélait que Néo n’était pas le premier Elu, bon prétexte pour retourner dans la Matrice et de renouer peut-être avec le public ! ` L’ÉTOFFE D’UN HÉROS Viggo Mortensen peut tout jouer ; il est aussi crédible en chauffeur tatoué pour mafieux russe pour David Cronenberg, qu’en invincible Aragorn pour Peter Jackson, pour ne citer que deux de ses prestations marquantes. Son prochain défi se nomme Captain Fantastic : il devra incarner un homme qui revient parmi les hommes, après avoir passé dix ans loin de tout et de tous, par idéalisme. Après avoir écrit le scénario, Matt Ross (28 Hotel Rooms) le mettra en scène. ` LA JEUNE FILLE ET LA MORT Pour son prochain projet, Sofia Coppola ne dérogera pas au sujet central de tous ses films : la jeune fille blonde, étouffant dans son univers. Mais cette fois, point de banlieue américaine ennuyeuse (Virgin Suicides), de mégapole japonaise (Lost in Translation), de château royal ou pas (Marie-Antoinette, Somewhere) pour servir de cadre au sentiment d’asphyxie et d’envie d’ailleurs, mais les grands fonds ! En effet La Petite sirène du conte d’Andersen devrait être la prochaine jeune fille perdue de Sofia Coppola. IG

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À propos de Heimat

La vie est en couleurs, mais le noir-et-blanc est plus réaliste. Il permet de voir le contour des choses. Wim Wenders

Une révolution cinématographique : le noir et blanc

O

n se croirait par moments dans un de ces vieux films d’Ingmar Bergman si forts, si mystérieux... Heimat renoue avec une époque où la réalité la plus sombre était transfigurée par le génie du cinéaste en une succession de tableaux à la beauté renversante. Ce charme (au sens fort et originel d’envoûtement magique) opère à plein dans Heimat et l’aspect a priori désuet du noir et blanc semble d’abord un simple truc pour signifier le passé, l’histoire ancienne, le décor à la fois dépaysant et nostalgique d’un village d’autrefois. Très vite pourtant l’évidence s’impose : mise en scène et prises de vues sont totalement modernes, voire audacieuses, grâce à des mouvements de caméras toujours inattendus, originaux, conférant à l’image un pouvoir de fascination qui ne se dément jamais. Une idée par plan, une virtuosité toujours au service de la narration : on est très loin d’un vain esthétisme, d’un pittoresque facile. Dépourvu de toute afféterie, le film nous donne à voir et à ressentir profondément la cruauté, l’amour, l’injustice, l’idéalisme, la désillusion et le dévouement, à travers une fresque dont on ne s’est même pas

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rendu compte à la fin qu’elle durait quatre heures. Le travail sur la profondeur de champ donne aux images un relief extraordinaire, dans tous les sens du terme. Là où Ida de Pawel Pawlikovski enchantait par sa subtile palette de gris, Heimat compose des scènes au noir et blanc extrêmement contrasté. L’effet est d’autant plus impressionnant que çà et là, rarement et toujours avec une nécessité qui leur donne un caractère d’évidence, des taches de couleur créent de vrais moments de grâce. Certaines scènes resteront inoubliables. Deux exemples seulement : les convois d’émigrants qui envahissent peu à peu l’écran et se rejoignent à l’horizon, ou bien la scène très courte, fugitive, où Jettchen se fait ses adieux à elle-même dans un miroir. Tout est simple, tout est dit. Lorsqu’il atteint de tels sommets on peut affirmer sans crainte que le noir et blanc est la plus belle des couleurs. AW P.S. Ida en février, Heimat en mars : pas de doute, le film du mois, c’est vraiment LE film du mois !


Festival de cinéma asiatique de Tours

COMPTE RENDU : 15e FESTIVAL DE CINÉMA ASIATIQUE DE TOURS

Rencontre avec Çagla Zencirci et Guillaume Giovanetti, pour Ningen Lundi 24 mars 2014 Guillaume Giovanetti & Çagla Zencirci aux Studio © Élisabeth Bailleul

L

e débat qui a suivi la projection de Ningen fut particulièrement riche de découvertes et d’enseignements tant la façon de procéder de ces deux jeunes cinéastes est originale. Après un parallèle établi sur le sujet du film – inspiré d’un mythe fondateur de la création du Japon – et l’histoire d’Orphée et Eurydice, il fut question des personnages et de leur interprétation. C'est ainsi qu'aucun des acteurs n’était professionnel, que chacun jouait son propre rôle et que le scénario avait été conçu à partir de rencontres qu’ils avaient faites et des échanges qui ont suivi lors d’un séjour au Japon. Ainsi en est-il du héros, de sa femme (sa véritable épouse avec laquelle il a fondé son entreprise des années auparavant), du restaurateur M. Lee, dont l’histoire est celle-là même narrée dans le film et de tous les patients de l’hôpital psychiatrique. Nous avons alors mesuré l’envergure du challenge ! D’autant que les lieux de tournage sont également les décors réels dans lesquels évoluent tous les personnages (l’hôpital, l’entreprise…) Le travail de préparation a été énorme et l’écriture a évolué au cours du tournage.

Les acteurs n’avaient à leur disposition qu’une ligne narrative et prenaient connaissance des dialogues au dernier moment : la plupart du temps ils recréaient ce qu’ils avaient déjà raconté en amont ; l’improvisation faisait le reste… Certaines séquences sont particulièrement troublantes : celles qui montrent les gens malades d’avoir trop travaillé dans l’hôpital psychiatrique – au Japon, ils représentent 20% des patients de ces structures. Pourtant, les réalisateurs affirment que c’est dans ce lieu qu’ils ont été le plus libres et que tous étaient détendus : « Les malades, moins sous pression que dans leur vie en société, avaient une vraie exigence de travail et se pliaient à nos demandes ». Étonnantes de réalisme également, les scènes dans l’entreprise, avec le discours incroyable du patron chaque lundi matin « Même si on a un peu perturbé le quotidien des employés » lesquels, comme les autres, jouent leurs rôles. Déconcertante enfin, la longue quête finale dans les bois et le Temple du renard, du héros fatigué qui prend conscience que l’amour qu’il a vainement

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Festival de cinéma asiatique de Tours

cherché dans les bars est auprès de lui… Avec cette façon si particulière de travailler, les réalisateurs disposaient de 78 heures de rushes… Et comme ils ont l’habitude de continuer d’écrire pendant le montage, on mesure, là aussi, l’ampleur de la tâche ! (beaucoup de personnages secondaires ne figurent pas dans la version finale). Ningen (ce qui signifie : l’humain, celui qui est faillible) a été montré à des étudiants japonais qui n’ont pas vu qu’il avait été réalisé par des réalisateurs étrangers. Puis, lors de sa programmation dans une petite salle de Tokyo, la

progression des entrées a été constante. Cette première production France-Turquie-Japon (!) doit maintenant poursuivre sa route : « Avant une prochaine réalisation, sans doute en Turquie, qu’on aimerait plus politique, et mettant en scène des femmes, il faut qu’on soutienne Noor* et Ningen qui sortent simultanément. » Faisons confiance à ces deux réalisateurs itinérants si particuliers pour faire vivre le réseau de cinéastes farouchement indépendants auxquels ils appartiennent… SB * Noor, présenté en avant-première au Festival Désir Désirs sera bientôt sur nos écrans.

Le Silence des rizières

Rencontre avec Amandine D’Azavedo Vendredi 21 mars 2014

L Amandine d’Azevzdo aux Studio © Élisabeth Bailleul

e Ficat présentait en avant-première Ugly, réalisé par le cinéaste indien Anurag Kashyap. Après la projection de ce polar dramatique, une rencontre a eu lieu avec Amandine D’Azevedo, spécialiste du cinéma indien à la Sorbonne. Elle a d’abord exprimé son plaisir de voir une salle bien remplie pour ce film de « l’enfant terrible du jeune cinéma Indien ». Anurag Kashyap est en effet « le chef de file de nouveaux réalisateurs qui viennent

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Festival de cinéma asiatique de Tours

contrecarrer le cinéma indien de Bollywood ». Cette nouvelle jeune génération produit souvent un cinéma réaliste et urbain, sortant ainsi de la logique bollywoodienne des studios de tournage, de sa musique… Bollywood c’est un univers très complexe, représentant un tiers de la production filmographique autour de Bombay. A la source de Ugly, la rencontre entre un fait divers dramatique et l’histoire même du réalisateur comme père séparé allant cherchant sa fille. On perçoit le rapport très particulier que le cinéaste entretient avec la musique et la couleur. Recourant à l’artifice de filtres pour obtenir des teintes sirupeuses, il travaille dans des lieux réels, dont il recolore les espaces. Pour la musique, A. Kashyap construit le film en l’ayant déjà en tête. « C’est l’un des aspects les plus remarquables de son travail. Il réalise une recherche organique ; c’est une symbiose entre la musique et l’image ». Un humour absurde marque sa signature, telle la longue scène au commissariat. En butte à la censure, il faut souvent des mois au réalisateur pour sortir ses films. A. Kashyap, qui a baigné dans le cinéma populaire, ne se réclame

pas d’une filiation. Toutefois, son désir de création provient du film Le Voleur de bicyclette, mais il reconnaît d’autres influences comme celles de Dali, des graffitis new-yorkais, du street art japonais… Dans sa volonté d’éduquer à l’image et d’ouvrir le champ du cinéma, A. Kashyap a créé sa propre maison de production, soutenant d’autres cinéastes, pour qui il est souvent difficile de projeter leurs films. Ce sont les ciné-clubs qui s’en chargent. En Inde, la vie d’un film se joue très rapidement, en moins d’une semaine. Actuellement, des multiplexes viennent remplacer les salles habituelles, théoriquement dans le but de développer le choix des films. Mais, en fait, un même film de Bollywood peut être projeté simultanément dans six salles sur huit ! 5% des écrans restants sont réservés aux blockbusters américains… Amandine D’Azevedo nous a ouvert, avec brio et un enthousiasme contagieux, cette page du renouveau du cinéma indien encore trop peu connu. La rencontre se poursuivit autour d’un verre dans la convivialité. RS

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

Le jury du festival : Lam Lé, Françoise Lebrun, Florence Doucet, Jean Marie Laclavetine. © Élisabeth Bailleul

Palmarès du vingtième Festival de cinéma asiatique de Tours : Prix du jury : The Suspended Step, de Yang Xiao Prix du public : Ugly, de Anurag Kashyap

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu : The Grand Budapest Hotel de Wes Anderson

Mise en scène virtuose, avec des décors, des couleurs, des angles de vue, un montage extrêmement sophistiqués. Tout est parfaitement réglé, avec en plus une distribution exceptionnelle, jusque dans les plus petits rôles : distribution-gadget pour un film-gadget. On dirait du Jeunet et Caro mais mondains, anémiés, émasculés, ou bien une aventure de Spirou dans une principauté d’opérette austro-hongroise. Les quelques allusions aux guerres du XXe siècle semblent un alibi futile, comme une excuse à tant de vacuité. Tout ça pour ça… Vite vu, vite oublié. AW Des images au cordeau, un rythme échevelé, des personnages hauts en couleurs, un casting avec autant d’étoiles que l’hôtel en question, sur un arrière plan historique traité façon BD… j’ai presque des remords de m’être, quand même, légèrement ennuyé. DP (Mais que vient faire Stefan Zweig dans cette histoire ?)

Débridé, trépidant, hédoniste, le film est un régal, une bulle de légèreté. Et pourtant quelque chose nous pince le cœur. On comprend alors que, si tout va vite, si les personnages se dépêchent, c'est que, bientôt, le

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Matin brun va se lever. Les temps à venir ne seront plus à la fantaisie. JF Couleurs acidulées, personnages loufoques et énergiques, mise(s) en scène extravagante(s)... Pas de doute, nous sommes bien chez Wes Anderson ! Et la mayonnaise prend inlassablement. Des rires (beaucoup), de la poésie (un peu), mais surtout un univers pittoresque au charme fou. Il semble que, de nos jours, nombre de spectateurs apprécient de se rendre dans les salles obscures pour rire un bon coup et se vider la tête... Avec Wes Anderson, pari réussi ! Comme quoi, on peut faire dans ce cas un autre choix que celui qui nous pousserait à nous nourrir de la dernière bonne comédie franchouillarde… Avis aux intéressés ! MR Outre la présence d’une bonne douzaine d’acteurs parmi les meilleurs du cinéma anglo-saxon ou français, le dernier film de Wes Anderson a tout pour séduire, sur le fond et sur la forme. Le sujet ? comment conserver classe et élégance, pendant et après les grandes mutations du siècle dernier en Europe ? Mais, que sont le dandysme et l’élitisme devenus ? Comédie dramatique au rythme déchaîné, à l’humour décapant, ce


film se laissera voir et revoir, pour ses plans superbes, de vrais tableaux aux couleurs acidulées, soulignés par la bande-son d’Alexandre Desplat. Impossible de résister au charme décadent du Grand Budapest Hotel ! CP À la vue du Grand Budapest Hotel, m'est apparue une gigantesque sucrerie, objet de convoitise de pantins burlesques et/ou sournois. Derrière la façade aux couleurs suaves, s'est imposée l'idée : qui des bons ou des méchants aurait la part du gâteau ? En réponse, Wes Anderson a conçu une œuvre délicieusement épicée ! MS

The Grand Budapest Hotel est un film JU-BI-LA-TOI-RE ! Délicieusement régressif et inversement ! Wes Anderson est un magicien, inventeur d’un monde singulier, où, par un télescopage spatio-temporel inédit, le jeune Zhéros, mi-Tintin/mi-Spirou, devient l’alter ego d’un majordome, subtil composite, lui, de Chaplin, Keaton et du William Powell de My Man Godfrey ; tandis que l’assassin à leurs trousses semble s’être échappé de la nuit burtonienne ! Il faudrait aussi évoquer la fantaisie, la poésie de cet univers, sa mélancolie, mais aussi la folie des comédiens… Jubila-

toire, on vous dit ! IG Waouh ! Quel voyage trépidant sur fond d’histoire rocambolesque menée par des personnages déjantés ! Ajoutez une esthétique fulgurante (du rose flashy aux camaïeux gris bleu), une caméra virtuose, des cadrages surprenants (chaque plan est une leçon de cinéma)… Et vous obtenez un film décapant, drôle et d’une créativité folle. Peut-on ne pas aimer Wes Anderson ? SB Ralph Fiennes est vraiment inattendu dans ce rôle de concierge aussi guindé que fantasque ! De là à imaginer qu’il incarnerait la cerise sur le gâteau, cela ferait un peu trop de sucre dans cet univers manichéen de cup cakes zestés de gravité. RS Wes Anderson donne toujours l'impression de ne pas vraiment oser s'affronter à ses sujets ; il fait un cinéma très élégant, très raffiné mais qui demeure trop distancié, comme s'il avait peur des émotions qui, pourtant, devraient naître de ses sujets mêmes… seule exception : Moonrise Kingdom… Ça tombe bien, il passe à la Nuit des Studio cette année et c'est un grand film ! ER

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Interférence Omar/Bethleem

Omar

D’Omar à Bethléem

D

eux films récents ont pratiquement la même histoire : celle d’un jeune Palestinien approché par un agent israélien afin qu’il lui donne des renseignements, c'est-àdire, pour la société dans laquelle il vit, qu’il devienne un traître. Dans la plupart des pays, cette proximité scénaristique n’aurait que des conséquences artistiques ou commerciales (ce qui se passe actuellement en France autour de l’histoire d’Yves Saint Laurent, mise en scène par Jalil Lespert ou par Bertrand Bonnello) mais les deux films viennent d’une région où chaque déclaration, chaque écrit, chaque image, chaque film prend, instantanément, un sens politique. D’autant que les deux films sont séparés par un mur (réel et d’incompréhension) : Omar a été filmé par le réalisateur palestinien Hany Abu-Assad et Bethléem par le réalisateur israélien Yuval Adler. Sans chercher à juger de leurs qualités artistiques, peut-on comparer les deux films ? Des figures étrangement similaires apparaissent dans chacun d’entre eux : des courses poursuite à couper le souffle (ils utilisent tous les deux la grammaire des films d’action) mais à pied et dans les labyrinthes des ruelles palestiniennes – des scènes d’interventions militaires au cœur

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des territoires occupés qui mettent les nerfs à vif et dont le but est d’éliminer un activiste palestinien – le chantage sentimental mis en place par les agents israéliens, figures paternelles ambivalentes, à la fois proches, douces et terrifiantes – la fascination de ses deux agents pour la langue et la culture arabe… et la volonté des deux réalisateurs de suivre des personnages complexes, non manichéens. Des différences ? De par son existence même, Omar est un acte militant. C’est le premier film entièrement tourné et joué par des acteurs et des techniciens palestiniens (dans un pays à la cinématographie embryonnaire). Comme son titre l’indique, toute l’action est focalisée sur le personnage d’Omar, le jeune boulanger amoureux. Bethléem veut suivre différents points de vue, celui de Razi, l’agent du Shin Beth et celui de Sanfur, son informateur. Par souci d’objectivité, le réalisateur a co-écrit son scénario avec un journaliste palestinien Ali Waked. Dans Omar, le mur de séparation est omniprésent puisqu’il doit le franchir pour rejoindre sa belle (il a obtenu l’autorisation de grimper jusqu’à une certaine hauteur, les images du sommet étant filmées sur un faux mur !) et il y a une scène d’hu-


miliation à un check-point absolument insupportable. Ni mur, ni humiliation dans Bethléem. Si dans Omar, la complexité de la société palestinienne est en arrière-fond (avec notamment la dimension économique de la survie dans les Territoires), on ne voit pas les contradictions qui la gangrènent comme le fait si bien Bethléem : notamment l’opposition haineuse entre l’Autorité Palestinienne (corrompue) et les groupes armés du Fatah et du Hamas. La délirante concurrence sacrificielle y génère une hallucinante scène tragi-comique ; à l’hôpital, devant la famille en pleurs, les deux groupes, kalachnikov à la main, se disputent le cadavre encore chaud du frère de Sanfur, tué par Tsahal. Alors que Yuval Adler présentait son film comme le plus objectif possible (« sans dire au public ce qu’il faut penser »), Bethléem a déclenché une discussion passionnée au sein de la rédaction du Monde, publiée sous le titre : film de propagande pro-israélien ou récit équilibré ? Franck Nouchi pense que c’est un film qui ne veut pas prendre parti, sans méchants, sans gentils ; Jacques Mandelbaum trouve que la représentation des Palestiniens est purement négative et

Mathilde Blottière de Télérama écrit, également, que l’unique personnage à avoir le beau rôle est l’agent du Mossad : « le seul à faire preuve de noblesse ». Même en jouant sur les différences de points de vue et avec les meilleures intentions du monde, un film de fiction (mais c’est le cas aussi du documentaire) peut-il vraiment s’affirmer objectif ? N’est-il pas plus raisonnable de vouloir, comme le réalisateur palestinien, filmer « avec honnêteté et sans manichéisme » ? En tout cas, Omar et Bethléem s’achèvent sur deux scènes similaires, mettant un point final tragique à ces deux histoires de trahisons et de chantages. Dans un dernier plan assez inattendu, Omar met en joue l’agent Rami (sa mort, certaine, restant hors champ) : in fine, il ne sera pas un traître. Sanfur rejoint l’agent Razi au milieu de nulle part. Après avoir longuement hésité, il le met à mort, dans une lapidation rageuse particulièrement insoutenable. Audelà des tentatives de séduction (de l’opinion internationale) et des manipulations en tout genre, on se doit de constater que le processus de paix semble… au point mort. DP Bethléem

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Rencontre

Rencontre avec Coline Serreau vendredi 6 décembre 2013

Coline Serreau a filmé les échanges entre personnes partageant des stages de récupération de points de permis. Après le visionnement du film, un long silence s'est installé avant la première question.. Voici ce qui fut dit. Coline Serreau aux Studio © Roselyne Guérineau

Tout est permis, croient-ils…

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Tout est permis est un film politique contre les lobbies de l'alcool, du téléphone, de l'automobile, un film construit comme une fiction. Ce n'est pas un film de propagande. C'est une envie personnelle. On est dans une société à bout de souffle. J'ai voulu parler des stages, du vivre ensemble, des problèmes que l'on partage mal parce que je veux que ce soit un film sur l'humanité, pas que sur la douleur. J'ai moi-même passé un stage de récupération de points il y a 8 ans. Je n'avais plus que 4 points et je ne me sens pas différente des gens du film, pas supérieure… J'ai filmé 8 stages en entier, 16 heures, 8 heures par jour, seule, sans équipe, parce que je voulais que les gens soient très à l'aise avec moi. Je voulais montrer la France telle qu'elle est actuellement. Beaucoup de personnes ont une attitude fanfaronne au début, mais ça change. L'humour fait partie

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de la manière d'enrober et on est tous comme ça. On trouve injuste ce qui nous arrive. Le film est construit comme quelqu'un qui prend conscience parce qu'il ne faut pas condamner mais montrer. J'ai voulu que ce soit un film qui dise la vérité, un film politique, c'est-à-dire sur l'organisation de la société… En ce qui concerne le suivi des stages, je ne connais pas leur impact. Le stage nous change sans doute, ceci dit, sans que je sois optimiste. J'ai voulu que ce film offre un cheminement vers une prise de conscience de ce qu'est notre liberté. En France, après un stage, on a des points qu'on peut récupérer, mais il n'y a pas d'évaluation. Ce film va circuler notamment auprès des jeunes. On a essayé de le faire financer par les chaînes de télévision mais il y a eu refus.


Rencontre

La société Bac Films a décidé de le sortir en salles, mais sans soutien médiatique il faut utiliser le bouche à oreille, même si les associations vont faire relais. Si ces stages n'ont pas lieu lors du permis de conduire, c'est à cause d'un problème financier, de rentabilité. Il faudrait avoir le temps de faire passer certaines informations dès la formation au permis, mais il est cher déjà. Le code est difficile à passer pour les gens illettrés. Actuellement, on teste plus la compréhension de la question que celle du code. Ça devient un cours de français. L'alcool existe. On est dans une société schizophrène : il y a des stages de sensibilisation et des stages de déstabilisation. On dit d'un côté que l'alcool n'est pas bien, mais, en boîte, on incite aussi les gens à boire. Le discours entendu contient 1% d’information pour 99% de désinformation. Les contrôles d'alcoolémie sont lourds et fréquents, mais ciblés sur les jeunes, qui sont 11% de la population et représentent 30% des morts… Ceci dit, le stage n'empê-

chera pas de boire. La liberté de vendre, d'entreprendre ne s'arrête pas à la santé des gens dans notre société libérale. La richesse du pays est comptée par le flux monétaire. On a le paradoxe suivant : « L'alcool chez les mômes, c'est pas bien », mais aucune loi n'est adoptée contre ça.

»

Les spectateurs font un constat dans la première partie du film : ils perçoivent des gens désinformés, puis dans une deuxième partie, en contrepoint, on nous livre plus une analyse scientifique, médicale. Les spectateurs se posent des questions sur l'aménagement routier, la vitesse, la sécurité routière, les clichés qu'il faut casser… Une spectatrice conquise par le film a clos le débat en disant : « En deux heures de film, vous évitez seize heures de stage ! » Belle conclusion et beau compliment pour le travail de Coline Serreau ! MS

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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Interférences Week-ends Arrête ou je continue Son épouse

Week-ends

Couples fantastiques A

lors que, dans la foulée des manifestations pour tous, une certaine France semble tourner en rond autour des mêmes obsessions identitaires (remise au goût du jour des débats nauséeux sur l’identité hexagonale recyclés autour d’une crispation sur le couple et la famille), le cinéma français met à l’affiche et sous les projecteurs de la cérémonie des Césars des films qui doivent lui donner des boutons : La Vie d’Adèle et L’Homme du lac. Quant au couple hétéro formé, il semble mal en point sur les grands écrans. En cette fin d’hiver, l’amour semble tourner court et finir mal, ce qui serait somme toute assez banal (en général) si les mises en scène ne proposaient un étrange mélange de réalisme quotidien et d’inclinaisons presque fantastiques.

Week-ends d’Anne Villacèque raconte l’histoire de deux couples, amis depuis plus de vingt ans, tellement inséparables qu’ils ont acheté deux maisons mitoyennes en Nor-

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mandie et appelé leurs deux filles du même prénom, Charlotte. Mais un jour, Jean quitte Christine. Que peuvent faire Sylvette et Ulrich ? Comment supporter la détresse contagieuse de Christine ? Comment accepter la nouvelle compagne de Jean ? L’excellente idée du scénario est d’avoir choisi de ne filmer que les week-ends, dans ce décor unique, au fil des quatre saisons, le récit, forcément elliptique, échappant ainsi au quotidien des couples et travaillant les nondits. Et d’avoir instillé dans son histoire des éléments d’étrangeté qui bousculent le naturalisme attendu. Peur de vieillir. Ensemble. Ou seuls. Au bout de la nuit, Ulrich retrouve Jean, nu et l’air totalement hagard. Et qui lui demande de le prendre dans les bras en murmurant : « J’ai peur ». Dans Arrête ou je continue de Sophie Fillières, l’étrangeté, l’absurde des situations et des répliques, imprègnent tout le quotidien de Pierre et de Pomme, un couple qui se parle encore mais n’a plus rien à se


dire, qui ne s’entend plus. Ils se disputent pour un rien et ne savent plus que se blesser, perpétuellement agacés, insupportables et incapables de se supporter. Mathieu Amalric, derrière son masque grimaçant, est particulièrement redoutable. Puis un jour, Pomme disparaît, au cœur de la forêt, dans une errance initiatique qui l’extrait du quotidien vers quelque chose qui s’apparente au temps des contes. Seule, réellement perdue, elle finit réellement au fond d’un trou, dans une scène assez hallucinante, un jeune chamois dans les bras. Comme si seule cette scène primitive pouvait la réconcilier avec le monde des hommes. Et le sien. Dans Son épouse, Michel Spinosa a choisi de reformer à l’écran un couple à la ville : Charlotte Gainsbourg et Yvan Attal. Et de les plonger dans une histoire de dépendance et d’envoûtement. Catherine vit avec Joseph depuis longtemps. Lorsqu’il lui demande de l’épouser et d’avoir un bébé avec lui, elle finit par trouver un moyen pour lui avouer enfin un secret qu’elle n’a jamais réussi à lui dire, sa dépendance au subutex, un traitement de substitution à l’héroïne. Plus tard, Joseph l’accusera d’avoir empoisonné leur bébé qu’elle vient de perdre et Catherine ne trouvera d’autre issue que de s’enfuir, de disparaître de sa vie. L’élément fantastique, le réalisateur a Arrête ou je continue

Son épouse

choisi de le chercher de l’autre côté de la terre : un jour, on annonce à Joseph au téléphone que Catherine est morte, noyée, quelque part dans le sud de l’Inde. Et qu’une certaine Gracie est hantée par l’esprit de son amie française… Va-et-vient entre le passé et le présent, entre une France du nord hivernale et une Inde du sud caniculaire, en se confrontant avec cette autre qui se dit être son épouse, Joseph va pouvoir trouver des mots pour dire leur histoire qui a mal tourné. Et le désenvoûtement de la jeune Tamoul est aussi un peu le sien. Même si ces trois histoires, où les angoisses nocturnes tiennent une place prépondérante, s’achèvent finalement sur le petit matin d’un épilogue plus apaisé, elles laissent une mélancolie qu’on trouve dans la chanson de Fréhel que chante à sa fille Ulrich Tukur à la fin de Week-ends :

La nuit s’achève et quand vient le matin La rosée pleure avec tous mes chagrins Tous ceux que j’aime Qui m’ont aimée Dans le jour blême Sont effacés Je vois passer du brouillard sur mes yeux Tous ces pantins que je vois, ce sont eux Luttant quand même, suprême effort, Je crois les étreindre encore. DP Les CARNETS du STUDIO

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À propos de Only Lovers Left Alive

L’éternité, c’est long, surtout vers la fin. Woody Allen

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’éternité, quel ennui, surtout au vingtet-unième siècle : la tonalité est donnée d’emblée, dans le dernier film de Jim Jarmusch, Only lovers left alive. Que désirer encore, lorsque, depuis l’avènement de l’homme, tout a été écrit, composé, peint, imaginé, anticipé ? Il ne saurait y avoir de plus grands créateurs que Christopher Marlowe, Eddie Cochran ou Basquiat. Il ne saurait surgir de plus grands scientifiques que Copernic, Galilée, Darwin, sans que les hommes, ces Zombies, ne les méprisent ou assassinent. Ainsi s’exprime Adam, vampire cynique et désabusé, musicien cloîtré dans un manoir décrépit à Detroit et collectionneur de guitares électriques. De surcroît, tout se paie à notre époque, même le sang frais : en effet, il est préférable d’en acheter dans un laboratoire, tant il est devenu risqué de mordre directement dans les carotides et d’être ainsi contaminé ! Seule la musique apaise encore et Adam passe en boucle de vieux vinyles, de pop et de rock psychédélique… Jusqu’à l’arrivée d’Eve, sa compagne depuis des siècles, délaissant pour lui les labyrinthes de la Médina de Tanger. Êve, passionnée de littérature ancienne, caressant d’une main, pour une fois dégantée, (peur des microbes, elle aussi ?) les pages couvertes de caractères latins, d’idéogrammes

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ou de calligraphie arabe. Voici à nouveau réunis les vampires originels, bibliques, s’isolant des soubresauts de nos sociétés délétères et de toute lumière importune. Déambulations nocturnes dans la ville de Detroit, symbole de la décadence postindustrielle, quêtes harassantes d’un nectar vital, le rhésus O négatif, retours vers un sommeil d’une sensualité froide, telle est leur survie. Surgit Ava, au détour de quelques rêves prémonitoires. Ava, petite sœur d’Êve, incontrôlable, méprisant toute référence culturelle, livrée à la satisfaction immédiate de ses désirs. Elle représente ce qu’Adam exècre, la vulgarité des Zombies de Los Angeles. Seul trait d’union entre les trois vampires, une soif de sang inextinguible et une passion pour la musique. Le récit bascule alors au cours d’une sortie dans un bar : Adam et Êve émergent de leur léthargie élégante, lorsqu’ils sont contraints de se débarrasser du corps d’un homme qu’Ava a ramené chez eux et promptement saigné ! Exit la petite sœur, sommée de retourner à L.A. s’adonner seule à ses turpitudes… Jim Jarmusch a conçu ce film en référence au Vampyr de Carl Dreyer, créant un univers étrange, surréaliste, où chaque séquence se déroule lentement, dans une osmose parfaite entre l’esthétique de l’image et la création musicale. Le réalisateur est aussi musicien, il nous livre une œuvre élitiste et pessimiste qui ne se donne pas d’emblée, mais qui est envoûtante et entêtante… CP


À propos de Only Lovers Left Alive

Des vampires très stylés

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ourquoi Only Lovers Left Alive est-il un film passionnant malgré sa lenteur, fascinant malgré la nonchalance de son scénario ? Pourquoi reste-t-on scotché dans son fauteuil alors qu’il ne se passe pas grand-chose à l’écran et que personnages et situations sont complètement invraisemblables ?

Car il faut bien le dire : plus invraisemblable qu’un film de vampires c’est rare. Non seulement ces créatures n’existent pas mais le sort des deux protagonistes (Adam et Eve : il fallait oser !) nous conduit dans un monde résolument imaginaire : ils se nourrissent bien entendu exclusivement de sang humain, sont vieux de plusieurs siècles. Adam est un musicien qui, après avoir connu Lord Byron (« un gros con prétentieux ») et écrit de la musique donnée à Schubert et signée par lui, est à présent un rocker génial. Marlowe est toujours vivant et plein de mépris pour Shakespeare l’imposteur qui lui a piqué ses pièces etc. Le film manque donc totalement de vraisemblance, au sens étymologique du terme : il n’est pas semblable au vrai. C’est du cinéma, c’est du pipeau. Mauvais film donc ? Certes non. Malgré sa criante invraisemblance l’histoire est racontée comme si elle était vraie. On sait bien qu’elle n’est pas vraie, ne peut pas être vraie, mais prendre les apparences de la réalité permet au spectateur de s’appuyer sur des repères connus, afin d’entrer dans cet univers imaginaire. Car cela reste un jeu et le réalisme n’est ici qu’un moyen d’y prendre goût.

Un film peut-il être à la fois invraisemblable et réaliste ? Non seulement il peut, mais peut-être même qu’il doit. Comme dans Only Lovers Left Alive, le spectateur acceptera toutes les divagations, tous les délires s’ils lui sont racontés comme réels. C’est même un consensus implicite : dans ce film invraisemblable de bout en bout, la casbah de Tanger se montre terriblement présente, labyrinthique, nocturne évidemment, mais avec des couleurs parfois insolites. Detroit, désert post-industriel fantomatique, impose un paysage urbain étrange, sophistiqué. Ces décors sont réels, filmés en vrai, ce n’en sont pas moins des espaces quasi-oniriques dans lesquels on ne sait jamais ce qui peut arriver. L’espace réaliste est la porte d’accès à l’imaginaire, à l’imprévisible. Et ça marche, on se laisse prendre, on se projette dans l’histoire. Le film fonctionne parfaitement : il est crédible. Mot-clé : un film, comme n’importe quelle œuvre artistique doit être crédible, c’est-à-dire trouver sa cohérence interne, la justification logique et esthétique de son existence. Un délire cinématographique peut et doit être crédible ! Il ne s’agit plus de croire à ce que le film raconte mais de croire au film luimême en tant que narration, que spectacle, qu’objet original.

Only Lovers Left Alive est un film de Jim Jarmusch et ça se voit très vite. Ça s’entend également : dans Dead Man déjà la ponctuation musicale était un élément essentiel de la dramaturgie. Ici, la musique est à la fois sujet, décor, moteur de l’action. Elle est

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À propos de Only Lovers Left Alive

belle, souvent envoûtante. Jarmusch possède en outre un art très particulier d’accélérer le temps ou au contraire de le ralentir, comme ici. Les siècles deviennent palpables, la lassitude est communicative et pourtant on ne s’ennuie jamais. Les films de Jarmusch ne se ressemblent pas entre eux mais ils ressemblent à leur auteur, ou plutôt ils sont l’expression de sa personnalité artistique, ce mélange unique de mélancolie, de romantisme, d’humour également lorsqu’on voit le ténébreux Adam se déguiser en homme invisible pour acheter au noir du sang propre dans un hôpital afin d’éviter les risques de contamination liés aux modes de consommation modernes : drogues, médicaments, cholestérol etc. Humour qui voit aussi le gag subtil et récurrent de vendeurs à la sauvette ou de proxénètes de la casbah proposant à tout bout de champ à Adam et Eve de leur procurer « tout ce qu’il leur faut », sauf qu’ils n’ont évidemment pas la moindre idée de ce qu’ « il leur faut », eux qui ne sont que de pauvres « zombies », autre exemple du mécanisme de l’inversion humoristique.

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L’originalité des choix scénaristiques, esthétiques, techniques absolument personnels saute immédiatement aux yeux et fait bien voir que le plus important dans un film n’est pas le sujet mais la façon dont il est traité, en un mot son style. Car il ne faut pas se leurrer : le cinéma raconte toujours peu ou prou les mêmes deux ou trois histoires archétypales, gentils contre méchants, boy meets girl… Ce qui importe, c’est l’extériorisation d’un univers mental original, une vision transformatrice ou recréatrice du réel. L’invraisemblance comme liberté créatrice, le réalisme comme moyen de créer la connivence avec le spectateur, la cohérence comme forme de rigueur et d’intelligence narrative se retrouvent à des degrés divers dans de savants et inimitables cocktails qui font le style des films et rendent leurs choix artistiques nécessaires. Le style n’est pas simplement une rhétorique cinématographique reconnaissable, c’est l’originalité, la personnalité, autrement dit le talent, voire le génie du créateur. AW


Vos critiques

ONLY LOVERS LEFT ALIVE de Jim Jarmusch Attention, voici un film toxique… peut-être pas tout à fait un chef d’œuvre, mais un film qui restera dans votre mémoire et dans votre sang pendant un bon bout de temps. Nos deux vampires cultivés et dandies, qui ont influencé Shakespeare et composé à la place de Schubert sont d’une telle beauté et d’une telle étrangeté que vous repartirez de là sans savoir si vous devez être amoureux de la sublime Tilda Swinton ou bien du troublant Tom Hiddleston… Jérémie A. C’est un film envoûtant, à l’atmosphère lascive. De Detroit à Tanger nous suivons l’itinéraire de ce couple de vampires marginaux, qui ont acquis beaucoup de sagesse au fil des siècles, et qui contemplent avec mélancolie l’état du monde qui les entoure. La musique est très présente dans le film, qui, à l’image de ses héros intemporels, est très élégant et hype. J’ai beaucoup aimé les déambulations dans les ruelles de Tanger et les virées en voiture dans Détroit, cela offre de très belles séquences. C’est aussi un film qui porte un message romantique très fort et pur, et l’on comprend mieux pourquoi Jim Jarmusch s’est emparé de personnages vampires. Adam, musicien, toujours vêtu de noir est le plus mélancolique de ce duo fusionnel. Il ne sort presque jamais de son appartement rempli d’instruments et d’appareils rétros. Eve qui vit au Maroc est, elle, toujours vêtue de clair, offrant un contraste évident avec son homologue masculin, sorte d’équilibre yin yang à eux deux. […] L.

Rubrique réalisée par RS

AMERICAN BLUFF de David O Russell […] On ne peut qu’être admiratif devant la performance extraordinaire des acteurs, qui malgré les tortures capillaires subies, nous offrent des jeux à couper le souffle. Les dialogues sont parfaitement maîtrisés et incarnés. On reste sans voix, sous le choc. […] American Bluff est un œuvre brillante, époustouflante... Bluffante. C. T. THE GRAND BUDAPEST HOTEL de Wes Anderson On n’a pas le temps de s’ennuyer lorsqu’il s’agit de suivre les aventures de Monsieur Gustave, un séduisant gigolo très stylé dans un pays imaginaire qui n’est pas sans évoquer la Syldavie ou bien la Bordurie dessinée par Hergé dans Le sceptre d’Ottokar (avec l’apprenti débutant Zero dans le rôle de Milou ?). On se réjouit, en outre, de voir une Internationale de loufiats héroïques mettre en échec les manigances des héritiers de l’aristocratie assistés d’une bande de nervis fascistes. De temps à autre, l’inquiétude pointe son nez (rêve ou cauchemar) avec la répétition de scènes vertigineuses ou d’affrontements avec la soldatesque barbare qui fait régulièrement et brutalement irruption dans le train. 50 années plus tard, c’est l’entropie qui semble avoir le dernier mot avec l’effondrement de ce monde extravagant totalement abandonné. On a bien l’impression que c’est cela qui, finalement, taraude l’esprit du réalisateur. Au total, une mécanique efficace, bien huilée et remontée comme une pendule. Un petit regret avec une chute finale un peu courte. Hervé R. Les CARNETS du STUDIO

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