02.07 au 26.08 2014

Page 1

ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°325 • juillet & août 2014

FILM DU MOIS DE JUILLET

de Shlomi Elkabetz & Ronit Elkabetz

FILM DU MOIS D’AOÛT

de Claudio Giovannesi

Un été la tête dans les étoiles 2 (Voir page 4)


Les projections du dimanche matin reprendront début octobre 2014 S

O

M

M

A

I

R

E

juillet & août 2014 - n° 325

Éditorial

En cabine

...................................................

3

Revoir Allio, Tati, Varda . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 ..............................

5

.....................................

5

Académie Francis Poulenc

LES FILMS DE A à Z

En bref

....................................................

............................................

.........................

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

La bibliothèque est fermée en juillet et août.

18

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Interférences

Monuments Men/Diplomatie

lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

16

À propos de

Pas son genre

Horaires d’ouverture :

19

Cafétéria des Studio Pendant l’été, la cafétéria est fermée du 4 au 24 août. Réouverture : le 26 août.

Courts lettrages

Dans la cour

..............................................

20

Rencontre

Abdellah Taïa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 23 Rencontre

Évelyne Jardonnet

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 25

Rencontre

Jean Denizot

.............................................

..........................................

EUROPA

28

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

À propos

Noé

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

27

Gros plan

Tom à la ferme

Pendant cette période Indo Emil sera heureux de vous retrouver pour vous proposer ses spécialités indiennes ainsi que des boissons chaudes ou fraîches.

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Interférences

Noé/Night Moves

........................................

32

Vos critiques

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public

.............................................

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

34 GNCR

FILM DU MOIS DE JUILLET : Le Procès de Viviane Amsalem . . 36 FILM DU MOIS D’AOÛT : Ali a les yeux bleus

GRILLE PROGRAMME

.................

...........

36

pages centrales

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

En cabine L

ors des cérémonies des 50 ans des Studio, en mars 2013, 13 artistes tourangeaux avaient rendu hommage aux Studio et au cinéma dans une exposition remarquée (1 000 visiteurs par semaine) au château de Tours, intitulée Pour en finir avec les bobines : bobines de films et d’anciens tickets qu’ils recyclaient dans des œuvres créées spécialement pour l’événement. Dans la tour, deux films de Daniel Blanvillain montraient, avec beaucoup d’élégance, la magie de ces bobines de films qui défilaient entre les mains des projectionnistes des Studio…

Comme il était annoncé dans le titre : Tout est fini ! depuis juillet 2011, les 7 salles ont été équipées de matériel numérique et les projections en 35 millimètres sont devenues l’exception, pour la Nuit des Studio ou lors des soirées de la Cinémathèque. La magie a disparu de la cabine (heureusement, elle continue à vivre sur les écrans !) Pour le spectateur, rien ne semble avoir changé. Pour les projectionnistes, c’est presque un nouveau métier ! Plus de bobines à aller chercher à Paris. Plus de films à monter (et à démonter le mardi soir). Plus de pellicule rayée, qui casse ou qui prend feu… Les

films arrivent sous deux formes : soit par la Poste (sous forme de DCP – des gros DVD), soit par le câble, distribués par la société Globcast (à peu près 2 films sur 10). Les six opérateurs (polyvalents) les chargent sur La Librairie (un ordinateur qui centralise les données numériques) avant d’être répartis, selon les besoins, sur les différents serveurs. L’accès aux images est contrôlé par le distributeur, à l’aide d’une clé KDM, qu’il est seul à pouvoir déverrouiller (selon les dates d’exploitation négociées avec lui par l’équipe des Studio1). Reste aux opérateurs à créer une playlist comprenant la publicité2, les bandes annonces, les courts métrages éventuels et les films… Si vous voulez voir toute cette inévitable (r)évolution3, rendez-vous le samedi 20 septembre 2014 pour les Journées internationales du Patrimoine. Éric sera à même de vous faire découvrir ce nouveau métier : projectionniste… DP

1 Rappelons que la programmation des Studio est totalement indépendante. 2 Dans les salles 1, 3, 4 et 7 – pour une durée maximum de 7 minutes. 3 Les films ne sont plus tirés en 35 millimètres.

RÉ-ABONNEZ-VOUS ! Voir page 33 Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

3


du 23 au 29 juillet

juillet SEMAINE 4

1h34’

Hommage à René Allio

14h30 LA VIEILLE DAME INDIGNE 19h30 de René Allio 14h15 1h58’ L’HOMME QU’ON 17h15 AIMAIT TROP 21h15 de André Téchiné 14h15 17h30 19h30

1h45’

juillet SEMAINE 1

2014

Hommage à René Allio

RUDE JOURNÉE POUR LA REINE de René Allio

17h30 21h30

1h17’ VO

SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE

14h15

de Pascal Plisson

MAESTRO de Léa Fazer

LOULOU

L’INCROYABLE SECRET

17h15

19h30

14h15 1h24’ 19h45 À LA RECHERCHE + 16h00 DE VIVIAN MAIER

LE CONTE DE LA PRINCESSE KAGUYA 19h00

de Daniel Ribeiro

de John Maloof & Charlie Siskel

2h15’

2h17’ VO

AU PREMIER REGARD

14h15

14h30 1h31’ ON A FAILLI ÊTRE AMIES 19h00 de Anne Le Ny 21h00

SAUF jeu-ven

de Éric Omond & Grégoire Solotareff

1h36’

14h30 1h46’ 17h00 JIMMY’S HALL de Ken Loach 19h00 21h15

2014

1h37’ VF

14h15

MALÉFIQUE de Robert Stromberg

48’ sans paroles

de Isao Takahata

14h15

JERSEY BOYS

19h15

de Clint Eastwood

Programme de courts métrages

14h15

LETTRE A MOMO de Hiroyuki Okirura

19h00

PALERME

de Richard Linklater

de Emma Dante

17h15 21h50

19h30

de Panos H. Koutras

1h25’

Partenariat Ciclic/Studio

de Léa Fazer En présence de la réalisatrice

1h38’

LA RITOURNELLE 1h31’

1h31’

19h30

ON A FAILLI ÊTRE AMIES

de Pascal Rabaté

de Anne Le Ny

21h15

21h30

17h15

de Robert Guédiguian

JIMMY’S HALL

de Wim Wenders

de Ken Loach

21h30

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

17h15 21h45

mardi 19h45 19h30 SAUF mardi +

21h45

1h47’

UNDER THE SKIN de Jonathan Glazer

1h46’

PARIS TEXAS

www.studiocine.com

de Marc Fitoussi

AU FIL D’ARIANE

19h30

1h46’

2h25’

17h00

1h32’

DU GOUDRON ET DES PLUMES

SAUF jeudi vendredi

VO 14h15 LE CONTE DE LA 21h15 PRINCESSE KAGUYA VF de Isao Takahata 17h00 MAESTRO

XENIA

jeudi vendredi

2h17’ VF VO

2h08’

BOYHOOD

16h00

17h15

AVANT-PREMIÈRE

1h30’

2h45’

SAUF jeudi vendredi

LE PIANO MAGIQUE SAUF 2h’ VF

1h20’

1h25’

du 2 au 8 juillet

17h45 21h30

ZERO THEOREM de Terry Gilliam

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 9 au 15 juillet

juillet SEMAINE 2

1h25’

14h15 19h30

2h17’ VF VO

JE VOYAGE SEULE de Maria Sole Tognazzi

14h15 1h46’ JIMMY’S HALL 17h15 de Ken Loach 21h15 DU GOUDRON ET DES PLUMES de Pascal Rabaté

1h31’

14h30 19h45

14h15 1h58’ 17h00 L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP 19h15 de André Téchiné 21h30

MINUSCULE, LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES

1h55’

14h15

de Thomas Szabo & Hélène Giraud

LA PETITE FABRIQUE DU MONDE 16h00 Programme de courts métrages

LOULOU

L’INCROYABLE SECRET

14h15

de Éric Omond & Grégoire Solotareff

MINUSCULE, LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES

17h15

de Thomas Szabo & Hélène Giraud

MALÉFIQUE de Robert Stromberg

SUNHI

ON A FAILLI ÊTRE AMIES

de Hong Sang soo

de Anne Le Ny

17h15 17h15 21h30

1h55’

1h40’

MOUTON de Gilles Deroo & Marianne Pistonne

2h25’

14h15

17h15 LE PROCES DE VIVIANE AMSALEM 21h30

de Gia Coppola

de Wim Wenders

CARICATURISTES 17h45 fantassins de la démocratie 21h45

1h46’

LE CŒUR BATTANT

14h30 19h30

de Ken Loach

1h24’

14h30

À LA RECHERCHE DE VIVIAN MAIER

DU GOUDRON ET DES PLUMES

de John Maloof & Charlie Siskel

dePascal Rabaté

21h30

de Jonathan Glazer

17h00 21h45

1h31’

17h30 21h30

1h25’

1h31’

ON A FAILLI ÊTRE AMIES

JE VOYAGE SEULE

de Anne Le Ny

de Maria Sole Tognazzi

17h45 21h45

de Stéphanie Valloatto

1h24’

UNDER THE SKIN

JIMMY’S HALL

de Roberto Minervini

1h28’ 1h47’

LE CONTE DE LA 19h00 PRINCESSE KAGUYA de Isao Takahata

19h30

1h46’

PALO ALTO

PARIS TEXAS

1h41’

de Ronit & Shlomi Elkabetz

1h40’

2h17’ VF

3D

1h31’

1h28’

19h15

1h20’

1h29’ sans paroles

14h30 LE PROCES DE AMSALEM 19h30 VIVIANE de Ronit & Shlomi Elkabetz

19h00

1h37’ VF

de Jérémy Saulnier

19h15 21h15

2014

1h29’ sans paroles

BLUE RUIN

14h30 19h45 17h30 21h30

VF LE CONTE DE LA 14h15 PRINCESSE KAGUYA VO de Isao Takahata 19h00

du 16 au 22 juillet

42’ sans paroles

1h31’

14h30 19h30

juillet SEMAINE 3

2014

À LA RECHERCHE DE VIVIAN MAIER de John Maloof & Charlie Siskel

17h45 21h45

17h30

1h31’

SUNHI

BLUE RUIN

de Hong Sang soo

de Jérémy Saulnier

21h15

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


août SEMAINE

du 20 au 26 août

4

1h49’

14h30 19h45 17h45

1h30’

CUTTER’S WAY LA BLESSURE 1h27’

PEAU D’ÂNE

14h15

de Jacques Demy

35’ sans paroles

LA DUNE

POUPI

de Yossi Aviram

de Zdenek Miler

16h00

14h30

CLÉO DE 5 A 7

19h45 14h30

Hommage à Agnès Varda

de Agnès Varda

1h03’ + 30’

2014

Hommage à Agnès Varda

DOCUMENTEUR + Black Panthers de Agnès Varda

17h45 21h45

1h15’

1h26’

MA MAMAN EST EN AMÉRIQUE, LES GARCONS ET A RENCONTRÉ BUFFALO BILL 14h15 19h15 GUILLAUME À TABLE ! ELLE de Marc Boreal & Thibaut Chatel de Guillaume Galliène

3h16’

19h45

du 30 juillet au 5 août

1

1h30’

de Ivan Passer

21h45 14h15

août SEMAINE

2014

À suivre.

1h37’

1h45’ VF

WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan

DRAGONS 2

3D

de Dean DeBlois

17h15

14h30 QU’EST CE QU’ON A AU BON DIEU ? 19h15 FAIT de Philippe de Chauveron

1h17’ VO

SUR LE CHEMIN DE L’ÉCOLE

17h15

de Pascal Plisson

Festival de Cannes 2014

14h15 2h03’ SILS MARIA 17h00 19h15 de Olivier Assayas 21h30 À suivre.

Partenariat Studio/Académie Francis-Poulenc

1h50’

LES VISITEURS DU SOIR de Marcel Carné

14h15 1h40’ LES 17h15 COMBATTANTS de Thomas Cailley 19h15 À suivre.

1h33’

14h30 1h40’ LENDEMAINS 17h45 DES QUI CHANTENT de Nicolas Castro 19h45 À suivre.

1h35’

1h45’

14h30 LE GRAND HOMME PAS MOURIR 19h45 QUI NE VOULAIT de Sarah Leonor

THE DOUBLE de Richard Ayoade

LE BEAU MONDE de Julie Lopez-Curval

14h15

19h45

19h30

17h45

14h15

21h45

20h45

17h45

14h15

21h45

19h30

ALI A LES YEUX BLEUS

2h14’

DETECTIVE DEE 2 21h15 de Tsui Hark

17h00 21h00

19h30

de Sydney Sibilia

www.studiocine.com

BIG BAD WOLVES

19h00

BOYHOOD

MAESTRO

17h15

de Richard Linklater

de Léa Fazer

21h15

1h25’

2h45’

1h45’

2h07’

MAIDAN de Sergei Loznitsa

de Aharon Keshales

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

19h15

SECONDS L’OPÉRATION DIABOLIQUE de John Frankenheimer

1h36’

1h58’

L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP

AU PREMIER REGARD

de André Téchiné

de Daniel Ribeiro

1h44’

21h30

17h15

de Emma Dante

À suivre.

1h50’ Interdit – 16 ans

J’ARRÊTE QUAND JE VEUX

PALERME

de Claudio Giovannesi

À suivre.

1h40’

1h30’

1h39’

mercredi 27 août

17h30 21h30 17h45 21h45

2h13’

THE LUNCHBOX

12 YEARS A SLAVE

de Ritesh Batra

de Steve Mc Queen

21h15

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


août SEMAINE

du 6 au 12 août

2

Hommage à Agnès Varda

1h45’

14h15

19h45

de Agnès Varda

de Agnès Varda

WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan

2h14’

14h30

14h30

21h30

de Heiki Emits & Janno Poldman

MA MAMAN EST EN AMÉRIQUE, ELLE A RENCONTRÉ BUFFALO BILL 17h15 de Marc Boreal & Thibaut Chatel

de Sydney Sibilia

de Aaron Fernandez Lesur

17h30 21h30

1h39’

1h19’

IDA de Pawel Pawlikowski

ALI A LES YEUX BLEUS de Claudio Giovannesi

1h56’

1h52’

LE PRÊTEUR SUR GAGES

CIRCLES de Srdan Golubovi

de Sidney Lumet

1h37’

17h15

de Jacques Tati

de Jacques Tati

QU’EST CE QU’ON A

14h15 17h15 19h00

DRAGONS 2 Festival de Cannes 2014

14h15

de Nuri Bilge Ceylan

LA SORCIERE DANS LES AIRS

1h35’

LE BEAU MONDE de Julie Lopez-Curval

Programme de courts métrages

9 MOIS FERME

14h30 LE GRAND HOMME QUI NE VOULAIT PAS MOURIR 19h30 de Sarah Leonor

de Albert Dupontel

1h40’

J’ARRÊTE QUAND JE VEUX

1h33’

de Sydney Sibilia

THE DOUBLE

19h45

16h15 17h15

1h26’

1h45’

17h45 19h45 17h45 21h45

3h

de Richard Ayoade

COMRADES

21h15

20h45

de Bill Douglas

1h27’

14h30

THE TWO FACES OF JANUARY

19h30

de Dean DeBlois

WINTER SLEEP

14h30 17h15

14h30

1h45’ VF

14h15

21h15

1h36’

17h45 FAIT AU BON DIEU ?

MON ONCLE

PLAYTIME

3h16’

19h30

1h56’

2014

Hommage à Jacques Tati

50’ VF

PALMA REAL MOTEL

19h15

21h45

LE SECRET DE LA PIERRE DE LUNE 14h15

J’ARRÊTE QUAND JE VEUX

19h30

17h30

1h40’

1h40’

19h30

2h06’

17h45

du 13 au 19 août Hommage à Jacques Tati

1h15’

14h15 DETECTIVE DEE 2 19h00 de Tsui Hark 17h00 14h30

3

1h15’ VF

3h16’

Festival de Cannes 2014

3D

août SEMAINE

Hommage à Agnès Varda

MUR, MURS + Uncle Yanco

SANS TOIT NI LOI

19h45 14h15

1h21’ + 22’

2014

21h30

LA DUNE

19h45

de Yossi Aviram

1h45’

YVES ST LAURENT

21h30

de Jalil Lespert

de Hossein Amini

de Philippe de Chauveron

2h14’

19h30

3D

1h25’

1h58’

L’HOMME QU’ON AIMAIT TROP

MAESTRO de Léa Fazer

21h45

de André Téchiné

1h33’

17h00 DETECTIVE DEE 2 21h30

de Tsui Hark

LA VIE DE CHÂTEAU 17h45 de Jean Paul Rappeneau

21h45

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


–2– Pour ce deuxième été cinéphile placé sous le signe de la (re)découverte et du plaisir, trois projecteurs seront braqués sur des cinéastes français et quelques spots navigueront des années 60 aux années 70.

D

émarrons par René Allio un cinéaste majeur qui a toujours su mêler recherches formelles et engagement politique. Deux de ses œuvres les plus importantes sont, enfin, à nouveau visibles, LA VIEILLE DAME INDIGNE qui marqua par son ton et son audace tranquille et RUDE JOURNEE POUR LA REINE, une fable très étonnante.

Continuons par l’immense Agnès Varda. On n’en finit pas de constater l’importance de cette cinéaste qui, de documentaire en fiction, a signé nombre de très grands films. Nous parcourrons son œuvre de CLEO DE 5 A 7 jusqu’à SANS TOIT NI LOI sans oublier son passage en Californie dans les années 70 : DOCUMENTEUR et son pendant MUR, MURS, accompagnés des courts métrages

UNCLE YANKO et BLACK PANTHER. Et, enfin, Jacques Tati, cinéaste immensément connu mais pas toujours suffisamment vu. Deux films, le célèbre MON ONCLE que l’on a plaisir à retrouver et PLAYTIME, son œuvre la plus ambitieuse, la plus visionnaire, sans doute la plus belle, qui fut mal comprise à sa sortie. Autour de ces planètes, quelques satellites vont aussi illuminer l’été. Nous pourrons revisiter un certain cinéma américain à travers LE PRETEUR SUR GAGES de Sidney Lumet, SECONDS-L’OPERATION DIABOLIQUE de John Frankenheimer et CUTTER’S WAY de Ivan Passer. Toujours aux États-Unis, nous nous laisserons à nouveau bercer par les accords de Ry Cooder et les paysages magnifiques de PARIS, TEXAS de Wim Wenders et pour finir, un feu d’artifice ayant nom LA VIE DE CHATEAU de Jean-Paul Rappeneau, une des plus belles (et des plus drôles) comédies jamais réalisées en France. Bref, cet été, la possibilité du bonheur se trouve au 2 rue des Ursulines. JF

Partenariat avec l’Académie Francis Poulenc Mercredi 27 août – 19h45

C

ette année, l’Académie Francis Poulenc a porté son choix cinématographique sur un classique d’entre les classiques : Les Visiteurs du soir. Vous en saurez plus dans les Carnets de Septembre.

4

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014


w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE JUILLET

2014 :

• Alternancesq, de C trio (C. Hémard-C. Terranova - C. Lété) (studio 1-2-4-5-6) • El valle de la infancia, de Dino Saluzzi (studio 3-7) AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS D ’ AOÛT

2014 :

• Songbook, de Molly Johnson (studio 1-2-4-5-6) • Yo, de Roberto Fonseca (studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

9 mois ferme

France – 2013 – 1h22, de Albert Dupontel, avec Sandrine Kiberlain, Albert Dupontel…

Ariane Felder, juge intransigeante, célibataire endurcie et coincée est enceinte ! Elle ne se souvient de rien et ne trouve aucune explication à la présence de ce bébé dans son ventre. Mais le plus surprenant est qu’elle découvre après enquête et tests de paternité que l’enfant à naître est celui d’un marginal loufoque accusé d’un meurtre atroce… Cette comédie délirante menée tambour battant par deux acteurs déchaînés, a rempli les salles l’hiver dernier. Ne ratez pas cette deuxième chance ! SB

12 Years A Slave

USA – 2013 – 2h13, de Steve McQueen, avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Brad Pitt…

1841. Solomon Northup, violoniste noir, vit librement avec sa famille dans l’Etat abolitionniste de New York. Kidnappé lors d’un déplacement, il se retrouve déporté et vendu dans le sud, en NouvelleOrléans. Devenu esclave, Solomon cumule les humiliations et les sévices alors que les années de captivité défilent… Après Hunger (2008) et Shame (2011), S. McQueen nous propose une superbe et implacable adaptation des mémoires de S. Northup, meilleur film 2014. Époustouflant ! RS

A À la recherche de Viviane Maier Documentaire américain – 2014 – 1h24, de Charlie Siskel, John Maloof.

Après l’extraordinaire exposition du château de Tours, John Maloof revient sur la découverte des 100 000 clichés de Vivian Maier et mène l’enquête sur cette artiste géniale, énigmatique et totalement inconnue jusqu’à sa mort. Le portrait, fait de témoignages souvent contradictoires, tente de retracer

l’incroyable histoire de cette femme excentrique qui arpentait les rues sans relâche, son Rolleiflex à la main. Si nous sommes fascinés par le regard hors du commun qu’elle portait sur le monde, nous le sommes aussi par sa vie. Un film à la fois captivant, édifiant et bouleversant. SB

Au Fil d’Ariane

France – 2014 – 1h32, de Robert Guédiguian, avec Ariane Ascaride, Jacques Boudet, Jean-Pierre Darroussin, Anaïs Demoustier…

Le jour de son anniversaire Ariane est seule dans sa jolie maison. Les bougies sont allumées sur le gâteau. Mais les invités se sont excusés… Ils ne viendront pas. Et si leur absence était un cadeau inattendu ? L’occasion pour Ariane de quitter son monde (presque) parfait et de partir à l’aventure se perdre dans la grande ville… Le dernier Guédiguian se présente comme une petite pièce de poésie ludique et jubilatoire. On est impatient ! Sources : dossier de presse

Au premier regard

Brésil 2013 1h36, de Daniel Ribeiro, avec Guilherme Lobo, Fabio Audi, Tess Amorim...

Leonardo, 15 ans, est aveugle et soutenu par Giovana, sa meilleure amie. Un jour, Gabriel arrive dans leur classe. Les deux adolescents se rapprochent, Giovana se sent exclue... Abordant de façon très juste les questions de désir, de normalité et d’indépendance, Au premier regard, au delà de son thème et de son histoire, semble se distinguer à la fois par la sensibilité de son approche et par la qualité de sa réalisation. Ce qui lui a valu au dernier festival de Berlin, des ovations à chacune de ses projections, le Teddy award et le prestigieux Prix Fipresci, (prix de la critique internationale). Très prometteur. Sources : dossier de presse Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

5


B

Le Beau monde

Boyhood

France – 2014 – 1h35, de Julie Lopes-Curval, avec Ana Girardot, Bastien Bouillon…

USA – 2014 – 2h43, de Richard Linklater, avec Ellar Coltrane, Lorelei Linklater, Patricia Arquette, Ethan Hawke…

À 20 ans, Alice vit à Bayeux et se passionne pour… la broderie. Elle ne sait que faire ce son talent jusqu’à ce qu’elle rencontre une riche parisienne, Agnès, qui l’aide à s’inscrire dans une école à Paris. C’est là qu’elle rencontre Antoine, le fils d’Agnès. Malgré la différence de milieu social, ils s’éprennent l’un de l’autre. Il lui fait découvrir de l’intérieur le beau monde… Pour son 5e long-métrage Julie Lopes-Curval est revenue dans sa ville d’origine avec l’envie de filmer les lieux de son enfance et notamment la célèbre tapisserie qui fait la scène d’ouverture. Un film social, plein de tendresse et un premier grand rôle pour Ana Girardot.

Pendant 12 ans, le réalisateur a tourné à Austin, au Texas, avec le même casting, un film unique sur la famille (le jeune Mason de six ans jusqu’à sa majorité), à travers les petits riens (les déménagements, les amis, les rentrées des classes, les premiers émois...) et les grandes décisions qui rythment la jeunesse jusqu’à l’âge adulte. Boyhood, film hors du commun sur le temps qui passe, a été présenté au festival de Sundance et a remporté l’Ours d’argent du meilleur réalisateur à la Berlinale 2014.

Sources : dossier de presse

Fantassins de la démocratie

Sources : dossier de presse

Caricaturistes

France – 2014 – 1h46, documentaire de Stéphanie Valloatto, avec Plantu…

Big Bad Wolves

Israël 2013 1h50 de Aharon Keshales, Navot Papushado, avec Lior Ashkenazi, Rotem Keinan, Tzahi Grad, Dov Glickman…

, Persuadés de la culpabilité d’un professeur de théologie, le père d’un enfant victime d’un pédophile et un policier vont tout mettre en œuvre pour faire avouer le suspect. Et quand on dit « tout », c’est vraiment « tout » car ce film grinçant à l’humour ultra macabre ne nous épargne à peu près aucun détail des tortures que subira le coupable tout désigné. Objet de controverse, donc, Big bad wolves a pourtant de quoi séduire un public un peu plus large que celui des habitués des films gore tant le scénario s’annonce retors et tant la critique semble l’avoir apprécié. Souces : avoiralire.com, abusdecine.com, imdb.com

Blue Ruin

USA – 2013 – 1h32, de Jeremy Saulnier, avec Macon Blar, Devin Ratray, Amy Hargreaves…

Dwight Evans, un vagabond solitaire, voit sa vie bouleversée quand il retourne à sa maison d’enfance pour réaliser une vieille vengeance. Se faisant assassin amateur, il est entraîné dans un conflit brutal – et un engrenage de violence – pour protéger sa famille qui lui est étrangère. « Fan inconditionnel du film de genre », Jeremy Saulnier propose après Murder Party, un thriller au suspens calculé, où il parvient à glisser des éléments comiques et des réflexions sur la famille et la culture américaine… Sources : dossier de presse, filmdeculte.com.

6

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

Ils sont français, tunisienne, russe, mexicain, américain, burkinabé, chinois, algériens, ivoirien, vénézuélienne, israélien et palestinien. Leur seule arme est un crayon, qu’ils utilisent avec humour contre l’abus, la bien-pensance, les puissants de tous bords... parfois au risque de leurs vies ; entre rire et frustration, entre tendresse et violence, ce documentaire en forme de tour du monde unanimement salué à Cannes est indispensable et merveilleusement bien mené. Sources : dossier de presse

Circles

Serbie 2013 1h52, de Srdan Golubovic, avec Aleksandar Bercek, Nebojsa Glogovac...

1993. Bosnie. Marko, un soldat serbe, sauve Haris, un vendeur de cigarettes, des coups de trois autres soldats. Douze ans après ce fait divers dramatique, entre Belgrade et Berlin, les protagonistes vont devoir se confronter au passé et dépasser, entre autres, frustration et culpabilité... Construit comme un puzzle qui se forme peu à peu, Circles est un film qui tient en alerte et est constamment passionnant sur un sujet pourtant rude mais non sans espoir. Multi-récompensé, notamment aux festivals de Sundance et de Berlin, il s’agit du troisième long métrage de son auteur mais le premier à sortir en France. À suivre de près. JF Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

C


Cléo de 5 à 7

Franco-Italien-1962-1h30, d’Agnès Varda,avec Corinne Marchand, Antoine Bourseiller, Dominique Davray…

Dans deux heures, Cléo, jolie chanteuse, saura si elle est atteinte d’un cancer ou non, en allant chercher les résultats de sa biopsie chez le médecin. Elle égrène cette attente particulière de rencontres : son amant, son musicien, une amie, puis un soldat qui part faire la guerre en Algérie le lendemain. Agnès Varda dessine un beau portrait de femme, entre frivolité et angoisse, superstition et profondeur, dans les rues du Paris des années 60. CP

Le Cœur battant

Belgique, Italie, États-Unis – 2014 – 1h41, de Roberto Minervini, avec Sara Carlson, Colby Trichell, Tim Carlson…

Fille de fermiers très religieux, Sara ainsi que ses onze frères et sœurs suit de rigoureux préceptes bibliques. Comme ses sœurs, elle apprend à être pieuse, soumise aux hommes. Quand Sara rencontre Colby, un jeune adepte de rodéo, elle se trouve confrontée à des doutes… Roberto Minervini nous montre de nouveau cet univers dans son troisième long métrage. Ses films précédents, The Passage (2011) et Low Tide (2012), évoquaient déjà le monde rural texan de manière très intime. Dans Le Cœur battant, son style contemplatif s’arrête encore plus sur les détails de la vie d’une de ces personnes, jusqu’à arriver à y capter une lumière qui se laisse rarement discerner. Sources : dossier de presse

Les Combattants

L’Homme qu’on aimait trop) dont l’énergie et la poésie rappellent Depardieu jeune… Sources : telerama.fr – next.liberation.fr – nouvelobs.com

Comrades

Grande-Bretagne – 1986 – 3h, de Bill Douglas, avec J. Fox, R. Stephens, V. Redgrave...

En 1834, un groupe d’ouvriers agricoles qui finit par être connu sous le nom de Martyrs de Tolpuddle tente de former un syndicat. Les membres seront arrêtés, jugés puis déportés vers l’Australie. Bill Douglas retrace cet événement sans misérabilisme, en s’efforçant au contraire de restituer la grandeur qu’il y avait à oser s’élever pour réclamer un salaire décent... Sources : imdb.com, thedigitalflix.com

Le Conte de la princesse Kaguya Japon – 2014 – 2h17, animation de Isao Takahata…

Un vieux coupeur de bambous découvre à l’intérieur d’une tige de bambou une princesse de la taille d’un pouce et décide de la recueillir. Celle-ci devient très vite une jeune fille d’une grande beauté que les plus grands princes veulent épouser… Isao Takahata, connu pour Horus, prince du soleil (1968), Goshu le violoncelliste (1982), Le Tombeau des lucioles (1988), Pompoko (1994), Mes voisins les Yamadas (1999) a privilégié ici une esthétique singulière, abandonnant tout principe réaliste, les personnages dessinés au fusain évoluant dans des décors à l’aquarelle. Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

France – 2014 – 1h40, de Thomas Cailley, avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs…

Dans les Landes, l’été s’annonce tranquille pour Arnaud, entre l’entreprise familiale et les potes, jusqu’à sa rencontre avec Madeleine, un bloc d’énergie, belle et cassante. Une histoire d’amour. Ou de survie. Ou les deux. Le 1er film de Thomas Cailley a été l’une des révélations du dernier festival de Cannes. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, il a raflé le Prix de la SACD, le Label Europa et le Prix Art Cinema Award. « Surprenant de bout en bout, irrésistiblement drôle, Les Combattants a l’art d’aborder des choses graves avec un humour tendre et acide à la fois. », « une merveilleuse surprise ». Tous sont tombés sous le charme athlétique d’Adèle Haenel (César du second rôle pour Suzanne et 1er rôle du prochain Téchiné :

Cutter’s Way

USA 1981 1h49, de Ivan Passer, avec Jeff Bridges, John Heard, Lisa Eichorn...

Alex est revenu traumatisé de la guerre du Vietnam. Son ami Richard est soupçonné dans une affaire de meurtre. Ensemble, ils vont mener l’enquête... C’est un vrai bonheur que de pouvoir (re)découvrir ce film magnifique qui a considérablement marqué les esprits à l’époque de sa sortie. Malgré son argument, Cutter’s way est assez loin du polar. C’est surtout une œuvre désabusée, véritablement poignante et une des plus belles œuvres liées à l’après-guerre du Vietnam. Autour d’acteurs magnifiques, le film met un coup de projecteur sur Ivan Passer, un grand cinéaste malheureusement un peu oublié aujourd’hui. Une occasion à ne pas laisser passer. JF Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

7


D

Des lendemains qui chantent France 2013 1h40 de Nicolas Castro, avec Pio Marmaï, Laetitia Casta, Ramzy Bédia, Gaspard Proust, André Dussolier...

Pendant près de deux décennies on suivra les parcours croisés mais parallèles de quatre personnages, tous en quête d’engagement. Mais, bien entendu, les années 80 et 90 furent plutôt celles de la désillusion et du désenchantement politiques... Comment continuer à croire en quelque chose dans un monde qui se referme graduellement ? Sources : dossier de presse

Detective Dee 2

Hong-Kong 2h14 2013, 2D, 3D de Tsui Hark, avec Mark Chao, Carina Lau, Angelababy...

Après un premier film enthousiasmant, voici le retour du détective Dee. Ce second volet se déroule, en fait, avant le premier. Nous y assistons à ses débuts alors qu’il est amené à aider le grand détective Yuchi dans une histoire de complot visant à destituer l’impératrice Wu de son trône... Virevoltant, au rythme qui ne faiblit pas une seconde et à la 3D saisissante, Détective Dee 2, est un plaisir qui ne faiblit pas tout au long de ses 2h14. Action, mystère, fantastique, tout s’y mêle pour notre plus grand plaisir. Un divertissement estival de haute tenue dont on sort absolument ravi. JF

Documenteur

France – 1981 – 1h03, de Agnès Varda, avec Sabine Mamou, Mathieu Demy, Lisa Block

1980 : Agnès Varda est à Los Angeles où elle vient d’achever Murs, Murs. C’est aussi le moment de sa rupture avec Jacques Demy. « J’ai eu l’envie de filmer un moment difficile dans la vie d’une femme qui se retrouve seule avec son enfant dans une ville d’étrangers et d’exilés. » Ni long métrage de fiction, ni documentaire pur, le film prend la forme d’un autoportrait impressionniste, d’une rêverie mélancolique et grisante, aussi singulière que le sont tous les films de la réalisatrice. Beau moment d’émotion et d’esthétique. SB

manifestation de militants du Black Panther Party exigeant la libération d’un de leurs leaders, Huey Newton… Un document rare !

Du goudron et des plumes France – 2013 – 1h31, de Pascal Rabaté, avec Sami Bouajila, Isabelle Carré, Talina Boyaci…

Le Grand Triathlon de l’été se prépare avec ses sportifs, ses majorettes... Christian, divorcé et commercial bidouillard, participe à la compétition. Il fait alors la connaissance de Christine, mère célibataire enceinte. Sa vie va basculer… Cette comédie ravissante emprunte des images, des décors un peu datés et des situations burlesques pleines de poésie. Jamais de cynisme envers les personnages, simplement un regard amusé et tendre. Après Les Petits ruisseaux et Ni à vendre ni à louer, Du goudron et des plumes est à savourer sans modération ! MS

Dragons 2 Voir pages Jeune Public

La Dune

France – 2013 – 1h27, de Yossi Aviram, avec Niels Arestrup, Lior Ashkenazi, Emma de Caunes…

Sur la côte atlantique française, une jeune femme trouve un homme ayant perdu connaissance. Nul ne sait qui il est. Ruben Vardi, inspecteur d’origine israélienne, autrefois en charge des personnes disparues, vient de prendre sa retraite. Il n’est pas question pour lui de se pencher sur cette affaire. Et pourtant… Premier long-métrage pour Yossi Aviram qui jongle entre drame et policier et laisse la part belle à des acteurs très connus… et d’autres totalement inconnus (l’un d’eux a même été démarché alors qu’il faisait du foin dans son champ !) Les dessous du récit promettent de révéler quelques surprises et autres moments inattendus… Sources : dossier de presse

+ COURT MÉTRAGE Black panthers 1968 – 30 mn. En 1968

Agnès Varda est installée, en compagnie de Jacques Demy, en Californie. Elle plante sa caméra à Oakland, près de San Francisco, au beau milieu d’une

8

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.


G Les Garçons et Guillaume, à table ! France – 2013 – 1h26, de et avec Guillaume Gallienne

C’est d’abord une comédie intelligente, euphorisante, qui fait rire avec ses protagonistes et non contre. La double performance d’acteur de Guillaume Gallienne est, on le sait, exceptionnelle dans cette histoire de coming out à l’envers originale, stimulante, plaisante de bout en bout. Entre le garçon efféminé et sa mère virile, les jeux de rôle sont d’une variété infinie. Sans jamais se revendiquer militant, ce film est un magnifique plaidoyer pour la liberté et le respect de l’autre. AW

Le Grand homme France 2013 1h45 de Sarah Leonor, avec Jérémie Renier, Surbo Sugaipov…

Légionnaires détachés en Afghanistan pour six mois, Khadji et Hamilton tombent dans une embuscade pendant une expédition non autorisée. Khadji sauve Hamilton grièvement blessé… De retour à Paris, Hamilton, convalescent, s’efforce d’aider Khadji, désormais civil et sans papiers : il prête son identité à son ami tchétchène pour qu’il puisse travailler légalement… Professeur à la Fémis, Sarah Leonor avait signé, en 2009, un premier film remarqué au festival de Locarno et intitulé Au voleur. Sources : dossier de presse

Ida

Pologne – 2014 – 1h20, de Pawel Pawlikowski, avec Agata Trzebuchowska, Agata Kulesza…

I

Pologne, 1962. Ida, orpheline, n’a jamais quitté le couvent. Alors qu’elle s’apprête à prononcer ses vœux, la mère supérieure la convainc de rendre visite à sa tante Wanda, une femme cultivée et athée. Celle-ci lui révélera un secret qui va les conduire sur les traces du passé, voyage également sources de découvertes pour la jeune fille. En noir et blanc, très primé (festivals de Toronto, Varsovie, Les Arcs…), Ida est une œuvre très puissante, laissant parler l’image, avec un duo d’actrices absolument remarquable ! RS

J’arrête quand je veux Italie 2014 1h40, de Sydney Sibilia, avec Majlinda Agaj, Valerio Aprea, Paolo Calabresi...

J

Sept camarades d’université, tous au chômage ou obligés d’exercer des métiers alimentaires, décident de s’unir autour d’un commerce de drogues dans les discothèques pour devenir rapidement très riches… Sydney Sibilia, jeune réalisateur de trente ans, signe là son premier long métrage avec de nombreuses références allant du film américain Ocean’s eleven au long métrage britannique Arnaques, crimes et botanique. Cette comédie insolite arrive à faire rire pendant 100mn sur la crise économique et le travail à la fois le plus léger et le plus triste qui existe. Sources : Cineuropa.

H

L’Homme qu’on aimait trop France 2014 1h56, de André Téchiné, avec Catherine Deneuve, Adèle Haenel, Guillaume Canet...

Inspiré de L’Affaire Agnès Le Roux dont la disparition, en 1977, n’est toujours pas élucidée et toujours en procès, L’Homme qu’on aimait trop met en scène un trio mère/fille/amant qui mêle de façon trouble sentiments filiaux et amoureux, argent et mafia. En se confrontant, comme pour La Fille du RER, à l’adaptation d’un fait divers, André Téchiné se plonge dans une énigme judiciaire et fait le portrait d’un milieu assez trouble. L’Homme qu’on aimait trop (le clin d’œil à Hitchcock n’est pas anodin) est aussi la septième collaboration Téchiné/Deneuve, qui à eux deux ont écrit quelques belles pages de l’histoire du cinéma français. Sources : dossier de presse

Jersey Boys

Américain – 2014 – 2h15, de Clint Eastwood, avec John Lloyd Young, Christopher Walken, Erich Bergen…

Dans le New Jersey des années 60, quatre jeunes hommes fondent le bien nommé groupe « The Four Seasons ». S’enchaînent des succès, des triomphes même, pour le meilleur comme pour le pire… Après son très apprécié biopic J. Edgar, Eastwood repasse une nouvelle fois derrière la caméra, et s’attaque cette fois-ci à un genre encore jamais abordé par sa filmographie en lorgnant du côté de la comédie musicale. Jersey Boys s’annonce pour le moins être un film étonnant. Reste à savoir si ce biopic connaîtra davantage de succès ou non, lui qui apparaissait comme l’un des grands oubliés de la sélection cannoise de 2014. Sources : dossier de presse

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

9


Je voyage seule

Italie 2013 - 1h25 de Maria Sole Tognazzi, avec Margherita Buy, Alessia Barela, Stefano Accorsi…

À 40 ans, sans mari, ni enfant, Irène inspecte les hôtels de luxe partout dans le monde avant de rentrer chez elle, à Rome, retrouver son appartement impersonnel, sa sœur et son ex. Sa liberté, elle la paie du prix de la solitude… « Une comédie pleine d’intelligence et de vitalité. » (Corriere della Sera). « La liberté d’Irene reflète celle de la réalisatrice, joyeusement impertinente. » (il manifesto).

Jimmy’s Hall

Grande-Bretagne – 2014 – 1h46, de Ken Loach, avec Barry Ward , Simone Kirby , Andrew Scott...

Au début des années 1930, Jimmy Gralton, leader communiste irlandais est déporté aux Etats-Unis pour avoir fondé le «Hall», un foyer ouvert à tous où l’on se retrouve pour danser, étudier, ou discuter. L’Irlande qu’il retrouve, une dizaine d’années après la guerre civile, s’est dotée d’un nouveau gouvernement. Tous les espoirs sont permis… Il décide donc de rouvrir le « Hall » et à nouveau, le succès est immédiat. Mais l’influence grandissante de Jimmy et ses idées progressistes ne sont toujours pas du goût de tous… Avec ce portrait d’un activiste communiste, Ken Loach nous donne encore une fois une belle leçon d’humanité – La dernière ? Puisque le réalisateur annonce qu’il signe ici sa dernière réalisation… Sources : dossier de presse – Cannes.

L

Lettre à Momo Loulou, l’incroyable secret

suisse avait co-signé le scénario avec Jocelyn Quivrin s’inspirant largement de sa participation au tournage des Amours d’Astrée et Céladon d’Eric Rohmer. Un trio d’acteurs remarqués pour un sujet de comédie inattendue. Sources : dossier de presse

Filmographie : Bienvenue en Suisse (04) – Notre univers impitoyable (08) – Ensemble, c’est trop (10) – Cookie (10) Ciclic et les cinémas Studio vous proposent une avant première le mardi 8 juillet à 19h45, en présence de Léa Fazer, la réalisatrice.

Maidan Ukraine/Pays Bas – 2014 – 2h07, de Sergei Loznitsa

Entre novembre 2013 et mars 2014, Loznitsa a filmé ce qui s’est passé à Kiev. Maidan suit la chronologie des manifestations qui ont conduit à la fuite du président de l’Ukraine. L’accumulation de la matière au fil des jours et des nuits – locaux de réunions, foule à l’écoute des orateurs, assauts des forces de l’ordre, batailles à coups de pavés, départs de feu – tout est filmé en plans fixes. On passe de la description de l’organisation bon enfant des manifestations à de véritables scènes de guerre. Ce documentaire émouvant a été projeté en séance spéciale à Cannes. Sans hésitation, venez le découvrir ! Sources : dossier de presse, Libération.

Maléfique Ma Maman est en Amérique Minuscule, la vallée des fourmis perdues Voir pages Jeune Public

Voir pages Jeune Public

M

Maestro France-Suisse – 2014 – 1h25, de Léa Fazer, avec Pio Marmaï, Michael Lonsdale, Deborah François…

Jeune acteur qui rêve de jouer dans un film d’action, Henri se retrouve engagé dans un film de Cédric Rovère, monstre sacré du cinéma d’auteur. Le tournage ne ressemble en rien à ce qu’il attendait mais il sortira transformé de cette expérience inattendue… Pour son 5e long-métrage, la réalisatrice franco-

10

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

Mon oncle

France 1958 1h50, de Jacques Tati, avec Jacques Tati, Jean-Pierre Zola, Adrienne Servantie…

Monsieur Hulot habite toujours son petit deux pièces dans un vieux quartier populaire, et a du mal à comprendre un monde, qui en ces années 50, est en pleine mutation. Alors, heureusement que, quand il lui faut pénétrer dans le pavillon modèle de sa sœur, agrémenté de tous les derniers perfectionnements, il y retrouve Gérard, son neveu, pour partager jeux et rêveries, au grand dam du très prag-


matique M. Arpel, qui a fait fortune das le plastique ! C’est dans une version restaurée de ce grand classique, que nous allons (re) voir avec quel génie, quelle force, quelle poésie Hulot/Tati grippe voire dynamite les mécaniques trop bien huilées ! IG Voir pages Jeune Public

Mouton

France – 2014 – 1h40, de Gilles Deroo et Marianne Pistonne, avec David Merabet, Michael Mormentyn, Cindy Dumont…

Il était dit que le jeune Mouton vivrait sa vie simple d’employé au restaurant de la mer pendant trois ans et qu’il serait arraché à cette vie après une nuit tragique au bal Sainte-Anne. Voici l’histoire résiduelle de ses potes restés dans une ville désormais peuplée de chiens et d’espoirs contenus dans de minuscules gestes… Les réalisateurs s’astreignent à la banalité la plus dépouillée et la plus orthodoxe (un fait divers au fin fond d’une France délaissée) pour y faire naître le légendaire, creusent dans la matière brute pour y trouver du sacré. Pourtant, la question du religieux s’arrête là pour eux : Mouton ne s’habille d’aucun moralisme chrétien… Un étonnant premier film qui n’est pas sans rappeler Bruno Dumont. Sources : dossier de presse, lesinrocks.com

qu’il était mon oncle d’Amérique et quel merveilleux bonhomme il était. » Agnès Varda

OnFrance a failli être amies – 2014 – 1h31, de Anne Le Ny, avec Karin Viard, Emmanuelle Devos, Roschdy Zem…

Dans l’institut de formation pour adultes où elle travaille, Marithé veut aider les autres à trouver leur véritable vocation… quand elle rencontre Carole qui vit dans l’ombre de son mari, Sam, un chef étoilé. Carole reprend confiance en elle et songe à le quitter mais Marithé ne semble pas insensible au charme de Sam… Pour son 4e long-métrage, Anne Le Ny a voulu retrouver un triangle (un homme-deux femmes) comme dans les grands classiques mais… en le pervertissant. Désireuse de renouer avec la comédie, elle voulait explorer le thème de l’amitié féminine en écrivant pour un couple d’actrices parmi les plus passionnantes du moment, Karin Viard et Emmanuelle Devos, pour la première fois réunies à l’écran. sources : dossier de presse

filmographie : Ceux qui restent (07) – Les Invités de mon père (10) – Cornouaille (11)

Palerme

Italie/Suisse/France – 2013 – 1h34 de et avec Emma Dante et Alba Rohrwacher, Elena Cotta…

Mur murs 1980 – 1h21 – Documentaire d’Agnès Varda, avec Juliet Berto, Agnès Varda.

Déjà en 1980 à Los Angeles, les murs avaient la parole. Pendant plus de 4 mois, A. Varda a enquêté sur cette forme détonante d’art brut : les innombrables fresques murales, peintes souvent par des artistes anonymes. Scènes d’apocalypse guerrière, imitations de toiles classiques, thèmes religieux, héros de cinéma ou de bandes dessinées, mais aussi revendications des minorités portoricaines, noires, féministes, mexicaines. Un film riche, plein d’humour et parfois grinçant qui démontre que l’art ne se trouve pas uniquement dans les musées... SB + COURT MÉTRAGE Uncle Yanko 1967 – 22 min « Dans les faubourgs aquatiques de San Francisco, vit un Grec sur une péniche. Il peint des villes célestes et byzantines. Il navigue sur une barque à la voile latine. Il reçoit des hippies et des contestataires dans son bateau-maison. J’ai découvert

O

P

Palerme, sous la chaleur estivale. Rosa, avec Clara, est en route pour le mariage d’une amie. Dans le dédale des rues, elles débouchent dans une ruelle étroite : Via Castellana Bandiera. Or, une autre voiture, avec Samira au volant, arrive dans le sens opposé. Obstinées, aucune des deux femmes n’a l’intention de céder en faisant marche arrière. Leur confrontation ne passe pas inaperçue dans le quartier… Ce premier film de E. Dante, qui a d’abord été une pièce de théâtre : Via Castellana Bandiera, qu’elle écrivit puis mit en scène, dresse un duel poignant prenant un air de tragédie… RS

Palma Real Motel - Les Heures creuses Mexique 2013 1h40, de Aaron Fernandez, avec Kristyan Ferrer, Adriana Paz, Eliseo Lara Martinez..

Sebastian n’a que 17 ans mais il est tout de même chargé de reprendre la direction du petit motel de son oncle. Non loin de Vera Cruz, l’établissement n’a rien de spécialement reluisant et abrite plus souvent des couples adultères que des touristes fortunés. Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

11


Parmi les visiteurs habituels, une jeune femme, Miranda, retrouve régulièrement un homme marié... qui ‘est pas toujours présent aux rendez-vous... Pendant l’attente de son amant, il lui arrive de lier connaissance avec le très jeune Sebastian et les deux vont nouer une étrange complicité... Sources : imdb.com

Palo Alto

USA 2013 1h40, de Gia Coppola, avec Emma Roberts, James Franco, Jack Kilmer...

Un groupe de lycéens, comme englués dans leur quotidien... L’une d’elles est encore vierge, une autre se donne à tous, un autre ne sort guère de l’alcool ou de divers stupéfiants... certains pourraient s’aimer s’ils avaient le courage de regarder leurs sentiments en face. La presse semble largement saluer ce premier film de la petite dernière de la famille Coppola pour son talent à évoquer avec précision les errements adolescents sans jamais les condamner ni s’y complaire, nombreux observent aussi la qualité du travail des jeunes acteurs qu’elle dirige tout en soulignant le travail photographique et musical. Sources : andsoitbeginsfilms.com, rogerebert.com

Paris Texas

Allemagne, France, Grande-Bretagne, USA - 1984 - 2h25, de Wim Wenders, avec Harry Dean Stanton, Nastassja Kinski, Dean Stockwell…

Il y a d’abord cet homme, sans mots, sans mémoire, errant dans le désert jusqu’à l’épuisement. Puis, plus tard, le même tentant de réapprivoiser la vie et son jeune fils de sept ans, après quatre ans de séparation. Plus tard encore, une femme, sublime, en robe rose moulante, se livrant aux regards à travers la vitre sans tain d’un peep-show… Séquences bouleversantes, inoubliables, à l’image de la musique composée par Ry Cooder. Une grande Palme d’Or à (re)découvrir dans une version restaurée. IG

Peau d’âne La Petite fabrique du monde Le Piano magique Voir pages Jeune Public

12

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

Playtime

France – Italie – 1967 – 2h06, de Jacques Tati, avec Jacques Tati, Barbara Dennek…

Le temps a beau passer Monsieur Hulot reste égal à lui-même : inadapté, étourdi, d’une autre époque, observant le monde dans lequel il est projeté avec le même regard qu’une poule ayant trouvé un couteau ! Cette fois, le voilà perdu dans un Paris ultra-moderne, fantomatique et kafkaïen, entre aéroport et restaurant select, il enchaîne les catastrophes… Avec ce film-monde, venu d’une autre planète, selon Truffaut qui l’admirait, Tati (s’) interroge sur la société de consommation. Sources:dvdclassik.com, tativille.com

Poupi Voir pages Jeune Public

Le USA Prêteur sur gages 1h56 1964 , de Sidney Lumet, avec Rod Steiger, Geraldine Fitzgerald…

Rescapé des camps de concentration, Sol est propriétaire d’un magasin de prêt sur gages à New York. Mais, entre le passé qui le hante et l’environnement hostile du ghetto dans lequel il vit, Sol vacille... Le Prêteur sur gages est un film méconnu. À tort, tant son sujet, son audace et sa forme méritent l’attention. Souvent en caméra portée et son direct, le film rappelle que le grand Sidney Lumet a toujours su filmer New York comme personne (Serpico ou Le Prince de New York, entre autres). Le film permet aussi de redécouvrir Rod Steiger dans un de ses meilleurs rôles et les plus attentifs pourront même reconnaître Morgan Freeman dans une de ses premières apparitions. JF

Qu’est-ce qu’on a fait au Bon Dieu France – 2014 - 1h37, de Philippe de Chauveron, avec Christian Clavier, Chantal Lauby, Ary Abittan…

Un couple de grands bourgeois catholiques et provinciaux, Claude et Marie Verneuil, ayant élevé leurs quatre filles selon des principes religieux et moraux d’ouverture aux autres, a tout de même du mal à faire bonne figure lors du mariage des trois premières : l’aînée a épousé un Musulman, la seconde un Juif et la troisième un Chinois. Tous les espoirs sont permis lorsque la cadette annonce avoir rencontré un Catholique, mais…

Q


Cette comédie vive et efficace sur la tolérance raciale et religieuse est construite à partir des pires clichés, mais s’en sort toutefois avec adresse. CP

R

La Ritournelle France – 2014 – 1h38, de Marc Fitoussi, avec Isabelle Huppert, Jean-Pierre Darroussin…

Brigitte et Xavier sont éleveurs bovins en Normandie. Elle est rêveuse, la tête dans les étoiles. Lui, les pieds ancrés dans la terre, vit surtout pour son métier. Avec le départ des enfants, la routine de leur couple pèse de plus en plus à Brigitte… Après des courts-métrages remarqués, le cinéaste se lance dans son premier long métrage, La Vie d’artiste (2007). Ensuite, avec Copacabana (2010) et Pauline détective (2012), le réalisateur accède au statut d’auteur, ce qui se confirme avec La Ritournelle. Sources : dossier de presse

magnifique film de Agnès Varda, primé du Lion d’Or à Venise. Une œuvre qui laisse une forte empreinte. RS

Seconds -L’Opération diabolique USA 1967 1h45, de John Frankenheimer, avec Rock Hudson, Salome Gens...

Arthur Hamilton est contacté par un ami qu’il croyait mort. Celui-ci lui propose de changer de vie grâce à une opération de chirurgie esthétique qui lui donnera une nouvelle identité et lui ouvrira les portes d’un monde dont il avait toujours rêvé... Méconnu, un peu méprisé à sa sortie, L’Opération diabolique, montre, avec le temps, que sa réputation de pépite du cinéma de science-fiction des années 60 n’est pas usurpée. Mais le film est aussi plus que cela car assez politiquement incorrect et critique envers l’American way of life. Bref, une œuvre à la fois brillante, distrayante et intelligente. JF

RudeFrance, journée pour la reine Suisse – 1973 – 1h30, de René Allio,

Le Secret de la pierre de lune

avec Simone Signoret, Jacques Debary…

La Sorcière dans les airs

Jeanne vit dans un pavillon de banlieue. Elle est femme de ménage chez les autres, et bonniche à domicile, tarabustée, étouffée par une parentèle envahissante. Pour fuir sa grisaille quotidienne, Jeanne a un truc : elle rêve, s’invente une autre vie, s’ouvre de nouveaux horizons et devient, pour une journée particulière, reine au centre d’un mariage princier, façon Mayerling ou Sissi impératrice... La ressortie en version restaurée de ce film, déconcertant et d’une grande originalité, offre un de ses plus beaux rôles à Simone Signoret, tour à tour minuscule petite femme apeurée puis superbe, hautaine, chaleureuse, éclatante. SB

Sans toit ni loi

France – 1985 – 1h45, de Agnès Varda, avec Sandrine Bonnaire, Macha Méril, Yolande Moreau…

Une jeune femme vagabonde est retrouvée morte de froid dans un fossé. Mort naturelle selon la police… Les images remontent le temps avec les derniers jours d’errance de l’inconnue, Mona. Grâce aux rencontres – berger, universitaire, … – qui ont ponctué sa route, des témoignages dressent le portrait d’une femme énergique et rebelle, croyant pouvoir vivre Sans toit ni loi… Un superbe rôle pour Sandrine Bonnaire dans un

S

Voir pages Jeune Public

Sils Maria

France – 2014 – 2h03, d’Olivier Assayas, avec Juliette Binoche, Kristen Stewart, Chloë Grace Morets…

Maria Enders a connu le succès dès ses 18 ans, pour son interprétation du rôle de Sigrid, jeune femme charismatique, qui conduira au suicide Helena, femme d’âge mûr. Vingt ans après, on lui propose une nouvelle interprétation de cette pièce : mais dans le rôle d’Helena cette fois… Olivier Assayas réunit ici la jeune et talentueuse Kristen Stewart et la fabuleuse Juliette Binoche, que l’on ne présente plus. Dans ce film mettant en scène les correspondances charnelles et psychiques entre passé et présent, l’une accompagne l’autre, jusque dans les travers de désirs inavoués… Présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, Sils Maria s’annonce renversant. Sources : dossier de presse

Sunhi

Corée du Sud - 2013 - 1h28, de Hong Sang-soo, avec Seon-gyun Lee, Jae-yeong Jeong, Yu-mi Jung…

Subhi, jeune diplômée en cinéma, rend visite à un de ses professeurs afin d’obtenir une lettre de Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

13


recommandation qui lui permettra de poursuivre ses études aux États-Unis. Ce jour-là, outre son professeur, elle croise également Munsu et Jaehak : le premier a été son amant, l’autre, un collègue de promotion. Lors de ses échanges avec chacun d’eux, elle découvre qu’en fait, ils ne savent pas qui elle est, alors qu’ils prétendent tous être obsédés par elle. Avec Sunhi, le fameux réalisateur sud-coréen poursuit son exploration des tourments de l’âme humaine . Sources : filmdeculte.com, dossier de presse

Filmographie succincte : La Vierge mise à nu par ses prétendants (2000, Hahaha (2010), Matins calmes à Séoul (2011), In another country (2012)

Sur le chemin de l’école Voir pages Jeune Public

T

The Double

Grande-Bretagne – 2014 – 1h33, de Richard Ayoade, avec Jesse Eisenberg, Mia Wasikowska, Wallace Shawn…

The Two Faces Of January

USA/Grande-Bretagne/France – 2014 – 1h36, de Hossein Amini, avec Viggo Mortensen, Kirsten Dunst, Oscar Isaac…

En 1962, Chester MacFarland le fortuné et sa jeune épouse Colette arrivent à Athènes. À l’Acropole, ils croisent Rydal, jeune guide américain parlant grec. Ce dernier, attiré et fasciné par la beauté, le charisme et l’argent, accepte l’invitation à dîner des deux touristes américains. Mais le luxe et le raffinement cachent bien une part d’ombre et Rydal se retrouve impliqué dans leurs arnaques… The Two Faces Of January, adapté d’un roman de Patricia Higsmith, est un véritable thriller psychologique dont l’atmosphère est mystérieuse du début jusqu’à la fin. Sources : dossier de presse, Cap campus.

Garçon timide, Simon vit en reclus dans un monde qui ne lui témoigne qu’indifférence. Ignoré au travail, méprisé par sa mère et rejeté par la femme de ses rêves, il se sent incapable. L’arrivée d’un nouveau collègue, James, va bouleverser les choses, car ce dernier est à la fois le parfait sosie de Simon et son exact contraire… Deuxième film, après le succès de Submarine (2011), Richard Ayoade signe la mise en abyme de l’être en proie à la pression constante du surmoi, nous entraîne dans un univers paranoïaque, une ambiance cynique, qui, paradoxalement, charme et retient, bref, hypnotise. Sources : dossiers de presse

The Lunchbox

Inde – 2013 – 1h44, de Ritesh Batra, avec Irrfan Khan, Nimrat Kaur…

Bombay. Ila, un peu délaissée par son mari, tente de le reconquérir par la préparation de délicieux déjeuners qu’un Dabbwallah, livreur de repas, lui livre au bureau dans sa lunchbox. Fait exceptionnel, le repas est apporté par erreur à Saajan, un homme seul, proche de la retraite. En retour, il laisse un mot dans la boîte vide. Ila hésite puis y

14

répond… Avec cette méprise entraînant un échange improbable, The Lunchbox se savoure comme une douceur vraiment plaisante, sans mièvrerie, où les épices parfument les émotions et les rencontres. RS

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

Under The Skin

USA 2013 1h47, de Jonathan Glazer, avec Scarlett Johansson, Jeremy McWilliams...

Un(e) extra-terrestre prend l’apparence d’une jeune femme. À travers l’Ecosse elle séduit et assassine des hommes pour le compte de son espèce... Après Sexy beast et, surtout, le très beau Birth, Jonathan Glazer signe avec Under the skin un objet à part. Un voyage, libéré d’un scénario traditionnel, qui ressemble à une expérience sensorielle où les univers visuels et sonores sont, d’après les critiques, tout aussi étranges que beaux. Fascinant, déstabilisant, le film pose aussi un regard singulier sur la solitude et sur l’espèce humaine (les hommes en particulier). Et de l’avis de tous, Scarlett Johansson y est exceptionnelle. Sources : arte.tv, premiere.fr

La Vie de château

France 1966 1h33, de Jean-Paul Rappeneau, avec Catherine Deneuve, Philippe Noiret, Pierre Brasseur, Mary Marquet...

Juin 1944. Jérôme et Marie vivent en Normandie dans un château près du bord de mer. Le flegme

U


de Jérôme exaspère Marie qui ne rêve que de Paris. Alors qu’un résistant est parachuté dans la région, le château est bientôt occupé par l’armée allemande... Un bijou de comédie drôlissime et indémodable. Le rythme est soutenu, le scénario ingénieux et les dialogues irrésistibles. Quand à l’interprétation elle est hors pair. Philippe Noiret, Pierre Brasseur, Mary Marquet, entre autres, entourent de façon inoubliable une Catherine Deneuve resplendissante dans une de ses plus belles interprétations. Un must. JF

V

Xénia conte l’aventure de deux frères, nés en Crète, d’une mère albanaise et d’un père grec. Après la mort de leur mère, ils partent sur les routes grecques pour retrouver le père qu’ils n’ont jamais connu et obtenir la nationalité grecque impossible sans la reconnaissance officielle paternelle. Leur traversée est l’occasion d’une peinture saisissante de la société grecque moderne. . . Xenia a été sélectionné au festival de Cannes 2014 dans le cadre de la sélection Un certain regard. Sources : dossier de presse.

La Vieille dame indigne France – 1965 – 1h34, de René Allio,

Yves Saint Laurent

avec Sylvie, Malka Ribovska, Victor Lanoux…

Après une existence terne et laborieuse, Madame Berthe décide, à la mort de son mari, de changer de vie. Elle se met à sortir, fréquente les restaurants et les cinémas, se lie d’amitié avec une serveuse délurée et un cordonnier anarchiste... On trouve le secret du bonheur dans ce film lumineux ancré entre la nouvelle vague et l’esprit de Mai 68. L’actrice Sylvie compose une vieille dame malicieuse et inoubliable ; et Victor Lanoux fait sa première apparition au cinéma. Ne manquez pas ce film rare et précieux... SB

W

Xenia

Grèce/France/Belgique – 2014 – 2h08, de Panos H.Koutras, avec Kostas Nikouli, Nikos Gelia, Yannis Stankoglou…

France - 2013 - 1h40, de Jalil Lespert, avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Laura Smet…

1957 à Paris, un timide jeune homme de 21 ans, s’apprête à succéder au maître Christian Dior récemment décédé. C’est le début de l’irrésistible parcours d’Yves Saint Laurent : des années Dior à la création de sa propre griffe, des moments de création pleins d’exaltation aux gouffres du doute et de la dépression. P. Niney et G. Galienne interprètent leur partition avec une justesse remarquable ! IG

Zero Theorem

Winter Sleep Turquie – 2013 – 3h16, de Nuri Bilge Ceylan,

Grande-Bretagne 2013 1h40, de Terry Gilliam, avec Christoph Waltz, David Thewlis, Mélanie Thierry, Matt Damon...

avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akbag…

Aydin, autrefois comédien reconnu, tient un hôtel un peu perdu dans des contrées de l’Anatolie centrale. Il y est entouré de son épouse Nihal, avec laquelle les liens se sont distendus et de sa sœur, Necla, qui souffre d’un divorce encore récent. L’hiver arrive et recouvre les steppes d’un doux duvet blanc. Les liens se déchirent… Après avoir fait partie du jury cannois en 2009, pour, deux ans plus tard, y décrocher le Grand prix avec un très beau Il était une fois en Anatolie (2011), le réalisateur turc revient avec un film dont l’atmosphère mélancolique est perceptible dès les premières images. Récompensé par la prestigieuse Palme d’Or du Festival de Cannes en mai dernier, Ceylan nous fait la promesse de ne pas nous décevoir…

Y

Z

Dans une d’église désaffectée travaille Leth, un informaticien dans la débine, qui a été recruté pour essayer de résoudre le théorème dit du zéro, qui devrait permettre de découvrir le sens de la vie... Les amateurs d’univers déglingués, d’images étonnantes et d’humour tordu seront ravis : l’un des plus grand visionnaires du cinéma est de retour, peut-être dans le genre qui lui a le plus réussi pour l’instant : la dystopie SF dynamitée aux grandes questions philosophiques très chargées en humour... Sources : thewrap.com, entertainmenttime.com

Sources : dossier de presse m e.co iocin stud Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

15


FILM DU MOIS DE JUILLET FILM DU MOIS D’AOÛT

Le Procès de Viviane Amsalem Israël/France/Allemagne – 2014 – 1h55, de Ronit et Shlomi Elkabetz, avec Ronit Elkabetz, Simon Abkarian, Menashe Noy, Sasson Gabai…

D

epuis trois ans, Viviane Amsalem demande un divorce que Elisha, son mari, persiste à refuser. Or, en Israël, seuls les rabbins peuvent prononcer un mariage et sa dissolution, qui n’est elle-même possible qu’avec le consentement du mari. Viviane, déterminée à lutter pour sa liberté, se retrouve face à des juges dont le rôle ne manque pas d’ambiguïté. La procédure se drape d’un tragique se disputant à l’absurde. Le Procès de Viviane Amsalem est le dernier opus de la trilogie réalisée par Ronit et Shlomi Elkabetz. Dans Prendre femme (2004), Viviane Amsalem, en conflit avec elle-même, ne parvenait pas à partir de son foyer. Avec le tout aussi remarquable Les Sept jours (2008), l’héroïne se retrouvait confrontée aux membres de sa famille dans un huis-clos consacré au deuil du frère disparu. Dans Le Procès de

Viviane Amsalem, elle doit se confronter au Droit et donc à l’Etat via l’espace de la salle d’audience du tribunal rabbinique. Les réalisateurs jouent alors sur « les niveaux de langage : la langue profane versus la langue sacrée. La comédie versus la tragédie ». Ce film n’est pas seulement l’histoire de Viviane. C’est également « une métaphore de la condition de ces femmes (...) « emprisonnées à perpétuité » par la loi. Le Procès de Viviane Amsalem représente la condition des femmes à travers le monde, partout où elles sont regardées par la loi et par les hommes comme inférieures aux hommes. » Viviane est incarnée par la co-réalisatrice, Ronit Elkabetz, sœur de Shlomi… Dans les films précédents, elle embrasait l’écran, procurant une force digne à son personnage. Tout concourt pour générer une impatience cinéphilique ! Sources : dossier de presse

Ali a les yeux bleus Italie – 2012 – 1h39, de Claudio Giovannesi, avec Nader Sarhan, Stefano Rabatti, Brigitte Apruzzesi…

D

ans une Italie contemporaine vit Nader, jeune romain né de parents égyptiens. Il est musulman, comme sa famille. Ses parents le somment de se tenir à des engagements rudimentaires liés à sa confession : entre autres, pas de relations amoureuses avant le mariage… Mais Nader, lui, voudrait vivre sa vie libéré d’un tel fardeau, et loin de toute morale religieuse, quelle qu’elle soit. Il découvre l’amour et se plaît à se perdre dans ces premiers émois. La trahison, l’abandon, d’un ami ou d’une famille, ne sont pourtant pas loin… Affronter tous ces coups et blessures n’est pas simple, mais Nader a bien compris qu’il n’a pas le choix, s’il veut s’affirmer en tant que

jeune homme libre et autonome… C’est le troisième film de Claudio Giovannesi. Primé au Festival international de Rome en 2012 (et sélectionné dans de nombreux festivals de la région), ce film dresse la fable contemporaine d’un jeune homme en quête d’identité. Entre les plages désertes et les routes mal famées, Nader trace son chemin, vaille que vaille, le bleu des lentilles de ses yeux accentuant son regard, parfois alerte, d’autres fois fuyant, mais toujours empli d’une sincérité sauvage, presque naïve. Toujours très subtil, ne cédant jamais au misérabilisme, et porté par une photographie superbe, Ali a les yeux bleus est une vraie réussite. MR

LES CARNETS DU STUDIO – n° 325 juillet & août 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


Maléfique

Tout public partir de 9 ans

USA – 2014 – 1h37, de Robert Stromberg, avec Angelina Jolie, Elle Fanning…

La fée Maléfique va jeter une terrible malédiction sur la fille du roi qui vient de naître…

VF

à ne pas manquer ! Tout public partir de 7 ans

2D

3D

3D

Estonie – 2014 – 1h15, film d’animation de Heiki Ernits et Janno Pöldma.

À partir de 5 ans

Le Conte de la princesse Kaguya Japon – 2014 – 2h17, film d’animation de Isao Takahata.

Tout public partir de 5 ans

Harold, Krokmou et leurs amis chassent les dragons pour s’amuser. Mais quand ils découvrent la caverne de glace et les dragons sauvages, tout change...

Peau d’âne

France – 1970 – 1h30, comédie musicale en version restaurée de Jacques Demy.

Les superbes costumes, les acteurs talentueux et les chansons de Michel Legrand agissent tel un sortilège…

VF

Le Piano magique

France – 1958 – 1h58, de Jacques Tati, avec Alain Becourt, Jacques Tati…

VO

Films de la programmation

sans paroles

Gérard s’ennuie dans sa maison ultra-moderne. Son oncle, rêveur et plein de fantaisie, lui fait découvrir la ville…

2013-2014 : à voir ou à revoir !

Voir les Carnets JP ou le site des Studio.

Tout public partir de 8 ans

Tout public partir de 4 ans

Divers pays – 2014 – 48 mn, courts métrages d’animation de Martin Clapp, sur la musique de Chopin et Beethoven.

Lettre à Momo

Mon oncle

Tout public partir de 7 ans

Tout public partir de 10 ans

Kaguya la princesse lumineuse, découverte dans la tige d’un bambou par des paysans, devient une magnifique jeune femme que les plus grands princes convoitent… Voir les Carnets JP ou le site des Studio.

VF

USA – 2014 – 1h45, film d’animation de Dean DeBlois.

2D

Au village de Gadgetville, Lotte petite chienne rusée nous entraîne dans de nouvelles aventures à la recherche de pierres magiques. Poétique et amusant !

VF

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

Nouvelle programmation pour l’été :

VO

France – 2013 – 1h15, documentaire de Pascal Plisson.

Tout public partir de 7 ans

VF

Japon – 2012 – 2h, film d’animation de Hiroyuki Okiura.

France – 2014 – 1h29 film d’animation de T. Szabo et H. Giraud.

Ma maman est en Amérique, elle a rencontré Buffalo Bill France – 2013 – 1h15, film d’animation de Marc Boréal et Thibaut Chatel. sans paroles

Tout public partir de 6 ans

Tout public partir de 6 ans

sans paroles

La Petite fabrique du monde À partir de 3 ans

Suède/Lettonie/GB – 2013 – 50 mn, trois courts métrages de divers réalisateurs.

VF

À partir de 4 ans Divers pays – 2012 – 42 mn, six courts métrages d’animation.

Loulou, l’incroyable secret Tout public partir de 6 ans

34

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

France – 2013 – 1h20, film d’animation de Grégoire Solotareff et Eric Omond.

Poupi

République tchèque – 2013 – 35 mn, trois courts métrages d’animation de Zdenek Miler. À partir de 3 ans

Les CARNETS du STUDIO

sans paroles

n°325

juillet & août 2014

35


En bref…

Ici… ` CHRONIQUE

D’UNE MORT ANNONCÉE Depuis 2004 le duo Delépine/Kervern est d’une régularité sans faille : tous les deux ans il accouche d’un objet cinématographique singulier et nous cueille à chaque fois par ses audaces scénaristiques et formelles. Leur prochain rejeton ne devrait pas faire tache dans leur filmographie : NDE (Near Death Experience) suivra Paul, employé sur une plateforme téléphonique, sombrant inexorablement dans la dépression nerveuse. Quand, un vendredi 13, il écoute la chronique du journal télévisé au sujet de cette date particulière, il s’en empare comme du signal qui lui manquait pour mettre fin à ses jours. Le comédien qui portera ce rôle difficile ne trouvera aucun réconfort auprès de ses partenaires, puisqu’il n’en aura pas. Ah, au fait, c’est Michel Houellebecq qui incarnera cet homme désespéré… ` BLONDE MAIS PAS QUE… On l’a découvert, en 2009, en hippie dissimulant un vrai nazillon et tentant de circonvenir un OSS 117 quelque peu dépassé, dans Rio ne répond plus. Depuis, grâce à son interprétation de Catherine, employée de bureau plus vraie que nature dans la vignette du Petit Journal de Canal + et à ses one-man-show, on sait qui est le sémillant Alex Lutz. Maintenant, avec Le Talent de mes amis, le comédien passe à la réalisation. À cette occasion, il retrouvera son compère/commère Bruno Sanches/Liliane. Surprenant : le film sera plutôt une comédie. ` LE CHOIX DE JULIE

Julie Delpy devrait tourner incessamment son sixième long métrage. Le souci est que deux projets tout à fait différents sont annoncés. L’un, Lolo, la verra mettre en scène et incarner une quadragénaire névrosée empêchée de refaire sa vie à cause de son fils sociopathe qui sera interprété par Vincent Lacoste, qu’elle retrouvera donc trois ans après Le Skylab. L’autre projet, A Dazzling Display of Splendor, sera un road movie qui suivra une famille de comédiens du temps du muet, traversant les États-Unis d’est en ouest, tout en tournant un film. À suivre. ` LES FEUILLES MORTES SE RAMASSENT À LA PELLE…

Ça y est, c’est officiel : Jean-Louis Livi, producteur de son état, a récemment annoncé que le film sur son oncle Ivo, plus connu sous le nom d’Yves Montand, sera réalisé en 2015, sous la direction de Christophe Ruggia (Les Diables). Ce dernier co-écrit le scénario avec Pierre Trividic, scénariste entre autres de Ceux qui m’aiment prendront le train de Chéreau. C’est Thierry Neuvic (pour l’instant plus connu pour ses prestations télévisuelles comme Mafiosa, que pour ses rôles au cinéma) qui endos-

16

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014


sera la chemise et le pantalon noirs de l’interprète des Feuilles mortes ; tandis que la grande Simone sera interprétée par Céline Sallette (Mon âme par toi guérie).

Et ailleurs… ` DREAM TEAM

Les frères Coen, Spielberg et Tom Hanks sur une même affiche ? Voilà que ce générique inédit va devenir réalité. En effet, les premiers sont en train d’écrire, pour le second, le scénario d’un thriller se déroulant pendant la Guerre froide, dont le troisième sera l’interprète ! L’histoire sera basée sur des événements réels : un procureur engagé par la CIA afin d’aller de l’autre côté du rideau de fer, pour négocier la libération d’un pilote capturé par la Russie. ` GANGSTAR

Alors que son Sils Maria, avec Juliette Binoche et Kristen Stewart, vient d’être projeté à Cannes, Olivier Assayas divulgue déjà des informations sur son prochain long métrage, Idol’s Eye. Ce film de gangsters mettra en scène un fait divers sanglant survenu à Chicago : une bande de voleurs braque la boutique d’un prêteur sur gages, sans savoir qu’il s’agit du repaire d’un ponte de la mafia. Le réalisateur a également annoncé que Robert Pattinson (partenaire de Kristen Stewart dans Twilight) était déjà engagé. ` EN TOUTE LIBERTÉ

Michel Hazanavicius n’est pas du genre à se reposer sur les lauriers de The Artist. En effet, après avoir adapté Les Anges marqués de Fred Zinnemann, pour parler de la guerre en Tchétchénie, et être allé en Géorgie pour réaliser ce film (The Search a été présenté au dernier festival de Cannes), le réalisateur devrait retourner aux États-Unis pour travailler sur Will, qui lui permettra de renouer avec la comédie. Il y sera question d’un monde où les humains ne sont pas maîtres de leurs actes, puisque ceux-ci sont initiés par des anges, jusqu’au jour où un ange rebelle décide de laisser sa créature agir à sa guise. ` VARIATION OPHÉLIENNE

Nicolas Winding Refn (Drive) fait partie de ces réalisateurs dont on suit le travail avec intérêt et même avec curiosité. The Bringing contera l’enquête d’un détective privé suite à la découverte du corps d’une jeune femme noyée dans un réservoir d’eau, sur le toit d’un établissement sordide de Los Angeles. Le film sera du genre thriller horrifique. IG

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

17


Face À propos à facede Eastern Pas sonBoys genre

I

Pas son genre… humain ?

l n’est pas certain, loin de là, que Lucas Belvaux ait voulu participer au débat sur le genre qui sévit actuellement. Certes, son dernier film aborde les relations affectives entre un homme et une femme mais, sans l’ombre d’un doute, Jennifer est une vraie femme, nantie de deux chromosomes X, et Clément un mâle XY. Le débat porte sur l’altérité et non sur l’identité, sur la possibilité d’aimer au-delà des différences, expérience plus hardie que d’aimer du semblable… dixit Freud. Donc, Jennifer n’est pas le genre de femme qui devrait plaire à Clément : elle est coiffeuse à Arras, lui, c’est un professeur de philosophie parisien, muté dans cette ville de province. Il la séduit par désœuvrement, sans conviction, tandis qu’elle veut rapidement croire au prince charmant. La majeure partie du film se construit autour de leurs divergences sociales et culturelles, exacerbées par un rapport au monde radicalement opposé. Jennifer explose de vitalité, de joie de vivre, elle aime sa ville, son appartement, son métier, ses amies, son fils, bien sûr, et ne souffre d’aucune frustration sociale, culturelle ou matérielle. Clément n’appréhende l’existence que par le truchement de la littérature, il croit tout pouvoir contrôler, alors qu’il ne sait tout simplement pas s’ouvrir à autrui. Mais ils font un pas l’un vers l’autre : en lui lisant ses auteurs préférés, il comprend qu’elle peut être kantienne sans avoir lu une ligne du

18

philosophe, autrement dit, que son intelligence ne passe pas par une accumulation de connaissances. Quant à elle, d’abord ébahie par son absence de références people, elle finit par l’entraîner sur une scène de karaoké où il se lâche enfin… Si ce film s’était arrêté là, nous aurions vu une comédie, entre Demy et Rohmer, magnifiquement servie par Émilie Dequenne, superbe de naturel et de sensibilité. En oubliant le livre éponyme de Philippe Vilain, le réalisateur aurait aussi pu dessiner une fin classique : le séducteur rentre à Paris, la jeune femme s’effondre… Mais ce n’est pas le registre de Lucas Belvaux, observateur des rapports de classe et de la façon dont ils se décomposent, comme dans La Raison du plus faible, Rapt ou 38 témoins. Le véritable sujet du film, c’est le désenchantement d’une classe sociale, celle des intellectuels de gauche, au vingtième siècle : Camus, Sartre, Aragon et tant d’autres, de ceux qui croyaient que la culture allait « transcender les masses », dit le réalisateur. Mais cette figure n’a pas fonctionné et c’est ce que montre ce film. Lorsque Jennifer découvre, par hasard, le dernier livre de philosophie que Clément a écrit et dont il ne lui a jamais parlé, c’est elle qui, sans un mot, le quitte. Elle quitte tout, lui, son métier, sa ville, forte des paroles qu’elle a chantées au karaoké : I will survive… Ainsi, au siècle actuel, l’inversion des valeurs et des jugements est totale : ce n’est plus la culture qui enrichit, bien au contraire, elle sclérose, bloque tout affect, toute humanité. La culture, Jennifer, elle s’en fout, c’est pas son genre, elle veut vivre et jouir, ici et maintenant… CP


Interférences Monuments men Diplomatie

Les aventuriers de l’art perdu

E

st-ce parce que soixante-dix ans nous séparent de l’année 1944 que les films de guerre semblent avoir soudainement pris un petit coup de vieux, mettant de côté les batailles pétaradantes pour mettre en scène, sur un rythme plutôt lent, des héros d’un âge certain, dont les professions n’ont rien de glamour : consul, conservateurs, critiques d’art ? Pourtant, les ingrédients du genre sont en place : musique redondante, soulignant avec ses gros sabots orchestraux la moindre inflexion scénaristique, galerie de personnages assez caricaturaux, course contre la montre qui tient le spectateur en haleine (Paris explosera-t-il ? L’art européen partirat-il en fumée ou derrière le rideau de fer ?), dialogues à demi-mot qui permettent de découvrir l’homme sous l’uniforme, dilemmes moraux. Dans Diplomatie de Volker Schlöndorff, on assiste à un véritable duel entre deux monstres sacrés : Dussolier, le consul patelin qui doit convaincre Niels Arestrup, le général allemand, de ne pas exécuter les ordres d’Hitler qui l’a chargé de détruire Paris dans un feu d’artifice final. Dans cette partie d’échec théâtralisée, Nordling en appelle à l’Histoire : que penseront les enfants du général quand ils visiteront Paris une fois la paix revenue, trente ans plus tard ? Dans Monuments Men de Georges Clooney, un groupe de cultureux s’engage sous le drapeau américain et traverse l’Europe dévastée pour sauver les chefs

d’œuvre de l’art occidental volés par les Nazis afin d’édifier un gigantesque musée à la gloire du führer. Interrogation insistante : une œuvre d’art mérite-t-elle que l’on meure pour elle ? Malgré leurs grosses ficelles scénaristiques (mais garanties crédibles grâce au sceau décidément très en vogue « tiré d’un fait réel »), ces grosses machines révèlent un pouvoir émotionnel certain. Les films de guerre nous ont habitués, avec les documentaires historiques, à la comptabilité macabre. C’est la première fois que l’empire du mal (ici personnifié en Adolf Hitler qui n’apparaît jamais frontalement) veut anéantir les chefs-d’œuvre artistiques. Imaginer Paris sans Notre-Dame, Le Louvre, la tour Eiffel… les musées sans Léonard de Vinci, Michel-Ange, Van Eyck, l’Agneau mystique… « L’histoire jugera », énoncent doctement Dussolier et Clooney. Les millions de touristes qui arpentent les villes et les musées européens semblent leur donner raison… à moins que cette frénésie (à laquelle je participe) ne révèle la volonté de s’assurer que toutes ces œuvres… sont encore bien réelles. DP Lors de l’invasion de l’Irak, en avril 2003, le musée de Bagdad fut entièrement pillé sans que l’armée américaine n’intervienne. Où étaient les Monuments Men qui auraient pu sauvegarder les chefs d’œuvre d’une culture millénaire ? Où étaient les diplomates qui auraient pu empêcher que l’ancienne Babylone disparaisse sous les bombes ? Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

19


Courts lettrages Les rédacteurs ont vu :

Dans la cour, de Pierre Salvadori

20

A- Film modeste mais très joliment mis en scène et joué, au scénario sympathique. Une oeuvre attachante. B- Film très joliment mis en scène et joué, mais une historiette paresseuse et par trop dénuée d’ambition. Version A ou B selon l’humeur… AW

Elle possède toujours ce visagepaysage (décrit si amoureusement par Belmondo/Truffaut dans La Sirène du Mississipi) qui se fissure parfois pour laisser apparaître ses fêlures. Lui, colosse aux pieds d’argile, tangue avant que le sol ne s’effondre définitivement sous lui. Deux humanités qui se trouvent, un temps. Profondément touchant. IG

Notre queen mother du cinéma est plus que jamais magnifique et le tandem, bien qu’improbable avec le gardien désabusé et craquant, fonctionne subtilement. Cependant, n’oublions pas tous les personnages secondaires absolument géniaux vivant dans cette cour des miracles comico-dépressive ! MS

Avec un humour triste à faire pleurer, Salvadori confronte deux personnages dont les blessures sont aussi profondes que les fissures qui lézardent les murs. L’une les esquive par une suractivité liée à une logorrhée effarante, l’autre en s’enfermant dans le mutisme et l’effacement. Et pourtant, ces deux-là deviennent indispensables l’un pour l’autre. SB

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014


La fissure, qui jette son ombre Dans la cour, devient peu à peu une métaphore un peu (trop) lourde... mais La grande Catherine (la nôtre !) et ses remarquables acolytes s’exposent tels les personnages d’un théâtre un brin vériste, intriquant l’individuel et le sociétal, le dedans et le dehors... avec brio ! RS Au-delà d’un excellent travail d’acteurs, après quelques grands moments de comédie très réussis, il ressort de ce film comme un sentiment d’inaboutissement... comme si, en renonçant à la comédie franche, P. Salvadori ratait un peu son entrée dans la gravité. Lorsque l’on repense à la toute dernière scène, très poignante, et certaines scènes

franchement comiques, on se dit qu’il aurait peut-être fallu qu’il aille régulièrement au fond de ces deux registres... ER 1965 : pour guérir de sa schizophrénie et reconstruire sa vie, Carole part vivre en France, change de prénom et se marie. Cinquante ans plus tard, Mathilde, puisque c’est désormais ainsi qu’elle se fait appeler, vient de prendre sa retraite et elle ne va pas trop fort. Pas de chance, un concierge dépressif et des voisins qui ne vont pas mieux ne l’aident guère à remonter la pente. Résultat : elle ne cuisine plus de lapin mais des endives au jambon dont personne ne veut et les fissures dans les murs réapparaissent... Dans la cour ou Répulsion 2 ? JF

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

21


Rencontre Abdellah Taïa

Rencontre avec Abdellah Taïa vendredi 9 mai 2014

Créer des images avec du concret, c’est fantastique.

A

bdellah Taïa est un habitué des cinémas Studio de Tours. Il a entre autres participé, plusieurs fois, au festival Désir… Désirs. Son premier film, L’Armée du salut, est adapté de son troisième roman, sans lui être fidèle. Il raconte l’histoire d’un jeune marocain homosexuel qui, admiratif de son grand frère, tente de se construire. Il veut être comme lui, puis se rend compte que c’est impossible. Le film est né de rêves quand A. Taïa était enfant au Maroc. Avec sa famille issue d’un monde pauvre, il regardait les films égyptiens à la télévision, chaque vendredi. … L’Armée du salut a été présenté au dernier Festival national de films à Tanger. Mon film montre la réalité du Maroc. Tous les Marocains sont capables de la reconnaître. Dans la salle, les gens riaient beaucoup. Le film est passé : c’est donc une victoire pour moi par rapport aux libertés individuelles, à l’homosexualité. Quant aux critiques, ceux qui ont aimé n’en ont pas parlé ; ceux qui ne l’ont pas aimé l’ont piétiné. Lors de la conférence de presse, il y avait de la malveillance vis-à-vis de moi. J’avais l’impression d’être la bête curieuse, le pédé marocain et ils étaient venus au spectacle. Une fois de plus, je me suis dit

que les gens qui sont censés faire le travail pour le pays ne vont pas le faire. Ça a déclenché chez moi une colère, beaucoup de violence face à trois cents journalistes principalement marocains. Je me suis mis à parler, pas en français sinon on passe pour un intello, un bourgeois, mais en arabe dialectal marocain et là, tout ce que j’ai vécu en violence sexuelle quand j’étais petit, je le leur ai balancé dans la gueule.

… Être romancier et cinéaste, ça ne pose pas de problème pour adapter ? Découper ? Je n’ai pas relu mon roman. Quand la création, le processus de l’écriture se termine, le résultat de ça, c’est inintéressant pour celui qui l’a fait. Je suis incapable de relire ce que j’ai écrit. J’ai envie de tout changer. Ce qui guide tout dans ma vie en tant qu’individu, c’est l’obsession du cinéma depuis toujours. J’ai écrit des livres pour prendre le chemin du cinéma. Quand j’ai commencé l’adaptation, j’essayais de retrouver des images de cinéma. Quand j’ai commencé le film, je n’entendais pas de musique. Puis je me suis demandé qu’est ce que c’est qu’un Marocain ? Dans les mouvements, tout est exagération. Je voulais éliminer, diminuer. Je ne voulais pas de dialogue, mais des corps.

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

22

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014


La mise en scène vient de la réalité marocaine. Je sais ce qui est bien ou mal. Quand j’étais enfant, nous étions pauvres. Dans mon rapport aux objets, j’ai filmé ce que je considère comme vrai, comme les oreillers, la brosse, certains vêtements… Il fallait que chaque objet existe. J’ai donc épuré. Pour les rues, c’est pareil. La nudité des lieux et des corps, c’est une esthétique voulue. Les détails disent énormément comme la cocotte au début du film, l’orange à la fin… Ce qui est fantastique, c’est de créer des images avec du concret, fabriquer l’image. Dès le départ, je ne voulais pas trop de découpage. Il y a des cadrages très resserrés. Entre les objets et les corps, sans dialogue, il fallait trouver le bon point de vue. … Ce qui m’influence le plus, c’est le cinéma égyptien de mon enfance. Il y avait une distance, dans ma famille, au niveau de mes frères et sœurs… Où j’étais… Comment je recevais les images… Ce que j’en faisais. Ce qu’il y a dans le film, je l’ai vécu, mais je l’ai scénarisé. Il y a une distance. La part autobiographique, elle est partout dans le travail créatif. Ça passe par notre corps et sa connaissance du monde. … Le parcours de ce jeune homme est crédible. Serait-il toujours plausible aujourd’hui ? Au départ, il y a une certaine solitude, une certaine précarité. Il y a une émancipation. Il s’est affranchi du Maroc. Il ne veut plus être dépendant. Il est devenu déterminé.

salut, après les violences, les enjeux, en dehors des manipulations subies… enfin quelque chose d’humain, de gratuit arrive, quelque chose de beau entre deux étrangers : l’homme sur le banc… Une porte s’ouvre… La porte de la chambre… Des cadeaux : une pomme, un yaourt… Quelque chose d’humain arrive… Deux Marocains se retrouvent… Enfin, la chanson arabe mythique évoque Je suis à toi pour toujours. Nous saluons ce jeune réalisateur dont le prochain roman, Un pays pour mourir, sera empreint d’une certaine violence comme dans son premier long métrage : « L’écriture et le cinéma ne sont pas deux gestes différents chez moi. Ils partent de la même oriMS gine : les images de cinéma. »

… Enfin, le titre du film, L’Armée du salut, qui est aussi celui du roman, se justifie largement par rapport à la structure du film faite de plusieurs fragments, de plusieurs ellipses. A la fin, quand on arrive à cet endroit qui porte le nom de l’Armée du

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

23


Rencontre Évelyne Jardonnet

PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/LES STUDIO HOMMAGE À MAURICE PIALAT

Rencontre avec Évelyne Jardonnet lundi 12 mai 2014

La tristesse durera toujours * Les 12 et 13 mai derniers, dans le cadre d’un hommage à Maurice Pialat, trois de ses œuvres étaient projetées : Van Gogh, L’Amour existe et Sous le soleil de Satan. Suite à la projection du premier, le public put s’entretenir avec Evelyne Jardonnet, spécialiste du réalisateur dont l’œuvre fut l’objet de sa thèse. Deux soirées pour (se) rappeler un créateur intransigeant, écorché vif, à l’œuvre âpre et sans compromis !

Comment Van Gogh vint à Pialat Pialat arriva tardivement à la réalisation, après avoir dû renoncer à sa vocation de peintre et passer par une succession d’emplois qui ne le passionnaient pas : il affirmait qu’il aurait préféré être un peintre médiocre que réalisateur et qu’il était devenu cinéaste pour des raisons alimentaires. Curieusement, il n’a jamais affectionné l’œuvre de Van Gogh (ce qu’il exprime d’ailleurs assez violemment dans le film, par l’intermédiaire du jeune peintre qui séjourne aussi chez les Ravoux), le maître de référence pour lui c’était Poussin ; pourtant, avant même d’avoir commencé à travailler dans le cinéma, il savait qu’il ferait un film sur le peintre hollandais. Ce fut par sa rencontre avec Daniel Auteuil que ce lointain projet fut réactivé. En 1988, le Ugolin de Claude Berri, grâce à cette marquante prestation, jouit enfin d’une reconnaissance professionnelle et a envie de travailler avec les plus grands réalisateurs.

24

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

Il s’adresse donc à Pialat et lui indique son envie de le voir adapter le Baudelaire de B.-H. Lévy. À la place de ce projet qui ne l’emballe pas, Pialat lui propose une biographie de Van Gogh. Les deux hommes se fâcheront et Auteuil ne fera pas le film. Après avoir envisagé JeanHugues Anglade et Lambert Wilson, il s’adressera à Dutronc, auquel il avait déjà songé pour Loulou. Ce qui lui plaisait particulièrement chez le comédien c’était sa façon amateure d’aborder les rôles.

Des incompris Le film fut mal reçu à sa sortie et souvent défini comme « un film sur un peintre qui ne parle pas de peinture ! » Et puis il y a les ruptures dans et entre les scènes, qui n’aident pas à la fluidité du récit et à la compréhension des relations entre les personnages. Pourtant ces déséquilibres n’empêchent pas une forme de plénitude qui rappelle celle qui émanait de son film


préféré : La Maison des bois (feuilleton réalisé en 1969, qui suivait le quotidien, à la campagne, de trois enfants et de la famille d’accueil qui les recevait, pendant la guerre 14-18). Contrairement à Rivette avec La Belle Noiseuse (sorti la même année), Pialat ne sacralise pas l’acte de peindre. En fait, ce qui l’attirait dans ce projet, ce n’était pas de montrer de la peinture, un peintre en train de créer, mais un artiste au milieu des hommes, aux prises avec le quotidien. Van Gogh et Pialat présentaient d’ailleurs des similarités dans leurs difficultés à trouver des subsides et dans leur combat contre leurs contemporains. Quand il filme, le réalisateur veut saisir la vérité d’un acteur en train de jouer, quitte à le malmener pour l’amener à cette vérité. C’est pour cette vérité qu’il préférait travailler avec des comédiens débutants ou amateurs, comme dans Van Gogh. Ce qui primait pour lui, c’était le naturel de la scène, même si elle présentait par ailleurs quelques incohérences, comme dans la séquence du suicide où l’on voit Van Gogh ranger ses affaires puis avoir mal au ventre, sans que l’on saisisse vraiment ce qui s’est passé. Il préfère choisir une prise moins parfaite techniquement, mais plus forte en émotion. Il était à l’affût de la vie qui pouvait jaillir dans le film et

autour du film, n’hésitant, pas pour cela, à provoquer l’accident, le clash, avec les techniciens notamment, ou bien à utiliser le vécu des comédiens, comme dans la scène où la bonne du docteur Gachet évoque son fils mort prématurément. Pour lui, le cinéma servait à capturer ce qui n’arrive qu’une fois.

De la peinture Bien que le film ne montre pas véritablement un peintre en train de peindre, il est saturé de références à la peinture : Bonnard avec la scène de la femme au bain (scène, du reste, qui n’a aucune nécessité dramatique), Renoir avec la scène de la guinguette et celle de la jeune fille au piano, par exemple. Pialat soignait particulièrement le passage entre le premier et l’arrière-plan. D’ailleurs il est LE réalisateur de l’arrière-plan : ainsi, quand Vincent Van Gogh discute avec sa bellesœur de l’état de santé précaire de son frère Théo, on voit des yoles glisser en arrière-plan, comme des manifestations de la vie qui continue malgré tout. Alors la tristesse durera toujours, certes, mais l’amour existe (il en fit un film en 1960) et les films de Pialat aussi… IG * Van Gogh cité par Pialat dans À nos amours.

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

25


Rencontre Jean Denizot

Rencontre avec Jean Denizot mercredi 14 mai 2014

Le mercredi 14 mai, environ 200 spectateurs ont réservé un bel accueil à Jean Denizot, venu présenter son film La belle vie.

C

e premier long métrage du jeune réalisateur poursuit tranquillement son exploitation sur les écrans français. De quelque 20 copies au départ réparties sur tout le territoire, on en est à 56 aujourd’hui et le public est de plus en plus nombreux. Ce choix de distribution sur le long terme est désormais dicté par le non-engagement des multiplexes qui ne laissent pas leur chance aux jeunes auteurs. Qu’en sera-t-il quand la France ne comptera plus que ce type d’exploitants ? Jean Denizot qui, après la Mostra de Venise, effectue un véritable tour de France pour accompagner son film, dit être heureux à Tours ce soir devant une salle bien remplie.

Un fait divers qui défraya la chronique Le réalisateur nous le dit d’emblée : son idée n’était pas de raconter le fait divers dont s’inspire le film – la séquestration de deux enfants par leur père, suivie pendant plusieurs années d’une vie clandestine et sauvage dans des lieux isolés. Le rappel du fait divers a juste été un support de communication à la sortie du film.

26

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

« J’ai raconté une histoire totalement imaginaire ; j’ai inventé une énième cavale. Mon propos était plutôt de faire un portrait d’adolescent ». D’ailleurs, J. Denizot a choisi de ne rencontrer les deux adolescents de l’affaire qu’après avoir réalisé le film. Leur histoire étant très douloureuse, ils étaient contents que La Belle vie ne la raconte pas comme ils l’avaient vécue. « Bien qu’ils n’aient jamais été à l’école, les gamins avaient une vraie stratégie de communication pour défendre leur père et le modèle de vie mis en cause ». Le père À partir du moment où l’aîné est parti, c’est le deuxième fils, Sylvain, qui devient le centre et concentre le regard sur ce père hors norme. « On a envie à la fois de lui donner des gifles et de l’admirer pour avoir élevé ses enfants au mieux pendant 11 ans… Je voulais que le père soit décalé… La cavale est terminée, mais seuls ses enfants l’ont compris. En même temps, c’est le vrai personnage romanesque du film ; il est dans la mythologie…


Rencontre

De la vallée d’Aspe à la Loire Plusieurs spectateurs louent la beauté des paysages et notamment ceux des rives de la Loire dans la région de Sancerre dont est originaire J. Denizot. « Qui connaît la Loire ne peut pas être insensible à son charme, ses lumières… Le film a pris une forme très libre grâce à elle... J’ai cherché une synergie entre l’action et le décor traité de manière mythique… Je l’ai reconstruit pour qu’il soit un écrin à notre histoire. Et ce qui m’intéresse c’est la manière dont les personnages sont dans cet écrin ». Nous apprendrons que le tournage dans cette nature pas toujours hospitalière fut émaillé de difficultés : le brouillard intense dans la vallée d’Aspe, les voitures embourbées, le transport difficile de l’équipe et du matériel sur une île de Loire… Du western à Jean Renoir Jean Denizot revendique un grand nombre de références. Parmi celles-ci, impossible de ne pas évoquer Jean Renoir dans la façon légère et libre de tourner ; difficile aussi de ne pas faire un tour du côté du western : choix du format en scope, rapport des protagonistes avec le paysage, évocation de la descente à cheval vers le village pour chercher la bagarre et la musique, inspirée par le folk et la country… La guitare et la guimbarde prédominent et vont de pair avec l’éducation alternative qu’ont eue Pierre et Sylvain. Quand on entend le piano, c’est chez Gilda, sur la terre ferme, dans la belle maison…

recherche du moindre indice : « J’ai voulu qu’il soit actif »… La belle vie ? Ce titre paradoxal pose des questions : « C’est quoi la belle vie ? Celle que décrit Pierre au téléphone après être parti – il travaille dans un café et habite dans une cité ; ou celle qu’ils ont vécue pendant 11 ans ? » Sylvain s’apercevra que dans l’autre monde les gens aussi ont des failles. La grande liberté de Gilda cache mal ses difficultés face à son père, sa belle-mère… « Les personnages sont construits en miroir : face à Gilda et Sylvain, il y a les pères… » À la fin du film, la séquence du calendrier de l’avent – « j’avais besoin de ramasser le propos du film » – n’en finit pas de poser la question. « Derrière les fenêtres (qui sont ici celles d’une triste barre d’immeuble) il y a des figurines, les choix, le destin, ce qu’on a vécu… Faut-il les ouvrir ?

SB

Mystère et suspense Le réalisateur a fait le choix de nous donner très peu d’informations sur le passé, l’histoire du couple, la cavale. Le résultat est que le spectateur tenu en haleine est à la Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

27


Gros plan Tom à la ferme

TANGO à la FERME

C

omme il ne lui suffit pas d’être réalisateur, scénariste, dialoguiste, monteur, acteur principal, chef costumier, rédacteur de soustitres en anglais et de la post-production… le petit génie provocateur du cinéma québécois Xavier Dolan, cinq films au compteur à tout juste 25 ans, se fait danseur de salon dans une scène qui restera comme un moment inoubliable de son angoissant Tom à la ferme. Venu assister aux obsèques de son compagnon, au milieu d’un grand nulle part de la (pas si) belle (que ça) Province, Tom se retrouve prisonnier de ses souvenirs, de ses désirs et des non-dits anxiogènes d’une famille névrosée, condamné ferme dans le triangle malsain qu’il forme avec la mère et le grand frère, Francis. Après l’avoir violenté plusieurs fois, avoir mis sa voiture sur des parpaings et les mains dans la réalité sanglante d’un vêlage, la brute épaisse et sans concession du grand frère entraîne Tom dans une grange balayée par les rayons orangés du soleil couchant. Quels sévices a-t-il encore imaginés ? Après avoir mis en route les rythmes envoûtants d’une milonga de Gotan Project, il tend la main à Tom. Quand ils étaient jeunes hommes, Francis et son frère dansaient ensemble. Pour se préparer pour les bals. À séduire d’éventuelles jeunes filles.

28

Comme les couples d’hommes frustrés du Rio de la Plata. Tom se laisse entraîner dans les pas de cette pensée triste qui se danse, retrouvant sur le corps de Francis, le parfum perdu de son ami disparu, s’abandonnant peu à peu à la musique, aux corps musculeux et aux souvenirs. La scène est d’autant plus troublante que le mutique Francis se met à parler sans pouvoir s’arrêter, à lui raconter cette prison que constituent pour lui aussi la ferme et son travail harassant et ennuyeux. Mais il ne peut pas abandonner sa mère. Il lui explique qu’il a prévu de la mettre dans une maison de retraite dans cinq ans et que, parfois, il espère qu’elle meure d’une maladie rapide. Alors qu’il décrit crûment son agonie, la caméra serre les deux corps qui tournent en rond avant de révéler, dans un implacable plan d’ensemble, la silhouette hitchcockienne de la mère qui se détache dans l’encadrement de la porte ouverte. Qu’a-t-elle entendu ? « Tout » répondelle à son fils. Un malaise supplémentaire pour Tom auquel le spectateur ne peut faire que s’identifier, suivant une progression cauchemardesque dont il ne sortira indemne qu’aux toutes dernières images du film en retrouvant les lumières salvatrices de la grande ville. DP


À propos de Noé

L

es films à grand spectacle ont mauvaise réputation. Il faut dire que ce qu’on voit à l’écran est souvent d’une emphase et d’une niaiserie affligeantes. Mais lorsqu’une de ces superproductions est mise en scène par un véritable auteur (Coppola, Scorsese, Nolan, del Toro etc.), l’amateur de bons films peut être intrigué, titillé par la curiosité. Qui a vu Requiem for a Dream, The Wrestler ou Black Swan se dit qu’un blockbuster signé Darren Aronofsky peut réserver quelques bonnes surprises.

Alors bien sûr on n’échappe pas à quelques inévitables kitscheries hollywoodiennes et dialogues niais, mais finalement on s’en tire à bon compte : ils ne sont ni trop fréquents, ni trop longs, tartinés avec beaucoup de professionnalisme : on sent que l’auteur devait respecter une sorte de minimum syndical de la guimauve. Disons que ça passe et que ça vaut vraiment la peine de se les infuser. D’abord parce qu’à côté de ces quelques passages plus ou moins ridicules, le film nous offre des scènes très fortes, très belles, et pas seulement du Déluge luimême : l’entrée des oiseaux dans l’Arche, puis celle des serpents, et enfin celle des quadrupèdes sont des moments de bon, de

grand cinéma. Le récit en accéléré de la Création (oui, c’est confirmé : Dieu est créationniste) et de l’histoire de l’humanité est également de toute beauté. Darren Aronofsky prend évidemment des libertés avec la Bible, et c’est heureux : l’esthétique du film évite soigneusement les bondieuseries et les clichés sulpiciens des peplums style Ben-Hur ou Les Dix Commandements, pour lorgner ouvertement du côté des grosses productions d’heroic fantasy : aventures, effets spéciaux, recherche du grandiose et du spectaculaire etc. Mais le plus intéressant n’est pas là. Dans le récit de la Genèse, Noé, le seul homme bon digne d’être sauvé, embarque avec sa femme et ses trois fils, tous trois mariés, destinés à repeupler la Terre, à l’instar des couples d’animaux sauvés du Déluge. C’est simple, c’est propre, l’humanité repart sur de nouvelles bases et tout le monde est content. Mais voilà, nous avons affaire à un auteur, pas à un simple faiseur. Au lieu de ce nouvel Adam régénérateur de l’humanité, le film nous montre un Noé complexe, obtus et autodestructeur, convaincu que sa mission est de repeupler la Terre unique-

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

29


À propos de Noé

ment avec des animaux, une Terre qui ne sera dès lors plus souillée par la méchanceté des hommes. Son objectif n’est pas « Après moi le déluge » mais « après nous plus personne » ! Plus ça va, plus la conviction de sa mission divine le déshumanise, jusqu’à devenir un véritable ayatollah aussi sensible et intelligent qu’un parpaing de 10, un abominable tyran. Son fils aîné Sem a une femme, Ila. Cham, le second, aspire profondément à en avoir une mais Noé a laissé mourir celle dont il était amoureux, Na’el, et Cham se retrouve seul, aigri, haineux envers son père. Japhet est encore un enfant. Or voilà qu’Ila est enceinte et accouche d’adorables jumelles. Mais l’intraitable Noé a prévenu : si elle accouche d’un garçon ce sera lui, et non Japhet, qui aura le sympathique privilège d’être le tout dernier homme. Mais si c’est une fille il la tuera puisque Dieu veut expurger la Terre de toute trace humaine et qu’il ne faut donc pas risquer qu’elle enfante un jour (de son père ? de tonton Cham ou tonton Japhet ?).

30

Avec carrément une paire de fillettes c’est la cata ! Double meurtre obligatoire aux yeux de notre héros. Bon, finalement ça s’arrange. N’oublions pas que dans un blockbuster hollywoodien le Bien triomphe toujours du Mal. Pourquoi renonce-t-il donc en fin de compte à trucider les deux petites ? Remords ? Lucidité soudaine ? Retour d’humanité ? Amour ? À ces conditions-là le happy end serait sauvé in extremis mais non, l’auteur ose une autre explication, pas très catholique celle-là : Noé s’en sent incapable ! La conviction qu’il faut le faire ne l’a pas quitté une seule seconde mais il n’en a pas la force. Autrement dit, il reste un salopard mais un salopard lâche et cela le brise : le héros cède la place à un vieillard veule, dévasté par sa faiblesse. On est très loin de la fable édifiante… Au fait, si le bon n’est finalement pas si bon que ça (euphémisme), qu’en est-il des méchants ? Noé et sa famille sont les seuls descendants de Seth, frère de Caïn et Abel. Abel n’a pas eu le temps de procréer. Caïn


et ses descendants ont essaimé à travers la Terre, bâti des villes, développé l’agriculture, les arts de la métallurgie, la musique, en gros toutes les activités humaines créatives. Tubal-Caïn est présentement leur roi, il commande une puissante armée afin d’envahir l’Arche et sauver son peuple. De quoi sont-ils coupables ? À part le fait qu’il fallait bien des méchants dans cette histoire on ne voit pas trop. Ce sont des hommes, des femmes, des enfants, qui se sentent abandonnés, trahis par Dieu, châtiés pour des fautes commises par de très lointains ancêtres (Adam, Eve, Caïn), alors qu’eux sont innocents. Ils veulent juste survivre à la malédiction, échapper au Déluge, à la mort. Noé leur interdit absolument l’accès à l’Arche avec l’aide des Veilleurs, créatures bibliques revisitées façon Seigneur des anneaux, qui en font un beau massacre. Au moins ceux-là ne périront pas noyés ! Sauver les animaux mission divine, sauver les hommes péché mortel : du Brigitte Bardot en pire…

La situation finale laisse perplexe : Noé et Naameh, sa femme, se réconcilient dans une scène typiquement sitcomesque, Cham s’en va (pour aller où ? il n’y a plus d’humains nulle part), restent Sem et Ila, le petit Japhet et les nouveau-nées. L’humanité peut redémarrer. Soit. Mais comment si l’on exclut incestes et consanguinité ? On le voit, le grand spectacle n’empêche ici ni les ambiguïtés, ni les questions troublantes, ni les interprétations les plus iconoclastes, voire hérétiques. Noé n’est pas un chef-d’œuvre, ce n’est pas non plus une œuvre méprisable, juste un spectacle fort et prenant qui s’affranchit des conventions rassurantes d’une fable biblique simplette pour nous offrir un vrai regard d’auteur. AW

31


Interférences Noé Night Movies

E

n allant voir Noé, on ne pouvait que s’attendre à un déluge d’effets spéciaux, à un film noyé sous les bons sentiments, sous des dialogues simplistes, sous des flots de musique pachydermique, où l’inévitable combat entre le bien et le mal se règle quand même à coups de ramponneaux dans la gueule car les stars de l’ancien testament y sont pas mal bodybuildées… où, blockbuster oblige, la grammaire du film hésite entre le jeu vidéo (tu es un veilleur et tu dois écraser le plus d’humains répudiés possibles !) et le film d’heroic fantasy, à mi-chemin entre Le Seigneur des anneaux et Harry Potter, avec un final digne des chromos chers aux Témoins de Jéhovah, avec arcs-en-ciel un peu niaiseux de l’Alliance enfin retrouvée dans un planplan aérien qui tourne autour de la sainte famille ceinte des gentils zanimaux. Plus vite, plus fort, plus cher ! Telle pourrait être la devise olympique appliquée au cinéma à grand spectacle, dopé, non aux stéroïdes, mais aux images de synthèse et autres effets 3 D. Croissez et multipliez le nombre de plans, d’acteurs vedettes et de salaires mirobolants ! Une véritable bulle spectaculaire dont le premier commandement est que tout doit être montré (fors le sexe), que rien ne soit laissé hors champ, à l’imagination du spectateur embarqué… Puisque Aronovfsky a donné une lecture écologique des obscurs bouillonnements de l’ancien testament, avec un personnage pratiquement eschatologique, on pouvait tenter non pas un rapprochement – il s’agirait plutôt d’un éloignement – avec le film de Keilly Reichardt intitulé Night Moves, un long-métrage aux antipodes de l’énorme production hollywoodienne. Pas d’acteurs vedettes. Peu de dialogues. Pas d’explicitation psychologique. Pas de scène spectaculaire. Et un film passion-

32

Les CARNETS du STUDIO

n°325

juillet & août 2014

nant de bout en bout. Ici aussi, il s’agit de sauver des animaux, de préserver une conception d’un monde qu’on sent en bout de course. Nulle transcendance cependant, pas de discours vers les cieux désespérément vides ni d’envolées politiques plus ou moins lyriques. Des actes. On suit la préparation minutieuse du trio dont le but se devine peu à peu : faire sauter un barrage hydro-électrique. En utilisant des symboles du monde de la consommation triomphante qu’ils détestent : un horsbord bourré d’engrais chimiques. La préparation de l’attentat fait penser à un film d’action mais au tempo fortement ralenti, décroissant. Et la longue scène d’approche du barrage, de nuit, qui a donné son titre au film, se joue presque en silence, dans l’obscurité. Et la destruction du barrage ? Nous ne la verrons pas. Ici, nuls geysers tonitruants. Dans la forêt enténébrée dans laquelle fuient les apprentis terroristes, le simple et poignant grondement de l’explosion ! Au spectateur d’ouvrir les bondes de son imagination. Jusqu’aux conséquences morales qui en découleront dans la deuxième partie du film, quand il apprendra avec les personnages, qu’un campeur dormait en aval et que son corps n’a pas été retrouvé. Que faire de cette violence qui leur est totalement étrangère ? Comment chacun des non-héros parviendrat-il à supporter la conséquence de leur acte (sans pouvoir se tourner vers le ciel en murmurant : « Mon dieu, tu nous as abandonDP nés ») ?


Vos critiques DANS LA COUR de Pierre Salvadori Un seul être vous manque et tout est dépeuplé… Quand cet être qui vous manque c’est vous, que reste-t-il ? Antoine, musicien, quitte sa vie pour se réfugier dans une loge de gardien d’immeuble. Mathilde, retraitée et copropriétaire d’un appartement, matérialise ses angoisses dans la fissure qui défigure le mur de son salon. Ils se replient sur eux-mêmes, comme happés de l’intérieur, lui complètement vide de sentiments, elle sur-habitée de peurs qui la paralysent. […] Le film oscille entre rires et larmes, comme souvent avec Pierre Salvadori. Catherine Deneuve et Gustave Kervern nous offrent des personnages d’une grande vulnérabilité. On se laisse attraper par leur quotidien bancal, sans les juger, spectateur plein d’espoir d’une possible reconstruction. Christel G.

Rubrique réalisée par RS

STATES OF GRACE de Destin Cretton […] Malgré la fragilité intérieure, tangible, de tous les personnages et les blessures profondes de chacun, Destin Cretton nous offre un film lumineux. CP

JOE de David Gordon Green Les principaux ingrédients du livre de Larry Brown sont bien là : le scénario, le Sud poisseux et sinistre, les relations […]. Le problème ne provient pas d’un mauvais traitement des personnages, comme le laisse entendre un des deux critiques de Télérama. [… ] La faiblesse du film est, à mon avis, à situer dans quelques scènes un peu chargées sans nécessité et surtout dans le choix de Nicolas Cage, que je trouve un peu trop lisse pour le personnage en dépit de sa barbe hirsute. Hervé R.

RÉ-ABONNEZ-VOUS ! La mise en place des nouvelles cartes à codes-barres va forcément occasionner des encombrements à l’accueil. Raison de plus pour vous réinscrire en remplissant ce coupon accompagné de

• Un chèque à l’ordre de EST de : – Tarif de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30,00 € – Tarif plein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19,50 € – Retraité(e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14,00 € – Minima sociaux, chômeurs . . . . . . . . . . . . . . . 9,00 € – 18-26 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12,50 € – 14 à 17 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,50 € – 3 à 13 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8,00 € • Une enveloppe timbrée à vos nom et adresse. • Une photocopie du justificatif pour les tarifs réduits (obligatoire).

NOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . PRÉNOM : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . ADRESSE : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Date de naissance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Studio vous feront parvenir votre carte pour la saison 2014/2015. Les cartes cafétéria (3 €) et bibliothèque (3 €) sont en vente l’une à l’accueil, l’autre à la bibliothèque.

Dès votre première venue, pensez à passer à l’accueil pour une prise de vue photo.

ENVOI à : STUDIO ABONNEMENTS – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

33


Turn static files into dynamic content formats.

Create a flipbook
Issuu converts static files into: digital portfolios, online yearbooks, online catalogs, digital photo albums and more. Sign up and create your flipbook.