01/05 28/05 2013

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°312 • mai 2013

avec un village d’associations

20e Festival

DÉSIR... DÉSIRS

du 11 au 25 mai voir page 5


éditorial

S

O

M

M

A

I

R

E

mai 2013

Horaires d’ouverture : ................................................

3

......................................................

4

Éditorial CNP

Festival Désir… Désirs

..............................

5

Partenariat Cinémathèque/Studio

Hommage à Josef von Sternberg. . . . . . . . . . . . . . . . . 8 Aucard de Tours

.....................................

LES FILMS DE A à Z

.......................

À propos de No . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

lundi mercredi jeudi vendredi samedi

: : : : :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

La bibliothèque est fermée les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

8

9 18

La cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Compte-rendu

Festival de cinéma asiatique . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

Tél : 02 47 20 85 77

Courts lettrages

À la merveille

........................................

22

Compte-rendu

Table ronde du 5 mars, aux studio

............

24

Pages et images ....

27

.................................

30

Goodbye Morocco/Les Chevaux de Dieu À propos

Django Unchained Compte-rendu

Rencontre de la Bibliothèque . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32 Vos critiques

........................................

33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 FILM DU MOIS : MUD SUR LES RIVES DU MISSISSIPI . . . . . . . . .

GRILLE PROGRAMME

...............

36

pages centrales

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

Qu’on se le dise : Le 1er Juin 2013 verra la 29e édition de la Nuit des Studio, immanquable événement cinéphilo-festif tourangeau ! Pour ceux et celles qui n’en connaîtraient pas le principe, c’est très simple : de 18 heures à l’aube, nous vous proposons 5 séances pour un prix unique, 5 séances pendant lesquelles vous pourrez faire votre choix parmi dixsept (17) films ! Au menu cinéma ? La Féline (J. Tourneur), Suspiria (D. Argento), Victor Victoria (B. Edwards), Psychose (A. Hitchcock), L’Homme qui rétrécit (J. Arnold), Valse avec Bachir (A. Folman), Péril en la demeure (M. Deville), Fargo (J. et E. Coen), Volver (P. Almodovar), L’Argent de la vieille (L. Comencini), Amarcord (F. Fellini), Dans ses yeux (J. J. Campanella), Butch Cassidy et le Kid (G. R. Hill), La Flèche brisée (D. Daves), Zélig (W. Allen), La Loi du silence (A. Hitchcock), Seven (D. Fincher).

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

Du fantastique classique, du fantastique presque gore, du polar saignant, du polar émouvant, de la comédie, de la comédie très grinçante, du drame, du western… On vous l’avait dit : il y en aura pour tous les goûts ! Pour les blasés et les habitués : il y aura aussi du nouveau : un stand de jeu en ligne vous permettant de tester

votre (re)connaissance cinéphilique. Rien à gagner, mais l’assurance de bien rire ! Toute une nuit, ça fait un peu long, non ? Peut-être… mais les associations qui travaillent toute l’année en collaboration avec le CNP sont là pour vous restaurer, vous abreuver, vous offrir la possibilité de discuter. Il y en aura pour tout le monde et pour tous les goûts. Et, que l’on se rassure, nous ne retenons personne prisonnier, si vous souhaitez partir avant la fin, vous le pouvez ! Et concrètement : Nous vous le disions plus haut : 5 séances (18 heures, 20h30, 23h15, 1h30 et 3h45), toutes accessibles par un pass (pas de vente de séances à l’unité). Les pass (13 euros pour les abonnés et 19 pour les non-abonnés, soit en baisse – oui ! en baisse – par rapport à l’année passée) seront en vente à l’accueil des Studio dès le 15 mai, ce qui est une bonne chose pour éviter la cohue du samedi et être sûr d’avoir une place (il n’y en a que 1 000). Rappelons ici que des cartes d’abonnement été seront mises en vente à la même date aux prix de 9.5 €, 6.5€ et 3.5€. On voit par là que l’achat d’une carte été permet de considérablement réduire le coût d’entrée à la Nuit… Pour l’équipe de la Nuit, ER

Pour les 50 ans des Studio, le parrain de la cérémonie, le réalisateur Bertrand Tavernier, a fait deux très beaux discours. Hélas, la salle n'était pas assez grande pour accueillir tous les spectateurs qui le souhaitaient. Vous trouverez ci-dessous deux liens qui vous permettront d'entendre (ou de réentendre) les réflexions de ce grand ami des cinémas Studio.

http://www.youtube.com/watch?v=To4a2EL4hvc et http://www.youtube.com/watch?v=LixaLpLiAjQ

4


du 29 mai au 4 juin

SEMAINE 5

2013

SAMEDI 1 JUIN : 29e NUIT DU CINÉMA 17 films de 18h à l’aube ! Seules les séances de 14h15/30 sont maintenues. Les suivantes sont remplacées par la programmation spéciale de la Nuit des Studio. Pass en vente à l’accueil à partir du 15 mai : abonnés 13 €: non-abonné : 19 € 48’ sans paroles

CNP jeudi 20h00 C

I

LES AVENTURES DE MIRIAM

DOCUMENTAIRE suivi d’un DÉBAT

N

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

lundi MONSIEUR VERDOUX 19h30 2h04’ de Charles Chaplin 1h33’ LES BEAUX JOURS vendredi de Marion Vernoux 19h30

1h32’ VF

LES CROODS de Chris Sanders

1h30’

14h15 19h30

1h46’

Séance gratuite ouverte à tous

À suivre.

ONLY GOD FORGIVES

(Voir page 8)

14h15 19h30

1h45’

EFFETS À suivre. SECONDAIRES

14h00 19h30

3h36’

14h30 19h15

1h59’

mardi 18h00 dimanche

1h34’

L’ESPRIT DE 45

À suivre.

L’ATTENTAT

3D mercredi vendredi dimanche

Concert cocktail 18h00 LA GUERRE DES ROBOTS 19h30 Bandes annonces 21h45

de Nicolas Winding Refn

de Steven Soderbergh

14h15 mer-dim 16h00

17h45

Festival Courts d’écoles

AVANT PREMIÈRE et rencontre avec Marion Vernoux, la réalisatrice, et Fanny Ardant après la séance.

14h15 17h15 21h15

de Ken Loach

19h15

de Ziad Doueiri 2h22’

LA PORTE DU PARADIS

À suivre.

GATSBY LE MAGNIFIQUE de Baz Luhrmann

17h00 21h30

CNP QUI A TUÉ NATACHA ? jeudi C

I

N

SHOKUZAI,

À suivre.

19h30 mardi

19h30 21h15

1h25’

1h36’ DÉSIR…DÉSIRS

ALATA de Michael Meyer

A

T

H

È

Q

U

E

SHANGHAI GESTURE1h34’ L’IMPÉRATRICE ROUGE 1h44’ AGENT X 27 1h30’

14h15 L’ÉCUME DES JOURS 19h15 de Michel Gondry 21h30

14h15 17h00 19h30

2h07’ VF

17h45

de Danny Boyle 2h10’

de Sam Raimi

LE PASSÉ de Asghar Farhadi

21h30

ENTRÉE DU PERSONNEL de Manuela Frésil

Le film imprévu

19h45

1h46’

17h30

de Gus Van Sant

21h45

THE LAND OF HOPE

17h00

de Sion Sono

21h45

2h13’ 2h09’

MUD, SUR LES RIVES DU MISSISSIPI de Jeff Nichols

1h53’

HANNAH ARENDT de Margarethe von Trotta

de Wong Kar-Wai

17h30 21h30

1h34’

DERRIÈRE LA COLLINE

21h30

de Emin Alper

LE CŒUR A SES RAISONS de Rama Burshtein

www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

14h30 19h45 + mer-sam-dim 16h00 + jeu-lun 17h30

de Park Chan-Wook

1h30’

14h30

16h15

jeudi-lundi

14h30 THE GRANDMASTER

17h15

mer-sam dimanche

Dimanche : VO

59’ + court métrage 15’

STOKER

19h30 À suivre.

14h15

+ VO

PROMISED LAND

1h40’

mer-sam dimanche

17h30 LE MONDE sauf FANTASTIQUE D’OZ

2h02’

TRANCE

de Kiyoshi Kurosawa

M

2h02’

14h15 17h15 19h15 21h15

LE PETIT ROI et autres contes de divers réalisateurs

lundi PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO-HOMMAGE À JOSEPH VON STERNBERG

1h40’

CELLES QUI VOULAIENT SE SOUVENIR

É

2013

41’ VF

de Mylène Sauloy Débat animé par Anne Nerdrum et Daria Dvizina

20h00

de Michael Cimino

14h30 LA DERNIÈRE FOIS QUE J’AI VU MACAO 19h45 Joao Pedro Rodrigues et Joao Rui Guerra da Mata 21h30

de divers réalisateurs

mer-sam dimanche

du 1er au 7 mai

SEMAINE 1

www.studiocine.com

Le Le film film imprévu imprévu

www.studiocine.com www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 8 au 14 mai

SEMAINE 2

C I N É M A T H È Q U E DÉSIR…DÉSIRS

41’

2013

41’ VF

PAS ÊTRE UN HOMME LE PETIT ROI lundi JE NE VOUDRAIS de Ernst Lubitsch et autres contes 1h37’ 19h30 DOCTEUR JEKYLL ET SISTER HYDE de divers réalisateurs

16h15 sauf lundi mardi

de Roy Ward Baker

14h15 17h15 21h30

1h50’ VF

2h09’

JACK

sur les rives du Mississipi

MUD,

LE CHASSEUR DE GÉANTS

de Jeff Nichols

de Bryan Singer

14h15 17h15 19h15 21h15

1h40’

14h15 17h15 21h45

1h40’

19h45

19h30

TRANCE

AVANT PREMIÈRE. Rencontre avec le réalisateur et Bambi après la séance

de Danny Boyle

19h30

STOKER de Park Chan-Wook

de Manuela Frésil

mardi

2h02’

ENFANCE CLANDESTINE de Benjamin Avila

de Michel Gondry

19h15

2h02’

POST TENEBRAS LUX de Carlos Reygadas

THE GRANDMASTER 19h30 de Wong Kar-Wai 1h46’

PROMISED 21h45 LAND

UNE VIE SIMPLE

de Gus Van Sant 1h30’ + court métrage 7’

de Ann Hui

LE CŒUR A 17h30 SES RAISONS 21h30

HANNAH ARENDT

de Rama Burshtein

de Margarethe von Trotta

www.studiocine.com

L’ÉCUME DES JOURS

17h00

Le film imprévu

www.studiocine.com

1h32’ VF

VITO

de Jeffrey Schwarz

DÉSIR…DÉSIRS

PICKPOCKET lundi 1h15’ de Robert Bresson 19h30 Soirée présentée par Donatien Mazany Festival

DÉSIR DÉSIRS voir page 5

14h15 17h15 19h15 3D

LES CROODS de Chris Sanders

Débat avec Patrick Cardon

C I N É M A T H È Q U E

17h30

16h00 ENTRÉE sauf DU PERSONNEL lundi

1h53’

21h45

17h15

sauf lun

59’

1h58’

14h30

3D

20h00

BAMBI

1h54’

14h30

sauf lun-mar

CNP jeudi

1h DÉSIR…DÉSIRS de Sébastien Lifshitz dimanche voir page 5

1h50’

14h30

14h15

du 15 au 21 mai 2013

SEMAINE 3

1h40’

TRANCE de Danny Boyle 2h22’

mercredi samedi dimanche lundi

14h15

mercredi LE PETIT ROI samedi et autres contes dimanche lundi

41’ VF

de divers réalisateurs 55’

16h15

mer-sam dim-lundi

LES AS DE LA JUNGLE 16h15 + de David Alaux & Éric Tosti

17h30

1h25’ DÉSIR…DÉSIRS

dimanche

CINÉ P’TIT DÉJ’

TOMBOY

de Céline Sciamma

10h30 11h00

1h58’

UNE VIE SIMPLE

17h00

14h15 GATSBY LE de Ann Hui 17h30 MAGNIFIQUE de Baz Luhrmann 1h54’ 20h30 POST 14h15 2h10’ à partir de vendredi TENEBRAS LUX 21h45 17h00 LE PASSÉ de Carlos Reygadas 19h30 de Asghar Farhadi 2h02’ 14h15 21h45 sauf dim 1h33’

14h30 19h30

SONG FOR MARION de Paul Andrew Williams 1h40’

14h30

STOKER

19h45

de Park Chan-Wook 1h30’

17h30 LE CŒUR A sauf sam-dim SES RAISONS de Rama Burshtein

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

L’ÉCUME DES JOURS de Michel Gondry

2h09’

MUD,

sur les rives du Mississipi de Jeff Nichols

19h15 21h30

17h15 21h15

1h50’

ENFANCE 21h30 + CLANDESTINE jeudi de Benjamin Avila

14h15

Le film imprévu

www.studiocine.com

SEMAINE 4

CNP jeudi

du 22 au 28 mai 2013 55’

LES ÉCLATS de Sylvain George

19h45 Débat animé par les associations C I N É M A T H È Q U E

lundi LEdeVOLEUR Louis Malle 19h30 2hSoirée présentée par Donatien Mazany

14h30 17h45 ONLY GOD 19h45 FORGIVES 21h45 de Nicolas Winding Refn

LES AS DE LA JUNGLE de David Alaux & Éric Tosti

16h15

1h32’ VF

sam-dim

14h15 LES CROODS + 17h15 de Chris Sanders sauf mer jeu-lun

1h30’

14h15 2h22’ GATSBY LE 17h00 MAGNIFIQUE 19h30 de Baz Luhrmann

2h09’

MUD, sur les rives du Mississipi 1h40’

TRANCE de Danny Boyle

1h44

14h30 EL PREMIO 19h15 de Paula Markovitch 1h36’ + court métrage 6’

14h30 19h15

17h30 22h00

1h40’

STOKER de Park Chan-Wook

14h15 2h10’ 17h00 LE PASSÉ de Asghar Farhadi 19h30

21h15

de Jeff Nichols

2h10

14h15 JAPPELOUP de Christian Duguay 19h30 samedi 14h15

samedi dimanche

21h45

1h33’

17h15 SONG FOR MARION de Paul Andrew Williams 21h15 1h34

L’ESPRIT DE 45

21h45

de Ken Loach

ALATA de Michael Meyer DÉSIR…DÉSIRS

Le film imprévu

www.studiocine.com

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


jeudi 23 mai - 19h45 Le CNP, la Cimade, la LDH, RESF et Chrétiens-Migrants proposent :

jeudi 2 mai - 20h00 Le CNP, Amnesty International et le CEMEA* 37 proposent :

Défenseurs des droits humains en Russie : une activité à risque Depuis 2012, Vladimir Poutine fait subir au peuple russe les pires répressions depuis la chute de l’Union soviétique, répondant à la colère des citoyens mobilisés contre l’injustice sociale, la corruption et les violences policières, par des arrestations abusives et des procès inéquitables. Dans ce climat de violence permanent, le travail des défenseurs des droits humains se heurte à un pouvoir qui use impunément de la menace, de la torture, voire de l’assassinat, et multiplie les entraves aux libertés fondamentales. Après la projection de Qui a tué Natacha ? FILM de Mylène Sauloy, 2010, consacré à l’assassinat de Natalia Estemirova. Un DEBAT sera animé par Anne Nerdrum (Amnesty International) et Daria Dvizina (membre du CEMEA et originaire de Russie). *CEMEA : Centre d’Entraînement aux Méthodes d’Éducation Active

Régularisation des sans-papiers, un an après… Partir c’est toujours mourir un peu. Fuir la faim, la pauvreté, l’apartheid, le travail forcé, la guerre, la montée des eaux, c’est survivre. L’exil, chacun de nous le comprend intimement comme étant à la fois un déchirement et un espoir pour tout être humain. Mais le social-libéralisme rejette l’immigration qui sert d’exutoire commode à sa politique économique, nationale et populiste. Ni frontières, ni règles pour les capitaux accumulés sur l’exploitation des hommes, des femmes et des enfants à travers le monde, mais des paradis fiscaux pour planquer les richesses criminelles. Des murs, des barbelés, une police aux frontières pour les sans-papiers, alors que, dans son rapport du 1er février 2013 remis au premier ministre, le conseiller d’État Thierry Tuot propose de régulariser les « sans-papiers inexpulsables », Manuel Vals déclare qu’il s’y refuse. Ce rapport sera-t-il enterré ? Résister ? Agir, mais comment ? FILM : Les Éclats de Sylvain George, 2012. DÉBAT animé par les associations.

jeudi 16 mai - 20h00 Dans le cadre du Festival Désir … Désirs, Le CNP, le Centre Lesbien Gay Bi Trans, la Ligue des Droits de l’Homme et le Mouvement Français pour le Planning Familial présentent :

Homos, Bis, Trans : militants d’hier et d’aujourd’hui Avec le FILM : Vito de Jeffrey Schwarz (États-Unis, 2011) on plonge dans la vie de Vito Russo, un des activistes les plus marquants de l’histoire américaine, qui nous renvoie à la question essentielle de l’égalité, laquelle passe par la reconnaissance de la différence. Il fut à la fois critique cinématographique, scénariste et militant de la première heure jusqu’à sa mort en 1990. Le DÉBAT s’articulera autour de deux thèmes : • L’histoire et les perspectives militantes, • Les avancées juridiques et sanitaires depuis 30 ans. Nous accueillerons Patrick Cardon, chercheur, diplômé de sciences politiques et créateur du festival Question de Genre, à Lille.

4

Les CARNETS du STUDIO

n°312

mai 2013

jeudi 30 mai - 20h00 Le CNP et le CRIAVS* proposent :

Les mineurs auteurs de violence sexuelle et leur famille Que ce soit dans les consultations médico-psychologiques ou dans le cabinet des juges, la violence sexuelle provoquée par des mineurs est de plus en plus fréquente. Cette violence vient interroger les intervenants dans leur pratique et aussi questionner notre société qui a bien du mal à éviter la banalisation ou la dramatisation. Comment évaluer ces situations ? Y a t-il des « types familiaux » prédisposants? Comment aider ces adolescents et leurs familles? Nous aborderons ces questions à partir d’un DOCUMENTAIRE présentant le travail d’une équipe de pédopsychiatrie de Franche Comté : La Délinquance sexuelle des adolescents : comment les traiter ? Participeront au DÉBAT l’équipe du CRIAVS* Centre et un juge des enfants. *Centre Ressource pour les Intervenants auprès des Auteurs de Violence Sexuelle.

DÉSIR DÉSIRS du 11 au 25 mai

LUNDI 13 MAI, 19H30 Voir Cinémathèque, page 15

MERCREDI 15 MAI 18h30 – Discours d’ouverture du Festival 19h30 – L’Éclipse du soleil en pleine lune France – 1907 – 9’, de Georges Méliès

20 ans que les cinémas Studio organisent le festival Désir…Désirs. L’équipe du festival considère qu’il est fondamental de mettre en lumière les théories de genre auprès d’un large public. Nous vous proposons d’être acteur et de participer à la déconstruction du genre et de la pensée unique. S’il est des temps où l’on peut se laisser « divertir », il en est d’autres où la réalité, les témoignages, les manifestations, nous forcent à une vigilance accrue et actualisée. Cette édition sera l’occasion de se questionner, de se diviser, de réfléchir et d’échanger, en rencontrant des réalisateurs/réalisatrices, organisateurs/organisatrices de festivals, des témoins historiques, des militantEs, des activistes, des chercheurs/chercheuses… Nous vous invitons à explorer des portraits tous différents et uniques en leur genre dans des documentaires et des films issus de pays proches et lointains : Iran, Népal, Allemagne, Pays-Bas, Argentine, Etats-Unis, Belgique, Palestine/Israël, Canada, Suède, Grande-Bretagne…

SAMEDI 11 MAI, 21H CHAPELLE SAINTE-ANNE Queens

Ciné-concert, par Simon Buffaud, Quentin Police, Boris Rosenfeld, élèves du Conservatoire National de Tours Roméos Allemagne – 2013 – 1h34, de Sabine Bernardi

Lukas, 20 ans, arrive à Cologne pour effectuer un service volontaire. Il se retrouve logé avec les filles à cause de son ancienne identité. Grâce à sa meilleure amie, il fait la connaissance de Fabio qui représente tout ce que Lukas n’est pas.

21h30 - Collages France – 2011 – 1h07, de Kader Attia

Réalisé pour l’exposition Paris-Delhi-Bombay du Centre Pompidou, ce documentaire propose un questionnement sur les transidentités. Pascale Ourbih, actrice et présidente du festival Chéries-Chéris, retourne sur les lieux de sa jeunesse en Algérie. Hélène Hazéra, journaliste et militante, rencontre la communauté des Hijras. RENCONTRE AVEC PASCALE OURBIH

JEUDI 16 MAI 14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi C Georges-Claude Guilbert : Gays contre Queers : plus qu’une question de vocabulaire 20h – Vito Voir CNP, page précédente. VENDREDI 17 MAI 14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi C

Dans une ambiance de conte de fées sombre et onirique, « Queens » trace un chemin sinueux qui serpente entre enfance

Arnaud Alessandrin, Karine Espineira, Maud-Yeuse Thomas Recherches sur les transidentités autour de leur ouvrage La Transyclopédie

et vieillesse, féminin et masculin, réalité et représentations, et en trouble les frontières. RENCONTRE AVEC LA RÉALISATRICE

19h00 - Heure Curieuse : Michèle Murray

France – 2012 – 1h15, de Catherine Corringer

DIMANCHE 12 MAI 17h30 – Bambi France – 2013 – 1h, documentaire de Sébastien Lifshitz

Née dans la banlieue d’Alger en 1935, Bambi s’appelait JeanPierre. Elle quitte sa terre natale pour rejoindre le Paris des années 50 et entamer une nouvelle vie grâce au cabaret. Elle amorce sa transformation et devient très vite une vedette du music-hall. RENCONTRE AVEC BAMBI ET SEBASTIEN LIFSHITZ

Au Centre Chorégraphique National de Tours (Entrée libre sur réservation 02 47 36 46 00) Extrait de la dernière création, Phoenix, avec laquelle Michèle Murray aborde à nouveau la question de l’identité de genre à partir de la thématique d’un bestiaire moderne en imaginant des créatures hybrides, mi-animales, mi-humaines.

20h30 : Bibliothèque des Studio, présentation Cinéma et transidentité par les auteurEs du livre La Transyclopédie. Les CARNETS du STUDIO

n°312

mai 2013

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21h30 - Facing Mirrors Iran – 2011 – 1h42, de Negar Azarbayjani

Pour rembourser la dette de son mari emprisonné, Rana, jeune femme plutôt traditionnelle, se risque à faire le taxi. Un jour, elle accepte d’aider Edi à fuir un mariage forcé, sans se douter que sa nouvelle amie est une transsexuelle. RENCONTRE AVEC ARNAUD ALESSANDRIN, KARINE ESPINEIRA, ET MAUD-YEUSE THOMAS

nouveau quartier avec ses parents et sa petite sœur Jeanne, elle fait croire qu’elle est un garçon. Laure devient Michaël, un garçon « comme les autres »… RENCONTRE AVEC ANNE-MARIE PERNOT, SPECIALISTE DE L’ENFANCE, QUI REPONDRA AUX QUESTIONS DES ENFANTS ET DES ADULTES.

14h30 - Soongava

France – 2010 – 59’, de Gilles Blanchard

Ce documentaire nous invite à découvrir le parcours et les combats du dramaturge et poète Jean Genet à travers des témoignages de lecteurs qui semblent sortir tout droit d’un de ses romans. RENCONTRE/DEDICACE (avec La Boîte à livres) AVEC ABDELLAH TAIA, AUTEUR QUI TEMOIGNE DANS LE DOCUMENTAIRE.

19h30 - Alata Israël/USA – 2012 – 1h36, de Michael Mayer

Nimr, jeune étudiant palestinien, aspire à un avenir radieux à l’étranger. Une nuit, à Tel Aviv, il rencontre Roy, fringuant avocat israélien, qui s’éprend de lui. Une belle relation débute alors. Les rêves de liberté de Nimr sont cependant bientôt mis à mal tant au sein de la communauté palestinienne qu’au sein de la société israélienne.

21h30 - Mommy is coming

Diya, une jeune népalaise, encouragée par sa meilleure amie, Kiran, rêve de devenir danseuse professionnelle. Pendant ce que ses parents se consacrent à lui trouver un mari, Diya et Kiran se rapprochent…

vit une communauté gay et trans. Un soir, Ale trouve un journal écrit par Mia, la mère de Julia qui est décédée et a laissé seuls la petite et son père. Ale ressent de l’empathie pour Mia à la lecture de son journal… Ce film basé sur des événements réels d’expulsion et de destruction de bidonvilles, met en évidence la marginalisation et la discrimination.

17h30 - Hors les murs Belgique/France/Canada – 2012 – 1h35, de David Lambert

Paulo, un jeune pianiste, rencontre Ilir, un bassiste d’origine albanaise. Aussitôt, c’est le coup de foudre. Du jour au lendemain, Paulo quitte sa fiancée pour s’installer chez Ilir. RENCONTRE AVEC MATILA MALLIARAKIS ACTEUR DU FILM.

L’annonce des fiançailles de Lasse et Elisabeth, deux quinquagénaires, permet à leurs filles respectives, Mia et Frida, de se rencontrer. La première s’apprête à s’engager avec son petit ami tandis que la seconde assume son homosexualité.

À Berlin, Dylan et Claudia souffrent du blues des relations monogames. Chacune de leur côté, elles entreprennent un voyage initiatique au sein d’une communauté queer délirante et sans tabou. S’ajoute la venue en ville de la mère de Dylan qui, délaissée par son mari, vient elle-même chercher l’aventure.

23H30 - Il est ici le bonheur Octroi, place Choiseul La performance théâtrale de la compagnie Tamm Coat transformera la place Choiseul en prétoire du peuple. La notion de citoyenneté sera en effet au cœur de la pièce, où l’on entendra des textes extraits des États généraux de 1789.

DIMANCHE 19 MAI 10h30 - Sélection de courts métrages Ciné p’tit déj’ - Avec Ciclic I am a girl !, Atlantic avenue, Si j’étais un homme, Traumfrau, Lay Bare, Octopus, Love Affair, Jennifer and Tiffany, Argile

10h30 - Tomboy – Ciné p’tit déj’ Coup de projecteur Jeune public France – 2011 – 1h24, de C. Sciamma

Laure, dix ans, préfère le football aux poupées. Arrivée dans un

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21h30 - Querelle France/Allemagne – 1982 – 1h48, de Rainer Werner Fassbinder

Inspiré du roman Querelle de Brest, de Jean Genet.

Querelle, un jeune marin séducteur et assassin, débarque à Brest à bord du Vengeur et retrouve son frère Robert. Dans un bordel de la ville, il est attiré par Lysiane, la femme du tenancier Nono. Pour assouvir son désir, il doit s’en remettre au hasard et à une partie de dés… Coup de cœur du public lors du 50e anniversaire des Studio

LUNDI 20 MAI 14h - Conférence à la bibliothèque des Studio Elise Pereira-Nunes : Le(s) personnage(s) de Divine dans les films du cinéaste américain John Waters 21h30 - Pêche, mon petit poney France – 2012 – 42’50, de Thomas Riera

Le réalisateur enquête sur son petit poney en plastique rose reçu le jour de son sixième anniversaire. Il part à la recherche du moindre indice pour tenter de savoir si ce jouet lui était vraiment destiné. Thomas Riera remet en question avec finesse et intelligence la notion de genre, de norme, qui, très tôt, s’impose malgré eux aux plus petits. RENCONTRE AVEC LE REALISATEUR

EXPOSITIONS Du 18 mai au 7 juillet - Eternal Galerie Survivances Rémy Yadan propose trois vidéos très différentes, semblant pourtant dessiner une trame où luttent survivance et destin…

Du 1er mai au 15 juin - GALERIE LE JOUR ET LA NUIT Ouvert de 11h30 à 18h30 du mercredi au samedi, les dimanches 5 mai et 2 juin et sur rendez-vous.

O mia vita felice cui confido ogni mia dolce pazzia solitaria Peintures, dessins, estampes de Piercarlo Foddis sur le thème du désir.

métrages sur la thématique queer. Ses films ont tous été projetés dans de nombreux festivals et ont été récompensés de plusieurs prix.

Du 15 au 31 mai – CINEMAS STUDIO Photos inédites des affiches du festival

MERCREDI 22 MAI 14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi C Antoine Servel : Capitalisme et homosexualité(s): de gay pride à gay shame

(Déconseillé aux moins de 16 ans) USA/Allemagne – 2012 – 1h04, de Cheryl Dunye

Christine & the Queens – Rocky - Set DJ

21h30 - Carte blanche à Antony Hickling - Courts métrages Depuis cinq ans, Antony Hickling réalise une série de courts

19h30 - Kyss Mig Suède – 2011 - 1h45, d’Alexandra-Therese Keining

tival et de faire la fête après la Lesbian and Gay Pride de Tours (Centre LGBT de Touraine), l’équipe du Temps Machine propose :

19h30 - Mia Argentine – 2011 – 1h45, de Javier Van de Couter

Ale habite dans un village appelé Village Rosa, un bidonville où France/Népal – 2012 – 1h25, de Subarna Thapa

SAMEDI 18 MAi 17h30 - Le Contre-exemplaire

MARDI 21 MAI 14h - Conférence aux Tanneurs - Amphi C Hélène Tison : Jeux dangereux : « Queer as Folk »

19h00 : Lecture / Philo à la Médiathèque François Mitterrand : Désir ou désirS ? Dialogue inédit entre la parole philosophique et les textes portés

Frank Ternier nous laisse entrevoir quelques processus de création des affiches du festival depuis 2002.

Fragments de rencontres 10 photos - 10 histoires de Frank Ternier. Projet construit au jour le jour, le temps du festival avec prises de rendez-vous pour une série de clichés.

Du 7 au 31 mai – CINEMAS STUDIO - CAFETERIA AIR La sensualité partagée dans la différence

par la voix des comédiens. Avec Karin Romer, Bernard Pico (Centre régional dramatique de Tours) et David Lebreton (Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public).

Photos en noir et blanc de l’Association et du CATTP Louis Pergaud

JEUDI 23 MAI 14h00 - Conférence La lesbienne dans les séries TV US par Émilie Marolleau

vidéos – installations – photographies – peintures Avec Yann Gateau, Linda Bocquel, Jean André, Christophe Laurentin, Slimane, Catherine Corringer

19h30 - Sélection Courts métrages À l’Instant Ciné Avec Ciclic, entrée gratuite, réservation à l’accueil des Cinémas Studio

Aussi aux Cinémas Studio Affiches et table thématique à la bibliothèque

Du 11 mai au 2 juin - Chapelle Sainte-Anne Ouvert vendredi, samedi, dimanche de 14h00 à 20h00

Unique en son genre

VENDREDI 24 MAI Journée d’étude Pop culture, Genre et glamour, dirigée par Mónica Zapata, Mâles dominants SAMEDI 25 MAI 21h00 - Concerts au Temps Machine Afin de clôturer l’édition Unique en son genre, les 20 ans du fes-

Sélection d’affiches de films diffusés au cours des vingt éditions et table thématique sur des ouvrages cinématographiques.

Stands de livres • JEUNE PUBLIC: Mercredi 15 mai, de 15h30 à 18h, Libr'enfant propose une sélection de livres de littérature jeunesse en lien avec le film TOMBOY (séance du dimanche 19). • TOUT PUBLIC: Pendant le festival, le site Livresboibel propose une sélection d’ouvrages sur le cinéma et la culture lesbienne.

DÉSIR DÉSIRS Les CARNETS du STUDIO

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w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Sur le site des Studio (cliquer sur : pLuS d’inFoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

PARTENARIAT

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

Hommage à Josef von Sternberg Né à Vienne dans une famille juive, von Sternberg a émigré aux Etats-Unis à l’âge de sept ans. Monteur de formation, il manifeste dans son œuvre un sens très aigu de l’image et du cadrage. Ses films mettent en scène des personnages en marge, souvent victimes de la société, particulièrement les femmes, dont il sait magnifier la force morale et l’intelligence. Il a ainsi dirigé Marlène Dietrich, vamp fatale et émouvante, à qui il a offert des rôles inoubliables : par exemple dans L’Ange bleu, Shanghai Gesture ou L’Impératrice rouge. CdP

Lundi 6 mai –19h30 –

Shanghai Gesture USA – 1941 – 1h39, de Joseph von Sternberg, avec Gene Tierney, Victor Mature, Ona Munson…

Et si l’Enfer du jeu ne se trouvait pas à Macao mais à Shanghai, dans l’antre de la vénéneuse Mother Gin Sling ? Chez elle, joueurs invétérés, aventuriers, prostituées et égarés se croisent, jusqu’à se perdre ; comme Poppy-Gene Tierney, sublime ange, tombant dans les rets du Docteur Omar pour devenir l’instrument de la vengeance de Gin Sling, qui, elle aussi, aura sa place en enfer : la première. Ce chef d’œuvre baroque aux effluves opiacés demeure à jamais fascinant. IG

mardi 7 mai

Soirée présentée par alain Bonnet.

– 19h30 –

L’Impératrice rouge USA – 1934 – 1h50, de Josef von Sternberg, avec Marlene Dietrich, John Lodge, Sam Jaffe… Le projet du réalisateur est ambitieux : raconter le

parcours d’une jeune princesse prussienne, Sophia Frederica, jusqu’au trône de Russie. Elle devient alors Catherine II, impératrice de toutes les Russies. Marlene Dietrich est magnifique dans son rôle de femme qui découvre son pouvoir sur les hommes, qui en use et abuse de manière amorale et cynique, pour sauver sa vie et parvenir au pouvoir absolu. Un film culte et un chef d’œuvre. CdP

– 21h15 –

Agent X27

USA – 1931 – 1h31, de Joseph Von Sternberg, avec Marlène Dietrich, Victor McLaglen...

Vienne 1915. Une jeune femme qui a sombré dans la prostitution est engagée comme espionne au service de son pays sous le matricule X27. Pour sa première mission elle doit séduire un général suspecté d’intelligence avec l’ennemi... Forme somptueuse et scènes inoubliables (la lame du sabre utilisée comme un miroir), Agent X27 est le troisième film du tandem Von Sternberg/Dietrich et un de ceux qui a forgé le mythe Marlène. JF

AUCARD DE TOURS – Dimanche 2 juin Radio Béton 93.6 présente: LA SOIREE CINEMA BIS DU FESTIVAL AUCARD DE TOURS AVEC NANARLAND.COM, chaque séance sera précédée et suivie des cuts Nanarland

rappelle quelque chose? Le meilleur du pire de l’animation US des années 80, musique, scénario, dialogues, VF... tout était déjà ringard avant même que le film ne sorte! La honte d’une génération...

18h30 – GRAND GURU (one man band blues-trashrock’n’roll de Rouen) Concert énergique et cocktail gratuit dans la cour des Studio.

21h45 – (1h30) NUIT DE LA BANDE ANNONCE. Une sélection de bandes annonces des plus nanardes ou des plus incroyables, qui vous montreront l’essentiel de tous ces films en une seule séance (tant il est vrai que certains longs devraient se limiter à leur bande annonce...) entrecoupées de films courts... Un programme unique spécial Aucard à ne pas rater!

19h30 – LA GUERRE DES ROBOTS (1986, dessin animé de Nelson Shin, USA) Ce film n’est ni plus ni moins qu’une publicité d’1h30 pour des robots-jouets transformeurs qui se changent en ghetto blaster, en dinosaure, en percolateur, en maserati GT ou en canon à plutonium ultra-luminique pour sauver l’humanité... Ça vous

Le PASS pour les 2 séances: 9,60€ / 7,80€ abonnés Studios, en vente à partir du 20 mai.

avant LeS FiLmS, danS LeS SaLLeS, au moiS de mai 2013 : • Lento de Youn Sun Nah (studio 1-2-4-5-6) • No Beginning No End de Blue Note (studio 3 et 7). Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RCF St Martin.

A

Alata

Israël – 2012 – 1h36, de Michael Mayer, avec Nicholas Jacob, Michael Aloni…

Nimer est étudiant, palestinien et issu d’une famille modeste. Roy est avocat, israélien et issu d’une famille aisée. Quand ils se rencontrent, c’est le coup de foudre. Mais ils se confrontent rapidement à la violence politique et sociale de leurs deux communautés… L’amour plus fort que tout ? Alata nous en donne sa version sans pour cela tomber dans le mélodrame à l’eau de rose, loin de là, car si le point de départ peut sembler un peu convenu, le film se démarque très vite de tout cliché. Le ton est âpre, tendu, haletant. On est à la fois abasourdis et révoltés par ce que décrit le film, mais surtout emportés par cette hisatoire complexe, mouvementée et ces personnages courageux et déchirants. Mélange de suspense, de politique et d’amour, le programme d’Alata est détonnant. Un premier film superbement réussi. JF + COURT MÉTRAGE – semaine du 22 au 28 mai

Flamingo pride Allemagne – 2011 – 6’, animation, de Tomer Eshed.

Les As de la jungle Les Aventures de Miriam Voir pages Jeune Public

L’Attentat

France, Belgique, Liban, Qatar – 1h45 – de Ziad Doueiri, avec Ali Suliman, Reymond Amsalem, Dvir Benedek…

Dans un restaurant de Tel-Aviv, une femme fait exploser une bombe qu’elle dissimule sous sa robe de grossesse. Appelé sur le théâtre de cet attentatsuicide, le docteur Amine, israélien d’origine arabe, opère les nombreuses victimes. Quand on lui annonce que la kamikaze est sa propre femme, il commence par refuser de croire à cette accusation puis part en Palestine pour tenter de comprendre.

Pas de sentiments exacerbés ni de révolte dans L’attentat (qui a obtenu l’Étoile d’or au festival de Marrakech), mais une interrogation cruciale tout au long du film : peut-on vivre et s’épanouir sans prendre parti ? Sources : dossier de presse.

Les Beaux jours

France – 2013 – 1h33, de Marion Vernoux d’après le roman Une jeune fille aux cheveux blancs, de Fanny Chesnel, avec Fanny Ardant, Laurent Laffitte, Patrick Chesnais…

B

Caroline est fraîchement retraitée. Des beaux jours ? Elle n’a que ça devant elle : du temps libre et encore du temps libre. Quand elle pousse la porte d’un club pour retraités dynamiques, elle ne s’imagine pas qu’une nouvelle vie est possible. Faut-il tout réinventer ? Succomber aux charmes de Julien, beaucoup plus jeune qu’elle ? Ou se contenter d’être dans l’acceptation de ce qui lui arrive ? Le thème de ce joli film n’est pas tant la vieillesse que la question de ce que l’on fait, à 60 ans, de sa vie, de son désir… et de son couple. Quant aux admirateurs de Fanny Ardant, ils ne seront pas déçus : étonnante en jean et cheveux teints en blond, elle continue d’assurer avec une classe folle ! SB Avant première le vendredi 31 mai, à 19h45 et rencontre avec Marion Vernoux, la réalisatrice, et Fanny Ardant après la séance.

LeIsraëlCœur a ses raisons – 2012 – 1h30, de Rama Burshtein, Yqal Bursztyn, avec Hadas Yaron, Yiftach Klein, Renana Raz…

C

À 18 ans, Shira, issue d’une famille hassidique orthodoxe de Tel Aviv, rêve de mariage. Elle est sur le point de se marier avec un jeune homme du même âge et du même milieu qu’elle. Lorsque sa sœur aînée Esther meurt en couches, sa mère a une idée : et si Shira épousait Yochay, le veuf de sa propre sœur ? Entre le cœur et la raison, Shira devra choisir...

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Rama Burshtein fait partie d’une communauté juive ultra-orthodoxe. Avant le tournage du film, elle a dû demander l’avis du rabin qui n’a pas voulu lire le scénario. C’est son mari qui a eu le soin de juger si le film était convenable. Hadas Yaron a reçu le Prix d’Interprétation Féminine à la Mostra de Venise 2012. Le Cœur a ses raisons a été choisi pour représenter Israël à l’Oscar du Meilleur Film Étranger, nommé aux Spirits Awards comme Meilleur Premier Film et Meilleur Scénario. Le film regarde, par le trou d’une serrure, un monde unique et complexe. Allons le découvrir !

de tourner dans sa région d’origine, loin du monde moderne. Son récit, entre drame, comédie noire et suspense, distille une atmosphère angoissante dans une étonnant huit-clos à ciel ouvert où tous les fantasmes sont possibles. Sans musique, filmé à l’épaule, il installe, peu à peu, une tension palpable où la violence restera hors-champ. Pour ce western en Anatolie (Emin Alper se revendique à la fois de Sergio Leone et de son compatriote Nuri Bilge Ceylan), il a reçu la Mention spéciale (Meilleur premier film) à la Berlinale et les Prix du meilleur film et du meilleur scénario au festival d’Istanbul.

Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse - laternamagica.fr - filmdeculte.com

+ COURT MÉTRAGE – semaine du 8 au 14 mai

Tram

France – 2012 – 7’, animation, de Michaela Pavlatova.

Les Croods Voir pages Jeune Public

D La Dernière fois que j’ai vu Macao Portugal – 2012 – 1h25, de João Pedro Rodrigues et João Rui Guerra da Mata.

João Pedro Rodrigues a une œuvre jeune mais marquante, après O Fantasma, Odete et Mourir comme un homme, il s’est associé avec João Rui Guerra da Mata pour ce documentaire. Mais un documentaire très particulier, dans lequel une voix off accompagne les images de Macao (très loin d’une vision touristique ordinaire) et commence ainsi : « Trente ans plus tard, je me rends à Macao où je ne suis jamais revenu depuis mon enfance. J’ai reçu un mail à Lisbonne de Candy. Elle disait s’être encore aventurée avec les mauvais garçons… » La Dernière fois que j’ai vu Macao est plus proche de l’essai que de la narration classique mais ce n’est pas une raison pour ne pas s’y intéresser car il mérite amplement que l’on s’y attache. Assez hypnotique, cette errance aux images superbes est fascinante. JF

Derrière la colline Turquie – 2012 – 1h34, de Emin Alper, avec Tamer Levent… Au pied de collines rocheuses, Faik mène une vie de fermier solitaire. Un jour, son fils vient le voir avec ses petits-enfants. Faik les met en garde contre les nomades de la région. Tandis que se déroulent les vacances, ils représentent une menace silencieuse et invisible. Pour son premier long métrage, Emin Alper a choisi

L’Écume des jours

France – 2013 – 2h02, de Michel Gondry, avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh…

Colin est charmant, riche, mais aussi idéaliste et plein d’inventivité ! Il ne lui manque que l’amour. Celui-ci va prendre la délicieuse apparence de Chloé, rencontrée par l’intermédiaire de l’ami Chick ! Le bonheur de Colin est alors complet ! Mais c’est bien connu, l’état de grâce ne peut pas durer : un nénuphar se développe dans un des poumons de Chloé et l’empêche de respirer. Colin est prêt à ruiner compte en banque et santé pour la sauver. Mais l’amour peut-il gagner le combat contre la mort, quand les murs rétrécissent et que même les souris grises, pour échapper à la tristesse, préfèrent se jeter dans les griffes du chat ? Quel autre réalisateur contemporain aurait pu procéder à l’adaptation de l’univers singulier, poétique et absurde du grand Boris Vian, à part ce Géo Trouvetout de Gondry ? Et pour que cette réussite soit totale, même la distribution des rôles secondaires a été soignée : Alain Chabat, Laurent Lafitte ou Omar Sy. Sources : dossier de presse

Effets secondaires USA – 2013 – 1h46, de Steven Soderbergh, avec Rooney Mara, Channing Tatum, Jude Law…

Jon Banks est un psychiatre ambitieux. Quand une jeune femme, Emilie, le consulte pour dépression, il lui prescrit un nouveau médicament. Mais lorsque la police la trouve couverte de sang, un couteau à la main, le cadavre de son mari à ses pieds, sans aucun souvenir de ce qui s’est passé, la réputation du fameux docteur est compromise… Effets secondaires est un thriller en forme de puzzle sur le

Les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur.

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thème de l’anxiété, de la dépression et sur le qui est qui. La presse américaine ne tarit pas d’éloges : « Des acteurs brillants de bout en bout », « captivant, énervant et extrêmement satisfaisant réalisé avec ruse et intégrité » (San Francisco Chronicle) ; « Sexe, mensonge et violence, un film jubilatoire. » (Philadelphia Inquirer).

El premio

Argentine – 2012 – 1h38, de Paula Markovitch, avec Paula Galinelli Hertzog, Sharon Herrera…

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Argentine, années 70. Dans une maison totalement isolée au bord de l’océan vivent Cécilia, 7 ans, et sa mère. Si Cécilia n’est pas encore en mesure de comprendre le lourd secret de sa mère, elle a, par contre, celui d’aller à l’école. Au contact des autres, elle va s’éloigner peu à peu, et, inconsciemment, se mettre en danger le jour où l’armée demande aux élèves de rédiger une lettre à la gloire des militaires... Voilà un premier film incroyablement maîtrisé tout en étant d’une grande sincérité (la part autobiographique est importante). Jamais emportée par le pathos la réalisatrice s’attache à donner une forme somptueuse à son œuvre tout en parvenant à être profondément touchante. Elle crée une ambiance étrange (la maison battue par le vent et les embruns) et réaliste à la fois, parlant de la dictature militaire sans jamais faire le moindre discours. Une superbe découverte. JF

Enfance clandestine

Argentine/Espagne/Brésil – 2011 – 1h52, de Benjamin Avila, avec Ernesto Alterio, Natalia Oreiro, César Troncoso…

Argentine, 1979. Juan, 12 ans, et sa famille reviennent à Buenos Aires sous une fausse identité après des années d’exil. Les parents et l’oncle de Juan appartiennent à l’organisation Montoneros engagée dans la lutte contre la junte militaire au pouvoir. Celle-ci les traque sans répit, ce qui implique certaines précautions. Ainsi, Juan ne doit-il pas oublier qu’à l’école, pour ses camarades et Maria dont il est amoureux, il se prénomme Ernesto. Primé au Festival de San Sebastian 2011, Enfance clandestine est une histoire de militantisme, de clandestinité et d’amour. Pour ce – remarquable – premier long-métrage de fiction, B. Ávila s’est inspiré de son enfance, revisitant l’histoire de la dictature entre 1976 et 1983 à la hauteur du regard de Juan. Sources : dossier de presse, ecranlarge.com

Entrée du personnel France – 2011 – 59’, de Manuela Frésil

Quelque part en Bretagne, une usine de découpe et emballage de viande. On y arrive par défaut, rarement par envie de passer ses journées à découper des carcasses à la chaîne, sur un rythme qui ferait verdir le Chaplin des Temps modernes. Et même ceux qui ont aimé ce travail au début finissent par peiner, ne plus tenir… Manuela Frésil est allée porter sa caméra et son micro dans cette usine. Et elle laisse parler (le plus souvent en voix off) les ouvriers et les ouvrières, permanents, CDD, intérimaires… Au travers de ces récits de boulot transparaissent aussi des moments d’intime. Souvent, c’est à l’usine que l’on rencontre son futur mari, sa future femme mais, de toute façon, parler de son boulot c’est aussi parler de soi… Quand on travaille là-bas, c’est rarement drôle, mais c’est souvent très fort. ER + COURT MÉTRAGE – semaine du 1er au 7 mai

L’échappée belle France – 2009 – 15’, de François Tessier, avec François Cadot, Claire Mathon.

L’Esprit de 45

Grande-Bretagne – 2013 – 1h34, documentaire de Ken Loach

Dans les années qui ont suivi la guerre, la population anglaise forte d’un sentiment de solidarité hérité de quatre années de résistance a souhaité construire une société assurant le bien-être de tous. « Je voulais parler de cet « esprit de 45 », l’année de la victoire travailliste quand, tous ensemble, porté par, une détermination farouche, nous avons construit le Welfare State pour le bien commun. ». Le film débute pendant les années de guerre et montre comment tout a basculé à partir du gouvernement Thatcher. Il entremêle des extraits d’actualité et des entretiens contemporains tournés en noir et blanc. L’idéalisme et l‘humanisme qui, traditionnellement, parcourent l’œuvre de Ken Loach sont ici palpables. Il montre à l’écran avec le savoir faire qu’on lui connait les peurs, les souffrances, mais aussi les espoirs et les ambitions de la working class. Sources : dossier de presse.

Gatsby le magnifique USA – 2013 – 2h22 de Baz Luhrman, avec Leonardo di Caprio, Carey Mulligan, Tobey Maguire…

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L’Amérique des années 20, déferlante de fêtes, de musique, d’alcool… À New-York, Nick Carraway, apprenti écrivain, débarque du Middle West et se Les CARNETS du STUDIO

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trouve plongé dans l’univers de son voisin millionnaire, Jay Gatsby. Il écrira l’histoire fascinante des riches, leurs rêves d’absolu, leurs illusions, leurs amours impossibles et leurs tragédies intimes. Le réalisateur australien, (auteur de Moulin rouge, Roméo et Juliette, Australia) reprend, après Coppola entre autres, le roman de Scott Fitzgerald et en offre un film à gros budget, en 3D, qui fera l’ouverture du festival de Cannes. Nul doute que le casting et la bande son de Jay-Z emporteront l’adhésion d’un très large public.

échec et Pierre prend alors conscience de ses faiblesses. Réalisateur québécois de films d’action, Christian Duguay s’est fait remarquer par Scanners 2 (1991), suite du film de Cronenberg, Planète hurlante (1995), adaptée de Philip K. Dick, et L’Art de la guerre (2000). Son sens du spectacle et de la mise en scène font de Jappeloup son meilleur film, le seul qu’il a réalisé en langue française.

Sources : dossier de presse.

Voir pages Jeune Public

Hannah Arendt

Mud, sur les rives du Mississipi

Hannah Arendt philosophe et juive, quitte l’Allemagne en 1933. Après la France et le Portugal, elle réussira à rejoindre les États-Unis en 1941. En 1961, elle propose au New Yorker de l’envoyer à Jérusalem pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de juifs. Les articles qu’elle publie, le livre Eichman à Jérusalem qui suivra et sa théorie de la « banalité du mal », déclenchent une énorme controverse, même auprès des siens… Hannah Arendt met en lumière une personnalité hors du commun dont les écrits sont parmi les plus importants du vingtième siècle. Rappelant son parcours (sa rencontre avec Heidegger) et sa pensée de façon très abordable, on suit le film de Margarethe Von Trotta en étant constamment passionné. Et même, ou plutôt surtout, si on ne connaît pas encore l’œuvre essentielle de cet immense philosophe, il faut s’y précipiter. JF

FILM DU MOIS, VOIR AU DOS DU CARNET

Allemagne – 2013 – 1h53, de Margarethe Von Trotta, avec Barbara Sukowa, Janet Mc Teer, Axel Milberg…

Jack le chasseur de géants Voir pages Jeune Public

Jappeloup

France – 2013 – 2h10, de Christian Duguay, avec Guillaume Canet, Marina Hands, Daniel Auteuil…

Au début des années 80, abandonnant une carrière d’avocat prometteuse, Pierre Durand se consacre corps et âme à sa passion, le saut d’obstacle. Soutenu par son père, il mise tout sur un jeune cheval auquel personne ne croit vraiment : Jappeloup. Il a de nombreux défauts mais des aptitudes remarquables. De compétition en compétition, le duo progresse et s’impose dans le monde de l’équitation. Mais les JO de Los Angeles sont un terrible

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Sources : dossier de presse

Le Monde fantastique d’Oz

Only God forgives

USA/France/Thaïlande – 2012 – 1h30 de Nicolas Winding Refn, avec Ryan Gosling, Kristin Scott Thomas, Tom Burke, Vithaya Pansringarm…

M O

Dix ans après avoir tué un policier et s’être enfui des USA, Julian dirige une salle de boxe à Bangkok, salle de boxe qui n’est en fait qu’une façade pour un réseau de trafic de drogue. Le jour où le frère de Julian tue une prostituée, un vieux flic sort de sa retraite, retrouve l’assassin, laisse le père de la victime le tuer à son tour… Débarque alors la mère de Julian, venue chercher le corps de son plus jeune fils et bien décidée à se venger à son tour… puisque, c’est bien connu : « seul Dieu pardonne ». Deux ans après Drive (Prix de la mise en scène à Cannes), N. Winding Refn retrouve celui sur qui son film reposait en grande partie, le beau et ténébreux R. Gosling. On notera avec curiosité la présence de K. Scott Thomas dans le rôle de la mère assoiffée de vengeance… Qui a vu les précédents films de Refn (Le Guerrier silencieux, Pusher…) aura facilement compris qu’il ne s’agit pas là d’un film pour âmes trop sensibles. Ça va bouger vite et fort, saigner et s’avérer probablement très stimulant pour les nerfs. D’autant plus que Refn comme Gosling semblent revendiquer que cette nouvelle œuvre est encore plus extrême que la précédente… « C’est un peu le même rêve que Drive, mais c’est plus un cauchemar… »

Le Passé

Vous n’avez peut-être pas retenu son nom mais

combattre le mal) et le film, se veut une fresque expressionniste sur l’innocence enfantine, la nature vierge et l’orgueil humain… Reygadas est l’un des réalisateurs que le festival de Cannes chérit : Caméra d’or en 2001 pour Japon, Prix du Jury en 2007 pour Stellet Licht, Post tenebras lux a reçu le Prix de la mise en scène. Mais il a laissé les critiques perplexes : « On quitte ce film-là sur un paradoxe : dubitatif sur ce que l’on a vu et cependant habité par ce qui en émane. », « Un artiste qui n’écoute plus personne si ce n’est la voix intérieure suraiguë qui le guide dans l’épais maquis de bouffées visionnaires, d’accès de poésie plastique et de crise de vulgarités », « Reygadas a enfermé l’œuvre féroce dans le labyrinthe et nous en sommes encore à chercher le fil d’Ariane. », « Un film qui gardera, quelle que soit l’interprétation qu’on lui donne, une part de vrai mystère ».

Sources : dossier de presse.

USA – 2012 – 1h45, de Gus Van Sant,avec Matt Damon, John Krasinski, Rosemarie Dewitt, Frances McDormand…

Le Petit roi et autres contes Voir pages Jeune Public

La Porte du Paradis

USA – 1981 – 3h36, de Michael Cimino, avec Kris Kristofferson, Christopher Walken, Isabelle Huppert, Jeff Bridges…

En 1890 dans le Wyoming. James Averill est shérif et s’oppose Billy Irvine, membre d’une association d’éleveurs en lutte contre les immigrants venus d’Europe centrale... Monstre et maudit, peu de films ont une réputation aussi forte que La Porte du paradis. Gouffre financier, très gros échec public et critique à sa sortie, le film a été mal vu, mal compris, d’autant plus qu’il fût remonté, mutilé, contre le gré de son réalisateur. À le (re)voir aujourd’hui on se demande bien pourquoi tant sa splendeur est évidente. Proposé dans une version restaurée et inédite, ce chef d’œuvre retrouve toute son ampleur. Et sa beauté incandescente fait passer 3h36 comme un souffle. JF

Post tenebras lux Mexique – 2012 – 2h00, de Carlos Reygadas, avec Adolfo Jiménez Castro, Nathalia Acevedo…

Sources : imdb.com France – 2012, 2h10 de Asghar Farhadi, avec Bérénice Béjo, Tahar Rahim…

vous n’avez pas pu ne pas entendre parler de ce réalisateur iranien couvert de prix en 2012 : Une séparation a fait un million d’entrées en France, reçu l’Ours d’or et d’argent pour ses acteurs à la Berlinale, le César et l’Oscar du meilleur film étranger ! Son succès, mondial, a permis de revoir ses premiers films, A propos d’Elly (Ours d’argent en 2009) et Les Enfants de Belleville (2004). Puisqu’il ne peut plus tourner en Iran, c’est à Paris qu’il a réalisé son nouveau film, très attendu, une chronique sociale traitée sous l’angle du thriller psychologique. Festival de Cannes oblige, rien n’a filtré de l’histoire. On sait juste qu’elle sera en partie jouée en français par un couple d’acteurs alléchant, Bérénice Béjo (César de la meilleure actrice en 2012 pour The Artist) et Tahar Rahim (César du meilleur acteur 2010 pour Un prophète). Farhadi réussira-t-il son exil artistique comme son glorieux aîné Kiarostami dont le toscan Copie conforme et le japonais Like Someone in love furent de vraies réussites ?

P

Une fillette marche dans un champ au milieu des vaches alors que l’orage approche. Un diable rouge rôde silencieusement. Un couple mène sa vie conjugale… Le nouveau film du réalisateur mexicain est à peu près irracontable. Son titre Après les ténèbres, la lumière est tiré du livre de Job (une phrase pour

Sources : arte-tv.com – rfi.fr – lacroix.com next.liberation.fr – lemonde.fr

Promised Land

Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend avec sa collaboratrice dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’avec la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur proposition : autoriser des forages dans leurs propriétés contre rémunération. Mais les choses se compliquent lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que sur le plan personnel... Troisième collaboration entre Gus Van Sant et Matt Damon après Will Hunting et Gerry, Promised land a aussi été écrit par l’acteur (en collaboration avec John Krasinski, autre acteur du film). Ce drame social est traité de manière très humaine, douce et sensible. La description du monde rural est attachante et dénuée de folklorisme. L’air de rien, Gus Van Sant aborde un sujet assez grave et se situe dans la lignée d’un Erin Brockovich mais sans le côté « film-dossier ». Mention spéciale au dernier festival de Berlin. Sources : dossier de presse

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir Japon – 2012 – 1h59, de Kiyoshi Kurosawa, avec Yu Aoi, Eiko Koike, Kuôko Koizumi…

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Quatre écolières – Sae, Maki, Akiko et Yuka – sont témoins de l’enlèvement de leur camarade Emiri, Les CARNETS du STUDIO

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qui sera retrouvée violée et assassinée. Choquées, elles sont incapables d’aider à l’identification du criminel. Asako, la mère de la fillette, leur demande d’expier leur faute, à leur manière. Quinze années passent. Que deviennent Sae, Maki, Asako… et certaines poupées (françaises) volées ? D’abord conçu en cinq épisodes pour la télévision, Kurosawa livre en deux volets ce thriller criminel adapté d’un roman de Kanae Minato. Avec un suspens haletant, le brillant réalisateur de Cure et de Tokyo Sonata nous emporte littéralement. Histoire où il est question de deuil, de perversité, de traumatisme… Pourtant, vous vous précipiterez afin de découvrir la suite avec Shokuzai, Celles qui voulaient oublier, prochainement aux Studio. Assurément ! RS

Song for Marion

Grande-Bretagne – 2013 –1h33, de Paul Andrew Williams, avec Gemma Arterton, Terence Stamp, Christopher Eccleston, Vanessa Redgrave…

Arthur et Marion, couple de retraités londoniens, sont profondément unis malgré leurs caractères dissemblables ; Marion est positive et sociable ; Arthur est bourru, laconique, et incapable de montrer ses sentiments. Aussi ne comprend-t- il pas l’enthousiasme de sa femme à chanter dans cette chorale férue de reprises pop décalées. Pourtant, peu à peu, il se laisse toucher par la bonne humeur du groupe et par la gentillesse et l’enthousiasme d’Elizabeth, la chef de chœur… Après l’émouvant Quartet, il semble que le troisième âge musicien ait la cote. On retrouvera avec plaisir les deux très grands acteurs que sont Vanessa Redgrave et Terence Stamp. Sources : dossier de presse.

Stoker

USA – 2012 – 1h40, de Park Chan-wook, avec Mia Wasikowska , Nicole Kidman, David Alford…

India, une adolescente américaine de bonne famille vient de perdre son père dans un accident de voiture étrange. Débarque alors un frère de son père qu’elle ne connaissait pas. Celui-ci s’installe chez India et sa mère pour les soutenir. Mais la jeune fille soupçonne l’oncle d’avoir de mauvaises intentions. La voici partagée entre fascination et répulsion. Pour son premier film hollywoodien, Park Chanwook dresse le tableau d’une famille bourgeoise perverse et tourmentée, tout en rendant hommage à l’Hitchcock de L’Ombre d’un doute et aux premiers longs métrages de Brian de Palma. Mais sans rien

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perdre bien sûr de son style très personnel.

Trance

Sources : dossier de presse, lefigaro.fr, nouvelobs.com.

The Grandmasters Hong-Kong – 2013 – 2h02, de Wong Kar-Wai, avec Zhang Ziyi, Tony Leung, Chiu Wai, Chang Chen…

Biopic de Yip Man, célèbre maître d’arts martiaux qui entraîna Wing Chun, puis Bruce Lee, entre autres. L’action se passe en Chine, dans les années 30, sur fond de guerre sino-Japonaise, au moment où le maître, se sentant vieillir, cherche un remplaçant. Se greffe alors une histoire d’amour entre sa fille et un jeune prétendant au titre. Jusqu’alors apprécié pour sa vision des relations de couple, évoluant dans un contexte urbain, le réalisateur aborde là un nouveau territoire. Il a passé 11 ans à faire des recherches sur l’histoire du Kung Fu et la vie du maître, plusieurs encore, à monter ce film d’action. L’esthétique est somptueuse et l’on n’abandonne pas pour autant ses thèmes de prédilection : la nostalgie, le sentiment de perte, la quête existentielle, ce qui a fait le succès, notamment, de In the mood for love, primé à Cannes en 2000.

T

Grande-Bretagne – 2013 – 1h35, de Danny Boyle, avec James McAvoy, Rosario Dawson, Vincent Cassel…

Le film démarre comme un bon thriller : un commissaire-priseur, avec l’aide d’un gang, celui de Franck, vole un tableau de grande valeur. Il le cache et veut le garder pour lui seul. Franck le tabasse, il perd la mémoire et ne sait plus où il a mis le tableau. Il faut un hypnotiseur pour l’aider. Mais plus l’histoire avance, plus le spectateur découvre que les personnages ne sont pas comme il le croyait et n’arrive plus à comprendre qui ils sont et ce qu’ils veulent. Jusqu’à la fin, le réalisateur se joue des spectateurs et les manipule pour leur grand plaisir. Danny Boyle, comme à son habitude, se livre au plaisir de livrer des images aux couleurs fortes, qui semblent de véritables tableaux, conférant à un film bien noir un cachet esthétique incontestable. Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse.

The Land of Hope

Japon – 2012 – 2h13, de Sion Sono, avec Isao Natsuyagi, Jun Murakami, Megumi Kagurazaka…

Deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima nous arrive du Japon un film de fiction qui met en scène une nouvelle explosion de centrale dans une préfecture fictive du Japon. Comme pour la catastrophe de 2011, les autorités tracent un périmètre de sécurité, aux limites arbitraires et absurdes. Le cinéaste s’attarde sur une famille de paysans qui vont être séparés pour toujours. Le vieux père décide de rester avec sa femme, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le fils et son épouse se laissent convaincre à contrecœur d’évacuer les lieux. Tourné sur les lieux de Fukushima, après de longs entretiens avec les habitants de la région, The Land of Hope, au titre provocateur, est un film plein d’humanité, sensible, qui rend hommage au courage du peuple japonais sans pathos inutile. Sources : dossier de presse, asiafilm.fr.

Tomboy Voir pages Jeune Public

U

Une vie simple Hong-Kong – 2011 – 1h58, d’Ann Hui, avec Andy Lau, Deanie Ip, Paul Chun…

Ah Tao est une domestique au service de la riche famille Leung, à Hong-Kong. Cela fait 60 ans qu’elle les sert. Elle s’occupe encore de Roger, producteur au cinéma, dernier membre de la famille resté à Hong-Kong. Survient l’accident, l’infarctus, qui oblige la vieille femme à aller en maison de retraite. Roger, ému et reconnaissant pour les longues années de dévouement d’Ah Tao prend en charge les frais et lui rend fréquemment visite. Il se fait passer pour son filleul. Tout le film va accompagner ces deux êtres pudiques, peu loquaces, dans leur cheminement vers une sorte de moment de grâce, fait de la simple joie d’être ensemble. Une vie simple se déroule essentiellement dans l’univers sordide d’une maison de retraite, mais il y pointe une lueur d’humanité émouvante, cette petite lueur qui efface en nous nos masques, nos postures sociales pour faire place à cette étincelle de vie qui nous anime à notre insu. Magnifique. CdP

lundi 13 mai-19h30 DANS LE CADRE DU FESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS

Je ne voudrais pas être un homme de Ernst Lubitsch (1918) All. Noir et blanc 41’

Docteur Jekyll et sister Hyde

de Roy Ward Baker (1971) GB Couleurs 1h37 – INTERDIT – 12 ANS

lundi 6 mai-19h30 PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO Hommage à Josef von Sternberg

Shangaï Gesture 1941-USA Noir et blanc 1h34

lundi 20 mai-19h30

Pickpocket

de Robert Bresson (1959) Fr. Noir et blanc 1h15

Soirée présentée par Donatien Mazany.

mardi 7 mai-19h30 PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO

lundi 27 mai-19h30

Une soirée, deux film

de Louis Malle (1966) Fr. Couleurs 2h

de Josef von Sternberg 1934-USA Noir et blanc 1h44

L’Impératrice rouge

Soirée présentée par Donatien Mazany.

Agent X27

lundi 3 juin-19h30

Soirée présentée par Alain Bonnet.

de Charles Chaplin (1944-1946) USA Noir et blanc 2h04

de Josef von Sternberg 1931-USA Noir et blanc 1h30

Le Voleur

Monsieur Verdoux

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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FILM DU MOIS

MUD sur les rives du Mississipi États-Unis – 2012 – 2h10, de Jeff Nichols, avec Matthew McConaughey, Tye Sheridan, Reese Witherspoon, Jacob Lofland, Sam Shepard, Michael Shannon, Sarah Paulson…

S

ur une île au beau milieu du Mississipi, deux adolescents découvrent un bateau échoué dans un arbre après une tempête… Ils s’en feraient volontiers une cabane mais l’embarcation est déjà occupée par un dénommé “Mud”… Les enfants le prennent au début pour un vagabond mais il apparaît bien vite que cet étrange personnage aux facettes multiples et capable de raconter sur lui-même les histoires les plus folles serait plutôt un prisonnier en fuite. On est ici pas très loin d’un cocktail fait de Nuit du chasseur et de Huckleberry Finn…

Dans cette sorte d’île au trésor, les deux adolescents vont être mis à contribution par Mud, qui voudrait qu’ils l’aident à entrer en contact avec une amie et à réparer le bateau… Ce qui n’aurait pu être pour ces enfants qu’une sorte de robinsonnade par intérim va venir s’inscrire dans leurs vies en les amenant de plus en plus loin de l’adolescence, de plus en plus près de l’âge adulte et de ses responsabilités. Et, dans le même temps, le spectateur se trouve amené, lui, à s’immerger dans un imaginaire qui plonge ses racines

dans une réalité sociale très âpre, mélange qui constitue une sorte de marque de fabrique de Jeff Nichols. Ceux qui ont déjà vu les précédents films de Nichols (Shotgun stories (2007) et Take shelter (2011)) savent combien les moindres détails de ses scénarios contribuent à la création d’un univers cohérent et complexe, ils savent aussi combien il est capable de superposer des couches de récits différentes, de mêler fantastique et réalisme. Ceux-là, donc, ne pourront qu’attendre avec impatience son nouveau film. Il semble qu’il ait, ici aussi, maintenu la précision et l’intensité avec laquelle il est capable de diriger ses acteurs pour en tirer le meilleur et nous ne sommes pas étonnés d’apprendre que la critique est unanime pour saluer le jeu de l’impressionnante distribution de Mud. Ceux qui ne connaissent pas encore les films de Jeff Nichols trouveront ici l’occasion d’y faire leurs premiers pas et en repartiront probablement avec l’envie de découvrir ses précédents films. Sources : abusdecine.com, variety.com, moviemezzanine.com, film.com

LES CARNETS DU STUDIO – n°312 mai 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


À partir de 4 ans

VF Hongrie – 2013 – 41 mn, programme de cinq courts métrages de divers réalisateurs.

Une balade dans les contes et légendes de Hongrie, à travers les aventures du plus petit des hommes devenu roi… Le Château maudit, Le Joueur de flûte, Le Petit roi, Le Veau d’or, Les Trois frères. VF

France – 2013 – 52 mn, film d’animation de David Alaux et Eric Tosti.

Tout public à partir de 5 ans

Maurice le pingouin se prend pour un tigre. Aussi accepte-t-il sans hésiter d’aider deux petits pingouins à libérer leur village de la tyrannie des morses…

Tout public à partir de 8 ans

USA – 2013 – 2h07, de Sam Raimi...

Tout public à partir de 6 ans

Oscar Diggs, magicien, est emporté à bord de sa montgolfière du Kansas au pays d’Oz. Dans ce monde extravagant, il rencontre des créatures étonnantes et trois sorcières…

Après la comédie musicale rendue célèbre par Judy Garland, ce film aux décors somptueux est une autre adaptation du roman de L. Frank Baum.

Coup de projecteur du jeune public FESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS France – 2011 – 1h24, de Céline Sciamma, avec Zoé Héran, Jeanne Disson, Sophie Cattani, Mathieu Demy…

2D 3D

USA – 2013 – 1h32, film d’animation de Chris Sanders et Kirk DeMicco.

VF

Quand la famille des Croods voit sa caverne et tout son monde engloutis dans un terrible tremblement de terre, il lui faut partir dans un nouvel univers fantastique et inquiétant. Elle devra s’adapter vite pour ne pas disparaître.

Tout public à partir de 8 ans

VF USA – 2013 – 1h50, de Bryan Singer, avec Nicholas Hoult, Ewan Mc Gregor...

Bienvenue au pays des légendes… où Jack doit affronter d’affreux géants, protéger une princesse et sauver son peuple.

Laure, dix ans, se fait passer pour un garçon, dans une bande de nouveaux copains. Une histoire troublante, qui n’arrive pas qu’aux autres… FILLE, GARÇON ? GARÇON, FILLE ? Pour accompagner la réflexion de tous, deux rencontres aux Studio : • ALBUMS POUR ENFANTS : MERCREDI 15 MAI de 15h30 à 19h. Une sélection de livres de littérature pour la jeunesse vous sera proposée par la librairie LIBR’ENFANT. • CINÉ P’TIT DÉJ’ : DIMANCHE 19 MAI à partir de 10h30. Le film sera suivi d’une discussion avec A.M. Pernot, spécialiste de l’enfance.

Tout public à partir de 9 ans

Effets visuels stupéfiants, magie et aventure, pour un récit épique tout en couleurs et en rebondissements !

À partir de 3 ans sans paroles

Estonie – 2013 – 48 mn, neuf courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Miriam est une petite fille comme beaucoup d’autres, mais sa meilleure amie est…une poule gaffeuse ! Une belle façon pour les plus petits de découvrir le cinéma d’animation réalisé avec des marionnettes.

Voir programme complet du Festival Désir… Désirs

FESTIVAL COURTS D'ÉCOLES * De jeunes réalisateurs, de la maternelle jusqu'à la terminale, présenteront leurs courts métrages aux autres classes du 23 au 31 mai. Pour le plaisir de les encourager, venez nombreux à la projection gratuite du mardi 4 juin à 18h. * en partenariat avec l'Inspection académique d'Indre-et-Loire.

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• Jappeloup de Christian Duguay (Voir dans les fiches des films)

• Epic, la bataille du royaume secret de Chris Wedge • Des abeilles et des hommes de Markus Imhoof Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici. . . ` C’eSt danS LeS vieuX potS… Pas facile de faire cohabiter l’art et l’argent, alors que depuis des lustres les deux sont intimement liés, même s’ils ne font pas toujours bon ménage ! Certains préfèrent (s’)investir dans des recettes qui ont fait leurs preuves : biopics, adaptations de contes, ou remakes étant particulièrement prisés depuis quelques années. Après avoir tâté de la mise en images de la trajectoire de l’idole des minettes des années 70 avec Cloclo, Florent Emilio Siri propose une nouvelle adaptation de La Balance de Bob Swain. En 1982, cette histoire de prostituées de malfrats et de flics, avait séduit le public et permis au film de récolter les César du meilleur film, meilleur réalisateur et meilleures interprétations pour Nathalie Baye et Philippe Léotard. Forcément, cela fait envie ! Benoît Magimel participerait à ce projet sans que l’on sache s’il sera plutôt fic ou plutôt voyou ! ` Conte touJourS ! Quand on vous dit que le conte a le vent en poupe, et pas qu’à Hollywood, la preuve en est apportée cette fois par Daniel Auteuil. Après sa relecture de l’œuvre de Pagnol, avec pas moins de quatre films, il va s’attaquer à la figure de Barbe Bleue, enfin plus exactement à la version qu’en a donnée Amélie Nothomb dans son dernier roman (dernier au moment de l’écriture de ces lignes). Elle et lui s’associeront pour l’écriture du scénario, ce qui devrait lui laisser du temps (à lui, évidemment) pour arborer la barbe fournie de ce croqueur de femmes ! ` Que reSte-t-iL de noS amourS ? Fanny Ardant pour son second long métrage en tant que réalisatrice, après de Cendres et de sang, devrait retrouver son grand amour de La Femme d’à côté, Gérard Depardieu, pour un drame intitulé Cadences obstinées. Le film contera l’histoire d’une violoncelliste (interprétée par Asia Argento) qui, délaissée par l’homme pour lequel elle a tout quitté, renoue avec ses premières amours, la musique ! ` de trouiLLe et de ForCe Quand les frères Dardenne annoncent qu’ils vont travailler avec Marion Cotillard, on se réjouit forcément de la conjugaison de la rigueur des réalisateurs et de l’âpreté de l’interprète de De rouille d’os ! D’autant que le duo belge fait rarement confiance aux comédiens confirmés qui n’appar-

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tiennent pas à leur famille dès le départ comme Olivier Gourmet ou Jérémie Renier, Cécile de France dans Le Gamin au vélo ayant été jusque là la seule exception à ce principe. Deux jours et une nuit nous donnera à suivre, le temps d’un week-end, le combat d’une femme pour garder son emploi, en tentant de convaincre ses collègues de renoncer à leur prime. On reconnaît bien là une thématique chère aux frères Dardenne, Sandra est à coup sûr de la famille de Rosetta ; mais peut-on imaginer qu’un jour, ils nous fassent, si ce n’est rire (point trop n’en faut) au moins sourire ?

et ailleurs. . . ` L’apprenti SorCier S’il est un sujet qui n’en finit pas de fasciner les réalisateurs, c’est bien celui de Frankenstein, la créature imaginée par Mary Shelley : depuis 1910, on ne compte plus les adaptations pour le grand écran de ce chef d’œuvre de la littérature gothique, avec toutefois une mention spéciale pour la version de James Whale en 1931 et la performance déchirante et inoubliable de Boris Karloff dans le rôle du « monstre ». Le docteur Frankenstein va de nouveau jouer les apprentis sorciers, sous la houlette cette fois de Paul McGuigan et si on ignore qui maniera le bistouri pour ramener les morts à la vie, on sait que c’est Daniel Radcliffe qui l’assistera dans cette besogne à risques. Et comme depuis Harry Potter le comédien n’est plus à une étrangeté près, il est aussi annoncé dans le rôle de la créature ! ` La roue tourne Pas moins de deux projets sont annoncés sur le parcours, l’ascension puis la chute du bioman de la pédale, Lance Armstrong. Les deux réalisateurs concurrents sont Jay Roach (Austin Powers) et J.J. Abrams (Star Trek). ` Bon SanG ne Saurait mentir David Lynch touche à tout, ou presque : il est réalisateur, photographe, plasticien, musicien mais aussi comédien ! Et dans A Fall From Grace, le cinquième film de sa fille, Jennifer Chambers Lynch, il va interpréter le père ded Tim Roth, un inspecteur de police enquêtant sur une série de meurtres. Paz Vega et Vincent D’Onofrio seront aussi au générique. IG

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à propos de

compte-rendu

No

Images, avez-vous donc une âme ?

N

o aurait pu commencer par l’essentiel, la nécessité absolue de chasser la barbarie et la dictature du Chili. L’urgence de dire « Non », ce « No » qui donne son titre au film. Pablo Larrain choisit une autre entrée, une séquence où un jeune publicitaire, René Saevedra, et son patron, Lucho Guzma, présentent un clip publicitaire pour une boisson, Coca Free. Après les cartons du début, dont le texte annonce un film sur la chute de Pinochet, on nage dans la confusion : un peuple cherche sa liberté, un jeune publicitaire montre un spot sur un produit qui apporterait jeunesse et liberté. Son discours de présentation affirme d’ailleurs : « Nous pensons que le pays est prêt… Le Chili pense à son futur ». Au début, donc, était l’image publicitaire. Jeune, conquérante, libre. Du moins l’affirme-t-elle dans ce clip. René Saevedra est d’ailleurs un jeune homme lisse, sans réelle opinion sur la dictature, sans pensée critique. Il n’a pas de pensée politique. Quand il accepte de diriger la campagne du non, il est impossible de lire sur son visage et d’entendre dans ses mots les véritables raisons de son choix. René va mener la campagne du non comme une campagne publicitaire : quand il présente ses spots aux leaders de l’opposition, il leur tient le même discours que celui qu’il avait tenu pour le produit Coca Free. D’ailleurs, il parle du « non » comme d’un produit à vendre. Tout juste accepte-t-il de remplacer le mot produit par concept. Mot d’avant-garde de la publicité à l’époque. Pablo Larrain, le réalisateur, est-il fidèle à l’his-

toire ou développe-t-il une thèse personnelle ? La campagne du non qu’il présente a bien existé : les spots qu’il montre sont ceux qui ont été diffusés en 1988. Le matériel audiovisuel que l’on voit dans le film est le même que celui qui a été alors utilisé. Fidélité donc à l’histoire. Seuls les personnages de René, de Lucho et leur entourage sont fictifs. La dictature a été chassée par une campagne publicitaire et non par un discours politique. La barbarie expulsée par la joie de vivre (« Chili, la joie vient » martelé dans tous les spots), réjouissant, non ? Pas tant que cela, nous suggère le réalisateur. Le discours politique a été nié, dénoncé comme profondément ringard. Remplacé par l’image publicitaire. Mais les images n’ont pas d’âme, surtout politique. Voir la séquence finale, où René, qui a conçu la campagne du « non », et Lucho, qui a dirigé celle du « oui », présentent ensemble, très unis, une nouvelle campagne publicitaire pour une série télévisée kitsch et ridicule. Toujours le même discours d’introduction : « Nous pensons que le pays est prêt… Le Chili pense à son futur ». Cynisme du marketing. Pablo Larrain signe là un film qui, par le biais de la dérision, se désole pour son pays dépolitisé. En France, déjà en 1981, le publiciste Ségala avait triomphé à la place de la gauche avec sa trouvaille de « La force tranquille ». Le show médiatique avait mis la politique hors-jeu. Plus tard viendrait Sarkozy. Au Chili, Pinochet ne serait jamais jugé. Les hommes politiques ont partout déserté le champ politique. CdP

I

l y avait beaucoup de monde ce soir du 4 avril pour accueillir Yiomama H. Lougine venue présenter son premier film : Be Home. Elle était accompagnée entre autres, par M. Michel Lu, ambassadeur de Taiwan. Très disert, celui-ci n’eut de cesse de vanter son pays. Il évoqua aussi la richesse de sa production cinématographique et le dynamisme de la coopération culturelle engagée avec la France. À l’heure du débat, la réalisatrice était visiblement très émue pour parler de son film présenté ce soir en avant-première mondiale ! Si l’écriture commença en 2006, elle mit longtemps ensuite à trouver les financements et faire aboutir le projet qui évolua jusqu’à la fin du montage. L’histoire racontée est très personnelle : à un moment où elle ne trouvait pas d’issue à sa vie privée, elle voulut imaginer comment une femme, qui est comme son double, réagirait si elle perdait tous ses proches… À la fois thérapie et fortement influencé par la pensée bouddhiste, Be home parle de sujets universels : le deuil et la douleur. Après une première partie très noire, c’est le retour au pays d’enfance qui permet de rejeter l’idée que la mort est le Kharma, le destin… SB

L

a réalisatrice Loan Lam est venue présenter son documentaire intitulé J’ai mon mot à dire sur le procès de Phnom Penh, un film important car il est le premier à prendre le point de vue des parties civiles et parce qu’il est l’un des moyens de lutter contre le négationnisme existant au Cambodge. Comme le disait l’une des parties civiles qui a pris la parole : « Au Cambodge, on cache toujours la vérité. En Afrique du sud, Mandela a réussi à créer son comité de réconciliation en ayant cette exigence… Je n’espère pas faire revivre mes enfants. Je veux la vérité pour mon pays et pour le monde entier. » Celle-ci ne pourra se faire, sans doute, comme le disait un spectateur « que si on explique la genèse des génocides. Comment en eston arrivé à de telles horreurs ? » Quel rôle a joué le prince Sihanouk ? Et celui de Pol Pot qui fut étudiant à Paris ? En tout cas, ce film interroge plus qu’il ne donne de réponse. Il réaffirme l’impérieuse nécessité de ne pas laisser les crimes de masse impunis.

Stéphanie Debue aux Studio © Nicole Joulin

L

e film suivant n’avait rien à voir avec la justice. Epicé ou non ?, que présentait Stéphanie Debue, proposait une promenade en Chine, dans le Sichuan, dans les ateliers de différents artistes contemporains (peintres, sculpteurs, vidéastes). Clin d’œil à une région gastronome (et à la question rituelle posée aux étrangers), ce parcours montre une Chine étonnamment moderne et où l’expression artistique semble complètement en phase avec celle qui se joue en Europe ou en Amérique du nord. DP

Loan Lam aux Studio © Dominique Plumecocq

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e samedi 6 avril, la bibliothèque s’est révélée un peu petite pour accueillir les spectateurs venus découvrir le zheng, sorte de cithare chinoise, au son très proche du koto japonais. Pendant près de trois quarts d’heure, Shanshan Mu nous a promenés dans un répertoire faisant se suivre œuvres traditionnelles et compositions plus contemporaines, mais qui toutes mettaient remarquablement en valeur la sonorité très particulière de cet instrument. ER

montagne ou L’Étang Sacré ! R. Bradbury avait imaginé, dans Fahrenheit 451, des hommes apprenant secrètement des livres par cœur, afin que leur contenu ne disparaisse pas à jamais dans des autodafés. Davy Chou, lui, donne à voir des êtres, anciens réalisateurs, producteurs, comédiennes ou spectateurs passionnés, devenus des Hommes-Films, capables de réciter encore des pans entiers de dialogues, de mimer des scènes ou de décrire avec force détails les effets spéciaux utilisés ! Brisés et pourtant encore debout, certains s’étonnent presque d’avoir oublié les visages de leurs proches disparus, mais de se souvenir avec précision de ceux des acteurs qu’ils aimaient. Show-Chun Lee aux Studio © Isma B.

Jeon Soo Il aux Studio © Nicole Joulin

Shanshan Mu aux Studio © Éric Rambeau

LA VIE EN ROSE ? abitué du festival (c’est la troisième fois qu’il vient) Jeon Soo Il présente ce vendredi soir, Pink, son huitième long-métrage. Impressionné (c’est la première fois qu’il est présent pour une projection publique), il se demande ce que le public tourangeau va bien pouvoir penser de son œuvre, comment il va la recevoir. La rencontre peut le rassurer, car Pink a été très bien accueilli. Plusieurs spectateurs soulignent la maîtrise, le travail sur le cadre, sur l’enfermement, la qualité des silences et la sobriété impressionnante. Le réalisateur travaille sur le temps, permettant de s’attacher aux personnages, si bien que la disparition brutale de l’adolescent (dans un réfrigérateur) a choqué plus d’un spectateur, même si le réalisateur explique que l’on peut aussi y voir une renaissance, une façon pour ce personnage, de trouver dans un autre monde le bonheur qui lui échappait. Pink rend très bien compte du climat social, de la fin d’une ville, d’une époque, de la misère sociale et de

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la misère sexuelle. La façon dont est traitée la nudité interroge. « C’est là que le cinéma est formidable, il permet d’être au cœur d’une culture et d’une manière d’être différente », remarque un spectateur. Un autre note les bouffées de légèreté apportées par le chanteur. Ce personnage un peu extérieur à l’histoire, qui regarde, observe, est, dans la réalité, un chanteur folk très connu en Corée du sud, il a même donné, avec succès, quelques concerts à Paris. Mais, si le film est sombre, il se termine par une lueur d’espoir : l’enseigne (rose, comme le titre l’indique) du bar se rallume, les personnages de Jeon Soo Il vont-il voir, enfin, La Vie en rose ? JF Davy Chou aux Studio © Nicole Joulin

Le Sommeil d’or de Davy Chou maginez que tous les films qui ont marqué votre esprit soient définitivement détruits, que les cinémas, les Studio par exemple, soient transformés en garages ou en restaurants et que seules quelques photos et bandes originales vous permettent de ne pas oublier ce que vous avez tant aimé : difficile, impossible ? Pourtant c’est ce qui est survenu au Cambodge, suite à la prise de pouvoir des Khmers rouges et à leur mise en place du génocide : quinze ans de création cinématographique ont été quasiintégralement annihilés. Dans son émouvant documentaire Le Sommeil d’or, Davy Chou, jeune réalisateur Franco-Cambodgien, recueille les paroles des derniers témoins de cet âge d’or où l’on s’exaltait devant La Vierge Démon, Les Larmes du cœur de la

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Dommage que nous n’ayons pu échanger avec Davy Chou (en partance pour New-York), après la projection, tant ce film bouleverse et pose de questions, d’autant que, dans la salle, était également présent le frère d’un des protagonistes du film et également réalisateur. IG

Rencontre avec Show-Chun Lee pour ShanghaïBelleville, le lundi 8 avril 2013

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e premier long métrage de cette réalisatrice taïwanaise a été longuement applaudi. Il raconte les histoires croisées de clandestins et de migrants d’origine chinoise à Belleville : Le clan des sans destin. Show-Chun Lee est une artiste de formation, arrivée en France en 1991 pour ses études à l’Institut Natio-

nal des Arts Contemporains. Elle a travaillé sur des documentaires, écrit une thèse d’anthropologie sur l’immigration clandestine, et s’est engagée (elle l’est toujours) dans la défense des sans-papiers. Elle dit de son travail qu’il est comme le riz cantonais : « Je mélange tout ce que je suis capable de faire ». Dans Shanghaï-Belleville, elle montre avec méticulosité les trajectoires des personnages, tout en expérimentant l’image, mélangeant personnages réels et fantômes, ajoutant des grains de poésie. Étant une des premières réalisatrices à filmer et travailler avec les clandestins (prostituées, ouvriers) chinois de Paris, elle se heurte au refus de la censure chinoise pour montrer son film en Chine. Sélectionné à Cannes en 2012, Shanghaï-Belleville cherche un distributeur. Show-Chun Lee insiste sur le travail d’équipe, rend un hommage appuyé à son chef opérateur Thierry Arbogast et cite toute les aides sans lesquelles le film n’aurait pu aboutir. Elle travaille actuellement sur un deuxième long métrage avec l’envie d’épurer encore plus les choses. Séduits par Shanghaï-Belleville, nous l’avons invitée à venir nous retrouver pour la sortie de son deuxième opus ! MS PALMARÈS : • Prix du Jury : Our Homeland, de Yang Yonghi • Prix du Public : N°89, Shimen Road, de Shu Haolun

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Courts lettrages À la merveille de Terrence Malick

Les femmes portent des camaïeux de gris et de bleu, sont tristes même quand elles sont gaies et font leur valise. Les hommes sont tatoués, tristes, même quand ils sont amoureux et essaient de suivre les femmes quand elles marchent sur des sables mouvants. L’eau coule, le temps s’écoule, et ni l’amour, ni la foi n’offrent de répit. Ce film de Terrence Malick, peut-être encore moins que The Tree of life, n’essaie pas d’être aimable (il est même parfois horripilant) mais nous confronte à un questionnement métaphysique, auquel le cinéma ne se risque que rarement. Ne serait-ce que pour cela Terrence Malick est grand ! IG Très long clip mystique avec de magnifiques images en perpétuels mouvements, noyées sous une musique méditative et des voix off murmurées, sur des cartes postales made in France ou dans les

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grands espaces américains, des jeunes femmes qui tournent sur elles-mêmes dans les rayons du soleil alors que les bisons ruminent leurs massives méditations, un jeune homme affleckté d’un visage sans expression, un prêtre qui désespère et dieu dans tout ça, dans l’amour qui se défait à contrejour, au milieu des déshérités du monde tel qu’il va mal… dans cet ennui sidérant du spectateur lambda. DP

Dès qu’on la lâche dans la nature elle danse, tourne et virevolte. Lui, il n’en finit pas de faire la gueule. Et ça dure près de deux heures ! SB On a dit Malick panthéiste, lui se voudrait mystique… Je crains fort qu’il ne soit que religieux. Les questions qui agitent ses protagonistes (et « agiter » est bien le

verbe qui convient au vu des gambades auxquelles se résume le jeu d’Olga Kurylenko…) sont soit à côté du champ mystique (tu m’aimes ? Je ne t’aime pas tu voudrais ? T’aimé-je ? Vraiment ? ah, zut, je suis partie, puis-je revenir ? etc…) soit de l’ordre du religieux catholique… ER Ce n’est pas la vision pseudo-philosophique du panthéisme de Terrence Malick qui va compenser la faiblesse du scénario ni ces mouvements de caméra intempestifs, qui rappellent un certain dogme d’il y a 20 ans déjà. On a plutôt l’impression d’un clip à rallonge... sans la musique. EC C’est vrai : aucune consistance des personnages et beaucoup de sautillements dans les prés, mais est-ce suffisant pour vouer Terrence Malick aux gémonies ? Permettons-lui, plutôt, d’avoir raté un film,

après tout, ça arrive à tous les cinéastes. Mais tous les cinéastes n’ont pas réalisé, par exemple, La Balade sauvage, Les Moissons du ciel ou La Ligne rouge. JF Après The tree of life, Malick sort une nouvelle fois le grand jeu : magnifique album photo, succession de lents travellings à l’esthétique léchée, recours à la grande musique (Bach, Wagner ou Tchaïkovsky)… Moins d’ennui peut-être, mais toujours aussi peu d’émotion. BS Je t’aime. Tu m’aimes ? Silence Non, c’est l’amour qui nous aime… Danse échevelée dans les hautes herbes, pirouettes sur le gazon urbain, nuages filant au dessus de la Merveille, sautillements dans les rues de Paris, regard perdu dans un lotissement américain… Mais où somme- nous ? Qui sont-ils ? Tu penses trop : la vie n’est qu’un rêve ! MS

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Compte-rendu Table ronde

Boris Spire, président du GNCR (Groupement national du cinéma de recherche) et président de DIRE (Syndicat des distributeurs indépendants).

Olivier Meneux, directeur de CICLIC (Agence régionale du Centre pour le livre, l'image et la culture numérique).

Hugues Cattrone du CNC (Centre national du cinéma et de l’image animée).

Roxane Arnold, responsable de Pyramide (distributeur) et membre de DIRE.

Jean-Patrick Gille, député de Tours, conseiller municipal.

Patrick Bloche, député de la septième circonscription de Paris, président de la commission des Affaires culturelles de l'Assemblée nationale.

Mardi 5 mars, table ronde au Studio 1 sur le thème :

Quel avenir pour les salles indépendantes et le cinéma art et essai ? Si la semaine du 3 au 9 mars fut un grand moment de fête et de partages à l’occasion du cinquantenaire des Studio, il y eut une soirée plus grave mais tout aussi riche : celle qui réunissait le mardi 4 mars, professionnels du cinéma, élus et représentants des Studio, autour d’une table ronde animée par Daniel Blanvillain (de la commission programmation). Les échanges devant un public attentif furent parfois vifs mais toujours respectueux et l’écoute entre les participants de qualité.

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armi les thèmes abordés au cours de la soirée : • un état des lieux du cinéma d’art et essai ; • un constat sur l’état des salles indépendantes ; • la situation locale face à l’annonce du choix de la mairie d’un nouvel exploitant sur Tours nord. Les Studio vivent un grand moment de fête

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mais sont aussi aujourd’hui dans l’inquiétude face au devenir des salles indépendantes qui vivent majoritairement grâce à leur programmation art et essai. En 2011, 25 films seulement ont représenté 38% de nos recettes. Il s’agit de ce que l’on a coutume d’appeler les films art et essai « porteurs ». Il y a 50 ans, quand ce label a été créé, il se portait sur des œuvres de jeunes réalisateurs prometteurs (Truffaut, Chabrol). Trente ans plus tard, leurs films bénéficiaient toujours de cette appellation mais étaient devenus prometteurs d’un grand nombre d’entrées. On pourrait aujourd’hui comparer avec des cinéastes comme Bertrand Tavernier ou Xavier Beauvois, découverts grâce aux écrans des salles art et essai mais devenus « porteurs », donc convoités par les multiplexes commerciaux. Xavier Beauvois aurait-il pu avoir les financements pour réaliser Des hommes et des dieux s’il n’avait pas fait ses preuves

Martin Bidou, de l’AFACAE (Association française des cinémas d’art et essai), mais aussi distributeur (Haut et court), membre de DIRE et exploitant.

Nathalie Ferrand, déléguée générale de l’ACC (Association des cinémas du Centre) qui regroupe 40 salles sur la région.

Monique Augereau, directrice de CINE OFF (Circuit itinérant de l'office départemental de développement du cinéma), association avec laquelle les Studio ont monté un projet d’aménagement de salles à Tours nord.

avec ses films précédents diffusés grâce au réseau des salles indépendantes ? Si les nouveaux talents de demain ne peuvent compter que sur des complexes comme les Studio pour faire découvrir leurs films, que vont devenir ces salles si elles doivent partager les 25 films annuels qui les font vivre (et leur permettent de programmer des œuvres plus fragiles) avec des exploitants moins exigeants quant à la qualité des films qu’ils projettent ? Dans de nombreuses villes, des salles du réseau art et essai confrontées à la multiplicité des écrans des multiplexes ont été fragilisés et souvent contraintes à la fermeture. C’est toute l’industrie du cinéma qui est concernée : les distributeurs indépendants, présents sur le plateau, expliquent qu’il n’y a que des salles comme les Studio pour programmer leurs films ; donc faire découvrir les futurs Xavier Beauvois… Plusieurs intervenants insistent sur la gravité de la situation. L’extrême concentration de l’exploitation avec le partage du territoire entre les grands groupes mettent en danger les 1 100 salles indépen-

Catherine Bailhache, coordonatrice de l’ACOR (Association des cinémas de l’Ouest pour la recherche).

Philippe Perol Président des Studio

dantes qui, ensemble, représentent pourtant autant d’écrans qu’un gros exploitant. Si les multiplexes peuvent passer tous les films qu’ils souhaitent grâce à la pression qu’ils exercent sur les distributeurs, les salles indépendantes n’ont pas la même facilité d’accès. Il est urgent de résoudre ce problème de l’offre et de la demande ; la question dépasse le niveau local et doit être considérée au plan national. Il est rappelé qu’il y avait en France 22 multiplexes en 1996 ; leur nombre a été multiplié par 8 aujourd’hui, entraînant de nombreuses fermetures d’indépendants. On apprend cependant que, grâce à l’accompagnement du CNC, la part de marché de ces structures plus petites est, à ce jour, restée pratiquement inchangée (entre 22 et 25%). À la menace de monopole exercé par les grands groupes s’ajoute un effet inattendu lié au passage au numérique. Les petites salles ont été aidées par le CNC pour s’équiper – pas les Studio considérés comme trop gros ! Mais le tirage d’une copie numérique étant beaucoup moins cher que celui d’une en 35 millimètres, les distributeurs multiplient le nombre de copies que se partagent les grands groupes

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pages & images Goodbye Marocco Les Chevaux de Dieu

– souvent, un même film est programmé dans plusieurs salles d’un même multiplexe qui n’hésite plus à proposer des versions VO au détriment des salles indépendantes qui les programment plus volontiers. Résultat : le temps d’exploitation des films a été encore réduit. Les cinémas qui projetaient jadis ce que l’on appelait les « deuxièmes visions » en font les frais. Quelques informations ont été données par Patrick Bloche : • La TVA sur le billet de cinéma passée de 5% à plus de 7% par le précédent gouvernement va redescendre à 5%. • L’objectif de garder le maillage des salles sur le territoire a été confirmé. Si cette dernière annonce est rassurante pour les très petites salles en milieu rural, elle ne concerne hélas pas les Studio et les complexes indépendants des villes plus importantes, confrontés à une concurrence de plus en plus rude. Il est donc clairement demandé aux personnalités politiques présentes d’engager une réflexion sur les conditions de développement du nombre de multiplexes (le représentant du GNCR évoque un « manifeste des salles indépendantes »), sur une possibilité de régulation, et s’il le faut, de légiférer. Quant à surprotéger le réseau art et essai, il y a un grand risque à le refermer sur luimême. La situation locale a soulevé de nombreuses interrogations ; le député fut interpellé par des spectateurs sur le projet municipal de l’ouverture d’un troisième

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multiplexe. Si tout le monde s’accorde pour estimer légitime l’implantation d’un cinéma à Tours nord, pourquoi avoir choisi un autre exploitant que CGR ou les Studio ? Il est rappelé que ces derniers avaient participé, à la demande de la mairie, à la mise en place, dans cette zone, d’un projet de salles il y a quelques années – projet abandonné par les élus… La réponse du député nous apprend que la municipalité pensait éviter, avec l’arrivée d’un troisième opérateur, une situation de monopole – il compare le domaine cinématographique à celui de l’électroménager en évoquant le cas de Boulanger ! Il a ensuite été confirmé que la mise en place d’un observatoire (proposition du maire) ne résoudrait rien, puisqu’une telle instance n’aurait aucun pouvoir. Enfin, aux deux questions précises d’un spectateur : – Pourquoi n’y a-t-il pas eu d’appel à projets ? – Pourquoi le choix du groupe Davoine (connu pour avoir étranglé les salles indépendantes des lieux où il s’est installé) ? Le député ne répondit pas précisément. Il affirma en revanche qu’en raison de l’importance de leur travail culturel, les Studio pourraient bénéficier de subventions des collectivités locales, au même titre que l’opéra de Tours ! Une nouvelle fois, Philippe Pérol, le président des Studio dut répéter : « On ne veut pas être aidé et on tient à notre indépendance ». Faut-il ajouter que c’est en grande partie grâce à cette indépendance que les Studio ont 50 ans d’existence ? SB

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anger, ville frontière. Plus tellement dans le sens d’une ville de passage, d’un continent à l’autre, mais comme un cul de sac, là où s’achèvent les rêves d’évasion des jeunes Africains. Avec Goodbye Morocco de Nadir Moknèche, nous sommes bien loin de la vision exotique d’un Paul Bowles adaptée au cinéma dans Un thé au Sahara de Bernardo Bertolucci. Son film se passe sur un chantier. Une résidence luxueuse pour touristes, en haut de la corniche qui domine la grande bleue et d’où l’on aperçoit, au loin, inatteignable, l’Eldorado européen. Sur ce chantier illégal (le terrain n’est pas constructible), des clandestins s’affairent : des travailleurs venus du Sénégal ou du Mali et qui se retrouvent coincés dans la souricière tangéroise. Un jour, la pelleteuse découvre une galerie souterraine : « Good bye Morocco ! » s’exclament joyeusement les ouvriers, disant avoir trouvé un conduit secret les menant jusqu’en Espagne. Ils viennent de mettre à jour une nécropole chrétienne du quatrième siècle ; au milieu des crânes entassés, une magnifique fresque. Cette découverte va conduire les personnages du film vers une

implacable tragédie dans un récit à la chronologie complexe. Le projet immobilier est dirigé d’une main de fer par Doumia, une fille de la bourgeoisie tangéroise mais qui est considérée comme une femme scandaleuse depuis qu’elle a quitté son riche mari. Elle aussi est prisonnière de la ville car, si elle rêve de fuir en Europe, son mari ne veut pas laisser partir leur fils de sept ans. Doumia décide de vendre en cachette la fresque et, avec l’argent, de payer leur passage, elle, son fils et son amant serbe. Mais un ouvrier africain a volé un crâne dans les catacombes, pensant le revendre à un amateur d’antiquités… Sous le signe d’une malédiction, tout s’enchaîne alors implacablement : la mort du jeune nigérian, les rivalités sociales et amoureuses qui mèneront Ali (le fils de la bonne avec lequel Doumia a passé toute son enfance et qui devient fou d’amour pour elle), dans

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pages & images Goodbye Morocco Les Chevaux de Dieu

un final apocalyptique, sous une pluie diluvienne, à tuer plusieurs fois pour son amour impossible. Mais la boîte de Pandore est refermée : la nécropole est enfouie, la fresque atterrit au musée… et la femme scandaleuse rejoint son riche mari.

Le magnifique dernier roman de Mathias Enard intitulé Rue des voleurs commence lui aussi à Tanger. Lakhdar est un ado sans problème qui vit dans une banlieue sans histoire et… sans espoir. Amateur de polars français (Manchette, Pouy…), il est brutalement jeté hors de l’insouciance et de l’enfance quand son père le répudie

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parce qu’il a couché avec sa cousine. Commence une odyssée qui le voit clochard à Casablanca, secrétaire d’un imam islamiste à son retour à Tanger puis travailleur de la zone franche (l’an passé, on avait découvert les travailleuses du port de Tanger dans le radical Sur la planche de Leïla Kilani, avec ses deux sortes d’ouvrières : textile ou crevettes !) : grâce à sa connaissance du français, il copiera des livres français (cette saisie manuelle coûtant moins cher que des les scanner) avant de saisir les dizaines de millier de fiches des morts de la Première guerre mondiale pour le compte de l’armée française… Mais Lakhdar est tombée amoureux d’une jeune barcelonaise. Il traversera donc lui aussi le détroit pour la rejoindre. Après une traversée du Tatare andalou (scènes hallucinantes dans la morgue chargée de récupérer les clandestins noyés*), il ira jusqu’à la cité catalane. Comme dans le film de Gonzalez Inarritu intitulé Biutiful, la Barcelone qu’il connaîtra sera bien loin de celle des cartes postales art nouveau : dans le labyrinthe des ruelles du quartier du Raval, Lakhdar semble suivre les pas d’Uxball (Javier Bardem) dans cette mégalopole aux allures de Babel. En fin de course, il y retrouvera son ami d’enfance Bassam avec lequel il fumait des joints sur les hauteurs de Tanger en regardant au loin l’Eden espagnol. Mais Bassam est devenu un islamiste militant, entraîné en Irak ou en Afghanistan, prêt pour le martyre… Comment devient-on kamikaze ? Cette interrogation a déjà donné les dérangeants parce qu’implacables Paradise now de Hany Abu-Assad et La Désintégration de Philippe

Faucon. Chacun de ses deux films essayant de montrer dans deux contextes très différents (la Palestine occupée et le nord de la France), les différentes étapes d’un méticuleux endoctrinement. Le film de Nabil Ayouch intitulé Les Chevaux de dieu tente de répondre à la même question après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 qui ont traumatisé les Marocains avec leurs 41 morts et centaines de blessés, alors que le Maroc s’était toujours cru à l’écart de l’islamisme radical. Pour comprendre comment des enfants du bidonville de Sidi Moumen qu’il connaissait bien pour y avoir tourné des scènes d’Ali Zaoua, prince des voleurs, le réalisateur a choisi une forme romancée, avec des mouvements de caméra spectaculaires (survols du labyrinthe des rues, plongées dans l’entrelacs des ruelles, musique « classique ») en suivant la trajectoire de deux frères : Hamid et Yachine. Misère, violence, anal-

phabétisme, drogue, déstructuration des familles, corruption, abandon par l’état (dont la police est vécue comme une force d’occupation), tout cela est désormais connu. Sans volonté démonstratrice, le film donne à voir parfaitement l’immense désespoir d’une jeunesse prête à abandonner un présent sans avenir pour se réfugier dans les bras consolateurs d’un hypothétique gynécée de soixante-dix vierges. Le dernier regard entre les deux frères, au moment où ils appuient sur le déclencheur, est d’une immense tristesse. Celui du patelin imâm Zoubeïr quand il affirme (à l’instar des fascistes européens du vingtième siècle) : « Nous aimons la mort » fait, quant à lui, décidément froid dans le dos. DP * Les noyés que l’on retrouve sur la plage des Hespérides de Goodbye Morocco ou sur celle de la Barceloneta de Biutiful.

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à propos de Django Unchained

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a première scène du Django de Tarantino met en place tous les éléments de son nouveau film : la reconstitution du passé (nous sommes en 1858, dans le sud des USA, suivant depuis le générique, un groupe d’esclaves enchaînés), une forme de narration plus classique (plus de construction narrative éclatée comme celle qui avait son succès dans Pulp fiction, palme d’or à Cannes), le goût pour les dialogues longs et complexes (avec une jubilation purement linguistique entre l’américain sudiste des négriers et l’anglais précieux de l’arracheur de dents), l’humour mêlé à l’ultra violence (avec toujours

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la même jubilation ado dans le meurtre qui fait rire), la réinterprétation personnelle mais respectueuse des codes du cinéma de genre (ici le western après s’être penché sur les films de gangsters avec Reservoir dogs, d’arts martiaux avec les deux Kill Bill, du film de guerre avec Inglourious Basterds). Depuis ce dernier film, sans doute à cause de la lourdeur des périodes historiques convoquées, une certaine gravité a gagné le cinéma de Tarantino. La dernière scène de celui-ci prend une valeur presque programmatique : dans un cinéma parisien, pendant l’occupation, une jeune juive jouée par Mélanie Laurent supprimait Adolf Hit-

ler en embrasant les bobines du film. Mettre le feu aux images, tout un symbole pour ce cinéphile boulimique ! Il s’agira donc d’une réécriture enflammée de l’Histoire. Dans la lutte entre le bien et le mal qu’il met en scène, Tarantino prend ostensiblement le parti pris des perdants de l’Histoire en leur offrant une revanche fantasmatique. Dans Django, il invente de toute pièce une icône inconnue : le cowboy noir. (Il est intéressant de noter que cet archétype de la virilité wasp a subi deux remises en question iconoclastes, d’abord avec l’invention du cowboy gay par Ang Lee avec Le secret de Brokeback mountain maintenant avec le cavalier nègre de Django – il faut voir la sidération des citoyens du sud en le voyant parader à cheval). La présence de Christoph Waltz est passionnante : Dans Inglorious, avec sa fougue polyglotte, il incarne brillamment la séduction presque diabolique du mal nazi. Dans Django, il personnifie un autre versant de la culture allemande. C’est lui qui donne les clefs de son histoire à Django, unchained, en lui permettant de rejouer une version black du mythe de Lohengrin. Le Dr King Schultz est un chasseur de primes. Comme il l’explique avec son sourire enjôleur, il est payé par la société pour massacrer et transporter des cadavres. Aucune pitié pour ses proies : lui qui semble par ailleurs si moral, ne voit aucun problème à descendre un homme mis à prix devant son propre fils. Car dans le cinéma de Tarantino, comme pour beaucoup d’Américains, la justice, c’est l’exercice de la vengeance. (Nous avons été nombreux à être choqués, sans doute, d’entendre les média américains – et leur

président – se féliciter, après la mort de Ben Laden, que la justice soit enfin faite… alors que disparaissait toute possibilité, désormais, d’avoir un procès en bonne et due forme.) L’image de Jamie Foxx, le justicier noir, magnifique sur son alezan, est d’abord celle d’un vengeur noir. La même jubilation, chez le talentueux réalisateur, à faire brûler les dignitaires nazis qu’à faire exploser dans un feu d’artifices vengeur ces abrutis du Ku Klux Klan (non seulement il les massacre mais il les ridiculise juste auparavant). Le même plaisir, forcément sadique, à graver, à vif, dans la chair des SS, une étoile de David qu’à faire souffrir ces salauds d’esclavagistes. Est-ce faire la fine bouche, bouder son plaisir, de dire que j’ai été gêné par la (trop) longue scène de fusillade finale* ? Trop de massacre lasse quand la surenchère lui enlève toute crédibilité ! L’un des personnages secondaires (l’avocat de l’ignoble Leonardo di Caprio) se retrouve au milieu des combats. Avec quelle obstination malsaine (burlesque ?), le réalisateur filme les balles perdues qui, une à une, prolonge son agonie. Pourtant, et c’est nouveau chez Tarantino, dans une autre scène, ultra violente, il finit par détourner sa caméra ; lorsqu’un esclave qui a voulu s’enfuir est jeté aux chiens. Là, plus d’humour possible, plus de distanciation. Seuls les ennemis du bien doivent subir l’insistance brûlante de l’œil de la caméra. DP *Sous une forme parodique plutôt réussie, dans un final complètement délirant, Billy, l’un des héros complètement allumés de 7 psychopathes de Martin Mac Donagh explique l’importance du final shoot pour ce genre de films.

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Vos critiques

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Gérard Kawka aux Studio © Nicole Joulin

i vous et nous avons soufflé les cinquante bougies des Studio et fêté ce cinéma avec enthousiasme, c’était aussi par extension la célébration du cinéma comme septième art ! À cette occasion, l’équipe de la Bibliothèque proposait, en compagnie de Gérard Kawka (ancien directeur de l’Association artistique culturelle de Villemomble), pédagogue averti, de (re)parcourir les différentes étapes qui ont permis aux hommes de passer du rêve de faire bouger les images à la réalité ! Depuis le paléolithique, les hommes ont redoublé d’ingéniosité pour transformer l’image en cinéma. Ainsi le principe de la chambre noire qui permet d’obtenir par une projection de la lumière sur une surface plane, est connu depuis l’Antiquité. En 1826, Niepce réalise la première photographie sur une plaque d’étain : cette prise de vue a nécessité environ dix heures d’exposition. En 1839, Daguerre invente l’appareil photo : une demi-heure de pose suffit. À la même période, Henry Fox Talbot invente le négatif ; tandis qu’en 1889, c’est à Eastman que l’on doit l’invention de la pellicule. Dès le XVIIe siècle, avec la lanterne magique, on a réussi à faire se suivre des images peintes sur du verre, tandis qu’au XIXe

siècle, moult inventeurs ont également utilisé la persistance rétinienne pour créer des jeux optiques comme le thaumatrope, le phénakitiscope, le zootrope, le praxinoscope… Il y aura ensuite le théâtre optique d’Emile Reynaud avec ses dessins animés. Parallèlement, le chercheur Etienne-Jules Marey travaille avec le photographe Edward Muybridge pour réussir à décomposer le galop d’un cheval, et sont à l’origine de la chronophotographie. On pourrait dire que le cinéma a été inventé par Louis Aimé Augustin Le Prince puisqu’il a réalisé des films avec une caméra projecteur et de la pellicule papier dès 1888 ; deux secondes seulement de son travail ayant été retrouvées, après sa mystérieuse disparition en 1890, ce n’est pas son nom que l’histoire retiendra. La bataille sera serrée et les combattants nombreux, mais le duel final se jouera entre l’Américain Edison (même si concrètement c’est son collaborateur William Dickson qui est l’inventeur du kinetoscope) et les Français Louis et Auguste Lumière. Le système qui fera la fortune d’Edison ne permettait qu’un usage individuel, tandis que celui des Lumière, tout en améliorant les découvertes préalables, parviendront, eux, à la projection sur écran et emporteront, finalement, le titre d’inventeurs du cinéma. Comme l’a écrit un spécialiste de la préhistoire du septième art, Laurent Mannoni : « Le cinéma est une locomotive qui avait plusieurs mécaniciens. » IG Lanterne magique Lapierre. Environ 1880.

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SYnGuÉ SaBour, pierre de patienCe de atiq rahimi

et des années peace and love, courez voir ce film qui vous transportera assurément… […] EB

Un deuxième très beau film (bien que très différent) sur la condition des femmes avec le magnifique Wajdja. Dans Syngué sabour, l’actrice est lumineuse, émouvante quand elle réussit à dire à son vieux mari ni mort ni vivant, tout ce qu’elle n’a pas eu le droit de lui dire, toutes ses souffrances, mais malgré tout avec amour et respect. Une autre vision de cet Afghanistan où on oublie que des hommes et des femmes y vivent encore et n’en finissent pas de souffrir.

Au début on se demande où le réalisateur veut en venir et puis, à la fin, on est fan de Rodriguez… une histoire incroyable ! PL

mÖBiuS de eric rochant Comme dans beaucoup de films d’espionnage l’intrigue est compliquée et on s’y perd complètement, Dujardin parlant russe c’est un des rares effets comiques du film (involontaire sans doute). Bref, un film ennuyeux et long, si long qu’on attend la fin avec impatience… VF au Bout du Conte de agnès Jaoui Ce film est sauvé par le jeu de Jean-Pierre Bacri. Sinon, ça part un peu dans tous les sens, et on a du mal à s’y retrouver dans un scénario brouillon et des personnages peu crédibles. Mais c’est un conte… CM Jaoui-Bacri tournent en rond. Oui, les réparties sont plutôt drôles. Mais à part ça, aucune évolution dans leur cinéma. Pas d’inscription sociologique, le film aurait pu être tourné il y a vingt ans. Qu’est-ce qu’ils font de notre époque ? […] SL L’amour tout simplement, des vies parallèles qui se croisent et un conte qui vous tient jusqu’au bout. C’est plein de vie. […] SuGar man de malik Bendjelloul Véritable ovni que ce film, qui révèle un génie méconnu de la guitare et du chant des années 70… Nostalgiques du pop folk US, de Woodstock

no de pablo Larrain Pablo Larrain monte environ deux heures de manigances publicitaires comme un thriller, chaque idée étant attaquée par le clan adverse, René devant trouver constamment de nouveaux angles d’attaques. Le film est particulièrement amer parce qu’il analyse avec précision le pouvoir des images et choisit pour héros un homme plus désabusé que ne devrait l’être l’artisan d’une telle victoire historique. René vend le changement de régime tant attendu comme il vend un soda ou une telenovela. La victoire a eu lieu mais la désillusion est là, installée. À voir pour le jeu de Gael Garcia Bernal, pour le traitement subtil de faits historiques grâce à un point de vue original et pour un rappel nécessaire de l’histoire contemporaine du Chili. Excellent film. 50 ANS DES STUDIO J'ai tout apprécié dans la célébration de ce cinquantenaire, à commencer par la chaleureuse soirée offerte aux correspondants, quel plaisir de découvrir Psychose ! la séance gratuite du samedi où tous étaient heureux d'être présents à cette belle fête, la déambulation derrière la Compagnie Off, les bouquets de pétales colorés et les bouts de pellicules projetés dans le ciel gris de Touraine, l'ouverture officielle par le grand Bertrand Tavernier… et tout le reste. Longue vie aux Studio ! M C, une ancienne élève-interne du Lycée Choiseul, qui traversait la rue pour voir les films au Studio des Ursulines. Quelle fête c'était déjà ! Rubrique réalisée par RS

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