27/03 30/04 2013

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°311 • avril 2013

14e Festival international de cinéma asiatique de Tours 1er-10 avril / voir page 5


S

O

M

M

A

I

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E

éditorial

Avril 2013

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3

..........................................

4

Éditorial CNP

À propos de

Hitchcock . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

Festival de cinéma asiatique de Tours . . . . 5

Pages et images Foxfire . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Rencontre de la bibliothèque

Interférences

Claude du Peyrat pour : Cinémas Studio de Tours, 50 ans d’aventure . . . . . . . . . . . . . 8

LES FILMS DE A à Z

............

en bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

8 16

Bande annonce

Défendre les droits humains en Russie une activité à hauts risques

.............

18

26

Syngue Sabour/Wadjda . . . . . . . . . . . . . . . . 28 rencontre ...................

30

Vos critiques

.............................

33

Jeune Public

.............................

34

Jean-Baptiste Thoret

FILM DU MOIS : LE

REPENTI

....................

36

Compte-rendu ...

19

.................................

22

Les 50 ans des Studio en images

GRILLE PROGRAMME

......

pages centrales

Courts lettrages

Hitchcock

La cafétéria des Studio

Horaires d’ouverture :

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

lundi mercredi jeudi vendredi samedi

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

: : : : :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

La bibliothèque est fermée les mardis, dimanches et les vacances scolaires.

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

EUROPA

AFCAE

ACOR

GNCR

ACC

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

(Membre co-fondateur)

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, avec la participation de Francis Bordet, lucie Jurvilier et la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

Perte, quête… et renouveau ? Avec nos partenaires habituels, Cinémathèque de Tours, Médiathèque F. Mitterrand, Work in Progress, Collège au Cinéma 37, l’Espace Parfum-Culture et l’Instant Ciné, nous repartons vers une nouvelle aventure asiatique (Chine, Japon, Taiwan, Corée, Cambodge…) pour la 14e édition du Festival. Du 1er au 10 avril, et plus particulièrement aux Studio du 3 au 9 avril, une trentaine de films – fictions, documentaires, films d’artistes, d’animation, sans oublier les séances pour le jeune public – vous sont proposés. Comme chaque année, il est fait la part belle aux avant-premières : Une Vie simple d’Ann Hui, People Mountain, People Sea de Cai Shangjun, Pieta de Kim Ki Duk (Lion d’Or à Venise en 2012) et le très attendu Penance : deux films de Kiyoshi Kurosawa (Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir, et Shokuzai, celles qui voulaient oublier) qui vont s’enchaîner le samedi 6 avril en soirée. Huit films inédits sont en compétition pour recevoir de la main du jury La Toile de lumière, œuvre du peintre Guy Romer. Bien entendu, c’est un rituel, le public vote pour décerner son prix. Cette année, trois des huit films en compétition sont l’œuvre de jeunes réalisatrices asiatiques. La parité n’est pas encore atteinte mais c’est un grand bond en avant pour le milieu cinématographique. À la vision de tous ces films se dégage une grande thématique : Perte, quête… et renouveau ? Le

renouveau (la reconstruction, la rédemption… chacun peut choisir son terme) s’impose dans certains films – Pieta, Be Home, Shanghai -Belleville… – mais il n’est pas toujours au rendez-vous de la série d’épreuves que subissent les protagonistes : perte d’êtres chers, prostitution, meurtres… À l’intérieur de cette thématique, une deuxième vient s’inscrire : Le Cambodge et la mémoire. Évidemment, un film de Rithy Panh est au cœur de cette démarche (Bophana, une tragédie cambodgienne) mais aussi des réalisations de jeunes cinéastes : Davy Chou, Loan Lam, Clélia Carrot, qui seront présents pour rencontrer le public, ainsi que Maître Martine Jacquin, responsable du projet Cambodge pour Avocats sans frontière. Vous pourrez aussi rencontrer les réalisatrices : Yiomama H. Lougine et Lee Show-Chun, qui viendront présenter leur film en compétition, Serge Bourguignon et le réalisateur coréen Jeon Soo Il, que l’on est toujours heureux d’accueillir dans le festival. Expositions • Aux Studio : Shanghai Gesture in Paris, photographies d’Isma M. • L’Espace Parfum – Culture : Présence japonaise : peintures de Setsuko Uno – Fuentes Bon Festival ! LJ

Remerciements : Mairie de Tours, Bureau de représentation de Taipei, FFCP, Clandestine Films, LVT, Rithy Panh, Antoine Hervé, Fatou Barry, Charles Pain, Pascal Delaleu… à tous les réalisateurs, producteurs, distributeurs, festivals et à toutes celles et ceux qui ont permis au Festival d’exister.

Si vous désirez lire les nouvelles écrites pour le concours Fenêtre sur courts, vous pouvez les retrouver à la Bibliothèque, dans un classeur totalisant les 58 nouvelles reçues, mais aussi dans un recueil regroupant les 13 nouvelles retenues pour le 2e tour. Bonne lecture !

Le festival Désir… Désirs fêtera ses 20 ans du 15 au 25 mai 2013 La thématique : Unique en son genre, permettra de mettre en lumière les théories de genre auprès d’un large public. Retrouvez le programme complet sur www.desirdesirs.com Les CARNETS du STUDIO

n°311

avril 2013

3


du 24 au 30 avril

5 C

I

N

É M A T H È Q U E Carte blanche à la cinémathèque de Toulouse

LA CAMPAGNE DE CICÉRON

lundi 19h30

de Jacques Davila

14h15 2h05’ 17h00 L’ÉCUME DES JOURS 19h15 de Michel Gondry 21h30 À suivre. 14h15 17h15 19h15

1h46’

14h15 17h15 21h30

2h02’

PROMISED LAND

1h31’ VF

de G. Tartakovsky

3D

17h15

LA BOUTIQUE DES PANDAS

16h00

de divers réalisateurs

1h10’ VF

PETIT CORBEAU

À suivre.

16h15

de Ute von Munchow-Pohl

2h13’

14h30 THE LAND OF HOPE de Sion Sono 19h00

1h38’

QUARTET

À suivre.

de Dustin Hoffman

21h15

1h53’

14h30

HANNAH ARENDT

19h45

de Margarethe Von Trotta À suivre.

1h34’

14h30 19h45 17h45 21h45

DERRIÈRE LA COLLINE de Emin Alper

1h51’

PERFECT MOTHERS de Anne Fontaine

1h30’ À suivre.

DJECA, ENFANTS DE SARAJEVO de Aida Begic

LES AMANTS PASSAGERS

17h45

LE TEMPS DE L’AVENTURE de Jérôme Bonnell

de Stéphane Horel Débat avec Elena Pasca et un médecin

52’

20h00 C

I

N

lundi 19h30

É

M

A

T

H

È

Q

U

ENTRE LE CIEL ET L’ENFER 2h23’

LE REPENTI

14h15 17h30 19h30 21h30 14h30 19h15 21h30

CHIMPANZÉS 44’ VF

1h30’

LES AMANTS PASSAGERS

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

sauf jeu ven-lun

mercredi samedi dimanche

de Jacques Rémy Girerd

16h15

41’ musical

PIERRE ET LE LOUP

vendredi

de Susie Templeton

18h00

de Pedro Almodovar

J’emmène mes parents au cinéma

1h54’

LA RELIGIEUSE de Guillaume Nicloux

14h15 THE PLACE 17h00 BEYOND THE PINES de Derek Cianfrance 19h30

1h52’

AU BOUT DU CONTE 17h00 de Agnès Jaoui

21h45

QUEEN OF MONTREUIL

17h45

1h27’

de Solveig Anspach

22h00

1h35’

14h30 17h30 19h30

19h30

1h15’ + court métrage 15’

LES COQUILLETTES 1h52’

1h48’

STORIES WE TELL de Sarah Polley

17h45

de Sophie Letourneur

21h30

L’ARTISTE ET SON MODÈLE

21h30

1h45’

de Fernando Trueba

1h33’

14h30

Le film imprévu

14h15 16h00 17h30

2h20’

21h30

www.studiocine.com

mer-sam dimanche

MA PETITE PLANÈTE CHÉRIE

de Akira Kurosawa

CAMILLE CLAUDEL 1915 19h45 de Bruno Dumont

21h45

samedi 14h15

E

de Serge Bourguignon

20’

1h18’ VF

2013

de Mark Linfield & Alastair Fothergill

LE SOURIRE (sous réserve)

14h15

1h27’ + court métrage 10’

de Merzak Allouache

1h45’

CNP jeudi LES MÉDICAMENTEURS

19h30

de Pedro Almodovar

1h30’

À qui appartient la santé des Français ?

39’ VF

À suivre.

de Wong Kar-Wai

mercredi samedi dimanche

LE MONDE FANTASTIQUE D’OZ 14h15 de Sam Raimi 2h07’ VF HÔTEL TRANSYLVANIE

du 27 mars au 2 avril

1

2013

samedi 14h15

de Gus Van Sant

THE GRANDMASTER

semaine

Cinéùa asiatique

semaine

ALPS de Yorgos Lanthimos

www.studiocine.com

Le film imprévu www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 3 au 9 avril 2013

jeudi TRAVAUX 20h00 de Virginie Linhart + débat C I N É M A T H È Q U E

1h35’ VF

QUELLE JOIE DE VIVRE

LE CHIEN DU TIBET

Soirée présentée par Denitza Bantacheva

de Masayuki Kojima

2h12’ de René Clément

35’ VF

14h15 17h30 19h30

14h15 19h30 21h30

1h30’

LES AMANTS PASSAGERS de Pedro Almodovar

QUARTET

14h15

1h54’

LA 17h15 RELIGIEUSE

1h38’

de Guillaume Nicloux

MYSTERY

14h15 21h45

DE LA RADIO

1h41’

14h30 LE PREMIER

HOMME

de Gianni Amélio

www.studiocine.com

QUARTET de Dustin Hoffman

de Derek Cianfrance

19h45

17h15

de Pedro Almodovar

PERFECT MOTHERS de Anne Fontaine

Rencontre avec J. Bonnell, vendredi après la séance de 19h45

Le film imprévu

21h45

de J. Bass & A.J. Rankin

14h15 sauf jeudi vendredi

Courts de fête

mercredi

Séance gratuite : 8 courts métrages du concours + teaser effets spéciaux !

16h00

4 du 17 au 23 avril 2013

C I N É M A T H È Q U E

19h15

HÔTEL BRÈVE TRANSYLVANIE RENCONTRE 19h30 de G. Tartakovsky lundi

14h15 1h46’ 17h15 PROMISED LAND 19h15 de Gus Van Sant 21h15

14h30

QUARTET de Dustin Hoffman

17h00

1h45’ + court métrage 7’

14h15

1h41’

21h45

LE TEMPS DE L’AVENTURE

21h30

de Jérôme Bonnell

de Marco Bellocchio

21h30

de Serguei Loznitsa

de Kim Ki-Duk

THE PLACE BEYOND THE PINES 19h00 2h20’

de Merzak Allouache

1h55’

14h30

de Derek Cianfrance

1h38’

MYSTERY de Lou Ye

LE PREMIER HOMME de Gianni Amélio

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

LES LENDEMAINS

19h45

LA MAISON DE LA RADIO 1h42’ de Nicolas Philibert

16h15

1h32’ VF

LA DERNIÈRE LICORNE

17h30

de J. Bass & A.J. Rankin

de Bénédicte Pagnot

17h45 21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

21h45

PERFECT MOTHERS de Anne Fontaine

17h30 21h30

1h41’

17h30

LE REPENTI

19h45

1h44’ + court métrage 6’

PIETA

PETIT CORBEAU de Ute von Munchow-Pohl

de Brian de Palma

14h30

2h10’

DANS LA BRUME

16h00

de divers réalisateurs

PASSION

de Brian de Palma

1h27’

LA BELLE ENDORMIE

LA BOUTIQUE DES PANDAS

1h51’

de Sarah polley

PASSION

39’ VF

1h10’ VF

14h15 2h02’ THE 17h00 GRANDMASTER 19h15 de Wong Kar-Wai 21h30

19h30

STORIES WE TELL

14h15

de David Lean

de Guillaume Nicloux

1h48’

1h31’ VF

1h26’

1h38’

1h55’

1h41’

www.studiocine.com

samedi dimanche lundi mardi 16h00

semaine

1h54’

1h51’

17h45

21h15

LA DERNIÈRE 1h32’ VF LICORNE

LES AMANTS PASSAGERS LA RELIGIEUSE

14h30 19h45

1h48’

de Sarah Polley

1h30’

19h45

THE PLACE 17h00 BEYOND THE PINES 21h15 STORIES WE TELL

de Nicolas Philibert

1h38’

LE TEMPS DE L’AVENTURE 1h45’ 17h45 de Jérôme Bonnell

21h30 14h30

2h20’

de Lou Ye

Rencontre avec Claude du Peyrat auteur de : CINÉMAS STUDIO DE TOURS, 50 ANS D’AVENTURE

21h30

14h15

14h30 LA MAISON

19h15

jeudi 18h00

17h30 Ficat 17h30 Festival international 19h30 samedi de cinéma asiatique 19h00 19h30 voir de Tours page 5 14h30

1h42’

19h15

samedi dimanche

de Vincent de Cointe débat avec Samir Aïta C I N É M A T H È Q U E 1h47’

16h15 17h30 de Te Wei, Hu Jinqing, Zhou Kequin

de So Yong Kim

de Dustin Hoffman

Cinéùa asiatique

sauf samedi

14h15

TREELESS 17h30 MOUNTAIN

14h15 1h51’ PERFECT 17h15 MOTHERS 19h30 de Anne Fontaine 21h45 14h30 21h45

CONTES CHINOIS

1h26’ VO

1h38’

samedi dimanche

CHAUSSURE MALIN COMME lundi SINGE SON PIED 52’ VFdeUN 19h30 À de divers réalisateurs David Lean

jeudi 16h00 20h00

de Mark Linfield & Alastair Fothergill

Cinéùa asiatique

19h30

CHIMPANZÉS

16h00 sauf PETIT CORBEAU jeu-ven de Ute von Munchow-Pohl 17h30 sauf jeudi

1h10’ VF

samedi dimanche

Cinéùa asiatique

lundi

52’

Cinéùa asiatique

CNP EUROPE, ATTENTION

3 du 10 au 16 avril 2013

Syrie 2013… CNP LE CRÉPUSCULE DU CLAN ASSAD

1h18’ VF

Cinéùa asiatique

Quelle Europe, pour quelle démocratie ?

Cinéùa asiatique

2

semaine

Cinéùa asiatique

semaine

1h44’

1h30’

LES AMANTS PASSAGERS

19h30

de Pedro Almodovar

1h55’

LA BELLE ENDORMIE de Marco Bellocchio

17h45 21h45

PIETA de Kim Ki-Duk

Le film imprévu www.studiocine.com

Films pouvant intéresser les 12-17 ans, (les parents restant juges) au même titre que les adultes.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


PERTE, QUÊTE… ET RENOUVEAU ? Lundi 1er avril – 19h30

jeudi 28 mars - 20h00

jeudi 11 avril - 20h00

Le CNP et la Fondation Science citoyenne proposent :

Le CNP et les Amis du Monde diplomatique proposent :

À QUI APPARTIENT LA SANTÉ DES FRANÇAIS ?

SYRIE 2013, FIN D’UN RÉGIME, NOUVELLE DÉMOCRATIE ?

Depuis une vingtaine d’années, on ne met plus sur le marché de nouvelles molécules thérapeutiques. La recherche serait-elle en panne ? Elle, qui constituait le plus gros des investissements de l’industrie pharmaceutique, est passée en n°2 ; désormais marketing et lobbying représentent l’essentiel de cette filière incontournable de la chimie. Sommes-nous mieux pris en charge au niveau des soins ? Les scandales sanitaires récurrents, la mise en cause des agences nationales par des conflits d’intérêt, nous autorisent à poser cette question : A qui appartient vraiment la santé des Français ? Film : Les Médicamenteurs de Stéphane Horel, 52’ Débat avec Elena Pasca, spécialiste critique de l’industrie pharmaceutique, membre de Fondation Science Citoyenne et un médecin.

Sous domination française de 1920 à 1946, la Syrie indépendante connaît divers régimes jusqu’au coup d’état de Hafez el Assad en 1970. C’est le début de la domination du clan Assad, d’une répression de toute opposition et d’une politique jouant des rapports de force régionaux et internationaux. En 2000 le fils Bachar hérite du pouvoir. En 2011 éclatent à Deraa des manifestations contre un pouvoir qualifié par certains d’« État de barbarie». Aujourd’hui, deux ans plus tard, un pays ravagé : des dizaines de milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés et d’exilés, des destructions immenses… Le système Assad se défend avec une brutalité féroce, une partie de l’opposition a engagé une lutte armée avec le soutien de pays étrangers. Ce conflit est-il parti pour durer ? Le peuple syrien a-t-il encore son mot à dire ? Après la projection du documentaire : Syrie, le crépuscule du clan des Assad, 52’, de Vincent de Cointe, le Débat sera animé par Samir Aïta, membre du Forum démocratique syrien, responsable des éditions en arabe du Monde diplomatique.

jeudi 4 avril - 20h00 Le CNP, Attac et Convergences 37 proposent :

QUELLE EUROPE POUR QUELLE DÉMOCRATIE ? L’Europe agrandie, mais pour quoi faire ? Si c’est pour servir les intérêts des marchés financiers, elle n’en vaut pas la peine. Pouvons-nous un jour caresser l’espoir d’une Europe Sociale, politiquement responsable avec des décisions sous le contrôle des citoyens ? Si elle s’avère incapable de relever ces défis, elle se brisera ou végètera. L’absence de perspectives politiques fait prendre un risque énorme : celui d’assister à un basculement nationaliste et xénophobe. Tel est le thème du Débat que nous vous proposons à partir du documentaire de Virginie Linhart : Europe, attention Travaux en présence des associations.

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Les CARNETS du STUDIO

n°310

avril 2013

En partenariat avec la Cinémathèque de Tours Le Sourire – France – 1959 – 21’, de Serge Bourguignon En Birmanie, un moinillon bouddhiste rejoint le monastère, accompagné d’un bonze. Chemin faisant, le jeune garçon s’attarde à la contemplation des beautés de la nature. Ce film court documentaire a obtenu la Palme d’or des courts métrages au Festival de Cannes 1960. En présence de Serge Bourguignon

Entre le ciel et l’enfer (Tengoku to jigoku) Japon – 1963 – N&B – 2h23, d’Akira Kurosawa avec Toshirô Mifune…

Croyant enlever le fils du riche Gondo, un malfaiteur s’empare du fils de son chauffeur et demande une rançon… En transposant le roman noir américain au Japon, Kurosawa montre avec justesse les bas fonds de la ville, le crime, la prostitution.

Mardi 2 avril – 19h30 A L’ESPACE PARFUM – CULTURE 63 rue Blaise – Pascal, Tours. Courts-métrages d’animation en partenariat avec Ciclic : BAO – France – 2012 – 11’, de Sandra Desmazières Bao et sa grande sœur prennent le train comme chaque jour. C’est toujours une aventure extraordinaire pour eux. Mais cette fois, tout est différent.

BONSOIR MONSIEUR CHU France – 2005 – 15’, de Stéphanie Lansaque et François Leroy

Hai, un petit garçon, attrape un oiseau. Duang Lê, conducteur de cyclo-pousse, promène une carpe dans les rues de Saigon et les rizières du Mékong pour le compte du mystérieux Mr Chu. Dans tout le pays, on s’apprête à célébrer Trung N’Guyen, la fête des âmes errantes. Autour d’un repas chinois : 20€, sur réservation 02 47 05 13 66.

Mercredi 3 avril – 17h30

jeudi 31 janvier - 19h45 Sur le thème :

DEFENSEURS DES DROITS HUMAINS EN RUSSIE Un film de Mylène Sauloy : Qui a tué Natacha ? 2010, 64’. Débat avec Anne Nerdrum (Amnesty International) et le témoignage de Darya (CEMEA).

Le Sommeil d’or – France/Cambodge – 2012 – 1h40, de Davy Chou avec Dy Saveth, Ly Bun Yim…

Le cinéma cambodgien a vu son irrésistible ascension stoppée brutalement en 1975 par l’arrivée au pouvoir des Khmers Rouges. La plupart des films ont disparu, les acteurs ont été tués et les salles de cinéma transformées en restaurants ou karaokés. Le Sommeil d’or filme la parole de survivants et réveille l’esprit de ce cinéma oublié. Ce documentaire poétique et plein de pudeur parvient à redonner lumière à des films à jamais disparus. Un témoignage sur une grande tragédie historique contemporaine.

Présentation de Davy Chou, réalisateur, et de Sylvain Decouvelaere, directeur de production

Mercredi 3 avril – 19h30 Ouverture du Festival

Piéta (Avant-première) Corée du Sud – 2012 – 1h44 de Kim Ki-duk, avec Lee Jung-Jin, Cho Minsu…

Kang-do est recouvreur de dettes pour un mafieux. Il est aussi sans pitié qu’il est seul : pas de famille, pas d’amis, la violence pour seule compagne, jusqu’au jour où une femme inconnue se présente à lui. Et si c’était sa mère, et la main tendue vers la rédemption ? Lion d’Or à Venise en 2012.

Jeudi 4 avril – 9h15 En partenariat avec Collège au Cinéma 37 Séance réservée aux scolaires

Les Enfants loups, Ame et Yuki Japon – 2012 – 1h57, film d’animation de Mamoru Hosoda.

Jeudi 4 avril – 17h30 Our homeland (Inédit – Compétition) Japon – 2012 – 1h40, de Yang Yonghi, avec Ando Sakura, Iura Arata, Yang Ik-June…

Atteint d’un cancer incurable, Yun Seong-ho, vivant à Pyongyang, obtient l’autorisation exceptionnelle de revenir quelques semaines au Japon pour y suivre un traitement médical. Sous la haute surveillance d’un agent nord-coréen, les retrouvailles avec sa famille et ses anciens amis s’avèrent plus courtes que prévues. Dans la lignée de ses documentaires, la cinéaste signe une première fiction inspirée de son histoire familiale. Prix Art et Essai au Festival de Berlin 2012, ce film magnifiquement interprété présente à travers le destin d’une famille, l’histoire d’un pays.

Jeudi 4 avril – 19h30 Be home (Inédit – Compétition) Taïwan – 2013 – 1h33, de Yiomama H. Lougine avec Pan I-Juyin, Chao Te…

Giao, Ming son mari et leur fils Didi forment une famille moderne et heureuse. Responsable d’un accident de voiture qui cause la mort de son mari et de Didi, Giao plonge dans la tragédie. Comment survivre à un tel drame ? Ce film contemplatif et émouvant où le présent et le passé s’entremêlent, est celui de la reconstruction d’une femme grâce à la musique et à la philosophie bouddhiste. Rencontre avec Yiomama H. Lougine

Vendredi 5 avril – 17h30 Shattered (Inédit – Compétition) Corée – 2011 – 1h44, de Xu Tong

Tang Caifeng, prostituée, rentre dans son village du nord-est de Les CARNETS du STUDIO

n°311

avril 2013

5


la Chine pour fêter le Nouvel An avec sa famille. Son père, le Vieux Tang âgé de 80 ans, raconte à partir de photographies son histoire, mais aussi par ricochet l’Histoire de son pays. Le titre Shattered, (brisé), renvoie à la mise en scène fragmentée du film telles les vies cassées en mille morceaux des personnages.

Vendredi 5 avril – 19h30 Pink (Inédit – Compétition) Corée – 2011 – 1h37, de Jéon Soo-Il avec Lee Seung-Yeon, Seo KapSook…

Dans un port du sud de la Corée, vivent Ok-Kyeon et son fils Sang Guk, handicapé mental. Elle tient un café-restaurant au bord de l’eau. Arrive une jeune fille quasi mutique, Su Jin, qui va travailler au café. Le film est une chronique de la vie de cette famille et des rapports ambigus entre Su Jin et Sang Guk, entre la mère et le fils. L’absence soudaine de la mère éclaire les zones d’ombre des personnages. Jéon Soo-Il atteint ici des sommets de maîtrise. Rencontre avec Jéon Soo-Il

Samedi 6 avril – 10h00 Procès de Phnom Penh – J’ai mon mot à dire (Inédit)

Concert de zheng chinoise par Shanshaan Mu À partir de 16h50, dégustation de thés chinois

Samedi 6 avril – 17h30 N° 89, Shimen Road (Inédit – Compétition) Chine – 2010 – 1h25, de Shu Haolun avec Ewen Cheng, Xufei Zhai…

Années 80. Xiaoli, 16 ans, vit à Shanghai alors que sa mère a migré aux Etats-Unis. La vie s’organise entre son grand-père et les voisins qui partagent une des maisons du vieux Shanghai. Ballotté entre deux jeunes filles, Lanmi et Lili, Xiaoli, qui rêve d’ouvrir un studio de photo, se trouve confronté à une Chine en pleine mutation et aux manifestations de 1989. Film au charme nostalgique sur le passage de l’adolescence à l’âge adulte.

Samedi 6 avril – 19h00 Shokuzai – (Avant-première) Japon – 2012 – 1h59 +2h29, de Kiyoshi Kurosawa, avec Kyoko Koizumi, Yu Aoi…

Samedi 6 avril – 11h30 Épicé ou non (Inédit) France – 2011 – 31’, d’Alexis Hoang et Stéphanie Debue

Entre la fameuse fondue sichuannaise et l’oie qui finira dans la marmite, la visite d’ateliers d’artistes du Sichuan nous montre la scène artistique contemporaine et nous renseigne sur la Chine d’aujourd’hui, mais aussi sur une permanence chinoise. Rencontre avec Stéphanie Debue

Samedi 6 avril – 14h15

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(Avant-première) à 19h – Première partie – 1h59 Quatre écolières, témoins de l’enlèvement qui précède le viol et le meurtre de l’une de leurs camarades, demeurent incapables d’identifier le coupable. Asako, mère d’Emili, la victime, les met en garde : si elles ne s’en rappellent pas elles devront faire pénitence et payer le prix de sa vengeance…

Samedi 6 avril – 21h20 Shokuzai, celles qui voulaient oublier (Avant-première) – Seconde partie – 2h29 Quinze ans plus tard, que sont-elles devenues ces femmes plus dysfonctionnelles les unes que les autres ? La mère d’Emili refait surface, voulant collecter son dû. Et le tueur est toujours en liberté…

Dimanche 7 avril – 10h00 Their new house is covered with cork (Inédit) France/Cambodge – 2012 – 6’, court-métrage de Davy Chou

France – 1995 – 60’, documentaire de Rithy Panh

VF - Tout public à partir de 8 ans-(Voir pages Jeune public)

À travers le destin tragique d’une jeune femme et de son mari, ce film aborde les années sombres du Cambodge. Révolté par la corruption du régime Lon Nol, Ly Sitha rejoint les maquisards communistes. Les deux jeunes gens se perdent de vue, … se retrouvent après la prise de Phnom Penh. La victoire des Khmers rouges sera pour eux aussi le début du cauchemar. Rithy Panh, réalisateur de S21, la machine de mort de Khmere Rouge, a dédié sa carrière de cinéaste à la recherche de la vérité sur son peuple.

Les Têtards à la recherche de leur maman / L’Epouvantail / Les Singes qui veulent attraper la lune VF – Tout public à partir de 3 ans-(Voir pages Jeune public) Les CARNETS du STUDIO

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Dimanche 7 avril – 14h15 Le Chien du Tibet Japon – 2011 – 1h35, film d’animation de Masayuki Kojima.

VF - Tout public à partir de 8 ans – (Voir pages Jeune public)

Dimanche 7 avril – 16h00 Démonstration de Kung-Fu, chants… par des étudiants chinois de l’école Polytech.

Dimanche 7 avril – 16h15

Shokuzai, celles qui voulaient se souvenir

Japon – 2011 – 1h35, film d’animation de Masayuki Kojima.

Chine – 1960 à 1985 – 35’, 3 courts métrages d’animation de Te Wei, Hu Jinqing et Zhou Keqin

Navy, Cheap et Tharo ont fui le Cambodge en 1980. La réalisatrice les rencontre autour des photographies : ces fantômes du passé libérant le récit. Ces instants fugaces de mémoire renforcent le caractère spectral de l’image photographique. Rencontre avec Clélia Carrot Brunch après la rencontre

Les Têtards à la recherche de leur maman / L’Epouvantail / Les Singes qui veulent attraper la lune VF – Tout public à partir de 3 ans-(Voir pages Jeune public)

Bophana, une tragédie cambodgienne

Contes chinois

France – 2011 – 20’, de Clélia Carrot

Contes chinois

Le Chien du Tibet Samedi 6 avril – 16h15

Des mots sous la cendre (Inédit)

Shokuzai est un projet particulier dans l’univers de K. Kurosawa (Cure, Tokyo sonata), destiné à l’origine à la télévision mais présenté, avec grand succès, lors de festivals de cinéma. Ce maître de l’horreur suggestive mêle angoisse et psychodrame.

France – 2012 – 58’, de Loan Lam. Coproduction 24 Images

Il a fallu plus de trente ans pour que les victimes du régime de Pol Pot (avril 1975 – janvier 1979) et leurs proches voient leurs anciens bourreaux comparaître devant le tribunal de Phnom Penh. Le film raconte le parcours très éprouvant effectué par les victimes et leurs familles issues de la diaspora cambodgienne, résidant en France et en Belgique. Ce film a bénéficié d’un soutien à la production de Ciclic. Rencontre avec Loan Lam, réalisatrice, et Maître Martine Jacquin, responsable du projet Cambodge pour Avocats sans frontière

Dimanche 7 avril – 11h15

Chine – 1960 à 1985 – 35 mn, courts métrages d’animation de Te Wei, Hu Jinqing et Zhou Keqin

Dimanche 7 avril – 16h20 Cérémonie traditionnelle du Thé par Linda Jennings

Dimanche 7 avril – 17h30 Celui qui revient (Inédit – Compétition) Sri-Lanka – 2012 – 1h44, d’Asoka Handagama, avec Dharshen Dharmaraj, Subashini Balasubramaniyan…

Deux ans après la guerre au Sri-Lanka, un ex-combattant tamoul retourne dans son village afin de retrouver la femme aimée. Coupable aux yeux des villageois d’avoir survécu, il est très vite rattrapé par les haines et les fantômes du passé. Celui qui revient ou Ini Avan est le 7ème long métrage d’un cinéaste dont on avait beaucoup apprécié This Is My Moon.

Dimanche 7 avril – 19h20 Une vie simple (Avant-première)

À l’approche du Nouvel an, les employés de Wu Yé, ancien militaire très respecté, préparent un cadeau pour l’anniversaire de leur patron. Le repas de fête a des allures de Cène. Film au N&B majestueux, à la maîtrise technique remarquable il sera fascinant pour certains, éprouvant pour d’autres, mais tous s’en souviendront.

Lundi 8 avril – 19h30 Shanghaï-Belleville (Inédit – Compétition) France – 2013 – 1h27, de Lee Show-Chun, avec Anthony Pho, Martial Wang…

À Belleville, Anna, une prostituée chinoise, trouve sur un trottoir Mr Zhou. Ils partent à la recherche de Gine, la femme disparue de Mr Zhou, accompagnés par Liwei, un chinois surnommé le croate, et par un groupe de jeunes férus d’internet. C’est le premier long-métrage de cette réalisatrice taïwanaise, surtout reconnue pour ses installations vidéo dans le milieu de l’art contemporain, et auteure de documentaires sur l’immigration clandestine. Rencontre avec Lee Show-Chun

Mardi 9 avril – 17h30 Sauna on Moon Chine – 2011 – 1h35, de Zou Peng, avec Wu Yuchi, Lei Ting…

Province de Guangdong. À une époque de profonde mutation socio-économique, l’activité des thermes Sauna On Moon – maison close – est en difficulté. Avec ses employées, Wu, le gérant, poursuit son rêve de créer un « royaume du plaisir » avec philosophie et optimisme. Les rêves se heurtent aux désillusions… Z. Peng aborde la prostitution tout en évoquant bien des paradoxes de cette société en mouvement.

Mardi 9 avril – 19h30 Clôture du Festival – Remise des prix

People mountain, People sea (Avant-première) Chine – 2013 – 1h31, de Shangiun Cai, avec Jian Bin Chen, Tao Hong…

Un meurtre au couteau a eu lieu dans une carrière. La police l’ayant laissé s’échapper, le frère de la victime se lance dans la quête éperdue et violente du meurtrier. Ce western guizhou a été la grande surprise du Festival de Venise, primé du Lion d’or de la mise en scène.

Hong Kong – 2011 – 1h58, d’Ann Hui avec Andy Lau, Deanie Ip…

Domestique au service d’une famille hongkongaise depuis plusieurs générations, Ah Tao entre dans une maison de retraite. Mais Roger tient à continuer à s’occuper de celle qui s’est dévouée sans compter pour toute la famille. Il l’accompagne dans sa nouvelle vie… Film plein de charme et de tendresse qui traite avec justesse et humour les liens entre deux êtres. Prix de la meilleure interprétation féminine pour Deanie Ip à la Mostra de Venise.

TOUS LES JOURS (sauf le samedi : pas de séance à 21h45)

Mystery - 14h30 et 21h45 Voir : fiches de A à Z TOUS LES JOURS

Treeless mountain - 17h30 - Tout public à partir de 8 ans-VO Voir : pages Jeune Public

Lundi 8 avril – 17h30 Sentimental animal (Inédit – Compétition) Chine – 2011 – 1h48, de Wu Quan avec Il Xiao, Dan Liu… Les CARNETS du STUDIO

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JEUDI 11 AVRIL – 18H Rencontre avec Claude du Peyrat 50 ans d’aventure Pour aller encore plus loin dans l’histoire des Studio et pour savoir comment le superbe Cinémas Studio de Tours, 50 ans d’aventure a été conçu, Les Animations de la bibliothèque proposent une rencontre avec son auteur. Claude du Peyrat a écrit un livre passionnant aussi bien pour ceux qui croient connaître les lieux par cœur, que pour ceux qui les découvrent. C’est un témoignage fervent sur une structure unique en son genre. Rappelant l’importance de son engagement politique et social ; en faisant prendre conscience et en rendant hommage au travail impressionnant mené conjointement par les équipes de salariés et de bénévoles. Cette somme fait œuvre d’historien mais elle n’est pas un bilan passéiste, plutôt une porte ouverte sur les cinquante années à venir. JF

w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Sur le site des Studio (cliquer sur : pluS d’infoS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com avant leS filmS, danS leS SalleS, au moiS d’avril 2013 : • Solo Guitarra de José Luis Monton (studio 1-2-4-5-6) • Sing Twice de Éric Legnini & Afro Jazz Beat Orch (studio 3 et 7). Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

A

Alps

Grèce – 2011 – 1h33, de Yorghi Lanthimos, avec Ariane Labed, Johnny Vekris, Aris Servetalis…

Quatre personnes se réunissent dans un gymnase pour discuter du nom qu’ils vont donner à leur groupe clandestin ; ce sera Alps parce qu’il ne permet, en aucun cas, de deviner l’objet dudit groupe. Il nous faudra un certain temps pour comprendre que tous quatre (médecin, infirmière, gymnaste et entraîneur) vont se faire payer pour remplacer des morts auprès de leurs familles, après avoir essayé de récupérer les plus d’informations sur les disparus… Mais, comme ils ne sont pas des acteurs professionnels, il peut leur arriver de mal jouer leurs rôles… Vous trouvez l’idée un peu morbide ? passablement malsaine ou glaçante ? Eh bien, il faut dire que Alps est le nouveau film de Y. Lanthimos, le réalisateur de Canine qui, après le prix Un certain regard à Cannes et une sélection aux Oscars, avait réussi à lui seul à remettre le cinéma grec sur le devant de la scène. Lanthimos revient donc avec un univers aussi absurde et cruel que celui de Canine, un univers à la fois humain

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et très pessimiste, qui fait dire au critique du Village Voice que l’on repart de là conforté dans la certitude que ce sont les morts qui s’en sortent le mieux. Sources : villagevoice.com, filmdeculte.com

LesEspagne Amants passagers – 2013 – 1h30, de Pedro Almodovar, avec Carlos Aceres, Raul Arevalo…

Pour son 19e long-métrage, après le terrible La Piel que habito, Pedro Almodovar abandonne le mélodrame et revient à la comédie folle et débridée de ses débuts : dans un avion à destination de Mexico qu’une panne fait tourner en rond au dessus de Tolède, il met en scène un groupe de voyageurs hauts en couleurs (jeunes mariés drogués, escroc financier, voyante rêvant de perdre son pucelage…) et un équipage fortement homosexuel complètement déjanté. Le danger exacerbant les désirs, le vol se transforme en une orgie totalement délirante. Pour ce film choral, Almodovar a convoqué des acteurs issus de ses films précédents : Antonio Banderas, Penelope Cruz, Lola Duenas, Cecilia Roth, Blanca Suarez… pour des participations plus

ou moins longues. Lui qui avait refusé de faire la moindre allusion à Franco dans ses films (pour nier son existence), voit dans son dernier film une possible métaphore de la situation actuelle espagnole : des dirigeants qui tentent d’occulter l’information, une classe affaire qui veut maintenir ses privilèges, une classe touriste droguée pour qu’elle ne cède pas à la panique… Bonne nouvelle, le grand Pedro savait nous tirer des larmes d’émotion, il sait toujours nous faire éclater de rire ! DP

fée que nous racontent les Jaoui-Bacri dans leur dernier opus ; mais on aurait pu s’en douter, parfaitement décalé, caustique, voire un brin cynique ! Et c’est un véritable bonheur grâce à une réalisation parfaitement maitrisée, une bande son riche, une écriture pleine de subtilité et une interprétation impeccable – Bacri, entre autres, au meilleur de sa forme, déclenche l’hilarité à chacune de ses répliques… Alors, pourquoi se priver d’un tel plaisir ? SB

Sources : dossier de presse – rtve.es – 20minutos.es Filmographie succincte : Matador (85) – Femmes au bord de la crise de nerfs (88) – Attache-moi (89) – Talons aiguilles (91) – Kika (93) – Tout sur ma mère (99) – Parle avec elle (02) – Volver (06) – La piel que habito (11)

La Belle endormie France, Italie – 2012 – 1h50, de Marco Bellocchio,

L’Artiste et son modèle Espagne – 2013 – 1h45, de Fernando Trueba, avec Jean Rochefort, Aïda Folch, Claudia Cardinale…

Été 1943, dans la France occupée, non loin de la frontière espagnole. Marc Cros, célèbre sculpteur, vit avec sa femme Léa, qui a longtemps été́ son modèle. Fatigué de la vie et de la folie des hommes, il est à la recherche d’une inspiration nouvelle, mais rien ne semble le sortir de la monotonie ambiante. Léa repère Mercé, une jeune espagnole échappée d’un camp de réfugiés, et lui propose de poser pour son mari. Le vieil artiste découvre alors une nouvelle muse et s’attelle à sa dernière œuvre. Réalisateur de Mientras el cuerpo aguante (1982), Grossel (1983), Belle époque (1992), Two Much (1995), La Fille de tes rêves (1998), Calle 54 (2000), L’Envoûtement de Shanghai (2004), Le Miracle de Candeal (2005), Chico & Rita (2010), Trueba filme en noir et blanc, une histoire, écrite avec le scénariste Jean-Claude Carrière, qui raconte le conflit intérieur de Marc Cros, artiste de renom, inspiré de la vie de l’artiste Aristide Maillol. Un film qui a ému le festival de Saint-Sébastien. Sources : www.nouvelobs.com

Au bout du conte France – 2013 – 1h52, de Agnès Jaoui, avec Agnès Jaoui, ean-Pierre Bacri, Agathe Bonitzer, Arthur Dupont…

Il était une fois une jeune fille qui croyait au grand amour, aux signes, et au destin ; une femme qui rêvait d’être comédienne et désespérait d’y arriver un jour ; un jeune homme qui croyait en son talent de compositeur mais ne croyait pas beaucoup en lui ; une petite fille qui croyait en Dieu et un homme qui ne croyait en rien sauf à la date de sa mort… C’est donc un conte de

B

avec Toni Servillo, Isabelle Huppert, Alba Rohrwacher…

Rome, 2008 : Eluana est dans le coma depuis 17 ans. L’Italie est profondément divisée entre ceux qui veulent la maintenir en vie et ceux qui pensent qu’il faut arrêter de prolonger artificiellement sa vie. Eluana, nous ne la verrons jamais dans le film. Nous suivons un sénateur qui doit voter une loi permettant cette interruption de traitement, sa fille qui milite pour Le Mouvement pour la vie hostile à cette loi, une actrice brisée dont la fille Rosa est dans le coma depuis longtemps aussi et une jeune femme suicidaire qu’un médecin veut sauver malgré elle. Ces destins, sauf celui du père et de la fille, ne se croisent pas. Mais ils sont l’occasion d’une belle méditation sur la vie, sur l’amour, sur l’authenticité de nos idées et de nos sentiments. Un sujet bouleversant, traité sans aucun manichéisme, sans solution toute faite. Juste avec une grande exigence de sincérité. CdP

La Boutique des pandas Voir pages Jeune Public

Camille Claudel 1915 France – 2011 – 1h37, de Bruno Dumont, avec Juliette Binoche, Jean-Luc Vincent, Robert Leroy…

C

Hiver 1915. Internée par sa famille, Camille Claudel est emmenée dans un asile du sud de la France – là où elle ne sculptera plus. Le film est la chronique des trente dernières années de sa vie de recluse, surveillée jour et nuit comme une criminelle et dans l’attente d’une visite de son frère, Paul Claudel… On connaît le cinéaste exigeant et atypique, B. Dumont, pour sa radicalité, le refus des conventions et le rejet des comédiens expérimentés. Après La Vie de Jésus (1996), L’Humanité (1999), Flandres (2005) et Hors Satan

les fiches paraphées correspondent à des films vus par le rédacteur. Les CARNETS du STUDIO

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(2011), le réalisateur fait appel pour la première fois à une professionnelle, Juliette Binoche. Celle-ci interprète Camille Claudel, 24 ans après Isabelle Adjani dans le film de Bruno Nuytten, romance tumultueuse avec l’artiste Rodin et son destin tragique. Le film pose ici la question de la création et de l’internement. En compétition au festival de Berlin 2013, Camille Claudel portera les couleurs de la France. Sources : dossier de presse.

Le Chien du Tibet Chimpanzés Contes chinois

Comment faire un choix moral dans des circonstances où la morale n’existe plus ? Durant la Seconde Guerre mondiale, personne n’est innocent. Pour cette histoire dramatique, le réalisateur ukrainien de My Joy (2010), également scénariste, s’est inspiré du roman éponyme de l’écrivain biélorusse, Vassil Bykov. « Le chemin que parcourt le héros avant de comprendre qu’il est irrémédiablement condamné et, par voie de conséquence, de comprendre l’état des choses, est le cœur même de ce film », selon S. Loznitsa. Présenté au Festival de Cannes 2012, Dans la brume a reçu le Prix Fipresci de la Critique internationale, un prix souvent prometteur…

La Dernière licorne Voir pages Jeune Public

Voir pages Jeune Public

Les Coquillettes France – 2013 – 1h15, de Sophie Letourneur, avec Sophie Letourneur, Camille Genaud, Carole le Page…

Trois jeunes femmes dissemblables, dont Sophie Letourneur, sont conviées au festival de Locarno, ce qui va leur servir de prétexte pour explorer leurs petits désordres amoureux et se confronter à leur rêve de grand amour contrarié. Sophie tente de séduire un acteur sexy (Louis Garrel, hilarant), Carole prétend ne chercher qu’une aventure charnelle, Camille penche vers le romantisme… Bref, cette comédie explore les aventures glamour et burlesques de trois filles en pleine régression affective. Cette histoire se raconte en voix off, ce qui rajoute une dimension volontairement artificielle au récit. Sources : dossier de presse.

+ COURT MÉTRAGE L’Echappée belle France – 2009 – 15’, de François Tessier, avec Julien Alluguette, Sophie Cattani, François Marthouret, Yannick Soulier.

D

Dans la brume

Russie/Lettonie/Allemagne/Pays-Bas – 2012 – 2h08, de Serguei Loznitsa, avec Vladimir Svirski, Vlad Abashin, Sergueï Kolesov, Vlad Ivanov…

1942. Une forêt de Biélorussie. Sous l’occupation allemande, deux résistants soviétiques ont pour mission d’abattre un homme, accusé à tort de collaboration. Cet homme condamné à mort est un homme bien, mais les circonstances l’empêchent de prouver sa bonne foi.

Derrière la colline

Turquie – 2012 – 1h34 de Emin Alper, avec Tamer Levent…

Au pied de collines rocheuses, Faik mène une vie de

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L’Écume des jours France – 2013 – 2h02, de Michel Gondry,

Voir pages Jeune Public

avec Romain Duris, Audrey Tautou, Gad Elmaleh…

d’inventivité ! Il ne lui manque que l’amour. Celui-ci va prendre la délicieuse apparence de Chloé, rencontrée par l’intermédiaire de l’ami Chick ! Le bonheur de Colin est alors complet ! Mais c’est bien connu, l’état de grâce ne peut pas durer : un nénuphar se développe dans un des poumons de Chloé et l’empêche de respirer. Colin est prêt à ruiner compte en banque et santé pour la sauver ; mais l’amour peut-il gagner le combat contre la mort, quand les murs rétrécissent et que même les souris grises, pour échapper à la tristesse, préfèrent se jeter dans les griffes du chat ? Quel autre réalisateur contemporain aurait pu procéder à l’adaptation de l’univers singulier, poétique et absurde du grand Boris Vian, à part ce Géo Trouvetout de Gondry ? Et pour que cette réussite soit totale, même la distribution des rôles secondaires a été soignée : Alain Chabat, Laurent Lafitte ou Omar Sy.

Sources : dossier de presse – laternamagica.fr – filmdeculte .com

Sources : dossier de presse

Djeca, enfant de Sarajevo Bosnie-Herzégovine/Allemagne/France/Turquie - 2012 - 1h30,

Filmographie succincte : Human Nature (2001), Eternal sunshine of the spotless mind (2004), La Science des rêves (2006), L’Épine dans le cœur (2010)

de Aida Begic, avec Marija Pikic, Ismir Gaqula…

Rahima a 23 ans, mais a-t-elle jamais été jeune ? Sa vie se déroule entre la cuisine du restaurant où elle trime (la scène d’ouverture du film dit tout) et l’appartement qu’elle partage avec son frère adolescent. Rahima ne sourit pas, ne s’exprime pas. Elle avance, sans s’arrêter

rejoindre les États-Unis en 1941. En 1961, elle propose au New Yorker de l’envoyer à Jérusalem pour couvrir le procès d’Adolf Eichmann, responsable de la déportation de millions de juifs. Les articles qu’elle publie, le livre Eichman à Jérusalem qui suivra et sa théorie de la « banalité du mal », déclenchent une énorme controverse, même auprès des siens… Hannah Arendt met en lumière une personnalité hors du commun dont les écrits sont parmi les plus importants du vingtième siècle. Rappelant son parcours (sa rencontre avec Heidegger) et sa pensée de façon très abordable, on suit le film de Margarethe Von Trotta en étant constamment passionné. Et même, ou plutôt surtout, si on ne connaît pas encore l’œuvre essentielle de cet immense philosophe, il faut s’y précipiter. JF

Colin est charmant, riche, mais aussi idéaliste et plein

fermier solitaire. Un jour, son fils vient le voir avec ses petits-enfants. Faik les met en garde contre les nomades de la région. Tandis que se déroulent les vacances, ils représentent une menace silencieuse et invisible. Pour son premier long métrage, Emin Alper a choisi de tourner dans sa région d’origine, loin du monde moderne. Son récit, entre drame, comédie noire et suspense, distille une atmosphère angoissante dans un étonnant huit-clos à ciel ouvert où tous les fantasmes sont possibles. Sans musique, filmé à l’épaule, il installe, peu à peu, une tension palpable où la violence restera hors-champ. Pour ce western en Anatolie (Emin Alper se revendique à la fois de Sergio Leone et de son compatriote Nuri Bilge Ceylan), il a reçu la mention spéciale (Meilleur premier film) à la Berlinale et les Prix du meilleur film et du meilleur scénario au festival d’Istanbul.

film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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E

parce qu’elle ne peut pas s’arrêter, même quand un homme lui avoue ses sentiments. Mais peut-elle encore faire confiance à qui que ce soit dans ce Sarajevo gris, lugubre et violent (les ambiances sonores du film sont absolument exceptionnelles) qui voudrait oublier le passé dont les orphelins comme Rahima témoignent ? Par bribes, on comprend qu’elle n’a pas toujours été cette femme voilée, mais qu’elle a frôlé la délinquance et, quand son jeune frère se met dans une situation plus que délicate, la femme insoumise qu’elle demeure va se réveiller. À première vue, un tel sujet ne paraît pas très attirant, mais soulignons qu’au delà du côté sombre, ce film offre un magnifique portrait de femme, d’une femme qui, au fond, ne se résigne pas, d’une femme debout quand même ! Ce film âpre et beau a été récompensé d’une mention spéciale du jury Un Certain Regard à Cannes. IG

Hôtel Transylvanie

3D

Les Lendemains

France – 2012 – 1h50 de Bénédicte Pagnot, avec Pauline Parigot, Pauline Acquart, Louise Szpindel, Victor Guillemot…

En quittant ses parents pour aller faire ses études, Audrey découvre un monde nouveau et complexe, celui du militantisme et de la révolte sociale. Elle rencontre des gens diversement engagés, des gens qui parfois ne mettent pas leurs actes en adéquation avec leurs paroles. Et puis vient la rencontre avec un groupe de squatteurs, une vie plus difficile mais plus intense. Et puis, les squats, vivant forcément dans une part d’illégalité, viennent les rencontres avec la police, la justice, la menace de la prison… En 1h50, Bénédicte Pagnot, dont cette première longue fiction a été remarquée au festival Premiers plans d’Angers, dresse le portrait touchant et tonifiant de personnes qui n’ont pas renoncé à leurs utopies, un portrait notamment incarné par deux actrices que l’on dit très prometteuses. Sources : mille-et-une-films.fr, ouest-France.fr

La Maison de la radio

France, Japon – 2013 – 1h43, documentaire de Nicolas Philibert.

H

Hannah Arendt

Allemagne – 2013 – 1h53, de Margarethe Von Trotta, avec Barbara Sukowa, Janet Mc Teer, Axel Milberg…

Hannah Arendt, philosophe et juive, quitte l’Allemagne en 1933. Après la France et le Portugal, elle réussira à

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Pendant six mois, le réalisateur de Être et avoir a effectué une plongée au cœur de Radio France. Construit autour d’une journée et d’une courte nuit reconstituées, le film explore ce qui échappe habituellement aux regards : les mystères et les coulisses d’un media dont Les CARNETS du STUDIO

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la matière même, le son, demeure invisible. Du Jeu des mille euros au Téléphone sonne de France Inter, de la Matinale de France Info à L’Atelier du son de France Culture, en passant par les journalistes en conférence de rédaction, ou en reportage sur le Tour de France, N. Philibert met en image ces voix qui nous sont familières, ces moments qui rythment notre quotidien et le ritualisent. « Sans voix off ou interviews, le film, rythmé, passe avec fluidité d’une situation, d’un personnage ou d’un univers à l’autre, montrant des tranches de vie, avec souvent une bonne dose d’humour. » Le Nouvel observateur. Sources : dossier de presse

Malin comme un singe Ma petite planète chérie Le Monde fantastique d’Oz Voir pages Jeune Public

Mystery France-Chine – 2012 – 1h38, de Lou Ye, avec Hao Lei, Qin Hao, Qi Xi plus…

Lu Jie et son mari Yongzhao appartiennent à la classe aisée chinoise : véhicule 4x4, maison, vêtements de luxe. Mais la jeune femme voit entrer son mari dans un hôtel avec une autre. Peu de temps après, elle est renversée par une voiture et meurt. Un policier consciencieux pense que ce n’est pas un accident. Le réalisateur de Nuit d’ivresse printanière (2009) semble annoncer ainsi un thriller assez classique, mais au fur et à mesure que l’histoire avance le spectateur se trouve pris dans un tableau sans concession de la nouvelle classe riche chinoise à travers la désintégration d’un couple. Après cinq ans de censure dans son pays, le réalisateur, sans renoncer à son indépendance, a réussi à faire accepter son film par les autorités chinoises. Gageons que Mystery sera à la hauteur de sa réputation. Sources : dossier de presse.

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Passion

USA – 2012 – 1h41, de Brian de Palma, avec Rachel McAdams, Noomi Rapace, Karoline Herfurth…

Salariées au sein de la même multinationale, Isabelle est fascinée par sa supérieure, Christine. Cette dernière profite de son ascendant sur Isabelle pour l’entraîner dans un jeu de séduction et de manipulation, de domi-

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nation et de servitude qui va mal tourner… Cette histoire vous rappelle quelque chose ? Normal, c’est la trame de Crime d’amour le dernier film d’Alain Corneau dont Passion est une variation. Mais c’est surtout le retour de Brian de Palma dont on n’avait rien vu depuis cinq longues années. Ici, à travers de grands personnages féminins, du suspense, des jeux de miroir, du trouble sexuel et une mise en scène virtuose, il retrouve tout ce qui a fait sa réputation et lui a permis de signer quelques œuvres majeures comme, entre autres, Blow out, Pulsions ou L’Impasse. Nous entraînant de coup de théâtre en coup de théâtre, Passion est une machine haletante et superbe. JF

capable de ressentir autre chose que de la cruauté. Kim Ki-duk est un réalisateur prolifique, avec ses quinze films en douze ans, qui, néanmoins, parvient toujours à nous étonner, nous remuer et à susciter notre curiosité. Ce voyage brutal et envoûtant a reçu le Lion d’or à La Mostra de Venise.

Perfect Mothers

Le Premier homme Algérie/Italie/France – 2013 – 1h41, de Gianni Amelio,

Elles ont la quarantaine, vivent dans un Eden balnéaire,

Sacré défi que d’adapter l’ultime roman – inachevé – de

France-Australie – 2013 – 1h51, de Anne Fontaine, avec Naomi Watts, Robin Wright…

se connaissent depuis toujours et vivent un rapport fusionnel avec leurs deux jeunes garçons… qui semblent des prolongements d’elles-mêmes. Les maris ne sont pas là et, sans explication mais irrésistiblement, chacune d’entre elles va nouer une relation passionnelle avec le fils de l’autre… Adapté d’un roman du Prix Nobel de littérature, Doris Lessing, Perfect mother est le premier film d’A. Fontaine en langue anglaise. On peut s’attendre à ce que la réalisatrice de Nettoyage à sec face de cette histoire de jeunes hommes séduisants et de mères désirables dans le contexte lisse de la plage et surf, un objet troublant, sulfureux, qui ne laissera pas indifférent.

Sources : premiere.fr, accreds.fr, dossier de presse

Filmographie succincte : L’Île (2000), Printemps, été, automne, hiver… et printemps (2004), Locataires (2005), L’Arc (2005), Time (2006)

+ COURT MÉTRAGE semaine du 10 au 16 avril ABCDEFGHIJKLMNOP(Q)RSTUVWXYZ France – 2011 – 6’, de Bertrand Schefer, Valérie Mréjen.

avec Jacques Gamblin, Catherine Sola, Maya Sansa, Denis Podalydès…

Camus ! Nous sommes en août 1957. Un écrivain célèbre rend visite à sa mère restée à Alger. La ville est en état de guerre. Il se souvient de ses années d’écolier et de collège, de ses amis européens et algériens et de cet instituteur qui l’a projeté vers une vie inconcevable pour un enfant né dans une famille pauvre et analphabète. Fidèle à son passé, que peut-il faire pour réconcilier ceux qui comme lui, pieds-noirs et algériens, sont nés sur le même sol, mais que le mouvement de l’histoire a transformés en ennemis héréditaires ? Construit comme un chassé-croisé de flashbacks, le film, déjà sorti en Italie, y a reçu un accueil enthousiaste. Sources : dossier de presse

Sources : dossier de presse

Petit corbeau Pierre et le loup Voir pages Jeune Public

Pieta

Corée du Sud – 2012 – 1h44 de Kim Ki-duk, avec Lee Jung-Jin, Cho Min-su…

Kang-do est recouvreur de dettes pour un mafieux. Il est aussi sans pitié qu’il est seul : abandonné à sa naissance, il n’a pas de famille, mais pas non plus d’amis. La violence est sa seule compagne, jusqu’au jour où une femme inconnue se présente à lui. Et si c’était sa mère ? Pour la première fois le doute s’installe en lui : il serait

Promised Land

USA – 2012 – 1h45, de Gus Van Sant,avec Matt Damon, John Krasinski, Rosemarie Dewitt, Frances Mc Dormand…

Steve Butler, représentant d’un grand groupe énergétique, se rend, avec sa collaboratrice, dans une petite ville de campagne. Les deux collègues sont convaincus qu’avec la crise économique qui sévit, les habitants ne pourront pas refuser leur proposition : autoriser des forages dans leurs propriétés contre rémunération. Mais les choses se compliquent lorsqu’un enseignant respecté critique le projet, soutenu par un activiste écologiste qui affronte Steve aussi bien sur le plan professionnel que sur le plan personnel… Troisième collaboration entre Gus Van Sant et Matt Damon après Will Hunting et Gerry, Promised Land a aussi été écrit par l’acteur (en collaboration avec John Kra-

sinski, autre acteur du film). Ce drame social est traité de manière très humaine, douce et sensible. La description du monde rural est attachante et dénuée de folklorisme. L’air de rien, Gus Van Sant aborde un sujet assez grave et se situe dans la lignée d’un Erin Brockovich mais sans le côté film-dossier. Mention spéciale au dernier festival de Berlin. Sources : dossier de presse

Q

Quartet

GB – 2012 – 1h38, de Dustin Hoffman, avec Maggie Smith, Tom Courtenay, Billie Connolly…

Dans une paisible maison de retraite pour musiciens, Beecham house, située dans la campagne anglaise, l’arrivée d’une ancienne diva vient troubler l’harmonie ambiante : Jean Horton, ex-femme de l’un des pensionnaires et responsable de la dissolution de leur quartet, après quelques règlements de compte, se laissera convaincre de reformer leur ensemble et de participer ainsi au gala annuel, garant de la pérennité de l’établissement. Nominée aux Golden Globes, cette comédie pleine de charme est un hymne à la vie, une leçon de dignité très british, réalisée avec finesse par un Dustin Hoffman visiblement concerné par le sujet ! Sources : IMDb.com

Queen of Montreuil

France – 2011 – 1h27 de Solveig Anspach, avec Florence Loiret-Caille, Didda Jónsdóttir, Eric Caruso, Samir Guesmi…

Agathe est complètement perdue. Elle vient de récupérer les cendres de son mari, mort brutalement d’un stupide accident de moto, en Thaïlande. De retour chez elle, à Montreuil, elle essaie de se raccrocher à son métier de réalisatrice. Comment faire pour tenir debout, alors qu’elle transporte partout l’urne funéraire, ne sachant pas quoi faire des cendres. Mais la vie réserve des surprises, des rencontres, comme un couple d’Islandais en transit, une otarie dépressive et son gardien, un grutier sympathique et un voisin jusque-là ignoré… Un nouveau départ pour Agathe ? Au moins une nouvelle façon d’appréhender la vie. Solveig Anspach signe une comédie qui s’ancre dans la réalité de la crise, du chômage, tout en rappelant que si, pour sortir de l’impasse, on ne peut compter que sur soi, savoir saisir les mains tendues, c’est aussi vivre. Sources : dossier de presse, première.fr, christoblog.net, pariscinema.org

Filmographie succincte : Haut les cœurs ! (1999), Stormy Weather (2003), Les Européens (2004), Back Soon (2007)

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R

La Religieuse

France – 2012 – 1h40, de Guillaume Nicloux, avec Pauline Etienne, Isabelle Huppert, Marc Barbé, Pascal Bongard, Agathe Bonitzer, Louise Bourgoin…

avec Emmanuelle Devos, Gabriel Byrne…

À seize ans, Suzanne aurait bien aimé vivre sa vie mais

Alix est comédienne. Entre deux représentations dans

se retrouve contrainte d’entrer dans les ordres. Confrontée à une hiérarchie religieuse intraitable, Suzanne s’y trouve des appuis, les perd, s’affronte à une mère supérieure encore plus intraitable (Louise Bourgoin !) tente un procès… Guillaume Nicloux, amateur d’ambiances polar souvent poisseuses (La Clef, Une affaire privée, Le Poulpe), signe donc ici une nouvelle adaptation du roman de Diderot, 47 ans après Rivette, son scandale et sa censure. Il se défend d’avoir tenté une charge anticléricale et se dit plus intéressé par l’ode à la liberté qu’il a sentie chez Diderot… le tout emballé dans un travail d’images très soigné, des éclairages aux cadrages en passant par les costumes et les décors.

un théâtre de Calais, elle décide de faire un aller et retour à Paris. Dans le train, un homme, seul. Des échanges de regards, du trouble, le cœur qui s’emballe. Que faire ? Le regarder partir, en sachant qu’elle ne le reverra jamais, ou franchir le pas, oser, l’aventure ? Une parenthèse ou le début d’un nouveau parcours ? Qui ne s’est jamais posé cette question ? En tous les cas, Jérôme Bonnell l’a fait et comme, en plus, il a eu le bon goût de choisir Emmanuelle Devos et le trop rare Gabriel Byrne pour être cette femme et cet homme, on ne peut qu’avoir l’envie de savoir ce que sera leur histoire.

Sources : dossier de presse

Le Repenti Film du mois, voir au dos des Carnets

S

LeBelgique/France/Irlande Temps –de l’aventure 2013 – 1h45, de Jérôme Bonnell,

Stories We Tell Canada – 2012 – 1h48, de Sarah Polley,

Sources : dossier de presse, uniFrancefilms

Filmographie succincte : Le Chignon d’Olga (2001), J’attends quelqu’un (2006), La Dame de trèfle (2008)

T

TheJaponLand of Hope – 2012 – 2h13, de Sion Sono,

The Place Beyond the Pines USA – 2013 – 2h30 – de Derek Cianfrance,

avec Isao Natsuyagi, Jun Murakami, Megumi Kagurazaka…

avec Ryan Gosling, Bradley Cooper, Eva Mendes…

Deux ans après la catastrophe nucléaire de Fukushima nous arrive du Japon un film de fiction qui met en scène une nouvelle explosion de centrale dans une préfecture fictive du Japon. Comme pour la catastrophe de 2011, les autorités tracent un périmètre de sécurité, aux limites arbitraires et absurdes. Le cinéaste s’attarde sur une famille de paysans qui vont être séparés pour toujours. Le vieux père décide de rester avec sa femme, atteinte de la maladie d’Alzheimer. Le fils et son épouse se laissent convaincre à contrecœur d’évacuer les lieux. Tourné sur les lieux de Fukushima, après de longs entretiens avec les habitants de la région, The Land of Hope, au titre provocateur, est un film plein d’humanité, sensible, qui rend hommage au courage du peuple japonais sans pathos inutile.

Cascadeur à moto, Luke fait un show de ville en ville dans une Boule de la mort. Alors qu’il passe dans une petite ville près de New-York, il découvre qu’il est père d’un enfant qu’il a eu avec un de ses anciens amours, la belle Romina. Pour subvenir aux besoins de sa nouvelle famille, il décide de se poser et devient mécanicien dans le garage de Robin. Quand ce dernier découvre les talents de pilote de Luke, il lui propose de s’en servir pour braquer des banques. Un ancien policier devenu politicien se lance alors sur ses traces. Si l’on ajoute un jeune flic ambitieux, confronté à un service de police largement corrompu, tous les ingrédients d’un thriller sont réunis servi, qui plus est, par des acteurs de premier choix.

Vendredi 12 avril, rencontre avec Jérôme Bonnel après la projection de 19h45 + COURT MÉTRAGE semaine du 17 au 23 avril) Long Distance Information

Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse, asiafilm.fr.

Treeless Mountain 08 92 68 37 01 studiocine.com

Voir pages Jeune Public

Grande-Bretagne – 2011 – 07’, de Douglas Hart, avec Peter Mullan, Caroline Paterson, Alan Tripney.

avec Rebecca Jenkins, Peter Evans, Alex Hatz…

Dans la famille Polley, on est comédien de parents en fille ! Si la parole y circule librement, même après la mort de la mère alors que Sarah a onze ans, cette dernière sent que sa véritable histoire n’est pas (seulement) celle que l’on (se) raconte, celle qui est devenue la légende familiale. Elle part donc à la recherche de la vérité sur ses origines, avec humour, tendresse et ironie, et va vivre une expérience certes douloureuse mais libératrice. Il a fallu cinq ans à la subtile et bouleversante interprète de Ma vie sans moi, pour mener à bien ce singulier projet, pas tout à fait documentaire, mais pas non plus fiction, puisque se mêlent des témoignages de proches (famille, amis), de vraies et fausses archives familiales, des films en Super 8 et en numérique… Sarah Polley en se confrontant aux mystères, aux fausses pistes, aux mensonges, et aux révélations de sa propre histoire, tend un miroir à tout un chacun et nous rappelle qu’une même histoire n’engendre pas la même perception pour tous ses protagonistes.

The Grandmasters

Soirée présentée par Denitza Bantcheva, auteure d’un livre consacré à René Clément.

Hong-Kong – 2013 – 2h, de Wong Kar-Wai, avec Zhang Ziyi, Tony Leung Chiu Wai, Chang Chen…

Biopic de Yip Man, célèbre maître d’arts martiaux qui entraîna Wing Chun, puis Bruce Lee, entre autres. L’action se passe en Chine, dans les années 30, sur fond de guerre sino-Japonaise, au moment où le maître, se sentant vieillir, cherche un remplaçant. Se greffe alors une histoire d’amour entre sa fille et un jeune prétendant au titre. Jusqu’alors apprécié pour sa vision des relations de couple, évoluant dans un contexte urbain, le réalisateur aborde là un nouveau territoire. Il a passé onze ans à faire des recherches sur l’histoire du Kung Fu et la vie du maître, plusieurs encore, à monter ce film d’action. L’esthétique est somptueuse et l’on n’abandonne pas pour autant ses thèmes de prédilection : la nostalgie, le sentiment de perte, la quête existentielle, ce qui a fait le succès, notamment, de In the mood for love, primé à Cannes en 2000. Sources : dossier de presse.

lundi 1er avril-19h30 DANS LE CADRE DU FESTIVAL INTERNATIONAL DE CINÉMA ASIATIQUE

lundi 15 avril-19h30

Chaussure à son pied de David Lean (1953) – GB Noir et blanc 1h47

Sous réserve

Le Sourire

de Serge Bourguignon, France 1958 - 20'

En présence du réalisateur.

lundi 22 avril-19h30

Brève rencontre

Entre le ciel et l’enfer

de David Lean (1945) – GB Noir et blanc 1h26

lundi 8 avril-19h30 CARTE BLANCHE À L’ASSOCIATION HENRI LANGLOIS

lundi 29 avril-19h30 CARTE BLANCHE À LA CINÉMATHÈQUE DE TOULOUSE

Quelle joie de vivre

La Campagne de Cicéron

de Akira Kurosawa (1963) – Japon Noir et blanc 2h23

de René Clément (1961) – Fr. / It. Noir et blanc 2h12

de Jacques Davila (1988) – Fr. Couleurs 1h48

programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

Sources : dossier de presse, nouveaucinema.ca, lapresse.ca

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FILM DU MOIS

LE REPENTI France/Algérie – 2012 – 1h27, de Merzak Allouache, avec Adila Bendimerad, Khaled Benaissa, Nabil Asli…

E

n Algérie, dans la région des hauts plateaux où des groupes terroristes continuent à semer la terreur, Rachid, jeune jihadiste, rend les armes grâce à la loi de « pardon et de concorde nationale ». Il bénéficie ainsi d’une amnistie, devient un « repenti » et peut revenir dans la société algérienne sans être inquiété par une condamnation. Mais comment se reconstruire quand on a été terroriste ? Agressé dans son village natal, il part en ville, trouve un emploi dans un café et tente de mener une vie normale. Le passé surgit à nouveau quand il rencontre Lakhdar, un pharmacien désespéré à qui il confie quelque chose d’immense et d’extrêmement douloureux. Comme ce secret implique aussi Djamila, l’ex-femme de Lakhdar, celui-ci lui demande de revenir pour quelques jours… Tourné dans l’urgence, avec un petit budget, Le Repenti marque le retour à son meilleur de Merzak Allouache. On est content de retrouver celui qui interrogeait déjà la société algérienne sur les maux qui la gangrènent dès 1993 avec Bab El Oued City dans lequel terrorisme et montée de l’intolérance avaient le premier rôle. Le réalisateur qui tourne depuis 1976 (le très remarqué Omar Gatlato) dit : « Aujourd’hui, les cinéastes arabes ont un devoir d’engagement dans leurs films. Un cinéaste arabe ne peut raconter une histoire d’amour comme le fai-

saient les égyptiens dans les années 1930, en occultant la société ». Dans cette œuvre rude, mais dense et prenante, Merzak Allouache nous maintient en haleine, en état d’alerte. Que recherche Rachid en prenant contact avec Lakhdar ? Que s’est-il passé pour Lakhdar et Djamila ? Utilisant ellipses et non-dits, le spectateur use de son imagination pour tenter de dénouer les liens et les événements avant que le film ne nous les dise. Cela participe au plaisir que l’on y prend malgré l’émotion forte et tragique du propos. Le Repenti explore les « années noires de l’Algérie » mais sans condamner. Épuré, audacieux, il prend de la distance avec son personnage principal et évite, quoi qu’il arrive, de le juger. Cette position sur le fil du rasoir est parfaitement tenue et donne beaucoup de puissance au film. Récompensé par le label Europa Cinémas lors de La Quinzaine des réalisateurs 2012, Le Repenti propose une vision assez terrible (comme Nabil Ayouch dans le récent Les Chevaux de Dieu) d’une jeunesse misérable et sans avenir. C’est aussi une œuvre courageuse qui montre qu’une société ne doit pas oublier et cacher, et que, si elle le fait, elle joue le même jeu que celui des oppresseurs. JF

+ court métrage semaine du 24 au 30 avril Révolution France – 2011 – 10’, de Nadia Jandeau, avec Nadia Jandeau, Sabrina Seyvecou, Jérôme Benilouz, Eléonore Pourriat, Pierre Bénézit.

LES CARNETS DU STUDIO – n°311 avril 2013 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


USA – 2013 – 1h18, documentaire de M. Linfield et A. Fothergill. Chine – 2009 – 52 mn, courts métrages de divers réalisateurs.

L’émouvante histoire du petit chimpanzé Oscar dans la forêt tropicale africaine.

À partir de 7 ans

VF

VF

Trois magnifiques récits, empruntant autant à la peinture qu’au théâtre d’ombres chinoises…

À partir de 3 ans

À partir de 4 ans

VF Chine – 2009 – 39 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

France – 2010 – 44 mn, courts métrages d’animation de Jacques-Rémy Girerd.

GB/Pologne – 2006 – 33 mn, film d’animation musical de Susie Templeton.

À partir de 6 ans

France – 2006 – 8 mn, de Pierre-Luc Granjon.

Une histoire bien connue accompagnée de la célèbre musique de Prokofiev…

Vendredi 29 à 18h, les CM2 de l’école Paul Bert présenteront ces films d’École et Cinéma. Venez nombreux partager ce moment avec eux.

sans paroles

À partir de 3 ans

Trois petites histoires idéales pour une première rencontre avec le grand écran.

Neuf courts métrages tout en couleurs et poésie, pour sensibiliser les plus petits aux questions de l’environnement.

À partir de 6 ans

VF USA/GB/Japon/RFA – 1982 – 1h32, version restaurée du film d’animation de J. Bass et A.J. Rankin.

Au cœur d’une forêt enchantée vit une licorne solitaire. Serait-elle la dernière de son espèce ? VF

À partir de 4 ans VF Japon – 2011 – 1h35, film d’animation de Masayuki Kojima.

À la mort de sa mère, Tenzin enfant de la ville va vivre avec son père au milieu des montagnes du Tibet. L’amitié d’un chien sauvage va l’aider...

Tout public à partir de 8 ans

À partir de 3 ans

Aidé par les castors, un petit corbeau original va tenter de sauver tout un village du désastre qui le menace…

3D

VF Chine – 1960 à 1985 – 35 mn, courts métrages d’animation de Te Wei, Hu Jinqing et Zhou Keqin.

Allemagne – 2013 – 1h10, film d’animation de Ute von Munchow-Pohl.

Trois histoires, tirées de contes et de proverbes anciens, mêlent peinture traditionnelle et technique du découpage rappelant les ombres chinoises. Tout public à partir de 8 ans

Tout public à partir de 7 ans

VF

Hôtel Transylvanie USA – 2013 – 1h31, de G Tartakovsky, avec les voix de Virginie Efira, Alex Goude…

Pour protéger des humains sa fille et bien d’autres monstres, Dracula s’abrite dans un hôtel. Mais arrive un jeune homme… VO

Corée du sud – 2008 – 1h26, de So Yong Kim...

La mère de Jin et de Bin part à la recherche de leur père disparu. Les fillettes sont forcées de vivre chez leur tante... Treeless Mountain est un film bouleversant, en grande partie autobiographique.

Tout public à partir de 8 ans

USA – 2013 – 2h07, de Sam Raimi...

Dans cette nouvelle adaptation du roman de L. Frank Baum, retrouvez le magicien Oscar Diggs, emporté à bord de sa montgolfière vers le pays d’Oz. VF

MERCREDI 10 À 16H, SÉANCE GRATUITE ET OUVERTE À TOUS AVEC le teaser EFFETS SPÉCIAUX tourné à l’atelier du 6 mars, les huit courts métrages de COURTS DE FÊTE en présence du jury… et une surprise ! Venez nombreux, ce sera la clôture des festivités des 50 ans pour notre Jeune Public !

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• Jack le chasseur de géants de Bryan Singer • Les Croods de Kirk DeMicco et Chris Sanders • Le Petit roi et autres contes, programme de courts métrages. Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici. . . ` la BoÎte de pandore Gabriel n’est pourtant pas vieux, mais il est ce que l’on nomme un has-been : il ne fait plus partie de la brigade criminelle, ne trouve pas d’emploi, se marginalise. Mais il n’y a pas que lui, il y a sa fille et pour elle, il va essayer de reprendre sa vie en main. Cette main tendue sera celle d’un ancien indic qui lui propose de devenir transporteur de mallettes, mallettes qu’il ne devra ouvrir sous aucun prétexte. La discrétion, le secret, l’efficacité et la prise de risque sans aucun doute, même si son commanditaire lui garantit que ces valises ne contiennent rien d’illégal, ont un prix élevé. Si l’appât du gain enivre Gabriel, les destinations étranges où le mènent ses missions et surtout les destinataires de ces colis mystérieux, vont peu à peu le dégriser et à réveiller ses instincts de fin limier. C’est le passionnant et protéiforme Jérémie Rénier (L’Enfant, Cloclo, Possessions) qui interprétera ce personnage à facettes pour Jean-Baptiste Andréa et sa Confrérie des larmes. ` deS rireS Qui SaiGnent (Bravo pour le clown interprété par Edith Piaf) Omar Sy s’apprête à interpréter le clown mythique de la fin du XIXe siècle : Chocolat. Celui qui fut premier artiste noir de la scène française, naquit à Cuba puis fut vendu comme esclave. Ayant réussi à s’échapper, il se produira donc comme clown en duo avec Footit, le clown blanc. Il mourra à 49 ans et sera inhumé dans la fosse commune des indigents à Bordeaux. C’est à lui que fait référence l’expression « être chocolat ». Une occasion pour le populaire comédien de montrer une autre facette de son talent, tout en rendant hommage à un artiste oublié et à un homme brisé. ` le CHant d’un poÈte La diva Arielle Dombasle s’apprête à repasser derrière la caméra, vingt-cinq ans après Les Pyramides bleues, avec un projet particulièrement étonnant, original. Dans Opium, en effet, elle se propose de raconter l’histoire d’amour entre Jean Cocteau et Raymond Radiguet, l’écrivain prodige du Diable au corps et du Bal du comte d’Orgel, sur le mode de la comédie musicale ! C’est le rare Grégoire Colin (Beau travail) qui donnera de la voix pour interpréter le futur réalisateur du Sang d’un poète, tandis que le jeune Samuel Mercer tentera lui de trouver la voix de Radiguet. Ils seront bien entourés puisque chanteront également : Julie Depardieu, Philippe Katerine, Valérie Donzelli, Jérémie Elkaïm, Marisa Berenson et Hélène Fillières ! Arielle la sirène ne se privera évidemment pas de quelques prestations vocales.

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et ailleurs. . .

` leS mÉtamorpHoSeS de pitt Brad Pitt est mieux que beau. C’est un excellent comédien qui peut aborder tous les styles et rire de son image : le Stetson de cow-boy (Thelma et Louise), les dents longues et acérées (Entretien avec un vampire), la tunique courte (Troie), le chewing-gum et le polo synthétique moulant (Burn After Reading), le treillis (Inglourious Basterds), pour ne citer que quelques exemples de ses métamorphoses. Il devrait prochainement arborer la toge et maîtriser l’art de s’en laver les mains, pour devenir Ponce Pilate, le préfet romain de Judée qui livra Jésus au supplice de la croix. ` liaiSon danGereuSe Nouvelle incursion dans le cinéma étranger pour Emmanuelle Béart. Cette fois, c’est l’Australie qui l’accueillera et plus précisément le Queensland, pour My Mistress premier long métrage de Stephen Lance. Elle y incarnera une femme expérimentée, adepte du sado-masochisme, qui nouera une relation passionnelle et envoûtante avec un adolescent romantique et vulnérable. De l’amour qui fait mal et qui pourrait mal tourner. ` a Star iS Born Matthias Schoenaerts (De rouille et d’os) est le nouvel acteur indispensable : en Belgique, aux États-Unis, en France et en Grande-Bretagne. Dans sa patrie d’origine, il a signé pour deux films : The Faithful pour lequel il retrouvera le réalisateur qui l’a révélé avec Bullhead, Michael R. Roskam, tandis que The Ardennes devrait se situer entre Fargo et Trainspotting, et correspondra à la première réalisation de Robin Pront. Aux États-Unis, il donnera la réplique à l’excellente Michelle Williams (My week with Marilyn) dans Suite Française de Saul Dibb (The Duchess), tandis que c’est Kate Winslet qui sera sa partenaire pour A little chaos, second film en tant que réalisateur de l’acteur britannique Alan Rickman (Raison et Sentiments). Des projets divers et différents qui devraient nous permettre de découvrir de nouvelles facettes du talent de ce comédien dont les premières prestations ont marqué ceux qui ont pu les découvrir. IG

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Bande annonce

50 ans, une bien belle fête ! Défendre les droits humains en russie : une activité à hauts risques « Les défenseurs des droits de l’Homme ne sont pas en sécurité en Russie. Si l’on est un vrai militant des droits de l’Homme on est en constante violation des lois non écrites créées par le gouvernement russe. » Cette déclaration de Natalia Estemirova, membre du Centre des droits de l’Homme : Mémorial de Grozny (Tchétchénie), en juin 2008, un an avant son assassinat, reste plus que jamais d’actualité aujourd’hui. Ces dernières années, les entraves aux activités des défenseurs des droits humains en Russie se sont généralisées et les actes d’intimidation, de harcèlement, de torture ainsi que les assassinats, fréquents, restent quasiment toujours impunis. En 2012, le caractère répressif du système Poutine a atteint son paroxysme après son retour au pouvoir à la suite d’élections législatives entachées de fraudes. L’oppression du régime sur la société civile s’est ainsi considérablement renforcée : arrestations abusives, interdiction des marches de protestation, atteintes à la Nous

liberté d’association, loi contre les ONG étrangères, contre la « propagande homosexuelle », etc. Le retour de l’expression « prisonnier politique » dans le vocabulaire quotidien ou encore la condamnation du groupe des Pussy Riot, dont deux membres sont toujours en prison, illustrent de manière effrayante l’absurdité et la violence de ces répressions. Qu’ils soient professionnels ou militants d’associations informant les populations de leurs droits, enquêtant ou dénonçant les violations des droits humains ; avocats acceptant de défendre des opposants politiques et dénonçant les procès injustes ou journalistes se battant pour la liberté de la presse, les défenseurs des droits humains jouent un rôle fondamental dans la défense des libertés publiques, notamment lorsqu’ils interpellent les autorités sur leurs manquements à ce sujet.

Vendredi 1er mars : inauguration de l’exposition au château de Tours. Jean-Patrick Gilles, premier adjoint au maire, Philippe Perol, président des Studio et Évelyne Plumecocq, artiste, organisatrice de l’expo des 13 plasticiens.

Samedi 2 mars à La Boîte à livres : Claude du Peyrat présente et dédicace son livre : Cinémas Studio de Tours, 50 ans d’aventure.

Mercredi 6 mars : soirée correspondants. Mercredi 6 mars, Jeune Public : palmarès Courts de fête présidé par le cinéaste Paul Dopff et atelier effets spéciaux avec l'association Astronef.

Comment, dans ce contexte, les défenseurs des droits humains en Russie pourront-ils continuer à faire entendre leur voix ? Quel est pour eux le prix de la liberté d’expression ? Cécile et Olivier pour Amnesty International, Daria pour les CEMEA

eN reparleroNs prochaiNemeNt…

Après les animations en salle, le public rencontre les invités autour d’un buffet. Jeudi 7 mars : Radio Béton fait son Masque.

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Mardi 5 mars, table ronde au Studio 1 sur le thème : Quel avenir pour les salles indépendantes et le cinéma art et essai ?

Vendredi 8 mars : lecture, par Bernard Pico, des nouvelles primées au palmarès du concours : Fenêtre sur courts.

Vendredi 8 mars : salle comble pendant la lecture des nouvelles primées.

Patrick Bloche Assemblée nationale

Vendredi 8 mars : après la projection de La Leçon de piano, improvisations chorégraphiques sur des musiques de films par les danseurs du CCNT.

Martin Bidou Afcae/Dire/Haut et court Association francaise des cinémas d'art & essai

Nathalie Ferrand Monique Augereau Catherine Bailhache ACC – Association des cinémas Ciné Off Acor – Association des cinémas du Centre de l'ouest pour la recherche

Philippe Perol Président des Studio

Crédits photos : Francis Bordet, Léa Couty, Michèle Dreux, Nicole Joulin, Roselyne Savard.

Boris Spire Hugues Quattrone Jean-Patrick Gille GNCR – Groupement national des CNC – Centre National du Cinéma Mairie de Tours/député cinémas de recherche Olivier Meneux Roxane Arnold Ciclic Pyramide (distributeur)

La Grande parade de La Compagnie Off, samedi, dans les rues de Tours.

Samedi 9 mars : anniversaire officiel avec, de gauche à droite : Bertrand Tavernier, Philippe Perol, président des Studio, Jean Germain, Sénateur-maire de Tours, François Bonneau, président du Conseil régional du Centre et Frédéric Thomas, président du Conseil général d’Indre-et-Loire.

Samedi, dans la nuit, Carole Lebrun sextet a conclu les réjouissances par un beau concert de jazz. Bertrand Tavernier, parrain des 50 ans, nous a accompagnés dans les diverses manifestations du samedi 9 mars.

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Courts lettrages Hitchcock de Sacha Gervasi

Le projet est ambitieux : montrer au spectateur le travail de création d’Hitchcock pour Psychose. Le résultat est une galéjade. Anthony Hopkins ne peut entrer dans son personnage (trop gros, peut-être), les gags s’enlisent… Quant au processus créateur, le réalisateur, Sacha Gervasi, semble ignorer de quoi il s’agit. Et quand il se décide, sur la fin, à montrer l’art inégalable d’Hitchcock et de son épouse sur le montage, il réussit à n’en rien montrer : les deux personnages bavardent, se disputent, s’accordent. Mais de leur travail, rien ne transparaît. L’art du grand maître du suspense se réduit à de petites trouvailles dues à différents concours de circonstances. Décevant, très décevant ! CdP Ça commence bien : on trouve Anthony Hopkins et Helen Mirren épatants. Et puis après, bah ! Outre ma déception, il est amusant de noter que l’histoire de la genèse de Psychose était comme un clin d’œil à la première projection en 1963 des Studio puisqu’il s’agissait de Psychose justement. MS Comme on ne connaît pas, ou presque, la tête d’Alma Reville, la question

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de la ressemblance physique avec son personnage ne se pose pas de la même façon pour Helen Mirren que pour les autres comédiens du film. Du coup, illusion ou pas, elle semble beaucoup plus crédible que ses collègues. JF « Film empesé, trop académique… Un Anthony Hopkins boursouflé sous des kilos de prothèses et de maquillage qui le ridiculisent… » Que la critique est sévère ! Certes le film adopte la manière de filmer des productions américaines de l’époque : c’est très bien comme ça ! Bien sûr qu’Hopkins en fait un max – mais le personnage qu’il incarne était excessif, alors tant mieux ! Oui, le réalisateur ne cesse de faire des clins d’œil au maître du suspense – humour, sarcasmes, fantasmes… Et alors ? Moi, n’en déplaise aux grincheux, j’ai appris plein de choses sur ce tournage exceptionnel, j’ai pris un grand plaisir en compagnie d’acteurs impeccables et je ne me suis pas ennuyée une seconde ! SB Excellent scénariste pour Steven Spielberg (Le Terminal, 2004), Sacha Gervasi n’arrive malheureusement pas à nous faire croire à un Hitchcock que l’on attendait beaucoup

plus pervers, sans doute inhibé par la figure du maître du suspense. EC

terrible Hitchcock pour revivre l’inoubliable scène du vrai film ! DP

L’idée de départ – reconstituer l’itinéraire tortueux et compliqué qui finit par nous donner Psychose – était excellente. Hélas, le tout s’enlise dans une espèce d’académisme figé qui manque furieusement de vie et d’inventivité. ER

Pas facile de se frotter à un mythe, même lorsque l’on est un excellent acteur, comme A. Hopkins : malgré un visage grimé et un embonpoint marqué, on est loin de la consistance d’Hitchcock, puisque c’est de lui qu’il s’agit. Ressemblance trop vague, trop floue. Et sur le fond, Hitchcock était-il ce pervers narcissique, à la recherche de La Blonde qui comblerait ses fantasmes ? Quid de son humour et de sa distance ? Nous sommes dans un univers obsessionnel où la pulsion étrangle la création. Toutefois, les autres protagonistes du film trouvent un ton juste : H. Mirren, à la fois compagne structurante et femme mûre confrontée au désir qui s’enfuit, les acteurs du film Psychose, dont S. Johansson, dotée d’une énergie lumineuse qui fait d’autant plus saillir la personnalité mortifère d’Hopkins-Hitchcock, enfin, sa secrétaire jouée par T. Colette, aussi impressionnante qu’A. Huston dans la famille Adams. Ce film? comme un teasing publicitaire, qui donne envie de retourner voir Psychose… et comme nous avons eu cette chance: quelle maîtrise! CP

Ça, c’était une incroyable bonne surprise : Hollywood soutenant les Studio en sortant en février 2013 un film en hommage à Psychose, le premier film projeté rue des Ursulines en 1963 ! Hélas, ça sent à plein nez le biopic en quête d’oscars, Hopkins est complètement momifié dans son costume adipeux, des idées scénaristiques pas très malines s’enchainent (le serial killer qui conseille Alfred dans ses rêves, l’absurde bluette entre sa femme et un scénariste au sourire publicitaire, la jalousie qui décuple la violence de la scène de la douche…) De toute cette cuisine un peu pâteuse reste peut-être une scène à sauver : lors de la première du film, le réalisateur mime cette même scène cruciale dans le hall d’entrée en entendant la musique de Bernard Herrman. Et le spectateur peut enfin s’échapper du pas

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à propos de Hitchcock

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sychose, en dehors du fait d’avoir été le premier film projeté aux Studio, est une œuvre fascinante. Une matrice qui a généré trois suites assez croquignolesques (Psychose II annonçait « Vingt-deux ans plus tard, Norman Bates revient à la maison »), un passionnant remake, presque, à l’identique par Gus Van Sant et deux séries télé du même titre, Bates Motel, l’une en 1987 imaginait que Norman léguait son motel à un camarade d’hôpital psychiatrique et l’autre, encore à venir, se base sur l’adolescence de Norman et ses relations tumultueuses avec sa mère, l’accroche publicitaire en est « Le meilleur ami d’un garçon est sa mère », tout un programme. Psychose a aussi inspiré photographes comme Mark Seliger qui, dans une série, reprenait la scène de la douche avec Marion Cotillard en Marion Crane, ainsi que de nombreux artistes contemporains. Parmi ceux-ci, James M. Parisen pour À conversation with Norman, une vidéo dans laquelle Norman se confesse à un médecin, Michael Marczewski qui dans14.7 Metre Psycho fait du film un train fantôme de cinq minutes, long travelling sur des maquettes reproduisant les décors de Psychose, ou encore Jim

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Campbell qui pour Illuminated Average #1 a fondu les 150 000 images du film en une seule. Mais l’idée la plus belle c’est sans doute Douglas Gordon pour l’étonnant 24 hours Psycho qui l’a eue. La proposition de l’artiste consiste à faire se dérouler le film sur 24 heures, dilatant le temps du suspense en un temps jamais perçu ainsi, cette idée ayant elle-même été détournée par Chris Bors qui lui a accéléré le temps pour son 24 seconds Psycho. Jusqu’à la gloire suprême ? Un film entièrement consacré à l’histoire de son tournage. Hitchcock, le film, nous propose de nous glisser dans l’intimité du couple Alfred Hitchcock/Alma Reville et d’aller dans les coulisses du tournage de ce chef d’œuvre. Jolie, et assez irrésistible invitation, c’est toujours séduisant de voir l’envers du décor, de découvrir secrets et mystères. C’est le plaisir du voyeur, le plaisir de regarder, la pulsion scopique, bref, le plaisir du cinéma. Et comme grand voyeur, Alfred Hitchcock se posait là (et si l’on en croit le film, autant dans la vie qu’à l’écran). Un film entier consacré au profond plaisir du spectateur, quel alléchant programme, même si ce n’est pas la première fois. Brian de Palma, par exemple, dans Soeurs de sang ou son très beau et très bien nommé Pulsions, jouait très habilement sur le plaisir de voir du spectateur et sur les références/hommages à Alfred Hitchcock. Et puis, Hitchcock tout de même, un tel personnage de légende ça aiguise la curiosité.

Des images du réalisateur vedette, de Janet Leigh ou d’Anthony Perkins, on en connaît des tonnes, mais, bon, quand on est dans une salle noire, assis dans son fauteuil, on est prêt à croire à tout. Seulement… on veut bien faire semblant de croire qu’Anthony Hopkins, Scarlet Johansson et James d’Arcy sont capables d’incarner leurs illustres modèles, mais ça se complique quand il faut aussi faire semblant de voir les deux derniers en Marion Crane et Norman Bates, les personnages de Psychose, et le troisième jouant son propre rôle dans une bande annonce pour la promotion de son film. Et encore, pour Scarlet Johansson et James d’Arcy ça passe à peu près, mais que dire d’Anthony Hopkins ? C’est le problème majeur du film, sous son maquillage excessif et les multiples prothèses dont on l’a affublé, il fait déguisé en permanence. On le croirait à carnaval, on dirait une caricature du génial réalisateur dans un spectacle de travestis, mais sans l’humour. Tous les films, ou presque, nous demandent d’être crédules, mais le spectateur, aussi, a ses limites. Ici, pour y croire, les efforts à faire sont trop importants. Car, non seulement Anthony Hopkins rate

complètement son incarnation, mais il n’est pas non plus aidé par le film qui brouille les pistes sans jamais choisir une façon de traiter son sujet. Comment croire qu’avec presque quarante ans de moins, Anthony Hopkins puisse être le parfait sosie du jeune Alfred que l’on aperçoit sur une photo du tournage de Woman to woman (dont il n’était que scénariste d’ailleurs) en 1923 ? Car sur cette photo c’est bien le vrai Alfred Hitchcock que l’on voit et il ressemble, bien sûr, à lui même, mais pas du tout à Anthony Hopkins l’incarnant. Et comment, encore, arriver à croire aux reproductions des affiches de Psychose placardées aux entrées des cinémas ? Parce que là c’est le contraire : on lit Janet Leigh, Anthony Perkins, mais on voit les visages de Scarlet Johansson et James d’Arcy. Le cinéma n’a pas de vocation à être réaliste mais à être vrai, c’est cette justesse qui manque singulièrement dans ce premier film de Sacha Gervasi. Dommage, car le film reste néanmoins amusant et il réussit tout de même quelque chose : l’envie de replonger dans toute l’œuvre du maître du suspense et ça, c’est déjà pas mal. JF

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Pages et images Foxfire

Foxfire *, le dernier film de Laurent Cantet, est une adaptation du roman Confessions of a girl gang, publié en 1993, signé de Joyce Carol Oates, écrivaine américaine.

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n 1996, une première adaptation du roman avait été tournée par Annette Haywood-Carter avec en rôle titre Angelina Jolie dans le rôle de Legs. Le récit était alors placé dans une époque contemporaine. Les « confessions » sont celles de Maddy, membre du gang et chargée d’en tenir le journal de bord. Devenue adulte, elle décide de raconter l’histoire, mélange de ses souvenirs d’adolescente et de ses réflexions en tant qu’adulte. Les événements ne sont pas toujours liés de manière chronologique : un élément en appelle un autre, ce qui donne vraiment l’impression d’être dans la mémoire de Maddy. Confessions d’un gang de filles relate l’histoire d’une bande de filles qui, en 1955 aux États Unis, crée une société secrète, Foxfire*, pour survivre et se venger de toutes les humiliations qu’elles subissent : le machisme, l’oppression sociale, les injustices sexistes… Elles choisissent parmi elles Legs, comme chef, et poursuivent le rêve de vivre ensemble selon les propres lois de leur gang. Elles concluent un pacte, à la vie, à la mort, fondé sur quelques principes indéfectibles : se serrer les coudes contre le machisme, vivre libre et refuser les lois du conformisme.

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Mais ce rêve va se heurter à la dure réalité. L’équipée sauvage qui les attend aura vite raison de leur idéal. Leur sulfureuse réputation leur créera plus d’un ennemi. Vols de voitures, menaces à main armée, entôlage et, pour finir, kidnapping… Tout cela finira très mal. Laurent Cantet a lu le roman alors qu’il montait Entre les murs. Ce portrait de groupe d’adolescentes dans la dérive l’a intéressé, plus particulièrement l’aspect collectif, l’aspiration au collectif, la résistance aux violences sociales, comment on s’y inscrit, le dépassement des seuls intérêts individuels pour un projet commun. L’histoire du film est très proche de celle du roman. Le réalisateur a repris mot pour mot des dialogues ainsi que des pans entiers du roman mais il n’en a pas respecté la chronologie. Il a indiqué qu’il « voulait donner forme à une restitution minutieuse de la naissance, de la vie et de l’atomisation d’une bande pour rester au plus proche de l’énergie des filles ».

tionne le gang des filles car, en un sens, il donne une image assez précise du fonctionnement de tous les groupes. L’exaltation au moment de la création. L’établissement de règles qui lui permettent d’exister. L’apparition des contraintes et des tensions nées de ces règles. L’arrivée de la seconde génération qui respecte les codes avec d’autant plus de raideur idéologique qu’elle n’était pas là au début. Enfin, le moment où les choses se délitent et où l’idéal s’abîme. » Joyce Carol Oates décrit avec précision le contexte, qui n’est pas le rêve d’or américain des années 50 mais un aspect plus sombre, moins clinquant. C’est une peinture sociale avec pour décor la réalité de la ville de Hamond qui se délite, se dégrade, les usines qui ferment, la pollution, le chômage, les graffitis contre les nègres, la richesse et la pauvreté. Elle traduit les injustices, le malheur de naître femme et pauvre dans cette Amérique aux tensions sociales criantes, le tout écrit avec talent, dans une langue juste et crue. Dans ce tableau, Joyce Carol Oates fait vivre les cinq inséparables. Dans le film comme dans le roman, on sent l’évolution de ces adolescentes paumées, malmenées par la société, victimes de parents violents ou alcooliques, abusées sexuellement pour certaines mais pleines d’une fureur de vivre. C’est l’âge où l’amitié dure toute la vie. Elles trouvent dans le gang

– leur nouvelle famille – un moyen de vivre leurs expériences au jour le jour, sans souci du futur. Fortes de leur appartenance au groupe, elles se lancent dans des actes de plus en plus violents, faisant naître la crainte autour d’elles, jusqu’à l’issue finale fatale. Enfin, les faits se déroulent dans les années 50 et pourtant ils développent quelque chose d’universel. Les problèmes évoqués restent toujours d’actualité, que ce soit la nécessité de se révolter pour les raisons répétées que sont le machisme, les inégalités sociales, l’oppression des femmes, le racisme… La révolte de ces jeunes adolescentes préfigure les luttes menées plus tard par les féministes. « Féministe, par exemple, est un mot qui n’existe simplement pas pour elles. Cette question est cruciale dans mes films : avant de parvenir à penser les choses, avant de les théoriser, comment les viton ? » interroge Laurent Cantet. Les thèmes développés dans le film comme le roman ont encore un fort écho aujourd’hui. MS * Foxfire en anglais signifie : feu follet. Le nom du gang est triplement codé, fox signifiant : renard, mais aussi, en argot américain : jolie fille, fille sexy. Filmographie sélective de L Cantet : Entre les murs en 2008, Vers le sud en 2005, L’emploi du temps en 2001, Ressources humaines en 1999.

En fait, la grande différence entre le livre et son adaptation au cinéma se trouve là. Laurent Cantet s’est focalisé sur le groupe : « Cela m’intéressait de regarder comment fonc-

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Interférences Syngué Sabour Wajda

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ous le savions déjà, la condition des femmes, que ce soit en Afghanistan ou en Arabie Saoudite, n’est guère enviable. Deux films récents, sensibles et forts, montrent de manière magistrale comment des femmes humiliées et contraintes tentent de rentrer en résistance : Syngué sabour et Wadjda. Dans les deux cas, pas de grands discours mais une société vue au microscope à travers des scènes du quotidien toutes simples, filmées avec sobriété et subtilité. L’héroïne de Syngue sabour, animée par la rage du désespoir, se libère par ce dont on l’avait toujours privé : la parole. Quant à Wadjda, elle ose, avec l’innocence de son jeune âge, la désobéissance et la ténacité. Mais au-delà de ces deux personnages magnifiques, il y a celles que l’on voit moins et qui contribuent à dresser un portrait terrifiant de la vie de ces femmes soumises en permanence aux notions de honte et d’indignité. La mère de Wadjda est de celles-là. Dans l’intimité du foyer – un intérieur confortable et cossu à l’image d’un pays riche –, on la voit séduisante, en talons hauts, jeans moulants, impeccablement maquillée. Les scènes avec sa fille y sont riches de complicité et d’affection. Pourtant dés que « son seigneur

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et maître » apparaît, elle n’est plus que la servante, la cuisinière zélée qui passe les plats par la porte. Et qu’importe s’il a décidé de la répudier et d’en épouser une autre qui lui donnera des « mâles » : elle n’existe déjà plus. En lutte constante entre le carcan des traditions et le pouvoir de ses sentiments, sa seule arme est la séduction. Et c’est tout de noir vêtue – dehors elle porte l’abaya ce long vêtement qui couvre les femmes des pieds à la tête – qu’elle sort de chez elle pour choisir la sensuelle robe rouge qui devrait faire revenir celui auquel elle est soumise… Le grand écart permanent est étourdissant. Certes la maman de Wadjda travaille à l’extérieur mais, dans un pays où les femmes n’ont pas le droit de conduire, elle est tributaire d’un chauffeur de taxi plein de ressentiments. Et quand une occasion formidable de travailler avec son amie Aïcha dans un hôpital près de chez elle se présente, elle ne peut se résoudre à apparaître à visage découvert aux milieux d’hommes et s’enfuit. Comme si l’ordre établi ne pouvait être contesté ; comme s’il fallait défendre l’enfermement dont elle est victime en assumant le rôle de sa propre geôlière… Voilà qui en dit long sur la coercition dont les femmes sont victimes, sur le poids accablant de la tradition et de l’éducation.

L’espoir viendra de Wadjda ; au début du film, sa mère lui explique que le vélo, c’est interdit aux filles et que, si elle en faisait, elle ne pourrait jamais avoir d’enfant. Mais celleci lui a répondu : « Toi tu ne peux plus avoir d’enfants, et pourtant tu ne fais pas de vélo ». Est-ce parce que maintenant délaissée par celui qui en a épousé une plus jeune et qu’elle n’a plus grand-chose à espérer pour elle qu’elle cède désormais à la détermination de sa fille ? Toujours est-il qu’elle revend la robe, objet de séduction, pour acquérir le vélo, objet de résistance… Premier (tout) petit signe d’une prise de conscience ? Le contexte est très différent dans Syngué sabour. La guerre fait rage ; les combattants sont à la porte de la maison ; la mère doit fuir avec ses deux enfants pour les mettre à l’abri, quitte à abandonner momentanément son mari mourant. C’est à l’autre bout de la ville qu’elle trouvera refuge, dans la maison close tenue par sa tante. Si cette dernière apparaît peu dans le film, autant son personnage que le lieu qu’elle habite sont chargés de symboles. Son appartement confiné est un espace chaleureux à dominante de tons rouges et or. Plongé dans une semi-pénombre grâce à l’éclairage tamisé des bougies, il représente un lieu d’apaisement. Quel contraste avec les tons bleus et la lumière blafarde de la chambre du mourant ouverte sur la guerre par la fenêtre brisée ! Comme dans Wadjda, seul l’enfermement dans un lieu clos géré par les femmes

apporte le réconfort. Le danger est à l’extérieur ; C’est là que sont les hommes ; c’est leur territoire. Dans les deux films, quand elles doivent quitter le cocon du foyer, les femmes, voilées de burkas ou d’abayas, prennent l’aspect de fantômes qui se hâtent. On a l’impression qu’elles glissent… La tante, on ne la verra jamais à l’extérieur, comme si elle ne pouvait apparaître fragilisée. Et c’est grâce à elle que l’héroïne de Syngué sabour va se révéler. Dans son appartement « maison close », espace exclusivement féminin, ce sont les hommes qui deviennent des fantômes. La tante les domine. Sa nièce s’en souviendra : pour échapper au viol que s’apprête à lui faire subir le chef combattant, elle affirme être une prostituée, donc impure… Dans les rapports qu’elle aura ensuite avec le jeune soldat résistant, c’est elle qui désormais domine. Elle a pris conscience de son pouvoir, elle qui n’en a jamais eu, de sa liberté ? Dans les deux films, la conquête de la liberté passe aussi par celle du corps (pédaler comme les garçons, ne plus être soumise dans les rapports sexuels). Dans les deux films, ce sont d’autres femmes qui ont servi de révélateurs (la jeune Wadjda et la tante). Mais au-delà des symboles inattendus d’une possible rébellion – un vélo en Arabie Saoudite, la prostitution en Afghanistan –, on ne peut qu’être impressionnés et fortement ébranlés par la détermination et l’incroyable courage de ces femmes. SB

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Rencontre Jean-Baptiste Thoret

Jean-Baptiste Thoret aux Studio © Serge Bodin

dans le cadre du partenariat Cinémathèque/Studio autour de Michael Cimino

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ans le cadre du partenariat Cinémathèque/Studio consacré à Michael Cimino, Jean-Baptiste Thoret, critique et écrivain, rencontrait le public après la projection du Canardeur, le premier long métrage du réalisateur. Michael Cimino, un nom mythique qui connut la plus grande gloire avec Voyage au bout de l’enfer et la plus grande infamie après l’échec retentissant de son film suivant, La Porte du paradis, « Le Titanic du cinéma américain des années 70 » comme le dit Jean-Baptiste Thoret.

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Cinéaste singulier n’appartenant à aucune école, son parcours ne l’est pas moins. Étudiant en design à Yale, il veut devenir architecte quand un ami lui demande de l’aider à écrire le scénario de Silent running un film de Douglas Trumbull. Pris par le virus il collabore aux scénarios de Magnum force de Ted Post et de The Rose de Mark Rydell, tout en rédigeant, déjà, La Porte du paradis (qui s’appelait encore The Johnson county war), nous sommes en 1973. Il écrit alors Thunderbolt and Lightfoot (un titre bien plus heureux que Le Canardeur), Lightfoot étant une référence au film de Douglas Sirk Captain Lightfoot -Capitaine Mystère en français. Il décide de le réaliser lui-même et avec un culot certain il envoie son scénario à Malpaso, la maison de production de la plus grande star de l’époque, Clint Eastwood. Ce dernier s’avère intéressé et veut l’acheter. Mais Michael Cimino tient bon, il refuse la vente de son histoire car il n’est pas question qu’un autre que lui passe derrière la caméra. Le film débute d’une façon atypique, Clint Eastwood lui accordant trois jours de tournage avant de donner sa réponse définitive. À sa sortie, le film est un gros succès public et Clint Eastwood, satisfait du travail accompli, lui propose un contrat de trois films que Michael Cimino... refuse. Héritier des grands classiques (et connaisseur de l’œuvre de John Ford sur le bout des doigts), il reprend souvent à son compte la

grande question des films de ce dernier, « Comment ça fonctionne une communauté ? ». Comme, par exemple, dans Voyage au bout de l’enfer mais, contrairement à son maître, c’est pour en montrer l’éclatement, son impossibilité. Tout le cinéma de Michael Cimino est ainsi, il prend des éléments connus mais les inverse, il ne va pas contre mais il est dans le retournement permanent, il est toujours au bord de son époque, jamais complètement dedans. Le Canardeur se rattache aux films de son époque tout en s’en écartant. Il prend une structure, un motif typique du cinéma américain des années 70, celle du road-movie, mais un road-movie qui finit par faire du surplace, qui se met à tourner en rond. Avant le road-movie dans le cinéma classique américain, il y a le mythe fondateur de la conquête de l’ouest, comment la frontière a reculé vers l’ouest racontée par les westerns. Le road-movie, lui, revient sur l’histoire de l’Amérique en faisant le trajet du western dans l’autre sens. Il a, ainsi, un regard critique sur l’histoire de son pays. On trouve, dans Le Canardeur, des codes connus, comme le voyage à deux ou la présence de paysages grandioses (avec des références à des images typiques de westerns comme la scène au bord du lac, même si les voitures y ont remplacé les chevaux). Il en reprend aussi l’essence, celle de la quête existentielle. Quête de soi mais aussi quête liée aux autres, à la question du peuple et à l’interrogation qui porte l’histoire de l’Amérique, « C’est quoi le peuple américain ? ». Dans les road-movies on voyage dans l’espace et on part à la rencontre des gens. Dans le cinéma classique américain cela donne des scènes qui sont des moments d’union, de communion du peuple (souvent liées au chant, Jean-Baptiste Thoret cite New-York

Miami de Franck Capra, par exemple, ou la scène finale de Voyage au bout de l’enfer), mais dans Le Canardeur, les rencontres dégénères souvent et se soldent par des conflits ou des drames. Typique de l’époque, aussi, le personnage de Lightfoot, incarné par Jeff Bridges. Il incarne l’esprit des seventies mais il ne reprend aucune de ses revendications. Et s’il incarne la jeunesse et la liberté des années soixantedix, il ne tombe que sur des « vieux », il amène du désordre mais sa jeunesse, son énergie sont fracassées par les adultes, les anciens. Comme souvent chez Michael Cimino, aucun des personnages n’est vraiment à sa place et ne se comporte comme on pourrait l’attendre (les deux truands se chamaillent et se font sermonner par un enfant, Jeff Bridges se travestit sans que cela n’amène le tas de blagues graveleuses que l’on pourrait attendre). On y retrouve aussi la question récurrente de nombre de ses films, « Comment un individu arrive-t-il à supporter le monde

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Vos critiques

qui l’entoure ? ». Pour lui, l’amitié masculine est peut-être une réponse et on peut voir le couple Robert de Niro/Christopher Walken de Voyage au bout de l’enfer, comme une continuation de celui formé par Clint Eastwood/Jeff Bridges. Ce duo est le cœur du film, et, pour Jean-Baptiste Thoret, « Un des plus beaux couples du cinéma américain », reprenant avec humour, les interprétations homo-érotiques du film (qui s’était fait taxer d’homophobe lors de sa sortie, et on se demande bien pourquoi à le revoir aujourd’hui). Michael Cimino est évidemment conscient de cette dimension et plutôt que de l’éviter, il donne toutes les armes (Lightfoot qui dit que « Ça va jaser en ville », le travestissement, les scènes de ménage entre amis, un monde sans femmes) pour voir en Thunderbolt et Lightfoot un couple homosexuel. Mais il s’en moque. Leur émouvante relation et leur trajet lui importent bien plus. Car dans Le Canardeur plus on avance dans l’espace, plus on recule dans le temps (on revient à la petite école où se trouve toujours le magot d’un ancien casse) et plus on se confronte à la mort. Quand le film s’achève, le personnage de Clint Eastwood a définitivement perdu l’idée de la jeunesse ; de son point de vue, Le Canardeur est l’histoire de ce deuil.

Mais le plus frappant, à revoir l’œuvre de Michael Cimino, est son empreinte nostalgique. « Faire du cinéma c’est inventer une nostalgie pour un passé qui n’a jamais existé » a dit le réalisateur, c’est ce qu’il s’est appliqué à faire dans tous ses films. Il a sans cesse été à la recherche d’une Amérique originelle, perdue, disparue mais qui, sans doute, n’a jamais existé. « La mélancolie c’est filmer le présent comme étant irrémédiablement perdu, comme si le présent appartenait déjà au passé » dit Jean-Baptiste Thoret en faisant référence à Luchino Visconti (autre grand mélancolique dont Michael Cimino est fan), « C’est filmer le présent avec la prescience que c’est déjà fini ». C’est ce qui confère au Canardeur, et à tous ses autres films, un voile mélancolique, même dans les scènes drôles. Cette dimension est pour beaucoup dans le grand attachement que l’on peut avoir envers son cinéma. Jean-Baptiste Thoret est brillant, très érudit et absolument passionnant à écouter. Son intervention a réussi a nous faire aimer encore plus (si c’était possible) le cinéma de Michael Cimino. Ce n’est pas un mince exploit, un grand merci à lui pour cette belle soirée. JF

la pouSSiÈre du tempS (THE DUST OF TIME) de Theo Angelopoulos […] On savait aussi ce cinéaste un virtuose de la caméra mais de très beaux moments et d’excellents acteurs ne suffisent pas à tirer ce long film de l’ennui. Quelques évocations musclées de l’underground de Berlin sortent brièvement le spectateur de sa torpeur. Alain Pasticier Peut-on balayer la poussière déposée par 50 années d’exil et d’exode vécues, entre Sibérie, Rome, Berlin… par des personnages et des générations qui, emportés par le flux de l’Histoire, se suivent semblables et différents, se réunissent, s’aiment, se séparent, se perdent, passant d’un camp à un squat ou à un hôtel de luxe en traversant les frontières et leurs contrôles toujours plus humiliants… ? À l’ampleur de cette odyssée, correspond celle des décors et des paysages, celle de la musique et, bien sûr, celle des mouvements de caméras qui nous donnent des plans magnifiques comme celui, par exemple, des escaliers de la cité Sibérienne ou celui du passage en bateau sous un pont vers la fin du film. Je ne me suis jamais ennuyé pendant les 2 heures et 5 minutes que dure La Poussière du temps qui nous parle aussi de cinéma. Monsieur HR WadJda de Haifaa Al Mansour Intelligence du propos, malice du regard, légèreté de la mise en scène qui fait de ce film aérien un petit régal… EB

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Jeff Bridges et Clint Eastwood dans Le Canardeur

[…] Un film qui, malgré la gravité du sujet traité (la condition des femmes), nous offre des scènes chaleureuses, légères, sensibles avec de nombreuses pointes d’humour et de fraîcheur. Melle GH dJanGo unCHained de Quentin Tarantino Un bijou. La musique sert parfaitement le jeu (le Hip-hop est délectable !). […] N […] Gerbes de sang voleront, corps sans vie s’écrouleront et meurtres de sangfroid proliféreront pendant plus de deux heures. Certaines scènes d’ailleurs vous mettront sans doute mal à l’aise. Mais la majorité du film est tourné dans un humour très noir et une ironie omniprésente […]. Emilio […] s’il n’oublie pas de faire une mise en scène délirante et explosive, c’est aussi la première fois que le réalisateur devient engagé. Ainsi, au delà de son regard critique de l’Histoire des Etats-Unis, Tarantino nous présente des scènes dont le ressenti émotionnel est inédit : des scènes dures, tristes, mélancoliques ou d’une cruauté presque insoutenable, au rythme des fouets qui tombent sur les esclaves. […] le film est profondément dramatique. Un virage étonnant mais réussi, grâce à une bonne mesure de ces scènes, sans pathos, et toujours rattrapés par des scènes plus joyeuses […]. ShakeAppeal

Rubrique réalisée par RS

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