01.01 au 28.01 2014

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°319 • janvier 2014


S

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janvier 2014

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4

Éditorial

CNP

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5

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5

Partenariat Cinémathèque-Studio : Milos Forman Soirée CHRU

Soirée Vague jeune

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6

Soirée Libres courts

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6

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7

Soirée Ciné-philo

LES FILMS DE A à Z en bref

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5

Horaires d’ouverture : lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

16

Cafétéria des Studio

Bande annonce .........

18

gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

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19

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

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20

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22

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24

Agroforesterie, une révolution culturelle ? Interférences

Alabama Monroe/Gabrielle

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

Tél : 02 47 20 85 77

Courts lettrages

Vénus à la fourrure Face à face

Vénus à la fourrure À propos

La Vie d’Adèle Rencontre

Yolande Moreau

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28

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

Rencontre

Aurélien Lemant

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28

Rencontre

Martin Provost . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Rencontre

Jeune Public

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

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30

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33

GNCR

34

GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

Pierre-luc Granjon Vos critiques

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

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FILM DU MOIS : FRUITVALE STATION

GRILLE PROGRAMME

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36

pages centrales

(Membre co-fondateur)

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Claude du Peyrat, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weil, avec la participation du CNP et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

« Donner envie au public d’aller voir un film raté ? C’est notre travail au quotidien ! » 1

L

a veille du jour où la Commission nationale d'aménagement commercial votait à l'unanimité en faveur du projet de complexe Davoine pour Tours Nord (fidèle en cela à son appellation : aménagement commercial) se tenait au Sénat un colloque organisé par le GNCR (Groupement national des cinémas de recherche) autour de la défense des cinémas indépendants. Nous vous livrons ci-dessous quelques unes des informations et réflexions les plus pertinentes qui soient sorties de ces débats.

La question d'un cinéma indépendant n'est pas séparable de son contexte politique. La diversité et l'exception culturelle n'ont de sens que si la culture dans son ensemble n'est pas traitée comme une marchandise et si un réseau de salles indépendantes se maintient de manière suffisamment large pour permettre l'accès de l'ensemble du public à des œuvres diverses et diversifiées. Pourtant, la situation actuelle n'est déjà pas vraiment satisfaisante puisque la moitié des films Art et Essai ne sortent que dans moins de vingt salles sur l'ensemble du territoire. L'uniformisation des circuits de distribution (quelques groupes de plusieurs centaines d'écrans chacun « trustant » 60% du total des entrées nationales (contre 50% il y a 10 ans)) va automatiquement favoriser une uniformisation des films projetés (les films américains ont ainsi représenté 60% des entrées cette année, contre 45% l'an passé). Et tout cela se double d'un assez admirable cynisme comme le montre la citation-titre de cet éditorial.

La liberté du renard libre dans le poulailler de poules libres. En admettant même que la culture puisse être conçue comme une simple marchandise, on s'aperçoit très vite que la concurrence soit disant libre est en fait foncièrement faussée, par les règles mêmes du jeu puisque 65% des films sortis chaque année sont labellisés Art et Essai, ce qui permet à de grands circuits de distribution d'obtenir des soutiens du CNC pour des films qu'ils ne projettent que pour, précisément, obtenir ces soutiens. Si l'on imagine aisément qu'il faut protéger les cultures locales contre l'uniformisation déferlant depuis des pays à fort pouvoir économique, on comprend tout aussi bien qu'il est illusoire d'imaginer qu'il puisse exister une concurrence libre et non déloyale entre des groupes totalisant plusieurs centaines d'écrans chacun2 et des indépendants disposant tout au plus de 7 écrans (ce qui est très rare !) comme les Studio. Mais on voit aussi qu'il faudrait envisager une nouvelle donne législative pour éviter que les barrières actuelles censées protéger la diversité3 ne soient, en fait, détournées de leur fonction première. C'est à cela que le GNCR travaille, qui entend faire déposer un projet de loi au printemps prochain... ER 1 Déclaration du responsable de l'un des groupes de distribution cinématographique... lefigaro.fr 2 octobre 2013. Ce n'est pas si souvent que nous citons Le Figaro dans ces pages... 2 À titre indicatif : 413 pour CGR, 983 pour Europalaces, 150 pour Ciné-alpes en 2011. 3 On peut aussi signaler qu'avec leurs 7 salles, les Studio projettent plus de films que les deux multiplexes de la ville réunis…

NB : Le gouvernement a annoncé une baisse de la TVA sur les places de cinéma (de 7 % à 5,5 %) au 1er janvier 2014. Lorsque le précédent gouvernement avait décidé d'augmenter la TVA, nous avions choisi de ne pas répercuter cette hausse, raison pour laquelle nous ne répercuterons pas cette baisse… Les CARNETS du STUDIO

n°319

janvier 2014

3


du 22 au 28 janvier

4

SEMAINE

Terres accaparées : comment résister ? 1h29’

CNP JE VEUX MA PART DE TERRE jeudi 20h00 C

I

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

1h50’

À suivre.

1h50’

14h15 L’AMOUR EST CRIME PARFAIT 19h30 UN de Arnaud et Jean-Marie Larrieu 14h15 1h31’ + court métrage 3’ 17h45 19h30 LULU FEMME mer-sam-dim

NUE

de Solveig Anspach

16h00 11h00 14h15 1h35’ 17h45 19h45

samedi à 14h15

dimanche

11h00 mercredi samedi dimanche

16h15 mercredi sam-dim

14h15 SUR LA TERRE + DES DINOSAURES 17h30 de Barry Cook

SAUF jeu-lun

14h15 17h00 LE VENT SE LÈVE 19h15 21h30 de Hayao Miyazaki À suivre. dim 11h00

2h06’ VO

Les Studio et

proposent :

Soirée LIBRES COURTS mercredi

Burlesques

19h45

UNE AUTRE VIE

dimanche

de Emmanuel Mouret À suivre.

1h52’

MÈRE ET FILS de Calin Peter Netzer

1h57’ Int. –16 ans

NYMPHOMANIAC

10e Nuit de genre

vendredi

SUPER 8 de J. J. Abrams 19h00 SOYEZ SYMPAS, REMBOBINEZ de Michel Gondry 21h30 ED WOOD de Tim Burton 23h30 Vies 37-CHRU-Studio proposent : 18e Journée nation. pour la prévention du suicide

mardi

C

I

N

1h39’

VOLUME 1

PHILOMENA

de Lars von Trier

de Stephen Frears

M

A

T

H

È

Q

U

de Marguerite Duras

14h15 2h59’ LE LOUP 17h30 DE WALL STREET de Martin Scorsese 21h00 14h30 1h57’ Int. –16 ans 19h00 NYMPHOMANIAC VOLUME 1 21h15 dim 11h00

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

1h20’

LOULOU

L’INCROYABLE SECRET de Éric Omond & Grégoire Solotareff

14h15 1h25’ 17h45 19h45 16h00

SAUF lundi mardi

ET LE FLOCON MAGIQUE

SAUF lundi mardi

de Luc Vinciguerra

dimanche

AMAZONIA

14h15 SAUF lun-mar 16h00

de Thierry Ragobert

dim 11h00

L’APPRENTI PÈRE NOËL

1h22’

11h00

SAUF lun-mar

3D

17h30

FRUITVALE STATION de Ryan Coogler

dimanche

16h15

16h15

1h25’

de Lars von Trier

11h00

1h32’

UNE CHAMBRE EN VILLE de Jacques Demy

14h30 2h00’ TEL PÈRE 17h30 TEL FILS de Hirokazu Kore-eda 21h30

14h30 21h45 dimanche

11h00

1h34’ + court métrage 3’

SUZANNE

19h45

de Katell Quillevere

1h31’ + court métrage 3’

21h30 LE GÉANT ÉGOISTE de Clio Barnard

1h41’

17h30 21h30

E

FILM lundi 24’ de Samuel Beckett 42’ 19h30 L’HOMME ATLANTIQUE

14h15 19h30

AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX de Margolzata Szumowska

17h45

I USED TO BE DARKER de Matthew Porterfield

www.studiocine.com

1h38’

LE COURS ÉTRANGE 19h30 DES CHOSES de Raphael Nadjari

1h30’ + court métrage 3’

2 AUTOMNES 3 HIVERS de Sébastien Betbeder

1h30’ + court métrage 3’

1h40’

14h30 YVES SAINT-LAURENT 21h45 de Jalil Lespert

É

CARTE BLANCHE À L’ATELIER SUPER 8 DE TOURS

LE VOYAGE D’UNE VIE 19h45 1h30’ de Maryse Chartrand Rencontre avec la réalisatrice

2014

Mercredi 1er janvier, les séances ne seront assurées qu’à partir de 17h.

mer-sam-dim

Débat animé par Fabrice Marquat

mer-sam-dim

11h00

LINNEA

1h20’ VF

À suivre.

dimanche

21h30

30’ VF

de Christina Bjork & Lena Andreson ATELIER : mercredi

de Mario Monicelli

14h00 2h14’ 16h45 19h15 12 YEARS A SLAVE 21h45 de Steve Mc Queen À suivre. dim 11h00

21h45

MINUSCULE,

DANS LE JARDIN DE MONET

LE PIGEON

lundi 19h30

du 1er au 7 janvier

1

SEMAINE

AVANT-PREMIÈRE

56’ de Frédéric Lamboulez & Jean Marie Pernelle LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES de Hélène Giraud & Thomas Szabo DÉBAT avec Cécile Leubat

N

16h00

2014

17h45 21h30

Le film imprévu www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 8 au 14 janvier

2 Comment rester parent(s) en prison ? 1h42’ VF

SEMAINE

CNP

POURQUOI ON NE PEUT PAS SE VOIR QUAND IL FAIT BEAU ? jeudi 49’DEHORS de Bernard Bellefroid

20h00 C

I

DÉBAT

N

É

avec Isabelle Laroque

M A T H È Q U E Partenariat Cinémathèque/Studio

lundi 1h25’ HOMMAGE À MILOS FORMAN 19h30 LES AMOURS D’UNE BLONDE Soirée présentée par Charlotte Garson

mardi

1h38’

19h30 1h27’ 21h15

TAKING OFF L’AS DE PIQUE

14h15 1h39’ 17h15 PHILOMENA 19h15 21h15 de Stephen Frears dim 11h00 14h15 1h40’ 17h15 19h15 YVES SAINT-LAURENT 21h15 de Jalil Lespert dim 11h00

2014

LA REINE DES NEIGES de Chris Buck & Jennifer Lee

mer-sam dimanche

14h15

CNP jeudi

dimanche

20h00

11h00

mer-sam dimanche

45’ VF

LE CORBEAU

16h00

de divers réalisateurs

11h00

ET UN DRÔLE DE MOINEAU dimanche 1h22’

17h30 AMAZONIA de Thierry Ragobert

+

mer-sam dimanche

16h15

LA MARCHE de Nabil Ben Yadir

1h25’ + court métrage 3’

FRUITVALE STATION de Ryan Coogler

19h30 dimanche

11h00

17h45 21h45 + mer-sam

dimanche

16h15

1h41’ 2h59’

LE LOUP 14h15 DE WALL STREET 19h45 de Martin Scorsese

C

I

de Marie-Monique Robin

26’

DÉBAT

N

É

M

AIME ET FAIS CE QUE TU VEUX

17h30

de Margolzata Szumowska

T

H

È

Q

U

de Peter Jackson

E

Partenariat Cinémathèque/Dante Alighieri

CYCLE CINÉMA ITALIEN EN ÉCHO À VIVA IL CINEMA !

lundi SÉDUITE ET ABANDONNÉE 19h30 1h57’ de Pietro Germi

Soirées présentées par Louis D’orazio.

14h15 1h50’ 17h15 L’AMOUR EST 19h30 UN CRIME PARFAIT 21h45 dim 11h00 de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

14h15

1h39’

PHILOMENA

19h30

de Stephen Frears

21h30 14h15 19h30

LE HOBBIT,

1h20’ VF

14h30 19h30

1h42’

CADENCES OBSTINÉES de Fanny Ardant

2h00’

TEL PÈRE TEL FILS de Hirokazu Kore-eda

www.studiocine.com

L’ESCALE

21h45

de Kaveh Bakhriari

FRUITVALE STATION

SUR LA TERRE DES DINOSAURES 16h00 de Barry Cook

1h42’ VF

LA REINE DES NEIGES

de Chris Buck & Jennifer Lee

sauf jeu

L’IMPOSSIBLE MONSIEUR BÉBÉ 1h57’ Int. –16 ans

NYMPHOMANIAC VOLUME 1 de Lars von Trier

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

jeudi lundi

dim 11h00

mardi 19h45

17h15 21h30

LE LOUP 19h45 DE WALL STREET SAUF de Martin Scorsese

14h30 1h52’ MÈRE ET FILS 19h45 de Calin Peter Netzer

14h30 1h22’ + court métrage 3’ LOVERS 19h45 STALINGRAD de Fleur Albert

17h30

17h30 sauf

2h59’

SAINT-LAURENT de Jalil Lespert

dim 11h00

Vendredi 17 janvier : rencontre avec la réalisatrice après la séance de 19h45

2h00’

Le film imprévu www.studiocine.com

dim 11h00

1h42’ 1re soirée CINÉPHILO

de Ryan Coogler

14h30 1h40’ 17h45 19h45 YVES

SAUF mardi

14h15

de Howard Hawks

1h25’

dim 11h00

1h40’ + court métrage 3’

mercredi

14h15 3D mer-sam dimanche

1h41’ + court métrage 3’

CADENCES OBSTINÉES de Fanny Ardant

14h15 19h45

VF

LA DÉSOLATION DE SMAUG VO sam-dim

avec Francis Wurtz

A

2014

2h45’

LES DÉPORTÉS DU LIBRE-ÉCHANGE

sauf lun

2h05’

14h15 1h57’ Int. –16 ans 17h15 NYMPHOMANIAC VOLUME 1 21h45 de Lars von Trier

du 15 au 21 janvier

3 Accord de partenariat transatlantique

SEMAINE

TEL PÈRE TEL FILS de Hirokazu Kore-eda

www.studiocine.com

vendredi

17h45 21h45

1h33’ + court métrage 3’

A WORLD NOT OURS 21h45 de Mahdi Fleifel

Le film imprévu www.studiocine.com

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.

Cinémas Studio – 2 rue des Ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


Terres accaparées : comment résister ? jeudi 9 janvier - 20h00 Le CNP, le CAD (Comité d’Aide aux Détenus), et la CIMADE (Coordination inter-mouvements auprès des évacués) présentent :

Comment rester parent(s) en prison ? Le maintien des liens familiaux est reconnu par la Commission européenne des Droits de l’Homme et par le Code de procédure pénale comme étant un facilitateur de réinsertion. Actuellement, en France, 80 000 enfants ont un proche incarcéré. Comment maintenir le lien parental quand on est dessaisi du quotidien ? Comment conserver ou restaurer une image positive auprès de ses enfants quand on est en prison? La présence d’enfants est pourtant un moteur puissant pour s’en sortir ! Film : Pourquoi on ne peut pas se voir dehors quand il fait beau, de B. Bellefroid (2007 – 49’). Suivi d’un débat avec Isabelle Laroque, directrice du SPIP (Service pénitentiaire d’insertion et de probation) et une psychologue intervenant en maison d’arrêt.

Film : Je veux ma part de terre, de F. Lambolez et J-M Pernelle (2013 – 56’). Suivi d’un débat avec Cécile Leuba, membre de Peuples Solidaires et du Collectif National contre l’accaparement des Terres.

jeudi 30 janvier - 18h00-23h15 Le CNP propose son FESTIVAL D’UN SOIR 2014

Quand les citoyens, citoyennes prennent l’initiative jusqu’à désobéir…

jeudi 23 janvier - 20h00

Refus de la guerre, du colonialisme, du nucléaire,du fichage, de la destruction des terres agricoles et de l’environnement, de la misère, du racisme, du capitalisme dévastateur… Depuis longtemps des citoyens, des citoyennes agissent, s’organisent et désobéissent aux lois, ordres ou mesures imposées par les pouvoirs politiques, quitte à s’en expliquer devant les tribunaux. Trois documentaires en témoigneront, et, avec Albert Ogien, nous échangerons et débattrons sur ces formes de désobéissance. DÉROULEMENT DE LA SOIRÉE : 18h – Film : La Rupture oubliée : les porteurs de valises de Hervé Hamon et Patrick Rotman (1992 - 52’) 19H : Pause-buffet 19H30 - Film : Les Enfants de Don Quichotte de Roman Dénécé, Augustin et Jean-Baptiste LEGRAND (2008 - 75’) 20H45 – Échange-débat avec Albert Ogien, chercheur en sociologie au CNRS, co-auteur du livre Pourquoi désobéir en démocratie ? 22H15 – Film : Opération Astérix (Notre-Dame des Landes) de Béatrice Turpin (2012 - 54’)

Le CNP, Peuples Solidaires, Frères des Hommes, la SEPANT (Société d’étude, de protection et d’aménagement de la nature en Touraine) et l’AED (Association échanges développement) présentent :

Billet unique pour toute la soirée aux conditions habituelles de participation aux frais du CNP. Entrée dans la salle dès 18H, ou à 19H30, ou 20H45, ou 22H15.

jeudi 16 janvier - 20h00 Le CNP, ATTAC, Les Amis du Monde diplomatique et Convergence 37 de défense et développement des Services publics présentent :

L’Accord de partenariat transatlantique (APT): retour de Dracula ? En 1998, était révélé un projet de traité secret, l’AMI (Accord multilatéral sur l’investissement), accordant aux multinationales le droit de poursuivre les États si ceux-ci, par leurs réglementations, attentaient à leurs profits. Comme la lumière sur Dracula, la révélation tua l’AMI. 15 ans après, ce monstre revient sous le nom d’APT. Comment les citoyens pourront-ils encore s’y opposer ? Film : Les déportés du Libre Échange de MarieMonique Robin (2012 – 26’). Suivi d’un débat avec Francis Wurtz, ex-député au Parlement européen.

4

Depuis plus de 40 ans, des états, des sociétés, des banques, voire des particuliers achètent des terres sur tous les continents pour y implanter des cultures de rente, les exporter vers leur pays d’origine ou faire des profits sur le marché mondial. Les paysans sont chassés des terres qu’ils cultivaient. La spéculation urbaine et les grands travaux sont la cause principale de ce déclin des surfaces agricoles. Comment résister ? Comment agir ? ICI comme LA-BAS.

– Les CARNETS du STUDIO

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janvier 2014


Partenariat Cinémathèque/Studio

Hommage à Milos Forman

M

ilos Forman est né en Tchécoslovaquie en 1932, orphelin très tôt de parents déportés et morts à Auschwitz. Il fait ses études à l’Académie du cinéma de Prague. Jusqu’à son départ, lors du Printemps de Prague, en 1968, il tourne dans son pays : L’As de pique, Les Amours d’une blonde, Au feu les pompiers. En dépit des difficultés rencontrées lors de son arrivée aux USA, il réalise Taking off en 71, puis Vol au-dessus d’un nid de coucous en 75, qui remportera cinq Oscars. Il se tourne ensuite vers la musique avec la comédie musicale Hair, puis la vie de Mozart avec Amadeus, récompensé par huit Oscars. Depuis Les Fantômes de Goya, en 2006, il n’a pas réalisé de films. CP

pianiste qui vit à Prague. Description drôle et réaliste de ce pays, avant la révolution. Soirée présentée par Charlotte Garson, critique de cinéma.

Mardi janvier 14 à 19h 30 TAKING OFF USA – 1971 - 1h38, avec Lynn Carlin, Buck Henry…

Jeannie, 15 ans fugue et part s’installer avec un musicien hippie. Ses parents essaient de comprendre leur fille, mais tandis qu’elle incarne le flower power, le début des années 70, eux sont encore accrochés à l’alcool et au strip poker ! Satire du conflit générationnel dans l’Amérique de la guerre du Viêt-Nam. CP

Mardi janvier 14 à 21h15 Lundi13 janvier à 19h30 LES AMOURS D’UNE BLONDE Tchécoslovaquie – 1965 - 1h25, avec Hana Brejchova…

Andula, jolie blonde, s’ennuie à Zruc, petite ville où elle travaille comme employée dans la gigantesque usine de chaussures. Il y a trop de femmes et les hommes qu’elle rencontre sont ceux de la garnison. Ils sont vieux, mariés ou vulgaires, aussi ne rate-t-elle pas l’occasion de tout quitter pour rejoindre un

L’AS DE PIQUE Tchécoslovaquie - 1963, avec Ladislav Jakim, P.Martinkova…

Les amours maladroites d’un garçon de 16 ans, Petr, dans les années soixante. Tandis qu’il ne rêve que de sorties et de la belle Pavla, il se heurte à des parents peu compréhensifs. Toujours traiyé avec humour, ce film est un pamphlet sur la recherche de liberté des jeunes générations, dans des pays qui changent vite.

Soirée en partenariat avec le CHRU Mardi 28 Janvier - 19h45 ans le cadre des 18es Journées nationales pour la prévention du suicide, Vies 37, CHRU de Tours et les Studio proposent de diffuser : LE VOYAGE D’UNE VIE, un film de Maryse Chartrand, inédit en France, avant d'échanger avec elle et le public. Long et beau documentaire, Le Voyage d’une vie possède son propre rythme. Il présente avec vérité, humanité et recul un événement familial tragique dont le sens est voilé. Grâce à une belle superposition de fragments d'un périple familial, de témoignages de membres

D

de la famille, de brèves mais intéressantes remarques de professionnels, on parvient à mieux cerner (sans jamais y parvenir tout à fait) la logique de ce geste. On suit avec émotion et affection, les efforts des uns et des autres pour faire face à ce traumatisme. Ce à quoi cette famille parviendra, finalement, plutôt bien. Sans doute grâce à l'engagement important de chacun, tout au long de cet autre voyage. Celui de la vie. Celui de la non résignation face au plus fort traumatisme qui soit. Les CARNETS du STUDIO

n°319

janvier 2014 –

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10e nuit de genre - Vendredi 23 janvier à partir de 19h00 Cinémarium, quand le cinéma se filme !

L

a Vague Jeune des Studio vous invite à venir fêter le vendredi 24 janvier, la dixième édition de sa célèbre Nuit du Genre. Pour cette occasion, nous avons vu les choses en grand pour vous accueillir… Que cette soirée soit la vôtre ! Encore une fois, nous nous sommes concertés pour vous concocter une soirée inoubliable. Tout d’abord quelques mots sur le thème choisi cette année : Qu’est-ce que cela veut bien vouloir dire

Cinémarium ? Il nous a paru évident de parler pour une fois de la magie du cinéma, non par les histoires qu’il peut nous délivrer mais en montrant le cinéma vu de l'intérieur. Trois films au programme : 19h00 : Super 8 - J-.J Abrams - 1h50 Alors qu’ils sont en train de filmer avec une petite caméra, des gamins sont témoins d’un

accident ferroviaire qui n’en est pas vraiment un…

21h30 : Soyez sympa rembobinez Michel Gondry - 1h34’ Deux types démagnétisent des VHS d’un loueur de video, ils s’improvisent alors cinéastes du dimanche et tentent de refaire les films à leur manière…

23h30 : Ed Wood - Tim Burton - 2h L’histoire du pire cinéaste qu’Hollywood ait pu connaître… Tarif du Pass Nuit : 9 € abonné Studio/14,70 € non abonné - séance unique au tarif habituel des Studio. Buvette par nos soins. (Et toujours notre fameux cocktail bleu !)

Mercredi 22 janvier-19h45 : Soirée libres courts Les Studio et Ciclic proposent une rafraîchissante plongée dans le cinéma toujours jeune et jubilatoire de Chaplin, Keaton et Pierre Étaix, en présence de Fabrice Marquat, de l'Agence du court métrage.

En pleine forme de Pierre Étaix – France – 1971 – 12'

Un jeune homme fuit la ville et cherche une place dans un camping. Mais dans quel camp est-il tombé ? Et comment en sortir ? Réjouissant retour dans la France des années 60.

Charlot fait une cure de Charlie Chaplin – États-Unis – 1917 – 17'

Charlot, un vrai poivrot, vient faire une cure thermale, mais il éprouve une répulsion certaine pour l'eau. A peine a-t-il échappé aux mains d'un masseur sadique qu'il découvre que sa précieuse collection de bouteilles a été vidée dans la source... pour la plus grande joie des curistes !

Rupture de Pierre Etaix – France – 1961 – 11'

Un homme reçoit une lettre de rupture de sa bien-aimée qui lui renvoie sa photo déchirée.

6

– Les CARNETS du STUDIO

n°319

janvier 2014

L'amoureux blessé décide de répondre à cette missive. Stylo à encre, porte-plume, table de travail, timbres-poste, papier et encrier deviennent diaboliquement récalcitrants, y compris le fauteuil à bascule...

La Maison démontable de Buster Keaton – États-Unis - 1920 - 22'

Un jeune couple se fait offrir une maison en kit. Il ne reste plus qu'à la monter. Ce serait facile si un rival n'avait pas inversé les numéros des caisses.

Heureux anniversaire de Pierre Étaix & Jean-Claude Carrière France – 1962 – 12'

Elle dresse la table, elle l'attend. C'est leur anniversaire de mariage. De son côté, il achète des fleurs, un cadeau, il se hâte. Mais la ville tout entière, ce jour-là, semble avoir comploté contre ce jour de fête.


Cinéphilo Mardi 21 janvier-19h45 : L’Impossible M. Bébé l pourrait sembler naturel, en France, d’aborder philosophiquement L’Impossible M. Bébé (Howard Hawks, 1938) à l’aide des concepts définis par Bergson dans son étude fameuse de la signification du comique, tant on peut y retrouver « les artifices usuels de la comédie, la répétition périodique d’un mot ou d’une scène, l’interversion symétrique des rôles, le développement géométrique des quiproquos, et beaucoup d’autres jeux encore… »1 C’est pourtant à partir des réflexions de Wittgenstein sur ce que c’est que suivre une règle que l’exposé voudrait montrer comment « [u]n film américain, bête et naïf, peut, malgré toute sa bêtise, et même grâce à elle, nous apprendre quelque chose. »12 En tant qu’il exprime un certain scepticisme dirigé contre le langage, le film

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a en effet des vertus prophylactiques. Cependant, dans la mesure où ce scepticisme provient en partie d’une certaine conception du langage, elle-même solidaire d’une certaine conception du mariage, la lecture philosophique du film peut aussi constituer un exercice spirituel relevant du perfectionnisme moral dont Stanley Cavell a révélé l’existence à partir de son étude du genre de la « comédie du remariage »3, un genre qui compte L’Impossible M. Bébé parmi ses membres éminents. Bergson, Le Rire. Essai sur la signification du comique, Paris, PUF, 1975 (1900), p. 27-28 2 Wittgenstein, Remarques mêlées, trad. fr. G. Granel, Paris, GF Flammarion, 2002 (1984), p. 124. 3 Stanley Cavell, À la recherche du bonheur, trad. fr. C. Fournier et S. Laugier, Paris, Les Cahiers du cinéma, 1993. 1

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES, AU MOIS DE JANVIER

2014 :

• Trios de Carla Bley, Andy Sheppard, Steve Swallow (studio 1-2-4-5-6) • Aventine de Agnes Obel

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

CYCLE DE COURTS MÉTRAGES D’ISABELLA ROSSELLINI : Mammas France – 2013 – 10 fois 3’, d’Isabella Rossellini, avec Isabella Rossellini.

Mammas est une série créée pour la chaîne de télévision Arte par Isabella Rossellini. La version cinéma regroupe des épisodes, qui racontent la maternité du point de vue d’un animal. À travers des portraits ludiques de plusieurs espèces, l’actrice-réalisatrice interroge les idées reçues sur la maternité en général. « Si j’étais une guêpe… je n’aurais plus besoin

d’électroménager comme ce frigo ! » Isabella Rossellini les fait vivre avec la fantaisie qu’on lui connait, faisant rire du décalage qu’elle crée entre le discours scientifique et sa mise en scène. Chaque court-métrage est présenté ce mois-ci aux Studio en avant-programme de longsmétrages.

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2 automnes, 3 hivers France – 2013 – 1h30, de Sébastien Betbeder, avec Vincent Macaigne, Maud Wyler, Bastien Bouillon...

À trente-trois ans, Arman a décidé de changer de vie. Pour débuter, il se met à la course et, dans un parc, percute, littéralement, Amélie... C’est le début d’une histoire aux multiples chapitres que l’on va suivre, comme le titre l’indique, pendant cinq saisons. Au départ, on craint un film un peu trop branché avec des tics qui envahissent parfois le jeune cinéma français ; le doute disparaît très vite. Deux automnes, trois hivers nous entraîne, nous séduit par sa construction astucieuse, ses personnages attachants et son humour omniprésent. Et plus le film avance, plus il nous emporte, nous touche. Son ton volontiers badin est l’élégance qui permet de traiter sérieusement les moments graves sans y faire peser de l’esprit de sérieux. Jamais lourd mais infiniment poignant et avec des moments de grâce, comme celui qui utilise la chanson Il est trop tard de Georges Moustaki. On sort de Deux automnes, trois hivers le cœur gros et serré tout en se sentant léger. Sacrée prouesse. JF + COURT MÉTRAGE : Le Pluvier (voir p. 7) semaine du 1er au 7 janvier 2014

12 Years a Slave

USA – 2013 - 15 de Steve McQueen, avec Chiwetel Ejiofor, MichaelFassbender, Brad Pitt, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti...

1841, nord-est des États-Unis, dans l’état de New-York, l’esclavage a été aboli. Solomon est musicien et vit paisiblement avec sa famille. Engagé par un cirque ambulant pour jouer du violon, il est kidnappé, déporté dans le sud et vendu comme esclave. Son calvaire va durer douze ans... Depuis Hunger et Shame, Steve McQueen est un cinéaste sur lequel on compte. En réalisant

cette fresque tirée d’une histoire vraie, il ne s’est pas laissé plomber par l’ampleur de son sujet et n’a pas renoncé à ses ambitions cinématographiques. Les échos parlent d’un plan séquence aussi impressionnant que pour la scène centrale, et inoubliable, de Hunger. Très chaleureusement accueilli dans les festivals de Toronto et de Venise, le film ressemble à un accomplissement pour son auteur. De plus, au milieu d’une distribution quatre étoiles, il offre le rôle de sa vie à Chiwetel Ejiofor. Déjà très talentueux dans Dirty pretty things de Stephen Frears ou Les Fils de l’homme d’Alfonso Cuaron mais encore assez mal connu, il est, paraît-il, exceptionnel. Sources : dossier de presse.

AimePologneet– 2013 fais ce que tu veux – 1h41, de Malgoska Szumowska, avec Andrzej Chyra, Mateusz Kosciukiewicz…

Au sein de sa paroisse rurale, le Père Adam s’occupe d’un foyer qui accueille de jeunes hommes. Son charisme et son dévouement génèrent l’admiration de tous. Animé par une foi authentique, Adam est pourtant tenaillé intérieurement, étant attiré par Lukasz, l’un des garçons du centre. Entre son sentiment de culpabilité et son attirance, Adam mène une lutte afin de réprimer cet amour naissant. Après 33 Scenes From Life (2008) et Elles (2012), la réalisatrice, formée à la fameuse École du cinéma de Łódz, a reçu pour Aime et fais ce que tu veux le Teddy Award au Festival de Berlin. M. Szumowska a voulu évoquer la solitude du prêtre, son besoin d’amour, tout en montrant l’humanité des personnages et s’abstenant de les juger. Pari réussi – et avec habileté – soutenu par un superbe duo d’acteurs, qui confère davantage d’intensité au dilemme. Quant à savoir comment résonnera la parole de Saint Augustin ? RS

Les fiches paraphées correspondent à des textes dont le rédacteur a vu le film

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Amazonia

sions, et celle d’un monde contemporain et plus sophistiqué.

France – 2013 – de Thierry Ragobert

Sources : dossier de presse

Un accident d’avion laisse un jeune singe perdu dans la forêt amazonienne. Né en captivité, il n’est guère armé pour la survie dans la vraie jungle. Sa seule solution pour survivre serait de retrouver une tribu à laquelle il pourrait s’intégrer, mais encore faudrait-il qu’il puisse s’en faire accepter. On a compris: il ne s’agit pas d’un documentaire au sens strict mais bien d’une fiction animalière tournée en décors naturels, une fiction dont les héros et les personnages secondaires sont des animaux, mais dont il ne faudrait surtout pas exclure le formidable partenaire que constitue la jungle amazonienne, peut-être l’un des plus remarquables terrains de jeux qui soient pour un photographe... Sources: telerama.fr

Voir pages Jeune Public

L’Amour est un crime presque parfait France – 2013 – 1h51, de Jean-Marie et Arnaud Larrieu, avec Mathieu Amalric, Karin Viard, Maïwenn…

Professeur de littérature à l’université de Lausanne, Marc a la réputation de collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes. Quelques jours après la disparition de la plus brillante d’entre elles, qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle-fille disparue... C’est le retour des frères Larrieu, quatre ans après leur dernier long-métrage, Les Derniers jours du monde, réunissant déjà Mathieu Amalric et Karin Viard. L’Amour est un crime parfait est l’adaptation du roman de Philippe Djian, Incidences (2010). Même si les thématiques amoureuses ont souvent été développées dans leurs précédents films, la présence centrale d’un certain érotisme est relativement nouvelle, et porte les allers-retours entre la représentation d’un monde primitif, de pul-

L’Apprenti Père Noël et le flocon magique

Voir pages Jeune Public

A World Not Ours GB - Liban – 2012 – 1h33, documentaire de Mahdi Fleifel

Mahdi est né dans un camp de réfugiés palestiniens nommé Ain al-Hilweh, au sud Liban, a grandi au Quatar avant que ses parents ne choisissent d’émigrer au Danemark. Mais tous les étés, Mahdi revenait à Ain al-Hilweh retrouver la famille, les amis et comme son père avait une obsession, tout filmer avec sa petite caméra, Mahdi a continué… Au fil des ans, il nous livre à un portrait attachant, drôle et désespéré de la situation de réfugiés palestiniens : sans avenir, sans travail, sans passion autre que le football (les coupes du monde y sont vécus avec une fièvre incroyable). Des vies par procuration devant leur écran (de télé ou d’ordi), à fumer leurs cigarettes en blaguant… Son documentaire a reçu L’Objectif d’or du Festival international du film documentaire de Bruxelles. Le jury a été séduit par la « représentation frappante » de ce camp de réfugiés palestiniens, « à travers une construction intelligente d’histoires humaines, avec leurs anxiétés, leurs peurs et leurs espoirs ». DP + COURT MÉTRAGE : L’Araignée (voir p. 7) semaine du 5 au 21 janvier

Cadences obstinées France – 2014 – 1h41, de Fanny Ardant, avec Asia Argento, Franco Nero, Gérard Depardieu…

C

Après Cendres et sang en 2009, Fanny Ardant signe son second long métrage en tant que réalisatrice. Cadences obstinées nous entraîne sur les chemins de la passion

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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amoureuse, obstinée, dévastatrice. Margo, violoncelliste, a abandonné sa brillante carrière pour Furio qui doit achever la restauration d’un hôtel dans des conditions impossibles. Alors que la date d’inauguration approche, tensions et obstacles s’accumulent. Elle, s’accroche à un amour usé et tente de reconquérir l’homme pour lequel elle a tout quitté ; lui est accaparé par un contrat à remplir… Le film procède par des ruptures de ton qui témoignent de l’état pulsionnel de l’héroïne. Et celle-ci ressemble tellement à la réalisatrice (qui confesse avoir influencé l’actrice pour obtenir ce résultat) qu’on a l’impression que Fanny Ardant a réalisé une sorte d’autoportrait… Sources : dossier de presse.

+ COURT MÉTRAGE : La Guêpe (voir p. 7) semaine du 15 au 21 janvier

Le Corbeau et un drôle de moineau Voir pages Jeune Public

Le Cours étrange des choses France/Israël - 2013 - 1h40, de Raphaël Nadjari,

L’Escale Grèce/Suisse/France – 1h40 documentaire de Kaveh Bakhtiari

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À Athènes, Amir, un immigré iranien, a fait de son appartement un lieu de refuge temporaire (une « escale ») pour des migrants qui ont quitté leur pays. Rares sont ceux qui envisagent de rester en Grèce : dans l’ensemble, tous veulent partir pour l’Europe occidentale. Mais, bien sûr, les papiers traînent, il faut de l’argent pour les passeurs... bref, le quotidien de ces spectres qui hantent l’Europe, ces immigrés illégaux, clandestins et dont on ne parle guère que lorsque survient un drame... C’est d’ailleurs l’un de ces drames, évité de justesse qui fournit une partie de la structure du film : deux cousins devraient se retrouver, l’un s’apprête à présenter un film lors d’un festival au moment même où l’autre manque de se noyer en tentant de rejoindre l’île de Samos... Au moins autant que la clandestinité, c’est aussi la désillusion que le réalisateur déclare avoir voulu mettre au centre de son film. Sources : dossier de presse

+ COURT MÉTRAGE : Le Coucou(voir p. 7) semaine du 8 au 14 janvier 2014

avec Ori Pfeffer, Moni Moshonov, Michaela Eshet…

Saul court quand il déprime. Depuis quelques temps, il passe beaucoup de temps à courir, car entre son divorce et son job de secrétaire de nuit dans un centre médical, il n’y a pas matière à se réjouir. Mais, sur un coup de tête, il décide de rendre visite à son père qu’il n’a pas vu depuis cinq ans et envers lequel il éprouve une rancune : son père serait en partie responsable de ses déboires existentiels. Haïfa va donc devenir le théâtre de retrouvailles plutôt grinçantes. Pourtant, entre déceptions, surprises, petits drames et situations burlesques, notamment en découvrant un père plein de vitalité et d’envies, Saul va peu à peu sortir de son marasme, (re)faire connaissance avec lui-même et avec les autres et reprendre sa vie en main. Sources: Studio CinéLive n°55, Télérama.fr

Filmographie sélective : The Shade (1999), I’m Josh Polonski’s brother (2001)

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Le Géant égoïste

Grande-Bretagne – 2013 – 1h31, de Clio Barnard, avec Conner Chapman, Shaun Thomas, Sean Gilder...

Arbor et Swifty, deux adolescents, vivent à Bradford, une ville défavorisée du nord de l’Angleterre. Exclus de l’école, ils décident de gagner de l’argent. Avec une carriole et un cheval, ils collectent du métal pour le compte de Kitten, le ferrailleur. Si Arbor est fasciné par l’argent et en veut toujours plus, Swifty lui est attiré par les chevaux et prend part à des courses clandestines organisées par Kitten. Comme aucun des deux adolescents ne sait agir sans excès, leur amitié s’en trouve écartelée... jusqu’au drame. Pour cette libre adaptation d’un conte d’Oscar Wilde, Clio Barnard donne une vision très dure de la société britannique, dans la veine de l’école réaliste anglaise à la Ken Loach. Vous ne pourrez qu’être émus et bouleversés par le ton violent, poignant et juste des deux

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jeunes protagonistes du Géant égoïste qui a reçu 4 prix et 2 nominations aux festivals de Cannes et Dinard 2013. MS + COURT MÉTRAGE : Le Poisson (voir p. 7) du1er au 7 janvier 2014

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LeUSAHobbit , la désolation de Smaug – 2013 – 2h40, VO, VF de Peter Jackson, avec Elijah Wood, Cate Blanchett, Christopher Lee…

Ce deuxième épisode de la trilogie The Hobbit (le premier sorti en décembre 2012, le troisième attendu en décembre 2014) raconte la suite de la quête du hobbit Bilbon Sacquet, du magicien Gandalf le Gris et de la troupe de nains partis reconquérir le royaume d’Erebor détruit par le dragon Smaug. De multiples dangers les attendent avant l’affrontement final avec la terrifiante créature. On peut s’attendre à retrouver dans ce film tout ce qui a fait l’attrait des films précédents de Peter Jackson inspirés de Tolkien : casting soigné, mise en scène spectaculaire, images somptueuses et une réelle capacité à donner corps de façon convaincante, parfois même inoubliable, à des personnages de roman. Le Hobbit ou comment réveiller en chaque spectateur sa part d’enfance et de rêve… Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

I

ment que l’on s’y attarde. N’ayez pas peur d’être déconcertés, soyez curieux ; en bonus, vous aurez même droit, dans la première scène, à l’apparition d’une certaine AE, avant qu’elle n’explose. JF + COURT MÉTRAGE : Le Coléoptère (voir p. 7) semaine du 1er au 7 janvier 2014

I Used To Be Darker USA – 2013 – 1h30, de Matt Porterfield, avec Deragh Campbell, Hannah Gross, Ned Oldham, Kim Taylor...

Taryn fuit l’Irlande pour aller se réfugier, à Baltimore, chez Kim et Bill, son oncle et sa tante musiciens. Mais ces derniers sont en pleine séparation... On a découvert Matt Porterfield il y a deux ans avec l’étrange et beau Putty hill. S’éloignant toujours des codes convenus, il part d’une intrigue qui refuse constamment d’en être une au sens habituel du terme. Dégagé d’artifices et grâce à l’attention portée aux personnages, on a l’impression, rare, que ceux-ci sont réellement écoutés. Est-ce grâce au mélange, comme dans Putty Hill, de fiction et de réel ? Car l’oncle et la tante sont joués par Kim Taylor et Ned Oldham, musiciens professionnels et reconnus. I Used To Be Darker mérite vrai-

Linnea dans le jardin de Monet

L

Loulou, l’incroyable secret Voir pages Jeune Public

Le Loup de Wall Street

USA – 2013 – 2h45, de Martin Scorsese, avec Leonardo Di Caprio, Margot Robbie, Mathew McConaughey, Jonah Hill, Jean Dujardin…

À 26 ans, Jordan Belfort est un peu triste: l’année passée il n’a pas tout à fait gagné un million de dollars par mois… Voilà… tout ou presque est dit : arriviste et cynique, le personnage central n’inspire pas vraiment une sympathie sans bornes… D’autant plus que, bien sûr, il est difficile de gagner autant d’argent sans tricher un minimum et sans devenir un peu fou. Pour cette nouvelle collaboration avec L. Di Caprio, M. Scorsese nous livre donc une histoire de fous, de faux, de tricheurs mais aussi de drogue et peut-être même un peu de sexe pour faire bonne mesure. Tous domaines dans lesquels Scorsese a déjà maintes fois prouvé qu’il excelle. Tous les espoirs sont donc permis pour nous, spectateurs, avant l’arrivée très attendue de ce loup de la finance. Un dernier détail tout de même : cette fiction s’appuie sur les mémoires d’un certain Jordan Belfort, qui brilla au firmament de Wall Street avant d’aller faire un petit séjour en prison. Sources : imdb.com

Lulu, femme nue

France – 2013 – 1h32, de Solveig Anspach, avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac, Corinne Masiero...

Après un entretien d’embauche raté, un peu déboussolée, Lulu quitte tout, son mari et ses trois enfants, et s’octroie quelques jours de

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges. Les CARNETS du STUDIO

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solitude et de liberté au bord de l’Atlantique. Elle y rencontrera des personnages tout simples et hors du commun qui vont l’aider à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même. Auteur de nombreux documentaires (dont Made in USA qui lui avait valu le Prix François Chalais), Solveig Anspach avait déjà travaillé avec Karin Viard dans le magnifique Haut les cœurs [nbsp] ! (99) avant de tourner plusieurs films entre la France et l’Islande [nbsp]: Stormy Weather (03), Back Soon (07) et le très réussi Queen of Montreuil (13). Elle a choisi d’adapter une bande dessinée d’Étienne Davodeau, l’un des plus brillants auteurs de la nouvelle BD, couvert de prix, lui aussi entre les récits documentaires (Les Mauvaises gens, Les Ignorants) et les récits de pure fiction. Ce nouveau film avec Karin Viard, à la fois grave et drôle, frôlant parfois le burlesque même, est l’occasion pour Solveig Anspach de prouver encore qu’elle est une excellente raconteuse d’histoires, une superbe directrice d’acteurs, bref : une excellente cinéaste. ER + COURT MÉTRAGE : L’Instint maternel (voir p. 7) semaine 22 au 28 janvier

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La Marche

France – 2013 – 2h05, de Nabil Ben Yadir, avec Olivier Gourmet, Tewfik Jallab, Vincent Rottiers…

Suite à une bavure policière, des jeunes de cités décident de se lancer dans une marche pacifique entre Marseille et Paris pour dénoncer l’inégalité dont sont victimes les personnes issues de l’immigration. Au départ, ce projet n’arrive à convaincre qu’une bande restreinte de marcheurs. Au fur et à mesure de l’ascension vers Paris, cette initiative prend de l’ampleur grâce à une véritable ferveur populaire, relayée par les médias. À leur arrivée plus de 100 000 personnes se sont joints à eux, venus de tous horizons.… Après son premier long métrage, Les Barons (2010), Nabil Ben Yadir a su rendre avec une vibrante sincérité l’énergie de ces pèlerins, des gens ordinaires, hommes et femmes, arabes ou pas, que leur engagement rend héroïques. Le film surprend par sa franchise, ses éclairs

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de violence. Et les images d’archives, parfaitement intégrées, rappellent une époque où les crimes racistes faisaient l’ouverture des journaux télévisés. Sources : telerama.fr

Mère et fils

Roumanie – 2013 – 1h52, de Calin Peter Netzer, avec Luminita Gheorghiu, Bogdan Dumitrache, Ilinca Goia…

Cornelia, 60 ans, mène une vie privilégiée à Bucarest, entourée de ses amis riches et puissants. Pourtant, les relations tendues qu’elle entretient avec son fils, 34 ans, la tourmentent. Celui-ci repousse autant qu’il peut la présence d’une mère possessive. Quand Cornelia apprend qu’il est impliqué dans un accident de voiture qui a coûté la vie à un enfant, elle va utiliser toute son influence pour le sortir de cette situation où il risque une sévère peine de prison. Mais l’enfer du fils est pavé des bonnes intentions de sa mère. La frontière entre amour maternel et manipulation est mince… La caméra de Netzer est mobile, ses plans sont vifs, même si c’est un film d’intérieur, tourné essentiellement dans des espaces clos, souvent étroits, confinés. Figure montante de l’école roumaine, Calin Peter Netzer a réalisé en 2003 son premier long métrage, Maria, Prix Spécial du Jury au Festival international du film de Locarno. Après Metal of Honor, son deuxième film sorti en 2009, il a remporté cette année l’Ours d’or au festival de Berlin pour Mère et fils. Le film est en compétition pour l’Oscar du meilleur film étranger. Sources : dossiers de presse.

Minuscule,

la vallée des fourmis perdues Voir pages Jeune Public

Nymphomaniac

France-Belgique-Allemagne-Danemark – Interdit aux moins de 16 ans – 2013 – 1h57, de Lars Von Trier, avec Charlotte Gainsbourg, Stacy Martin, Shia Labeuf…

Rouée de coups, Joe est retrouvée dans une ruelle par un vieux célibataire qui la soigne et lui fait raconter son parcours érotique, de la naissance à l’âge de 50 ans. Lars Von Trier le narre en 8 chapitres, découpés en 2 films pré-

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sentés en janvier 2014. Une campagne marketing sulfureuse accentue la réputation du réalisateur qui franchit encore un cran dans l’ostentation de la vie sexuelle, sans omettre les pratiques sado-masochistes ni les scènes pornographiques, à tel point que Youtube a censuré la première bande-annonce. Sources : dossier de presse.

P

Philomena

GB – 2013 – 1h38, de Stephen Frears, avec Steve Coogan, Judi Dench, Sophie Kennedy Clark...

Un journaliste blasé et las des choses de ce monde tombe un peu par hasard sur une dame assez âgée qui, sur le tard, recherche le fils qu’elle a eu il y a déjà bien longtemps. Il faut dire qu’elle a quelques excuses puisque, cette enfant ayant été conçue (horresco referens...) hors mariage, la mère avait été aussitôt confiée à un couvent, où elle était restée enfermée de nombreuses années... Il y a tout dans ce film pour en faire un mélo ruisselant d’apitoiement, tout, oui, mais il y a aussi la patte de Stephen Frears (My Beautiful Laundrette, Sammy et Rosie s’envoient en l’air, Prick Up Your Ears, Les Liaisons dangereuses...) qui n’a jamais donné dans la larme ou l’attendrissement. Et il y a aussi l’humour souvent décalé de son scénariste et acteur principal, Steve Coogan. Et puis aussi la toujours admirable Judi Dench, qui pourrait bien ici avoir trouvé LE grand rôle de sa carrière et se faire connaître du grand public pour un autre rôle que celui qu’elle a tenu dans maints James Bond... Le tout, très chaleureusement salué par la critique anglo-saxonne, s’annonce plus que prometteur... Sources : nytimes.com,

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La Reine des neiges Voir pages Jeune Public

Stalingrad Lovers

France – 2012 – 1h22, de Fleur Albert, avec Jean-Patrick Kone, Carole Eugénie, Jean-Paul Edwiges…

Mehdi fut dealer, un dealer connu et reconnu. Aujourd’hui, Mehdi est mort. Son ami Isaïe,

entend bien honorer la promesse qu’il lui avait faite de faire revenir son corps au pays. On aura donc compris que le Stalingrad dont il est question ici n’est pas celui qui connut un siège hivernal infernal, mais, plus proche de nous, celui du 19e arrondissement, là où l’on trouvera plus de squats et de toxicos que de chars nazis ou de snipers gelés. Fleur Albert semble avoir signé ici un film fort, sans artifices et très près de la réalité qu’elle entend porter à l’écran, ce qui n’est pas très étonnant lorsque l’on sait qu’elle a déjà signé plusieurs documentaires, notamment musicaux. Sources : cinelive.com, avoiralire.com + COURT MÉTRAGE Le Crapaud du Surinam (voir p. 7) semaine du 15 au 21 janvier Vendredi 17 janvier, les Studio proposent, en partenariat avec Ciclic, une rencontre après la séance de 19h45 avec Fleur Albert, la réalisatrice.

Sur la terre des dinosaures Voir pages Jeune Public

Suzanne

France – 2013 – 1h34, de Katell Quillévéré, avec Sara Forestier, François Damiens, Adèle Haenel...

Depuis la mort de leur mère, Suzanne vit avec son père camionneur et sa sœur. Un jour, elle tombe amoureuse et abandonne tout... Le destin de Suzanne est celui d’une amoureuse, aveuglée, peut-être, mais toujours sincère, jamais calculatrice, jamais manipulatrice. Pour elle, trouver sa place, un équilibre, est un chemin difficile. Katell Quillévéré l’accompagne, elle reste proche de son personnage tout en se gardant de prendre parti pour ou contre elle. Ce très beau film confirme tout le bien que l’on pouvait penser de sa réalisatrice après Un poison violent, qui posait déjà la question de l’engagement en amour. Et la distribution est hors pair. Autour des excellents François Damiens et Adèle Haenel, Sarah Forestier contredit tous ceux qui voudraient la réduire à une jeune actrice tchatcheuse et énervante. Après avoir été déjà

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incroyable dans Mes séances de lutte de Jacques Doillon le mois dernier, elle montre ici une capacité à l’introspection, à la sobriété, très impressionnantes. JF + COURT MÉTRAGE : Le Hamster (voir p. 7) semaine du 1er au 7 janvier

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Tel père, tel fils

Japon – 2013 – 2h00, de Hirokazu Kore-Eda, avec Masaharu Kukuyama, Machiko Ono, Lily Franky, Keita Ninomiya...

Au départ, une famille aisée à qui tout semble réussir : le père, architecte, très pris par son travail, délègue à la mère l’éducation de Keita, garçon de cinq ans. Mais une nouvelle bouleverse le cours des choses : la maternité dans laquelle est né l’enfant annonce que deux bébés ont été échangés à la naissance. Keita n’est pas leur enfant biologique. Tous les repères s’effondrent. « L’autre » famille, d’origine modeste, comporte plusieurs enfants. Quelle attitude adopter vis à vis d’elle ? Un échange doit-il à nouveau se faire ? Kore-Eda aborde la question de la paternité avec beaucoup de sensibilité : est ce le fait de partager son sang qui fait d’un homme un père ? Ou est-ce le temps qu’un père et son enfant passent ensemble ? Allez, sans hésitation, voir ce film magnifique qui a remporté le Prix du Jury à Cannes 2013. MS Filmographie sélective : I Wish (2011), Still Walking (2008), et Nobody Knows (2004)

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Une autre vie France – 2014 – 1h35, d’Emmanuel Mouret, avec Joey Starr, Virginie Ledoyen, Jasmine Trinca…

Cinéaste des tourments amoureux, Emmanuel Mouret délaisse le ton de la comédie sentimentale de ses précédents films (L’Art d’aimer, Fais-moi plaisir) pour nous proposer un pur mélodrame qui enferme un triangle de personnages dans de douloureux dilemmes. Jean, électricien, pose des alarmes dans des demeures du sud de la France. Il y rencontre Aurore, célèbre pianiste. Malgré leurs différences, ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre et envisagent ensemble une autre vie. Jean veut quitter Dolorès, sa compagne de toujours. Mais celle-ci est prête à

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tout pour le garder... Aux côtés de Virginie Ledoyen, l’amante la plus combative du trio, l’ancien membre des NTM poursuit son ascension au cinéma : « Il a une épaisseur à la Ventura. Comme lui, il est arrivé sur le tard dans le cinéma, un peu par hasard. Derrière cette présence, il y a une grande tendresse. C’est ce qui me touche en Joey, cette puissance et cette tendresse à la fois », confie le réalisateur.

UneFrancechambre en ville – 1982 – 1h30, de Jacques Demy, avec D. Sanda, D. Darrieux, R. Berry, M. Piccoli...

En 1955, un conflit social secoue les chantiers navals près de Nantes et, pendant ce tempslà, une baronne se trouve tomber amoureuse d’un ouvrier… Sur ce fond de mélodrame du type amours impossibles, greffez une musique signée Michel Legrand, une poésie du décor et du cadre qui porte à chaque plan la griffe de Jacques Demy et vous obtenez un film peutêtre intemporel… Les aficionados de Demy s’écharpent encore pour savoir lequel des Parapluies de Cherbourg ou de Une chambre en ville pourrait être son meilleur film… Les deux étant ressortis récemment, vous allez peut-être pouvoir vous faire une idée par vous-mêmes (si ce n’est déjà fait !) ER

Le Vent se lève Japon – 2013 – 2h06, dessin animé de Hayao Miyazaki

Pour son dernier film, le grand maître des studios Ghibli a abandonné le foisonnement fantastique des ses œuvres précédentes. Pour raconter la vie de Hiro Horikoshi, concepteur talentueux d’un avion célèbre le Mitsubishi A6M1, il a choisi une forme beaucoup plus classique, chronologique (de la vocation de pilote contrariée par une mauvaise vue, le tremblement de terre de 1923, la Grande dépression et la Seconde guerre mondiale où son invention servira la cruauté de l’impérialisme nippon). Dans cette œuvre testamentaire et qui le touchait personnellement (son père et son oncle ont travaillé avec Horikoshi), le public, enthousiaste au Japon et au Festival

V


de Venise, a retrouvé sa virtuosité inégalable dans l’animation des scènes de vol et des paysages, son pacifisme et de son amour de la nature. Ponctué de citations de Paul Valéry en français (« Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! »), contre les faucons qui renaissent au Japon, il a voulu décrire un homme dont les rêves humanistes ont été brisés sur l’autel de la guerre et du réalisme économique. Une dernière œuvre à ne pas manquer ! Sources : Lemonde.fr – telerama.fr

Filmographie sélective : Mon voisin Totoro (88) – Porco Rosso (92) – Princesse Mononoké (97) – Le Voyage de Chihiro (01) – Le Château ambulant (08)

Voir pages Jeune Public

Y

Yves Saint Laurent France - 2013 - 1h40, de Jalil Lespert,

de l’irrésistible parcours d’Yves Saint Laurent, créateur de génie qui a intéressé Jalil Lespert : les années Dior, la création de la griffe SaintLaurent, mais surtout, intimement et fondamentalement lié à ce cheminement, l’histoire d’amour, fou, avec Pierre Bergé, quand les doutes, les questionnements existentiels n’étaient pas encore annihilants. Quand tout était à inventer. Soutenu par Pierre Bergé, le réalisateur a eu accès à toutes les archives et œuvres nécessaires à son projet. Les subtiles interprétations de P. Niney et G. Gallienne (qui confirment tout le bien qu’on pense d’eux) sont unanimement saluées. Sources : dossier de presse, Studio Ciné Live n° 55

Filmographie : 24 mesures (2007), Des vents contraires (2011)

avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Laura Smet…

1957 à Paris, un timide jeune homme de 21 ans, s’apprête à succéder au maître Christian Dior, récemment décédé, à la direction de la prestigieuse maison de couture. C’est le début

08 92 68 37 01 studiocine.com

lundi 20 janvier -19h30 lundi 6 janvier -19h30 Carte blanche à l’Atelier Super 8 de Tours

Film

de Samuel Beckett et Alain Schneider (1965) USA Noir et Blanc 24’, avec Buster Keaton.

L’Homme Atlantique

En partenariat avec la Dante Alighieri CYCLE CINÉMA ITALIEN, EN ÉCHO À VIVA IL CINEMA !

Séduite et abandonnée Italie Noir et Blanc 1h57, avec Stefania Sandrelli, Saro Urzi, Aldo Puglisi.

Soirées présentées par Louis D’orazio.

de Marguerite Duras (1981) - France 42’

Soirée présentée par Antoine Gaudin, professeur et chercheur en esthétique et théorie du cinéma.

lundi 13 janvier -19h30

lundi 27 janvier -19h30 Le Pigeon

de Mario Monicelli (1958) - Italie Noir et Blanc 1h50 avec Vittorio Gassman, Renato Salvatori, Claudia Cardinale.

Partenariat Cinémathèque/Studio Voir page 5 Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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FILM DU MOIS

Fruitvale Station USA – 2013 – 1h25, de Ryan Coogler, avec Michael B.Jordan, Melonie Diaz, Octavia Spencer...

L

e 1er janvier 2009, un jeune homme, Oscar Grant, est abattu d’une balle dans le dos par un policier, dans le métro de San Francisco, à Fruitvale station. Les images de cette bavure policière, filmée par les usagers sur le quai, ont fait le tour de la toile et ont déclenché des émeutes. Pourquoi Ryan Coogler, pour son premier long métrage, a-t-il bâti son scénario à partir de ce terrible fait divers ? Oscar Grant avait le même âge que Ryan Coogler. Il habitait la baie de San Francisco, comme lui, et avait grandi au même endroit. Il était afro américain, comme lui. Lors du procès qui a suivi, le policier a été condamné à deux ans d’emprisonnement et est sorti au bout de onze mois. Ryan Coogler a été ému par le manque d’humanité témoigné par les médias qui décrivaient Oscar soit comme un salle gosse qui n’avait récolté que ce qu’il méritait, soit comme un jeune innocent. Il a voulu rétablir une certaine vérité en tournant non pas un documentaire mais une fiction. Le film nous raconte les 24 heures qui ont précédé le coup de feu. Avant la célébration de la nouvelle année, Oscar prend de

bonnes résolutions : abandonner ses trafics et chercher du travail, faire peau neuve pour entamer une meilleure relation avec sa femme, sa petite fille, sa mère... Ryan Coogler aborde dans son film la question raciale et l’attitude musclée de la police. Il tente de nous faire ressentir l’ambiance et toute la complexité qui se dégage du mélange des communautés appelées à vivre dans un même endroit. Il signe une chronique urbaine violente dans laquelle Michael B. Jordan excelle à interpréter le rôle principal et nous émeut terriblement. Cette histoire de bavure policière n’est malheureusement pas unique. Combien compte-t-on d’affaires similaires américaines* dans lesquelles un policier ou un vigile-blanc- tire sur un homme-noir- non armé puis est acquitté pour légitime défense? Après avoir été sélectionné dans la section Un certain regard à Cannes, Fruitvale Station a reçu en récompenses quatre prix et treize nominations aux festivals de Sundance et Deauville. Rien que ça ! MS * L’affaire Rodney King en 1992 à Los Angeles, l’affaire Trayvon Martin en 2012 à Sanford, en Floride.

+ COURT MÉTRAGE : Le Passereau (voir page 7) semaine du 8 au 14 janvier

LES CARNETS DU STUDIO – n° 319 janvier 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


La Reine des neiges

Tout public à partir de 5 ans

USA – 2013 – 1h42, de Chris Buck.

VF

Elsa la Reine des neiges, jette un vilain sort sur le royaume d’Arandelle et disparaît. Sa sœur Anna, son ami Kristoff et le renne Sven vont partir à sa recherche dans les étendues glacées…

Loulou, l’incroyable secret France – 2013 – 1h20, film d’animation de Grégoire Solotareff et Éric Omond. Tout public à partir de 6 ans

Loulou, parti à la recherche de sa mère avec Tom le lapin, découvre le monde cruel des carnassiers. Quel secret cache-t-il aux deux amis ?

L’Apprenti Père Noël et le flocon magique France – 2013 – 1h25, film d’animation de Luc Vinciguerra.

Nicolas, sept ans, nouveau Père Noël, voit disparaître la magie de Noël en voulant grandir trop vite...

À partir de 5 ans

AMAZONIA France – 2013 – 1h25, de Thierry Ragobert.

Tout public à partir de 7 ans

2D

À la suite d’un accident d’avion, un jeune singe capucin né en captivité se retrouve brutalement seul et désemparé au cœur de la forêt amazonienne...

Le Corbeau

À partir de 4 ans

et un drôle de moineau Iran – 2006 – 48 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

VF

Le Moineau et la graine de cotonnier. Le Corbeau qui voulait être le plus fort. Un jour, un corbeau. Adaptations poétiques de légendes iraniennes.

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VF Tout public à partir de 8 ans

GB/USA/Australie – 2013 – 1h20, film d’animation de B. Cook, N. Nigthingale et P. de Lespinois.

Un jeune dinosaure séparé de sa horde doit surmonter de nombreux obstacles et faire preuve d’un incroyable courage pour retrouver les siens.

USA – 2013 – 2h50, de Peter Jackson, avec Martin Freeman...

VO VF

Un long périple semé d’aventures conduira Bilbon à affronter le terrible dragon Smaug… Tout public à partir de 10 ans

Effets spéciaux et émotions garantis !

Linnea dans le jardin de Monet Suède – 1992 – 30 mn, film d’animation à l’aquarelle de C. Bjork et L. Anderson.

À partir de 5 ans

Mêlant dessins à l’aquarelle, photos, tableaux et prises de vues réelles, ce joli film permet de (re)découvrir l’œuvre de Monet avec originalité et ludisme.

VF

Pour prolonger le film : d’autres œuvres de Monet à admirer, mais aussi des jeux et des surprises !

Le Vent se lève Japon – 2013 – 2h06, film d’animation de Hayao Miyazaki.

VO

Tout public à partir de 10 ans

Voir page 14 France – 2014 – 1h29, film d’animation de T. Szabo et H. Giraud.

Tout public à partir de 6 ans

Une guerre sans merci se déclare entre deux bandes de fourmis. Une coccinelle, amie d’une fourmi noire, va l’aider à sauver son peuple des terribles fourmis rouges… Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici… ` LE GRAND SAUT Son interprétation de looser magnifique dans la pétillante pastille télévisuelle Bref a marqué les esprits ; d’autant qu’également auteur, il a su interrompre la série en pleine gloire et ainsi susciter la curiosité, l’attente. C’est avec l’adaptation de la BD, Lou, (gros succès chez les ados) que Kyan Khojandi se jettera dans le grand bain. Son immersion se fera en bonne compagnie puisque Nathalie Baye et Ludivine Sagnier sont également annoncées. ` LA CHAIR DE MA CHAIR Pour interpréter son personnage de bodybuilder, Roschdy Zem avait, à l’origine, pensé à… Antoine de Caunes. Mais un tel physique ne se bâtit pas du jour au lendemain, alors après réflexion, le réalisateur a choisi de faire appel à un professionnel de la discipline, François Gauvin. Bon c’est sûr que côté muscu ce sera plus crédible, en revanche, côté interprétation, espérons que Monsieur Univers (il a participé plusieurs fois à la compétition) ait quelques dispositions naturelles pour la comédie. Dramatique en l’occurrence, puisqu’il incarnera un père, culturiste donc, qui rencontre pour la première fois son fils de vingt ans. L’épauleront dans cette épreuve : Nicolas Duvauchelle, Vincent Rottiers et Marina Foïs. ` SANDIE SHOW

Mais quelle énergie cette Sandrine Kiberlain ! Enquêtrice voyeuse dans Tip Top du déjanté Serge Bozon, magistrate enceinte à l’insu de son plein gré chez Albert Dupontel, se réincarnant ensuite en Simone de Beauvoir dans Violette de Martin Provost, elle va muter en esthéticienne, groupie fanatique dans Elle l’aime, elle l’adore de Jeanne Herry. En même temps être entichée d’un chanteur, la comédienne a déjà prouvé qu’elle savait faire puisque dans Love Me de Laetitia Masson, elle était accro d’un rockeur interprété par Johnny Hallyday. Bon, là, ce sera le sémillant Laurent Lafitte qui, objet de son adoration, bénéficiera de son assistance quand il lui faudra se débarrasser d’un cadavre découvert dans le coffre de sa voiture. ` TO FRANCE WITH LOVE

Pas déstabilisé par le beau succès de son excellentissime Blue Jasmine, Woody Allen a tellement entamé le travail sur son prochain film qu’il est même achevé ! On ne sait pas grand chose sur le contenu mais on sait que Magic In The Moonlight a été tourné dans le sud de… la France ! et que l’action devrait se situer dans les années trente. Une suite de Midnight in Paris ?

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Et ailleurs… ` VINGT ANS DE RÉFLEXION

Le couple : le cinéma l’aura (re)présenté dans tous ses états. Dans l’adaptation du roman à succès de A.S.A. Harrison, The Silent Wife, il s’agira de montrer comment un homme et une femme peuvent, pendant vingt ans, (se) donner l’illusion du bonheur. Le film, s’il est fidèle au livre, devra alterner les points de vue de l’un et de l’autre, afin que le spectateur puisse comprendre comment ces deux là vont en arriver au point de non-retour, jusqu’au drame. Si on ne connaît pas le réalisateur, on sait que Nicole Kidman a acheté les droits du livre et a annoncé son souhait d’interpréter le rôle principal. ` L’ENTERREMENT PRÉMATURÉ*

Qui se souvient de Roger Corman ? Le maître de la série B a pourtant marqué les esprits avec ses adaptations d’œuvres d’Edgar Allan Poe, comme La Chute de la maison Usher, Le Masque de la mort rouge ou La Chambre des Tortures, mais surtout Le Corbeau avec les figures inoubliables de Vincent Price, Peter Lorre, Boris Karloff ou Basil Rathbone. En tous les cas, Joe Dante (Gremlins) a fait ses armes auprès de Corman et lui rendra hommage dans son prochain film, The Man With the Kaleidoscope Eyes. Il est question de Colin Firth dans le rôle principal. Corman devrait faire une petite apparition dans ce film hommage. * Nouvelle d’E.A. Poe, 1844

` LA VIE PEUT-ELLE ÊTRE ENCORE BELLE ?

La Vie est belle de Frank Capra fait partie de ces films rares dont le charme opère dès la première fois, et tout autant, voire davantage, au fur et à mesure du temps. Le genre de films qui vous accompagnent une vie entière. Mais comment répéter ce miracle ? Certains professionnels de la profession, comme dirait Godard, ont eu l’idée de cloner en quelque sorte le film. It’s a wonderful Life : The Rest of the Story s’intéressera à la destinée du petit fils de George Bailey/James Stewart, contacté à son tour par un ange chargé de lui montrer, comme ce fut le cas pour son aïeul, ce que serait le monde s’il n’était jamais né. Karolyn Grimes qui, en 1946 interprétait Zuzu, fille de George et Mary/Donna Reed, endossera la défroque de l’ange. Jimmy Hawkins et Carol Coombs, eux aussi jeunes enfants des Bailey à l’époque, ont été contactés pour participer au scénario et peut-être pour tenir un rôle dans le film. Si cette suite pouvait être à la hauteur de son illustre modèle, la vie serait vraiment belle ! IG

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Agroforesterie, une révolution culturelle ? Bande annonce

O

n imagine toujours nos ancêtres du Néolithique, grand défricheurs, comme ayant déboisé l’espace pour le mettre en culture. Or, il y a de fortes probabilités pour que les balbutiements de l’agriculture se soient appuyés sur des équilibres agrosylvo-pastoraux : chaque entité enrichissant les deux autres. Le concept de l’agroforesterie tente de retrouver ce mariage fécond entre l’arbre et la culture, au lieu de les séparer comme nous le montrent nos campagnes déboisées. Il faut se souvenir qu’il n’y a pas si longtemps (1960-70), l’arbre faisait partie de l’ager (espace cultivé). C’est surtout la forte mécanisation qui a réduit l’arborescence, en ignorant, avec l’essor de l’agrochimie, les bienfaits multiples de l’arbre dans l’agrosystème. Heureusement, toutes les pratiques ne sont pas perdues et de très bons exemples existent dans le monde. La modernisation de l’approche y compris par les services officiels nationaux (Inra, Cirad, IRD…) permet de penser que de nouvelles pratiques vont pouvoir se développer au profit de la

production agricole et d’une biodiversité retrouvée. Les apports de l’arbre en milieu agricole améliorent la production des parcelles, restaurent la fertilité du sol, garantissent la qualité de l’eau, reconstituent une trame écologique. En Touraine des groupes d’agriculteurs se sont lancés dans la modification des pratiques qui avaient été imposées par l’État, la concurrence et le profit, destructeurs des sols, en réintroduisant l’arbre dans le cycle de la production et pas seulement dans « l’habillage » de l’espace visuel auquel on associe la haie. Le développement de ressources énergétiques alternatives renforce également cette nouvelle considération pour le « grand » végétal, largement maltraité depuis un demi-siècle. C’est réellement une chance, pour les agricultures mondiales de reconsidérer la place de l’arbre dans l’espace cultivé. Ces faits nécessiteront une véritable révolution des esprits souvent à l’encontre des pensées dominantes. Dominique Boutin, pour la Sepant

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

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Émotions en live E

lle s’appelle Gabrielle, vit dans un appartement pour déficients mentaux et aime chanter dans la chorale des muses. Elle s’appelle Elise, partage sa vie avec Didier et aime chanter dans leur groupe de musique country « blue grass ». Alabama Monroe et Gabrielle nous offrent de grands moments d’émotions, à leur comble quand la musique live prend toute son ampleur. Que ce soit la chorale ou l’ensemble country, la musique partagée est l’expression même de ces deux films et des émotions de leurs personnages. Souvenez-vous de cet instant magique lors de la répétition d’Ordinaire, lorsque la vingtaine de choristes entonne : Si je chante c’est pour qu’on m’entende, quand je crie c’est pour me défendre, j’aimerais bien me faire comprendre… Le message transmis est décuplé par la nature des choristes, déficients mentaux. Souvenez-vous des chansons interprétées en live dans Alabama Monroe, la manière dont elles se nourrissent des émotions éprouvées et à quel point elles les subliment. Pourtant, les sentiments révélés au cours des scènes chantées évolueront de manière radicalement opposée. Car ce sont bien ces séquences musicales qui mesurent l’état de la relation entre Elise et Didier d’une part et Gabrielle et Martin de l’autre. Au fil d’Alabama Monroe, les regards complices des premières prestations d’Elise

Interférences Alabama Monroe/ Gabrielle

et Didier deviendront fuyants et les baisers se transformeront en mains tendues en vain, jusqu’à l’explosion du couple au dernier concert. Dans le film de Louise Archambault, c’est au cours des répétitions de la chorale des muses que Gabrielle et Martin expriment à travers regards et sourires et par leur entrain à unir leurs voix qu’ils ne peuvent plus se passer l’un de l’autre. C’est bien la musique qui leur ouvre des univers inconnus, en même temps qu’elle permet leur reconnaissance. Rarement, il me semble, deux réalisateurs avaient à ce point montré la puissance de la musique partagée en live sur des êtres malmenés par la vie. Qu’elle interpelle une réalité qui dépasse et finalement détruit ou qu’elle révèle le bonheur, dans les deux cas, nous sommes bouleversés et dans l’un comme dans l’autre totalement ébranlés par les scènes finales. Car les deux œuvres se terminent en apothéose. Alabama Monroe mêle dans un mélange parfait les deux tons du film : la vie et la joie qui émane de la chanson que le groupe entonne à pleine voix nous transporte loin de cette chambre d’hôpital où les interprètes sont terrassés de douleur par la mort d’Elise. A sa manière, Gabrielle s’en va aussi à l’issue du film. Mais pour un autre voyage : c’est sur « Partir » qu’elle découvre l’amour ; là, la musique n‘est pas une échappatoire mais transcende la puissance du message visuel au point d’en faire un magnifique moment de grâce… SB

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu : VÉNUS À LA FOURRURE de Roman Polanski

Quand Vanda met du rouge à lèvres à Thomas, ce n’est plus seulement Roman Polanski que l’on voit en Mathieu Amalric (car la ressemblance est, dès le début, troublante), mais Trelkovsky le personnage joué par le réalisateur lui même dans son film Le Locataire en 1976. Très troublant. JF Du Polanski pur jus ! Tous ses thèmes, ses obsessions, son humour, se retrouvent dans ce film, d’où une évidente impression de déjà-vu, heureusement contrebalancée par l’imprévisibilité des détails, des virages incongrus, des changements de ton et de registre, qui confèrent à l’ensemble son charme et son ambiguïté. Ironiquement, l’ambiguïté et l’ambivalence deviennent même une sorte de gimmick récurrent dans le dialogue ! On entre dans une comédie brillante aux répliques drôles et intelligentes, qui évolue peu à peu en drame psychologique mais s’achève malheureusement, malgré une Emmanuelle Seigner qui crève l’écran, sur un dénouement beaucoup moins convaincant. Dommage. AW Brillantissime, habile, la joute verbale est jubilatoire, à la hauteur des renverse-

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ments de rôle et des enjeux sous jacents. On n’est pas surpris que Polanski excelle dans la maîtrise de son art, tout est extrêmement calculé et maîtrisé, la BO n’échappe pas non plus à ses obsessions du détail. Paradoxalement, le film manque pourtant d’émotions, là où le mental et le Verbe l’emportent, «l’objet» en deviendrait alors presque froid... RS Même quand il s’amuse, Polanski continue de manier le suspense avec brio. C’est quand on est sûr de détenir enfin la clé qu’on est de nouveau à côté de la plaque. Mené par deux acteurs éblouissants cette Vénus qui ne cesse d’osciller entre domination et soumission est parfaitement perverse… Même si ça agace, on aime ! SB Il faut avoir l’appareil critique bien obstrué pour voir du « théâtre filmé » dans cette Vénus à la fourrure qui, tout au contraire, a recours à toutes possibilités que seul le cinéma offre : travail de la bande son, cadrages millimétrés, raccords, découpage… tout ici est cinéma. Et du cinéma de haute volée, qui peut même nous réjouir les yeux de sa beauté plastique. Ajoutez à cela que Polanski ose s’affronter à une problé-


matique malaisée (comment rendre visible des rapports de dominations/soumission sans jamais tomber dans le moindre voyeurisme) et l’on comprendra que je ne comprenne pas que l’on puisse bouder son plaisir… ER De ce troublant duel dans un no man’s land théâtral où ne parviennent du monde que les grondements de l’orage et les ondes des portables, dans une virtuose leçon de mise en scène et de mise en coupe du couple, me reste en tête le jeu de massacre final où Amalric, travesti, ressemble à s’y méprendre à Polanski jeune, dans la peau de Simone Choule, ensanglantée, prête à resauter dans le vide, sous les rires cruels des autres locataires. DP Genre, comme dirait Vanda, c’est la fille qu’a un court lettrage à écrire sur La Vénus à la fourrure et doit donc être au taquet pendant la projection. Sauf que tiraillée entre ses phases d’assoupissement et sa conscience professionnelle, ça l’a pas aidée à se concentrer sur le film, c’était même, plutôt au final, genre « malaise et frustration ». Pas très kiffant, sauf si on est genre maso… IG

La force de l’œuvre, menée de façon brillante par Polanski, réside en l’expression magistrale de ses deux acteurs (Emmanuelle Seigner et Mathieu Amalric, probablement dans l’un de ses meilleurs rôles), qui la portent et jamais ne subissent son écriture, qu’on pourrait lui reprocher d’être trop théâtrale. Un reproche qui n’a guère lieu d’être, tant les passerelles entre la fiction dramatique et la réalité dans laquelle se place le récit cinématographique sont fines et allègrement maniées tout au long du film. Un film qui remplit d’une jouissance certaine, et c’est fort de celle-ci que l’on quitte le théâtre parisien, superbe huis-clos d’où jaillissent tour à tour les doutes, le sourire, la colère, la passion, avant de laisser place au tumulte final. MR Quel époustouflant face à face ! Pendant une heure et demie, on ne sait plus si Amalric joue Roman ou Thomas...si Emmanuelle Seigner est femme de ou Wanda ... Qui domine ? Qui se soumet ? Le renversement des jeux est permanent. Nous perdons tout contrôle dans le discernement de ce qui est théâtre et réalité. Enfin, ce film est un petit chef d’œuvre imprégné de dérision et d’humour comme a toujours su le faire Polanski ! MS

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Face à face

Métamorphose et anamorphose Métamorphose Il y a très longtemps, quelques décennies, Roman Polanski incarnait, si l’on peut dire, l’insecte, dans La Métamorphose de Kafka. Cette transformation quotidienne, au théâtre, captait toute son énergie, à un point tel, que les dernières séances durent être annulées. Il me semble que cela cerne bien sa personnalité complexe, à la recherche inlassable d’une identité, se défroquant de l’une pour en caresser d’autres. Certes, c’est ce que l’on demande à tous les acteurs, mais Polanski est tout autant comédien, réalisateur, producteur et personnage public. Sa vie résonne de bouleversements et de drames que, tel Sisyphe, il doit surmonter et qui nourrissent sa créativité. Créativité centrée souvent sur le thème de la métamorphose, justement, et qui s’élabore dans deux registres différents, celui de l’imaginaire, fabrique de monstres, disait Goya et celui de l’aliénation humaine, au sens du « je est un autre ». Cela engendre vampires et autres créatures sataniques dans Le Bal des vampires et Rosemarys’baby, ou nous donne à voir les méandres de la maladie mentale dans Répulsion et les répercussions de traumatismes psychiques dans La Jeune fille et la mort, film ô combien autobiographique. Car même si un grand nombre de films de Polanski est issu de l’adaptation de romans ou de pièces de théâtre, tels Macbeth, Carnage, pour n’en citer que deux, tous sont pétris par les obsessions du réalisateur, par sa vie même, jusqu’à l’anticiper. Etrange, en effet, que tant de tournages en huis clos évoquent son enfance dans le ghetto de Cracovie aussi bien que sa future assignation à résidence en Suisse, comme dans Le Pianiste ou dans Le Locataire.

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Anamorphose Le dernier film de Roman Polanski, La Vénus à la fourrure, est un exercice de style éblouissant, un jeu de miroirs entre deux personnages protéiformes qui ne cessent d’échanger leurs rôles et d’alterner la prise de pouvoir. À partir de la pièce de théâtre de David Ives, ellemême écrite à partir du roman de Sacher Masoch, le scénario raconte l’histoire d’un dernier casting, celui d’une jeune femme effrontée qui jure être faite pour le rôle de Vanda, devant un metteur en scène épuisé par une journée décevante. Première séquence sur des boulevards parisiens sous l’orage, ouverture spontanée des portes d’un petit théâtre sans grâce, puis, unité d’action, de lieu et de temps, comme le préconisait Boileau ! Toutes les interprétations du film semblent alors possibles. Immédiateté d’une lecture simpliste, femme comme objet de désir-plaisir, homme détenteur du savoir-pouvoir ; Phénoménologie hégelienne du rapport victime bourreau, dialectique du maître et de l’esclave ; transposition sociologique de la lutte des classes et des sexes, du siècle de Sacher Masoch au Vingt-et-unième, et de citer Deleuze, que dire encore ? Mais cette partition, toute de finesse et d’intelligence, ne se livre pas d’emblée, elle capte le spectateur et le laisse interloqué, comme devant une anamorphose. Il lui faut alors recomposer l’ensemble à partir d’une place qui ne lui est pas donnée. CP


Vénus à la fourrure

La revanche Huis-clos, relations de pouvoir, rapports dominants/dominés, fétichisme, travestissement, faux-semblants, manipulations, tant d’éléments de son univers y sont réunis que la pièce tirée du livre de Léopold von Sacher-Masoch était idéalement faite pour Roman Polanski. Il en a tiré un scénario qui alterne les joutes verbales en y instillant une bonne dose d’humour. Les relations entre les deux personnages sont fortes, leurs rôles s’échangent au fur et à mesure que le film avance. L’ingénue, la ravissante idiote du début n’en est pas une, le metteur en scène est bien moins puissant qu’il ne le croit. Mais dans La Vénus à la fourrure, c’est plus la forme que le fond qui impressionne, ou plutôt comment Roman Polanski met en valeur ce fond (qui pourrait être bien moins intéressant dans d’autres mains) par le brillant de sa mise en scène. Toute la virtuosité du réalisateur est à l’œuvre mais sans jamais se mettre en avant, sans être voyante. Alternances des points de vue, attention aux personnages (pourtant pas plus sympathiques que ça, ni l’un ni l’autre), utilisation du décor, beauté des lumières et interprètes à leur meilleur, tout

concours ici à réussir de la belle ouvrage. Mais sans rien de corseté, d’empesé, de poussiéreux. Trouver de la liberté dans un cadre si contraignant (deux personnages, un décor unique) est aussi une des prouesses de Roman Polanski. La Vénus à la fourrure provoque chez le spectateur, jubilation, rire, fascination, surprise, trouble, on suit Vanda et Thomas dans leur jeu un peu sadique avec plaisir. On s’amuse. Jusqu’à s’apercevoir de la noirceur profonde du regard du cinéaste, en particulier sur les hommes. Mais sur son héros uniquement, La femme (Vanda les joue toutes, y compris, dans la scène finale, une sorte de déesse païenne), elle, n’est pas une victime, loin de là. Elle donne, en quelque sorte, sa revanche à Tess, autre héroïne de Roman Polanski qui mourrait, broyée d’avoir voulu revendiquer son appartenance à une classe sociale, la noblesse, qui n’était pas la sienne. En abandonnant Thomas attaché sur la scène à un ridicule totem/cactus phallique, Vanda la venge. Puis, impériale, elle part et sort du théâtre. Dehors la pluie a cessé, l’air du soir parisien est frais. À l’air libre comme en lieu clos, elle est bien la plus forte. JF

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À propos La Vie d’Adèle

Vivre et ne pas être

A

dèle est lycéenne, en première littéraire : normal, elle aime lire, elle aime les grands auteurs. Elle a de bonnes relations avec ses camarades. Une fille ordinaire ? Pas sûr ! Quand elle va au lycée le matin, elle attrape difficilement son car. Le trajet semble un parcours déplaisant pour elle. Jamais en retard, mais toujours à la limite. En classe, elle écoute sans être vraiment là. Le jeu de la caméra, les attitudes d’Adèle montrent qu’elle a souvent le regard perdu, ailleurs. Avec les autres, ses rapports se révèlent peu à peu fragiles, sur le bord de la rupture. Elle est toujours en porte-à-faux : ainsi avec son jeune amoureux. Elle lui avoue aimer toutes les musiques, sauf un genre : le hard rock, justement le seul qu’aime son soupirant. Plus tard, cela se renouvellera avec Emma : Adèle aime tout en cuisine… sauf les produits de la mer. Justement ce que

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préfère Emma (et ses parents). Le monde n’est jamais au diapason des goûts et des désirs d’Adèle. Comme s’il n’y avait pas réellement de place pour elle. Comme si elle était transparente au monde. Deux moments forts pour s’en rendre compte. Le premier, quand elle fait la tournée des bars homosexuels : elle passe au milieu des autres qui la remarquent à peine. Seule l’irruption improbable d’Emma la sauve de l’anonymat. Le deuxième, quand Emma fête sa première exposition. Adèle a tout préparé pour la fête, mais les autres font bien peu attention à son existence, sauf Emma et sa future compagne. Emma ne peut pas sauver Adèle cette fois. Ni le jeune cinéaste qui bavarde avec elle. Adèle au fond n’est pas de ce monde bâti sur les apparences, les étiquettes, les réputations. Elle est d’un univers nonréflexif, où l’on vit sans calcul, dans l’immédiateté.


Quand ses camarades filles la traitent de lesbienne, elle ne peut que répondre non. Elle ne l’est pas. Elle aime Emma, c’est tout. Elle ne joue pas à être lesbienne, comme le garçon de café de L’Être et le néant joue à être garçon de café (Adèle comprend mieux Sartre qu’Emma finalement). Elle est dans une passion spontanée, sans calcul : elle ne joue pas à être lesbienne comme celles qu’elle a aperçues dans les bars gays. Elle est vraiment d’ailleurs, d’un univers où l’on vit dans l’immédiateté et la spontanéité des désirs. Emma ne l’a pas compris ou pas accepté. Elle voudrait qu’elle devienne une intellectuelle, qu’elle fasse des études, qu’elle ait de l’ambition, qu’elle se fasse un nom. C’est trop : Adèle veut être Adèle, sans être en représentation, sans jouer un rôle (le garçon de café de L’Être et le néant, toujours). Emma se fera dévorer par son statut d’artiste : elle en joue le rôle, perd toute spontanéité. Voir la scène où elle est au téléphone (portable bien sûr !) avec un galeriste, ou son agent, à jouer l’ar-

tiste incomprise pendant qu’Adèle l’attend dans leur lit. Avec amour. Adèle est seule : les autres sont tous en représentation, ils ont tous un rôle. Elle se contente de faire ce qu’elle aime : institutrice. C’est sans gloire, sans ambition, mais c’est elle. Pleine de vie. Car Adèle est pleine de vie. Mais seule. Adèle est seule : elle ne retrouvera jamais l’amour d’Emma, perdue dans ses jeux sociaux convenus. La voici dans la rue (dernière image), abandonnée. Adèle est seule pour toujours : même la mort ne voudrait pas d’elle. La mort serait encore une pose, un rôle factice. Abdellatif Kechiche a eu raison de modifier la fin de la BD dont il s’inspire (Le Bleu est une couleur chaude) : Clémentine (oui, elle ne s’appelait pas Adèle) s’y suicide. Figée dans une pose de martyre sacrifiée. Adèle est seule dans ce monde ingénu où elle veut juste exister, aimer… vivre. Elle n’est pas de notre monde. La Vie d’Adèle est un film magnifique, sans espoir. Sans concession. CdP

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Rencontre avec Yolande Moreau

Rencontre avec Yolande Moreau

Yolande Moreau aux Studio © Nicole Joulin

mardi 1er octobre 2013 Le 1er octobre dernier, les Studio accueillaient Yolande Moreau venue présenter Henri, son deuxième film en tant que réalisatrice.

«

Je suis ravie d’être là, ce soir, avec vous, de voir que la salle est pleine. Merci de votre accueil. » Elle remercie également la présence de Frédéric Alexandre, son premier assistant. Une première question du public s’intéresse à la naissance de l’histoire. « Je suis partie de Henri. A l’époque des repérages pour Quand la mer monte (2004), je ne sais pas pourquoi, j’écoutais beaucoup Innocent When You Dream de Tom Waits et c’est parti de là, je voulais en faire quelque chose. Après, chez moi, c’est du bricolage… Henri, c’est un personnage éteint. Rosette, c’est une autre forme de solitude ». Yolande Moreau évoque ces deux souffrances différentes et l’amour. « C’est un film sur la condition humaine ». Un spectateur remercie la réalisatrice pour la beauté de son film et salue la bande musicale. « Au montage, la musique de Wim Willaert s’est imposée. Elle était un peu dissonante par rapport au reste, au départ. Pour des raisons de production, on a situé le film à Liévin, avec des travailleurs immigrés. Cela permettait d’avoir ces musiques italiennes, Ti Amo, lors d’un enterrement… ».

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Que Pippo Delbono, comédien et metteur en scène italien, accepte d’incarner Henri, grand taiseux, étonne ! « Il a accepté et tout de suite j’ai eu un bon contact... Il est beau, il a une grande présence. Henri, c’est le contraire de Pippo, qui a une résonnance dans ma propre histoire. Ça m’a plu ». Le choix des comédiens questionne le public. « Ce sont pour la plupart des pensionnaires, ils travaillent dans un CAT. C’est une démarche de ma part. Je ne voulais pas les filmer malgré eux et c’est sans doute quelque chose qui va se retrouver dans le making of ». Elle leur a exprimé sa démarche : « j’ai envie de vous filmer, c’est pour jouer un rôle d’handicapé mental. Nous, comédiens, quand on travaille, on oublie ce qu’on est, on laisse ça au porte-manteau ». Mais Y. Moreau leur a également confié qu’elle-même, elle ne pouvait pas jouer une jeune femme blonde et mince, que l’on fait avec ce que l’on est. « Ils ont accepté de jouer le jeu et c’est plutôt heureux comme rencontre ». Rosette (Miss Ming), elle, « prétend qu’elle n’est pas actrice mais c’est une très bonne comédienne. Elle a l’instinct, un


rayonnement intérieur qui transparaît. Cette force, je l’ai vue aussi chez Bonnaire jouant pour Pialat ». Une spectatrice est émue par la scène de la fête au foyer des Papillons blancs. La réalisatrice voulait évoquer plutôt la ressemblance que la différence : « Il y a des parallèles comme la musique qui revient, quand David chante Henri de Balavoine. C’est venu à l’improviste le matin du tournage. On n’y avait pas pensé ! Je suis allée voir ma productrice : Balavoine, c’est cher ? », vas-y, elle m’a dit. Alors on l’a fait. Il faut être à bonne distance et les pensionnaires eux-mêmes rient ». Y. Moreau revient sur la scène à la piscine, plus complexe à aborder avec eux : « Le rapport au corps, c’est difficile ». C’est aussi un moment où Rosette transgresse pour observer des amoureux : « j’aime raconter par l’image sa détermination à être heureuse ». Elle a voulu évoquer « un réveil, celui d’Henri pour Rosette, qui est bien plus vivante que lui, plus forte ! L’amour comme remède à notre difficulté d’exister. C’est un film d’amour ». Une présence n’a pas échappé au public, celle des volatiles… « J’aime beaucoup les pigeons », commente Y. Moreau. « L’idée de l’envol, d’un ailleurs symbolisé aussi par le départ de Rosette et d’Henri pour le bord de mer. Ils partent pour mieux revenir. J’étais fascinée par les colombophiles. Ce n’est pas tellement connu par ici […] Désir d’envol, désir d’autre chose… L’envol c’est magnifique. J’attends toujours ce moment où Rosette ouvre sa main au moment de l’envol, cela m’émeut ». Autre émotion du public sur Henri, où il est question d’amour, de poésie et d’humanisme… et aussi du regret de ne pas

y voir davantage Y. Moreau. Et le travail d’écriture du scénario ? « J’ai commencé à l’écrire en 2004. C’est très écrit. J’ai voulu faire quelque chose de âpre. Henri n’est pas un personnage très sympathique au départ. Il est mou. Les trois amis, ils sont quand même limites ! À Jackie Berroyer j’ai demandé qu’il soit veule. Ça lui a fait un peu peur. Le personnage d’Henri, j’aime son côté lourd et maladroit. Ce n’est pas évident en termes de jeu. On s’est privé du sourire magnifique de Pippo. Moi-même, étant comédienne, j’aime bien l’impro et là, il y en a à peine ! ». C’est un film peu bavard et « même au montage, dès qu’il y avait moyen de supprimer des paroles… L’écriture en images, c’est faire confiance ». La réalisatrice évoque les Brèves de comptoir de J.-M. Ribes où elle joue : « Je m’amuse mais je me demande comment il va gérer les silences ! François Morel est très doué dans les mots. Son dernier spectacle est une splendeur ! Moi, ce ne sont pas les mots… ». Le public salue la dimension attachante de ses personnages, la richesse à les voir vivre. Comment procède-t-elle ? « Eh bien je ne sais pas ! Avoir une vérité dans les prises, avec Pippo et Miss Ming. C’est toujours difficile de diriger les comédiens. Pour ma part, je n’aime pas les indications psychologiques ». Y. Moreau dit ne pas maîtriser la caméra, aimer les plans séquences et tourner en scope. Lente et aimant la lenteur, elle se voyait mal galoper caméra à l’épaule… Yolande Moreau, comédienne, a pour projets un road-movie en Chine, ainsi qu’un travail avec Delépine, « très de son crû… très politiquement incorrect ! ». La réalisatrice, réceptive à l’ambiance des

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Studio, initie un aparté : « J’aimerais bien avoir un cinéma comme le vôtre, sans que cela sente le pop-corn dans l’entrée… et je n’aime pas trop les blockbusters… ». Applaudissements dans la salle ! Au cinéma, « j’ai des coups de cœur. J’adore Kaurismäki. Je fonctionne beaucoup par les rencontres. J’ai surtout envie de continuer à écrire. Là, je n’ai pas d’idée… Ça prend beaucoup de temps d’écrire. C’est le gros bordel, ça part dans tous les sens au début, comme je ne veux pas partir de livres et d’adaptations ». Yolande Moreau, chaleureuse et spontanée, a été très disponible avec un public resté encore nombreux pour échanger autour d’un verre. Son humanisme authentique, paré d’une intelligence humble et d’une créativité poétique et

tendre, nous rend impatients de son futur film et d’une prochaine rencontre. Chapeau bas à une très grande Dame ! RS

Rencontre avec Aurélien Lemant

Rencontre avec Aurélien Lemant vendredi 15 novembre 2013 La nouvelle édition des Rencontres de la bibliothèque a accueilli Aurélien Lemant, metteur en scène de théâtre et auteur, venu présenter deux de ses livres, mais aussi, surtout, parler du romancier Philip Dick et des adaptations qui en ont été faites au cinéma.

A

près nous avoir rappelé que Dick s’était posé la vieille question philosophique « connais-toi toi-même » de

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manière paroxystique – le problème de l’identité et de l’assurance de son identité étant au cœur de son œuvre – A. Lemant


entreprend de faire une rapide biographie de Philip Dick destinée à montrer comment cette question et celle du double ont pris une telle importance dans l’oeuvre de l’auteur de Les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques ? (plus connu sous le titre de Blade Runner). Philip Dick naît, en effet, en même temps qu’une sœur jumelle, qui meurt à l’âge de 6 semaines et dont on ne cessera de lui répéter qu’elle est morte parce que leur mère n’avait pas assez de lait pour nourrir les deux enfants... De là viendra une lancinante question : « pourquoi elle, et pas moi ? », suivie d’une autre : « et si, dans un autre monde, c’était elle qui avait survécu et que je sois mort ? » De là, Dick va vite en arriver à la conclusion que notre monde n’est qu’un leurre qui nous cache d’autres mondes, au moins aussi réels que celui que nous connaissons et, de là aussi, naîtra très facilement une certaine fascination pour les théories du complot : « si d’autres mondes existent et qu’on ne les voit pas, c’est peut-être que quelqu’un a intérêt à les tenir secrets... » IL développera ce concept dès 1977, lors d’une conférence donnée en France, et l’on voit bien ici le lien qui se fera plus tard avec la série des Matrix... Cette fascination pour le vrai et le faux, et leur valeur relative, se trouvera encore renforcée le jour où il découvrira que sa collection de timbres rares contient de

nombreux faux mais que la qualité du travail de faussaire fait sur les faux timbres leur confère la même valeur qu’aux vrais... Donc, cela crève les yeux : le faux, le factice, peut avoir la même importance, la même valeur pragmatique que le vrai. Ceux qui connaissent l’oeuvre de Dick voient facilement ici poindre la correspondance avec nombre de ses livres ; pour reprendre le seul exemple de Blade runner, la question lancinante qui y est posée est celle de la limite entre l’humain et l’artificiel : un androïde qui a été programmé pour croire qu’il est humain, pour souffrir et jouir comme un humain, souffrira et jouira effectivement comme un humain... Où, alors, se trouve la séparation entre le « vrai » humain et le « faux » humain ? Cette présentation achevée, la soirée s’est poursuivie par la projection du Voyage fantastique de Richard Fleischer, à l’issue de laquelle se tiendra une longue discussion entre un Aurélien Lemant particulièrement disert et enthousiaste, et un public souvent prompt à reprendre toutes les pistes lancées, de sorte que la discussion dépassera très largement le cadre du fantastique pour aborder des domaines bien plus larges et, souvent, plus spécifiquement cinématographiques, mais qu’il serait vraiment trop long de résumer ici ! ER

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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Rencontre avec Martin Provost

Rencontre avec Martin Provost dimanche 10 novembre 2013

Martin Provost aux Studio © Nicole Joulin

Les spectateurs des Studio aiment rencontrer les réalisateurs de talent. La salle était archi-comble pour échanger avec Martin Provost après la projection de son film Violette. Les destins exceptionnels de Violette Leduc et de Séraphine – à laquelle le cinéaste avait consacré son premier film – furent bien sûr évoqués. Mais beaucoup d’autres sujets furent abordés comme les choix de mise en scène, le travail en numérique, le casting et la direction d’acteurs, la reconstitution du Paris d’après-guerre, les personnages aperçus, le travail sur la photo et bien sûr la relation hors norme entre les deux écrivaines (Violette Leduc et Simone de Beauvoir)… Martin Provost s’est prêté au jeu des questions-réponses avec un bonheur évident avant de quitter le public visiblement conquis.

Violette, Simone, Jean, Maurice et les autres Séraphine et Violette Si les deux films ne sont pas les mêmes, chacun est l’essence de son personnage principal. Au début de la rencontre, Martin Provost attire notre attention sur les deux fins à priori très semblables. Il s’agit de plans en pleine nature de femmes qui restent solitaires : Séraphine marche vers un arbre, s’assied et le regarde. Un travelling accompagne Violette qui s’installe sur un pliant ; suit un contrechamp plein de soleil. Si ce dernier annonce 10 ans de vie heureuse (elle écrira et connaîtra enfin la reconnaissance), le final de Séraphine est en suspens et plus onirique puisqu’on sait que l’artiste mourra de faim pendant la guerre dans un asile. Au cours du débat le réalisateur nous apprendra que Violette Leduc a écrit un très beau texte sur Séraphine. Le lien entre les deux femmes est devenu alors évident pour son coscénariste, René de Ceccaty, et lui. Des personnages inscrits dans l’espace « Aujourd’hui on filme beaucoup en gros plans, on coupe trop. Tout finit par se ressembler… Moi j’aime prendre mon temps, inscrire mes personnages dans l’espace ; le gros plan

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doit venir à son moment, après… je fais sans doute partie d’une vieille école ; on me juge souvent un peu classique, un peu académique»...» De Michael Galasso à Arvo Pärt Martin Provost a tendance à se méfier de l’ajout de musique dans les films, a peur qu’elle soit en trop. Elles ne sont donc insérées qu’en période de montage : Michael Galasso (compositeur entre autres de la bande son de In The Mood For Love) pour Séraphine et le choix de morceaux d’Arvo Pärt pour accompagner les déambulations de Violette. Violette et Emmanuelle Après avoir beaucoup cherché sur ce qu’était vraiment Violette, ce qui s’imposait, c’est sa solitude. Pour l’incarner, Emmanuelle Devos a tout de suite eu la préférence du réalisateur car si elle ne lui ressemble pas, elle en a l’étrangeté « comme Yolande Moreau avait celle de Séraphine ». L’actrice a accepté sans problème de s’enlaidir et de maigrir. Il a fallu travailler sur le nez, très proéminent de l’écrivaine. Elle se l’était fait refaire ensuite – Prévert aurait dit : « ce n’est pas le nez qu’il fallait


refaire mais tout le reste ! » Cette transformation physique a nécessité quatre heures de pose de prothèse et maquillage chaque jour pour Emmanuelle qui devait se lever à 4h du matin… Simone et Sandrine « C’est Emmanuelle Devos qui m’a conseillé de prendre Sandrine Kiberlain pour incarner Simone de Beauvoir. Quand on lui a proposé le rôle, elle a fait preuve d’une grande détermination pour l’obtenir… On a dû travailler vite car elle enchaînait avec 9 mois ferme. Il nous a été impossible prendre le temps de se connaître ni de répéter... En guise de préparation, je lui ai demandé de se comporter comme un homme dans sa vie courante. » Et le résultat est impressionnant : Martin Provost redoutait de tomber dans l’écueil de l’imitation avec un côté sinistre comme l’avaient fait toute les actrices qui avaient auparavant interprété Simone de Beauvoir. Or c’était quelqu’un de « très vivant, qui savait rire et picoler, qui ne pensait pas à l’argent… ». Violette et Jean Genêt Pour Martin Provost, ce sont deux personnages du même monde, comme frère et sœur, qui s’expriment avec des langages très proches. Pour cette raison, le réalisateur a choisi le tutoiement ; il insiste sur la proximité entre le Genêt aperçu dans le film avec l’écrivain. Quant au petit film montré en cours de tournage, il a réellement existé. De même que Sartre était bien présent dans le théâtre quand Louis Jouvet (dont on reconnait la voix) met en scène Les bonnes, pièce qui a fait un véritable scandale à l’époque.

mort, en a été très tourmentée. Elle ne s’en libèrera qu’après avoir écrit Ravages. Quant aux rapports de l’écrivaine avec sa mère, ils n’ont pas été simples ! « On déteste toujours sa mère à un moment » dit Martin Provost s’appuyant sur la violence des textes que Violette a écrits sur celle qu’elle qualifiait de monstre. Il a semblé indispensable au réalisateur d’évoquer le lien intime qui existait malgré tout entre les deux femmes avec cette scène de la toilette, quand Catherine Hiégel lave sa fille. « Emmanuelle et Catherine, qui se sont très bien entendu, avaient réussi à établir un véritable rapport charnel ». 45 jours de tournage, une reconstitution minutieuse et un travail sur l’image numérique : Le Tournage en numérique de Violette a nécessité une très longue préparation : repérage de vrais décors – un escalier, la rue de l’immeuble de Violette à Pantin… Avant le premier tour de caméra le découpage était finalisé et ensuite les images ont été retravaillées couleur, grain, ombre et lumière, effets spéciaux, suppression d’architectures plus contemporaines… Quant aux projets à venir : « Après Séraphine et Violette, je n’ai pas envie de devenir un spécialiste des causes perdues. SB Je ferai autre chose… »

Maurice Sachs, Violette et sa mère Etrange personnage que celui de Maurice Sachs. Il apparait complètement à la dérive au début du film ; Après avoir fait croire à des juifs qu’il pouvait les faire passer contre de l’argent (qu’il empochait sans scrupules), il abandonne Violette, s’enfuit à Paris puis se réfugie en Allemagne d’où il ne reviendra pas. Longtemps Violette a porté la culpabilité de sa Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio. Les CARNETS du STUDIO

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Rencontre avec Pierre-Luc Granjon

Rencontre avec Pierre-Luc Granjon Pierre-Luc Granjon aux Studio © Roselyne Guérineau

mercredi 6 novembre 2013

Voyage aux bons courts

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ouveau partenariat avec Ciclic pour fêter la dixième édition de Le Court s’anime !, le 6 novembre, en présence du réalisateur Pierre-Luc Granjon (1, 2, 3 Léon, L’Enfant sans bouche). Neuf courts métrages étaient présentés dans ce programme ; neuf auteurs, neuf univers singuliers et (d)éto(n)nants. Pierre-Luc Granjon n’a pas seulement répondu avec enthousiasme aux questions sur son propre film, La Grosse bête, il s’est montré tout aussi disponible pour satisfaire les demandes du public au sujet des autres créations. C’est grâce au soutien à la production de Ciclic que cette fameuse grosse bête a vu le jour dans la bonne ville de Château-Renault. Neuf semaines ont été nécessaires pour réaliser ce film de six minutes. Personnages et décors sont en papier découpé. Chaque élément du visage, du corps, est mobile : tous les dialogues sont enregistrés avant pour que les mouvements des lèvres collent au texte prononcé notamment par la voix de Bruno Lochet. La caméra est située au-dessus de trois plateaux transparents empilés, ce qui permet de donner un effet de profondeur. Deux proverbes ont inspiré Pierre-Luc Granjon : Un homme averti en vaut deux et Mieux vaut prévenir que guérir, ça dit : « soyez avertis de tous les dangers potentiels et il ne vous arrivera rien », mais finit par impliquer d’avoir peur sans arrêt et d’être

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dans une recherche de surprotection. Ce que l’on peut constater d’un point de vue politique, dans certains petits villages sans immigration et où pourtant on a peur de l’étranger. On pourrait me reprocher de pousser le raisonnement à l’extrême, opter pour la fable me permettait d’aller jusque là… » Avec le fascinant Le Grand ailleurs et le petit ici de M. Lemieux, Pierre-Luc Granjon évoque la technique, rare et complexe, de l’écran d’épingles, inventée par A. Alexeïeff. Ce programme, comme dans un inventaire à la Prévert, a également permis de se confronter à la terreur d’un enfant sauvage dans Feral de D. Sousa, à un petit enfant pelucheux perdu dans une communauté de naturistes dans Oh Willy… de M. Roels et E. de Swaef, aux errances mentales et moelleuses d’une femme enroulée dans son Futon de Yoriko Mizushiri, à l’explosif Banquet de la concubine d’Hefang Wei, à un Conte de Fait de Jumi Yoon, et mais aussi se déplacer Autour du lac délirant de N. Marsily et C. Roosens. Et puis surtout d’embarquer dans le Tram de tous les désirs, de tous les plaisirs, de tous les délires de M. Pavlatova ! L’Armée des lapins devrait être le prochain projet de Pierre-Luc Granjon et ce sera un… long métrage ! On compte sur lui pour venir le présenter aux Studio ! IG


Vos critiques BAIKONUR de Veit Helmer On ne sait pas trop comment classer cette fable assez candide, entre SF et comédie romantique. Ce qui fait le charme de ce conte, c’est un mélange d’humour, de poésie, de fantaisie. Les décors et les paysages sont superbes. La musique et certains tableaux nous emmènent parfois dans un univers à la Kusturica. Chris.P NOS HÉROS SONT MORTS CE SOIR de David Perrault Un faux, mais beau, polar poétique, riche en références, qui tout en évoquant la France des années 60, emprunte à l’imaginaire du catch sur fond de réminiscences douloureuses de la guerre d’Algérie. Les spectateurs tourangeaux auront reconnu des lieux qui leur sont familiers, magnifiés par un splendide noir et blanc. Monsieur HR […] un sens de la poésie visuelle et dialoguée très rare… […] Jérémie A. 9 MOIS FERME de Albert Dupontel Dieu sait que j’aime Albert Dupontel, mais là, quelle déception. Tout est attendu, la mécanique est bien huilée, mais plus du tout surprenante. […] le final est tristement bien pensant et politiquement correct. Mais Albert, où est passé ton côté anar qu’on aimait tant ? Marc

9 mois ferme est un film drôle et acide. Sandrine Kiberlain y est fabuleuse et offre un contraste saisissant avec le personnage de Dupontel. L’humour du film est peut-être plus potache que dans ses précé-

dents mais suffisamment noir pour qu’on reconnaisse sa patte ! L. LE MÉDECIN DE FAMILLE de Lucia Puenzo Le décor Andin, rappelle curieusement celui de Marianne de ma jeunesse de Duvivier dont le personnage central et très ambigu portait justement le surnom de L’Argentin. La force de l’angoisse que génère ce film très bien construit me semble tenir à l’ambivalence propre aux personnages et aux relations qu’ils tissent entre eux. Même le père, seule pièce ethniquement rapportée dans ce sanctuaire aryen aux fins fonds de l’Argentine, n’y échappe pas. Sa passion pour la fabrication de poupées quasi parfaites n’étant pas sans rencontrer d’échos dans les pulsions eugéniques de Mengele. L’image de poupées identiques accrochées au mur de la chambre du sinistre docteur fonctionne bien comme une allégorie de la race pure. Une beauté cauchemardesque. Hervé R. LA VÉNUS À LA FOURRURE de Roman Polanski Quoi que puissent dire certains critiques grincheux, il ne s’agit pas du tout de théâtre filmé (même si le film se déroule bien dans un théâtre…) Tout au contraire, Polanski se livre ici à une véritable démonstration de virtuosité cinématographique… Si l’on ajoute à cela que les dialogues sont franchement brillants, le scénario retors à souhait et les deux acteurs (oui, deux acteurs seulement… ) particulièrement convaincants (peut-être le meilleur rôle d’Amalric, ce qui n’est pas peu dire), on comprendra qu’il serait idiot de bouder son plaisir ! Jérémie A.

Rubrique réalisée par RS

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