01.10 au 28.10 2014

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du 22 au 28 octobre 2014

SEMAINE 4

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1h21’

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Les Misérables 3

lundi LIBERTÉ LIBERTÉ CHÉRIE de Raymond Bernard 19h30

1h18’ VF

À LA POURSUITE DU ROI PLUMES de Esben Toft Jacobsen

Soirée présenté par Philippe Ouzounian, comédien

14h15 16h00 17h30 dim 11h15

1h18’ sans paroles 2h54’

LE GARÇON ET LE MONDE

14h15 NATIONAL GALLERY

14h15 1h38’ 17h00 MAGIC IN THE 19h30 MOONLIGHT 21h30 À suivre.

14h15 1h44’ ELLE L’ADORE 19h00 dim 11h00

de Jeanne Herry Leclerc

14h15 1h52’ 17h15 19h15 BANDE DE FILLES 21h30 de Céline Sciamma

dim 11h00

PAT ET MAT

16h00

LE CARNAVAL DE LA PETITE TAUPE 16h15 de Zdenek Miler

1h42’

SIN CITY 3D J’AI TUÉ POUR ELLE

21h30

de Frank Miller

2h14’

1h49’

de Tony Gatlif À suivre.

17h00 MOMMY de Xavier Dolan 21h00 À suivre. LE SEL DE LA TERRE

de Wim Wenders et Juliano Salgado

1h25’

14h30 19h45

dimanche

40’ sans paroles

1h45’

GERONIMO

16h15 11h15

de Marek Benes

À suivre.

17h30 19h30

17h45 21h45

À suivre.

LILTING

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WHITE BIRD de Gregg Araki

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À suivre.

www.studiocine.com

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Programme de courts métrages

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lundi à GARRI BARDINE 19h30 Hommage en sa présence

14h15 21h15

2h24’

merLES FANTASTIQUES sam-dim 16h15 LIVRES VOLANTS merDE M. MORRIS LESSMORE sam-dim

50’ VF

de divers réalisateurs

2h01’ VF

SAINT LAURENT de Bertrand Bonello

LES GARDIENS DE LA GALAXIE de James Gunn

14h15 1h44’ 17h15 BODYBUILDER 19h15 de Roschdy Zem dim 11h15 14h15 1h59’ STILL 17h30 THE WATER 19h45 de Naomi Kawase dim 11h00

14h30 2h12’ THE TRIBE 19h15 dim 11h00

de Myroslav Slaboshpytskiy

32’ VF

COUCOU NOUS VOILA ! de Jessica Laurens

21h45

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

sam-dim

14h15 + dim 11h00 mersam-dim

16h30 + dim 11h15

Soirée Vague jeune-Social Club Ciné Studio dimanche 2h08’ LE CERCLE DES

à partir de

POÈTES DISPARUS 18h30 film : de Peter Weir 19h15 Rencontres, musique, apéro…

1h50’ Séance Cinélangues

ENFANCE CLANDESTINE

mercredi

17h00

1h45’

14h30 LES ÂMES NOIRES 19h30 de Francesco Munzi 14h30 1h24’ TUER UN HOMME 19h30 de Alejandro Fernandez Almendras

1h32’

SHIRLEY UN VOYAGE DANS LA 17h30 PEINTURE D’EDWARD HOPPER 21h30 de Gustave Deutsch

1h40’

GEMMA BOVERY

17h00 21h00

2h23’

17h15 21h45

1h46’

LEVIATHAN de Andrei Zviaguintsev

2h00’

PRIDE de Matthew Warchus

Le film imprévu www.studiocine.com

17h15

de Benjamin Avila

1h39’

14h30 HEART OF A LION de Dome Karukoski 19h45

LE JARDINIER QUI mercredi VOULAIT ETRE ROI 14h15

de Christian Rouaud Débat avec le réalisateur

de Anne Fontaine

1h31’

de Hong Khaou

AVEC DÉDÉ

20h00 C

1h05’ VF

1h20’

de Alê Abreu

40’ sans paroles

de Woody Allen

CNP jeudi

Cinémathèque en partenariat avec l’abbaye de Fontevraud et les Studio

de Frederick Wiseman

dim 11h15

du 1er au 7 octobre 2014

SEMAINE 1

3 COEURS de Benoît Jacquot

17h30 19h30 SAUF jeu-dim-lun 21h45

SAUF mer-dim

19h00 21h15

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


du 8 au 14 octobre 2014

SEMAINE 2

Abolition de la peine de mort, où en est-on ? 1h18’ sans paroles

JUSTICE ON TRIAL CNP jeudi

LE GARÇON ET LE MONDE

1h05’ de Johanna Fernandez 20h00 Débat avec Claude Guillaumaud-Pujol, universitaire C

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Partenariat Cinémathèque/Studio-Hommage à Bo Widerberg

lundi 19h30 1h30’ ADALEN 31 mardi 19h30 LE PÊCHÉ SUÉDOIS 21h15 ELVIRA MADIGAN

14h15 2h14’ 17h00 19h00 21h30 dim 11h00

14h15 19h30 dim 11h00 14h30 19h30

MOMMY

2h01’ VO

LES GARDIENS DE LA GALAXIE de James Gunn

40’ sans paroles

de Zdenek Miler

14h15 16h00 19h45 dim 11h15

mercredi dimanche

17h00 mersam-dim

dim 11h15

1h30’ Avant Première Ciclic/Studio dans le cadre des Danses Urbaines

UN HOMME TRÈS RECHERCHÉ de Anton Corbijn

STILL THE WATER de Naomi Kawase

samedi CEUX QUI DANSENT SUR LA TÊTE 17h00 de Magaly Richard-Serrano Expo photos, rencontre avec l’équipe du film + pot

2h24’

SAINT LAURENT de Bertrand Bonello

1h44’

BODYBUILDER

1h46’

14h15

mer-sam-dim

LE CARNAVAL 16h00 + DE LA PETITE TAUPE

de Xavier Dolan

2h02’

1h59’

de Alê Abreu

de Roschdy Zem

3 COEURS de Benoît Jacquot

du 15 au 21 octobre 2014

SEMAINE 3

17h00 21h15 17h00 21h45

1h45’

LES ÂMES NOIRES 17h30 14h15 2h54’ de Francesco Munzi 19h00 NATIONAL GALLERY 2h12’ de Frederick Wiseman dim 11h00 17h00 THE TRIBE 21h15 de Myroslav Slaboshpitskiy 14h30 1h10’ LE PARADIS

Rénovation des quartiers populaires, pour qui, pour quoi ? 1h18’ VF À LA POURSUITE 14h15 SAUF jeu-ven 50’ DU ROI PLUMES 15h45 jeudi de Béatrice Dubell de Esben Toft Jacobsen SAUF Débat avec Jean-Marc Serekian 20h00 samedi à 14h15 Atelier : mercredi à 14h15 jeu-ven

CNP

DÉCONCERTATION

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lundi Les Misérables 1 & 2 de Raymond Bernard 19h30 1h51’TEMPETE SOUS UN CRANE 21h30 1h21’ LES THÉNARDIER

mercredi

19h45 vendredi

19h45

1h52’

AVANT-PREMIÈRE

BANDE DE FILLES de Céline Sciamma

1h35’

AVANT-PREMIÈRE

MARIE HEURTIN

40’ sans paroles

PAT ET MAT de Marek Benes

MOMMY de Xavier Dolan

14h30 1h25’ 19h45

LILTING

dim 11h15

16h15 LE CARNAVAL SAUF DE LA PETITE TAUPE jeu-ven de Zdenek Miler

1h18’ sans paroles

LE GARÇON ET LE MONDE

16h15

SAUF jeu-ven

17h45

SAUF jeu-ven

de Alê Abreu

dim 11h15

Dimanche : Ciné p’tit déj’

10h30 11h15 11h15

1h18’ sans paroles LE GARÇON ET LE MONDE 40’ sans paroles PAT ET MAT

1h28’ 14h15 2h54’ NATIONAL GALLERY 21h00 de Frederick Wiseman

14h30 1h45’ 17h15 GERONIMO 19h15 de Tony Gatlif dim 11h00 14h15 1h49’ LE SEL 17h30 DE LA TERRE 19h30 de Wim Wenders et Juliano Salgado dim 11h00

SAUF

jeu-ven

40’ sans paroles

de Jean-Pierre Améris Rencontre avec Jean-Pierre Améris

14h15 2h14’ 17h00 21h30 dim 11h00

16h00

1h59’

de Luc Besson

17h30 19h15

STILL THE WATER

21h30

LUCY

de Naomi Kawase

1h10’

LE PARADIS de Alain Cavalier

17h45 21h45

2h12’

THE TRIBE

de Hong Khaou

de Myroslav Slaboshpitskiy

21h00

de Alain Cavalier

19h45

Vendredi 10, rencontre avec ALAIN CAVALIER après la séance de 19h45

17h30 1h24’ TUER UN HOMME 22h00 de Alejandro Fernandez Almendras

2h00

PRIDE

21h45

de Matthew Warchus

14h30 1h31’ WHITE BIRD de Gregg Araki 19h15

2h24’

SAINT LAURENT

21h15

de Bertrand Bonello

1h44’

Le film imprévu www.studiocine.com

19h30

BODYBUILDER de Roschdy Zem

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


ISSN 0299 - 0342

FILM DU MOIS

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°327 • octobre 2014

Still The Water Japon – 2014 – 1h59, de Naomi Kawase, avec Nijirô Murakami, Jun Yoshinaga, Miyuki Matsuda...

S

i son nom n’est pas encore très familier, on a pourtant commencé à découvrir, en France, l’univers de Naomi Kawase en 1997 grâce à Suzaku récompensé par la Caméra d’or au festival de Cannes. Depuis, on a pu voir ses films documentaires (souvent autobiographiques comme Dans le silence du monde ou La Danse des souvenirs) et d’autres fictions, dont les très beaux Shara ou La Forêt de Mogari. Cette oscillation permanente entre fiction et réalité trouve un bel aboutissement avec Still The Water, dans lequel la cinéaste est allée tourner sur la terre de ses ancêtres en mêlant observation du monde et trame romanesque.

Nous sommes sur Amami-Oshima, l’île principale des îles Amami dans l’archipel Nansei du Japon subtropical. Still The Water est un récit d’apprentissage, l’histoire de deux adolescents ; Kyoko dont la mère est en train de mourir et Kaiko, son petit ami, déstabilisé par le divorce de ses parents et ayant du mal à trouver ses marques. Un jour, après un violent typhon, Kaiko découvre sur une plage, le cadavre d’un homme rejeté par la mer…

La cinéaste capte avec une infinie douceur les existences de ses personnages. Elle est d’une extrême délicatesse et son regard écarte toute possible mièvrerie. De l’éveil de l’amour à la mort, elle filme le cycle de la vie dans laquelle la symbiose entre l’homme et la nature tient le devant de la scène. Ici le bruissement des arbres, la vague qui se brise sur un rocher ou le vent dans la montagne créent un voyage magnifique à la grande splendeur plastique, notamment à travers de sublimes scènes sous-marines.

Still the water est une expérience de cinéma peu commune. Sensualité et spiritualité s’y fondent au travers d’images aussi simples que belles et c’est profondément ému et apaisé que l’on en sort. Par son film, Naomi Kawase nous rappelle aussi que, face à la nature, la vie, la mort, l’amour, le cinéma – du moins celui-là – aide à vivre. Et si Hayao Mizayaki ne l’avait déjà utilisé pour son dernier film, le vers de Paul Valéry, « Le vent se lève… il faut tenter de vivre ! * », aurait pu faire un très beau titre. JF *Le Cimetière marin

LES CARNETS DU STUDIO – n° 327 octobre 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


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éditorial

octobre 2014 - n° 327

Des films

Édito : Des films . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 3

CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 Cinélangues . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

Horaires d’ouverture :

Rencontres de danses urbaines . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5

lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45

Partenariat Cinémathèque-Studio . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6 Soirée Vague jeune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 7

LES FILMS DE A à Z . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 16 Bande annonce

Frontex . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Hommage

Lauren Bacall . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Courts lettrages

Les Combattants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Les Combattants . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Rencontre avec À propos de

L’Homme qu’on aimait trop . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26 À propos de

Paris Texas . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Interférences

Zero Theorem/Under The Skin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 Hommage

Scarlett Johanson . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

Interférences

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

Viviane Maier/Sugar Man . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 32

(Membre co-fondateur)

Vos critiques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33

Jeune Public . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 34 FILM DU MOIS : Still The Water . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 36

GRILLE PROGRAMME . . . . . . . . . . . . . . . . . pages centrales

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Cette publication contient un encart jeté.

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

ous l’avez lu à de nombreuses reprises : les cinémas Studio sont l’un des complexes indépendants les plus importants de France. Indépendance tant au niveau institutionnel (Les Studio ne reçoivent pas de subventions de fonctionnement par les collectivités locales mais celles-ci nous soutiennent lors d’investissements onéreux : numérisation, construction de l’espace Henri Fontaine... ou lors de manifestations ponctuelles : festivals, anniversaire du cinquantenaire...) qu’au niveau de la programmation.

Tél : 02 47 20 85 77

À propos de

Léa Fazer . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 24

V

Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.

Tous les films projetés sur nos écrans ont été choisis par nos soins. Chaque mois, une commission de Programmation se réunit afin de déterminer, parmi les sorties (ou ressorties) les films susceptibles d’intéresser les spectateurs des Studio. Une partie des films ont été vus lors de festivals (La Rochelle, Deauville, Cannes, Les Arcs…), lors des pré-projections d’associations professionnelles (AFCAE, GNCR ou ACC, la traduction de ces sigles se trouve sur la page ci-contre) ou sur DVD envoyés par les distributeurs. D’autres sont choisis à l’aide des critiques publiées par la presse ou parce qu’ils prennent place dans une filmographie que nous suivons depuis des années. Le tout dans une recherche constante d’équilibre et de diversité, tout en respectant notre classification Art et essai/Recherche. Ensuite, chacun de ces films est négocié directement avec son distributeur par Roselyne Guérineau, attachée de direction, lors de discussions qui peuvent être longues et âpres. S’y négocient non pas le prix du film (la recette, et non le bénéfice, se partage ensuite approximativement par moitié entre le distributeur et la salle) mais ses conditions d’exploitation (nombre de semaines de projection, nombre de séances quotidiennes…) Ce fonctionnement est vraiment l’une des spécificités des salles indépendantes, la majeure partie des autres

salles faisant partie d’une chaîne où les films sont négociés pour l’ensemble de leur réseau. De par sa programmation mensuelle (autre vraie particularité, beaucoup de salles ayant un fonctionnement hebdomadaire), les Studio s’engagent à projeter le film… même s’il ne marche pas ou peu (alors que, ailleurs, dans les salles dites commerciales, il sera immédiatement retiré des écrans). Et les films que nous ne projetons pas ou pas tout de suite ? Tout d’abord, le nombre de sorties hebdomadaires est problématique (beaucoup plus de films que d’écrans disponibles). Ensuite, divers cas de figure existent : nombre de copies d’un film insuffisant pour satisfaire toutes les salles intéressées, impossibilité de s’accorder avec le distributeur sur les conditions d’exploitation – voire refus de celui-ci de nous confier le film. Nous essayons, dans la mesure du possible, de diffuser le plus possible d’œuvres nous semblant intéressantes, même si c’est parfois en décalé… mais, il nous arrive parfois de commettre des oublis… ou de choisir de ne pas en diffuser certaines. Tous les ans, les Studio projettent près de 500 films en contribuant à maintenir la balance toujours délicate entre les films que l’on pense porteurs, qui attirent le public, et les films plus fragiles, plus difficiles ou plus méconnus et qui n’ont souvent pas les moyens de se faire connaître ou d’avoir une couverture médiatique suffisante. Et pourtant, c’est souvent en commençant par des films modestes que naissent les filmographies les plus intéressantes. C’est votre fidélité et votre curiosité à découvrir ces œuvres prometteuses qui assureront non seulement la survie de leurs auteurs mais aussi celle des Studio. DP et JF

Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

3


JEUNE PUBLIC

VF

USA – 2014 – 2h01, de James Gun, avec Chris Pratt, Zoe Saldana… République tchèque – 2011 – 1h05, courts métrages d’animation de marionnettes de David Sûkup et Kristina Dufkova, avec la voix d’André Wilms.

• L’Histoire du chapeau à plume de geai • La Raison et la chance Deux contes drôles et touchants. À partir de 5 ans

VO

Tout public à partir de 10 ans

Séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à École et cinéma.

Dans de lointaines planètes, Peter Quill vole un mystérieux globe doué de pouvoirs extraordinaires. Poursuivi par le très puissant Ronan et tous ses tueurs, notre super héros fait alliance avec quatre aliens peu communs. Ensemble, ils vont essayer de sauver la galaxie en péril. Film adapté de la série des comic books, à voir sur grand écran ! Brésil – 2014 – 1h18, film d’animation de Alê Abreu.

sans paroles

Tout public à partir de 8 ans

Les Fantastiques livres volants de M. Morris Lessmore

Le voyage lyrique et onirique d’un petit garçon à la recherche de son père… Fascinant et bouleversant.

VF À partir de 6 ans

JEUNE PUBLIC

Les Gardiens de la galaxie

VF

France/Argentine/USA – 2014 – 50 mn, cinq courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

DIMANCHE 19 octobre à partir de 10h30.

Ce programme sur le thème de l’imaginaire a remporté l’Oscar du meilleur film d’animation en 2012. sans paroles

À partir de 3 ans Tout public à partir de 10 ans RENCONTRES DE DANSES URBAINES *

Pat et Mat sortent leurs outils pour s’adonner à leur passion commune : le bricolage ! Des péripéties rocambolesques vont les entraîner dans des aventures délirantes.

Samedi 11 octobre à- 17h00

DIMANCHE 19 octobre à partir de 10h30.

Ceux qui dansent sur la tête France – 2014 – 1h30, de Magaly Richard-Serrano, avec F. Oldfield, F. Kimps, S. Testud, J. F. Stévenin, A. de Lencquesaing… République tchèque – 2014 – 39 mn, cinq courts métrages d’animation de Zdenek Miler.

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R MIÈ E

PR NT E

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Programme complet des RDU à l’accueil et sur le site www.rdu37.info Réservation sur le site des Studio : www.studiocine.com

AVA

Séance unique suivie d’une rencontre : lire en page 6.

La joyeuse petite taupe revient dans de nouveaux épisodes inédits au cinéma. Sa curiosité et sa malice l’entraînent une nouvelle fois dans des aventures burlesques et attendrissantes.

NALE

À partir de 3 ans

sans paroles

À la poursuite du roi Plumes VF Suède – 2011 – 32 mn, courts métrages d’animation de Jessica Laurén, avec la voix de Hippolyte Girardot.

Après Qui voilà ? Nounourse et ses amis reviennent dans huit petites histoires pleines de tendresse sur le quotidien des tout petits. À partir de 3 ans

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Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

À partir de 6 ans

Suède/Danemark – 2014 – 1h18, film d’animation de Esben Toft Jacobsen.

VF

Johan le lapin navigue heureux avec son père… Mais un jour que ce dernier est descendu à terre, Johan capte un message et décide de partir à la recherche du Roi Plumes.

Samedi 18 octobre 14h15

Mercredi 15 après la séance de 14h15, les enfants pourront découvrir des nouveautés de la Quinzaine du livre jeunesse. Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

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Lundi 13 octobre, à 19h30

Adalen 31 jeudi 2 octobre - 20h00

FILM : JUSTICE ON TRIAL

Suède- 1969- 1h50, de Bo Widerberg, avec Anita Björk, Peter Schildt, Kerstin Tidelius…

de Johanna Fernandez – USA - 2010 – 65’

Le CNP propose un CINÉ-DÉBAT FILM : AVEC DÉDÉ

consacré au cas emblématique de Mumia Abu Jamal, suivi d’un DÉBAT avec Claude Guillaumaud-Pujol, universitaire, biographe de Mumia, membre du comité de pilotage de la Coalition Mondiale contre la Peine de mort.

1931. A Adalen, au nord de la Suède, la grève a débuté depuis 93 jours. Kjell Andersson, fils d’un docker, s’éprend d’Anna, la fille d’un directeur d’usine. La revendication se durcit quand les patrons font appel à des ouvriers d’autres provinces pour faire le travail des grévistes. L’armée arrive en ville... Pendant ce temps, à l’insu de leurs parents, Anna et Kjell sont emportés par leurs sentiments. Adalen 31 est un film bouleversant. C’est à la fois une fresque politique et une chronique de l’adolescence. Avec subtilité sont décrites les premières amours, mêlant tendresse, humour et sensualité. C’est aussi une belle page de l’histoire du mouvement ouvrier suédois. Adalen 31 reçut le Grand prix du jury au 22e Festival de Cannes. MS

de Christian Rouaud – France - 2012 – 1h20’

Dédé, alias André Le Meut. Musicien, compositeur, collecteur. Virtuose de la bombarde, Dédé la fait sonner dans les Fest-noz, les églises, les salles de concert. Pour faire connaître la culture du Morbihan, il va à la rencontre des anciens, il enregistre et restitue. Dans ce film, Christian Rouaud dresse le portrait d’un homme enthousiaste, généreux, talentueux, qui est aussi un ami. La projection sera suivie d’un échange avec le réalisateur.

jeudi 9 octobre - 20h00 Le CNP, Le Collectif de soutien à Mumia Abu Jamal et Amnesty International proposent :

ABOLITION DE LA PEINE DE MORT, OÙ EN EST-ON ? Le combat contre la peine de mort, négation absolue de l’être humain et véritable déni de justice, reste plus que jamais d’actualité. Si le nombre de pays y ayant recours ne cesse de diminuer, une autre réalité demeure : les exécutions sont annulées plus pour des raisons économiques qu’idéologiques, et même dans les pays abolitionnistes, la discussion doit se poursuivre avec l’opinion publique.

jeudi 16 octobre - 20h00 Le CNP, le N.P.A. et D’ailleurs, nous sommes d’ici proposent :

RÉNOVATION DES QUARTIERS POPULAIRES, POUR QUI, POUR QUOI ? À Tours, l’air du temps n’est bon pour personne. Ni pour les sans-abri refoulés quotidiennement par le 115 et interdits de séjour en centre-ville pour y faire la manche. Ni pour les mal-logés interminablement enfermés dans des listes d’attente, que la machine à discriminer finira par envoyer dans les quartiers standardisés des périphéries populaires. Et que dire des étrangers demandeurs d’un titre de séjour, souvent à la rue avec leurs enfants ! L’espace urbain n’est plus commun à tous. Faut-il n’y voir que la patte de technocrates qui ont construit le décrié « millefeuille » ? Ou bien une volonté politique qui exclut, hiérarchise, divise ? FILM : DÉCONCERTATION de Béatrice Dubell – France - 2011 – 50’

Suivi d’un DÉBAT avec Jean-Marc Serekian, auteur de Le Cœur d’une ville… hélas.

Partenariat Cinémathèque/Studio

Hommage à Bo Widerberg Bo Widerberg (1930-1997) réalisateur, monteur, acteur, producteur et directeur de la photographie suédois, fut d’abord critique mais aussi écrivain. Il rédigea un pamphlet en 1962 dans lequel il fit le procès du cinéma suédois, jugé rigide, élitiste, déconnecté de la réalité. Il appartenait à une génération de

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Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

Mardi 14 octobre, à 19h30

Le Péché suédois Suède – 1963 – 1h32, de Bo Widerberg, avec Inge Tauber, Thommy Berggren, Lars Passgaard…

Dans les années 50, en Suède, Britt, ouvrière à l’usine, fait la connaissance de Björn, un jeune bourgeois, attachant mais complexé, qui disparaît aussi vite qu’il est apparu. Elle rencontre Robban, un jeune rocker dont elle tombe enceinte. Ils tentent de vivre ensemble mais

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Mardi 14 octobre, à 21h15

Elvira Madigan Suède – 1967- 1h31, de Bo Widerberg, avec Pia Degermark, Thommy Berggren, Lennart Malmer…

Le film est inspiré d’une histoire vraie qui s’est déroulée au 19e siècle. En 1889, un officier suédois, le comte Sixten Sparre, s’éprend d’Elvira Madigan, danseuse funambule dans un cirque. Abandonnant femme et enfants, il s’enfuit avec elle. Ils décident de vivre ensemble loin de tout, hors de la civilisation, dans la campagne danoise. Mais les deux amoureux n’ont guère de moyens pour survivre. . . Elvira Madigan est un drame contant une histoire d’amour vécue avec audace et insouciance. Le cadre pastoral est imprégné d’esthétisme et de mélancolie. La bande sonore, le concerto pour piano n° 21 en do majeur de Mozart, deviendra si célèbre qu’il est communément appelé : Concerto pour piano Elvira Madigan. Pia Degermark, via la blonde Elvira, emportera le Prix d’interprétation féminine au Festival de Cannes 1967. MS

Séance Cinélangues * Mercredi 1er octobre - 17h Séance organisée dans le cadre du dispositif Cinélangues. Les enseignants d’espagnol souhaitant amener des classes au premier trimestre doivent impérativement s’inscrire à l’adresse suivante pour assister à cette projection gratuitement : monmarche@studiocine.com

Enfance clandestine

réalisateurs qui offraient une alternative au cinéma d’Ingmar Bergman, maître occupant alors une place écrasante dans le cinéma nordique. Admiratif des cinéastes de la Nouvelle Vague, Bo Widerberg développa un désir farouche de liberté et de changement. MS

leur couple ne tiendra pas le choc… Le Péché suédois est le premier long métrage de fiction de Bo Widerberg. Le style, résolument moderne, suit les errances sentimentales de Britt, qui va de déception en déception. Ce portrait de femme, prisonnière de sa condition et des conventions mais qui ose s’émanciper, sonne très juste et nous touche.

Espagne, Argentine, Brésil – 2012 – 1h50, de Benjamín Avila, avec Ernesto Alterio, Natalia Oreiro, César Troncoso, Christina Banegas, Benjamín Avila

Buenos Aires 1979 : l’Argentine est championne du monde et la terreur ordinaire règne depuis cinq ans. Juan, qui a passé une partie de son enfance au Brésil et à Cuba, revient sous une fausse identité avec ses parents, deux cadres des Montoneros, un groupe révolutionnaire qui a décidé de reprendre la lutte armée contre la

dictature. À 12 ans, il s’appellera désormais Ernesto et devra savoir mentir dans son quotidien de collégien… On connaissait l’histoire des bébés volés par les militaires argentins : il nous parle ici de l’enfance volée des fils et filles des militants par une société asphyxiée par la violence des militaires. On sent que cette fiction se nourrit de sa propre enfance. Primé au festival de San Sebastian, Enfance Clandestine est un film bouleversant, filmé à hauteur d’enfance, avec des acteurs remarquables et des partis pris de mise en scène particulièrement réussis (notamment les trois scènes de combat représentés par des montages de dessins expressionnistes). DP * Toutes les informations sur Cinélangues : http://www.studiocine.com/cinelangues.html Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

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Soirée VAGUE JEUNE

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

dimanche 5 octobre - à partir de 18h30 arce que ne faire qu’une soirée ciné-club n’est pas suffisant, parce que les dimanches d’automne sont parfois ternes, parce qu’il est toujours sympa de rencontrer du monde, les Cinémas Studio et La Vague Jeune organisent une toute nouvelle soirée le dimanche 5 octobre 2014 à partir de 18h : Social Club CinéStudio. Le principe est de vous proposer, autour d’un film et d’un thème, une soirée conviviale faite de rencontres, de partenaires et de musique. Ainsi, pour cette première soirée de rentrée, nous diffusons Le Cercle des poètes disparus. La soirée s’articulera autour d’un apéro de bienvenue, de la diffusion du film, d’un moment de rencontre accompagné d’un DJ et d’un en-cas proposé par des partenaires locaux. Nous vous donnerons plus

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de précisions sur le site des Studio, FaceBook et par des flyers diffusés un peu partout dans Tours. Alors venez nombreux pour cette toute nouvelle soirée ! Des préventes seront réalisées pour y participer. Alors, ne tardez pas pour prendre vos places !

Les films de A à Z www.studiocine.com AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS D ’ OCTOBRE 2014 : • Hit de Baptiste Trotignon (Studio 1 2 4 5 6) • The Breeze de Eric Clapton et Friends (studio 3-7) Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

19h15

Le Cercle des poètes disparus USA – 1989 – 2h08, de Peter Weir, avec Robin Williams, Ethan Hawke, Robert Sean Leonard...

3 cœurs

France – 2014 – 1h46, de Benoît Jacquot, avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Catherine Deneuve, Chiara Mastroiani…

Dans une prestigieuse école privée américaine pour garçons, le professeur Keating détonne... là où les traditions sont élevées au rang d’idéal absolu et indiscutable, Keating, en effet, encourage ses élèves à s’efforcer de penser par eux-mêmes et à devenir eux-mêmes, quitte à désobéir... Son impact sur les élèves sera profond. ER

Une nuit, Marc rate son train pour rentrer à Paris et rencontre Sylvie. Ils errent jusqu’au matin, parlant de tout, sauf d’eux mêmes, totalement en phase. Lorsqu’ils se quittent, il donne rendez-vous à Sylvie quelques jours après. Elle ira, lui non. Il la cherchera et trouvera une autre femme, Sophie, sans savoir qu’elle est la sœur de Sylvie… Habitué à changer avec souplesse d’échelles de productions et à enchaîner des projets de nature et d’ambition diverses, Benoît Jacquot aime varier les plaisirs. Pour son nouveau projet, il a choisi un casting prestigieux pour une histoire d’amour digne des grands mélodrames populaires. Il conçoit sa mise en scène comme un écrin subtil et élégant pour retrouver la maîtrise et le lyrisme des cinéastes américains qu’il admire.

RENCONTRES DE DANSES URBAINES* Samedi 11 octobre - 17h00 Ceux qui dansent sur la tête France – 2014 – 1h30, de Magaly Richard-Serrano, avec Finnegan Oldfield, Freddy Kimps, Sylvie Testud, Jean-François Stévenin, Alice de Lencquesaing…

Avant-première nationale en partenariat avec Ciclic Réalisée pour Arte au printemps dernier dans le sud Lochois, cette fiction audacieuse mêle danse hip hop et ruralité profonde. Deux ados inséparables, Syl et Frenzy, trouvent dans leur passion commune pour les danses urbaines une formidable échappatoire à la vie quotidienne dans leur petit village. Repérés par le grand chorégraphe Mourad Merzouki, ils vont réagir si différemment que leur amitié en souffrira : Syl se voit d’emblée sélectionné à l’audition mais Frenzy, lui, est sans cesse partagé entre ses engagements familiaux et son désir d’évasion.

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Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

Leur rivalité s’affirmera alors, nourrie par un dépit amoureux. Au final, on retrouvera Frenzy sur scène, enfin libéré du poids de sa culpabilité, accompagné brillamment par les danseurs de la Compagnie Kafig. Pour cette chronique d’une rivalité adolescente, la réalisatrice a bénéficié de la collaboration attentive du grand chorégraphe de danses urbaines Mourad Merzouki. Il a lui-même dirigé les nombreuses séquences de danse qui scandent ce récit, incluant aussi des extraits de sa création Boxe Boxe. AVANT : Exposition de photos du tournage en Touraine. Dj I-Verse mixe ! APRÈS : Rencontre avec l’équipe du film, suivie d’un pot offert par les Studio. * Programme complet des RDU à l’accueil et sur le site www.rdu37.info Réservation sur le site des Studio : www.studiocine.com

Sources : dossier de presse – arte.tv

Filmographie succincte : Corps et Biens (85) La Désenchantée (90) – La Fausse suivante (00) – Villa Amalia (09) – Les Adieux à la reine (12)

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À la poursuite du roi Plumes Voir pages Jeune Public

Les Âmes noires

Italie – 2014 – 1h43, de Francesco Munzi, avec Marco Leonardi, Peppino Mazzotta, Fabrizio Ferracane, Giuseppe Fumo…

Luigi et Rocco sont les fils d’un berger défunt, proche de la ’Ndrangheta, l’influente mafia calabraise. Ils vivent du trafic international de drogue alors que Luciano, leur frère aîné, lui,

est resté berger dans leur village natal. La photo du père, assassiné par une famille rivale, rappelle son souvenir à Luciano et à son propre fils, Léo. Ce jeune homme semble fasciné par la ’Ndrangheta et l’activité mafieuse de ses oncles, malgré toutes les tentatives de Luciano de les protéger, lui et les siens, de ce monde très violent nourri de rivalités et de rancœurs, régi par la loi du sang et de la vengeance… Inspiré du livre éponyme de Gioacchino Criaco et mêlant acteurs et habitants du village, Les Âmes noires est un film fort, au suspens tendu, nous menant au cœur même d’une Ndrine – petit groupe mafieux formé autour d’une famille – dans une campagne calabraise envoûtante. RS

Bande de filles

France – 2014 – 1h52, de Céline Sciamma, avec Karidja Touré, Assa Sylla, Lindsay Karamoh...

B

Très attendue après Tomboy, Céline Sciamma ne rate pas son retour. Elle a placé sa caméra au cœur d’une banlieue parisienne pour la chronique, comme le titre l’indique, d’une bande de quatre jeunes adolescentes noires. L’héroïne en est Marieme, 16 ans et peu sûre d’elle, jusqu’à ce qu’elle rencontre trois dures à cuire qui lui proposent d’intégrer leur bande. Marieme devient alors Vic, qui, elle, revendique et à la tête haute. Mais son grand frère ne l’entend pas de même... Avec ce récit d’émancipation, Céline Sciamma, retrouve des thèmes qui lui sont chers comme Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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l’adolescence et l’exploration du genre sexuel. Elle reste fidèle à un cinéma formellement somptueux (très belle lumière de Crystel Fournier et musique idoine de Para One, deux fidèles collaborateurs) mais la beauté du film est aussi sa grande honnêteté et sa façon d’être percutant, clair, sans jamais avoir besoin de discourir. Et puis l’amour dans le regard de la réalisatrice est contagieux et fait de chacune, mais encore plus de Marieme, des figures cinématographiques d’une beauté saisissante. JF Avant Première du film mercredi 15 octobre à 19h45.

Bodybuilder France – 2014 – 1h44, de Roschdy Zem, avec Vincent Rottiers, Yolin François Gauvin, Marina Foïs, Nicolas Duvauchelle...

Petit voyou lyonnais aux prises avec la police et d’autres voyous qui lui en veulent beaucoup, Antoine va prendre le large et l’air frais chez son père, Vincent, à Saint Etienne. Arrivé là-bas, il découvre que son père tient une salle de sport et consacre toute son énergie à sa participation à un concours du musculation. Il n’avait jamais pris le temps de s’occuper de ses enfants mais, là, embarqué dans cette intense préparation, ce fils qui débarque chez lui à l’improviste n’est pas vraiment le bienvenu... Et, pour Antoine, le monde ultra-codifié de la musculation se révèle être une plongée dans un exotisme aux portes de chez lui... En attendant, les voyous à qui il doit de l’argent n’ont pas renoncé à le trouver... Entre plongée semi-documentaire, chronique familiale et film policier, Roschdy Zem (dont on sait depuis Mauvaise foi qu’il n’est pas qu’un excellent acteur mais peut aussi être un réalisateur aussi efficace que sensible) a signé un film qui risque de détoner très fort dans le cinéma français... Sources : dossier de presse.

Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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Le Carnaval de la petite taupe Voir pages Jeune Public

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Ceux qui dansent sur la tête Voir page 6

Coucou nous voilà ! Voir pages Jeune Public

Elle l’adore

France – 2014 – 1h44, de Jeanne Herry-Leclerc, avec Sandrine Kiberlain, Laurent Lafitte, Pascal Demolon…

E

Muriel est esthéticienne et fan depuis 20 ans du chanteur à succès Vincent Lacroix. Un soir, celui-ci sonne à sa porte pour lui demander de l’aider à faire disparaître le corps de sa compagne. Pour son premier long métrage, la jeune réalisatrice réussit, à partir d’une histoire un peu farfelue, à marier subtilement polar et comédie. On rigole, mais on est aussi pris par le suspens de l’enquête policière et touché par la sensibilité des acteurs, excellents, qui portent le film. On est heureux de retrouver Sandrine Kiberlain, après Neuf mois ferme, dans le registre de la comédie. Quant à Laurent Lafitte, sa ressemblance avec un certain chanteur français célèbre, dans les expressions, la posture et le sourire, ne laisse pas indifférent… Enfin, n’oublions pas le piano de Pascal Sangla, qui signe une très belle bande-originale.

Sources : allocine.fr, filmdeculte.com

Voir pages Jeune Public

Les Gardiens de la galaxie USA – 2014 – 2h01, VO VF de James Gunn, avec Chris Patt, Zoe Saldana, Dave Bautista…

Sources : dossier de presse.

Les Fantastiques livres volants de M. Morris Lessmore Voir pages Jeune Public

LeBrésil Garçon et le monde – 2014 – 1h18, de Alê Abreu À la recherche de son père, un garçon quitte son village et découvre un monde fantastique dominé par des animaux-machines et des

êtres étranges.... Il aura fallu sept années de travail à Alê Abreu pour réaliser ce film d’animation unanimement loué pour sa beauté picturale et qui a remporté deux prix au dernier festival d’Annecy. Ce voyage lyrique et onirique aborde brillamment les problèmes du monde moderne et n’est pas une promenade béate dans un pays enchanté mais une œuvre aussi porteuse d’étrangeté et qui sait même être parfois inquiétante. Le Garçon et le monde sait aussi être accessible au jeune public tout en réussissant à satisfaire le public adulte, notamment par son regard intransigeant sur les questions sociales et politiques. Certainement une très belle découverte.

F G

Petit voleur décontracté et sans complexe, Peter Quill dérobe un petit globe mystérieux dont les pouvoirs sont susceptibles de menacer la galaxie tout entière. Traqué par des chasseurs de primes pittoresques mais redoutables, il finit par les convaincre de conclure avec lui une alliance afin d’empêcher le pire d’advenir. En dépit de sa banalité apparente, le film n’a rien à voir avec les blockbusters habituels : à la surenchère d’explosions, de bastons, d’effets spéciaux, à la solennité figée et plombante souvent inhérentes au genre se substitue un film « éminemment sympathique » (Libération), qui joue à fond et avec bonheur plusieurs cartes : space opera, comédie, film musical, action, second degré. Les Inrocks ont adoré son « charme rétrofuturiste », dû notamment à une bande son nostalgique pleinement justifiée par le scénario. Film de super-antihéros réellement tous publics. Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Gemma Bovery

France – 2014 – 1h40, de Anne Fontaine, avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Elsa Zylberstein, Isabelle Candelier, Jason Flemyng...

Martin a quitté le monde parisien de l’édition pour reprendre une boulangerie familiale en Normandie. Passionné de littérature et grand amateur de Flaubert, Martin va voir sa vie tranquille se fissurer lorsque viendront s’installer de nouveaux voisins, anglais, répondant aux noms de Charles et Gemma Bovery... trop de coïncidences flaubertiennes pour ce quinquagénaire qui se croyait rangé des aventures amoureuses... d’autant qu’il faut dire que la Gemma en question est particulièrement attirante ! Obsédé par le roman de Flaubert, Martin va s’improviser « co-auteur » des vies de ses nouveaux voisins, un rôle parfois dangereux. Anne Fontaine signe là une comédie alternant entre légèreté et gravité, portée par un humour qui n’est pas sans rappeler celui de Woody Allen et des acteurs en très grande forme. Et, pour ne rien gâcher, le travail de l’image est à la hauteur des ambitions du projet ! ER

Geronimo

France – 2014 -1h45, de Tony Gatlif, avec Céline Sallette, Rachid Youcef, David Murcia…

Une jeune éducatrice, Géronimo, en charge du quartier de Saint-Pierre, dans le sud de la France, a fort à faire pour calmer les tensions entre jeunes de différentes origines. D’autant que celles-ci se cristallisent lorsque Nil Terzi, d’origine turque, s’enfuit pour retrouver un jeune gitan, Lucky Molina, alors que sa famille veut la marier avec un cousin. Ce film présenté en sélection officielle à Cannes est un hommage aux femmes, aux éducateurs, à leur engagement et leur générosité. Et Tony Gatlif, arrivé en France en 1962 et ayant fait un séjour en maison de correction, sait de quoi il parle. Acteur, scénariste, compositeur et producteur, il signe là un film intense, dans la lignée de Latcho Drom, Gadjo Dilo ou Transylvania…

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H

Lilting

Finlande-Suède – 2014 – 1h39, de Dome Karukoski, avec Peter Franzen, Laura Birn, Jasper Pääkkönen…

GB – 2014 – 1h21, de Hong Khaou, avec Ben Wishaw, Pei-pei Cheng…

Alors, venez vous faire votre propre opinion sur le dernier film de science fiction de Besson ! MS

Dans un Helsinki qui ne fait pas rêver, Teppo, qui avoue n’avoir rien « dans la tête » est le leader d’un groupe néo-nazi. À peine sorti de prison, il rencontre la jolie blonde Sari au tempérament passionné dont il tombe immédiatement amoureux. Mais celle-ci est la maman d’un petit métis dont il aura bientôt la responsabilité. Sous la pression de son frère et du groupe violent auquel il appartient, Teppo va devoir choisir entre l’amour et la haine… Heart of a lion est un film rude, fort et particulièrement bien mené qui vous tient en haleine jusqu’à la superbe scène finale. SB

À Londres, aujourd’hui, une mère sino-cambodgienne se morfond dans une maison de retraite où l’a placée son fils Kai pour pouvoir vivre avec son amant anglais Richard… A la mort accidentelle de Kai, Richard se rapproche de la vieille femme. Pour pouvoir communiquer avec elle, il convainc une amie de jouer le rôle de traductrice… Commence alors un lent travail sur les souvenirs… Misant essentiellement sur des scènes de dialogues où alternent anglais et chinois, Hong Khaou a réussi un film sensible et délicat où des personnages que tout sépare, si ce n’est l’amour de Kai, apprennent peu à peu à s’écouter et à se comprendre. DP

Filmographie succincte : Le Dernier combat (1983), Subway (1985), Le Grand bleu (1988), Nikita (1990), Léon (1994), Le Cinquième élément (1997), The Lady (2011)…

Heart of a lion

J Le Jardinier qui voulait être roi Voir pages Jeune Public

L

Leviathan Russie – 2014 – 2h23, de Andrei Zvyagintsev, avec Alexei Serebriakov, Elena Liadova, Vladimir Vdovitchenkov…

Dans une petite ville russe au bord de la mer de Barents, vivent Kolia, sa femme Lilia et son fils Roma. Kolia s’occupe d’un garage à côté de la maison. Le maire de la ville, Vadim Cheleviat, a en tête un projet. Pour cela, il veut s’approprier non seulement le terrain de Kolia, mais aussi sa maison et son garage. Il tente d’abord d’acheter ces biens mais, pour Kolia, l’idée de perdre ce qu’il possède et la beauté de ce qui l’entoure depuis sa naissance est insupportable. Vadim Cheleviat devient alors plus agressif… Leviathan, histoire riche en intrigues, avec une photo somptueuse, dressant un « tableau implacable d’une Russie malade », a reçu le Prix du scénario au Festival de Cannes. Sources : dossier de presse, leblogducinema.com, telerama.fr.

Filmographie succincte : Le Retour (2003) ; Elena (2011).

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LUCY

France – 2014 – 1h28, de Luc Besson, avec Scarlett Johansson, Morgan Freeman, Min-Sik Choi. . .

« La plupart des êtres humains n’utiliseraient que 10 % de leur cerveau. Imaginez si on pouvait atteindre 100 %. Ça commencerait à devenir intéressant. » Telle est la base des travaux développés par l’éminent professeur américain Norman/Morgan Freeman et que va illustrer Lucy/Scarlett Johansson. L’étudiante Lucy fait la mauvaise rencontre qui change le cours de sa vie. Transformée en mule (elle transporte dans son ventre un sac de drogue), quand le sac se rompt, elle devient une sorte de mutante aux capacités intellectuelles surnaturelles se développant sans fin. . . L’idée de départ du réalisateur est assez ingénieuse. Besson signe là un film d’action comme il sait faire avec des effets spéciaux impressionnants, des scènes de combat superbement chorégraphiées, moult armes à feu, des courses poursuites haletantes... le tout centré sur Lucy, tueuse implacable, au charme ravageur. Avouons cependant que la lourdeur de l’histoire contraste parfois avec la beauté subtile de certaines scènes. Lucy, a fait chavirer le box office mondial.

M Magic In The Moonlight USA – 2014 – 1h38, de Woody Allen, avec Colin Firth, Emma Stone, Eileen Atkins…

Pour son 47e long-métrage (rien que ça!), Woody Allen a choisi d’explorer la France des années 20. Derrière Stanley Crawford, un Anglais arrogant et grognon se cache un prestidigitateur chinois de renom. Convié dans la superbe propriété des Catledge sur la côte d’Azur il doit démasquer la ravissante Sophie Baker qui se prétend médium… Tous les ingrédients d’un Woody pur jus sont réunis : histoire d’amour tourmentée, magie, Europe fantasmée, séduction, gendre idéal dans le genre parfait crétin… Avec en sus un bel hommage à Méliès, et Nietzsche comme fil conducteur. Même si le cinéaste n’apparaît pas et qu’aucun personnage, comme c’est souvent le cas, n’est son porte-parole, le film entier parle de lui. Et vous hésitez encore ? Sources : dossier de presse

Marie Heurtin

France – 2014 – 1h33, de Jean-Pierre Améris, avec isabelle Carré, Ariana Rivoire, Brigitte Catillon…

Née sourde et aveugle, incapable de communiquer, Marie Heurtin est jugée « débile ». Refusant de la faire interner dans un asile, son père la conduit dans un institut où une jeune religieuse décide de s’occuper du « petit animal sauvage » qu’est Marie pour libérer « cette âme emprisonnée »… Pour son 9e long-métrage, Jean-Pierre Améris semble avoir réussi un film extrêmement poignant sans jamais céder à la sensiblerie et « grâce à une subtile utilisation du langage de la caméra » : « un de ses plus beaux films. Un chef d’œuvre ! » Primé au dernier festival de Locarno, où l’on évoquait le Truffaut de L’Enfant sauvage, le réalisateur des Émotifs ano-

nymes rappelait qu’ « il avait toujours été sensible au thème du handicap, physique ou autre… Ce que j’aime filmer, c’est la façon dont le gens se libèrent… seuls ou avec l’aide de quelqu’un. » Parrain de cœur des Studio, Jean-Pierre Améris est venu y présenter chacun de ses films dans des rencontres avec le public tourangeau toujours passionnantes ! Sources : lebillet.ch – rts.ch:

Filmographie : Le Bateau de mariage (93) – Les Aveux de l’innocent (96) – Mauvaises fréquentations (99) – C’est la vie (01) – Poids léger (04) – Je m’appelle Elisabeth (06) – Les Emotifs anonymes (10) – L’Homme qui rit (12)

Avant Première : vendredi 17 octobre à 19h45. Rencontre avec Jean-Pierre Améris après la séance.

Mommy

Canada – 2014 – 2h14, de Xavier Dolan, avec Anne Dorval, Antoine-Olivier Pilon, Suzanne Clément…

Diane est veuve, et vient de récupérer la garde de son fils, un ado un peu perdu qui souffre d’un trouble de l’attention le rendant hyperactif. La reprise de la relation mère-fils s’annonce compliquée et presque douloureuse… Mais bientôt, Diane et son fils rencontrent Kyla, leur voisine. Ensemble, à trois, ils vont tenter de retrouver une harmonie, un équilibre, une espérance. On ne présente plus Xavier Dolan, récemment mis sous les projecteurs (encore plus qu’alors), lors de la 67e édition du Festival de Cannes, en mai dernier. Le jeune cinéaste, dont on a pu prendre toute la mesure du talent face à son dernier film : Tom à la ferme (thriller aux accents hitchcockiens), a enfin obtenu ce qu’il attendait tant, finalement depuis le début de sa carrière : un prix, et pas n’importe lequel, puisqu’il s’agit du Prix du jury (ex-æquo avec Godard, excusez du peu !). Avec Mommy, il semblerait que le jeune québécois monte encore d’un niveau, si l’on en croit la réception du film à sa sortie sur la croisette… Rendez-vous dans les salles pour en apprécier toutes les saveurs !

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National Gallery

Grande-Bretagne, France, USA – 2014 – 2h54, documentaire de Frederick Wiseman.

La National Gallery de Londres est l’un des plus grands musées mondiaux avec ses 2 400 peintures du XIIIe à la fin du XIXe siècle. C’est au sein de cet établissement prestigieux que nous sommes conviés pendant près de trois heures. Le film nous montre visiteurs, guides, conservateurs, chercheurs, restaurateurs, commissaires d’exposition à l’œuvre et nous fait aussi partager les débats et autres conseils d’administration qui font vivre le lieu. Mais c’est dans le vertigineux jeu de miroirs, quand le cinéma regarde la peinture, et que la peinture regarde le cinéma, qu’il y a des moments magiques. Comme celui de se transporter dans le temps et l’espace sombre d’une église italienne au Moyen-âge ou d’essayer de comprendre où se cache le meurtre annoncé par le crâne anamorphique aux pieds des ambassadeurs d’Holbein… SB

P

Le Paradis France – 2014 – 1h10, de Alain Cavalier.

Pas facile de résumer cet essai que son réalisateur présente ainsi : « Depuis l’enfance, j’ai eu la chance de traverser deux mini dépressions de bonheur et j’attends, tout à fait serein, la troisième. Ça me suffit pour croire en une certaine beauté de la vie et avoir le plaisir de tenter de la filmer sous toutes ses formes : arbres, animaux, dieux, humains... et cela à l’heure où l’amour est vif. L’innocence, le cinéaste en a perdu une partie. C’est si délicat à repérer autour de soi, si difficile à ne pas perdre au tournage. Ma reconnaissance va à ceux que vous regarderez à l’écran. Pour tenir tête au temps, j’ai une parade qui est de fouiller dans mon stock d’émotions et d’images anciennes. Non pour retrouver ce qui ne reviendra pas mais pour deviner dans l’hiver les signes du printemps. Cela permet de recommencer encore une journée d’un pas aisé ».

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Plus facile, par contre, de dire le pouvoir incroyable de ces images qui semblent pourtant si simples. Renonçant à tout artifice, Alain Cavalier montre qu’un autre cinéma est possible à condition d’avoir une caméra HD en main. Mais ne nous y trompons pas : tout le monde n’a pas son talent, ni son regard curieux plein de chaleur et d’humour, ni son humanité, ni sa bienveillance qui réchauffe les cœurs. Rarement le programme promis par le titre d’un film aura été aussi bien tenu. JF Vendredi 10 octobre, rencontre avec Alain Cavalier après la séance de 19h45

Pat et Mat Voir pages Jeune Public

Pride

Grande-Bretagne – 2014 – 1h58, de Matthew Warchus, avec Bill Nighy, Imelda Staunton, Dominic West…

Été 1984. Alors que Margaret Thatcher sévit au pouvoir, le Syndicat national des Mines vote la grève. À Londres, des activistes gays et lesbiens se mobilisent pour lever des fonds lors de la Gay Pride pour soutenir les familles des mineurs grévistes. Si l’Union nationale des Mineurs paraît gênée de cette aide, le groupe de militants, lui, est bien motivé, au point de partir en minibus dans un village minier du Pays de Galles pour offrir directement à ses habitants l’argent recueilli ! Avec la rencontre improbable de ces deux communautés, Pride révèle un pan de l’Histoire britannique extraordinaire trop peu connu. Sur une bande-son des années 80 exaltante, ce film politique – au sens noble – est une magnifique comédie distillant une énergie contagieuse et un humour british malgré le contexte de l’époque. Pride présenté à la Quinzaine des réalisateurs cannoise a reçu la Queer Palm. RS

S

Saint Laurent

Shirley, un voyage dans la peinture d’Edward Hopper Autriche – 2014 – 1h32, de Gustav Deutsch,

Qui ne connaît pas le nom d’Yves Saint-Laurent ? Ce très grand couturier atypique du XXe siècle déchaîna les passions, des avancées qu’il amena dans le monde de la mode à ses liaisons amoureuses homosexuelles, à une époque où celles-ci étaient bien moins acceptées que maintenant. De 1967 à 1976, la décennie fut particulièrement marquée par l’énigmatique homme aux lunettes carrées… Quelques mois seulement après la sortie du Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, voici donc un nouveau biopic sur celui qui fut presque une icône. Mais, à la différence de son J. Lespert, Bertrand Bonello a préféré, lui, s’attarder sur des dimensions plus esthétiques et créer des ambiances, des atmosphères, qui puissent aussi se faire l’écho de réalités plus intimes et plus enfouies. Il a ainsi désiré tourner son film en 35 mm, afin de trouver une texture adhérant davantage à ce qu’il souhaitait montrer et créer. Si Lespert avait su redonner vie d’une jolie façon à Saint Laurent, il semblerait que Bonello y ajoute un peu de romantisme et d’onirisme, comme il avait su très justement le faire avec L’Apollonide (2011). Alors, deux films sur YSL, était-ce de trop ? Réponse dans les salles…

« Au point de départ de ce film se trouvent la mise en scène de la réalité et le dialogue entre la peinture et le cinéma. J’ai choisi des œuvres d’Edward Hopper qui n’ont pas seulement été influencées par le film noir - dans le choix des lumières, des sujets et du cadrage, mais qui ont également influencé à leur tour des cinéastes comme Alfred Hitchcock, Jim Jarmusch, Martin Scorsese et Wim Wenders ». G. Deutsch. Pour cet hommage au grand peintre, le réalisateur a mis en scène l’histoire de Joséphine (épouse et modèle de l’artiste) tout en nous livrant une tranche d’histoire des USA des années 30 à 60. Neuf ans d’un travail inédit et minutieux pour imaginer ce qui se passe juste avant et juste après les moments immortalisés par Hopper. Fascinant !

France – 2014 – 2h24, de Bertrand Bonello, avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux…

Sources : dossier de presse.

Le Sel de la terre

Franco /Brésilien – 2014 - 1h49, documentaire de Wim Wenders et Juliano Ribeiro Salgado…

Avec des moyens techniques exceptionnels, le photographe Sebastiao Salgado a parcouru la planète pendant huit ans, à la recherche des territoires vierges, sélectionnant les images de paysages grandioses ou de populations encore arrimées à leurs coutumes. En témoignent ses expositions récentes, notamment les 245 photos présentées à la Maison européenne de la Photo, à Paris, fin 2013, et son dernier livre, Génésis. Son fils, Juliano, l’a accompagné ces dernières années, réalisant avec Wim wenders, photographe lui-même, ce documentaire qui promet d’être magnifique.

avec Stephanie Cumming, Christoph Bach, Florentin Groll…

Sources : dossier de presse

Sin City, J’ai tué pour elle

USA – 2014 – 1h42 – 3D de Frank Miller et Robert Rodriguez, avec Jessica Alba, Eva Green, Josh Brolin, Mickey Rourke, Bruce Willis…

Si Macao était l’enfer du jeu, Sin City c’est l’enfer tout court. Les femmes y sont forcément fatales et les hommes des gueules brisées. Là, règnent la violence et le mal, qui se dissimulent même sous les courbes les plus affolantes, comme celles d’Ava Lord, prenant les hommes dans ses filets, afin de mieux les faire souffrir. Dwight, obsédé par elle et par les tortures qu’elle lui a infligées, au temps où il était son jouet, n’a qu’un but : la faire payer. Même la douce Nancy, jamais remise de la mort sacrificielle de John Hartigan, l’homme de sa vie, veut retrouver les coupables et leur faire subir sa vengeance. Leur parcours de combattant les conduira, eux et les autres damnés de Sin City, au Kadie’s Club Pecos… Neuf ans que les fans des comics de Frank Miller attendaient la suite de l’adaptation pour le grand écran de son œuvre, où, prises de vue réelles et animation se mêlent pour créer un univers plein de violence certes mais à l’esthé-

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tique graphique époustouflante ! Notons également, une distribution toujours aussi impeccable des rôles ! Sources : Dossier de presse, avoiralire.com

Still The Water Film du mois, voir au dos du carnet.

T

The Tribe Ukraine – 2014 – 2h12, de Myroslav Slaboshpytskiy, avec Grigoriy Fesenko, Yana Novikova...

Sergey, sourd et muet, entre dans l’internat d’un établissement spécialisé. Dans ce dernier une bande fait régner la terreur, faite de trafics et de prostitution. Peu à peu, Sergey grimpe les échelons de la hiérarchie mais il tombe amoureux d’Anna, une jeune pensionnaire... Attention, expérience inédite. Selon la volonté de son réalisateur, le film, presque entièrement en langue des signes, n’a pas été soustitré. Il s’en explique ainsi : « Il est important, à mes yeux, que le spectateur ne comprenne pas ce qui se dit mot à mot, mais plutôt ce qui se passe en général comme c’est le cas dans la pantomime ou le théâtre Kabuki. » Et ça marche ; l’effet produit est assez sidérant. Il faut dire, qu’en plus, l’univers décrit est d’une très grande noirceur, et que la sensation d’étouffement est, du coup, exacerbée. Formellement très inventif et parfois aussi très violent, The Tribe est un premier long métrage que l’on ne va pas oublier de si tôt. Présenté cette année à La Semaine de la critique du festival de Cannes, il en est reparti avec le Grand prix. JF

Tuer un homme

Chili, France – 2014 – 1h24, de Alejandro Fernandez Almendras, avec Daniel Candia, Alejandra Yanez, Daniel Antivilo…

Dans une banlieue chilienne livrée aux caïds du coin, Jorge n’en peut plus de se faire insulter par une bande sous la coupe d’un délinquant qui le connaît bien. Quand son fils, puis sa fille se font agresser à leur tour, il doit réagir. Surtout face à une administration judi-

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ciaire procédurière et inefficace et à sa femme qui lui reproche de ne pas jouer son rôle d’homme. Le film exprime avec force la solitude d’un homme face à un dilemme moral. De plus en plus accablé par la peur et par la tâche qui lui incombe, Jorge est tout prêt de sombrer – il est alors filmé à ras du cadre à hauteur du menton tandis qu’un espace écrasant est laissé au dessus de sa tête… Inspiré d’une histoire vraie qui nous tient en haleine jusqu’à la fin, Tuer un homme a obtenu le Grand prix international du festival de Sundance. SB

Un homme très recherché USA/Grande-Bretagne/Allemagne - 2014 - 2h02, de Anton Corbjin, avec Philip Seymour Hoffman, Rachel McAdams, Willem Dafoe, Robin Wright…

Plus de dix ans après les attentats du 11 septembre 2001, Hambourg ne se remet pas d’avoir abrité en son sein, un des groupes terroristes à l’origine des attaques du World Trade Center. Alors, quand Issa, un jeune musulman tchétchène, fils d’un général russe, débarque clandestinement dans la ville, les services secrets allemands et américains sont en alerte, car rien ne le concernant n’est clair : quasiment à l’agonie, a-t-il vraiment été victime de tortures ou son état pitoyable est-il le moyen de dissimuler, en infiltrant la communauté musulmane de la ville, ses intentions destructrices ? Une course contre la montre, entre les agents de renseignements allemands et américains, va s’engager pour mettre la main sur cet homme très recherché, et générer un certain nombre de conflits internes, quant au choix de la méthode à appliquer ! Ce troisième film d’Anton Corbjin, après Control et The American, adapté d’un des romans du spécialiste de l’espionnage John le Carré, nous permettra de voir l’excellent Philip Seymour Hoffman, disparu en février dernier, dans une de ces subtiles prestations dont il avait le secret. Sources : dossier de presse, parismatch.com, cinema.jeuxactu.com

W

U

White Bird

USA – 2014 – 1h31, de Gregg Araki, avec Shailene Woodley, Eva Green, Christopher Meloni…

Kat Connors a 17 ans lorsque sa mère disparaît sans laisser de trace. Alors qu’elle découvre au même moment sa sexualité, Kat semble à peine troublée par cette absence et ne paraît pas en vouloir à son père, un homme effacé. Mais peu à peu, ses nuits peuplées de rêves vont l’affecter profondément et l’amener à s’interroger sur elle-même et sur les raisons véritables de la disparition de sa mère… Quatre ans après son dernier chef d’œuvre (Kaboom, 2010), Gregg Araki, célèbre entre autres pour The Doom Generation (1995) Nowhere (1997) et Splendor (2000), adapte un roman de l’écrivaine américaine Laura Kasi-

schke. Fin psychologue de la nature humaine, Araki réalise ici un thriller en faisant exploser la représentation de la famille idéale américaine. Sous l’apparence désordonnée de la narration, dans un élan de générosité cinématographique pure, il dévoile les affres d’une adolescente perturbée par la disparition soudaine de sa mère et la découverte de sa sexualité… Fascinant. Sources : dossiers de presse

.com cine o i d stu

19h30 : Le Pêché suédois Suède – 1963 – Noir et blanc – 1h32

21h00 : Elvira Madigan Suède – 1967 – Couleurs – 1h31

Lundi 6 octobre 2014-19h30 HOMMAGE À GARRI BARDINE, en sa présence Programme de courts métrages d’un des maîtres de l’animation russe, dont un film inédit. En partenariat avec l’Abbaye de Fontevraud dans le cadre de Suivez la route de l’animation. Lundi 13 octobre 2014 HOMMAGE À BO WIDERBERG Partenariat Cinémathèque-Studio 19h30 : Adalen 31 Suède – 1969 – Couleurs 1h50

Lundi 20 octobre 2014 Une soirée, deux films Les Misérables de Raymond Bernard 19h30 : Les Misérables 1-Tempête sous un crâne France – 1933 – 1h51, avec Harry Baur, Marguerite Moreno, Charles Vanel.

À partir de 10 ans. 21h15 : Les Misérables 2-Les Thénardier France – 1933 – Noir et blanc – 1h21

Lundi 27 octobre 2014-19h30 19h30 : Les Misérables 3-Liberté, liberté chérie

Mardi 14 octobre 2014 Une soirée, deux films Partenariat Cinémathèque-Studio

France – 1933 – Noir et blanc – 1h21

Soirée introduite par Philippe Ouzounian, comédien.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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En bref…

Ici… ` PIEDS NICKELÉS Benoît Mariage dans Cowboy en 2007, puis Dany Boon en 2010, pour Rien à déclarer, avaient déjà eu l’idée jubilatoire d’associer ces deux grands délirants que sont Benoît Poelvoorde et François Damiens. Jan Kounen (Dobermann) les réunit de nouveau, et en fait cette fois des braqueurs, déjantés, forcément. Cette association de bras cassés sera complétée par François Cluzet, capable lui aussi de tutoyer le génie dans la crétinerie, comme il l’a déjà prouvé dans Quatre étoiles. Ce film, Dog Walkers, est une adaptation du livre de Iain Levinson, Trois hommes, deux chiens et une langouste, racontant l’histoire d’un type qui, à peine sorti de prison, décide de faire un braquage pour reconquérir sa femme, et s’acoquine dans cet objectif, à deux branques de son espèce, dont l’un est, accessoirement, l’amant de ladite femme… Délirant, on vous dit. ` LA BOUE EN OR Pierre Lemaître, lauréat, entre autres, du prix Goncourt 2013, pour son roman Au revoir làhaut, a opté, parmi les nombreuses propositions d’adaptation qu’il a reçues, pour celle d’Albert Dupontel, « la plus séduisante, la plus originale ». Les deux hommes travaillent actuellement sur le scénario qui racontera donc l’histoire de deux poilus qui, après la Première Guerre Mondiale, ne parvenant pas à se réinsérer dans la société, finiront par monter une escroquerie fondée sur la fibre patriotique des Français. Les deux scénaristes augurent que le film devrait toutefois être difficile à monter financièrement, en raison du coût de la reconstitution historique. ` ANAÏS, ANAÏS Avec Situation amoureuse : c’est compliqué de Manu Payet, La Ritournelle de Marc Fitoussi, Bird People de Pascale Ferran, Au fil d’Ariane de Robert Guédiguian, Une nouvelle amie de François Ozon, Caprices d’Emmanuel Mouret, À trois on y va de Jérôme Bonnell, L’Histoire de Julien et Marguerite de Valérie Donzelli et Les Anarchistes d’Elie Wajeman, 9 fois Anaïs Demoustier aura été présente sur les écrans de cinéma en 2014. Il semblerait que la jeune comédienne soit devenue totalement indispensable au cinéma français !

Et ailleurs… ` AVANT LE MASSACRE Les serial killers aussi ont commencé petits, et sans doute, au départ, abordé modestement ce qui deviendra, un jour, leur domaine de prédilection. Ainsi Leatherface, a eu une vie avant de devenir l’expert en dépeçage humain que Tobe Hooper nous a donné à voir dans le premier Massacre à la Tronçonneuse, en 1974. Dans l’immédiat, peu d’informations circulent au sujet de ce retour aux origines : s’agira-t-il de reve-

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nir sur la fermeture des abattoirs entraînant la misère de ce coin perdu du Texas, et acte fondateur dans la pulsion bouchère de la famille Hewitt et dans son goût pour la chair humaine ? Ou bien s’agira-til plutôt de s’attacher à la véritable histoire de celui qui aura inspiré non seulement le personnage de Leatherface mais aussi celui de Norman Bates de Psychose et celui de James Gumb dans Le Silence des Agneaux, Edward Gein qui, suite au décès de sa mère, avait refait sa garde-robe et la décoration de sa maison avec des débris humains, mais avec une nette prédilection pour la peau ? Une chose est certaine, frissons, dégoût et horreur devraient être au rendez-vous ! ` LE MAL COURT Si Jonathan Littell, Prix Goncourt 2006 pour Les Bienveillantes, passe derrière la caméra, ce n’est pas pour adapter un de ses ouvrages, mais pour réaliser un documentaire sur les exactions commises par l’Armée de résistance du Seigneur, dans le nord-est de la République Démocratique du Congo. Il espère ainsi sensibiliser le monde au sujet des massacres perpétrés par cette organisation terroriste, depuis sa création en Ouganda dans les années 80, et que personne ne semble pouvoir arrêter. Ce long métrage s’intitulera L’Ennemi invisible. ` RECTANGLE BLEU En 1968, autour de La Piscine, Jacques Deray a le bon goût de choisir des comédiens au regard couleur lagon (ce qui n’est bien évidemment pas leur seule qualité), Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet et Jane Birkin, félins au charme magnétique, aimantés par le rectangle azuré, sous l’égide d’Eros et de Thanatos ! Mythique et sexy à tel point qu’une grande marque de parfum, utilise encore des extraits de ce film pour vanter les qualités d’une eau de toilette pour hommes ! Néanmoins, le réalisateur italien Luca Guadagnino a décidé de relever le défi en en proposant une nouvelle version et pour ce faire a choisi Tilda Swinton, qu’il avait déjà sublimée dans Amore, pour le rôle de Marianne. L’amant assassin sera interprété par Ralph Fiennes qui, depuis Le Patient anglais en 1996, a largement fait ses preuves dans le rôle de l’homme fatal ! ` DESTRUCTION CRÉATRICE Depuis le succès critique et public de son Dallas Buyers Club, Jean-Marc Vallée a déjà mis en boîte Wild avec Reese Witherspoon et s’apprête à réaliser Démolition, avec Naomi Watts et Jake Gyllenhaal. Le film tentera de saisir le parcours d’un homme effaré par son manque d’émotions à la suite de la mort accidentelle de sa femme. Violemment bouleversé par cette constatation, l’analyse le ramènera vers son passé, et le fera se confronter à sa fascination pour la destruction. Sa rencontre avec une mère célibataire, interprétée par Naomi Watts, lui permettra de trouver un nouveau sens à sa vie ! IG

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Bande Faceannonces à face Eastern Boys

Hommage Lauren Bacall

Vous avez du feu ?

L’Agence Frontex

U

L

’agence européenne pour la gestion de la coopération aux frontières extérieures des États membres de l’Union européenne, dite Frontex, a été créée le 26 octobre 2004. Son siège se trouve à Varsovie. Frontex « promeut, coordonne et développe la gestion des frontières européennes ».

Elle assure le contrôle militarisé des frontières terrestres, aériennes et maritimes, le renvoi forcé dans les pays d’origine, la coordination de réseaux d’information sur les migrants, et la sous-traitance du contrôle migratoire à des États voisins contre rétribution, sans aucun contrôle ni du Parlement européen, ni d'aucun organisme indépendant. Son budget est en augmentation constante (231M€ en 2013). Elle dispose de 21 avions, 27 hélicoptères, 116 navires… Depuis la mise en place de l’agence, de nombreuses questions se posent quant au respect des droits des migrants et notamment, il existe des cas avérés de violation du droit d’asile et du principe de non refoulement (Convention de Genève et Convention européenne des Droits de l’Homme). Des accords de réadmission sont signés

avec les pays tiers pour que ceux-ci réadmettent leurs ressortissants expulsés d’Europe, mais aussi les ressortissants d’autres États qui auraient transité par leur sol avant d’être interpellés en Europe. La question fondamentale de la responsabilité se pose : qui est responsable en cas de violation des droits des migrants, entre l’agence, l’État hôte d’une opération, ou l’État dont relève l’agent qui a commis la faute ? Les associations de la campagne Frontexit dénoncent l’incompatibilité entre le mandat de Frontex et le respect des droits de l’homme et du droit européen. Elles demandent à l’Union Européenne d’en prendre acte et de faire cesser les activités de Frontex. Les politiques migratoires n’empêchent pas les gens qui le veulent de partir. En revanche, elles les poussent à prendre des voies de passage de plus en plus dangereuses. En tout, depuis 2000, au moins 23 000 personnes sont mortes en tentant de rejoindre l’Europe. Antoine Dubert

n homme à casquette de marin entre dans une chambre d’hôtel par la gauche de l’écran, la caméra le suit, panote légèrement, et pendant qu’il semble chercher quelque chose dans un coin de la chambre, une voix féminine d’une chaleur et d’une sensualité rares s’élève hors-champ, dans l’embrasure de la porte, précisément par où le marin venait d’entrer. Mais, en définitive, la voix ne fait que lancer : « Quelqu’un a du feu ? ». Autant la requête est banale, autant la manière dont elle est formulée arrive comme une surprise pour le spectateur, qui n’a pas eu le temps d’enregistrer la présence de cette femme dans le couloir quelques instants plus tôt. Tout dans le placement de cette réplique contribue à lui donner un impact singulier et, d’emblée, on a compris que la propriétaire de cette voix ne saurait être n’importe qui... Le plan suivant nous révèle alors une toute jeune femme, appuyée contre la porte, tenant une cigarette qui ne demande donc qu’à être allumée. Elle semble s’être matérialisée là, par génération spontanée, ni l’homme ni le spectateur n’ont rien entendu venir. L’homme, c’est Humphrey Bogart et la femme, bien sûr, c’est Lauren Bacall dans Le Port de l’angoisse (Howard Hawks, 1943)... C’était le premier film de Lauren Bacall et cette réplique était la première qu’elle y disait... Vous parlez d’une entrée en matière fracassante... Le reste du film montre de nouveau Bacall dans des attitudes particulièrement affirmées pour ne pas dire franchement provocatrices (autre

exemple : dans un bar, elle attrape le poignet d’un homme qui s’apprêtait à s’allumer une cigarette pour lui tirer la main vers la cigarette qu’elle tient dans sa bouche (décidément !) La suite de la carrière de L. Bacall a semblé confirmer cette entrée en scène en jouant sur ce statut assez particulier de « femme fatale pas si fatale que ça », mais toujours cinglante dans ses répliques et campée sur des attitudes très affirmées (Le Grand sommeil, Key largo, Les Passagers de la nuit...) Tonalité grave, voix rauque, elle jouait de la parole comme de son arme privilégiée pour s’imposer dans des mondes très masculins, où les femmes ont intérêt à en avoir si elles ne veulent pas se faire écraser ou jouer les utilités*. L’ironie ici tient à ce que cette voix basse et rauque est, en fait, due aux conseils de Howard Hawks qui lui fit même prendre des cours de diction pour parvenir à cette fin... Certes, Bacall n’a pas tourné que des chefs d’œuvre, mais ses premiers rôles lui ont indiscutablement conféré un statut très à part, bien au-delà de celui de femme de (Humphrey Bogart en l’occurrence). L’autorité et l’indépendance qu’elle a su insuffler à ses rôles en faisaient une manière de modèle pour une émancipation féminine bien peu présente dans le cinéma hollywoodien comme dans le cinéma en général ! RIP cette belle actrice, cette belle voix qui figura parmi mes premières découvertes cinéphiliques. ER

Président de la région Cimade Centre-Ouest * Que l’on me pardonne ce mauvais jeu de mots, basé sur le titre du roman de Hemingway dont est adapté Le Port de l’angoisse : To have and have not, traduit en français pas En avoir ou pas.

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu :

Les Combattants de Thomas Cailley

Qui chasse qui ? Qui fuit qui (ou quoi) ? Le jeu du chat et de la souris emmène la « force qui va » (selon l’expression de Victor Hugo) et le freluquet un peu benêt, mais aussi le spectateur, dans une course de désorientation épatante d’originalité, d’humour et de maîtrise, carrément sidérante si l’on songe que c’est un premier film ! Et en plus la musique est bonne… AW Cette histoire improbable qui part comme une comédie absurde avant de s’en aller flirter du côté du roman d’apprentissage mâtiné de fantastique doit beaucoup aux talents de ses comédiens, Adèle Haenel en tête, un corps qui dégage une énergie peu courante et un regard qui trouble, mélange étrange de charme et de virilité, de fêlure et de force. Une grande actrice est en train de naître sur les écrans (un sac à dos rempli de briques sur le dos et des poussins congelés à la main !) DP Madeleine, directe et virile, et Arnaud, sensible et attentionné, se retrouvent face à face dans un premier corps à corps à l’issue faussée. Quelques confron-

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tations plus tard, un moment tendre de sensualité brute – un maquillage troublant qui révèle au lieu de camoufler – fissure les apparences. Finalement, trois briques, deux poussins et un renard plus tard, la combattante baisse sa garde... Mariage d’eau vive sous pluie de cendres sur une bande-son qui pulse. Enchantement ! RS

Les Combattants combat admirablement cette idée selon laquelle le cinéma français manquerait de renouvellement... et c’est très agréable ! Un soupçon de burlesque et d’absurde rythme ce film aux allures d’Ofni (Objet filmique non identifié), dans lequel Adèle Haenel (mais ce ne sera une découverte pour personne) révèle pleinement son potentiel de comédienne. Les Combattants s’avère être, au final, un beau combat contre la morosité ambiante... voilà qui ne se refuse pas ! MR Ce film accumule tous les défauts d’une certaine tendance du cinéma français, qui se voudrait d’auteur. Pas de scénario, la part belle aux acteurs (très mauvais d’ailleurs parce que mal dirigés), des gros plans et des contrechamps dignes

d’une mauvaise série télé, des dialogues frisant le ridicule, des stéréotypes sur le service militaire qui feraient passer l’armée pour une gigantesque colonie de vacances, des situations non crédibles... bref, tout est faux dans ce film. Sans doute le navet de l’année. EC Le film donne un sérieux coup de pied dans le stéréotype traditionnel – garçon bagarreur/fille douce et naïve – qui s’en trouve inversé. Ici, on a affaire à Madeleine, cash, sportive, rusée, qui mène le jeu face à Arnaud, attachant et discret. On est étonné, amusé autant par la rugosité de leur relation que par l’absurdité de certaines situations. Finalement, des liens se tisseront entre eux jusqu’à leur permettre d’agir, de s’engager ensemble puis d’inventer leur propre monde. MS Le ciel devient noir ; de fines particules tombent dans le village désert ; c’est inconsciente dans les bras d’Arnaud le tendre que Madeleine la dure assiste à son apocalypse… Avec cette chute inattendue, Thomas Cailley réussit jusqu’au bout à nous mener de surprise en surprise avec un rare talent. SB

Thomas Cailley parvient, avec subtilité, à saisir toutes les nuances de cette période délicate et perturbante, âge de tous les possibles, où sous les traits du visage qui s’affermissent, persistent des traces d’enfance : un front buté, un regard pur… offerts par deux jeunes comédiens bouleversants et impressionnants. Rien que pour cela (mais pas uniquement, loin s’en faut) Les Combattants est indéniablement un grand et beau film. IG Survivre ! Dans un monde qui, forcément, court à sa perte, voué à l’autodestruction, seuls s’en sortiront les combattants. Et ce qui sidère dans ce film, c’est l’ énergie forcenée des protagonistes, pour apprendre toutes les techniques permettant la survie en cas de catastrophe, avec une bonne dose d’humour et de dérision. Mais le deuxième message du film, le plus subtil, c’est que la force ne suffira pas, le ciment c’est l’entraide, et, au-delà, l’amour improbable des deux stagiaires de commando, Madeleine et Arnaud. Un nouveau réalisateur détonnant ! CP

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À propos de Les Combattants

lui, n’est pas précisément partant pour ce genre d’expérience... Eh bien ce serait oublier les pouvoirs du cinéma : dialogues, acteurs et mise en scène notamment, qui peuvent insuffler à un film bien plus que ce qu’il semblerait promettre au départ. Ici, Madeleine (admirablement interprétée par Adèle Haenel) vole littéralement la caméra et impose une présence inédite à l’écran : celle d’une femme au corps puissant, d’une remarquable mobilité et celle d’un visage aux expressions pouvant se figer en un clin d’œil pour transmettre une émotion totalement absente l’instant d’avant.

L

orsque les comédies abordent des sujets graves, il s’agit généralement toujours des mêmes : l’amour, le désamour et leurs diverses variantes (mais, bon, on n’est pas obligés non plus de considérer qu’il s’agit là de sujets graves...), de la même manière, les auteurs de comédies se croient souvent dispensés de faire du cinéma : à quoi bon travailler ses cadres, ses couleurs et son montage puisque, c’est bien connu, une bonne réplique sera toujours une bonne réplique, même très mal filmée. Et c’est ainsi que nous voyons débarquer sur nos écrans des heures de choses poussives,

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consternantes, bêtes et, en définitive, assez vulgaires. J’exagère, mais pas assez. Parmi les différentes bonnes nouvelles de cette rentrée, on notera donc avec jubilation l’arrivée d’un petit nouveau, Thomas Cailley qui vient dynamiter nos écrans avec Les Combattants. Le synopsis en luimême n’est pas forcément très attirant : une demoiselle persuadée que la fin approche décide de se former aux techniques de survie, s’inscrit à un stage chez les commandos et s’y voit rejointe par un jeune homme peu sûr de lui (Arnaud) qui,

Mais, sous ses allures de comédie, Les Combattants cache bien son jeu. En effet, au détour d’une image, d’un plan d’un développement de scénario, surgissent des éléments très inattendus, très déroutants et qui peuvent tout à fait mettre mal à l’aise tout en faisant rire (notamment par le détachement et l’absence d’emphase avec lequel ils sont filmés)... On repense bien sûr à l’extraordinaire scène d’ouverture, le choix du cercueil du père par deux jeunes hommes qui se mettent à parler technique menuisière avec le VRP en cercueils... mais aussi aux poussins congelés offerts pour nourrir un furet (et que l’on verra, un peu plus tard, tourner dans un micro-ondes...) ou bien encore au passage d’un maquereau au mixer pour que Madeleine puisse le boire puisqu’elle a décidé d’essayer de se nourrir de jus de poisson... On le voit, Les Combattants manie allè-

grement un humour assez macabre, qui se soucie peu du bon goût, mais qui fait mouche à chaque fois... S’il n’y avait que cela Les Combattants serait déjà un bon, voire un très bon film... Mais il y a plus... bien plus ! En effet, Les Combattants prend le contre-pied de tout un tas d’attentes, outre le fait qu’Arnaud ne soit pas l’élément moteur du tandem puis du couple qu’ils vont former (on a déjà vu cela, même si c’est assez rare), le film interroge l’idée même de la relation qui peut unir deux individus. Il n’y est pas question d’être « amoureux » et il faut un bon bout de temps avant que la possibilité même d’un rapport sexuel se fasse jour... Et pourtant, le film, les regards, les corps, tout nous dit qu’il faut qu’il se passe quelque chose entre ces deux-là et, justement, l’intérêt devient alors « que peutil (on n’ose pas dire « doit-il ») se passer ? Tout un autre mode relationnel va devoir se dessiner ici et, même une fois le premier baiser échangé, le premier acte sexuel consommé, il sera encore difficile de mettre des mots sur ce qui les unit, tant le film se refuse à faire de la psychologie. S’il est possible que Thomas Cailley fasse partie d’un bel avenir du cinéma français (on n’a pas tous les jours le sentiment de voir arriver sur les écrans un nouveau regard, un nouveau cinéaste dont on se dit : « Vite, vite, vivement qu’il nous en fasse un autre ! »), il dessine ici un autre avenir possible pour les couples en devenir... ce n’est pas non plus donné à tout le monde… ER

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À propos de L’Homme qu’on aimait trop

Uneaffaire de femmes L

œuvre de Téchiné, cinéaste réaliste,’ s’imprègne toutefois d’un certain classicisme, d’un formalisme s’estompant après Hôtel des Amériques (1981), véritable tournant dans sa carrière. Des Sœurs Brontë (1979) jusqu’à L’Homme qu’on aimait trop, le réalisateur conserve en effet une certaine tendance à la théâtralité, à l’artifice, avec des mouvements d’appareil ostentatoires, une absence de profondeur de champ, une stylisation de la mise en scène, que l’on retrouve dans son dernier film, ainsi qu’une symbolique lumineuse expressionniste et picturale. Ses personnages sont souvent dénués de tout sentiment et de toute morale : les gens qui se marient (ou vivent ensemble) ne s’aiment pas, ou rarement. L’Autre dans le couple est soit le moyen d’accomplir ses pulsions, soit le tremplin pour son ascension sociale : c’est l’objectif d’Agnelet dans L’Homme qu’on aimait trop, profitant du conflit d’Agnès avec sa mère pour s’emparer de leur fortune. Ce dernier film de Téchiné concerne davantage Agnès Le Roux plutôt que le personnage désigné par le titre. D'ailleurs le on impersonnel, que l'on attribue aux femmes qui ont aimé Agnelet, représente uniquement Agnès mais possède ici un sens universel, comme si elle était une totalité à elle toute seule. Toutes les femmes qui ont fréquenté Maurice Agne-

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let l’ont détesté autant qu’elle l’ont aimé : que ce soit Renée Le Roux, la mère d’Agnès, ou sa maîtresse. La seule qui l’aimait vraiment, et qui en est (peut-être) morte, est Agnès. La symbolique de l’eau est omniprésente. Dès que Maurice va accueillir Agnès à l’aéroport, celle-ci sent la nécessité de se baigner dans la mer, avant même de venir voir sa mère. Dès leur première rencontre, elle perçoit l’ardeur de l’ambition de cet homme, qui, lui, au contraire, tente de se soustraire à une quelconque immersion, de peur de noyer sa passion d’arriviste. Toutefois, ce n’est pas le feu de son amant qui va l’envahir, c’est sa propre combustion interne, sa passion dévorante qu’elle nourrit face à cet homme qui ne s’intéresse qu’à son argent : est-ce pour autant que l’on peut désigner ce dernier comme coupable d’un meurtre ? L’obsession de cette jeune femme à se baigner constitue toutefois une vaine tentative pour éteindre cette combustion interne. Agnès se consume lentement, mais sûrement, face à cet homme avide de pouvoir. Elle est en proie au feu de l’Enfer, pour avoir trahi sa mère, attirée par ses pulsions organiques, mue par un fatalisme tragique la condamnant. Son passage par l’Afrique, son contact avec les peuplades dites « primitives », l’ont fra-

gilisée, lui rappelant les origines de l’Homme, son penchant pour le surnaturel, ses croyances animistes. C’est dans la transe au moment de sa danse africaine sous les yeux de son amant, moment magique, qu’elle rentre sous le charme de celui qui la perdra. Cette jeune femme est tout entière vouée à Maurice, comme si elle était envoûtée, à l’opposé de celui-ci, qui, en revanche est capable d’entretenir plusieurs liaisons, tout en ayant d’excellents rapports avec son ex-femme et son fils. Son corps en souffrance exprime sa tragédie existentielle d’aimer un homme qui ne l’aime pas, ou du moins pas suffisamment. Son âme en perdition n’arrive pas à s’incarner dans un corps sous-dimensionné, contraint à obéir à des pulsions bestiales, empreint d’une animalité qui ne peut que l’entraîner vers le néant des sentiments. Agnès est une et indivisible, si bien que

lorsqu’elle disparaît du champ cinématographique, par sa mort supposée (parce que l’on ne retrouvera jamais sa dépouille), sa présence devient d’autant plus obsédante, envahissant le horschamp cinématographique, ce dernier se remplissant de son manque à l’écran, comme un vase communicant. La mort d’Agnès est symbolique : il s’agit pour elle d’une sorte de rédemption, parce qu’ellemême a tué symboliquement sa propre mère Renée, en votant contre elle pour la direction du casino. D’ailleurs, la préoccupation principale de Renée Le Roux au cours du procès semble être l’absence de sépulture, à cause de la défection du corps. La mère veut faire coïncider la mort symbolique avec une mort réelle pour avoir sa revanche sur sa fille. C’est pourquoi elle veut absolument les aveux de Maurice Agnelet, qui seraient un apaisement et constitueraient sa vengeance. De manipulateur, Agnelet se retrouve manipulé, étant à l’interface du combat entre ces deux femmes. Peu importent le personnage masculin, ses états d’âme, il sert seulement de lien dans ce conflit familial, l’essentiel se situant dans la relation entre les deux femmes. EC Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

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Rencontre avec Léa Fazer, Pio Marmaï & Alice Balaïdi mardi 8 juillet 2014 De Rohmer à Lonsdale en passant par Léa Fazer…

Ce fut une charmante soirée, à l’image du film Maestro présenté par une équipe visiblement heureuse de rencontrer une salle pleine, longtemps avant la sortie en salles. Il y avait Léa Fazer, la réalisatrice, Pio Marmaï et Alice Belaïdi, acteurs, aux côtés de l’intervenante Studio et de celle de Ciclic.

S

ur le plateau de Maestro, tourné en Région Centre près d’Argenton-sur-Creuse, la bonne ambiance qui régna sur les lieux fut confirmée par les trois protagonistes : « On n’a jamais autant rigolé avec Pio »… « On s’est vraiment marré »… « L’ambiance fut très joyeuse »… « Notre complicité et la joie qu’on avait à se retrouver sont sincère »… On apprendra au cours de la soirée que tout le monde était logé ensemble au VVF du coin, ce qui renforçait l’esprit de troupe.

Au départ, il y eut le désir de Jocelyn Quivrin qui tourna dans le dernier film d’Éric Rohmer, Les Amours d’Astrée et de Céladon. L’expérience fut telle pour ce jeune acteur qu’il commença à écrire un script avec la complicité de Léa Fazer. Après sa mort accidentelle, la réalisatrice poursuivit sans lui. Maestro raconte donc l’histoire du tournage d’un film. Son histoire est centrée sur celle d’un comédien presque débutant qui accède à plus de culture et plus de sentiment en côtoyant ce réalisateur hors norme. Eric Rohmer – alias Cédric Rovère – est interprété par Michaël Lonsdale : « J’avais besoin de quelqu’un qui ait la stature d’un maître, avec à la fois une grande générosité, une

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grande culture et beaucoup de singularité. Mais j’ai mis d’autres acteurs ou réalisateurs dans le personnage… Ce dernier n’est jamais dupe. Il laisse l’image d’un homme qui malgré son grand âge se passionne pour la jeunesse, aime la côtoyer. C’est en ça qu’il est un vrai sage… Rohmer avait gardé la même fantaisie ». À ses côtés Pio Marmaï tient le rôle d’Henri – alias Jocelyn Quivrin : « Il n’y a pas de similitude entre nos deux parcours car je n’ai jamais eu de galère comme lui, mais comme lui, j’ai une fascination pour Fast and Furious et j’aime autant le cinéma pop corn que le cinéma d’auteur. Je les considère comme complémentaires ». Les rapports entre les deux personnages, l’acteur et le maître, sont passionnants : « ce que l’un gagne en gravité, l’autre l’acquiert en légèreté ». Quand il tourna à Saint-Pourçain-sur-Sioule Les Amours d’Astrée et de Céladon, dont l’action se passe dans l’antiquité, Éric Rohmer s’inspira du 17è siècle, époque de l’écriture du livre, en puisant notamment dans les tableaux de Poussin.

Alice Balaïdi, Pio Marmaï & Léa Fazer aux Studio © Nicole Joulin

Rencontre

Pour réaliser Maestro « j’ai cherché des décors encore plus sauvages et qui me donnent l’impression d’être au paradis ». Quant aux moyens mis en œuvre, Léa Fazer travailla avec la même économie qu’Éric Rohmer : « une équipe réduite au minimum, peu d’argent et beaucoup de « trucs » imaginés par les techniciens ». Cela donne des tournages inventifs dans lesquels chacun est sollicité et le travail collectif prime. La différence majeure est que l’une tourne en numérique et l’autre en argentique. Léa Fazer revendique aussi une certaine similitude dans la façon de mener ses comédiens : « Avec les acteurs on fait un travail ensemble. Je n’ai pas l’impression de diriger… J’aime être surprise par ce qu’ils apportent. Le tournage est un lieu de création. Si un comédien n’arrive pas à dire une réplique, je considère que c’est parce qu’elle est mal écrite ». Cette façon de faire n’empêche pas « une grande maîtrise dans l’écriture et les dialogues », qualité qu’elle admire chez Rohmer… Pour Pio Marmaï, entrer dans la peau d’un personnage de Rohmer, qui plus est inspiré de l’antiquité, ne fut pas évident : « J’ai fait des films assez pointus. Quand j’ai vu Astrée et Céladon, j’ai essayé de comprendre alors qu’il faut seulement se laisser aller… Mais l’humour l’emporte : il fait rire la salle en confiant

qu’il a aimé être en toge : « c’est très aéré et les sandales bien patinées ne faisaient pas d’ampoules ». Il fut bien sûr question de théâtre, les deux films s’y rapportant et bien que Cédric Rovère se plaigne que les acteurs ne fassent plus de théâtre, tous les comédiens de Maestro en viennent. Lelouch fut aussi évoqué : « Avec Jocelyn on partageait cette idée que la vie est précaire, fragile et il faut que ce soit maintenant, ne pas attendre… La phrase, citée dans le film, est de Lelouch… Il nous emblait important que le Maestro ne soit pas enfermé dans un style, des chapelles. Rohmer pouvait aimer des cinéastes très différents ». Au final, Maestro est un film à la fois émouvant et gentiment moqueur, drôle et lumineux, qui nous parle du cinéma d’auteur sur le mode de la comédie. Et ils ne sont pas nombreux les réalisateurs qui comptent à nous proposer ce genre de comédie raffinée… Eric Rohmer était passé maître en la matière ; avec Maestro, qui nous parle aussi d’initiation et de transmission, il semble que Léa Fazer se soit montrée digne de son mentor… SB

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio. Les CARNETS du STUDIO n°327 – octobre 2014

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À propos de Paris, Texas

Meridian hotel, room 1520 Q

uand, en 1984, il réalise Paris, Texas, Wim Wenders n’a pas encore déçu et Nastassja Kinski pas encore disparu des écrans. Harry Dean Stanton y trouve son plus beau rôle et Dean Stockwell y est remis sur le devant de la scène (Le Garçon aux cheveux verts de Joseph Losey, c’était lui). La beauté d’Aurore Clément, après avoir été éclipsée du montage final d’Apocalypse now de Francis Ford Coppola, s’affiche cette fois en grand format ; Ry Cooder crée une musique qui devient immédiatement un classique et le fidèle Robby Müller fait des prodiges à l’image. L’ami musicien, John Lurie, apparaît au détour d’une scène et les grandes Claire Denis et Agnès Godard sont encore respectivement assistante

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réalisatrice et première assistante caméra. Quel générique ! Paris, Texas est un concentré de talents tous à leur meilleur. L’Amérique, Wim Wenders l’a déjà approchée dans ses films précédents sous diverses formes (d’Alice dans les villes à Hammett en passant par Nick’s movie, entre autres), c’est pour lui un univers mythique que jamais, peut-être, il ne filmera aussi bien que là. Comme si elles avaient pâli dans le temps du souvenir, les couleurs aujourd’hui étonnent. Paris, Texas est une explosion colorée, une ode aux paysages et aux lieux iconiques de ce pays et à ses clichés qu’il transcende tous et dont il fera également un bel album de photos : Written

in the west. Le bleu du ciel ou les néons multicolores des sublimes scènes nocturnes claquent et Wim Wenders ose des associations a priori improbables mais qui pourtant fonctionnent et trouvent leur acmé dans la scène la plus célèbre du film, celle du peep show (qui n’est pas sans rappeler celle de Model shop de Jacques Demy). Là, se mêlent le pull angora rose de Nastassja Kinski, un téléphone rouge écarlate, des rideaux et un canapé orange vif ; le tout restant pourtant parfaitement harmonieux. Mais Paris, Texas n’est pas qu’un magnifique écrin. C’est une œuvre profondément déchirante qui, elle aussi, approfondit un sillon déjà creusé par les films précédents (les relations filiales comme dans Alice dans les villes) et qui s’inscrit toujours dans l’imaginaire collectif du cinéma américain (celui du road-movie comme dans Au fil du temps). Quelle part de lui-même le réalisateur at’il mise dans l’histoire de ce père qui s’affaire à retisser les liens avec son fils, Hunter, et son ex-femme, Jane, pour nous toucher autant ? Venu de nulle part, Travis, dès la première image, marche. On

ne sait d’où il vient ni où il va, seul dans une immensité désertique, il entame une sorte de mission. Celle d’apprendre à ressembler à un père pour renouer avec un fils mal connu et faire en sorte de recréer le lien entre ce dernier et sa mère. À la fin du film, objectifs atteints, il repartira, disparaîtra à nouveau. Tout le trajet de ce personnage fantomatique converge en un lieu, le Meridian hotel. C’est là, dans la chambre 1520, qu’auront lieu les retrouvailles entre entre Jane et Hunter. Mais ces dernières se dérouleront hors champ, loin des yeux de Travis et de ceux des spectateurs, comme si, face à la magnificence des images, la mise en scène devait se faire sobre. Wim Wenders évite tout effet et opte souvent pour des plans fixes comme celui, respectueux, distant et combien émouvant, sur Jane en pleurs. C’est en trouvant cet équilibre entre le fond et la forme, entre le trop et le peu, que Wim Wenders a créé ce film magique. Le revoir en 2014 n’est pas que se replonger dans les souvenirs, c’est avoir à nouveau un choc esthétique. Les grandes œuvres ont l’éternité pour elles. JF

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Interférences Zero Theorem Under The Skin

1h47 – de l’excès à l’épure

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h47 : la même durée pour deux films SF (l’un lorgnant vers les dystopies, l’autre vers le fantastique), projetés les mêmes semaines, deux films que tout oppose à la fois au niveau de la forme esthétique et narrative et de ce qu’ils attendent de leurs spectateurs. Malgré deux prologues étranges qui semblent se répondre : dans Zero Theorem de Terry Gilliam, nous sommes perdus dans l’espace, face à l’œil d’un cyclone qui semble aspirer les constellations qui l’entourent. Dans Under the skin de Jonathan Glazer, le récit, particulièrement énigmatique, commence lui aussi dans l’espace, par une longue séquence presque abstraite qui mène d’une planète à l’orbe d’un œil. Chez Terry Gilliam, nulle surprise : dans ce décor d’église désaffectée où se mêlent éléments anciens et inclusions futuristes, le spectateur est en pays connu et retrouve le bric-à-brac de l’ex Monthy Python. Le même goût pour l’accumulation, la prolifération d’images, de sons, de musiques parasites, de personnages excessifs, de dialogues trop bavards. Dans cette histoire d’amour déjantée entre un informaticien délirant joué par Christopher Waltz et la bimbo numérique jouée par Mélanie Thierry, l’éternelle lutte entre l’angoissante réalité et le rêve paradisiaque inatteignable. Si les effets spéciaux numériques ont

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fait perdre une partie du charme bricolé de ses anciens films, on retrouve sa virtuosité visuelle, notamment dans le pseudo Tétris qui doit résoudre l’équation existentielle sur laquelle désespère le héros. Si Gilliam procède par trop-plein, Jonathan Glazer travaille, a contrario, par soustraction. Peu de mots, une histoire minimale, quelques personnages presque tous interchangeables : une épure. Et la volonté de toujours surprendre son spectateur, de le laisser, dérouté, dans une terra incognita, le privant de ses repères (narratifs et psychologiques) qui lui permettraient de reprendre pied. Qui est cette femme qui arpente les faubourgs et les campagnes écossaises ? Que veut-elle faire des hommes seuls qu’elle attire implacablement ? La musique, très présente, oppressante, hypnotique, n’est pas utilisée pour souligner les actions et les émotions des personnages. Elle introduit le spectateur dans un processus physique proche d’une performance d’art contemporain aux images fulgurantes. Ecran de laque où la jeune femme marche alors que sa proie s’y engloutit avant de s’y désintégrer. Scarlett Johansson y est remarquable. Bien qu’elle n’ait presque rien à faire, à dire, méconnaissable en brune (Christopher Waltz, chauve, l’était lui aussi), dans ce récit d’une extra-terrestre qui prend peu à peu conscience de son humanité incomplète, prenant corps sous nos yeux dans son insolente nudité (elle qui était totalement désincarnée DP dans Her), elle irradie.

Scarlett

une

starlette ? O

n la considère souvent comme un sexsymbol, une icône de la beauté féminine dont la seule présence au générique d’un film garantit plus ou moins le succès, une valeur sûre du box-office faisant partie de ce petit nombre d’actrices qui, après Marylin Monroe, Brigitte Bardot, Sophia Loren et quelques autres, font, paraît-il, fantasmer les hommes du monde entier. Nul ne conteste cependant le fait que son talent ne réside pas uniquement dans ses formes épanouies et ses lèvres pulpeuses. Que ce soit dans de grosses machines à cash ou dans les films de Woody Allen (devenus eux aussi des machines à cash ?), son physique avantageux ne l’empêche nullement de rendre crédibles les personnages qu’elle incarne. Mais d’où vient alors la sourde irritation que ces interprétations peuvent provoquer ? Du fait justement que ses metteurs en scène semblent toujours mettre en avant sa plastique et sa sensualité, laissant au second plan la comédienne, comme s’ils ne faisaient pas vraiment confiance à ses talents. Or il s’avère que quand on lui en donne l’occasion Scarlett Johansson se révèle non seulement comme une bonne actrice, mais comme une grande actrice. Rappelons-nous La Jeune fille à la perle, de Peter Webber, et Lost in Translation, de Sofia Coppola : tant de spontanéité, de talent à incarner avec subtilité, avec sensibilité, des personnages aussi

différents que la candide servante de Vermeer à la grâce sans apprêt, ou la jeune Charlotte un peu délaissée, un peu paumée, errant semi-léthargique dans Tokyo, ne peut être le fait que d’une grande actrice. Alors sex-symbol oui, pourquoi pas, elle l’est peut-être mais elle peut être tellement plus… Ses deux dernières interprétations le prouvent abondamment. Dans Her, de Spike Jonze, on ne la voit pas. Seule sa voix apparaît si on peut dire à l’écran, mais quelle voix ! À elle seule elle donne à ce film à moitié réussi une épaisseur qui le sauve. Et que dire de sa prestation — au contraire quasiment muette cette fois — dans Under The Skin, de Jonathan Glazer ? La blonde explosive a disparu, remplacée par une brunette un peu grassouillette, pas si canon que ça finalement, aux cheveux courts, au regard vide, à l’expression lointaine, comme ennuyée, d’une froideur bien peu érotique. Seuls les grands acteurs sont capables de remplir l’écran en ne faisant rien. Par sa seule présence dénuée de tout artifice elle donne à son personnage une densité, un mystère qui sont pour beaucoup dans la réussite du film. C’est en s’éloignant de son image fabriquée, en se débarrassant de ses oripeaux de bel objet décoratif, que Scarlett Johansson montre toute l’étendue de ses talents d’actrice, dont on ne connaît visiblement pas encore les limites. AW

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Interférences À la recherche de Vivian Maier Sugar Man

A

ssiste-t-on à la naissance d’un nouveau genre cinématographique ? Voilà qu’après Sugar Man, de Malik Bendjelloul, un autre film se donne pour mission de réparer une injustice en sauvant de l’oubli ou de l’anonymat un talent ignoré. À Sixto Rodriguez succède ainsi, dans le rôle du génie méconnu, Vivian Maier, qui mena deux vies, l’une publique de garde d’enfants, l’autre secrète de photographe. Pourquoi n’a-t-elle jamais essayé de faire connaître ses dizaines de milliers de clichés et de films super-8 et 16 mm, dont l’originalité et la qualité sont pourtant évidentes, y compris à ses propres yeux ? Tout comme Sugar Man, À la recherche de Vivian Maier est construit comme un puzzle, comme une recherche à deux dimensions. La première suit une démarche prospective : John Maloof, le découvreur-narrateur, fait, face à la caméra, le récit chronologique de son enquête, comme si on suivait en temps réel la progression de ses recherches sur le mystérieux auteur de ces magnifiques images. La seconde dimension de l’enquête vise à reconstituer, de manière rétrospective cette fois, à partir des souvenirs de ceux qui l’ont connue, la personnalité et le parcours de l’artiste. Ces témoignages croisés dessinent par petites touches le portrait d’une femme singulière, aussi complexe qu’attachante. Mais curieusement, au fur et à mesure que les informations s’accumulent, l’image se brouille. Apparaît peu à peu, comme dans un bain de révélateur, la schizophrénie d’un être perpétuellement double : la femme ordinaire

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Vos critiques

et l’artiste inspirée, celle qui photographie tout et celle qui ne montre rien, la femme qui déteste les hommes et celle qui les photographie avec tendresse, la nounou adorée des enfants et la nounou autoritaire et cruelle, peut-être caractérielle*. Plus le film avance, plus le puzzle se complexifie. Seule certitude : si l’artiste est géniale, la femme est pour le moins ambiguë.

À la Recherche de Vivian Maier n’est cependant pas un simple documentaire redresseur de torts, c’est un vrai film de cinéma, une œuvre de création construite comme une énigme policière visant à tenir le spectateur en haleine. Il n’est qu’à voir la façon dont John Maloof filme les témoins et se filme lui-même, non sans complaisance d’ailleurs, comme des personnages de fiction. Film ambigu donc, tout comme le personnage éponyme, mais il en allait de même avec Sugar Man, tant il est vrai que le cinéma, qu’il le veuille ou non, est moins un outil d’information qu’un vecteur d’émotion. AW * L’autoportrait dans lequel son image est divisée verticalement en deux zones, l’une dans la lumière et l’autre dans l’ombre, illustre parfaitement cette dichotomie.

PALERME de Emma Dante Malgré quelques plans réussis, j’attendais davantage de ce duel comico-tragique sous le ciel sicilien. Autrefois, Comencini avait réussi à exploiter une thématique voisine avec L’Argent de la vieille où le quartier jouait un rôle important autour du couple principal engagé dans une partie de cartes homérique contre une richissime américaine. Ici, Emma Dante semble ouvrir quelques pistes tant en direction des personnages que vers le quartier sensé représenter la ville, mais à chaque fois, ces tentatives se dégonflent ou apparaissent abandonnées. Finalement, on se lasse un peu, comme le font les personnages. Hervé R. LE BEAU MONDE de Julie Lopez-Curval […] Il y a de vrais moments d’une observation sociale cruellement juste et justement cruelle, des instants de non-dit ou bien des fragments de dialogue ou encore des regards qui font sortir de l’écran des préjugés sociaux à hurler. Et le tout est dit avec une certaine douceur, sans trop appuyer le trait… Si l’on ajoute à cela qu’on est très content de retrouver Sergi Lopez en grande forme dans un rôle complexe et plein d’humanité... Jérémie A.

Rubrique réalisée par RS

ALI A LES YEUX BLEUS de Claudio Giovannesi Plus un reportage qu’une fiction tellement les événements sont attendus. Echec scolaire pour les garçons, filles studieuses et tenantes de la tradition, bagarre en boîtes etc. Un film banal dont la mise en image ne fait pas une réussite, on a eu des films du mois de meilleure cuvée, revoir Ida et Lunch Box. Virello LES COMBATTANTS de Thomas Cailley Précipitez-vous voir cet étrange film qui bouscule et fait rire, qui gratte et chatouille et qui, en définitive, ne ressemble pas à grandchose d’autre ! Tout y est excellent, des acteurs et actrices aux trouvailles de scénario ou de dialogue et aux surprenantes ruptures de ton. Et, peut-être que sous la comédie se cache quelque chose d’un peu plus grave. En prime, vous avez au moins trois films différents pour le prix d’un, alors, ça serait vraiment bête de s’en priver, de se priver d’un tel plaisir ! Jérémie A. Film politique où deux jeunes (la jeunesse), (elle, consciente de la mort programmée du système ; lui, indécis en tout) décident dans un premier temps de croire aux vertus de l’ordre (l’armée) qui propose des méthodes de survie du groupe (social) obsolètes et inadaptées, puis s’en échappent, et tentent de survivre dans un retour à la Nature risqué. Ils réintègrent la vraie vie mais prennent l’engagement de rester vigilants, sur leurs gardes. Réconfortant dans ces temps où la vague brune progresse, telle un gigantesque incendie. Didier C.

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