06.04 au 03.05 2016

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°344 • Avril 2016

La Sociologue et l’ourson un film de Étienne Chaillou et Mathias Théry

Festival Désir… Désirs du12 avril au 13 mai (voir page 6)


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Avril 2016 - n° 344

Édito CNP

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5

Libres courts

HFP

Festival Désir, désirs. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

LES FILMS DE A à Z En bref

..................................

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9 16

Bande annonce, le transhumanisme . . . . . . . . . . . . . . . . 17 Rencontre avec

Giacomo Abbruzzese

.................................

18

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

À propos de

Zulawski . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Courts lettrages

Anomalisa . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Interférences

Les Premiers, les derniers/Nous trois sinon rien

....

22

Interférences

Les Délices de Tokyo/Ma petite sœur/Nous trois sinon rien 23 À propos de

Ave César

.............................................

24

À propos de

Le Trésor. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

À propos de

Les innocentes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Humeur

Emotion pictures . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC

À propos de

Un jour avec un jour sans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 31 Jeune Public

..........................................

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

34

FILM DU MOIS : La Sociologue et l’ourson GRILLE PROGRAMME

................

pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Lucie Jurvilier et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Festival Désir... Désirs, du 12 avril au 13 mai 2016

u’on le veuille ou non, nous faisons tous l’expérience de la solitude. Au lit, au travail, dans le silence ou le brouhaha, le sentiment de solitude est universel. Mais n’est-il pas encore plus violent pour ceux dont le genre, l’identité ou l’orientation sexuelle ne correspond pas aux normes imposées par la société, qui les laisse en marge ?

Q

Du 12 avril au 13 mai, la 23e édition du festival Désir...Désirs porte son regard sur ces expériences solitaire(s). Au pluriel, pour aborder les formes singulières de la solitude. Au pluriel, pour inclure nos compagnons de route du festival. De nouveaux compagnons comme les Lobis à Blois, où nous exportons le festival, et qui rejoint la liste déjà longue de nos partenaires fidèles. 2016 marquant (enfin…) l’intégration du Centre LGBT de Touraine aux commémorations de la déportation, c’est tout naturellement que le Festival s’y associe. Sans oublier la création d’une soirée spéciale transgenre pour mieux célébrer les identités de genre.

Musique, performance, débats, expositions viennent compléter une semaine cinématographique riche de découvertes, d’avant-premières et de films indépendants. Ces formes artistiques variées se conjuguent alors pour interroger nos désirs, singuliers et solitaires, notre rapport au monde et aux autres, la multiplicité des amours ou encore les discriminations liées au genre ou à l’orientation sexuelle. Cruelle et triste solitude penserez-vous ? Pas tout à fait. Si le deuil amoureux et familial de Lilting et la délicatesse vous tire les larmes, la détresse amoureuse et pas moins absurde du prometteur Gabriel Abrantes (Ennui Ennui) devient totalement euphorique. Mais quelle audace aurions-nous si la pratique sexuelle la plus solitaire n’était pas abordée, au travers du documentaire Mondo Homo qui retrace les débuts du porno gay français, et de l’ensemble de la soirée dédiée aux Plaisirs solitaires ? Seuls ou accompagnés, on ne sait pas vous, mais nous on a hâte… L’équipe du festival Désir...Désirs

Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

3


SEMAINE

du 27 avril au 3 mai

4

Homophobie en famille : « Casse-toi »

CNP jeudi

HOMOSEXUALITÉ : DU REJET AU REFUGE 55’ de Sonia Rolland et Pascal Petit

20h00 Débat avec le réalisateur et Nicolas Noguier, président de l’association le Refuge C

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LA CHAIR ET LE DIABLE

lundi 19h30

LES MALHEURS DE SOPHIE de Christophe Honoré

LA FABULEUSE GILLY HOPKINS de Stephen Herek

FESTIVAL DÉSIR… DÉSIRS

LA PASSION D’AUGUSTINE de Léa Pool

1h24’

de Raymond Depardon

THÉO ET HUGO DANS 1h37’ LE MÊME BATEAU

de Olivier Ducastel, Jacques Martineau

Mercredi rencontre avec Olivier Ducastel et Jacques Martineau après la séance de 19h45.

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MERCI PATRON !

MARIE ET LES NAUFRAGÉS de Sébastien Betbeder

www.studiocine.com

ZOOTOPIE de Byron Howard et Rich Moore

45’ VF

1h30’

mardi 19h45

2016

1h48’ VF

lundi UNE ÉTOILE EST NÉE 19h30 de William Wellman

LE FILS DE JOSEPH AVANTPREMIÈRE

MIMI & LISA

de Eugène Green

de Katarina Kerekesova

En présence du réalisateur, Eugène Green

37’

14h15 2h04’

A BIGGER SPLASH

19h00

MA PETITE PLANÈTE VERTE de divers réalisateurs ATELIER : mercredi

de Luca Guadagnino

1h21’

EVERYBODY WANTS SOME ! de Richard Linklater

À suivre.

1h43’

PAULINA de Santiago Mitre

À suivre.

17h00 21h15 17h45 21h45

1h45’

FRITZ BAUER, UN HÉROS ALLEMAND 21h15

14h15 17h15 21h30

1h40’

14h15 19h30

1h42’

14h30 19h30 14h30 19h45

1h42’

MEKONG STORIES 21h45

14h15 19h00

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

17h15 21h30

LE NOUVEAU

L’AVENIR

de Rudi Rosenberg

de Mia-Hansen-Løve

1h55’ VO

E.T.

MÉDECIN DE CAMPAGNE de Thomas Lilti

1h30’

GOOD LUCK ALGERIA de Farid Bentoumi

1h18’

LA SOCIOLOGUE ET L’OURSON de Étienne Chaillou et Mathias Théry

mercredi

10h00 16h15 + mercredi 10h15 16h15 17h15 SAUF

vendredi samedi vendredi samedi

17h15

SHADOW DAYS

17h15 21h30

1h35’

de Zhao Dayong

17h30 QUAND ON A 17 ANS 19h15 de André Téchiné 21h30

1h50’

1h34’

LE CŒUR RÉGULIER 17h30 de Vanja d’Alcantara

SUNSET SONG de Terence Davies

14h15 +

de Steven Spielberg

2h15’

21h15

1h50’

MIDNIGHT SPECIAL 21h15

de Phan Dang Di

1h44’

E

1h38’

de Lars Kraume

de François Ruffin

19h45

Voir page 6

1h57’

LES HABITANTS

1h30’

14h30

17h30

LE FILS DE JOSEPH 17h30 21h30 de Eugène Green

À suivre. À suivre.

14h15 19h45

mercredi samedi dimanche

1h55’

14h15 1h35’ MAGGIE 17h15 A UN PLAN 19h15 de Rebecca Miller À suivre. 14h30 19h45

À suivre.

1h39’ Vo

1h43’

14h15 17h30

C

du 6 au 12 avril

1

SEMAINE

1h47’

1h49’ de Clarence Brown

14h15 19h15

2016

1h36’

de Jeff Nichols

ROSALIE BLUM de Julien Rappeneau

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE C

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du 13 au 19 avril

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lundi 1h45’ 19h30 LA COMMUNION SOLENNELLE BAPTÊME 2h07’ 21h15

14h15 19h30 14h15 19h30

1h40’

1h30’

45’ VF

FERDA LA FOURMI

de Mia-Hansen-Løve

de Hermina Tyrlova

1h48’ VF

ZOOTOPIE

MERCI PATRON !

de Byron Howard et Rich Moore

Mercredi 13 avril rencontre avec Johanna Silva, co-productrice du film, après la séance de 19 h30.

de Julien Rappeneau

SOIRÉE DE CLÔTURE DU MARATHON DE COURTS MÉTRAGES

48 HOUR FILM PROJECT Projection de courts métrages réalisés lors du Ma ra thon et remise de prix

1h42’

14h15 FRITZ BAUER, UN 17h45 HÉROS ALLEMAND 19h45 1h45’ de Lars Kraume 14h15 19h30

MARIE ET LES NAUFRAGÉS de Sébastien Betbeder

14h30 1h33’ LES ARDENNES 19h45 de Robin Pront samedi

16h00

2h40’ HOMELAND partie 1 IRAK ANNEE ZÉRO. AVANT LA CHUTE Samedi 16 avril à 16h : film présenté par Elie Kheir, chercheur en géopolitique, spécialiste du Moyen-Orient et du monde arabe.

partie 2 dimanche HOMELAND IRAK ANNEE ZÉRO

16h00 2h54’

1h14’

17h45

de Abbas Fahdel

14h30 SAUF

lun-mar

16h00 SAUF

L’AVENIR

ROSALIE BLUM

SEMAINE

Ciné goûter : jeudi après la séance de 14h 30 lun-mar

42’ sans paroles

de François Ruffin

1h44’

MIMI & LISA de Katarina Kerekesova

1h42’

19h45

2016

MÉDECIN DE CAMPAGNE

16h15 SAUF

lun-mar + mercredi

10h15 17h30

du 20 au 26 avril

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Démonter le mythe de la croissance

CNP MOINS C’EST MIEUX jeudi 54’ de Karin de Miguel Wessendorf

20h00 C

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débat avec Fabrice Flipo, docteur en philosophie

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19h30

de Georg Wilhelm Pabst

Soirée présentée par Guy Schwitthal

de Farid Bentoumi

www.studiocine.com

LES MALHEURS 14h30 DE SOPHIE 17h15 de Christophe Honoré 19h15 samedi à 14h30 LA FABULEUSE mercredi samedi GILLY HOPKINS dimanche 1h39’ VO

19h30

Libres courts Made in Tours

21h45

14h15 FRITZ BAUER, UN HÉROS ALLEMAND 21h15 1h45’ de Lars Kraume

lun-mar + mercredi

10h00

vendredi

MIMI & LISA

1h34’

LE CŒUR RÉGULIER 21h45 de Vanja d’Alcantara

de André Téchiné

17h15 21h30

42’ sans paroles

FERDA LA FOURMI et les Studio proposent : 1h30’ 1h18’

MEKONG STORIES

19h45

de Phan Dang Di

A BIGGER SPLASH 17h15 21h15 de Luca Guadagnino

1h14’ UN

MONSTRE A MILLE TÊTES de Rodrigo Pla

17h45 21h30

Soirée Bibliothèque

mardi LA NUIT S’ACHÈVE SCF 21h00

PARAGRAPHE 175

1h18’ LA

SOCIOLOGUE 21h30 ET L’OURSON Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

1h40’

de André Téchiné

de Rodrigo Pla

17h30 1h44’ MARIE ET LES NAUFRAGÉS 21h45 de Sébastien Betbeder 17h45 1h33’ LES ARDENNES 21h45 de Robin Pront

1h21’

L’AVENIR de Mia-Hansen-Løve

1h14’ UN

MONSTRE À MILLE TÊTES

19h15

LA SOCIOLOGUE vendredi ET L’OURSON 19h45

de Robert Epstein

17h15 QUAND ON A 17 ANS 19h15

Projection de courts métrages et rencontres.

mercredi

Rencontre avec le réalisateur Étienne Chaillou

1h50’

2h04’

mercredi samedi dimanche

16h15

de Hermina Tyrlova

14h15 LE FILS DE JOSEPH de Eugène Green 19h30 1h42’ 14h30 SAUF

dimanche

16h15

de Katarina Kerekesova

1h55’

QUAND ON A 17 ANS

mercredi samedi dimanche

45’ VF

de Thomas Lilti

1h50’

14h15

de Stephen Herek

14h15 1h57’ EVERYBODY 17h00 WANTS SOME ! de Richard Linklater 19h15 14h15 1h59’ CHOCOLAT de Roschdy Zem 19h15

SAUF

de Étienne Chaillou et Mathias Théry

GOOD LUCK ALGERIA

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lundi 1h30’ L’ATLANTIDE

2016

1h47’

dimanche

14h15 21h15

2h04’

A BIGGER SPLASH 21h30 de Luca Guadagnino

1h30’

MERCI PATRON !

21h30

de François Ruffin

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


Vendredi 15 avril à 19h30, le Marathon international du court métrage 48 HFP revient à Tours jeudi 21 avril - 20h00

jeudi 28 avril - 20h00

Le CNP et ATTAC 37 proposent :

Dans le cadre du festival Désir… Désirs, le Centre LGBT de Touraine, Osez le féminisme ! 37 , le Mouvement Français

DÉMONTER LE MYTHE DE LA CROISSANCE

Lorsqu’on fait l’objet de discriminations, la famille est souvent le lieu d’écoute et de soutien, à la fois pour s’en protéger et pour y réagir. Pour les personnes lesbiennes, gay, bi et transgenres, la famille, au contraire, rassemble souvent ceux dont elles craignent le plus le rejet. Le Refuge vient en aide à des jeunes, exclus du foyer familial par leurs propres parents en raison de leur orientation sexuelle ou de leur identité de genre (273 personnes y ont été accueillies en 2014). Comme d’autres associations elle tente, dans un contexte de libération de la parole homophobe et transphobe, de réparer les dégâts causés par une intolérance présente au cœur même des familles.

Film : Moins c’est mieux

suivi d’un débat en présence du réalisateur Pascal Petit et de Nicolas Noguier, président national de l’association Le Refuge.

suivi d’un débat avec Fabrice Flipo, Docteur en philosophie et co-auteur du livre La Décroissance : 10 questions pour comprendre et débattre.

n avril, Tours accueillera pour la troisième fois le concours international de courts métrages : 48 Hour Film Project (Faire un film en 48 h).

pour le Planning Familial 37 et le CNP proposent :

En 1972 déjà, le Club de Rome avertissait que notre système de croissance économique basé sur la productivité marchande, le développement des marchés, l’extraction des matières premières, serait, dans un proche avenir, voué à l’échec. Alors que l’exploitation de la planète touche à sa fin, on ne parle encore que de croissance. Tous les voyants étant au rouge (climat, pollutions, matières premières, terres et métaux rares), il ne s’agirait même pas d’imaginer « une autre croissance », ni « un autre développement » (durable, social, solidaire, vert, rouge, etc..), mais bien la construction d’une autre société. La croissance et le développement étant d’abord des croyances, avant d’être des pratiques destructrices d’écosystèmes, la réalisation d’une société « d’abondance frugale » ou « de prospérité sans croissance », implique bien une désintoxication de tous les pays, en commençant par ceux du Nord, sans oublier la dette écologique à l’égard du reste du monde.

de Karin de Miguel Wessendorf (2013 – Allemagne – 54’),

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HOMOPHOBIE EN FAMILLE : « CASSE-TOI ! »

Film : Homosexualité : du rejet au Refuge de Sonia Rolland et Pascal Petit (2015 – France – 55’),

Le plus important marathon de courts métrages au monde souhaite donner la chance à tous les amoureux du cinéma de se mettre au défi, avec un principe simple : réaliser un film en 48 heures chrono ! La compétition posera de nouveau ses valises du 1 au 3 avril 2016 ! Pour la société coproductrice « Les Films du Loup Blanc », ce week-end est avant tout l’occasion pour chaque équipe de se révéler en 48h seulement. « Un événement cinématographique unique qu’il semblait évident de partager avec notre

– Les CARNETS du STUDIO

n°344 – Avril 2016

Créativité, talent et passion y seront les maîtres-mots. Tous les films seront projetés et les meilleurs seront récompensés lors de la finale du 15 avril à partir de 19h30 aux Studio Une soirée pleine de rebondissements, d’animations et d’échanges. Un rendez-vous à ne surtout pas manquer ! www.48hourfilm.com/tours Les Films du Loup blanc

LIBRES COURTS, Made in Tours mercredi 20 avril – 19h15

A

u programme du prochain rendezvous courts métrages, Ciclic et les Studio vous invitent à découvrir 3 films inédits, tournés à Tours au cours de l’année 2015. 19h15 - EXCEPTIONNEL, assistez à une rencontre avec des techniciens autour des coulisses d’un tournage et des métiers du cinéma.

filles, de tous milieux sociaux, enceintes et toutes confrontées au même dilemme.

Réplique France, 2015, 19’ d’Antoine Giorgini

Les tentatives d’audition pour un jeune comédien issu des quartiers populaires et dont le partenaire n’arrive pas. Primé au dernier Festival international du court métrage de Clermont-Ferrand.

19h45 - Projection des 3 films en présence des réalisateurs

La Boum

Un grand silence

Les années collège en 1990 et leurs fameuses surprise-parties. Avec l’aimable collaboration du Conservatoire Francis Poulenc de Tours.

France, 2015, 29’ de Julie Gourdain

1968, un établissement pour jeunes

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partenaire depuis toujours, les cinémas Studio »

de Julia Ferrari , France, 2015, 23’, de Géraldine de Margerie

Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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Festival Désir… Désirs, 23e édition, du 12 avril au 13 mai

Vendredi 22 avril

À la bibliothèque des Studio, avec Sans Canal Fixe

Mercredi 27 avril Théo et Hugo dans le même bateau France – 2016 – 1h37 d’Olivier Ducastel et Jacques Martineau, avec G. Couët, F. Nambot

Dans un sex-club, les corps de Théo et de Hugo se rencontrent, se reconnaissent, se mêlent en une étreinte passionnée. Passés l’emportement du désir et l’exaltation de ce premier moment, les deux jeunes hommes, dans les rues vides du Paris nocturne, se confrontent à leur amour naissant.

Rencontre avec les réalisateurs et l’acteur Geoffrey Couet + Court métrage Prix du public Désir… Désirs 2015 : Je sens le beat qui monte en moi France – 2012 – 32’ de Yann Le Quellec

19h45 : La Sociologue et l’ourson France – 2015 – 1h20, documentaire d’Étienne Chaillou et Mathias Théry

2012. Les débats politiques et médiatiques autour du mariage pour tous s’installent dans les foyers français. Et plus particulièrement dans la famille Théry. Le fils, Mathias, réalisateur, enregistre les conversations qu’il a avec sa mère, Irène, qui n’est autre que l’une des sociologues invitées par le gouvernement pour statuer sur le projet de loi final. Drôle et ludique, le travail de marionnettiste de Mathias Théry et d’Étienne Chaillou, prend la distance nécessaire pour revenir sur cet épisode politique mouvementé et déconstruire nos certitudes sur ce qu’est la famille. Rencontre avec le réalisateur

Dimanche 25 avril

Jeudi 28 avril 20h : Homosexualité, du rejet au Refuge (voir CNP, page 4)

Vendredi 29 avril 17h45 : Courts-métrages Androchrome, de Charlie Meyssone, Clarisse tout simplement, documentaire de Charlotte Font, Alexis Bregeon et Ludivine Petit, La Nuit tous les chats sont roses de Guillaume Renusson, Samira, documentaire de Nicola Mai, Ava Valentin, de Guillaume Richard, Queer, de Pierre Caudevelle durée : 1h20

Rencontre avec Clarisse Dorion

14h15 : Paragraphe 175 États-Unis – 2000 – 1h21, documentaire de Robert Epstein

Les homosexuels ont été comme tant d’autres les victimes du régime hitlérien. Ils étaient persécutés en vertu du paragraphe 175 du code pénal allemand. Ce paragraphe, datant de 1871, condamnait à la prison «les actes contre nature» entre hommes. Paragraphe 175 donne la parole à des survivants qui nous racontent leur expérience personnelle et les conséquences durables de ce chapitre caché de l’histoire du IIIème Reich.

Rencontre avec Matthieu Chaimbault

19h45 : Finding Phong Vietnam – 2015 – 1h32, documentaire de Tran PhuongThao et Swann Dubus

Phong est une jeune Vietnamienne née dans le corps d’un homme. Malgré les réticences de sa mère et le regret de son frère de voir disparaître « la plus grosse bite de la famille », elle entreprend sa transition. Entrecoupé de scènes issues de son propre journal vidéo, le documentaire nous embarque dans une intimité totale et nous fait vivre les émotions provoquées par la découverte d’un nouveau corps.

Rencontre avec le réalisateur Mardi 26 avril

Samedi 30 avril 17h45 : Courts-métrages Notre-Dame des Hormones, de Bertrand Mandico, Préhistoric Cabaret, de Bertrand Mandico, VAT de Ninja Thyberg, Plaisir comme désir, de Philippe Jubard, Ex Argila, de Elena Vannier et Anne-Sophie Tournade, Pornation, de Bruce durée : 1h15

19h45 : Fucking in love France - 2014 - 1h12, documentaire de Justine Pluvinage

Après neuf ans de vie conjugale, Justine quitte son partenaire. Elle se trouve alors envahie d’une euphorie et d’une libido incroyables, et découvre ce que peut signifier désirer et être désirée. Ce documentaire se voit comme une expérience qui permet d’entrevoir les relations non plus comme une emprise intellectuelle où le désir et les pulsions sont niés, mais comme un échange où l’affirmation de soi et l’écoute des corps prennent enfin place pour laisser libre cours à la joie et aux plaisirs.

Rencontre avec la réalisatrice 21h45 : Mondo homo Mondo homo revient sans pudeur sur la vague de films d’un genre alors inédit en France : le porno gay. De 1975 à 1983, ces films envahissent les salles parisiennes spécialisées et mettent en lumière une sexualité dont on parle encore peu. En s’appuyant sur les témoignages de réalisateurs et d’acteurs, mais aussi sur des extraits de films, ce documentaire revient aux origines d’un cinéma pionnier.

Dimanche 1er mai 10h30 : Ciné p’tit déj en partenariat avec Ciclic Aïssa de Clément Tréhin Lalanne, Ennui Ennui de Gabriel Abrantes, He’s the best de Tamyka Smith, La contre-allée, de Cécile Ducrocq, Espace, d’Éleonor Gilbert, Résurgence Commode, de Guillaume Levil durée : 1h46

Rencontre avec Guillaume Levil 17h45 : Lilting ou la délicatesse

France – 2015 – 1h40, documentaire de Cyril Leuthy

États-Unis – 2015 – 1h26, de Sean Baker, avec K.K. Rodriguez, M. Taylor, K. Karagulian

Royaume-Uni – 2015 – 1h31 , de Hong Khaou, avec B. Whishaw, M. Christie, P. Bowles

Un fils qui cherche son père. Un père qui retrouve son enfance. Un amant en quête d’un grand-père caché… et l’Algérie, celle d’hier et celle d’aujourd’hui. Avec une approche documentaire où souffle le vent de la fiction, le film trace plusieurs lignes, cherchant ainsi à capter quelque chose de pas si fréquent : l’épaisseur de la vie.

Sin-Dee et Alexandra, deux prostituées transgenres, se retrouvent pour prendre un verre. Sin-Dee sort de prison et n’a qu’une hâte : retrouver Chester, son petit ami et souteneur. Alexandra gaffe en lui révélant son infidélité. Une immersion captivante dans un univers sans pitié pour ces jeunes femmes marginalisées qui

Dans l’ambiance feutrée d’une maison de retraite, à Londres, une mère sino-cambodgienne pleure la disparition de son fils unique, Kai. Les flashbacks nous révèlent avec pudeur la vie et les angoisses du jeune homme. Alors que la mère de Kai compte faire son deuil en solitaire, Richard, le compagnon de Kai, fait irrup-

– Les CARNETS du STUDIO

n°344 – Avril 2016

tion dans sa vie. Petit à petit, il démonte les barrières et tous deux se retrouvent dans le souvenir de l’être aimé.

19h45 : Le Profil Amina Canada - 2014 - 1h24, documentaire de Sophie Deraspe

Amina Arraf, jeune Américano-Syrienne, vit une relation amoureuse érotique et virtuelle avec la Montréalaise Sandra Bagaria. Au cœur du printemps arabe, Amina raconte les révolutions dans un blog qui rencontre rapidement beaucoup de succès. Mais c’est lorsqu’elle est mystérieusement enlevée qu’une mobilisation internationale se déclenche afin de lui venir en aide. L’engouement médiatique est à son comble. Et la vraie question se pose enfin : qui est donc Amina ?

21h45 : Je suis à toi Belgique, Canada – 2014 – 1h42, de David Lambert, avec N. Perez Biscayart, J.M. Balthazar, M. Chokri

Lucas, jeune prostitué argentin, part s’établir dans un petit village belge après avoir rencontré Henry, un boulanger désireux de le sauver de sa pauvreté et lui-même de sa propre solitude. Apprenti boulanger déraciné, Lucas passe brutalement de la prostitution à la panification, tributaire du maître des lieux et de ses désirs. Leur compromis boiteux se voit bouleversé par Audrey, la vendeuse, depuis peu veuve et en quête d’une nouvelle vie...

France - 2014 – 1h37, documentaire d’Hervé Joseph Lebrun

21h45 : Tangerine

21h : La Nuit s’achève

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tentent de garder la tête haute malgré la discrimination, la maltraitance et les humiliations quotidiennes.

Lundi 2 mai 19h30 : La chair et le diable, en partenariat avec la Cinémathèque États-Unis – 1926 – 1h52, de Clarence Brown, avec G. Garbo, J. Gilbert Leo et Ulrich sont deux amis de longue date. En permission, Leo rencontre la belle Felicitas à la gare. Ébloui par sa beauté, il la retrouve au dancing d’où ils partent ensemble discrètement. Le Comte, son mari, dont elle n’a pas parlé à Leo, fait irruption dans la chambre et défie Leo en duel..

Mardi 3 mai 19h45 : Soirée de clôture De l’ombre il y a France – 2015 – 1h45, de Nathan Nicholovitch, avec D. D’ingéo, P. Nat, V. Seng Samnang, U. Lai, C. Mercier

Dans un Cambodge encore hanté par les crimes des Khmers rouges, Mirinda, travesti français de 45 ans, se prostitue dans les bas fonds de Phnom Penh. Sa rencontre avec une fillette issue du trafic éveille peu à peu chez lui un sentiment de paternité.

Rencontre avec Nathan Nicholovitch et David D’ingéo

Ë Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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Et aussi :

Expositions : Bibliothèque centrale du 19 avril au 28 mai :

Mardi 12 avril - 18h30 Maison de l’étudiant : Conférence-débat : Parcours d’études et carrières

professionnelles : question de genre ? Mardi 19 avril - 20h00 Salle Ockeghem : Conférence vidéo animée : Désir et/ou et/ou Solitude

Samedi 23 avril - 15h00

Noxolo, une victime de l’intolérance Samedi 30 avril - 15h00 Rencontre avec l’auteur, Jean-Marc Morandeau Du 28 avril au 4 mai Lyeuxcommuns Quai du désir... Affiches pornos des années 70

Jardin des Studio :

Îlots Électroniques Mercredi 11 mai - 19h00 Bibliothèque centrale : Lecture de Out

Vendredi 13 mai- 22h00 Au Temps Machine : Ciné-drive :

Mercredi 4 - 18h30 Rencontre avec Osez le Féminisme ! 37 Du 30 avril au 22 mai Yoann Penard, sculptures – installations ; Berbard Ouvrard , peintures.

The ballad of Genesis and lady Jaye + concert.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES , AU MOIS D’AVRIL : Mare Nostrum II de Fresu, Galliano, Lundgren (Studio 1-2-4-5-6) • Unstatic de Manu Katche (Studio 3-7) Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Les Malheurs de Sophie, samedi 23 avril- 14h30

A

A Bigger Splash

Italie/France – 2015 – 2h04, de Luca Guadagnino, avec Tilda Swinton, Matthias Schoenaerts, Ralph Fiennes, Dakota Johnson, Aurore Clément…

Dans une superbe villa italienne sur l’île de Pantelleria, un couple élégant profite de vacances romantiques sous le signe de l’insouciance, des baignades… Mais la visite impromptue d’un vieil ami avec sa séduisante et jeune compagne va venir semer le trouble. A Bigger Splash vous rappellera sans doute La Piscine (1969) de Jacques Deray avec déjà à l’époque une très belle distribution (Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet et Jane

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– Les CARNETS du STUDIO

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Birkin). Cette version de L. Guadagnino, sélectionnée à la Mostra de Venise, ne devrait pas vous laisser indifférent. On y retrouve notamment l’envoûtante Tilda Swinton – qui avait déjà tourné sous la caméra de Luca Guadagnino dans Amore (2010) – pour un thriller vibrant et rock n’roll. Une très belle intrigue sulfureuse à découvrir ! Sources : dossier de presse

Les Ardennes

Belgique/Pays-Bas - 2015 – 1h33, de Robin Pront, avec Jeroen Perceval, Kevin Janssens, Veerle Baetens, Sam Louwyck…

Dave et Kenneth, deux frères, commettent un

cambriolage. Alors que le coup tourne mal, Dave parvient à s’enfuir, laissant son frère derrière lui. Quelques années plus tard, lorsque Kenneth, au caractère violent, sort de prison, il souhaite reprendre sa vie là où il l’avait laissée, c’est-à-dire retrouver Sylvie, sa petite amie. Ce qu’il ignore, c’est que Dave et Sylvie sont tombés amoureux entre-temps et partagent leur vie ensemble. Mais annoncer la vérité à Kenneth pourrait virer au règlement de compte… Réalisateur, Robin Pront s’était déjà fait remarquer par ses court-métrages primés, Plan B (2008) et Injury Time (2010). Il est aussi co-scénariste de ce premier long-métrage avec Jeroen Perceval, qui incarne Dave et est l’auteur de la pièce de théâtre, dont Les Ardennes est l’adaptation. Avec ce thriller, R. Pront voulait explorer « les zones intermédiaires entre le bien et le mal », le thème de la loyauté fraternelle, en se centrant sur l’environnement violent dans lequel évoluent les personnages. Source : dossier de presse

L’Avenir

Chocolat

France - 2016 - 1h59, de Roschdy Zem, avec Omar Sy, James Thierrée, Clotilde Hesme…

Ou comment le fils d’un esclave de Cuba devint le premier artiste noir de la scène française ! En 1887, Rafael Padilla joue les cannibales dans un petit cirque de province quand Georges Foottit, clown de son état, le remarque et lui propose un duo inédit : un clown, blanc forcément, autoritaire, dont le souffre-douleur serait un clown noir. Ce numéro de duettistes remportant un véritable triomphe, Rafael, devenu Chocolat, va s’enivrer de gloire, d’argent et des plaisirs qui vont avec. Mais quand son image est récupérée à des fins publicitaires, et qu’on l’affuble d’une tête de singe, Chocolat va s’interroger sur la façon dont on le considère, et prendre conscience du racisme sous-tendu par le rôle qu’on lui fait tenir. Il décide alors d’aborder son métier autrement, notamment en interprétant Othello… Pour réhabiliter cette figure oubliée, Roschdy Zem a su recréer l’atmosphère des chapiteaux de la fin du XIXe siècle, et s’entourer des deux comédiens idéaux !

France – 2016 – 1h40 de Mia Hansen Love, avec Isabelle Huppert, André Marcon, Roamn Kolinka…

Filmographie : Mauvaise Foi (2006), Omar m’a tuer (2011), Bodybuilder (2014),

Nathalie a la cinquantaine rayonnante : elle exerce un métier qu’elle adore, prof de philo, a un mari, deux enfants, et une mère quelque peu envahissante. Mais soudain tout s’écroule : son mari la quitte pour une autre, sa mère décède brutalement et sa sphère professionnelle devient également une zone de turbulences. Au lieu de sombrer, Nathalie va s’emparer de ce maelström pour donner un nouveau sens à sa vie… Mia Hansen-Løve, dont les parents sont enseignants en philosophie, avait envie de (se) poser la question du bonheur, de la recherche de liberté, de la quête de sens ainsi que celle de la vocation. Elle a bien fait car sa réponse cinématographique lui a valu l’Ours d’argent du Meilleur réalisateur, lors de la dernière Berlinale.

Sources : Dossier de presse, Telerama.fr

Filmographie : Tout est pardonné (2007), Le Père de mes enfants (2009), Un amour de jeunesse (2011), Eden (2014) Sources : Dossier de presse, filmsdulosange.fr

C

Le Cœur régulier

France 1h34 2016, de Vanja D’Alcantara, avec Isabelle Carré, Niels Schneider, Jun Kunimura, Fabrizio Rongione...

Alice est mariée et a deux enfants adolescents. Pourtant, depuis la mort de Nathan, son frère dont elle a été longtemps séparée, elle se sent étrangère à son univers quotidien. Au point de s’enfuir au Japon dans un village hors du temps et entouré de falaises d’où de nombreuses personnes se suicident, à moins que le vieux Daïsuke n’arrive à les en dissuader, comme pour Nathan. C’est maintenant le tour d’Alice d’aller à la rencontre de Daïsuke et de tenter de se (re)trouver... L’exil volontaire d’Alice dans des paysages magnifiques (la photographie est superbe) est un voyage intérieur très émouvant. Porté par une formidable Isabelle Carré et adapté du roman éponyme d’Olivier Adam, Le Cœur régulier est un beau voyage quasi immobile. JF Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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E

Everybody Wants Some USA – 2016 – 1h56, de Richard Linklater, avec Blake Jenner, Glen Powell, Tyler Hoechin.

Il y a un an, on pouvait découvrir Boyhood, un film unique et sensible sur la famille et le temps qui passe, en suivant pendant 12 ans entre son enfance et sa majorité, le jeune Mason, sa sœur et sa mère. Si Everybody wants some est comme la suite spirituelle de Boyhood (2014), il s’apparente davantage à l’un des films devenu culte du réalisateur, Génération rebelle (Dazed and confused, 1993) qui racontait les aventures d’étudiants dans leur université en mai 1975. Nous sommes maintenant dans les années 80 et allons suivre les péripéties d’un groupe d’amis fraîchement diplômés qui découvrent les libertés et les responsabilités de l’âge adulte et tentent de monter une équipe de base-ball. On nous annonce un film frais, plein d’humour : « Préparez-vous, disent les critiques, à passer le meilleur weekend de votre vie ». Sources : dossier de presse

E.T.

F

La Fabuleuse Gilly Hopkins Ferda la fourmi Voir pages Jeune Public

Le Fils de Joseph France/Belgique – 2016 – 1h55, de Eugène Green, avec Victor Ezenfis, Natacha Régnier, Mathieu Amalric, Fabrizio Rongione…

Vincent est un adolescent qui a été élevé avec amour par sa mère, Marie. Or celle-ci, qui lui a toujours caché l’existence de son père, refuse de lui en révéler le nom. Vincent, en menant ses propres recherches, découvre qu’il s’agit de Oscar Pormenor, un éditeur parisien, homme égoïste et cynique. Alors que l’adolescent prépare un projet de vengeance, sa rencontre avec Joseph va changer sa vie… Eugène Green, homme de théâtre, écrivain et cinéaste, était venu aux Studio nous présenter Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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La Religieuse portugaise (2008). Avec Le Fils de Joseph, présenté au Festival de Berlin et basé sur le mythe d’Abraham, on retrouve la place cruciale qu’il accorde à l’Art qu’il considère comme vital. Après le théâtre et la musique baroque dans Le Pont des Arts (2004), l’architecture baroque dans La Sapienza (2014), la satire vient ici illustrer le milieu des maisons d’édition. L’œuvre de cet homme esthète et érudit est toujours un moment de cinéma exceptionnel.

teur a fait un film sur l’entreprise, la famille, les racines, le sport... une comédie avec beaucoup d’émotions. C’est un film entre la France et l’Algérie, mais l’histoire familiale au cœur du film, cette histoire de transmission, est universelle. Sources : dossier de presse

H

Du nord au sud, de Charleville-Mézières à Nice, de Sète à Cherbourg, je pars à la rencontre des Français pour les écouter parler. J’ai aménagé une vieille caravane et j’invite des gens rencontrés dans la rue quelques minutes auparavant à poursuivre leurs conversations devant nous, en toute liberté. C’est ainsi que le célèbre photographe et documentariste Raymond Depardon parle de son dernier documentaire. Après Reporters (1981), Faits divers (1983), Urgences (1988), Délits flagrants(1994), 10ème chambre(2004), La Vie moderne(2008), Depardon donne la parole aux habitants des villes sur leurs préoccupations, la famille, le chômage, l’amour. Des thèmes éternels. Gageons que nous passerons un beau moment en leur compagnie !

Source : dossier de presse

Mardi 12 avril à 19 h 45 avant première et rencontre avec Eugène Green.

Fritz Bauer, un héros allemand Allemagne – 2015 – 1h45, de Lars Kraume,avec Burghart Klaussner, Ronald Zehrfeld, Sebastian Blomberg...

Juif, homosexuel et socialiste, Fritz Bauer naît en Allemagne à une époque où il ne fait bon être ni l’un ni l’autre... À la fin des années 50, de retour dans une Allemagne qui peine un peu à faire face à son passé récent, c’est en qualité de juge qu’il entreprend de faire comparaître en justice un certain nombre de criminels nazis. C’est aussi sa connaissance des dossiers qui lui permettra de transmettre au Mossad les informations aboutissant à l’arrestation d’Eichmann en Argentine. L. Kraume a choisi de traiter cela comme un thriller mettant notamment en scène les difficultés qu’il dut affronter de la part du gouvernement allemand, peu enclin à risquer de voir dénoncer les Nazis qui s’étaient recyclés dans l’État allemand nouvellement formé.

Good Luck Algeria

France/Belgique – 2015 - 1h30, de Farid Bentoumi, avec Sami Bouajila, Franck Gastambide, Chiara Mastroianni...

Sam et Stéphane, deux amis d’enfance, conçoivent des skis haut de gamme. Mais une forte concurrence met leur entreprise en péril. Pour la sauver, ils se lancent dans un défi : la qualification de Sam aux Jeux Olympiques d’hiver sous la bannière de son pays d’origine, l’Algérie. Sam va alors se rapprocher de ses racines... S’inspirant de l’histoire de son frère, le réalisa-

Les Habitants

France – 2015 - 1h24, de Raymond Depardon, avec les habitants des villes...

Homeland - Irak année zéro 2016 – documentaire d’Abbas Fahdel en deux parties : 1-Avant la chute (2h40), 2-Après la chute (2h54)

G

Lors de la première guerre du Golfe en 1991, le critique Serge Daney s’inquiétait de « la disparition des images ». En 2003, juste avant la 2e guerre du Golfe, son élève, le franco-irakien Abbas Fahdel retournait à Bagdad filmer sa famille avec une caméra légère alors que la coalition s’apprêtait à lancer une nouvelle offensive pour dénicher les armes de destruction massive. Quelques semaines après la chute du régime, il reprenait le tournage. Dans les 120 heures de rushs qu’il rapporta, Haidar, son neveu d’une dizaine d’années, se révèle un guide lumineux... avant de succomber sous des balles perdues. Traumatisé par ce drame, le réalisateur a oublié ces images pendant une dizaine d’années avant de décider, seul, de les monter pour pouvoir donner un contrechamp

irakien aux images des vainqueurs. Il a séparé son film en deux parties : la première, Avant la chute, montre la vie quotidienne des membres de sa famille, comment les Bagdadis résistent à l’embrigadement du régime de Sadam Hussein. La seconde partie, Après la bataille, montre comment, après les premières heures de jubilation, le chaos s’installe... qui mènera à la mise en place de ce que nous connaissons comme l’État Islamique. Ce documentaire bouleversant, « d’une ampleur et d’une urgence inouïes », chef d’oeuvre qui rappelle Allemagne année zéro du grand Rossellini, est « un film essentiel. Ceux qui auront la chance de le voir en sortiront enrichis. » sources : lemonde.fr – france24.com

Samedi 16 avril à 16h : film présenté par Elie Kheir, chercheur en Géopolitique, spécialiste du Moyen-Orient et du monde arabe.

Maggie a un plan

USA – 2013 – 1h32, de Rebecca Miller, avec Greta Gerwig, Ethan Hawke, Julianne Moore…

M

Maggie, célibataire new-yorkaise en mal d’enfant, pense avoir tout prévu : à cause de son incapacité à rester longtemps en couple, elle aura recours à l’insémination artificielle. Mais elle rencontre John, professeur d’anthropologie et écrivain, dont elle tombe éperdument amoureuse bien qu’il soit déjà père de deux enfants et mal marié avec l’excentrique Georgette. L’enfant viendra, mais Maggie a alors un autre plan… Le cinquième film de Rebecca Miller rompt avec le sérieux de ses œuvres précédentes - The Ballad of Jack and Rose (2006), Les Vies privées de Pipa Lee (2010). On nous annonce une tranche de vie irrévérencieuse de membres de l’intelligentsia de la côte est américaine parfaitement névrosés, servie par d’excellents acteurs et qui adopte un ton moqueur dans la veine de Woody Allen. Sources : dossier de presse

Les Malheurs de Sophie

France – 2016 – 1h46, de Christophe Honoré, avec Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani, Muriel Robin, Caroline Grant...

Incapable de résister à la tentation de l’interdit, Sophie adore faire des bêtises avec son cousin Paul et ses deux amies, les petites filles Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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modèles. Mais un départ à l’étranger se transforme en tragédie, la vie de Sophie ne sera plus jamais la même... L’histoire est connue, la surprise c’est d’en voir une nouvelle adaptation signée Christophe Honoré (Les Chansons d’amour, Non ma fille tu n’iras pas danser). À la fois relecture et fidèle transcription, comptons sur lui pour avoir réalisé un film étonnant et s’adressant à tous. Il a pour cela convoqué un casting haut de gamme et assez détonant, Anaïs Demoustier, Golshifteh Farahani et Muriel Robin en horrible Madame Fichini. Et, chic, à la musique on retrouve le fidèle et talentueux Alex Beaupain.

la lutte de « pieds nickelés picards contre le Goliath du luxe », François Ruffin , proche du Michael Moore de Roger et moi, met en place un véritable traquenard avec suspense, changement d’identité, caméra cachée… « Jubilatoire, ce pastiche de thriller sur fond de lutte des classes réussit la gageure de réenchanter l’action dans une époque aquoiboniste. Moqueur sans condescendance, joyeusement combatif, le film est un parfait dosage d’humour et de constat social. La preuve que l’engagement peut être payant... »

jeune médecin qui débarque de son hôpital pour l’aider. Nathalie sera-t-elle capable de s’adapter à cette vie nouvelle et à remplacer celui qui se croyait jusque-là… irremplaçable ? Médecin, scénariste (Télé gaucho de M. Leclerc), réalisateur, Thomas Lilti a connu un très beau succès grand public avec Hippocrate, un formidable récit avec Vincent Lacoste et Reda Kateb qui faisait découvrir avec justesse et émotion les dessous du monde hospitalier… Dans ce nouveau film, il réussit un film touchant qui sait éviter les clichés à la fois sur la médecine et sur la campagne avec un très beau duo d’acteurs. DP

Sources : telerama.fr – tempsreel-nouvelobs.com

Mercredi 13 avril rencontre avec Johanna Silva, productrice du film, après la séance de 19 h30.

Sources : Dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Mekong Stories Vietnam – 2015 – 1h42, de Phan Dang Di,

Voir pages Jeune Public

Marie et les naufragés France – 2015 – 1h44, de Sébastien Betbeder, avec Vimala Pons, Éric Cantona, Pierre Rochefort...

Séduisante jeune femme un peu fantasque, Marie a été amoureuse d’Antoine, romancier qui a connu le succès (et qui la dit « dangereuse »...) mais c’est maintenant Siméon, journaliste chômeur, qui l’attire... Incapable de choisir vraiment, elle s’enfuit sur l’île de Groix. Vincent et Siméon se lancent à la poursuite de cette insaisissable femme contre vents et marées. Sébastien Betbeder (2 automnes, 3 hivers) nous a déjà prouvé qu’il excelle dans le mélange humour et amertume légère, gageons que cette Marie et ses soupirants nous emmèneront sur les mêmes sentiers aussi peu balisés.

Midnight Special USA – 2014 – 1h52, de Jeff Nichols,

Sources : dossier de presse

Médecin de campagne France – 2015 – 1h42, de Thomas Lilti, avec François Cluzet, Marianne Denicourt…

Dans ce coin de campagne chacun peut compter sur Jean-Pierre, le médecin qui vous soigne jour et nuit, 7 jours sur 7 depuis toujours. Mais, malade à son tour, il voit débarquer une

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Au début des années 2000, Vu, aspirant photographe, est venu s’installer à Saigon, où il partage une maison avec Thang. Tout sépare les deux jeunes hommes ; le premier est plutôt sage alors que le second, très charismatique, va lui faire découvrir le monde de la nuit... et le fasciner de plus en plus. Une série d’événements vont amener les deux jeunes hommes à se réfugier à la campagne, dans le village dont Vu est originaire.

avec Michael Shannon, Jaeden Lieberher, Joel Edgerton...

Merci patron !

Roy, père de famille, et son fils Alton sont en cavale, fuyant d’abord des religieux et des forces de police. Ils se retrouvent rapidement les proies d’une chasse à l’homme à travers tout le pays. Roy risque tout pour sauver son fils qui possède de mystérieux pouvoirs et dont le destin risque de changer le monde pour toujours... Après nous avoir montré son talent dans Take Shelter ou Mud, Jeff Nichols se lance dans la science-fiction, dans une mise en scène sobre. On attend la découverte de pied ferme !

France – 2016 - 1h30, documentaire de François Ruffin.

Sources : dossier de presse

Sources : dossier de presse

Jocelyne et Serge Klur travaillaient depuis des années dans une usine près de Valenciennes qui fabriquait des costumes Kenzo (Groupe LVMH) jusqu’au jour où Bernard Arnaud, 1re fortune de France, décida de délocaliser la production en Pologne tout en pensant demander la nationalité belge… Catastrophe pour les Klur, lourdement endettés qui risquent de perdre leur maison. Entouré d’un inspecteur des impôts belge, d’une déléguée de la CGT et d’ex-vendeurs à la Samaritaine, François Ruffin (journaliste activiste longtemps à Là-bas si j’y suis sur France Inter et fondateur du journal indépendant Fakir) décide de défendre leur cause à l’assemblée générale de LVMH… Avec ce premier film qui raconte avec humour

Sources : dossier de presse

Paulina

Argentine - 2015 - 1h43, de Santiago Mitre, avec Dolores Fonzi, Oscar Martinez…

avec Dho Thi Hai Yen, Tran The Vinh...

Ma petite planète verte

musique. Sa réputation s’accroît encore à chaque prix remporté dans les concours de la région. À la demande de sa sœur, Mère Augustine recueille Alice, sa nièce, jeune prodige de piano dont l’anticonformisme lui rappelle sa propre jeunesse. Mais nous sommes en 1962, le concile Vatican II et la nouvelle politique du gouvernement québecois menacent l’existence même de toutes les institutions religieuses. Comment réagir ? Peu de critiques mais très positives. Le film a collectionné les prix à Cannes, Angoulême, La Rochelle, La Baule.

Mimi & Lisa

N P

Le Nouveau Voir pages Jeune Public

La Passion d’Augustine Canada – 2015 – 1h43, de Léa Pool, avec Céline Bonnier, Lysandre Ménard, Diane Lavallée…

Simone Beaulieu dirige avec passion, sous le nom de Mère Augustine, un petit couvent québecois dont l’activité principale, avant même la prière, est l’enseignement et la pratique de la Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

À 28 ans, Paulina décide de renoncer à une brillante carrière d’avocate pour aller enseigner au fin fond de l’Argentine, malgré l’opposition de son petit ami et de son père, un juge puissant de la région. Peu de temps après son arrivée, elle est violemment agressée par une bande de jeunes… qui se révèlent être certains de ses élèves. Malgré l’ampleur du traumatisme, Pauline va-t-elle rester fidèle à ses idéaux ? Scénariste aguerri, notamment pour Pablo Trapero, Santiago Mistre a été révélé grâce au succès de son premier long-métrage autoproduit El Estudiante, remarqué à Locarno en 2011 et couvert de prix autour du monde. Il continue à interroger le militantisme estudiantin et l’obstination de son personnage principal tout en refusant tout didactisme. Il a reçu le prix de la Semaine de la critique au dernier festival de Cannes et la présidente du jury Ronit Elkabetz a déclaré qu’il les avait impressionnés « avec les questions qu’il posait et la façon qu’avait la protagoniste de continuer à croire en l’humanité malgré les risques encourus dans sa vie et son corps. » Sources : next-liberation.fr – arte.com – culturaelpais.com

Quand on a 17 ans France - 2016 -1h50, d’André Téchiné, avec Sandrine Kiberlain, Kacey Mottet-Klein, Alexis Loret…

Q

Damien est lycéen et vit dans une caserne du Sud-Ouest où son père est militaire, envoyé en mission en Centrafrique, alors que sa mère est Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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médecin. Damien est attiré par les garçons. Tom, un élève de son lycée, en a fait son souffredouleur. La situation devient on ne peut plus complexe, quand la mère adoptive de Tom tombe malade et que celle de Damien propose à Tom de séjourner sous leur toit, en attendant que ses soins prennent fin… André Téchiné a écrit le scénario de ce vingt et unième film en compagnie de Céline Sciamma, réalisatrice de Naissance des pieuvres et Tomboy notamment : garantie supplémentaire d’un regard plein d’empathie et de subtilité sur l’adolescence et ses tourments. Sources : dossier de presse, senscritique.com, cineuropa.org

R

Rosalie Blum

France – 2016 – 1h36, de Julien Rappeneau, avec Noémie Lvovsky, Kyan Khojandi…

Vincent Machenot partage sa vie sans intérêt entre son salon de coiffure et sa vieille mère délirante et possessive. Un soir, il croise Rosalie Blum ; une femme solitaire qu’il a la sensation d’avoir déjà vue… et qu’il se met à suivre. Cette filature va l’emmener à rencontrer des personnages un peu fantasques qui vont bouleverser la monotonie de sa vie… Pour son 1er long-métrage, le scénariste Julien Rappeneau a choisi d’adapter la BD de Camille Jourdy et réussit un film plein de charme, entre humour et mélancolie, servi par une bande d’acteurs remarquables, Noémie Lvovsky, comme toujours, mais aussi Kyan Khojandi à l’opposé de son personnage de Bref, Alice Issaz, Anémone en mère foldingue et Philippe Rebbot, hilarant en artiste de rue… DP

S

Shadow Days Chine – 2014 – 1h35, de Zhao Dayong, avec Liang Ming, Li Ziqian, Liu Yu...

Renwei revient dans sa ville natale au cœur de majestueuses montagnes pour que sa petite amie accouche tranquillement et pour échapper à un passé trouble. Son oncle l’engage dans sa brigade de choc pour obliger les femmes à avorter. Tous les moyens sont bons pour y arriver : loi de l’enfant unique oblige ! C’est un film percutant sur la déliquescence de la société chinoise mais c’est aussi un film intri-

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gant qui flirte avec l’irrationnel.

Le film bascule ensuite et nous emmène, en temps réel, dans un Paris nocturne et désert transformé en terrain de jeu et de séduction, en nouvelle Carte du Tendre. Du Canal Saint Martin à La Place de Stalingrad en passant par l’Hôpital Saint Louis, le film nous emporte dans son élan par ses longs et superbes travellings et par sa formidable énergie. Cette course poursuite emplie de peur, de doute, de désir et d’amour est l’histoire d’une immense envie de vivre qui parle de et à tous. JF

Sources : dossier de presse

La Sociologue et l’ourson Film du mois voir au dos du carnet

Sunset Song

GB – 2015 – 2h15, de Terence Davies, avec Peter Mullan, Agyness Deyn, Kevin Guthrie

Au début du XXe siècle, au nord-est de l’Écosse, la vie est rude. La mère de Chris tue ses jumeaux et se suicide, laissant sa fille et son frère Will seuls à la ferme avec leur père (Peter Mullan). Will émigre et Chris reste seule avec cet homme brutal, maléfique. La situation devient d’autant plus intenable que Chris est partagée entre sa passion pour une terre pourtant inhospitalière, son désir intense de liberté et son amour pour un jeune agriculteur, Ewan. Cette adaptation du roman éponyme de Lewis Grassic Gibbon (1932) s’inscrit dans la continuité de la filmographie de Terence Davies (Distant Voices, Chez les Heureux du monde…). Peu de dialogues, un rythme lent très prenant : le contraste entre la beauté des images, de la bande-son, et la violence du père, de la nature, de l’arrivée menaçante de l’industrialisation et de la guerre, ont visiblement séduit les critiques anglo-saxons.

Mercredi 27 avril à 19 h45 rencontre avec les réalisateurs et l'acteur Geoffrey Couet.

U

Un monstre à mille têtes Mexique – 2015 – 1h14, de Roberto Plà,

bond. Elle décide de se battre. Prête à tout, elle emmène son fils avec elle dans un chemin où le désespoir l’entraîne dans une spirale de violences quand elle décide d’accélérer les procédures en menaçant ses interlocuteurs avec une arme… Roberto Plà continue à explorer les contradictions et la violence de la société mexicaine avec ce nouveau thriller social, comme il l’avait fait dans son premier film, impressionnant, La Zona. Porté par une actrice foudroyante et une esthétique étourdissante, le réalisateur réactualise « la question kafkaïenne de la société dans laquelle l’individu s’inscrit pour tenter d’affronter la terreur sans nom de voir une organisation sociale partir à vau-l’eau. » Sources : ungrandmoment.be – blog-mediapart.fr

avec Juana Raluy, Ivan Cortes…

Seule face à une machine administrative arbitraire et inextricable, Sonia ne comprend pas pourquoi son assurance maladie refuse de prendre en charge les soins de son mari mori-

Zootopie Voir pages Jeune Public

Z

ERRATUM - Une faute de frappe s'est malencontreusement glissée dans la fiche de Louis-Ferdinand Céline, publiée dans Les Carnets de mars (page 11). Il fallait bien entendu lire : ... le caractère peu sociable du grand auteur français qui ne fut pas très tendre avec les Juifs...

Lundi 11 avril – 19h30

Sources : dossier de presse

Une étoile est née

Théo et Hugo dans le même bateau

France – 2016 – 1h37, de Olivier Ducastel et Jacques Martineau, avec Geoffrey Couet, François Nambot...

Tourné en dehors des circuits habituels, de façon presque pirate, afin d’éviter toute restriction économique et morale, Olivier Ducastel et Jacques Martineau, dont on était sans nouvelles depuis bien trop longtemps, frappent très fort avec leur nouveau film. Située dans un sex-club, la scène d’ouverture est incroyable. Quinze minutes, bon poids, de musique, d’ombres et de couleurs hypnotisantes pour du sexe cru, non feint, et un coup de foudre entre Théo et Hugo filmé avec brio, sans honte ni morale.

T

de William Wellman (1937) USA Couleurs 1h38, avec Janet Glaynor, Fredric March, Adolphe Menjou.

Lundi 25 avril – 19h30 Lundi 18 avril Hommage à René Féret UNE SOIRÉE , DEUX FILMS 19h30 - La

Communion solennelle

(1977) France Couleurs 1h45 avec Philippe Léotard, Nathalie Baye, Ariane Ascaride, Myriam Boyer.

21h15 -

Baptême

(1990) France Couleurs 2h07, avec Valérie Stroh et Jean-Yves Berteloot

L’Atlantide

de G.W. Pabst (1932) France / Allemagne Noir et blanc 1h30, avec Pierre Blanchar et Brigitte Helm

Lundi 2 mai– 19h30 Dans le cadre du Festival Désir, désirs

La Chair et le Diable

de Clarence Brown (1927) USA Noir et blanc 1h49 avec Greta Garbo et John Gilbert

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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FILM DU MOIS

La Sociologue et l’ourson France – 2016 – 1h18 de Étienne Chaillou et Mathias Théry, avec Irène Théry...

D

e septembre 2012 à mai 2013, la France s’est enflammée autour du projet de loi du Mariage pour tous, poussettes et ballons roses et bleus ont envahi la rue et ont affronté les fougueux baisers publics de couples homosexuels. Étienne Chaillou et Mathias Théry (déjà réalisateurs de Cherche toujours et J’ai rêvé du président) ont filmé, en direct, débats, manifestations, et autres interventions télévisées. Mais aussi la sociologue Irène Théry qui raconte à Mathias, son fils co-réalisateur, les enjeux de cette loi. Très impliquée dans le combat du Mariage pour tous, elle fut au cœur de tous les débats ; elle explique, de façon limpide et à la portée de tous, l’évolution de notre société et la notion même de mariage (en remontant jusqu’à ses propres arrière-grands-parents dans une séquence délicieusement drôle).

« On a essayé de comprendre pourquoi tout le monde, en France, s’est engueulé pendant un an sur le mariage homo », disent les réalisateurs, mais tout cela ne serait qu’un documentaire, certes passionnant, mais un

peu habituel si la forme choisie n’était aussi originale. Le film est constitué d’images d’archives ou réalisées sur le moment mais, souvent, il n’en reste que la bande son et tous les divers intervenants sont joués par des sortes de peluches et des marionnettes animées. Ça paraît étrange, voire ridicule quand on le décrit ainsi et pourtant ça marche très très bien. Cela permet à la fois d’entendre les discours de façon différente et surtout cela apporte un recul, un humour, une drôlerie irrésistibles. Irène et Mathias Théry sont donc un ourson et sa maman ourse à collier de perles, David Pujadas un oiseau qui pépie et quant à François Hollande, Frigide Barjot et tous les autres, je vous laisse la surprise. À la fois intime (la relation mère/fils) et tendre, La Sociologue et l’ourson possède aussi une dimension historique essentielle. Véritable feuilleton national, ce retour sur neuf mois de gestation législative est un vrai régal. JF

Vendredi 22 avril à 19 h45 dans le cadre du festival désir désirs, rencontre avec le réalisateur.

LES CARNETS DU STUDIO – n° 344 – Avril 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


JEUNE PUBLIC

VF

À partir de 6 ans

Dans Zootopia, ville peuplée d’animaux qui y cohabitent en paix, Judy Hopps, petite policière courageuse aura néanmoins fort à faire avec quelques gros durs et un renard rusé et menteur.

VO

Elliot, un garçon de dix ans découvre une petite créature apeurée que des extraterrestres ont abandonnée. Les deux êtres ne tardent pas à devenir amis… Voir la documentation sur le film à la Bibliothèque des Studio.

Tout public à partir de 8 ans

De l’action, du rire, de l’émotion. À partir de 3 ans

VF

Cinq réalisateurs de Corée, Belgique, Mexique, Finlande et Canada nous proposent de charmantes petites histoires visant à sensibiliser les jeunes enfants à l’écologie. Divers pays – 2016 – 37 mn, courts métrages d’animation.

JEUNE PUBLIC

USA – 1982 – 1h55, film de Steven Spielberg, avec Henry Thomas, Drew Barrymore...

USA – 2016 – 1h48, film d’animation de Byron Howard et Rich Moore.

République tchèque – 2016 – 42 mn, cinq courts métrages de Hermina Tyrlova.

Ferda est une fourmi espiègle totalement irrésistible. Elle est toujours prompte aux bévues et aux catastrophes mais elle est très sympathique. Pionnière du cinéma d’animation tchèque, Hermina Tyrlova (Les Contes de la ferme) est l’auteure d’une œuvre pleine de malice et de douceur, de poésie et d’inventivité.

sans paroles

À partir de 3 ans

Mercredi 6 après le film, les enfants pourront créer avec nous le Jardin partagé du JP.

Slovaquie – 2016 – 45 mn, six courts métrages d’animation de Katarina Kerekesová.

La timide Mimi est non-voyante. Son amie Lisa est toujours prête à l’entraîner vers des situations extraordinaires. Mais face aux dangers qu’elles inventent, chacune doit profiter des forces de l’autre… VF

Tout public à partir de 7 ans

Tout public à partir de 5 ans Samedi 23 avril 14h30

Ciné goûter

Jeudi 14 après la séance de 14h30, nous proposons aux enfants de venir partager un Goûter dans tous les sens ! Il s’agira d’un goûter bio, gourmand et original à l’aveugle. Nombre de places limité. Inscriptions par mail : monmarche@studiocine.com

Après bien des mésaventures, un nouveau venu au collège finira par se rendre populaire. Une comédie très réussie sur le monde de l’adolescence. Tout public à partir de 11 ans

France – 2015 – 1h21, de Rudi Rosenberg.

France – 2016 – 1h46, de Christophe Honoré, avec Anaïs Demoustier, Caroline Grant, Muriel Robin, Golshifteh Farahani…

Voir page 11

Gilly douze ans, abandonnée à sa naissance par sa mère, est rebelle et en conflit avec son entourage. Par sa gentillesse, Maime Trotter sa nouvelle mamie d’accueil, va peu à peu l’apprivoiser. Mais un jour, tout bascule …

USA – 2016 – 1h39, de Stephen Herek, avec Kathy Bates, Glenn Close, Sophie Nélisse... Tout public à partir de 11 ans

Film attachant, tonique, idéal pour les ados ! VO

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Bande annonce

Ici… ` FAMILLE DÉCOMPOSÉE Cécile de France et François Damiens n’ont jamais été associés, que ce soit pour un film belge ou un film français. Carine Tardieu (Du vent dans mes mollets) les a choisis pour se donner la réplique dans Ôtez-moi d’un doute. Le film suivra Erwan qui découvre à la quarantaine que l’homme qui l’a élevé, un pêcheur breton, n’est pas son véritable père. Il va retrouver son géniteur, l’inoxydable Max von Sydow. Une autre rencontre va s’avérer déterminante pour lui, celle d’Anna, jeune femme qui ne manque pas de le troubler ; le problème, c’est qu’elle est sa demi-sœur et qu’il ne le sait évidemment pas. ` UNE FEMME DISPARAÎT Retour à la case « réalisation » pour Jalil Lespert : Iris mettra en scène la disparition de la femme d’un riche banquier parisien. Un jeune mécanicien, en difficultés financières, est soupçonné d’être mêlé à cet enlèvement. L’affaire va s’avérer extrêmement complexe. Charlotte Le Bon (déjà présente dans Yves Saint-Laurent) et Romain Duris se donneront la réplique dans ce film à suspense. ` COUP DE FOUDRE Il ne faudra pas attendre trente-cinq années supplémentaires pour retrouver le couple Huppert-Depardieu au cinéma ! En effet, leurs retrouvailles orchestrées par Guillaume Nicloux en 2015, dans Valley of Love, plus de trois décennies après Loulou de Pialat, semblent avoir stimulé l’imagination de Serge Bozon (Tip Top) qui va les réunir à nouveau dans une comédie à l’humour noir, Madame Hyde, s’originant dans la nouvelle de Stevenson, L’Étrange Cas du docteur Jekyll et de M. Hyde : l’histoire d’une professeure de physique manquant de confiance en elle, au point d’être la risée de ses élèves et de ses collègues ! Un foudroiement va être à l’origine d’un changement radical de sa personnalité… Romain Duris donnera la réplique aux deux monstres sacrés ! ` EN TERRAIN DE CONNAISSANCE Au revoir là-haut, Goncourt 2013, a inspiré Albert Dupontel pour son prochain long-métrage. Pour cette histoire d’anciens Poilus organisant une arnaque aux monuments aux morts, il pensait confier un des rôles principaux à Bouli Lanners (faut dire que ces deux-là, depuis Un long dimanche de fiançailles, se sont retrouvés pour sept autres films, notamment sur Les Premiers, les Derniers réalisé récemment par… Bouli Lanners), mais celui-ci étant pris par d’autres aventures cinématographiques, Albert Dupontel sera de nouveau devant sa propre caméra. Les excellents Laurent Lafitte et Niels Arestrup lui donneront la réplique. IG

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ans le chaos de l’information instantanée et éclatée, nul ne se préoccupe du transhumanisme et de son projet contre les humains.

Le transhumanisme travaille à fabriquer une nouvelle espèce d’hommesmachines (nommés augmentés), de cyborgs délivrés de la maladie et de la mort, de la faiblesse et de la faillibilité. Les transhumanistes reprennent, là où les nazis l’avaient laissé, le programme eugéniste d’amélioration de l’espèce. Ils ont un avantage sur leurs prédécesseurs, ils ont la technologie du XXIe siècle : nanotechnologies, biotechnologies, informatique, neurotechnologies. Ils ont depuis quelques années décidé de toucher le plus large public possible, en adoptant des slogans

propres à éveiller y compris la curiosité des alter (« Un autre transhumanisme est possible »), en organisant des colloques, en répondant aux invitations de plus en plus nombreuses des médias. Peu à peu se diffuse l’idée que la fabrication d’un surhomme, rendue possible par les nouvelles technologies, serait souhaitable, voire inéluctable. Pour les Grenoblois de l’atelier d’enquête critique Pièces et main d’oeuvre, le front politique majeur oppose aujourd’hui les humains d’origine animale et les inhumains d’avenir machinal ; au-delà de nos lunettes, sonotones et de nos hanches artificielles… jusqu’où peuton aller pour que l’homme reste humain ? Attac 37

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

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Rencontre

Arrêt sur image

La mort viendra et elle aura tes yeux… s’arrêter avant que ce savoir nous tue ? » En Italie, Pasolini est devenu un personnage mythique. Il y a eu un important hommage à Bologne pour les 30 ans de sa mort, ses films ont été restaurés et présentés à un public jeune mais son impact sur le cinéma italien d’aujourd’hui est faible ; on pourrait dire la même chose de Godard en France. « C’est un personnage pas consensuel, toujours marginal. Il a une œuvre tellement cohérente, tellement risquée. Il est resté un chercheur. Ce n’est Giacomo Abbruzzese aux Studio © Dominique Plumecocq pas le cinéaste sur lequel tu peux mettre un drapeau. » Il fait partie, avec Antonioni, De Sica, Fellini, Rosselini, des cinq grands réalisateurs italiens dont l’émergence découle de Dans le cadre des Soirées de la Bibliothèque, le « la force culturelle exceptionnelle réalisateur italien Giacomo Abbruzzese est venu des années 50, avec la fin de la présenter son très beau court métrage Stella Maris. deuxième guerre mondiale et l’indusIl a choisi d’accompagner son film par Œdipe roi, un trialisation. » Ça n’arrive qu’excepcélèbre long-métrage de Pier-Paolo Pasolini, tionnellement. « Ce sont les grandes adaptation datant de 1967 de la pièce de Sophocle. ruptures dans les sociétés qui créent une urgence créative avec l’envie d’aller un peu plus profond. » C’est le cas G. Abbruzzese, qui prépare actuellement son actuellement avec le cinéma roumain. Les premier long-métrage après avoir reçu de très attentats terroristes créeront peut-être cette nombreux prix pour ses courts, cherche, en situation en France… tant que réalisateur, à aller au-delà du natuG. Abbruzzese dresse un portrait calamiteux ralisme. Dans Œdipe roi, les décors sont marodu cinéma dans la péninsule. « Berlusconi a cains, les costumes aztèques, les musiques détruit le public. Il n’y en a plus pour le cinéma africaines ou tziganes, des choses incohérentes d’auteur. Les ciné-clubs ont disparu. Il est difen apparence « mais qui ont une cohérence ficile d’imaginer, depuis la France, l’incapacité esthétique par rapport au sacré. C’est ça qui de la distribution des films en Italie… Il faudrait intéresse Pasolini : chercher du sacré dans faire un travail de fond, à partir des écoles. Il l’homme, là où on ne s’y attend pas. C’est faut semer longtemps en amont. Comme en quelque chose qui m’intéresse beaucoup et France où les dispositifs d’éducation à l’image vous verrez dans mon film, je ne cherche pas sont très forts. Je peux discuter de cinéma en la vraisemblance, je pars du réel pour créer un Serbie, en Macédoine, pas en Italie ! C’est la monde, pour aller voir ailleurs… Le cinéma, raison pour laquelle je ne vis plus dans mon comme l’art en général, doit être une transmupays. Je suis tombé amoureux de la France à tation. » Travail sur un espace utopique mais travers la Nouvelle vague. » aussi sur le temps. « Il atteint une sorte d’inCette soirée organisée par la Bibliothèque temporalité, de temps suspendu. C’est un s’achevait autour d’un verre en attendant de mythe universel qui traverse les époques… revoir ce jeune homme passionné… pour la Œdipe roi amène la question : jusqu’où on veut sortie de son premier long-métrage. DP voir, jusqu’où on veut savoir ? Est-ce qu’il faut

Giacomo Abbruzzese

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio

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Cesare Pavese

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ne femme à califourchon sur un homme ensanglanté, essaye de lui dire « je t’aime ». On sent le désespoir, la souffrance de cette femme, tandis qu’une harpie, hors champ, lui hurle ce qu’elle doit faire et ressentir. La femme tourne son visage : elle voit un photographe, l’objectif braqué sur elle. Son regard se noie, sa main se tend. « Je suis une comédienne vous savez. Je sais faire des trucs bien. Ça ici, j’le fais pour bouffer, c’est tout… » 17 Février 2016, Andrzej Zulawski est mort. De ses treize films, c’est cette scène de L’Important c’est d’aimer (1975), et le visage brisé de Romy Schneider, (dans le rôle de Nadine, actrice à la dérive) qui ont été retenus par les décideurs de la télévision pour « illustrer » l’information de cette disparition. Il est vrai que c’est sans doute le film le plus connu du public, et que la comédienne avait décroché un César pour cette interprétation relevant de la mortification : mais pourquoi est-ce cette image-là, même avant son décès d’ailleurs, qui fixe le travail du réalisateur dans la mémoire collective ? L’Important c’est d’aimer est son troisième film, mais le premier tourné en France, après une carrière commencée, en Pologne, en 1971, avec La Troisième partie de la nuit et Le Diable, victime de la censure en raison de la violence et de la cruauté de certaines scènes. Il réalisera ensuite Possession, qui valut à Isabelle Adjani un Prix d’Interprétation à Cannes en 1981. Puis après La Femme publique, qui révélera Valérie Kaprisky en 1984, ce sera la longue collaboration avec Sophie Marceau (également sa compagne), débutée avec L’Amour braque en 1985, poursuivie avec Mes nuits sont plus belles que vos jours (1989), La Note bleue (1991) et achevée avec L’Infidélité en 2000. Il faudra attendre 2015 et Cosmos, dont Sabine Azéma sera une des interprètes, pour qu’il revienne à la réalisation, après s’être consacré à l’écriture. Des films des années 80-90, on se souviendra d’une espèce

d’hystérie convulsive, pleine de cris, de larmes et d’agitation. Si Romy Schneider et Isabelle Adjani furent encensées par la critique pour leur prestation respective, elles en payèrent le tribut. La première quand le réalisateur lui chuchotait, pour obtenir le désespoir de Nadine : « Souviens-toi pourquoi tu es malheureuse dans la vie. », et justifiait ultérieurement : « Elle a complètement loupé sa vie sentimentale. Elle payait de sa vie ce qu’elle montrait de beau à l’écran. » (1) Tandis que la seconde avouera bien des années après : « Je dois à la mystique d’ Andrzej Zulawski de m’avoir révélé des choses que je ne voudrais jamais avoir découvertes... Possession, c’était un film infaisable, et ce que j’ai fait dans ce film était tout aussi infaisable. Pourtant, je l’ai fait et ce qui s’est passé sur ce film m’a coûté tellement cher... Malgré tous les prix, tous les honneurs qui me sont revenus, jamais plus un traumatisme comme celui-là, même pas... en cauchemar ! ». (2)

Ce regard-caméra de Romy Schneider n’en finira pas de hanter notre mémoire de cinéphile et de nous questionner. IG 1 2

Entretien de Jacques Dutronc in Vanity Fair 28/04/15 Isabelle Adjani in Studio Magazine en 2002 Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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Les rédacteurs ont vu :

AMONALISA de Charlie Kaufman

Les critiques ont l’air de prétendre qu’avec Anomalisa, le cinéma d’animation entre enfin dans l’âge adulte. J’avais l’impression qu’il l’avait fait, dès 2008, et de manière tonitruante, avec le bouleversant Valse avec Bachir. Du cauchemar normalisé dans lequel nous plongent Kaufman et Johnson, je n’ai rien à redire, tout se tient parfaitement, tout est dans un délire consciencieux… si ce n’est hélas que je m’y suis un peu ennuyé ! DP Quel film étrange ! Il nous rend mal à l’aise avec ces personnages humains sans l’être, la banalité de leur vie, le climat dépressif ambiant... L’uniformisation fait peur, l’émotion est absente. Quelle vision étouffante du rapport aux autres ! Je ne me suis pas sentie bouleversée mais dérangée, désorientée par cet univers aseptisé. La magie aux effets pétris d’angoisse a bien opéré ! MS

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C’est l’histoire d’un type méchamment égocentrique, absurdement adulé, racontée en images animées style Wallace et Gromit : au début on s’interroge sur la raison d’un tel parti pris. Mais quand arrive le générique de fin on n’a toujours pas la réponse, sauf qu’il ne s’agissait visiblement pas d’une nécessité liée à l’essence même du récit, pas même d’une simple ambition esthétique. Du coup, si on en fait abstraction, que restet-il ? On cherche… On cherche… AW 1999 : la révélation. Le choc ! Nous voilà projetés, dans un univers inédit, indéfinissable, déjanté et fascinant, engendré par un certain Charlie Kaufman. Après ce réjouissant Dans la peau de John Malkovich, réalisé par Spike Jonze, comment ne pas attendre fébrilement la suite ? Des espoirs récompensés, avec Human Nature et Eternal Sunshine of the Spotless Mind, réalisés par Michel Gondry, et déçus, avec Adaptation de

Spike Jonze à nouveau et Synecdoche, New York qui verra le passage à la réalisation de Kaufman. Et voilà qu’il revient nous déstabiliser cette fois avec un film d’animation : étrange évidemment et pas forcément aimable, mais ne ressemblant à rien d’autre. Alors même si ce n’est pas l’enthousiasme du début, vivement les prochains contes de Kaufman ! IG Avant-garde Non-identifié Onirisme Modélisation Altérité Lisa Identité Solitude Atemporalité SB Si Michael, un brin déprimé, se révèle en mufle de superbe catégorie, que penser de la Lisa de la fin (attendue) qui, malgré la lâcheté de son partenaire, reste encore toute émoustillée au point de la lui

pardonner ? Entre niaiseries, simplisme, silhouettes de mousse pataudes et fond sordide, il y a au moins la question de la frontière entre réel et imaginaire (voire son basculement) qui procure vraiment un intérêt - et entretient le trouble - pour Anomalisa. RS Être troublé, gêné par une scène de sexe entre deux figurines en plastique, c’est possible ? Oui, grâce à l’étrange et superbe Anomalisa. JF Bien au-delà du malaise du quinquagénaire qui a tout réussi sauf sa vie, Anomalisa creuse le sillon du malaise inhérent à une société aseptisée, normée, où rien d’autre ne semble compter que les apparences et la réussite sociale, où les humains sont tellement interchangeables que, hommes ou femmes, ils ont tous la même voix... ce qui, dès la première scène du film, jette un trouble profond dans l’esprit du spectateur qui aimerait bien un minimum de rationalité à quoi se raccrocher. ER

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Interférences Les Premiers, les derniers Nous trois ou rien

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adis les choses étaient simples. On allait au cinéma voir un western, un polar, un drame sentimental, un film fantastique, une comédie italienne etc. Aujourd’hui c’est beaucoup moins clair. De plus en plus de films prennent comme un malin plaisir à brouiller les pistes, à gommer les frontières, à mêler les genres les plus apparemment hétéroclites. Ainsi de Nous trois ou rien, de Kheiron. Comédie ? Drame ? Histoire d’amour ? Dénonciation de l’islamisme radical ? Fiction humaniste ? Documentaire sur les banlieues ? Il est tout cela à la fois. À force cependant de multiplier les lieux, les situations, les registres, les thèmes, le risque est grand de voir le film s’effilocher dans toutes les directions, s’écarteler en un magma incohérent. Mais non, tout cela tient bien ensemble, dresse un tableau contrasté, extrêmement vivant d’un monde où les frontières anciennes, les clivages familiers, qu’ils soient géographiques, sociaux ou culturels, tendent à s’abolir. En s’affranchissant du carcan des genres, le cinéma accompagne à sa manière les mutations d’une société qui voit se dissoudre repères et classifications. A contrario l’instituteur iranien incapable, en réponse à la question d’un gamin curieux, de situer la Belgique sur un planisphère, symbolise le vieux monde cloisonné, prisonnier de ses schémas obsolètes, vivotant dans de petites cases étanches.

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Si Nous trois ou rien est un bon film — certes un peu naïf et complaisant — Les Premiers les derniers de Bouli Lanners est, lui, un pur chef d’œuvre. Mais comment décrire une œuvre aussi multiple ? Histoire d’amour et d’amitié certes, mais aussi western, polar, drame poétique, film fantastique teinté de surréalisme, étude sociologique, série de portraits, réflexion métaphysique, road movie, film de terroir dans des décors de science-fiction, rêverie mystique, vision pré ou postapocalyptique, film d’atmosphère (avec une guitare superbe rappelant le Dead Man de Jim Jarmusch). Les Premiers les derniers emprunte à tous ces genres, c’est-à-dire — aussi paradoxal que cela puisse paraître — qu’il n’appartient à aucun d’entre eux : il est lui et rien d’autre. Même la (sublime) photo de Jean-Paul de Zaetijd se joue des canons habituels en faisant de la couleur un quasi noir et blanc ! Pas une seule seconde pourtant n’affleure le soupçon d’un fourre-tout déglingué. Bien au contraire ! Plus encore que dans Nous trois ou rien, le résultat, s’il n’entre dans aucune catégorie connue, est d’une cohérence absolument fascinante. Ainsi va le cinéma, ainsi va le monde : de moins en moins compartimentable, catalogable, prévisible. Signe que peut-être le règne des étiquettes s’estompe et que, même s’il y aura toujours des films de genre, toujours plus nombreux seront ceux qui ne s’inscrivent plus dans un cadre préexistant mais créent leur univers propre. AW

Interférences Les Délices de Tokyo Ma petite sœur Nous trois sinon rien

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eut-on faire de bons films avec de bons sentiments ? Les longs métrages se nourrissent tellement de trahisons, de mensonges, de conflits, d’horreurs diverses et variées qu’on aurait tendance à répondre automatiquement par la négative, arguant que le bonheur ne fait pas d’histoire. Dans une interview, Paul Verhoeven, en expert, répond à Télérama : « L’espèce humaine est accro à la noirceur. Les journaux sont remplis de mauvaises nouvelles, car ce sont les seules qui font vendre. Le cinéma exploite aussi cette fascination pour la violence. » À l’extrémité, tant cinématographique que géographique, deux films récents tendent à nous prouver le contraire. Dans Notre petite sœur comme dans Les Délices de Tokyo, les réalisateurs japonais Hirokazu Kore-eda comme Naomi Kawaze bannissent toute violence et proposent aux spectateurs un récit qui semble totalement lisse, sans conflit, sans rivalité, sans jalousie ni volonté de pouvoir. Dans l’une et l’autre histoire, les aspects douloureux sont laissés en amont : la mort d’un père et l’abandon de ses trois filles bien des années plus tôt dans l’un, la prison et la relégation sociale pour cause de lèpre durant l’après-guerre dans l’autre. Les récits s’attachent aux plaisirs intenses du quotidien et proposent d’une façon presque utopique la reconstruction de familles choisies. Pour les quatre sœurs, le bonheur inédit de vivre entre femmes (et surtout, sans homme !) dans la grande maison anachronique de ce bord de mer enchanteur. Dans le petit boui-boui tokyoïte, trois êtres légèrement marginaux (la lépreuse, l’asocial et la fugueuse) se réunissent et s’apprivoisent

autour de muffins farcis à la pâte de haricots rouges confits. L’absence de ressort dramatique permet aux réalisateurs de porter leur attention sur une quotidienneté bien souvent ignorée et procure aux spectateurs un plaisir rare, celui peut-être, de faire partie quelques minutes de ces familles heureuses sur grand écran. Le titre Nous trois ou rien l’affirme : il s’agit intégralement d’une histoire de famille, celle du réalisateur Kheiron et de ses deux parents. La première partie, iranienne, ne manque pas de noirceur (la cruelle répression du Shah) mais le traitement à base de comique venu du stand-up donne un objet visuel à la fois drôle et intriguant (lire l’article page 22). La deuxième partie, française, déborde de bons sentiments. Comment, à force de travail et de convictions, deux réfugiés iraniens parviennent à obtenir des postes à responsabilité dans une banlieue française décrite loin des stéréotypes de guerre civile auxquels elle est souvent limitée, une cité où le vivre ensemble reste possible dans un brassage de populations venues du monde entier. Cet excès de bonnes intentions conduit-il à un insupportable tableau naïf ? Dans notre époque de replis identitaires, où le déclinisme ambiant et la peur généralisée nous paralysent, comme il fait du bien cet hommage iconoclaste, qui pourrait s’appeler « Mon père et ma mère, ces héros », cri du cœur humoristique et touchant et qui a la vertu de montrer que l’accueil des réfugiés et des migrants n’est pas qu’un problème, n’a pas qu’un coût. Qu’elle est une vraie source de richesses, humaines et sociales, hier comme aujourd’hui. DP Les CARNETS du STUDIO n°344 – Avril 2016 –

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Gros plan Ave César !

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es frères Coen font partie de ces réalisateurs dont chaque film est attendu avec beaucoup d’impatience. Leurs aficionados savent qu’avec le duo, il y a de fortes chances d’être projetés dans le temps, avec une certaine prédilection pour les années 40 et 50 : Barton Fink, Le Grand saut, The Barber, Ladykillers ; qu’ils se confronteront à coup sûr à des figures d’anthologie de la médiocrité humaine, fruits de la bêtise et de la malchance : Fargo, O’ Brother, Where Art Thou ?, Burn After Reading… ou quand la crétinerie confine au génie ! Avec un point de vue sans complaisance sur l’humanité et ses travers, mais plein d’humour (noir), le tout dans un cadre toujours extrêmement soigné.

Ave César !, dernier rejeton de l’imaginaire coenien, ne déroge pas à ces règles, bien au contraire : le duo nous immerge dans l’âge d’or hollywoodien, celui où les démiurges des grandes compagnies de cinéma édifiaient leur empire sur des usines à rêves. Avec une jubilation non dissimulée, presque enfantine, les deux frères revisitent le mythe, en jonglant

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– Les CARNETS du STUDIO

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avec ses motifs emblématiques, tout en dévoilant, sous le couvert de la légèreté voire de la farce, l’envers du décor au sens propre comme au sens figuré. Eddie Mannix (Josh Brolin), bras droit de Nicholas Schenck, un des pontes de la Metro-Goldwyn-Mayer, est le seul personnage du film ayant réellement existé. Il est le gardien de ce monde d’illusion et, dans cette perspective, doit s’assurer que la machine à fabriquer du rêve et de l’argent continue à tourner et que la morale demeure (apparemment) sauve. Le studio se devant de tout contrôler, la tâche de Mannix relève de l’omnipotence, avec recours, si nécessaire, à des méthodes musclées, voire de gangster (cf La Mafia à Hollywood, Tim Adler) : production, réalisation, interprétation, vie privée des stars, rien ne doit lui échapper, d’autant que le sénateur Hays et son code de censure sont là pour rappeler ce qui est admis et ce qui ne l’est pas. Ainsi une grossesse illégitime, par un rocambolesque tour de passe-passe, se transformera en une belle histoire d’adoption, contribuant même à la légende de la vedette concernée ; ce scénario n’est pas

une invention des frères Coen, mais l’expérience vécue, entre autres, par Loretta Young (cf. Dames de Hollywood, Paul Bringuier). Mais les pires tares, pour une star, sont l’homosexualité et le communisme ! Dans le premier cas, pour ne pas entacher le potentiel de séduction de la vedette, on organisait un mariage, comme ce fut le cas pour Rock Hudson. Dans le second cas, mieux valait partir de son plein gré, car le fait même d’être suspecté d’un tel crime, c’était être condamné à ne plus travailler ou à attendre d’être expulsé, comme le fut Charlie Chaplin en 1952. Dans leur inventaire (et mise en abyme) de la mythologie hollywoodienne et de ses dessous, les réalisateurs n’omettent rien : ni les genres emblématiques de la production de l’époque, péplum, comédie musicale, western, comédie romantique ; ni (de dézinguer) les acteurs archétypaux de cette super production : ainsi l’ineffable Baird Whitlock (George Clooney) semble bien être l’avatar de Robert Taylor, le héros de Quo Vadis? de Mervyn Le Roy, considéré par la critique de l’époque comme le plus mauvais acteur de sa

génération… Tandis que la naïade, DeeAnna Moran (Scarlett Johansson) est une copie quasi conforme d’Esther Williams, sirène en chef de la comédie « nautique », au détail près que les Coen l’ont affublée d’une gouaille à la Mae West ou à la Ava Gardner (eh oui, « Le plus bel animal du monde » n’était pas un modèle d’élégance verbale) : le contraste entre cette incarnation de la grâce et son vocabulaire de charretier quand elle tente de se libérer de son embarrassante queue de sirène, donne lieu à une scène désopilante ! Il y aussi le si raffiné metteur en scène, spécialiste des comédies romantiques à la George Cukor, Laurence Laurentz (Ralph Fiennes), au bord de la crise de nerfs à force de faire travailler sa diction à un jeune comédien (Alden Ehrenreich) plus habitué aux acrobaties équestres de ses westerns de série B, qu’aux usages policés des salons de la haute société. Cette confrontation improbable donne lieu à une séquence d’anthologie ! Les réalisateurs n’ont même pas oublié la figure des fameuses commères hollywoodiennes, Louella Parsons et Hedda Hopper, qui s’activaient à dénicher

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Interférences Le Trésor

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le scoop pour faire et surtout défaire, réputations et carrières. Ils ont d’ailleurs eu l’excellente idée, pour montrer à quel point ces deux ennemies étaient interchangeables, d’en faire des sœurs jumelles rivales, interprétées par Tilda Swinton. Il faut bien reconnaître que tous les comédiens du film, chacun dans son registre, sont parfaits : Josh Brolin avec son Eddie Mannix, hérite du rôle le plus sobre, le moins porteur de fantaisie, voire de délire, mais pour les autres, on sent une véritable délectation à jouer les ridicules de leur partition !

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L’air de rien, au détour de la comédie, les deux frères nous rappellent que fut un temps où scénaristes, réalisateurs et acteurs n’étaient que les maillons, parfois interchangeables, d’une même chaîne, souvent de production, mais heureusement parfois aussi de création. L’exemple le plus connu étant celui d’ Autant en emporte le vent, film emblématique s’il en est : nul n’ignorait, en 1940, que Victor Fleming, Oscar du Meilleur réalisateur, n’était en fait que l’instrument de la volonté du véritable auteur du film, le producteur David O. Selznick (cf Cinéma Mémos, David O. Selznick). En tous les cas, qu’on aime ou pas l’œuvre des Coen, une certitude au moins : ils en sont, à tout point de vue, les seuls créateurs ! IG

maginez, vous habitez Bucarest et un soir, Adrian, votre voisin endetté, vient vous voir pour vous proposer d’aller chercher avec lui il n’a ni voiture ni de quoi payer la location d’un détecteur de métaux - un trésor caché par son arrière grand-père dans son jardin avant l’arrivée des communistes. Vous trouvez cela improbable ? Pas Constantin, le héros du Trésor de Corneliu Porumboiu. Et un samedi matin, nos deux compères accompagnés de Cornel, le loueur du détecteur de métaux, partent dans le village d’Islaz - qui ne veut pas dire île mais désert - à la chasse au trésor. Franchement, on se dit que tout ça va mal tourner, que Cornel est sûrement un escroc, que le contrat noué entre Constantin et Adrian (50/50 des éventuelles richesses trouvées) va virer au vinaigre. Mais non, ce genre de prolongements, si souvent vus ailleurs, ne sont pas ceux qui intéressent le réalisateur. Le film déjoue les attentes. La découverte du trésor, car il existe bien (même si ce n’est pas celui qui était prévu puisque les actions Mercedes datent de 1969) n’apporte aucun conflit. Il y a bien un séjour au commissariat mais il est, lui aussi, des plus paisibles, il y est même naturel que la police fasse appel à un voleur « professionnel » - en Roumanie c’est apparemment un métier - pour ouvrir la vieille boîte rouillée et très résistante qui contient les actions. Tout semble particulièrement simple, pas de dramatisation, pas de suspense, ce qui n’est évidemment pas synonyme de platitude et d’ennui, mais la chronique tranquille et teintée d’ironie d’hommes ordinaires, à l’image de Constantin, un personnage honnête et droit comme on le découvre peu à peu. Un homme

qui apprend à son fils à se défendre, non à se battre, et qui veut rester dans la légalité, « On déclare (à la police le contenu de l’éventuel trésor) ou je ne viens pas » dit-il. Seule entorse, quand Constantin finit par acquiescer devant son chef qui croît qu’il a une maîtresse, mais en précisant qu’il ne s’agit pas de la collègue soupçonnée. Un chef qui lui dit « Je ne comprends pas pourquoi tu ne dis pas la vérité », lui qui ne fait que ça. C’est pourquoi la surprise finale est on ne peut plus logique. Face à la déception de son fils qui s’étonne, « Du papier, ce n’est pas un trésor, où sont les cristaux, les rubis, l’or, l’argent ? », en découvrant les 78 actions Mercedes de son père (qui valent tout de même 15075 euros chacune), Constantin ne peut faire autrement que donner ce qu’il a promis, un « vrai » trésor. Et il tient parole. Dans une bijouterie, il achète moult bijoux en or et autres colliers de perles qu’il entasse dans la vieille boîte en fer. Rejoignant son fils dans un parc de jeux, il le lui offre, et ce dernier, ravi, s’empresse de le partager avec ses camarades. L’image de fin de ces enfants jouant à faire semblant avec de réelles pierres précieuses et éparpillant tout cet or est réellement troublante. Au tout début du film, Constantin a expliqué à son fils qu’il n’est pas le Robin des bois dont il lui lit les aventures tous les soirs. Avec la découverte du trésor, il a pourtant pris à d’anciens riches pour se donner à lui même, et s’il n’est peut-être pas le prince des voleurs de la forêt de Sherwood, il est désormais aux yeux de son enfant, un héros, un vrai. C’est bien là l’essentiel. JF

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Face à Gros face plan LesJe Innocentes vous souhaite d’être follement aimé

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écidément, la Pologne inspire aux cinéastes étrangers des sujets qui mêlent les traumatismes de l’histoire de la seconde guerre mondiale et le monde monastique. Ce fut d’abord le magnifique Ida de Pawel Pawlikowski (qui, malgré son nom, est un cinéaste britannique), une histoire douloureuse révélée par une jeune novice, juive sans le savoir, qui cherche à percer le secret de la disparition de sa famille : poids de l’histoire, horreur de l’antisémitisme polonais, carcan communiste mais aussi interrogation sur son engagement religieux, sur le droit d’être femme, de vivre au moins une fois un désir amoureux… Le film d’Anne Fontaine Les Innocentes semble lui répondre et pas seulement parce que, habilement, l’affichiste a choisi de concevoir une affiche qui rappelle instantanément celle d’Ida pour que le succès, inattendu, de celui-ci profite aux Innocentes. Anne Fontaine est vraiment une cinéaste qui déboussole, qui, à proprement parler, n’est jamais là où on l’attend. Après le portrait sensible Coco avant Chanel puis la comédie populaire Mon pire cauchemar, un étrange et envoûtant film australien Perfect Mother et enfin Gemma Bovery, un élégant et sensuel marivaudage. Des films grand publicportés par des acteurs vedettes : Audrey Tautou, Benoît Poelvoorde, Isabelle Huppert, Naomi Watts, Robin Wright, Fabrice Luchini, Gemma Arterton… Personne n’aurait pu s’attendre à un film historique, sans vedette, âpre et visuellement aussi beau. Encore plus que dans Ida, elle filme les conséquences de l’irruption du monde réel dans l’intemporel temps de la vie contemplative : ici, ce sont les « libérateurs » soviétiques qui ont violé ce temps sacré… en abusant des sœurs. Le spectateur découvre ce honteux secret en suivant

Face à face LES INNOCENTES

Mathilde, jeune volontaire de la Croix Rouge Française, magnifiquement interprété par la superbe Lou de Laâge. Plusieurs sœurs sont enceintes. Comment accepter cette insupportable grossesse alors qu’elle est le fruit de multiples viols, et que, de par leurs vœux, celles-ci ont renoncé, au service de dieu, à être des femmes ? Comment devenir mère alors que l’on n’est pas ou plus une femme ? Comment accepter cette double honte puisque, toujours et partout, c’est à la femme, pourtant victime, de porter le poids de l’infamie ? Il faut donc cacher ces déshonorantes grossesses parce que les innocentes seront rejetées par la religion et par la société… plusieurs d’entre elles, d’ailleurs, dans un total déni, ne savent même pas qu’elles sont enceintes. La force du film d’Anne Fontaine, c’est de travailler ce genre d’interrogation au niveau le plus pragmatique possible : La révélation du secret prend la forme très terre à terre… d’une artisanale césarienne. Comment s’assurer que tout se passe bien chez une femme qui ne veut pas avoir de corps, qui refuse d’être auscultée, touchée, vue ? Et que faire des nourrissons ? L’actrice Agata Kulesza fait le lien entre les deux films : dans Ida, elle jouait la tante, juge et alcoolique, qui accompagnait sa nièce dans sa quête ; dans Les Innocentes, elle joue la mère supérieure qui prend sur elle les péchés du monde : c’est elle qui abandonne les bébés « à la Providence », c’est-à-dire à une mort certaine, tout en disant qu’elle les a remis à un membre de la famille… Ce grave et beau film s’achève sur une étonnant cliché final : dans le couvent devenu orphelinat, les sœurs posent, sérieuses et réjouies, leurs enfants dans les bras, donnant l’image d’une paradoxale réconciliation entre la chair et l’esprit … religieux. DP

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n est toujours heureux lorsque le goût du public semble aller vers un cinéma de qualité, un cinéma que les boules de cristal des financeurs ou des distributeurs ne donnaient pas forcément gagnant... Ce fut le cas récemment avec, par exemple, Les Innocentes : il y avait peu à parier qu’une histoire de religieuses polonaises enceintes à la suite de multiples viols collectifs remplisse les salles obscures.... Donc, lorsque les salles se remplissent devant ces films, même pas très faciles à voir, on a un petit frisson de plaisir, voire de gratitude.

Alors, forcément aussi, lorsqu’on lit certaines critiques professionnelles parue dans la presse, parfois, on s’interroge... on en arriverait à se demander de quel film les critiques en question se font vraiment l’écho... prenons à titre d’exemple une critique des Innocentes parue dans un hebdomadaire tendant légèrement à gauche, dont le fonds de commerce original fut le rock et dont le nom laisse entendre qu’ils ne seront pas faciles à corrompre... Ainsi, le deuxième paragraphe nous informe-t-il d’emblée que cette « histoire de nonnes engrossées n’est pas d’un film de Luis Bunuel », et d’ajouter, dans la foulée : « C’eût été une bonne nouvelle »... En une ligne, voici donc un film automatiquement décrédité par la seule référence à une icône du cinéma. Nul besoin dès lors de s’efforcer d’analyser le film, d’essayer de comprendre comment il joue avec l’inacceptable de part et d’autre de la caméra, comment il nous montre que ce qui est inacceptable pour nous (le viol de ces religieuses) n’est pas ce qui préoccupe la hiérarchie religieuse, pour qui l’inacceptable est la grossesse

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illégale de ces même religieuses violées. La suite de la phrase (« Il s’agit d’un film d’Anne Fontaine, cinéaste un peu en-deçà de l’Espagnol en terme de subversion... ») est tout aussi révélatrice de la facilité employée pour traiter par le mépris ce film qui a le courage de s’en tenir à une ligne digne, de refuser les complaisances mélodramatiques ou grand-guignolesques qui auraient pu orner le propos de la cinéaste. A. Fontaine, et c’est tout à son honneur, me semble en effet avoir voulu se concentrer sur le combat de ces femmes et de cette soignante, combat dont la finalité ultime semble être la restauration de la dignité dont les violeurs et la religion les ont privées. Alors, oui, ce choix du rétablissement de la dignité passe par une mise en scène rigoureuse, souvent épurée, ce qui, aux yeux de notre critique incorruptible devient « un traitement d’ensemble plutôt conventionnel et timoré ». Quelques lignes plus tôt, ce même article estimait que le vrai sujet du film était le viol. Bien sûr, dès lors que l’on a décidé que c’était le viol le vrai sujet du film, il est facile d’accuser A. Fontaine d’en faire « un nerf extrêmement sensible du scénario (et de) rechigner à vraiment (le) manipuler. » Mais, encore une fois, au-delà du viol (qui est surtout le point de départ horschamp du film), Les Innocentes nous confronte à un sujet bien plus large, celui de la dignité, le viol n’étant que l’une des nombreuses manières par lesquelles les femmes peuvent s’en trouver privées. ER PS : On pourrait par ailleurs se demander si le surréaliste andalou aurait été heureux de voir ainsi convoquer son fantôme à la seule fin de paresseusement dézinguer un film dont le propos même n’a rien à voir avec la démarche bunuelienne.

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Humeur

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vec plus de 19 millions d’entrées et une pluie de récompenses venues du monde entier, Intouchables est devenu un véritable film phénomène de l’histoire du cinéma français. Et il semble avoir créé un nouveau genre, cocktail scénaristique fonctionnant sur un mélange a priori peu compatible : la comédie basée sur un handicap ; tétraplégie pour le film de Nakache et Toledano, surdité profonde pour La Famille Bélier de Eric Lartigau, cancer pour Amis publics de Edouard Pluvieux (Bienvenue chez les Ch’tis relève, sans doute, lui aussi, de cette catégorie naissante, même s’il s’agissait en l’occurrence d’un handicap social… et géo-climatique !). Grâce à ce mélange, l’humour tempère l’excès d’émotions, l’émotion humanise l’humour… L’émotion : le sésame du succès. Dans un registre plus dramatique, plusieurs réalisatrices travaillent par saturation, juxtaposant des scènes paroxystiques, les unes à la suite des autres, sans respiration, accumulation qui laisse le spectateur hagard, KO dans son siège, assailli ; ainsi de La Tête haute de Emmanuelle Bercot et Mon roi de Maïwenn. Dans un long article intitulé « La Stratégie de l’émotion »*, la journaliste Anne-Cécile Robert s’interroge sur ce qui « est devenu l’une des figures imposées de la vie publique » et qui à travers le divertissement, l’actualité médiatique, les discours politiques « tend à remplacer l’analyse », qui cherche à faire « frémir plutôt que

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es

réfléchir. » « L’émotion pose un redoutable défi à la démocratie car il s’agit, par nature, d’un phénomène qui place le citoyen en position passive. Il réagit au lieu d’agir. Il s’en remet à son ressenti plus qu’à sa raison. Ce sont les événements qui le motivent, pas sa pensée. » Ainsi des marches blanches qui ne portent aucune revendication, qui comblent le vide politique par une communion collective, le summum étant sans doute les marches républicaines du 11 janvier 2015. Pas de sujet plus explosif, émotivement, que le conflit israélo-palestinien : rares sont les débats qui échappent à la surenchère émotionnelle et l’on pouvait tout craindre du film de Amos Gitaï Le Dernier jour d’Yitzhak Rabin, même si 20 ans se sont écoulés depuis l’assassinat du premier ministre israélien qui a été aussi l’enterrement du processus de paix ; d’autant qu’après une émouvante interview de Shimon Pérès, le film nous plonge dans une scène sanglante insupportable : embarqué dans la voiture qui conduit Rabin, en train de mourir, et son garde du corps, vers l’hôpital. En 2h34 a lieu un véritable petit miracle cinématographique. Échappant à la charge émotive, le réalisateur réussit avec froideur et application le décorticage méthodique d’une mise à mort qui fut d’abord idéologique, médiatique, publique. Grâce à l’alternance entre de lentes, glaciales et élégantes reconstitutions (pourquoi

sont-elles aussi nulles à la télé ?) et des documents d’actualité, Gitaï montre comment la droite israélienne et les ultraorthodoxes ont assassiné verbalement et symboliquement, par leurs discours et leurs manifestations incendiaires, celui qui représentait le traître à éliminer. Une véritable leçon d’histoire, caméra au poing. « À la « stratégie du choc » décryptée par Naomi Klein, faut-il ajouter une « straté-

gie de l’émotion » ? La classe dirigeante s’en servirait pour dépolitiser les débats et pour maintenir les citoyens dans la position d’enfants dominés par leurs affects. »* Des citoyens prêts à accepter des lois sécuritaires, la politique de la canonnière portée par des va-t’en guerre médiatiques, des partis qui surfent sur la peur… DP Le Monde diplomatique – février 2016

À propos de Un jour avec un jour avec un jour sans

À

première vue un film mièvre, un peu cucul même. Très vite cependant se révèle, derrière la superficialité apparente, une œuvre énigmatique, finalement assez fascinante. Le film se divise en deux parties de longueur égale racontant exactement la même histoire d’inaboutissement amoureux, avec cependant de menues différences qui invitent le spectateur à la vigilance. On pense évidemment à des œuvres comme Mulholland Drive, Rashomon, Smoking/No Smoking ou Un jour sans fin. Aucun cependant n’a pu servir d’inspiration ou de modèle. Clairement non. Alors quoi ? Alors rien : « J’ai voulu faire un film en deux temps sans que les spectateurs ne puissent rationaliser la coexistence de ces deux parties, trouver la signification de ce dédoublement » explique Hong Sang-soo. Déclaration un brin provoca-

trice qu’il n’est pas question évidemment de prendre pour argent comptant. À preuve déjà simplement la fausse similitude du titre donné aux deux parties : Un jour sans, un jour avec, puis Un jour avec, un jour sans, qui implique nécessairement un changement de perspective. Un jour sans, un jour avec annonce la couleur : tantôt ça marche, tantôt ça ne marche pas, ça désignant ici la drague. Cheonsoo a un jour à tuer et remarque une belle jeune femme, Heejeong, qu’il entreprend de séduire, histoire de passer agréablement cette journée perdue. Manœuvres d’approche, marivaudage, sourires, flatteries, beuverie, soirée prolongée chez des amis à elle… Le suspense est arachnéen : coucheront-ils ensemble ? Eh bien non. Après une nuit de soûlerie il fait la conférence pour laquelle il est venu à Suwon, celle-ci se passe très mal et il rentre à Séoul aigri,

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que sa transposition en français : Right Now, Wrong Then. Il ne s’agit plus du tout de drague mais d’une histoire d’amour impossible où les rôles du chat et de la souris sont inversés : c’est elle désormais qui apparaît la plus forte et lui le plus vulnérable.

en colère contre les autres et contre luimême. C’est « un jour sans ». Deuxième partie, annoncée comme antithétique de la première. On reprend les choses au début, à l’identique. Enfin pas tout à fait à l’identique : de subtiles variantes, de légers décalages sollicitent notre attention et notre curiosité. Si l’on retrouve la même façon de filmer en plans fixes et zooms avant soudains, les modifications de détail sont en revanche très nombreuses. Elles n’ont pas pour seul but de titiller le spectateur, c’est le sens même du récit qui change du tout au tout. Dans le premier volet, Cheonsoo apparaît peu à peu comme un prédateur ayant jeté son dévolu sur la fragile Heejeong, très belle mais très seule, incertaine de son talent de peintre. En la complimentant sur ses œuvres il la rassure, la réjouit, inconsciente souris qui ne voit pas que le

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chat s’amuse avec elle avant, espère-t-il, de la croquer. Seule l’ivrognerie l’empêchera d’arriver à ses fins : dans un éclair de sincérité éthylique lui échappera l’aveu qu’il est marié. La caméra zoome alors sur le visage de Heejeong qui se décompose. L’homme de cœur, celui qui comprenait sa peinture et qui la comprenait elle, n’est qu’un menteur, un hypocrite de la pire espèce.

Les deux jeunes gens ne finiront cependant pas la nuit ensemble. La conférence de Cheonsoo sera cette fois-ci un grand succès, il s’y montrera brillant et, si l’histoire d’amour se révèle à jamais impossible, ils se quitteront pleins de tendresse. Heejeong, qui connaissait Cheongsoo de nom mais n’avait jamais rien vu de lui, décide dorénavant d’aller voir tous ses films. Ce que l’amour perd, le cinéma le gagne ! Finalement l’enjeu principal est là. Certes ce conte à double face, cet insolite jeu de

miroir délivre apparemment une morale : ni la vérité ni le mensonge ne sont garants du succès. Sauf qu’une telle banalité ne justifie visiblement pas l’entreprise et que de toute façon on se fiche éperdument de la leçon, aussi anodine qu’une morale de La Fontaine. Tout film est d’abord un spectacle et celui-ci met en scène justement une peintre et un cinéaste, filmés dans de longs plans fixes composés comme des toiles : Hong Sangsoo joue évidemment au chat et à la souris avec ses personnages, mais aussi avec nous, qu’il entraîne dans un labyrinthe ludique et manipule dans le seul but que nous éprouvions le plaisir d’être manipulés. Voilà donc un film virtuose, non engagé, qui raconte une histoire sans importance intrinsèque et ne cherche pas vraiment à susciter d’émotion, un avatar moderne en quelque sorte de « l’art pour l’art » ! AW

Si Heejeong reste égale à elle-même dans le second volet, il en va tout autrement de Cheonsoo : quand la jeune femme lui montre sa peinture il lui assène brutalement qu’elle ne cherche qu’à se consoler en jouant les artistes, que ses toiles sont conventionnelles, d’un conformisme navrant. Heejeong réagit évidemment très mal et le chasse mais, paradoxalement, cette sincérité finit par les rapprocher et, un peu plus tard, Cheonsoo, en larmes, lui avoue qu’il est marié et a deux enfants. Le titre anglais est plus explicite

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