27.08 au 30.09 2014

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°326 • septembre 2014

JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE Les Studio vous reçoivent : samedi 20 septembre de 9h30 à 12h00


Les projections du dimanche matin reprendront début octobre 2014 S

O

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A

I

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septembre 2014 - n° 326

Éditorial .................

3

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4

Les Studio, bien plus qu’un cinéma !

CNP

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5

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6

Partenariat Académie Francis Poulenc Soirée d’ouverture À Tours de bulles

Collège au cinéma

LES FILMS DE A à Z

En bref

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Horaires d’ouverture : lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

de 16h00 à 19h45 de 15h00 à 19h45 de 16h00 à 19h45 de 16h00 à 19h45 de 16h00 à 19h45

6

16

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Interférences

Au fil d’Ariane/Bird People

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18

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Rencontre ............................................

19

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20

Pascal Rabaté

Tél : 02 47 20 85 77

Courts lettrages

Bird People À propos de

Dans la cour. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

À propos de

Adieu au langage

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24

EUROPA

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REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

Rencontre

Anne le Ny

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AFCAE

Rencontre

Soirée autour de Viviane Maier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 27 À propos de

2 jours, 1 nuit

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28

Rencontre

Fabrice Luchini Vos critiques

Jeune Public

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. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 33 .............................................

FILM DU MOIS : Party Girl

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34 36

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC

GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Daniel Chapoton et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Les Studio, bien plus qu’un cinéma ! En ce début de nouvelle saison cinématographique, au cours de laquelle nous espérons vous retrouver toujours plus nombreux, toujours plus passionnés, il nous est apparu important de rappeler que les Studio – bien au-delà du complexe de 7 salles vous proposant chaque semaine plus de 15 films venus de tous les horizons – sont aussi comme l’écrit Jean-Marie Laclavetine, un foyer de rencontres et de confrontations d’idées, un lieu de partage et de vie. Les bénévoles de notre association, militants de l’action culturelle populaire, sont, en effet, tous engagés dans des projets et des partenariats s’inscrivant toujours plus dans l’ouverture vers tous les publics, en multipliant les initiatives pour que les Studio soient à Tours, ce lieu de partage et de vie évoqué plus haut… Les animations autour des films sont donc nombreuses et diverses : • venues de réalisateurs, d’acteurs, d’auteurs ou de critiques (en salle ou à la Bibliothèque) qui sont souvent des moments d’exception (pensons par exemple aux récentes venues de Yolande Moreau, de Bertrand Tavernier ou de Fabrice Luchini), • ateliers jeune public pour découvrir et partager la passion du grand écran, • soirées-débats du jeudi au cours desquelles le CNP et les associations partenaires dénoncent injustices, égoïsmes,

violences et explorent les solutions alternatives au capitalisme sauvage. Nos initiatives pour accueillir des publics qui ne viennent pas spontanément dans un lieu culturel se multiplient : • séances Ciné-ma différence un samedi par mois, • accueil gratuit l’après-midi avec Cultures du cœur, de plus de 3 000 personnes démunies par an, • séances le samedi matin pour les Restos du cœur, avec film et échange, • moments de visite-découverte des Studio (cabines de projection, bibliothèque, jouets optiques, nos 50 ans d’histoire…) proposés lors des Journées du Patrimoine et pour des groupes tout au long de l’année. Nos partenariats avec d’autres structures culturelles tourangelles (CCNT, Théâtre Olympia, Cie X-Press, Tous en scène…) ou des festivals (Aucard de Tours, Rencontres de Danses Urbaines, Planète Satourne…) manifestent notre volonté de nous inscrire dans la vie de la cité. Car oui, c’est bien cela qui nous importe : continuer à faire des Studio ce lieu unique et incontournable où nous aurons plaisir, tout au long de cette nouvelle saison, à partager émotions et coups de cœur avec vous. DC, pour la commission Communication

Les CARNETS du STUDIO

n°326

septembre 2014

3


SEMAINE

C

I

du 24 au 30 septembre

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N

É

M

A

T

H

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U

E

19h30 1h40’ LAdeCHIENNE Jean Renoir lundi ROUGE 21h30 1h42’LA RUE de Fritz Lang

de divers réalisateurs

32’ VF

de Jessica Laurén

14h15 17h00 21h15

À suivre.

1h49’ V0

UN ÉTÉ A QUCHI

PRIDE

de Chang Tso-chi

16h00 mer-sam dimanche

du 27 août au 2 septembre 2014

1

Partenariat avec l’Académie Francis Poulenc 1h32’

mercredi

LES VISITEURS 19h45 2h00’ DU SOIR

LES VACANCES DU PETIT NICOLAS de Laurent Tirard

de Marcel Carné

mardi

AVANT PREMIÈRE

1h34’ Partenariat Ciclic-Studio

1h30’

PEAU D’ÂNE

MANGE TES MORTS

16h15 et 17h15

19h45

14h15 2h03’ SILS MARIA 17h00 de Olivier Assayas 21h00

1h36’

14h15

14h15 1h35’ 16h00

1h36’

19h45

de Jean-Charles Hue

de Jacques Demy

Rencontre avec Jean-Charles Hue

SIDDHARTH de Richie Mehta

14h15 SAUF lundi mardi

17h30 SAUF lundi mardi

17h30 19h30

de Matthew Warchus À suivre.

14h30 1h46’ 17h30 19h30

3 CŒURS

14h30 19h15

SOIRÉE COLLÈGE 37 jeudi Projection de 3 courts métrages Entrée libre et gratuite

de Benoît Jacquot

DES CHEVAUX ET DES HOMMES

LEVIATHAN À suivre.

2h13’

MADEMOISELLE JULIE de Liv Ullmann

1h34’

MANGE TES MORTS de Jean Charles Hue

19h45 17h45 21h45

1h42’

MÉTAMORPHOSES 21h45

1h40’

SAUF lun-mar

17h45 19h45

SAUF lun-mar

19h45 21h45

14h15 19h30 SAUF mer-mar

14h30 19h30

PARTY GIRL

de Claire Burger, Marie Amachoukeli et Samuel Théis

14h15 1h30’ 16h00

de Beneditk Erlingsson

de Andreï Zviaguintsev

QU’IL EST ÉTRANGE DE S’APPELER FEDERICO 19h15 de Ettore Scola

1h34’

ENEMY

LE BEAU MONDE

de Denis Villeneuve de Julie Lopez-Curval

WINTER SLEEP de Nuri Bilge Ceylan Festival de Cannes 2014

1h45’

LE GRAND HOMME QUI NE VOULAIT PAS MOURIR 21h30 de Sarah Leonor

1h30’

THE SALVATION de Kristian Levring

1h40’

LES COMBATTANTS

de Anne Fontaine À suivre.

de Thomas Cailley

1h27’

NEAR DEATH EXPERIENCE

21h45

14h30 19h15

HIPPOCRATE

REACHING FOR THE MOON

de Thomas Lilti

www.studiocine.com

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35

21h30

de Bruno Barreto

1h40’

DES LENDEMAINS 17h45 QUI CHANTENT de Nicolas Castro

21h30 + lundi-mardi 14h15

17h30

1h45’

de Gustave Kervern & Benoît Delépine

1h45’

17h45

3h16’

de Christophe Honoré

GEMMA BOVERY

21h30

19h30

1h21’ À suivre.

2h21’

17h15

LES FANTASTIQUES LIVRES VOLANTS 14h15 et DE M. MORRIS LESSMORE

de Bertrand Bonello

1h57’

19h15

50’ VF

SAINT LAURENT

14h15 17h00 19h45

SEMAINE

mer-sam dimanche

COUCOU NOUS VOILA !

2h30’

14h15

2014

1h38’

MIRACLE AU VILLAGE de Preston Sturges

21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com


2

du 3 au 9 septembre 2014

1h45’

1h24’ VF

SEMAINE

14h30 HIPPOCRATE 17h45 de Thomas Lilti Rencontre avec Thomas Lilti vendredi 19h45 après la séance de 19h45

PLANES 2 de Roberts Gannaway

jeudi

14h15

19h45

14h30 DES LENDEMAINS LES VACANCES QUI CHANTENT DU PETIT NICOLAS 17h15 19h45 de Nicolas Castro de Laurent Tirard 14h30 17h45 PARTY GIRL 17h00 MÉTAMORPHOSES de Claire Burger, Marie Amachoukeli 21h45 et Samuel Théis 19h00 de Christophe Honoré

AVANT PREMIÈRE

PRIDE de Matthew Warchus

14h30 1h40’ 17h15 GEMMA 19h30 BOVERY 21h30 de Anne Fontaine

1h35’

1h42’

du 10 au 16 septembre 2014

3

1h57’

mercredi samedi dimanche

1h32’

1h40’

SEMAINE

Festival de Cannes 2014

14h15

WINTER SLEEP

ENEMY de Denis Villeneuve

de Nuri Bilge Ceylan

17h45 21h45

14h15 SILS MARIA 19h15 de Olivier Assayas

LA DOLCE VITA

14h30 19h15

21h00

de Federico Fellini

1h36’

SIDDHARTH 21h45 SAUF

2h04’

19h30

SACCO ET VANZETTI

de Richie Mehta

jeudi

1h40’

de Giuliano Montaldo

1h30’

THE 17h30 SALVATION 21h30 de Kristian Levring

OPÉRATION 14h15 + CASSE-NOISETTE sam-dim de Peter Lepeniotis

16h00

Festival de Cannes 2014

14h15

WINTER SLEEP

de Joe Dante

19h30

1h42’

14h15 NEAR DEATH MÉTAMORPHOSES 17h45 19h45 EXPERIENCE + de Gustave Kervern & Benoît Delépine de Christophe Honoré 21h45 rencontre avec 16h00 Mardi 16 septembre, Benoît Delépine

LES COMBATTANTS 21h45 de Thomas Cailley

Le film imprévu www.studiocine.com

après la projection de 19h45

2h00’

14h15 L’INSTITUTRICE 19h15 de Nadav Lapid 1h25’

14h30 LES GENS DU MONDE 19h30 de Yves Jeuland 1h30’

17h30 21h30

BOYS LIKE US de Patric Chiha

1h30’

ENEMY de Denis Villeneuve

1h24’

mercredi Les STUDIO samedi vous reçoivent samedi pour les JEUX INTERDITS dimanche de 9h30 Journées européennes de René Clément 14h15 à 12h00 du Patrimoine C I N É M A T H È Q U E

1h26’ VF

Soirée d’ouverture Ciné-concert

mercredi

samedi OPÉRATION dimanche lundi RETOUR DE FLAMMES CASSE-NOISETTE 17h45

19h30 Serge Bromberg présente et accompagne au

de Peter Lepeniotis

piano un programme de courts métrages

14h30 17h45 21h45

1h40’

GEMMA BOVERY

MÉTAMORPHOSES de Christophe Honoré

19h30 SAUF

jeudi

de Anne Fontaine

1h30’

19h30 ENEMY 14h30 SAUF 17h45 3 CŒURS de Denis Villeneuve lundi 19h45 de Benoît Jacquot 21h45 1h45’ 14h15 1h57’ HIPPOCRATE 19h45 PRIDE 17h00 de Thomas Lilti 19h15 de Matthew Warchus 1h27’ 21h30 NEAR DEATH 17h30 14h15 2h13’ EXPERIENCE MADEMOISELLE de Gustave Kervern & Benoît Delépine 21h30 19h15 JULIE 1h46’

LES GREMLINS 2 vendredi LA NOUVELLE GÉNÉRATION

du 17 au 23 septembre 2014

4

1h42’ mercredi

1h49’ VF Festival À Tours de bulles

3h16’

mer-sam dimanche

de Bruno Barreto

de Patric Chiha

sam-dim

1h27’

REACHING 21h15 SAUF FOR THE MOON vendredi

BOYS LIKE US

17h15

Rencontre-échanges autour de la BD

de Nuri Bilge Ceylan

1h45’ 1h30’

1h26’ VF

3D

mercredi samedi dimanche

14h15 TEMPÊTE MADEMOISELLE DE BOULETTES GEANTES 14h15 17h00 JULIE de Chris Miller & Phil Lord 19h25 de Liv Ullmann

2h55’

2h03’

PLANES 2 de Roberts Gannaway

1h30’ VF

2h13’

1h30’ 3h16’

1h24’ VF

SEMAINE

17h45 21h45

1h35’

SAUF mercredi

PARTY GIRL 21h30

de Claire Burger, Marie Amachoukeli et Samuel Théis

1h35

Le film imprévu www.studiocine.com

2h00’

L’INSTITUTRICE 17h00 de Nadav Lapid

14h30 PARTY GIRL de Claire Burger, Marie Amachoukeli et Samuel Théis

1h45’

19h45 HIPPOCRATE 21h45 de Thomas Lilti

de Liv Ullmann

1h34’

14h15 MANGE 19h30 + TES MORTS 16h00 mer-sam de Jean Charles Hue dim

21h45

1h25’

LES GENS DU MONDE 21h30 de Yves Jeuland

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public : voir pages 34 et 35


Soiree d’ouverture

festival A Tours de bulles *

Réfléchir, échanger et avancer ensemble

Vendredi 12 septembre 2014, 19h30

L

e CNP, politiquement à gauche, est une structure associative qui, au sein de l’association des cinémas Studio, se veut un lieu de remise en question citoyenne, d’explication et de décryptage d’une société aux enjeux multiples : luttes des peuples en colère, dégâts du capitalisme, démocratie bafouée, instrumentalisation sécuritaire, menaces sur la diversité culturelle, l’environnement et la santé… Mettre en lumière l’idéologie qui sous-tend les discours et les actes politiques, économiques, écologiques, sociaux et culturels du pouvoir. Le CNP travaille avec des associations locales engagées dans la transformation de la société, ouvre la réflexion collective autour de tous ces enjeux, et suscite la confrontation des points de vue. Tous, CNP, associations partenaires et public participant aux séances du jeudi soir, nous continuons à nous interroger sur les alternatives possibles et les engagements permettant d’avancer vers un monde plus juste, plus solidaire et résistant à toute forme d’oppression.

Les prochains rendez-vous d’octobre :

Le CNP propose un CINÉ-DÉBAT FILM : AVEC DÉDÉ de Christian Rouaud – France - 2012 – 1h20’

Dédé, alias André Le Meut. Musicien, compositeur, collecteur. Virtuose de la bombarde, Dédé la fait sonner dans les Fest-noz, les églises, les salles de concert. Pour faire connaître la culture du Morbihan, il va à la rencontre des anciens, il enregistre et restitue. Dans ce film, Christian Rouaud dresse le portrait d’un homme enthousiaste, généreux, talentueux, qui est aussi un ami. La projection sera suivie d’un échange avec le réalisateur.

Abolition de la peine de mort, où en est-on ? FILM : JUSTICE

ON TRIAL

avec Claude Guillaumaud-Pujol, le Collectif de soutien à Mumia Abu Jamal, Amnesty International et le CNP.

DÉBAT

• Les séances sont ouvertes à toutes et à tous • Caisse au point d’accueil central • Participation aux frais : 4 € ou 3 € (pour les abonné(e)s aux Carnets du Studio)

Rénovation des quartiers populaires, pour qui, pour quoi ? FILM :

Les CARNETS du STUDIO

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France – 2013 – film de fin d’études de l’école ArtFX de Yohann Clément, Roman Dumez, Richard Lim, Kévin Palluet, Martyn Stofkooper et Jean-Marie Vouillon.

19e

Au siècle, perpétuant la tradition, un pêcheur initie son fils à la chasse au cachalot. Malheureusement le don familial saute parfois une génération...

• Dès 18h00, vendredi 12 septembre, dans la bibliothèque, animation proposée par La Maison des jeux.

GremlinS 2 lA nouVelle GenerATion USA – 1990 – 1h49, de Joe Dante avec Zach Galligan, Phoebe Cates, Christopher Lee...

Où l’on retrouve Gizmo et sa bande d’adorables créatures à l’assaut de New-York... Ils sont si mignons et pourtant nécessitent tant d’attention : pas de soleil, pas d’eau et pas de repas après minuit...

– Dans le hall : Cinéma et gastronomie. – À la bibliothèque : affiches et BD sur le thème de la gastronomie. • Séance Jeune Public : mercredi 10 septembre avec atelier BD (voir page 34).

* du 10 au 14 septembre 2014. Programme détaillé du festival à l’accueil des Studio et mis à jour sur http://www.atoursdebulles.com/

DÉCONCERTATION

de Béatrice Dubell – France - 2011 – 50’

avec un intervenant qualifié, le NPA, D’ailleurs nous sommes d’ici et le CNP.

DÉBAT

Vous pouvez joindre le CNP le lundi entre 19h et 21h : 02 47 20 27 00 ou : contact@lecnpstudio.org

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Et aussi aux Studio :

CATCh A loT

jeudi 16 octobre - 20h00

LES JEUDIS DU CNP À 20h (parfois plus tôt) : un FILM documentaire , parfois une fiction, suivi d’un DÉBAT entre le public, les associations locales et les intervenant(e)s invité(e)s.

À l’issue de la soirée un pot convivial sera offert par la Ville de Tours Tarifs : abonnés 3€ - non-abonnés : 4€

• 2 expositions : jeudi 9 octobre - 20h00

de Johanna Fernandez – USA - 2010 – 65’

Merci aux 38 partenaires qui ont travaillé avec nous en 2013/2014, aux intervenant(e)s et aux 1825 participant(e)s à nos 26 soirées.

Tous à table ! Avec le thème de La Gastronomie dans la BD, l’équipe du festival A Tours de bulles et les Studio vous ont concocté une soirée aux p’tits oignons pour cette 10ème édition ! Pour nous mettre en bouche, un court métrage d’animation, Catch a lot, suivi de Gremlins 2 la nouvelle génération présenté par Franck Lafond, spécialiste de Joe Dante... Bon appétit !

jeudi 2 octobre - 20h00

Partenariat avec l’Académie Francis Poulenc Mercredi 27 août – 19h45

I

l est des films dits de patrimoine. Parmi ceux-ci, Les Visiteurs du soir tient une place très haute : réalisation de Marcel Carné,

scénario de Jacques Prévert, musique de Joseph Kosma, Arletty, Alain Cuny, Fernand Ledoux et Jules Berry au générique…

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Les CARNETS du STUDIO

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La musique de Kosma est créditée à Maurice Thiriet, parce que Kosma était Juif et donc interdit d’exercer à l’époque… Le débat sur la paternité de la musique dura longtemps après la fin de la guerre. Prévert a toujours soutenu son ami Kosma dans cette controverse… La bande originale comprend des ballades médiévales, interprétées par Jacques Jansen. Ce sont de grandes mélodies, que l’Académie souhaite faire partager. Le film sera présenté par François Le Roux qui animera aussi le débat qui suivra.

Les Visiteurs du soir France - 1942 - 2h00, de Marcel Carné, Arletty, Jules Berry, Alain Cuny, Marie Déa…

L’association Collège au Cinéma 37 vous invite à une soirée documentaire, le jeudi 18 septembre à 19h30

A

vec les élèves et les professeurs des collèges Roger Jahan de Descartes, Saint Gatien de Montbazon et Lamartine de Tours, dans lesquels trois courts métrages ont été tournés en 2013/2014 (3 x 30 minutes). Venez rencontrer des collégiens qui découvrent le cinéma et qui deviendront pour beaucoup des cinéphiles ! Entrée libre et gratuite

Du cinéma dans la vie ! • Documentaire réalisé en 2014, au collège Lamartine de Tours par Elisa Zampagni. • Travail sur l’affiche du film Le Tableau avant la projection. Court métrage réalisé en 2013 au Collège Saint Gatien de Montbazon par Jean-Paul Dupuis. • Travail sur le cadre après la projection au cinéma du film Le Tableau. Court métrage réalisé en 2013 au Collège Roger Jahan de Descartes par Jean-Paul Dupuis.

Les films de A à Z www.studiocine.com A

3 Cœurs

France – 2014 – 1h46, de Benoît Jacquot, avec Benoît Poelvoorde, Charlotte Gainsbourg, Catherine Deneuve, Chiara Mastroiani…

Une nuit, Marc rate son train pour rentrer à Paris et rencontre Sylvie. Ils errent jusqu’au matin, parlant de tout, sauf d’eux mêmes, totalement en phase. Lorsqu’ils se quittent, il donne rendez-vous à Sylvie quelques jours après. Elle ira, lui non. Il la cherchera et trouvera une autre femme, Sophie, sans savoir

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Les CARNETS du STUDIO

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w w w . s t u d i o c i n e . c o m

R

éjouissons-nous : enfin une occasion de (re)voir sur grand écran un des joyaux de l’association de créateurs Carné-Prévert. Or donc, en ce joli mois de mai 1485, Messire le Diable dépêcha sur terre deux de ses créatures afin de désespérer les humains… Depuis lors, Satan arbore, à jamais, les traits, la voix et la gestuelle du grand J. Berry. Le film regorge de trouvailles esthétiques et poétiques, tant dans la mise en scène que dans les dialogues, comme : « Le Diable est bon pour ses enfants. Quand ils sont très obéissants… » Vous savez ce qu’il vous reste à faire… Au fait, si vous êtes très attentifs, vous pourrez reconnaître parmi les figurants les tout jeunes S. Signoret, J. Carmet, A. Resnais, et J.-P. Mocky ! IG

qu’elle est la sœur de Sylvie… Habitué à changer avec souplesse d’échelles de productions et à enchaîner des projets de nature et d’ambition diverses, Benoit Jacquot aime varier les plaisirs. Pour son nouveau projet, il a choisi un casting prestigieux pour une histoire d’amour digne des grands mélodrames populaires. Il conçoit sa mise en scène comme un écrin subtil et élégant pour retrouver la maîtrise et le lyrisme des cinéastes amé-

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons. AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES, AU MOIS DE SEPTEMBRE 2014 : • The invasion parade de Alfredo Rodriguez (studio 1-2-4-5-6) • New York tango de Richard Galliano (studio 3-7) Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

ricains qu’il admire. Sources : dossier de presse – arte.tv

Filmographie succincte : Corps et Biens (85), La Désenchantée (90), La Fausse suivante (00), Villa Amalia (09), Les Adieux à la reine (12).

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Le Beau monde

France – 2014 – 1h35, de Julie Lopes-Curval, avec Ana Girardot, Bastien Bouillon…

À 20 ans, Alice vit à Bayeux et se passionne pour… la broderie. Elle ne sait que faire ce son talent jusqu’à ce qu’elle rencontre une riche parisienne, Agnès, qui l’aide à s’inscrire dans une école prestigieuse à Paris. C’est là qu’elle rencontre Antoine, le fils d’Agnès. Malgré la différence de milieu social, ils s’éprennent l’un de l’autre. Il lui fait découvrir de l’intérieur le beau monde… Pour son 5e long-métrage Julie Lopes-Curval est revenue dans sa ville d’origine avec l’envie de filmer les lieux de son enfance et notamment la célèbre tapisserie qui fait la scène d’ouverture. Un film social, plein de tendresse et un premier grand rôle pour Ana Girardot. « Je voulais raconter comment deux personnes se construisent ensemble en se prenant des choses l’une à l’autre, comment cette construction les éloigne peu à peu, rend impossible la vie à deux, même s’il s’agit bien d’un grand amour… » Sources : dossier de presse

Filmographie : Mademoiselle Butterfly (01), Bord de mer (02) , Toi et moi (06), Mères et filles (09).

Boys Like Us

leur amitié, perdus qu’ils sont entre sommets vertigineux et gouffres abyssaux… Après le remarquable Domaine (2009), présenté alors à la Mostra de Venise, Patric Chiha propose une comédie autour d’un trio hétéroclite de ces amis, unis par les difficultés à prendre leurs vies en main. A travers cette histoire, Patric Chiha voulait « questionner les doutes, peurs, espoirs et joies des gens de ma génération ». Source : dossier de presse

Les Combattants

France – 2014 – 1h40, de Thomas Cailley, avec Adèle Haenel, Kevin Azaïs…

C

Dans les Landes, l’été s’annonce tranquille pour Arnaud, entre l’entreprise familiale et les potes, jusqu’à sa rencontre avec Madeleine, un bloc d’énergie, belle, cassante, et qui s’entraîne pour se préparer à la fin du monde... Ce premier film a été l’une des révélations du dernier festival de Cannes. Présenté à la Quinzaine des réalisateurs, il a raflé de nombreux prix amplement justifiés. Constamment surprenant, drôle et grave, Les Combattants associe un excellent scénario à une mise en scène parfaitement maîtrisée qui s’autorise les changements de ton et de très belles idées. Et, si Arnaud n’a d’yeux que pour Madeleine, nous sommes de même fascinés par l’interprétation de l’excellente Adèle Haenel qui, après L’Apollonide, Suzanne et L’Homme qu’on aimait trop, pour ne citer que ses derniers films, confirme haut la main tout le bien que l’on pense d’elle. JF

France/Autriche – 2014 – 1h30, de Patric Chiha, avec Florian Carove, Raphaël Bouvet, Jonathan Capdevielle, Gisèle Vienne…

Rudolf, Gabriel et Nicolas sont trois amis gays. Trentenaires névrosés, parisiens agités, ils se sont égarés dans les montagnes autrichiennes ! Le moment paraît bien choisi pour faire le point sur leurs vies, leurs amours et

Coucou nous voilà ! Voir pages Jeune Public Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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D

Des chevaux et des hommes Islande - 2013 - 1h21, de Benedikt Erlingsson,avec Charlotte Boving, Ingvar Eggert Sigurdsson, Helgi Björnsson…

Une vallée islandaise isolée, des hommes et des femmes qui s’aiment... ou pas... ou plus... rien que de très ordinaire, direz-vous. Que faire par exemple quand l’homme que vous aimez se passionne surtout pour sa jument et que celle-ci n’a d’yeux que pour un magnifique étalon qui va ridiculiser l’homme désiré sans coup férir ? Ici, en effet, les chevaux sont omniprésents et c’est par leur regard que ces histoires sont vues, sauf aussi que certains critiques parlent d’un film parfaitement inclassable, « comme on en voit un tous les dix ans », si ce n’est aussi que le cinéaste n’hésite pas à aller assez loin du côté de l’absurde et du ridicule sans renoncer à un certain souffle épique... Sources : avoir-a-lire.com, cine-vue.com, cameraobscuracinema.wordpress.com

Des lendemains qui chantent

France - 2013 - 1h34, de Nicolas Castro, avec Pio Marmaï, Laetitia Casta, Ramzy Bédia, Gaspard Proust, André Dussolier...

Pendant près de deux décennies on suivra les parcours croisés mais parallèles de quatre personnages, tous en quête d’engagement. Mais, bien entendu, les années 80 et 90 furent plutôt celles de la désillusion et du désenchantement politiques... Comment continuer à croire en quelque chose dans un monde qui se referme graduellement ? Distribution grand format pour ce film, avec des valeurs très sûres aux côtés de jeunes acteurs très talentueux (on sait notamment comment Pio Marmaï est capable de mélanger comédie et émotion dans un même rôle). Sources : dossier de presse

La Dolce Vita

Italie – 1960 – 2h40, de Federico Fellini, avec : Marcello Mastroianni, Anita Ekberg, Anouk Aimée… et la musique de Nino Rota.

Rome, 1959 : une série d’épisodes qui s’enchaînent comme des sketches suivent les pérégrinations de Marcello, un jeune provincial aux aspirations littéraires devenu chroniqueur dans un journal à sensations. C’est en faisant appel à sa propre biographie que Fel-

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lini a superbement filmé les choix existentiels qui s’offrent à un jeune homme doué : l’innocence ou la déchéance. Des acteurs inoubliables dans des scènes « cultes » - Anita Ekberg et Marcello Mastroianni dans le bassin de la fontaine de Trevi - illustrent l’hédonisme, l’amertume, la société décadente de l’aristocratie et de la haute bourgeoisie romaines. Un chef-d’œuvre absolu, à découvrir ou à redécouvrir au moment où Ettore Scola rend un si bel hommage au maître du cinéma italien dans Qu’il est étrange de s’appeler Federico. SB

G

Filmographie succincte : La Strada (54), Huit et demi (63), Fellini Roma (72), La Cité des femmes (80), Intervista (87).

Enemy

Canada – 2014 – 1h30, de Denis Villeneuve, avec Jake Gyllenhall, Mélanie Laurent…

E

Professeur discret, Adam mène une vie paisible avec sa fiancée Mary. Un jour, dans un film, il découvre Anthony, un acteur qui lui ressemble étrangement. Adam ressent un trouble profond et commence alors à observer à distance la vie de cet homme et de sa mystérieuse femme enceinte. Puis il se met à imaginer les plus stupéfiants scénarios... pour lui et pour son propre couple. Adapté du roman L’Autre comme moi de José Samarago, le film propose une plongée dans le monde de l’inconscient et du désir sexuel. Alors qu’il allait tourner Prisoners aux Etats Unis, avec un budget conséquent, le réalisateur d’Incendies (10) a voulu explorer cette histoire torturée et tortueuse, tirant ses racines dans le cinéma de David Lynch, David Cronenberg ou Alfred Hitchcock, « parvenant à cette confusion émotionnelle au niveau du raisonnement à laquelle aspire le cinéaste depuis ses débuts ».

Voir pages Jeune Public

Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

Martin a quitté le monde parisien de l’édition pour reprendre une boulangerie familiale en Normandie. Passionné de littérature et grand amateur de Flaubert, Martin va voir sa vie tranquille se fissurer lorsque viendront s’installer de nouveaux voisins, anglais, répondant aux noms de Charles et Gemma Bovery... trop de coïncidences flaubertiennes pour ce quinquagénaire qui se croyait rangé des aventures amoureuses... d’autant qu’il faut dire que la Gemma en question est particulièrement attirante ! Obsédé par le roman de Flaubert, Martin va s’improviser « co-auteur » des vies de ses nouveaux voisins, un rôle parfois dangereux. Anne Fontaine signe là une comédie alternant entre légèreté et gravité, portée par un humour qui n’est pas sans rappeler celui de Woody Allen et des acteurs en très grande forme. Et, pour ne rien gâcher, le travail de l’image est à la hauteur des ambitions du projet ! ER

Les Gens du Monde France – 2014 – 1h23, de Yves Jeuland, documentaire.

Sources : lehuffingtonpost.ca – panorama-cinema.com

Les Fantastiques livres volants…

Gemma Bovery

France - 2014 - 1h40, de Anne Fontaine, avec Fabrice Luchini, Gemma Arterton, Elsa Zylberstein, Isabelle Candelier, Jason Flemyng...

F

Alors que la presse doit faire face aux grands bouleversements que représentent l’arrivée des blogs, tweets et autres révolutions du web, ce film propose une plongée au cœur du travail des journalistes du service politique du Monde – un des titres les plus prestigieux de la presse mondiale qui s’apprête à fêter ses soixante-dix ans – lors de la campagne électorale de 2012. Dans la rédaction comme sur le terrain, nous assistons ainsi aux débats qui traversent le grand quotidien du soir. Spectateurs privilégiés des oppositions et des tensions de la rédaction, nous partageons aussi l’enthousiasme et les fous rires des journalistes, la fatigue et les doutes, bref… le quotidien du quotidien. Yves Jeuland est auteur et réalisateur de documentaires pour le cinéma et la télévision (France Télévisions, Canal Plus, Arte). Il a obtenu en 2001 le 7 d’or de la meilleure série

documentaire pour Paris à tout prix (2001) sur deux ans de campagne municipale dans la capitale. Documentariste aguerri et subtil, il a pu restituer au plus juste l’atmosphère fébrile d’une rédaction d’un grand quotidien. Sources : humanite.fr, telerama.fr

Le Grand homme France - 2013 - 1h45, de Sarah Leonor, avec Jérémie Rénier, Surbo Sugaipov…

Légionnaires détachés en Afghanistan pour six mois, Markov et Hamilton se retrouvent pris dans une embuscade alors qu’ils participaient à une expédition non autorisée. Markov sauve Hamilton grièvement blessé… De retour à Paris, Hamilton, convalescent, tente d’aider Markov, désormais civil et sans papiers : il prête son identité à son ami tchétchène pour qu’il puisse travailler légalement… mais celuici disparaît brutalement, laissant son fils seul au monde… Professeur à la Fémis, Sarah Léonor avait signé en 2009 un premier film remarqué au festival de Locarno et intitulé Au voleur. Dans ce nouveau projet, elle a voulu transcrire dans le monde d’aujourd’hui l’épopée mésopotamienne de Gilgamesh, en racontant une histoire d’amitié entre deux hommes. « J’aime beaucoup la fragilité des hommes. J’aime leur présence physique. Dans cette force, c’est la fêlure qui m’intéresse. C’est un mystère que je fouille, que je sonde. » Sources : dossier de presse

Hippocrate

France - 2014 - 1h41, de Thomas Lilti, avec Vincent Lacoste, Reda Kateb, Jacques Gamblin, Marianne Denicourt...

H

Pour son premier stage d’interne en médecine, Benjamin se retrouve dans le service de son père et avec, comme co-interne, Abdel, un médecin étranger plus expérimenté que lui. La pratique est plus difficile que la théorie et Benjamin se retrouve face à ses limites, ses peurs. Ses certitudes s’écroulent les unes après les autres face aux patients, aux familles et aux dures conditions matérielles dont souffre l’hôpital... Quasi autobiographique, le réalisateur étant médecin, ce récit d’apprentissage montre le

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manque de moyens et la détresse des soignants de l’assistance publique tout en privilégiant le romanesque en suivant la trajectoire de Benjamin. Le mélange est très réussi, on y rit très souvent et on a le cœur serré tout autant. Dans ce microcosme où les passions s’exacerbent très vite, le réalisateur campe des personnages formidablement humains. De plus, Vincent Lacoste s’y révèle autre et Reda Kateb y confirme son talent à endosser tous les registres. JF Vendredi 5 septembre, rencontre avec Thomas Lilti, réalisateur, après la projection de 19h45.

I

L’Institutrice Israël / France - 2014 - 2h, de Nadav Lapid, avec Sarit Larry, Avi Shnaidman, Lior Raz…

Nira, une institutrice, échappe à la médiocrité de sa vie conjugale en écrivant des poèmes. Décelant chez un de ses élèves, Yoav, cinq ans, des dons poétiques exceptionnels, elle décide de prendre soin de son talent et de le faire connaître. Commence alors une sorte de croisade qui va l’entraîner très loin. L’Institutrice apparaît comme un film puissant, passionnant. Plus que d’une dénonciation il s’agit ici de la représentation d’une société implacable, écrasante : « L’Institutrice, sans provocation ni grand discours, mais avec une intelligence et une sensibilité artistiques exceptionnelles, est un grand film de résistance. » (Olivier Père, d’Arte) À quoi Jacques Mandelbaum (Le Monde) ajoute que « L’Institutrice n’est pas seulement un film passionnant : c’est un film absolument majeur dans l’histoire du cinéma israélien, par ailleurs une œuvre remarquable pour les cinéphiles du monde entier. » Sources : dossier de presse

Filmographie : Le Policier (11).

la voiture familiale et ses parents. Michel, 10 ans, la recueille et l’entraîne dans la ferme familiale. Ces deux-là vont partager beaucoup : de jeux, de joies, de peines, de projets comme celui d’un cimetière pour animaux… et vont s’aimer, de cet amour qui n’appartient qu’aux enfants. Dire que ce film est bouleversant, c’est trop peu : Paulette et Michel sont à jamais les figures de l’enfance bafouée, incomprise, malmenée. Le regard buté de Michel et l’ineffable chagrin de Paulette (leurs interprètes sont absolument prodigieux) nous hantent longtemps après la fin de ce film qui, à l’époque, fut couronné par un Lion d’Or et l’Oscar du Meilleur film étranger. IG Voir pages Jeune Public

Jeux interdits

France - 1951 - 1h26, de René Clément, avec Brigitte Fossey, Georges Poujouly…

1940 : Paulette, 5 ans, une petite fille perdue sur sur les routes de l’exode. Elle s’agrippe au cadavre de son chien, la seule chose qui lui reste après qu’un bombardement ait anéanti

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Sources : dossier de presse

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Leviathan

Russie – 2014 – 2h21, de Andrei Zvyagintsev, avec Alexei Serebriakov, Elena Liadova, Vladimir Vdovitchenkov…

Dans une petite ville russe au bord de la mer de Barents, vit Kolia avec sa femme Lilia et son fils Roma. Kolia s’occupe d’un garage à côté de la maison. Le maire de la ville, Vadim Cheleviat, a en tête un projet. Pour cela, il veut s’approprier non seulement le terrain de Kolia, mais aussi sa maison et son garage. Il tente d’abord d’acheter ces biens mais, pour Kolia, l’idée de perdre ce qu’il possède et la beauté de ce qui l’entoure depuis sa naissance lui est insupportable. Vadim Cheleviat devient alors plus agressif… Léviathan, histoire riche en intrigues, avec une photo somptueuse, dressant un « tableau implacable d’une Russie malade », a reçu le Prix du scénario au Festival de Cannes. Sources : dossier de presse, leblogducinema.com, telerama.fr.

Filmographie succincte : Le Retour (2003) ; Elena (2011).

Mademoiselle Julie

Grande-Bretagne / Norvège - 2014 - 2h13, de Liv Ullmann, avec Jessica Chastain, Colin Farrell…

J

elle et John, valet du baron fiancé à Kathleen, la cuisinière, mais ambitieux et prêt à se servir de la fille de son maître pour monter dans l’échelle sociale. S’ensuit une histoire d’amour complexe, à la fois histoire de passion et jeu tragique, illustration de la guerre des sexes et de la lutte des classes. Il aura fallu attendre 14 ans depuis Infidèle pour que Liv Ullmann mette à nouveau un film en scène, quinzième adaptation cinématographique de la célèbre pièce d’August Strindberg. Entièrement tourné dans un château d’Irlande du Nord, ce beau film donne à Jessica Chastain, selon des critiques anglais, son meilleur rôle à ce jour.

M

Dans l’Irlande de la fin du siècle les aristocrates ne se mélangent pas aux domestiques. Mais en cette nuit de la Saint-Jean, Julie, la fille de famille, profite de l’absence de son père pour boire et se joindre au personnel. Commence alors un jeu de la séduction entre

Mange tes morts

France 2014 1h34, de Jean-Charles Hue, avec Jason François, Mickaël Dauber, Frédéric Dorkel...

Jason, dix-huit ans, appartient à la communauté des gens du voyage et s’apprête à célébrer son baptême chrétien. Son demi-frère, Fred, sort de prison. Accompagnés de Mickaël, leur troisième frère, ils partent en virée chez les gadjos pour aller voler un camion rempli de cuivre... Comme dans son précédent film, La BM du seigneur, Jean-Charles Hue reconduit son mélange de fiction et de documentaire mais en poussant plus loin l’approche fictive. Il en ressort néanmoins un très fort sentiment de réalisme et on sent la confiance accordée par les protagonistes au réalisateur et le respect que ce dernier leur porte. Pointant les oppositions au sein de la communauté, entre évangélistes et caïds, Mange tes morts se concentre essentiellement sur une nuit. Le film va à toute vitesse et mène parfaitement son action tout en sachant aussi s’intéresser aux corps et écouter les personnages. Entre western et polar, ce bel objet assez inclassable a obtenu le Prix Jean Vigo 2014. JF

XIXe

Mardi 2 septembre, Ciclic et les Studio proposent une rencontre avec Jean-Charles Hue, réalisateur, après la projection de 19h45.

Métamorphoses

France – 2014 – 1h42, de Christophe Honoré, avec Amira Akili, Sébastien Hirel, Damien Chapelle…

À la sortie du lycée, une jeune fille rencontre un beau garçon, qui la séduit et l’embarque avec lui, l’attirant avec ses histoires merveilleuses, dans lesquelles des dieux tombent amoureux de jeunes mortels. Ces contes mystiques l’amèneront sur les pistes de grands héros mythologiques… Christophe Honoré, après avoir tenté une adaptation (assez réussie) de La Princesse de Clèves avec La Belle personne en 2008, s’attaque cette fois à l’œuvre et aux Métamorphoses d’Ovide. S’éloignant des atmosphères romanesques à la Demy, retrouvées successivement dans Les Chansons d’amour (2007) et Les Bien-aimés (2011), le cinéaste a cette fois choisi d’explorer celles des mythes grécoromains, dont il a conservé environ 20 histoires issues de l’œuvre gigantesque d’Ovide, afin de construire une trame narrative et filmique cohérente, mais pas linéaire. Celle-ci se développe sur trois temps, rappelant cette façon singulière qu’a Honoré de découper ses œuvres, toujours pour mieux les inscrire dans les dimensions qu’il veut y développer. Prenant place essentiellement dans des cadres naturels et oniriques, les Métamorphoses d’Honoré, incarnées par de jeunes acteurs, annoncent de belles surprises. Sources : dossier de presse

Miracle au village

USA - 1943 - 1h39, de Preston Sturges, avec Eddie Bracken, Betty Hutton, Diana Lynn...

Trudy vit dans une toute petite ville américaine, où les ragots vont bon train. A la suite d’une soirée... mouvementée organisée pour fêter le départ des troupes qui partent combattre, elle se retrouve enceinte. Il est même possible qu’elle soit mariée, mais elle n’arrive vraiment pas à se souvenir du nom de l’éventuel heureux élu (qui ne semble pas trop pressé de se manifester!) Norval, inapte au combat, est amoureux de Trudy depuis longtemps et il aimerait bien l’aider à se sortir du guêpier où elle s’est fourrée. À partir de là, les événements les plus farfelus

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vont s’enchaîner avec la logique implacable des comédies et tout le brio habituel de Sturges... Sources : anothercinemablog.blogspot.com, imdb.com

N

Near Death Experience

France – 2013 – 1h42, de Benoît Delépine et Gustave Kervern, avec Michel Houellebecq

L’explosif et réjouissant tandem Delépine/ Kervern avait secoué son public dès 2003 avec Aaltra, superbe road movie en fauteuil roulant ; iconoclastes un jour, iconoclastes toujours, ils avaient enchaîné avec des films toujours aussi atypiques : Mammuth (avec G. Depardieu), Louise Michel (ou comment embaucher un tueur nul pour liquider un patron voyou) ou bien encore Le Grand soir. Points communs à tous ces films : faire rire avec des choses très sérieuses et sans jamais négliger la beauté plastique. Rassurons-nous, cette nouvelle livraison ne devrait pas décevoir puisqu’il y est question de Paul, employé dans une plate-forme téléphonique qui fait un burn-out si poussé qu’il s’estime déjà comme mort. Rompant toutes les amarres, il s’enfuit à la montagne, dans un isolement qu’il entend maximum... L’isolement est d’ailleurs tel que Delépine et Kervern ont fait le pari de n’avoir qu’un seul acteur à l’écran... Michel Houellebecq... Sources : dossier de presse

Mardi 16 septembre, rencontre avec Benoît Delépine, l’un des réalisateur après la projection de 19h45

O

Opération Casse-noisette

Film du Mois, voir au dos du carnet

Peau d’âne France - 1970, 1h30, de Jacques Demy, avec Catherine Deneuve, Jean Marais, Jacques Perrin, Delphine Seyrig, Micheline Presle...

Jacques Demy prend ici sa caméra de magicien pour faire vivre à l’écran le conte de Perrault, histoire d’un roi qui devrait épouser sa

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un formidable concentré de séquences felliniennes. Tous ceux qui ont aimé ce cinéma en sortiront émus tant la force de la nostalgie et la joie de vivre et d’aimer l’emportent. Nul doute qu’ils en profiteront pour retourner voir La Dolce vita programmé juste après (et ce n’est pas un hasard).

tribuant des tracts dans l’anonymat pendant des années... « Cette agonie est notre triomphe »... Soutenue par une réalisation efficace, cette reconstitution de l’affaire demeure un classique du genre, tout comme l’affaire ellemême. ER

Sources : dossier de presse

Planes 2

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Pride

Été 1984 : lors de la Gay Pride à Londres, un groupe d’activistes gay et lesbien décide de récolter de l’argent pour venir en aide aux familles des mineurs en grève. Mais ces derniers semblent embarrassés de recevoir cette aide. Ne se décourageant pas, le groupe part en minibus au fin fond du Pays de Galle faire leur don en personne. Ce film résolument optimiste sort de l’oubli un épisode incongru de l’histoire sociale britannique sous l’ère Thatcher. Pride, comédie sociale à l’anglaise comme on les aime, avec un ton et une belle écriture, a obtenu, un an après L’Inconnu du lac, la Queer Palm à la quinzaine des réalisateurs de Cannes.

Filmographie sélective : Dona Flor et ses deux maris (1976), Quatre jours en septembre (1997), Rio ligne 174 (2008).

AVANT-PREMIÈRE, lundi 11 septemnre à 19h45.

Pour rendre hommage à Federico Fellini, c’est un autre metteur en scène important des studios Cinecittà, Ettore Scola (Nous nous sommes tant aimés, 74, Une journée particulière, 77 ), qui fait revivre leur rencontre au sein du journal satirique Marc’Aurelio dans les années 1950, leurs amis communs – parmi lesquels Marcello Mastroianni –, leur plaisir partagé de faire des films et des virées nocturnes dans Rome… A mi-chemin entre documentaire et reconstitution, le film propose aussi une réflexion sur le cinéma et montre

avec Glória Pirès, Miranda Otto, Tracy Middendorf…

Sources : dossier de presse, cinequanon.esseclive.com, filmsdelover.com

Sources : dossier de presse.

Qu’il est Italie étrange de s’appeler Federico – 2014 – 1h30, d’Ettore Scola,

Reaching For The Moon Brésil - 2012 - 2h00, de Bruno Barreto, En 1951, la grande poétesse américaine (elle sera notamment lauréate du Prix Pulitzer) Elizabeth Bishop est en panne d’inspiration. Pour se régénérer, elle s’envole au Brésil, afin d’y retrouver une de ses anciennes camarades d’université. Quand celle-ci lui présente sa compagne, la célèbre architecte Lota de Soares, Elizabeth en tombe immédiatement amoureuse. Le coup de foudre est réciproque. B. Barreto nous entraîne dans un maelstrom amoureux qui s’avérera aussi inspirant que destructeur pour chacune d’elles. À l’époque, cette histoire d’amour entre deux femmes aussi emblématiques, eut l’heur de faire tomber quelques tabous.

Grande-Bretagne – 2014 – 1h57, de Matthew Warchus, avec Bill Nighy, Imelda Staunton…

avec Tommaso Lanzotti, Maurizio de Santis, Giacomo Lazotti…

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Party Girl

P

fille... réticente, celle-ci le soumet à ses caprices les plus absurdes (notamment, la création de robes impossibles)... Tout ici est porté par la grâce et la poésie, pour un résultat propre à séduire les enfants et les adultes, ce qui n’est pas si courant ! ER Voir pages Jeune Public

S Q

Sacco et Vanzetti Italie - 1971 - 2h, de Giuliano Montaldo, avec Riccardo Cucciolla, Gian-Maria Volonte, Cyril Cusak...

Au début du vingtième siècle, le mouvement révolutionnaire anarchiste se fait entendre aux USA par la manière forte : action directe, attentats (parfois très meurtriers)... On reproche aussi aux anarchistes nombre de braquages. En 1920, trois militants anarchistes sont arrêtés après un vol meurtrier, parmi eux, Nicala Sacco et Bartolomeo Vanzetti deviendront rapidement des figures emblématiques d’une justice américaine plus soucieuse d’apparences que de vérité. Pendant son procès, Vanzetti continue à clamer son innocence mais explique au juge qu’il est très bien qu’il soit condamné parce qu’il aura plus fait ainsi pour sa cause qu’en dis-

Saint Laurent

France – 2014 – 2h30, de Bertrand Bonello, avec Gaspard Ulliel, Jérémie Renier, Léa Seydoux…

Qui ne connaît pas le nom d’Yves Saint-Laurent ? Ce très grand couturier atypique du XXe siècle déchaîna les passions, des avancées qu’il amena dans le monde de la mode à ses liaisons amoureuses homosexuelles, à une époque où celles-ci étaient bien moins acceptées que maintenant. De 1967 à 1976, la décennie fut particulièrement marquée par l’énigmatique homme aux lunettes carrées… Quelques mois seulement après la sortie du Yves Saint Laurent de Jalil Lespert, voici donc un nouveau biopic sur celui qui fut presque une icône. Mais, à la différence de son J. Lespert, Bertrand Bonello a préféré, lui, s’attarder sur des dimensions plus esthétiques et créer des ambiances, des atmosphères, qui puissent aussi se faire l’écho de réalités plus intimes et plus enfouies. Il a ainsi désiré tourner son film en 35 mm, afin de trouver une texture adhérant davantage à ce qu’il souhaitait montrer et créer. Si Lespert avait su redonner vie d’une jolie façon à Saint Laurent, il semblerait que Bonello y ajoute un peu de romantisme et d’onirisme, comme il avait su très justement le faire avec L’Apollonide (2011). Alors, deux films sur YSL, était-ce de trop ? Réponse dans les salles… Sources : dossier de presse

Siddarth

Canada-Inde - 2013 - 1h36, de Richie Mehta, avec Rajesh Tailang, Tannishtha Chatterjee, Anurag Anora...

Mahendra survit en réparant des fermetureséclair dans les rues de Delhi, aussi, le jour où son fils de 12 ans, Siddarth, trouve du travail loin de là, Mahendra en est-il soulagé : une bouche de moins à nourrir et des revenus supplémentaires en perspective. Mais, lorsque le retour de Siddarth tarde, Mahendra décide Les CARNETS du STUDIO

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de partir à la recherche de son fils. Mahendra n’a pas de photo de son fils et, d’ailleurs, les policiers semblent peu décidés à lui faire preuve de sympathie ; après tout, ne sait-il pas que le travail des enfants est interdit ? Il ne reste plus à Mahendra qu’à partir seul à la recherche de cet enfant dont il redoute qu’il soit tombé entre de mauvaises mains... S’il était besoin de se rappeler que l’Inde ce n’est pas que Bollywood et ses danses, que tout ne s’y termine pas en chansons... voici une piqûre de rappel, terriblement efficace nous disent les critiques... Sources : flickfilosopher.com ; cinemablographer

Sils Maria

France – 2014 – 2h03, d’Olivier Assayas, avec Juliette Binoche, Kristen Stewart, Chloë Grace Morets…

À 18 ans, Maria Enders connaît son premier succès en interprétant le rôle de Sigrid, jeune femme charismatique et manipulatrice, qui, dans un jeu entre domination psychologique et tensions sexuelles, poussera le personnage d’Helena, femme mûre d’une quarantaine d’années, au suicide. Vingt ans plus tard, Maria se voit proposer de jouer une nouvelle fois dans la pièce l’ayant révélée… mais dans le rôle d’Helena, cette fois. Appelant inévitablement à la construction de liens tortueux entre passé et présent… Deux ans suivant Après mai, bien accueilli par la critique, Olivier Assayas réunit cette fois la jeune et talentueuse Kristen Stewart, ainsi que la fabuleuse Juliette Binoche, que l’on ne présente plus, et avec laquelle Assayas a su nouer un lien – à l’occasion, déjà, du Rendezvous de Téchiné, dont il fut le scénariste, et Binoche la principale interprète. C’est d’ailleurs cette relation particulière à l’actrice qui l’a inspiré pour ce film mettant en scène des correspondances charnelles et psychiques entre passé et présent, jusque dans les travers de désirs inavoués… Présenté en sélection officielle au dernier Festival de Cannes, Sils Maria s’annonce renversant. Sources : dossier de presse

Filmographie succinte : L'Eau froide (94), Irma Vep (96), Demon Lover (02), Clean (04).

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Tempête de boulettes géantes Voir pages Jeune Public

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adaptation qui a attiré près de six millions de spectateurs pour le premier épisode de ses aventures. En voici donc la suite : à la fin de l’année scolaire, le petit Nicolas, ses parents et Mémé prennent la direction des bords de mer. L’occasion pour le petit héros de rencontrer Blaise l’autochtone, le britannique Djodjo, Crépin qui pleure tout le temps, Côme qui veut toujours avoir raison… et Isabelle à laquelle il croit que ses parents veulent la marier. Voir pages Jeune Public

The Salvation

Danemark/G.-B./Afrique du Sud – 2014 – 1h30, de Kristian Levring, avec Mads Mikkelsen, Eva Green, Eric Cantona, Jeffrey Dean Morgan…

1871. Des colons venant de l’Europe entière migrent vers l’Amérique avec en tête le projet d’y faire fortune. Jon, un pionnier danois, en tuant le meurtrier de sa famille, voit sa tête mise à prix par le fameux colonel Delarue et son gang. Désormais lâché par sa communauté, Jon affrontera seul les hors-la-loi, l’amenant à délaisser sa vie de paisible colon pour celle d’un guerrier héroïque… Présenté en Sélection Officielle hors compétition à Cannes, The Salvation offre un western efficace, avec de surcroît une distribution remarquable. Et puis, il y a Mads Mikkelsen en cow-boy…

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Winter Sleep

Turquie – 2014 – 3h16, de Nuri Bilge Ceylan, avec Haluk Bilginer, Melisa Sözen, Demet Akba...

Aydin, ancien comédien, tient un hôtel perdu dans l’Anatolie centrale. Il y vit avec sa jeune épouse, Nihal, dont il s’est éloigné, et sa sœur, Necla, qui souffre de son divorce récent. En hiver, à

mesure que la neige enveloppe les magnifiques paysages, l’hôtel devient un refuge mais aussi le théâtre de déchirements... Fidèle à ses images somptueuses qui inscrivent les personnages dans une nature gigantesque et envoûtante, Nuri Bilge Ceylan se renouvelle pourtant en introduisant nombre de scènes en intérieur aux dialogues très présents. Mais son univers subtil où la mise en scène est empreinte d’une grande douceur est bien le même et les sentiments peuvent s’y révéler infiniment violents. S’inspirant de l’œuvre de Tchekhov, Winter sleep, dont on ne voit pas la durée passer, est une œuvre ample, fascinante et universelle qui peut toucher absolument tous les spectateurs au plus profond. JF Filmographie succinte : Uzak (02), Les Climats (06), Les Trois singes (08), Il était une fois en Anatolie (11).

Sources : dossier de presse

Filmographie : Le Roi est vivant (2000), The Intended (2002).

Un été à Quchi

Taïwan – 2013 – 1h49, de Chang Tso-Chi , avec Yang Liang-Yu, Kuan Yun-Loong, Wen Hui-Ming…

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Bao, 12 ans, est envoyé à Quchi chez son grand-père car ses parents envisagent de divorcer. Il intègre une école primaire où une élève de sa classe a le même surnom que lui : Bear. Des amitiés vont se nouer entre les enfants et permettre à Bao de grandir en se confrontant aux réalités de la vie. Film d’une grande délicatesse par un auteur qui a déjà été sélectionné dans le festival pour Soul of a Demon.

lundi 29 septembre Une soirée, un roman, deux films :

SOIRÉE D’OUVERTURE

lundi 22 septembre-19h30

Sources : dossier de presse

Voir pages Jeune Public

Les Vacances du petit Nicolas France – 2014 – 1h37, de Laurent Tirard, avec Valérie Lemercier, Kad Merad, Dominique Lavanant…

La série de Goscinny et Sempé qui a marqué l’imaginaire des enfants des années 60 et 70 a connu un vrai succès avec une première

m e.co ocin i d u st

V

19h30 La Chienne Jean Renoir (1931) France Noir et blanc 1h40,

Ciné-concert Retour de Flammes

avec Janie Marèze et Michel Simon

Serge Bromberg, des éditions Lobster, présente et accompagne au piano un programme en hommage aux premiers films de Charlie Chaplin. Ces pépites du cinéma ont chacune une histoire, racontée avec humour par un collectionneur passionné.

21h30 La Rue rouge Fritz Lang (1945) USA Noir et blanc 1h42, avec Joan Bennett et Edward G. Robinson

Soirée présentée par Louis D'orazio.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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FILM DU MOIS

Party Girl France – 2014 – 1h35, de Marie Amachoukeli, Claire Burger et Samuel Théis, avec Angélique Litzenburger, Joseph Bour, Mario Thés, Séverine Litzenburger...

« Notre jury a décerné le Prix de la caméra d’or à un film sauvage, généreux et mal élevé : Party Girl », c’est par ces mots que, au dernier festival de Cannes, Nicole Garcia a annoncé le lauréat. On ne saurait mieux résumer ce premier film atypique, étonnant et très poignant. Quelque part à la frontière franco-allemande. Angélique, soixante ans, est toujours entraîneuse dans un cabaret. Par nécessité mais surtout par goût. Délaissée par les clients qui lui préfèrent les filles plus jeunes, elle finit par accepter la demande de Michel, un ancien mineur à la retraite et fidèle client, qui rêve de faire d’Angélique sa femme... Le projet de Party Girl n’est pas banal. Écrit et réalisé par trois réalisateurs issus de la Fémis (École nationale supérieure des métiers de l’image et du son), et qui sont partis de la véritable histoire de la mère de l’un d’eux, Samuel Théis. Le film met ainsi en scène dans son propre rôle Angélique Litzenburger, la mère du réalisateur et les propres frères et sœurs de ce dernier ; les autres personnages sont joués par des acteurs non-professionnels. Mais ne pas croire que le film est un pseudo-documentaire au matériau auto-fictionnel avec potentiel racoleur, car il est bien plus complexe,

plus intéressant que cela. Si les réalisateurs sont partis d’une situation réelle (la famille de Samuel Théis et la décision d’Angélique de se marier), ils ont confectionné une œuvre hybride, surprenante, emballante, qui se voit comme une fiction. Avec énergie et invention formelle, Party Girl, loin de toute condescendance et apitoiement, propose une grande gamme d’émotions, de la description du monde du strip-tease (en refusant le glauque) à de grands thèmes (âge, désir, famille, précarité) sans jamais s’égarer dans le discours. Au contraire, le film est rempli de couleurs, de rires, il peut être trivial sans pourtant refuser les nuances et les questionnements. Il vibre surtout de vie, de chaleur, de bienveillance. À travers son amour de la nuit, le film met en avant une héroïne extraordinaire. Angélique est irréductible, imprévisible, irritante, mais surtout libre. Et si le temps passe, comme pour tous, dans son corps et dans son âme, elle n’en est que plus désireuse encore de dévorer l’existence. Nicole Garcia et son jury ne se sont pas trompés, cette Caméra d’or tonique, hospitalière et impertinente remplit parfaitement sa fonction de découverte et récompense un film enthousiasmant. JF

JOURNÉES EUROPÉENNES DU PATRIMOINE Les Studio vous reçoivent : samedi 20 septembre, de 9h30 à 12h00 LES CARNETS DU STUDIO – n° 326 septembre 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


En bref…

Ici… ` TRIO DE TÊTES Après la belle réussite de Elle s’en va, le couplé gagnant Emmanuelle Bercot/Catherine Deneuve se reforme pour La Tête haute. La grande Catherine sera cette fois une juge pour enfants, en charge du dossier de Malony, un jeune garçon dont elle suit le parcours chaotique de six à dix-huit ans. Dans cette tâche complexe, elle se verra prêter main forte par Sara Forestier et Benoît Magimel. ` CHOC DE TITANS Voilà une association à laquelle on ne penserait pas spontanément : celle d’Abdellatif Kechiche et de Gérard Depardieu. Le projet qui devrait réunir ces deux tempéraments « explosifs » correspond à l’adaptation de La Blessure, la vraie, le roman de François Bégaudeau. G. D. précise qu’il a donné son accord car le réalisateur est, selon lui, un passionné. ` UNE AUSSI LONGUE ABSENCE Certains réalisateurs laissent s’écouler tellement de temps entre deux projets que l’on se demande parfois s’ils n’ont pas renoncé au cinéma. Ainsi Jean-Paul Rappeneau aura réalisé sept longs métrages entre 1966 et 2003 ! Et puis plus rien. Mais réjouissons-nous, 2015 sera l’année de son retour, d’autant que pour mener à bien son Belles familles, il a fait appel à Mathieu Amalric, André Dussolier et Karin Viard, plutôt des boulimiques de cinéma, eux ; mais aussi aux plus rares mais non moins excellents Nicole Garcia, Gilles Lelouche, Guillaume de Tonquédec et Marine Vacth. Mais force est de constater que depuis La Vie de château, le réalisateur a un vrai talent pour constituer de belles distributions. Autre bonne nouvelle : on pourra peut-être assister au tournage à Tours et à Blois ! ` UN NOUVEAU SOUFFLE Depuis 1979, leurs deux noms sont apparus au générique de cinq films pour le grand écran, à celui de deux téléfilms et sur l’affiche d’une pièce de théâtre : c’est dire à quel point entre Fanny Ardant et Gérard Depardieu, c’est une longue histoire. Alors quand Anne Fassio (Je déteste les enfants des autres) reconstitue le couple mythique de La Femme d’à côté, on ressent forcément quelque émotion. Dans Une vie après l’autre, il a fait fortune dans les toilettes sèches mais elle s’ennuie ferme dans cette vie qui ne semble plus avoir de sens (voilà qui n’est pas sans rappeler le dernier rôle de la comédienne dans Les Beaux jours de Marion Vernoux). Alors quand elle récupère après une greffe de poumon, elle décide de reprendre sa vie en main en se remettant notamment à la chanson. ` NAISSANCE D’UNE ŒUVRE Alors que L’Homme qu’on aimait trop est sorti en juillet dernier, André Téchiné est déjà en quête des deux interprètes pour les rôles principaux de son prochain film : il cherche de

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jeunes inconnus pour interpréter deux garçons, Damien et Tom, qui ne cessent de se battre. Dans l’immédiat, on n’en sait guère plus sur ce projet, mise à part que le réalisateur a travaillé son scénario avec Céline Sciamma, la remarquable et remarquée réalisatrice de Naissance des pieuvres et Tomboy). ` L’AMOUR EN HÉRITAGE Voilà un projet plus qu’intrigant : Valérie Donzelli revient derrière la caméra, trois ans après Main dans la main ; si la nouvelle a de quoi réjouir ses admirateurs, elle n’est pas pour autant synonyme de grande surprise, ce qui l’est davantage, c’est le sujet sur lequel elle travaille, L’Histoire de Julien et Marguerite. En fait un scénario de Jean Gruault écrit au début des années 70 pour François Truffaut, qui finalement ne le tournera pas. Cette histoire est celle du fils et de la fille du seigneur de Tourlaville, exécutés en 1603 pour adultère et inceste. Jérémie Elkaïm, fidèle acolyte de la réalisatrice, interprétera Julien tandis que la très demandée Anaïs Demoustier incarnera Marguerite. ` LES PARENTS D’ABORD Dans Papa ou Maman, Martin Bourboulon va mettre en images l’histoire peu banale d’un couple auquel tout réussit, incarné par Marina Foïs et Laurent Lafitte (bon déjà voilà qui fait envie) : ces deux-là ont donc une belle maison, un emploi qui les satisfait, et deux enfants charmants, néanmoins ils décident de divorcer. Les apparences sont décidément trompeuses, mais ce qui est plus étonnant, c’est qu’aucun des deux ne veut la garde des enfants : tous les coups seront permis pour se dérober à cette responsabilité. Michel Vuillermoz et Anne Le Ny compteront les points.

Et ailleurs… ` NUMÉROS COMPLÉMENTAIRES On savait déjà que pour Hail Caesar, une comédie se déroulant dans les coulisses du Hollywood des années 50, et s’attachant aux brisées d’Eddie Mannix, un homme chargé de réparer,en toute discrétion, les conséquences inavouables des frasques des grandes vedettes, les frères Coen avaient déjà enrôlé deux habitués de leur univers déjanté, George Clooney et Josh Brolin. On sait désormais qu’ils seront excellemment bien entourés, puisque la grande Tilda Swinton, elle aussi en terrain de connaissance, s’emparera du clavier vipérin d’une chroniqueuse de potins, véritable clone de Louella Parsons et autre Hedda Hopper ; tandis que Ralph Fiennes, dont la prestation « échevelée » dans The Grand Budapest Hotel, a révélé que sa stature imposante d’acteur shakespearien dissimulait une vraie nature de fantaisiste, devrait endosser sans difficultés le costume d’un nabab hollywoodien. On parle également de Scarlett Johansson dans le rôle d’une actrice dont la grossesse fait jaser. IG

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Face Interférences à face Au Eastern fil d’Arianne Boys Bird People Xenia La Ritournelle Mouton

Rencontre Pascal Rabaté

Rencontre avec Pascal Rabaté vendredi 20 juin 2014

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arfois, les films se relient entre-eux et se répondent. Par des liens aléatoires, voire inconscients, ces sortes de ricochets qui se créent dans notre tête de spectateur nous promènent d’une œuvre à l’autre. Robert Guédiguian en intitulant son nouveau film Au fil d’Ariane se devait de tisser des liens. Le voyage commence par l’hommage un peu maladroit qu’il rend à La Dolce vita et sa célébrissime scène de la fontaine de Trevi. Cet hommage nous renvoie à d’autres et en particulier à celui contenu dans Xénia, de Panos H. Koutras, sorti le même jour. La descente de la rivière en barque par les deux frères, la nuit, sous l’œil observateur, complice et protecteur d’animaux sauvages, est une jolie citation de la célébrissime, elle aussi, scène de La Nuit du chasseur, le chef d’œuvre de Charles Laughton. À propos d’animaux, on en trouve quelques-uns chez Panos H. Koutras (et particulièrement un lapin), mais tout autant chez Robert Guédiguian. Dans Au fil d’Ariane, on croise un ancien gardien de muséum et ses bocaux de spécimens, on entend La Truite de Franz Schubert (et comme si ça ne suffisait pas à notre torture, on y supporte aussi cinq chansons, dans leur quasi intégralité, de Jean Ferrat ; Patty Bravo, dans Xénia, est bien mieux traitée), et surtout, on y rencontre une tortue qui parle avec la voix de Judith Magre. Un animal qui parle et la présence d’Anaïs Demoustier au générique ? Nous voilà pro-

jetés dans le curieux et beau film de Pascale Ferran, Bird people dans lequel cette dernière se transforme en moineau tout en continuant à s’adresser au spectateur. Et repenser à cet oiseau planant au-dessus de l’aéroport de Roissy dans une sublime scène nocturne magnifiquement accompagnée par Space Oddity de David Bowie (toujours une chanson), nous fait songer qu’en s’aventurant un peu plus loin, ce moineau a dû atterrir dans une maison de la campagne normande, puisque c’est là que, redevenu Anaïs Demoustier, l’actrice réapparaît ; au milieu des vaches (toujours les animaux) et voisine d’Isabelle Huppert dans La Ritournelle de Marc Fitoussi. Outre la présence, trop furtive, de la merveilleuse Anaïs Demoustier, La Ritournelle a aussi en commun avec Bird people le syndrome du Deux en un ou le film coupé en deux, très en vogue en ce moment. Soit un film avec deux parties très distinctes qui interfèrent plus ou moins. La Normandie et Paris pour Marc Fitoussi et, de façon plus radicale, les humains et les oiseaux chez Pascale Ferran. Construction que l’on retrouve, cette fois avec l’avant et l’après disparition du personnage principal, dans le justement nommé Mouton (l’animalité ne nous quitte plus), le film de Gilles Deroo et Marianne Pistonne qui est une belle découverte de ces derniers mois. Animaux, chansons, ou autres, jusqu’où les prochains ricochets nous emmènerontils ? JF

Pascal Rabaté aux Studio © Roselyne Guérineau

faire preuve de cynisme. Dans les comédies italiennes, il y avait toujours du respect.

L’ÉCHAPPÉE BELLE Le 20 juin, Pascal Rabaté était présent dans nos murs pour son troisième film Du goudron et des plumes, tourné à Tours et dans ses environs, au printemps 2013. C’est avec enthousiasme et humour qu’il répondit aux questions de spectateurs touchés par l’histoire de Christian, un drôle de bras cassé enrôlé dans un improbable triathlon. DE LANGEAIS À SAINT-PIERRE-DES-CORPS Le réalisateur a vécu trente ans à Langeais, alors la Touraine, il connaît. Si Saint-Pierre des Corps est devenu un décor de cinéma, c’est en raison de son passé ouvrier et militant qui imprègne l’architecture ; néanmoins la maison de Kader -ouvrier à la retraite interprété par le génial Daniel Prévost- et son charmant potager est située sur l’Île Aucard. DE TATI À LA COMÉDIE ITALIENNE Si Pascal Rabaté considère Playtime de Tati comme un des plus grands films de l’histoire du cinéma, il revendique également les influences de Keaton, Etaix et de la comédie italienne. Son objectif premier quand il réalise un film, c’est parvenir à dire des choses fortes en rigolant, sans tomber dans un truc à jeter en pâture à nos bas instincts. Le film parle de la fin d’une mémoire, de la disparition de pratiques respectables et touchantes, comme celle des majorettes. Il n’y a pas à juger ni à

DE LA BANDE DESSINÉE AU CINÉMA Ce qui anime Pascal Rabaté, qu’il passe par le Super 8, la vidéo ou le dessin, c’est le narratif. Après la parution de l’album Les Petits ruisseaux, deux producteurs sont venus pour acheter les droits afin d’en faire un film. Finalement, ils accepteront que ce soit Pascal Rabaté lui-même qui soit le réalisateur. Contrairement à l’idée reçue, pour lui, BD et cinéma sont deux mondes diamétralement différents. Le cinéma est formidable pour laisser rentrer la vie et c’est pour cela que le réalisateur s’est, jusque là, refusé de travailler en studio. Sami Bouajila, Isabelle Carré et Daniel Prévost font partie de ces comédiens qui font éclater les coutures d’un rôle : ils font vivre leur personnage. Ce qui n’empêche pas de privilégier la poésie par rapport au naturalisme : le cinéma doit rester à distance du réel, même si les acteurs doivent être le plus réalistes possible. Les couleurs correspondent à un choix plastique mais servent également le récit. DU GOUDRON ET DES PLUMES Le film est parsemé de clins d’œil au western : le pistolet rouge au rond-point, les cavaliers, la voiture évoquant les carrioles des marchands d’élixir, la musique et la potence à la fin ! Le goudron et les plumes c’est le sort qu’on réservait aux tricheurs dans les westerns. À la fin du film d’ailleurs, Christian, le héros interprété par Sami Bouajila, est victime d’une sorte de lynchage. Pascal Rabaté précise que ce qui l’intéresse c’est l’échec et la survie, mais surtout l’échappée vers des chemins de traverse et des rencontres imprévues. Plein de promesses donc. IG

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu :

Bird People, de Pascale Ferran

Un homme qui lâche tout, faisant le grand saut vers des ailleurs qui lui sont encore inconnus ; et une jeune femme, à l’orée de sa vie, qui pétille mais se questionne, sourit, mais doute. Au-dessus de tout ça, des avions, un hôtel, et des oiseaux… que filme la caméra de Pascale Ferran, avec une poésie métaphorique et mélancolique qui enchante grandement. La musique offre à l’ensemble une dimension onirique en plus, et l’on se trouve nous aussi embarqués dans ce troublant voyage humain… si l’on accepte de prendre son envol ! MR

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Paradoxe de l’art cinématographique : une envie de légèreté, d’ envol, de liberté narrative et formelle aboutit à du méticuleux dressage de piafs, à de complexes semaines de tournage et à des mois de montage prise de tête ! DP Les qualificatifs manquent : Bird people est un film prodigieux, élégant, poétique et magnifiquement filmé : même Roissy est beau vu de moineau ! Et puis il fallait oser nous emmener dans cette expérience inédite et magique. J’en plane encore… SB

Dans quel monde vivons nous ? Pascale Ferran nous en propose une vision terriblement juste, piégés que nous sommes dans les connexions multiples et diverses que nous acceptons ou non. Après que Gary et Audrey aient fait le choix d’un saut dans le vide en rompant avec ce monde urbain oppressant, l’envol est vertigineux, les images saisissantes. Il suffit de se laisser aller sur les ailes de la poésie. . . MS Pascale Ferran ose un pari très culotté, sur lequel repose toute l’adhésion du spectateur : si vous refusez la part de magie qui vous tombe brutalement dessus, vous restez en dehors... dans le cas contraire... vous vous envolez... ER

On dit parfois de quelqu’un qu’il a pris son envol. C’est, littéralement, ce que fait Audrey dans cette expérience inédite que nous propose Pascale Ferran. Expérience étonnante, Bird people nous interroge, nous déstabilise, nous séduit, nous fait planer. Et puis, Anaïs Demoustier est vraiment une des meilleures actrices françaises de sa génération et son ascension n’est pas terminée, on va bientôt la revoir chez François Ozon, Emmanuel Mouret, Jérôme Bonnel et Marcial Di Fonzo Bo, rien que ça ! JF

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À propos de Dans la cour

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ans la cour de cet immeuble, l’arrivée d’un nouveau concierge, Antoine, va provoquer, chez ses habitants, un séisme. L’intrus qui sème le chaos, destructeur ou révélateur, L’Ange exterminateur pour paraphraser Luis Bunuel, c’est Théorème de Pier Paolo Pasolini, Les Proies de Don Siegel, Borgman de Alex Warmerdam, Dans la maison de François Ozon et bien d’autres. Mais, contrairement à ces quelques exemples, Dans la cour est une comédie et l’on y rit beaucoup, du moins au début. L’arrivée d’Antoine révèle les fragilités de chacun. Il faut dire que dans l’immeuble en question, à part Serge, le mari de Mathilde, personne n’y va très bien. On y trouve donc Mathilde, récemment retraitée, obsédée par des fissures qui apparaissent sur les murs de son appartement, et qui sombre petit à petit, s’approchant dangereusement de la folie. Mais aussi Stéphane, ancien champion

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sportif à la dérive qui se noie dans les paradis artificiels ; Maillard, le voisin du troisième, qui aboie à sa fenêtre pour trouver le chien qu’il pense entendre la nuit ; Lev, squatteur inquiétant adepte des Émissaires de la lumière et Colette, une voisine, propriétaire d’une librairie ésotérique et pas plus équilibrée que les autres. Comme attisé par la présence d’Antoine, ce petit monde entre bientôt en ébullition jusqu’à s’écrouler, ou presque. Stéphane se perd dans ses addictions, Maillard hurle à la lune toutes les nuits et Mathilde s’enfonce. Quand Antoine lui demande comment elle va, elle répond, « Le matin, plutôt mal et j’ai peur, le soir, mieux et j’ai honte ». Sortir de la peur, de la honte, s’accepter et accepter de vivre, ne pas s’isoler pour pouvoir retrouver les autres, le film touche à l’universel. Dans la cour on peut choisir, comme Mathilde, le retour à la vie : « Combien de

temps m’a-t-il fallu pour revenir ? J’ai compris que j’avais fait du monde un murmure. Il me fallait tout faire pour revenir aux autres », dit-elle à la toute fin. Mais on peut aussi opter pour le chemin inverse, sortir définitivement du monde. Sans que jamais le cinéaste ne le juge, c’est le choix d’Antoine, qui, lui aussi, dit : « J’ai honte » à sa femme revue par hasard et qui lui demande les raisons de son départ. Combien de temps aura-t-il fallu à Antoine pour partir ? Exactement le temps du film, Mathilde le dit : « Antoine était venu là pour disparaître, calmement se dissoudre dans le quotidien ». Le temps pour l’une de revenir à la vie, le temps pour l’autre de s’en aller vers la mort. Plusieurs moments explicitent d’ailleurs le désir d’Antoine. Il lit à un voisin aveugle le poème de Raymond Carver, Dormir*, qui se finit ainsi : Il a dormi sous des toits étrangers toute sa vie. Maintenant il dort sous la terre. Il n’en finit pas de dormir. Comme un vieux roi. Et à l’employée d’une agence d’intérim (assez fêlée elle aussi) qui hésite à lui proposer le poste de concierge, il répond, « Nettoyer, dormir et ne plus penser, je pourrais tuer pour ça ». Mais, d’abord, Mathilde a besoin de lui. « Dites-moi que vous me comprenez Antoine », « J’ai besoin de confiance, de sommeil, de calme, je sais que vous me calmez » et, finit-elle par admettre, « C’est vous qui me bouleversez ou je suis dans une phase totalement dépressive ? ». Antoine l’aide à sa façon. « Pourquoi vous ne voyez pas un spécialiste ? Mon ex me conseillait très souvent d’aller voir un spécialiste » ou « Quand ça ne va pas, je retourne dans les endroits où j’ai été heu-

reux ». Les deux idées s’avéreront catastrophiques. C’est un spécialiste de l’urbanisme que Mathilde va voir provoquant une réunion des copropriétaires qui va tourner au désastre ; quant au retour dans la maison d’enfance, Mathilde y finira en crise, hurlant à l’un des enfants de la famille qui y vit désormais, « La dame elle crie parce que tes parents ils ont cassé ma maison ». En se définissant lui-même comme « un spécialiste de l’accablement », Antoine a compris que pour que Mathilde s’en sorte, il va falloir qu’il s’efface définitivement. « Vous êtes loin, ça me fait peur. Vous êtes faite pour la vie et ça me tue de vous voir comme ça », dit-il, lui qui a « le sentiment d’être une branche morte, de ne plus ressentir quoi que ce soit » lâche les amarres. Il meurt en tendant le bras vers une fissure au plafond (parfaite image de l’état mental de Mathilde) et en disparaissant garde ainsi un lien avec elle. Dans la cour a une trajectoire superbe, passant de la comédie au drame tout en allant vers la vie, vers l’espoir. Pierre Salvadori est très fort, il étrangle peu à peu nos rires pour nous faire monter les larmes. Cet univers rare, le réalisateur l’explore depuis ses débuts mais il trouve ici un accomplissement. D’ailleurs, le film aurait pu s’appeler comme son précédent, De vrais mensonges, car, comme il l’a écrit et comme il le fait dire à Mathilde, « Les mensonges des gens qui vous aiment sont les plus belles déclarations d’amour ». JF

* Raymond Carver, Dans la vitesse foudroyante du passé, Éditions Points Poésie

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À propos de Adieu au langage

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dieu au langage n’est pas un film au sens classique du terme. Les critères habituels de scénario, mise en scène, montage, atmosphère, jeu des acteurs etc. sont caducs et inopérants, devant une œuvre aussi radicalement différente, ils sont le plus sûr moyen de passer à côté de l’essentiel, qui semble tenir en deux points. Le premier, le plus évident, est ce déluge vertigineux d’images et de sons que seule la 3D permet d’apprécier à sa juste valeur : on pense à Méliès, mais un Méliès érudit et philosophe, ou à un Michel Gondry cérébral et misanthrope. Tout est fait sur les plans visuel et sonore pour que le spectateur lâche prise : l’histoire, les personnages, les dialogues, finalement on s’en fout. Adieu au langage est d’abord un manifeste esthétique : le cinéma doit montrer, pas démontrer. Un manifeste politique aussi peut-être : s’il doit y avoir révolution ce sera dans le regard, les sens, l’art. On n’osera évidemment pas parler de révolution culturelle… Il faut donc regarder, écouter, se laisser envahir par les sensations. S’il n’y avait rien d’autre à comprendre pourtant, cela resterait un exercice spectaculaire mais vain, un poème cinématographique esthétisant mais sans épaisseur. Il semble bien au contraire, et c’est le second point, que l’auteur montre beaucoup plus d’ambition. Il est évidemment fort dommage qu’on ne puisse identifier au fur et à mesure toutes les citations qui parsèment le film. Le rapide défilé dans

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le générique final des auteurs évoqués n’est pas d’un grand secours. L’amateur de science-fiction des années 60-70 est cependant favorisé : Godard évoque avec insistance deux de ses fleurons les plus connus : Le Monde des à d’A.E. van Vogt, et Demain les chiens de Clifford Simak. Le premier de ces romans s’appuie sur une théorie très en vogue à l’époque, la sémantique générale, qui établit la nécessaire différenciation entre l’objet et sa représentation : le mot n’est pas la chose, la carte n’est pas le territoire. Autrement dit le langage n’est pas la réalité mais seulement une interprétation, c’est-à-dire une déformation, un leurre d’autant plus pernicieux que son utilisateur n’en a pas conscience. Dès lors tout s’éclaire d’un jour nouveau, prend son véritable sens. Les humains dans le film se parlent, en français, en allemand, en anglais, mais ils se vouvoient comme des étrangers, ne se comprennent pas, n’échangent jamais, sauf peut-être lorsqu’un des protagonistes défèque en présence de l’autre, stade régressif où hiérarchie et distances sont abolies : « Si haut que l’on soit placé on n’est jamais assis que sur son cul », écrivait Montaigne, à quoi Godard fait écho : « La pensée retrouve sa place dans le caca ». Un peu enfantin certes, mais cohérent. Adieu au langage est un adieu au langage impuissant des mots, un véritable essai de communication non verbale.

« Voici les récits que racontent les Chiens quand le feu brûle clair dans l’âtre et que le vent souffle du nord. La famille alors fait cercle autour du feu, les jeunes chiots écoutent sans mot dire et, quand l’histoire est finie, posent maintes questions : – Qu’est-ce que c’est que l’Homme ?, demandent-ils. Ou bien : – Qu’est-ce que c’est qu’une cité ? Ou encore : – Qu’est-ce que c’est que la guerre ? »

paysages sont vides d’humains, ils représentent comme une nature pré-adamique, ou plutôt post-humaine, une sorte de période transitoire entre un monde à bout de souffle ou carrément disparu (les hommes) et un monde (re)naissant (les chiens), prolongeant ainsi la vision du roman de Clifford Simak.

Ce sont là les premières lignes du roman de Clifford Simak. Les hommes ont disparu de la Terre et les chiens, ayant accédé à la parole et au savoir, évoquent les hommes comme des êtres légendaires, purement mythologiques, inventés pour expliquer le mystère des origines de la civilisation canine.

L’un des derniers échanges de paroles du couple est : – Nous ferons des enfants. – Non, pas encore. Un chien si vous voulez. Font écho à cet échange, tout à la fin, jappements canins et cris de bébé mêlés : passage de témoin ? Renaissance ? Ces éléments sont évidemment métaphoriques mais pas forcément limpides. Ils montrent cependant qu’Adieu au langage est sans conteste une œuvre visionnaire, une véritable apocalypse.

Si le chien prend de plus en plus de place dans le film, ce n’est pas par un caprice sénile et complaisant de vieillard un peu gâteux. La seconde partie est intitulée : La métaphore, titre on ne peut plus explicite qu’il faut prendre au sérieux. Les plans de torrents, de forêts, de bords du lac Léman, de nature sauvage se multiplient. Le chien y est de plus en plus observé, scruté. Les

Reste une dernière hypothèse : que ce film ne soit qu’une vaste élucubration plus ou moins canularesque, hypothèse qu’on ne peut totalement rejeter quand on connaît le tempérament de son auteur ! Et même si c’est invraisemblable tant la cohérence cachée du discours apparaît malgré tous les masques dont Godard l’a affublé, on ne sait jamais… AW

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Rencontre Anne le Ny

Soirée autour de Viviane Maier

Rencontre avec Anne le Ny On a failli être amies

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e film rapproche deux actrices, Karine Viard (alias Marithé) travaillant dans un institut de formation pour adultes et Emmanuelle Devos (alias Carole) cherchant sa voie, avec le désir de s’éloigner de son mari, qui lui fait de l’ombre. Comment, en aidant Carole, Marithé va-t-elle sortir du cadre institutionnel et trop en faire ?

On a failli être amies s’inscrit dans la société et parle du rapport intime au travail, de comment on se positionne par rapport aux autres selon ce que l’on fait. Les actrices : A. Le Ny a pensé à deux bonnes actrices avec qui elle avait déjà travaillé : Karine Viard et Emmanuelle Devos, qui n’avaient jamais joué ensemble. Elles sont complémentaires, bosseuses et ont une grande complicité. Quant à mon propre rôle (moi qui n’aime pas être dirigée par moi même), je me suis donné un rôle pas difficile et super sympa. Je suis la compagne de l’ex de Karine Viard. Lui, passé le moment de friction inévitable, développe une forme d’affection. Les seconds rôles sont joués par des acteurs de théâtre. Les lieux de tournage : J’avais envie d’être dans un endroit très français, donc bord de Loire. Je n’ai pas choisi Tours, ville trop étudiante, mais Orléans ville plus bourgeoise, avec un côté classe marqué. Le restaurant dont le travail est vu avec une grande acuité est à Paris. On a des idées sur la cuisine chapeautée par un maître « gueulard » mais en fait, c’est très calme. Les plaisanteries ne se font pas d’ordinaire. Il faut beaucoup de concentration.

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Anne le Ny aux Studio © Roselyne Guérineau

mardi 10 juin 2014

Écriture du film : Il y a très peu d’improvisation : tout est écrit, au point virgule près. Le thème de la trahison et de la loyauté est un thème qui revient souvent mais qui est particulièrement prégnant ici. Les deux femmes sont dans un moment de bascule. Pensant d’abord à elles mêmes, elles se manipulent mais sans vouloir prendre le pouvoir sur l’autre. La recherche de budget pour un film quand on est soi même comédienne ne facilite pas la recherche. J’étais comédienne depuis longtemps mais de deuxième rôle. C’est le scénario qui fait qu’on convainc les gens. Au départ, je n’avais pas l’idée de réaliser mais plutôt d’être comédienne, écrivain. Travailler avec des acteurs connus offre plus de facilité auprès des chaînes TV. Les bons acteurs, les vrais, doivent leur notoriété à leur travail. Les spectateurs se sont retrouvés dans les personnages du film et ont remercié Anne Le Ny pour sa disponibilité et son humour, et son film, qui leur a permis de délicieux moments de gourmandise. Peut-être rencontrerons-nous Anne Le Ny dans deux ans (rythme qu’elle adopte pour écrire et tourner), à l’occasion de son prochain film inspiré d’une auteure anglaise des années trente ? Nous l’accueillerons alors avec un réel plaisir. MS

dimanche 1er juin 2014 La photographe américaine, récemment révélée par la superbe exposition du château de Tours, remplit les salles. Après un record de visiteurs au château, la grande salle du Studio 7 était pleine pour la projection, en avant-première, du film que lui a consacré John Maloof. Solitude et secret

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a discussion porta principalement sur l’œuvre de cette artiste de génie, chacun des intervenants du public ne pouvant s’empêcher d’en donner sa propre interprétation…

Une artiste sous influence ? Pendant les quatre premières années de sa vie, Vivian Maier vécut avec sa mère et une photographe, amie de cette dernière. Fut-elle très tôt imprégnée de cet art ? C’est en 1952 qu’elle se met à pratiquer la photo. À cette époque existait à New-York un groupe de Street photographers dans lequel, aux côtés de Garry Winogrand et Lee Friedlander, trois femmes aujourd’hui très reconnues étaient particulièrement actives : Lisette Model, Diane Arbus et Helen Levitt. Les deux dernières notamment se firent connaître par leurs photos prises dans les rues, leur sujet de prédilection étant de montrer la diversité des gens qui peuplent les villes et comment celles-ci évoluent dans ces années de profonds changements. On sait que Vivian Maier fréquentait les expositions de photographies. Mais rien ne prouve qu’elle ait eu connaissance de leurs œuvres, ni, vu son caractère indépendant et solitaire, qu’elle ait été en contact avec ces artistes.

Probablement complètement autodidacte, Maier n’a cessé de se mettre en danger en arpentant seule des quartiers peu sûrs un appareil de valeur dans les mains. C’est avec des cadrages et des angles de prise de vue audacieux qu’elle saisit en fine observatrice toutes les émotions des différentes strates de la société. Là encore, le débat ne fait que mettre en évidence des incertitudes : ses modèles posaient-ils ? Étaient-ils consentants ? Plus étrange est le fait qu’elle n’ait jamais montré ses photos, n’ait pas parlé de son travail et a fortiori jamais tenté d’en tirer profit… Et pourtant, au milieu des cartons ont été retrouvés des porte-folios qu’elle avait réalisés. Pour quoi faire ? A-t-elle un temps envisagé de faire connaître certains de ses clichés ? Aurait-elle voulu qu’on les voie ? Une artiste révélée et des stratégies de communication Une chose est sûre, John Maloof, un jeune agent immobilier de 25 ans qui acquiert plus de 100 000 négatifs à la fin de l’année 2007, ne s’est pas posé la question du souhait ou non de Viviane Maier de montrer son œuvre. Il ressort les négatifs, les numérise par centaines et examine les milliers de pellicules encore embobinées. Le film que nous avons vu ce soir a été réalisé par lui… SB

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À propos de 2 jours, une nuit

« La société n’existe pas. Il n’y a que des individus, des hommes, des femmes, et des familles. »* proclamait Margaret Thatcher en 1987*. Presque 30 ans plus tard, le monde dans lequel nous vivons semble lui avoir donné en grande partie raison. (Les jeux télévisés sont particulièrement symptomatiques : qu’il s’agisse de chanter, de cuisiner ou de survivre sur une île déserte, il faut faire équipe désormais afin d’éliminer ses partenaires qui sont avant tout des adversaires !) C’est dans ce monde-là que se joue le drame modeste du dernier film des frères Dardenne. Un lieu unique, quartiers périphériques d’une ville wallonne mais qui ressemble à n’importe quelle cité d’Europe occidentale que Sandra va arpenter à pied, en bus, en voiture, dans une course contre la montre que mesure le titre du film : 60 heures décisives pour se donner encore un avenir. La mise en situation est minimale : on sait que Sandra a une maison à payer, un mari et deux enfants et qu’elle est prête à reprendre le travail après ce que l’on comprend avoir été une dépression. Mais un vote a eu lieu dans son entreprise : soit toucher la prime de 1 000 € qu’ils attendaient tous (et Sandra se retrouve au chômage), soit permettre à Sandra de retrouver son poste

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renouvelant pas l’un des CDD. Celui précisément du collègue noir qui a su dépasser sa peur (de perdre son emploi précaire) et qui a voté pour elle. Sandra s’en va. On a compris qu’elle n’acceptera pas de prendre le travail. Elle part vers un futur sans emploi et pourtant, para-

courage quand elle demande à son mari de ne pas éteindre la chanson de Pétula Clark La Nuit n’en finit plus, d’arrêter de toujours vouloir la protéger. Qu’elle est désormais capable de s’affronter à sa peur de la solitude et du vide.

doxalement, c’est une fin heureuse. Sandra a gagné. Et c’est d’une victoire sur elle-même qu’il s’agit. Peut-être parce qu’elle a senti qu’un reste de solidarité est encore possible.

Quand je ne dors pas La nuit se traîne La nuit n’en finit plus Et j’attends que quelque chose vienne Mais je ne sais qui je ne sais quoi J’ai envie d’aimer, j’ai envie de vivre Malgré le vide de tout ce temps passé De tout ce temps gâché Et de tout ce temps perdu DP

(et perdre la prime) : tel est le dilemme dans lequel la situation financière de la boîte les enferme. Poussée par une collègue et son mari, Sandra a donc deux jours et une nuit pour les faire changer d’avis. Commence alors une haletante course poursuite : Sandra va les voir, un à un, dans un insupportable tête à tête où se révèlent les grandeurs et les faiblesses de chacun, la colère ou le renoncement, les choix moraux ou économiques auxquels ils se trouvent successivement confrontés. Pas de piquet de grève. Pas de déclaration syndicale ou politique. Pas de manifestation. Ou alors de sympathie ou d’hostilité. Avec en fond, la peur du déclassement. Et, pour Sandra, l’insupportable impression d’être une mendiante qui vient flouer ses collègues de leur dû. Tout cela devrait être répétitif, lassant, déprimant. Et c’est passionnant du début à la fin. Grâce à l’immense talent de Marion Cotillard, bouleversante, et l’art du détail dans lesquels les frères Dardenne excellent. Vat-elle réussir son impossible pari ? Ici, pas de happy end possible. La moitié de l’équipe a voté pour elle. Mais le patron, humain ou fin tacticien, lui propose de la reprendre un peu plus tard, en ne

Le film bascule dans une magnifique scène automobile. Alors que, dans un autre film belge, A perdre la raison de Joachim Lafosse, Emilie Dequenne s’effondrait en écoutant sur son autoradio Julien Clerc chanter Femmes je vous aime, ici, Sandra semble reprendre enfin

* Cité dans un article du Monde diplomatique, juin 2014, page 28

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Rencontre Fabrice Luchini

Rencontre avec Fabrice Luchini

Une promesse de bonheur Il était venu en 1992 présenter des textes de Louis Jouvet dans le cadre du festival Acteur, acteurs. Le voici de retour à Tours, toujours aussi volubile, drôle et talentueux. Venu présenter le nouveau film d’Anne Fontaine Gemma Bovery, l’acteur amoureux des mots semblait ravi d’être parmi nous.

«

Le cadeau est absolument incroyable... Je suis impressionné de la chaleur, de la spontanéité, de l’élégance et de la courtoisie, comme si vous étiez protégés (par pour longtemps) de l’abomination de l’époque. Je rêve Tours comme ça… Vous résistez bien dans cet endroit ! » La première question porte sur le régal qu’a dû être pour lui ce personnage tout imprégné de littérature. « C’est un film qui mélange deux auteurs : un côté stendhalien (dans le sens de l’énamoration, le coup de foudre, c’est-à-dire cette phrase géniale de Deleuze – on ne tombe jamais amoureux d’une personne, on tombe amoureux d’un agencement… et un côté

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Flaubert parce que la femme que joue Gemma est une incarnation de grâce. Elle est stendhalienne parce que, un jour, Nietzsche raconte dans ses correspondances qu’il a été jaloux d’une formule de Stendhal pour définir ce qu’est la beauté : « La beauté est une promesse de bonheur. » Quand cette femme rentre dans la boulangerie, il est en bout de piste, ancien éditeur qui travaillait pas bien, une espèce de bobo couillon, cette fille rentre et Anne Fontaine a incroyablement bien parlé de la relation de la projection amoureuse et du caractère de l’invention fondamentale de Flaubert, le bovarysme : Bovary, c’est une femme qui est en dessous d’un pommier et qui attend des

poires… c’est la définition de ce qu’est le névrosé – le névrosé attend des choses qui n’arrivent pas et quand les choses agréables arrivent, il ne les voit pas. C’est exactement le concept de madame Bovary. Si on avait illustré une Bovary, ça aurait donné un film comme Chabrol a fait – je respecte toutes les activités mais moi je n’aime pas l’illustration – et Flaubert était quelqu’un qui détestait l’illustration. C’est normal puisque la littérature est par essence provocatrice d’images. » Un message ? « Il n’y a pas de message dans le film. Soit le public rentre dans cette possibilité incroyable de voir des visages, des corps, des retentissements sur les individus et que le cinéma filme… Ce n’est pas à moi de le dire mais ce film est prodigieux : arriver à rendre intéressant un mec qui regarde un journal, ça c’est passionnant, une femme qui réflé-

Fabrice Luchini aux Studio © Roselyne Guérineau

mardi 17 juin 2014

chit, un homme qui lit et ça devient la vie. Le cinéma est quelque chose d’unique parce que ce serait impossible de faire ça au théâtre. Alors, un message ? Il faudrait demander au metteur en scène mais je crois qu’il n’y a pas de message. Est-ce que vous avez pris du plaisir… est-ce que ça ne vous a pas abruti… » Jouer avec Gemma Arterton ? « Le plaisir est totalement immoral ! J’ai été payé pour regarder Gemma Arterton. J’étais à un centimètre de ses seins. Être deux

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Rencontre Fabrice Luchini

Vos critiques

mois à côté de Gemma Aterton, ça te rend dingue. C’est une femme qui rend dingue. Elle est démente. » Des stratégies de séduction ? « Très moyenne. J’étais l’incarnation du préretraité pour une belle nana de 28-30 ans… Je suis un peu débarrassé de la libido qui a été un matériau très encombrant. J’ai été obsédé pendant 35 ans, errant dans les boîtes de nuit échangistes (j’exagère un peu). J’ai été branché. J’en ai bouffé de l’infini, disait Céline… Maintenant, ça m’a complètement quitté. Suite à une dépression, on m’a filé des médicaments qui ont fait complètement baissé la libido. J’aurais pu mal le prendre mais au contraire, je suis heureux. Avant, toutes les femmes qui passaient me mettaient dans un état de convulsion… maintenant, je me dis : « Quels problèmes ça va être ! ». Quand on est jeune, on se dit ces seins, ces fesses, ce corps, et cette intelligence – ne réduisons pas les femmes à un corps, nous nous sommes battus, nous les féministes pour que la femme soit reconnue complètement… » La mémoire ? « Ce n’est que la partie émergée de l’iceberg. Ce qui est important, c’est la passion qu’on a pour l’œuvre d’art. » Il a quelque part dans sa tête Voyage au bout de la nuit. Il suffit qu’il appuie sur un bouton et il y en a pour deux heures. Les spectateurs y sont prêts. Fabrice Luchini choisit de nous en

dire un extrait : nous sommes en 1932. Bardamu erre dans New York, « la ville debout ». Il entre dans une salle. « Il faisait dans ce cinéma bon, doux et chaud. De volumineux orgues tout à fait tendres comme dans une basilique, des orgues comme des cuisses. On plonge en plein dans le pardon tiède, on n’aurait plus qu’à se laisser pour penser que le monde venait enfin de se convertir à l’indulgence. On y était presque déjà. Alors les rêves montent dans la nuit pour aller s’embraser aux mirages de la lumière qui bouge. C’est pas tout à fait vivant ce qui se passe sur les écrans. Il reste dedans une grande place trouble pour les rêves, pour les pauvres et pour les morts. Il faut dépêcher de s’en gaver de rêves pour traverser la vie qui vous attend dehors, sortir du cinéma, durer quelques jours de plus à travers cette atrocité, ces choses et des hommes. On choisit parmi les rêves ceux qui réchauffent mieux là… » Avant de partir, Fabrice Luchini nous avouait s’être un peu lassé au fil du temps des rencontres avec le public. Mais, grâce à des moments d’échanges comme ce soir-là, il en ressentait de nouveau l’envie et… qu’il nous en remerciait. Peu de soirées aux cinémas Studio en tout cas (avec les nombreuses venues du grand Bertrand Tavernier) ont été aussi drôles, érudites et jubilatoires que ce mardi 17 juin 2014 ! DP

THE ROVER de David Michôd Mad Max avait l’avantage de l’humour et de l’absence de prétention grandiloquente. Ici, le premier est involontaire et le second envahissant tout comme le mutisme du personnage principal visiblement inspiré par le mot d’ordre du dernier Godard et comme le festival de rictus du personnage secondaire qui ferait passer De Funès pour un parangon de sobriété. Hervé R. JERSEY BOYS de Clint Eastwood Film distrayant. Ce qui marque ce film, c’est une forme de nostalgie de l’Amérique des années 50. La reconstitution est précise, la mise en scène soignée. Même si on a une impression de déjà vu de cette Rubrique réalisée par RS

Amérique avec des voitures chromées, une mafia avec des parrains bienveillants, des fans plein de vitalité… CP ZERO THEOREM de Terry Gilliam Terry Gilliam est grand et Christoph Waltz est son prophète ! Mélanie Thierry est grande et Terry Gilliam est son prophète ! N’hésitez pas à vous laisser embarquer, savourez les mille détails qui fourmillent dans les coins, Terry Gilliam est grand, c’est sûr ! Jérémie A. TRISTESSE CLUB de Vincent Mariette Un film assez léger… Un trio d’acteurs assez attachants. Quelques situations cocasses, un peu loufoques. Un scénario prévisible, que l’on risque de vite oublier… CP

RÉ-ABONNEZ-VOUS ! La mise en place des nouvelles cartes à codes-barres va forcément occasionner des encombrements à l’accueil. Raison de plus pour vous réinscrire en remplissant ce coupon accompagné de

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Date de naissance : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Adresse mail : . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . Les Studio vous feront parvenir votre carte pour la saison 2014/2015. Les cartes cafétéria (3 €) et bibliothèque (3 €) sont en vente l’une à l’accueil, l’autre à la bibliothèque.

Dès votre première venue, pensez à passer à l’accueil pour une prise de vue photo. Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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ENVOI à : STUDIO ABONNEMENTS – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS


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