29.01 au 25.02 2014

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°320 • février 2014

Festival Désir… Désirs 12-18 février 2014 Voir page 5


S

O

M

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A

I

R

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février 2014

........................................................

3

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4

Éditorial

CNP

Festival Désir… Désirs

......................................

5

Festival Viva il cinema

.......................................

7

Festival Planète Satourne

..................................

LES FILMS DE A à Z

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8

8

En bref . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18 Bande annonce

Retraites : la dernière réforme ?

.......................

18

Horaires d’ouverture : lundi : mercredi : jeudi : vendredi : samedi :

de 14h00 à 19h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 17h00 de 14h00 à 19h00 de 14h30 à 17h00

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

À propos .............................................

19

........................................................

20

Tel père, tel fils

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Courts lettrages

Gravity

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

Interférences

Gravity/Snowpiercer

......................................

Tél : 02 47 20 85 77

22 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

À propos

Inside Llewyn Davis

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24

Rencontre

Karine Viard & Solveig Anspach . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

Rencontre

Lam Le . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28

Rencontre

Sébastien Betbeder . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

Interférences .....

32

Vos critiques

................................................

33

Jeune Public

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34

Guillaume et les garçons, à table/ Un château en Italie

FILM DU MOIS : IDA

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36

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC

GRILLE PROGRAMME

.......................

pages centrales

Site : www.studiocine.com et un lien vers notre page Facebook : cinémas STUDIO

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Prix de l’APF 1998

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation du CNP et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselyne Guérineau – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37)

Présence graphique contribue à la préservation de l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Cuerpos P

our cette 21e édition, l’équipe du festival Désir… Désirs a choisi d’explorer le cinéma espagnol et latino-américain. En effet, depuis plusieurs années, les films les plus intéressants sur la thématique du genre viennent des pays hispaniques… Cette année, le festival balaiera ainsi les territoires hispanophones, de la Catalogne au Venezuela, en passant par le Paraguay ou encore le Mexique. Comme toujours aux cinémas Studio, l’objectif premier est de proposer un cinéma militant, exigeant, tout en mettant en avant des cinématographies parfois rares, et aussi en proposant des temps d’échange et de rencontre. Dans son article Le Cinéma espagnol. L’extinction*, Pedro Almodovar dénonce la hausse de la TVA de 8% à 21% sur les billets de cinéma, entre autres. Un nouvel élément qui doit nous faire prendre conscience d’un réel combat à mener pour la défense de la création cinématographique, afin d’assurer la pérennité de sa diversité. L’indépendance de la programmation et de l’organisation du festival se fait néanmoins en collaboration avec les multiples commissions des cinémas Studio : programmation, jeune public, vague jeune, rédaction, bibliothèque, communication, festivité, ainsi qu’avec les salariés, mais aussi les bénévoles

et les nombreux partenaires de cette édition. Parmi eux, le CNP et la Cinémathèque de Tours, avec lesquels seront organisées deux soirées durant le festival, mais qui programment également toute l’année aux Studio. Durant un temps, une image quelque peu sulfureuse a collé au festival. Elle n’était pourtant pas méritée. Mais aucun bousculement de l’ordre établi ne se fait dans l’harmonie et la douceur. À présent, plus personne n’est heurté par la programmation du festival et la plupart des films sont accessibles à un large public, capable d’entendre que les différences sont un atout pour l’humanité. Le festival est un tout et souhaite ainsi s’inscrire dans une globalité à travers une ligne artistique qui se dirige vers des spécificités, qu’elles soient celles du genre, de la sexualité : du corps en somme. Venez nombreux à la rencontre de ces films (avant-premières, inédits, court-métrages, documentaires), de leurs réalisateurs et réalisatrices, mais aussi des intervenants, et autres partenaires culturels et associatifs. Et laissez le cuerpos vous happer dans toutes ses essences, du charnel au sensuel… L’équipe du festival Désir… Désirs www.desirdesirs.com * Publié le samedi 12 octobre sur le site indépendant Infolibre.es

RAPPEL : Le livre Les Studio, 50 ans d’aventure est toujours disponible aux Studio, au prix de 12 euros l’exemplaire. Se renseigner à l’accueil. Les CARNETS du STUDIO

n°320

février 2014

3


SEMAINE

du 19 au 25 février

4

Quels diagnostics psychiatriques pour quelle société ? SOMMES-NOUS TOUS FOUS ?

CNP jeudi

1h30’

20h00 C

I

N

lundi 19h30

14h15 19h00

de Hirokazu Kore-eda

Débat avec Thierry Lecomte, Dr Drylewicz et Françoise Tomeno É

1h36’

M

A

T

H

È

Q

U

samedi à 14h15

CASQUE D’OR

46’ sans paroles

LE PIANO MAGIQUE

de Jacques Becker Programme de courts métrages

1h25’

2h18’

AMERICAN BLUFF

17h45 21h45

SAUF jeu-ven

17h15 SAUF jeu-ven

dim 11h15 14h15 SAUF jeu-ven-sam

de Jacques Rémy Girerd

16h15

de David O. Russell

SAUF

jeu-ven

À suivre.

1h29’

MINUSCULE,

LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES de Hélène Giraud & Thomas Szabo

1h50’

UN BEAU DIMANCHE

DALLAS BUYERS CLUB

16h00 SAUF jeudi vendredi

21h30

de Jean Marc Vallée

de Nicole Garcia

14h15 1h50’ 19h45 21h30 dim 11h

14h30 19h30

16h15

TANTE HILDA !

1h24’

14h30 19h30

dimanche

Ciné p’tit déj’ 10h15 LE LIVRE DE LA JUNGLE 10h45

Soirée présentée par Valérie Vignaux

1h35’

SEMAINE

1h18’ VF de Wolfgang Reitherman E

14h15 2h03’ ONLY LOVERS 17h00 LEFT ALIVE 19h15 de Jim Jarmusch À suivre. dim 11h 14h15 19h30

2014

LES GRANDES ONDES

GLORIA

de Lionel Baier

de Sébastien Lelio À suivre.

17h45 21h30 16h15 sauf jeu-ven dim 11h

1h28’

DES ÉTOILES

1h39’

BETHLÉEM

deDyana Caye

17h30 21h15

de Yuval Adler À suivre.

1h56’

GOLTZIUS

1h18’ + court métrage 8’

IDA de Pawel Pawlikowski

FESTIVAL D’UN SOIR

C

I

N

M

A

T

H

È

Q

mer-sam-dim

1h29’

Quand les citoyen(ne)s prennent l’initiative jusqu’à désobéir…

É

2014

U

14h15 3D mer-sam-dim 16h00 LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES 17h45

MINUSCULE,

de Hélène Giraud & Thomas Szabo

36’ VF

EN PROMENADE de divers réalisateurs

de Catherine Breillat

17h15

AU NOM lundi DU PEUPLE ITALIEN 19h30 de Dino Risi

14h15 2h13’ 17h00 12 YEARS A SLAVE 21h30 de Steve McQueen dim 11h 14h30 1h50’ 17h00 DALLAS BUYERS CLUB 19h15 de Jean Marc Vallée 21h30 14h15 1h30’ 17h45 19h45 JACKY AU ROYAUME mer-sam-dim DES FILLES 16h00 de Riad Sattouf dim 11h

POUR TON ANNIVERSAIRE

14h15 19h30

LULU FEMME NUE de Solveig Anspach

de Denis Dercourt

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

14h30 19h15

16h00 dim 11h15

2h06’ VO

14h15 LE VENT SE LÈVE 17h15 de Hayao Miyazaki 19h30

1h46’

YVES SAINT LAURENT de Jalil Lespert

19h30 21h45

1h39’

PHILOMENA

21h45

de Stephen Frears

1h50’

L’AMOUR EST UN CRIME PARFAIT

17h30 21h15

1h35’ + court métrage 6’

UNE AUTRE VIE de Emmanuel Mouret

21h45

mercredi samedi dimanche

E

1h43’

1h27’

SAUF jeu

dim 11h15

de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

ABUS DE FAIBLESSE 1h23’

1h30’

18h00 • LA RUPTURE OUBLIÉE : LES PORTEURS DE VALISES 19h00 • Pause buffet 19h30 • LES ENFANTS DE DON QUICHOTTE 20h45 • Débat avec A. Ogien 22h15 • OPÉRATION ASTÉRIX

1h44’

& LA COMPAGNIE DU PELICAN de Peter Greenaway

CNP jeudi

du 29 janvier au 4 février

1

17h15 21h15

2h04’ int. –12 ans

NYMPHOMANIAC VOLUME 2

Le film imprévu

de Lars von Trier

www.studiocine.com

www.studiocine.com

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

CNP jeudi

20h00

du 5 au 11 février 2014

2

mer-sam-dim

La diversité culturelle à Tours : 1h29’ et maintenant, on va où ?

OHÉ DU BATEAU Les Tontons filmeurs

54’ suivi d’un débat

C I N É M A T H È Q U E

Journées du cinéma italien

MINUSCULE, 14h15 3D LA VALLÉE DES FOURMIS PERDUES

mer-sam-dim

de Hélène Giraud & Thomas Szabo

16h00

38’ sans paroles

mer-sam dim

LE TEMPS LES CONTES lundi S’EST ARRÊTÉ 1h23’ de Ermanno Olmi DE LA FERME 16h30 19h30 Soirée présentée par Gian Luca Farinelli de Hermina Tyrlova dim 11h15 Atelier : mercredi 14h15 2h18’ mer-sam-dim 16h45 AMERICAN 1h38’ BELLE 16h00 BLUFF 19h15 dim 11h15 dim 11h de David O Russell ETdeSÉBASTIEN Nicolas Vanier 17h45 2h13’ 14h30 12 YEARS 2h06’ VO LE VENT 17h00 SLAVE 19h15 deASteve McQueen SE LÈVE 21h45

1h35’

mercredi PELO MALO 19h45 de Mariana Rondón 1h45’

vendredi DANS LES 17h30 TÉNÈBRES

L’AMOUR EST UN CRIME PARFAIT 21h45

courts métrages

OPIUM de Arielle Dombasle

de Pedro Almodóvar

14h15 sauf sam-dim samedi 16h00

1h24’

1h00’

vendredi LE KORPS 21h45 ELEKTRONIK Evénement vjing

1h30’

SOLO de Marcelo Briem Stamm

mercredi 21h45

1h30’

samedi LE DERNIER ÉTÉ 17h30 DE LA BOYITA de Julia Solomonoff

1h31’

1h50’

dimanche Ciné p’tit déj’ 10h30 Sélection de 11h00

1h20’

de Hayao Miyazaki

14h15 1h35’ 17h45 UN BEAU 19h30 mer-sam-dim DIMANCHE 16h00 de Nicole Garcia dim 11h15

SEMAINE

du 12 au 18 février 2014

L’ARMÉE DU SALUT

de Abdellah Taïa Rencontre avec le réalisateur

vendredi 19h45

1h37’

samedi AMIC/AMAT 21h45 de Ventura Pons Rencontre avec le réalisateur

LES DÉPRAVÉS

de Philippe Barrassat

1h44’

14h30 COMMENT J’AI 19h30 DÉTESTÉ LES MATHS de Olivier Peyon

1h25’

1h30’

JACKY

AU ROYAUME DES FILLES

17h45 21h45

de Riad Sattouf 14h30 1h50’ 17h15 DALLAS court métrage 6’ 19h30 BUYERS CLUB 1h27’ +LULU dim 11h de Jean Marc Vallée FEMME NUE 21h30 Journées du cinéma italien de Solveig Anspach 14h15 1h34’ VIVA LA LIBERTA 19h30 de Roberto Ando 1h35’ Rencontre après la projection UNE AUTRE VIE 21h15

21h15 NYMPHOMANIAC VOLUME 2

de Lars von Trier

www.studiocine.com

de Ventura Pons Rencontre avec la réalisatrice Rencontre avec le réalisateur

1h31’

Le film imprévu www.studiocine.com

samedi 19h45

1h23’

de Julian Hernandez

THE COMEDIAN dimanche 1h19’ Tom Shkolnik 21h45 HOLY THURSDAY 28’

Antony Hickling

54’ de Montse Pujantell

20h00

Débat avec la réalisatrice

C I N É M A T H È Q U E

Festival Désir, Désirs

mardi 19h45

1h03’ LESBIANA

dimanche 24’ TIME BOMB 19h45 de Jacqueline julien de Myriam Fougère

de Çağla Zencirci & Guillaume Giovanetti

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire).

ELOÏSE de Jesús Garay

1h29’

mer-sam-dim

mercredi

de Hayao Miyazaki

1h30’

14h15 19h30

JACKY

AU ROYAUME DES FILLES de Riad Sattouf

1h35’

UN BEAU 17h30 DIMANCHE de Nicole Garcia

2h13’

12 YEARS A SLAVE de Steve McQueen

21h45

1h37’

LES JOURS 21h45 HEUREUX

14h15 1h24’ de Gilles Perret 17h30 LES GRANDES 1h50’ 19h45 ONDES mer-sam-dim 16h00 de Lionel Baier DALLAS dim 11h00

14h30 19h45

de Jean Marc Vallée

IDA

mer-sam dim

16h00 dim 11h

BUYERS CLUB

1h18’

mardi 21h45

www.studiocine.com

17h30 21h15

2h04’ int. –12 ans

de Pawel Pawlikowski

Rencontre avec Jacqueline Julien

1h32’

NOOR

14h15 16h00 de Jacques Rémy Girerd dimanche 11h15 TANTE HILDA !

lundi LA VIE CRIMINELLE MINUSCULE, 16h00 19h30 D’ARCHIBALD DE LA CRUZ LA VALLÉE DES dimanche FOURMIS PERDUES 1h30’ de Luis Buñuel de Hélène Giraud & Thomas Szabo 11h15 14h15 2h18’ 17h00 AMERICAN 2h06’ VO LE VENT BLUFF 21h15 SE LÈVE 17h15 dim 11h de David O Russell

1h44’ 1h18’

2014 mer-sam-dim

mer-jeu-lun-mar

108 dimanche CUCHILLO NUBES DE PAZ dimanche DE PALO MIL CERCAN EL CIELO 16h00 17h30 de Renate Costa

de Emmanuel Mouret

2h04’ int. –12 ans

IGNACI M

CNP GUERILLER@S jeudi

19h15

1h27’

dimanche QUI A PEUR DE WOOLF 14h15 deVAGINA Anna Margarita Albelo

Festival Désir, Désirs 1h25’ Mon sexe est-il mon genre ?

samedi 14h15

de Arnaud et Jean-Marie Larrieu

du 12 au 18 février

3

14h30 ABUS DE 19h30 FAIBLESSE

de Catherine Breillat

NYMPHOMANIAC 21h30 VOLUME 2

de Lars von Trier

Le film imprévu www.studiocine.com

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


jeudi 30 janvier - de 18h00 à 23h15 Le CNP propose son FESTIVAL D’UN SOIR 2014 : Quand les citoyens, citoyennes prennent l’initiative jusqu’à désobéir… Refus de la guerre, du colonialisme, de la destruction de l’environnement, de la misère, du racisme, du capitalisme dévastateur… Depuis longtemps des citoyens, des citoyennes, agissent, s’organisent et désobéissent aux lois, ordres ou mesures imposés par les pouvoirs politiques. Trois documentaires en témoigneront et, avec Albert Ogien, nous débattrons sur ces formes de désobéissance. • 18h – Film : La Rupture oubliée : les porteurs de valises, de H. Hamon et P. Rotman (1992 - 52’)

• 19h : Pause-buffet • 19h30 - Film : Les Enfants de Don Quichotte, de Roman Dénécé, Augustin et JeanBaptiste Legrand (2008 - 75’) • 20h45 – Débat avec A. Ogien, co-auteur du livre Pourquoi désobéir en démocratie ? • 22h15 – Film : Opération Astérix, (Notre Dame des Landes) de Béatrice Turpin (2012 - 54’) Billet unique pour toute la soirée aux conditions habituelles de participation aux frais du CNP. Entrée dans la salle dès 18H, ou à 19H30, ou 20H45, ou 22H15.

jeudi 6 février - 20h00 Le CNP, le Collectif de soutien aux cinémas indépendants tourangeaux et le Collectif Ohé du Bateau présentent :

La diversité culturelle à Tours : et maintenant, on va où… Constatant que la proposition culturelle est plutôt cadenassée, des habitants de Tours, des militants associatifs, syndicaux, politiques, des collectifs autour d’Ohé du Bateau, des Studio, Ciné Off et d’autres, se retrouvent, échangent et envisagent de mettre en œuvre une autre politique culturelle qui vise à enrichir et diversifier l’offre existante. Elle se veut accessible à tous, en terme de contenu et financièrement.

4

– Les CARNETS du STUDIO

n°320

février 2014

Après projection du documentaire Ohé du Bateau (Les Tontons filmeurs – 2013 – 14’) puis débat, nous vous inviterons aussi à échanger sur le texte du Manifeste sur la diversité culturelle.

jeudi 13 février - 20h00 Le CNP, le festival Désir Désirs, le Centre LGBT (Lesbiennes, Gay, Bi et Trans) de Touraine présentent :

Mon sexe est-il mon genre ? En Occident, la plupart des personnes sont assignées à la naissance à une catégorie de genre, en raison de leur sexe. Et si l’appartenance à ces catégories n’était pas une donnée innée mais une construction sociale ? Les intervenants de Guériller@s (Montse Pujantell – Espagne – 2010 – 54’) exposent leur cheminement et la tension existe entre catégorisations sociales et désirs individuels. Ils soulèvent ainsi une question plus générale : comment exister en tant que sujet face aux catégories que la société impose ? Débat en présence de la réalisatrice et d’une bénévole du Centre LGBT de Touraine, Emmanuelle Novello.

jeudi 20 février - 20h00 Le CNP et le collectif 37 Notre santé en danger proposent :

Quels diagnostics psychiatriques, pour quelle société ? Une nouvelle version du Manuel Diagnostique et Statistique des troubles mentaux (DSM5) arrive des USA. C’est la référence utilisée par les psychiatres pour leurs diagnostics. Cette classification, très critiquée, aboutit à : • un désintérêt croissant pour le contexte psychologique et social des pathologies mentales, • une augmentation de ce que l’on dénomme « trouble mental » (100 troubles énumérés en 1952, 400 en 2013), • des soins surtout médicamenteux qui engendrent un surcoût pour usagers et finances publiques. Film : Sommes nous tous fous ? de Mario Forsai, Christophe Ungaret Jean-Marc Chevillard (Suisse – 2013 – 1h05) Débat avec la participation de Thierry Lecomte du collectif 37 « Notre santé en danger » ; du Dr Drylewicz, psychiatre et de Françoise Tomeno, psychanalyste.


Mardi 4 février, 17h00 L’Instant Ciné

Rencontre autour de l’exposition de Sand. Émission de Radio Béton en direct.

Le CNP et le Centre Lesbien Gay Bi Trans de Touraine présentent : Mon sexe est-il mon genre ?

GUERILLER@S Espagne – 2010 -54’, de Montse Pujantell

Samedi 8 février, 20h30 La Pléiade/CCNT, La Riche

Voir page CNP, page 4

Trois décennies d’amour cerné.

Vendredi 14 février, 17h30

DANS LES TÉNÈBRES Mardi 11 février, 19h45 L’Instant Ciné

Sélection de courts métrages LA PRIMERA VEZ/HA(R)D TO SAY/FROZEN SOULS/MAQUINA /ANACOS Du mercredi 12 au mardi 18 (sauf samedi /dimanche) 14h15 Samedi 15 février, 16h00

OPIUM (Inédit à Tours) France – 2013 – 1h20, d’Arielle Dombasle

Dans le Paris des Années Folles se dessine la relation passionnée unissant Jean Cocteau à Raymond Radiguet. Comédie musicale, décalée mais néanmoins touchante.

Espagne – 1983 – 1h45, de Pedro Almodóvar

Yolanda Bell, jeune chanteuse de boléro, se réfugie dans un couvent après la mort de son ami Jorge. La mère supérieure lui avoue son admiration pour son art et entretient avec elle des relations autodestructrices. Dans le cadre de la journée d’étude du séminaire intersites Lectures du genre dans la production culturelle espagnole et latino-américaine - Tours, Toulouse, Bordeaux. A l’université François-Rabelais. Vendredi 14 février, 19h45

mance VJing qui a pour ambition de détourner le regard du spectateur de l’écran de cinéma (frontal et bidimensionnel). En partenariat avec Radio Campus et la complicité de la Vague Jeune des Cinémas Studio. Samedi 15 février, 14h15

LES DÉPRAVES (Inédit) France – 2013 – 1h37, de Philippe Barrassat

Infirmie, Aldo perd son emploi. Via un réseau de connaissances il endosse le rôle d’assistant sexuel pour handicapés auquel il finit par prendre goût. Assistant sexuel ou prostitué ? Professionnel ou intime ? La frontière est mince. Une fiction choc qui brise le tabou sur la sexualité des handicapés.

L’ARMÉE DU SALUT

Samedi 15 février, 17h30

PELO MALO (Avant-première)

(Avant-première / Rencontre réalisateur)

LE DERNIER ÉTÉ DE LA BOYITA

Venezuela – 2013 – 1h3, de Mariana Rondón

France – 2013 – 1h24, d’Abdellah Taïa

Junior a neuf ans, vit à Caracas avec sa mère et son petit frère. Il a les cheveux frisés de son père mais voudrait les avoir lisses comme sa mère. Une relation mère-fils pétrie de sous-entendus et de tabous.

Premier film d’Abdellah Taïa, adapté de son roman autobiographique (2006), aborde un sujet tabou au Maroc : l’homosexualité. L’auteur évoque ses souvenirs d’enfance, son adolescence, son éveil sexuel au milieu d’une société marocaine traditionnelle et l’amour impossible qu’il ressent pour son grand frère. Un film à la fois poétique, sensible et sensuel.

Argentine / Espagne – 2009 – 1h30, de Julia Solomonoff

Mercredi 12 février, 19h45

Mercredi 12 février, 21h45

SOLO (Inédit) Argentine – 2013 – 1h24 – de Marcelo Briem

Après avoir chatté sur Internet, Manuel invite aussitôt Julio à venir chez lui. Mais, après quelques heures, la discussion se transforme en révélation de secrets intimes qui pourraient bien faire basculer l’ambiance. Jeudi 13 février, 20h00

Vendredi 14 février, 21h45

LE KORPS ELEKTRONIK 1h - Evénement Vjing

Grand lyrique présente Korps elektronik, une animation visuelle et sonore en temps réel sous la forme d’une perfor-

Cet été-là, tout change pour Jorgelina : ses parents se séparent, sa sœur aînée devient une étrangère qui entre dans l’adolescence. La réalisatrice traite de la puberté et des troubles de l’identité sexuelle avec une délicatesse lumineuse. Samedi 15 février, 19h45

IGNASI M. (Inédit en France/Rencontre réalisateur) Espagne/Catalogne – 2013 – 1h27, documentaire de Ventura Pons

Un beau portrait mettant en scène les contradictions d’un homme face à toutes les complexités qu’implique son époque : la crise, le VIH, ou encore la

Les CARNETS du STUDIO

n°320

février 2014 –

5


parentalité, la sexualité et la différence… Le film traite avec beaucoup d’humour et de tendresse ces différents sujets, à travers la vie pétillante d’Ignaci Millet. Samedi 15 février, 21h45

AMIC/AMAT

Dimanche 16 février, 17h30

(Rencontre réalisateur)

108 - CUCHILLO DE PALO

Espagne/Catalogne – 1999 – 1h30, de Ventura Pons

Espagne – 2009 – 1h31, documentaire de Renate Costa

Un professeur décide de léguer son travail de recherche en héritage à un brillant étudiant. Ce dernier survit en se prostituant, mais il doit bientôt faire face à la maternité de son amie. Adaptation de la pièce Testament de Josep Maria Benet i Jornet.

Renate Costa enquête sur les traces de son oncle, inscrit sur la liste des 108 homosexuels au Paraguay dans les années 80. Film soutenu par l’Association du cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID) En partenariat avec Amnesty International

Dimanche 16 février, 10h30 (séance à 11h00)

Dimanche 16 février, 19h45

Ciné p’tit déj’ (en partenariat

LESBIANA

avec Ciclic)

Canada – 2012 – 1h03, documentaire de Myriam Fougère

Sélection de courts métrages : INERTIAL LOVE / MAN IN PAK / LES MAUVAISES FRÉQUENTATIONS / LE RETOUR AU PAYS / TU FAISAIS QUOI QUAND MICHAEL JACKSON EST MORT ? / LES LÉZARDS / BLUE AN EROTIC LIFE / RÉPONSE DE FEMMES / CON QUE LA LAVARE ?

Un pan méconnu de l’histoire du mouvement féministe des années 70/80 : l’utopie joyeuse de femmes qui se libèrent du patriarcat et choisissent de vivre ensemble.

Dimanche 16 février, 14h15

TIME BOMB

QUI A PEUR DE VAGINA WOLF ? (Rencontre réalisatrice)

(Rencontre réalisatrice)

États-Unis – 2013 – 1h25, d’Anna Margarita

C’est une histoire d’amour et de désir entre filles qui se déroule à Toulouse, une histoire traversée d’images d’actualité dramatiques et de moments burlesques.

Le jour de ses 40 ans, Anna décide que sa vie doit changer ! Trouver l’amour, perdre 20 kg et réaliser un remake underground lesbien. Anna joue ici le rôle principal, rôle quasi autobiographique de réalisatrice hors circuit et larguée. En partenariat avec l’association Tours’Angels qui vous invite après le film à une rencontre autour d’un verre. Dimanche 16 février, 16h00

MIL NUBES DE PAZ CERCAN EL CIELO Mexique – 2003 – 1h23, de Julian Hernandez

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Gerardo déambule dans Mexico à la recherche d’une personne capable de lui révéler le secret de la lettre d’adieu de Bruno, un amant éphémère dont il s’est immédiatement épris. Berlin 2003.

– Les CARNETS du STUDIO

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France – 2012 – 24’, documentaire de Jacqueline Julien

Dimanche 16 février, 21h45

THE COMEDIAN (Inédit) Royaume-Uni – 2012 – 1h19, de Tom Shkolnik

Ed, comédien, vit avec Élise une relation ambigüe mais platonique. Une nuit, Ed rencontre Nathan, et doit donc choisir entre son attirance pour un homme et son amour pour une femme.

HOLY THURSDAY (Inédit) France – 2013 – 28’, d’Antony Hickling

Jean-Christophe, né d’une mère prostituée et d’un père absent, rencontre enfin son père, fantasmé depuis des années. Entre violence crue et rêveries fantasmagoriques, il devra trouver sa voie et se libérer progressivement. Lundi 17 février, 19h30 Cinémathèque

LA VIE CRIMINELLE D’ARCHIBALD DE LA CRUZ Mexique – 1955 – 1h30, de Luis Buñuel

Petit garçon gâté, Archibald découvre le pouvoir magique de sa boîte à musique lorsque, l’actionnant, il désire la mort de sa gouvernante. Or, celle-ci est tuée sur-le-champ. Désirs, frustrations et humour, ce film surréaliste contient tout Buñuel. Mardi 18 février, 19h45

NOOR (Avant-première) France, Pakistan – 2012 – 1h18, de Ça la Zencirci et Guillaume Giovanetti

Noor, jeune pakistanais à la recherche de lui-même, ne veut plus appartenir au groupe social qui était le sien. Cependant, cette appartenance ne cesse de le rattraper, car elle est inscrite sur son corps. Soutenu par l’Association du cinéma Indépendant pour sa Diffusion (ACID). Soirée présentée par Emmanuelle Novello, chercheuse en ethnologie, spécialiste des questions de genre et de sexualité en Inde. Mardi 18 février, 21h45

ELOISE Espagne – 2008 – 1h32, de Jesús Garay

La vie d’Asia, jeune étudiante, se trouve bouleversée lorsqu’elle fait la connaissance d’Eloïse. Un film touchant, d’une poésie et d’un charme certains.


Mercredi 19 février, 20h30 Bibliothèque centrale

Projection d’extraits de films autour du corps par un universitaire du campus FrançoisRabelais. Tout le mois de février Bibliothèque centrale

Sélection de DVD et de livres sur le thème du corps. Vendredi 21 février, 20h30 Le Temps Machine, Joué-lèsTours

Abonné 6€ / réduit 8€ / plein prévente 10€ / plein sur place 12€ Tarif abonné sur présentation d’un ticket de ciné Désir… Désirs.

AUSSI AUX CINÉMAS STUDIO

Ouvert de 14h00 à 22h00

Projections de courts métrages avant certains films, en partenariat avec le Radi (Réseau alternatif de diffusion). En février, cette sélection présente sa vision du désir… des désirs.

BEAUX COMME AU CINÉMA de la Compagnie Comme Telle

Affiches et table thématique à la bibliothèque des Studio.

Exposition du 8 au 22 février Hall Cinémas Studio

a pour ambition de revisiter les codes de la photo de cinéma, et d’exposer des portraits à la manière des photos de stars du grand écran.

Soirée électro-disco-pop-live Galaxians & Discodeine et d’autres surprises…

Stand Librairie Livresboibel.com

Une sélection d’ouvrages sur le cinéma et la culture LGBT. Nouveau : un PASS Week-end !

Viva il cinema Journées du film italien

Le cinéma italien est-il en train de renaître ? Après l’âge d’or qui a marqué des décennies de cinéma, puis la crise liée tant aux difficultés économiques que politiques, de nouveaux talents émergent depuis le début des années 2000 et un jeune cinéma s’affirme. C’est ce renouveau que les Journées du film italien proposent de découvrir du 5 au 10 février.

••• mercredi 5 février 19h30 ••• Soirée d’ouverture, sortie nationale : cinémas Studio • VIVA LA LIBERTA DE ROBERTO ANDO (2014) • Conférence : Où en est le cinéma italien aujourd’hui, par Paolo Modugno, professeur de civilisation italienne. 6 février 18h Bibliothèque municipale. ••• vendredi 7 février ••• • SENSO, de Luchino Visconti (1954). Séance ouverte aux scolaires (réservation au 02 47 21 63 97) 14h30, salle Thélème. • Rencontre avec Simonetta Greggio, et dédicace de La Dolce Vita. 17h, La Boîte à livres. • I PRIMI DELLA LISTA, Roan Johnson (2011) film inédit. En présence du scénariste Renzo Lulli. 20h, salle Thélème.

••• samedi 8 février ••• • L’HOMME QUI VIENDRA, Giorgio Diritti (2011) 14h30 Thélème • PIAZZA FONTANA, Marco Tullion Giordana (2012) 17h Thélème • ALI A LES YEUX BLEUS (AVANT PREMIÈRE), Claudio Giovannesi (2014) 20h30, salle Thélème. ••• dimanche 9 février ••• • L’INTERVALLO, Leonardo Di Costanzo (2013) 16h, salle Thélème. • ANNI FELICI (AVANT PREMIÈRE), Daniele Lucchetti (2014) 18h, salle Thélème. Lundi 10 février : • Carte blanche à la Cinémathèque de Bologne, en présence de son directeur Gian Luca Farinelli, LE TEMPS S’EST ARRÊTÉ, de Ermanno Olmi (1959) 19h30 cinémas Studio.

Association H.Langlois, Cinémathèque, Dante Alighieri avec les STUDIO, Ciné-off, Université Rabelais, Bibliothèque municipale et la Boîte à livres. Les CARNETS du STUDIO

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PLANÈTE SATOURNE Pour la 3e édition du Festival Planète Satourne, les cinémas Studio, la Cinémathèque, la programmation Jeune Public et la Bibliothèque municipale de Tours vous emmènent, du 22 au 27 février, en voyage dans l’univers captivant des animaux à travers le prisme du cinéma, du conte, du ciné-concert ou du spectacle vivant.* Pour l’inaugurer, deux séances aux Studio : • Samedi 22 à 14h15 : la séance Ciné-ma différence propose un après-midi festif autour du film Le Livre de la jungle et d’un goûter offert à tous. • Dimanche 23 à partir de 10h15 : CINÉ P’TIT DÉJ’/RENCONTRE Avant le film, petit déjeuner exotique offert dans une ambiance de jungle tropicale…

LE LIVRE

DE LA JUNGLE

USA – 1967 – 1h18, de Wolfgang Reitherman. VF

Mowgli grandit paisiblement parmi ses frères louveteaux. Mais Shere Khan, le tigre mangeur d’hommes rôde…

Une histoire palpitante, un dessin animé incontournable et une ambiance exceptionnelle feront l’unanimité dans toute la famille ! Après le film, Nicolas Lagorce du Muséum d’Histoire naturelle de Tours répondra à vos questions et rétablira certaines vérités sur le comportement des animaux de la jungle. La panthère, l’ours et aussi Kaa, le serpent rusé n’auront plus aucun secret pour vous…

Tout public à partir de 4 ans

La panthère Bagheera trouve dans la jungle un bébé qu’elle confie à une famille de loups.

* Programme complet à l’accueil des Studio et sur les différents sites.

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE FÉVRIER

2014 :

• The Gift de Susanne Abbuehl (studio 1-2-4-5-6) • Vari-colored songs de Leyla McCalla (studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RCF St Martin.

12 Years A Slave USA – 2013 – 2h13, de Steve McQueen, avec Chiwetel Ejiofor, Michael Fassbender, Brad Pitt, Benedict Cumberbatch, Paul Dano, Paul Giamatti…

1841, nord-est des États-Unis, dans l’état de New-York, l’esclavage a été aboli. Solomon est musicien et vit paisiblement avec sa famille. Engagé par un cirque ambulant pour jouer du violon, il est kidnappé, déporté dans le sud et

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vendu comme esclave. Son calvaire va durer douze ans... Depuis Hunger et Shame, Steve McQueen est un cinéaste sur lequel on compte. En réalisant cette fresque tirée d’une histoire vraie, il ne s’est pas laissé plomber par l’ampleur de son sujet et n’a pas renoncé à ses ambitions cinématographiques. Les échos parlent d’un plan séquence


A

aussi impressionnant que pour la scène centrale, et inoubliable, de Hunger. Très chaleureusement accueilli dans les festivals de Toronto et de Venise, le film ressemble à un accomplissement pour son auteur. De plus, au milieu d’une distribution quatre étoiles, il offre le rôle de sa vie à Chiwetel Ejiofor. Déjà très talentueux dans Dirty pretty things de Stephen Frears ou Les Fils de l’homme d’Alfonso Cuaron mais encore assez mal connu, il est, paraît-il, exceptionnel.

cription d’un une société corrompue où se retrouvent à égalité escrocs, policiers, mafieux et politiciens, ce polar divertissant est brillamment réalisé. David O Russell ne cache pas ses références à Scorsese et aux frères Cohen, appuyées par la présence de Robert De Niro. Déjà nominé sept fois aux Golden Globes, il est sur la voie du succès de Happiness Therapy, l’an dernier, d’autant que la même équipe de brillants acteurs participe au film.

Sources : dossier de presse.

L’Amour est un crime parfait France – 2013 – 1h51, de Jean-Marie et Arnaud Larrieu,

Abus de faiblesse

France – 2014 – 1h44, de Catherine Breillat, avec Isabelle Huppert, Kool Shen, Laurence Ursino…

Victime d’une hémorragie cérébrale, Maud, cinéaste, se réveille un matin dans un corps à moitié mort qui la laisse hémiplégique, face à une solitude inéluctable. Alitée mais déterminée à poursuivre son projet de film, elle découvre Vilko, arnaqueur de célébrités, en regardant un talkshow télévisé. Son arrogance crève l’écran avec superbe : Maud le veut pour son prochain film. Il l’escroque et lui emprunte des sommes astronomiques, lui prend tout mais lui donne une gaieté et une sorte de chaleur familiale. Appréciée par la critique, mais peu connue du grand public depuis Tapage nocturne (1979) et 36 fillette (1988), Catherine Breillat accède au succès en 1996 avec Parfait amour. En 1999, le film Romance crée la polémique par la présence de Rocco Siffredi, un acteur pornographique. Tout comme ses autres films sont un peu d’ellemême, la sulfureuse cinéaste raconte ici sa propre histoire, lorsqu’elle fut victime d’une importante hémorragie cérébrale paralysant son côté gauche.

avec Mathieu Amalric, Karin Viard, Maïwenn…

Professeur de littérature à l’université de Lausanne, Marc a la réputation de collectionner les aventures amoureuses avec ses étudiantes. Quelques jours après la disparition de la plus brillante d’entre elles, qui était sa dernière conquête, il rencontre Anna qui cherche à en savoir plus sur sa belle-fille disparue... C’est le retour des frères Larrieu, quatre ans après leur dernier long-métrage, Les Derniers jours du monde, réunissant déjà Mathieu Amalric et Karin Viard. L’Amour est un crime parfait est l’adaptation du roman de Philippe Djian, Incidences (2010). Même si les thématiques amoureuses ont souvent été développées dans leurs précédents films, la présence centrale d’un certain érotisme est relativement nouvelle, et porte les allers-retours entre la représentation d’un monde primitif, de pulsions, et celle d’un monde contemporain et plus sophistiqué. Sources : dossier de presse

Belle et Sébastien

B

Voir pages Jeune Public

Sources : dossier de presse.

American Bluff USA – 2013 – 2h18, de David O Russell,

Bethléem

Israël, Allemagne, Belgique – 2014 – 1h39, de Yuval Adler, avec Tsahi Halevi, Sahdi Marei…

avec Jennifer Lawrence, Christian Bale, Amy Adams…

Inspiré d’une histoire vraie, celle de l’affaire Abscam, dans les années 70, ce film narre l’infiltration d’un petit escroc, Irving Rosenfeld et de sa compagne, dans les milieux mafieux américains. Infiltration manipulée par un agent du FBI, dans le but de piéger un poisson de gros calibre. Des-

Dans le sud de Jérusalem, un jeune Palestinien, Sanfur, est recruté comme informateur par Razi, un agent du Shin Bet, les services secrets israëliens. Se noue une relation quasi filiale de confiance, voire d’amitié, d’autant plus menacée et ambigüe que le propre frère de Sanfur est un responsable des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa Les CARNETS du STUDIO

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actif et recherché pour attentats. Dans ce film sombre, complexe, tendu, tout le monde ment, tout le monde vit dans la peur et l’ambiguïté, quel que soit le camp. Les repères clairs et commodes ont disparu : les bons, les méchants, la vérité, la loyauté, l’idéal, la cause juste… Yuval Adler a co-écrit le scénario avec un journaliste musulman, Ali Waked, après une longue enquête auprès du Shin Bet, du Hamas et des Brigades des martyrs d’Al-Aqsa. D’ores et déjà couvert de récompenses, le film représentera Israël aux Oscars 2014 dans la catégorie Meilleur film étranger. Sources : dossier de presse.

C Comment j’ai détesté les maths France – 2014 – 1h43, documentaire de Olivier Peyon.

Aucune matière ne déclenche autant de phobies que les mathématiques. Le réalisateur Olivier Peyon a sans doute fait partie de ces élèves terrifiés à chaque nouvelle interro. C’est le point de départ de ce documentaire « passionnant, inattendu dans sa forme aérienne qui parvient à captiver de toute évidence, au-delà du monde enseignant et de la sphère scientifique ». « Un film surprenant, généreux, qui vous transporte dans un univers merveilleux aux charmes insoupçonnés : le monde des mathématiques. » Bien qu’il n’évite pas de parler de la responsabilité de certains algorithmes dans les crises financières et politiques, Olivier Peyron n’a pas voulu réaliser un pamphlet, une étude sociologique ou faire un cours sur cette discipline aride. En allant aux quatre coins du monde, il nous fait rencontrer des personnages extraordinaires, déconnectés du réel, dignes de Tim Burton ou des frères Coen en nous faisant partager avec eux leurs émotions face au doute, à l’erreur ou à la beauté d’une démonstration. Sources : mediapart.fr – lemonde.fr – liberation.fr

Les Contes de la ferme Voir pages Jeune Public

D

Dallas Buyers Club USA – 2014 – 1h57, de Jean-Marc Vallée, avec Matthew McConaughey, Jennifer Garner, Jared Leto…

1986, Dallas, Texas, l’histoire vraie de Rob Woo-

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droof, un électricien noceur et toxicomane du Texas. Apprenant qu’il est atteint du VIH, cet hétérosexuel a fait mentir le pronostic de ses médecins. Ceux-ci lui donnaient 30 jours à vivre. Il a survécu sept ans. Son secret : des médicaments non approuvés, dont il a fait le trafic avec succès, grâce à son réseau d’entraide, le « Dallas Buyers Club », créé avec la complicité d’une partenaire transgenre, face aux multinationales pharmaceutiques. À la suite du succès de son premier long métrage, Liste noire (1995), Jean-Marc Vallée réalise C.R.A.Z.Y. (2005), l’un des plus grands succès du cinéma québécois de la dernière décennie, puis Café de Flore (2012) et Wild (2013) entre autres. Produit et réalisé aux USA, Dallas Buyers Club est un film sur l’intolérance, la désobéissance et l’instinct de survie. Il a été si bien accueilli au Festival international du film de Toronto qu’il est maintenant pressenti pour participer à la course aux Oscars. Sources : dossiers de presse.

Des étoiles

France/belgique/ Sénégal – 1h27 – de Dyana Gaye, avec Ralph Amoussou, Mata Gabin, Sophie, Thierno et Abdoulaye

New York, Turin et Dakar. Trois jeunes adultes, trois villes, trois destins qui vont se croiser dans un film partagé entre quatre langues : français, anglais, wolof et italien. Des étoiles suit leurs histoires croisées, leurs courses vers une certaine liberté, leur découverte de milieux différents. De New York, Thierno vient pour la première fois à Dakar pour un enterrement, au moment où Sophie quitte précisément cette ville pour aller à Turin rejoindre son mari… qui, entre temps, est parti pour New York… Pour la réalisatrice, née à Turin d’un père sénégalais et d’une mère franco-italienne-maliennesénégalaise : « Ce film est l’occasion d’honorer ce qu’au fond nous sommes tous : des gens de passage ». Le travail de la bande-son et celui de l’image ont été particulièrement soignés pour bien mettre en valeur ces destins différents et comme pour refuser toute possibilité d’une lecture misérabiliste. Sources : africultures.com, dossier de presse, unifrance.com


E

En promenade Voir pages Jeune Public

G

Les Grandes ondes France – 2013 – 1h24, de Lionel Baier, avec Valérie Donzelli, Michel Vuillermoz, Patrick Lapp...

Avril 1974. Deux journalistes de la radio suisse sont envoyés au Portugal pour réaliser un reportage sur l’entraide suisse dans ce pays. Accompagnés d’un technicien en pré-retraite et de Pelé, un jeune traducteur recruté sur place, nos Pieds Nickelés vont parcourir la campagne portugaise récoltant d’improbables témoignages. Mais, entre Julie, féministe, et Cauvin, grand reporter roublard, le courant ne passe pas. Jusqu’à ce qu’ils soient emportés par l’élan de la contestation populaire qui souffle. Ils se retrouvent alors à Lisbonne au cœur de la révolution des œillets… Après Garçon stupide, Comme des voleurs et Un autre homme, Lionel Baier surprend. Les Grandes ondes est un film intelligemment, récréatif, fait avec légèreté et sérieux, qui mêle avec énormément d’humour, réflexion sur les médias, petite et grande histoire. Adoptant ruptures de ton, incorporant danse et chant, le réalisateur fait mouche. Son film est irrésistible et vraiment très drôle. JF

Gloria

Chili – 2012 – 1h45, de Sebastian Lelio, avec Paulina Garciam, Sergio Hernandez…

Mères de deux grands enfants, divorcée et femme encore active, Gloria, à 58 ans, n’a renoncé ni au bonheur ni à l’amour. Cette jolie brune aux jambes de gazelle aime sortir le soir pour danser la salsa. Un soir, elle rencontre le timide Rodolfo. Sans oublier ni son âge, ni son passé, Gloria connaît de nouveau les tourbillons de la passion… Pour son 4e film après La Sagrada familia (05), Navidad (09) et L’Année du tigre (11), le talentueux réalisateur chilien a choisi de tracer, avec générosité et humanisme, le portrait d’une femme aimante et libre dans la société chilienne actuelle. « Gloria est comme Rocky, quand elle prend un coup, elle se relève et elle continue »,

dit le réalisateur, décrivant le fil conducteur de son film comme « la vie et une poésie au quotidien, avec un équilibre entre rire et pleurs, doux et douloureux comme la bossa nova ». Dans une forme parfaitement maîtrisée, alliant réalisme et rythme réussi, Gloria a trouvé dans Paulina Garciam une interprète lumineuse, récompensée par le prix de la meilleure actrice festival de San Sébastien et à la dernière Berlinade. « Un film aussi bouleversant que stimulant. » Sources : toutelaculture.com - abusdecine.com – Le nouvel observateur 10/02/13

Goltzius et la Compagnie du Pélican Pays-Bas/France/Royaume-Uni/Croatie – 2012 – 2h08,de Peter Greenaway, avec Ramsey Nasr, F. Murray Abraham, Kate Moran…

I

Pays-Bas. XVIe siècle. Hendrik Goltzius est un célèbre peintre et graveur d’œuvres érotiques. Souhaitant ouvrir une imprimerie dédiée à l’édition de livres illustrés, il sollicite le Margrave (Marquis) d’Alsace pour obtenir de substantielles subsides et lui promet un livre extraordinaire avec des images et des histoires de l’Ancien Testament regroupant les contes érotiques tel celui de Loth et ses filles… Avant de parapher un contrat, le Margrave, entouré de sa cour, exprime d’autres exigences. La Compagnie du Pélican devra le réjouir six soirs durant d’un amusement qui devra aussi satisfaire Ebola, la nourrice royale. Six tabous sexuels, tel le voyeurisme, seront alors mis en scène. Ces histoires érotiques ne se dérouleront pas sans quelques remous… et provocations ! Le réalisateur des fameux The Pillow Book (1996) ou bien encore Meurtre dans un jardin anglais (1982) articule la peinture, la création d’images, le livre et l’érotisme. L’espace visuel, riche, fourmille de références artistiques. Il faut savoir s’abandonner à cet univers maniériste, et parfois dérangeant, de Peter Greenaway… RS

Ida Film du mois, voir au dos du carnet. + COURT MÉTRAGE semaine du 19 au 25 février La Douce France – 2011 – 8’, Animation, de Anne Larricq.

Film proposé au jeune public, les parents restant juges. Les CARNETS du STUDIO

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J

Jacky au royaume des filles France – 2014 – 1h30, de Riad Sattouf, avec Charlotte Gainsbourg, Vincent Lacoste, Noémie Lvovsky, Didier Bourdon, Anémone, Emmanuelle Devos…

Dans la république démocratique et populaire de Bubunne, les femmes commandent et font la guerre, les hommes portent le voile et s’occupent de leur foyer. Comme tous les célibataires, Jacky, un garçon de vingt ans, a le même fantasme inaccessible : épouser la Colonelle, fille de la dictatrice, et avoir plein de petites filles avec elle. Mais quand la Générale décide enfin d’organiser un grand bal pour trouver un mari à sa fille, les choses empirent pour Jacky : maltraité par sa famille, il voit son rêve peu à peu lui échapper... Riad Sattouf avait connu le succès avec son premier film pour ados Les Beaux gosses (900 000 entrées et sélection à la Quinzaine des réalisateurs). Il signe ici un conte burlesque et cauchemardesque qui ne rechigne pas devant un certain mauvais goût parfaitement assumé (ou peut parfois penser aux Monty Python, il y a pire comme référence !) Entre farce et pamphlet, Jacky au royaume des filles (le film vaut mieux que son titre !) a probablement de quoi séduire autant de monde qu’il pourra en irriter. ER

Les Jours heureux

France – 2014 – 1h37 – Documentaire de Gilles Perret, avec Raymond Aubrac, Robert Chambeiron, Daniel Cordier, Stéphane Hessel…

Quand l’utopie des Résistants devint réalité... Entre mai 1943 et mars 1944, sur le territoire français encore occupé, seize hommes appartenant à des partis politiques, syndicats et mouvements de résistance divers, vont changer durablement l’avenir du pays en rédigeant le programme du Conseil national de la Résistance. Intitulé magnifiquement : Les Jours heureux, ce programme est encore au cœur du système social français puisqu’il a donné naissance à la sécurité sociale, aux retraites par répartition, aux comités d’entreprises, etc. En donnant la parole à ces hommes d’exception, Gilles Perret a réalisé un documentaire historique passionnant sur un sujet méconnu qui mérite largement cette mise en avant. Une œuvre militante, salutaire, généreuse… indispensable. Bibliographie : dossier de presse.

Le Livre de la jungle Lulu femme nue

France 2013 1h30, de Solveig Anspach, avec Karin Viard, Bouli Lanners, Claude Gensac…

Après un entretien d’embauche raté, un peu déboussolée, Lulu quitte tout, son mari et ses trois enfants, et s’octroie quelques jours de solitude et de liberté au bord de l’Atlantique. Elle y rencontrera des personnages tout simples et hors du commun qui vont l’aider à retrouver une ancienne connaissance qu’elle a perdu de vue : elle-même. Auteure de nombreux documentaires (dont Made in USA qui lui avait valu le Prix François Chalais), Solveig Anspach avait déjà travaillé avec Karin Viard dans le magnifique Haut les cœurs ! (99) avant de tourner plusieurs films entre la France et l’Islande : Stormy Weather (03), Back Soon (07) et le très réussi Queen of Montreuil (13). Elle a choisi d’adapter une bande dessinée d’Etienne Davodeau, l’un des plus brillants auteurs de la nouvelle BD, couvert de prix, lui aussi entre les récits documentaires (Les Mauvaises gens, Les Ignorants) et les récits de pure fiction. Ce nouveau film avec Karin Viard, à la fois grave et drôle, frôlant parfois le burlesque même, est l’occasion pour Solveig Anspach de prouver encore qu’elle est une excellente raconteuse d’histoires, une superbe directrice d’acteurs, bref : une excellente cinéaste. ER + COURT MÉTRAGE semaine du 5 au 11 février Tout le monde dit je t’aime France – 2010 – 6’, de Cécile Ducrocq, avec Lola Itenau, Romane Barron.

Minuscule, la vallée des fourmis perdues

– Les CARNETS du STUDIO

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Nymphomaniac Volume 2

France-Belgique-Allemagne-Danemark – 2h04 – de Lars Von Trier, avec Charlotte Gainsbourg, Stellan Skarsgard, Stacy Martin…

INTERDIT AUX MOINS DE 12 ANS – Joe, qui assume sa nymphomanie, continue à raconter sa vie sexuelle, depuis ses débuts jusqu’à la cinquan-

Les fiches paraphées correspondent à des textes dont le rédacteur a vu le film

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taine, n’en laissant aucun pan dans l’ombre, jubilatoire ou morbide. Seconde partie du film de Lars Von Trier, film que le producteur a raccourci d’environ une heure, dont quelques scènes très hot. On notera par ailleurs, que les scènes érotiques ont été doublées par des acteurs du porno. La vision de la première partie laisse les critiques très partagés : nouvelle réussite d’un réalisateur aux œuvres fortes (Breaking the waves, Dogville, Antichrist, Dancer in the dark, Melancholia…) ou bien opus dérangeant, au parfum de scandale, à vous de juger… Sources : dossier de presse.

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Only Lovers Left Alive

Allemagne, Grande-Bretagne, France – 2013 – 2h03, de JimJarmusch, avec Tom Hiddleston, Tilda Swinton, Mia Wasikowska…

Adam, un musicien underground, retrouve Êve, son amante, une femme endurante et énigmatique. Leur histoire d’amour dure depuis plusieurs siècles, mais leur idylle débauchée est bientôt perturbée par l’arrivée de la petite sœur d’Êve, aussi extravagante qu’incontrôlable. Ces deux êtres en marge, sages mais fragiles, peuvent-ils continuer à survivre dans un monde moderne qui s’effondre autour d’eux ? Le nouveau film de Jim Jarmusch promet de nous replonger dans ses atmosphères poétiques, avec une BO qui n’est pas sans rappeler celle de Dead Man (1995). À partir d’un scénario librement inspiré du dernier livre de Mark Twain, La Vie privée d’Adam et Êve, Jarmusch a souhaité livrer un conte métaphorique : « C’est aussi l’histoire de deux êtres en marge d’exception qui […] ont un authentique recul sur l’histoire de l’humanité, de ses plus incroyables réalisations à ses échecs cinglants. ». Une belle promesse ! Sources : dossier de presse.

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Philomena

GB – 2013 – 1h38, de Stephen Frears, avec Steve Coogan, Judi Dench, Sophie Kennedy Clark...

Un journaliste blasé, fraîchement viré de son boulot de directeur de communication dans un ministère, tombe par hasard sur une dame assez âgée qui recherche le fils qu’elle a eu il y a déjà bien longtemps. Il faut dire qu’elle a quelques excuses puisque, cet enfant ayant été conçu hors

mariage, la mère avait été confiée à un couvent, où elle était restée enfermée de nombreuses années... Il y a tout pour en faire un mélo ruisselant d’apitoiement, mais il y a aussi la patte de Stephen Frears (My Beautiful Laundrette, Sammy et Rosie s’envoient en l’air, Prick Up Your Ears, Les Liaisons dangereuses...) qui n’a jamais donné dans la larme ou l’attendrissement. Et il y a aussi l’humour de son scénariste et acteur principal, Steve Coogan. Et puis aussi la toujours admirable Judi Dench, qui pourrait bien ici avoir trouvé LE grand rôle de sa carrière et se faire connaître du grand public pour un autre registre que celui qu’elle a tenu dans maints James Bond... Entre Grande-Bretagne et USA, entre bourgeoisie et toute petite classe moyenne, entre éducation raffinée et romans de gare, Philomena nous ballade dans des mondes très différents, toujours touchants, où le rire côtoie sans cesse la tristesse et où le moqueur peut facilement se retrouver moqué... Stephen Frears est toujours en forme et c’est une excellente nouvelle ! ER

Le Piano Magique Voir pages Jeune Public

Pour ton anniversaire

France Allemagne – 2014 – 1h23, de Denis Dercourt, avec Mark Waschke, Marie Bäumer, Sylvester Groth.

Nous sommes en Allemagne de l’Est au début des années 80. Le jour de ses seize ans, Paul passe un pacte avec son ami Georg, qui doit quitter la ville : il pourra sortir avec sa petite amie Anna, à condition qu’il la lui rende à l’identique quand Georg le souhaitera. Quand ce dernier réapparaît soudain trente ans plus tard, Paul vit heureux avec Anna et leurs deux enfants… Est-il revenu pour reprendre Anna ? Après La Tourneuse de pages et Demain dès l’aube, Denis Dercourt réalise une œuvre à l’ambiance anxiogène avec mensonge destructeur, perversité jubilatoire, vengeance, dénonciation calomnieuse… « Son film, sec, glaçant et visuellement impeccable, règle, sur fond de culpabilité allemande, ses comptes avec un passé où chacun a les mains sales » (Le Nouvel observateur). « Intelligemment écrit et construit, avec une mise Les CARNETS du STUDIO

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en scène sobre Pour ton anniversaire réserve son lot de surprises jusque dans son ultime dénouement ». (Positif)

T

Tante Hilda ! Voir pages Jeune Public

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Un beau dimanche

France – 2013 – 1h35, de Nicole Garcia, avec Louise Bourgoin, Pierre Rochefort, Dominique Sanda, Déborah François…

Baptiste, solitaire, est un jeune instituteur remplaçant dans le sud de la France. Il ne reste jamais plus d’un trimestre dans le même poste. Bien malgré lui, il se retrouve à la veille d’un long week-end avec Mathias, l’un de ses élèves, oublié à la sortie de l’école par son père. Batiste va emmener l’enfant chez sa propre mère, Sandra. Celle-ci, célibataire, travaille pour la saison sur une plage près de Montpellier après pas mal d’aventures. Rapidement, le charme opère entre eux trois… Mais cette rencontre risque de ne pas durer. Sandra a des dettes et veut fuir et Batiste, pour l’aider, va devoir revenir aux origines de sa vie, à ce qu’il y a en lui de plus douloureux… N. Garcia, la réalisatrice d’Un week-end sur deux (1990) et d’Un balcon sur la mer (2010) propose avec son septième long-métrage « un film sensible, lumineux et captivant ». Une œuvre intimiste dotée d’une belle distribution, avec notamment Dominique Sanda, (trop) rare à l’écran. Sources : dossier de presse, avoir-alire.com

Une autre vie

France – 2014 – 1h35, d’Emmanuel Mouret, avec Joey Starr, Virginie Ledoyen, Jasmine Trinca.

Cinéaste des tourments amoureux, Emmanuel Mouret délaisse le ton de la comédie sentimentale de ses précédents films (L’Art d’aimer, Faismoi plaisir) pour nous proposer un pur mélodrame qui enferme un triangle de personnages dans de douloureux dilemmes. Electricien, Jean pose des alarmes dans des demeures du sud de la France. Il y rencontre Aurore, célèbre pianiste. Malgré leurs différences, ils tombent immédiatement amoureux l’un de l’autre et envisagent ensemble une autre vie. Jean veut quitter Dolorès, sa compagne de toujours. Mais celle-ci est prête à tout pour le garder... Aux côtés de Virgi-

nie Ledoyen, l’amante la plus combative du trio, l’ancien membre des NTM poursuit son ascension au cinéma : « Il a une épaisseur à la Ventura. Comme lui, il est arrivé sur le tard dans le cinéma, un peu par hasard. Derrière cette présence, il y a une grande tendresse. C’est ce qui me touche en Joey, cette puissance et cette tendresse à la fois. » confie le réalisateur. + COURT MÉTRAGE semaine du 29 janvier au 4 février Mourir auprès de toi France – 2011 – 6’, Animation, de Simon Cahn, Spike Jonze.

Le Vent se lève Japon – 2013 – 2h06, VO-VF, dessin animé de Hayao Miyazaki

Pour son dernier film, le grand maître des studios Ghibli a abandonné le foisonnement fantastique des ses œuvres précédentes. Pour raconter la vie de Hiro Horikoshi, concepteur talentueux d’un avion célèbre le Mitsubishi A6M1, il a choisi une forme beaucoup plus classique, chronologique (de la vocation de pilote contrariée par une mauvaise vue, le tremblement de terre de 1923, la Grande Dépression et la seconde guerre mondiale où son invention servira la cruauté de l’impérialisme nippon). Dans cette œuvre testamentaire et qui le touchait personnellement (son père et son oncle ont travaillé avec Horikoshi), le public, enthousiaste au Japon et au Festival de Venise, a retrouvé sa virtuosité inégalable dans l’animation des scènes de vol et des paysages, son pacifisme et de son amour de la nature. Ponctué de citations de Paul Valéry en français (« Le vent se lève, il faut tenter de vivre ! »), contre les faucons qui renaissent au Japon, il a voulu décrire un homme dont les rêves humanistes ont été brisés sur l’autel de la guerre et du réalisme économique. Une dernière œuvre à ne pas manquer ! Sources : Lemonde.fr – telerama.fr

Voir pages Jeune Public

Viva la liberta

Italie – 2013 – 1h34, de Roberto Ando, avec Toni Servilio, Valerio Mastandrea, Valeria Bruni-Tedeschi…

Leader en perte de vitesse dans son parti d’opposition de centre gauche, Enrico Oliveri, usé, désabusé, saisi tout à coup d’une grande lassi-

Film proposé à partir de 10 ans, les parents restant juges.

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tude, disparaît. Affolés, ses plus proches collaborateurs cherchent une solution pour cacher cette défection et trouvent Giovanni, frère jumeau d’Enrico, inconnu du public et son parfait sosie, sauf que celui-ci sort à peine d’un hôpital psychiatrique. La substitution est-elle possible ? Le point de départ rappelle celui de Habemus papam de Nanni Moretti, mais, très vite s’en éloigne. Le film mélange avec bonheur comédie, sentiments et politique, grâce en particulier à un Toni Servilio en grande forme, qui montre, avec cependant une grande économie de moyens, toute l’étendue de son registre d’acteur. Le thème classique du double recouvre ici, au-delà des destins individuels, une réflexion assez intrigante sur l’essence même de la politique, et pas seulement italienne... AW

Y

Yves Saint Laurent

2013 – 1h40 – de Jalil Lespert, avec Pierre Niney, Guillaume Gallienne, Laura Smet…

1957 à Paris, un timide jeune homme de 21 ans, s’apprête à succéder au maître Christian Dior,

récemment décédé, à la direction de la prestigieuse maison de couture. C’est le début de l’irrésistible parcours d’Yves Saint Laurent, créateur de génie, qui a intéressé Jalil Lespert : les années Dior, la création de la griffe Saint-Laurent, mais surtout, intimement et fondamentalement lié à ce cheminement, l’histoire d’amour, fou, avec Pierre Bergé, quand les doutes, les questionnements existentiels n’étaient pas encore annihilants. Quand tout était à inventer. Soutenu par Pierre Bergé, le réalisateur a eu accès à toutes les archives et œuvres nécessaires à son projet. D’une très grande élégance, remarquablement fluide, Yves St-Laurent n’essaie pas de nous donner accès à ce que serait l’origine de l’inspiration du créateur de mode, mais s’attache bien plus à explorer divers aspects (pas toujours très glorieux) de son ascension sociale et de sa vie personnelle. Les deux acteurs sont tout bonnement stupéfiants (avec, si c’est possible ici, une mention toute spéciale pour l’extraordinaire Pierre Niney !) ER

Le Temps s’est arrêté lundi 3 février -19h30 Au nom du peuple italien

de Ermanno Olmi (1959) Italie NB 1h23

premier long métrage du réalisateur, précédés de courts métrages.

de Dino Risi (1971) Italie Couleurs 1h43, avec Ugo Tognazzi, Vittorio Gassman.

DANS LE CADRE DU FESTIVAL DÉSIR, DÉSIRS

JOURNÉES DU CINÉMA ITALIEN du 5 au 10 février Cinq journées consacrées au cinéma italien, proposées par la Cinémathèque, les associations la Dante Alighieri et Henri Langlois, l’Université François Rabelais, avec Ciné Off et les cinémas Studio.

SOIRÉE DE CLÔTURE lundi 10 février CARTE BLANCHE À LA CINÉMATHÈQUE DE BOLOGNE en présence de son Directeur Gian Luca Farinelli :

lundi 17 février -19h30 La Vie criminelle d’Archibal de la Cruz de Luis Buñuel (1955) Mexique Noir et Blanc 1h30, avec Ernesto Alonso, Miroslava Stern.

lundi 24 février -19h30 Casque d’or

de Jacques Becker (1951) France Noir et Blanc 1h36, avec Simone Signoret, Serge Reggiani, Claude Dauphin.

Soirée présentée par Valérie Vignaux, professeur de cinéma à l'Université François-Rabelais.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque-tours.fr

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FILM DU MOIS

Ida Pologne – 2014 – 1h20, de Pawel Pawlikowski, avec Agata Trzebuchowska, Agata Kulesza…

N

ous sommes en 1962, en Pologne, Ida est une orpheline qui n’est jamais sortie du couvent où elle a été élevée. Quelques jours avant qu’elle ne prononce ses vœux, la mère supérieure la convainc d’aller rencontrer pour la première fois sa tante, une juge à la retraite, le dernier membre de sa famille encore en vie. Tout sépare les deux femmes : Wanda est une femme libre, athée, qui aime fumer, boire et s’amuser. Dès qu’elles se voient, Wanda révèle à sa nièce un secret qu’elle ignorait en l’appelant ironiquement la nonne juive. Elle apprend à Ida que ses parents étaient juifs et qu’ils ont disparu pendant la guerre sous l’occupation nazie. Elle lui propose de l’emmener sur les traces de son passé en visitant avec elle le village où ils habitaient… Paul Pawlikowski est un cinéaste d’origine polonaise mais il a quitté son pays natal à l’âge de 14 ans. Installé en Grande Bretagne, il a déjà réalisé The Stringer (98), Last Resort (00), Transit Palace (01) et La Femme du cinquième (11). C’est la première fois qu’il retourne en Pologne et il a essayé de retrouver avec Ida l’atmosphère de son enfance en filmant la Pologne communiste des années soixante. Ida est un film magnifique, couvert de prix à travers le monde (festivals polonais de Gnyda et de Varsovie, de Toronto, de Gijon, de Londres et dernièrement du festival européen des Arcs où il a reçu la Flèche de cristal et le double Prix d’interprétation). C’est d’abord

une formidable réussite visuelle : avec son chef opérateur, ils ont choisi de communiquer et de construire les personnages à travers les images plutôt qu’à travers les dialogues, parcimonieux. Chaque plan, fixe et en noir et blanc, est extraordinaire (le film a reçu le Golden frog dédié aux directeurs de la photographie). Quête d’une vérité enfouie, Ida est également un film bouleversant porté par un duo d’actrices passionnantes dont Agata Trzebuchowswska, rencontrée par hasard et qui ne veut pas devenir actrice, malgré l’aura qu’elle dégage à l’écran. « J’avais une vision très nette : du noir et blanc, de longues prises avec une caméra fixe, des cadrages très larges et des personnages situés en périphérie. Et cela a marché. Le film en lui-même nous a imposé ce modèle et il n’était pas possible de tourner autrement. Avec le chef opérateur Lukasz Zal, nous avons dialogué de façon très intense. Un tournage est comme une danse du réalisateur avec les autres. Quand on a un bon partenaire, une bonne équipe de collaborateurs, on obtient un résultat de bonne qualité. Cela a été le cas avec deux actrices principales, mais également avec les acteurs Adam Ogrodnik et Adam Szyszkowski. J’ai choisi de très bons acteurs, et des personnages très forts. J’ai eu de la chance. » Formellement parfaitement maîtrisé, Ida est un bijou dérangeant à ne pas manquer. DP

LES CARNETS DU STUDIO – n° 320 février 2014 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0214 G 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


,

Le Vent se leve Japon – 2013 – 2h06, film d’animation de Hayao Miyazaki.

VO

Voir page 14.

Tout public à partir de 10 ans

France – 2014 – 1h29, film d’animation de T. Szabo et H. Giraud.

2D Tout public à partir de 6 ans

Une guerre sans merci se déclare entre deux bandes de fourmis. Une coccinelle, amie d’une fourmi noire, va l’aider à sauver son peuple des terribles fourmis rouges…

En promenade

Divers pays – 2004 à 2009 – 36 mn, programme de courts métrages d’animation.

Programme sélectionné pour le nouveau dispositif Maternelle au cinéma 37.

VF

À partir de 3 ans

Six courts métrages pleins de tendresse, de rires, de couleurs et de surprises ! Tout public à partir de 7 ans

France – 2013 – 1h38, de Nicolas Vanier, avec Félix Bossuet, Tchéky Karyo…

La rencontre entre un enfant solitaire et un chien sauvage sur fond de seconde guerre mondiale… Une nouvelle version très réussie de la série de 1965.

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Les Contes de la ferme

À partir de 3 ans

sans paroles

République tchèque – 1971 à 1974 – 38 mn, cinq courts métrages d’animation en feutrine découpée de Hermina Tyrlova.

Hermina Tyrlova, grande figure de l’animation tchèque, nous offre ici cinq petites histoires d’animaux dans un univers joyeux, plein de douceur, encourageant l’entraide et l’amitié. Mercredi 5 après la séance de 16h, les enfants pourront eux aussi créer leurs personnages en collages de tissus.

Tout public à partir de 8 ans

France – 2014 – 1h25, film d’animation de Jacques-Rémy Girerd, Benoît Chieux, avec les voix de Josiane Balasko, Sabine Azéma, François Morel…

Tante Hilda, passionnée de botanique, se trouve confrontée à la création par des industriels d’une céréale miracle sensée mettre un terme à la faim dans le monde…

Le Livre de la jungle Voir page 8. * Programme complet à l’accueil des Studio et sur les différents sites. Divers pays – 2014 – 45 mn, courts métrages d’animation de Martin Clapp...

Tout public à partir de 5 ans sans paroles

Le Piano magique

Deux enfants trouvent un vieux piano. Il se transforme, comme par enchantement, en un engin volant magique qui leur fait survoler l’Europe…

Trois histoires accompagnées magnifiquement par Chopin et Beethoven. Les CARNETS du STUDIO

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En bref…

Ici… ` MORTELLE RANDONNÉE Il semblerait qu’être allé tourner aux Etats-Unis son Jimmy P., ait donné à Arnaud Desplechin, des envies d’aborder son métier autrement : en laissant passer moins de temps entre deux films et en allant explorer des territoires où on ne l’attend pas forcément. On sait donc qu’il travaille déjà sur un projet autour de l’affaire « Rey-Maupin », et plus particulièrement autour de la figure énigmatique de la jeune femme, Florence Rey, condamnée à vingt ans de réclusion suite à la fusillade qui, en 1994, provoqua la mort de cinq personnes dont celle de son compagnon, et en blessera six autres. Le réalisateur d’Un conte de Noël n’est pas le seul à s’intéresser à cette équipée sanglante : en effet, si le projet de Thomas Gilou semble définitivement abandonné, celui d’Eric Raynaud (scénariste de L’Affaire Farewell) est toujours d’actualité. On parle de Christa Theret dans le rôle de Florence Rey. ` 100 % LEMERCIER ? À peine son 100 % cachemire sorti, Valérie Lemercier est déjà en préparation de son prochain film : Nini dans les grands magasins. Pour cette cinquième réalisation, elle a choisi de s’exprimer par… l’animation. Avec Brigitte Buc, sa co-scénariste de Palais Royal, elle a écrit l’histoire d’une petite provinciale de neuf ans qui se retrouve enfermée, comme le titre l’indique, dans un grand magasin, à Paris. Cette comédie musicale sera fabriquée à Angoulême, par le studio Prima Linea, où ont déjà été réalisés Zarafa et plus récemment, Loulou, l’incroyable secret. Ce que l’on ignore, c’est si Valérie Lemercier mettra effectivement en œuvre, pour ce projet, ses talents de dessinatrice !

Et ailleurs… ` LE GRAND SOT

On l’avait laissé dans l’espace, dérivant inéluctablement en direction d’un trou noir, cherchant encore, par tous les moyens à sa disposition, même l’humour, de maintenir sa coéquipière en vie : du Clooney 100%, ce Kowalski de Gravity ! Il nous donne maintenant rendez-vous chez les frères Coen, là où il a ses habitudes. Hail Caesar devrait clore la trilogie des idiots déjà constituée de O Brother et de Intolérable Cruauté ! Curieux que le crétin d’anthologie de Burn after reading ne soit pas pris en considération dans ce décompte, car non seulement, il est loin de démériter, alors qu’il pourrait même figurer sur la plus haute marche du podium !

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Les Coen définissent ainsi les thématiques qu’ils aborderont dans ce film : « l’industrie cinématographique, la vie, la religion, la foi… la foi en l’industrie du cinéma . » Tout un programme donc ! Et si l’on ajoute que le sémillant George interprétera une vedette des années 20, prête à tout pour jouer dans un péplum, des perspectives follement prometteuses s’offrent à notre imaginaire ! On s’en délecte déjà. ` DEVOIR DE MÉMOIRE

Après Le Congrès, Ari Folman, comme il l’avait fait avec Valse avec Bachir, revient à l’animation pour traiter un sujet difficile. Cette fois, il travaillera sur le Journal d’Anne Frank, témoignage puissant et bouleversant sur la Shoah. Le réalisateur a eu accès à l’ensemble des archives du Fonds Anne Frank. ` LES HÉROS AUSSI ONT COMMENCÉ PETITS

Robert Pattinson, surtout connu pour sa prestation dans la série des Twilight, enchaîne les projets multiples et variés ! On pourra le voir dans The Childhood of a Leader de Brady Corbet. En compagnie de Tim Roth et Juliette Binoche, il s’appliquera à faire revivre la jeunesse d’une personnalité politique de la Première Guerre mondiale (on ignore pourquoi le nom de cette dernière n’est pour l’instant pas divulgué). Il enchaînera ensuite avec Queen of the Desert de Werner Herzog, où il tentera de faire oublier Peter O’Toole dans le rôle de Lawrence d’Arabie. Puis il participera à Lost City of Z de James Gray et enfin, à un « biopic » sur James Dean, Life, dans lequel il interprétera un photographe. ` TARANTINO ENCHAÎNÉ AU WESTERN

Après Django Unchained et son adaptation en bande dessinée, Quentin Tarantino confirme qu’il est devenu accro au western. En effet, son prochain projet ne sera pas un troisième volet de Kill Bill, mais de nouvelles aventures dans l’Ouest, le vrai ! « Je me suis tellement amusé en tournant Django, et j’aime tellement les westerns, qu’après avoir appris à en faire un, je me suis dit : « allez ! fais-en un autre maintenant que tu sais ce que tu fais ! » ` LA VIE DE BRIAN

Si Brian Epstein n’est pas à l’origine des Beatles, il est celui qui, après sa découverte du groupe, dans un club de Liverpool en 1961, en fit un groupe de légende. C’est à la trajectoire fulgurante, (dont la mort, en 1967, à 33 ans, laissa le groupe désemparé) de ce manager de légende, considéré comme le cinquième Beatle, que Peyton Reed (Yes Man) consacrera son film The Fifth Beatle. IG

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Bande annonce

Retraites : la dernière réforme ?

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e salarié, après une vie de travail passée à trimer, subordonné à un employeur, peut-il conserver ce droit à la liberté acquise ? Car NON, le travail ne rend pas libre (Arbeit macht frei… ?) NON, le travail ce n’est pas la santé. L’espérance de vivre en bonne santé n’augmente pas et stagne. Le financement de nos retraites, ce n’est pas seulement le problème des seniors, c’est plus globalement tout le système de notre protection sociale qui est remis en cause, celui issu du Conseil national de la Résistance et des principes posés à la fin de la deuxième guerre mondiale : ce système fut appelé « par répartition » pour signifier ce lien entre activité productive et distribution de revenus aux ayants droit. Il a permis ainsi pendant plus de quarante ans d’accompagner l’augmentation des besoins due à la prise en charge progressive de toutes les catégories d’anciens travailleurs. Mais les politiques néolibérales menées

depuis les années 1970 et surtout la crise survenue en 2008 ont conduit à remettre en cause tous les systèmes de retraites collectives. Et cela au nom d’une prétendue impossibilité d’accompagner le vieillissement démographique : partout en Europe, des contre-réformes sont menées, consistant à allonger la durée du travail sur l’ensemble de la vie (69 ans en Grande-Bretagne), reculer l’âge de départ à la retraite et, au final, diminuer le montant des pensions (en Allemagne par exemple). Ainsi, elles entendent perpétuer un partage inégal des revenus en refusant de voir croître la part de la richesse qui est socialisée. De la sorte, la voie est préparée pour alimenter les systèmes par capitalisation dont le développement est attendu par les marchés financiers. Pourtant, une protection sociale de haut niveau est possible à la condition de réduire les inégalités. Attac et Convergence 37

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT…

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Tel père, tel fils ? L

e réalisateur japonais Kore-Eda interroge encore et toujours les liens familiaux et sa propre histoire, en témoignaient déjà After life, Nobody knows et Still walking. Confronté à la mort de son père il y a dix ans et à la naissance d’un enfant, il y a cinq ans, il nous invite à réfléchir à la paternité et peut-être à en infléchir le sens. Dans un premier temps, on assiste longuement à l’éducation rigide d’un petit garçon, Keita. Dans un appartement à l’ordre strict, il répète tous les jours ses leçons de piano, instrument pour lequel il n’est pas doué, sous la férule étonnée d’un père, Ryoata, qui ne comprend pas son peu d’appétence pour le combat et la réussite. Certes, ils ne se ressemblent pas, le père incarne à la perfection les valeurs d’un Japon où l’ascension sociale par le travail est la clé de voûte de la société… au détriment de la vie familiale et de l’expression des affects. Vie bourgeoise à l’architecture impeccable, comme les immeubles conçus par le chef de famille. L’enfant est aimant et docile, la mère, Midori, toute en douceur et tolérance. Mais tout s’écroule, lorsque la maternité appelle pour expliquer la substitution d’enfants à la naissance, six ans auparavant, confirmée rapidement par des tests ADN. Les certitudes de deux familles radicalement différentes sont alors ravagées.

Apparaît l’autre famille, modeste et chaleureuse. Le film pourrait alors basculer dans la caricature sociale drolatique, comme dans La Vie est un long fleuve tranquille de Chatiliez. Ce n’est pas le cas, l’analyse des tourments des deux familles, toute en délicatesse, évoque celle du cinéaste

À propos de Tel père, tel fils

Ozu, ainsi que la perfection de la construction du film. Après un premier mouvement de révolte, de tentative de culpabilisation de sa femme, ou de manipulation financière de la famille adverse, Ryoata, (remarquablement joué par Masaharu Fu-kuyama, comédien-chanteur-photographe), entame un lent processus de maturation. Il interroge sa propre vie, sa relation avec un père brutal auprès duquel il cherche des réponses. Qu’est-ce que la paternité ? la transmission patiente de valeurs à travers l’éducation, ou bien le repérage narcissique des gènes identiques ? tel père, tel fils, n’est-ce pas déjà un piège ? Après quelques rencontres plus ou moins faciles entre les deux familles, une première solution est envisagée : on échange à nouveau ces enfants de six ans. Le film est alors dédié à ces deux petits garçons qui tentent de s’adapter à ce bouleversement imposé par les adultes, en questionnant, souffrant, s’enfuyant… Ce sont eux qui détiennent la vérité, déjà entrevue par les mères désemparées : enfant, on aime ceux avec qui on vit, sans aucun jugement et sans projection. Et c’est ce que découvre Ryoata lorsqu’il voit les photos de lui endormi, prises par Keita. Cet enfant le libère de ses préjugés de classe et de ses idées toutes faites, il le rend humain et sensible. Œuvre ciselée, Tel père, tel fils n’offre pas de choix, pas de dénouement, c’est une maïeutique, un accouchement de l’âme. Questionnement en suspens pour le réalisateur Kore-Eda, répondant à un interview : « je vais sans doute continuer à aborder la paternité dans mes prochains films, jusqu’à ce que j’en comprenne les raisons profondes… » CP Les CARNETS du STUDIO

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Courts lettrages Les rédacteurs ont vu : GRAVITY de Alfonso Cuarón

Gravity ne s’inscrira peut-être pas durablement dans les mémoires cinéphiliques. Néanmoins, l’espace intersidéral de Alfonso Cuaron fascine et conquiert. La violence des évènements contraste avec l’ambiance sonore qui envoûte et berce. Et, curieusement, des mots viennent plus tard à l’esprit, face à cette dimension de l’Humanité évoquée : Le poète a toujours raison Qui voit plus haut que l’horizon Et le futur est son royaume Face à notre génération Je déclare avec Aragon La femme est l’avenir de l’homme. Ainsi chantait Ferrat… RS Elle dérive. À mesure que les débris d’un défunt satellite lui foncent droit dessus (bien entendu toujours au moment opportun), elle dérive. Jusqu’au point d’arrivée final, dont on augurait la nature dès les premières minutes… Gravity est avant tout une expérience immersive, à la manière d’une attraction futuriste. La

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bande sonore très travaillée et les images à couper le souffle (agrémentées de 3D) nous plongent directement dans ce vide noir et flasque que pourrait être l’espace. Mais pour la dimension cinématographique, alliance savante de scénario et de mise en scène, nous repasserons. MR Une magnifique réussite technique pour un incroyable voyage intersidéral aux sensations fortes. On flotte tellement loin dans l’espace que même les lunettes 3D ne font plus mal au nez. JF On se demande d’abord pourquoi ce film tient si mal debout et très vite on se souvient que tout se passe en état d’apesanteur... ER Le jeu des sept différences : Vénus à la fourrure/Gravity : deux films avec seulement deux acteurs) cherchez les différences, cherchez l’erreur... ER


Même si le tête à tête dans les étoiles, avec « qui vous savez » fut de courte durée et donc frustrant, pas de quoi bouder ses émotions pour autant : appréhension (justifiée) de voir le cordon ombilical se détacher, crispations multiples pour tenter de s’arrimer, tremblements de peur, de froid, transpiration excessive provoquée par l’angoisse… Si dans l’espace, personne ne vous entend crier, c’est moins vrai dans une salle de ciné : mes excuses à mon voisin de fauteuil. IG En apesanteur, le film fait planer son spectateur et la 3D se révèle un idéal effet spacial. Mais quand il cherche un peu de gravité, le scénario s’empêtre dans un alliage mysticopsychoformé assez plombant (d’où la rechute sur la terre ferme ?) DP

Le film est impressionnant, superbe, parfois inoubliable par ses images (à voir absolument en 3D) mais déçoit par la naïveté, pour ne pas dire la pauvreté de son scénario, qui se contente paresseusement d’accumuler les catastrophes, un peu à la façon du chansonnier Ouvrard : les radars qui se barrent, des moteurs qui font peur, la cabine qui se débine, plein de choses qui explosent, le satellite qui se délite. What else ? Justement George Clooney lui-même, en bon génie narquois au grand cœur, incarnation des plus hautes vertus hollywoodiennes de bonté, de courage et de sacrifice. Comment un film aussi beau peut-il être aussi bête ? AW

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Interférences Gravity/Snowpiercer

De quoi la science-fiction est-elle le nom ?

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ui dit science-fiction dit, dans la plupart des cas, esthétique imaginative et promesse de dépaysement spatio-temporel. Snowpiercer comme Gravity remplissent le contrat en offrant des images fortes, parfois impressionnantes. C’est bien le moins d’ailleurs qu’on puisse attendre de deux blockbusters faits pour ça. Mais ce serait se priver d’un plaisir plus subtil que de ne pas chercher à lire ce qui sous-tend ces débauches d’images intenses qui vous clouent parfois sur votre fauteuil.

Ainsi Gravity. Il faut voir ce film en 3D : une heure et demie d’expérience sensorielle spectaculaire. Jamais le spectateur n’a eu une sensation physique aussi vertigineuse de l’espace, de la profondeur, du mouvement. Le spectacle est fascinant et c’est à peine si, dans cette première phase de découverte du film, on est un peu gêné par une musique lourdement redondante, tantôt pompière et tonitruante, tantôt sirupeuse, voire gluante. Rien de tel dans Snowpiercer. Le cadre de l’action est au contraire fermé, sombre, oppressant. Seules les échappées vers les paysages extérieurs apportent lumière, clarté et, surtout, une beauté formelle parfois époustouflante. Sur le plan esthétique rien de comparable, sauf par moments, avec Gravity.

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Le premier quart du film d’Alfonso Cuaron risque bien d’ailleurs à cet égard de devenir une séquence emblématique du genre. C’est après que ça se gâte, avec un scénario à tiroirs de plus en plus mélodramatique et naïf qui va révéler enfin le véritable sujet du film : comment une jeune Américaine dépressive, accablée de problèmes personnels lacrymogènes, voit fondre sur elle une cascade soigneusement graduée de catastrophes épouvantables et, grâce à un regain miraculeux d’énergie, va trouver le chemin de la rédemption et de la reconquête : une vraie reborn. Leçon n°1 : Dieu est avec l’Amérique. Quand on a la foi, tout peut être sauvé, avec de la volonté, l’aide de Dieu et des notices d’emploi : chaque fois qu’elle arrive dans un module elle, qui se dit nulle en navigation, en trouve très opportunément avec de gros schémas pour mal-voyants et mal-comprenants pas plus compliqués, voire moins, que pour des aspirateurs ou des réveillematin. Et quand malgré tout elle ne sait sur lequel des centaines de boutons appuyer elle fait am stram gram et ça marche ! Good grief , quand on veut on peut ! On a déjà vu cela mille fois dans toutes sortes de films étatsuniens mais là, en plus, on apprend que les Russes et les


Chinois sont vraiment des gros nuls : non seulement c’est la maladresse des Russes qui est responsable de tous ces désastres, mais ni eux ni les Chinois n’ont été capables de montrer les mêmes vertus de courage et d’héroïsme puisqu’ils sont tous morts ! Ryan (l’héroïne) est à cet égard un personnage on ne peut plus édifiant, même si cela doit donner à son aventure quelques aspects involontairement comiques, d’abord dans la cataclysmique accumulation des épreuves. Ne manque que l’inondation ! Dans l’espace pas d’eau, donc de ce côté-là au moins… Caramba, encore raté ! À la fin, la capsule tombe dans un étang et la pauvre Ryan a toutes les peines du monde à s’en extirper. Mais une véritable héroïne, digne des glorieux pionniers et des pères fondateurs de la nation, rien ne peut l’abattre ! De toutes façons, et c’est la leçon n°2, l’Amérique est invincible. Ryan aurait dû immanquablement mourir au bout de trois quarts d’heure maximum, ce qui aurait été bien sûr un peu gênant pour la suite du scénario. Mais lorsqu’elle se retrouve, à la fin des fins, dans cet étang, opportunément placé là par la production, tout près d’un rivage accueillant, et que la pauvre s’en sort avec un brushing impeccable, sans bleu ni égratignure, avec, en plus, une exquise pudeur : son tee-shirt n’est même pas mouillé (ce qui est quand même dommage en 3D), elle montre qu’elle est, dans tous les sens du terme, insubmersible.

Tout se termine en apothéose. Notre héroïne se redresse lentement et on la voit en contre-plongée, le regard tourné vers le ciel, ayant surmonté tous ses problèmes personnels lacrymogènes, conquérante, triomphante. Clairons… Fanfare… God bless America. En un mot la splendeur formelle cache une idéologie vulgaire. À l’opposé, Snowpiercer se révèle beaucoup plus intéressant. Le film commence là où s’arrête le Metropolis de Fritz Lang : une société très fortement clivée, où la classe dominante exploite, dans des conditions scandaleuses, un prolétariat grouillant comme de la vermine. Jusque-là rien de bien neuf. Les bons et les méchants sont clairement identifiés, l’action et le dénouement sont prévisibles. Sauf que le propos de Bong Joon Ho est un peu plus ambitieux : toutes les révoltes, toutes les tentatives de renverser cet ordre social parfaitement inique sont en réalité voulues et organisées par les dirigeants à des fins politiques et démographiques. Ce n’est pas le scoop du siècle mais tout de même ce n’est pas mal pour un blockbuster. Cela nous évite au moins le sempiternel happy end, même si le dénouement reste un peu ambigu. On le voit bien : la science-fiction est toujours le nom d’une vision, voire d’une idéologie, du présent. C’est l’ambition du metteur en scène ou des producteurs qui fait la différence. AW

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À propos À propos de La Ilewin Vie d’Adèle Inside Davis

Perdant magnifique V

raiment, il n’a pas de bol Llewyn Davis, il va d’échec en échec et rate à peu près tout. Travail et sentiments, même combat, c’est la cata. Il n’est pourtant pas méchant, pas odieux, pas particulièrement sympathique non plus. Il n’est pas sans atouts, plutôt bien mis de sa personne c’est un auteur/compositeur/interprète de talent. Alors qu’a-t-il de moins que les autres ? Moins de chance ? Trop modeste ? La poisse (comme tant d’autres héros des frères Coen) ? Simplement banal ? En tous cas, dépassé par les événements, il ne sait pas saisir les opportunités, il n’initie rien. Il subit plus qu’il n’agit. Inside Llewyn Davis est une expérience surprenante, une odyssée intérieure, comme son titre l’indique, qui nous invite à entrer dans la peau de ce personnage, pour voir, ressentir par ses yeux. On se retrouve ainsi brinquebalé d’appartement en appartement, de canapé en canapé,

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toujours valise et guitare à la main. On est amené à suivre un chat (le bien nommé Ulysse qui est aussi fil d’Ariane), et embarqué à travers les États-Unis en voiture. On nage dans une ambiance parfois sur-réelle (la virée en automobile déjà citée), on est oppressé, même si les beaux moments musicaux permettent, temporairement, de souffler. Joël et Ethan Coen transmettent à la perfection l’état quasi-comateux de leur personnage. Car Llewyn est en deuil, il formait un duo et son partenaire s’est suicidé. On ressent le poids sur les épaules, la fatigue, le manque de sommeil, la boule qui alourdit le ventre, la déprime qui rôde. Llewyn est seul, sans argent, sans logement, sans travail. La musique ne veut pas de lui (il n’arrive pas à percer), et son ancien métier (la marine marchande) n’en veut pas non plus. Sur terre ou sur mer, Llewyn n’a pas de place. L’atmosphère est hivernale, les couleurs


atones (ce qui n’empêche pas l’image d’être superbe), le vent, le froid nous envahissent, Inside Llewyn Davis est un film sensoriel. Clairement daté, mais intemporel par le choix de la musique folk (comme il l’est d’ailleurs expliqué) et des costumes (la tenue de Llewyn pourrait très bien passer inaperçue de nos jours). Et la forme est somptueuse. Trois actes : New-York/Chicago/New-York. Une première et une dernière scènes quasi-identiques avec, en son centre, une échappée fantastique en voiture de New-York à Chicago. Un voyage qui oscille entre rêve et cauchemar en compagnie d’un chauffeur taciturne et d’un passager volumineux, étrange, effrayant. On retrouve dans cette partie, le goût du bizarre, parfois de l’outrance, des réalisateurs, mais, ici, dans un registre contenu. On est dans la veine discrète, plus intime et secrète de leur œuvre, celle de A Serious Man (dont Larry, le héros, a plus d’un point commun avec Llewyn). Inside Llewyn Davis

est un beau film grave, un des plus émouvant de leurs auteurs. Contrairement aux cinéastes, ses créateurs, Llewyn ne connaîtra pas la gloire. Le film est clair, il ne deviendra jamais un Bob Dylan. À la fin, il est sans doute sorti de son trou noir, mais il n’a toujours pas plus de chance (il se fait à nouveau frapper). Et alors ? Cela ne l’empêchera sans doute pas de continuer à pratiquer son art, son métier, avec talent, en très bon artisan. Sans grade mais avec le pouvoir de donner aux personnes qui l’écoutent, du plaisir, de l’apaisement, des émotions qu’il n’oublieront pas. La lumière revenue, encore dans son fauteuil, on ressent exactement la même chose, mais contrairement à ces chanceux spectateurs, il nous est difficile d’applaudir. Dans une salle de cinéma cela ne se fait pas, dommage, j’aurais bien aimé me le permettre et dire, « Merci monsieur Davis ». JF

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Rencontre

Rencontre avec Karin Viard & Solveig Anspach vendredi 6 décembre 2013 Cette soirée commença un peu comme une farce : l’actrice et la réalisatrice devaient arriver dans l’après-midi, rencontrer la presse puis le public tourangeau… mais, comme dans un film, il y eut une alerte à la bombe, le train prit 1h30 du retard et Karin Viard ne vint à Tours que pour ces dix minutes où elle eut le temps de parler du travail avec Solveig Anspach, depuis Haut les cœurs (il y a déjà 14 ans) jusqu’à Lulu femme nue, de leur complicité fondée sans doute sur leur désir « d’être sincères ». Mais déjà, il était temps pour elle de repartir… en espérant revenir aux Studio plus longtemps : ce que nous espérons tous !

Karin et Solveig, femmes nues ?

A

Solveig Anspach aux Studio © Nicole Joulin

près la projection, Solveig Anspach nous a raconté la genèse du film : une productrice lui a proposé d’adapter la BD d’Étienne Davodeau (qu’elle n’avait pas lue) avec Karin Viard et Bouli Lanners. Après l’avoir fait lire à son co-scénariste et à Karin Viard, tous deux partants, elle nous raconte

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avec beaucoup d’humour la réunion chez Gallimard (comme le grand oral d’entrée à la Femis) et comment elle a convaincu les éditeurs et l’auteur en leur promettant des écharpes pour le festival d’Angoulême où il fait froid (d’origine islandaise, elle sait tricoter des écharpes très chaudes et pour un scénario, il faut tricoter des séquences…) et en proposant une adaptation assez peu littérale (Davodeau lui a dit qu’il n’avait « pas besoin d’une photocopie » et qu’il était excité par les changements qu’elle proposait). « Je ne voulais surtout pas le décevoir parce que c’est son bébé, sa première adaptation. Dans la BD, quand elle marche, on entend en voix off, les commentaires des voisins, de la famille. J’ai tout de suite dit à Étienne qu’il n’y en aurait pas. Pour être en empathie, il faut être avec Lulu. » Elle a choisi de tourner à Saint-GillesCroix-de-Vie parce que c’était là qu’il avait pris les photos qui ont servi pour ses dessins. « L’idée, c’était de filmer cet endroit hors saison, avec cette architecture ez année 80, avec peu de monde et qui reflète


Karin Viard aux Studio © Nicole Joulin

l’intériorité de Lulu ; elle est un peu flottante, elle n’est pas en vacances… » « Pour moi, c’est important que tout ne soit pas dit car en tant que spectatrice ( je vais beaucoup au cinéma). Je trouve important qu’il y ait du hors champ, que tout ne soit pas expliqué, que le spectateur puisse être actif, créateur aussi : on peut inventer ce qu’il y a dans les trous, ce qui n’est pas dit. Sinon, on devient très passif. C’est quelque chose qu’on a beaucoup travaillé avec ma monteuse que je connais depuis très longtemps. On a eu du mal à trouver le film au montage. Il y avait des scènes que je n’aimais pas mais que je pensais importantes pour le récit. Un jour, nous avons décidé de les mettre toutes à la poubelle et de voir ce qui se passait. Il faut faire le deuil de ce qu’on a tourné, du mal qu’on s’est donné. C’est vraiment là que le film est né : au montage. J’aime ces trois mois seules loin du maelström du tournage. » « Sur le plateau, les acteurs sont comme des acrobates. Ils ont une minute pour faire la prise : c’est vertigineux. Mon boulot, c’est de pouvoir les rattraper. Ce que j’ai envie, c’est la part documentaire de l’acteur, sa part de sincérité, pas du Karin Viard mais du Lulu. Je ne montre jamais rien à l’acteur. On lit. Il joue. Je le regarde. Pour affiner, presque tout le temps, il faut souvent descendre, en faire moins. Moi, je dois être comme pour un documentaire, totalement ouverte… J’en ai tourné pendant 10 ans et j’ai adoré ça. Pendant la FEMIS, je devais travailler pour payer mes études, j’ai écrit sur les femmes en prison puis je les ai filmées. » « Nous avons tourné avec un budget de 500 000 €. Pour un film, c’est très très peu. Canal + s’est retiré de nombreux films d’auteur pour aller vers de plus gros budgets. Il a fallu faire des économies. On a tourné en 30 jours, ce qui est expéditif, notamment lorsque l’on tourne avec une actrice octogé-

naire (Claude Gensac) qui va, et c’est normal, au ralenti. Il faudrait avoir le luxe de pouvoir tourner par demi-journée comme avec les enfants… J’ai pu prendre tous les acteurs dont j’avais vraiment envie. Aucun ne m’a dit non. Parfois le financement ne se fait pas car les acteurs ne sont pas assez connus. Grâce à Karin et Bouli, c’était bon ! Tout le travail qu’on fait sert un jour : les personnages des films qu’on ne fait pas réapparaissent dans d’autres films ». Solveig Anspach a pas moins de trois films en projet : la suite de Queen of Montreuil, une adaptation d’un roman noir de Fredric Brown et une histoire d’amour sexuelle entre une femme de 79 ans et un homme de 45 ans (une histoire vécue par la mère de la réalisatrice). Une chance, sans doute, de recroiser la route de cette réalisatrice drôle et enthousiaste : elle dit que pour elle « s’amuser est quelque chose d’assez crucial : rire, bien manger, être avec les amis qu’on aime, prendre du plaisir ! » On ne peut qu’être en accord avec elle ! DP

Retrouvez des vidéos de la rencontre sur le site des Studio : rubrique : Ça s’est passé aux Studio. Les CARNETS du STUDIO

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Rencontre avec Lam Lê

Devoir de memoire

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n 1939, la France effectuait un enrôlement massif des jeunes hommes dans ses colonies indochinoises, pour remplacer la main d’œuvre ouvrière envoyée au front : chaque famille devait envoyer au moins un fils à la guerre. En cas de refus, le père était condamné à la prison. Embarqués sur un cargo qui devait les mener en France, environ 20 000 jeunes hommes se retrouvèrent enfermés dans les soutes, avec interdiction d’aller sur le pont pour pendre l’air. Beaucoup souffrirent du mal de mer. Des vaches, embarquées également, avaient droit à davantage de considération que les Công Binhs. Le voyage en enfer dura quarante jours. Débarqués à Marseille, en plein hiver, on les parqua dans un bâtiment destiné à l’origine, à de potentiels prisonniers allemands. L’horreur continua : pas d’hygiène, pas d’eau (elle gelait à la sortie des robinets), pas de chauffage, pas de médecins pour lutter contre une épidémie de dysenterie, entre autres, qui provoqua la mort de nombreux d’entre eux. Puis ce furent les salines où le sel leur rongeait les pieds, l’empoisonnement dans les poudreries… La MOI, (Main d’œuvre immigrée) les payait un franc par jour, alors que les Français ou les Italiens gagnaient vingt fois plus. Les patrons leur versaient un salaire correct mais la MOI se servait au passage. Ils étaient mal traités, mal nourris. Dans le meilleur des cas, ils travaillaient dans les rizières de Camargue, dont la destination première était de produire de quoi les nourrir, parce qu’ils étaient aussi

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victimes de privations alimentaires. La plupart d’entre eux restèrent quatorze ans sans nouvelles de leur pays d’origine. Il n’était pas question de les rapatrier car on craignait qu’ils ne rejoignent les rangs des rebelles Vietminhs. Ceux qui firent le choix de retourner au Vietnam, dans les années 50, n’eurent pas le droit de le faire avec leurs économies, et ne bénéficièrent d’aucune retraite, ni jamais à aucune espèce de reconnaissance de la part de la France. Au Vietnam, ils furent considérés comme traîtres à la cause nationale pour s’être tenus éloignés si longtemps. Certains furent torturés, d’autres, ou les mêmes, eurent leur famille éliminée. D’autres considérés en France comme activistes anticoloniaux, étaient fichés et attendus dans les ports où ils devaient débarquer : il leur fallait se débarrasser de leurs papiers pour ne pas être identifiés. Comment raconter l’horreur ? Avant Lam Lê, personne n’avait cherché à écouter et à recueillir la parole de ces rescapés de l’enfer. Son film fort, indispensable laisse les spectateurs sonnés, mais plus qu’attentifs quand, ne désarmant pas, il prend la parole pour expliquer son film et la façon dont il a procédé pour vérifier autant que possible ces témoignages, afin d’être sûr que l’on puisse leur accorder du crédit. Il était plus qu’urgent de réaliser ce documentaire sur les Cong-Binhs, car si une vingtaine de ces hommes ont pu témoigner en 2011, (dix en France et dix au Vietnam, âgés entre 86 et

Lam Lê aux Studio © Gérard Domise

Le 5 décembre, le CNP, en partenariat avec l’association Touraine-Vietnam, projetait Công Binh, La Longue Nuit Indochinoise, en présence du réalisateur, Lam Lê.


101 ans), depuis lors, six sont décédés. Il fallait absolument enregistrer leurs paroles avant que tous ces hommes qui étaient au mauvais endroit, au mauvais moment, n’aient disparu. Il n’existe pas de traces de ce passé : les documents utilisés dans le documentaire (films, photos...) proviennent du fond personnel d’un des témoins. Les photos sont de toutes les façons rares car les Công Binhs n’avaient pas le moyens financiers pour acquérir un appareil photo. À l’époque, la taille des clichés correspondait à celle de deux timbres-poste, afin de réduire le coût des nombreux tirages réalisés pour une même photo, ce qui rend d’autant plus complexe leur exploitation. Le manque de documents est encore plus criant au Vietnam. En effet, certaines exactions japonaises, comme l’arrestation et la torture de Français membres de La France Libre, ont été pratiquées avec l’assentiment du Gouvernement de Vichy : il fallait, donc, doublement ne pas laisser de traces. (cf Le Pont de la rivière Kwaï de Pierre Boulle). Penser à oublier ? L’histoire liant la France et le Vietnam s’étend de 1860 à 1954, Lam Lê est persuadé qu’il est nécessaire de s’appuyer sur ce passé pour comprendre le présent et tenter de prévoir l’avenir ; mais, à sa grande déception, très peu de jeunes

viennent voir le film. D’autant qu’interdit au Vietnam, il ne sera pas visible par les générations nouvelles. Lam Lê cite les propos d’un des hommes responsables de la gestion des camps de Công Binhs, témoignant des informations de l’époque : « La République Française a toujours payé les gens qu’elle employait. Les Công Binhs sont venus travailler volontairement en France, parce qu’ils n’avaient pas de travail chez eux ». L’État français était l’employeur de ces hommes : il aurait dû être garant de leurs droits. Comme aucun contrat n’a été retrouvé, puisqu’aucun n’a été signé (contrairement à ce qui avait été pendant la Guerre 14-18), ils n’ont aucun recours juridique ; de plus, la plupart de ces hommes étaient analphabètes. Ce n’est qu’en 1983, qu’un historien a évoqué le sort de ces hommes : Benjamin Stora, lors de ses recherches sur les Harkis, a découvert l’existence de camps indochinois sur le sol français. Il y a des vérités qu’on préférerait être des mensonges, indéniablement, mais on ne peut plus faire comme si nous demeurions dans l’ignorance : grâces soient rendues à Lam Lê pour son combat contre l’oubli et pour le réveil de nos consciences. Ce qui peut être, aussi, le rôle du cinéma. IG

Retrouvez une vidéo de la rencontre sur le site des Studio, rubrique : Ça s’est passé aux Studio.

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Rencontre

Rencontre avec Sébastien Betbeder & Bastien Bouillon mercredi 11 décembre 2013

Sébastien Betbeder aux Studio © Roselyne Guérineau

En 2 temps… 5 saisons !

L

e 11 décembre dernier, les Studio accueillaient Sébastien Betbeder et Bastien Bouillon, lors de la présentation en avantpremière de 2 automnes 3 hivers. « Je suis très heureux d’être là, en compagnie de Bastien ». Suite à la projection, une rencontre passionnante s’est amorcée. Pour les personnages, « j’ai pensé à mes quinze-vingt ans de ma vie et à ceux de mes proches ». Si ce n’est pas un film autobiographique, « tous les personnages, tous les évènements ont une base réelle. Je suis parti de ces étincelles pour créer de la fiction. Rendre compte de gens qui ont trente ans, qui vivent une période désenchantée et qui tiennent le coup, et de comportements que l’on voit assez peu au cinéma,… je suis très admiratif de ces gens extrêmement lucides, dans ce monde très compliqué. Pour Arman et les trentenaires, il y a quelque chose de combatif ».

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Bastien Bouillon, arrivé au cinéma par la figuration et de petits rôles, s’il ne lâche pas le théâtre pour autant, signe ici son premier rôle important. L’originalité et la beauté du mode narratif de la fiction sont saluées. Le projet du réalisateur consistait à partir de monologues. « Le synopsis, c’est trois ans de vie du personnage d’Arman. Le monologue permet d’évoquer par une phrase trois mois de sa vie ». Ce qu’il pouvait d’abord dédier à la première voix du film – Arman – assez autobiographique, s’est ensuite déplacé vers d’autres personnages. « C’est très difficile de se consacrer à ce qui m’intéresse le plus : l’âme humaine… On a commencé par tourner les monologues sur un fond vert. Après, les scènes dialoguées existaient sous la forme de monologues ». Le cinéaste a ajouté des moments de vie dans des lieux. Les métiers, l’argent… sont évacués du propos. Le réalisateur reconnaît qu’il avait besoin d’écarter des éléments extrêmement prégnants dans les milieux de l’art, « mais en même temps Arman les évoque ! Le travail n’est pas la chose la plus importante dans la vie. C’est presque révolutionnaire de le dire. En l’évacuant dès le début, on va pouvoir alors se poser des questions absolument essentielles : qu’est-ce que l’amour ? La place de la culture ? » Un cinéphile relève que les acteurs passent


demandait des réécritures. « Cela a duré trois ans et je me suis aperçu que cela n’avait plus grand-chose à voir avec l’objet du début ! ». 2 automnes 3 hivers contient différents formats, sept à huit supports avec du 16 mm… et un choix de comédiens non bankable. Alors « on a décidé d’aller frapper à la porte du court-métrage avec une durée de film de 59 mm […] Je voulais filmer comme je le rêvais… On a mélangé des financements de courts et de longs. Le seul problème et le seul soutien indispensable était les comédiens et l’équipe technique qui ont travaillé dans des conditions précaires. Le temps de tournage a été court. Mais ça valait vraiment le coup ! » Lors de cette rencontre chaleureuse et riche en échanges, Sébastien Betbeder et Bastien Bouillon se sont montrés très disponibles. Le réalisateur, avec 2 automnes et 3 hivers, a largement conquis un auditoire passionné et très cinéphile. Un très beau moment de réel et de fiction. RS

Bastien Bouillon aux Studio © Roselyne Guérineau

plus de temps à commenter qu’à agir, comme dans l’émission Koh-Lanta. Si le réalisateur n’avait pas fait le rapprochement, il approuve. « Le dispositif est emprunté à une culture du cinéma. […] l’idée de l’épuisement de la parole. Dans la téléréalité, il se fabrique de la fiction. Dans le film, les personnages ne sont pas dans l’exhibition comme dans la téléréalité, ils se posent des questions métaphysiques. J’avais demandé aux comédiens, même si le texte est souvent dit au passé simple dans une forme très inhabituelle, de le dire au présent. Ce n’est pas de la voix off, c’est un synchronisme ». B. Bouillon évoque qu’il est très inhabituel au cinéma d’avoir une adresse face caméra. « J’ai été séduit par le projet. C’était un travail et j’ai pris beaucoup de plaisir à cet exercice-là ». Une spectatrice souligne notamment les questions essentielles abordées par les personnages. « C’est bien, ça nous permet de prendre de la distance et de rester maître de ce que l’on a envie de ressentir. Je vous remercie beaucoup de cette forme de dispositif ». Le public pointe les clins d’œil à Green, etc. S. Betbeder est cinéphile. « Mes références sont multiples. On peut aimer Eugène Green, Alan Tanner et Michel Delpech ! » Sourires dans la salle. Pour ce défenseur de la culture, les extraits de film, « c’était un plaisir de rebondir sur les paroles des personnages. C’est un jeu. Le film La Salamandre de Tanner pose des questions essentielles avec un fait divers », comme la question de « la part de réel dans tout ça, de manière contextuelle et la part de fiction ». Pour le titre, le réalisateur a occulté les saisons estivales, « où l’on est dans la représentation ». Alors que l’automne, l’hiver, pour « filmer des gens qui ne se mentent pas, ces saisons sont plus propices au retour sur soi, à la confidence ». Le financement du film est singulier. S. Betbeder sortait d’une période compliquée suite à un scenario présenté à différentes commissions. Malgré des retours positifs, on lui

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Interférences Un château en Italie/Les Garçons et Guillaume à table !

Filles de famille I

ls se pressent, nombreux, dans les pages des magazines people, dans les conseils d’administration, sur les écrans, petits ou grands, ou sur les affiches des spectacles : les fils et les filles de… S’ils reçoivent en héritage, à la naissance, un goût pour la culture avec ses clés et ses codes, un art du paraître en privé et en public et l’assurance d’un patrimoine, leur vie n’est pas un long fleuve tranquille…. Car, la famille (écrit ici avec un F majuscule) est, comme dans les autres classes sociales, à la fois le lieu de tous les attachements et le nid de toutes les névroses. C’est en tout cas son portrait au vitriol qu’en font deux acteurs-réalisateurs talentueux, Valeria Bruni-Tedeschi et Guillaume Gallienne. Avec Un château en Italie, Valeria Bruni Tedeschi clôt avec brio sa trilogie (thérapie ?) familiale commencée avec Il est plus facile pour un chameau (02) et poursuivie avec Actrices (07). Même si elle se prénomme à l’écran Federica puis Marcelline et enfin Louise, la part d’autofiction et de nombrilisme est tellement assumée que cette actrice sans travail, sans amour, sans enfant lui ressemble beaucoup. On retrouve son personnage enrouée, pleurnicharde, touchante et tête-à-claques, à la loufoquerie burlesque et tragique mais le ton est plus grave car, à travers cette histoire de château piémontais se raconte l’histoire d’une perte, à la fois de mémoire, patrimoniale, mais tout simplement humaine avec la disparition du frère, atteint du sida. His-

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toire de transmission dont la scène hautement improbable d’insémination artificielle restera un grand moment de fou rire presque gênant… Avec Les Garçons et Guillaume, à table !, adaptation gonflée de son one man show à succès, Guillaume Gallienne ose mettre à nu son histoire de famille. Comme Valeria BT, il nous fait rire avec une histoire pas forcément drôle. Et il n’y va pas de main morte, ridicule presque de bout en bout, depuis l’adolescence jusqu’au jeune adulte. Amoureux de sa mère, le jeune Guillaume rêve d’être une fille. Puis une femme. Il les observe, les copie. Contrairement à ses frères, sportifs et donc virils, Guillaume est nécessairement… homosexuel. Le film est un étrange coming-out inversé puisqu’il s’agira pour Guillaume de déclarer au monde entier, c’est-à-dire essentiellement à sa mère… qu’il est hétérosexuel ! C’est-à-dire capable d’aimer une autre femme ! La farce est d’autant plus jubilatoire que l’acteur incarne à la fois son propre rôle et son modèle fusionnel, sa mère. C’est ce qui rapproche ces deux films si dissemblables : les portraits des mères y ont une force contradictoire étonnante. Marisa Bruni Tedeschi, jeune actrice de 83 ans, prouve une nouvelle fois dans ce rôle à la fois drôle et pas vraiment sympathique qu’elle sait aimanter la caméra. Guillaume Gallienne fait une caricature cruelle de la mère dans la peau de laquelle il se glisse : froide, brutale et volontiers vulgaire, cette bourgeoise n’a rien d’aimable. Et pourtant, au bout des 85 minutes du film, alors que, Guillaume s’étant enfin assumé, une actrice (Françoise Lépine) peut désormais prendre son rôle, je me suis dit que cette histoire était une incroyable et magnifique déclaration d’amour. DP


Vos critiques

HENRI de Yolande Moreau Film magnifique, peu de mots mais les plans et les non dits en disent long, on en sort bouleversé et heureux. La conclusion est qu’il faut savourer chaque minute qui passe. Film sensible, poétique, touchant, vibrant comme un papillon… Un grand merci pour ce film. Blandine S. […] avec Henri c’est d’une double transgression dont il s’agit. D’une part, Henri et Rosette jettent un pont entre le monde des normaux et celui des autres (ils ne parviendront cependant pas à supprimer les frontières notamment celles tracées par les institutions, l’autoroute, les papillons et le bistrot). D’autre part, leur embardée figure un deuil libératoire. […] Henri va enfin pouvoir crier, chanter et danser son envie de vivre. Ce n’est pas convenable. Et ce qui est formidable avec les (rares) films de Yolande Moreau c’est précisément qu’ils ne sont ni convenus ni convenables. Ils sont ouverts à une humanité éructante, buvante, déconnante… dont elle sait saisir chaque moment, chaque facette. On n’y décèle jamais la moindre condescendance […]. La caméra est chaleureuse, proche des personnages porteuse d’un touche personnelle très ajustée au propos. […] Hervé R. LES GARÇONS ET GUILLAUME À TABLE ! de Guillaume Gallienne […] film magnifique, qui détonne dans la médiocre production française. Scénario, mise en scène, personnages, mise en images, jeu d’acteur, tout y est travaillé et réussi. La

mise en spectacle de cette pseudo-confession est une belle trouvaille, où le récit, mis en miroir, s’enrichit de multiples sens. C’est jubilatoire et émouvant, riche et profondément humain. CdP Le film pour ma part m’a déçu. Malgré le fait que j’ai beaucoup apprécié le trucage de la mère de Guillaume (Guillaume jouant sa propre mère dans le film, hormis les scènes finales). Tout comme l’attention qui a été portée aux musiques et aux bruitages musicaux. Le manque d’indice de temps m’a gêné, […]. Le sexe est trop présent, le film dégouline de testostérone. […]. Thomaslire la suite THE LUNCHBOX de Ritesh Batralire la suite Excellent choix que ce film du mois : venu d’une filmographie peu connue en France [… ], The Lunchbox est un régal d’humour, de tendresse et d’élégance. Le spectateur se régale du sens du raccourci dont le film fait sans cesse preuve autant que le personnage principal se régale des plats que lui prépare sa correspondante inconnue. Jérémie A. […] toutes les femmes indiennes sontelles traitées avec autant de respect que Ila ? Pas sûr. Daniel D. Le film se démarque d’une simple comédie romantique en brossant un panorama très intéressant de la société indienne. Par petites touches : le rituel des lunchbox, les difficultés financières de la famille d’Ila, […] etc. tout cela donne une vraie saveur au film. L. Rubrique réalisée par RS

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