29.04 au 02.06 2015

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°334 • mai 2015


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mai 2015 - n° 334

Édito

CNP

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3

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4

Traviata et nous, partenariat CDRT

.................. ........

5

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5

William Wellman, partenariat Cinémathèque Soirée animation, Vague jeune

Soirée Cinémabis, Festival Aucard de Tours

LES FILMS DE A à Z

En bref

4

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17

FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

À propos de

The Voices

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45

À propos de

Big Eyes

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

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Interférences

Felix & Meira/Hungry Hearts

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Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Courts lettrages

Birdman . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

Pages & images

AFCAE

Carver-Inarritu : le grand écart. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

Compte-rendu

Festival international de cinéma asiatique de Tours

....

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Rencontre

Xavier Champagnac - Les Décentrés

...............

27

Rencontre ......

28

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Alix de la Porte - Le Dernier coup de marteau À propos de

1 001 grammes Interférences

Inherent Vice/Réalité Jeune Public

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34

FILM DU MOIS : UNE FEMME IRANIENNE

GRILLE PROGRAMME

................

..........

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

NUIT du cinéma

C’est reparti pour la 31e Nuit des Studio, un événement festif et cinéphile incontournable que beaucoup nous envient. Ce sera le 6 juin et, comme les années précédentes, vous aurez un large choix entre 15 films répartis sur 5 séances (18h, 20h, 23h, 1h30, 3h45). De quoi vous offrir à moindre coût un voyage : • dans le temps : de 1947 à 2009, • dans les cinématographies : du Canada à la Nouvelle-Zélande en passant par les USA, la Corée, la France et beaucoup d’autres… • dans les genres : de la comédie au drame, de l’animation à la science-fiction, du polar au fantastique, du western au musical... De quoi rire, pleurer, méditer et échanger entre chaque séance en se retrouvant autour des nombreux buffets préparés par les associations culturelles et humanitaires qui œuvrent toute l’année avec le CNP. Vous découvrirez la programmation complète de cette 31e édition dans les Carnets de juin mais les plus impatients pourront la consulter prochainement sur notre site (http://www.studiocine.com/). Sachez d’ores et déjà que Pedro Almodovar, Xavier Dolan, Clint Eastwood, Claude Chabrol ou les frères Coen, entre autres, seront au rendez-vous... Côté pratique : les habitués le savent, il n’y aura pas la programmation de la semaine ce soir-là et il est nettement préférable de prendre son pass à l’avance (1 000 places

seulement disponibles dans le complexe) afin d’éviter la cohue des dernières heures et de risquer de manquer la première séance… Ces derniers seront mis en vente à l’accueil des Studio dès le mercredi 13 mai au même prix que les années précédentes – abonnés aux Carnets : 13 €, non abonnés : 19 €. Pour bénéficier du tarif réduit, vous pourrez prendre votre carte été, qui sera disponible également dès le 13 mai. À partir de 18h le 6 juin, vous serez alors libres de déambuler dans le complexe, de salle en salle, de film en film, de buffet en buffet, d’animation en animation, d’acquérir l’affiche rare dont vous rêviez depuis longtemps ou de tester vos connaissances cinématographiques en participant à l’animation What the movie… Libres également de partir quand vous voulez, de revenir (après un petit somme ?) Et si vous réussissez à garder votre bonne humeur jusqu’au petit matin, nous vous offrons le p’tit déj ! Si vous hésitez encore, parlez en aux inconditionnels qui, année après année, s’y donnent rendez-vous. Ces derniers évoqueront à coup sûr le plaisir de (re)voir des films culte sur grand écran, de découvrir des perles rares, d’échanger leurs impressions avec des amis ou de parfaits inconnus, de partager dans les salles et en extérieur de vrais moments de convivialité... SB

La carte d’été sera disponible à l’accueil à partir du 29 avril. (pour un abonnement valable jusqu’au 30 septembre)

Plein tarif : 10 € - 14/26 ans et senior : 6,50 € - minima sociaux et 3/13 ans : 4 € Les CARNETS du STUDIO

n°334 •

mai 2015

3


SEMAINE

CNP jeudi

20h00 C

I

N

lundi 19h30 jeudi de 20h à 21h

5

du 27 mai au 2 juin

2015

Lutte de l’immigration et des quartiers 1h16’ VF

52’

LES MARCHEURS,

mercredi

samedi L’ARCHE DE Mr SERVADAC dimanche

CHRONIQUE DES ANNÉES BEUR

de Karel Zeman

de S. Chala, N. Yahi et T. Leclère Débat avec Kaissa Titous & Driss El Mkadem

É

M

A

T

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È

Q

U

E

L’HOMME QUI TUA LIBERTY VALANCE

2h02’

de John Ford

samedi à 14h15

46’ sans paroles

LA MAGIE KAREL ZEMAN de Karel Zeman

Dimanche matin : VISITE DE CABINE

fait son masque

vendredi 1h20’ LA PORTE D’ANNA LE BARON DE CRAC 19h45 de Patrick Dumont et François Hébrard de Karel Zeman AVANT PREMIÈRE -Rencontre avec les réalisateurs

14h30 17h30 1h13’ 19h15 mer-sam-dim

16h00 dim 11h

L’OMBRE DES FEMMES de Philippe Garrel

14h30 19h00

1h43’

LOS HONGOS de Oscar Ruiz Navia À suivre.

14h15 1h30’ TU DORS NICOLE 19h00 de Stéphane Lafleur www.studiocine.com

Dimanche matin : VISITE DE CABINE

1h26’

LA DUCHESSE DE VARSOVIE de Joseph Morder

16h00 dimanche

11h15

mercredi samedi dimanche

17h15 dimanche

HARD DAY de Kim Seong-hun

2h02’

INDIAN PALACE SUITE ROYALE de John Madden

1h24’

PAPA OU MAMAN de Martin Bourboulon

C

I

N

M

dimanche

11h00 19h30 + mer-sam-dim 16h00 dim 11h

21h00

1h53’

21h00

de Laura Poitras

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

H

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Q

2h10’

REBECCA CHANTAGE

14h15 17h00 19h15

2h03’

1h25’

U

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2015

14h15 + 16h00 SHAUN LE MOUTON + de Mark Burton & Richard Starzak mercredi 10h00

1h25’ sans paroles

1h44’ VO

CENDRILLON

LE LABYRINTHE DU SILENCE

de Kenneth Branagh

de Giulio Ricciarelli

45’ sans paroles

14h15 1h30’ 16h15 LES OPTIMISTES 19h15 de Gunhild Westhagen Magnor 14h15 1h40’ 17h45 21h45

19h30

T

Soirée Hitchcock

17h15 21h00 19h15

A

1h30’

dim 11h

de David Robert Mitchell

CITIZENFOUR

du 29 avril au 5 mai

É

lundi 19h30 21h45

14h30 19h15

de Co Hoedeman

EVERY THING WILL BE FINE

CAPRICE de Emmanuel Mouret

14h15 UN PIGEON PERCHÉ SUR 16h00 UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT 19h45 SUR L’EXISTENCE de Roy Andersson 14h30 19h15

LE CHÂTEAU DE SABLE

17h15 dimanche

11h00 16h00 + mercredi

10h15 dim 11h15

1h55’

1h39’

1h40’

IT FOLLOWS

1

11h15

1h51’

À suivre.

14h15 1h59’ 17h00 LA TÊTE HAUTE 21h30 de Emmanuelle Bercot À suivre.

mercredi samedi dimanche

mercredi VOYAGE DANS LA dimanche PRÉHISTOIRE 16h00 de Karel Zeman

Dans le cadre du congrès de Pédopsychiatrie à Tours 1h23’ VO

14h15 1h33’ 17h45 LA LOI DU MARCHÉ de Stéphane Brizé À suivre. 21h15 14h15 TROIS SOUVENIRS 17h15 DE MA JEUNESSE 21h15 2h03 de Arnaud Desplechin À suivre.

14h15

1h28’ VO

En direct et en public, vous êtes attendus nombreux pour participer à l’émission.

samedi 19h : Concert cocktail gratuit GRAND DÉFI 21h30 LE de Giorgio Capitani 1h20’ KONG CONTRE GODZILLA 23h45 KING 1h30’ de Inoshiro Honda

SEMAINE

de Wim Wenders

2h07’

LE DOS ROUGE de Antoine Barraud

1h29’

BONTÉ DIVINE 2h16’

de Vinko Bresan

LA MAISON AU TOIT ROUGE de Yoji Yamada

17h00 21h15 21h30

de Jafar Panahi

ON EST VIVANTS de Carmen Castillo

3D 21h00

1h22’ + court métrage 4’

TAXI TÉHÉRAN

1h40’

17h00

17h45 21h45 dim 11h

1h41’

JAUJA

21h45

de Lisandro Alonso

1h43’

19h45 UN HOMME IDÉAL de Yann Gozlan dim 11h

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

2

du 6 au 12 mai 2015

C I N É M A T H È Q U E Hommage à William Wellman

lundi PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO 19h30 1h38’ LA VILLE ABANDONNÉE Rencontre avec Amélie Dubois, critique aux Inrock

mardi 1h24’ 19h30 1h17’ L’ENNEMI PUBLIC LA JOYEUSE SUICIDÉE 21h00

1h22’

CENDRILLON de Kenneth Branagh

1h25’ sans paroles

SHAUN LE MOUTON

TAXI 14h30 TÉHÉRAN

de Mark Burton & Richard Starzak

de Jafar Panahi

14h15 SAUF lun-mar +

mercredi

10h00 16h00

SAUF lun-mar dimanche

11h15

16h15 SAUF lun-mar CHÂTEAU 17h15

45’ sans paroles

14h15 1h42’ OLD 19h45 MY LADY

dim 11h

1h44’ VF

SEMAINE

LE DE SABLE de Co Hoedeman

de Israel Horovitz

SAUF lun-mar +

mer 10h15

14h15 17h45 PARTISAN 19h45 de Ariel Kleiman

17h00 de Mohsen Makhmalbaf 21h30 LE PRÉSIDENT

lun-mar 2h03’

1h39’

14h15 LE LABYRINTHE UN PIGEON PERCHÉ SUR 17h30 17h15 DU SILENCE UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT 21h45 21h15 de Giulio Ricciarelli SUR L’EXISTENCE dim 11h de Roy Andersson

1h55’

EVERY THING 19h30 WILL BE FINE de Wim Wenders

14h15 19h15

1h40’

ZANETA

CAPRICE

de Petr Vaclav

de Kanu Behl

1h30’

21h15

de Carmen Castillo

1h42’

14h30 2h07’ TITLI, 19h15 UNE CHRONIQUE INDIENNE

dim 11h

1h40’ + court métrage 4’

ON EST VIVANTS

14h15 LES OPTIMISTES 19h30 de Gunhild Westhagen Magnor

de Emmanuel Mouret

1h45’

17h45 21h45

de Heiner Carow

14h15

SAUF lun-mar +

de Jamel Debbouze

14h15 1h59’ 1h25’ sans paroles 17h00 19h15 LA TÊTE HAUTE SHAUN 21h30 de Emmanuelle Bercot LE MOUTON

14h15 1h47’ SUITE 19h15 FRANÇAISE

dim 11h

14h30 19h30

de Saul Dibb

de Israel Horovitz

14h15 1h43’ JACK 19h45 dim 11h

de Edward Berger

1h33’

14h15 REFUGIADO 19h45 de Diego Lerman

de Yann Gozlan

17h45

de Denis Dercourt

1h40’ + court métrage 10’

CAPRICE de Emmanuel Mouret

Urgence climatique… 1h34’ VF 53’ DE PLEIN FOUET,

CNP jeudi LE CLIMAT VU DU SUD de Geert de Belder

16h00

C I N É M A T H È Q U E

mer-sam dim-lun

EN ROUTE ! 14h15 de Tim Johnson

dimanche

11h15

1h30’

2h

POURQUOI J’AI PAS lundi LÉ MARIAGE DE MANGÉ MON PÈRE 18h00 19h30 MARIA BRAUN de Jamel Debbouze de Rainer Werner Fassbinder

35’ sans paroles

LE TEMPS 16h15 SAUF

QU’IL FAIT de divers réalisateurs

lundi mardi

TRAVIATA ET NOUS mercredi 1h52’ de Philippe Béziat Rencontre avec Nathalie Dessay

43’ VF

14h15 1h33’ LES NOUVELLES AVENTURES dimanche 17h00 LA LOI 19h15 DU MARCHÉ DE GROS POIS & PETIT POINT 11h15 de Uzi & Lotta Geffenblad 21h30

dim 11h

CDRT & Studio présentent :

19h45

de Stéphane Brizé

Soirée VAGUE JEUNE 2h03’

14h15 17h00 TROIS SOUVENIRS 19h15 21h30 DE MA JEUNESSE

FANTASTIC MR FOX vendredi

1h28’ de Wes Anderson

+ un court métrage d’animation SURPRISE…

2h07’

dim 11h

1h38’

TITLI, 14h15 1h59’ UNE CHRONIQUE INDIENNE 17h15 LA TÊTE HAUTE de Kanu Behl 19h30 21h45 de Emmanuelle Bercot 1h38’

17h00 TITLI, UNE CHRONIQUE INDIENNE 21h30 de Kanu Behl PARTISAN de Ariel Kleiman

17h30 21h30

14h30 UNE FEMME 2h03’ 19h30 deIRANIENNE LE LABYRINTHE 21h30 Negar Azarbayjani DU SILENCE 17h00 1h28’ de Giulio Ricciarelli 21h30 EN ÉQUILIBRE 1h39’ dimanche

4 du 20 au 26 mai 2015

Benoît Faucheux 20h00 Débat avec & Pascal Hugo

1h42’

MY OLD LADY

SEMAINE

dim 11h15

SAUF lundi de Mark Burton & Richard Starzak mardi

dim 11h

21h45 11h15

Le film imprévu www.studiocine.com

1h30’

lundi LÉGENDE DE POURQUOI J’AI PAS 19h30 PAUL ET PAULA MANGÉ MON PÈRE 17h45

1h42’

1h43’

UN HOMME IDÉAL

C I N É M A T H È Q U E

dim 11h15

1h59’

1h38’

3 du 13 au 19 mai 2015

UN PIGEON PERCHÉ SUR UNE BRANCHE PHILOSOPHAIT 21h45 SUR L’EXISTENCE de Roy Andersson

Le film imprévu www.studiocine.com

de Arnaud Desplechin

3h47’

14h00 À LA FOLIE 19h45 de Wang Bing 1h36’

14h30 ANTON TCHEKHOV 19h30 de 1890 René Feret 1h42’

14h30 UNE FEMME 21h45 deIRANIENNE Negar Azarbayjani

19h45

2h07’

17h15

PARTISAN 17h30 de Ariel Kleiman

1h53’

CITIZENFOUR de Laura Poitras

19h30 dimanche

11h00

1h33’

REFUGIADO 21h30 de Diego Lerman

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


Partenariat Cinémathèque/ Studio

Hommage à William Wellman jeudi 21 mai - 20h00

jeudi 28 mai - 20h00

ATTAC, Le CRE-SOL, l’Association Végétarienne de France, la LDH, la Fondation Sciences Citoyennes, EELV, la SEPANT et le CNP proposent :

Le Collectif D’ailleurs Nous Sommes d’Ici 37, la Cimade, le NPA et le CNP proposent :

LUTTES DE L’IMMIGRATION ET DES QUARTIERS : MÉMOIRE ET ACTUALITÉ

URGENCE CLIMATIQUE ET ALTERNATIVES SOCIALES : QUELLE TRANSITION CITOYENNE ? Face aux conséquences du dérèglement climatique à cause du pillage des ressources, il est crucial de tracer de nouveaux chemins pour les générations futures. Il nous faut ouvrir de nouvelles voies : pour une alimentation responsable, pour des ressources énergétiques maîtrisées, pour une économie durable au service des hommes, et pour enfin réinventer une vraie démocratie redonnant le pouvoir au citoyen dans ses lieux de vie, le faisant participer en toute responsabilité aux décisions collectives. Tant de choses sont à remettre à l’endroit dans ce monde qui marche à l’envers. Film : De plein fouet, le climat vu du Sud de Geert de Belder (2009 - Belgique – 53’). Suivi d’un débat avec Benoît Faucheux (EELV) et Pascal Hugo (ATTAC).

En 1983, sur fond de tournant néo-libéral et d’envolée du chômage de masse, tandis que les pères ouvriers immigrés luttaient déjà pour leur dignité, toute une jeunesse confrontée aux crimes racistes et aux violences policières se mettait en Marche pour l’égalité, contre le racisme. Convergence 84, la suite motorisée de cette mobilisation, scandait l’année suivante : « La France c’est comme une mobylette, pour avancer il lui faut du mélange ». Ces temps forts de luttes de l’immigration et des quartiers populaires parfois provisoirement victorieuses mais souvent trahies, restent aussi trop méconnus. Pourtant, n’ont-ils pas de quoi inspirer des combats qu’il faut poursuivre plus que jamais aujourd’hui ? Film : Les Marcheurs, chronique des années beurs de Samia Chala, Naïma Yahi et Thierry Leclère (2013 – France – 52’). Débat en présence de Kaïssa Titous et Driss El Mkadem, militants antiracistes et acteurs des mobilisations de l’époque.

Issu d’un milieu aisé, William Wellman mène une jeunesse turbulente et s’engage à Paris dans la Légion étrangère pendant la Première Guerre mondiale... Revenu aux États-Unis, il fréquente Hollywood et se trouve dès 1923 à réaliser des films. Refusant le sensationnalisme, l’héroïsation et la glorification de la violence, il préférait le réalisme, quitte à ce que ses héros ne soient, justement, pas vraiment des héros. Si l’on connaît surtout ses films sombres, il ne faut pas oublier qu’il a aussi été l’auteur de comédies, dont une est présentée lors de cet hommage : La Joyeuse suicidée.

MARDI 12 MAI - 19h30

L’Ennemi public USA – 1931 – 1h24, de William Wellman, avec James Cagney, Jean Harlow, Edward Woods...

Dans leur toute jeunesse, Tom et Matt étaient de petits délinquants. La Prohibition leur offre alors l’occasion de jouer dans la cour des grands... jusqu’au jour où un règlement de comptes entre gangs rivaux entraîne la mort de Matt. Fou de rage, Tom va être prêt à tout pour venger son ami.

MARDI 12 MAI - 21h LUNDI 11 MAI - 19h30

La Ville abandonnée USA – 1948 – 1h38, de William Wellman, avec Gregory Peck, Anne Baxter, Richard Widmark...

Après un nouveau pillage de banque, une bande de braqueurs fuit dans un désert de sel, où ils trouvent refuge dans une ville fantôme où la seule activité demeure celle d’une mine d’or exploitée par un vieillard et sa petite fille. L’un des fugitifs tombe amoureux de la jeune femme et doit s’opposer au reste de la bande... Violence, cynisme et ambiguïté des rapports sont au programme d’un western demeuré très moderne.

jeudi 4 juin - 19h45

La Joyeuse suicidée USA – 1937 – 1h17, de William Wellman, avec Carole Lombard, Fredric March, Charles Winninger...

Hazel est victime d’une maladie rare et incurable... Touché par son cas, un journaliste en mal de succès et de scoops va tout faire pour lui assurer un écho national. Le pays tout entier s’émeut, l’affaire prend des proportions démesurées... jusqu’au moment où il s’avère que le cas de Hazel n’était peut-être pas aussi désespéré que cela... Longtemps avant l’avènement de la presse people, Wellman délaisse les grands drames sombres pour une comédie férocement satirique.

Ciné-débat : PAROLES DE SANS-ABRIS À PARIS Film : Au bord du monde de Claus Drexel (2013 – France – 98’)

Partenariat CDRT/ Studio : Traviata

et nous – Mercredi 13 mai-19h45

Traviata et nous France – 2012 – 1h52, de Philippe Béziat, avec Nathalie Dessay, Jean-François Sivadier, Louis Langrée

Printemps 2011, festival d’Aix-en-Provence. JeanFrançois Sivadier met en scène La Traviata de Verdi, l’orchestre et les chœurs étant dirigés par Louis Langrée et le rôle-titre incarné par la soprano Nathalie Dessay. Philippe Béziat et son équipe ont traqué pendant deux mois de répétitions les étapes du processus de

mise en place d’une création théâtrale. En suivant techniciens, musiciens, choristes, comédiens-chanteurs, ce documentaire inspiré tente de montrer comment s’élabore un spectacle, comment par tâtonnements successifs il s’approche de la beauté, de l’émotion et de la magie recherchées. « Un document d’exception, aussi fin qu’inventif, qui éclaire admirablement l’opéra et le personnage qui lui donne son nom » (Le Monde, 23 octobre 2012). Sources : dossier de presse

Soirée Vague jeune – Vendredi 22 mai-19h45 Eh non, les films d’animation ne sont pas que pour les enfants ! La Vague jeune vous le prouve à l’occasion d’une soirée, le 22 mai, lors de laquelle sera diffusé le film Fantastic Mr. Fox, de Wes Anderson, ainsi qu’un court-métrage dont nous vous réservons la surprise. A la suite de tout ça, une petite animation sur l’animation ainsi qu’un pot de clôture sont prévus. On vous attend nombreux !

Entrée : 4 € pour les abonnés, 5 € pour les non abonnés (la carte d’abonnement « été » sera déjà disponible à l’accueil...)

Fantastic Mr. Fox USA – 2010 – 1h28, de Wes Anderson, avec les voix de George Clooney, Meryl Streep…

Mr. Fox est le plus rusé des renards voleurs de poules. Avec sa famille, il va défier d’odieux fermiers et vivre une aventure aussi trépidante que délirante... Par le réalisateur de Grand Budapest Hotel, Moonrise Kingdom…

Rencontre avec Nathalie Dessay

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– Les CARNETS du STUDIO n°334 –

mai 2015

Les CARNETS du STUDIO n°334 –

mai 2015 –

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Aucard de Tours - Cinéma bis – Samedi 30 mai Soirée Cinéma bis du festival Aucard de Tours, avec nanarland.com. Chaque séance sera précédée et suivie des cuts Nanarland, le best of du pire du cinéma mondial.

19h- concert cocktail gratuit Chicken Diamond, One Man Blues Explosion from Luxemburg. 21h30- LE GRAND DÉFI : HERCULE, SAMSON, MACISTE ET URSUS Italie – 1964 - VF - 1h30 - 1964, de Giorgio Capitani L’homme le plus fort du monde antique, Hercule, doit pour se marier défier l’homme le plus fort du monde, Samson. Mais pour aller convaincre Samson, on embauche Ursus qui n’est autre que l’homme le plus fort du monde ! Et comme Ursus a tendance à tout péter sur son passage, on va chercher Maciste, l’homme le plus fort du monde…

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES , AU MOIS DE MAI

Enfin un péplum ! Super musclés en jupette et sandales, décors en carton-pâte et gros gags à l’italienne au programme !

Séance Ciné-ma différence : L'Arche de M. Servadac, samedi 30 mai-14h15 Trois sœurs du Yunnan) Wang Bing frappe très fort avec ce nouveau film. Bien sûr, 3h48, ça peut effrayer, mais cette immersion est une expérience extraordinaire dans laquelle on oublie littéralement la notion de temps. L’humanité qui se dégage du film est immense, le réalisateur se place en compagnon discret des patients, sans donner d’explications mais en prenant soin d’inscrire leurs noms à l’écran. Il ne discourt pas plus sur l’institution mais le portrait, en creux, qu’il fait de son pays est assez terrifiant. Autant par le fond que par la forme, À la folie est un véritable choc. JF

23h45- KING KONG CONTRE GODZILLA Japon – 1962 – VF - 1h30, de Inoshiro Honda Que faire quand un dino-lézard géant envahit le Japon et détruit tout sur son passage ? Il suffit d’aller capturer un gorille géant sur une île en le saoûlant a l’alcool, le ramener au Japon en le faisant voler avec des gros ballons gonflés à l’hélium et le lancer contre Godzilla... Résultat : deux fois plus de dégâts et un scénario aussi ridicule que les costumes et les décors ! Un grand classique du nanar de monstres japonais !

Anton Tchekhov 1890

Le PASS pour les 2 séances: 9,80€/8€ adhérents Studio, en vente à partir du 16 mai.

L’émission radio Béton fait son masque en direct des Studio Jeudi 28 mai de 20h à 21h.

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nitiée à l’occasion des 50 ans des Studio, l’émission spéciale de cinéma Béton fait son masque, concoctée par l’équipe de Bande d’annonces de Radio Béton (émission de cinéma tous les vendredis soir en direct de 19h à 20h sur 93.6) revient au 2 rue des Ursulines le jeudi 28 mai. De 20h à 21h, en direct et en public, Nicolas et sa bande de chroniqueurs (membres des Studio, journalistes, comédiens…) passent en revue dans la joie, l’impertinence et la bonne humeur, les films w

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sortis récemment. Jérôme Dupin, organisateur de la soirée du Cinéma Bis qui aura lieu le samedi 30 mai aux Studio, viendra titiller cette jolie tablée installée dans le hall du 3/7. Vous êtes attendus nombreux pour participer à cette émission. Si vous n’êtes pas dans le coin, vous pourrez toujours l’écouter sur le 93.6 ou sur le site internet de cette incroyable radio associative (www.radiobeton.com) o

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À la folie Chine – 2014 – 3h47, de Wang Bing.

À la folie nous plonge dans le quotidien d’hommes enfermés dans un hôpital psychiatrique du sud-

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Caprice

1890. Anton Tchekhov, médecin, écrit des nouvelles qu’il fait publier dans quelques journaux, signées du pseudonyme d’Antocha Tchékhonté. Alors que de grands écrivains et critiques, dont Tolstoï, l’acclament et reconnaissent son talent et qu’il gagne même quelques prix, la maladie de son frère le ramènera auprès de sa famille. Profondément affecté par son échec dans sa tentative de le guérir, Tchekhov quittera alors la Russie pour l’île lointaine de Sakhaline… L’Histoire comme les thématiques liées à la famille traversent régulièrement le cinéma de René Féret, lui qui a pour habitude d’y faire tourner ses filles, Lisa et Marie. Inspiré par la vie du grand écrivain russe, il en retrace un moment fugitif mais fort, réalisant ainsi son troisième film en costumes.

Emmanuel Mouret reprend, dans Caprice, le rôle de prédilection d’amoureux romantique en perdition qu’il met en scène de film en film : Une autre vie, L’Art d’aimer, Un baiser s’il vous plaît… Clément, professeur des écoles, a tout pour être heureux. Il admire une célèbre actrice du nom d’Alicia qui devient sa compagne. Mais tout est chamboulé lorsqu’il rencontre Caprice, une jeune femme excessive qui s’éprend de lui tandis que son meilleur ami se rapproche d’Alicia. Dans ce triangle amoureux, notre héros a beau résister, il est toujours aussi maladroit, timide et dépassé par les événements… Du plaisir en perspective avec cette nouvelle comédie romantique truffée d’éléments comiques voire burlesques. Sources : dossier de presse

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Le Baron de Crac Voir pages Jeune Public

Cendrillon

Bonté divine Croatie – 2015 – 1h29, de Vinko Bresan, Un jeune prêtre fraîchement nommé sur une île isolée de Dalmatie décide avec deux complices de percer tous les préservatifs en vente sur l’île afin d’augmenter rapidement la natalité dont le taux est

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+ court métrage - semaine du 13 au 19 mai France – 2012 – 10’, de Jérémy Azencott, avec Audrey Legrand, Eva Minko, Jérémy Azencott.

avec Kresimir Mikic, Niksa Butijer, Marija Skaricic…

ouest de la Chine. Malades, déviants ou opposants, tous subissent locaux vétustes, soins quasi-inexistants et chambres collectives qui ressemblent à s’y méprendre à des cellules de prison... Important documentariste (À l’ouest des rails, Les

Sources : dossier de presse

France – 2015 – 1h40, de Emmanuel Mouret, avec Virginie Efira, Anaïs Demoustier, Laurent Stocker.

L’Arche de M. Servadac

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en chute libre. Résultat ? Des bébés partout et des touristes venus des quatre coins du monde qui espèrent pouvoir enfin concevoir un enfant sur l’île ! Cette savoureuse comédie, qui fustige et raille en même temps l’immense pouvoir de l’Église et les paradoxes de la libération sexuelle, explore par le petit trou de la capote les travers de la société croate. Ajoutons qu’elle est née sous les auspices de Charlie Hebdo : la rédaction avait signé un partenariat quelques jours avant les attentats du 7 janvier. L’affiche, aussi irrévérencieuse que le film, est de Charb.

France – 2015 – 1h36, de René Féret, avec Nicolas Giraud, Lolita Chammah, Robinson Stévenin…

Sources : dossier de presse

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com

2015 :

• Jericho Road de Eric Bibb ( Studio 1-2-4-5-6) • Afrodeezia de Marcus Miller ( Studio 3-7) Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

Le Château de sable Voir pages Jeune Public Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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Citizenfour France – 2014 – 1h53, documentaire de Laura Poitras.

En 2013, Edward Snowden révèle des documents secret-défense en provenance de la NSA, déclenchant l’un des plus grands séismes politiques aux États-Unis. Sous le nom le code Citizenfour, il contacte la documentariste américaine Laura Poitras, qui part le rejoindre à Hong Kong et réalise en temps réel ce film remarquable, document historique unique et portrait intime d’Edward Snowden dans le huis clos d’une chambre d’hôtel. Après My Country, My Country (sur la guerre en Irak) et The Oath (sur Guantanamo), ce 3e volet d’une trilogie dénonçant les excès de la guerre antiterroriste post-11 septembre a reçu l’Oscar 2015 du meilleur film documentaire. « Les gouvernements veulent militariser Internet. Nous avons un fossé entre les possibilités offertes par la technologie et la manière dont elles sont régulées. Et cette régulation, c’est justement ce que nous devrions faire dans les démocraties. Snowden lui-même ne dit pas qu’il ne devrait y avoir aucune surveillance, mais qu’il ne doit pas y avoir une surveillance de masse. » Sources : telerama.fr – lemonde.fr

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Le Dos rouge

France – 2014 – 2h07, de Antoine Barraud, avec Bertrand Bonello, Jeanne Balibar, Géraldine Pailhas, Joana Preiss...

Un cinéaste reconnu prépare son prochain film autour du thème de la monstruosité. Il visite des musées pour en trouver des représentations, mais au fur et à mesure de ses recherches une tache rouge apparaît dans son dos et s’agrandit de jour en jour... Voilà un film totalement atypique, mêlant les genres et les repères, s’amusant à perdre le spectateur en étant à la fois très sérieux et plein d’humour (Jeanne Balibar, impayable en historienne d’art cintrée, par exemple). Trivial, érudit, Le Dos rouge et sa superbe distribution, Géraldine Pailhas, Pascal Greggory, Nicolas Maury, Joana Preiss, Valérie Dreville, entre autres, est un projet ambitieux, baroque et incongru, mystérieux et idéal pour succomber au Syndrome de Stendhal. JF

La Duchesse de Varsovie France – 2014 – 1h26, de Joseph Morder, avec Alexandra Stewart, Andy Gillet, Rosette…

Un jeune peintre en mal d’inspiration, Valentin, retrouve à Paris sa grand-mère, Nina, juive polonaise qui porte en elle un lourd secret. Un lien fort se tisse entre eux, jusqu’aux confidences les plus

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intimes et bouleversantes, des deux côtés. Le dispositif du film est étrange et fascinant : les deux personnages errent et conversent sur fond de fresques peintes, de tableaux, et ce parti pris esthétique focalise l’attention sur la dimension émotionnelle et la révélation ultime, tout en désamorçant le drame. En cela, le réalisateur rejoint ses grands prédécesseurs, Max Ophuls et Alain Resnais, dans Smoking/No Smoking, par exemple. C’est également une façon délicate et poétique d’évoquer l’Holocauste, de représenter l’irreprésentable… Remarquablement interprété par les deux acteurs, même si l’on imagine que Jeanne Moreau, d’abord pressentie pour le rôle, l’aurait sublimé.

fini avec lui… Scénariste, producteur et photographe, réalisateur de films remarquables comme Paris, Texas (1984) et des documentaires tels que Le Sel de la Terre (2014) co-réalisé avec Juliano Ribeiro Salgado, Wim Wenders est un extraordinaire homme de création dont on attend avec impatience la nouvelle fiction. Sources : dossier de presse

H

De retour de l’enterrement de sa mère, Gun-su, détective à la police criminelle, tue un homme dans un accident de voiture. Il décide de cacher le corps dans le cercueil de sa mère. Mais il apprend que son partenaire est nommé pour mener l’enquête et Gunsu, sous pression, la verra peu à peu progresser. Les choses vont encore empirer lorsqu’un témoin de l’accident va commencer à le menacer. Après une comédie nommée How the Lack of Love Affects Two Men, le réalisateur coréen a construit son second film sur un rythme palpitant et autour d’un suspense oppressant. Tout en respectant les codes du polar, il ose les confronter avec une bonne dose d’humour noir. Oppressant, amusant, vif, tragique et souvent très drôle… l’un des meilleurs thrillers coréens de ces dernières années.

Sources : dossier de presse

En équilibre

France – 2015 – 1h28, de Denis Dercourt, avec Albert Dupontel, Cécile de France, Marie Bäumer…

Marc, cascadeur équestre, devient tétraplégique après un accident sur un tournage. La rencontre avec Florence, chargée de minimiser son dossier par la compagnie d’assurances, confronte deux personnages aux tempéraments opposés : lui ne renonce à rien, pas même à remonter à cheval, elle a très tôt abandonné son désir d’être pianiste et épousé un cadre sans ambition. Denis Dercourt a reçu les conseils techniques de Bernard Sasché, cascadeur paraplégique, dont l’histoire est partiellement reprise, ce qui donne sa crédibilité à ce drame, audelà de l’interprétation charismatique d’Albert Dupontel et de la présence lumineuse de Cécile de France. Sources: dossier de presse

En route ! Voir pages Jeune Public

Everything Will Be Fine

Allemagne-Canada-Norvège – 2015 – 1h55, de Wim Wenders, avec James Franco, Charlotte Gainsbourg, Rachel McAdams, Marie-Josée Croze…

Alors qu’il vient de se disputer avec sa femme, Thomas, écrivain, erre en périphérie de la ville au volant de sa voiture. C’est une nuit d’hiver manquant de visibilité, au sol enneigé et Thomas percute un jeune garçon qui traversait la route. Les années passent et cet horrible accident résonne toujours dans la vie de l’écrivain. Comment se pardonner quand on a commis l’impardonnable ? Tandis que ses relations et sa vie volent en éclats, Thomas trouve un chemin inattendu vers la rédemption. Mais il apprend aussi à ses dépens que certaines personnes n’en ont pas

Hard Day

Corée – 2014 – 1h51 de Kim Seong-hun, avec Sun-kyun Lee et Jin-woong Choi…

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Sources : filmosphere.com – hellocoton.fr

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Indian Palace, suite royale Grande-Bretagne-États-Unis – 2015 – 2h02, de John Madden, avec Judi Dench, Maggie Smith, Bill Nighy…

Palace indien rempli d’Anglais retraités, l’hôtel Marigold affiche complet, ce qui persuade les propriétaires, Muriel Donnelly et Sonny Kapoor d’en ouvrir un deuxième à Jaipur. Entre ce nouveau projet et ses amours qui doivent bientôt se concrétiser en un mariage, Sonny ne sait où donner de la tête, tandis que ses clients, anciens et nouveaux, se livrent également à des assauts de séduction, commentés par les dames du lieu avec un humour acidulé. Cette comédie légère se laissera regarder avec plaisir et ravira les adeptes de Judi Dench, rescapée des films sur James Bond, et de Richard Gere, nouveau venu dans ce second volet réussi d’Indian Palace. Sources : dossier de presse

It Follows

USA – 2015 – 1h40, de David Robert Mitchell, avec Maika Monroe, Keir Gilchrist, Daniel Zovatto…

L’été arrive dans une banlieue typique des classes moyennes américaines, où Jay se retrouve embar-

quée dans une histoire aussi folle qu’effrayante. Assommée, elle se réveille attachée à un siège. Son compagnon avec lequel elle vient d’avoir une relation sexuelle lui annonce qu’elle va être traquée et poursuivie par une chose qui voudra la tuer. Son unique chance de salut : transmettre le mal, comme s’il s’agissait d’une monstrueuse maladie vénérienne. Avec ses amies, Jay va tout tenter pour se débarrasser de cette menace qui rôde… L’idée de contamination évoque, bien sûr, la peur des ados devant les MST, sida en tête. Mais aussi la perte de la virginité, thème central de tous les teenage movies et déjà au cœur du premier film du réalisateur (The Myth of the American Sleepover, inédit en salles). Avec une rare économie de moyens et un sens du hors-champ qui rappelle le cinéma de Jacques Tourneur, David Robert Mitchell signe un film de zombies ultra flippant, dénonçant l’éternel puritanisme qui ronge l’Amérique. Sources : telerama.fr

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Jack

Allemagne – 2014 – 1h43, de Edward Berger, avec Ivo Pietzcker , Georg Arms , Johann Fohl...

Joues roses et cheveux en bataille, à tout juste 10 ans, Jack est pratiquement chef de famille puisqu’il doit s’occuper de son petit frère ET de sa mère, totalement irresponsable... tellement irresponsable qu’elle est capable de laisser les enfants à la porte plusieurs jours : les clefs ont disparu et elle est partie avec un nouvel homme... Lâchés seuls dans Berlin, les deux gosses vont devoir faire flèche de tout bois pour assurer leur survie... Que l’on parle du gosse ou du film, Jack fonce à toute allure, porté par l’urgence et le besoin... Et la critique fonce aussi, qui convoque Xavier Dolan et les frères Dardenne tout à la fois pour évoquer ce feu follet cinématographique venu d’outre-Rhin... Sources : lesinrocks.com, telerama.com, cinematon.fr

Jauja Argentine – 2014 – 1h41, de Lisandro Alonso, avec Viggo Mortensen, Ghita Norby..

1882, fin fond de la Patagonie. Le gouvernement argentin mène une campagne destructrice contre la population indigène locale. Le capitaine Gunnar Dinesen arrive du Danemark, avec Ingeborg, sa fille de quinze ans, pour occuper un poste d’ingénieur dans l’armée. Ingeborg tombe amoureuse d’un jeune soldat et s’enfuit. Son père part alors en territoire ennemi pour la retrouver... Lisandro Alonso est le réalisateur de Los Muertos, Les CARNETS du STUDIO n°334 –

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La Libertad et Liverpool. Ces trois films ont été autant d’expériences fascinantes pour les chanceux qui ont pu les voir. Jauja ne déroge pas à la règle et provoque le même effet, mais avec une nuance de taille, à savoir la présence, pour la première fois, d’un acteur immensément célèbre en tête d’affiche : Viggo Mortensen qui montre une nouvelle fois, après Loin des hommes de David Oelhoffen, son envie de sortir des sentiers battus. Esthétiquement somptueux, il fait bon se perdre dans ce mystérieux voyage et suivre cette quête solitaire qui nous emmène dans un lieu inconnu, loin, vraiment loin de l’ordinaire du cinéma. JF

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Le Allemagne Labyrinthe du silence – 2014 – 2h03, de Giullio Ricciarelli, avec Alexander Fehling, Gert Voss, Friederike Becht...

Adapté d’un récit historique, Le Labyrinthe du silence raconte comment, à la fin des années 50, un procureur allemand découvre des documents susceptibles d’envoyer en prison un certain nombre d’anciens SS ayant sévi à Auschwitz. Convaincu que l’Allemagne doit faire face à son passé, il ne se laisse pas impressionner par les pressions qu’il subit pour abandonner son instruction. Bien entendu, à cette période, les anciens nazis n’ont pas disparu comme par miracle, mais se sont recyclés dans la vie ordinaire, fondus dans le décor... Sources : dossier de presse

La Loi du marché France – 2015 – 1h33, de Stéphane Brizé, avec Vincent Lindon…

À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail d’agent de sécurité dans un hypermarché, ce qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ? Et notamment d’espionner ses nouveaux collègues… Acteur qui aime les histoires de fidélité (avec Pierre Jolivet, Benoît Jacquot ou Philippe Le Guay), Vincent Lindon retrouve pour la troisième fois le réalisateur Stéphane Brizé qui lui avait donné de magnifiques rôles dans Mademoiselle Chambon (au côté de Sandrine Kiberlain) et dans le bouleversant Quelques heures de printemps (où il jouait le fils d’Hélène Vincent). Il sera entouré d’une troupe d’acteurs non professionnels qui jouent leur propre rôle d’employés de supermarché. Un nouveau film social qui rentrera en résonance avec Jamais de la vie de Pierre Jolivet où Olivier Gourmet était lui aussi agent de sécurité. Sources : dossier de presse

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Los Hongos

My Old Lady

Colombie – 2014 – 1h43, de Oscar Ruiz Navia, avec Jovan Alexis Marquinez, Calvin Buenaventura, Atala Astrada…

USA – France – 2015 – 1h42, de Israel Horovitz, avec Kevin Kline, Maggie Smith, Kristin Scott Thomas…

Ras est un adolescent noir et pauvre vivant avec sa mère. Maçon le jour, il peint chaque nuit des graffitis sur les murs de son quartier à Cali. Son amitié avec Calvin, autre adolescent graffeur mais blanc, échappe à tous les clichés attendus. Impressionnés par des images du Printemps arabe, ils décident de mettre leur commune passion du street art au service d’un véritable engagement politique. Joué par des comédiens tous amateurs, le film déborde de couleurs et de musique. Récit initiatique à résonances universelles et représentation amoureuse de Cali, Los Hongos développe une atmosphère à la fois réaliste et fantasmatique et constitue, selon le mot même de son auteur, un « rêve documentaire ».

Ça commence comme une comédie : Mathias, quinquagénaire américain mal élevé, sans scrupule et sans le sou, débarque à Paris pour récupérer l’appartement que son père lui a légué par testament. Une affaire : un véritable hôtel particulier dans le quartier du Marais ! Mais le hic, c’est que la belle demeure est habitée par une vieille dame, Mathilde, qui grâce à un contrat bien français – le viager – n’envisage pas d’être délogée, que, malgré ses 92 ans, elle se porte comme un charme et qu’elle est affublée d’une fille, Chloé, véritable tigresse, qui la défend bec et ongles… Au fur et à mesure que les démarches et entourloupes de Mathias s’avèrent vaines, le film prend une tournure plus amère... C’est Horovitz lui-même qui avait créé avec succès la pièce à Broadway. En l’adaptant au cinéma il réalise un film plein d’humanité, ponctué de dialogues piquants et qui nous parle du temps qui passe, des choix de vie, de la solitude. Si les prestations de Kevin Kline et Kristin Scott Thomas sont un peu convenues, celle de Maggie Smith est remarquable. SB

Sources : dossier de presse

La Magie Karel Zeman Voir pages Jeune Public

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La Maison au toit rouge Japon – 2014 – 2h16, de Yoji Yamada,

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avec Takako Matsu, Haru Kuroki, Takatarô Katoaka…

1936. Taki, une jeune Japonaise, quitte sa campagne natale pour aller travailler en tant que gouvernante à Tokyo chez la famille Tokoda. L’arrivée d’Ikatura, le jeune collègue de Masaki, la maîtresse de maison, va chambouler la vie paisible de la famille. Car Masaki ne peut s’empêcher de succomber aux charmes du jeune homme, sensible et cultivé… Taki sera ainsi témoin de cette liaison clandestine. Des années plus tard, le neveu de Taki découvre à sa mort une lettre sous enveloppe scellée… Yoji Yamada n’en est plus à son coup d’essai : au total, il a déjà réalisé près de quatre-vingts films ! Adapté d’un roman éponyme, La Maison au toit rouge dépeint la vie d’une famille faite de « menus bonheurs », selon lui, alors que la seconde guerre mondiale s’annonce. C’est l’idée de témoigner de cette période, à travers cette fenêtre de la maison, qui a séduit Yamada, pour qui la quête de la paix fut un moteur essentiel de vie.

Voir pages Jeune Public Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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Duku Spacemarines France – 2012 – 4’, de Nicolas Liautaud, Animation.

Les Optimistes

avec Stanislas Merhar, Clotilde Courau, Lena Paugam…

Norvège-Suède – 2014 – 1h30, de Gunhild Westhagen Magnor avec Gerd Bergesen, Goro Wergeland, Lillemor Berthelsen…

La vie n’est pas facile pour Pierre et Manon, deux documentaristes qui vivent de petits boulots. Les choses se compliquent avec l’arrivée d’Elisabeth, une jeune stagiaire qui devient la maîtresse de Pierre. Pour celui-ci cependant, pas question de quitter Manon. Un jour Elisabeth découvre que Manon a un amant et le dit à Pierre… Philippe Garrel, fidèle à ses méthodes, travaille très longuement en amont avec ses comédiens et se contente de deux ou trois prises, d’où l’impression fausse que les scènes sont improvisées alors qu’elles sont très écrites et visent à la plus grande authenticité possible. Le tournage dans l’ordre chronologique strict des scènes renforce encore la justesse des cheminements affectifs. Avec deux excellents comédiens trop rares sur nos écrans, Stanislas Merhar et Clotilde Courau.

Avant d’être un film, Les Optimistes c’est d’abord une fabuleuse équipe de volley norvégienne, avec des joueuses qui ne manquent pas d’humour à l’égard d’elles-mêmes, puisque qu’elles sont âgées de 66 à 98 ans ! Ce documentaire dresse un portrait tendre, parfois intime, de ces femmes lucides et pétillantes, qui maintiennent l’esprit d’équipe – et la forme – en s’entraînant chaque semaine. Un jour, un défi est lancé : rencontrer une équipe adverse. Et les voilà se préparant pour aller affronter une bande de seniors suédois ! Sans s’appesantir, la cinéaste distille quelques traces nous laissant imaginer des pans de vie passée. Les confidences de ces femmes âgées – comme celles de Goro – nous touchent et leur enthousiasme un brin facétieux est contagieux. Superbe ! RS

Sources : dossier de presse

Sources : dossier de presse

Les Nouvelles aventures de Gros Pois & Petit Point

L’Ombre des femmes France – 2015 – 1h13, de Philippe Garrel,

la mort de Daniel Bensaïd (philosophe et fondateur de la LCR). Carmen Castillo, dont toute la vie fut un combat (notamment au Chili – elle était venue présenter aux Studio son magnifique Rue Santa Fe – avant d’en être expulsée) s’interroge : « Le temps des certitudes était terminé. Avec la défaite d’une pensée utopique, le cœur et l’esprit de nos actions politiques tombaient en ruines. Peu à peu, le monde avait changé… Les uns après les autres, les militants rentraient dans les rangs du libéralisme triomphant. » Mais Carmen refuse les reniements et la passivité. Guidée par les écrits de Bensaïd, elle trouve autour du monde des raisons de se mettre en mouvement : ici dans les luttes du Droit au logement, dans les quartiers nord de Marseille, avec les syndicalistes en grève de Saint Nazaire, ailleurs avec les révoltés du Chiapas, les Sans Terre du Brésil, les résistants boliviens de Cochabamba… « Le plus grave, ce sont les défaites de l’intérieur, par abandon et désenchantement, les défaites sans combat qui sont surtout des débâcles morales. ». DP + court métrage - semaine du 6 au 12 mai

On est vivants France – 2014 – 1h40 de Carmen Castillo.

Peut-on rester fidèle à des idées passées de mode ? Peut-on encore changer le monde ? Ce film à la 1re personne commence sur un mode interrogatif. Avec

Papa ou Maman

Belgique/France – 2015 – 1h24, de Martin Bourboulon, avec Marina Foïs, Laurent Lafitte, Alexandre Desrousseaux, Michel Vuillermoz…

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Florence et Vincent Leroy ont tout réussi : leur métier, leur mariage, leurs (trois) enfants. Pourtant, le couple veut divorcer. Ils veulent pourtant divorcer et l'annoncent à leur progéniture, avec l'intention de réussir également leur divorce. Mais lorsqu’ils Les CARNETS du STUDIO n°334 –

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obtiennent simultanément la promotion tant espérée, leur vie de couple tourne au cauchemar. Désormais, Florence et Vincent vont s’affronter et ce n’est pas peu dire, chacun rivalisant de coups bas – un brin régressifs – pour… ne pas avoir la garde de leurs enfants ! Cette « comédie familiale vacharde n’est pas une farce, mais plutôt une comédie du remariage comme La Dame du vendredi, de Howard Hawks, bref une histoire de couple » (lemonde.fr). Sources : dossier de presse, telerama.fr, lemonde.fr.

Partisan

France – 2014 – 1h38, de Ariel Kleiman, avec Vincent Cassel, Nigel Barber, Jeremy Chabriel…

Dans une retraite enterrée en marge d’une ville en ruines, accessible uniquement par tunnels, Gregori vit entouré de son fils, Alexandre (11 ans), de femmes et d’enfants. Seul homme des lieux, il entraîne les enfants à un mode de vie très autarcique et... criminel puisqu’il leur arrive de devoir sortir du refuge pour aller tuer des victimes désignées par Gregori. L’arrivée d’une nouvelle mère, accompagnée d’un enfant du même âge qu’Alexandre mais non habitué à ces pratiques horsnormes, va bousculer un peu cet équilibre... Avec un Vincent Cassel toujours aussi intense et un scénario assez retors, Partisan s’annonce comme un film à la fois déroutant, dérangeant et probablement captivant. Sources : hollywood reporter.com

La Porte d’Anna

France – 2015 – 1h20, documentaire de Patrick Dumont et de François Hébrard…

La Porte d’Anna nous plonge dans la vie d’un hôpital de pédopsychiatrie au sein d’un groupe d’enfants présentant des troubles mentaux. Sans a priori, sans regard polémique non plus, l’équipe de réalisation partage le travail inlassable, titanesque et profondément humain accompli au jour le jour par les soignants et les éducateurs et va à la rencontre de personnes au destin hors du commun qui luttent au quotidien pour le bien-être des plus démunis. Ce documentaire témoigne des joies et des douleurs de ces enfants malades et des défis de l’équipe médicale qui les accompagne… Le film est construit autour de l’unité temporelle de la semaine : on y raconte la vraie vie de tous, en immersion complète, sans artifice, au plus près des enfants et des soignants. La Porte d’Anna est le premier film de Patrick Dumont et de François Hébrard en tant que réalisateurs, ayant auparavant accompagné nombre d’auteurs reconnus, respectivement

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en tant que producteur exécutif et chef opérateur. Sources : dossier de presse.

Vendredi 29 mai à 19h45, avant première du film, dans le cadre du Congrès de Pédopsychiatre de Tours, et rencontre avec les réalisateurs.

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Parce que son mari la bat, Laura, enceinte, s’enfuit de la maison où ils vivent avec Matias, leur fils de 8 ans. De refuge en hôtel, poursuivis par l’homme qui les cherche sans qu’on ne le voie jamais, commence alors un poignant road-movie où la peur ne quitte jamais ni Laura, ni le spectateur… Un film d’autant plus touchant que tout est vu à hauteur d’enfance, par les yeux du petit garçon, magnifiquement interprété par Sebastian Molinaro, qui parvient à rendre compte de l’ambiguïté des sentiments qui traversent le petit garçon. Entre thriller et dénonciation sociale, sans jamais avoir à montrer la moindre scène de violence, Refugiado réussit son pari audacieux de savoir être émouvant sans être jamais mélo. « Un des films les plus efficaces sur le fléau des violences conjugales. »

Pourquoi j’ai pas mangé mon père France – 2015 – 1h30, film d’animation de Jamel Debbouze, avec Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh…

Au royaume des simiens, le peuple attend avec impatience la naissance du futur roi. Le souverain décide de se débarrasser de son premier né qu’il juge trop petit et fragile. Son second fils sera donc le roi. Le bébé survit néanmoins et trouve refuge auprès de Yann, un singe un peu simplet. Prénommé Édouard, il finit par découvrir sa véritable identité mais est immédiatement banni du royaume par la volonté d’une vilaine sorcière. Dans la savane, Édouard se redresse, marche sur ses deux pieds et découvre le feu. Il en profite pour courtiser la belle Lucie. Entre-temps, Vania, son frère, a pris le pouvoir… Jamel Debbouze réalise une adaptation du livre de Roy Lewis Pourquoi j’ai mangé mon père (1960) dont il n’aurait conservé que les éléments de base : si le livre est un concentré de cynisme et d’ironie, le film, en revanche, se veut résolument optimiste. Un film sur le handicap, la banlieue, l’amour, la fraternité et le mieux vivre ensemble, bref, une bonne surprise. Sources : telerama.fr

Voir pages Jeune Public

Le Président

Géorgie/France/Allemagne/Grande-Bretagne - 2014 - 1h59,de Mohsen Makhmalbaf, avec Misha Gomiashvili, Ia Sukhitashvili…

Quelque part dans le Caucase, une dictature, semblable à tant d’autres : le Président et ses proches sont tout puissants, ont droit de vie et surtout de mort sur tout un chacun et vivent dans l’opulence alors que le pays est dans la misère. Suite à un coup d’État, le Président traqué décide de s’enfuir avec son petit-fils et, pour éviter d’être reconnu, se grime en musicien de rues. Son errance le confronte à la souffrance de son peuple et à la haine que tous éprouvent à son égard… M. Makhmalbaf, exilé depuis 2004 pour fuir la censure iranienne, a choisi la fable picaresque pour délivrer un message de tolérance, suite au Printemps arabe, aux destitutions de Ben Ali, Moubarak et Kadhafi et à leurs conséquences. Sources : dossier de presse, telerama.fr, premiere.fr, critikat.com

Refugiado

Argentine – 2014 – 1h33 - de Diego Lerman, avec Julieta Diaz, Sebastian Molinaro…

Sources : trigon-film.org – next.liberation.fr – zerodeconduite.net

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Shaun le mouton Grande-Bretagne 2015 – 1h25, de Mark Burton et Richard Starzak

Pensionnaire à la ferme de Mossy Bottom, où il exerce ses talents de mouton sous la surveillance inefficace du chien Bitzer, Shaun serait bien satisfait de sa vie pépère d’ovidé domestique s’il ne rêvait tout de même à de plus grand horizons (« Tout le malheur des moutons vient de ce qu’ils ne peuvent pas demeurer en repos dans leur pré », aurait dit Pascal...) Aussi Shaun saute-t-il la barrière et se retrouve-t-il en ville, un milieu étrange et effrayant où tout va bien plus vite qu’à la ferme... Bonne nouvelle, l’équipe de Wallace et Gromit vient de faire un long métrage adapté de leur série télévisée ! Et c’est une vraie réussite ! ER Voir pages Jeune Public

Suite française

Grande-Bretagne/France/Belgique – 2015 – 1h47, de Saul Dibb, avec Michelle Williams, Matthias Schoenaerts, Kristin Scott Thomas…

1940, France. Dans l’attente de nouvelles de son mari prisonnier de guerre, Lucile mène une existence soumise sous l’œil inquisiteur de sa belle-mère. L’arrivée de l’armée allemande dans leur village contraint les deux femmes à loger chez elles le lieutenant Bruno Von Falk. La suite : l’histoire simple d’un homme et d’une femme ayant le malheur de s’aimer dans des temps compliqués… Tournée en décors naturels, de manière très classique et avec un trio d’acteurs au top, cette Suite française d’une grande élégance res-

titue au plus près le roman d’origine auquel elle rend un vibrant hommage. Sources : dossier de presse

Taxi Téhéran

Iran – 2015 – 1h22, de Jafar Panahi, avec Jafar Panahi et divers acteurs dont le nom ne peut être cité...1

T

Après avoir été emprisonné puis assigné à résidence, Jafar Panahi est aujourd’hui « seulement » frappé d’une interdiction de tourner... Qu’à cela ne tienne, il devient chauffeur de taxi... avec une ou deux caméras embarquées... Si à cela on ajoute les téléphones portables de ses clients ou l’appareil photo de sa nièce, on obtient un kaléidoscope de la vie à Téhéran aujourd’hui... D’un voleur à la tire à une avocate des droits de l’homme en passant par un revendeur de DVD piratés ou deux dames âgées en pèlerinage urgent vers une source (si elles arrivent après midi, elles mourront!) ou bien encore une nièce survoltée qui veut faire un film pour son école tout en respectant les nombreux interdits cinématographiques iraniens, Panahi nous balade avec humour et humeur dans tout un monde joyeux, en colère ou cynique, mais terriblement vivant... ER + court métrage

MeTube : August Sings Carmen Habanera Autriche – 2013 – 4’, de Daniel Moshel, avecAugust Schram, Albert Maier…

Le Temps qu’il fait Voir pages Jeune Public

La Tête haute

France – 2015 – 1h59, de Emmanuelle Bercot, avec Catherine Deneuve, Sara Forestier, Benoît Magimel…

De l’enfance jusqu’à l’âge adulte, ce nouveau film d’Emmanuelle Bercot (que le grand public avait découverte avec le magnifique Elle s’en va) suit le parcours de Malony, un jeune délinquant… qu’un éducateur et une juge pour enfant tentent de sauver. Pour ces 400 coups d’aujourd’hui, la réalisatrice retrouve la grande Catherine et fera, événement cannois assez inédit pour un film social, la soirée d’ouverture du festival. Son président,Thierry Frémaux, se félicite de présenter une œuvre qui « relève d’un certain engagement ». « C’est un film universel, qui exprime bien les questions qui se posent sur nos modèles de société ; un film qui parle de la jeunesse, de transmission, du rapport entre la justice et la société, des mécanismes sociaux et éducatifs mis en place dans un pays comme la France pour traiter des cas de délinquance… » Emmanuelle Bercot y avait déjà reçu le Prix du jury pour son court Les CARNETS du STUDIO n°334 –

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métrage Les Vacances avant d’y présenter Clément et Polisse dont elle était co-scénariste avec Maïwenn. Sources : lemonde.fr – telerama.fr

Titli, une chronique indienne Inde – 2014 – 2h07, de Kanu Behl, avec Shashank Arora, Shivani Raghuvanshi…

Trois frères, braqueurs de voitures, cohabitent avec leur père en banlieue de Delhi. A leur insu, Titli, le benjamin, caresse un autre rêve pour échapper aux magouilles familiales. Mais son projet est contrecarré par ses frères qui le marient malgré lui à Neelu. Les circonstances vont l’amener à trouver en sa jeune épouse une alliée inattendue pour échapper au joug familial et à la violence de ses frères. Ce film, présenté à Cannes et primé à maintes reprises, a reçu le Prix du jury du Ficat aux Studio de Tours. Membre de ce jury, Jean-Marie Laclavetine a évoqué un choix unanime pour « ce film [qui] réussit à nous montrer une société avec un regard critique et humain […] C’est un film très vivant, remarquablement filmé avec une attention portée à tous les détails ». Une œuvre forte et remarquable ! RS

TroisFrance souvenirs de ma jeunesse – 2014 – 2h03, d’Arnaud Desplechin, avec Quentin Dolmaire, Lou Roy Le collinet, Mathieu Amalric...

Le cinéaste replonge dans le passé des personnages qui avaient inspiré, en 1996, Comment je me suis disputé... (ma vie sexuelle), notamment celui de Paul Dédalus, le héros, maître-assistant de la fac de Nanterre. Le film s’articule autour de ses trois plus grands souvenirs de jeunesse : des scènes d’enfance et de famille, un souvenir d’URSS avant la chute du Mur de Berlin et enfin l’histoire d’amour entre Paul et Esther, une lycéenne de Roubaix. En démontrant une fois de plus son art du romanesque, Arnaud Desplechin nous donnera-t-il les clés pour mieux comprendre le personnage principal et sa difficulté à vivre le présent ?

Tu dors Nicole Canada – 2015 – 1h30, de Stéphane Lafleur,avec Julianne Côté, Catherine St-Laurent, Marc-André Grondin…

Les vacances de Nicole se passent sans surprise, avec son amie Véronique, dans la maison de ses parents absents. Mais le frère aîné de Nicole vient déranger cette harmonie tranquille avec son groupe. L’été caniculaire au Canada et les répétitions des musiciens ont raison du sommeil de Nicole et remet-

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humaine, mélangeant tragédie et humour. Un film comique et fascinant du début à la fin ! Le film a reçu la récompense la plus prestigieuse du Festival du cinéma de Venise : le Lion d’or. MS

tent en question l’amitié des deux filles. Cette chronique en noir et blanc du basculement dans l’âge adulte est filmée avec un grand sens des nuances, esthétiques et psychologiques, comme un rêve éveillé, émaillé d’humour. Ce troisième long-métrage de Stéphane Lafleur a obtenu quatre nominations dans différents festivals et témoigne de la créativité du cinéma québecois. Sources : dossier de presse

Une femme iranienne Film du mois, voir au dos du carnet.

U

V Z

Voyage dans la Préhistoire Voir pages Jeune Public

Zaneta

Suède – 2014 – 1h39, de Roy Andersson, avec Holger Andersson, Nils Westblom, Charlotta Larsson...

Dans un quartier misérable, Zaneta vit avec sa jeune sœur, son mari, David, et leur toute petite fille. Comme les autres habitants du quartier, ils sont pauvres, mais souffrent d’un autre handicap : ils

sont Roms... ce qui n’aide pas quand on veut essayer de se sortir de la misère, de mener ce qui pourrait ressembler à une vie normale. Lorsque les impayés s’accumulent, David est prêt à tenter l’illégalité mais Zaneta ne veut pas en entendre parler. Fière et littéralement droite dans ses bottes, elle entend bien s’en sortir par le haut... Zaneta trace le portrait en creux d’un pays où les structures sociales et les garde-fous se sont effondrés, où le racisme banalisé peut s’exprimer librement ; il trace surtout le portrait d’une femme digne et volontaire qui refuse la fatalité et doit se battre autant contre sa propre communauté que contre un monde qui ne semble pas vouloir d’elle. ER

Un homme idéal

France – 2015 – 1h43, de Yann Gozlan, avec Pierre Niney, Ana Girardot…

À 25 ans Mathieu rêve d’être un auteur reconnu, mais aucune de ses tentatives n’a abouti. Comme il faut bien vivre, il travaille dans l’entreprise de déménagement de son oncle. Alors qu’il vide la maison d’un vieil homme seul qui vient de décéder, il trouve un manuscrit et, après avoir hésité, décide de se l’approprier. La vie de Mathieu bascule : il accède enfin à la vie dont il avait toujours rêvé. Mais le rêve ne peut devenir réalité quand il tire son origine du mensonge et peut même tourner au pire cauchemar quand un maître-chanteur se manifeste… Après avoir exploré le genre horrifique dans Captifs, son premier long métrage, en 2010, Yann Gozlan opte cette fois pour le polar façon Patricia Highsmith et revendique pleinement les références à Plein Soleil de R. Clément et à La Piscine de J. Deray, ce qui est de fort bon aloi. Sources : dossier de presse, telerama.fr, premiere.fr

Un pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence Suède – 2014 – 1h39, de Roy Andersson, avec Holger Andersson, Nils Westblom, Charlotta Larsson...

Le réalisateur nous amène à réfléchir sur l’existence de l’Homme en suivant deux vendeurs de farces et attrapes qui cherchent à amuser les gens avec des dents de vampire et des sacs à rire. Se succèdent des tableaux faits de rencontres entre des personnages tous aussi bizarres les uns que les autres, dans des situations si absurdes qu’elles en deviennent surréalistes. Nous sommes ballottés entre sentiments de grandeur et de fragilité de l’existence

om ne.c ioci stud

Mardi 12 mai UNE SOIRÉE, DEUX FILMS

19h30 – L’Ennemi

Lundi 4 mai Soirée Hitchcock-UNE SOIRÉE, DEUX FILMS 19h30 – Rebecca

public

1931 USA Noir et blanc 1h24, avec James Cagney, Jean Harlow, Edward Woods

21h – La

Joyeuse suicidée

1937 USA Couleurs 1h17, avec Carole Lombard, Fredric March

1940 USA Noir et blanc 2h10, avec Laurence Olivier, Joan Fontaine.

Lundi 18 mai - 19h30 21h45 – Chantage de Alfred Hitchcock (1929) Grande-Bretagne Noir et blanc 1h25

La Légende de Paul et Paula de Heiner Carow (1973) RDA Couleurs 1h45

Lundi 11 mai - 19h30

Lundi 25 mai - 19h30

HOMMAGE A WILLIAM WELLMAN PARTENARIAT CINÉMATHÈQUE/STUDIO

LedeMariage de Maria Braun Rainer Werner Fassbinder (1978) RFA Couleurs 2h,

La Ville abandonnée 1948 USA Noir et blanc 1h38,

avec Hanna Schygulla

avec Gregory Peck, Anne Baxter, Richard Widmark.

Lundi 1er juin - 19h30

Soirée présentée par Amélie Dubois, critique aux Inrock.

L’Homme qui tua Liberty Valence de John Ford (1962) USA Noir et blanc 2h02, avec James Stewart, Johhn Wayne, Vera Miles

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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FILM DU MOIS

Une femme iranienne Iran – 2011 – 1h42, de Negar Azarbayjani, avec Shayesteh Irani, Qazal Shakeri, Homayoun Ershadi…

N

on, le film du mois ne s'est pas spécialisé dans le cinéma iranien, mais la qualité des œuvres et le hasard des sorties (contrairement à Taxi Téhéran, Une femme iranienne a mis quatre ans à être distribué) explique plutôt cela. Le titre est trompeur (l'international, Facing Mirrors, est bien plus juste) car le film fait le portrait non d'une, mais de deux femmes. Soit, d'un côté, Rana, mère d'un jeune garçon, dont le mari purge une longue peine de prison pour dettes. Pour l'aider, et sans qu'il le sache, elle fait, clandestinement, le taxi. De l'autre, Adineh, fille de famille aisée qui veut devenir Eddie. En phase de transition inter-sexe, comme elle le dit, elle attend un passeport pour pouvoir repartir en Allemagne, fuir son père qui veut la marier de force, et achever son processus de transformation. Un jour, Adineh, en fuite, loue les services de Rana afin d'aller se réfugier dans une ville loin de sa famille... Une femme iranienne raconte l'émancipation de deux femmes dont les chemins n'auraient jamais dû se croiser, « Je n'avais jamais vu une personne comme toi auparavant ... Tu es née femme, tu dois rester femme », dit tout d'abord Rana qui ne comprend pas. Pourtant quelque chose de l'ordre d'une commune oppression machiste les rapproche. Dans un Iran hivernal, le film déroule son récit avec force et sans langue de bois. « On a tout ce que tu veux, alcool, cartes, dope », disent des hommes qui veulent racoler Adineh. « Tu ne portes pas ton

foulard, on est foutues », panique Rana quand la police les arrête. Mais le film n'est pas un discours ; constamment prenant, il possède aussi de beaux moments de cinéma comme celui où, lors d'un trajet vers Téhéran, les voix des deux personnages prennent à tour de rôle la parole pour conter leur histoire. Qu'est-ce que la féminité ? La réalisatrice Negar Azarbayjani, pour son premier long métrage, pose la question à travers un jeu subtil sur les apparences. Personne ne voit Adineh de la même façon selon qu'elle porte voile ou bonnet, les repères du masculin et du féminin deviennent troubles, d'où quelques quiproquos. Mais les autres peuvent bien se questionner, voire donner leur opinion, le film montre que seule Adineh sait qui elle est vraiment. Pour elle c'est une évidence : « L'homme qui vivait en moi devenait plus fort chaque jour … » Comment être une femme, aujourd'hui, en Iran ? Le film propose deux réponses à cette question, aussi émouvantes l'une que l'autre. Bien d'autres seraient possibles, mais en apprenant à se connaître, à s'accepter, en faisant un bout de chemin ensemble, Rana et Adineh/Eddie se sont un peu plus rapprochées de leur vérité intérieure. Avoir le droit d'être qui on est ? C'est la question que pose Nagar Azarbayjani et elle arrive à dépasser, et de loin, les seules frontières de l'Iran. Une femme iranienne est un beau message de liberté et de tolérance. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n° 334 mai 2015 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


Tout public à partir de 8 ans

République tchèque – 2013 – 1h23, de Karel Zeman.

VO

Après avoir vécu sur Terre des aventures extraordinaires, le Baron de Crac est accueilli sur la Lune par Cyrano de Bergerac et les héros de Jules Verne…

Dimanche 31 mai après la séance du matin, visite guidée de la cabine de projection.

– La Maison démontable, de Buster Keaton. – L’Ondée Canada/USA/France – 1920 à 2008 35 mn, courts métrages d’animation. – Le Jardin

sans paroles

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

La magie Karel Zeman

À partir de 3 ans

sans paroles

République tchèque – 2015 – 46 mn, courts métrages d’animation de Karel Zeman.

Rêve de Noël • Le Hamster • Le Fer à cheval porte-bonheur • Monsieur Protouk horloger • Inspiration Dimanche 31 mai après la séance du matin, visite guidée de la cabine de projection.

À partir de 4 ans

VF

USA – 2015 – 1h15, film d’animation de Tim Johnson.

Les Boovs décident, pour échapper à leurs ennemis jurés les Gorgs, de faire de la Terre leur nouvelle planète…

VF

République tchèque – 2014 – 1h16, de Karel Zeman.

À partir de 6 ans

Tout public à partir de 7 ans

Une première : la belle histoire de Cendrillon filmée avec de vrais acteurs…

Film d’aventures fantastiques et poétiques, inspiré des romans de Jules Verne.

Tout public à partir de 9 ans

USA – 2015 – 1h35 de Kenneth Branagh, avec Lily James, Cate Blanchett, Richard Madden... Tout public à partir de 8 ans

VO République tchèque – 1955 – 1h28, de Karel Zeman.

VF

Quatre garçons qui ont lu les Voyages extraordinaires de Jules Verne entreprennent de remonter le fleuve du temps pour trouver l’origine d’un mystérieux fossile...

Film réalisé en animation et en images réelles.

Canada – 2014 – 45 mn, courts métrages d’animation de Co Hoedeman.

À partir de 4 ans

sans paroles

– Tchou-Tchou – Le Théâtre de Marianne – Le Château de sable

GB/France – 2015 – 1h25, film d’animation de Mark Burton, Richard Starzack, Richard Goleszowski.

sans paroles

Tout public à partir de 5 ans

Shaun part à la ville, suivi par tout le troupeau, à la recherche du gentil fermier… (Voir page 13) VF

France – 2015 – 1h35, film d’animation de Jamel Debbouze, avec Jamel Debbouze, Mélissa Theuriau, Arié Elmaleh...

VO

Suède – 2015 – 43 mn, six courts métrages d’animation de Uzi et Lotta Geffenblad. À partir de 3 ans

Une adaptation libre et humoristique du roman de Roy Lewis, Pourquoi j’ai mangé mon père, tournée avec brio en performance capture. (Voir page 12)

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Tout public à partir de 8 ans

Nos deux héros sont de retour ! Un programme délicieux et malicieux pour les tout-petits. 35


À propos de Big Eyes

L’œil était dans la tombe et regardait Caïn… Victor Hugo

` HOMME DE MAINS

Ic i… ` HISTOIRES DE FAMILLE

c’est, Un film du duo Kervern-Delépine » fraules gue « forcément, une histoire de , ique atyp ours cassées par la vie, au parc ver. trou se de qui se perdent pour tenter de Leur univers est singulier, âpre et, l’air ces , nce érie rien, expérience après exp forte, deux-là construisent une œuvre rsant leve bou le sans concessions. Après elleHou M. Near Death Experience, avec le cé men com becq, en 2014, ils ont déjà tSain ou vins tournage de La Route des s) titre x deu les Amour (ils hésitent entre de x deu er ouv qui leur permettra de retr arleurs compagnons de route : G. Dep rinte x-là deu dieu et B. Poelvoorde. Ces , eurs cult agri préteront un père et son fils, se de t eron tent en conflit permanent, qui ,à réconcilier en suivant la route des vins duit con être bord d’un taxi qui devrait par… Michel Houellebecq, ` MISE EN ABYME

isaCinq ans après L’Arnacoeur, le réal faire veau teur Pascal Chaumeil va de nou il lui tourner Romain Duris. Cette fois, e mag chô au confiera le rôle d’un ouvrier à r tueu nir qui, pour s’en sortir, va deve ion gages. Un petit boulot est une adaptat effec , son du roman éponyme de Iain Levi si aus ra tuée par Michel Blanc qui joue dans le film.

et ai lle ur s… ` LES YEUX, LES OREILLES

deux Big Eyes est encore à l’affiche que sont ton Bur nouveaux projets de Tim d’un ion ptat déjà annoncés : une ada grine roman pour la jeunesse, Miss Pere ait devr qui n, Home’s for Peculiar Childre une et 6, 201 être visible au printemps Disnouvelle version d’un classique de u ntea pha l’élé ney, Dumbo. Si en 1941, de ion cess suc volant était animé par une à un dessins, il le sera, désormais, grâce et les réel s vue mélange de prises de d’images de synthèse.

an ` JOUE-LA COMME DE NIRO C’est le métier qui rentre est un rom lakilos dro ière Après avoir perdu une dizaine de mettant en scène, de man la à c’est , nne Call t édie pour son dernier film, Nigh tique, le passage d’une com sent cata lem étra ons une métamorphose diam réalisation dans des conditi , ir à tud sub Tes fait ie opposée que Jake Gyllenhaal trophiques, écrit par Sylv un de e, film Hop un son corps afin d’incarner Billy mais c’est aussi désormais de (qui . titre tud le r Tes boxeur qui va combattre pou Diane Kurys, avec… Sylvie le tre ès, con si apr aus champion du monde, mais reformeront ainsi, sept ans ges Fred o, ask Bal iane Jos ), an Sag de le (mauvais) sort. Les premières ima duo t oine tren Ant mon et ua de Southpaw d’Antoine Fuq Testot, Zabou Breitman rontou méc , ce cles un J. Gyllenhaal tout en mus Duléry. Souhaitons-leur que naissable et bluffant. IG nage-là se passe bien.

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E

st-ce La Légende des siècles qui a pythonisé Tim Burton et lui a fait perdre son âme d’enfant ? Autrement dit, quelles sont les peurs qui ont freiné sa créativité ? ou bien ne s’exprime-t-elle, dans son nouveau film, Big eyes, qu’à travers la représentation des tableaux de dame Margaret Keane, tous ces yeux, des gros yeux d’enfants, des poulbots américains infiniment tristes, peints jusqu’à saturation, par cette femme, esclave d’un mari pervers et génial publicitaire ? Telle est l’histoire vraie que le réalisateur a décidé (?) de filmer, sans doute quelque peu contraint dans ses choix artistiques par la présence en ce monde de la dame en question. Sans nul doute, après avoir subi le joug d’un homme qui prétendait être l’auteur de ses tableaux, n’est-elle plus encline à la tolérance envers la gent masculine, même incarnée par le célèbre réalisateur ! Mais lui, pourquoi ce travail sur une biographie quelque peu mièvre, ponctué par un défilé de regards vides, cette complaisance à l’égard d’une artiste médiocre ? Si, comme l’affirmait Andy Warhol dans les années 60, une peinture qui se vend bien est une œuvre d’art, lui qui s’y connaissait en répliques avec les Campbell's Soup, alors cette multitude d’enfants malheureux, débités en tableaux, affiches et cartes postales touche au sublime ! Mais ce débat sur l’art, Tim Burton l’effleure à peine, mettant en scène un vieux critique grincheux et un galeriste snob et opportuniste, bien trop caricaturaux pour être crédibles. Finalement, le débat est ailleurs, à la fois sociologique et

psychologique : Margaret Keane est le symbole d’un pays et d’une époque où les femmes dépendaient de leurs époux, n’osaient pas quitter le foyer, élever seules leurs enfants, moins encore revendiquer le statut d’artiste. Lorsqu’enfin cette femme affirme être l’auteure des tableaux, un monde bascule avec elle, ouvrant la voie et la voix aux féministes. Cependant, ces œuvres, signées par son mari, étaient déjà plébiscitées, soidisant comme expression de la douleur d’un homme, touché dans sa propre enfance et bouleversé par la détresse des autres. Dimension psychologique, donc, appel à l’inconscient collectif, à la dimension émotionnelle lorsque le spectateur s’identifie à ces petites créatures aux grands yeux ! Ainsi, depuis les années 60, la définition de l’art est-elle de plus en plus hasardeuse, sauf à s’en remettre aux prix des œuvres en salle des ventes… Donc, nulle ironie dans le film de Tim Burton, aucun délire, sinon celui de ce couple sado-maso. Mais cela n’a rien à voir avec Qui a peur de Virginia Woolf avec Elisabeth Taylor, ou de Camille Claudel avec Isabelle Adjani. Le réalisateur reste sage et distancié, de plus en plus loin de ses films des débuts, d’Edward aux mains d’argent, à Charlie et la chocolaterie, avec Johnny Depp et son regard halluciné. Comme si son imaginaire s’était émoussé et qu’à 57 ans il avait perdu son supplément d’âme et une vision si particulière du monde. Comme si ces Big Eyes l’avaient envoûté et tout entier absorbé. CP

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À propos de The Voices

Q

ue se passe-t-il dans la psyché des réalisateurs ? Tim Burton voit des gros yeux partout et Marjane Satrapi entend des voix ! Lui, à l’évidence, régresse, elle, au contraire, devient didactique : imaginez un grand amphithéâtre, rempli d’étudiants en psychologie et projetez sur un écran son nouveau film, The Voices, superbe illustration de la théorie freudienne des pulsions. Il y est question d’un charmant jeune homme, timide et séduisant, contraint d’assassiner sa mère dans sa prime enfance. Certes, c’est elle, fortement dérangée, qui lui a demandé de la finir, mais ça marque un peu quand même et notre Jerry est dès lors contraint d’aller voir une psychothérapeute qui lui prescrit des pilules pour neutraliser ses « voix ». Bien sûr, il ne les prend pas, cela le confronte à une solitude trop intense. Mieux vaut une « vraie vie », accompagnée par les discours contradictoires de ses animaux domestiques.

Son chat, Monsieur Moustache, créature luciférienne, l’incite à débrider ses pulsions, il représente le ça, selon Freud, c’est à dire Eros et Thanatos, en gros forniquer ou tuer. Son chien, Bosco, est garant de la vie sociale, donc du contrôle de soi, c’est son surmoi. Entre les deux, son cœur balance car le moi de Jerry est un tantinet faiblard, on l’aura compris. Et, bien sûr, le diable l’emporte, le fameux quatrième ange, Lucifer, précise Jerry. Parce qu’au fond, les pulsions, le Christianisme en avait déjà parlé, avant Freud, que les Américains n’aiment pas, (le film est produit par eux). D’ailleurs la psy, à la fin de l’histoire, séquestrée, admet, sous le coup de l’épouvante, que la psychothérapie, ça ne marche pas. Revenons-en aux pulsions : voilà ce

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Interférences Hungry Hearts Felix & Meira

tendre jouvenceau qui tombe amoureux d’une collègue, mais comme elle se moque de lui, il la tue gentiment, avec beaucoup d’amour : la preuve, il garde sa tête dans le réfrigérateur, pour pouvoir encore entendre sa voix ! Et puis voilà que surgit une autre employée, au bureau, qui veut assouvir sa libido avec lui, ça marche très bien, mais comme elle est trop curieuse, il est obligé de jouer les Barbe-Bleue et de la faire trépasser. Tout comme la troisième femme, amie des premières, ce qui fera trois têtes avenantes dans le même appareil glaçant ! Bien sûr, vous aurez noté, chers élèves, la répétition du chiffre trois. Trois, comme les trois instances psychiques, trois, comme le triangle œdipien. Après ces trois meurtres par inadvertance, ces découpages méticuleux du corps de l’une, de la tête des autres, nappés d’un sang éclatant, il est temps d’en revenir à une morale décente, d’autant plus que le chat-ça et le chien-surmoi se sont enfuis, abandonnant le Jerry-moi. Bien sûr, la société intervient, gyrophares, assauts, sauvetage de la psy, mais lui meurt, seul… puis retrouve plein de gens au paradis, où tout le monde chante : Jésus, papa, maman et les trois filles ! Ce film, c’est du vrai Tim Burton avec le souvenir d’Hitchcock, mais sous l’emprise de la psychanalyse, c’est ce que Freud appelait : le retour du refoulé… (bon, j’explique: le retour du refoulé, c’est quand on est dans le déni et que ça vous explose au visage : plus personne ne croit à la psychanalyse ? alors l’inconscient se fait plus lourd encore et Tim Burton est submergé par son enfance, Marjane Satrapi engluée dans ses pulsions. Fin du cours !) CP

L

e prologue de Hungry Hearts est assez gonflé : sur un plan fixe de huit minutes, deux inconnus se retrouvent coincés dans l’espace exigu des toilettes d’un restaurant chinois. C’est de cette manière incongrue que commence l’histoire d’amour entre Jude et Mina, entre gêne et promiscuité, rires et complicité immédiate malgré la différence entre le géant américain brun et pragmatique et l’évanescente et blonde Italienne. Comme on a beaucoup ri, on s’imagine dans une comédie avant de se rendre compte que le film nous entraîne insidieusement, avec la naissance d’un enfant, du côté de Répulsion ou de Rosemary’s baby de Polanski. Obsessionnellement, Mina décide de protéger son petit du monde extérieur, forcément néfaste, affreux, sale et méchant. Elle refuse de le plonger dans la pollution de la grande ville, instaure d’étranges rituels hygiéniques, se coupe de tout contact avec la famille ou leurs anciens amis, nourrissant son bébé, a minima, uniquement avec des légumes ! Sans produits lactés ! Commence alors une lutte sourde entre les parents ; Jude s’est rendu compte que leur enfant dépérit, triste et geignard bambin sous-alimenté, que le délirant désir de pureté de sa femme est totalement morbide. Pour sauver son enfant des dangers invisibles qui le menacent, elle préfère le laisser mourir… Se couper du monde. Vivre refermé sur des règles intangibles du groupe, avec sa langue,

ses rituels, ses rôles immuables dévolus aux hommes (prier, chanter Dieu, rire) et aux femmes, sorte d’animaux de compagnie chargés des tâches intérieures et de faire des enfants. Comme dans Kadosh d’Amos Gitaï, Félix et Meira de Maxime Giroud nous plonge dans le monde incompréhensible, totalement aberrant (pour un athée), des ultras orthodoxes juifs, qui vivent sous le joug d’un dieu sourcilleux qui surveille chacun de leurs gestes. Sans que l’on sache vraiment pourquoi (le film refuse tout didactisme), Meira ne supporte plus cet enfermement volontaire. Elle ose dessiner, écouter de la musique, ouvrir les yeux sur la beauté imparfaite du monde tel qu’il va, cahin-caha, regarder dans les yeux un homme qui n’est pas son mari. Jouissance inédite de réinventer son corps dans un jean, de pouvoir rire et être insouciante. Modestement, sans déclaration, ce film raconte une libération. Le plus surprenant est que son intransigeant mari la laisse partir… parce qu’il l’aime. Et que cet amour, terrestre et impur, finit par l’emporter (final qui, en cette période sinistre où les adeptes de la pureté iconoclaste et meurtrière semblent prendre le dessus, fait un bien fou – même si l’on sait pertinemment que le pouvoir d’une fiction est bien faible face à la réalité du monde !) DP

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Les rédacteurs ont vu :

Birdman de Alejandro Gonzalez Inarritu

Le mythe d’Icare revisité à la fois par un réalisateur et un acteur, voilà une recette efficace pour toucher l’inconscient collectif ! Je me demande si Inarritu savait que Dédale était le père d’Icare ? Car le labyrinthe dans lequel il nous embarque, est-ce vraiment celui de Raymond Carver, l’auteur de la nouvelle que s’évertue à adapter l’acteur déchu interprété par un acteur… en chute libre, lui aussi ? Mais on ne sort pas si facilement de l’antre du Minotaure, et Icare-BatmanBirdman s’afflige de voir la cire de ses ailes fondre sous les projecteurs : décollera, décollera pas ? Je parle du héros, bien sûr, pas du film ! CP Expert en destins qui se croisent autour d’un drame, Inarritu dévide ici un fil narratif unique dans un halluciné et virtuose plan séquence de près de deux heures où, paradoxe du comédien, s’affrontent les voix du ressentiment et d’un

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délirant désir de reconnaissance. Et il parvient souvent – encore une nouveauté – à être d’un humour qui mord. DP

J’aurais bien aimé avoir la distance nécessaire pour me dire qu’Inarritu en fait trop, qu’il se regarde filmer ou cherche à épater... mais, impossible ! Et de toute façon, il y a tant de cinéastes qui semblent oublier qu’ils fabriquent des images que, lorsque l’on en trouve un qui n’a pas peur de foncer... je refuse de bouder mon plaisir ! ER

Interprétation exceptionnelle (de Michael Keaton et Edward Norton notamment), et mise en scène étourdissante : mais pourquoi ce film, aussi brillant soitil, ne parvient-il pas à faire jaillir l’émotion ? On ne s’ennuie pas, non, mais on n’est pas captivés non plus. Dommage. IG

Un choc. L’impression, du début à la fin, d’emprunter des montagnes russes filant dans un couloir dont on ne peut sortir. Enfermement durable pour quelques échappées. Course. Pause. Course. Une batterie au rythme saccadé, lent, accéléré, qui lie les images les unes aux autres. Des rencontres accompagnées de dialogues ininterrompus. Séduction/répulsion. Toujours des excès. Des chutes comme des envolées. On est pris, surpris. On s’y perd aussi. MS

La surprenante vertu de l’ignorance, peut-on lire en sous-titre à Birdman. Mais qu’est-ce que ce charabia veut dire ? Il ne faut rien connaître pour apprécier le film ? Il faut être bête ? En tous cas il faut aimer le tape-à-l’œil, ce qui n’est pas forcément désagréable. Mais le cinéma d’Alejandro

G. Inarritu gagnerait quand même a être un peu moins prétentieux et à se regarder moins filmer. JF

Birdman accumule tous les atouts possibles pour être reconnu et admiré comme un chef d’œuvre : du grand spectacle certes mais plein de sous-couches et d’intentions, sans oublier l’indispensable distanciation ironique pour les intellos à qui on ne la fait pas. D’où vient alors qu’on ressort un peu agacé de ce film très accrocheur ? C’est que justement tout est hyper-pensé, hyper-contrôlé, d’une habileté folle, on entend presque les : « c’est bon ça, man, ça va leur en foutre plein la vue ». Ce n’est plus un film, c’est un monument à la gloire de son auteur. Très c’est bien, trop ça gâche. AW

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Pages & images

Carver/Inarritu : le grand écart « Il y avait un seau à glace sur la table. On se passait et repassait les bouteilles de gin et de tonic et, sans savoir comment, on s’est retrouvés à parler d’amour. » En deux phrases (situées au début du troisième paragraphe de la nouvelle Parlez-moi d’amour), Raymond Carver fait bien plus que planter son décor, il plonge le lecteur dans deux des thèmes les plus courants de son œuvre : l’alcool et l’amour (à moins que cela ne constitue un seul thème : l’alcoolet-l’amour tant l’abus de l’un semble souvent contrarier la réalisation de l’autre...). Deux phrases, peu de mots, peu de mots compliqués ou recherchés, Carver use d’un vocabulaire et d’une syntaxe d’une grande simplicité... Sa forme d’écriture, donc (mais certainement pas son univers), est à l’exact opposé de celui de A-G Inarritu, qui depuis Amours chiennes (2006) jusqu’à Babel (2006), nous a habitués à des récits complexes, rapides, foisonnants. Les histoires se croisent, il construit des scénarios extrêmement boulonnés qui sollicitent sérieusement l’attention du spectateur. (Biutiful (2010) constituait à cet égard un assez net changement de registre.) C’est pourtant une nouvelle de Carver qu’Inarritu a choisie comme pivot de son nouveau film, Birdman... un choix qui semble donc paradoxal puisque leurs deux manières de raconter sont très opposées (Carver a souvent été décrit comme un minimaliste (ce qui peut se discuter), tandis que Inarritu pourrait très bien être décrit comme un maximaliste (beaucoup de sons, d’images, de mouvements, de personnages,

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de dialogues, de musique...) Ce paradoxe apparent doit dans un premier temps s’assortir d’un rappel : Robert Altman avait déjà fait une admirable adaptation de Carver avec son Short cuts (1993). Et, déjà en 1993, le style choisi pour transporter à l’écran les récits de Carver était passablement maximaliste : récit choral (comme les trois premiers films d’Inarritu, tiens, tiens...), très longue durée du film (3 heures et 7 minutes !) mouvements de caméra et cadrages parfois très prononcés... Faut-il le rappeler, Birdman tourne autour de l’adaptation théâtrale (fictive) de la nouvelle de Raymond Carver citée ci-dessus, plus précisément autour du cadre de cette nouvelle : deux couples d’amis, attablés devant une certaine quantité de gin, discutent de ce que peut ou ne peut pas être l’amour et notamment, de savoir si l’on peut tuer par amour... À cela, Inarritu ajoute une scène de son invention, très librement adaptée de la nouvelle, dans laquelle un homme arrive dans un motel pour y tuer l’amant de sa femme. Mais ces deux scènes (les seules que nous verrons de la pièce de théâtre) ne constituent que les points récurrents de l’ensemble du film : nous les reverrons, de répétition en répétition, de générale en première mais sans rien voir du reste de la supposée adaptation de Carver puisque la majeure partie du film est consacrée à ce qui se passe hors de la scène, dans les coulisses, les cintres, les loges, chez le protagoniste principal… Là où tous ces écarts deviennent intéressants, c’est lorsque l’on perçoit la multiplicité des niveaux de travail...

Pour commencer, Inarritu utilise un beau texte, simple, poignant et court, comme pré-texte pour le scénario de son film ; ce texte déjà court – il n’en retient qu’une fraction (et en transforme une autre) – fraction qu’il s’ingénie à nous montrer de plusieurs manières différentes puisqu’elle fait l’objet d’un travail de répétition. La mise en voix proposée par les acteurs fictifs censés interpréter cette adaptation diffère sensiblement de celle suggérée par le texte de Carver, où dire est à peu près le seul verbe de parole utilisé, alors que dans Birdman, l’acteur interprété par Edward Norton élève souvent la voix, ce qui, en soi, constitue déjà une assez sérieuse relecture du texte... L’amateur de scénarios croisés qu’est Inarritu a ici décidé de s’en tenir à une linéarité stricte et, histoire de bien enfoncer le clou linéaire, a même poussé la perversité jusqu’à filmer tout cela comme s’il s’agissait d’un seul et unique plan séquence, qui happe le spectateur pour ne plus le lâcher jusqu’à la fin. L’effet ici est double au moins : le spectateur est immédiatement fasciné par la virtuosité qui se dégage de cet enchaînement virevoltant, alors que la lecture de Carver offre un plaisir bien plus

retenu, où il faut accepter de ne pas être fasciné par le texte pour succomber à son charme. Un certain nombre de critiques ont voulu voir là une faiblesse du film, perçu comme un exercice exhibitionniste de virtuosité nombriliste. Qu’il nous soit permis de ne pas être d’accord ; cette virtuosité est un atout en elle-même, qui fait presque violence au spectateur, qui lui dit : « Regarde, regarde bien et essaie de n’en pas perdre une miette, parce que chaque détail est important ! Parce que le fait même d’essayer de ne rien perdre fait partie du plaisir que je t’offre ! » Tout comme les textes de Carver tiennent notamment par leurs petits détails, d’ailleurs... Le résultat est prévisible : l’objet du film n’est plus exactement celui de la nouvelle de Carver, (même s’il y est beaucoup question d’alcool et d’amour...) et l’on passe très vite à une fantaisie cruelle sur le déclin individuel, le vieillissement et la distension des liens familiaux. Là où, en revanche, la manière rejoint un peu celle de Carver, c’est qu’il n’y est jamais question de larmoyer, qu’une solide dose d’humour, d’ironie décapante, vient toujours nous protéger des excès lacrymaux (un peu comme Altman l’avait fait en son temps, d’ailleurs...) ER

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JEUDI 19 MARS. Paradise in heart de Phi Tien Son Pour accompagner ce film inédit, Mai Thu Huyen, actrice principale du film, était présente ainsi que Mai Thi Thu Trang, sa sœur, styliste du film et qui y fait aussi une courte apparition. Lam Lê, réalisateur lui-même, assurait la traduction. Avant la projection, Mai Thu Huyen, qui est également productrice de cinéma et de télévision, s’est dite très heureuse de présenter pour la première fois son film à l’étranger. Pour nous mettre dans l’am-

VENDREDI 20 MARS, lors de la projection de The Undying Dream we Have, le Ficat proposait de rencontrer le réalisateur japonais Jinsei Tsuji, qui a exprimé son plaisir d’être avec nous, se disant « très honoré » d’être ici. Qualifiant son film d’onirique, il y aborde « le deuil. Je voulais écrire comment on voit l’ombre des esprits ». Evoquant Fukushima, il dit l’importance de ne pas oublier les morts. Le cinéaste a choisi de tourner à Kyoto, où se trouvent de nombreux temples et cimetières, ville particulière où « il y a toujours les morts et les vivants qui cohabitent ». Alors que le public loue sa beauté esthétique, un spectateur exprime sa perception du chagrin lié au deuil puis du

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biance de la projection à venir, elle nous donne la signification de son nom, Rubis noir d’automne et de celui de sa sœur, Beauté d’automne (patronymes parfaitement adaptés à la réalité). Plus sérieusement, elle nous explique que Paradise in heart marque un tournant dans le cinéma vietnamien car il aborde ouvertement l’homo et la bisexualité. Très bien accueilli dans son pays, par la critique et par le public, Paradise in heart y a reçu de nombreux prix dont les Cerfvolants (l’équivalent de nos Césars) du meilleur film, du meilleur acteur et de l’espoir masculin. De plus, c’est aussi le premier film reconnu, soutenu et récompensé par les associations LGBT vietnamiennes. Le film, après cette étape tourangelle, va continuer à voyager, Hong-Kong puis les États-Unis. JF

cheminement qui mène à l’apaisement. J. Tsuji se dit très touché : « Si on a un ressenti, c’est très important ». Au lieu de faire comprendre, il préfère créer une sensation, par exemple à travers l’image de la pluie qui tombe… Le réalisateur – également danseur de Buto – est interpellé sur les images de danse dans son film : « La danse est un symbole de vie pour moi ». Au Japon, « il y a beaucoup d’animisme, et la danse est un symbole de l’animisme ». J. Tsuji, qui vit à Paris, évoque une différence extrême entre la France et le Japon dans la manière de penser l’esprit. La soirée fut passionnante avec ce créateur qui s’est montré disponible et authentique. RS

DIMANCHE

MATIN

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MARS,

le festival accueillait trois courts métrages qui flirtaient, chacun à leur manière, avec le fantastique. Mars in the Well était présenté par son co-réalisateur, F. Poustockine : « Une œuvre à la narration très ouverte », évocation futuriste des conséquences du dérèglement climatique… « Le peu de moyens nous a donné une grande liberté, d’ailleurs c’est un tournage que nous n’avons pas déclaré. » Un constat pessimiste où le seul espoir serait de se réfugier sur la planète rouge. Shadow, de Lorenzo Recio, est une variation particulièrement sensuelle autour du théâtre d’ombres. Une rencontre amoureuse entre passé et modernité, ombre et lumière, qui au travers d’un magnifique travail sur le corps renouvelle le mythe de l’androgynie. Enfin, le tourangeau Frank Ternier présentait son film d’animation 8 balles qui

RENCONTRE AVEC ALAIN MAZARS Alain Mazars était venu ce 23 mars pour présenter un film particulièrement atypique : Une histoire birmane. Tourné en Birmanie avec des moyens extrêmement limités, Une histoire birmane mélange des extraits du 1984 de G. Orwell, une quête des traces du séjour d’Orwell en Birmanie, la découverte de ce même texte par des acteurs birmans contemporains et aussi le tout premier roman d’Orwell, qui s’appelle précisément... Une histoire birmane... Film complexe donc, mais aussi film très

a eu une belle carrière dans les festivals autour du monde. C’est la rencontre avec une stagiaire Frank Ternier et Freddy Poustochkine aux Studio venant de Taipei © Dominique Plumecocq qui a donné corps à un scénario déjà existant. « Je me suis nourri d’elle pour construire cet univers avec la volonté de communiquer avec le public au niveau des sens, l’obsession, l’angoisse d’une mémoire qui se fragmente. » Les techniques très variées (3D, animation traditionnelle, rotoscopie*, animation informatique) avaient pour but de garder une liberté qui n’est pas souvent possible en animation et d’avoir un vrai travail collectif avec une équipe réduite de trois personnes. Un film fort dont le pré-achat par Arte a été essentiel au lancement du projet. DP * Des dessins à partir d’images filmées

adapté à la situation birmane : Orwell connaissait très bien ce pays (il y fut cinq ans policier de sa Gracieuse Majesté) et la surveillance omniprésente de 1984 correspond bien à ce que vit le peuple birman depuis le coup d’état de 1962, à tel point que même des Birmans capables de pensée critique envers leur gouvernement peinent à dépasser des auto-censures dont ils ne sont que peu conscients, ce qu’il s’est efforcé de filmer en nous montrant précisément ces acteurs réagir à la découverte du texte orwellien. Un film-Ovni que l’on aimerait bien voir sortir en salles un jour... ER

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Rencontre Xavier Champagnac

MARDI 24 MARS, En soirée de clôture du Ficat, Zoltan Mayer est venu présenter Voyage en Chine, dans lequel Yolande Moreau joue le rôle principal. La rencontre avec cette actrice touchante a suscité l’envie d’écrire le scénario. Film sur le lien et le deuil, avec un tournage franco-chinois « très heureux et facile » dans le Sichuan. Z. Mayer confie qu’il a eu envie de raconter cet amour qu’il a pour la culture chinoise. Le choix du Sichuan est lié à la fois au taoïsme et aux rituels qui y sont encore très présents et à sa nature particulière et luxuriante. Or, Z. Mayer avait

REMISE DES PRIX Salle comble pour la remise des prix du festival. Le Prix du jury a été remis au film Titli, une chronique indienne de Kanu Behl. Le jury, dont l’écrivain Jean-Marie Laclavetine est le porte-parole, a été unanime, louant les qualités originales de Jinsei Tsuji, réalisateur de The Undying Dream we Have, aux Studio © Roselyne Savard cette œuvre s’éloignant de toute imagerie folklorique et réussissant à montrer une société dans sa quotidienneté et sa violence sous un regard critique et humain. Zoé Peyssonnerie, distributrice, a d’ailleurs évoqué les

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« envie d’incarner le fils par la nature ». Le public s’interroge sur son choix de premiers plans parfois flous. « Qu’est-ce qui est essentiel et qu’est-ce qui ne l’est pas ? J’ai essayé de faire un film animiste, de rendre présent ce fils à travers les acteurs, à travers le toucher, l’odeur… Le cinéma, c’est ça : ce que l’on raconte derrière l’évidence. Essayer de raconter le rêve qui est caché derrière les choses, c’est l’art de suggérer ». Ce réalisateur travaille beaucoup sur les sens : « Ils sont trompeurs mais je crois à leur vérité ». Cette rencontre a été chaleureuse, sous le signe d’un enthousiasme communicatif. RS différents prix reçus par ce film remarquable. Exceptionnellement, le jury a remis une Mention spéciale à Alain Mazars pour Une Histoire birmane, « un objet cinématographique inattendu qui nous a séduits par la démarche de son auteur parti en Birmanie sur les traces d’Orwell. Film métaphysique, totalement singulier qui nous a enthousiasmés et intrigués ». Le Prix du public a été décerné au film de Wu Tianming pour Le Chant du phénix. Philippe Postel, sinologue, venu représenter la fille du cinéaste, nous fait part de l’émotion de celle-ci et de ses remerciements au public. Il nous rappelle que son père, décédé l’an dernier, a formé de grands cinéastes de la 5e génération. Ce film-testament porte sur la transmission de la culture et exprime cette interrogation sur « le devenir de l’art et du cinéma chinois dans cette civilisation happée par les diktats économiques de la mondialisation ». RS

Rencontre avec Xavier Champagnac LES DÉCENTRÉS dimanche 15 mars 2015

L

es Décentrés ce sont ces gens que l’on croise sans les voir, qui travaillent dans les grandes zones commerciales périphériques, y vivent parfois et ne viennent quasiment jamais dans les centres-villes. Ils étaient venus en nombre aux Studio pour la projection du film de Xavier Champagnac dont ils sont les héros. Avec son œuvre documentaire tournée dans les différentes zones commerciales aux portes de l’agglomération tourangelle, le réalisateur nous montre des lieux le plus souvent oubliés des films de fiction ou de la littérature. Pourtant, Xavier Champagnac insiste sur leur importance aux niveaux sociologique, géographique (ils s’étendent sur des surfaces énormes), sans compter leur fréquentation même si on n’y fait que passer pour ses courses et qu’on ne s’y arrête pas. Il était donc primordial pour l’équipe d’y poser ses caméras et de s’intéresser aux images singulières faites de logos, panneaux publicitaires, parkings… que génèrent ces endroits si particuliers. Mais le but était avant tout de s’intéresser à l’humain, à ceux qui font vivre ces lieux où on peut aussi danser, s’aimer, se retrouver ! La grande surprise est qu’ils sont le plus souvent joyeux et lucides : « La grande majorité d’entre eux est contente malgré les 25 heures souvent imposées, les conditions précaires, le travail haché, les pressions ». Tous les intervenants le confirment (dans le film et dans la salle) : on est loin de l’ambiance de l’œuvre de fiction Discount de Louis-Julien Petit… Pourtant, tous tiennent le même discours derrière lequel pointe l’inquiétude : ils ont

un emploi malgré la crise et sont satisfaits de ce possible. Ils évoquent un avenir incertain, beaucoup d’entre eux multiplient les employeurs, et pourtant aucun ne s’en plaint ! Ainsi Line Xavier Champagnac, aux Studio © Roselyne Guérineau qui témoigne de sa grande chance de cumuler trois boulots ! Le constat est donc plus qu’étonnant… L’absence de voix off (rare dans les films documentaires), le mélange de proximité et de juste distance du réalisateur avec ses personnages, la grande neutralité dont il fait preuve sont salués par tous ; « Il faut faire confiance à l’image et ne pas diriger le spectateur ». On peut s’interroger, comme plusieurs spectateurs tentèrent de le faire, sur les nuisances et les maux engendrés par ces zones : en plus des les conditions imposées à ceux qui les font vivre, leur uniformité, l’urbanisme qui défigure l’environnement, l’omniprésence de la voiture… Mais ce n’était pas le propos du film, profondément humain, profondément touchant, comme le furent le débat et les témoignages. SB

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Rencontre avec Alix Delaporte

Rencontre avec Alix Delaporte LE DERNIER COUP DE MARTEAU mardi 3 février 2015

Alix Delaporte, aux Studio © Roselyne Guérineau

En avant-première, Alix Delaporte est venue nous présenter son film : Le Dernier coup de marteau, aidé à l’écriture par Ciclic.

L

’histoire qui nous est contée est celle de Victor, un ado vivant avec sa mère. Il va faire la connaissance de son père, un chef d’orchestre distant et froid, venu dans la région pour interpréter la Sixième Symphonie de Mahler... En préambule, Alix Delaporte nous confie que ce sont les débats avec le public qui lui apprennent ce qu’elle a fait. Elle se sent encore dans la construction du film mais pas encore dans l’émotion. L’idée du scénario d’un film lui vient souvent d’une image qu’elle travaille. Ici, la première image est celle d’une mère et de son enfant. S’y ajoute ensuite une émotion à faire partager. Faire un enfant, ça vient petit à petit. Il faut un père et une mère. Ça s’est construit ainsi : le père n’est pas là / la mère est fusionnelle avec son enfant / le père est chef d’orchestre

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/ l’enfant vient aux répétitions / émerge l’idée de faire venir le spectateur là où il ne va pas / découverte de la symphonie de Mahler / La plage pour la mère. Au départ, l’émotion prime ; ensuite commence le travail. C’est un film sensible. Tout passe par la façon d’être des personnages. La relation passe beaucoup par la musique. L’enfant est dans une grande peine, une grande souffrance ; en même temps, il est plein d’énergie. Dans sa recherche, Alix Delaporte fait confiance aux spectateurs. Elle leur demande beaucoup d’engagement, laisse des espaces pour qu’ils mettent d’euxmêmes. « Ce que je trouve bien, c’est que chacun mette ce qu’il est, transforme en une expérience plus personnelle. » Elle cherche à remplacer le dialogue par des actions car souvent les mots sonnent faux. Le côté physique, instinctif, est fort, très présent. Les temps de silence, les espaces libres, les absences sont appréciés. On ne communique pas que par les

mots. La musique tient une grande place, comme la Sixième Symphonie de Mahler qui va entrer dans le cœur de Victor et lui faire ressentir sa filiation. Le choix des acteurs s'est fait au travers de vidéos prises dans le sud, comme celui de Romain / Victor pour la profondeur de son regard, une certaine mélancolie, de la douceur. Au cours du casting, Romain a su garder un moment de silence, regarder l’adulte dans les yeux, sans maniérisme, sans fabrication. Il fallait un garçon responsable de ses choix, de ses actions. C’est un garçon qui a su partir de ses propres émotions puis composer. Alix Delaporte n’aime pas les victimes, ainsi elle évite le pathos. Grégory Gadebois, déjà présent dans Angèle et Tony, a bien compris le scénario, les sentiments. Il a suivi les actions qui étaient choisies car tout est écrit : les silences sont écrits, le temps de penser, de décider... L’acteur peut bousculer le personnage écrit, discuter de certains mots et amener ce qu’il est. Quant à Clotilde Hesme, elle est originale. Elle peut adopter dix personnalités à la fois.

Le film reflète la difficulté à communiquer. Dans le film précédent, Angèle et Tony étaient de grands taiseux. « Quand on met trop de mots, j’ai l’impression d’être impudique », dira la réalisatrice. Elle préfère remplacer les mots par une action, chercher les sentiments qui peuvent être ambivalents. Deux scènes sont parlantes d’ellesmêmes : celle durant laquelle la jeune Luna rase la tête de Victor. Tout réside dans la distance de la caméra. Il y a une seule place pour la caméra. Les deux adolescents étaient très investis dans le film. Ils étaient fragiles dans leur relation, Victor très pudique et réservé. On ne pouvait leur demander un baiser. La deuxième est la scène finale, ouverte. Après deux années d’écriture, Alix Delaporte signe un film d’auteur sensible, délicat, une deuxième belle réussite ! MS

Enfin, les personnages secondaires comme les Espagnols (parmi eux deux grands acteurs) ou bien le gendarme très humain, la réalisatrice ne veut pas les cantonner à de simples fonctions.

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À propos de 1 001 grammes

Elle rencontre un homme un peu timide, un peu bohème, mal rasé, à la fois ingénieur et jardinier, passionné par le chant des oiseaux. Il ne sera jamais nommé, comme s’il n’était finalement pas nécessaire de tout clarifier, d’enfermer les êtres dans un cadre balisé, une identité définie : « Un homme qui a une montre sait toujours l’heure qu’il est, celui qui en a deux n’est jamais sûr de rien », lui dit-il.

Lignes formes couleurs

M

arie est grande, blonde, froide, ses yeux sont bleus. Elle est vêtue strictement, col boutonné, talons plats. Quasi inexpressive, comme enfermée en ellemême, elle ne sourit que rarement, et d’un sourire tout juste esquissé. Elle habite une grande maison blanche aux larges baies rectangulaires, éclairée d’une lumière qui ne laisse aucun recoin dans l’ombre. Très peu de meubles, tous design, sans âme. Le cadre de vie est incolore, nu, comme inoccupé, sans rien de fantaisiste ni d’arbitraire. Le quartier où elle habite est filmé par une caméra embarquée sur un drone, mosaïque minérale rigoureuse et sévère. Un vrai tableau de Mondrian, les couleurs en moins, un univers quadrillé au graphisme glacial, sournoisement cauchemardesque.

Marie travaille au laboratoire national norvégien de contrôle des poids et mesures. Y dominent des couleurs primaires, sans nuances, des bleus soutenus qui contrastent avec des murs tout blancs,. Les éclairages sont crus, les angles sont droits, les lignes parallèles ou perpendiculaires, les formes réduites à leur minimum géométrique. On y voit plus de machines et d’automates que d’êtres humains. Seul lieu non conforme, un petit espace fumeurs étonnant, très mince interstice entre deux murs aveugles. Deux personnes ne peuvent s’y faire face.

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Pour se déplacer Marie dispose d’une minuscule et un peu ridicule voiture électrique d’un bleu lui-même électrique. Elle se déplace peu : de chez elle au labo et retour. Seules échappées : la ferme de son père. Sa vie est stérile, un désert sans passé, sans amour depuis que son compagnon l’a quittée. Son père meurt. Elle, qui devait de toutes façons lui succéder au labo, ira donc le remplacer dans un séminaire à Paris, au BIPM (Bureau international des Poids et Mesures) de Saint-Cloud, y apportant le kilo-étalon norvégien afin de faire vérifier avec précision s’il est toujours parfaitement exact. Elle l’emporte, enfermé sous une double cloche de verre, dans un étui métallique contenu lui-même dans une mallette en cuir.

Retour en Norvège. La petite auto bleue verse dans un fossé. Catastrophe ! La cloche de verre renfermant le kilo-étalon est brisée, le kilo lui-même peut-être abîmé. Retour express en France, au BIPM, pour réparation. Elle y retrouve l’homme, elle sourit. Elle doit repartir mais elle reviendra, après un court retour en Norvège où elle se rachète le même modèle un peu ridicule de caisse à savon, mais d’un rouge pétant cette fois. Nouvelle ellipse. Nous revoilà à Paris. Après l’avoir vue à Saint-Cloud en tee-shirt décolleté et les bras nus, la voici à présent toute nue avec son amoureux, relâchée, radieuse, heureuse. Sa vie a radicalement changé de cap avec cet étalon d’un autre genre (jeu de mots intraduisible en norvégien). En se brisant, la cloche de verre a également brisé

les murs de la prison qui l’étouffait. La dernière image nous montre les toits de Paris, assemblage hétéroclite de formes, de dimensions, de couleurs à cent lieues de son lotissement norvégien. Ce film ne révolutionnera pas le cinéma, loin de là, c’est juste une jolie petite histoire à la fois légère et intelligente. Moins surprenant et moins drôle que Kitchen Stories, du même Bent Hamer, il a cependant le grand mérite de nous rappeler que le cinéma n’est pas du théâtre filmé. Très peu de dialogues et un récit malgré cela limpide, dans lequel tout passe par les cadrages, les lignes, les formes, les couleurs, les éclairages, rendent les explications vaines, les commentaires superflus et suffisent à creuser plus profond qu’il n’y paraît dans les sentiments et les pensées de Marie. Loin des bavardages qui saturent l’attention du spectateur et compensent parfois la faiblesse du scénario ou de la mise en scène, cette œuvre attachante procure un plaisir sans mélange grâce à sa petite musique purement visuelle. Pardon pour l’oxymore. Elle nous rappelle opportunément que si le théâtre est un art de la parole, le cinéma est avant tout, dans son essence même, un art de l’image. AW

Pavillon de Breteuil, dans le parc de SaintCloud. Quartier du Marais à Paris. La végétation du parc, les quais de la Seine, les rues pavées, les boiseries des bistros, leurs éclairages indirects forment un cadre chaleureux, accueillant, pas très organisé sans toutefois être désordonné. Les couleurs sont devenues chaudes, les lignes et les formes plus floues, la lumière est souvent dorée.

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Interférences Réalité Inherent Vice

Est-ce parce qu’on est suffisamment séduit, happé par d’autres aspects de l’œuvre qui feraient oublier qu’on est largué : humour, effets spéciaux, personnages attachants, virtuosités diverses ? Sûrement pas. Les rouflaquettes de Joaquin Phoenix, ses pieds sales et ses faux airs de John Lennon peuvent amuser cinq minutes, pas deux heures vingt-huit ! Idem pour les essais de cri d’Alain Chabat.

I

ci, il y a un cinéaste qui veut tourner un film gore, un producteur hyperactif qui fait des cartons sur des surfeurs, une petite fille qui a vu une cassette vidéo dans le ventre d’un sanglier que son père éviscérait, un directeur d’école barbu qui conduit sa jeep en robe longue et talons aiguille, un animateur télé costumé qui souffre d’un prurit compulsif… et tout ce petit monde étrange se croise selon la trame complexe d’un film qui s’appelle Réalité, le prénom, en américain, de la petite fille qui regarde la cassette du film en train d’être imaginé et/ou tourné…

Là bas, il y a un détective privé à rouflaquettes qui passe sa journée de hippie à fumer des joints, son ancienne petite amie qui s’est acoquinée avec un influent promoteur immobilier et qui lui demande de l’aide, un flic psychorigide et dépressif, des agents du FBI corrompus, une masseuse chinoise spécialisée dans le broute-minou, des bikers néo-nazis, un dentiste lubrique accro à la coke, un saxophoniste infiltré dans une secte, à moins que ce ne soit dans un cartel vietnamien qui a le même nom qu’un trois-mâts qui prend le large… Délire très construit où les pièces s’imbriquent petit à petit, déplacements et condensation d’éléments hétéroclites qui finissent

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par former un système déroutant, certes, mais qui fonctionne, le film de Quentin Dupieux nous plonge dans « cette mine dont les galeries s’entrecroisent. »* Je comprends que ce récit absurde agace mais je l’ai trouvé absolument jubilatoire, magnifié par l’obsédante musique de Philip Glass.

Inherent vice de Paul Thomas Anderson cherche lui aussi l’égarement dans les méandres fumeux d’un faux polar à tiroirs. Tout le monde se perd, Doc Sportello en premier, abruti par l’herbe et … le spectateur du film qui ne comprend pas grandchose (enfin moi) dans cette plongée dans le LA des années 70. C’est peut-être la réussite du film d’arriver à nous faire perdre pied mais, malgré les chansons de Neil Young, j’ai ressenti un colossal ennui (avec cependant suffisant de masochisme pour rester assis durant 148 minutes), le même genre d’ennui que je ressentais, me semblet-il me souvenir, dans les déjà lointaines soirées de fumette.

En fait, Inherent Vice nous rappelle ces inextricables films noirs de la grande époque comme Le Grand sommeil de Howard Hawks, la magie en moins certes mais la coolitude en plus. On s’y noie ? Mais on adore se noyer dans de telles oeuvres, être baladé, manipulé. Le plaisir cinématographique n’est pas intellectuel, il est de l’ordre de la fascination. À la condition expresse toutefois que l’obscurité ou le délire soient parfaitement maîtrisés, excluant tout à-peu-près et toute confusion, à condition donc que l’impression qui domine soit non pas celle d’un pensum prétentieux ou d’un fourre-tout jmenfoutiste, mais celle d’un mystère qui nous dépasse et nous hisse au-dessus de nos vies planplan. Cela reste forcément très subjectif.

Réalité est un cas un peu différent. Ici pas de méandres tortueux d’une intrigue policière labyrinthique, mais un délire narratif totalement cohérent où la raison se perd. Les scènes s’enchaînent avec précision mais de façon totalement imprévisible : on voit bien que tout se tient mais pas moyen d’appréhender le schéma d’ensemble ! Le film prend toutes les apparences du réalisme et de la rigueur pour emmener le spectateur dans un univers délirant mais à la forte cohérence interne, un univers parallèle en quelque sorte. Parvenir à intéresser sans s’adresser à la rassurante raison, sans tout baliser et tout expliquer, c’est du grand art. Cela dit, il ne suffit évidemment pas qu’un film soit obscur pour qu’il soit bon : si maîtriser le non-sense est un art, n’avoir ni queue ni tête est une tare. Inutile de s’attarder sur de douloureux exemples. Un mauvais film obscur s’autorise n’importe quoi, un bon film obscur obéit à une Règle du jeu non dévoilée mais structurante. Il est probable que si on connaissait cette règle, Réalité et Inherent Vice perdraient une grande partie de leur attrait. DP et AW

* Matière de rêves de Michel Butor

Tout cela conduit à se demander quel intérêt on peut bien trouver dans un film auquel on ne comprend rien. On s’était déjà posé la question avec, par exemple, Mulholland Drive de David Lynch. En vain. Prendre du plaisir à s’infuser un film incompréhensible est un plaisir lui-même incompréhensible.

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