Carnets 30.11 2016 au 03.01 2017

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°351 • Décembre 2016

Dimanche 11 décembre 10h30 : Ciné Apéro Voir page 5


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Décembre 2016 - n° 351

Édito

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CNP . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 4 ......

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Soirée Vague Jeunes

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Soirée Radio Béton

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Apéro Jeune Publique en partenariat avec le CDNT Séance cinéma africain

LES FILMS DE A à Z

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Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

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Cafétéria des Studio En bref

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Bande annonce

Actes numériques et conséquences

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gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77

Rencontre avec

Hélène Angel

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18 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

Interférences

Juste la fin du monde, Frantz, Le Fils de Jean

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19 EUROPA

Courts lettrages

Poesia sin fin

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REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CIN MA EUROP EN

AFCAE

Rencontre avec

Michel Ocelot

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ASSOCIATION FRAN AISE DES CIN MAS D ART ET ESSAI

Rencontre avec

ACOR

M. C. Mention-Schaar . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

ASSOCIATION DES CIN MAS DE L OUEST POUR LA RECHERCHE

Rencontre avec

(Membre co?fondateur)

Katell Quillévéré

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GNCR

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GROUPEMENT NATIONAL DES CIN MAS DE RECHERCHE

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ASSOCIATION DES CIN MAS DU CENTRE (Membre co?fondateur)

Vos critiques

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Jeune Public

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À propos de

Soy Nero

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ACC

Interférences

Soy Nero, Moi Daniel Blake, La Fille inconnue

FILM DU MOIS : FAIS DE BEAUX RÊVES Prix de l APF 1998

GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 e. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Françoise Chapoton et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DE RÉALISATION : Éric Besnier, Roselynela Guérineau – DIRECTEUR : Philippe – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts Pr sence graphique contribue pr servation de l Lecocq environnement et atteste tre (37) reconnu

IMPRIM VERT.


éditorial

Primaire ? L

es hasards de la distribution ont fait se succéder au mois d’octobre et dans nos salles trois réalisatrices venues y présenter leurs derniers longs-métrages, soit MarieCastille Mention-Schaar pour Le Ciel attendra, Hélène Angel pour Primaire et Katell Quillévéré pour Réparer les vivants ; trois films qui, malgré des styles et des histoires très différents, avaient en commun de s’appuyer sur une base documentaire solide tout en racontant une histoire totalement fictive et d’être tournés… par des femmes*. Sans vouloir se lancer dans un débat sans intérêt sur l’existence d’un cinéma spécifiquement féminin, on peut vouloir simplement noter la coïncidence et se réjouir de la vitalité de ces créatrices.

L’un des films (qui sortira en janvier) s’appelant Primaire, le spectateur étourdi pourrait s’attendre à voir un film qui ressemblait au spectacle peu affriolant de son petit écran, avec affrontement de bêtes de scène politiques sur le retour, mues par une ambition démesurée et une haine réciproque que masquent à peine des sourires de façade… Les premiers épisodes de celle de la droite et du centre avaient tout d’une foire à l’encan où chacun des six candidats y allait de sa proposition de suppression de fonctionnaires : 200 000, 500 000, qui dit mieux ! Conséquence d’un État méticuleusement appauvri (entre autres grâce à la crise financière et à une évasion fiscale massive), cette suppression veut apparaître comme la conséquence logique d’une gestion calamiteuse… On ne pouvait que constater la différence entre les propos à l’emporte-pièce des pro-

fessionnels de la politique et la volonté modeste et déterminée des trois réalisatrices de s’appliquer à suivre les gestes et les mots de la vraie vie, malgré le filtre fictionnel, ce souci de ne pas trahir le réel ; celui qui se vit dans une école, dans des hôpitaux, dans des centres d’écoute (parce que la lutte contre le terrorisme radical n’est peut-être pas uniquement une question policière). Quand les fonctionnaires ne sont pas seulement des chiffres qu’on se jette à la figure mais les maillons d’une chaîne de solidarité, celle construite à la fin de la seconde guerre mondiale par le Programme du conseil national de la résistance dont nous parlait le film de Gilles Perret La Sociale. Sans slogan, sans emphase, sans ce côté primaire des petites phrases dont se repait le monde politico-médiatique ; celuici déréalise le monde là où la fiction cinématographique le représente avec plus de précision et d’humanité. L’humanité bouleversante de Moi, Daniel Blake, la Palme d’or de Ken Loach, le libéralisme sans complexe des candidats devraient nous rappeler que les situations kafkaïennes vécues par son héros, dans cette si exotique Grande-Bretagne, ne sont absolument pas tombées du ciel : elles ont été créées par des politiques économiques qui ne doivent rien au hasard. DP

* Il y avait aussi en avant-première La fille de Brest d’Emmanuelle Bercot mais aussi à l’affiche B Girls de Naja Harek, Cézanne et moi de Danièle Thompson, La Danseuse de Stéphanie Di Giusto, Mal de pierre de Nicole Garcia et Victoria de Justine Triet, des films de réalisatrices françaises.

L'abonnement est possible en ligne sur le site des Studio : www.studiocine.com pour ceux qui ont déjà une carte à code-barres Les CARNETS du STUDIO n°351 – Décembre 2016 –

3


SEMAINE

5

du 28 décembre 2016 au 3 janvier

2017

Samedi 31 décembre, les dernières séances de 21h ne seront pas assurées. Dimanche 1er janvier, les séances ne seront assurées qu’à partir de 17h. C

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1h35’

lundi LA CHEVAUCHÉE DES BANNIS

19h30 14h15 17h30 21h45

LES ANIMAUX FANTASTIQUES

de André de Toth

1h13’

1h30’

LA JEUNE FILLE SANS MAINS

SOUVENIR de Bavo Defurne

43’ Sans paroles

14h15 AMERICAN PASTORAL 19h15 de Ewan Mc Gregor À suivre. L’AMI,

FRANÇOIS D’ASSISE ET SES FRÈRES de Renaud Fély & Arnaud Louvet

À suivre.

CHOUETTE… UN NOUVEL AMI de divers réalisateurs

14h30 FAIS DE BEAUX RÊVES 19h15 de Marco Bellocchio À suivre.

LA BATAILLE GÉANTE 17h45 mercredi DE BOULES DE NEIGE +10h00

de François Brisson et Jean François Pouliot

2h15’

MANCHESTER BY THE SEA

1h43’

14h15 DIAMOND ISLAND 19h30 de Davy Chou À suivre.

2h07’

BACCALAUREAT 1h38’

CIGARETTES 21h15 ET CHOCOLAT CHAUD SAUF lundi de Sophie Reine

1h30’

LA PRUNELLE DE MES YEUX de Axelle Ropert

1h38’

UNE SEMAINE ET UN JOUR de Asaph Polonsky

1h58’

PATERSON de Jim Jarmusch

www.studiocine.com

À suivre.

21h30

de Cristian Mungiu

1h56’

17h15 LE RUISSEAU, LE PRÉ VERT ET LE DOUX VISAGE 21h30 de Yousry Nasrallah

19h15

de Kenneth Lonergan

1h45’

14h15 PERSONAL SHOPPER 19h30 de Olivier Assayas À suivre.

16h15 + mercredi 10h15 16h00

1h22’ VF

2h10

17h00 21h30

16h15

de Sébastien Laudenbach À suivre.

1h27’

14h15

CNP jeudi 20h00 C

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17h45 21h30 17h15 21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

du 30 novembre au 6 décembre 2016

1

Le Front Populaire, qu’en reste-t-il ?

lundi 19h30

mercredi

1h42’ VF

MES PREMIÈRES VACANCES KUBO ET L’ARMURE samedi 53’ de Pauline Toureh et Alain Lavalle dimanche MAGIQUE Débat en présence de l’historien

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de David Yates

2h00’

14h15 16h00 19h30

2h13’ VF

SEMAINE

Ahmed Koulakssis M A T H È Q

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1h25’

de Travis Knight

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MONIKA

de Ingmar Bergman Soirée proposée et présentée par les élèves de la section cinéma et audiovisuel du lycée Balzac

14h15

1h15’

LOUISE EN HIVER 14h30 de Jean-François Laguionie

19h45

46’ Sans paroles 14h15 2h08’ mercredi samedi LES CONTES DE 17h00 LA FILLE DE BREST dimanche LA MÈRE POULE de Emmanuelle Bercot 21h15 de divers réalisateurs 16h15 14h15 1h36’ 53’ Sans paroles mercredi SULLY 17h45 WALLACE & GROMIT samedi 19h45 de Clint Eastwood LES INVENTURIERS dimanche 21h45 de Nick Park 16h15 14h15 1h59’ 1h18’ VF mer-sam-dim UNE VIE 17h00 LA GRANDE COURSE 16h00 de Stéphane Brizé AU FROMAGE mer-sam-dim 19h15 de Rasmus A Sivertsen 17h30 1h50’ 1h35’ 14h30 19h30 MA’ ROSA + TOUR DE FRANCE 19h30 de Brillante Mendoza mer-sam-dim de Rachid Djaïdani 16h00

14h15 1h38’ LE VOYAGE 19h45 + AU GROENLAND mer-sam-dim de Sebastien Betbeder 16h00

17h30 21h45

1h22’

WILLY 1er

de Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier, Hugo P. Thomas

1h59’

ABLUKA SUSPICIONS

21h30

de Emin Alper

2h03’

LE CLIENT

21h30

de Asghar Farhadi

17h45 21h30

1h48’

PLANÉTARIUM de Rebbeca Zlotowski

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

2 du 7 au 13 décembre 2016

Des combattants étrangers de l’Affiche Rouge aux combattants d’aujourd’hui CNP jeudi

1h18’ sans paroles

dimanche

ET LE MONDE BON POUR LA LÉGENDE LE GARÇON de Alê Abreu 10h30 20h00 65’ de Pascal Convert Ciné Apéro

Débat avec Michel Pigenet, professeur à la Sorbonne

C I N É M A T H È Q U E

1h18’ VF

mer-sam-dim

lundi Hommage à Shakespeare LA GRANDE COURSE 14h15 LE CHÂTEAU DE L’ARAIGNÉE AU FROMAGE mer-sam-dim 19h30 2h50 ’ de Akira Kurosawa de Rasmus A. Sivertsen 16h00 Soirée présentée par Guy Schwitthal

53’

14h15 1h36’ SULLY 17h00 de Clint Eastwood 19h30

sans paroles

mercredi samedi dimanche

WALLACE & GROMIT LES INVENTURIERS 16h00 de Nick Park 1h42’ VF

KUBO et 14h15 BACCALAUREAT L’ARMURE MAGIQUE Travis Knight 19h00 de Cristian Mungiu 2h07’

mercredi samedi dimanche

17h15

1h15’ 1h25’

LOUISE EN HIVER 21h30

14h15 CAROLE 19h45 deMATTHIEU Louis-Julien Petit

de Jean-François Laguionie Bimestriel du Cinéma Africain de Tours n°4

1h30’

1h57’

14h30 L’ORNITHOLOGUE 19h15 de Joao Pedro Rodrigues

20h00

Santé mondiale entre racket et bien public

INDE : LE SCANDALE DES COBAYES HUMAINS

Ciné brunch

ON REVIENT DE LOIN

1h41’ OPERATION CORREA 2

de Pierre Carles & Nina Faure

de Brillante Mendoza

1h59’

UNE VIE

2h12’

LES 7 21h15 MERCENAIRES de Antoine Fuqua

17h00 LA FILLE DE BREST 21h30 de Emmanuelle Bercot

de Stéphane Brizé

LA JEUNE FILLE 16h00 SANS MAINS SAUF jeu-ven

de Sébastien Laudenbach

19h45

43’ Sans paroles lundi 40’ Ernst Lubitsch : 19h30 ROMÉO ET JULIETTE DANS LA NEIGE CHOUETTE… NOUVEL AMI 20h30 1h40’ JEUX DANGEREUX UN de divers réalisateurs

16h00 SAUF

C I N É M A T H È Q U E

jeudi venfredi

14h15 2h15’ 1h18’ VF LA GRANDE COURSE 16h00 17h00 MANCHESTER SAUF BY THE SEA jeu-ven AU FROMAGE samedi 19h00 de Kenneth Lonergan de Rasmus A. Sivertsen 14h15 1h45’ VF PERSONAL 1h42’KUBO 17h00 17h30 et SAUF dimanche SAUF SHOPPER jeudi 19h30 de Olivier Assayas L’ARMURE MAGIQUE venfredi Travis Knight 52’ 14h15 1h36’ SULLY SON RÊVE À LUI mercredi 21h30 de Clint Eastwood Rencontre avec la réalisatrice 16h00 tourangelle : Olivia N’ganga

FILLE DE 1h29’ 19h30 LA BREST JAMAIS CONTENTE de Emmanuelle Bercot 2h07’

Rencontre avec Émilie Deleuze, réalisatrice

14h30 BACCALAUREAT 1h43’ 19h30 de Cristian Mungiu DIAMOND ISLAND

vendredi

19h45

AVANT-PREMIÈRE

mardi

19h45

Rencontre avec Pierre Carles

1h50’

14h30

1h13’

31’

AVANT-PREMIÈRE

13’ SINDIELY de Paulina S. Vieyra dimanche 1h20’ EVA de Gery Barbot 11h30

MA’ ROSA

1h42’

14h30 SEX DOLL 19h15 de Sylvie Verheyde

www.studiocine.com

CNP jeudi

3 du 14 au 20 décembre 2016

2h08’

14h15 BIENVENUS ! 19h45 de Rune Denstad Langlo

2h08’

SEMAINE

1h38’

17h30 21h45 17h30 21h30

1h38’

LE VOYAGE 17h15 AU GROENLAND 21h30 de Sébastien Betbeder

Le film imprévu www.studiocine.com

14h15 CIGARETTES ET CHAUD 19h15 CHOCOLAT de Sophie Reine 17h15 1h42’ SEX DOLL 21h45 de Sylvie Verheyde 1h25’

17h45 CAROLE 21h45 deMATTHIEU Louis-Julien Petit 1h30’

17h30 BIENVENUS ! 21h15 de Rune Denstad Langlo

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

Rencontre avec Davy Chou, réalisateur

FÊTE DU COURT MÉTRAGE La Vague Jeunes propose :

mardi

19h45 dimanche

16h00 RIONS UN PEU 17h45

1h18’ VIENS VOIR LES COMÉDIENS 1h08’

4 du 21 au 27 décembre 2016

Samedi 24 décembre, les dernières séances de 21h ne seront pas assurées. Dimanche 25 décembre, les séances ne seront assurées qu’à partir de 17h.

14h15 1h30’ 16h00 SOUVENIR 17h45 de Bavo Defurne 19h30

21h30

de Stéphane Brizé

1h38’

LE VOYAGE AU GROENLAND 21h15 de Sébastien Betbeder

Le film imprévu www.studiocine.com

14h15 LA BATAILLE GÉANTE 16h00 DE BOULES DE NEIGE 17h30 + de François Brisson et mercredi Jean François Pouliot 10h00 1h22’ VF

2h19’

14h15 TU NE TUERAS 43’ Sans paroles CHOUETTE… 16h15 + mercredi UN NOUVEL AMI 21h15 dePOINT Mel Gibson de divers réalisateurs

10h15

1h36’ 1h13’

SULLY

19h30

de Clint Eastwood

LA JEUNE FILLE SANS MAINS 16h15 de Sébastien Laudenbach

1h58’

14h15 17h15 PATERSON 19h00 de Jim Jarmusch 1h30’

Conte et Film le mercredi

1h45’

PERSONAL 17h45 SHOPPER 21h45 de Olivier Assayas

14h30 LA PRUNELLE 2h15’ YEUX 19h45 DEdeMES MANCHESTER 17h00 Axelle Ropert BY THE SEA de Kenneth Lonergan 21h15 1h38’ 14h30 UNE SEMAINE UN JOUR 2h07’ 19h15 ET de Asaph Polonsky BACCALAUREAT 21h30 1h55’

1h59’

UNE VIE

SEMAINE

14h15 LE RUISSEAU LE PRÉ VERT 19h30 ET LE DOUX VISAGE de Yousry Nasrallah

1h38’

17h15 CIGARETTES ET CHAUD 21h15 CHOCOLAT de Sophie Reine

de Cristian Mungiu 1h26’

WOLF AND SHEEP 21h45 de Shahrbanoo Sadat

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


JEUNE PUBLIC

France – 2016 – 1h16, film d’animation de Sébastien Laudenbach, avec les voix de Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm…

voir page 10

Tout public à partir de 9 ans

LE QUART D’HEURE DU CONTEUR Mercredi 21 à 16h15, le conteur tourangeau Gaël Prioleau dira aux enfants un conte d’Andersen et, après le film, ils partiront avec des petites douceurs offertes à l’occasion de Noël… À certaines séances, des cadeaux à gagner pour les enfants !

Samedi 17 décembre 14h30

USA – 2016 – 1h42, film d’animation de Travis Knight.

VF

Tout public à partir de 7 ans

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Tout public à partir de 9 ans

Dans un Japon médiéval fantasmé, les aventures trépidantes d’un drôle de gamin qui possède un instrument de musique aux dons étranges.

Même les méchants sont magnifiques... Un enchantement ! sans paroles À partir de 3 ans

Iran – 1992 à 2000 – 46 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Shangoul et Mangoul - Le Poisson Arc-en-ciel - Lili Hosak Des histoires pleines de tendresse et d’émotion, dont les héros sont superbement fabriqués à partir de tissus brodés, de laine ou de papier découpé. Mercredi 30 novembre à 16h15, séance tout public ouverte aux enseignants inscrits à Maternelle au cinéma. Brésil – 2014 – 1h18, film d’animation de Alê Abreu.

voir page 5

Tout public à partir de 8 ans

sans paroles

Norvège – 2016 – 1h18, film d’animation de Rasmus A. Sivertsen.

Pour montrer qu’il est un vrai champion, Solan veut participer à la grande course au fromage qui oppose son village au village voisin. Il parie même la maison qu’il partage avec Féodor, un inventeur génial et Ludvig, un hérisson timide…

VF À partir de 5 ans

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JEUNE PUBLIC

Belgique/Iran – 2016 – 43 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs. À partir de 4 ans

C’est chouette d’avoir un nouvel ami ! La preuve en six courts métrages qui utilisent plusieurs techniques : images de synthèse, 3D, papier découpé, animation d’objets, dessin animé et qui évoquent le plaisir de la rencontre… sans paroles

Mercredi 21, petites douceurs offertes aux enfants à l’occasion de Noël… Canada – 2016 – 1h22, film d’animation de F. Brisson et J. F. Pouliot.

À partir de 6 ans

Pendant les vacances d’hiver, les enfants organisent une super bataille de boules de neige. Luc et Sophie dirigent les équipes ; mais Luc cherche l’affrontement. Les enfants réagiront vite et bien pour revenir à un jeu amical.

VF

Mercredi 21 après la séance de 16h, petites douceurs offertes aux enfants à l’occasion de Noël… USA – 2016 – 2h10, de David Yates, avec Eddie Redmaye, Katherine Waterston, Dan Fogler...

Tout public à partir de 9 ans

VF

Sur un scénario de J.K.Rowling, le film met en scène les aventures de l’auteur du livre Les Animaux fantastiques que Harry Potter étudiera à l’école des sorciers 70 ans plus tard…

France – 2016 – 1h 15, film d’animation de Jean-François Laguionie,avec la voix de Dominique Frot…

voir page 10 Tout public à partir de 11 ans

GB – 2016 – 53 mn, film d’animation de Nick Park.

Tout public à partir de 5 ans

sans paroles

Wallace, inventeur farfelu, et son flegmatique chien Gromit, enchaînent les aventures rocambolesques et les rencontres improbables. (Re)découvrez leurs folles péripéties, pour la première fois en version numérique.

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FILM DU MOIS

Fais de beaux rêves Italie 2016 2h10, de Marco Bellochio, avec Valerio Mastandrea, Barbara Ronchi, Bérénice Bejo...

À

Turin en 1969, Massimo a neuf ans quand sa mère meurt dans des circonstances mystérieuses. Et même si un prêtre lui explique qu’elle est désormais au paradis, il n’accepte pas cette disparition. Trente ans plus tard, Massimo est devenu journaliste. Forcé de se replonger dans son passé, il doit s’occuper de la vente de l’appartement de ses parents, ses blessures d’enfance se ravivent... Marco Bellochio n’est pas un inconnu, ces dernières années il a même enchainé les réussites (Vincere, La Belle endormie, Le Metteur en scène de mariages) mais il trouve avec ce nouveau film une sorte d’accomplissement. L’aboutissement (mais surtout pas la fin) d’une déjà longue carrière (le film qui l’a fait connaître, Les Poings dans les poches, date de 1965). Présenté avec grand succès en ouverture de La Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes, c’est un film splendide, d’une grande liberté et d’une maîtrise confondante. Remarquablement construit, Fais de beaux rêves est brillant

dans sa forme (la façon dont on navigue d’une époque à l’autre, par exemple) et d’une grande profondeur émotionnelle, sans compter qu’en creux, c’est aussi le portrait passionnant de trente ans d’histoire italienne. Sur un sujet douloureux, Marco Bellochio nous offre une oeuvre apaisée où la violence se cache toujours sous la douceur, ce qui accentue la force de certaines scènes très étonnantes et assez inoubliables, comme celles de l’enterrement ou de l’apparition magique d’Emmanuelle Devos. D’une très grande sensibilité qui évite tous les écueils de la sensiblerie, Fais de beaux rêves porte bien son titre, il nous emporte dans un monde aux couleurs chaudes (très belle photo), qui trouble, émeut et qui permet de se pacifier avec soi-même et les autres. Et si le titre n’avait été pris par un autre très beau film récent, il aurait pu s’appeler Réparer les vivants, tant il est plein d’humanité. JF

LES CARNETS DU STUDIO – n° 351 – Décembre 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


UNE PASSERELLE ENTRE THÉÂTRE ET CINÉMA Dimanche 11 décembre à 10h30 aux Studio jeudi 1er décembre - 20h00 La LDH , Convergence Services Publics 37 Retirada et le CNP proposent:

LE FRONT POPULAIRE : QU’EN RESTE-T-IL ? Le Front Populaire, épisode emblématique résultant d’une longue action des forces culturelles, sociales et économiques de gauche, représente une expérience politique originale. Il constitue un moment charnière de l’histoire ouvrière. L’instauration de réformes qui bouleversent l’organisation du travail et du temps libre reste un moment fort de l’histoire des luttes sociales. L’embellie fut brève, mais sa portée politique, sociale et symbolique lui donnera une place à part dans la mémoire collective. Cette gauche de 36 faisait rêver, qu’en est-il aujourd’hui? A la suite de la projection du film 1936 : mes premières vacances de Pauline Toureh et Alain Lavalle (2006 – France - 53’ ) un débat aura lieu en présence de Ahmed Koulakssis, historien.

jeudi 8 décembre - 20h00 Le Collectif Féminisme et Révolution, Chrétiens Migrants et le CNP proposent :

DES COMBATTANTS ÉTRANGERS DE L’AFFICHE ROUGE AUX COMBATTANTS D’AUJOURD’HUI Si une histoire de l’immigration est toujours celle de l’épreuve et de la souffrance, elle peut être aussi être celle de l’héroïsme et du sacrifice. A Tours, Joseph Epstein, étudiant polonais juif communiste de 20 ans, mène dès 1931 un formidable combat pour la liberté. Arrêté avec Missak Manouchian dont il est le chef militaire, il est torturé, fusillé au Mont Valérien sans avoir révélé son identité.

4

– Les CARNETS du STUDIO

n°351 – décembre 2016

Dans la résistance aux oppressions présentes, n'est-il pas temps de tendre la main à ceux qui veulent construire un idéal auquel Joseph Epstein et ceux de l’AFFICHE ROUGE aspiraient ? L’amour de la vie est une force immense qui donne le courage de lutter contre la barbarie pour déjouer toute propagande contre l’étranger, pour soutenir l’engagement de la jeunesse qui partout dans le monde se lève pour son avenir.

L

’occasion était trop belle de tisser des liens entre le spectacle jeune public Vous êtes ici et le film Le Garçon et le monde… Ce parcours original sera à découvrir à partir de 8 ans dans les deux lieux partenaires qui en ont imaginé ensemble les préparatifs*. Laissezvous transporter… Au Théâtre Olympia du 6 au 10 décembre.

Vous êtes ici A l’issue du film Bon pour la légende de Pascal Convert (2008 – France – 65’), échanges avec Michel Pigenet, professeur émérite d’histoire contemporaine (Université Paris 1 Sorbonne).

jeudi 15 décembre - 20h00 Le collectif 37 Notre santé en danger, AED, Association Échange et Développement Haïti et le CNP proposent :

de la Cie L’Ouvrier du drame

Aux Studio dimanche 11 décembre à 10h30 : Ciné Apéro

Le Garçon et le monde Brésil – 2014 – 1h18, film d’animation de Alê Abreu. Sans paroles

Un petit garçon, parti de son village à la recherche de son père, découvre un univers fantastique, rempli d’animaux et d’êtres surprenants. Mais le décor va se faire de plus en plus étrange lorsque le garçon va se confronter au monde industriel de la grande ville…

Si l’on sort de Tours, jusqu’où peut-on aller ? Pour répondre, les clowns Moulu et Ten T’en nous entraînent dans un périple vers la voûte céleste, en suivant les étoiles comme les marins et les poètes.

La très grande force de ce film, c’est d’offrir à tous un magnifique voyage qui aborde les problèmes du monde moderne… un voyage fascinant dont chaque étape est une splendeur. Après le film, apéro pour tous parce qu’il n’y a pas de culture sans échange et sans partage…

• Tarifs réduits au Théâtre Olympia sur présentation de la carte d’abonné Studio. www.cdrtours.fr

• Tarifs abonnés à la séance Studio, sur présentation du billet d’entrée au spectacle Vous êtes ici www.studiocine.com

SANTÉ MONDIALE ENTRE RACKET ET BIEN PUBLIC La santé mondiale est au cœur des contradictions avec la recherche de profits de l’industrie pharmaceutique accrochée à ses brevets et ses médicaments au coût exorbitant, tandis qu’elle délègue les essais cliniques hors des pays industrialisés, à moindre coût, au mépris de l’éthique et des besoins des populations en soins efficaces, en médicaments accessibles, en recherche pour les maladies négligées (paludisme… ), en moyens sanitaires pour résoudre l’extension et la recrudescence de maladies telles que le choléra (propagé en Haïti à chaque cataclysme!)… Le Documentaire Inde : le scandale des cobayes humains (2013 – France – 31’), enquête réalisée dans le cadre d’Envoyé Spécial par Grégoire Lelong, diffusé le 21 mars 2013 sur France2, sera suivi d’un débat avec Olivier Maguet chargé de la campagne médicaments à Médecins du monde.

CINÉMA AFRICAIN Dimanche 11 décembre à 11h30 Le BCAT en est à sa 4e édition et vous propose un ciné brunch à travers un voyage sur le continent africain. www.psv-films.fr/b-cat Page Facebook : bimestriel du cinéma africain de Tours

Sindiely Réalisé en 1965 par Paulin S Vieyra ) vo Wolof s/t Français et Anglais, 13’.

Ballet comique sur le mariage. Un père cupide veut marier sa fille contre son gré à un riche marchand de tissus alors qu’elle aime un jeune homme. L’hostilité de la famille finira par céder et le mariage des jeunes gens aura lieu.

Eva Réalisé en 2014 par le Franco Burkinabé Gery Barbot) VF, drame, 1h20,

Eva est une métisse âgée de 12 ans qui vit dans une maison très spacieuse en Afrique. Apparem-

ment, c’est une enfant non désirée, menant une vie de solitude, en l’absence de ses parents qui laissent le soin à leur personnel de maison de s’occuper de la jeune fille. Bientôt, la dérive d’Eva va mettre sa vie en danger. Eva, c’est l’histoire d’une enfant superbement interprétée par la jeune Julie Zakowsky, qui va subir le viol. La mère est morte en couches. Du père, on entendra quelques mots chuchotés au bout du fil. C’est un homme entièrement absorbé par le travail et qui croit qu’une bonne école, des livres, des profs de danse, de musique, un répétiteur et une armée de domestiques peuvent combler le vide laissé béant par les parents. Malheureusement, c’est parmi ces adultes-là que se trouve le monstre qui va commettre l’ignominie. Les CARNETS du STUDIO n°351 – décembre 2016 –

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VAGUE JEUNES Dimanche 18 décembre à 16h00

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com

La Vague Jeunes propose, dans le cadre de La Fête du Court métrage, deux projections. La fête du court métrage est une manifestation nationale dédiée aux courts métrages soutenue par le Centre national du cinéma et de l’image animée.

AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE DÉCEMBRE : Riddles de Ray Lema-Laurent de Wilde (Studio 1-2-4-5-6) et ArtScience de Robert Glasper Experiment (Studio 3-7)

Musiques sélectionnées par Eric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : La Jeune fille sans mains, samedi 17 décembre - 14h30

16h00

17h45

Viens voir les comédiens

Rions un peu, 1h08

1h18

Une séance pour (re)découvrir un florilège de films qui ont marqué l’histoire du court métrage en faisant rire plusieurs générations de spectateurs. Un programme incontournable pour les adeptes de la comédie.

Venez voir les comédiens ! Gérard Depardieu, Jean-Paul Belmondo, ou encore Charlotte Rampling et Karin Viard se retrouvent dans des courts métrages pour notre plus grand plaisir.

Les 7 mercenaires USA – 2016 – 2h12, d’Antoine Fuqua, avec Denzel Washington, Ethan Hawke, Vincent d’Onofrio

Chassés de chez eux par l’industriel Bart Bogue, qui veut s’approprier toute la petite ville de Rose Creek et sa mine d’or, les habitants n’ont que trois semaines pour vider les lieux. Désespérés, ils engagent sept dangereux hors-la-loi qui commencent par éliminer les hommes de l’entrepreneur restés en ville, puis organisent l’impossible résistance. Au bout des trois semaines Bogue revient avec 80 hommes. Un gros casting, de vrais personnages, une mise en scène au cordeau : le film est un hommage plutôt qu’un remake des films culte d’Akira Kurosawa et John Sturges, avec en particulier un sous-texte politique absent de ses modèles.

Une courte pause est prévue entre les deux séances. Tarifs : abonnés 2,50 € / non abonnés 4,00 € (par séance 16h et 17h45)

FILM DE OLIVIA N’GANGA Mercredi 14 décembre à 16h00 Son rêve à lui, 52’ Il est danseur. Il est de ceux qui savent qu'une vie sans passion ne vaut d'être vécue. Sa passion à lui, elle est arrivée comme ça sans prévenir, elle s'est imposée là comme une évidence et elle le restera. Pour elle, il est prêt à tous les sacrifices. Vivre loin de sa famille, respecter une hygiène de vie parfaite, bien manger, bien dormir, se lever tôt, s'entraîner sans relâche, sans cesse repousser ses limites physiques et mentales. Parfois, il doute, parfois il s'exalte, parfois il sombre, parfois il brille, souvent il tombe mais toujours il se relève. "Son rêve à lui" raconte l'histoire de ces garçons qui ont choisi de consacrer leur vie à la danse. À travers la vie quotidienne de trois

Sources : dossier de presse

A étoiles en herbe et sous le regard expert de Patrick Dupond, vous découvrirez les différentes étapes fondamentales de l'apprentissage d'une discipline encore sujette à de nombreux préjugés. Tarifs : 2.50 abonnés / 4euros non abonnés

Abluka-Suspicions Turquie – 2016 – 1h59, de Emin Alper, avec Mehmet Özgür, Tülin Özen, Müfit Kayacan....

Istanbul, dans un avenir proche. Kadir a été condamné à vingt ans de prison pour crime. Deux ans avant la fin de sa peine on lui propose une liberté conditionnelle s’il accepte de travailler pour la police en devenant informateur. Dès sa sortie, il rend visite à son jeune frère, Ahmet, qu’il a quitté enfant et qui l’accueille froidement. Logé chez des amis d’Ahmet, Kadir se met à épier tous leurs faits et gestes... Derrière la colline, le précédent film d’Emin Alper, était superbe, et Abluka - Suspicions n’est pas moins beau. Mais autant le premier était

campagnard et solaire, autant celui-ci est urbain et nocturne. L’atmosphère créée par le réalisateur est particulièrement réussie ; cadrages, lumières, sons nous entraînent dans une spirale infernale qui est une métaphore vertigineuse de la société turque et bien au-delà. JF

L’Ami, François d’Assise et ses frères

France/Italie/Belgique – 2016 – 1h27, de Renaud Fély etArnaud Louvet, avec Jérémie Renier, Elio Germano, Olivier Gourmet

Entouré d’amis et de disciples convaincus et dévoués, François d’Assise recherche la pureté et l’innocence auprès des plus démunis, s’attirant la curiosité mais aussi la méfiance de l’Église et du pape Innocent III. L’originalité du film est de se concentrer non pas sur François mais sur un autre personnage historique, Elia da Cortona, qu’il suit de 1209 à 1226. Tout aussi idéaliste que François, Elia est cependant plus pragmatique, plus disposé aux compromis que son intransigeant modèle. Les relations entre les deux hommes se révèlent beaucoup plus complexes qu’il pourrait sembler de prime abord. Sources : dossier de presse

American Pastoral

USA - 2016 - 1h48, de Ewan McGregor, avec Ewan McGregor, Jennifer Conelly, Dakota Fanning…

En cette fin des années soixante, Seymour Levov a la quarantaine épanouie, satisfaite. Il a tout réussi dans sa vie : après un parcours de sportif de haut niveau, il mène toujours le parfait amour avec son épouse, une ancienne reine de beauté avec laquelle il a eu une fille, et il est devenu ce

La réalisatrice tourangelle Olivia N’Ganga nous rencontrera après la séance.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°351 – décembre 2016

Les CARNETS du STUDIO n°351 – décembre 2016 –

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qu’on appelle un riche homme d’affaires. Pourtant cette vie idéale va s’écrouler quand sa fille, engagée contre la guerre du Vietnam, va provoquer l’explosion meurtrière d’un bureau de poste, puis disparaître dans la clandestinité… Pour son passage derrière la caméra, Ewan McGregor adapte le roman éponyme de Philip Roth qui, en 1997, avait été couronné du prestigieux Prix Pulitzer de la Fiction. Sources : avoir-alire.com, dossier de presse

Les Animaux fantastiques Voir pages Jeune Public

B

Baccalauréat Roumanie – 2016 – 2h07, de Cristian Mungiu, avec Adrian Titieni, Maria Dragus...

Roméo est un médecin intègre qui a placé tous ses espoirs dans sa fille Eliza. Celle-ci doit partir dans une université anglaise une fois son bac en poche, ce qui ne devrait être qu’une formalité vu qu’elle est excellente élève. Mais, en se rendant à l’examen, elle se fait agresser et l’obtention du diplôme devient plus incertaine. Roméo est alors prêt à accepter de petits arrangements pour que sa fille réussisse, quitte à oublier les principes moraux qu’il lui a inculqués... Auteur de Quatre mois, trois semaines, deux jours et de Au-delà des collines, Cristian Mungiu signe une nouvelle réussite toute en finesse. Aussi intelligent qui prenant, voire haletant par moments, Baccalauréat impressionne. Grand film sur la compromission ordinaire, il nous fait partager les positions parfois paradoxales de ses personnages. Tout en gardant une certaine part de mystère, il nous questionne et nous maintient en permanence sur le qui-vive. Description au scalpel d’une société vérolée de l’intérieur, le film tire sa force d’un excellent scénario, mais surtout d’une mise en scène au cordeau très justement récompensée au dernier festival de Cannes. JF

Carole Matthieu

Cigarettes et chocolat chaud France – 2016 – 1h38, de Sophie Reine,

France – 2016 – 1h25, de Louis-Julien Petit, avec Isabelle Adjani, Corinne Masiero, Lyes Salem...

avec Gustave Kervern, Camille Cottin, Héloïse Dugas…

Carole Mathieu est médecin du travail dans une entreprise où il ne fait pas bon faiblir et où l’on pressure les employés... Sa hiérarchie demeure sourde à ses alertes jusqu’au moment où l’un des employés, à bout, supplie Carole de l’aider à se suicider... Le dilemme est plus que cruel, mais Carole ne peut s’empêcher de se demander si elle ne tiendrait pas là un moyen radical de jeter la lumière sur le calvaire de ces ouvriers... Après le très drôle et cruel Discount (2013), L.J. Petit revient sur le monde du travail qui déraille, cette fois sous la forme d’un thriller. Et la distribution est plus qu’alléchante !

Denis Patar se démène seul après le décès de sa femme pour élever ses deux filles. Débonnaire, foutraque, attentionné et très aimant, il rate une fois de trop la sortie d’école, et sa progéniture se retrouve au commissariat. C’est une enquêtriceassistante sociale un peu coincée qui devra remettre bon ordre dans un quotidien fait de bric et de broc ; La solution : faire suivre à Denis un stage de responsabilisation parentale ! Pour son premier film en tant que réalisatrice, Sophie Reine nous offre une jolie comédie euphorisante particulièrement bien servie par Camille Cottin et un Gustave Kervern irrésistible.

Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse.

Bienvenus !

Le Client

Norvège – 2016 – 1h30, de Rune Denstad Langlo, avec Anders Baasmo Christiansen, Olivier Mukuta, Slimane Dazi, Henriette Steenstrup…

Iran – 2016 – 2h03, de Asghar Farhadi, avec Shahab Hosseini, Taraneh Alidoosti, Babak Karimi...

Primus est propriétaire d’un hôtel dans les montagnes norvégiennes. L’endroit, enneigé, semble superbe… sauf que l’hôtel est vide et l’affaire au bord de la faillite ! Guère sympathique, encore moins humaniste, l’opportuniste Primus ne manque pas d’idées pour relancer son activité en surfant sur la conjoncture : transformer le lieu en un centre d’accueil pour des réfugiés, ce qui permettrait de bénéficier de subventions salutaires ! Mais voilà, l’idée n’est pas si simple à mettre en œuvre quand on est rempli de préjugés racistes alors même qu’une cinquantaine de personnes de cultures d’origines diverses se présentent… De l’humour pour aborder cette réalité cruciale, avec aussi un aperçu d’histoires de vies à travers certains portraits de réfugiés. Bienvenus ! … à voir ! RS

Rana et Emad, un jeune couple d’acteurs de théâtre, est obligé de déménager car leur immeuble menace de s’effondrer. En s’installant dans leur nouvel appartement, ils s’aperçoivent que l’ancienne locataire a laissé de nombreuses affaires. Un soir, Rana est seule et attend son mari. Quand l’interphone sonne, elle croit lui ouvrir et va prendre une douche, elle se fait alors attaquer par un inconnu. Emad va mener l’enquête et tout faire pour retrouver le coupable... Asghar Farhadi enchaîne les réussites, et après Une séparation et Le Passé, Le Client ne déroge pas à la règle. Le film se suit comme un polar qui joue sur les apparences, très prenant, sans temps mort et avec de nombreux rebondissements, cette description d’une société rongée par l’hypocrisie et où tout le monde surveille tout le monde est effarante. Tout comme de constater que, plus que la vérité ou la loi, c’est la honte qui fait peur et est quasi mortelle. Impressionnant. JF

Chouette… un nouvel ami Voir pages Jeune Public

C

Les Contes de la Mère Poule La Bataille géante de boules de neige

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Voir pages Jeune Public

Voir pages Jeune Public Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°351 – décembre 2016

Diamond Island

Cambodge/France – 2016 – 1h41, de Davy Chou, avec Sobon Nuon, Cheanick Nov, Madeza Chhem, Mean Korn...

D

Bora quitte sa campagne cambodgienne pour aller travailler à Phnom Penh sur le chantier de construction d’un immeuble de standing nommé Diamond Island. Dans la capitale cambodgienne, il va retrouver son frère aîné, Solei, parti depuis 5 ans sans prévenir ni donner de nouvelles. Ce dernier lui ouvrira les portes d’un monde dont il ne soupçonnait pas l’existence, nocturne et festif.L’un des points forts de Diamond Island (outre ses qualités poétiques) semble tenir à ce que le réalisateur refuse les poncifs du cinéma social pour nous montrer la soif de vivre d’une jeunesse sans pour autant nous en cacher la misère. Le Monde parle de ce film comme d’un « bijou pop » et nous assure qu’il a emballé le public de la sélection Un certain regard ! Sources : lemonde.fr, imdb.com

Mardi 20 décembre à 19h45, avantpremière du film et rencontre avec Davy Chou, le réalisateur après la séance.

Fais de beaux rêves

F

Film du mois, voir au dos du carnet

La Fille de Brest

France – 2016 – 2h20, d’Emmanuelle Bercot, avec Sidse Babett Knudsen, Benoît Magimel, Gustave Kervern…

À l’hôpital de Brest, Irène Frachon, médecin pneumologue, découvre un lien direct entre la survenue de morts suspectes et la prise du Mediator, un médicament commercialisé depuis une trentaine d’années. Face à des interlocuteurs refusant de l’entendre, cette femme va lutter pour que cette réalité funeste puisse se faire connaître au grand jour, jusqu’à connaître une explosion médiatique de l’affaire… La réalisatrice de La Tête haute (2014) porte à l’écran l’histoire courageuse de ce médecin qui a lancé l’alerte sur les effets secondaires mortels du Mediator. Sidse Babett Knudsen – l’héroïne de la prestigieuse série danoise Borgen – l’incarne magnifiquement, avec toute l’énergie et la détermination d’I. Frachon. Un film convaincant et intense ! RS Les CARNETS du STUDIO n°351 – décembre 2016 –

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G

Le Garçon et le monde Voir page 5

La Grande course au fromage Voir page Jeune Public

J

le dit le réalisateur, « un dessin léger et parsemé de trous. » L’histoire de cette jeune fille qui doit prendre sa vie en main, elle qui en est dépourvue, est aussi le récit touchant d’une émancipation qui enchante les yeux et l’esprit. Une réussite supplémentaire pour l’animation francophone après, entre autres, les superbes Louise en hiver, Ma vie de courgette ou La Tortue rouge. JF Voir pages Jeune Public

Outre-Atlantique, Manchester by the sea a été salué (notamment au festival de Sundance) aussi bien pour la prestation de Casey Affleck que pour la force émotionnelle que dégage l’ensemble du film. Sources : imdb.com

Ma’ Rosa

Philippines – 2016 – 1h50, de Brillante Mendoza, avec Jaclyn Jose, Julio Diaz, Felix Roco…

Souvent, à 13 ans, on a l’impression que le monde ne vous aime pas et on ne l’aime guère non plus… Déjà, s’appeler Aurore, c’est un mauvais départ ; mais quand, en plus, vos parents sont horribles, vos sœurs ne valent pas mieux et que vos profs vous détestent… à quoi se raccrocher quand même votre idée de monter sur scène avec un groupe de rock semble vouée à l’échec ? Et que l’idée de partir en pension (puisque, bien sûr ! vos parents veulent se débarrasser de vous) n’est guère faite non plus pour vous remonter le moral… Le décor est planté : pour son nouveau film, E. Deleuze a choisi la comédie… Mais une comédie assez grinçante puisque son personnage principal semble cultiver l’antipathie comme manière d’être, voire raison de vivre. Sources : imdb.com, telerama.fr

Vendredi 16 décembre à 19h45, avant-première du film et rencontre avec Emilie Deleuze, la réalisatrice, après la séance.

Kubo et l’armure magique Voir pages Jeune Public

Louise en hiver France – 2015 – 1h15, film d’animation de Jean-François Laguionie

K L

Après avoir raté le dernier train, Louise, une vieille dame, reste seule dans une station balnéaire en fin d’été. Le temps se dégrade, les grandes marées surviennent. Pour survivre, Louise va devoir apprivoiser les éléments naturels et la solitude. Ses souvenirs profitent de l’occasion pour s’inviter dans l’aventure, ainsi qu’un compagnon inattendu… A 76 ans, le célèbre réalisateur de Gwen le livre de sable (85), Le Château des singes (99), L’Ile de Black Mor (04) et Le Tableau (11), présente son « film le plus intime », réalisé en peinture animée en 2 D, avec la poésie et la délicatesse qui le caractérisent. Un film magnifique salué par une admirative standing ovation au dernier festival d’Annecy.

Sources : dossier de presse

O

Sources : annecy.org – telerama.fr

LaFrance Jeune fille sans mains – 2016 – 1h13, de Sébastien Laudenbach,

Voir pages Jeune Public

avec les voix de Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm...

Pour devenir riche, un fermier vend sa fille au diable. Celle-ci réussit à s’échapper mais elle est privée de ses mains. En chemin, elle rencontre une déesse, un jardinier et un prince dont elle tombe amoureuse. Mais son parcours vers la lumière va être semé d’embûches... Ce conte cruel adapté d’Olivier Py, lui-même inspiré par Grimm, est un film d’animation fort qui s’adresse autant (sinon plus) aux adultes qu’aux enfants. Les thèmes en sont universels et le traitement très original notamment dans son esthétique. Entièrement peint sur papier avec, comme

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Ma’ Rosa est un petit bout de femme enrobée qui tient avec son mari une épicerie dans un quartier pauvre de Manille. L’argent ne cesse de manquer. Un soir, une escouade de policiers débarque à la suite d’une dénonciation, les arrête pour possession de stupéfiants et conditionne leur libération au versement d’une somme énorme qu’ils sont loin de posséder. Le film entièrement tourné caméra à l’épaule a divisé la critique au dernier festival de Cannes. Fidèle à sa méthode, le réalisateur tente d’arracher la fiction à une réalité brute. En poursuivant ses personnages partis à la course aux billets, il restitue l’impression du réel ; le grouillement des rues de Manille et la vie nocturne à la lumière des éclairages électriques se révèlent avec une force incroyable.

Jamais contente

France – 2016 – 1h30, de Emilie Deleuze, avec Léna Magnien, Patricia Mazuy, Philippe Duquesne…

– Les CARNETS du STUDIO

n°351 – décembre 2016

Manchester by the sea USA – 2016 – 2h15, de Keneth Lonergan, avec Casey Affleck, Michelle Williams, Kyle Chandler...

Lee Chandler, homme à tout faire dans un groupe d’immeubles, passe beaucoup de temps seul et beaucoup de temps aussi dans les bars de Boston à boire et se lancer dans de violentes altercations. Le jour où son frère meurt, il retourne dans leur ville natale et se doit de prendre en charge le fils de ce dernier, un adolescent de 16 ans, tâche pour laquelle il est moins que préparé. Mais ce n’est là que le début, car ce retour va s’accompagner d’une plongée dans un passé plus que douloureux.

M

On revient de loin - Opération Correa 2 France - 2016 - 1h41, documentaire de Pierre Carles et Nina Faure

L’empêcheur de tourner en rond est de retour ! C’est en Équateur qu’il a cette fois choisi de mener l’enquête. Sous l’impulsion de Rafael Correa élu en 2007, 2009 puis 2013, le pays a subi une véritable révolution économique et sociale : les ressources naturelles ne sont plus la propriété des multinationales, la pauvreté et les inégalités ont été réduites, au point que la classe moyenne a doublé en huit ans ! Après avoir suivi le Président Correa lors de sa tournée en Europe (Les Ânes ont soif - Opération Correa 1), Pierre Carles et Nina Faure ont voulu aller voir concrètement ce qu’il en était de cette alternative au modèle néolibéral et tenter de récupérer quelques idées qui pourraient s’appliquer ailleurs. Mais ils vont déchanter en découvrant que la réalité ne correspond pas à ce tableau idyllique : le pays est en proie au chaos, les manifestations pour la destitution de Correa sont quotidiennes et sont violemment réprimées… Sources : telerama.fr, liberation.fr, dossier de presse

Mardi 13 décembre, rencontre avec Pierre Carles, le réalisateur, après la projection de 19h45

L’Ornithologue

Portugal - 2016 - 1h57, de Joao Pedro Rodrigues, avec Paul Hamy, Joao Pedro Rodrigues, Han Wen

À la recherche de rares cigognes noires dans le nord du Portugal, Fernando descend en kayak une forêt dense et dangereuse. Pris dans des rapides, il se retrouve blessé, inconscient, recueilli par deux Chinoises qui, voyant en lui un esprit mauvais, l’attachent à un arbre. S’ensuit une série de rencontres, d’obstacles qui, dans un récit de plus en plus fantasmé, transforment profondément Fernando. Primé dans plusieurs festivals, encensé par la critique, L’Ornithologue « a sa manière propre et oblique de libérer des décharges de sublime sans jamais prétendre à la clôture ou à la grandeur » (Luc Chessel, Libération). Sources : dossier de presse

Paterson

USA – 2016 – 2h03, de Jim Jarmusch, avec Adam Driver, Golshifteh Farahani, Kara Hayward…

P

Paterson est une ville du New Jersey aujourd’hui en décrépitude où vécurent de nombreux poètes ; c’est aussi le titre du recueil du plus célèbre de l’un d’entre eux : William Carlos William (18831963) ; c’est enfin le nom du héros du film, chauffeur de bus dans cette ville, qui écrit de drôles de textes poétiques. Son sujet de prédilection : l’amour qu’il porte à sa compagne Laura et avec laquelle il partage une vie harmonieuse et ritualisée. Jim Jarmusch (Down by law, Dead man, Coffee and cigarettes, Broken flowers) ne filme rien d’autre que la vie qui passe, rend séduisant et cocasse un quotidien plein d’humilité, et fait lui aussi œuvre de poète avec un film d’une simplicité et d’une puissance remarquables. Il fut longuement ovationné au dernier festival de Cannes. Sources : dossier de presse Cannes 2016

Planétarium

France – 2016 – 1h45, de Rebecca Zlotowski, avec Natalie Portman, Lily-Rose Depp, Emmanuel Salinger, Amira Casar, Louis Garrel…

À la fin des années 30, deux jeunes médiums américaines, Kate et Laura Barlow, se produisent Les CARNETS du STUDIO n°351 – décembre 2016 –

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à Paris, terminant ainsi leur tournée mondiale. Absolument fasciné par leur don, André Korben, un célèbre producteur de cinéma, les engage pour tourner dans un film follement ambitieux. Emportée par ce tourbillon du cinéma, riche en expérimentations et sentiments, cette nouvelle famille ne perçoit pas ce que l’Europe se prépare à vivre… Après Grand Central (2013) et Belle Épine (2010) récompensé du Prix Louis Delluc, Rebecca Zlotowski a ressenti ici « la nécessité de commenter le monde glissant, crépusculaire, dans lequel on est entré, avec les outils du romanesque ». Planétarium a été sélectionné au Festival de Toronto. Sources : dossier de presse

Dans l’ascenseur de son immeuble, Théo rencontre un jour Elise, une bien jolie jeune femme dont il ne s’aperçoit pas tout de suite qu’elle est aveugle tant elle semble se mouvoir avec aisance dans le monde des bien-voyants. Tous deux pourraient bien s’aimer si tant de choses ne les séparaient (notamment musicalement...) mais, surtout, pour se faire bien voir d’Élise, Théo va essayer de lui faire croire qu’il est lui aussi aveugle... Une comédie romantique sur le handicap ? Oui, entre autres...

Lars Eidinger, Sigrid Bouaziz, Benjamin Biolay…

Maureen, une jeune Américaine à Paris, gagne sa vie en s’occupant de la garde-robe d’une célébrité. Ce n’est pas un travail qu’elle aime, mais cela lui permet de payer son séjour et d’attendre que se manifeste l’esprit de Lewis, son frère jumeau récemment disparu. D’étranges messages anonymes lui parviennent alors sur son portable… Maureen « croit dans la communication avec l’au-delà, et essaye par ce chemin-là de retrouver son passé », dont il faudrait aussi se défaire pour pouvoir surmonter son deuil. Avec un film « mi-fantastique, mi-méditatif » (Télérama), à la fois érudit et irrationnel, le réalisateur de L’Heure d’été (2007) et de Sils Maria (2014) semble avoir joué ici avec les genres. Haletant, souvent fascinant, Personal Shopper, sélectionné au Festival de Cannes, y a obtenu le Prix de la mise en scène !

Source : dossier de presse

Sources : dossier de presse

Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage Égypte – 2016 – 1h55, de Youry Nasrallah, avec Laili Eloui, Menna Shalaby…

Personal Shopper France – 2016 – 1h45, de Olivier Assayas, avec Kristen Stewart,

et il va la trouver. Et moi avec lui. Après Confession d’un enfant du siècle (2012), la réalisatrice a eu envie de revenir à un scénario original et avec une histoire de femme. Comme souvent dans ses films – superbe Stella (2008) – ses personnages sont des enfants blessés et perdus qui partent en quête d’amour. « Trouver une place dans la société et faire une place à l’amour sont des thèmes qui m’intéressent. Et l’amour est la seule valeur qui échappe à la société de consommation ». À découvrir absolument !

Souvenir

R

Yehia est chef cuisinier. Avec son fils, passionné de recettes et de saveurs, et son cadet, coureur de jupons, ils préparent des banquets. Lors d’un mariage paysan orchestré par Yehia et ses fils, au cours duquel se dévoileront des amours secrètes, un homme d’affaires de la région et sa riche épouse proposent de racheter leur commerce. Devant le refus de Yehia, la proposition tourne à la menace... Drôle et sentimental, entre chronique et vaudeville, avec des actrices belles comme à Hollywood, des numéros de danse comme à Bollywood, ce nouveau film d’un réalisateur connu pour son engagement peut surprendre ; Mais, dans le contexte actuel, faire un film épicurien devient un acte politique : « Le Ruisseau, le pré vert et le doux visage : les trois éléments ensemble forment une image codifiée du paradis dans la poésie arabe... Le film est un hymne au plaisir : un peuple qui ne sait pas jouir, aimer la beauté et baiser n’est pas un peuple. »

Belgique/France /Luxembourg - 2015 - 1h30, de Bavo Defurne, avec Isabelle Huppert, Kévin Azaïs, Johan Leysen…

Liliane travaille à la chaîne dans la fabrique de pâtés Porluxe. Elle mène, comme beaucoup de gens, une vie sans surprises ; jusqu’au jour où Jean, un jeune intérimaire, la reconnaît : il l’a vue à la télévision la veille. En fait, il s’agissait d’images de sa vie d’avant, quand elle était une chanteuse populaire et qu’elle avait même participé au concours de l’Eurovision. Jean c’est un battant, il veut devenir boxeur professionnel et il veut que Liliane redevienne la Laura que le public a acclamée autrefois… Pour Isabelle Huppert, ce second film de Bavo Defurne (Sur le chemin des dunes), est « une fable exemplaire qui donne de l’espoir », fable que le réalisateur a parsemée de références à Hitchcock et à Sirk : rien que de bonnes raisons pour aller voir ce film, fort bien accueilli lors de sa projection au Festival du Film francophone d’Angoulême. Sources : france3-regions.francetvinfo.fr, culturebox- francetvinfo.fr

Sully

USA – 2016 – 1h36, de Clint Eastwood, avec Tom Hanks, Aaron Eckhart, Laura Linney…

Sources : telerama.fr – independanceetcreation.com

Sources : dossier de presse, telerama.fr.

La Prunelle de mes yeux France – 2016 – 1h30, de Axelle Ropert, avec Mélanie Bernier, Bastien Bouillon, Antonin Fresson, Chloé Astor, Swann Arlaud...

Grecs d’origine, Théo et Leandro tentent de vivre en jouant de la musique (grecque) dans des bars ou autres lieux publics... tentent car rien ne marche vraiment bien et Pôle Emploi ne semble pas avoir grand-chose d’intéressant à leur proposer dans le domaine musical...

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– Les CARNETS du STUDIO

n°351 – décembre 2016

Sex Doll

France – 2016 – 1h42, de Sylvie Verheyde, avec Hafsia Herzi, Ash Stymest, Karole Rocher, Paul Hamy…

Je m’appelle Virginie je suis encore jeune. Je suis pute… de luxe. Là où j’en suis, c’est ce qui pouvait m’arriver de mieux. Je suis indépendante. Je sais me faire respecter. Et puis je l’ai rencontré. Même pas aimable, même pas riche. Le genre de mec qui a une mission… Il cherche la merde

S

On le sait, qu’il soit devant ou derrière la caméra, Clint Eastwood aime la figure du héros qui s’en prend plein les dents, cf. Les Proies, Un frisson dans la nuit, Bird, Million Dollar Baby par exemple. Cette fois il s’intéresse à celui qui est à l’origine du « miracle sur l’Hudson », en janvier 2009: Chesley Sullenberger dit Sully, le pilote qui a sauvé 155 passagers grâce à son sang-froid, en réussissant un amerrissage d’urgence de son appareil et évitant ainsi un crash en plein New-York, suite à un impact avec un vol d’oiseaux. Si le réalisateur n’élude aucun épisode de l’accident, il va également et surtout

s’intéresser à l’après : à l’enquête (obligatoire dans ce type de circonstances), à la gestion de la « l'héroïsation » soudaine et à celle du choc post-traumatique. Le film est annoncé comme une des très grandes réussites de l’inoxydable Clint, avec un Tom Hanks absolument bluffant, comme toujours ! Sources : dossier de presse

Tour de France

France – 2016 – 1h35, de Rachid Djaïdani, avec Sadek, Gérard Depardieu...

T

Misanthrope et peintre du dimanche, un ancien ouvrier revenu de ses illusions militantes épuise ses économies en entamant un absurde tour de France : comme Vernet répondant à la commande de Louis XIV, il veut aller peindre tous les ports de France. Il se retrouve avec un rappeur parisien qui fuit un caïd de son quartier. Entre le gamin immigré et le vieux beauf raciste, la greffe a du mal à prendre... Après Rengaine, très bien accueilli à Cannes en 2012, Rachid Djaïdani a vu son 2e long-métrage lui aussi sélectionné à la Quinzaine. Malgré des faiblesses de scénario, Tour de France est un petit miracle qui doit beaucoup au jeu des comédiens, Depardieu grâce à son culot hors-norme et le jeune rappeur Far’Hook qui tient tête au monstre sacré : « le duo génère une espèce de tempête magnétique qui rend épiques les épisodes les plus prévisibles. » Sources : telerama.fr – lemonde.fr

TuUSAne tueras point – 2017 – 2h19, de Mel Gibson, avec Andrew Garfield, Vince Vaughn…

En 1942, alors que les États-Unis s’engagent dans la seconde guerre mondiale, Desmond, un jeune homme qui vit au fin fond de la Virginie, est tiraillé entre son rejet de la violence et son patriotisme. En effet, depuis qu’enfant, il a failli tuer accidentellement son petit frère, il a décidé de respecter à la lettre les commandements divins. Refusant de porter une arme, il devient infirmier et lors de la bataille du Pacifique son comportement héroïque permet de sauver plus de soixante hommes pris sous le feu des Japonais… Membre comme son héros (qui exista réellement) de l’église adventiste, le réalisateur américain (entre autres d’une version controversée de La

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Passion du Christ) montre une nouvelle fois sa psyché torturée entre sa fascination pour la violence et son christianisme militant. Ce double inversé d’American Sniper « fascine à la fois par sa candeur, par un premier degré à toute épreuve qui assume totalement le ridicule, dans un geste d’honnêteté absolue qui force le respect. »

Eyal et sa femme Vicky ont perdu leur enfant. Au bout de la période de deuil rituelle de sept jours Vicky se réfugie dans les tâches et les obligations les plus routinières, tandis qu’Eyal multiplie de façon débridée les actes incongrus, chacun essayant à sa manière de se libérer du poids écrasant de la perte. Le film ne s’embarrasse d’aucun pathos. Son originalité est de traiter la tragédie sous la forme d’une comédie, mélange assez détonant semblet-il de gravité et de légèreté. Sources : dossier de presse

Sources : dossier de presse.

Une vie

Wallace & Gromit : Les Inventuriers

UneIsraël semaine et un jour - 2016 - 1h38, de Asaph Polonsky, avec Shai Avivi, Evgenia Dodina, Tomer Kapon

France/Belgique - 2016 - 1h59, de Stéphane Brizé, avec Judith Chemla, Yolande Moreau, Jean-Pierre Darroussin, Jalil Lespert…

Une vie, c’est celle de Jeanne Le Perthuis des Vauds : de son enfance normande, auprès de ses parents, chaleureux et aimants, à sa vie d’épouse et de mère de famille. Ou comment passer de la joie de vivre au malheur, car une fois mariée à Julien de Lamare, son quotidien ne sera que frustrations, humiliations et chagrins. Dans cette nouvelle adaptation du roman de Maupassant, Judith Chemla apporte à Jeanne une innocence à la fois gracieuse et rageuse. Quand on connaît la capacité de Stéphane Brizé à mettre en lumière, avec pudeur et empathie, les laisséspour-compte, les maladroits, les éclopés de la vie, on se doute que ce portrait de femme sera fort et bouleversant. Sources : avoir-alire.com, telerama.fr, dossier de presse

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Blanchard, Thomas Scimemca, François Chattot…

Après 2 automnes et 3 hivers, puis Marie et les naufragés, Betbeder a réalisé un moyen métrage insolite et charmant, Inupiluk dans lequel il conte le voyage de deux Inuits à Paris et leur découverte de la ville grâce à deux trentenairesparisiens et comédiens qui cumulent les difficultés : Thomas et Thomas. C’est la suite de cette aventure que nous propose le réalisateur, en les faisant s’envoler à leur tour vers le Grand Nord… Ils atterrissent dans un monde sublime et rude que le spectateur découvre en même temps qu’eux. L’occasion pour le cinéaste de traiter une nouvelle fois avec humour et tendresse de l’amitié, des errances professionnelles et sentimentales, de l’isolement et de la fuite. C’est parfois très drôle, par moments mélancolique et joliment porté par deux compères bigrement attachants et la belle musique électronique de Minizza. Une vraie réussite !

Sources : lalibre.be – telerama.fr

U

Le Voyage au Groenland France – 2016 – 1h38, de Sébastien Bétbeder, avec Thomas

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Voir pages Jeune Public

Willy 1er

France – 2016 – 1h22, de Ludovic Boukherma, Zoran Boukherma, Marielle Gautier, Hugo P. Thomas, avec Daniel Vannet, Noémie Lvovsky…

À la mort de son jumeau, Willy décide de quitter sa famille. Il veut trouver un travail, avoir son propre logement, et des amis, mais Willy a 50 ans et il ne sait pas lire. Il va devoir se confronter au monde et à ses cruautés… Ce récit initiatique peu banal est l’œuvre de quatre jeunes réalisateurs formés à l’École de la Cité de Luc Besson. C’est en s’informant pour un projet sur l’illettrisme qu’ils vont rencontrer Daniel Vannet qui suit un programme d’alphabétisation : il deviendra le héros de deux de leurs courts métrages et de ce premier long. Willy 1er n’est pas un docu-

V

mentaire, mais un film de fiction qui « s’inspire des choses de la vie de Daniel pour en faire des éléments de fiction. Ce qui nous plaît chez lui, c’est que c’est vraiment un personnage de cinéma. Il est très magnétique. D’où notre idée d’en faire un héros. Un héros de cinéma ». Projeté à Cannes, dans le cadre de l’ACID, ce film a été salué pour son originalité tant pour le fond que pour la forme ; si aucun moment difficile de cette trajectoire n’est gommé, Willy est toujours suivi avec respect et quand on rit c’est toujours avec lui, jamais contre lui. Donc quatre jeunes réalisateurs et un comédien à découvrir dans un premier film bluffant ! Sources : lemonde.fr, télérama.fr, dossier de presse

Wolf and sheep

afghanes ; les enfants travaillent, notamment à garder les moutons... et éloigner les loups qui rôdent... Mais bien sûr, les enfants jouent aussi... Les filles s’essaient à fumer, à faire semblant de se marier. Tout le monde semble croire aux contes et tout le monde sait bien que les garçons et les filles ne doivent pas jouer ensemble. Jusqu’à ce qu’un garçon et une fille, 11 ans tous les deux et tous deux rejetés par leurs groupes, ne finissent par se rencontrer. Pour sa première fiction, sélectionnée à Cannes, la toute jeune Afghane S. Sadat a choisi de rester au plus près de son sujet et de donner toute leur importance à ses jeunes acteurs (les adultes sont très peu présents) ainsi qu’à l’âpre beauté des paysages qui conditionnent la vie du village. Sources : dossier de presse, imdb.com

2016 – Afghanistan/France/Danemark/Suède – 1h26, de Shahrbanoo Sadat, avec Sediqa Rasuli, Qodratollah Qadiri, Amina Musavi...

Un village, quelque part dans les montagnes PROCHAINEMENT : • Harmonium, de Koji Fukada • La La Land, de Damien Chazelle • Fleur de tonnerre, de Stéphanie Pillonca-Kervern • Primaire, de Hélène Angel • Neruda, de Pablo Larrain • Le Divan de Staline, de Fanny Ardant

W Lundi 5 décembre – 19h30

Monika

de Ingmar Bergman (1952) - Suède Noir et blanc 1h25, avec Harriet Andersson

Soirée proposée et présentée par les élèves de la section cinéma et audiovisuel du lycée Balzac Hommage à Shakespeare en écho à la programmation du Théâtre de Tours Soirées présentées par Guy Schwitthal

Lundi 19 décembre Une soirée, deux films

19h30-Roméo et Juliette dans la neige de Ernst Lubitsch (1920) - Allemagne Noir et blanc 40 mn

20h30-Jeu dangereux de Ernst Lubitsch (1942) - USA Noir et blanc 1h40

Lundi 12 décembre – 19h30

Lundi 2 janvier – 19h30

Le Château de l’araignée

La Chevauchée des bannis

de Akira Kurosawa (1957) - Japon Noir et blanc 1h50

de André de Toth (1958) - USA Noir et blanc 1h35, avec Robert Ryan, Burl Ives, Tina Louise

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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Bande annonce

Ici… ‘ UN COEUR SIMPLE La blouse de Cézanne (Cézanne et moi de Danièle Thompson) à peine enlevée, Guillaume Gallienne a rendossé sa panoplie de réalisateur pour raconter en images l’histoire d’une femme, Maryline, « très humble, très modeste mais qui, malgré les coups durs, a eu des moments de bienveillance… Elle a grandi dans un milieu rural un peu dur puisque le couple de ses parents était compliqué. Et surtout ils ne recevaient personne, vivaient les volets clos et elle n’avait donc pas les mots pour se défendre». Une histoire qu’il avait envie de réaliser depuis qu’elle lui a été racontée, il y a quinze ans. C’est Adeline d’Hermy (Camille redouble) qu’il a choisie pour donner une voix à cette femme de silence. ‘ ELLE ET LUI Quel point commun entre Je vous aime, Le Dernier métro, Le Choix des armes, Fort Saganne, Drôle d’endroit pour une rencontre, Les Cent et une nuits de Simon Cinéma, Les Temps qui changent, Potiche et Astérix et Obélix : au service Sa Majesté ? Un couple mythique du cinéma : Catherine Deneuve et Gérard Depardieu ! Comment ne pas se réjouir quand un réalisateur a l’idée de les rassembler à nouveau. Cette fois c’est Florence Quentin (J’ai faim) qui les réunit pour Bonne Pomme, une comédie poétique. La pomme en question est un garagiste (G. Depardieu) qui, ne voulant plus que les autres abusent de sa gentillesse, quitte tout, pour s’installer dans un village de l’Oise, où il va rencontrer une séduisante aubergiste, C. Deneuve.

et ailleurs… ‘ DU SANG, DE LA SUEUR ET DES LARMES Suspiria, le film culte d’un des maîtres de l’horreur, Dario Argento, va avoir son remake. C’est Luca Guadagnino qui, déjà en 2015, proposait sa version de La Piscine de Jacques Deray, sous le titre A Bigger Splash, qui s’attelle à la tâche. Si l’ambiance du film original est respectée, elle ne devrait pas être très ensoleillée, mais devrait plutôt être celle d’une demeure gothique et labyrinthique, repaire plus traditionnel pour un triumvirat de sorcières et, accessoirement, pour une école de danse. Parmi les élèves, on trouvera Chloë Grace Moretz et Dakota Johnson, tandis que la directrice de l’établissement et gardienne du culte sera incarnée par la toujours impériale Tilda Swinton. ‘ PERLES Michelle Williams semble avoir un certain goût pour les destins foudroyés en pleine jeunesse : en effet après avoir adopté la blondeur oxygénée de l’icône Monroe dans My Week With Marilyn, elle va ressusciter la chanteuse performeuse emblématique de la fin des années 60, Janis Joplin. C’est Sean Durkin, (Martha Marcy May Marlene) qui va mettre en images cette adaptation du livre Love, Janis, écrit par la sœur de l’artiste. IG

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Actes numériques et conséquences

L

e numérique occupe une place de plus en plus importante dans nos vies. Ses usages sont maintenant des habitudes bien ancrées mais nous rendons-nous réellement compte de toutes les conséquences de nos actes numériques ?

Il y a évidemment les sujets, connus maintenant, de la surveillance de masse et du respect de la vie privée. Edward Snowden nous a « alertés » mais nous semblons l’ignorer et continuer à utiliser les mêmes outils non respectueux de nos données personnelles (les fameux GAFAM (Google Apple Facebook Amazon Microsoft), Fenêtres 10…) Cette surveillance se fait aussi car nous signons des contrats sans les lire. Oui, les textes un peu longs qui nous ralentissent durant l’installation d’un logiciel, c’est un contrat. On y trouve trop souvent des clauses surprenantes que nous ne pourrions accepter si nous les avions lues. Rendre numériquement captif son entourage peut être une autre conséquence pernicieuse de nos choix d’outils. En

effet, envoyer un fichier dans un format propriétaire impose à ses destinataires l’utilisation (donc l’achat ou le piratage) du même logiciel permettant de lire ce fichier. Et quelles garanties avons-nous ? Aucun disque dur n’est garanti contre la perte de vos données. Rares sont les smartphones à pouvoir garantir qu’aucun enfant n’a travaillé à sa fabrication et que le commerce des minerais utilisés n’a pas financé de guerres civiles. Et l’écologie dans tout ça ? Ce ne sont pas les datacenters qui consomment le plus d’énergie mais nos ordinateurs. Installer un logiciel mal conçu peut impliquer un gaspillage non justifié de la puissance de votre processeur, et donc un gaspillage d’électricité. Envoyer un email ou lancer une recherche n’est pas neutre pour l’environnement, surtout au pluriel… Bref, augmentez vos connaissances et… faites vos choix ! L’ADETI (Association de développement des technologies de l’information)

« La Liberté, c’est la faculté de choisir ses contraintes. » Jean-Louis Barrault (1910-1994)

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT… Les CARNETS du STUDIO n°351 – décembre 2016 –

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Hélène Angel aux Studio © R. Guérineau

Rencontre avec Hélène Angel

Interférences Frantz Le Fils de Jean Juste la Fin du monde Le mardi 12 octobre, Hélène Angel est venue présenter son 5e longmétrage intitulé Primaire, un film qui décrit avec beaucoup de justesse la vie d’une classe de CM2, avec Sara Forestier dans un rôle de professeur des écoles, loin des approximations qui ont souvent cours à l’écran.

«

J’ai passé deux ans à traîner au fond des classes pour prendre des notes. J’avais prévenu les enseignants que c’était une fiction, du coup ils se sentaient libres et en confiance. C’était pour sentir l’atmosphère d’une classe, il y a plein de répliques qui viennent d’enseignants que j’ai rencontrés. » Pourquoi faire un film sur l’école ? « La raison très intime pour tenir des années, c’est une raison de maman : quand mon fils a quitté le CM2, qu’il a fait la fête de fin d’année, il était un peu triste mais surtout très excité de devenir un grand et je me suis rendu compte que j’étais plus triste que lui en disant au revoir à l’école. J’ai vu la cour une fois la fête finie et je me suis demandé pourquoi j’étais si émue ; avec le primaire, je disais au revoir à son enfance. Avec ses rites, l’école scande des étapes de notre vie, en tant qu’enfant ou parent, d’une façon très émotionnelle. D’ailleurs, il y a beaucoup de figures de parents dans le film, qui parle à première vue de l’école mais aussi de l’éducation, de la transmission… Le personnage principal étant une enseignante, la moindre des choses était de ne pas raconter de bêtises, d’aller enquêter ». Le film parle beaucoup de solitude. Celle de la maîtresse. Des enfants. « C’est à la fois un film très collectif mais aussi un film qui parle de la solitude face aux problèmes. Un film très joyeux, sur la vitalité des enfants, mais, à un moment, on se retrouve face à soi-même… À un moment, au restaurant, Mathieu dit à Sacha : « Ne compte que sur toi ». C’est une parole très dure mais c’est peut-être le seul adulte qui partage une vérité avec cet enfant, le seul qui ne lui ment pas.»

C’est une classe de fiction, construite après casting. Les enfants ont été choisis par petits groupes pour voir comment ils fonctionnaient collectivement. La cohésion s’est faite par la répétition du spectacle de fin d’année où ils ont appris à se connaître, habillés comme des dieux ou des cyclopes. Quand le tournage a commencé, ils se connaissaient tous. « On a installé un système à deux caméras, l’une fixe où l’on décidait ce qu’on allait filmer et une autre sur des rails pour aller filmer qui on voulait… Ils jouaient la scène mais ils ne savaient pas quand ils étaient filmés. On était presqu’en situation de documentaire avec Yves Angelo à la caméra, ravi de filmer des enfants. On avait la volonté de montrer une mixité qui se passe bien alors qu’on nous montre toujours ce qui ne va pas.» Quant à Sara Forestier, le choix ne s’est pas imposé d’emblée. Hélène Angel a même pensé à réécrire le rôle pour un homme. Puis elle a eu un coup de foudre pour Sara, pour sa capacité à se fondre dans la réalité. Et l’actrice lui a avoué que si elle n’avait pas été comédienne, elle aurait aimé devenir… instit. DP

P

resque devenue une tarte à la crème, l’incommunicabilité entre les êtres fut un thème récurrent dans le cinéma des années 50 à 70. Qu’on songe aux films de Bergman, d’Antonioni ou de Fellini, au Feu follet de Louis Malle ou au Chat de Pierre GranierDeferre, toute cette période regorge de drames dans lesquels des personnages peinent ou échouent à dire, à partager, à trouver en l’autre sinon un semblable, du moins un auditeur capable de comprendre.

Thème daté ? Pas sûr. Trois films récents nous en proposent de nouvelles variations, incarnées dans des situations et des personnages peut-être moins démonstratifs, plus romanesques que leurs devanciers : Frantz de François Ozon, Le Fils de Jean de Philippe Lioret et Juste la Fin du monde de Xavier Dolan. Ozon, Lioret, Dolan : trois fortes personnalités, trois univers bien marqués, trois styles caractéristiques, et pourtant on est saisi par leur troublante rencontre autour de ce thème du silence, du secret, de l’aveu impossible. Les héros, Adrien, Mathieu et Louis, sont des hommes jeunes. Tous trois entreprennent un voyage qui les mène au cœur d’une famille plus ou moins dysfonctionnelle. Qu’ils le veuillent ou non, leur présence bouleverse les situations établies, un peu à la manière du visiteur dans Théorème de Pasolini. Ce qui justifie leur venue est à chaque fois un secret,

à dévoiler ou à découvrir. Adrien, Mathieu et Louis sont dans la même impasse : comment affronter la vérité, comment la dire ou l’assumer ? Une seule échappatoire : Adrien ment, s’enferre, entraînant la vertueuse Anna dans une cascade de mensonges ; Pierre, le vrai père de Mathieu, fait de même sur sa paternité et son état de santé ; quant à Mathieu, il regagnera la France sans révéler la vérité à ses frères putatifs ; Louis, venu annoncer sa mort prochaine à sa famille, repart sans avoir rien dit. Peut-on parler de lâcheté ? Dans une certaine mesure oui, au moins pour ce qui concerne Adrien, qui laisse Anna tomber amoureuse de lui et se compromettre sans lui dire qu’il est fiancé, sur le point de se marier avec une autre. Mais le nœud central est ailleurs, dans l’idée que dès qu’on touche à l’existentiel, la parole s’étrangle dans la gorge, comme si une sorte de barrière invisible interdisait de trouver l’autre, rendant impossible l’aveu. Tout se passe comme si on atteignait une limite dans les rapports humains au-delà de laquelle chacun est irrémédiablement seul, emmuré dans sa solitude et son silence. Trois hommes jeunes, trois voyages, trois secrets, trois drames pour dire l’impossibilité de dire. AW

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec la réalisatrice sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

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Les rédacteurs ont vu :

Poesía sin fin de Alejandro Jodorowsky

Jodorowsky ne retrouve pas l’illumination (quel que soit le sens qu’on donne à ce mot) d’El Topo ou de La Montagne sacrée. On est là un peu trop dans la métaphore laborieuse, la provocation esthétisante, le surréalisme fabriqué. Pourtant le charme agit. Quelques très belles scènes (les marionnettes de Luz et André ou le carnaval, parmi quelques autres) nous rappellent que Jodorowsky, s’il a perdu l’innocence créatrice de ses débuts, reste un auteur capable des plus baroques flamboyances. AW Ça crie, ça pleure, ça hurle et ça aime ; tout y est exagéré ; tout y est un peu fou, voire complètement fou. Mais, surtout, tout y est beau... ER

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Une mère qui ne s’exprime qu’en chantant, des bricolages à la Méliès, un univers baroque, singulier et même un chihuahua ! Malgré toutes ces trouvailles sympathiques, pas évident d’être transporté par ce tourbillon protéiforme ! Moi, en tous les cas, je suis restée sur le quai : intriguée de temps en temps, indifférente souvent ! IG Quelle belle leçon de vie nous donne Jodo ! Jusqu’à quand le fera-t-il, avec son cœur, son amour, un tel pouvoir de créativité paraissant intact malgré ses 87 ans ? On sort du film avec des images fortes, intenses, surréalistes, qui nous emportent avec émotion sur les ailes du dit poète. MS

Souvent, hélas, le vieillard que l’on devient renie les engagements et les enthousiasmes de sa jeunesse. Avec l’inépuisable Jodorowski, c’est tout le contraire : il embrasse avec amour et démesure l’enfant (Danza de la realitad) et le jeune poète qu’il fut (Poesia sin fin) avec une grâce poétique et visionnaire stupéfiante. Pourvu que ce jeune homme de 87 ans ait l’énergie suffisante pour tourner le 3° tome de ses aventures, à Paris, avec les surréalistes ! DP

Poesia sin fin est l’exacte suite de La Danza de la realitad, comme le second épisode d’une série. Ce qui ne peut qu’enchanter les fans de la première partie, mais pas sûr qu’il en séduise du coup

beaucoup d’autres. Les voir en une seule projection réduirait peut-être la légère impression de redite. Ceci dit vivement son arrivée à Paris pour le troisième épisode. JF La richesse exubérante aussi fantasmatique que polymorphe ne parvient pourtant ni à convaincre sur ce qui amène le héros à se vouer désormais à la poésie, ni à s’ouvrir à cet incroyable foisonnement d’expériences tant la froideur plane au niveau formel. Un contrepoint – trop rare – enthousiasmant : l’apparition de Carolyn Carlson. RS

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À propos de Poesia sin fin

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lexandre Jodorowsky (dit Jodo) a toujours eu une place à part dans le cinéma. Alors qu’il rejette le cinéma industriel et commercial qui vante ses super-héros, il nous offre avec Poesia sin fin un film à l’esthétique très personnelle. Dans La Danza de la realidad sortie en 2013, il nous contait sa vie d’enfant lorsqu’il habitait dans le petit village chilien de Tocopilla. Dans Poesia sin fin, on retrouve Alejandro adolescent, à Santiago, avant qu’il ne quitte finalement le Chili pour la France. Les deux films ont été tournés dans les lieux précis où Jodo a vécu. On peut se demander pourquoi le réalisateur retourne sur les lieux de son enfance après tant d’années. Pour lui, revenir sur « ces lieux minables où il fut une pauvre victime », revenir dans la peau d’un réalisateur capable de les embellir sur l’écran mais aussi dans sa mémoire, c’est un acte de guérison. Jodo filme sa réalité. Dans la relation à ses parents, sa mère rêvant d’être chanteuse d’opéra ne s’exprime qu’en chan-

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tant et son père est toujours tyrannique et humiliant. Dans la réalité, les femmes sont petites ou grandes, grosses ou frêles. Jodo les choisit ainsi et refuse les stars à la taille mannequin. Il met en scène sa propre famille, ses fils, neveu, nains ou naines de cirque de sa connaissance. Le prologue de son roman L’arbre du dieu pendu paru en 1996 nous éclaire sur ses choix quant à l’histoire fantasmée de sa famille : « Si d’un côté notre arbre généalogique est un piège qui limite nos pensées, nos émotions, nos désirs et notre vie matérielle… d’un autre côté, il constitue le trésor qui renferme l’essentiel de nos valeurs… Je n’ai pas seulement voulu écrire un roman mais présenter un travail qui, s’il a été réussi, aspire à servir d’exemple pour que chaque lecteur le suive et transforme, au travers du pardon, sa mémoire familiale en légende héroïque. » À la sortie de Poesia sin fin, Jodo déclara : « Je veux un cinéma qui provoque une crise positive à l’intérieur de toi, un cinéma capable de te

mettre face à ton être essentiel. » Comment se retrouver dans ce défilé de personnages fantasques et ce bouillonnement d’aventures ? Pour comprendre le cinéma de Jodo, il faut revenir sur ses origines. Ses parents étaient des juifs russes ayant fui les pogroms et venus se réfugier au nord du Chili. Sa grand-mère tirait le tarot et son grand-père était lanceur de couteaux ; d’où son rapport avec l’univers du cirque. Il fut dans sa jeunesse marionnettiste, clown dans un cirque avant son départ pour la France où il écrivit des pantomimes pour le mime Marceau. Après avoir fréquenté les surréalistes, il créa le groupe Panique avec Topor et Arrabal. Jodo n’est pas seulement réalisateur mais aussi romancier et auteur de nombreuses BD. Son parcours nous permet d’approcher le réalisme magique, la folie outrancière des

couleurs qui peuvent heurter mais témoignent de l’Amérique latine : telle la foule, déferlement carnavalesque des diables rouges et des squelettes dans les rues de Santiago. On ne peut qu’être fasciné par la beauté de la scène se déroulant au ralenti dans le café Iris - défilé des vieillards courbés avec l’intrusion brutale de la muse. La rencontre d’Alejandro et de la naine qui lui offre son corps est absente de vulgarité mais simplement empreinte de sensualité. Jodo aime les êtres humains, tous les êtres humains, jusqu’à se réconcilier, lors d’une scène émouvante de pureté, avec ce père tant haï depuis l’enfance. Certains seront agacés, chercheront le pourquoi des manipulateurs de décors, le comment de l’envolée du corset carcan de la mère, la signification de la danse de Carolyn Carlson... D’autres se laisseront porter et vivre, simplement vivre. MS

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Rencontre avec Michel Ocelot

Le dimanche 2 octobre, à l’initiative de la commission Jeune Public, les spectateurs tourangeaux avaient rendez-vous avec le célèbre réalisateur Michel Ocelot, père de Kirikou, pour la projection de Ivan Tsarevitch et la princesse changeante. Il devait être là dès le début du film mais il avait été retardé à Nantes. Allait-il être des nôtres ? Les spectateurs, notamment les plus jeunes, allaient-ils avoir la patience d’attendre ? Michel Ocelot aux Studio © Chantal Chantereau

F

inalement, il est arrivé et la rencontre fut passionnante et assez exceptionnelle. Michel Ocelot le remarqua d’ailleurs : « Je suis très fier de pouvoir parler à tout le monde, d’être devant une salle comme celle-ci où tous les âges sont restés. » Il avait précisé peu avant : « Je n’ai jamais fait de films pour enfants. J’essaie toujours de faire le meilleur film que je puisse. Bien sûr, j’essaie de ne pas faire de mal aux enfants qui viennent me voir mais je n’ai pas peur de mettre des choses que les enfants ne comprennent pas ; je ne les prends pas pour des bébés. Faire un film uniquement pour les adultes ? Je me sentirais mal de dire à une catégorie de personnes de sortir de la salle. » Cependant, pour son nouveau film (pour lequel il travaille 12 heures par jour), il pense limiter la projection aux

plus de 7 ans car il parlera « des hommes qui font du mal aux femmes et aux petites filles ». Un nouveau film qui ne sortira que fin 2018, car il faut six ans pour réaliser un long-métrage d’animation, depuis l’écriture du scénario jusqu’à la projection en salle : il sera très différent de ceux qu’il a déjà réalisés puisqu’il parlera de Paris, la ville où il vit et qu’il aime, à la Belle époque, « pour célébrer une grande capitale et la civilisation française de l’époque, brillante, pleine de talents et de travail. » Une spectatrice faisait remarquer qu’en Nouvelle Calédonie, on était très content de ce projet car sa petite héroïne est une Kanake métisse. « J’avais envie de parler du problème que pose le métissage du côté blanc et du côté noir… J’ai imaginé cette petite fille dans un village kanak à

Paris. Une petite fille instruite par Louise Michel qui, lorsqu’elle avait été déportée en Nouvelle-Calédonie, avait été institutrice et avait appris à lire et à écrire à des enfants kanaks… Ce sera un conte de fée avec des moments terribles. » Adultes ou enfants, plusieurs spectateurs ont fait une véritable déclaration d’amour au réalisateur de Kirikou, de Azur et Asmar et de Princes et princesses et les questions n’ont pas manqué sur ces films. Pourquoi Kirikou courait-il si vite ? « Je voulais créer un personnage tout petit, tout nu, sans pouvoir, et qui réussit à s’en sortir parce qu’il n’est pas bête et qu’il est courageux. Pour des raisons scénaristiques, j’ai été obligé de le faire courir. Je me suis rendu compte que tout le monde aime le bruit de ses petits pas. Ça indique aussi son caractère : tout droit et sans perdre de temps. » Pourquoi les paroles en arabe ne sont-elles pas traduites dans Azur et Asmar ? « Parce que c’est beaucoup mieux ainsi. Souvent, on devine. Et si on ne devine pas, on devient un émigré, ce dont parle le film. Il faut que le spectateur comprenne qu’il ne comprend pas. C’est un film qui parle d’ici et maintenant. » Pourquoi faire plusieurs histoires courtes ? « J’aime bien les petites chansons de trois minutes. Par moment, elles sont plus fortes qu’un opéra d’une heure. De temps en temps, je fais des chansons, de temps en temps des opéras. » Quant aux passionnés d’animation qui aimeraient en faire leur métier, Michel Ocelot s’est félicité du succès de l’animation française « un peu déclenché par celui de Kirikou. Les écoles

françaises sont miraculeuses. On vient nous piquer nos animateurs avant qu’ils soient diplômés ! On étonne le monde. J’ai été trois fois juré dans des festivals à Moscou, Séoul, Cannes. On a été obligé de tricher… pour qu’il n’y ait pas que des Français au palmarès ! » Une belle rencontre avec un réalisateur heureux. « Dès ma petite enfance, j’ai commencé mon métier… Je continue à faire ce que je veux, danser, parler toutes les langues, voyager, faire de la musique… » DP

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec le réalisateur sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio. http://www.studiocine.com/les-rencontres.html#.V_KhrST4VWE

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Noélie Merlant aux Studio © R. Guérineau

Rencontre avec Marie-Castille Mention-Schaar

Ceux qui sont derrière ont conscience du malaise que l’on peut ressentir face à cette société de surconsommation. Ils s’immiscent dans cette brèche et adaptent leur discours en fonction des gens. » Le 5 octobre dernier correspondait à la sortie nationale d’un film fort attendu : Le Ciel attendra et, en ce jour quelque peu stressant, la réalisatrice, MARIE-CASTILLE MENTION-SCHAAR et ses deux jeunes interprètes, NOÉMIE MERLANT et NAOMI AMARGER, avaient choisi de venir rencontrer le public des Studio !

Marie-Castille Mention-Schaar aux Studio © R. Guérineau

L

es soirées d’échanges avec ceux qui font le cinéma sont très souvent intéressantes et sympathiques, mais celle-ci fera partie de celles particulièrement marquantes pour de multiples raisons : le Studio 7 rempli, aussi bien pour la projection que pour le débat, par un public qui, bien que profondément touché par le film, n’a laissé aucun temps mort s’installer. Et puis une équipe (qui s’est constituée lors du tournage de Les Héritiers, autre film essentiel) de femmes de conviction, sincères, enthousiastes et soudées, totalement investies dans ce projet sur la radicalisation d’adolescentes, sujet brûlant et délicat s’il en est !

AU DÉPART Marie-Castille Mention-Schaar : « On ne peut pas faire un film documentaire sur la radicalisation. Au départ quand on me parlait de documentaire, cela m’irritait, mais maintenant, je considère qu’il n’y a pas de plus beau compliment, car, comme disait Godard, « Les plus grands films tendent vers le documentaire ». Le cinéma me permet de m’attarder sur quelque chose qui me questionne. Je me dis que si ça me pose question à moi, cela peut en poser à d’autres. Quand j’ai commencé à m’intéresser au sujet, des journalistes et des familles m’ont parlé de Dounia Bouzar (fondatrice du Centre de Prévention contre les Dérives Sectaires liées à l’Islam) et de son

action auprès d’ados radicalisés. Au début, elle était méfiante. D’autant que ces jeunes filles veulent être dans un anonymat total. Après avoir vu Les Héritiers, elle a accepté que je la suive pendant trois mois, partout, le jour et la nuit, auprès des parents, des jeunes filles. J’étais une éponge. » POURQUOI SEULEMENT LES FILLES ? Marie-Castille Mention-Schaar : « Pour moi, c’était les filles dès le départ. Quand j’ai lu des articles et vu des reportages sur des jeunes filles embrigadées dès l’âge de quatorze ans, je ne comprenais pas. Ce saut dans quelque chose d’irrationnel, était mystérieux. On parle davantage des garçons, mais les filles représentent entre 40 et 50 pour cent des ados embrigadés.» ÇA N’ARRIVE PAS QU’AUX AUTRES Noémie Merlant : « Pendant la préparation, j’ai assisté à des groupes de paroles. J’ai travaillé avec une jeune fille en cours de désembrigadement. J’ai pu construire le personnage grâce à elle. Les repenties sont très importantes pour permettre à des jeunes filles de s’en sortir. » Naomi Amarger : « Il est important d’être conscient que cela peut arriver à n’importe qui et pas forcément à des ados en échec scolaire. J’ai appris beaucoup en interprétant le rôle de Mélanie, notamment quand j’ai visionné les vidéos de propagande et leurs messages, forts.

DE L’ESPOIR Noémie Merlant : « Le tournage a commencé trois jours après l’attentat du Bataclan. On était encore plus dans cette rage de combattre, combattre pour combattre la peur. Il nous fallait être dans l’action. On savait pourquoi on était là. Il faut montrer qu’il y a de l’espoir par une ouverture au dialogue, par le fait de recréer du lien, en montrant qu’il y a des gens qui sont là, des équipes comme celles de Dounia Bouzar. Il faut écouter, épauler les parents. » EN SORTIR ? Marie-Castille Mention-Schaar : « Les centres fermés et les centres de déradicalisation sont deux choses très différentes. Dans les centres fermés, on trouve des gens à problématiques très différentes. Dans certains cas, c’est vraiment nécessaire notamment pour opérer une coupure avec Internet et le téléphone, principales sources d’alimentation de la propagande. Certaines jeunes filles demandent à être enfermées. Sinon, d’autres jeunes filles restent dans leur famille : certains parents arrêtent de travailler, prennent des congés sans solde. C’est extrêmement difficile, notamment psychologiquement. Les centres de déradicalisation sont basés sur le postulat du volontariat, alors que personne ne veut y entrer volontairement. Jusqu’à maintenant aucune jeune fille mineure n’est revenue de Syrie. »

CINÉMA Les comédiennes évoquent les scènes qui ont été les plus difficiles à tourner : Noémie Merlant : « La scène où le RAID fait irruption dans la maison, car il intervenait réellement en même temps à Saint-Denis. Sinon, les scènes où je devais réciter des prières en arabe, car je ne voulais pas faire d’erreurs. » Naomi Amarger : « La scène de la cuisine où Mélanie se dispute avec sa mère : j’avais du mal à la comprendre. Au début du film, je n’avais pas l’impression de jouer : c’était moi. Mais pour l’embrigadement progressif, j’ai eu du mal. À un moment, il n’y a plus de rationnel : ces filles sont comme des automates. Comme je n’arrivais pas à l’interpréter parce que je ne la comprenais pas, c’était difficile. Mais tout le film a été difficile. » Horaire de retour pour Paris oblige, il a bien fallu mettre un terme à cette soirée, à la fois chaleureuse et riche ; c’est Noémie Merlant qui eut la phrase de fin : « Je pense que c’est un film nécessaire et qu’il faut continuer à en parler. » On ne peut qu’abonder et espérer que ce « film de salubrité publique », comme l’a défini la Ministre de l’Éducation nationale, touche un large public ! IG

Naomi Amarger aux Studio © R. Guérineau

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec la réalisatrice sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

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Rencontre avec Katell Quillévéré

Réparer les vivants Comme souvent aux Studio, la salle est pleine pour la présentation avant la sortie en salles du film Réparer les vivants, et sous le choc d’une œuvre particulièrement forte… Un sondage rapide a permis de constater que la majorité des spectateurs avaient lu le roman éponyme de Maylis De Kérangal. Katell Quillévéré aux Studio © N. Joulin

«

Ma rencontre avec le roman a été la même que pour plein de lecteurs : extrêmement puissante », nous dit en préambule Katell Quilévéré.

La jeune réalisatrice a donc mis de côté aussitôt le projet en cours et, consciente des risques à adapter une telle œuvre, s’est attelée avec Gilles Tauraud à l’écriture du scénario. Malgré la concurrence d’autres réalisateurs souvent « plus expérimentés », Gallimard et M. de Kérangal, avec laquelle la rencontre a été aussi forte qu’avec le roman, lui ont fait confiance. La proximité de la réalisatrice avec des choses vécues a sans doute pesé dans « cette aventure fascinante ». Le pari était risqué en raison « d’une écriture très littéraire et en même temps extrêmement cinématographique ». Il fallait restituer le langage du corps et des

mains (celui-là même qui est à l’origine du cinéma), enchaîner les gestes précis et limiter les dialogues. Les digressions que s’autorise Katell Quillévéré sont justifiées par le fait qu’au cinéma on ne sait pas d’emblée ce que le personnage pense.

Réparer les vivants ne se présente pas vraiment comme un « film choral » même si les personnages successifs se donnent le relais. Le héros en est le cœur. Il fallait, à l’aide d’un casting hétéroclite, construire un groupe, réunir une constellation de visages et de corps à l’image de la diversité de la société, et restituer ce qui nous réunit dans cette diversité. Aucun n’est le personnage principal : ils passent dans l’histoire qui les précède et les suit. Le film ne cesse donc d’avancer, à l’image de la pulsion de vie : des personnages filmés de dos et des mouvements de caméra

qui nous projettent dans le monde des vivants ; des travellings qui irriguent le film comme le sang irrigue le corps. Les seuls plans fixes sont liés à la mort et le mouvement repart aussitôt vers la vie. Maylis de Kérangal n’ayant pas souhaité participer à l’écriture du scénario, les auteurs ont profité de cette liberté pour affirmer des partis pris – l’écrivaine ayant gardé un droit de regard, il y eut des moments d’échanges tendus et d’autres très harmonieux.

cents qui s’endorment, comme dans un rêve, face à une vague déferlante ; la réalité vient du son… Côté technique, le réalisme souligné des scènes de surf provient d’un véritable tournage périlleux au milieu de surfeurs expérimentés avec une caméra dans un caisson étanche ; les séquences chirurgicales ont été réalisées en collaboration avec des chirurgiens cardiaques mais avec des faux corps, fausses cages thoraciques, faux sang… Les petits rôles de l’hôpital sont tenus par des personnes du corps médical.

Parmi les choix retenus, si le film s’attarde moins que le roman dans la salle des donneurs et sur la transaction qui précède le don, c’est qu’il se place résolument du côté des vivants. Ainsi l’invention de la vie de la receveuse, brièvement évoquée, permet d’insister d’avantage sur la notion de transmission et de développer cette belle idée : c’est le cœur d’un amoureux qui va renaître dans quelqu’un qui retourne vers l’amour.

Quant au choix de la ville du Havre, il vient d’un souhait de la réalisatrice de montrer la ville de l’auteure du roman avec des lieux qui l’avaient inspirée. Elle filme une ville différente de celle que nous connaissons en évitant par exemple le quartier Perret et sa verticalité et en jouant sur la variété des panoramas qu’elle offre.

La scène de l’accident révèle également un moment fort. Si dans le livre il est évoqué par un trou noir, la réalisatrice a choisi pour l’affronter, sans tomber dans le voyeurisme, de rester avec les adoles-

La réussite est totale ; Maylis de Kerangal, bouleversée par le film, a accompagné Katell Quillévéré au festival de Venise et elles participent ensemble à des débats autour des deux œuvres. SB

Retrouvez une vidéo de la rencontre avec la réalisatrice sur le site des Studio dans la rubrique : Ca s’est passé aux Studio.

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À propos de Soy Nero

tromper des G.I. pourtant circonspects.

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n jeune clandestin franchit furtivement, au cours de la nuit du nouvel an, le mur qui sépare le Mexique des ÉtatsUnis, pendant qu’éclate dans le ciel un somptueux feu d’artifice. Plus tard, devenu G.I. et affecté dans un check point routier dans le désert irakien, il a pour mission d’interdire le passage à tout véhicule non autorisé ou suspect, c’est-à-dire très exactement d’empêcher ce que lui-même a fait pour passer aux États-Unis. Le feu d’artifice aura lui aussi son écho ironique, pour ne pas dire sardonique, dans les explosions bien réelles — et mortelles celles-ci — qui détruiront le poste de contrôle.

Tout le film est là, dans ces échos narratifs qui mettent en avant, avec intelligence et finesse, des thèmes brûlants (problèmes identitaires, migratoires) structurés par le motif éminemment multiforme et symbolique de la frontière, barrière qui se veut infranchissable, jusque et y compris entre les G.I. du check point, Arabes, Noirs et Latinos, tous à la fois racistes et victimes de leur racisme ordinaire. Le rêve de Nero est de devenir américain, lui qui a vécu en clandestin à Los Angeles avant d’en être expulsé. Son seul espoir : acquérir la nationalité en s’engageant dans l’armée en vertu du Dream Act*. Comme tous les candidats à l’intégration, il se

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retrouve en première ligne sur un front de guerre hyper-dangereux, dans ce poste de contrôle exposé aux attaques et aux attentats. Le deal est d’une cruelle simplicité : tu veux devenir américain ? OK, mais tu risques d’être un Américain mort. Le titre du film est une affirmation orgueilleuse : « Soy Nero » (je m’appelle Nero). Sauf que pendant une grande partie de son odyssée il affirme s’appeler Jesus, du nom de son frère qui lui a donné ses propres papiers, eux-mêmes faux ! De même qu’il est un soldat américain pas tout à fait américain, il est Nero mais pas vraiment Nero. Du coup son affirmation selon laquelle il a dix-sept ans paraît bien suspecte, peut-être un simple expédient pour éviter l’expulsion immédiate. Mensonge et tromperie envahissent ainsi peu à peu le champ du récit : Nero va se recueillir sur la tombe de son père mais ce n’est pas une tombe, juste une fosse commune où sont entassés des milliers de cadavres ; il retrouve son frère Jesus dans une somptueuse villa de Beverly Hills sauf que celui-ci n’en est pas le propriétaire, comme il le prétend, mais un simple domestique ; Nero, on l’a vu, ment sur son identité et, probablement, sur son âge ; en Irak même, l’attaque du poste de contrôle fait suite à un sinistre stratagème qui finit par

Une scène apparemment incongrue révèle a posteriori à quel point tout est gangrené par le mensonge et la tromperie : la frontière mexicaine franchie, Nero fait de l’autostop pour rallier Los Angeles. L’homme qui l’emmène, méfiant mais complaisant, lui tient tout un discours sur les éoliennes qui, à l’entendre, fonctionnent au pétrole et ne produisent pas ou peu d’électricité. Sa conclusion est explicite : s’engager dans l’armée pour obtenir la nationalité américaine, c’est comme les éoliennes : du vent ! une gigantesque arnaque ! Plus que l’histoire d’un individu, Soy Nero prend l’allure d’un apologue illustrant une fable qui lui est racontée dès l’entame du film : La Fourmi et l’Éléphant. Les deux animaux se rencontrent, ont un coup de foudre immédiat et passent la nuit à faire l’amour. Au matin l’éléphant meurt et la fourmi conclut en substance : pour une nuit d’amour je vais passer le reste de mon existence à creuser une tombe et je serai morte avant d’avoir fini. La fourmi c’est Nero, amoureux des USA, mais les USA accueillants et humanistes qu’il aime sont morts et il trouve à la place l’indifférence, l’hostilité, le rejet. À deux reprises les trois

seuls survivants de l’attaque du check point (deux Noirs et un Latino) sont survolés dans leur errance à travers le désert par un hélicoptère. Deux fois celui-ci les a évidemment repérés et probablement identifiés. Deux fois il s’éloigne sans les secourir : G.I. peutêtre, mais pas blancs, pas (pas encore ?) américains. À la fin Nero se retrouve seul, fuyard minuscule dans l’infini désert de pierre, vulnérable, pitoyable desert people accroché à la vie mais désespéré. Il est finalement recueilli par une patrouille de l’armée américaine, qui l’arrête sans ménagement et le traite comme un déserteur, un espion ou un criminel, on ne sait trop. Arrive alors le générique de fin où on lit que le film est dédié aux soldats candidats à la naturalisation expulsés des États-Unis après la guerre en Irak… Le fameux Dream Act, censé récompenser ceux qui risquaient leur vie pour l’Amérique ? Une promesse en l’air, un mirage, un vaste et cynique mensonge ! Ceux qui ont donné leur vie dans cet espoir sont les cocus de l’histoire. Leur sacrifice était une offrande mal choisie. Le héros du AW film s’appelle Nero Maldonado. * Pour Development, Relief and Education for Alien Minors, projet de loi déposé en 2001 mais jamais adopté.

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Interférences Soy Nero Moi Daniel Blake La fille inconnue

Vos critiques

Moi Daniel Blaque

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oy Nero (Je suis Nero) de Rafi Pitts, Moi, Daniel Blake de Ken Loach (qui aurait pu se nommer, s’il ne l’avait déjà fait pour Joe, My name is Daniel) ; deux films aux titres proches qui sont des slogans, des revendications qui montrent un besoin d’affirmer qui l’on est face à une société qui vous ignore. Quant à La Fille inconnue de Jean-Pierre et Luc Dardenne, son titre est explicite, impossible pour son héroïne d’affirmer quoi que ce soit puisqu’elle n’existe plus, morte et sans nom. La volonté d’être reconnu, Daniel et Nero la partagent, ils revendiquent le droit à exister. Ce ne sont pas des quêtes identitaires, nos deux personnages savent très bien qui ils sont, mais la recherche de la légitimité sociale qu’on leur nie. Cette démarche est exactement celle de Jenny Savin, médecin qui se sent coupable de la disparition d’une jeune femme venue sonner à la porte de son cabinet et à qui elle n’a pas ouvert. Pour la disparue, Jenny va se démener afin de lui redonner son nom. Mais à la différence de Daniel et Nero qui se battent pour euxmêmes, Jenny se bat pour une autre. Nero se fait expulser des USA quand il atteint sa majorité, pourtant, même s’il ne possède pas la nationalité américaine, il a toujours vécu aux États-Unis. Il ne peut s’y sentir étranger, l’étiquette d’émigrant dont on l’affuble ne lui correspond pas et le pays de ses parents, le Mexique, est une terre qui

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La Fille inconnue

lui est totalement étrangère. Quant à Daniel, il ne peut se reconnaître en demandeur d’emploi se perdant dans les rouages de l’administration, lui qui a toujours travaillé et qui ne demande que cela. Leur désir est a priori simple, ne pas être assimilé, noyé dans la masse, mais être reconnu comme particulier, singulier, exister sans être amalgamé à un groupe ethnique où à une condition sociale. Ce qu’ils veulent, c’est être regardés avec considération et respect, il réclament le minimum de ce que tout être humain devrait avoir. Mais à trop recevoir ignorance et mépris on finit par être prêt à tout pour se faire entendre. Quitte à utiliser la violence, comme l’armée dans le cas de Nero, mais cela aurait pu être un chemin beaucoup plus radical. Ou alors, on abandonne, comme Daniel qui finit par crouler sous le poids de son humanité devenue trop lourde à porter et en meurt. Mais quel est ce monde qui traite aussi mal ses habitants ? Heureusement, Jenny, elle, n’a pas abandonné. Son entêtement lui fait oublier les risques, dépasser les dangers ; sa croisade, elle la mène obstinément et la réussit. Grâce à elle, la fille, désormais connue, retrouve sa dignité en ayant une tombe à son nom. Jenny ne sort pas indemne de cette aventure mais certainement changée, grandie. Avec des personnages comme elle, il y a encore de l’espoir. JF

LA FILLE INCONNUE de Luc et Jean-Pierre Dardenne Nous voilà repartis une nouvelle fois sur les rives de la Meuse à explorer la misère qui s’y répand avec la désindustrialisation. L’angle d’attaque est un peu différent cette fois-ci avec une jeune femme médecin (supposée plus à l’aise socialement) tourmentée par un problème de conscience au moment où tout semble lui sourire. Mais est-ce vraiment là le sujet ? Le sujet n’est-il pas plutôt l’impossibilité de parler qui paraît frapper tous ses interlocuteurs (stagiaire, patients, policiers…) qui ne paraissent pouvoir aller mieux qu’une fois qu’ils ont libéré leur parole, fût-elle terrifiante ? La misère évoquée plus haut s’avérerait alors des plus profondes. HR Du Dardenne pur jus, sur le fond et sur la forme. Le fond, c’est la misère sociale en Belgique, le chômage, la santé, les petits trafics… Quant à la forme, la ressemblance avec Rosetta est frappante : réalisation sobre, pas de musique, des dialogues minimalistes, le film commence in medias res (sans introduction), on suit le personnage principal au plus près en permanence avec de nombreux mouvements de caméra (travellings avant, caméras portées) […] Pourtant, le propos est en fait très différent dans ce dernier film : les deux héroïnes avancent dans l’histoire avec la même obstination, la même détermination, mais Rosetta se débattait uniquement pour survivre quand Jenny, jeune médecin au statut social a priori confortable, lutte contre la culpabilité. C’est d’ailleurs LE sujet du film : une jeune femme est morte et tous

les protagonistes de l’histoire se sentent responsables, coupables. Chacun se mure dans son silence, communication impossible, on a tous quelque chose à se reprocher. Un mot pour finir sur le jeu des acteurs : Adèle Haenel se montre aussi convaincante qu’Émilie Dequenne. JC POESIA SIN FIN de Alejandro Jodorowsky Poesia sin fin… C’est cela le film de Jodorowski, une poésie sans fin, une fulgurance d’images pour raconter une infime partie de la vie du réalisateur. Images surréalistes qui racontent une réalité tout en la dépassant largement pour la pousser à l’extrême : onirisme, excès, violence, psychanalyse, érotisme… c’est tout le réalisme magique propre à l’Amérique Latine qui s’exprime là dans ce chef d’œuvre. Un vrai film de cinéma ! CF AQUARIUS de Kleber Mendonça Filho Ce film est un hommage à Sonia Braga qui interprète magnifiquement Clara. Clara est une femme cultivée, belle, orgueilleuse, forte, traversée tout au long du film par des émotions multiples. C’est à la fois une critique sociale, un film sur la transmission, mais il y a aussi de l’humour, de la tension, de la mélancolie, de la nostalgie… La bande son est superbe. La dernière partie du film m’a semblé un peu longue. CP Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°351 – décembre 2016 –

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