Décembre 2015

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°340 • décembre 2015


SEMAINE

du 23 au 29 décembre

4

2015

Jeudi 24 décembre, les dernières séances de 21h ne seront pas assurées. Vendredi 25 décembre, les séances ne seront assurées qu’à partir de 17h. C

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lundi

É

M

1h32’

19h30

14h15 17h15 21h30

1h40’

14h15 19h30

1h39’

A

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Q

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E

1h30’ VF

MAGGIE

LE PROPHÈTE

de Alexander Mackendrick

de Roger Allers

LA VIE TRÈS PRIVÉE DE Mr SIM

1h21’ VF

AU ROYAUME DES SINGES de Mark Linfield, Alastair Fothergill

de Michel Leclerc

À suivre.

44’ VF

LOLO

UNE SURPRISE POUR NOËL

de Julie Delpy

de Chel White

2h20’

14h15 19h30 14h15 17h15 19h30 14h30 19h00 14h30 19h30

NOUS TROIS OU RIEN

de Steven Spielberg

1h39’

de Kheiron

LE GRAND JEU

2h06’

de Nicolas Pariser

AU-DELÀ DES MONTAGNES de Jia Zhang-Ke

À suivre.

2h05’

L’ÉTREINTE DU SERPENT

L’HUMOUR À MORT

À PEINE J’OUVRE LES YEUX de Leyla Bouzid

BACK HOME

17h15 21h15

MIA MADRE

21h30 21h45

de Joachim Trier

1h32’

BÉLIERS de Grimur Hakonarson

www.studiocine.com

10h15 17h00 21h15

1h49’

À suivre.

de Nanni Moretti

+ mercredi

de Daniel Leconte

de Ciro Guerra

1h42’

16h00 17h30 16h15

À suivre. 1h30’

1h47’

19h15

LE PONT DES ESPIONS

1h42’

14h15 17h30 + mercredi 10h00

21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

du 2 au 8 décembre

1

SEMAINE

CNP jeudi

19h45 Débat avec Rosa Moussaoui, grand reporter Sans canal fixe & les Studio mardi 1h40’ er FRAGMENTS 1 déc

SUR LA GRÂCE

18h30 C

I

19h30

É

LA VÉRITABLE HISTOIRE DU PETIT CHAPERON ROUGE

1h20’ VF

M

A

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+ 2 courts métrages (6’ & 7’)

14h15 17h00 19h45 14h15 17h15 19h30 21h30

1h47’

14h30 17h15 21h45

1h55’

14h30 19h30

1h43’

14h15 17h45

1h29’

LE PONT DES ESPIONS de Steven Spielberg

MIA MADRE de Nanni Moretti

21 NUITS AVEC PATTIE

de Arnaud & Jean-Marie Larrieu

E

LE PROPHÈTE de Roger Allers

38’ VF

L’HIVER FÉERIQUE Programme de courts métrages

51’

NEIGE

CHE TUTTO CAMBI QUE TOUT CHANGE

61’

17h00 21h45

de Terrence Malick

1h37’

L’HERMINE 1h53’

MACBETH

1h58’ de Cyril Dion & Mélanie Laurent

17h45 1h31’

dimanche

1h58’

de Justin Kurzel

DEMAIN

16h15 11h00

de Nicolas Saada

19h45

16h15

de Lucile Mons En présence de la réalisatrice – SÉANCE GRATUITE

de Christian Vincent

TAJ MAHAL

SAUF

14h15 16h00 mer-sam-dim 17h45 mercredi samedi dimanche mer-sam-dim

mercredi samedi ET LES ARBRES MAGIQUES dimanche

Programme de courts métrages

de Valérie Donzelli

sam-dim

10h45 mer-sam-dim

1h30’ VF

KNIGHT OF CUPS MARGUERITE & JULIEN

films

de Cory Edwards, Tony Leech et Todd Edwards

35’ PARIS QUI DORT de René Clair 23’’À PROPOS DE NICE de Jean Vigo 2h20’

14h15 19h30

de Clyde Geronimi, Wolfgang Reitherman, Les Clark.

de Vincent Dieutre

N

lundi

2015

dimanche Coup d’État financier contre les Grecs ? CINÉ P’TIT DÉJ’ en partenariat avec le CDRT 10h15 1h27’ CASTASTROÏKA de Katerina Kitidi & Aris Chatzistefanou 1h25’ VF LA BELLE AU BOIS DORMANT

17h45 21h45 21h30

jeudi & lundi

SAUF

1h57’

CHANT D’HIVER

21h30

de Otar Iosseliani

SAUF mercredi

IXCANUL

19h45

de Jayro Bustamante

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

du 9 au 15 décembre

2

Les Migrants en France et à Tours 64’ CNP entre accueil et rejet jeudi JE VEUX APPRENDRE LA FRANCE

LE PROPHÈTE de Roger Allers

Suivi d’un débat

C

I

N

É

M

A

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Q

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SEMAINE

mer-sam-dim

1h30’ VF

de Daniel Bouy & Nathalie Perrin

20h00

2015

14h15 16h00

mer-sam-dim

mercredi

51’

samedi lundi 1h40’LES INNOCENTS dimanche NEIGE ET LES ARBRES MAGIQUES Clayton 19h30 Présenté par les élèvesdedeJack Programme de courts métrages la section audio visuelle du Lycée Balzac 16h00

SOIRÉE BIBLIOTHÈQUE

18h00 Rencontre avec Franck Lafond FÉLINE 19h45 1h13’ deLA Jacques Tourneur samedi

ANIMATION VAGUE JEUNE Les Compères production & les Studio court métrage de 10’

38’ VF

L’HIVER FÉERIQUE Programme de courts métrages

1h51’ VO

QUELQUES GOUTTES SUFFISENT 16h00 suivi d’un débat, d’une expo photo et d’un pot

14h15 2h20’ LE PONT 17h00 DES ESPIONS 19h45 de Steven Spielberg 14h15 1h47’ MIA MADRE 19h15 de Nanni Moretti 21h15 14h30 1h55’ 21 NUITS AVEC PATTIE 19h15 de Arnaud & Jean-Marie Larrieu

de Joe Wright

1h58’

DEMAIN de Cyril Dion & Mélanie Laurent

1h58’

KNIGHT OF CUPS de Terrence Malick

1h43’

MARGUERITE & JULIEN de Valérie Donzelli

1h29’

14h15 TAJ MAHAL 21h45 de Nicolas Saada 14h30 1h49’ BACK HOME 17h45 de Joachim Trier 19h45 14h15 1h32’ 19h30

PAN

BÉLIERS de Grimur Hakonarson

www.studiocine.com

mercredi samedi dimanche

16h15 mercredi samedi dimanche

17h45 17h00 21h45

DES LOCAUX TRÈS MOTIVÉS CNP jeudi 1h18’

19h45

de Olivier Dickinson Débat avec Gulçin Lelandais, CNRS

14h15 2h20’ LE PONT 17h00 DES ESPIONS 19h45 de Steven Spielberg 14h15 1h40’ LA VIE TRÈS 17h15 PRIVÉE DE M SIM de Michel Leclerc 19h15 14h15 21h30

1h47’

MIA MADRE de Nanni Moretti

14h15 1h30’ L’HUMOUR À MORT 19h30 de Daniel Leconte 1h39’

14h30 19h45

17h15 21h30

14h30 2h10’ 19h15

SAUF lundi

19h45

LE GRAND JEU

de Stéfano Sollima

1h21’ VF

AU ROYAUME DES SINGES

de Mark Linfield, Alastair Fothergill

44’ VF

UNE SURPRISE POUR NOËL de Chel White

38’ VF

L’HIVER FÉERIQUE

SUBURRA

mercredi

14h15 14h15 SAUF

mer-jeu-ven

16h00 SAUF

jeu-ven-sam

16h15 SAUF

jeudi vendredi

16h15 SAUF

jeudi vendredi

1h30’ VF

LE PROPHÈTE

17h30

de Roger Allers

1h32’

BÉLIERS de Grimur Hakonarson

1h49’ de Joachim Trier

17h45 21h45

DEMAIN

21h15

BACK HOME

de Stéfano Sollima

17h30 21h45

2h01’

SICARIO

19h15

1h58’

de Denis Villeneuve

de Cyril Dion & Mélanie Laurent

1h55’

SUBURRA

samedi à 14h15

de Nicolas Pariser

de Christian Vincent

2h10’

de Koji Yamamura

Programme de courts métrages

17h00 21h45

SAUF vendredi

2015

LA BOITE À MALICE

SAUF jeudi

1h37’

L’HERMINE

du 16 au 22 décembre

3

Militer aujourd’hui, de nouvelles formes d’engageme»nts 38’ sans paroles

17h15 21h15

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

17h15

21 NUITS AVEC PATTIE

de Arnaud & Jean-Marie Larrieu

21h45 SAUF

jeudi

1h43’

MARGUERITE & JULIEN

21h30

de Valérie Donzelli

1h29’

TAJ MAHAL de Nicolas Saada

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


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Décembre 2015 - n° 340

Édito CNP

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6

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6

Jeune public-Partenariat Olympia Soirée Bibliothèque, La Féline Soirée Sans canal fixe

Soirée Vague jeune . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 6

LES FILMS DE A à Z

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Cinémathèque En bref

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Bande annonce

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Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Rencontre avec

Pablo Pico

Tél : 02 47 20 85 77

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À propos de

Bouton de nacre

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Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA

Courts lettrages

Ni le ciel ni la terre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20 Rencontre avec

Clément Cogitore

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Interférences

Ni le ciel ni la terre/Vers l’autre rive

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REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR

Rencontre avec

Fabrice Camoin . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 26

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE

Face à face

(Membre co-fondateur)

Marguerire

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Interférences .....................

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34

Asphalte/L’Homme irrationnel

ACC

Hommage

Chantal Ackerman

Jeune Public

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

FILM DU MOIS : Au-delà des montagnes GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Donner de la voix U

n article des Carnets de novembre (De quoi Dheepan est-il le film ? pp. 30-32) revenait sur l’une des polémiques dont la critique française est friande, qui consiste à essentialiser le cinéma français pour dire qu’il est incapable de faire telle ou telle chose, d’affronter tel ou tel problème (au contraire de tant d’autres cinématographies, peut-on supposer).

Cette fois-ci la critique se concentrait sur l’attaque de deux films français qui ont rencontré un certain succès public : Dheepan et La Loi du marché et le reproche qui leur était fait était de n’être pas des films « politiques ». De là, l’auteur de l’article faisait perfidement remarquer que, puisqu’en France on ne sait pas faire de films politiques, on aurait décidé de faire des films « sociaux », étiquette qui semble mériter le plus puissant opprobre... Sans revenir sur la définition de ce que serait un film politique (question sans réelle réponse tranchée, je crains), on ne peut que s’étonner d’une vision aussi étroite du cinéma produit en France à l’heure actuelle. En effet, si l’on évite une définition trop étroite qui confondrait film politique et film de propagande, nombre de films français récents se confrontent très directement au politique ou abordent des questions éminemment politiques même s’ils n’ont pas la prétention d’apporter des solutions ou des réponses. Parmi les cinéastes les plus remarquables à cet égard, il faudrait probablement citer en priorité Philippe Faucon. Discret, peu connu du grand public faute de prestations tapageuses sur les plateaux de télévision, il n’a pourtant de cesse de porter sa caméra vers ce que le cinéma a souvent tendance à ne consi-

dérer que sous l’angle des faits divers : les populations immigrées vivant en France. Ses deux derniers films en particulier – La Désintégration (2012) et Fatima (2015) – dressent comme un portrait en miroir de ces populations à qui l’on ne donne pour ainsi dire jamais la parole.

La Désintégration montrait sans équivoque comment les impasses dans lesquelles trois jeunes hommes se retrouvaient les conduisaient à se réfugier dans la parole fluide et séduisante d’un leader charismatique très capable de leur montrer que leur intégration dans cette société où ils étaient pourtant nés leur était impossible parce qu’aucune place digne de ce nom ne leur était accessible. Fatima, à l’inverse, dresse le portrait d’une femme assez littéralement privée de parole (elle ne parle que peu et mal le français) qui va prendre le temps de coucher sur le papier son expérience de femme sans voix et, partant, récupérer son intégrité, redevenir une personne parlante, capable d’exprimer son quotidien, son être et son mal-être. Mais, ici, la psychologie est tenue à bonne distance, les explications sont peu présentes, c’est le faire qui va importer, le fait même d’entrer dans une dynamique de réappropriation. Je ne sais pas si toute la critique qualifierait cette démarche de politique, mais je crois qu’elle est tout à fait emblématique d’un pan entier du cinéma que nous entendons défendre ici et qui, sans esbroufe, sans tapage, avec une certaine modestie mais une détermination sans faille, donne la parole à ceux vers qui on ne tend que rarement les micros. ER

N'oubliez pas qu'il est possible d'acheter des chèques cadeaux aux Studio pour offrir des places de cinéma de leur choix à vos proches et vos amis. Renseignez-vous à l'accueil.

Les CARNETS du STUDIO

n°340 •

décembre 2015

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FILM DU MOIS

Au-delà des montagnes Chine – 2015 – 2h06, de Jia Zhang-Ke, avec Zhao Tao, Sylvia Chang, Dong Zijian...

A

près le beau mais âpre Fils de Saul, le dernier film du mois de 2015 nous entraîne vers des horizons totalement différents en nous faisant voyager de la Chine de 1999 à l’Australie de 2024 ! Un périple on ne peut plus dépaysant pour achever l’année en beauté. Chine, 1999. À Fenyang, le cœur d’une jeune fille, Tao, balance entre deux amis d’enfance, Zang et Lianzi. Zang est propriétaire d’une station service et compte bien prospérer, Liangzi, lui, préfère rester dans sa ville et travailler dans une mine de charbon. Le choix opéré par Tao va marquer sa vie ainsi que celle de son futur fils... Les Studio admirent et soutiennent le cinéma de Jia Zhang-Ke depuis ses débuts. Déjà réalisateur de quelques œuvres majeures (Plaisirs inconnus, Still life, entre autres), il a atteint, depuis le magnifique A touch of sin, une reconnaissance publique beaucoup plus large.

Tant mieux, et Au-delà des montagnes est une nouvelle étape superbe dans cette reconnaissance publique. Partagé en trois époques (comme A touch of sin narrait trois histoires), 1999, 2014, 2024, le film va d’une Chine en profonde mutation à l’Australie en promesse de vie meilleure. Au-delà des montagnes retrace les espoirs, les amours et les désillusions de ses personnages, il est constamment passionnant, surprenant. Il possède un souffle peu courant, et comme toujours chez Jia Zhang-Ke, il s’accompagne d’une très grande beauté plastique. Joué par la merveilleuse Zhao Tao, épouse du réalisateur et héroïne de ses films depuis Platform en 2000, c’est aussi une œuvre assez déchirante sur la sensation du temps qui passe. En nous invitant à regarder vers l’avenir, Au-delà des montagnes est une façon fort agréable de changer d’année et de se retrouver en 2016. JF

Conformément aux recommandations des autorités locales et de notre Fédération il nous est demandé de renforcer les mesures de sécurité, notamment en matière de contrôle d’accès et de filtrage aux entrées de notre établissement. Afin de simplifier ces contrôles, nous vous demandons d’éviter de venir aux Studio avec un sac. Dans le cas contraire nous vous demanderons d’accepter d’ouvrir ce sac au contrôle des entrées afin d’en vérifier visuellement le contenu. Merci pour votre compréhension et bonnes séances ! La Direction des cinémas Studio

LES CARNETS DU STUDIO – n° 340 décembre 2015 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


jeudi 3 décembre - 19h45 Le Collectif féministe PCF 37, Les Amis du Monde diplomatique, ATTAC, Convergence services publics 37 et le CNP proposent :

COUP D’ÉTAT FINANCIER CONTRE LES GRECS ? La situation en Grèce interpelle : dans quelle Europe voulons-nous vivre ? Une Europe respectueuse de la démocratie, du droit au progrès social, au développement économique ? Ou bien une Europe dont la Commission européenne et les chefs d’État sont au service des puissances financières pour davantage de violences, d’austérité et de privatisations contre les peuples ? La dette est un prétexte. La lutte des Grecs permet-elle une reconquête du pouvoir sur la finance ? Quelles perspectives ? Quelles solidarités développer ?

Documentaire : Je veux apprendre la France de Daniel Bouy et Nathalie Perrin (2008 France – 1h04) Suivi d’un débat avec les associations présentes.

Documentaire : Castastroika de Katerina Kitidi et Aris Chatzistefanou (2013 - Grèce 1h 27). Débat avec Rosa Moussaoui, grand reporter à L’Humanité, contributrice à l’ouvrage Les Grecs contre l’austérité.

Les militants se comptent et regrettent un retrait de leurs concitoyens de la vie sociale : crise du syndicalisme, désertion des partis politiques… Pourtant, les raisons de s’engager ne manquent pas, les causes à défendre sont multiples et les mobilisations collectives n’ont pas disparu. Altermondialisme, Zones à défendre, mouvements des « sans », Colibri, Alternatiba… Le militantisme n’est pas mort, il prend des formes nouvelles, parfois inédites et mobilise de nouveaux acteurs. Cette nouveauté est-elle éphémère, trompeuse ou marque-t-elle au contraire des mutations durables de l’engagement social et politique ?

jeudi 10 décembre - 20h00 Chrétiens-Migrants, Cimade, LDH (Ligue des Droits de l’Homme), RESF (Réseau Éducation sans Frontières), les CEMEA et le CNP proposent :

LES MIGRANTS EN FRANCE… ET À TOURS, ENTRE ACCUEIL ET REJET La photo d’un enfant de trois ans, Aylan, retrouvé mort sur une plage de Turquie, est devenue emblématique du sort fait aux réfugié-e-s. Elle a soulevé l’émotion. Mais l’émotion ne suffira pas. L’engagement du gouvernement français d’accueillir 30 700 migrants

4

Syriens, Irakiens et Érythréens d’ici 2017, est dérisoire par rapport aux flux de populations prêtes à prendre le risque de mourir noyées, asphyxiées, ou électrocutées. Faire un «tri» selon les pays d’origine est injuste. Mettre en concurrence les migrant-e-s avec les autochtones précaires, relève d’une discrimination indigne. À Tours comme ailleurs, on peut loger les personnes qui en ont besoin, notamment dans des logements vides appartenant aux pouvoirs publics.

– Les CARNETS du STUDIO

n°340 – décembre 2015

jeudi 17 décembre - 19h45 ATTAC, ADSHS (Association des Doctorants en Sciences Humaines et Sociales), MFRB (Mouvement Français pour un Revenu de Base) et le CNP proposent :

MILITER AUJOURD’HUI, DE NOUVELLES FORMES D’ENGAGEMENT

Documentaire : Des locaux très motivés de Oliver Dickinson (2015 – France – 1h18) Suivi d’un débat avec Gülçin Lelandais, chargée de recherche, CNRS.

Dimanche 6 décembre à partir de 10h15… En partenariat avec le Centre dramatique régional de Tours et pour prolonger le spectacle joyeusement insolent présenté début décembre au Théâtre Olympia*, nous accordons nous aussi aux contes traditionnels une place de choix, avec un événement familial délicieusement jubilatoire. CINÉ P’TIT DÉJ’ - IMPRO CONTES

LaUSAVéritable histoire du Petit Chaperon rouge – 2006 – 1h20, film d’animation de Cory Edwards, Tony Leech et Todd Edwards. VF

– Tout public à partir de 8 ans – Ce n’est plus le conte du Petit Chaperon rouge mais... l’affaire du Petit Chaperon rouge ! Il y a bien une petite fille et un loup, mais il y a aussi un bûcheron armé, une grand-mère farfelue qui dégringole d’un placard, une grenouille incrédule qui mène l’enquête ! Tout le monde est suspect, chacun donne sa version des faits, mais le méchant n’est peut-être pas celui qu’on croit...

10h15 : P’tit déj’ offert à tous. 10h45 : Deux films à choisir, deux contes, deux styles incomparables, suivis d’une impro contes en salle avec Les Enfants d’Ophélie qui vont nous en conter de belles…

Le Petit Chaperon rouge revu et corrigé, une enquête délirante sur ce qui s’est réellement passé dans la maison de Mère-grand, avec des suspects aussi drôles et imprévisibles que les policiers qui les cuisinent…

La Belle au bois dormant

* Au programme du Théâtre Olympia du 1er au 5 décembre : La Belle au bois dormant, mise en scène : J. M. Rabeux

USA – 1959 – 1h25, film d’animation de Clyde Geronimi, Wolfgang Reitherman, Les Clark.… VF

– Tout public à partir de 6 ans – Dans un pays lointain, le roi Stéphane et la reine Oriane rêvent d’avoir un enfant. Leur rêve se réalise et ils prénomment leur fille Aurore. Ils organisent une fête à laquelle sont invités tous les habitants du royaume ainsi que les trois fées-marraines. Mais Maléfique, la méchante sorcière, n’a pas été invitée et jette un sort à la princesse... Grand classique de l’animation des studios Disney, La Belle au bois dormant reprend la version de Charles Perrault et nous offre depuis plus de cinquante ans une adaptation filmée dont chaque plan est une véritable œuvre d’art.

Tarifs partenariat pour ces deux séances : • Théâtre Olympia : tarifs réduits au spectacle pour les abonnés Studio. • Ciné P’tit déj’ : tarifs abonnés Studio sur présentation du billet d’entrée au Théâtre.

Un spectacle pour le plaisir de se faire peur + un film culte des débuts de Disney ou un polar hilarant autour du Petit Chaperon rouge + une bande de jeunes conteurs déjantés = des souvenirs mémorables à vivre en famille… sans compter !

Les CARNETS du STUDIO n°340 –

décembre 2015 –

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Soirée Bibliothèque – Vendredi 11 décembre-18h00 18h00 – Rencontre avec Frank Lafond (auteur, enseignant ayant beaucoup travaillé sur le fantastique) sur le thème : JACQUES TOURNEUR, AUDELA DU CINÉMA DE LA SUGGESTION.

Irena, qui vit aux USA, est née dans un village serbe où certaines femmes ont la réputation de pouvoir se transformer en panthères dévoreuses d’hommes. Le jour où Paul, un jeune architecte, tombe amoureux d’elle sera l’occasion de vérifier la véracité de la légende.

19h45 – La Féline

Un grand classique d’une immense beauté visuelle qui démontre qu’il n’est pas besoin de débauche de moyens techniques pour faire naître le frisson... ER

USA – 1942 – 1h13, de Jacques Tourneur, avec Simone Simon, Kent Smith, Tom Conway…

Soirée Sans canal fixe – Mardi 1er décembre-18h30 Sans canal fixe propose un ensemble de films qui abordent la grande Histoire par le petit bout de la lorgnette individuelle. Car « Là où on voudrait nous faire croire qu’il s’est forgé une mémoire collective, mille mémoires d’hommes [...] promènent leurs déchirures personnelles dans la grande déchirure de l’histoire » comme le remarquait Chris Marker. Avec pour théâtres d’opérations le Moyen-Orient, Port Royal, l’ex-URSS, la Bosnie ou encore l’Algérie...

Fragments sur la grâce France - 2006, 1h40, de Vincent Dieutre Avec Mathieu Amalric et Mireille Perrier.

Des hommes, la nuit dans un cimetière avec des lampes torches à la recherche des ossements des jansénistes enterrés loin de Port Royal. Dans une grange froide et aux murs nus, huit hommes et femmes, rassemblés, lisent des textes en français classique des auteurs jansénistes....Étrange documentaire historique à la première personne, Fragments sur la grâce s’élabore sous nos yeux comme un work in progress. Partant du pressentiment que l’histoire du jansénisme a quelque chose à nous apprendre aujourd’hui, V. Dieutre s’est mis en quête de cette histoire en variant les angles d’approche pour en faire une aventure à la fois spirituelle et cinématographique.

Soirée Vague jeune – Samedi 12 décembre-16h00 Projection/débat autour du court-métrage Quelques gouttes suffisent + exposition photos. Les Compères Production et les Cinémas Studio sont fiers de vous présenter le court métrage Quelques Gouttes Suffisent. Ce film, qui sert actuellement de support de sensibilisation durant la 3e Semaine contre les préjugés en Région Centre, nous plonge dans l’histoire de quatre personnages que vous avez peut-être déjà croisés. Mais les connaissez-

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– Les CARNETS du STUDIO

n°340 – décembre 2015

vous vraiment ? La projection/débat sera suivie d’une exposition photos sur ce thème autour d’un pot convivial. Synopsis : Sofiane, Ivan, Pierre et Mouss ont tous un passé différent. Un mot les réunit : préjugés. Ce court métrage vous livre un passage de leur vie qui peut paraître au premier abord effrayant, à l’heure où les médias ont une emprise de plus en plus forte sur notre façon de penser. Tarif unique 2,5 €

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE DÉCEMBRE : 39 Steps de John Abercrombie Quartet (Studio 1-2-4-5-6) • Canta Antonio Carlos Jobim de Vinicius Cantuaria (Studio 3-7) Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Au royaume des singes, samedi 19 décembre-14h15

21 nuits avec Pattie

À peine j’ouvre les yeux

France - 2015 - 1h55, de Arnaud et Jean-Marie Larrieu, avec Isabelle Carré, André Dussollier, Karin Viard, Sergi López, Denis Lavant…

France/Belgique/Tunisie/Émirats Arabes Unis – 2015 – 1h42, de Leyla Bouzid, avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari...

En plein mois d’août, Caroline laisse en urgence sa petite famille à Paris, pour aller dans le sud de la France afin de s’occuper des funérailles de sa mère, avec laquelle les liens étaient plus que distendus. Il faut dire que leurs choix de vie respectifs n’avaient rien à voir : la mère était libre et libérée, alors que la fille ne sait plus qu’être une mère. Caroline va d’autant plus être chamboulée pendant ce séjour que le corps de sa mère va mystérieusement disparaître et qu’elle va faire la connaissance d’une amie de celle-ci, Pattie, qui va lui raconter avec délectation sa vie sexuelle débridée… Si les frères Larrieu ont régulièrement abordé la question de la sexualité dans leurs films, ils ont cette fois voulu « développer un érotisme parlé », et donner la parole aux femmes.

C’est l’histoire de Farah, jeune Tunisienne de 18 ans, qui veut démarrer une carrière musicale comme chanteuse dans un groupe de rock engagé. Mais c’est contre l’avis de sa famille et juste avant la Révolution de janvier 2011. L’ambiance est à la fois lourde et légère. D’un côté, Farah et son groupe mordent la vie à pleines dents. De l’autre, on sent la pression du pouvoir du dictateur Ben Ali qui ne supporte pas l’énergie créatrice et contestataire de ces jeunes. Farah est libre et impulsive. Elle se dispute souvent avec sa mère qui connaît les interdits de la société et veut protéger sa fille. Mais jusqu’où ? Leyla Bouzid signe un premier long métrage engagé qui ne serait rien sans sa fougueuse interprète Baya Medhaffar. À peine j’ouvre les yeux a été couronné à la Mostra de Venise 2015, au festival international du film francophone de Namur et au festival de Saint Jean-de Luz.

Sources : dossier de presse, cineman. ch

Filmographie sélective : Un homme, un vrai (2003), Peindre ou faire l’amour (2005), Les Derniers jours du monde (2009), L’Amour est un crime parfait (2013)

A

Sources : dossier de presse. Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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Au-delà des montagnes FILM DU MOIS. Voir au dos des Carnets

Au royaume des singes Voir page Jeune Public

B

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Norvège/France-Danemark – 2015 – 1h49, de Joachim Trier avec Gabriel Byrne, Isabelle Huppert, Devin Druid, Jesse Eisenberg…

Trois années après la mort tragique de la célèbre photographe Isabelle Reed, une exposition se prépare pour présenter son œuvre. Gene, le père, se retrouve alors réuni avec ses deux fils dans la maison familiale. Entre le patriarche, l’aîné des fils, Jonah, très investi dans la protection de l’œuvre maternelle, et Conrad, ado réfugié dans ses jeux vidéos, les fantômes du passé ressurgissent. Après Nouvelle Donne (2006) et Oslo, 31 août (2011), sous le titre emprunté au premier album américain des Smiths – et sans doute déjà repris à la poétesse Elizabeth Smart – le réalisateur norvégien présente un drame familial émouvant avec une histoire qui captive. Entre secrets et introspections, avec des flashbacks, une image et un récit non-linéaire très bien maîtrisés, Joachim Trier dissèque avec talent « un certain état de névrose de la bourgeoisie occidentale avec un mélange d’orgueil et d’humilité assez saisissant ». Sources : dossier de presse, cannes2015.lesinrocks.com.

Béliers

Islande – 2015 – 1h33, de Grimur Hákonarson,avec Sigurour Sigurjónsson, Theodór Júliusson, Charlotte Bøving...

En Islande, dans une vallée isolée vivent Gummi et Kiddi, deux frères qui ne se parlent plus depuis quarante ans, tous deux éleveurs de moutons. Mais face à

l’épidémie de tremblante qui risque de décimer leurs troupeaux respectifs, ils vont devoir s’unir... Prix Un Certain Regard du dernier festival de Cannes, Béliers à tout de la rafraîchissante surprise, qui semble être, d’après les échos de ceux qui l’ont déjà vu, une comédie aux petits oignons. Situé au nord ouest de l’Islande dans des paysages sauvages, la principale difficulté du film a été liée au casting des moutons. « Après beaucoup de recherches, nous avons trouvé la ferme Halldorssstaoir où Begga, la fermière, traite ses moutons avec amour et affection. Les béliers couraient vers nous et nous donnaient des petits coups comme s’ils voulaient une caresse derrière l’oreille. Cela a été fantastique de travailler avec ces moutons, à vrai dire, cela à été même plus facile que de travailler avec les acteurs ! »

Avec une distribution plus qu’alléchante, Otar Iosseliani semble vouloir nous nourrir d’espoir pour des lendemains meilleurs par ce Chant d’hiver au titre repris « d’une vieille chanson géorgienne qui dit « C’est l’hiver, ça va mal, les fleurs sont fanées, mais rien ne nous empêchera de chanter ». D’ailleurs, on peut aussi chanter Chant d’hiver en été ». Sources : dossier de presse.

Filmographie sélective : Les Favoris de la lune (1984), Et la lumière fut (1989), La Chasse aux papillons (1992), Chantrapas (2010).

Che tutto cambi (Que tout change) France, 2014, 1h01, de Lucile Mons.

Giandomenico et Felice vivent en Sicile, à Belpasso, au pied de l’Etna. A Belpasso, des églises, des bars, quelques commerces, et beaucoup de voitures. A Belpasso, plus de 60% de chômage chez les jeunes. Ils ont presque trente-cinq ans, ils vivent chez leurs parents. L’un veut partir à Bologne, l’autre est revenu de Paris. Ils sont pleins de désirs et de vie. Ce sont simplement deux hommes qui essaient de vivre là où le possible est absent, là où le futur ne peut ni se désirer ni se rêver. Le film a été soutenu par le CNC, Ciclic, la SCAM, la Procirep-Angoa. Il est coproduit par Candela et TV Tours.

Sources : dossier de presse.

La Belle au bois dormant La Boite à malice Voir pages Jeune Public

Chant d’hiver

France/Géorgie – 2010 – 1h57, d’Otar Iosseliani, avec Rufus, Amiran Amiranashvili, Pierre Etaix, Mathieu Amalric, Tony Gatlif…

Des ressemblances peuvent troubler, comme celle de ce noble guillotiné, pipe au bec, pendant la Terreur, ou encore celles d’un aumônier militaire au torse tatoué, d’un clochard parisien et d’un concierge lettré et trafiquant d’armes ! La majorité de ces personnages se rencontrent dans un même immeuble, et au sein de ce microcosme agité se ménagent des espaces de rêve avec des histoires d’amour et d’amitié.

C

Dimanche 6 décembre à 11h00, rencontre avec la réalisatrice après la projection.

D

Demain

France – 2015 – 1h58, documentaire de Cyril Dion et Mélanie Laurent.

Face à l’effondrement des écosystèmes qui menace l’humanité – avec sa possible disparition partielle d’ici 2100 selon une étude – si montrer des propositions concrètes en racontant une histoire posi-

tive pouvait constituer une alternative aux crises globales traversées par nos pays ? Alors, dans neuf pays – en Finlande, en France, aux États-Unis, en Inde, en Islande… – Cyril Dion et Mélanie Laurent sont partis avec une équipe de quatre personnes enquêter sur les causes de cette catastrophe annoncée et les solutions qui permettraient de l’éviter. En rencontrant des pionniers qui réinventent l’agriculture, l’énergie, l’habitat, l’économie, l’éducation et la démocratie, en récoltant les expériences les plus probantes, c’est l’émergence d’un autre monde qui se dessine, capable de porter des solutions pour ses enfants et la nouvelle génération à venir. Un superbe film – qui a fait appel au cofinancement citoyen – porté par Mélanie Laurent, actrice, réalisatrice et engagée auprès de Greenpeace notamment, et Cyril Dion, réalisateur et co-fondateur de l’ONG Colibris avec Pierre Rabhi, pour ré-enchanter le monde… Sources : dossier de presse, kisskissbankbank.com.

L’Étreinte du serpent Colombie/Venezuela/Argentine – 2015 – 2h05, de Ciro Guerra avec Jan Bijvoet, Nibio Torres…

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Au cœur de la forêt amazonienne vit un chaman solitaire, Karamakate. L’arrivée d’un homme blanc, Evans, va l’amener à entreprendre en sa compagnie un voyage initiatique dangereux à la recherche d’une plante sacrée mystérieuse et à s’enfoncer toujours plus loin dans cette partie méconnue, fascinante, de la planète. Les critiques soulignent la splendeur des images, la finesse du scénario, la richesse de la rencontre dépourvue de tout manichéisme entre deux hommes, deux cultures, deux mondes. En immersion totale dans la jungle, le voyage constitue pour le spectateur une expérience sensorielle

Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

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et spirituelle unique, d’une rare poésie, renforcée par le choix du noir et blanc qui confère à ce périple une portée universelle et intemporelle. Sources : dossier de presse.

F

Le Fils de Saul

Hongrie – 2015 – 1h47, de László Nemes, avec Géza Röhrig, Levente Molnár, Urs Rechn...

1944, Auschwitz-Birkenau au sein du Sonderkommando, un groupe formé de déportés choisis par les SS pour s’occuper des chambres à gaz... Saul en est un des membres et, un jour, dans un des crématoriums, il découvre, au milieu des morts, un jeune garçon qu’il dit être son fils. Saul va se battre pour sauver le corps des flammes et lui offrir une digne sépulture. Événement du dernier festival de Cannes où il a reçu le Grand Prix, Le Fils de Saul est un véritable choc, émotionnel et esthétique. Les qualificatifs se bousculent pour décrire les sensations ressenties à sa vision, on en sort secoué, un peu hébété, assez littéralement tourneboulé. László Nemes nous embarque dans un périple où l’on ne lâche jamais Saul d’un pas. C’est secouant, rude, la description du fonctionnement du camp est très concrète mais tout en gardant une certaine distance, « Je ne voulais pas héroïser qui que ce soit, pas choisir le point de vue du survivant, mais pas non plus tout montrer, trop montrer de cette usine de mort » dit le réalisateur. JF

G

Le Grand jeu

France – 2015 – 1h39, de Nicolas Pariser, avec André Dussollier, Melvil Poupaud, Clémence Poésy, Sophie Cattani…

Pierre Blum, la quarantaine, est un écrivain qui a connu la célébrité. Un soir, près d’un casino, il rencontre Joseph Paskin. Ce dernier se révèle mystérieux et charismatique, également influent dans le monde politique. Il passe bientôt une

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commande particulière à Pierre… au point de le faire replonger dans un passé qu’il préférerait oublier, voire de mettre sa vie en péril. Dans ce tumulte, Pierre fait la connaissance de Laura, une militante d’extrême gauche dont il tombe amoureux. Mais peut-on se fier aux apparences, ou bien vaudrait-il mieux se méfier de certaines manipulations… ? Après Agit Pop (2013), Nicolas Pariser propose un thriller mêlant l’appareil d’État, des militants d’extrême-gauche et la police, à l’image de Tarnac. Loin de vouloir mener une enquête sur cette affaire, le cinéaste amorce plutôt une démarche romanesque.

L’Hiver féerique Voir pages Jeune Public

L’Humour à mort

France – 2015 – 1h30, de Daniel et Emmanuel Leconte, avec Elisabeth Badinter, Gérard Biard, Cabu, Charb…

Daniel Leconte avait déjà filmé les dessinateurs de Charlie Hebdo en 2007 pour son documentaire C’est dur d’être aimé par des cons. Il retraçait alors les étapes du procès intenté au journal qui avait reproduit les caricatures de Mahomet. Il revient aujourd’hui, aidé par son fils, sur les attentats de janvier et rend un vibrant hommage aux victimes assassinées. Le film démarre avec les images des gigantesques manifestations du 11 janvier, tente d’expliquer les raisons de la tragédie, et propose en miroir des images tournées il y a 8 ans et celles de cette année. Certaines séquences font particulièrement résonance : « On a le droit de ne pas trouver drôle ou de trouver énervant un dessin, un propos mais on peut répondre par un dessin, un propos… On n’est pas obligé de déclarer la guerre et d’éliminer physiquement son détracteur » disait Charb face à la caméra en 2006. Au fait, quand Daniel Leconte a proposé son film aux télés, on lui a répondu : « Tu veux qu’ils posent une bombe ici ? » C’était avant les tueries du 13 novembre…

Source : dossier de presse.

L’Hermine France - 2014 - 1h37, de Christian Vincent, avec Fabrice Luchini, Sidse Babett Knudsen…

Michel Racine est un Président de cour in-fle-xible : peu importent l’histoire, les circonstances atténuantes, le prévenu avec lui en prendra forcément pour plus de dix ans. Aigri, réac et misanthrope (c’est son interprète, Fabrice Luchini, qui le définit ainsi), Racine va être extrêmement déstabilisé quand, lors de l’énumération des noms des membres du jury retenus pour juger un homme soupçonné d’homicide, il entend celui d’une femme qu’il a aimée six ans auparavant, et qu’il n’a jamais oubliée… Pour son interprétation, tout en nuances, de cet homme que les circonstances vont pousser à se remettre profondément en question, Fabrice Luchini a reçu la Coupe Volpi à la Mostra de Venise, tandis que Christian Vincent s’est vu récompensé, lui, pour son scénario. Sources : dossier de presse, lexpress.fr

Filmographie sélective : La Discrète (1990), Beau fixe (1992), Quatre étoiles (2005), Les Saveurs du palais (2012)

H

Sources : dossier de presse.

I

Ixcanul

France/Guatemala - 2014 - 1h32, de Jayro Bustamente, avec Maria Mercedes Coroy, Maria Telon, Manuel Antun...

Maria, jeune Maya de 17 ans, vit avec père et mère, sur les flancs d’Ixcanul, un volcan actif. Sa famille a arrangé son mariage avec Ignacio, le propriétaire des plantations de café dans lesquelles elle travaille. Elle pense ainsi garder un toit.

Maria, elle, rêve de partir de l’autre côté du volcan, aux États-Unis, en suivant son ami Pepe. Mais rien ne se passera comme elle le désire... Jayro Bustamente décrit avec minutie les coutumes issues d’un autre âge et les croyances d’une communauté semblant vivre hors du temps. Comme dans un système féodal, la loi du maître rend impuissants les paysans. Vous ne serez pas prêts d’oublier le même plan fixe et serré qui commence et termine le film ! L’Ours d’argent AlfredBauer à la Berlinale 2015 et l’Abrazo d’or ainsi que le Prix de la critique internationale au festival de Biarritz ont été décernés à l’émouvant Ixcanul. MS

Knight Of Cups

USA – 2014 – 1h58, de Terrence Malick, avec Christian Bale, Cate Blanchett, Natalie Portman, Antonio Banderas…

K

Il était une fois un jeune prince envoyé en Égypte pour y trouver une perle… Ce conte, le père de Rick le lui racontait lorsqu’il était enfant. Devenu depuis un scénariste célèbre, Rick aspire à autre chose qu’au faste hollywoodien, sans savoir vraiment vers où se tourner. Hanté par la mort de son frère Billy, Rick recherche la compagnie des femmes, souvent pour des rencontres sans lendemain. Rien ne semble lui convenir. Pourtant, chaque femme, chaque homme croisé dans sa vie lui a servi de guide… Aura-t-il assez de courage pour commencer le voyage ? Sous une caméra toujours virtuose, dans un patchwork de voix-off et d’images grandioses, T. Malick, réalisateur ô combien baroque et talentueux – voire entre autres Les Moissons du ciel (1978), Le Nouveau monde (2005), The Tree of life (2011) – nous emmène dans les errances de Rick, déboussolé, en pleine quête de sens. Sources : dossier de presse, lesinrocks.com, senscritique.com.

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Lolo

France – 2015 – 1h39, de Julie Delpy, avec Julie Delpy, Karin Viard, Vincent Lacoste, Dany Boon...

Quadragénaire parisienne dotée d’un grand fils de 22 ans (Lolo), Violette rencontre Jean-René... il est un peu plouc, elle est un poil snob et Lolo, aspirant artiste peintre, est franchement jaloux et machiavélique. Ce dernier va tout mettre en œuvre pour séparer sa mère de ce boulet dont elle vient de s’enticher. Julie Delpy est de retour dans une comédie méchante et très remontée, servie par une distribution prestigieuse. Elle semble avoir su redonner du souffle à une situation déjà vue de nombreuses fois, notamment par des dialogues incisifs et une mise en scène enlevée, pleine de tonus. Et, apparemment, Vincent Lacoste montre une nouvelle fois qu’il est l’un des jeunes acteurs les plus prometteurs du moment, notamment dans le registre comique vache. Le résultat serait « tout bonnement jubilatoire »... Sources : telerama.fr, culturebox.franceinfo, avoiralire.com

M

Macbeth

GB-France-USA – 2015 – 1h53, de Justin Kurzel, avec Michael Fassbender, Marion Cotillard...

Macbeth est l’une des plus sombres tragédies de Shakespeare, l’histoire d’un couple que l’ambition mène à la trahison et au crime avant de sombrer lui-même dans la folie et la mort. Après Orson Welles, Akira Kurosawa, Roman Polanski — pour ne citer que les plus célèbres — c’est au tour de Justin Kurzel de livrer sa version de la pièce, avec un double parti pris : respecter le texte de Shakespeare, sa langue, ses vers (même si le texte n’est évidemment pas conservé dans sa totalité) et en même temps l’adapter aux thématiques du monde contemporain, approfondir l’interaction entre Macbeth

et Lady Macbeth et la société qui les a produits et façonnés. Le film a été très bien accueilli au festival de Cannes. La critique unanime souligne l’exceptionnelle performance de Michael Fassbender.

Nanni Moretti est comme le très bon vin, il se bonifie en vieillissant et on se délecte de chaque nouvelle cuvée. Habemus papam, La Chambre du fils, Journal intime, entre autres, sont des œuvres magnifiques, de celles qui vous accompagnent en permanence, Mia madre est à cette hauteur. Nanni Moretti nous offre de rire et pleurer à la fois. Les scènes avec John Turturro sont franchement drôles et celles avec la mère franchement déchirantes. C’est cet équilibre miraculeux qui fait que l’on sort du film à la fois enjoué et ému. Le mélange est détonnant, le cru inoubliable. Sous sa simplicité apparente, Mia madre est le joyau de cette fin d’année 2015. JF

Sources : dossier de presse

Marguerite et Julien

France – 2015 – 1h43, de Valérie Donzelli, avec Anaïs Demoustier, Jérémie Elkaïm, Frédéric Pierrot, Sami Frey...

Marguerite et Julien sont frère et sœur ; enfants, ils s’aiment un peu plus que frère et sœur, ils s’aiment d’ailleurs tant que la famille décide d’exiler Julien. Lorsque ce dernier revient, adulte, c’est pour constater que le désir ne s’est pas émoussé. Dès lors, c’est le monde entier qui va se liguer contre ces amants qui estiment qu’on ne peut pas « séparer le sang des veines, la sève des arbres, le sel de la mer »... Adapté d’un récit du 16ème siècle (et d’un scénario écrit à l’origine pour F. Truffaut), transposé dans une France presque contemporaine, servi par des images splendides, Marguerite et Julien a partagé la critique à Cannes, mais gageons que l’auteur de La Reine des pommes et de La Guerre est déclarée aura su donner un vrai souffle poétique à son nouveau film. Sources : dossier de presse, next.liberation

Mia Madre

Italie – 2015 – 1h47, de Nanni Moretti, avec Margherita Buy, John Turturro, Giulia Lazzarini, Nanni Moretti....

Margherita est une cinéaste très occupée qui se prépare au tournage d’un film important dont le rôle principal est tenu par le célèbre Barry Huggins. Dans le privé, Margherita ne chôme pas non plus, entre sa fille adolescente, son frère comme toujours irréprochable et sa mère qui vient d’entrer à l’hôpital...

N

Neige et les arbres magiques Voir pages Jeune Public

Nous trois ou rien

France – 2015, 1h42, de Kheiron, avec Kheiron, Leila Bekhti, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Alexandre Astier...

Iran, années 1970, le Shah est encore au pouvoir... Hibat milite dangereusement pour plus de démocratie. Il tombe amoureux de Fereshteh, l’épouse, et tous deux se retrouvent parents. Face à une répression toujours accrue, le jeune couple s’enfuit pour atterrir dans une cité de banlieue parisienne. Conte tragi-comique, Nous trois ou rien semble tout oser et réussir à faire en sorte que ça « passe » : mélange de vrai drame, d’histoire d’amour, d’humour cocasse et de poésie, le premier film de l’humoriste Kheiron Tabib se veut un hommage au courage de ses parents, à leur détermination à ne jamais baisser les bras. Une fable où l’on rit, on l’on grince des dents, le tout sur un ton enlevé et porté par une mise en scène rigoureuse voire élégante...

Pan Voir pages Jeune Public

P

Le Pont des espions

USA - 2015 - 2h20, de Steven Spielberg, avec Tom Hanks, Mark Rylance, Alan Alda, Amy Ryan…

En 1957, un certain Rudolph Abel, espion russe de son état, va être jugé. Conformément à la législation américaine, il doit être défendu comme tout un chacun, et l’État désigne James Donovan comme avocat commis d’office. Ce bon père de famille est expert dans les questions d’assurance, et c’est d’ailleurs pour cela qu’il a été choisi : en pleine Guerre froide, pas question qu’un ennemi de l’État échappe à la chaise électrique. Mais c’était sans compter sur la conscience élevée que le magistrat a de sa mission et de son pays : Donovan va faire tout ce qui est en son pouvoir pour qu’Abel soit jugé équitablement, quitte à être considéré luimême comme un traître… Pour son vingthuitième long-métrage, Spielberg dresse de nouveau le portrait d’un Juste, sans négliger ses failles, mais également celui de son Amérique à lui, telle qu’il la voudrait, une terre de liberté et de justice. Notons que les frères Coen ont contribué au scénario originellement élaboré par Matt Charman à partir de faits réels, en y injectant, entre autres, quelques notes d’humour dont ils ont le secret ! Sources : dossier de presse, telerama.fr, Sofilm n°35

Filmographie sélective : Les Dents de la mer (1975), E.T. L’Extra-Terrestre (1982), Jurrassic Park (1993), La Liste de Schindler (1993), Il faut sauver le soldat Ryan (1998), Lincoln (2012)

Le Prophète Voir pages Jeune Public

Sources : telerama.fr, avoir-alire.com,

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Sicario

USA – 2015 – 2h01, de Denis Villeneuve, avec Emily Blunt, Benicio del Toro…

Sur la zone de non-droit entre les ÉtatsUnis et le Mexique, Kate, une jeune recrue idéaliste du FBI, est enrôlée pour aider un groupe d’intervention contre le trafic de drogues. Elle se retrouve à devoir participer à un périple clandestin où elle remettra en cause ses convictions pour pouvoir survivre… Après le bouleversant Incendies (10), puis les polémiques Prisoners et Enemy (13), Le réalisateur québécois poursuit sa carrière américaine avec « un thriller d’action étouffant et jusqu’au-boutiste » où le spectateur est totalement « en apnée avec les personnages ». Sélectionné à Cannes, ce thriller brutal a laissé « l’impression de voir un petit film de genre tenu avec un grand talent ». En tout cas, Benicio Del Toro y a rarement été aussi bon… Sources : telerama.fr – fimosphere.fr

Suburra

Italie/France – 2015 – 2h10, de Stefano Sollima, avec Pierfrancesco Favino, Elio Germano, Claudio Amendola...

La Suburra est l’un des quartiers les plus populaires et les plus mal fréquentés de l’ancienne Rome... Un ghetto où se côtoyaient les bordels et les tavernes, un point de rencontre entre la sphère politique et la mafia. La Suburra d’aujourd’hui semble régie par les mêmes règles. Un équilibre très fragile entre le pouvoir politique officiel et le pouvoir de la rue, chacun cherchant le moyen le plus efficace et le plus rapide pour faire des affaires. Le réalisateur explore la coexistence de mondes antagonistes, du luxe du Vatican aux banlieues abandonnées, des palais

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abritant les institutions politiques au sable de la promenade d’Ostie... Des mondes unis entre eux dans le secret. Suburra est une adaptation cinématographique du roman éponyme de Carlo Bonini et Giancarlo De Cataldo, le film événement de l’année en Italie, hypnotique, féroce, vénéneux !

U

Taj Mahal

Restée seule dans sa chambre dans le palace Taj Mahal à Bombay, Louise, 18 ans, s’y retrouve cloîtrée alors que l’hôtel est la cible d’une terrifiante attaque terroriste. Son seul lien avec l’extérieur : son téléphone qui lui permet de rester en contact avec son père qui tente désespérément de la rejoindre et avec une autre victime cachée dans les étages inférieurs de l’hôtel… Comme dans son premier film Espions, l’ancien critique Nicolas Saada essaie de briser les frontières entre film grand public et œuvre de qualité. Il mêle habilement le huis clos étouffant (reconstitué en studio), des scènes de rues à Bombay et des scènes d’archives (des attentats de 2008). Sous les apparences d’un film catastrophe « Taj Mahal est une initiation brutale à la violence du monde et à la lucidité nécessaire pour surmonter la peur, un apprentissage dans la douleur des liens essentiels qui unissent les humains. » Oppressant, il confirme le potentiel de Stacy Martin, omniprésente, que l’on avait découverte dans Nymphomaniac de Lars Von Trier. Sources : cineuropa.org – cameraobscuracinema.wordpress.com –

Voir page Jeune Public

V La Vie très privée de M. Sim

France - 2015 - 1h42, de Michel Leclerc, avec Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Isabelle Gélinas, Valeria Golino…

Sources : dossier de presse.

France – 2015 – 1h29, de Nicolas Saada, avec Stacy Martin, Louis-Do de Lencquesaing, Alba Rohrwacher…

Une surprise pour Noël

T

Plus rien ne va dans la vie de Monsieur Sim. Même son père a autre chose à faire que de le rencontrer ! Donc forcément il va mal, voire très mal et a une image de lui-même totalement détériorée. Mais un jour, contre toute attente, il reçoit une proposition inattendue : traverser la France pour vendre des brosses à dents qui vont « révolutionner » l’hygiène buccodentaire. Ce périple va l’entraîner sur des chemins qu’il croyait avoir totalement

oubliés, comme ceux de sa jeunesse et vont lui permettre de retrouver des figures du passé comme son premier amour et le révéler à lui-même… C’est le roman tragi-comique de Jonathan Coe qui a inspiré Michel Leclerc dans son envie de narrer la trajectoire d’un homme déprimé qui va peu à peu et, comme il peut, essayer de redonner du sens à sa vie. Sources : dossier de presse

Filmographie sélective : J’invente rien (2006), Le Nom des gens (2010), Télé Gaucho (2012)

La Véritable histoire du Petit Chaperon rouge Voir pages Jeune Public

om ne.c ioci stud

Lundi 7 décembre - 19h30

Paris qui dort

Lundi 14 décembre - 19h30

Les Innocents

de René Clair (1920) France Noir et blanc 35’

de Jack Clayton (1961) GB Noir et blanc 1h40, avec Deborah Kerr et Michael Redgrave.

Onésime horloger

Soirée proposée et présentée par les élèves de la section cinéma et audio-visuel du lycée Balzac.

de Jean Durand (1912) France Noir et blanc 6’

Onésime et le cœur tzigane de Jean Durand (1913) France Noir et blanc 7’

À propos de Nice de Jean Vigo (1930) France Noir et blanc 23’

Lundi 28 décembre - 19h30

Maggie de Alexander Mackendrick (1954) GB Noir et blanc 1h32

Tout public à partir de 10 ans Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

VF

FÊTONS NOËL MERCREDI 23 distribution de friandises entre 15h30 et 16h

Russie/USA/Corée du Sud – 2015 – 38 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs. À partir de 3 ans

Sept petites histoires pour fêter joyeusement la venue de l’hiver avec douceur et poésie !

USA – 1959 – 1h25 film d’animation de Clyde Geronimi, Wolfgang Reitherman, Les Clark. Tout public à partir de 6 ans

VF

en partenariat avec le CRDT : voir page 5

À partir de 3 ans

Russie/USA/Corée du Sud – 2015 – 38 mn, courts métrages d’animation de divers réalisateurs.

Tout public à partir de 8 ans

sans paroles

USA – 2006 – 1h20, film d’animation de Cory Edwards, Tony Leech et Todd Edwards.

VF

en partenariat avec le CRDT : voir page 5

En ouvrant cette boîte à malice, on trouve des héros drôles, fantasques et poétiques : des oiseaux espiègles, un petit chien et ses amis musiciens ou encore un crocodile hirsute qui a mal aux dents... USA – 2015 – 1h51, de Joe Wright, avec Levi Miller, Rooney Mara, Hugh Jackman et Garrett Hedlund. Tout public à partir de 8 ans

USA/Canada/Liban/Qatar – 2015 – 1h30, film d’animation de Roger Allers, avec les voix de Salma Hayek, Mika, Nicolas Duvauchelle…

Sur l’île imaginaire d’Orphalese, une amitié naît entre Mustafa, auteur emprisonné pour ses écrits jugés dangereux, et Almitra, petite fille muette mais espiègle. Elle est fascinée par ce poètephilosophe qui lui explique que l’homme peut toujours rester libre grâce à son imagination… Adapté de l’œuvre poétique de l’auteur libanais Khalil Gibran.

VO

Pan, jeune orphelin, est transporté au Pays imaginaire. Là-bas, il vivra une aventure palpitante tout en découvrant son destin : devenir le héros connu dans le monde entier sous le nom de Peter Pan.

Libre adaptation de l’histoire de Peter Pan créée par J.M. Barrie.

Tout public à partir de 8 ans

Samedi 19 décembre 14h15

VF Tout public à partir de 7 ans

Découvrir le quotidien des macaques à toque qui vivent dans la jungle du Sri Lanka à travers le destin particulier d’une petite femelle, tel est le propos de ce splendide documentaire. USA – 2015 – 1h21, documentaire de Mark Linfield et Alastair Fothergill.

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VF

Tigres à la queue leu leu La Petite pousse One, two, tree Neige

Un magnifique conte hivernal et trois histoires charmantes et insolites…

VF USA – 2015 – 44 mn, deux courts-métrages d’animation de Chel White. France – 2015 – 51 mn, quatre courts métrages d’animation de divers réalisateurs

À partir de 5 ans

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À partir de 3 ans

Deux contes d’hiver sur lesquels souffle l’esprit de Noël ; un joli cadeau pour les tout petits !

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Bande annonce

Ici… ` L’HOMME QUI RIT Rien d’étonnant à l’association Juliette Binoche Bruno Dumont : ils ont déjà travaillé ensemble pour Camille Claudel 1915, et on leur reconnaît une rigueur comparable ! Mais si, à ce duo, on adjoint celui de Fabrice Luchini, là on s’interroge davantage, d’autant que Ma loute sera une comédie ! Notons que son incursion dans le burlesque avec Le P’tit Quinquin pour la télévision, a manifestement été une révélation. Comme pour cette série, il s’agira d’un policier mais qui se déroulera cette fois en 1910, autour de mystérieuses (forcément) disparitions, et une histoire d’amour entre deux personnes que tout oppose ! ` D’UN FILM L’AUTRE Emmanuel Bourdieu et Christophe Malavoy préparent, chacun de leur côté, un film sur Louis-Ferdinand Céline. Le premier travaille sur l’adaptation du Monstrueux géant de Milton Hindus : fruit des rencontres de ce jeune écrivain juif américain, grand admirateur de l’œuvre célinienne, en 1947, avec l’auteur de Voyage au bout de la nuit, lors de son exil au Danemark, pour échapper à une condamnation pour collaboration. Denis Lavant incarnera Céline et Géraldine Pailhas son épouse, Lucette. Le second, lui, a situé son action à Meudon en 1957, au moment de la parution d’Un château l’autre, option qui lui permettra d’évoquer le Céline de Meudon, interprété par Jacques Dutronc mais aussi celui de l’exil à Sigmaringen. Parti pris étonnant, cette partie devrait être réalisée en images animées ! Le film devrait également permettre de retrouver la rare Anouk Grinberg dans le rôle de Lucette.

et ailleurs… ` TROIS CORPS POUR UNE SEULE MORT Benoît Jacquot est un réalisateur qui ne semble jamais en panne d’inspiration ! Ainsi après avoir proposé sa version du Journal d’une femme de chambre de Mirbeau cette année, il propose maintenant une adaptation du roman de Don DeLillo, Body Art. C’est en compagnie de Jeanne Balibar et Mathieu Amalric qu’il va s’envoler pour le Portugal afin de mettre en images cette « variation sur le corps, l’art et la mort » ou comment une femme découvre, après le suicide de son mari, qu’un squatter, « étrange et comme inachevé », essaye, lui aussi, de survivre à cette disparition. On se doute qu’Almaric va se glisser avec délectation dans cette drôle de peau ! ` INCREVABLES À 85 ans, le plus que grand Clint n’est pas près de raccrocher les gants, puisqu’il va réaliser son… trente-cinquième film. Il s’agira de nouveau d’une biographie (sa sixième), celle d’un homme dont des circonstances dramatiques vont révéler l’héroïsme : en l’occurrence le Capitaine Chesley Sullenberger qui, en 2009, a sauvé les 155 passagers de son avion endommagé, en réussissant le prodige de poser l’appareil sur le fleuve Hudson. Ce capitaine courageux (ce titre d’un film de Victor Fleming de 1937 ne devrait pas être réutilisé par le sieur Eastwood, qui a préféré le surnom du pilote : Sully) sera interprété par le toujours excellent, Tom Hanks. IG

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Avec la crise économique des années 30 des dictatures ont régné en Europe (Hitler, Mussolini, Franco). L’Espagne, tout particulièrement, a connu un tel régime de 1939 à 1975, après un conflit qui dura 3 années. Le soulèvement militaire de quelques généraux félons, à la mi-juillet 1936, avec à leur tête Franco, aidés par l’Allemagne de Hitler et l’Italie de Mussolini, sema la terreur dès les premiers instants. Federico Garcia Lorca est assassiné par les franquistes le 29 juillet 1936 à Viznar, dangereux aux yeux des fascistes parce que poète, républicain et homosexuel. Le bombardement de Guernica, le 27 avril 1937, jour de marché, par la Légion Condor nazie a été la première expérience de tapis de bombes lancés contre une population civile, prélude de ce qu’allait être la Seconde Guerre mondiale. À la question d’un dignitaire de l’Allemagne nazie à l’Exposition Universelle de 1937, qui demanda à Picasso devant le tableau Guernica « C’est vous qui avez fait cela ? » Picasso lui répondit : « Non, Monsieur, c’est vous. » Voici comment a commencé la dictature en Espagne. La résistance du peuple espagnol fut massive, mais la non-intervention de la France et de l’Angleterre fut fatale pour la jeune République espagnole. En avril 1939, malheureusement, les forces franquistes prenaient le pouvoir dans toute l’Espagne pour durer près de 40 ans. 500 000 républicains espagnols furent contraints de traverser les Pyrénées, en janvier et février 1939, fuyant la dictature. On assista alors, en Espagne, à un véritable génocide, plusieurs centaines de milliers de républicains furent exécutés, jetés dans des fosses communes. On parle de plus d’1,5 millions de prisonniers politiques, certains meurent dans les geôles franquistes, comme le grand poète Miguel Hernandez, le 28 mars 1942 dans la

prison d’Alicante. Les républicains sont poursuivis dans toute l’Europe. 12 000 Espagnols connurent les camps de concentration nazis, dont 5 000 qui périrent à Mauthausen, persécutés, parce que rouges. Aujourd’hui des associations œuvrant pour la mémoire historique révèlent ce qui a été réduit au silence pendant la période de la transition. Un régime de dictature, ce sont les libertés supprimées, la culture étouffée, la démocratie étranglée, les droits humains jetés aux orties. Xénophobie, nationalisme, autoritarisme ont constitué, pour tous ces tyrans, les fondements de leur idéologie. On assiste aujourd’hui en Europe à la montée des extrêmes droites, sous des formes différentes, en tenue de camouflage comme en France avec le FN, mais avec le même objectif ou sous sa forme traditionnelle, la plus brutale comme lors des assassinats en 2013 du jeune militant anti fasciste Clément Méric à Paris ou du rappeur grec, Pavlos Fyssas, à Athènes, par des néo-nazis. Que pouvons-nous faire ? Association RETIRADA 37 Faire vivre les mémoires et les valeurs des républicains espagnols exilés

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT… Les CARNETS du STUDIO n°340 –

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À propos de Bouton de nacre

Rencontre avec Pablo Pico Adama Mardi 20 octobre 2015 20 octobre, avant-première de Adama de Simon Rouby accueillie par la commission Jeune Public des Studio. On attendait Pablo Pico et Oxmo Puccino, mais ce dernier ne pouvant être présent, c’est le compositeur de la musique du film, seul, qui va assurer vaillamment la rencontre après la projection.

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épondant avec plaisir et disponibilité, Pablo Pico rappelle tout d’abord la volonté du réalisateur de ce projet singulier. Celle de faire d’Adama un film d’animation un peu hors normes, une œuvre qui va de l’Afrique à la France, le tout pendant la première guerre mondiale. Donc à la fois un conte et la description très réaliste des tranchées. Pari réussi, Adama s’adresse aux adultes et aux enfants (le distributeur l’annonce « à partir de huit ans »). Sa violence reste dans une certaine pudeur (on ne montre pas de cadavres) et sa beauté picturale ne fait pas oublier l’horreur des situations. Pablo Pico a été attaché au projet dès le début, il y a huit ans. « Huit années de galère », dit-il, pendant lesquelles il a accompagné l’écriture du scénario puis la réalisation. La fabrication, proprement dite, du film a nécessité un an et demi et s’est faite sur l’île de la Réunion (qui est l’endroit où est basée la maison de production du film). Pour son travail de création de la musique, il a d’abord réfléchi à

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l’équilibre à trouver entre musiques traditionnelles africaines et ses propres créations. Basé à Angers, il a collaboré avec Richard Bourreau du groupe Lo’jo et a utilisé de nombreux instruments africains (dont la kora, une harpe-luth) avec lesquels il a écrit et joué. Il a vu les premières images du film en juin 2014, a composé assez rapidement puis a travaillé au fur et à mesure avec le monteur. De l’absent de la soirée, Oxmo Puccino, il trace un portrait très chaleureux rappelant son implication dans le film. Il prête sa voix à Djo, un des personnages dont l’aspect est très directement inspiré du physique du musicien, il a aussi écrit et interprété le morceau du générique final. Et à propos de la fin un peu mystérieuse du film, à la question d'un jeune spectateur demandant comment Adama a bien pu faire pour passer de Verdun à son village africain, Pablo Pico répond et conclut : « Le cinéma n'est-il pas magique ? » JF

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uand il était enfant, le réalisateur Patricio Guzman dit qu’il n’a jamais vu une carte du Chili d’une seule pièce ; large de 100 km sur 3 000 km de long, sur les murs de classe, son pays était toujours découpé en trois morceaux : le centre, le nord, le sud. C’est un peu la structure de sa filmographie : au centre, le coup d’état de 1973 qui mit fin, avec l’appui des États-Unis et une brutalité inouïe, à l’expérience révolutionnaire et démocratique portée par Allende : La Bataille du Chili (75-79), Le Cas Pinochet (01), Salvador Allende (04). Puis en 2010, il remonta tout au nord, dans le désert d’Atacama, le lieu le plus aride du monde, pour y tourner le magnifique Nostalgie de la lumière où il expérimentait cette forme de récit à la première personne qui travaille par contagion poétique. Dans ce nord désertique, il confrontait les fragments archéologiques des peuples disparus, les traces des conflits sociaux des travailleurs exploités par les compagnies minières, les réflexions nébuleuses des savants qui y scrutent les étoiles et les citoyens têtus qui arpentent les étendues arides à la recherche des restes d’un frère, d’un enfant, d’un compagnon, assassinés par la dictature et dont les corps ont été dispersés dans le désert.

Le Bouton de nacre nous entraîne de l’autre côté du pays, tout au sud du continent, à partir d’un magnifique premier plan sur un cube de quartz d’Atacama, vieux de 3 000 ans, et

qui contient une insolite… goutte d’eau. L’eau qui sera le vecteur du récit profondément poétique porté par la voix envoûtante du réalisateur. Le terme documentaire est trop réducteur pour définir ce film bouleversant aux images somptueuses, exploration géographique, humaine, plastique, musicale et politique d’une rare intelligence (il a reçu le Prix du scénario lors de la Berlinale) et d’une tout aussi rare beauté formelle. Guzman convoque toute la force du cinéma pour mêler à la puissance des paysages australs le souvenir de tribus amérindiennes, les peuples de l’eau, qui vivaient sur leurs canoës dans le labyrinthe des côtes de la Patagonie chilienne et qui furent décimés par les éleveurs venus d’Europe lors d’un génocide méconnu (avec de très réelles chasses à l’homme). Sur l’île où furent parqués les survivants (dont on rencontre les ultimes descendants), Pinochet installa l’un des camps de concentration où s’exerça la féroce violence de ses bourreaux. Quand il interroge la mémoire de l’eau, le réalisateur part aussi à la recherche des plus de mille corps des suppliciés qui y furent jetés depuis un hélicoptère ou un avion, lestés d’un rail. Il parle alors d’écouter les multiples voix de l’eau. Comme le proclamait son film de 1997, Chili, la mémoire obstinée, à l’instar des écrivains Luis Sépulvéda et Angel Parra ou de la réalisatrice Carmen Castillo (dans le superbe Rue Santa Fé), Patricio Guzman continue de refuser la chape d’oubli que la dictature de Pinochet a fait retomber sur ses crimes. Profondément ancré dans la géographie et l’histoire chiliennes, par la force de son propos, son film devient alors universel. DP sólo quiero morder tus costas y morirme, sólo quiero mirar la boca de las piedras por donde los secretos salen llenos de espuma Pablo Neruda (El sur del oceano)

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Les rédacteurs ont vu :

Ni le ciel ni la terre de Clément Cogitore

Gérer l’ingérable, tel est le défi qui s’impose au capitaine Bonassieu. Que faire devant l’incompréhensible ? La volonté, l’honnêteté, le sens du devoir, le dévouement ne servent plus à rien, comme sont caducs le matériel sophistiqué, les leçons apprises, les certitudes, les procédures prévues. La seule issue pour lui sera d’étouffer une affaire insoluble, de se sacrifier en trichant, de sauver l’honneur en mentant. Ni le ciel ni la terre ne se contente pas d’être un film original et passionnant, il montre également à quel point il est illusoire d’imaginer que l’homme puisse être maître de lui-même et du monde. AW Polars, thrillers, films d’angoisse, le cinéma regorge d’histoires de disparus et de fantômes (puisque, par essence, le cinéma enregistre les images qui devien-

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dront celles d’un disparu) mais le film de Clément Cogitore est totalement inattendu. Dans un bout du monde afghan, le mystère insaisissable autour duquel le film tourne parvient à déboussoler tant les militaires sceptiques que les djihadistes crédules… Saisissant ! DP

Film fascinant, singulier, d’où se dégage une puissance envoûtante. La nuit nous emporte sur une autre planète avec ses images infra rouges. Le jour, on se perd dans cette vallée désolée ou dans le village quand le Sacré s’en mêle. Tant de mystères à en perdre la raison ! MS La maîtrise de ce premier film impressionne. Elle impressionnerait même beaucoup si ce n’était pas un premier film. Peu de réalisateurs savent

ainsi imprimer une « patte », faire naître une atmosphère par le seul jeu des images et du montage... Ces scènes vues mille fois (veille de nuit à un check point, intérieurs de camps retranchés, etc...) apparaissent ici comme on les a rarement vues auparavant. ER Que peut-on souhaiter aux soldats disparus de Clément Cogitore ? Peut-être de se retrouver endormis dans l’hôpital de Cemetery of splendour. Et que peuton souhaiter au réalisateur de Ni le ciel ni la terre ? Peut-être de devenir un digne héritier d’Apichatpong Weerasethakul tant les univers des deux cinéastes semblent se répondre entre étrangeté superbe et pratique des arts plastiques. Il est très bien parti pour. JF

Quelle audace d’avoir osé «réunir» des adversaires «creusant» la terre autour d’une semblable quête, suite à leurs disparitions mystérieuses respectives ! En ces lieux arides servant d’écrin à une atmosphère oppressante, chaque camp déploie ses ressources, se réfère à ses éventuels dogmes et ses croyances propres, plus ou moins rationnelles ou mystiques, pour tenter de donner sens à ce qui échappe... au-delà de l’ultime sommeil. Clément Cogitore est absolument brillant ! Sa maîtrise du fond et de la forme impressionne et la qualité de la lumière du film peut (métaphoriquement ?) accompagner les questionnements métaphysiques qui assaillent les protagonistes soumis à l’impensable traumatisme, jusqu’au bord de la déraison. Un film profond et puissant par un réalisateur talentueux et absolument prometteur ! RS

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Rencontre avec Clément Cogitore

Rencontre avec Clément Cogitore Ni le ciel ni la terre Jeudi 17 septembre 2015

Le 17 septembre, les Studio en partenariat avec Ciclic et la Région Centre accueillaient Clément Cogitore, venu présenter en avantpremière son premier long-métrage, Ni le ciel, ni la terre. Le réalisateur, déjà connu par ses court-métrages et documentaires – primés pour certains d’entre eux – a été accompagné par Ciclic dans la phase d’écriture du film, tourné ensuite dans l’Atlas marocain.

Guerre et… Croyance(s)

C

lément Cogitore, confiant qu’il est « très heureux de découvrir ce cinéma dont on [lui]a tant parlé », remercie Ciclic pour son soutien, les cinémas Studio et le distributeur Diaphana. Il présente Ni le ciel, ni la terre – titre tiré d’un verset du Coran – comme un film qui parle de la croyance. Un échange avec le public s’instaure à la fin de la projection. Une spectatrice, saluant la dimension passionnante du film, s’interroge sur l’origine de l’histoire, complexe, mêlant guerre et croyance. « Ça fait partie des questions que je me pose : la question de la croyance en tant que récit qui construit une communauté, comme celle d’hommes qui se rassem-

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blent […] et comment la croyance prolonge là où le rationnel s’arrête. Comment, pour continuer à construire, l’esprit humain se tourne vers la croyance ». En ce sens, la scène de la cérémonie soufi était importante à filmer pour C. Cogitore. « C’est une branche de l’Islam qui a beaucoup souffert des Talibans ». Éloigné d’un dogme spirituel, « l’individu est libre de sa relation à Dieu. […] Le but de tout pratiquant mystique est la dissolution de l’ego, comme dans le bouddhisme. C’est quelque chose pour moi qui devait être raconté » à travers cette cérémonie. Un spectateur a beaucoup aimé la dimension fantastique du film, plus pacifique que guerrier, avec l’idée du sommeil

comme remède. « Ces hommes sont tous à leur manière des enfants perdus. Face à des trous noirs, ils doivent négocier. Quand une personne dort, où est cette femme, cet homme ? Ça fait partie du fantastique ». La question du sommeil concerne les militaires mais aussi toute personne ayant vécu des traumatismes. Le cinéaste s’est documenté auprès de l’État-major et a visionné des vidéos préparant au départ en Afghanistan. L’écriture du film avec ses différents genres ouvre à d’autres éclairages du cinéaste. « Dès le départ, j’avais envie de jouer sur les codes du film de guerre, du polar et du fantastique, avec un aspect documentaire. Assez vite, j’ai fait le choix de tourner sur 360° avec la caméra à l’épaule et avec l’idée de partir avec peu de matériel dans des décors réels avec des acteurs en uniforme. J’avais l’idée de ne pas couper le film […] Les comédiens étaient un peu perdus au début. Ça produisait une vie plus facile à capter, à construire ». Le public interpelle sur l’importance du chef opérateur pour la lumière. « C’était un énorme travail. La lumière naturelle de la montagne était très belle. La lumière de la nuit tenait dans un sac à dos avec des infrarouges et des lampes de poche ». Avec la lunette utilisée par le soldat, on ne voit pas grand-chose la nuit. C’est alors dans cette lumière verte que la peur peut naître…

Concernant le choix des acteurs, Clément Cogitore avait très envie de travailler avec Jérémie Renier, connu entre autres grâce aux frères Dardenne, mais qui n’avait pas encore été vu dans un rôle physique comme celui du capitaine Antarès Bonnassieu. Jérémie Renier, « c’est un comédien qui ne se laisse pas enfermer dans un type de cinéma. Je n’avais pas trop envie qu’en allant voir mon film on sache à quel style de cinéma s’attendre ». Un dernier échange se centre sur le parcours du réalisateur, qui a d’abord fait l’École supérieure des arts décoratifs de Strasbourg et ensuite le Fresnoy (arts contemporains). Artiste et réalisateur, il a toujours mené deux activités, ayant notamment travaillé pour Arte (une série de portraits qu’il a réalisés y sera diffusée) et créant des vidéos et des installations. « J’ai été acteur dans La Sapienza [réalisé par Eugène Green en 2015] où j’ai joué mon propre rôle de pensionnaire à la Villa Médicis » à Rome. Clément Cogitore a actuellement un autre scénario en cours avec le même scénariste, Thomas Bidegain – également co-scénariste de Dheepan de Jacques Audiard – et une exposition photos à Paris en lien avec le film. À partir de juillet 2016, il exposera au Palais de Tokyo… La soirée, captivante à bien des égards, s’est poursuivie autour d’un verre dans le nouveau hall des Studio. RS

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Interférences Ni le ciel ni la terre Vers l’autre rive

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ela commence comme un film de guerre, dans un poste d’observation de l’armée française à la frontière afghane. Un chien disparaît, puis des hommes. Enlevés par les talibans ? Mais chez les talibans eux-mêmes des hommes sont soudain introuvables. Chez les uns comme chez les autres aucune explication, pas le moindre indice. Dans un appartement tokyoïte bien rangé un homme soudain apparaît, Yûsuke, le mari de Mizuki. Mais Yûsuke s’est suicidé trois ans plus tôt, son corps — selon ses propres mots — a été mangé par les crabes dans la baie de Toyama. Des morts mêlés aux vivants, il y en aura d’autres... D’emblée les deux films se rapprochent en même temps qu’ils s’opposent : exploration des confins de la vie et de la mort, à partir d’événements négatifs (disparitions), ou au contraire positifs (apparitions). Dans les deux cas les indices d’anormalité, d’étrangeté visible, sont réduits au strict minimum : images floues, tremblées, verdâtres, fantomatiques — mais parfaitement réalistes car vues à travers des lunettes de vision nocturne — dans Ni le ciel ni la terre ; éclairages qui donnent plus d’éclat ou au contraire assombrissent tel ou tel élément de la scène dans Vers l’autre rive.

Les scénarios eux-mêmes offrent peu de

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prise au spectaculaire. Pas de vampire, de créature infernale, de monstre sanguinaire, pas le moindre plan un tant soit peu oppressant. Le réalisme méticuleux des scènes leur assure une vraisemblance et une crédibilité maximales, qui ne font que renforcer l’étrangeté indéchiffrable et irréductible des situations. En ce sens Ni le ciel ni la terre appartient bel et bien au genre fantastique : la cohérence universelle, les lois de la nature sont tout à coup brouillées par un événement insolite, impossible. Le principe majeur du genre est l’ambiguïté, l’incapacité à trouver une explication logique à un événement d’apparence surnaturelle.

Jusqu’au bout l’énigme restera inviolée. Vers l’autre rive, à l’inverse, ne se présente pas comme un film fantastique : pas d’incertitude, de mystère, les morts sont parmi nous, on ne peut les distinguer des vivants. Même l’existence d’un

lieu de passage entre l’en-deçà et l’audelà (une ténébreuse cascade) est admise comme un simple état de fait.

page, de prendre un nouveau départ dans la vie. En toute sérénité les morts peuvent alors gagner définitivement « l’autre rive ».

Sans doute faut-il aller plus loin dans la réflexion car ces deux films sont finalement de passionnants révélateurs. L’inexplicable disparition d’hommes, dans le film de Clément Cogitore, génère peur et tension, un suspense désespéré car nourri de frustration et d’impuissance. Le film de guerre se transforme en film d’angoisse métaphysique, quelque chose de beaucoup plus insidieux, une atmosphère de danger permanent, inidentifiable, de guerre sans ennemi.

Au bout du compte, ces deux films sont très représentatifs de deux visions de la vie et de la mort, de deux manières diamétralement opposées de penser le réel. Vision occidentale : le monde est quadrillé par les lois de la physique, tout s’explique par la raison et la science. Qu’un événement se révèle impossible à situer dans ce système normatif clos et l’angoisse s’installe. Le mystère est épouvante, la mort scandale. Vision orientale : la mort n’est pas effrayante, elle fait partie de la vie, le monde n’est pas régi que par des lois intangibles, des vérités démontrables. Le formalisme extrême des relations sociales masque une réelle souplesse intellectuelle et psychologique, une capacité à accepter l’irrationnel dont les Occidentaux sont absolument dépourvus.

À l’inverse, l’apparition de Yûsuke ne suscite aucun malaise chez Mizuki, ni chez les autres personnes qu’il a connues dans sa vie et qu’il retourne voir en compagnie de sa femme. Il est là tout simplement. Toutes les rencontres se font dans la joie, la sérénité, l’amour. Elles constituent à la fois un pèlerinage sentimental pour Yûsuke et un voyage initiatique libérateur pour Mizuki. La mort n’est pas la fin de tout et le film de Kiyoshi Kurosawa peut être vu comme une double allégorie : celle de la puissance de l’amour, qui survit à la disparition de l’être aimé et permet de transcender le chagrin, mais aussi de la mémoire car le film s’appuie sur l’idée d’une mort d’abord provisoire tant que l’empreinte du disparu pèse encore sur les vivants, que leur vie reste marquée par son souvenir, puis définitive lorsque le temps est venu pour ceux qui restent de tourner la

Chacun à sa manière Ni le ciel ni la terre et Vers l’autre rive ouvrent toutes grandes les portes de l’imagination du spectateur — même occidental et rationaliste — et le font accéder à d’inhabituels horizons riches de découvertes et d’enseignements. AW

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Rencontre À proposavec de Fabrice Camoin La Cité des dangers

face à face Marguerite

Rencontre avec Fabrice Camoin Orage Vendredi 9 octobre 2015

VOIX SANS ISSUE En ce 9 octobre, les Studio, en partenariat avec Ciclic, recevaient Fabrice Camoin pour son premier long métrage, Orage, une adaptation libre du roman de Marguerite Duras, Dix heures et demie du soir en été ou la rencontre impossible entre deux vies cabossées, deux « fugitifs existentiels ».

Des fugitifs existentiels U

ne réussite donc, en raison d’interprètes Marina Foïs et Sami Bouajila- d’une incroyable intensité, ne cherchant pas à rendre cette femme à la dérive et ce criminel en cavale sympathiques à tout prix, mais aussi en raison de vrais partis pris de mise en scène. Il y a Maria en route pour le sud, avec conjoint, fille et amie mais que rien ne semble pouvoir sortir de son apathie, jusqu’à ce que cette trajectoire s’interrompe en raison de violentes intempéries et que Maria aille noyer son mal-être dans les cigarettes et l’alcool. Apprenant qu’un criminel est recherché, elle semble peu à peu émerger de son brouillard : « Ce qui m’intéressait dans ce roman de Duras, c’est le personnage de Maria, cette femme en rupture, qui se perd en fantasmant et qui revient peu à peu à la réalité pendant la course poursuite jusqu’à être éjectée de la fiction dans laquelle elle est entrée par l’intermédiaire de l’écran de surveillance de l’hôtel ; comme Nabil, lui, passe du coffre au siège passager, puis à celui du conducteur. Entrée de force dans la vie de Nabil, il finit par l’éjecter de son histoire, en la jetant hors de la voiture ». Certains spectateurs (s’) interrogent sur l’absence d’explications quant à l’alcoolisme de Maria et son comportement irrationnel :

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« C’est un personnage tragiquement lumineux : les mots qu’elle prononce sur l’alcool sont ceux mêmes de Marguerite Duras, utilisés lors d’un entretien. Mais le film n’est pas sur l’alcoolisme, il est dans le flottement, dans ses choix que l’on ne comprend pas. Nabil, lui, est en fait une silhouette, un fantôme, comme dans un mauvais rêve d’alcoolique. Avec cet homme en cavale, quelque chose enfin anime Maria, et crée une espèce de respiration, un retour à la vie. C’est quelque part très égoïste de vouloir sauver quelqu’un malgré lui ». Au vu de la performance respective des deux comédiens, les questions ne manquent pas sur ce qui a déterminé leur choix pour le film : « Le film n’a pas été pour des comédiens précis. J’ai eu de la chance car ils ont dit oui alors que c’est mon premier long métrage. Sami Bouajila est un acteur passionnant car il est très physique, ce n’est pas quelqu’un qui a besoin de théorie avant de jouer. Le rôle de Marina est extrêmement compliqué : Maria n’est pas un personnage aimable. C’est une mère qui ment, qui fait peur. Dans la scène finale, quand elle retrouve sa petite fille, on assiste à une transmission de la névrose, on peut alors se demander ce que va devenir cette enfant. Le film est une tragédie lumineuse, car même s’il va falloir s’arranger avec la réalité, la vie va pouIG voir enfin commencer ».

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es premières images de Marguerite de Xavier Giannoli, on peut retenir celles de l’immense demeure atypique à l’atmosphère morbide, celles de la diva sur le retour, obsédée jusqu’au délire par sa vocation artistique, et celles du factotum protecteur. Des éléments qui nous entraînent irrésistiblement vers le Boulevard du Crépuscule de Billy Wilder, dans le repaire mortifère de Norma Desmond, ancienne star du muet, emprisonnée dans ses souvenirs et sa gloire envolée. Ultime témoin de ce passé, Max son plus que dévoué majordome, qui fut son metteur en scène et un de ses maris. Duo vénéneux et indissoluble, formé par l’Étoile tombée du ciel et par le grand prêtre n’orchestrant désormais que le culte de l’idole déchue par de pathétiques illusions, comme celle des lettres enflammées de pseudo admirateurs. L’enfer est pavé de bonnes intentions : le protecteur s’est inexorablement mué en geôlier de la prisonnière d’un délire sans fin. Marguerite (fort subtilement interprétée par Catherine Frot) vit aussi dans un monde de mensonges, d’illusions, savamment entretenu par son entourage : par amour ? Lâcheté ? Intérêt ? Cruauté ? Qu’importe, elle, elle ne triche pas, elle est sincère, pure, se livrant corps et âme à sa passion pour le chant. Son approche directe, immédiate de la vie, en choisissant, par exemple, de ne manger que des

mets blancs car « ça ne peut pas être mauvais », ou de chanter La Marseillaise au milieu d’une bande d’hurluberlus, « parce qu’on est libre de chanter le chant de la liberté », même si cela doit se solder par une « excommunication » de son association caritative. Paradoxalement, Marguerite est sans artifices, et ce premier degré déstabilise les autres, son mari notamment qui ne la voit « plus comme une femme, mais comme un monstre ». Elle vit la musique mais n’entend pas sa voix, convaincue qu’elle est que le travail acharné pour « faire semblant de ne pas faire semblant » et la passion paient toujours. Mais elle est comme le paon, auquel elle « emprunte » la plume pour se parer avant de chanter : elle n’a pas le ramage à la hauteur du plumage ; régulièrement d’ailleurs, au cours du film, les couacs du volatile viennent ponctuer ceux de la diva. Comme la star oubliée de Boulevard du Crépuscule, Marguerite a un allié, un être qui semble lui être tout dévoué, prêt à tout pour qu’elle puisse réaliser son rêve : Madelbos le majordome, devenu metteur en scène de la diva, la photographiant dans tous les costumes et attitudes qu’elle voudrait tellement arborer et adopter sur une vraie scène. Chez Norma Desmond, ces portraits innombrables constituaient les miroirs renvoyant à un temps définitivement révolu, tandis que

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face à face Marguerite

face à face Marguerite

chez Marguerite, ils reflètent la vie rêvée, le futur espéré. Mais au jeu des masques, les apparences sont décidément plus que trompeuses, et le vainqueur est finalement celui qui apparaît comme le plus digne de confiance, celui auquel Marguerite se livre sans réserve, celui qui exauce les désirs qu’elle n’a pas besoin de formuler : Madelbos, dont le vrai visage est dévoilé dans la dernière séquence quand il met tout en place pour réaliser son ultime cliché, celui d’une Marguerite sans vie. On comprend alors qu’il a entretenu par tous les moyens le délire de la chanteuse ; qu’il en fait sa créature : Méphistophélès tirant les fils de sa marionnette, utilisant les photos comme un rituel d’envoûtement, l’ensevelissant vivante sous des monceaux de fleurs (obligatoirement) blanches, prétendument envoyées par des admirateurs, comme le faisait Max avec les lettres

adressées à Norma Desmond. Pour ce film, Xavier Giannoli s’est inspiré de l’histoire de Florence Foster Jenkins, cantatrice ratée, qui aurait également servi de modèle à La Castafiore d’Hergé, Le Rossignol Milanais dont le morceau de bravoure est le fameux Air des bijoux, du Faust de Gounod ; bijoux utilisés par Méphisto pour corrompre la pure... Marguerite. Quand Madelbos choisit de taire l’appel du mari de Marguerite, pour empêcher l’expérience censée la ramener au réel en lui faisant écouter un enregistrement de sa voix chantée, il sait fort bien qu’il n’y a aura pas d’autre issue que la mort, que cette amoureuse de la beauté ne pourra que succomber en prenant conscience de la dysharmonie qui est la sienne. Le regard de Marguerite à cet instant-là est celui du Désespéré de Courbet : bouleversant. IG

critique de la critique C

’est une affaire entendue, Marguerite est un très bon film, avec un sujet séduisant, une mise en scène classique parfaitement fonctionnelle, des acteurs qui proposent de réjouissantes composi-

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tions, une reconstitution historique soignée, une savante combinaison d’humour et d’émotion. Bref toutes les conditions sont réunies pour jouir d’un spectacle de première qualité. D’où vient

cependant ce petit sentiment de frustration que nombre de spectateurs ont pu ressentir ? Car frustration il y a et ce n’est pas la faute de l’œuvre elle-même, spectacle en soi inattaquable. Chercher à expliquer cet étrange phénomène d’un bon film qui déçoit amène très vite à considérer que celui-ci souffre en réalité d’un handicap dont il ne peut être tenu pour responsable : la surinformation. Qui connaît le sujet du film en connaît par avance le contenu. Aucune embardée inattendue, aucune déviation de la ligne scénaristique de départ… Hypothèse : il y a (au moins) deux types de scénario, l’un qui présente une situation initiale, des péripéties, des rebondissements, en d’autres termes une histoire qui avance, bifurque, ménage surprises et coups de théâtre : raconter le début de l’histoire non seulement ne lui nuit pas, mais peut en outre être une puissante incitation à voir le film, comme un apéritif qui ouvre l’appétit. Marguerite n’appartient pas à cette catégorie, mais à celle des films qui posent une situation, l’approfondissent, la développent, en explo-

rent facettes et variations, sans qu’on puisse dire que la situation finale n’est pas déjà en germe dans la situation initiale. Déflorer cette situation, c’est couper l’herbe sous le pied des spectateurs. Aller voir le film Marguerite en ayant lu ou entendu au préalable analyses et commentaires, c’est vouloir humer un parfum éventé, goûter un bon vin devenu insipide. La qualité intrinsèque du film n’est pas en cause mais impossible d’être scotché, pas même intrigué. Se pose alors évidemment le problème des critiques, leur dilemme devrait-on dire : comment parler d’un tel film sans en évoquer le sujet, l’intérêt central ? Tâche quasi impossible, la contradiction est insoluble. Il y a bien des films, celui de Xavier Giannoli en tête, qu’il faut défendre, qui méritent un large succès, mais dont il faudrait ne rien dire au préalable, de peur d’en galvauder l’intérêt. Marguerite se vêt comme un paon, elle « chante » comme un paon. Les critiques ne devraient faire ni l’un ni l’autre, se faire tout petits, se contenter de dire aux gens : allez-y. Autant demander à Marguerite de se taire. AW

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Interférences Asphalte L’Homme irrationnel

insignifiant tombe et roule sous le pied de l’agresseur, le précipitant dans le piège qu’il avait préparé…

A

u cinéma il faut se méfier des ascenseurs car, s’ils ont donné lieu à des scènes inoubliables, ils sont également, le plus souvent, déclencheurs de catastrophes. L’une des plus inoubliables est indéniablement celle qui piège Maurice Ronet, coincé toute une nuit dans Ascenseur pour l’échafaud de Louis Malle, alors qu’il retournait chercher une corde, ultime indice accusateur, sur les lieux du crime qu’il a commis. On se souviendra avec bonheur de Madame Musquin (Josiane Balasko) bloquée entre deux étages s’époumonant dans une trompette en plastique (Le Père Noël est une ordure). On n’oubliera pas non plus la séquence visuellement impressionnante de l’ascenseur dans Shining (Kubrick) et qui a l’originalité d’être vue de l’extérieur. Dans Harry dans tous ses états, Woody Allen prenait déjà l’ascenseur, et ce dernier l’entraînait vers un enfer peuplé, selon les étages, de criminels de guerre, journalistes, tueurs en série ou critiques littéraires. Parmi les scènes d’ascenseur les plus mémorables, le finale des Infiltrés de Scorsese est on ne peut plus radical… C’est aussi une séquence brutale, violente et inattendue, qui conclut L’homme irrationnel de Woody Allen. La première

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partie du film se décline dans le style comédie universitaire dans laquelle on retrouve tous les thèmes chers au réalisateur : la gravité de la vie montrée avec légèreté, le discours existentiel ici truffé de citations philosophiques, la romance et le pathétique, l’humour et l’élégance, l’écartèlement entre la raison et la pulsion… Mais quand le héros Abe (Joaquin Phoenix), prof de philo dépressif, commet un crime inimaginable et se métamorphose en un être épanoui, s’enclenche alors un engrenage implacable. Suspense, perversité et cynisme dominent la deuxième partie du film jusqu’à la belle surprise de cette fameuse scène finale, grandiose, digne des films les plus noirs. Parce que l’étau se resserre autour de lui, Abe imagine un scénario diabolique à la Hitchcock : faire disparaître dans le trou béant de la cage d’ascenseur qu’il a volontairement mis en panne, celle qui en savait trop…

Dans le très original Asphalte de Samuel Benchetrit, l’ascenseur ne conclut pas mais ouvre le film. C’est parce qu’il est en panne que se réunissent les habitants de cette barre d’immeuble délabrée : rien de tel qu’un ascenseur en panne pour faire se rencontrer des gens solitaires et peu loquaces – on n’est pas dans le monde bavard de Woody Allen ! Et c’est parce qu’il refuse de participer aux frais de réparation que l’énigmatique Sternkowitz se retrouve interdit d’ascenseur. Après cette scène aussi tordante qu’ubuesque, la situation se complique pour cet homme dépressif et complètement à l’ouest, victime de son égoïsme quand il se retrouve en fauteuil roulant. Sternkowitz, alias Gustave Kervern, doit alors observer par l’entrebâillement de sa porte les trajets de l’ascenseur pour pister les allées et venues des uns et des autres. Comme son frigidaire est désespérément vide, il ne

peut emprunter sournoisement l’ascenseur que la nuit, afin de remplir son estomac de chips pris dans le distributeur automatique d’un hôpital. Et c’est quand l’ascenseur tombe de nouveau en panne que Sternkowitz doit réapprendre à marcher pour rejoindre, à l’heure de sa pause cigarette, l’infirmière aussi perdue et émue que lui, qu’il retrouve désormais chaque nuit !

Asphalte est un film riche, drôle et décalé qui va à l’encontre de tous les clichés sur la vie dans les cités. La belle histoire que vivent Sternkowitz et l’infirmière croise celle d’autres personnages aussi isolés qu’eux dans un monde hors du monde. Si Woody Allen qui ne croit pas en la bonté de l’homme le précipite dans la cage béante d’un ascenseur, Samuel Benchetrit nous conte une fable pleine d’humanité et débusque la beauté cachée des êtres avec trois belles rencontres autour d’un ascenseur au fonctionnement aléatoire. SB

C’est compter sans le hasard, un autre des thèmes favoris de Woody Allen. Il se présente ici sous la forme d’une petite lampe torche cylindrique (souvenez-vous, dans Match Point c’était une alliance). Lors d’un corps à corps haletant, l’objet

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I

l y a longtemps déjà, notre première rencontre se fit par une nuit caniculaire. Des couples se faisaient, se défaisaient, des solitudes erraient, un homme et une femme s’étreignaient pendant qu’un juke-box diffusait Ma révérence de Véronique Sanson. C’était Toute une nuit, le coup de foudre fut immédiat. Puis Les Rendez-vous d’Anna (avec entre autres scènes sublimes, Aurore Clément entonnant Les Amants d’un jour d’Édith Piaf), News from home, Je, tu, il, elle (et sa scène d’amour entre femmes aussi puissante que celles de La Vie d’Adèle) confirmèrent l’ampleur et l’importance de mon attachement à cette auteure, Chantal Akerman. Mais il restait un monument à découvrir, car la cinéaste était surtout réputée pour un film réalisé alors qu’elle n’avait que 25 ans, qui avait fait scandale à Cannes et qui comptait autant de détracteurs que d’adorateurs. Sorti quelques années plus tôt, Jeanne Dielman, 23, quai du commerce, 1080 Bruxelles était rarement projeté et, à cette époque, la vidéo, les dvd, bref tous les supports qui ont tant modifié la cinéphilie n’existaient pas encore. Le film avait une drôle de réputation, cible de moqueries, ceux qui ne l’aimaient pas parlaient d’un pensum de plus de trois heures dans lequel il ne se passait rien et où Delphine Seyrig épluchait des patates interminablement. Malgré le désir de le découvrir à

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tout prix, ça faisait un peu peur quand même. Le jour où la rencontre fut enfin possible, ce n’est pas sans appréhension que je suis entré dans la salle. Il y a des séances dont on se souvient toujours, que le temps n’efface pas, celle-ci en fait partie. Nous n’étions pas très nombreux et il n’y avait aucun autre spectateur à proximité immédiate de mon fauteuil. Quand le film démarra j’eus l’impression que la projection m’était réservée. Fasciné par la vie de cette femme, à aucune seconde je n’ai eu envie de partir. Comment trois heures et quarante-cinq minutes avaient-elles pu passer si vite ? Mais comment le temps pourrait-il être long devant Jeanne Dielman ? Devant un film qui impose immédiatement son importance, sa grandeur, devant autant d’invention, de créativité, d’intelligence, de cohérence et qui, aujourd’hui encore, a gardé toute sa puissance et sa singularité. Pourtant Chantal Akerman a continué à garder une réputation difficile. Et, c’est vrai, elle a réalisé des films parfois très exigeants, son cinéma pouvait être radical, casse-cou, pas commode, mais pas seulement, car elle a construit une œuvre incroyablement variée. On y trouve des drames, comme ceux déjà cités, mais aussi des documentaires (Sud, Là-bas) ; des comédies (Un divan à New-York, J’ai faim j’ai froid, Demain on déménage), parfois même musicales (Golden eigh-

Photo : Jeff Vespa/Getty Images

Hommage à Chantal Akerman

ties) ; des films pour la télévision (les magnifiques Portrait d’une jeune fille de la fin des années 60 à Bruxelles, L’Homme à la valise) ou pour des galeries d’art ; des longs (voire très longs, on l’a déjà dit) comme des courts métrages (Contre l’oubli, Le Marteau). Son univers a toujours été très varié, ses centres d’intérêt multiples. La littérature (Joseph Conrad pour La Folie Almayer, Marcel Proust pour La Prisonnière) ; la musique, qu’elle soit de variété (Les Années 80) ou dite plus sérieuse (Trois dernières sonates de Franz Schubert, Avec Sonia Wieder-Atherton) ; ou la danse (Un jour Pina a demandé). Cinéaste de l’intime (elle a très souvent dit Je et, sans jamais en faire un étendard, elle a parlé de son homosexualité quasiment dès son premier film, ce qui n’était pas alors si fréquent), elle est aussi celle de l’universel, son intérêt pour l’histoire contemporaine parlait à tous (sa mère avait survécu aux camps de concentration et la question de la judéité est un thème important de son œuvre comme dans Letters home ou Histoires d’Amérique). Et son regard traquait le mouvement du monde, l’immigration clandestine (De l’autre côté), ou les transformations de l’ex-URSS (D’est). Elle

fut aussi une des premières cinéastes à explorer l’art contemporain en créant des installations montrées dans les plus grands musées internationaux. « Quand je n’aurai plus le temps de trouver tout le temps du courage / Quand j’aurai mis vingt ans à voir que tout était mirage / Je tire ma révérence » chantait donc Véronique Sanson dans Toute une nuit, sa révérence, Chantal Akerman l’a tirée violemment le cinq octobre dernier en se donnant la mort. Véronique pourrait maintenant chanter, « Mais ce que je crains / C’est de savoir que je vais passer / Toute une vie sans te voir / C’est ça qui me fait mal / C’est ça qui me fait vieillir » Pourquoi aime-t-on un(e) cinéaste ? Que trouve-t-on de si fort dans l’univers d’un(e) autre pour qu’il résonne si intimement en nous ? Quelle tristesse de penser son œuvre désormais close ! C’est quand les proches disparaissent que l’on réalise qu’on ne leur a jamais assez dit à quel point on les aimait. Je ne connaissais pas personnellement Chantal Akerman, pourtant elle était comme une proche tant son cinéma pouvait me toucher. Alors, c’est trop tard mais je le dis quand même, Chantal je vous ai aimée et je vous aimerai encore. JF

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