Juillet et août 2015

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°336 • juillet & août 2015

Les Mille et une nuits

L’Inquiet Vol 2, Le Désolé Vol 3, L’Enchanté (sortie le 26 août) Vol 1,


Film des mois de juillet et d’août : Les Mille et une nuits I, II, (III), de Miguel Gomes

FILM DU MOIS D’AOÛT

FILM DU MOIS DE JUILLET

Œuvre composée de trois films, entre fiction et documentaire, sur un Portugal frappé par la crise, Les Mille et une nuits, de Miguel Gomes, a été l’un temps forts de la Quinzaine des réalisateurs à Cannes. Critique de cinéma, Gomes a déjà réalisé La Gueule que tu mérites (2004), son premier long métrage, Ce cher mois d’août (2008) et surtout Tabou (2012), ce dernier confirmant son succès international. Son film sur les Mille et une nuits se divise en trois parties : après L’Inquiet suivent

Le Désolé et L’Enchanté. Comme les récits sans fin de Shéhérazade, Les Mille et une nuits nous entraîne dans des histoires merveilleuses et nous parle de son pays puni par l’austérité. Pour cela, de l’automne 2013 à l’été 2014, une équipe a été chargée de prélever des histoires dérisoires, tragiques ou grotesques. À partir d’une multitude de faits divers, l’auteur de Tabou invente ses fictions en tirant le réel vers le fantastique, chaque partie ayant son esthétique propre.

LesPortugal, Mille et une nuits – Vol 1, L’Inquiet France, Allemagne, Suisse – 2015 – 2h05, de Miguel Gomes, avec Crista Alfaiate, Adriano Luz, Americo Silva…

Q

ui est donc cet inquiet ? Le peuple portugais sans doute mais peut-être aussi Gomes luimême, abattu et angoissé. Comme dans ses films précédents, Les Mille et Une Nuits naît d’une impossibilité de film et se veut le récit de cette aventure. On entre ainsi dans le film par la porte documentaire, sur les docks de Viana de Castello, dans le nord du Portugal, où 600 dockers vont perdre leur emploi. Les paysans alentour sont soumis, eux, à l’arrivée de guêpes asiatiques...

Ce premier volet permet d’avoir un premier aperçu sur le ton général, caustique, engagé et cruel. Gomes se moque des dirigeants politiques, de la Banque centrale européenne, avec un ton satirique, fantastique et même grotesque. Il raconte crûment la descente aux enfers de ceux qui se retrouvent au chômage, brossant un portrait terrible de la crise portugaise, alliant la véracité du documentaire et l’imaginaire.

LesPortugal, Mille et une nuits – Vol 2, Le Désolé France, Allemagne, Suisse – 2015 – 2h11, de Miguel Gomes, avec Crista Alfaiate, Chico Chapas, Luíza Cruz…

L

e premier volet racontait l’installation du singulier projet, avec son amorce réflexive et l’ouverture de la boîte à récits, prétexte à autant de fictions. Le Désolé n’est plus l’aventure de sa production et de son tournage. Au centre du triptyque, il poursuit la désespérance du volume 1. La fantaisie reste toutefois, avec une inspiration toujours renouvelée, ainsi qu’une écoute émouvante du peuple. L’effondrement des paradigmes moraux, philosophiques, politiques, constaté dans L’Inquiet, culmine dans Le Désolé où une société miniature carnavalesque est réunie, avec ses tensions, ses En septembre :

conflits d’intérêts. Responsabilité, culpabilité, bien et mal, ordre et chaos se diluent dans une chaîne absurde qui, partant du Portugal rural, dérive jusqu’aux agissements d’un homme d’affaires chinois véreux. Le troisième volume, que l’on attend avec impatience, s’intitule L’Enchanté… Shéhérazade parcourt une Bagdad sous l’impulsion d’un génie du vent… Sans pour autant abandonner la fièvre militante. Sources : liberation.fr, lemonde.fr, telerama.fr

Les Mille et une nuits – Vol 3, L’enchanté

LES CARNETS DU STUDIO – n° 336 juillet & août 2015 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


S

O

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I

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juillet & août 2015 - n° 336

Édito

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LES FILMS DE A à Z En bref

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3

5 16

Rencontre

Patrick Dumont et François Hébrard

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17

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

À propos de

La Loi du marché . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 18

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

À propos de

Titli

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

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accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Courts lettrages

La Tête haute

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20

Tél : 02 47 20 85 77

La Cafèt’ sera fermé du 3 ausont 23membres août Les STUDIO

Interférences

Refugiado/Jack/La Tête haute . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

de ces associations professionnelles : EUROPA

Interférences

Taxi Téhéran/Crosswind/Les Nouveaux sauvages…

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24

AFCAE

Interférences

Taxi Téhéran/Une femme irannienne

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26

À propos de

Partisan . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 À propos dInterférences

L’Ombre des femmes Jeune Public

REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

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32 34

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC

FILMS DU MOIS de juillet : ...............

36

Les Mille et une nuits Vol 2 : Le Désolé

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36

GRILLE PROGRAMME

pages centrales

Les Mille et une nuits Vol 1 : L’Inquiet FILMS DU MOIS d’août :

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ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Retour de Cannes Cannes : ses paillettes, ses défilés glamour sous les flashs du tapis rouge, son effervescence (dans le sens d’une boisson champenoise) médiatique. Peu de temps pour parler vraiment de cinéma. Et pourtant, elle tourne, la planète du 7e art ! Et Cannes a la vertu de mettre en lumière, pendant une quinzaine, des films qui n’auraient pas eu la chance d’être sous les sunlights des grands média.

Toute compétition, dans un domaine artistique, semble un peu vaine. Faut-il alors se féliciter du succès de la sélection française ? Comment, pourtant, ne pas se réjouir du Prix d’interprétation remis à Vincent Lindon, bouleversant, dans le très beau film de Stéphane Brizé La Loi du marché (lire p. 18) ? Difficile également de ne pas se sentir heureux pour Emmanuelle Bercot qui a vécu, sans doute, la plus incroyable période de sa vie, faisant l’ouverture du festival comme réalisatrice avec son poignant La Tête haute (lire p. 20) et obtenant, en prime, le Prix d’interprétation féminine pour son rôle dans Mon roi de Maïwenn. Impossible de ne pas se féliciter de la Palme d’or attribuée à Dheepan de Jacques Audiard, un réalisateur qui depuis des années (Sur mes lèvres, De battre mon cœur s’est arrêté, Un prophète, De rouille et d’os) a su créer une œuvre singulière et exigeante tout en

sachant s’adresser à un public assez large. Est-ce bêtement cocardier de prendre du plaisir à voir le cinéma français récompensé ? Ou de se dire qu’est mise en exergue la place tout à fait particulière du cinéma hexagonal qui, à travers le CNC, est un soutien pour la filmographie de tant de pays désargentés ? En tout cas, quelques critiques n’ont pas manqué pour brocarder « la bien pensance » des membres du jury qui s’apitoient encore et toujours, depuis leur hôtel cinq étoiles, sur les malheurs des pauvres, des migrants clandestins, des déportés, et qui n’aiment la passion que dévastatrice ou saphique !

Ici, aux Studio, sans préjuger de la qualité des films que nous n’avons pas vus, nous ne pouvons que nous sentir proches de ces thématiques… et nous enthousiasmer pour le Prix d’honneur remis à la grande petite dame du cinéma français, Agnès Varda. Elle était bouleversante devant la grande salle du bunker cannois à dévider la pelote de ses souvenirs, si intimement liés à l’histoire du cinéma français, à évoquer son éternel complice Jacques Demy. Et, à l’heure où le succès des films ne se comptabilise qu’en nombre d’entrées et millions de recettes, il était bon de voir ainsi mis au premier plan un cinéma qui, comme elle l’a dit, « n’a pas gagné d’argent ». DP

Les travaux de modernisation des Studio obligent à un déplacement des caisses dans le hall des salles 3 et 7. Pour rejoindre les salles 1, 2, 4, 5 et 6, vous voudrez bien contourner le bâtiment et entrer par le côté jardin. Pendant ces dérangements, le cinéma reste ouvert ! Les CARNETS du STUDIO

n°336 •

juillet & août 2015

3


du 22 au 28 juillet

juillet SEMAINE 4

14h30 19h45 14h30 19h45

1h33’

1h42’ VF

LENA

VICE VERSA

de Jan Schomburg

de Pete Docter

14h15 19h15

de Rose et Alice Philippon

de Michel Gondry

1h44’

2h

TALE OF TALES Le Conte des contes

1h22’

21h45

LES RÉVOLTÉS de Simon Leclere

DES APACHES

LOVE

de Nassim Amaouche

de Gaspard Noé

17h00 3D 21h15

1h44’

JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS

LA ISLA MINIMA de Alberto Rodriguez

de Stéphane & Guillaume Malndrin

19h30

MAD MAX FURY ROAD de George Miller

1h47’

17h30

de Matteo Garrone

2h15’

1h38’

2h

19h30

17h45 21h45

MICROBE & GASOIL

LES BÊTISES

14h15 1h30’ LA FEMME AU TABLEAU 17h15 de Simon Curtis 21h45 14h15 1h37’ WHILE WE’RE 19h30 YOUNG de Noah Baumbach 21h30 14h15 19h15

14h15 17h15

1h43’

1h19’

juillet SEMAINE 1

2015

17h00 21h15

1h25’ VF

1h37’

17h15

19h45 14h30 19h45

Avant première et rencontre avec Jean-Pierre Améris

WHIPLASH

BOYS

de Damien Chazelle

de Mischa Kamp

21h15

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

47’ VF

LE PRINCE DE HOMBOURG de Marco Bellocchio

14h30 2h00’ TALE OF TALES 17h00 (LE CONTE DES CONTES) 19h15 de Matteo Garrone 14h30 2h00’LOVE & MERCY La véritable histoire 17h00 de Brian Wilson des Beach Boys 19h15 de Bill Pohlad 1h52’

14h15 UNE SECONDE MÈRE 19h30 de Anna Muylaert 14h15 19h00

de Tomm Moore

1h29’

de Per Ahlin, Lasse Persson

16h00 SAUF

jeudi vendredi

1h37’ VF

LES BOXTROLLS

17h15

de Graham Annable

1h38’

LA RÉSISTANCE DE L’AIR

19h45

de Fred Grivois

1h45’

COMME UN AVION de Bruno Podalydes

1h40’

UNE MÈRE de Christine Carrière

VICTORIA

21h45 17h30 21h45

LES MILLE ET UNE NUITS 14h15 VOL 1 : L’INQUIET de Miguel Gomes

de Sebastian Schipper

1h34’

MEZZANOTTE

1h16’

19h15 L’ÉCHAPPÉE BELLE SAUF

17h30 21h30

LILLA ANNA

vendredi

2h05’

2h14’

mercredi

de Andrei Kontchalosky

14h15

mercredi UNE FAMILLE À LOUER LE CHANT DE LA MER SAUF jeudi de Jean-Pierre Améris

1h41’

LES NUITS BLANCHES DU FACTEUR

2015

Du dimanche 28 juin au mercredi 1er juillet inclus. Tarif unique pour tous : 4 euros la séance sur toute la durée de La Fête du cinéma .

1h18’

www.studiocine.com

du 1er au 7 juillet

de Émilie Cherpitel

de Sebastiano Riso

1h40’

MUSTANG de Deniz Gamze Erguven

1h31’

VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux

21h15 17h00 21h30 21h30

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


juillet SEMAINE 2

14h30 19h45

du 8 au 14 juillet

1h29’

2h04’ VF

SELF MADE de Shira Geffen

À LA POURSUITE DE DEMAIN

14h15

de Brad Bird

14h15 1h43’ 17h30 19h30 21h30

14h15 19h15

2h

14h15 19h30

1h40’

14h30 19h15

1h50’

14h30 19h30

1h06’

30’ sans paroles

MICROBE & GASOIL de Michel Gondry

LOVE & MERCY

LE PETIT MONDE DE LEO

16h15

de Giulio Gianini

1h30’

GUS,

La véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys

PETIT OISEAU GRAND VOYAGE

de Bill Pohlad

de Christian de Vita

17h15

1h31’

DIFRET

VALLEY OF LOVE

de Zeresenay Mehari

de Guillaume Nicloux

QUE VIVA EISENSTEIN !

17h45

1h31’

LES TERRASSES de Merzak Allouache

1h45’

HILL OF FREEDOM

COMME UN AVION

de Hong Sang Soo

de Bruno Podalydes

19h15

1h52’

LES MILLE ET UNE NUITS

UNE SECONDE MÈRE

de Miguel Gomes

de Anna Muylaert

VOL 1 : L’INQUIET

juillet SEMAINE 3

du 15 au 21 juillet

1h22’

1h35’ VF

14h30 19h45

21h15

PADDINGTON

de Simon Leclere

de Paul King

MICROBE & GASOIL

À LA POURSUITE DE DEMAIN

de Michel Gondry

de Brad Bird

1h18’

14h30 19h30

1h44’

14h30 19h30

1h41’

17h15 21h15

1h40’

TALE OF TALES

UNE MÈRE

Le Conte des contes

de Christine Carrière

21h30

19h15

1h40’

DIFRET de Zeresenay Mehari

17h00 17h45 21h45

2h29’

BOYS

GONE GIRL

de Mischa Kamp

de David Fincher

19h00

2h

LA ISLA MINIMA de Alberto Rodriguez

LOVE & MERCY

La véritable histoire de Brian Wilson des Beach Boys

21h30

de Bill Pohlad

1h45’

de Peter Greenaway

17h30 21h30

UNE SECONDE MÈRE

17h30

LES NUITS BLANCHES DU FACTEUR de Andrei Kontchaloski

QUE VIVA EISENSTEIN !

1h52’

2h

17h00 2h 21h30

14h15

2h04’ VO

14h15 1h30’ LA FEMME 17h00 AU TABLEAU 19h15 de Simon Curtis 21h30

14h15 19h45

2015

LES RÉVOLTÉS

14h15 1h43’ 17h00 21h45

21h30

de Peter Greenaway

2h05’

17h00

2015

TALE OF TALES Le Conte des contes

de Anna Muylaert

de Matteo Garrone

de Matteo Garrone

1h44’

LE TROISIÈME HOMME de Carol Reed

1h06’

2h15’

2h14’

VICTORIA de Sebastian Schipper

17h00 21h00

17h15 3D 21h15

LOVE de Gaspard Noé

HILL OF FREEDOM

21h45

de Hong Sang Soo

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


du 19 au 25 août

1h57’

LA PENDAISON

Nagisa

17h00

2h02’

19h15

FURYO

LES MINIONS de Kyle Balda et Pierre Coffin

14h15 19h00

LA CÉRÉMONIE

Cycle

21h30

2h05’

L’HOMME DE RIO de Philippe de Broca

Séance Francis Poulenc

UN DIMANCHE À LA CAMPAGNE

17h15 mercredi 26 août

19h45

de Mehdi Charef

LA NINA DE FUEGO

21h00

17h00

21h00

1h25’

TSILI

COUP DE CHAUD

de Amos Gitaï

de Raphael Jacoulot

17h45 21h45

À suivre. 1h33’ 14h15 1h37’ UNE FAMILLE 17h00 LA PEUR 21h45 À LOUER 19h00 de Damien Odoul de Jean-Pierre Améris 21h15 À suivre. 14h15 1h45’ LA DAME DANS L’AUTO 17h30 17h00 LA BELLE SAISON AVEC DES LUNETTES 19h00 1h30’ ET UN FUSIL 19h15 de Catherine Corsini 21h15 de Joann Sfar À suivre.

14h15 19h45

1h45’

À suivre.

AMNESIA de Barbet Schroeder

www.studiocine.com

VINCENT, FRANÇOIS, PAUL ET LES AUTRES

19h30 21h30

1h30’

FEMMES AU BORD DE LA CRISE DE NERFS de Pedro Almodovar

14h15 19h45

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

14h30 19h45

1h38’

JE SUIS MORT MAIS J’AI DES AMIS

14h15 19h15 14h15 19h45

VICE VERSA de Pete Docter

14h15

INTO THE WOODS

17h15

2h05’ VO de Rob Marshall

1h33’

LENA de Jan Schomburg

1h47’

LA FEMME AU TABLEAU

MAD MAX FURY ROAD 1h19’

LES BÊTISES de Rose et Alice Philippon

1h43’

MICROBE & GASOIL

17h30 21h15 19h30

de Michel Gondry

1h44’

LA ISLA MINIMA

21h30

de Alberto Rodriguez

1h37’

LES MILLE ET UNE NUITS

WHILE WE’RE YOUNG

de Miguel Gomes

de Noah Baumbach

VOL 2 : LE DÉSOLÉ

1h37’

1h40’

21h15

de George Miller

de Simon Curtis

2h11’

17h45 21h45

2h

de Stéphane & Guillaume Malandrin

14h30 1h23’ LES CHAISES 17h30 MUSICALES de Marie Belhomme 19h30 14h30 19h00

2015

1h42’ VF

LES CHOSES DE LA VIE

1h30’

de Carlos Vermut

de Luchino Visconti

1h28’

MAX ET LES FERRAILLEURS

1h50’

ROCCO ET SES FRÈRES

GRAZIELLA

17h15

2h07’

2h57’

1h33’

CÉSAR ET ROSALIE

14h15

1h52’

1h30’ de Bertrand Tavernier 2h03’

14h15

1h50’

Sautet

LE PETIT GARÇON

Oshima

14h15

Cycle Claude Sautet

1h25’ VF

1h33’

du 29 juillet au 4 août

Claude

Cycle Nagisa Oshima

août SEMAINE 1

2015

Cycle

août SEMAINE 4

UMRIKA

DES APACHES

de Prashant Nair

de Nassim Amaouche

17h30 21h45 17h45 21h45

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


17h30

MONIKA 1h49’

19h30

SOURIRES D’UNE NUIT D’ÉTÉ 1h37’

21h30 14h30 19h45

LE SEPTIÈME SCEAU

de Richard Starzak

VICE VERSA 1h30’

SUMMER de Alante Kavaite

1h23’

LES CHAISES MUSICALES de Marie Belhomme

1h47’

ORIANA FALLACI

LA FEMME AU TABLEAU

de Marco Turo

de Simon Curtis

14h15 LA DAME DANS L’AUTO 17h45 AVEC DES LUNETTES 19h45 1h30’ ET UN FUSIL de Joann Sfar 21h45

14h15

LES JARDINS DU ROI

14h15

L’ARMÉE DES OMBRES

1h42’ VF

17h15

de Pete Docter

1h50’

1h47’

14h15

17h45 21h45 17h45 19h45 21h30

1h19’

LES BÊTISES de Rose et Alice Philippon

19h30

1h37’

WHILE WE’RE YOUNG

de Alain Rickman

21h30

de Noah Baumbach

1h45’

17h00

UN FLIC 1h48’

19h00

LE DOULOS 2h30’

21h00

LE CERCLE ROUGE

2015

1h25’ VF

LES MINIONS

2h24’

Melville

1h36’

Bergman

LES FRAISES SAUVAGES

Ingmar

14h15

SHAUN LE MOUTON

du 12 au 18 août

Cycle Jean-Pierre Melville

1h25’ sans paroles

Cycle

1h31’

août SEMAINE 3

2015

Jean-Pierre

Cycle Ingmar Bergman

Cycle

du 5 au 11 août

août SEMAINE 2

de Kyle Balda et Pierre Coffin

1h46’

AFERIM ! de Radu Jude

14h15 19h15

LA NINA DE FUEGO de Carlos Vermut

14h30 LA DAME DANS L’AUTO LUNETTES 17h30 AVECETDES UN FUSIL 1h30’ 21h30 de Joann Sfar 14h30 1h42’ 17h30 COUP DE CHAUD de Raphael Jacoulot 19h30

17h15

1h50’

ORIANA FALLACI

21h30

de Marco Turo

1h23’

LES CHAISES MUSICALES

19h30

de Marie Belhomme

2h07’

AMY 2h07’

14h15 17h15

1h40’

de Asif Kapadia

21h30

LA FAMILLE BÉLIER

19h00

de Eric Lartigau

2h57’

ROCCO ET SES FRÈRES

21h00

de Luchino Visconti

2h11’

LES MILLE ET UNE NUITS VOL 2 : LE DÉSOLÉ

17h00

de Miguel Gomez

14h30 1h30’ CAVANNA JUSQU’À L’ULTIME SECONDE, J’ÉCRIRAI 19h30 de Denis et Nina Robert 14h30 19h15

1h46’

2h11’

LES MILLE ET UNE NUITS VOL 2 : LE DÉSOLÉ de Miguel Gomes

1h40’

AFERIM ! de Radu Jude

UMRIKA de Prashant Nair

17h00 21h15

14h30 1h28’ 19h45

17h00 21h15

14h30 1h33’ 19h30

TSILI

1h25’

FANTASIA

de Amos Gitaï

de Wang Chao

LA PEUR de Damien Odoul

17h45 21h45

1h30’

SUMMER de Alanté Kavaïté

21h45

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Studio – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


w w w . s t u d i o c i n e . c o m

3 s e l i o t é s e l s n a Un été la tête d Pour cette troisième édition de notre été cinéphile, nous rendons hommage, en août, à quatre auteurs majeurs, Claude Sautet, Jean-Pierre Melville, Ingmar Bergman et Nagisa Oshima.

Claude Sautet, cinéaste parfois mésestimé mais dont on (re)découvrira le talent grâce à César et Rosalie, Les Choses de la vie ou Vincent, François, Paul et les autres. Outre ces films, sûrement ses plus emblématiques, un diamant noir, le plus secret : Max et les ferrailleurs.

Jean-Pierre Melville, formaliste hors pair, auteur d’une œuvre immense aux figures inoubliables. On en finit pas de trouver des traces de son œuvre dans le cinéma contemporain, mais, Le Patron, comme on l’appelait est très rarement égalé. L’occasion aussi, avec L’Armée des ombres, Le Doulos, Le Cercle rouge et Un flic, de retrouver, comme chez Claude Sautet, tous les plus grands acteurs du cinéma français de l’époque dans des rôles majeurs.

Ingmar Bergman, années 50, l’époque des premiers chefs-d’œuvre. Parmi ceux-ci, Les Fraises sauvages et Le Septième sceau qui ont marqué des générations entières de cinéphiles. Et ceux pour lesquels le réalisateur est

synonyme de cinéma de chambre et de grande noirceur, il ne faut pas manquer Monika et Sourires d’une nuit d’été qui sont exactement le contraire.

Nagisa Oshima dont nous proposons trois films des années 70 – peut-être son apogée. Trois œuvres incroyables de modernité, La Cérémonie, La Pendaison et Le Petit garçon, âpres mais d’une beauté et d’une force extraordinaires. Le mythique Furyo, plus tardif, complète ce panorama.

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com A

Aferim !

Roumanie – 2015 – 1h48, de Radu Jude, avec Teodor Corban, Luminata Gheorghiu

Projeté en compétition à la dernière Berlinale, Aferim ! retrace l’enquête, menée aux alentours de 1835, d’un homme chargé de retrouver un esclave gitan qui s’est échappé. Tourné en noir et blanc, le film est à la fois historique, dramatique et picaresque, mais flirte également avec l’irrationnel. Montrant la barbarie d’une société profondément raciste et antisémite, Aferim ! établit des liens clairs entre passé et présent. Sources : dossier de presse

À laUSApoursuite de demain – 2015 – 2h10 – VO VF – de Brad Bird, avec George Clooney, Hugh Laurie, Britt Robertson…

Ajoutons à ce festin, trois merveilles qui ressortent en copies restaurées. Rocco et ses frères (en version intégrale), Le Troisième homme et Femmes au bord de la crise de nerfs. Que ceux qui ne les connaissent pas encore se préparent à un choc face à l’éblouissante beauté du Luchino Visconti, à avoir pendant longtemps en tête la musique de l’envoûtant film de Carol Reed et à rire franchement devant le Pedro Almodovar. De nombreuses occasions, donc, pour se remplir les yeux d’étoiles et passer un excellent été. JF

Casey, adolescente brillante, et Frank, qui fut un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s’embarquent pour une périlleuse mission : découvrir les secrets d’un lieu mystérieux du nom de Tomorrowland. Ce qu’ils feront dans cet endroit situé quelque part dans le temps et l’espace et qui ne semble exister que dans leur mémoire commune changera à jamais la face du monde! Empruntant aussi bien à E.T. et Retour vers le futur qu’à Men in Black, À la poursuite de demain s’impose comme un beau plaidoyer pour l’optimisme et un véritable hommage à la SF d’antan. Sources : dossier de presse

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Amnesia

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE

JUILLET :

• Come Into My Swing de A. Debarre & L. Beier (Studio 1-2-4-5-6) • Sylva du Snarky Puppy & Metropole Orkest (Studio 3-7) AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS D ’AOÛT

:

• Mistico Mediterraneo de Paolo Fresu & A Filetta Corsican Voices (Studio 1-2-4-5-6) • A Good Girl de Kellylee Evans (Studio 3-7) Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Mercredi 1er juillet, à 19h45, avant-première du nouveau film de Jean-Pierre Améris : UNE FAMILLE A LOUER. La projection sera suivie d'une rencontre avec le réalisateur.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°336 – juillet & août 2015

France – 2015 – 1h45, de Barbet Schroeder, avec Marthe Keller, Max Riemelt, Bruno Ganz…

Ibiza. Début des années 1990, Jo a vingt ans, il vient de Berlin, il est musicien et veut faire partie de la révolution électronique. L’idéal serait d’être engagé comme DJ dans le club L’Amnesia. Martha vit seule, face à la mer, depuis quarante ans. Une nuit, Jo frappe à sa porte. Ils deviennent amis alors que les mystères s’accumulent autour d’elle : ce violoncelle dont elle ne joue plus, cette langue allemande qu’elle refuse de parler… Cette amnésie c’est de refuser de parler une langue qui

renvoie à de douloureux souvenirs d’enfance. Réflexion sur la mémoire, intime et collective, le nazisme et l’extermination des Juifs en Europe, ce dernier film contient des éléments autobiographiques de l’auteur. Sources : dossier de presse

Amy

USA – 2015 – 2h07, d’Asif Kapadia, avec Amy Winehouse, Mark Ronson, Tony Bennett…

Le film retrace la trajectoire météorique d’une auteurecompositeure-interprète trop tôt disparue en 2011. D’une sincérité absolue dans sa vie et dans ses chansons, la fragile Amy Winehouse connut un succès planétaire qu’elle tenta de supporter en se réfugiant dans l’alcool et la drogue, jusqu’à en mourir au même que Janis Joplin à qui on l’a souvent comparée : 27 ans. Ce documentaire a été largement salué par les critiques. Sources : dossier de presse

L’Armée des ombres

France/Italie - 1969 - 2h19, de Jean-Pierre Melville, avec L. Ventura, S. Signoret, P. Meurisse…

« Mauvais souvenirs, soyez pourtant les bienvenus, vous êtes ma jeunesse lointaine , en inscrivant cette phrase en prologue de son film, Melville atteste qu’il n’a pas seulement adapté l’oeuvre de Kessel, narrant le quotidien d’un réseau de résistants, mais qu’il a aussi puisé dans son propre vécu de maquisard. C’est sans doute pour cela, que ce film prend autant aux tripes. Il nous donne à voir des hommes et une femme qui, tout en se battant, pour une cause juste, se voient dans l’obligation de commettre des actes qui les révulsent, mais pour lesquels, il n’existe pas d’autre alternative. Si le film a la grandeur des tragédies antiques, il n’est jamais grandiloquent, mais toujours bouleversant car au plus près des humains. Tous les comédiens, tous, sont extraordinaires de vérité. IG

La Belle saison

France – 2014 – 1h45, de Catherine Corsini, avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky..

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1971, Delphine, une jeune provinciale, monte à Paris Les CARNETS du STUDIO n°336 –

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puisque c’est là qu’elle pourra enfin s’émanciper. Elle va y rencontrer un couple encore jeune, Manuel et Carole. L’attrait de cette dernière pour le féminisme ainsi que le coup de foudre qu’elle va avoir pour Delphine vont sérieusement bousculer les plans et les vies de chacun. Sources : dossier de presse

Les Bêtises France – 2015 – 1h19, de Rose et Alice Philippon, avec Jérémie Elkaïm,

hommage, mais de son vivant, même si l’idée n’enthousiasmait pas vraiment l’iconoclaste auteur des Ritals et des Russkofs …ni les chaînes de télé… puisqu’aucune n’a accepté de financer ce projet. Mais c’était avant les attentats et les « Je suis Charlie ». « Voir ce vieux bonhomme s’exprimer de manière paisible sur la liberté, ça remet un peu de rationalité et d’intelligence dans le débat, qui devient trop dingue aujourd’hui ! » Sources : telerama.fr – lemonde.fr

Sara Giraudeau, Jonathan Lambert, Anne Alvaro, Jacques Weber...

Lunaire, maladroit, François a été adopté. Prêt à tout pour savoir d’où il vient, il se procure l’adresse de celle qu’il pense être sa mère biologique. Pour la rencontrer, il s’introduit dans une fête chez elle en se faisant passer pour un serveur... Ce premier long métrage est la bonne comédie surprise de l’été. Mélange de Jacques Tati et de Pierre Richard et franchement drôle, le film est porté par un Jérémie Elkaïm particulièrement à l’aise et attachant. Nous ne sommes pas au niveau de The party de Blake Edwards, auquel la fête du film fait inévitablement penser, d’accord, cela n’empêche pas Les Bêtises de parfaitement atteindre son objectif, nous amuser sans nous prendre pour des idiots. C’est déjà beaucoup. JF

La Cérémonie

Japon – 1971 – 2h03, de Nagisa Oshima, avec Kenzo Kawarazaki, Atsuo Nakamura..

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Matsuo, Ritsuko, reçoivent un télégramme leur annonçant la mort prochaine de Terumichi. Tous trois sont parmi les derniers représentants de la très vaste et très puissante famille Sakurada. Matsuo et Ritsuko partent sur l’île ou vit Terumichi, au cours de la traversée, Matsuo se souvient... En déployant l’arbre généalogique d’une famille, Nagisa Oshima déploie aussi toute l’histoire du Japon d’après-guerre. Âpre mais passionnant, La Cérémonie est une œuvre somptueuse imprégnée d’un fort instinct de révolte. Nagisa Oshima a signé un bon nombre de chefs-d’œuvre, La Cérémonie en fait partie. JF

Boys

Sieger est un garçon gentil et réservé qui, depuis la mort de sa mère essaie de maintenir la paix entre son père et son frère aîné rebelle. Il oublie ses soucis dans le sport et le fait si bien qu’il est recruté pour les championnats nationaux. Dans cette nouvelle équipe, il rencontre Marc, un garçon imprévisible qui l’intrigue. Leur amitié se développe mais, en vérité, Sieger cache ses sentiments plus forts pour Marc. Boys était initialement prévu pour la télévision, mais devant la qualité du film, il a très vite été acheté pour des sorties en salles de cinéma, à Berlin et aux USA. Sources : dossier de presse

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avec A. Bourvil, A. Delon, Y. Montand…

Un malfrat s’échappe du train qui l’emmène à Paris, sous l’œil vigilant du commissaire Mattéi. Le hasard ou plutôt la fatalité, le fait se dissimiler dans la voiture de Corey qui, lui, vient de sortir de prison. Ces deux-là vont s’associer pour réaliser le casse du siècle, en compagnie d’un ancien flic devenu alcoolique. Dans ce Cercle, tous les comédiens sont exceptionnels, avec, toutefois, une mention spéciale pour Bourvil et Montand, tout à fait extraordinaires ! Le grand Melville réalise, avec ce film crépusculaire, un chef d’œuvre du film noir. IG

Les Boxtrolls

Pays-Bas – 2015 – 1h18, de Mischa Kamp, avec Gijs Blom, Ko Zandvliet, Jonas Smulders…

C

Le Cercle rouge France/Italie - 1970 - 2h20, de Jean-Pierre Melville,

Cavanna, même pas mort France – 2015 – 1h30, documentaire de Denis et Nina Robert. Voici un portrait de l’un des pères (avec Choron) de Hara Kiri et Charlie Hebdo, les deux journaux qui ont inventé, dans les années 60, l’esprit bête et méchant, si typiquement français. Denis Robert (le célèbre journaliste de l’affaire Clearstream) a eu envie de lui rendre

– Les CARNETS du STUDIO

n°336 – juillet & août 2015

César et Rosalie

France – 1972 – 1h50, de Claude Sautet, avec Romy Schneider, Yves Montand, Sami Frey…

Rosalie partage sa vie avec César, homme enthousiaste, généreux et actif, sachant séduire son auditoire et gérant une société de ferrailleurs. Rosalie est donc aimée de César, mais peut-être encore, et aussi, de David, un ancien amour, homme artiste au tempérament plus discret, plus doux, qui réapparaît dans sa vie… Derrière deux prénoms, l’histoire d’un trio amoureux portée par une distribution de rêve – avec de surcroît, la voix de Michel Piccoli pour le narrateur – devenue un magnifique classique au charme inlassable. RS

Les Chaises musicales France – 2015 – 1h23 – de Marie Belhomme, avec Isabelle Carré, Philippe Rebbot, Carmen Maura…

Perrine est une musicienne presque professionnelle. Elle vit seule et anime des goûters d’anniversaires, ou les gâche, c’est selon. Décidément très maladroite, elle cause un accident dont la victime tombe dans le coma. Prête à tout pour qu’il se réveille, elle s’immisce dans sa vie. Mais encore une fois sa curiosité et son envie d’aider la dépassent… A la fois drôle et touchant, Les Chaises musicales firent partie des bonnes surprises de Cannes. Sources : dossier de presse

Le Chant de la mer Voir pages Jeune Public

qu’inconscient : Josef. Le jour où il est retrouvé mort chez lui, la donne change évidemment du tout au tout. La rencontre de Grégory Gadebois et Jean-Pierre Darroussin dans un climat assez poisseux... on attend ça avec impatience... Sources : unifrance.com

La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil France/Belgique – 2014 – 1h30 de Joann Sfar, avec Freya Mavor, Stacy Martin, Benjamin Biolay..

D

On attend avec impatience de voir ce que Joann Sfar va réussir à faire avec ce classique du thriller français, histoire d’une menteuse pathologique passablement folle (à moins que...) qui veut à toute force aller voir la mer... Compte tenu de ce que l’on sait du talent visuel et narratif de l’auteur de Gainsbourg, vie héroïque, on est en droit d’espérer être très surpris... Sources : dossier de presse

Les Choses de la vie France/Italie - 1970 - 1h20, de Claude Sautet,

Des Apaches

avec M. Piccoli, R. Schneider, L. Massari…

France – 2015 – 1h37, de Nassim Amaouche, avec Nassim Amaouche, Laetitia Casta, André Dussollier…

Un homme, au volant de sa voiture. Il réfléchit : aimet-il toujours sa femme, Catherine, aime-t-il encore Hélène, sa maîtresse ? Alors qu’il voudrait reprendre le contrôle de sa vie, il perd celui de sa voiture, en tentant d’éviter un camion. Avant de mourir, il revoit le film de sa vie… C’est avec cette histoire apparemment simple (le découpage du film, notamment pour la scène de l’accident, est un véritable travail d’orfèvre), « valse lente qui mène à la mort », que C. Sautet, trouvera le style, les thématiques et des comédiens (dont la sublime Romy) qui l’accompagneront dans son travail des années 70. IG

Lors de l’enterrement de sa mère, Samir, 30 ans, rencontre pour la première fois son père. Commence alors pour lui une nouvelle histoire qui le mène au cœur de Belleville, de sa population kabyle. L’expérience va le confronter à sa vie actuelle et l’amener à choisir sa propre voie, à se libérer. Précédé d’un prologue quasi documentaire sur la communauté kabyle, le film situe dans un milieu bien identifié la trajectoire d’un homme qui essaie de trouver sa place entre reproduction des modèles et affirmation de soi. Sources : dossier de presse

Comme un avion France – 2015 – 1h45 – de Bruno Podalydès,

Ethiopie – 2014 – 1h40, de Zeresenay Berhane Mehari, avec Meron Getnet, Tizita Hagere…

avec Bruno Podalydès, Sandrine Kiberlain, Agnès Jaoui…

Quand Michel, fou d’avions, décide de partir en kayak le long d’une jolie rivière inconnue, les situations drôles ou cocasses et les rencontres farfelues s’enchaînent sur fond de mélancolie et de retour en enfance. C’est ludique, nostalgique, inventif, et interprété par une sacrée pléiade d’acteurs, tous au mieux de leur forme ! SB

Coup de chaud

France – 2015 – 1h42, de Raphaël Jacoulot, avec Grégory Gadebois, J-Pierre Darroussin, Carole Franck, Karim Leklou...

Pendant un été caniculaire, la paix d’un village est régulièrement troublée par les nuisances causées par un jeune homme remuant, peut-être moins méchant Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Difret

À trois heures de route d’Addis Abeba, Hirut, 14 ans, est kidnappée sur le chemin de l’école. C’est une tradition ancestrale : les hommes enlèvent celles qu’ils veulent épouser. Mais Hirut qui a réussi à s’échapper en tuant son agresseur, est accusée de meurtre. Une pionnière du droit des femmes mène sa défense, osant s’attaquer à cette ancienne tradition ! Difret, évoquant une réalité bouleversante des femmes éthiopiennes, a reçu le Prix du Public au festival de Sundance. Sources : dossier de presse

Le Doulos

France – 1962 – 1h49, de Jean-Pierre Melville, avec Jean-Paul Belmondo, Serge Reggiani, Jean Desailly…

Maurice Faugel sort de prison et tue le receleur Gilbert Varnove, qu’il soupçonne d’avoir assassiné sa femme. Son meilleur ami, Silien, dit Le Doulos, c’est-à-dire Les CARNETS du STUDIO n°336 –

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indicateur de la police, lui fournit le matériel pour faire un casse, puis passe un coup de fil à la police… S’ensuivent quiproquos et règlements de comptes, dans la plus pure tradition du film noir américain.

E

L’Échapée belle

France – 2015 – 1h16, d’Emilie Cherpitel, avec Clotilde Hesme, Florian Lemaire, Clotilde Courau…

La rencontre improbable d’Eva, 35 ans, libre et fantasque et de Léon, 11 ans qui vit dans un foyer. Ces deux-là ne voudront plus se quitter même s’ils doivent vivre en cavale… Un petit « bijou de tendresse », à la fois poétique, joyeux et plein d’émotion. Sources : dossier de presse

F

La Famille Bélier France – 2015 – 1h40, de Eric Lartigau, avec Louane Emera, Karin Viard, François Damien, Eric Elmosnino…

À la ferme familiale, Paula, 16 ans, est une interprète en langue des signes française (LSF), précieuse à ses parents sourds. Douée pour le chant et poussée par son professeur de musique, cette grande ado se retrouve confrontée à un choix qui pourrait l’éloigner de ses proches… E. Lartigau nous offre, avec son dernier long-métrage, une charmante comédie pleine d’humour avec quelques scènes familiales bien enlevées ! RS

Fantasia

Chine – 2015 – 1h25, de Wang Chao, avec Ruijie Hu, Su Su, Xu Zhang…

Une famille recomposée dans une ville industrielle chinoise. Lorsque les hospitalisations du père deviennent de plus en plus fréquentes et coûteuses, toute la famille se trouve ébranlée. La mère enchaîne les petits boulots, la grande sœur décide de travailler secrètement dans un bar et Lin, le petit frère, rejeté par ses camarades, fuit l’école, se réfugiant dans un monde fantasmatique… Après L’Orphelin d’Anyang (2002), Voiture de luxe (2006), le réalisateur chinois, influencé par Bresson et Antonioni, revient avec Fantasia, clôturant une trilogie sur les mutations à l’œuvre dans la Chine contemporaine. À l’âpreté du thème répond une image onirique, loin de l’image désormais acquise de la mégalopole chinoise surpeuplée avec ses cohortes de fourmis en mode survie. Sources : dossier de presse

La Femme au tableau

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Un ancien projectionniste et une infirmière se sont connus et presque aimés... Des années plus tard, la prison et la vie les ont déformé leurs destins... A l’heure de se retrouver, au milieu de personnages attachants ou peu recommandables, il va falloir déjouer les coups du sort qui, dans le milieu des truands, peuvent taper très fort... Sources : telerama.fr

avec Carmen Maura, Antonio Banderas, Julieta Serrano…

Quand Pepa cherche à comprendre pourquoi Ivan a rompu, elle découvre : une ex-compagne internée en hôpital psychiatrique, un enfant adulte dont la compagne est obsédée par sa virginité, une nouvelle maîtresse avec qui il souhaite partir en week-end à Stockholm et dont le vol est menacé d’attentat par l’amant terroriste d’une de ses amies… Ce vaudeville mené tambour battant est le premier grand succès public de Pedro Almodóvar. Un régal jubilatoire ! SB

Gus, petit oiseau grand voyage

H

avec Victor Sjöström, Ingrid Thulin, Bibi Andersson…

Furyo Japon – 1983 – 2h02, de Nagisa Oshima, avec David Bowie, Tom Conti, Ryuichi Sakamoto…

1942. Le capitaine japonais Yonoi dirige un camp de prisonniers anglais à Java. Son extrême sévérité et son goût prononcé pour la discipline engendrent la crainte. Le major Jake Celliers ose pourtant lui résister, voire le provoquer… Bowie excelle dans son personnage de major ambigu. Non sans violence, Furyo, véritable film culte, fascine avec un duo viril d’exception sur fond de désir refoulé et de domination exacerbée. Mise en tension troublante. RS

La Femme au tableau est inspiré d’une histoire vraie, celle de Maria Altmann, une juive rescapée de la Shoah. Elle souhaite récupérer les tableaux de Klimt, notamment celui d’un portrait doré de sa tante Adèle, que sa

Amy Dunne vient de disparaître et son brave mari, Nick, n’en semble pas trop affecté... Au fil de l’enquête de police, son comportement devient même de plus en plus étrange, voire suspect. Ce brave homme aurait-il

I

Dans l’Espagne post franquiste des années 80, deux policiers que tout oppose quittent le Madrid libertaire de la transition démocratique pour plonger au cœur des marais andalous du Guadalquivir où deux adolescentes ont été sauvagement assassinées lors des fêtes locales. Les deux enquêteurs doivent surmonter leurs différends pour démasquer le tueur… dans cette région arriérée où règne la loi du silence. Ce thriller poisseux a reçu un accueil triomphal en Espagne. Un grand film. Sources : dossier de presse

Into The Woods Voir pages Jeune Public

Royaume-Uni – 2014 – 1h57, de Alan Rickman, avec Kate Winslet, Matthias Schoenaerts, Alan Rickman…

avec Ryo Kase, Sori Moon...

1682. Sabine de Barra, artiste douée pour concevoir de merveilleux jardins, est invitée à la cour de Louis XIV par l’illustre paysagiste du roi, André le Nôtre. Séduit par son audace, il lui confie la conception du bosquet des Rocailles pour la salle de bal à ciel ouvert du palais de Versailles. En s’adonnant à cet incroyable chantier, Sabine découvre qu’il faut aussi savoir maîtriser l’étiquette et les intrigues au sein d’une cour élégante mais féroce ! Sources : dossier de presse, telerama.fr.

L’Homme de Rio

France/Italie - 1964 - 1h52, de Philippe de Broca, avec J.- P. Belmondo, F. Dorléac…

G

Les Jardins du roi

Hill Of Freedom Corée du sud - 2014 - 1h06, de Hong Sang-soo, Mori est japonais et va à Séoul retrouver la femme qu’il aime. Comme elle est absente, il s’installe dans une chambre d’hôtes pour attendre son retour... Auteur pléthorique (un ou deux films par an environ, dont The day he arrives, In another country, Haewon et les hommes, pour ne citer que les plus récents) Hong Sangsoo agace parfois, mais il est ici en très grande forme. Ce puzzle où le spectateur doit tout reconstituer, ou presque, est l’un de ses films les plus fins, les plus ludiques et de ceux qui tirent le plus vers la comédie. Tout y paraît simple et évident alors que la forme y est d’un grand raffinement. Hill of freedom est un enthousiasmant jeu de piste et n’est petit que par sa durée. JF

Le vieux professeur Isak Borg fait le bilan de sa vie et prend conscience de son égoïsme et de son indifférence aux autres. Mais il est bien tard pour tenter de se réformer… Mêlant récit au présent, flash-backs et rêves, le film se caractérise par sa fluidité et l’empathie avec le personnage facilitée par la voix off. L’un des plus grands chefs d’œuvre de Bergman. AW

Gone Girl

La Isla minima

Espagne – 2014 – 1h44, de Alberto Rodriguez, avec Raul Arevalo, Javier Gutierrez…

Voir pages Jeune Public

Les Fraises sauvages Suède – 1957 – 1h31, d’Ingmar Bergman,

USA – 2014 – 2h29, de David Fincher, avec Ben Affleck, Rosamund Pike...

n°336 – juillet & août 2015

Graziella

France – 2014 – 1h33, de Mehdi Charef, avec R. de Palma, D. Lavant, B. Lochet, C. Nebout...

Femmes au bord de la crise de nerfs Espagne –1988 – 1h30 – de Pedro Almodóvar,

Grande Bretagne/USA – 2015 – 1h50 – de Simon Curtis, avec Helen Mirren, Ryan Reynolds, Daniel Brühl…

– Les CARNETS du STUDIO

pu tuer sa jolie et brillante femme ? Fincher signe ici un excellent thriller teinté d’un humour acide qui torpille l’institution du mariage et les convenances... ER

famille possédait avant la guerre. D’abord sceptique, le jeune avocat auquel elle confie cette mission, se laisse peu à peu convaincre par cette attachante septuagénaire un peu excentrique qui lui raconte sa jeunesse tourmentée, l’invasion nazie, la spoliation et sa fuite aux États-Unis… Réussiront-ils à prendre leur revanche sur l’histoire ? Sources : dossier de presse

Adrien, soldat de deuxième classe, rejoint sa fiancée, la fantasque Agnès, pour une semaine de permission, à Paris. Mais les disparitions successives d’une statue précolombienne et d’Agnès vont l’entraîner jusqu’au Brésil, pour un séjour échevelé. Cinquante ans après sa sortie, cette comédie d’aventures, reste toujours aussi jubilatoire et compte parmi ses fans, Spielberg qui s’en est inspiré pour la saga des Indiana Jones. Bébel n’arrête pas de courir et F. Dorléac est délicieusement énervante : jubilatoire, on vous dit ! IG Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

J

Je suis mort mais j’ai des amis Belgique/France - 2015 - 1h38, de Guillaume et Stéphane Malandrin, avec B. Lanners, W. Willaert…

À la veille d’une série de concerts en Californie, un groupe de vrais rockeurs, chevelus, barbus et belges, enterre son chanteur. Pourtant pas question de renoncer à cette première tournée américaine, ni à la « présence » de Jipé même sous forme de cendres. Le voyage va prendre une tournure encore plus étrange, quand débarque un militaire moustachu, se présentant comme l’amant de Jipé… Après Où est la main de l’homme sans tête en 2009, les frères Malandrin ont écrit cette comédie déjantée, spécialement pour leurs deux interprètes principaux. Sources : dossier de presse

Lena

Allemagne – 2014 – 1h33, de Jan Schomburg, avec Maria Schrader, Johannes Krisch, Ronald Zehrfeld…

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Pour Lena, qui perd soudainement la mémoire à ses 40 ans, son mari et ses amis sont devenus des étrangers ; sa vie, une fiction qu’il faut inventer. Lena doit désor-

Les CARNETS du STUDIO n°336 –

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mais choisir entre retrouver qui elle était ou bien devenir une autre. Après L’Amour et rien d’autre (2011), J. Schomburg propose le portrait émouvant d’une femme en quête de son identité, non sans l’amener à s’interroger sur le couple, l’amour, la liberté… Sources : dossier de presse, cinemalux.org.

Lilla Anna Voir pages Jeune Public

Love France – 2015 – 2h15, de Gaspar Noé, avec Karl Glusman, Aomi Muyock, Klara Kristin…

Apprenti cinéaste américain, Murphy a suivi son amie en France mais y a fait la rencontre d’une très charmante demoiselle peu farouche. Ce qui pourrait donner naissance à un banal ménage à trois puisque aucun des protagonistes ne semble très porté sur la timidité ou la jalousie va devenir une sorte de quête sexuelle assez retorse, que G. Noé filme en 3D en des images tout à fait remarquables... Noé entendait faire un film qui « fasse bander les mecs et pleurer les filles »... On chausse ses lunettes pour aller vérifier... Sources : inrocks.fr, liberation.fr

Love and Mercy USA - 2015 - 2h02, de Bill Pohlad, avec P. Dano, J. Cusack, E. Banks…

Au début des années 60, un groupe de jeunes Californiens, Les Beach Boys, emportent un succès planétaire avec leurs chansons évoquant l’univers du surf. Ils deviennent les représentants d’une Amérique jeune, sportive et joyeuse. C’est « l’envers » du rêve qu’a voulu montrer B. Pohlad pour son premier film ; et plus exactement l’histoire tourmentée de la figure centrale du groupe, Brian Wilson, qui paranoïaque et schizophrène, alternera pendant de nombreuses années, longues périodes de cauchemars et phases de retour à la vie et à la création. Point ici question de la biographie d’un groupe mythique, mais bien plutôt du portrait d’un homme déchiré entre son potentiel exceptionnel et une maladie l’anéantissant. Sources : dossier de presse, Libération 25/09/04

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Mad Max : fury road USA – 2015 – 2h00, de George Miller, avec Tom Hardy, Charlize Theron, Zoë Kravitz...

Mad Max, solitaire hanté par un lourd passé, est fait prisonnier, par les hommes du terrible Immortan Joe. Au même moment, une des alliées du seigneur de

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– Les CARNETS du STUDIO

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guerre, l’Imperator Furiosa, le trahit. Enragé, il envoie ses hommes, dont Nux qui a attaché Max au devant de son camion, à la poursuite des rebelles... Trente ans après, George Miller revisite sa création, la renouvelle et nous embarque à toute allure. Film de pure mise en scène, jubilatoire et en dehors des chemins balisés, Mad Max : Fury road est aussi contemporain (on s’y bat pour l’eau) et féministe. À ce titre, Charlize Theron vole littéralement la vedette à Thomas Hardy au point que l’on pourrait rebaptiser le film Mad Furiosa. Ébouriffant JF

(Gasoil) inventif et énergique. Consternés à l’idée de passer les vacances en famille, ils se font la belle sur les routes de France à bord d’une « voiture » bricolée avec des planches et un moteur de tondeuse. M. Gondry semble revenir aux bouts de ficelle et à l’ingéniosité qui faisait la beauté de ses premiers films... Sources : imdb.com Film du mois de juillet

Les Mille et une nuits - L’Inquiet Films du mois de Juillet

Max et les ferrailleurs

France, Italie – 1971 – 1h52, de Claude Sautet, avec Michel Piccoli, Romy Schneider, Georges Wilson…

Max, un inspecteur de police taciturne, s’est juré d’en finir avec des pilleurs de banques qui sévissent dans la région parisienne. Sa rencontre avec un camarade de régiment, Abel, lié à la bande des ferrailleurs de Nanterre, lui donne une idée de piège diabolique. Max va se servir d’Abel pour appâter la bande qu’il poursuit. Il devient l’un des clients attitrés de la belle Lily, prostituée allemande et compagne d’Abel, lui fournissant des renseignements sur une petite banque dont il se prétend le directeur… Titre charnière dans la filmographie de Claude Sautet, Max et les Ferrailleurs marque ses adieux au polar et le début de ses études de caractères. C’est sans doute l’un des plus grands rôles de Piccoli, l’un des personnages les plus fascinants du cinéma français des années 70, ainsi que de Romy Schneider. EC

Mezzanotte

Film du mois d’août

Les Mille et une nuits - Le Désolé Film du mois d’août

Monika

Une jeune ouvrière, Monika, et un jeune livreur, Harry, tombent amoureux et décident de fuir ensemble emplois et familles afin de vivre en toute liberté. Sur l’île d’Orno ils trouvent une sorte de paradis où ils mènent une vie sauvage et idyllique. La fin de l’été approche, l’argent vient à manquer et Monika est enceinte. Ils rentrent à Stockholm, se marient, mais la vie quotidienne exerce son effet destructeur. Monika décide de rompre, de reprendre sa liberté… Pour JeanLuc Godard : « Monika est le film le plus original du plus original des artistes. »

Les Minions

À Catane, en Sicile, Davide, quatorze ans, androgyne, est persécuté par son père. Il part de chez lui et découvre un monde de marginaux qui vivent de larcins et de prostitution. Mais Davide va bientôt être rattrapé par son passé... Mezzanotte – Les Nuits de Davide mêle diverses influences et si la réalité décrite n’est pas rose, le ton général du film fuit souvent la gravité et use d’humour. Sur un sujet sensible cette première œuvre ne fait pas dans la facilité, mais elle relève le défi avec beauté. JF

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Microbe et Gasoil

Microbe et Gasoil sont les surnoms de deux ados un peu marginaux, l’un (Microbe) très introverti, l’autre

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Bárbara est une belle femme vénéneuse et psychologiquement instable. Son magnétisme, que son mari tente de contenir en l’enfermant chez eux, attire les hommes : Damiàn, son ancien voisin, qui n’ose sortir de prison de peur de la revoir, Luis, père célibataire au bord du gouffre, qui ne réalise pas qu’en voulant la faire chanter, il joue dangereusement avec le feu… Faisant appel au symbolique, à l’irrationnel et à l’intuition, La Nina del fuego est l’un des films les plus surprenants, originaux et perturbants venus d’Espagne. « C’est une tragicomédie où le spectateur commence par rire, avant de sentir son visage pétrifié dans un rictus qui confirme qu’on assiste là aux débuts d’une carrière qui promet d’être aussi brillante qu’atypique » pour laquelle on évoque Tarantino, Kaurismaki, Haneke… Sources : cineuropa.com

Suède – 1952 – 1h36, d’Ingmar Bergman, avec Harriet Andersson, Lars Ekborg…

Italie – 2014 – 1h38, de Sebastiano Riso, avec Davide Capone, Pippo Delbono, Vincenzo Amato...

France – 2014 – 1h43, de Michel Gondry, avec Ange Dargent, Théophile Baquet, Diane Besnier, Audrey Tautou, Sacha Bourdo…

La Nina del fuego

Espagne – 2014 – 2h07, de Carlos Vermut, avec Marina Andruix, Julio Arrojo…

Mustang

France, Turquie – 2014 – 1h37, de Deniz Gamze Ergüven, avec Erol Afsin, Gunes Sensoy, Dogba Duguslu…

Cinq sœurs profitent des charmes de leur âge, s’amusant sur le chemin de l’école avec des garçons, ce qui les amènera à se trouver prisonnières du domicile familial, dans une Turquie reculée, les parents estimant leur attitude inacceptable. Ce sera sans compter sur l’intense désir de liberté des jeunes filles, qui ne cesseront de contester l’ordre imposé. Présenté lors de la dernière Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Mustang est le premier long-métrage de Deniz Gamze Ergüven. Issue de la Femis, la réalisatrice souhaitait raconter ce que peut être la condition féminine dans son pays natal. Sources : dossier de presse

Les Russe Nuits blanches du facteur – 2014 – 1h41, de Andrei Kontchalovski, avec Aleksey Tryapitsyn, Irina Ermolova, Timur Bondarenko…

Les habitants des villages situés autour du lac de Kenozero n’ont qu’un seul lien avec le monde extérieur, le facteur, Aleksey Tryatisyn. Il vient tous les jours en bateau apporter le courrier. Mais son amie part à la ville et on lui vole son moteur. Il décide alors de changer de vie… Le réalisateur part de la réalité russe et fait jouer les habitants eux-mêmes, dont le facteur. Ce beau film a obtenu le Lion d’or au festival de Venise.

Oriana Fallaci

Italie – 2015 – 1h50 – de Marco Turco, avec Vittoria Puccini, Vinicio Marchioni, Stéphane Freiss…

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Le film retrace fidèlement l’histoire de la célèbre journaliste et essayiste italienne. Militante de gauche, elle a sillonné la planète de La dolce vita de Rome au 11 septembre à New York en passant par le Vietnam, la Grèce des colonels ou l’Iran de Khomeiny. Ses interviews de célébrités et hommes d’état du monde entier, ainsi que ses prises de position impertinentes et parfois brutales ont déclenché nombre de polémiques – jusqu’aux accusations de racisme religieux à la parution de son livre La Rage et l’orgueil. Raconter la vie d’Oriana Fallaci c’est raconter l’histoire du XXe siècle ! Sources : dossier de presse

Paddington Voir pages Jeune Public

Les CARNETS du STUDIO n°336 –

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La Pendaison

Que viva Eisenstein

Japon – 1968 – 1h57, de Nagisa Oshima, avec Kei Sato, Fumyo Watanabe, Toshiro Ishido...

Grande-Bretagne – 2014 – 1h45, de Peter Greenaway, avec Elmer Bäck, Luis Alberti, Maya Zapata...

Un jeune coréen est pendu au Japon pour meurtre et viol mais survit, amnésique, à son exécution ratée... Tous s’efforcent de lui faire retrouver la mémoire car, considéré comme fous, il ne peut plus être exécuté... Arrive alors une femme qui se dit être sa sœur : en l’aidant à retrouver ses souvenirs, elle va aussi le rapprocher de son exécution.

En 1931, rejeté par Hollywood et sommé de rentrer en URSS, Eisenstein fait un séjour au Mexique pour y tourner Que viva Mexico. Le tournage, bousculé par des rencontres parfois amoureuses, fera basculer l’œuvre de l’homme qui avait déjà fait basculer l’histoire du cinéma. Qui mieux que Greenaway pouvait porter à l’écran la folie nécessaire à ce projet ? Le plus inventif des cinéastes modernes semble n’avoir pas vieilli, mais, cette fois, a su couler sa folie dans un moule narratif plus facile à suivre pour livrer un film décrit comme à la fois drôle et humain, audacieux et captivant.

Le Petit garçon

Japon – 1969 – 1h33, de Nagisa Oshima, avec Tetsuo Abe, Tsuyoshi Kinoshita, Akiko Koyama…

Toshio, 10 ans, vit avec son père, invalide de guerre, sa belle-mère et son jeune demi-frère. Afin de subvenir à ses besoins, la famille répète un stratagème qui l’amène à parcourir le Japon. La femme fait mine d’être blessée en se jetant sous les roues des voitures passantes. L’escroquerie consiste ensuite à extorquer de l’argent à l’amiable aux conducteurs culpabilisés. Un jour, Toshio doit lui-même prendre la place de sa bellemère dans le scénario du faux accident… Inspiré d’un fait réel, Le Petit garçon est une œuvre bouleversante, filmée à hauteur d’enfant. RS

Le Petit monde de Leo Voir pages Jeune Public

La Peur

avec Reda Kateb, Ludivine Sagnier…

À cause de problèmes d’argent, Vincent, champion de tir au fusil, voit l’équilibre de sa vie tranquille remis en question. Pour préserver sa femme et sa fille, il accepte un contrat bizarre proposé par un garçon énigmatique et séduisant qu’il a rencontré au stand de tir. Le premier pas dans un engrenage qui pourrait s’avérer dangereux… Pour son premier long-métrage, Fred Grivois – qui fut l’assistant réalisateur de Jacques Audiard depuis De battre mon cœur s’est arrêté jusqu’à De rouille et d’os en passant par Un prophète – a choisi de plonger l’excellent Reda Kateb dans une véritable descente en enfer. Sources : dossier de presse

France – 2014 – 1h33, de Damien Odoul, avec Nino Rocher, Eliott Margueron, Théo Chazal…

Gabriel, jeune soldat mobilisé en 1914, vit la folie de la guerre jusqu’en 1918, dans les tranchées. Il en sortira réconcilié avec sa propre humanité. Cette adaptation du récit autobiographique de Gabriel Chevallier est à la fois hyperréaliste et cauchemardesque. Elle vient de se voir attribué le Prix Jean Vigo, décerné aux œuvres engagées et percutantes. Sources : dossier de presse.

Le Prince de Hombourg Italie –1997 – 1h29, de Marco Bellochio, avec Andrea Di Stefano, Barbara Bulova, Toni Bertorelli…

En désobéissant aux ordres de sa hiérarchie, le prince de Hombourg mène son pays à la victoire, après une charge de cavalerie. Cela lui vaut portant d’être condamné à mort, pour l’exemple. Ce drame historique, inspiré de l’auteur romantique Heinrich Von Kleist et récompensé à Cannes, décrit les tourments intérieurs d’un jeune homme écartelé entre le respect de l’ordre et sa passion pour Natalia. Sources : dossier de presse.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°336 – juillet & août 2015

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Sources : filmdeculte.com, clap.ch

La France Résistance de l’air – 2015 – 1h38, de Fred Grivois,

Les Révoltés

France – 2015 – 1h22, de Simon Leclère, avec Paul Bartel, Solène Rigot, Gilles Masson…

Pavel, 19 ans, est ouvrier, comme son grand-père et son père l’ont été avant lui. Amoureux d’Anja, son amie d’enfance, il est sûr de son avenir, tout tracé à ses yeux. Rien cependant ne se passe comme prévu : Anja s’éloigne de lui, séduite par le fils du patron et il perd son travail à la suite d’un plan social. Ce premier film très attendu de Simon Leclère met un individu, mais aussi toute une classe sociale, face à la perspective de leur propre disparition. Sources : dossier de presse

Rocco et ses frères

Italie – 1960 – 2h57, de Luchino Visconti, avec Alain Delon, Annie Girardot, Renato Salvadori, Claudia Cardinale, Roger Hanin...

Rosaria et ses quatre fils quittent la misère et l’Italie du sud pour rejoindre Milan. La vie est difficile et chacun essaie de s’en sortir comme il peut, mais Rocco et

Simone, tombent tous les deux amoureux de Nadia, une jeune prostituée... Rocco et ses frères est de ces films qui n’usurpent pas leur réputation. Tout y est extraordinaire et Luchino Visconti donne à cette chronique familiale un souffle qui lui fait rejoindre les grandes tragédies. Alain Delon y est sublime, et Annie Girardot, Renato Salvatori ou Roger Hanin ont-ils jamais été meilleurs ? Lion d’argent au Festival de Venise 1960 derrière André Cayatte et son Passage du Rhin, c’est dire la valeur des compétitions.... JF

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Self Made

Israël – 2014 – 1h29, de Shira Greffen, avec Sarah Adler, Samira Saraya…

Self Made raconte l’histoire de deux femmes – l’une israélienne (elle est une artiste contemporaine célèbre) et l’autre palestinienne (ouvrière dans une usine de mobilier) – et se situe à la frontière entre deux mondes et entre la réalité et l’imagination. Pour son deuxième film, la réalisatrice de Les Méduses (Caméra d’or au festival de Cannes en 2007) propose une plongée en absurdie totalement maîtrisée, avec un grand sens plastique et de la mise en scène sonore. Une manière de lire les problèmes de conflit israélo-palestinien sous un prisme totalement surprenant. Un film passionnant. DP

Le Septième sceau Suède – 1957 – 1h37 – De Ingmar Bergman, avec Max von Sydow, Gunnar Björnstrand, Bibi Andersson…

Dans un Moyen-Âge ravagé par la peste et sous l’emprise du fanatisme religieux, un chevalier, de retour de croisades, rencontre la mort sur une plage. Il lui propose de jouer aux échecs pour gagner du temps, chercher la solution aux problèmes métaphysiques qui l’assaillent et tenter de découvrir le sens de la vie. Le septième sceau qui voit s’affronter le grotesque et le sublime, le sacré et le trivial, les pulsions de mort et l’appel de la vie, est un film de référence pour les plus grands réalisateurs. Cultissime, il est le plus célèbre de Bergman… SB

Shaun le mouton Grande-Bretagne – 2015 – 1h25, de Mark Burton et Richard Starzak

Shaun et ses amis moutons font une escapade en ville. Un milieu à la fois terrifiant et étrange où les guettent la fourrière et mille autres dangers. L’équipe de Wallace et Gromit revient avec un long métrage très réussi, décors et gags toujours aussi soignés, du plaisir pour absolument tout le monde (s’il le

faut, allez-y en cachette de vos enfants, mais c’est bien de les emmener aussi...) ER Voir pages Jeune Public

Sourires d’une nuit d’été Suède – 1955 – 1h48 – de Ingmar Bergman, avec Ulla Jacobsson, Eva Dahlbeck, Harriet Andersson…

Une fois n’est pas coutume : Bergman nous offre avec ce film euphorisant sa seule vraie comédie. Inspirée du Songe d’une nuit d’été de Shakespeare, elle réunit à la campagne vieux amants, jeune épouse, soubrette confidente, vieille dame amorale, fils aspirant pasteur luthérien… Sous l’effet d’un breuvage magique, les couples, interprétés par les comédiens fétiches du réalisateur, se font et se défont pour se réajuster tels qu’ils devraient être. Ces Sourires d’une nuit d’été sophistiqués et coquins obtinrent le Grand prix du jury à Cannes. SB

Summer

France – 2015 – 1h30, de Alanté Kavaïté, avec Julija Steponaïtyté, Aisté Dirziùté…

Summer raconte l’histoire de Sangailé, une adolescente introvertie, en vacances au bord d’un lac de Lituanie, qui découvre l’amour dans les bras d’une autre jeune fille de son âge. Pour cette exploration sensuelle et lumineuse de l’adolescence, la réalisatrice est revenue filmer la nature de son pays natal avec une caméra toujours en mouvement et des scènes oniriques (comme dans son surprenant premier film Ecoute le temps, en 2006, à la fois polar et film fantastique). « Je voulais qu’il soit très sensoriel, qu’il prenne le temps de ressentir les émotions » Le jury du festival de Sundance lui a attribué le Prix de la mise en scène. Sources : cineuropa.com – pulsomatic.com

Tale Of Tales

Italie – Grande-Bretagne – 2014 – 2h, de Matteo Garrone, avec Salma Hayek, Vincent Cassel...

T

L’auteur de Gomorra change son fusil d’épaule et nous livre un conte haut en couleurs, riches en péripéties, baroque à souhait... qui, de temps à autre, ne recule pas devant le sanglant et l’excès... Il y sera question, entre autres, d’une reine privée d’enfant, d’un roi libertin qui tombe amoureux, le tout porté par des images particulièrement soignées... Sources : dossier de presse

Les Terrasses

Algérie – 2015 – 1h31, de Merzak Allouache, avec Nassima Belmihoub, Adila Bendimerad…

Dans cinq quartiers d’Alger, cinq histoires se jouent sur des terrasses au long d’une journée rythmée par les Les CARNETS du STUDIO n°336 –

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cinq appels à la prière : un homme torturé pour qu’il signe un contrat, une femme folle et son garçon toxico, un prisonnier dans une cage, une chanteuse qui s’exerce, un boxeur qui s’entraîne... Radiographie de la société algérienne (corruption, violence, condition féminine sans cesse menacée, montée de l’intégrisme…), le film oppose la beauté de la ville blanche et la noirceur des destins individuels. L’auteur de Omar Gatlato (76), Bab-el-Oued City (94) ou Chouchou (03) porte un regard désabusé sur une société kafkaïenne obnubilée par le présent immédiat : « En Algérie, aujourd’hui, les gens vivent avec le sentiment d’être délaissés. On a un mot pour ça chez nous : hourra. Le mépris total. » Sources : telerama.fr – lemonde.fr

Le Troisième homme

Grande Bretagne – 1949 – 1h47 – de Carol Reed, avec Joseph Cotten, Alida Valli, Orson Welles, Trevor Howard…

Holly Martins, un écrivain américain minable, est venu retrouver son ami Harry Lime dans la Vienne dévastée de l’après-guerre que se partage la coalition des alliés. À son arrivée il apprend qu’Harry a été retrouvé mort après avoir été écrasé par une voiture. Martins choisit alors de mener sa propre enquête mais rien ne l’a préparé à ce qu’il va découvrir... Le Troisième homme c’est : un superbe polar aux cadrages et à la lumière expressionnistes pour lequel Vienne, entre architecture baroque, ruines, pavés et égouts offre un décor extraordinaire ; un lancinant air de cithare que vous n’oublierez pas ; une mise en scène d’une beauté à couper le souffle… Un chef d’œuvre absolu ! SB

Tsili Israël 2015 1h28, de Amos Gitaï, avec Sarah Adler, Meshi Olinki, Adam Tsekhman...

Années 40, la famille de Tsili, jeune femme juive, est déportée dans les camps. Tsili réussit à se cacher dans une forêt où elle se construit un nid et arrive à survivre en pleine zone de combats. Un jour Marek découvre son refuge... Ispiré d’un roman de Aaron Appelfeld, Tsili marque le retour d’Amos Gitai, dont on avait un peu perdu la trace après des films marquants comme Désengagement, Terre promise, Kadosh ou Kippour, par exemple. Fidèle à ses sujets de prédilection, les retrouvailles avec le cinéaste promettent beaucoup, d’autant plus qu’il apporte à Tsili, une dimension autobiographique troublante et très touchante. Sources : dossier de presse

Umrika

Inde – 2014 – 1h40, de Prashant Nair, avec Suraj Sharma, Tony Revolori...

U

verser l’équilibre de la maisonnée... Menée par Regina Casé, immense vedette au Brésil, qui fait preuve d’un abattage irrésistible, Une seconde mère se présente comme une comédie sociale qui change peu à peu de ton. Passant du rire à l’émotion, le film est à la fois divertissant et touchant. Un très bon moment. JF

Dans les années 70, tout un village attend avec impatience des nouvelles de Udai, qui est parti aux USA, voyage inconcevable pour les villageois... Lorsque son père meurt, on découvre alors que les nouvelles qu’il envoyait par lettres étaient, en fait, expédiées par le père lui-même et un oncle... Le petit frère, Ramakant, part alors pour Bombay essayer de retrouver la trace de cet aîné disparu. Sources : variety.com, hollywoodre-

Un flic France – 1972 – 1h38, de Jean-Pierre Melville, avec Alain Delon, Catherine Deneuve, Richard Crenna...

Édouard Coleman est inspecteur de police. Il a une liaison avec Cathy qui est aussi la petite amie de Simon, ami d’Édouard et trafiquant de drogue. Édouard est amené à enquêter sur un crime impliquant Simon... Ultime opus du réalisateur, Un flic est une œuvre funèbre où l’on retrouve toutes les obsessions de son auteur (ainsi que nombre de ses acteurs fétiches). Mal compris à sa sortie mais réévalué depuis, Un flic est l’exemple même du film à (re)découvrir avec un œil neuf. JF

porter.com

Une famille à louer

France – 2015 – 1h37 – de Jean-Pierre Améris, avec Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, François Morel…

Paul-André est riche mais seul. L’argent étant notoirement insuffisant pour accéder au bonheur, il finit par proposer à Violette, jeune femme pétulante sur le point de se faire expulser de son appartement, de la « louer » à l’essai, elle et ses deux enfants, en tout bien tout honneur, pour goûter enfin aux joies, espère-t-il, de la vie de famille. Les choses évidemment ne sont jamais aussi simples… Sources : dossier de presse. Mercredi 1er juillet, 19h45, AVANT PREMIÈRE de Une famille à louer. Rencontre avec Jean Pierre Améris après la projection.

Une mère

France – 2015 – 1h40, de Christine Carrière, avec Mathilde Seigner, Kacey Mottet Klein, Pierfrancesco Favino…

Une femme vit avec son fils, adolescent de 16 ans, sauvage et violent. Entre eux, les conflits sont incessants et elle éprouve un violent rejet à son égard, ce qui est socialement assez mal toléré. Avant d’en arriver aux extrêmes, ils parviennent à se battre ensemble pour inverser le cours des choses… Tourné à Dieppe, c’est le quatrième film de la réalisatrice, co-écrit avec Pascal Arnold et l’on y retrouve Mathilde Seigner qui avait débuté auprès d’elle, dans Rosine, primé à Locarno en 1994. Sources : dossier de presse.

Une seconde mère

Brésil – 2015 – 1h52, de Anna Muylaert, avec Régina Casé, Michel Joelsas, Camila Mardila, Karine Teles...

Val travaille pour une famille aisée de Sao Paulo depuis treize ans. Elle s’occupe de tout, du ménage aux repas, en passant par l’éducation de Fabinho, le fils de la famille. Mais Val a une fille, Jessica, qui vient retrouver sa mère pour suivre des études. Son arrivée va boule-

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vous cloue dans votre fauteuil. Récompensé au Festival de Berlin, le film a également obtenu le Grand prix du jury au Festival international du film policier de Beaune. Sources : dossier de presse

Vincent, François, Paul… et les autres France/Italie - 1974 - 1h50, de Claude Sautet, avec M. Piccoli, Y. Montand, S. Reggiani…

Une bande de vieux copains se retrouvent régulièrement pour des repas enfumés, des discussions animées et des engueulades d’anthologie. La cinquantaine venue, s’ils sont installés socialement, ils traversent, néanmoins, une période de crise, sentimentale ou professionnelle… Cette histoire est emblématique du style Sautet des années 70 : un portrait de groupe, à la croisée des chemins, une réflexion sur le temps qui passe, une volonté de saisir au vol des moments de partage ou d’incompréhension. Comme dans la vie quoi ! IG

Whiplash

Valley Of Love France - 2015 - 1h31, de Guillaume Nicloux,

USA – 2014 – 1h47, de Damien Chazell, avec Miles Teller, J. K. Simmons…

avec Isabelle Huppert, Gérard Depardieu, Dan Warner…

À 19 ans Andrew est un talentueux batteur de jazz. Dans le conservatoire où il étudie, il rêve de rejoindre l’orchestre dirigé par Terence Fletcher, un professeur très exigeant et carrément féroce ! Malgré la concurrence, Andrew se fait repérer par le maître. Une quête vers l’excellence musicale s’amorce sous une mise en tension insupportable entre les deux hommes. Magnifiquement filmé et joué, Whiplash, multi-primé, nous soulève même de notre fauteuil avec une fin paroxystique. Génial ! RS

Isabelle et Gérard ont été mariés, il y a longtemps. Alors qu’ils ne se sont pas revus depuis des années, ils répondent tous les deux positivement à l’invitation de leur fils et se retrouvent, en Californie, dans la Vallée de la Mort. Ce rendez-vous, c’est d’ailleurs, un mort qui le leur donne : Michael s’est suicidé six mois auparavant ! Pourtant, malgré l’étrangeté de la situation, ils décident d’aller le retrouver… Sources : dossier de presse, lexpress.fr

Vice Versa

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While We’re Young USA – 2014 – 1h37, de Noah Baumbach,

Voir pages Jeune Public

avec Ben Stiller, Naomi Watts, Adam Driver…

Victoria Allemagne – 2015 – 2h18 – de Sebastian Schipper, avec Laia Costa, Frederick Lau, Franz Rogowski…

Berlin, cinq heures du matin. Sortie de boîte de nuit, Victoria, fraîchement arrivée de Madrid, rencontre par hasard quatre jeunes Allemands. Emportée par la musique, l’alcool, la drogue, l’adrénaline et la fureur de vivre, elle les suit toute la nuit, dans une virée qui va peu à peu tourner au cauchemar. Victoria est une formidable prouesse technique : tourné en une seule prise, ce long plan séquence capte au mieux l’urgence et le stress de ses personnages. Voilà un thriller énergique à la fois fascinant et captivant qui

La vie d’un couple de quarantenaires, Josh et Cornelia, se trouve secouée par la rencontre de Jamie et Darby, un couple plus jeune de vingt ans, libre et spontané. Alors que les plus âgés se sont enfermés dans la routine du quotidien, les plus jeunes leur font peu à peu découvrir une vie qu’ils ne connaissent plus, et n’ont finalement peut-être même jamais connue… Trois ans après le très beau Frances Ha, Noah Baumbach nous revient avec un film à nouveau centré sur les relations humaines, explorant cette fois le décalage qui peut exister entre deux générations, et ce que celuici peut révéler de nous. Sources : dossier de presse

Bon été ciné ! Des films de 20 pays différents…

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– Les CARNETS du STUDIO

n°336 – juillet & août 2015

Les CARNETS du STUDIO n°336 –

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À LA POURSUITE DE DEMAIN

Tout public à partir de 9 ans

Depuis toujours, les Minions sont au service de maîtres les plus méprisables. Partis à la recherche d’un nouveau maître très méchant, Kévin, Stuart et petit Bob trouveront Scarlet Overkill mais une menace les guette. Que vont-ils devenir?

USA – 2015 – 1h34, film d’animation en images de synthèse de Pete Docter.

Les émotions d’une petite fille sont incarnées par cinq personnages qui vivent à l’intérieur de son cerveau : Joie, Peur, Colère, Dégoût et Tristesse...

USA – 2015 – 2h10, de Brad Bird, avec George Clooney, Britt Robertson, Hugh Laurie...

Une adolescente brillante et un ancien inventeur veulent percer les secrets de Tomorrowland, un lieu situé quelque part entre le temps et l’espace...

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

Les nouvea utés de l’été

VO

VF

France – 1964 – 1h52, de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac, Jean Servais...

Les péripéties de Belmondo à Rio et dans tout le Brésil restent un des films d’aventures les plus inspirés du cinéma…

De belles

Tout public à partir de 7 ans

Une comédie à la fois tendre et déjantée.

À partir de 5 ans

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VF

Tout public à partir de 10 ans

reprises* Italie – 2015 – 30 mn, courts-métrages d’animation de Giulio Gianini.

France/Irlande/Belgique/Danemark/Luxembourg 2014 – 1h25, film d’animation de Tomm Moore. Tout public à partir de 8 ans

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Une aventure musicale pleine d’humour et de poésie.

Un film plein de douceur et de poésie, inspiré de Leo Lionni, idéal pour une première séance !

À partir de 3 ans

sans paroles

France/Belgique – 2015 – 1h30, de Christian de Vita. Tout public à partir de 6 ans

Tout public à partir de 8 ans

USA – 2014 – 1h40, film d’animation de Anthony Stacchi et Graham Annable.

Dans le monde souterrain de Cheesebridge un jeune orphelin doit sauver ses amis d’un dératiseur maléfique.

VF

Suède – 2015 – 47 mn, courts métrages d’animation de Per Ahlin, Lasse Persson et Alicja Björk Jaworski. À partir de 3 ans

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Un film parfait pour les tout-petits, crayonné dans un style naïf et doux par les auteurs de Laban le petit Fantôme.

Tout public à partir de 5 ans

sans paroles

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Gus, petit oiseau orphelin, devient malgré lui le chef de file d’une famille d’oiseaux migrateurs...

GB/France – 2015 – 1h25, film d’animation de Mark Burton, Richard Starzack, Richard Goleszowski.

Dernière réalisation des studios Aardman, après Wallace et Gromit, Chicken Run…

France/GB – 2014 – 1h35, de Paul King, avec Hugh Bonneville, Sally Hawkins… et la voix de Guillaume Gallienne.

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À partir de 6 ans

Jeune ours péruvien qui vient d’arriver à Londres, Paddington recherche un foyer et une vie meilleure…

USA – 2014 – 2h04, de Rob Marshall, avec Meryl Streep, Johnny Depp… Tout public à partir de 10 ans

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Relecture en chansons de célèbres contes... * Voir les Carnets JP ou le site des Studio.

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Rencontre

` DIVORCE À LA BELGE Alors que l’on ne connaît pas la date de sortie du film qu’il a réalisé autour de l’affaire de L’ Arche de Zoé, Les Chevaliers blancs, Joachim Lafosse (À perdre la raison) est déjà passé à un autre projet au titre étrange : L’Économie du couple. Le couple en question sera constitué de Bérénice Bejo et Roschdy Zem. Le terme « couple » n’étant pas le plus pertinent, puisque ces deux-là nous seront présentés alors qu’ils sont en train de procéder au partage de leurs biens, enfin... d’essayer. La chose se présente mal. Peu de chance qu’avec Joachim Lafosse, on assiste à une comédie. ` FAIRE LA BOMBE Bertrand Bonello, après les affres de la création avec Saint Laurent, va explorer un tout autre univers pour son septième long-métrage, Paris est une fête. Il ne s’agit point là d’une adaptation d’Hemingway, mais de l’histoire de jeunes gens de classes sociales différentes, devenus terroristes, qui vont se retrouver dans une même planque, après avoir dissimulé des bombes partout dans Paris. Vincent Rottiers (Renoir) et Finnegan Oldfield (Geronimo) donneront la réplique à de jeunes comédiens non professionnels. ` HISTOIRES DE FAMILLE Pour leur passage à la réalisation, les frères Renier, Yannick (acteur fétiche de Joachim Lafosse) et Jérémie (acteur fétiche, lui, des frères Dardenne) ont décidé de travailler en duo pour mettre en images l’histoire de… deux sœurs, dont l’une rêve de vivre la vie de l’autre. Les réalisateurs ont choisi Sara Forestier et Mélanie Thierry pour interpréter ces deux rôles, sur lesquels ils ont commencé à écrire et ils travaillent depuis six ans. Les Carnivores aura pour parrains Jean-Pierre et Luc Dardenne qui prennent en charge la production en compagnie d’Hugo Sélignac ; parrains qui serviront aussi de modèles pour la répartition des rôles sur le tournage selon Jérémie. ` LE CRI DE LA SOIE Comme pour Les Valseuses et Beau-Père, Bertrand Blier va procéder à l’adaptation d’un de ses romans, pour son retour au cinéma, cinq ans après Le Bruit des glaçons. Existe en blanc met en scène un serial-killer belge obsédé par les soutiens-gorge. Benoît Poelvoorde, Maïwenn, Anaïs Demoustier et Gregory Gadebois interpréteront cette partition à l’humour noir, noir comme Bertrand Blier en a longtemps été le maître. ` UNE AMÉRICAINE À PARIS Sils Maria aura été une expérience plus que positive pour Kristen Stewart : en effet, non seulement elle lui a permis de décrocher un César mais également de signer pour un nouveau film avec son réalisateur, Olivier Assayas. Personal Shopper racontera une histoire de fantômes dans le milieu de la mode. IG

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n°336 – juillet & août 2015

Vendredi 29 mai, Patrick Dumont et François Hébrard sont venus présenter leur film documentaire, un regard tendre sur le quotidien d’un hôpital de pédopsychiatrie, La Fondation Vallée à Gentilly, au sein d’un groupe d’enfants présentant des troubles mentaux.

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es (hélas) peu nombreux spectateurs l’ont senti d’emblée, les deux réalisateurs ont voulu qu’on puisse rencontrer ces enfants, en souffrance, avec le moins d’a priori possible. « On voulait que les spectateurs rencontrent les enfants comme on se rencontre ici ce soir, avec le plaisir de la découverte, tels qu’ils sont. » D’où la volonté de ne pas indiquer les fonctions des adultes qui vivent avec eux. De peu expliquer. Si ce n’est dans le bref historique rappelant la période asilaire où les enfants vivaient dans des conditions atroces, attachés à des chaises percées… Ce film a été tourné sur une longue période entre 2010 et 2014. Invités par le directeur à tourner un film sur l’histoire de l’institution avant sa restructuration, les réalisateurs se sont dit qu’il y avait autre chose à faire : « l’endroit nous submergeait, il y avait urgence à en faire quelque chose. On a choisi de ne pas avoir de plan, pas de point de vue, à ne pas écrire de scénario, à tourner empiriquement… Ce qui nous intéressait vraiment, c’était le lien entre les enfants et les gens qui s’en occupent. » Au fur et à mesure du projet, les images sont projetées au personnel qui a suivi à 100 %, les plus réticents étant gagnés par la bienveillance des images. « Il y a beaucoup qu’on n’a pas utilisé – il y a 90 heures de

rushes – mais on n’a rien caché. Il y a eu des scènes de violence très fortes que l’on ne voulait pas montrer. » Il n’y avait vraiment pas d’argent. « Comme j’ai été producteur pendant 40 ans, j’ai réuni un tout petit budget, de l’argent réinvesti d’autres projets. Mais c’est un film engagé. On a été emporté par les gens qu’on a filmés… » Pendant le montage, les réalisateurs ont utilisé des musiques anciennes de Louis Sclavis (l’une des figures phare du jazz contemporain). Mais celui-ci, excellente surprise, n’était pas content : il a décidé d’enregistrer de nouvelles compositions – la magnifique musique que l’on entend en poussant la porte d’Anna. Les spectateurs ont voulu connaître la réaction des pensionnaires quand ils ont vu le film. Bonne dans l’ensemble (mais l’effectif a changé à 30 %). Louise a conclu la projection en disant « C’est bien difficile ! ». L’échange s’est achevé sur des interrogations sans réponse : que deviennent-ils après avoir 18 ans ? Il faut que les familles trouvent un centre et il n’y a presque pas de centres pour adultes en France. Beaucoup vont en Belgique. C’était le sujet d’un film de Mariana Otero intitulé A ciel ouvert. Le sujet peut-être d’autres rencontres… DP

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À propos de La loi du marché

À propos de Titli

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e qui frappe dans le personnage de Thierry, c’est l’importance de la notion de limite, son refus de descendre en dessous du niveau de dignité minimale auquel tout être humain a droit. Très significative à cet égard la scène de marchandage serré avec les acquéreurs potentiels du mobil home qu’il se voit contraint de vendre. Descendre sous le prix fixé soit, mais pas en dessous d’un seuil qui mène à la sous-estimation, à l’humiliation. Plutôt ne pas vendre. Même chose à la fin : plutôt quitter son emploi que continuer à s’avilir dans un travail moralement insupportable. On ne saura pas si le mobil home a été finalement vendu, ni si Thierry retrouvera un emploi parce que l’essentiel est ailleurs, non pas dans le sort individuel d’un personnage de fiction mais dans la description d’une machine à broyer les plus fragiles. Le terrible dans ce tableau de notre société est qu’il n’est pas manichéen. Pas de gros vilain capitaliste à cigare encarté au FN mais des salariés obligés d’écraser d’autres salariés pour continuer à être salariés… Le cercle vicieux parfait.

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Le début du film pouvait laisser craindre un misérabilisme facile avec parents modèles, enfant handicapé et vie déprimante entre stages inutiles et entretiens d’embauche qui n’entretiennent que l’amertume. Mais très vite se dégage l’essentiel : le portrait d’un résistant soucieux de rester au-dessus de la ligne de partage entre l’acceptable et l’inacceptable, de préférer la non-réussite à l’avilissement. Ce n’est probablement pas un hasard si la profession qu’on voit Thierry exercer est celle de vigile, c’est-à-dire de veilleur, d’observateur, de gardien aussi : il regarde « l’horreur économique » en face et en même temps conserve de dignité ce qui peut encore l’être. Vincent Lindon incarne un personnage moins romanesque que celui — vigile lui aussi dans un hypermarché ! — d’Olivier Gourmet dans Jamais de la vie. D’un destin individuel sur fond de réalité sociale dans le film de Pierre Jolivet on passe à la réalité sociale vue et jugée par un individu. En tout cas l’un comme l’autre, perdants magnifiques, veulent rester au-dessus. Blocs massifs, inentamés, ils incarnent, avec une modestie têtue, des points d’ancrage forts face aux dérives implacables et cruelles de la loi du marché. AW

Le (pas vraiment) bon, la brute et le (petit) truand

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ichel Tournier soutenait que les sociétés développaient souvent des philosophies en contradiction avec leur nature réelle. Il prenait pour exemple l’Inde avec son idéal de non-violence alors que la réalité quotidienne du sous-continent est d’une extrême violence sociale (avec le système des castes) à laquelle s’ajoutent les violences religieuses et celles faites aux femmes. Même si l’Inde est le principal producteur mondial de films*, peu de ses fictions parviennent jusqu’à nous. Celles de Satyajit Ray semblent désormais lointaines et celles produites en masse à Bollywood trop radicalement codifiées autour de scènes musicales chorégraphiées pour retenir notre attention de spectateur occidental. L’an passé, nous avions pu découvrir avec plaisir Ugly de Anurag Kashyap, un polar glaçant, et Lunchbox de Ritesh Batra, une agréable comédie romantique, mais l’un et l’autre laissaient percevoir l’ultra moderne solitude des grands ensembles où vivent les citoyens de la puissance économique émergente… Le premier film de Kanu Behl, chronique indienne décoiffante, porte le prénom du benjamin d’une fratrie de pieds nickelés qui vivotent de petits crimes entre frangins dans un quartier minable, sans être totalement misérable, de Delhi. De sa mère morte à sa naissance, le héros n’a conservé que le prénom, féminin, et qui signifie « papillon ». Titli a un rêve : échapper à son quotidien affreux, sale et méchant, en devenant le propriétaire d’un parking dans un immeuble en chantier. Mais, après une suite de déconvenues pathétiques, le pauvre Titli se retrouve marié de force par ses brutes de frères à la belle et méprisante

Neehlu, qui n’accepte l’arrangement qu’en attendant le divorce annoncé de son bel et riche entrepreneur d’amant. Pendant toute la première partie du film, on ne peut que compatir avec le gentil jeune homme que la caméra suit pas à pas, et qui tente de rester humain dans sa famille de fous, allant d’humiliations en renoncements, en tête à tête avec sa femme qui se refuse et le méprise ouvertement. Progressivement on se rend compte que, au milieu de ce monde féroce et sans morale où il se débat (les plus rapaces étant les membres de la police), il est capable de devenir froid et calculateur. Capable de mentir à sa femme pour lui voler ses économies tout en l’abandonnant à son destin de femme perdue maintenant qu’il sait que son amant ne divorcera jamais pour ses beaux yeux. Pourtant, alors qu’il devient enfin le propriétaire de ce rêve en béton armé, viatique pour une vie meilleure, il s’écroule sur le sol du parking et se met à vomir. Son passé. La violence implacable dans laquelle il baigne depuis son enfance. Ce qu’il est en train de devenir. De ce film noir, on ressort avec une curieuse image en tête : Neehlu et Titli sur sa moto, le visage fermé, regardant chacun dans une direction différente, mais en route malgré tout vers un avenir peut-être pas totalement désespéré. DP * Bollywwod : 1 091 films – Nollywwod (Nigéria) : 872 films (vidéo) – États-Unis : 485 films – Japon : 417 films – Chine : 330 films – France : 203 films (statistiques de 2009). Cependant les films hollywoodiens font le plus d’entrées, donc de recettes mondialement.

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Les rédacteurs ont vu :

LA TÊTE HAUTE de Emmanuelle Bercot

On n’entend que des éloges de ce film. Il faut donc bien qu’il y ait au moins un olibrius pour faire exception à la règle. J’assume : cette 112e histoire d’enfant sauvage qui finit par plier devant tant d’amour m’apparaît aussi répétitive qu’artificielle. Avoir La Tête haute c’est bien, mais ça n’implique pas nécessairement que le spectateur ait le front bas... AW Un petit peu trop optimiste, cette histoire qui tendrait à nous faire croire que l’on peut toujours espérer le meilleur... Remarquez, l’optimisme, on en a bien besoin... ER Le film est émotionnellement fort. Un bémol pourtant : était-il vraiment

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nécessaire d’affubler Sara Forestier d’une telle prothèse dentaire ? Est-ce que ça la rend plus crédible ? Pas sûr. JF Le parcours de Malony, sans repère, sans affection et dévoré de violence, est dicté par la haine, jusqu’à ce qu’il accepte enfin d’être touché. C’est dans une magnifique scène d’amour avec Tess, qu’il lâche en effet prise pour la première fois. En découvrant la tendresse, il se résout à accepter le contact, à serrer les mains qu’on lui tend même si c’est celle d’une juge. SB De Dunkerque à la Drôme, le parcours dure 10 ans, avec de brusques embardées, des tonneaux et quelques sorties de route et pourtant, on a l’im-

pression paradoxale que tout s’est joué dans le huis clos du bureau de la juge pour enfants, entre l’impressionnante Catherine Deneuve et le stupéfiant Rod Paradot. DP Un film social en ouverture au festival de Cannes, étonnant ! Un scénario d’Emmanuelle Bercot crédible, sur l’errance d’un jeune délinquant pendant 10 ans, de centres de détention en tentatives de réinsertion. Authenticité renforcée par le choix du jeune acteur, Rod Paradot, recruté dans un lycée professionnel, où il briguait un CAP de menuiserie. L’éducateur, joué par Benoît Magimel, est également formidable. En revanche, ce qui l’est moins, c’est la longueur du film, son

issue, la répétition des scènes de pétage de plombs et le jeu marmoréen de Catherine Deneuve : des contrastes vrai-faux qui amenuisent la portée du film. CP Des mains qui se lèvent vers le ciel, impuissantes, des mains qui se muent en poings, des mains qui se tendent, se touchent, des mains qui se dénouent enfin, des mains qui frappent, des mains qui protègent… Des mains, mais on aurait autant à écrire sur les yeux, les visages filmés par Emmanuelle Bercot : sa caméra embrasse l’humain dans tous ses détails, sans négliger aucun des interprètes, tous d’une intensité et d’une vérité bouleversantes. Un très grand film assurément. IG

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Interférences Jack Refugiado La Tête haute

Enfants à cran à l’écran M

atias, 8 ans, vit à Buenos Aires. Jack, 12 ans, vit à Berlin. À la fin d’un anniversaire, Matias attend longuement sa mère qui ne vient pas le chercher. L’a-t-elle oublié ? Très tard, lassé d’attendre, on le reconduit chez lui... où sa mère gît sur le sol, inconsciente, une nouvelle fois battue par son mari. Commence pour la mère et le fils une véritable course-poursuite dans le labyrinthe d’une ville inquiétante parce que filmée comme dans un thriller. Une ville dangereuse parce qu’il les cherche. Pour se faire pardonner ? Pour se venger ? Qui sait ? L’excellente idée du réalisateur est de ne jamais le montrer, forme floue aperçue au détour d’un couloir, voix obsédante au téléphone. Ombre portée d’une violence aveugle. Jack, lui aussi, attend souvent sa mère. Parce qu’elle les a oubliés, lui et son petit frère Manuel. Parce qu’elle fait la fête. Parce qu’elle est, de nouveau, amoureuse. Les deux garçons n’ont pas le même père et, de fait, pas de père du tout. Les hommes qu’ils croisent, ce sont les petits copains d’un jour de leur fofolle de mère. Garçon grandi trop vite, Jack fait tout ce qu’il peut pour tenir à bout de bras une famille qui part en vrille.

Seule solution pour Matias et sa mère, fuir. La peur au ventre. D’abord recueillis dans un refuge pour femmes battues, un havre accueillant, vaste bâtiment décrépi que le petit garçon réinvente avec une petite copine, en jouant à se faire peur, puisque dans les jeux enfantins on peut se faire peur sans se mettre réellement en danger. Jack lui aussi finit dans un foyer que lui

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aussi explore, un vaste jardin un peu sauvage, une maison abandonnée. Malgré l’absence de sa mère et de son frère, tout irait à peu près bien si Jack ne devenait le souffre-douleur d’un garçon cruel bien plus abîmé que lui. Une seule solution, fuir ! D’hôtels en hôtels pour Matias et sa mère qui se sentent traqués dans la ville enténébrée. Après avoir frappé son agresseur, Jack fait le mur pour retrouver son petit frère. Le cocon de l’appartement familial. Mais sa mère a disparu. Commence pour Jack et Manuel une errance angoissante dans la jungle froide de la grande ville où il faut trouver à manger et où dormir. Les adultes sont indifférents. Ou brutaux. Et il faut échapper à la police et aux services sociaux. Retrouver la clé de l’appartement, le sésame d’un monde équilibré, avec des repères et des certitudes. Pour Matias, la cavale s’achèvera hors de la ville, dans l’étrange cabane sur pilotis d’une grand-mère qu’il ne connaît pas. Dans ce havre de paix du delta du Paraná, c’est lui qui saura mettre un terme à cette fuite en avant… en jetant dans les marais le portable de sa mère qui les rattache à un passé insupportablement douloureux. À Berlin, une nuit, à bout de souffle, les deux enfants retrouvent leur mère. Insouciante. Heureuse d’avoir trouvé l’homme de ses rêves. Pour Jack, tout s’écroule lorsqu’elle lui demandera : « Et vous, qu’avez-vous fait ? » Au petit matin, il emmènera son petit frère jusqu’au foyer qu’il avait fui. L’ultime recours.

Malony, le héros écorché vif de La Tête haute n’a pas lui non plus de père. Ou des pères de substitution, une juge pour enfant et des éducateurs. Tout semble se jouer dès la première scène où sa mère, totalement hystérique, hurle qu’elle n’en peut/veut plus de cet enfant impossible. Qu’elle le leur laisse volontiers. Avant de se carapater alors que le petit enfant, étrangement calme, ne quitte pas des yeux la juge. Avec ce regard froid, distant et à la fois empli d’un profond désarroi, qui ne le quittera pas pendant des années. Parcours d’un enfant perdu. D’incivilités en provocations. De mises à l’épreuve en placements en foyer. Jusqu’à la prison. De crises en résolutions jamais tenues, pas vraiment tenables. Lui aussi, comme Jack, veut s’occuper de son petit frère, rêve de pouvoir vivre avec une mère qui ne soit pas une adolescente complètement immature, dépassée par la vie qu’elle subit comme elle peut. Comme Matias, il veut échapper à la violence mais c’est de sa propre violence qu’il doit apprendre à se guérir. À se guérir de luimême. De l’image désastreuse qu’il porte sur lui. Dans ce film coup de poing, le spectateur est-il pris, comme souvent quand on filme les enfants, petits ou grands, dans le piège

tendu par l’émotion ? En tout cas, les critiques sont aux antipodes : « Un vibrant hommage aux juges pour enfants. Un film courageux et utile.1 » « À l’heure où la répression et la sévérité toujours plus forte sont réclamées à l’encontre de la délinquance juvénile, elle répond sans angélisme par un subversif appel à davantage d’amour.2 » « Un mélo fataliste – plaidoyer pour l’enfance » mais dont le but est de « faire rentrer dans l’ordre celui qui en était exclu. 3 Le film laisse « un sentiment dominant de Pialat lyophilisé, de diet Kechiche, de Dardenne de contrefaçon.4 » « Ambigu et bruyant, (le film) multiplie les clichés pour imposer un discours normatif. » « porté par une vision très traditionnelle du monde, quelque chose de foncièrement sarkozyste 5 » ! Des critiques ont aussi reproché au film l’invraisemblance angélique de son finale. Mais le happy end est-il si certain ? Si les bonnes fées scénaristiques peuvent persuader le spectateur que Malony va s’en sortir en devenant, à 17 ans, le père qu’il n’a pas pu avoir, l’implacable réalité de la reproduction sociale aurait tendance, hélas, à convaincre du contraire. DP 1 Le Nouvel Observateur, 2 L’Humanité, 3 Les Inrocks, 4 Le Monde, 5 Libération.

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Interférences Taxi Téhéran Crosswind Les Nouveaux sauvages Un pigeon perché…

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ors de sa venue à la bibliothèque des Studio le 10 avril, le scénariste et romancier Patrick Laurent a évoqué la « loi de condensation » qui impose au scénariste de trouver les moyens, pour ne pas dire les artifices, de « faire tenir une vie en deux heures ». Parmi les films programmés au Studio ces derniers temps on remarque pourtant un nombre croissant d’œuvres majeures qui prennent résolument le parti inverse : celui de la discontinuité, de la fragmentation, de l’éclatement même parfois, ignorant ou rejetant cette fameuse « loi de condensation ».

Les Nouveaux sauvages de Damian Szifron sont peut-être ce qui se rapproche le plus de ce qui se faisait jadis dans ce qu’on appelait les films à sketches : l’équivalent cinématographique de nouvelles, de longueur variable, autour d’un thème spécifié par le titre et d’un registre commun, ici l’humour noir. Dans son genre Les Nouveaux sauvages nous offrent un grand moment de jubilation devant l’inventivité et la férocité de la caricature. Aucune de ces histoires n’aurait pu être étirée jusqu’au long métrage. Ensemble elles composent un impitoyable tableau psychologique et sociologique à facettes multiples.

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Taxi Téhéran, de Jafar Pahani, s’appuie sur le même parti pris kaléidoscopique mais avec un fil conducteur plus explicite. Petit à petit se construit ici, au bout de saynètes apparemment disparates, l’image de toute une société fermée, coincée, mais débrouillarde et vivante. Et même si à la fin le pouvoir politique réussit à étouffer ce ferment de liberté, on sent bien qu’à plus ou moins long terme, la chape de plomb ne pourra que sauter. Là aussi la multiplicité des micro-récits fonde le tableau global d’une société qui se cherche. Ces fragments épars dégagent ensemble un tenace parfum d’espoir. Avec Crosswind, de Martti Helde, le contraste est total. Discontinuité et fragmentation participent d’une réflexion et d’un choix d’une radicalité assumée. On ne peut plus parler de sketches ou de saynètes car l’ensemble des tableaux, pourtant bien distincts les uns des autres, construit une histoire unifiée par d’étonnants mouvements de caméra et une bande son d’une rare justesse. L’humour trash des Nouveaux sauvages et celui ironique de Taxi Téhéran laissent la place à une atmosphère puissamment dramatique. La discontinuité des tableaux magnifie la force de l’émotion

plutôt que la chronologie de la narration. Ce film exceptionnel, dans les deux sens du terme, marquera l’histoire du cinéma. Dernier en date à passer au Studio : Un Pigeon perché sur une branche philosophait sur l’existence, de Roy Andersson. Œuvre étrange entremêlant plusieurs histoires apparemment décousues, miroir d’une société éclatée où des personnages falots vont d’échecs en échecs, de rendezvous ratés en batailles perdues. On se retrouve face à un vrai zapping où s’entrechoquent dans la plus parfaite irrationalité lieux et époques, thèmes et personnages, dans une représentation d’un réel fragmenté, par essence absurde. Les deux personnages principaux, vendeurs moroses et pathétiques de farces et attrapes, réincarnent à leur manière l’humour métaphysique et glacé de Samuel Beckett. Il faut les voir, toujours inexpressifs, impassibles, s’affubler cérémonieusement de ridicules dents de vampire ou d’un improbable masque en caoutchouc de Pépé l’édenté et faire couiner un sac à rires, seuls articles qu’ils essaient de placer dans des boutiques minables ! À chaque fois ils remballent soigneusement leur attirail et repartent, raidis dans leur dignité, sans avoir rien vendu.

Cette désolante scène, comique de par sa récurrence, n’a d’autre point commun avec les autres qu’une cohérence visuelle certaine (plans séquences fixes, couleurs fades, cadrages et profondeur de champ) et une représentation ironique, à la fois négative et gaie, de l’autoproclamé homo sapiens (titre de la dernière partie). Ces quatre films récents — nous aurions pu citer également Réalité de Quentin Dupieux, sans parler de films à venir comme Les Terrasses de Merzak Allouache et Ladygrey d’Alain Choquart — font le choix d’une narration discontinue et c’est visiblement tout sauf une solution de facilité. Qu’il s’agisse de témoigner ou de dénoncer, de faire rire ou d’émouvoir, la cohérence organique de ce qu’on est convenu d’appeler le fond et la forme est évidente. Là où la condensation nécessairement rationalise et simplifie, la fragmentation reflète au contraire un monde de plus en plus difficile à déchiffrer et à maîtriser. Et même si ces oeuvres ne sont certes pas les premières à assumer ce choix esthétique et narratif, on peut imaginer qu’iront en se multipliant les films qui renoncent à « faire tenir une vie en deux heures » et à donner une image artificiellement rationnelle et linéaire d’un monde de plus en plus complexe, parfois jusqu’à l’absurde. AW

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Interférences Taxi Téhéran Une femme iranienne

viennent ces deux films dans lesquels la voiture est la condition sine qua non d’une prise de liberté. Et c’est peut-être là que Taxi Téhéran et Une femme iranienne diffèrent le plus...

Taxi girl ? Taxi boy ?

U

ne amusante coïncidence veut que les deux derniers films iraniens sortis sur nos écrans utilisent tous deux une même situation, les trajets d’un taxi dans Téhéran. On a aura peut-être reconnu (autre hasard !) les deux derniers Films du mois des Studio : Taxi Téhéran (J. Panahi) et Une femme iranienne (N. Azarbayjani). Mais, outre le fait que quatre années séparent le tournage des deux films (Une femme iranienne date de 2011), le parallèle entre les deux œuvres s’arrête à peu près là : le premier film ne nous permet jamais de sortir du taxi (sauf, par procuration, lorsque la caméra s’attache à une scène se déroulant sur le trottoir par exemple), dans le second, le taxi est avant tout un prétexte à favoriser les rencontres ou, mieux, un vecteur permettant à l’héroïne (et, partant, au spectateur) de se déplacer en différents endroits. Le plus intéressant demeure peut-être

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toutefois les rapports différents que ces deux véhicules entretiennent avec la liberté. La société occidentale s’est évertuée depuis plusieurs décennies à nous présenter la voiture comme un facteur essentiel de liberté individuelle (et les groupes de défense des conducteurs de voitures qui vont trop vite et polluent trop ne cessent de mettre cet argument en avant chaque fois qu’une mesure de sécurité supplémentaire vient restreindre leur droit à renverser les piétons ou fracasser leur tas de tôle contre un platane qui ne demandait rien). Bien entendu, cette liberté apparente n’est que de pure forme et elle masque si habilement une telle aliénation qu’il est parfois difficile d’en prendre la mesure ou tout simplement de la voir.

Dans le premier, le véhicule est avant tout la métaphore de la liberté que reconquiert le cinéaste devenu chauffeur de taxi : après avoir été assigné à résidence et alors qu’il est toujours interdit de tournage, J. Panahi, à la fois metteur en scène et protagoniste principal, fait semblant d’être devenu chauffeur ; sa voiture est alors, littéralement, le véhicule d’une liberté en cours de reconquête, liberté qu’il met en œuvre sous la forme d’un (nouveau) pied de nez aux autorités. Il en va tout autrement pour Rana, l’héroïne de Une femme iranienne ; son mari ayant été emprisonné, les revenus viennent à manquer et elle « fait le taxi » pour, en premier lieu, payer les traites... de la voiture (sorte de serpent qui se mord la queue!) puis, dans un second temps, faire bouillir la marmite familiale. Mais deux détails viennent vite changer la donne : d’abord, le véhicule devient l’enjeu même de la liberté. Il est en effet si peu admissible qu’une femme mariée conduise un

taxi qu’il lui faut sans cesse ruser pour justifier ses sorties et déplacements. Puis, très vite, la voiture devient concrètement le vecteur de deux libertés. La première est celle d’Adineh : jeune femme voulant enfin devenir l’homme qu’elle s’est toujours sentie être, elle fuit sa famille, fuit les importuns qui la draguent et c’est le taxi de Rana qui la sauve et lui offre cette liberté. Mais cette rencontre fortuite va forcer Rana vers une nouvelle liberté, si tel paradoxe est permis. En faisant la connaissance d’Adineh, Rana va en effet découvrir que d’autres rapports au corps sont possibles, des rapports radicalement différents de tout ce qu’elle pouvait imaginer auparavant. Comment peut-on « être une femme » tout en sachant qu’on ne l’est pas ? C’est alors tout un système de pensée qui va se trouver ébranlé, fissuré... En découvrant cette altérité radicale, Rana va entrer dans un nouveau territoire et se trouver ainsi mentalement et psychologiquement transportée vers un monde qui lui était insoupçonnable, un monde où ce qui est en jeu n’est plus seulement la liberté de mouvement, de paroles et de pensée, mais, tout bonnement, la liberté d’être... ER

Il est donc assez amusant de constater que, à l’heure où cette aliénation automobile commence à se faire sentir en Occident, ce soit d’un pays où les libertés individuelles ne sont pas le maître mot que

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À propos de Partisan

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hoisir un bon sujet. Ici, dans une société post-apocalyptique indéterminée, une petite communauté survit, composée d’un seul homme, un mâle, un vrai de vrai puisqu’il s’agit de Vincent Cassel, entouré d’une petite cour de femmes qu’il convainc on ne sait trop avec quels arguments de le rejoindre avec leurs nouveaux-nés dans l’espèce de communauté qu’il dirige. On apprendra plus tard qu’il entraîne les petits à devenir des tueurs qui exécutent des contrats commandités de l’extérieur. Aucune des mamans n’y trouve quoi que ce soit à redire.

Jusqu’ici tout va bien. On se dirige vers une dystopie plus ou moins spectaculaire qui va révéler la face obscure des humains, le fond de barbarie qui ne demande qu’à resurgir quand les circonstances le permettent. Le thème n’est pas nouveau mais, bien traité, il peut donner lieu à un film intense et percutant. Objectif banal et paresseux ! Faire foirer le projet, voilà qui a autrement plus de panache ! C’est exactement le défi qu’Ariel Kleiman se propose de relever. Il nous livre ici quelques-unes de ses recettes. D’abord choisir pour le rôle principal un acteur bankable, si possible une gueule plutôt qu’un bon comédien. Vincent Cassel n’est pas un mauvais comédien mais son registre est limité. Il est censé incarner

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Gregori mais on ne voit qu’un Vincent Cassel jouant les Vincent Cassel : Gregori n’existe pas à l’écran. Excellente erreur de casting. Ensuite imposer au spectateur une musique futuro-mystérieuse à base de nappes de synthétiseur très seventies et de chœurs séraphiques, à combiner avec des ralentis dont on ne doit si possible jamais sentir l’utilité. Autrement dit privilégier l’emphase, l’épate-couillons, l’inadéquation. Le titre. Problème toujours ardu : il doit créer la curiosité, susciter le désir mais en même temps laisser intact le mystère de ce qu’il recouvre. Avec Partisan nous avons un coup de maître. On pense peutêtre aux FTP de la Seconde Guerre mondiale ou au célèbre partisan italien de la chanson Bella ciao. En tous cas la connotation est liée aux actes héroïques de la résistance, de la guérilla contre l’agresseur. Quid dans ce film ? Rien. Le titre est une petite arnaque. Encore un bon point dans l’entreprise de ratage. Mais quand même on se dit qu’on ne risque pas de s’ennuyer avec un sujet aussi cinégénique. On pense tout de suite au Dernier Combat de Luc Besson (à l’époque où il faisait de bons films), à La Route de John Hillcoat (d’après le roman de Cormac McCarthy) ou même à Mad

Max de George Miller et on se dit qu’au moins ça va péter dans tous les coins et qu’on va s’en prendre plein les mirettes. C’est sans compter sur un montage mou, un rythme asthmatique qui fait naître rapidement l’ennui. Encore une très bonne pioche.

ment déglingué, barbare, mortifère. Il est à la fois mari de ces dames, père, confesseur, instit, éducateur, gourou, chef incontesté, gentil organisateur aimant et aimé. Faire d’une ordure un héros peut être génial mais peut aussi être incohérent. Ariel Kleiman n’est pas un génie.

Mais arrivons-en à l’essentiel. Pour bien saboter un film qui part d’une bonne idée, rien de tel que de se planter dans la cohérence interne du récit. C’est le must. Plusieurs méthodes pour arriver à ses fins. Celle qu’Ariel Kleiman a choisie montre une grande virtuosité. Son idée est à la fois simple et originale, elle consiste à raconter une histoire horrible comme s’il s’agissait d’une partie de ballon prisonnier entre enfants sages et enfants modèles, toute forme de second degré étant évidemment exclue. Petits garçons et petites filles sont mignons tout plein, les mamans bien propres sur elles et le criminel cynique joué par Cassel prend toutes les allures d’un mono bienveillant et d’un lettré aux méthodes pédagogiques avancées. Jamais un coup de gueule, jamais un gros mot, jamais un geste déplacé : tout dans la patience, l’explication, la concertation. Langage châtié et bonnes manières règnent en maîtres dans cet improbable univers prétendu-

Mieux encore : certes on échappe aux effets spéciaux cache-misère, mais de là à ne rien voir !... Car il n’y a dans ce film à proprement parler presque rien à voir. Les seules scènes qui auraient pu présenter un intérêt, ne serait-ce que visuel, sont esquivées. Manque de moyens probablement mais le résultat est que sont très peu représentés les moments clés de l’action, ils sont simplement rapportés dans des conversations quasi mondaines. On touche là à un sommet dans l’art du ratage : choisir un sujet a priori spectaculaire et l’édulcorer complètement par une mise en scène chochotte et riquiqui. Le pire c’est la fin : le drame apocalyptique se résout en fin de compte en un minuscule conflit, naïvement oedipien, psychologisant faute de mieux. Et voilà comment à partir d’un pitch intéressant on tricote un film mou jusqu’à l’inconsistance. Bel exemple de ratage réussi, à montrer dans les écoles. AW

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Face à face 3 souvenirs de jeunesse

Face à face

Comment je vais me disputer avec les fans de Desplechin (mais sans parler de ma vie sexuelle)

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rois souvenirs de ma jeunesse, de Arnaud Desplechin, fait une manière d’unanimité dans la critique qui en salue le caractère romanesque, truffaldien et que sais-je encore... Disons-le tout de suite, je n’ai pas d’avis arrêté sur le cinéma de A. Desplechin qui m’a parfois irrité (La Sentinelle), parfois emballé (Rois et reine), parfois séduit (Jimmy P.) et parfois laissé indifférent au point que je ne suis plus sûr d’avoir vu certains de ses films (La Forêt ?)… On lui reproche de temps à autre de faire un cinéma un poil nombriliste, un cinéma trop français (reproche qui peut irriter, reprocherait-on à un cinéaste indien de faire des films trop indiens ? à un britannique de faire des films trop britanniques (ou anglais ?)) et ces reproches me semblent souvent assez infondés tant il y a peu de points communs entre le torrentiel Rois et reine et le quasi-minimalisme de La Sentinelle, pour ne citer que deux exemples et tant Jimmy P. n’a vraiment que très peu à voir avec la France de toute façon... Trois souvenirs de ma jeunesse se passe en grande partie à Roubaix, ce qui devrait désamorcer quelque peu l’accusation de parisianisme... Mais, pourtant, cette chronique personnelle délibérément ultra-subjective m’a passablement irrité et ce, principalement et paradoxalement, en raison de ses qualités propres. Le film est divisé en trois volets d’inégales durées, le premier, assez dramatique, relate des souvenirs d’enfance liés à sa mère, le second, traité presque sur le mode du polar ou du film d’espionnage, nous explique comment le personnage principal a mis à profit un voyage en URSS pour aider des refuznik à quitter le pays et le troisième – hélas, de loin

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le plus long – nous explique comment il a été amoureux d’une fille un peu compliquée, comment ils se sont séparés, perdus de vue etc... etc. On pourrait discuter de la pertinence de ce découpage (la troisième partie est aussi longue que les deux autres réunies et semble durer le double...), de la force ou de la faiblesse de telle technique (éreintantes voix off systématiques et regards caméra du personnage qui « s’adresse directement à nous... »), du talent (ou absence de) de tel ou tel acteur/actrice... Mais la principale frustration qui m’a saisi à la projection est celle du sentiment d’un scénario qui nous tend de jolies perches pour, ensuite, n’en plus rien faire... Quelques exemples : l’une des premières scènes du film nous montre Paul, enfant, qui menace sa mère d’un couteau... une très intéressante ambiguïté nous saisit alors : lequel des deux est fou ? Mais, las, on comprend très vite que c’est la mère (que d’ailleurs nous ne reverrons plus jamais) et l’affaire est pliée... Plus loin encore s’esquisse une très alléchante possibilité de quasi-fantastique lorsque l’on apprend que l’un des refuznik à qui il avait donné son passeport a continué à vivre sous son identité puis a fini par mourir, de sorte que l’administration ne sait plus bien si Paul est vivant ou mort... Mais, là aussi, tout cela reste à peine esquissé... et nous donne la cruelle impression que Desplechin se fiche un peu de la plupart de ses personnages (intéressants) pour se concentrer sur celui (assez pénible, somme toute) de la mignonne Esther, amoureuse adolescente de Paul mais dont le sourire et les grimaces répétitives peuvent lasser... Hélas, il était une fois un film que j’aurais aimé aimer... ER

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rois souvenirs de ma jeunesse est un film passionnant qui nous plonge dans la genèse de l’œuvre de son auteur, nous éclaire sur celle-ci et sur les personnages qui la composent. La formule « Je me souviens », qui l’ouvre, agit comme un véritable sésame et nous entraîne dans un labyrinthe mental (le héros ne s’appelle pas Dédalus pour rien). Dans ce récit d’apprentissage très romanesque, on va découvrir comment Paul Dédalus s’est construit grâce aux trois parties du film, Enfance/Russie/Esther. Trois chapitres très distincts mais, malgré leurs différentes longueurs, pas moins importants les uns que les autres. Les souvenirs ne sont pas forcément rationnels, ils ne prennent pas tous la même place dans notre mémoire. La construction de Trois souvenirs de ma jeunesse n’est pas, contrairement à ce que l’on pourrait croire, déséquilibrée, elle suit simplement la pensée de son personnage. Et si Esther, la dernière partie, est la plus longue, c’est peut-être parce qu’elle a énormément marqué Paul, mais aussi, sans doute, parce qu’elle est celle qui s’étale sur plusieurs années. Trois souvenirs de ma jeunesse est l’histoire d’une (re)naissance, qui passe à travers des épreuves, celles que Paul devra franchir pour devenir un homme, pour arriver à exister par lui-même. L’épilogue nous le montrera enfin capable de dire ce qu’il pense, d’exprimer sa colère. Paul est un personnage complexe. Il ne connaît pas la douleur, « Mon père me battait et je ne sentais rien », ce qu’il répétera, après s’être lui-même blessé pour simuler une agression et pouvoir justifier de la perte de son passeport ; et après avoir été agressé par les trois maris d’Esther. Il n’a jamais aimé sa mère et son apparente froideur face

au suicide de celle-ci est troublante. Il n’a jamais eu que des rapports distants avec son père, même si tous deux ont en commun de ne jamais s’être remis de la perte d’un amour. Il est mort symboliquement en donnant son identité à un autre, « Ainsi vous étiez mort et vous voilà en vie » lui dit la police. À dix-neuf ans il a déjà vécu une hospitalisation de trois mois dans une clinique pour « Une crise de désespoir » et est capable de déclarer, « Je regarde la fin de mon enfance ». Les sentiments, dans Trois souvenirs de ma jeunesse, sont tout sauf douceâtres. Arnaud Desplechin fait preuve d’une véritable ambition artistique tant dans le fond que dans la forme. Mais il reste toujours dans le sensible, l’apparente légèreté. On a le plaisir de retrouver un univers déjà aimé dans ses autres films. Les références littéraires, Suis-je le gardien de mon frère ? de John Edgar Wideman, ou cinématographiques, Les Deux Anglaises et le continent de François Truffaut, ne sont jamais plombantes. On croise des personnages de certains de ses autres films, ceux de Comment je me suis disputé ou de Un conte de noël, et des figures inoubliables, comme celle de la professeure d’anthropologie qui n’est pas sans rappeler la psychanalyste de Rois et reines. Et puis, surtout, Arnaud Desplechin sait créer des moments de grâce. Un seul, peutêtre le plus beau, celui, en apesanteur, ou après une fête Paul raccompagne Esther. C’est l’aube, le moment est feutré, on le sent propice aux confidences. Le soleil se lève et transforme les murs de brique des maisons de Roubaix en un cadre magnifique. Un écrin qui permet l’éclosion d’un amour. Somptueux. JF

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À propos de L’Ombre des femmes

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imanche 31 Mai, 15h55, froid, pluie, déjeuner de fête des mères estompé, quel film aux Studio de Tours ? Pourquoi pas L’Ombre des femmes, 1h13 d’histoire intimiste à la française, commise par Philippe Garrel, spécialiste du genre, de surcroît en noir et blanc et présenté en ouverture de la Quinzaine des réalisateurs au festival de Cannes 2015. Ennuyeux ? peut-être, sur le « t’aime » archi rebattu du couple en perte de désir, le ranimant ailleurs, à l’insu de l’autre, jusqu’à ce que… Enfin, avec Jean-Claude Carrière au générique, ancien scénariste de Luis Bunuel et de Peter Brook, plus deux bons acteurs à la carrière discrète et une bande-son de Jean-Louis Aubert, cela ne peut pas être totalement insipide ? Certes ! Car il s’avère que le sujet est ailleurs, bien plus lourd que le récit de banales infidélités au sein d’un couple. Manon et Pierre, très fusionnels, tournent ensemble des documentaires dont la notoriété et le rapport financier laissent à désirer, même si Manon croit ferme-

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ment au talent de son mari, comme elle l’exprime devant sa mère, dubitative. En l’occurrence, ils commencent une série d’entretiens chez un vieux monsieur, héros de la Résistance, en principe. Peu de questions, le silence de Pierre incite le vieillard à raconter ce que ses propres enfants ne savent pas, tandis que sa femme se tait, reste… dans son ombre et sert des petits gâteaux faits maison. C’est dire que l’on risque de patauger dans les poncifs liés à la Seconde Guerre mondiale et l’on ne voit guère ce que ce énième documentaire pourrait bien apporter au septième art et au couple ! D’autant plus que, pour rester dans les clichés, Pierre séduit rapidement une jeune stagiaire, très consentante, à laquelle il signifie, sans états d’âme, qu’il est marié et, plus tard, qu’il n’en veut qu’à son joli corps. Mais ce n’est pas tout, la maîtresse, un peu chiffonnée par la muflerie certaine de son partenaire, au hasard de ses déambulations dans un Paris désert, aperçoit deux fois Manon, dans le même bistrot vide, en compagnie de son amant. Son

grand cœur l’incite alors à faire part de sa découverte à Pierre, ce qui rend celuici encore plus inexpressif et mutique, sauf pour signifier son congé à sa femme, après une scène d’explications rapides et peu convaincantes. Fin de la vie commune, célibats tristes et repas solitaires… Cela pourrait s’arrêter là, comme analyse des errances et divergences conjugales. Les dialogues sont fins, l’image pudique, tout en étant centrée sur plusieurs literies, le traitement en noir et blanc, délicatement exprimé par Renato Berta. Ce serait aussi un bel hommage au cinéma de la Nouvelle Vague, clin d’œil à JeanLuc Godard ou à Truffaut, visions d’autrefois d’un quartier tranquille de la capitale, sans stress, sans clameurs, ni excès téléphoniques. À l’ombre des femmes, dans cette obscure clarté qui tombe des étoiles, (oxymore cornélien), que se trame-t-il, sinon des trahisons, des lâchetés masculines, depuis toujours acceptées et banalisées par les femmes. Le sens du film se dévoile enfin, lorsque Manon et Pierre se retrouvent devant l’église de la Madeleine, lors

de l’enterrement du héros de la Résistance. Manon révèle à Pierre que le vieil homme, personnage central de leur documentaire, était en réalité un traître et avait livré ses compagnons aux Allemands. Les hommes, donc, s’arrogent le droit de trahir, leurs compagnons d’armes, leurs compagnes, cela ne s’explique pas, c’est comme ça, disait Pierre à sa maîtresse. Les femmes souffrent et ne se rebellent pas. En revanche une femme infidèle risque la répudiation dans l’heure, c’est ce qu’a fait Pierre. Celui-ci, sans doute, comprend la justesse du message : il n’y a pas différents niveaux de trahison et la trahison ne diffère pas en fonction du sexe. La force du film de Philippe Garrel consiste à établir un parallèle entre la trahison du Résistant et l’infidélité de Pierre et de Manon, parallèle renforcé par l’utilisation du noir et blanc, comme référence au passé. Alors la seule issue, pour ce couple toujours aimant, comme pour le mort et sa femme, c’est de pardonner… Très beau film, sur la forme et sur le fond. CP

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