Janvier 2016

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°341 • Janvier 2016


SEMAINE

5 du 27 janvier au 2 février

CNP jeudi

Vivre sous un régime dictatorial

I

N

de Éric Sionneau, Jean-Louis Bargès et Max Coste Débat avec Bernard S du collectif Vigilance inter-syndicale antifasciste

Atelier le mercredi à 14h15

45’

LA BÊTE IMMONDE

É

M

A

T

H

È

Q

U

E

lundi LE SIGNE DU LION 19h30 1h40’ de Éric Rohmer Soirée présentée par Philippe Fauvel, chercheur en cinéma

14h15 1h36’ 17h45 19h45 LES PREMIERS, + LES DERNIERS 16h00

mer-sam dimanche

14h15 mer-sam

de Bouli Lanners

À suivre.

de Rémi Chayé

19h30

mer-sam dimanche

14h15 16h00 17h30

LA BOITE À MALICE 16h15 Programme de courts métrages

1h52’

LES CHEVALIERS BLANCS de Joaquim Lafosse

À suivre.

LES HUIT SALOPARDS

SEMAINE

38’ sans paroles

2h47’

dimanche

14h30 17h00 19h15

1h20’

TOUT EN HAUT DU MONDE

20h00 C

2016

mer-dim

17h15

CAROL

21h30

de Todd Haynes

À suivre.

À suivre. 1h42’

A SECOND CHANCE

de Tom Hooper

21h30

LES DÉLICES DE TOKYO de Naomi Kawase

À suivre.

1h37’

CHORUS

21h45

de François Delisle

1h27’

45 ANS de Andrew Haigh

www.studiocine.com

À suivre.

T

H

È

Q

U

E

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

Jeudi 31 décembre, les dernières

LE PROPHÈTE de Roger Allers

de Michel Leclerc

44’ VF

UNE SURPRISE POUR NOËL de Chel White

1h21’ VF

1h35’

14h30 DES SINGES MY SKINNY SISTER AUde ROYAUME Mark Linfield, Alastair Fothergill 19h15 de Sanna Lenken 14h15 19h30

1h26’

14h15 21h00

2h28’

1h29’ VF

HECTOR

HOTEL TRANSYLVANIA 2

de Jake Gavin

de Genndy Tartakovsky

2h05’

007 SPECTRE

L’ÉTREINTE DU SERPENT

de Sam Mendes

de Ciro Guerra

1h42’

17h00 1h42’ NOUS TROIS OU RIEN 19h00 de Kheiron

de Susanne Bier

1h53’

A

17h15 21h45

1h58’

de Thomas McCarthy

DANISH GIRL

M

14h30 1h30’ ARGENTINA 19h45 de Carlos Saura

jeu-ven lun-mar

2h08’

SPOTLIGHT

É

14h15

21h45

de David Pablos

À suivre.

mer-sam dimanche

N

2016

19h30 L’ENNEMI SILENCIEUX séances de 21h ne seront pas assurées. 1h15’ de H. P. Carver Vendredi 1er janvier, les séances lundi LE VENT DE LA PLAINE ne seront assurées qu’à partir de 17h. 21h00 2h05’ de John Huston 14h15 1h33’ VF SAUF 14h15 2h24’ lun-mar LE VOYAGE D’ARLO SEUL SUR MARS mercredi de Peter Sohn 19h15 de Ridley Scott 10h00 1h30’ VF 16h00 14h15 1h40’ LA VIE TRÈS PRIVÉE 19h45 DE MONSIEUR SIM

17h45

LES ÉLUES

de Quentin Tarantino

14h30 19h30

14h15 19h45 + 16h00

I

du 30 décembre au 5 janvier

1h45’

2h

14h15 17h15 19h30

C

1

17h00 2h03’ STRICTLY CRIMINAL de Scott Cooper 21h45 Le film imprévu www.studiocine.com

COSMOS de Andrzej Zulawski

SAUF lundi mardi 16h15

SAUF lun-mar mercredi

10h15

16h00 SAUF lundi mardi

17h45 SAUF lundi mardi

17h30 21h30 17h15 21h15

1h42’

À PEINE J’OUVRE LES YEUX

21h15

de Leyla Bouzid

2h06’

AU-DELÀ DES MONTAGNES de Jia Zhang-ke

17h30 21h30

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

CNP jeudi 19h45

2 du 6 au 12 janvier

Au travail : coopérer plutôt que subir 53’

LE BONHEUR AU TRAVAIL

1h24’de Martin Meissonnier

2016

sans paroles

LE KID de Charlie Chaplin

Débat avec Anne-Béatrice Martinez et Stéphanie Sandeau-Gruber

1h50’

lundi JOHNSON 19h30 JEREMIAH de Sydney Pollack Séance Ciné langues 1h35’

14h15

mercredi

17h15

LE VOYAGE mercredi samedi D’ARLO de Peter Sohn

1h29’ VF

dimanche

14h15

HOTEL mercredi samedi TRANSYLVANIA 2 L’ É TÉ DES POISSONS VOLANTS 17h15 de Genndy Tartakovsky dimanche de Marcela Said

Sans canal fixe & les Studio MÉDECIN DE vendredi CAMPAGNE 19h45 mardi OUT OF THE PRESENT 1h40’ de Thomas Lilti

1h32’ de Andrej Ujica 19h45 Soirée présentée par Emmanuel Chicon,

14h00 LES HUIT 17h00 SALOPARDS 20h00 de Quentin Tarantino 2h47’

1h36’ de Bouli Lanners

AVANT PREMIÈRE en présence du réalisateur

14h15 LES SUFFRAGETTES 19h30 de Sarah Gavron 14h15 JE VOUS SOUHAITE 17h30 D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE 19h30 de Ounie Lecomte 1h40’

1h26’

de Ron Howard

1h38’

LA FILLE 17h30 DU PATRON 21h30 de Olivier Loustau

1h26’ de Jake Gavin

17h45 21h45

2h06’

AU-DELÀ DES 21h30 MONTAGNES

1h43’

JANIS

de Jia Zhang-ke

ARGENTINA 21h45

14h30 EARLY WINTER 19h45 de Michael Rowe

de Carlos Saura

Le film imprévu www.studiocine.com

2016

La Russie dans le monde et 1h58’ nos clichés : quelles lectures ?

VF

SEMAINE

14h15 mer-sam dimanche

LE GARÇON RUSSIE : LA NOSTALGIE DE L’EMPIRE ET LA BÊTE jeudi de Vladimir Vasak et Liza Zambyslova VF 17h15

20h00

débat avec Hélène Richard du Monde diplomatique

de Mamoru Hosoda

VO

19h30

C I N É M A T H È Q U E

1h43’

1h20’

de Rémi Chayé

Séance Ciné langues 2h03’

mercredi 17h00 LE LABYRINTHE

DU SILENCE

de Jiulio Ricciarelli

14h15 1h58’ CAROL 17h00 19h15 de Todd Haynes 21h30 2h47’

14h15 LES HUIT 17h30 SALOPARDS 20h45 de Quentin Tarantino 1h38’

14h15 LA FILLE PATRON 19h30 DU de Olivier Loustau 1h38’

14h30 BANG GANG D’AMOUR MODERNE 19h45 UNE HISTOIRE de Eva Husson 1h42’

14h30 A SECOND 19h45 deCHANCE Susanne Bier

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

1h25’

GAZ DE FRANCE de Benoît Forgeard

14h15 19h30

1h40’

JE VOUS SOUHAITE 17h30 D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE 21h30 1h36’

de Michael Rowe

18h00 19h30 mardi

19h30 21h30

17h45 21h45

1h58’

3 documentaires

LE GARÇON ET LA BÊTE

Débat avec Maryse Artiguelong, Observatoire des Libertés et du Numérique / LDH

17h30 MISTRESS AMERICA 21h45 de Noah Baumbach 1h43’

21h45

de Amy Berg

Le film imprévu www.studiocine.com

17h15 19h30

Hommage à Tenguiz Abouladzé 2h25’

LE REPENTIR

En présence d’un spécialiste du cinéma georgien.

de Mamoru Hosoda VO

DANISH GIRL de Tom Hooper

CHORUS de François Delisle

1h45’

14h30 LES ÉLUES 19h45 de David Pablos

14h15 mer-sam dimanche

17h30 16h15

LA FORTERESSE mercredi de Avinash Arun

1h47’ L’ARBRE DU DÉSIR Atelier jeu le mercredi 1h17’ L’INCANTATION 1h10’ sans paroles 1h58’

1h37’

14h30 19h45

VF

C I N É M A T H È Q U E 1h19’

14h15 17h15 LES CHEVALIERS BLANCS 19h30 de Joaquim Lafosse 14h30 2h00’ samedi

1h26’

2016

Festival d’un soir

14h15 CAROL 17h00 19h15 de Todd Haynes 21h30 14h15 2h47’ LES HUIT 17h30 SALOPARDS 20h45 de Quentin Tarantino

SAUF

JANIS

4 du 20 au 26 janvier

1h52’

de Ounie Lecomte

EARLY WINTER

CNP jeudi lundi

AVANT-PREMIÈRE

lundi LA RANDONNÉE TOUT EN HAUT 16h00 19h30 de Nicolas Roeg DU MONDE dimanche

1h30’

de Amy Berg

www.studiocine.com

AU CŒUR 17h00 DE L’OCÉAN 21h30

HECTOR

14h15 MISTRESS 19h30 deAMERICA Noah Baumbach

1h36’

19h45

2h09’

1h46’

14h30 19h45

AVANT PREMIÈRE en présence du réalisateur

LES PREMIERS, LES DERNIERS mercredi

programmateur à Sans canal fixe

CNP

3 du 13 au 19 janvier

1h30’

1h33’ VF

C I N É M A T H È Q U E

SEMAINE

samedi dimanche

MONTE samedi LÀ-DESSUS 14h15

de Sam Taylor et Fred Newmeyer Ciné Concert Harold Lloyd

1h42’

A SECOND 17h45 CHANCE 21h45 de Susanne Bier

1h25’

GAZ DE FRANCE de Benoît Forgeard

1h26’

MISTRESS AMERICA de Noah Baumbach

21h45 SAUF

lundi mardi

21h45 SAUF

jeudi

1h40’

JE VOUS SOUHAITE D’ÊTRE FOLLEMENT AIMÉE 21h45 de Ounie Lecomte

1h38’

BANG GANG 21h45

UNE HISTOIRE D’AMOUR MODERNE de Eva Husson

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire)

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


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Janvier 2016 - n° 341

Édito CNP

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3

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4

Soirée ciné-langues - L’Été des poissons volants

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5

Soirée cinén allemand - Le Labyrinthe du silence

...

5

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5

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6

Soirée Bibliothèque, Mille mémoires Partenariat Cinémathèque/Studio

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

LES FILMS DE A à Z

6

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15

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Cinémathèque En bref

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Humeur

J’ai un problème…

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Bande annonce . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19 Courts lettrages

Macbeth . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles : EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

AFCAE

Rencontre avec

Alain Cavalier . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 22

ACOR

À propos de ..............................

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Sangue del mio Sangue

ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

À propos de

Histoire de fou(s) Interférences

Images manquantes . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 Rendez-vousz au cinéma . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30

Jeune Public

ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

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34

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

FILM DU MOIS : Les Premiers, les derniers GRILLE PROGRAMME

................

pages centrales Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Éric Rambeau, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de Marie Bertin, Gisèle Godet-Massey et de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

JOYEUX ANNIVERSAIRE ! Aux Studio, le cinéma c’est vraiment pour tout le monde ! Le 23 janvier 2016, nous fêterons les 3 ans de Ciné-ma différence à Tours, aux Studio. En partenariat avec l’Art et la Manière, l’Adapei d’Indre et Loire et le soutien de la ville de Tours, nous réservons, chaque mois, lors d’une séance tout public, un accueil particulier aux personnes en situation de handicap ou présentant des troubles du comportement. Depuis 3 ans, plus de 2 000 spectateurs ont assisté à 30 séances, organisées selon un déroulement identique*, dans le cadre d’un dispositif national de 35 salles. Accueillis par 20 bénévoles, 5 permanents - Membres Actifs des Studio et coordinatrice de L’Art et la Manière et salariés des Studio, enfants, adultes, familles, groupes de résidents venus d’institutions ou de foyers du secteur médico-social, abonnés ou non se retrouvent dans une joyeuse mixité. Certains sont devenus des habitués, ils reconnaissent les bénévoles, leur parlent, choisissent leur place, seul ou à côté de spectateurs avec qui ils entrent en relation, s’écartant de leur groupe et de l’éducateur. Certaines personnes viennent seules car elles savent qu’elles seront accueillies et aidées. Des familles isolées, avec un enfant en situation de handicap mental, osent franchir le pas. Libérés de leur anxiété et de la crainte du regard des autres, tous se retrouvent pour le plaisir du cinéma et des émotions qu’il procure, suivi parfois d’un goûter. Les Studio ont fait le choix d’une programmation riche et exigeante, offrant une réelle diversité des films proposés, choisis dans la programmation générale ou Jeune Public, comédie musicale : Les parapluies de Cherbourg, fiction : Lulu femme nue ou Discount, documentaire : Le Caravage, animation : Lettre à Momo ou Phantom Boy et burlesque : Le Cirque, avantpremière nationale : Mune, Festivals : Planète Satourne et Asiatique.

Le Logo bleu de Cinéma différence signale la séance dans les carnets, reprise sur le programme. L’information circule chaque mois et rencontre un public toujours aussi nombreux, varié, enthousiaste. Elle est relayée par divers canaux – MDPH, mission Culture et Handicap de la Mairie, MACT, CID-MAHT, Culture du cœur – médias locaux, correspondants, membres actifs et salariés des Studio et touche près de 80 établissements et services. Merci à tous pour ce soutien. L’écho rencontré auprès du public habituel et de ce nouveau public nous encourage à poursuivre l’ aventure, convaincus du rôle joué par le cinéma dans l’intégration sociale, l’ouverture à l’autre et sur le monde. Les sourires et mots échangés après les séances prouvent que cette mixité est possible dans le respect des différences de chacun. 3 ans ! Ça se fête ! Pour souffler ensemble ces 3 bougies, nous vous proposons, le samedi 23 janvier à 14h15, en ciné-concert, Monte làdessus, réalisé en 1923 par S. Taylor, F. Newmeyer avec H. Lloyd, « le comique aux lunettes d’écaille ». Il sera mis en musique par le pianiste Jacques Cambra, avec le soutien de sa formation Fos’note et de l’Agence pour le Développement Régional du Cinéma, que nous remercions. Nous poursuivrons la fête autour d’un goûter à l’issue de la projection. MB et GGM * Édito de janvier 2013

www.studiocine.com www.cinemadifference.com

Les CARNETS du STUDIO

n°341 •

janvier 2016

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FILM DU MOIS

Les Premiers, les derniers France/Belgique – 2015 – 1h38, de et avec Bouli Lanners, Albert Dupontel…...

C

ochise et Gilou, deux inséparables chasseurs de prime un peu déjantés, ont été embauchés par un homme puissant et pas vraiment au-dessus de tout soupçon pour retrouver son téléphone portable high tech dont le contenu, secret, doit absolument le rester. Leur quête les mène dans un bout du monde où ils vont croiser la route d’Esther et de Willy, un jeune couple de marginaux paumés qui semblent en danger… On a d’abord connu Bouli Lanners comme acteur, un acteur remarquable au visage inoubliable dont le cinéma français et belge est devenu de plus en plus friand : Aaltra, Avida, Louise Michel, Mammuth de Kervern et Delépine, Enfermés dehors, Le Vilain, Neuf mois ferme d’Albert Dupontel, mais aussi Quand la mer monte de Yolande Moreau et Gilles Porte, Rien de personnel de Gokalp, De rouille et d’os d’Audiard, Jamais de la vie de Pierre Jolivet, Lulu femme nue de Solveig Anspach, Je suis mort mais j’ai des amis des frères Malandrin… Et puis, on a découvert ses films, totalement atypiques qui développaient un sens de l’espace absolument inimitable (dû sans doute à son passé de peintre) dans des récits inattendus où le plat pays prenait les allures des vastes espaces américains. Il y eut d’abord Ultranova en 2004, Eldorado en 2008 (meilleur film belge, primé à la Quinzaine des réalisateurs et aux Césars) et enfin Les Géants

en 2011 (meilleur film et meilleur réalisateur belge, prix SACD à la Quinzaine des réalisateurs). Cette fois-ci, c’est la Beauce que le réalisateur liégeois réinvente totalement, cadre hivernal magnifié par sa caméra, pour un western d’une grande noirceur servi par un casting merveilleux : d’abord, un couple qu’on n’est pas près d’oublier : Bouli Lanners et Albert Dupontel (méconnaissable et d’une intense sobriété) mais aussi la Québécoise Suzanne Clément, Michael Lonsdale, Serge Riaboukine, Max Von Sydow, et Philippe Rebot, transfiguré… Un road movie hanté par la mort (le réalisateur a été gravement malade lors de la préparation du film) avec de troublantes scènes religieuses… Le réalisateur devait venir présenter son film en avant-première le 20 novembre aux Studio lors des Rendez-vous du Cinéma organisés par l’Association des cinémas du Centre. Coincé chez lui par les mesures de sécurité anti-attentat, un émouvant dialogue par Skype avait pu avoir lieu avec la salle (vous pouvez en voir des extraits vidéo sur le site des Studio dans la rubrique : Ça s’est passé aux Studio ». Un grand film d’aventures, magnifiquement mis en images, après lequel vous ne verrez plus de la même façon les étendues beauceronnes et le rail de béton de l’aérotrain… DP

Avant-Première mercredi 6 janvier. Ciclic et les Studio proposent une rencontre avec Bouli Lanners, le réalisateur, après la projection de 19h45

LES CARNETS DU STUDIO – n° 341 – janvier 2016 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


jeudi 21 janvier - à partir de 18h00

jeudi 7 janvier - 19h45 Le CRE-SOL, MFRB (Mouvement français pour un revenu de base) et le CNP proposent : AU TRAVAIL : COOPÉRER PLUTÔT QUE SUBIR Un tiers des salariés en France se disent « activement désengagés » de leur emploi. Pourtant, c’est bien là que nous passons une très grande partie de notre vie : au travail. Serait-il donc possible d’améliorer nos conditions de travail et de retrouver du sens à nos activités ? Certaines entreprises se sont penchées sur cette question et ont transformé leur organisation, redonnant de l’autonomie à leurs salariés, pour devenir des «entreprises libérées». Martin Meissonnier, réalisateur du film Le Bonheur au travail (2014 – France – 84’), est allé à la rencontre de plusieurs de ces entreprises qui ont su sortir du cadre établi pour inventer de nouvelles formes d’organisation du travail. Débat animé par Sarah Gaucher du Centre Réseau d’Economie Solidaire, en présence de Anne-Béatrice Martinez, de la société ABMédiaction qui vise à développer la qualité relationnelle et le bien être au travail et Stéphane Sandeau-Gruber, co-président du Crésol, mouvement d’économie solidaire en région Centre - Val de Loire.

jeudi 14 janvier - 20h00 Le CNP propose : LA RUSSIE DANS LE MONDE ET NOS CLICHÉS : QUELLES LECTURES ? La Russie inquiète. Selon que ce mot a valeur de verbe ou d’adjectif, le sens varie du tout au tout. En France, on privilégie le verbe. Mais la Russie n’inquiète-t-elle pas parce qu’elle est inquiète, aussi ? Et comment ne le serait-elle pas après avoir vécu, de 1853 à nos jours, toutes les agressions, toutes les humiliations, tous les ravages, de la guerre de Crimée à l’extension de l’OTAN après 1991 ? Après le film Russie, la nostalgie de l’empire de Vladimir Vasak et Liza Zamyslova 2014 – France – 25’), le débat sera animé par Hélène Richard, du Monde diplomatique.

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– Les CARNETS du STUDIO

n°341 – janvier 2016

Le CNP propose son FESTIVAL D’UN SOIR 2016 CITOYENS SOUS SURVEILLANCE La « Loi relative au renseignement » promulguée le 25 Juillet 2015 entend renforcer notre sécurité et prendre en compte les « nouveaux moyens de communication » qu’utiliseraient, aussi, ceux qui nous veulent du mal... Il semble possible que cette loi ne permette pas de mieux nous protéger, mais soumette par contre les citoyens à un régime juridique de moins en moins respectueux des Droits de l’Homme. La soirée s’organisera autour de trois documentaires et d’un échange-débat avec un intervenant spécialisé. Déroulement : 18h : Film Dossier Stasi Hans Kramer de Heike Bachelier (2009 – France – 52’), 19h: Pause-buffet, 19h45: Film La Conférence commune – loi renseignement du 26 mars 2015 de la Quadrature du Net (2014 – France – 47’), 20h30 : Échange-débat avec Maryse Artiguelon, Observatoire des Libertés et du Numérique / LDH, 22h00 : Film Pistés par nos gènes de Philippe Borrel et Gilbert Charles (2007 – France – 53’). Conditions habituelles de participation aux frais du CNP pour chaque documentaire ou pass pour la soirée (6 € pour les abonnés aux Carnets des Studio, 8 € pour les non-abonnés).

jeudi 28 janvier - 20h00 Retirada 37, la LDH, les Amis de Demain Le Grand Soir, AED et le CNP proposent : VIVRE SOUS UN RÉGIME DICTATORIAL «Nous ne sommes tout de même pas en dictature !», répondent ceux qui justifient la mise en veilleuse de la démocratie. C’est vrai. Mais qui peut exclure le basculement, y compris en Europe, dans un régime où les pouvoirs (exécutif, législatif, judiciaire), réunis entre les mains d’une seule personne ou d’un seul parti, s’exercent sans contrôle ? Les dictatures naissent sur fond de crise sociale, politique, de nationalisme, de rejet de l’autre, d’insécurité, de guerre ; elles règnent par la terreur ; elles emprisonnent, torturent, tuent leurs opposants. Comment font les peuples qui vivent sous un tel régime pour relever la tête ? Film : La Bête immonde de Eric Sionneau, Jean-Louis Bargès et Max Coste (2015 – France – 45). Suivi d’un débat avec Bernard S. du collectif Vigilance InterSyndicale Antifasciste.

Soirée Ciné langues – Mercredi 6 janvier-17h15 L’Été des poissons volants Chili – 2014 – 1h35, de Marcela Said, avec G. Cohen, F. Walker, M. Izquierdo...

Fille d’un riche propriétaire foncier, Manena est une adolescente qui découvre, au cours d’un été, ses premiers émois mais aussi un monde qui existe silencieusement dans l’ombre du sien : celui des indiens Mapuche

qui revendiquent l’accès aux terres, et s’opposent à son père... Niveau : lycée Projection gratuite pour les enseignants d’espagnol souhaitant organiser une séance pour des classes. Inscription nécessaire à l’adresse suivante : monmarche@studiocine.com

Soirée CINÉ ALLEMAND – Mercredi 13 janvier-19h45 Le Labyrinthe du silence Allemagne – 2015 – 2h03, de Giulio Ricciarelli, avec A. Fehling, G. Voss, F. Becht...

Dans les années 50, à Francfort, un jeune juriste ambitieux commence sa carrière avec enthousiasme… même s’il ne s’occupe que des accidents de voiture. Jusqu’au jour où il découvre que des anciens Nazis continuent tranquillement une vie tout à fait ordinaire, sans être le moins du monde inquiétés. Il est vrai qu’à cette époque de reconstruction, les Allemands veulent surtout oublier. Malgré les nombreux obstacles, le jeune homme s’obs-

tine et finit par découvrir des réalités que personne ne veut voir (et notamment celle des camps de concentration). Basé sur des faits historiques, ce film complexe et à la mise en scène efficace suit la quête fiévreuse de ce justicier obsessionnel. Une ode à la vérité. Projection gratuite pour les enseignants d’allemand souhaitant organiser une séance pour des classes/Inscription nécessaire à l’adresse suivante : monmarche@studiocine.com

Partenariat avec l’Institut Goethe.

Partenariat Sans Canal Fixe – Mardi 12 janvier-19h45 Mille mémoires Sans Canal Fixe propose cette année un ensemble de films qui abordent la grande Histoire par le petit bout de la lorgnette individuelle.

Out of Present All-Fr-Russ, de Andreï Ujica, 1996, 1h32

Mai 1991 : le cosmonaute soviétique Sergheï Krikalev s’envole pour la station orbitale MIR, qu’il va occuper pendant dix mois sous l’œil de quatre caméras. A son retour, l’empire soviétique a disparu, éclaté, démantelé. Pendant son séjour dans l’espace, pour ainsi dire

hors du présent, une ère s’est éteinte, une autre est née. Ainsi Krikalev est-il devenu le premier cosmonaute à effectuer une mission pour un pays ayant cessé d’exister ! Le réalisateur relate, en parallèle à l’odyssée de Krikalev, les événements qui ont abouti au putsch de Moscou, pendant quatre-vingtdouze minutes, soit la durée exacte d’une rotation de la station MIR autour de la terre. Projections présentées par Emmanuel Chicon, programmateur à Sans Canal Fixe et au festival Visions du réel.

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Partenariat Studio/Cinémathèque – Lundi 25 et mardi 26 janvier-18h300 HOMMAGE A TENGUIZ ABOULADZE Abouladzé, mort en 1994, a réalisé 7 films, de 1955 à 1984. Il fut l’un des artisans du renouveau du cinéma géorgien en république soviétique au temps du dégel puis de la stagnation sous Brejnev. Alliant réalisme et poésie, son cinéma plonge dans la culture populaire, mais à la différence des productions très codées de l’époque, il présente de surprenants scénarios et des mises en scène déroutantes ou burlesques, tragique et regard politique critique oexistent.

Lundi 25 Janvier, 19h30 Le Repentir 1984 – URSS, 2h25.

Après l’enterrement en grande pompe du gouverneur despotique d’une ville géorgienne, sa tombe est profanée et son corps exposé jour après jour. Dans un long flashback, la coupable raconte comment ce potentat a envoyé son père à la mort et détruit des centaines de familles… Satire grinçante du pouvoir et farce à la Chaplin par moments, mêlant aussi fantastique et réalisme, ce film fut bloqué à sa sortie pendant 3 ans et récompensé à Cannes en 1987. DB En présence d’un spécialiste du cinéma georgien.

Mardi 26, 19h30 L’Arbre du désir URSS - 1976, 1h47. Juste avant la révolution, la vie tranquille d’un petit village géorgien où l’on se consacre aux activités agricoles va se trouver perturbée par l’arrivée d’une très belle jeune fille. Mais l’humour et la sensualité cèdent bientôt la place au tragique et à la cruauté. Un film d’une grande beauté plastique et un usage admirable de la couleur.DB

Mardi 26, 21h30 L’Incantation URSS - 1967, 1h17. Construit à partir de nouvelles populaires, filmsymphonie, film-parabole, L’Incantation est fait de deux récits symétriques qui racontent l’affrontement violent entre les religions, au nom de la loi tribale, et la fraternité commandée par la conscience individuelle. Très inscrit dans la réalité géorgienne et ses paysages, il nous propose une méditation à valeur universelle. DB

w w w . s t u d i o c i n e . c o m Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Les films de A à Z www.studiocine.com AVANT LES FILMS , DANS LES SALLES , AU MOIS DE JANVIER : Trios piano and strings de Debussy, Ravel par le trio Ravel (Studio 1-2-4-5-6) • Pessoa em peossas de Bevinda (Studio 3-7) Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Séance Ciné-ma différence : Monte là-dessus, samedi 23 janvier-14h15

007 Spectre USA/Grande-Bretagne - 2015 - 2h28, de Sam Mendes, avec Daniel Craig, Léa Seydoux, Christoph Waltz, Monica Bellucci…

C’est le moins qu’on puisse dire, le changement de direction à la tête du Centre pour la Sécurité nationale, suite au décès de M, n’est

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guère favorable aux méthodes, parfois expéditives, de son agent le plus emblématique, le fameux Bond, à un point tel que l’existence même du M16 semble compromise ! Pour autant, 007 n’en continue pas moins de poursuivre la mission, confiée par feue M, concer-

nant Marco Sciarra, criminel de grande envergure de son état. Cette enquête va remettre « l’espion qu’on aimait » sur les traces de la redoutable organisation, Spectre, et lui faire découvrir des liens dont il ne soupçonnait pas l’existence entre lui et ce redoutable ennemi de la sécurité mondiale… Ce nouvel opus a été réalisé dans l’idée de rendre hommage aux films des années soixante et soixante-dix de la saga, notamment du point de vue esthétique, et d’être un film « voyageur » puisqu’il entraînera héros et spectateurs du Mexique à la Grande-Bretagne, en passant par l’Italie, l’Autriche et le Maroc ! Attachez vos ceintures ! Sources : dossier de presse, telerama.fr

Filmographie sélective : American Beauty (1999), Les Noces rebelles (2008), Skyfall (2012)

45 ans

Angleterre – 2015 – 1h27, de Andrew Haigh, avec Charlotte Rampling, Tom Courtenay, Geraldine James...

Kate et Geoff préparent une fête pour leurs 45 ans de mariage. Mais une lettre informant de la découverte du corps du premier grand amour de Geoff, disparue 50 ans plus tôt, vient tout bousculer... Le premier et très beau film d’Andrew Haigh, Week-end, traitait de la rencontre amoureuse, ce second long métrage pourrait en être la suite, 45 ans plus tard comme son titre l’indique. Le film semble, au départ, être sur des rails, mais très vite, il va se montrer beaucoup moins attendu que ce que l’on pourrait croire. Sans charger inutilement aucun personnage, il questionne, interroge et touche car il résonne en chacun d’entre nous. Délicat mais fort, il est, de plus, soutenu par un couple d’acteurs mythiques et exceptionnels. Deux icônes, qui ont débuté dans les années 60, Tom Courtenay (La Solitude du coureur de fond, Le Docteur Jivago) et Charlotte Rampling que l’on ne présente plus. Ces deux rôles leurs ont permis d’obtenir, chacun, le prix d’interprétation au dernier festival de Berlin. Deux prix amplement mérités pour ce superbe film. JF Les fiches paraphées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

À peine j’ouvre les yeux

France/Belgique/Tunisie/Émirats Arabes Unis – 2015 – 1h42, de Leyla Bouzid, avec Baya Medhaffar, Ghalia Benali, Montassar Ayari...

A

Farah, jeune Tunisienne de 18 ans, veut démarrer une carrière musicale comme chanteuse dans un groupe de rock engagé. C’est contre l’avis de sa famille et juste avant la Révolution de janvier 2011. L’ambiance est à la fois lourde et légère. D’un côté, on sent la pression à l’époque du dictateur Ben Ali qui ne supporte pas l’énergie créatrice et contestataire des jeunes. De l’autre, Farah mord la vie à pleines dents. Elle est libre, impulsive. Elle se dispute souvent avec sa mère qui connaît les interdits de la société et veut la préserver. Mais jusqu’où ? Leyla Bouzid filme une jeunesse qui se bat au quotidien. À peine j’ouvre les yeux a reçu quatre prix en novembre dernier, à Carthage, dans son propre pays. Quelle belle reconnaissance pour cette jeune réalisatrice de 30 ans ! MS

Argentina Espagne- 2015 – 1h30, de Carlos Saura – film documentaire

Le grand réalisateur espagnol, âgé de 83 ans, aime filmer la musique. Après Carmen, L’Amour sorcier et différents films autour du flamenco et du tango, il explore une fois de plus la magie des musiques populaires. Cette fois-ci, c’est de l’Argentine qu’il s’agit, pas celle de Buenos Aires mais celle de la zamba, de la chacarera, du chamame. Cinématographiquement très maîtrisé (belles images, montage fluide), son documentaire manque peut-être d’une dramaturgie pour donner du sens à ce théâtre filmé. Sources : telerama.fr – avoir-alire.com

A Second Chance

Danemark – 2015 – 1h42, de Suzanne Bier, avec Nikolaj CosterWaldau, Ulrich Thomsen, Maria Bieonnev

Andreas et Simon, tous deux policiers, sont aussi de très bons amis. Alors que l’un vit une vie tranquille avec sa femme et son jeune fils, Simon, qui vient de divorcer, fréquente les bars du coin. Un matin, ils reçoivent l’alerte donnée par un voisin pour une violente disLes CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –

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pute conjugale entre deux junkies. Arrivés sur place, Andreas découvre un bébé abandonné dans un placard. Cette découverte va alors connaître des répercussions dramatiques et de manière inattendue sur sa vie personnelle. Avec Une seconde chance, la talentueuse réalisatrice danoise – Brothers (2004), After the wedding (2006), Serena (2014)… - a obtenu le Prix du Jury au Festival international du Film Policier de Beaune 2015. Prometteur ! Sources : dossier de presse, beaunefestivalpolicier.com.

montagnes retrace les espoirs, les amours et les désillusions de ses personnages, c’est une œuvre assez déchirante sur la sensation du temps qui passe. Constamment passionnant, surprenant, il possède un souffle peu courant, et comme toujours chez Jia Zhang-Ke, il s’accompagne d’une très grande beauté plastique. JF

Au royaume des singes Voir pages Jeune Public

Au cœur de l’océan USA – 2015 – 2h01, de Ron Howard, avec Chris Hemsworth , Benjamin Walker , Cillian Murphy...

En 1820, lorsque George Pollard quitte les côtes du Massachusetts à la barre d’un baleinier, il sait bien que cette campagne de chasse sera rude (deux ans, tout de même...) mais il ne s’attend pas forcément à ce que son navire se voie attaqué par une baleine géante. Commence alors une longue histoire de lutte pour la survie en milieu hostile. Ron Howard (Da Vinci code, Apollo 13, Backdraft) est connu pour l’efficacité de ses réalisations, on ira voir avec une certaine curiosité ce qu’il a pu tirer de l’adaptation de cette histoire réelle qui, elle-même, a donné naissance à l’un des chefs d’oeuvre de la littérature mondiale : Moby Dick... Sources : dossier de presse

Au-delà des montagnes Chine – 2015 – 2h06, de Jia Zhang-Ke, avec Zhao Tao, Sylvia Chang, Dong Zijian...

Chine, 1999. À Fenyang, le cœur d’une jeune fille, Tao, balance entre deux amis d’enfance Zang et Lianzi. Zang est propriétaire d’une station service et compte bien prospérer, Liangzi, lui, préfère rester dans sa ville et travailler dans une mine de charbon. Le choix opéré par Tao va marquer sa vie ainsi que celle de son futur fils... Partagé en trois époques (comme A touch of sin, le précédent film de Jia Zhang-Ke, narrait trois histoires), 1999, 2014, 2024, le film va d’une Chine en profonde mutation à l’Australie en promesse de vie meilleure. Au-delà des

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BangFrance Gang une histoire d’amour moderne – 2015 – 1h38, de Éva Husson, avec Finnegan Oldfield, Marilyn Lima, Daisy Broom...

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Dans une banlieue aisée d’une cité balnéaire, des adolescents se retrouvent pour repousser les limites de leur sexualité au cours de nuits clandestines, orgiaques et joyeuses... Inspiré par un fait divers, le film ne cherche cependant pas à être documentaire. Éva Husson a plutôt cherché à retranscrire la vérité de personnages qui ont un rapport totalement libre avec la sexualité. La réalisatrice ne les juge jamais et ce qu’elle montre et qui nous interroge c’est la dichotomie entre le ressenti de ce qu’ils vivent et le regard moralisateur posé par l’extérieur. Le film se distingue aussi par le soin apporté à sa forme. Éva Husson cite Wong Kar Wai et Gus Van Sant comme sources d’inspiration et ça se voit. Les mouvements de caméra sont élégants, tous les déplacements ont été chorégraphiés comme des scènes de danse et la photographie est superbe. Emmené par un groupe de jeunes acteurs épatants, Bang gang (une histoire d’amour moderne) signe la révélation d’une cinéaste à suivre. JF

Voir pages Jeune Public

Carol

New-York, années 50. Thérèse travaille dans un grand magasin et fait la rencontre de Carol,

Une femme chante dans une chorale et ne supporte pas la vue d’un bébé… Un homme mène une existence presque misérable quelque part au Mexique… Un jour, il vont devoir se retrouver… parce que, dans un passé lointain, ils ont été mariés, ont eu un fils et que ce fils a brusquement disparu. Aujourd’hui, de nouveaux éléments d’enquête les amènent donc à se revoir alors qu’ils ont depuis lors suivi des chemins très différents. Attention, Chorus n’est pas un polar, ce n’est pas non plus un drame intimiste… cela ressemble plus à une douloureuse introspection qui gagne le spectateur petit à petit.

Sources : Dossier de presse.

Sources : imdb.com

Les Chevaliers blancs

La Boîte à malice USA – 2015 – 1h58, de Todd Haynes, avec Cate Blanchett, Rooney Mara, Kyle Chandler..

une cliente aisée, prisonnière d’un mariage peu heureux. Elles tombent amoureuses... L’Amérique bourgeoise des années 50 et la découverte de l’homosexualité sont deux sujets qui étaient déjà présents dans Loin du paradis, l’un des précédents films de Todd Haynes. Carol est l’autre face de ce passionnant et superbe diptyque. Adapté d’un roman de Patricia Highsmith, le film propose une reconstitution particulièrement soignée et une histoire d’une grande pudeur. Et après Julianne Moore dans Loin du paradis et Safe ou Kate Winslet dans Mildred Pierce, le film est une fois de plus un magnifique écrin pour ses actrices, Cate Blanchett (déjà présente dans I’m not there) et Rooney Mara, qui a obtenu avec ce rôle le prix d’interprétation au dernier festival de Cannes. Apparemment, et outre les films déjà cités, une nouvelle grande réussite de l’auteur de Velvet Goldmine.

C

Lindon : Louise Bourgoin, Reda Kateb, Valérie Donzelli… DP

Chorus

Canada – 2015 – 1h37, de François Delisle, avec Sébastien Ricard, Fanny Mallette, Geneviève Bujold…

Cosmos

France/Belgique – 2015 – 1h52, de Joachim Lafosse, avec Vincent Lindon…

France/Portugal – 2015 – 1h43, d’Andrzej Zulawski, avec Sabine Azéma, Jean-François Balmer, Jonathan Genet…

Le président d’une ONG a convaincu des familles françaises en mal d’adoption de financer une opération d’exfiltration (illégale) d’enfants de moins de cinq ans d’un pays d’Afrique ravagé par une guerre civile. A la tête d’une équipe de bénévoles, il a un mois pour trouver 300 enfants et les ramener en France. Commence alors un marathon mensonger où il faut persuader les chefs de village qu’il va installer un orphelinat sur place, masquant ainsi les vraies raisons de cette expédition… Joachim Lafosse est un réalisateur belge qui aime déranger. Il a déjà réalisé trois films remarqués Nue propriété en 2006, Élève libre en 2008, À perdre la raison en 2012. À partir de l’affaire de l’Arche de Zoé, il a construit un film implacable qui interroge certaines dérives humanitaires, la corruption et le néo-colonialisme sous couvert de bonnes intentions. Couronné par le prix du meilleur réalisateur au festival de San Sebastian, ce film propose un très intéressant casting pour entourer Vincent

Witold, étudiant, vient d’échouer à ses examens de droit. Fuchs, lui, a quitté son emploi dans une société de mode parisienne. Durant quelques jours, ils se retrouvent à fréquenter la même pension de famille. Là, d’étranges signes préoccupants se succèdent avec des pendaisons, d’abord celle d’un oiseau, puis celle d’un bout de bois… Quelle sera la suivante ? Heureusement, une jeune femme vit aussi sous ce toit. Or, si elle ne laisse pas Witold indifférent, elle est mariée… Le réalisateur de L’Important c’est d’aimer (1975) et de La Note bleue (1990) revient après 15 ans d’absence avec Cosmos, adapté du roman éponyme de Witold Gombrowicz. Le film a reçu le Léopard d’Argent de la meilleure réalisation au Festival de Locarno ! Source : dossier de presse.

Danish Girl

USA/Allemagne/Grande-Bretagne - 2015 - 2h00, de Tom Hooper, Eddie Redmayne, Alicia Vikander, Ben Whishaw…

D

Gerda et Einar Wegener forment un jeune Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –

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couple de peintres bien en vue dans le Copenhague des années 20. Une commande de portrait à finir dans l’urgence va changer leur vie : le modèle de Gerda ne pouvant se libérer, elle demande à son mari de revêtir la robe de son modèle et de prendre la pose. L’expérience, troublante pour les deux, va opérer comme un révélateur : Einar se sent véritablement luimême quand il est habillé en femme. Petit à petit, avec l’appui indéfectible de Gerda, Einar va devenir Lili. Mais la désapprobation générale va pousser le couple à s’installer à Paris, la ville de tous les possibles… The Danish Girl met en lumière le parcours d’une pionnière de la cause transsexuelle : Lili Elbe sera, en effet, la première personne à bénéficier d’une chirurgie de réattribution sexuelle, et à obtenir, au Danemark, son changement d’identité. Le film a reçu le Lion d’Or lors de la dernière Mostra de Venise. Sources : dossier de presse

Les Délices de Tokyo

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Les Élues

Les dorayakis sont des pâtisseries traditionnelles japonaises composées de deux pancakes fourrés de la fameuse pâte de haricots rouges confits, « AN ». Tokue, une femme de 70 ans, va essayer de convaincre Sentaro, le vendeur de dorayakis, de l’embaucher. Tokue détient en effet un secret, celui de la recette d’une pâte absolument exquise. Une fois à l’œuvre, la modeste boutique devient un endroit incontournable grâce à Tokue… Après Still the water (2014), Naomi Kawase a choisi d’adapter le roman de Durian Sekegawa qui l’a beaucoup touchée. Belle inspiration puisque que Les Délices de Tokyo a été présenté au Festival de Cannes 2015 dans la sélection Un Certain Regard. Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse.

Early Winter

L’Étreinte du serpent

Canada/Australie – 2015 – 1h36 – de Michael Rowe avec Paul Doucet, Suzanne Clément…

Colombie – 2015 – 2h05, de Ciro Guerra, avec Nilbio Torres, Antonio Bolivar, Yauenku Miguee, Jan Bijvoet…

David, la quarantaine, mène une existence routinière avec sa femme Maya, d’origine

En forêt amazonienne, Karamakate, chaman et dernier représentant de son peuple, vit en

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solitaire depuis de longues années. Son expérience fait de lui un véritable chullachaqui, un homme sans souvenirs, ni émotions. Sa vie est bouleversée par l’arrivée d’Evans, un ethnobotaniste occidental, qui est à la recherche d’une plante sacrée à la vertu puissante, celle d’apprendre à rêver : la yakruna. Commence alors pour ces deux hommes un voyage au cœur de la forêt dans un entre-deux mondes où se conjuguent entre autres le spirituel au poétique. L’Étreinte du serpent est un film absolument magnifique et envoûtant, sélectionné à la Quinzaine des Réalisateurs. Pour l’histoire – sublimée par le noir et blanc – C. Guerra s’est inspiré des journaux des premiers explorateurs de l’Amazonie colombienne, l’ethnologue Theodor Koch-Grünberg et du biologiste Richard Evans Schultes. Le spectateur est emporté par une expérience inattendue où temps et espace se confondent. Aussi captivant que majestueux ! RS

Mexique – 2015 – 1h45, de David Pablos, avec Nancy Talamantes, Oscar Torres…

Tijuana, une des villes les plus dangereuses du Mexique. Deux très jeunes gens, Ulises et Sofia, vivent leur premier amour. Mais Ulises sert de rabatteur à son père et son grand frère, tenanciers mafieux d’un bordel où sont enfermées des dizaines d’adolescentes. Sofia tente de s’échapper, est rattrapée, menacée de représailles sur sa famille. Personnage amoureux mais très ambigu — c’est le moins qu’on puisse dire —, Ulises doit trouver une remplaçante à Sofia s’il veut la libérer. Le piège de la romance se remet alors en place pour une autre « élue »… Présenté à Cannes dans la section Un Certain Regard, le film de David Pablos décrit, sans recourir à des images crues ou complaisantes, une société sordide et cruelle. C’est un film fort, complexe, dérangeant.

France/Japon/Allemagne – 2016 – 1h53, de Naomi Kawase, avec Kirin Kiki, Masatoshi Nagase, Kyara Uchida…

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russe, et leurs deux enfants. Pour combler son épouse des derniers gadgets, il travaille seul jour et nuit comme concierge dans une maison de retraite. Mais quand il commence à soupçonner que Maya le trompe, c’est toute son existence qui vacille, le passé menaçant de tout emporter sur son passage. D’origine australienne, poète, homme de théâtre, journaliste, Michael Rowe a longtemps vécu au Mexique où il a tourné Année Bissextile qui a remporté la Caméra d’Or au festival de Cannes en 2010. Son cinéma évoque celui de Bergman, mais sans les paroles, tout se passant essentiellement en longs plans séquences, dans le non-dit. Ce nouveau film tourné au Canada a reçu le Venice days award de la dernière Mostra de Venise. Sources : critikat.com – lapresse.ca

F

La Fille du patron

France – 2014 – 1h38, de Olivier Loustau, avec Christa Théret, Olivier Loustau, Florence Thomassin...

Vital, 40 ans, travaille dans une usine textile où il est chef d’atelier. Alix, 27 ans, le choisit comme « cobaye » pour une étude ergonomique, sous couvert de l’anonymat car elle est, en fait, la fille du patron. L’univers industriel devient le cadre d’une romance entre Alix et Vital, réservé et discret qui s’ouvre peu à peu... Pour son premier film, Olivier Loustau pose la question : Une histoire d’amour, pour réussir, ne peut-elle exister qu’entre pairs, à qualification, affinités intellectuelles, emploi, milieu social et économique égaux ? Sources : dossier de presse, rouge-international.com

La Forteresse

G

Le Garçon et la bête Voir pages Jeune Public Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Gaz de France

France – 2015 – 1h26, de Benoît Forgeard, avec Philippe Katerine, Olivier Rabourdin...

La popularité de Bird, le président de la République française, est au plus bas. Michel Battement, éminence grise du chef de l’État, doit trouver une solution. Il décide de réunir des cerveaux pour une consultation secrète dans les sous-sols de l’Élysée... Attention, objet loufoque et atypique en vue. Drôle et imprévisible, Gaz de France est un objet cinématographique peu banal. L’univers créé par Benoît Forgeard pour son premier vrai long métrage (le précédent, Réussir sa vie, étant une compilation de certains de ses courts métrages) est étrange, et s’inspire, entre autres, de séries télévisées françaises fantastiques des années 70 et 80. Son humour est décalé, surprenant, distancié. Les acteurs sont au diapason (mention spéciale à Philippe Katerine, impayable en président Bird), mais sous ses abords potaches, le film aborde aussi des questions politiques importantes, comme celle du storytelling, par exemple. Bref, l’Ofni du moment. JF

Hector

Grande-Bretagne – 2015 – 1h26, de Jake Gavin, avec Peter Mullan, Keith Allen, Natalie Gavin…

H

C’est l’hiver. Le froid est là et les fêtes de fin d’année approchent. Dehors, Hector, SDF, se réveille de son abri de fortune aux côtés d’acolytes familiers, Jimbo et Hazel. Solidaires, ils se promettent de se retrouver à Londres comme à chaque Noël. D’ici-là, Hector a un rendez-vous médical à honorer à Glasgow. L’occasion peut-être aussi de reprendre en chemin quelques contacts… Jake Galvin, plus connu jusqu’alors comme photographe, voire acteur, nous propose avec Hector un premier film sur une histoire pleine d’humanité. L’itinéraire d’Hector va permettre de multiples rencontres avec des personnages souvent attachants dont le réalisateur a l’art de dresser un portrait subtil en quelques scènes. On pressent qu’Hector – excellent Peter Mullan – au-delà de sa valise, traîne avec lui un passé qui le hante. RS Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –

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Hotel Transylvania 2 Voir pages Jeune Public

Les Huit salopards

USA – 2016 – 2h47 de Quentin Tarantino, avec Samuel L. Jackson, Kurt Russell, Jennifer Jason Leigh, Tim Roth....

John Ruth, chasseur de primes, emmène Daisy Domergue se faire pendre à Red Rock. Mais le blizzard se lève et ils sont obligés de se réfugier dans une auberge en pleine montagne dans laquelle se trouvent déjà quatre personnes assez louches. Duperies et trahisons en tous genres sont alors de mise, tout le monde sortira-t-il vivant de l’auberge ? Rien n’est moins sûr. Un nouveau film de Quentin Tarantino est toujours une belle promesse. Il s’est entouré de son acteur fétiche, Samuel L. Jackson (six collaborations avec le réalisateur), d’habitués, Tim Roth (Reservoir dogs, Pulp fiction), Kurt Russell (Boulevard de la mort) et de nouveaux venus comme Jennifer Jason Leigh. Une fois de plus, il semble nous avoir préparé un cocktail jouissif qui mêle émotions fortes, humour, mise en scène au cordeau et dialogues gouleyants. Bref, tout pour faire de ces Huit salopards le film événement de ce début d’année 2016. Sources : Dossier de presse

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Janis

Je France vous –souhaite d’être follement aimée 2015 – 1h40, d’Ounie Lecomte, avec Céline Sallette,Anne Benoît, Elyes Aguis, Françoise Lebrun…

Élisa, kiné, s’installe avec son jeune fils Noé, à Dunkerque, le temps d’un remplacement. Ce choix n’est pas un hasard, c’est dans cette ville qu’elle est née sous X. En quête de sa mère biologique, qui ne lui a laissé aucune lettre explicative, Elisa persiste à vouloir renouer le fil de son histoire. Alors que tout semble définitivement compromis, le hasard va venir troubler le présent… Après Une vie toute neuve (2009), Ounie Lecomte nous présente ici son second film avec une musique signée Ibrahim Maalouf. Je vous souhaite d’être follement aimée – dernière phrase de la lettre qui clôt L’Amour fou et qu’André Breton adresse à sa fille – aborde avec beaucoup de sensibilité et des acteurs très justes, des thèmes chers à la réalisatrice comme ceux du sentiment d’abandon, de l’identité et de la filiation. Absolument remarquable ! RS

– Les CARNETS du STUDIO

n°341 – janvier 2016

Le Kid Voir pages Jeune Public

Médecins de campagne France – 2015 – 1h40, de Thomas Litli, avec François Cluzet, Marianne Denicourt…

Tous les habitants de ce coin de campagne peuvent compter sur Jean-Pierre, le médecin qui les ausculte, les soigne et les rassure jour et nuit, 7 jours sur 7 depuis longtemps. Mais Jean-Pierre tombe malade à son tour et il voit débarquer une jeune médecin qui débarque de

son hôpital pour l’aider. Nathalie sera-t-elle capable de s’adapter à cette vie nouvelle et à remplacer celui qui se croyait jusque-là… irremplaçable ? Médecin, scénariste (Télé gaucho de Michel Leclerc), réalisateur, Thomas Litli a connu un très beau succès grand public avec Hippocrate, un formidable récit avec Vincent Lacoste et Reda Kateb (César du meilleur second rôle) qui faisait découvrir avec justesse et émotion les dessous du monde hospitalier… Dans ce nouveau film, il raconte le quotidien d’un médecin dans un désert médical sur un ton réaliste assez proche de celui de son précédent film.

artistique à un haut niveau. Elle aimerait être comme elle : sportive et mince ! Mais un jour, Stella découvre que sa sœur souffre de boulimie et qu’entre ses interminables séances d’entraînement, elle se fait vomir en cachette… Elle essaye d’aider sa sœur en gardant ce lourd secret. Révélée à Berlin en 2013 avec Eating lunch, un court métrage, consacré aux jeunes filles anorexiques, Sanna Lenken réussit son film avec une délicate maîtrise qui esquive élégamment son sujet pour se focaliser sur la relation entre les deux sœurs : admiration, jalousie, culpabilité. My skinny sister a reçu l’Ours de cristal à la Berlinade.

Sources : dossier de presse.

Sources : arte.com – telerma.fr

Avant première : vendredi 8 janvier et rencontre avec Thomas Lilti, le réalisateur après la projection de 19h45

Mistress America USA – 2015 – 1h26, de Noah Baumbach, avec Greta Gerwig, Lola Kirk, Matthew Shear...

USA – 2015 – 1h43, documentaire d’Amy Berg.

Janis Joplin est la véritable reine du blues dans les années 60 ! Née au Texas, c’est une enfant tourmentée, presque une paria pour ses camarades. Amy Berg, réalisatrice et productrice de documentaires remarqués, nous propose un superbe portrait de cette artiste mythique et femme sensible en quête de liberté et de reconnaissance, qui put s’épanouir grâce à la musique. Après avoir chanté du bluegrass, celle qui adorait Bessie Smith, se tourna vers le blues. A. Berg nous la montre avec ses premiers groupes, le Big Brother and The Holding Company, puis le Kozmic Blues Band. Scènes d’anthologie au Festival de musique

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pop à Monterey (1967), à Woodstock (1969), en studio où Janis répète aves ses musiciens Summertime, version toujours aussi époustouflante aujourd’hui. Janis, c’est aussi la drogue, l’alcool… Alors qu’elle prépare l’album Pearl contenant Me and Bobby McGee, l’artiste est rattrapée par ses démons. La femme à la voix puissante et aux colliers disparaît à 27 ans, peu après Jimi Hendrix. Janis, on est fan! RS

K M

Tracy, jeune étudiante aspirante écrivaine, est déçue par la vie universitaire de New York jusqu’au jour où elle fait la connaissance de Brooke, sa future belle-sœur. Elle côtoie alors une femme plus âgée qu’elle, fonceuse, excentrique et qui semble mener la vie dont ellemême a toujours rêvé... Mistress America est une comédie urbaine qui confirme le génie du tandem Noah Baumbach et Greta Gerwig (la magnifique Brooke) après le succès en 2012 de Frances Ha. Venez goûter à ce délice d’intelligence, à ce délire d’humour aux répliques si révélatrices de l’instantanéité de notre époque ! Sources : dossier de presse, lapresse.ca

Nous trois ou rien

France – 2015, 1h42, de Kheiron, avec Kheiron, Leila Bekhti, Gérard Darmon, Zabou Breitman, Alexandre Astier...

Iran, années 1970, le Shah est encore au pouvoir... Hibat milite dangereusement pour plus de démocratie. Il tombe amoureux de Fereshteh, l’épouse, et tous deux se retrouvent parents. Face à une répression toujours accrue, le jeune couple s’enfuit pour atterrir dans une cité de banlieue parisienne. Conte tragi-comique, Nous trois ou rien semble tout oser et réussir à faire en sorte que ça « passe » : mélange de vrai drame, d’histoire d’amour, d’humour cocasse et de poésie, le premier film de l’humoriste Kheiron Tabib se veut un hommage au courage de ses parents, à leur détermination à ne jamais baisser les bras. Une fable où l’on rit, on l’on grince des dents, le tout sur un ton enlevé et porté par une mise en scène rigoureuse voire élégante... Sources : telerama.fr, avoir-alire.com.

Monte là-dessus

Les Premiers, les derniers

Voir pages Jeune Public

Film du mois, voir au dos du carnet

My Skinny Sister Suède – 2015 – 1h35 – de Sanna Lenken,

Avant-première mercredi 6 janvier Ciclic et les Studio proposent une rencontre avec Bouli Lanners, le réalisateur, après la projection de 19h45.

avec Rebecka Josephson, Amy Deasismont…

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À 10 ans, Stella est une fille un peu ronde qui admire sa sœur Katja qui fait du patinage Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –

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Le Prophète Voir pages Jeune Public

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Seul sur Mars

USA – 2015 – 2h24, de Ridley Scott, avec Matt Damon, Kristen Wiig…

À la suite d’un accident, laissé pour mort par ses collègues sur la surface de Mars, Mark se retrouve seul alors que l’arrivée de la prochaine mission est prévue pour... dans 4 ans... Botaniste de formation, Mark se trouve alors à devoir mettre ses qualités à bon usage pour faire pousser des végétaux... En attendant, la NASA a fini par comprendre qu’il était vivant et entreprend de lancer une mission de sauvetage. On sait Ridley Scott doué pour offrir un grand spectacle qui ne demande pas au spectateur de renoncer à ses neurones (du côté de la SF, il nous a ainsi donné Alien et, surtout, Blade runner...) ; on ne peut qu’espérer qu’il saura se montrer ici à la hauteur de nos attentes. Sources : telerama.fr, avoir-alire.com

Spotlight USA – 2015 – 2h08, de Thomas McCarthy avec Mark Ruffalo, Michael Keaton, Rachel McAdams.

Le film est inspiré de faits réels. Boston, 2001 : le nouveau rédacteur en chef veut relancer le Boston Globe, qu’il trouve ronronnant dans une confortable routine. Une équipe spéciale de journalistes, Spotlight (projecteur), est donc chargée d’enquêter sur un curé accusé d’avoir violé, en 30 ans, des dizaines de jeunes paroissiens. L’enquête durera un an, se heurtant à de nombreux obstacles : s’attaquer à l’Église catholique, surtout à Boston, n’est pas sans risque. Ce qu’ils vont découvrir fera l’effet d’une bombe. Les critiques s’accordent à souligner une « évidente et indéniable réussite » qui trouve « la distance parfaite entre le film à suspense et le film-dossier, entre le plaisir et la colère, l’entertainment et l’indignation ». Sources : dossier de presse.

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Strictly Criminal USA –- 2015 – 2h03, de Scott Cooper, avec Johnny Depp, Kevin Bacon, Benedict Cumberbatch…

Aussi incroyable soit-elle, cette histoire est vraie ! Dans les années 70, le FBI ne veut rien moins qu’éradiquer la mafia italienne ; alors, pour parvenir à cette fin, la police est prête à tout, et même à contracter une union contre nature avec ceux qui ont également tout intérêt à cette liquidation. L’agent fédéral Connolly est chargé de reprendre contact avec son ami d’enfance, James « Whitey » Burger, membre du Gang irlandais, et de lui proposer un marché : en collaborant avec le FBI pour mener à bien ce projet commun, il ne subira, en contrepartie, aucune entrave pour mener sa « carrière ». Ce que le police ignore c’est qu’elle a signé un pacte avec le diable : Whitey va devenir un des gangsters les plus puissants des États-Unis. Soupçonné, notamment, d’avoir tué 19 personnes, il ne sera jamais arrêté (mais finira par se livrer à 81 ans) et conduira à leur perte tous ceux qui l’auront aidé et/ou qu’il aura arrosés : policiers, politiques, et même son frère, avocat et président du Sénat du Massachusetts… Ce film coup de poing donne à voir un Johnny Depp méconnaissable et totalement époustouflant, certains critiques considèrent même que c’est sa meilleure prestation : c’est dire ! Sources : dossier de presse, telerama.fr

Les Suffragettes

Grande-Bretagne – 2015 – 1h46, de Sarah Gavron, avec Carey Mulligan, Helena Bonham Carter, Meryl Streep...

Au début du siècle dernier, la colère monte chez les femmes britanniques qui, après de longues années de protestations pacifiques, n’ont toujours pas obtenu le droit de vote. C’est dans ce contexte que Maud, mère de famille, va se lancer dans la mêlée, au moment même où le mouvement dit des « suffragettes », mené par la très charismatique Emmeline Pankhurst, va faire des choix d’actions beaucoup plus radicales, voire violentes. Ce choix est loin d’être anodin tant la répression de l’état se fait féroce, et tant l’engagement mili-

tant est difficilement compatible avec la vie d’une respectable mère de famille. Sources : imdb.com, nytimes.com

Une surprise pour Noël

U Tout en haut du monde T La Vie très privée de M. Sim V Voir pages Jeune Public

France – 2015 – 1h40, de Michel Leclerc, avec Jean-Pierre Bacri, Mathieu Amalric, Vimala Pons…

Monsieur Sim ne va pas bien : sa femme l’a quitté, il a perdu son boulot, son vieux père l’évite et il a une image très négative de luimême (ce qu’on peut comprendre !). Alors qu’il est tout au fond du gouffre, on lui propose un poste inattendu : devenir représentant en brosses à dents entièrement bio qui vont révolutionner l’art du brossage. Au volant de sa voiture de fonction (forcément hybride), M. Sim part vers le sud… Après le très beau succès de Au nom des gens

en 2010 (avec Jacques Gamblin et l’étourdissante Sara Forestier) puis Télé gaucho en 2012, tous les deux des comédies largement autobiographiques, Michel Leclerc a voulu se renouveler en adaptant un roman de Jonathan Coe. Démarrant comme une comédie (avec une première scène hilarante), ce roadmovie explore une douce mélancolie. JeanPierre Bacri y est excellent (et pas râleur pour un sou !) Notons que la musique est signée Vincent Delerm et que Jeanne Cherhal a une très belle (quoique invisible) prestation… DP Michel Leclerc est venu présenter son film aux RDV du cinéma organisés par l’ACC en novembre. Retrouvez un extrait de la rencontre sur notre site dans la rubrique « Ça s’est passé aux Studio ».

Le Voyage d’Arlo Voir pages Jeune Public

Cycle Nouvelles vagues et Avant-garde Hommage à Tenguiz Abouladzé Lundi 25 janvier – 19h30 PARTENARIAT INÉMATHÈQUE/STUDIO LeCRepentir

Cycle Cow-boys, Indiens et grands espaces Lundi 4 janvier

de Tenguiz Abouladzé (1984) URSS/ Couleurs/ 2h25

Une soirée, deux films

Une soirée, deux films

19h30 - L’Ennemi silencieux

19h30 - L’Arbre du désir

de H.P. Carver (1930) USA Noir et blanc teinté 1h15

Mardi 26 janvier

de Tenguiz Abouladzé (1976) URSS Couleurs 1h47.

21h00 - Le Vent de la plaine de John Huston (1960) USA Couleurs 2h05,

21h30 - L’Incantation

avec Lilian Gish et Charles Bickford.

de Tenguiz Abouladzé (1967) URSS Couleurs 1h17

Lundi 11 janvier – 19h30

Lundi 1er février – 19h30

Jeremiah Johnson

Partenariat Cinémathèque/Atelier super 8 Rohmer et la Nouvelle vague. Naissance d’un style.

de Sydney Polack (1972) USA Couleurs 1h50 avec Robert Redford.

Lundi 18 janvier – 19h30

La Randonnée de Nicolas Roeg (1970) GB Couleurs 1h43

Le Signe du lion

de Eric Rohmer (1959) France Noir et blanc 1h40 avec Jean-Luc Godard et Stéphane Audran.

Soirée présentée par Philippe Fauvel, chercheur en cinéma.

Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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humeur Belles familles

Ici… ` HOT TENSION Après le biopic chic, Yves Saint Laurent, Jalil Lespert change totalement de registre : en effet, il se lance dans le thriller, avec une nouvelle version de Chaos, film japonais de Hideo Nakata. Ce chaos sera provoqué par l’enlèvement de l’épouse d’un homme d’affaires. Le réalisateur retrouvera Charlotte Le Bon dans le rôle d’une victime pas si innocente que cela. Romain Duris lui donnera la réplique mais on ne sait pas encore si ce sera en tant que conjoint ou ravisseur ; idem pour Jalil Lespert qui sera aussi interprète de ce film « à rebondissements et à forte tension sexuelle ». ` UNE AMÉRICAINE À PARIS Depuis Sils Maria, et un César à la clé, Kristen Stewart semble être devenue l’égérie d’ Olivier Assayas. En effet, le duo se reforme pour Personal Shopper, une histoire de fantômes dans le milieu de la mode ; et si le film sera tourné en langue anglaise c’est pourtant Paris qui en sera le décor.

et apes ` SI LOIN, SI PROCHES Alors que son Carol, avec la toujours impeccable Cate Blanchett (sauf quand elle se livre au culte du Dieu de la Parfumerie dans une fameuse publicité), vient à peine d’être projeté sur les écrans, que Todd Haynes travaille déjà sur un nouveau projet : une adaptation d’un ouvrage de Brian Selznick (auteur, entre autres, de L’Invention d’Hugo Cabret, devenu un film de Martin Scorsese en 2011), Wonderstruck. Occasion pour lui de retrouver Julianne Moore, avec laquelle, il avait créé le sublime et bouleversant, Loin du paradis. Cette fois, le réalisateur ne plongera pas dans une époque révolue mais dans deux : en effet, il va mettre en images l’histoire de deux enfants sourds, l’un vivant en 1927, l’autre en 1977, et pourtant, mystérieusement connectés ! Quand on sait quelle gageure représentait, I’m Not There, sa « biographie » de Bob Dylan, on se doute que le film devrait surprendre ! ` AMOUR MONSTRE 2015 aura vu une double résurrection de Frankenstein et de sa créature : l’une générée par Paul McGuigan, avec James McAvoy et Daniel Radcliffe, l’autre par Bernard Rose ! 2016, verra le retour de sa fiancée sous l’égide de Neil Burger. Celle qui devrait donner vie à la créature, sera : Angelina Jolie ! On annonce « une version plus légère et surréaliste que celle de James Whale » en 1935 : espérons qu’elle sera aussi inoubliable ! IG

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athieu Amalric ! Constat totalement incompréhensible pour ceux qui considèrent, à l'instar de Noël Simsolo dans son Dictionnaire de la Nouvelle Vague, qu'il est « L'héritier actuel de la Nouvelle Vague en France : [...] comme acteur et réalisateur [...] car son style de cinéaste, comme son jeu de comédie, privilégie cette attitude de la Nouvelle Vague où rigueur et liberté faisaient un mélange détonant. » Rigueur et liberté, peut-être, mais interprétation identique d'un film à l'autre, trop souvent : en quoi ses prestations dans Les Herbes folles, Un conte de Noël, L'Amour est un crime parfait, La Vénus à la fourrure ou d'Arrête ou je continue, pour n'en citer que quelques unes, se distinguent-elles les unes des autres ? En rien : on peut noter à chaque fois une certaine agitation, appuyée par des salves de roulements d'yeux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Gollum dans Le Seigneur des Anneaux ! Son Georges Devereux pour Jimmy P. (Psychothérapie d'un Indien des plaines) d'A. Desplechin, m'avait fait entrevoir une lueur d'espoir, grâce à un jeu plus contrasté plus subtil, lueur malheureusement éteinte par son interprétation de Jérôme

Varenne, dans le récent Belles Familles de Jean-Paul Rappeneau ! Mais, notons, à la décharge du comédien, qu'il n'est pas le seul à manquer de subtilité dans le huitième film (en presque cinquante ans) du réalisateur ! Car il faut bien le reconnaître ce ciseleur de scénarios, qui a aussi bien travaillé dans le registre de la comédie enlevée que dans celui du drame, aussi bien pour lui-même que pour les autres : L'Homme de Rio pour et avec Philippe de Broca, Le Combat dans l'île pour et avec Alain Cavalier ou Vie privée pour et avec Louis Malle, par exemple ; ce réalisateur réputé pour sa direction d'acteurs, l'élégance, le rythme, la légèreté de ses films (cf La Vie de château, Les Mariés de l'An II ou Le Sauvage) semble avoir perdu toutes ses qualités dans Belles familles ! Ainsi, Nicole Garcia dans le rôle de la mère de Jérôme et Jean-Michel Varenne (Mathieu Almaric et Guillaume de Tonquédec) adopte un jeu digne des grandes heures d'Au théâtre ce soir : pâmoison à répétition et voix forcée. Insupportable ! Karin Viard, quant à elle, dans le rôle de

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Bande annonce

Vis ma vie... privée ! L

es outils numériques nous concernent tous : sites web, réseaux sociaux, partage de photos ... chaque jour nous les utilisons sans nécessairement nous en rendre compte. Mais les avons-nous réellement choisis ?

la dernière compagne du père disparu, semble emperruquée (notons qu'elle arborait déjà cette coiffure improbable dans L'Amour est un crime parfait, où elle donnait déjà la réplique à Mathieu Amalric qui n'a, pour autant, aucune responsabilité ces dérapages capillaires), engoncée dans ses vêtements, dans sa maison (ben voui, elle aurait dû hériter de l'imposante demeure familiale, mais des manœuvres peu délicates l'en ont chassée après la mort du Docteur Varenne, et l'ont conduite dans une minuscule maison de lotissement, dénuée de charme), et dans son rôle! Quant aux autres comédiens, Gilles Lellouche, Guillaume de Tonquédec ou André Dussollier, ils jouent sans surprise une partition qu'ils connaissent sur le bout des doigts : le nouveau riche bling-bling, le bourgeois coincé et le sexagénaire charmant et maladroit. Si comme à son habitude, Jean-Paul Rappeneau met en mouvement ses comédiens : en avion, voiture, scooter ou train, il les/nous entraîne à Paris, Londres, Shanghai, Zanzibar et Ambray (ville imaginaire), dans ce film-là, le mouvement n'est pas celui du tourbillon de la vie, mais de l'agitation ne menant qu'au sur place. On peut d'ailleurs observer un vrai souci d'espace dans ce Belles familles. En effet, les différents lieux de tournage, Blois, les environs de Tours avec la Grange de Meslay, Chatou et Sèvres, différentes pièces de puzzle qui devraient s'assembler pour former un tout, Ambray en l’occurrence, apparaissent comme des éléments hétéroclites, sans rapport les uns avec les

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autres. Ainsi le vaste appartement du personage de G. Lellouche, plonge sur un panorama donnant à voir une importante agglomération, alors que, quand on se trouve dans le centre ville, l'espace n'a plus aucun rapport : la ville semble être de moyenne importance ! Perception également ressentie lors des deux courses poursuites entre les personnages d'Amalric et de Lellouche : déploiement de « chevaux » disproportionné et grotesque rapporté à la taille des routes empruntées. Ce ne sont, malheureusement, pas les seuls moments du film que l'on peut trouver ridicules : c'est le cas de la scène de l'hôpital, où le « fantôme » du père médecin se réconcilie avec son fils alité, de celle où les deux femmes du ditmédecin se retrouvent pour un thé dans la demeure familiale désormais cernée par de multiples immeubles, de celle du coup de foudre entre la fiancée chinoise de Jean-Michel, (qui a compris à distance que son futur mari était tombé amoureux d'une autre femme), et le pianiste, chinois, juste avant le concert de « toutes les vérités », mais aussi de la scène finale, célébrant les retrouvailles de Jean-Michel et de Louise (Marina Vacth), courant l'un vers l'autre devant l'aéroport de Shanghai, à laquelle il ne manque que le « ba da ba da da da da da da »Nicole Croisille et Pierre Barouh pour atteindre le paroxysme du cliché ! Finalement, maintenant, j'ai aussi un problème avec Jean-Paul Rappeneau, et ça, ça me pose un vrai problème ! IG

Il y a fort à parier que nos outils se résument à l’acronyme GAFAM, pour Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft. Qui peut se targuer de n’utiliser AUCUN produit de ces entreprises ? Nous sommes quasiment tous en partie dépendants d’une de ces sociétés qui apparaissent comme incontournables... et pourtant les choix sont multiples ! Les conséquences sont l’apparition de monopoles, le manque d’innovation ou l’imposition de Conditions Générales d’Utilisation souvent incomprises... Tout cela contribue à nous rendre encore plus dépendants de ces outils. Cependant des alternatives existent. Elles sont souvent choisies par des personnes qui refusent, pour rester en cohérence avec leurs convictions, d’être esclave d’outils qu’ils ne maîtrisent pas. Jean-Louis Barrault, comédien, nous disait «La liberté, c’est la faculté de choisir ses contraintes.» Ce n’est pas faire ce qui nous plaît, c’est bien être en capacité de choisir de manière éclairée. Mais connaissez-vous les enjeux qui sous-tendent votre utilisation des outils numériques ?

Au delà de cette simple liberté de choix, le problème de cette dépendance à ces outils centralisés, c’est la facilité donnée pour une surveillance de masse généralisée. Edward Snowden et d’autres lanceurs d’alerte nous ont appris que, sous couvert de nous protéger, certaines lois votées visent à faciliter ces « écoutes » numériques. Un début de solution serait d’utiliser des formats ouverts et des outils numériques

libres afin d’aller vers plus de transparence. Pouvoir observer comment nos outils sont faits, et les modifier au besoin est indispensable : tout le monde n’est pas garagiste, mais cela ne doit pas nous empêcher d’exiger de pouvoir ouvrir le capot et de faire notre vidange nous-même si nous en avons l’envie ! Association ADETI (Association de Développement des technologies de l’information) pour le MFRB (Mouvement français pour un revenu de base)

NOUS EN REPARLERONS PROCHAINEMENT… Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –

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Les rédacteurs ont vu :

Macbeth de Justin Kurzel

Ralentis, nappes de brume, ciels rouges, paysages trop sublimes : d’accord, le film ne fait pas toujours dans la dentelle. Mais Macbeth n’est pas une tragédie de salon et ne supporterait pas une mise en scène chichiteuse. Il faut rendre palpables la beauté sauvage des Highlands, mais aussi le sang, la crasse, la cruauté. Seule une dramaturgie à la mesure de la démesure baroque des crimes et des sentiments est capable de rendre la magie de Shakespeare, cet improbable mariage de l’extrême barbarie et de l’extrême raffinement littéraire. Sacré défi pour un cinéaste que de sublimer ces contradictions sans tomber dans le ridicule ! Justin Kurzel le relève avec brio. AW Des choix de lumière et d’un tournage en décors écossais réels, une majestuosité fascinante des lieux se dégage

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pour contenir et supporter la dimension dramatique du récit. Drapés dans leurs lainages sombres et austères, les personnages n’en sont que plus troublants face à leur destin inéluctablement tragique, piégés dans un entre-deux, celui d’un réalisme presque… onirique ? Une des grandes forces de ce Macbeth avec Michael Fassbender, si impressionnant. RS De la fureur, du feu, du sang, c’est ce que l’on attend de Macbeth. Le contrat est rempli, Justin Kurzel n’apporte sans doute pas beaucoup à la longue liste des adaptations de la pièce de Shakespeare mais il ne démérite pas non plus. D’autant que le film est picturalement beau et que Michael Fassbender semble être né pour jouer ce rôle. C’est déjà pas mal. JF

Les comédiens donnent de leur personne. Indéniablement. Les images sont extraordinaires de beauté même si cette beauté est âpre, suintante de sang, de sueur et de larmes. Pourtant, il y a des choses qui ne fonctionnent pas dans le film: ainsi on ne nous donne pas à ressentir le passage progressif de la démesure des ambitions à la démence, le passage du crime fondateur à la folie sanguinaire pour lui, ou, pour elle, celui du calcul meurtrier à l’insupportable remord. Ce manque de nuances psychologiques entraîne une sorte de désincarnation des personnages qui ne sert en aucun cas le propos. Dommage. IG Cette année comme de nombreuses autres, l’Oscar des meilleurs dialogues devrait logiquement revenir à un petit nouveau du nom de William Shakespeare. ER

Dommage que le réalisateur ait tenu à ajouter des effets spéciaux spectaculaires et inutiles, la poésie brutale du texte, la beauté désolée des landes écossaises, la musique qui transforme le récit en longue cérémonie funèbre, le jeu poignant des deux acteurs principaux… suffisaient à emporter l’adhésion du spectateur. DP Kurzel semble inventer un genre nouveau : la géopsychologie ; dans un décor aussi abrupt et sous-éclairé comment ne pas tourner autrement que criminel ? Tous les paysages sont là pour suinter le crime... C’est peut-être le principal reproche à faire à ce Macbeth : en faire un peu trop du côté de la sursignification des décors, des costumes, des maquillages, etc. ER

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Rencontre avec Alain Cavalier

Rencontre avec Alain Cavalier

Alain Cavalier aux Studio © Roselyne Guérineau

Le Caravage Vendredi 6 novembre 2015

Les Studio ont accueilli Alain Cavalier venu présenter en avantpremière Le Caravage, film sur le cheval de Bartabas. D’emblée, avant la projection, le contact avec le public est chaleureux avec ce grand réalisateur.

«C’est très sympathique, une salle pleine ! C’est très réconfortant ! J’ai eu une grande chance dans ma vie de cinéaste, c’est de tomber amoureux d’un cheval. C’est quelque chose de très fort. Ça m’a pris beaucoup de temps pour le filmer. Au début, je l’ai filmé pour moi ». Puis, A. Cavalier a pensé nous en faire un film, mais pas un documentaire ! « Ça ne dure que 70 minutes. Courtoisie exquise »… En tournant sur lui-même, à force de le filmer, il avait « une certaine assiette. C’est un film fait entièrement avec les pieds ! Si j’avais eu un opérateur, un ingénieur du son, je crois que Bartabas ne m’aurait pas accepté. L’idée était aussi d’être d’égal à égal ». « J’ai rencontré Bartabas à un festival en 1992 où il présentait son film Mazeppa,

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et moi, Libera me. On a parlé petit à petit. Il m’a dit que tous les matins, il apprenait à son cheval des petites choses un peu compliquées. Au début, je suis venu sans caméra. Ça s’est terminé il y a un an ». Le cheval est « un animal cinématographique. Il fait 800 kg. J’ai fait un film avec Alain Delon, c’était un animal un peu agressif, la même noblesse corporelle, c’était magnifique ! ». Le Caravage et ses voisins sont aussi « des stars, des prisonniers de luxe ». « Mon seul souci est de copier la vie. Je prenais Le Caravage comme il était. À la prise de vue, c’est uniquement ce que vous avez sous les yeux. Peu à peu je me suis détaché dans mes films pour filmer la vie ». Ici, « ce qui m’intéressait, c’était le côté secret et inaccessible des choses. Ce cheval, cet homme qui le fait travailler, c’est presque de l’ordre de l’effet spirituel sur moi ».

« Dans le film, on ne dit pas qu’il s’appelle Le Caravage. Il y a des gens qui ne verront pas le film et comme j’ai réalisé un film sur De La Tour, il y aura des méprises… ». Rires dans la salle ! Bartabas aurait nommé son cheval ainsi en raison de la couleur de sa robe et de tableaux du peintre Le Caravage (La Conversion de Saint Paul, …) et sans doute de son approche du clair-obscur. « C’est toujours le respect de ce que je vis, de ce que je vois. J’arrivais à 7h30. Bartabas travaillait, il ne parlait pas. La palefrenière s’occupait du cheval, elle ne parlait pas. Je repartais après avoir dit bonjour, au revoir. J’étais dans un autre univers. C’était ce que j’avais vécu. J’ai éliminé la finalité de ces exercices qu’est le spectacle, car c’est infilmable. J’ai filmé les «cuisines», c’est ça qui m’intéressait ». Concernant la relation avec le cheval, « j’entrais dans le manège ; au bout d’un certain temps je savais s’il me disait : « qu’est-ce que tu fous là ? » Je sentais son humeur. Il regarde souvent la caméra. La dernière image, il vous regarde, il regarde la salle. Moi, je n’ai jamais touché le cheval. Je crois que c’est ce que j’ai fait de mieux pour ma relation avec Bartabas ». Qu’est-ce que Bartabas

pense du film ? Cavalier lui a dit : « tu n’es pas le Roi d’Espagne et je ne suis pas Velasquez. Il m’a dit : tu as raison ! Il m’a fait corriger 2 ou 3 petits trucs qui n’étaient pas justes […] Bartabas pense que c’est une trace cinématographique de son travail. La relation entre lui et Le Caravage, c’est une bulle. D’ailleurs, c’est le cheval qui en est sorti pour venir me voir ». Le réalisateur a été le plus touché le jour où Bartabas a soigné son cheval lui-même. « Il embrasse le cheval et ensuite la palefrenière, ou inversement selon les jours ». Ils n’ont jamais échangé ensemble sur la façon de filmer. « Je suis un travailleur qui filmait un travailleur ». « Rien n’est plus formidable pour un cinéaste de rencontrer quelqu’un, de passer du temps avec lui et de faire un film […] Là, j’ai toutes les libertés [à la différence du cinéma industriel]. Alain Cavalier salue la salle : « Vous êtes adorables ». Magnifique soirée avec un grand homme, non-dénué d’humour, toujours très complice avec son public, nous éclairant pleinement sur sa démarche de filmeur. La soirée s’est poursuivie de manière conviviale dans le hall des Studio. RS

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à propos de Sangue del mio sangue

l’époque contemporaine n’était que le reflet affadi, persiflé, du temps passé. L’Inquisition brutale, impitoyable, cède la place à l’oppression dérisoire du fisc, aux tracasseries de la police financière. Les fanatiques aveugles et féroces ne sont plus à présent que des hurluberlus vaguement dérangés, des combinards à la petite semaine.

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out d’abord dire la beauté des images, des ombres et des lumières, de l’eau, des crépuscules, des murs, des objets, des visages. De la bande-son aussi, qui donne à entendre par exemple un morceau de hard rock du groupe Metallica chanté par un chœur de très jeunes novices « vêtues de probité candide et de lin blanc », déroutant mélange d’époques et d’esthétiques. Tout le film en réalité joue sur ce thème du mélange, du double, de l’identité et de l’opposition. Si cette œuvre captivante a suscité tant d’incompréhension et de critiques — parfois outrancières — c’est faute peut-être d’en avoir perçu la bipolarité, qui est son essence même. 1630. Federico Mai veut assurer une sépulture chrétienne au moine Fabrizio, son frère jumeau qui s’est suicidé par amour pour une nonne soupçonnée de satanisme, Benedetta. Lui-même succombera à la fascination, comme son frère. Tout au long du procès en Inquisition il est hébergé par deux sœurs qui, toutes les deux rousses et toujours vêtues à l’identique, sont sinon jumelles, du moins de quasi sosies dans leur apparence, la mécanique de leurs gestes, leurs pensées, leurs paroles. Années 2000. On retrouve par-delà les siècles le même cadre : Bobbio, charmante petite ville d’Émilie-Romagne, et le même décor, lui-même dédoublé : le couvent est

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devenu prison, aujourd’hui désaffectée, abandonnée. L’un des personnages principaux est un jeune escroc du nom de Federico Mai, joué par le même acteur que le Federico Mai de 1630 ! On reconnaîtra d’autres comédiens et comédiennes déjà repérés dans la première partie. Par-delà les différences une même thématique imprègne les deux histoires : l’amour et la mort, avec d’ailleurs semble-t-il la même intrication qui fait de l’amour à la fois la cause de la mort et une victoire sur la mort. Mais le changement d’époque s’accompagne d’un changement radical de sujet et, surtout, de registre. En 1630 le drame étouffant, quasi claustrophobique dans les murs resserrés du couvent, voyait finalement Benedetta triplement enfermée, dans une sorte d’emboîtement cumulatif : emmurée vivante dans un réduit maçonné à l’intérieur d’une cellule fermée à double tour, dans ce couvent qui avait tout déjà d’une prison. La partie contemporaine se passe, au contraire, la plupart du temps à l’air libre, au soleil, au café, dans des fêtes, et l’atmosphère y est à l’humour, la cocasserie, la fantaisie. La tragédie baroque s’efface complètement devant la satire caractéristique de la comédie italienne.

En fait ce qui soude les deux parties du film et en assure la cohérence, c’est paradoxalement la permanence des ambiguïtés et des ambivalences, de la construction en miroir. Benedetta, étymologiquement la bénie, est pourtant accusée de pacte avec le diable. Jamais d’ailleurs on ne saura si elle est une démone ou une sainte, voire une simple mortelle incandescente. Mieux encore, au bout de décennies de solitude, de silence, de souffrances Benedetta meurt mais c’est la rayonnante jeune femme qui sort nue du caveau, double fantasmatique, triomphant. Par ailleurs le patronyme de Federico Mai signifie jamais. Jamais il n’aurait dû tomber amoureux de Benedetta, puisqu’il la hait au point de tenter de la poignarder, et pourtant cela advint. Sans oublier que, près de quatre siècles plus tard, il est toujours là.

Dans le Bobbio contemporain, caché dans ce même décor du couvent-prison vit un autre personnage double, ambigu, un vieux comte soi-disant vampire mais assurément mafieux, à la tête d’une « Fondation » qui ressemble diablement à une cosca, c’est-àdire une « famille » de Cosa Nostra. Est-il comme tout vampire agréé ni mort ni vivant, ou bien les deux à la fois ? Mais le vieux monstre décati a beau marcher les coudes serrés comme l’effrayant Nosferatu de Murnau, il est risible avec ses deux dernières canines dont l’une est dévitalisée et l’autre branlante ! Même le générique de fin étonne. Marco Bellochio semble lui aussi s’y dédoubler, s’y cloner à l’infini à travers les nombreux membres de sa famille acteurs ou techniciens. Son propre fils Piergiorgio y joue le double rôle de Federico Mai. La relation père-fils se double donc d’une relation metteur en scène–acteur, symbolisée ironiquement, dans un étonnant jeu de miroirs, par la relation vieux vampire-jeune escroc dans la fiction. La fantaisie et la liberté créatrice de Marco Bellocchio, jeune homme de soixante-quinze ans, confèrent ainsi à ce film schizophrène une résonance aussi insolite qu’intrigante. AW

Tout semble opposer les deux parties et pourtant tout les rassemble, comme si

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À propos À propos dede Camoin LaFabrice Cité des dangers

terroge : ssur la justice, le droit à la vengeance, sur le pardon, la légitimité de la violence politique. Bientôt, les fractions arméniennes se divisent : jusqu’où doiton aller pour que la communauté internationale reconnaisse le génocide arménien et leurs revendications ? Et qu’en est-il des victimes collatérales ? Malheureusement nécessaires ou absolument insupportables ?

L

e nouveau film de Robert Guédiguian commence par un long prologue tourné en noir et blanc qui met en scène un épisode historique peu connu hors de la communauté arménienne : en 1921, à Berlin, un jeune militant arménien nommé Soghomon Tehlirian exécuta, en pleine rue et d’une balle dans la tête, Talaat Pacha, l’un des organisateurs du génocide arménien. Lors de son procès (1), le tribunal prussien acquitta le jeune meurtrier qui avait vengé le million et demi de morts de 1918… Presque cent ans plus tard, qu’un tribunal occidental puisse légitimer la violence politique a de quoi interpeler le spectateur ! Le récit se poursuit, soixante ans plus tard, à Marseille, au cœur d’une famille de petits commerçants arméniens. Avec

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le talent qu’on lui connaît pour filmer « les petites gens », Guédiguian nous décrit le quotidien de cette famille, entre la grand-mère traumatisée par le génocide et l’exil, le père farouchement assimilationniste et le fils, Aram, qui veut s’engager dans la lutte armée, poursuivant le combat de Tehlirian, en préparant un attentat contre l’ambassadeur de Turquie à Paris. Attentat qui fait une victime innocente, Gilles, un étudiant en médecine. Le récit se scinde en deux : à Marseille où la jeune victime rejoint la famille d’Aram pour essayer de comprendre à la fois son drame et celui des Arméniens. À Beyrouth où Aram a trouvé refuge au milieu des milices chrétiennes au sein de l’Asala, l’armée révolutionnaire arménienne. De l’un et de l’autre côté de la Méditerranée, on s’in-

Robert Guédiguian nous raconte, bien sûr, une histoire arménienne, mais on y croise aussi des Kurdes, des Palestiniens… et le propos prend une valeur plus universelle, notamment quand le père, modèle d’intégration, rappelle, un jour, à Gilles, que les puissances occidentales ont beau jeu de déplacer les frontières et de faire comme s’il n’y avait personne dans les territoires qu’ils ont ainsi redécoupés (2). Travaillé par la mauvaise conscience, les morts de plus en plus nombreux des attentats revendiqués par l’Asala (celui d’Orly dont on a oublié, depuis, les 8 victimes), Aram finira par laisser tomber un combat sanguinaire où il ne se reconnaît plus… En voyant le film à la mi-novembre, il était difficile de ne pas faire le parallèle avec les attentats qui venaient d’ensanglanter Paris. La même escalade entre les attentats ciblés du 11 janvier et les attentats aveugles du 13 novembre qui voulaient tuer massivement le plus de

Parisiens possibles (3). Difficile de ne pas imaginer les mêmes discussions tactiques et l’arme de la terreur utilisée sciemment et selon une graduation choisie (destructions patrimoniales, lapidations, décapitations, massacres…) Impossible par contre d’imaginer chez ces fous de dieu (4) une quelconque mauvaise conscience. La revendication de Daesh le proclame selon une prose délirante : nul innocent ! Sous le regard impitoyable d’un dieu dont on cherche bien toute trace de miséricorde, ont été exécutés froidement des centaines d’idolâtres, de pervers et de mécréants qui ne méritaient que la mort. DP

(1) Lors du procès, circulent des images des corps suppliciés qui ne peuvent qu’évoquer ceux que fourniront, industriellement, les camps de la mort nazis quelques années plus tard. (2) Difficile de ne pas penser que, derrière l’émergence barbare de Daesh, il y a quand même toute une histoire : sans remonter au dépeçage de l’empire ottoman et la partition coloniale entre la France et la Grande Bretagne, on peut penser à la fabrication des Talibans pour lutter contre les Soviétiques en Afghanistan ou la destruction de l’Irak par les armées américaines… (3) Même s’ils ont frappé sciemment la jeunesse parisienne, celle qui va dans les cafés, les salles de concert, les stades… Fous de dieu dont le cinéma nous a décrit scrupuleusement la fabrication dans Paradise now de Hany Abu-Assad (2005), Les Chevaux de dieu de Nabil Ayouche (2012) et La Désintégration de Philippe Faucon (2012).

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Interférences Marguerite

face à face Marguerite

IMAGES MANQUANTES C

omment transcrire à l’écran les grandes tragédies du 20e siècle alors que l’on sait pertinemment que tous les choix débordent du plan purement artistique pour poser aussitôt des problèmes d’ordre moral à peu près irréductibles. On se souvient de la violence des critiques de Jacques Rivette à propos du film Kapo (1961) de Gilles Pontercorvo (pour lequel il n’avait qu’un « profond mépris ») ou de celles de Claude Lanzmann lors de la sortie de La Liste de Schindler de Spielberg (1994) qui seront reprises, quelques années plus tard, pour La Vie est belle de Roberto Benigni (1997) : « La fiction est une transgression, je pense profondément qu’il y a un interdit de la représentation » disait l’auteur du définitif documentaire Shoah (1985). Mais que se passera-t-il lorsque les derniers témoins auront disparu pouvait-on s’interroger en apprenant la disparition de Léon Zyguel qui illuminait de sa présence la scène la plus bouleversante du film réussi de Marie-Castille MentionSchaar Les Héritiers ? Et quand il ne reste plus de survivants ? On peut bien sûr, comme le fait habilement Robert Guédiguian, dans le prologue de son dernier film Une Histoire de fou, trouver une

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manière élégante et puissante pour rendre incontournable le génocide arménien, sans le montrer, en reconstituant le procès où fut acquitté le meurtrier de l’un de ses instigateurs (lire pages 26-27) Ou comme Rithy Panh dans le très beau L’Image manquante (2013), reconstituer celle du génocide cambodgien à l’aide de simples figurines en pâte à modeler… À leur instar, faut-il abandonner l’idée de montrer ? Deux jeunes cinéastes, dans un premier film iconoclaste, osent affronter cette impossibilité en inventant des dispositifs cinématographiques inédits : Dans Crosswind, la croisée des vents, le cinéaste letton Martti Helde, tente de rendre compte de la déportation massive de son peuple par Staline. En travaillant autour du concept de mémoire figée, il filme de vastes scènes, en noir et blanc, que la caméra explore vertigineusement, au milieu des corps prisonniers de ce temps suspendu. Dans Le Fils de Saül, le réalisateur hongrois Laszlo Nemes ose plonger sa caméra au cœur du trou noir du camp d’extermination d’Auschwitz. En décidant de filmer les Sonderkommando, les déportés chargés de faire disparaître les corps et les cendres des gazés, il

résous d’emblée une équation impossible : rendre vraisemblables les corps cadavériques des déportés, puisque les membres des Sonderkommando étaient nourris et relativement bien traités – force de travail indispensable de la vaste opération de nettoyage mémoriel – avant leur élimination régulière. En se focalisant ensuite uniquement sur le personnage de Saül, en ne filmant que lui et ce qu’il aperçoit, le cinéaste nous embarque dans un voyage en enfer où l’on ne voit presque rien, où toute la monstruosité de la

a reconnu comme sien est à la fois parfaitement documenté, juste dans le moindre détail, et d’une portée narrative mythologique, universelle : Orphée descendant aux enfers pour sauver Euridyce comme le note Didi-Huberman (2) mais aussi Antigone, qui brave l’interdiction royale et sera enterrée vive, parce qu’elle veut retrouver le corps de Polynice pour lui donner une sépulture humaine… Si j’avais été rapidement lassé par la mémoire figée de Crosswind (mais je sais qu’il a bouleversé de nombreux specta-

machine de mort SS est uniquement entraperçu, dans la plus grande hébétude, au milieu d’une apocalypse sonore où errent des hommes hagards. Dans une magnifique lettre au cinéaste, l’historien des images Georges Didi-Huberman (1) parle de « conte-documentaire », tant le récit de cet homme déjà mort qui décide de mettre en terre un enfant qu’il

teurs), le récit de Laslo Nemes m’a fait vivre une expérience, certes éprouvante, mais unique : un cauchemar éveillé où s’est gravé, inoubliable, l’image de Saül me regardant intensément. DP (1) Sortir du noir (Éditions de minuit) (2)« Comme Orphée, il fait s’ouvrir la nuit en vouant toute sa vie à sortir du noir un seul être aimé »

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Rendez-vous Association des cinémas du Centre

21 novembre Nicolas Pariser pour Le

Les 20, 21 et 22 novembre, les Studio accueillaient la sixième édition des Rendez-vous du Cinéma en région Centre-Val de Loire, L’ACC (Association des cinémas du Centre) en profitait également pour fêter ses vingt ans. Trois jours de fête, de films et de belles rencontres, trois jours pour dire, une semaine après les attentats de Paris qu’il faut continuer à vivre, à sortir. Aller au cinéma c’est aller à la rencontre du monde et des autres, s’enfermer dans une salle noire est peut-être aussi une façon de résister. Trois jours intenses dont les brefs comptesrendus qui suivent vont essayer de se faire l’écho. JF

20 novembre Julien Rappeneau pour Rosalie

Blum

Salle comble autour du premier long-métrage de Julien Rappeneau qui sortira en mars prochain. Plus connu comme scénariste, Largo winch, 36 Quai des orfèvres, le cinéaste se dit ému et fébrile de présenter Rosalie Blum à ses tout premiers spectateurs. « Ça fait une quinzaine d’années que je suis scénariste pour le cinéma. Je ne suis pas un scénariste frustré. Quand vous écrivez la scène, c’est déjà un vrai travail de mise en scène. J’avais lu la BD Rosalie Blum et elle m’avait beaucoup plu. C’était comme une évidence de la mettre en scène : le ton, les problématiques, les histoires... » Le réalisa-

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teur est très touché par les personnages et la possibilité d’y mettre de l’humour et de l’émotion, et « De croire à ces gens parce qu’ils parlent de nous ; j’avais le sentiment de ne jamais avoir vu cette histoire-là. J’y trouvais une originalité qui n’existait pas. » Julien Rappeneau a pris un réel plaisir à composer avec des comédiens toujours très justes dans leur rôle : Kyan Khojandi de la série Bref, Valérie Lvovsky, qu’il admire. Citons encore Alice Isaaz, « Une jeune actrice qui a une force », Anémone, « Personnage clef, parfaite pour le rôle et qui ne bascule pas dans la caricature. » Le cinéaste souhaiterait réaliser un second film. « Écrire pour d’autres ça me plaît encore. J’adore raconter des histoires, rencontrer des personnages. Pour l’instant je vais essayer de faire les deux. Maintenant j’attends la sortie du film. J’avance pas à pas. Je ferai le bilan en mars. » Une belle rencontre qui s’est poursuivie autour d’un verre et du gâteau fêtant les vingt ans de l’ACC. RS

Grand jeu

Le film aborde la question du pouvoir, un sujet qui intéresse depuis longtemps son réalisateur comme les titres de ses courts-métrages le montrent (Le Jour où Ségolène a gagné, La République, Agit pop). « Ils ont été comme les briques d’un échafaudage qui aboutissent aujourd’hui à mon premier long-métrage. » Nicolas Pariser n’a pas voulu prendre un sujet d’actualité pour en faire un film dossier. Ses points de départ ont été l’envie d’adapter Sous les yeux de l’occident de Joseph Conrad et son intérêt pour l’appareil politique et les militants d’extrême gauche. Ce « Film d’espionnage hivernal » dont l’esthé-

21 novembre Michel Leclerc pour

La Vie très privée de Monsieur Sim

« Le film sort le même jour que Star wars, tout le monde rit mais c’est pas drôle » lance en préambule Michel Leclerc. En adaptant pour la première fois une œuvre préexistante (le roman homonyme de Jonathan Coe), il a eu « l’envie de trancher, de faire autre chose que ce que j’avais déjà fait et de partir sur l’imaginaire d’un autre que moi », mais on ne se refait pas et il a aussi retrouvé dans cette histoire des thèmes, des sujets dans lesquels il s’est reconnu. « En francisant l’histoire il m’a fallu

tique fait référence au Rideau déchiré d’Alfred Hitchcock est aussi un hommage au cinéma d’Eric Rohmer (en particulier à Triple agent que Nicolas Pariser adule). « C’est un amusement fétichiste que de réunir Melvil Poupaud, André Dussollier, Bernard Verley, entre autres, qui ont tous tourné avec lui. » Dans ce film politique sans message qui ne dit pas ce qui est politiquement valide ou pas et dont le but est de poser des questions, susciter les interrogations et engager le débat, Nicolas Pariser a tenu à « Donner des chances égales à tous les personnages, à être sérieux en les montrant sous leur meilleur jour, sans critique ni adhésion. » Dont Pierre, le personnage principal, « Être qui n’agit pas, ne dit non à rien, et est dépourvu de volonté, une maladie contemporaine très répandue. Il tombe dans un piège car sa capacité de vouloir est effacée. » Un piège passionnant dans lequel le spectateur, lui, à plaisir à tomber.

trouver des correspondances, trouver des références qui parleraient, cette fois, à un public français. Monsieur Sim est rassuré de toujours trouver la même chose où qu’il aille et en même temps angoissé de se rendre compte que tout se ressemble. Réaliser que, où que l’on soit, il y a toujours quelque chose (un téléphone, un GPS...) qui indique où l’on se trouve, c’est très angoissant, un peu comme si le monde était une prison à ciel ouvert. » Cette « Comédie paradoxale » avec comme héros « Un dépressif joyeux » a immédiatement séduit Jean-Pierre Bacri qui a vu dans ce candide, une vulnérabilité, une gentillesse qu’il n’avait pas eu encore trop l’occasion de jouer. Ajoutons l’apport du travail de Vincent Delerm, ainsi que la participation de Jeanne Cherhal en Emmanuelle, savoureuse voix de GPS pour souhaiter à ce « fan de chansons » revendiqué de battre Star wars le 16 décembre. On peut toujours rêver, non ?

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22 novembre Bouli Lanners pour

Les Premiers, les derniers

Bloqué dans une Belgique paralysée, Bouli Lanners n’a pu rejoindre Tours. Mais, grâce à Skype (et aux aptitudes techniques de bénévoles et salariés associés à la manifestation), la rencontre a eu lieu. « Les Premiers, les derniers est un film sombre, représentatif d’un sentiment pessimiste mais, paradoxalement, mon premier film qui se termine bien. Il dit qu’il faut aller vers l’autre et profiter du temps qui passe. Je suis parfois exaspéré par l’humanité mais tant qu’il y a l’homme, j’y crois. » Né de la découverte des restes de l’aérotrain, Bouli Lanners a commencé à écrire le film et a effectué de longs repérages en Beauce. « Je voulais quelque chose qui ressemble a un western avec une ligne d’ho-

22 novembre Benoît Forgeard pour Gaz

de France

« L’imaginaire est un bien précieux à conserver, c’est une bataille et mon film en est une modeste. Vive l’imagination et Vive la France ! » C’est par ce préambule étonnant que Benoît Forgeard a présenté son film horsnormes, inclassable. Ce curieux objet tourné sur fond vert (comme pour la météo à la télévision) est plein d’humour. « Quand j’ai découvert qu’un gazier s’appelait maintenant comme un film (Dolce Vita), je me suis dit qu’un film pouvait bien prendre le nom d’une entreprise. » Son approche est à la fois

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rizon très vaste. Ces paysages magnifiques ont porté l’histoire. Il reste quelques codes du western dans les cadrages, les décors, les personnages, des références dans les dialogues ; mais il y aussi mon amour du road-movie et un côté presque fantastique. Gilou (le personnage incarné par Bouli Lanners) est très proche de ce que je suis, j’ai toujours su que je le jouerais et d’autant plus quand le tournage a été reporté à cause d’une opération du cœur que j’ai dû subir. Ses peurs sont les miennes. » Le film est esthétiquement superbe, « Je peignais des paysages semblables à ceux du film mais comme je n’ai plus le temps de peindre, je me fais plaisir à travers des références, comme celle à Giorgio De Chirico quand Jésus/Philippe Rebbot* s’en va ou à Jean-François Millet et son Angelus lors de la scène de l’enterrement. » Même à distance l’émotion est partagée entre la salle et l’écran. Un grand moment.

Vos critiques

*Incontestable vedette du week-end, vu également dans Rosalie Blum de Julien Rappeneau et Les Chevaliers blancs de Joachim Lafosse.

NOTRE PETITE SŒUR, de Hirokazu KoreEda Kore-Eda scrute à nouveau les liens familiaux avec beaucoup de pudeur et de délicatesse. Il filme le quotidien de 3 sœurs adultes qui accueillent «une petite sœur». Cette fratrie a vécu des drames et des conflits mais a réussi à construire dans la maison familiale une vie chaleureuse avec beaucoup d’affection. Des destins se croisent dans cette histoire et le meilleur va en découler. Beaucoup de poésie et de grâce dans ce film, exprimées par des actes simples du quotidien, un plat, un regard, un geste. Les actrices sont formidables, la mise en scène sobre et élégante. L’atmosphère dégage une émotion simple, une harmonie heureuse. CP

comique et poétique, son esthétique rappelle celle des fictions télévisées des années 70/80, celles par lesquelles Benoît Forgeard à découvert les images. Gaz de France nous plonge dans les entrailles de l’Élysée ou règne le président Bird (Philippe Katerine, impayable) pour une intrigue aussi décalée que réjouissante. Au milieu de personnages archétypaux, le réalisateur s’est réservé un rôle particulier, quasi muet. « J’ai trouvé le rôle parfait pour être là sans avoir à apprendre de texte. C’était le rôle idéal, j’étais en concurrence mais je me le suis attribué. » Accompagnés par la musique de Bertrand Burgalat, un complice de longue date, on attend maintenant impatiemment son prochain film qu’il a décidé, cette fois, de tourner « En fond réel. » On parie sur un résultat tout aussi surprenant. JF

FATIMA, de Philippe Faucon Fatima est un film sobre, avec un récit linéaire, peu de musique et un beau personnage central de femme immigrée. Dans ce film, la frontière entre fiction et réalité s’estompe une nouvelle fois. Nous sommes plongés dans le quotidien de Fatima, femme de ménage qui élève seule ses deux filles. […] Fatima est épuisée, elle s’affaiblit, jusqu’à la chute, catharsis, le corps de Fatima renonce, s’effondre, alors que, parallèlement elle prend conscience de sa condition et elle va réagir moralement, se rebeller et renaître grâce à l’écriture. […] JC Avec Fatima comme avec La Désintégration, Philippe Faucon nous donne un film à la fois court et dense qui exprime avec une grande

sobriété l’essentiel d’une situation sociale telle que la vit une partie de la population tenue trop éloignée de l’intérêt de l’autre. [… ] Ici, la voie de l’examen souvent décriée, et non dénuée de violence sociale, se révèle comme potentiellement intégrative quand le marché du travail (ou des stages) où règne encore l’arbitraire le plus total se révèle excluante avec toutes les conséquences qui peuvent en résulter. […] Dans un film comme dans l’autre, les portraits de mère apparaissent très justes et très émouvants. Et si on leur portait davantage d’attention ? HR […] Belle leçon de vie et de dignité. LE CARAVAGE, d’Alain Cavalier Un documentaire sans commentaire sur le cheval de Bartabas, qui donne à voir et à entendre sans parasiter l’image par des commentaires subjectifs ou pseudoobjectifs. Un documentaire à l’image d’un tableau du Caravage justement, clair obscur, toutes les nuances de marron déclinées entre la lumière et la pénombre… Un cheval qui est un roi mais un roi sans divertissement, bichonné, entouré de mille soins et attentions mais qui ne peut jamais exprimer sa fougue que le temps d’un entraînement au petit matin, fougue toujours contrôlée par le seigneur du lieu, Bartabas, l’homme-cheval qui démolit sa roulotte avec la même violence que son cheval enfermé dans son box frappe le sol, les tuyauteries de son sabot prisonnier… Un chef d’œuvre, austère certes, mais un chef d’œuvre, message d’amour d’Alain Cavalier à un cheval nommé étrangement Le Caravage… CF Rubrique réalisée par RS Les CARNETS du STUDIO n°341 – janvier 2016 –

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JEUNE PUBLIC

La Forteresse Inde – 2014 – 1h19, de Avinash Arun. Tout public à partir de 8 ans VO/VFInde dans les années 1990… Chinmay, onze ans, a quitté la ville et s’adapte mal à sa nouvelle vie. Il va se lier d’amitié avec un groupe de garçons, une amitié qui les fera grandir... Une vision juste et universelle de l’enfance. ATELIER LE MERCREDI Mercredi 20 nous proposons aux enfants à partir de 8 ans un jeu sur le film, ainsi qu’une présentation par Manon du Tour du monde du cinéma. Inscription par mail auprès de Jérémie : monmarche@studiocine.com Le Voyage d’Arlo USA – 2015 – 1h34, film d’animation de Peter Sohn. VF à partir de 5 ans Et si l’astéroïde qui a mis fin à l’ère des dinosaures avait raté la Terre ? Arlo, jeune apatosaure au grand cœur, va devoir affronter ses peurs avec l’aide d’un étonnant petit garçon sauvage mais très dégourdi. Une surprise pour Noël USA – 2015 – 44 mn, deux courts-métrages d’animation de Chel White. VF À partir de 3 ans. Deux contes d’hiver sur lesquels souffle l’esprit de Noël, un joli cadeau pour les tout petits ! Tout en haut du monde France – 2016 – 1h20, film d’animation de Rémi Chayé. AP Tout public à partir de 8 ans 1882, Saint-Pétersbourg... Sacha, jeune fille de l’aristocratie russe décide de partir vers le Grand Nord pour retrouver le navire de son grand-père, explorateur renommé qui n’est jamais revenu de sa dernière expédition ATELIER LE MERCREDI Mercredi 27 après la séance de 14h15, atelier décors proposé aux enfants. Inscription par mail auprès de Jérémie : monmarche@studiocine.com Le Kid USA – 1921 – 53 mn, film muet de Charlie Chaplin. Tout public à partir de 5 ans. Beaucoup de tendresse, de rire et d’humanité, dans ce long métrage avec accompagnement musical. Accueil des enseignants inscrits à École et cinéma.

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JEUNE PUBLIC

Le Prophète USA/Canada/Liban/Qatar – 2015 – 1h30, film d’animation de Roger Allers. VF Tout public à partir de 7 ans. Une amitié naît entre Mustafa, auteur emprisonné pour ses écrits jugés dangereux et Almitra, petite fille muette mais espiègle. Elle est fascinée par ce poète-philosophe épris de liberté. Adapté de l’œuvre poétique de l’auteur libanais Khalil Gibran. Hotel Transylvania 2 USA – 2015 – 1h29, film d’animation de Genndy Tartakovsky. VF À partir de 7ans Dracula se fait du souci pour son petit-fils, beaucoup trop adorable ! Il va falloir lui apprendre à devenir un vrai vampire…’ Monte là-dessus USA – 1923 – 1h10, film muet de Sam Taylor et Fred Newmayer, avec Harold Lloyd, Mildred Davis… Tout public à partir de 6 ans Harold stagne dans son job de petit vendeur. Il a une idée : faire de la publicité au magasin en faisant escalader la façade par un ami acrobate. Sauf que…CINÉ-CONCERT Samedi 23 à 14h15, pour l’anniversaire de Ciné-ma différence, ciné-concert suivi d’un goûter. + logo Ciné-ma différence Au royaume des singes USA – 2015 – 1h21, documentaire de Mark Linfield et Alastair Fothergill. VFTout public à partir de 8 ansDécouvrir le quotidien des macaques à toque qui vivent dans la jungle du Sri Lanka à travers le destin particulier d’une petite femelle, tel est le propos de ce splendide documentaire. La Boîte à malice Japon – 1993 à 1999 – 38 mn, courts métrages d’animation de Koji Yamamura. Sans paroles À partir de 3 ans En ouvrant cette boîte à malice, on trouve de drôles d’animaux fantasques et poétiques… Le Garçon et la bête Japon – 2015 – 1h58, film d’animation de Mamoru Hosoda. SN - VO/VF Tout public à partir de 10 ans Kyuta est un jeune garçon solitaire qui habite à Shibuya, le monde des humains. Il rencontre Kumatetsu, une bête venue d’un monde imaginaire, qui va devenir son guide spirituel. Par le réalisateur du superbe Les Enfants loups.

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