Septembre 2015

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ISSN 0299 - 0342

CINÉMAS STUDIO : 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS

N°337 • septembre 2015

un film de de Chloé Zhao


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septembre 2015 - n° 337 ....................................................

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Édito CNP

Festival À Tours de bulles

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Académie Francis Poulenc

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Journée européenne du patrimoine LES FILMS DE A à Z

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Cinémathèque En bref

Pour permettre au public une plus grande fréquentation de ses collections (les plus riches de région Centre), la bibliothèque propose de nouveaux horaires.

Horaires d’ouverture : lundi : de 16h00 à 19h45 mercredi : de 15h00 à 19h45 jeudi : de 16h00 à 19h45 vendredi : de 16h00 à 19h45 samedi : de 16h00 à 19h45 FERMETURE PENDANT LES VACANCES SCOLAIRES

Cafétéria des Studio gérée par l'association AIR (chantier d'insertion),

Interférencese

Qui vive/Jamais de la vie/ La Loi du marché

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La Nuit des Studio en images. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 19

accueille les abonnés des Studio tous les jours de 16h00 à 21h45 sur présentation des cartes abonné et cafétéria.

Tél : 02 47 20 85 77 Courts lettrages

Valley Of Love

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20 Les STUDIO sont membres de ces associations professionnelles :

Rencontres

Bruno Podalydès

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Rencontres ........................................

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Sébastien Rizzo

AFCAE

Rencontres

Simon Leclère Rencontres

Jean-Pierre Améris . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 28 À propos de

Une seconde mère . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30 À propos

Le Souffle

EUROPA REGROUPEMENT DES SALLES POUR LA PROMOTION DU CINÉMA EUROPÉEN

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Vos critiques

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Bulletin de ré-abonnement Jeune Public

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ASSOCIATION FRANÇAISE DES CINÉMAS D’ART ET ESSAI

ACOR ASSOCIATION DES CINÉMAS DE L’OUEST POUR LA RECHERCHE (Membre co-fondateur)

GNCR GROUPEMENT NATIONAL DES CINÉMAS DE RECHERCHE

ACC ASSOCIATION DES CINÉMAS DU CENTRE (Membre co-fondateur)

FILM DU MOIS :

Les Chansons que mes frères m’ont apprises

GRILLE PROGRAMME

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pages centrales

Prix de l’APF 1998

Site : www.studiocine.com page Facebook : cinémas STUDIO

LES ÉDITIONS DU STUDIO DE TOURS - 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - Mensuel - Prix du numéro 2 €. ÉQUIPE DE RÉDACTION : Sylvie Bordet, Éric Costeix, Isabelle Godeau, Jean-François Pelle, Dominique Plumecocq, Claire Prual, Éric Rambeau, Marieke Rollin, Roselyne Savard, Marcelle Schotte, André Weill, avec la participation de la commission Jeune Public. DIRECTEUR DE LA PUBLICATION : Éric Rambeau – MISE EN PAGES & EN IMAGES : Francis Bordet. ÉQUIPE DEgraphique RÉALISATION contribue : Éric Besnier, Guérineaude – DIRECTEUR : Philippe Lecocq – IMPRIMÉ par PRÉSENCE GRAPHIQUE, Monts (37) Présence à Roselyne la préservation l’environnement et atteste être reconnu IMPRIM’VERT.


éditorial

Un nouvel accueil C

’est sans doute en discutant avec des amis qui aiment le cinéma et qui n’habitent pas (ou plus) à Tours que l’on se rend réellement compte de la chance d’avoir un outil de diffusion cinématographique comme les Studio avec sa programmation mensuelle indépendante, ses sept écrans et les 430 films qui y sont projetés annuellement. – Vous avez vu Mustang, un remarquable film turc ? Et Une seconde mère ? – On va essayer mais il n’est projeté que deux jours et à un seul horaire, alors… Je crois que le second ne passe pas…

On le mesure aussi en voyant l’étonnement des réalisateurs et des distributeurs qui viennent y présenter leurs films et qui ne connaissent la structure que par sa réputation nationale de plus grand complexe indépendant hexagonal. La qualité de ses salles, de ses espaces d’accueil, de sa bibliothèque, de la cafétéria de l’association AIR, son jardin et enfin les Carnets qui donnent aux spectateurs le luxe de pouvoir prévoir les séances sur une

durée d’un mois. Ainsi, régulièrement, des films fragiles font leur meilleur score aux Studio, grâce aux communications mises en place (par exemple Le film du mois ) mais aussi, sans doute, parce que le bouche à oreille a, ici, réellement le temps de se mettre en place. Ces considérations, non pour sombrer dans l’autosatisfaction béate, mais pour souligner que, depuis l’origine (la création des cinémas Studio par Henri Fontaine, il y a plus de 50 ans), l’accueil (des films et des spectateurs) est au cœur des préoccupations de l’association qui gère les salles : en construisant deux nouvelles salles en 2006, en y ajoutant des verrières, puis, en juillet dernier, en remodelant complètement l’espace d’accueil de l’ancien complexe (qui avait beaucoup vieilli) en espérant donner de meilleures conditions d’attente à nos spectateurs, notamment lors de l’affluence des fins de semaine. En cette rentrée, l’équipe des Studio vous souhaite une excellente saison cinématographique. DP

Les 20, 21 et 22 novembre, les cinémas Studio accueilleront les RENDEZ-VOUS DU CINÉMA EN RÉGION CENTRE, des rencontres professionnelles organisées par l’Association des cinémas du Centre. Des avant-premières seront accessibles au public (voir le programme dans les Carnets de novembre). Les CARNETS du STUDIO

n°337 •

septembre 2015

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SEMAINE

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du 23 au 29 septembre

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Soirée d’ouverture

lundi 19h30 14h15 17h00 21h15

1h30’

1h26’ VF sous-titré VF

LE GARDIEN DE LA LUNE

de Benoît Philippon

de Friedrich Wilhelm Murnau Accompagnement au piano : Jacques Cambra À suivre.

MARGUERITE

1h45’ VF

LES FANT4STIQUES de Josh Trank

de Xavier Giannoli

1h26’

PETITES CASSEROLES

À suivre.

LE GRAND JOUR de Pascal Plisson

Programme de courts métrages Atelier le mercredi

1h51’ À suivre. 14h15 1h40’ 17h45 LES DEUX AMIS de Louis Garrel 19h45

1h40’

À suivre.

LIFE de Anton Corbijn

1h58’ de Paolo Sorrentino

UNE ENFANCE de Philippe Claudel

À suivre.

1h45’

MUCH LOVED

14h30 19h30 14h30 19h30

1h50’

de Hubert Sauper

1h47’

LA VIE EN GRAND

À suivre.

de Mathieu Vadepied

FOU D’AMOUR de Philippe Ramos

1h50’

19h15

1h33’

1h54’

14h15 mer-sam dimanche

16h15 et 17h15

17h15 21h15

17h30

de Jaco Van Dormael

www.studiocine.com

UN DIMANCHE À LA CAMPAGNE

2015

1h25’ VF

1h30’

LES MINIONS

14h15

de Kyle Balda et Pierre Coffin

de Bertrand Tavernier

14h30 19h45

VENTS D’AOÛT

21h45 21h45

Le film imprévu www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35

L’HOMME DE RIO

17h15

de Philippe de Broca

de Gabriel Mascaro

1h42’

14h15 1h54’ DHEEPAN, 17h00 L’HOMME QUI N’AIMAIT PAS LA GUERRE 19h15 de Jacques Audiard 21h30 14h15 1h45’ 17h00 LA BELLE SAISON 21h30 de Catherine Corsini SAUF mercredi

14h30 17h30 19h30

1h37’

SAUF mercredi

1h44’

COUP DE CHAUD

UNE FAMILLE À LOUER

FRENCH CONNECTION

1h51’

DRAGON INN de King Hu

2h01’ (LE CONVOI DE LA PEUR) de William Friedkin

1h45’

1h43’

de Patrick Wang

2h06’

14h15 LES MILLE ET UNE NUITS VOL 3 : L’ENCHANTÉ 19h30 de Miguel Gomes

17h15 21h30

de Joann Sfar

de Barbet Schroeder

17h45 21h45

LE CHALLAT DE TUNIS

21h45

AMNESIA LES SECRETS DES AUTRES

17h30 21h15

LA DAME DANS L’AUTO AVEC DES LUNETTES 21h30 1h33’ ET UN FUSIL

de William Friedkin

14h30 19h45

19h15

de Raphael Jacoulot

SORCERER

de Jean-Pierre Améris

17h45

de Jacques Audiard

LE TOUT NOUVEAU TESTAMENT

Soirée Académie Francis Poulenc

19h30

DHEEPAN,

L’HOMME QUI N’AIMAIT PAS LA GUERRE

du 26 août au 1er septembre

1h17’

21h30

de Nabil Ayouch

NOUS VENONS EN AMIS

mercredi 26 août 19h45

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1h52’

mercredi dimanche

17h15 21h30

YOUTH

À suivre.

14h30 19h45

samedi 14h15

& Alexandre Heboyan

41’ sans paroles

14h15 19h15

SEMAINE

AVANT-PREMIÈRE

MUNE

L’AURORE

2h07’

2015

1h30’

de Kaouther Ben Hania

Le film imprévu www.studiocine.com

Toutes les salles des Studio sont accessibles aux personnes à mobilité réduite.

Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com


SEMAINE

2 du 2 au 8 septembre 2015

14h30 1h30’ MISS 19h30 HOKUSAI SAUF jeudi

1h46’ VF

PIXELS de Chris Columbus

de Keiichi Hara

14h15

14h15 1h40’ AVANT-PREMIÈRE 17h00 LE TOUT NOUVEAU 19h15 TESTAMENT LES DEUX AMIS mardi de Louis Garrel 19h45 21h30 de Jaco Van Dormael 1h50’

Rencontre avec Louis Garrel après la séance

2h06’

LES MILLE 17h15 ET UNE NUITS 21h15

14h15 THE ROSE de Mark Rydell 19h15

VOL 3 : L’ENCHANTÉ SAUF de Miguel Gomes

2h02’

14h15 CEMETERY OF 19h15 SPLENDOUR de Apichatpong Weerasethakul

1h37’

jeudi

17h15 21h45 SAUF mardi

14h30 LA VANITÉ 19h45 de Lionel Baier

VENTS D’AOÛT 21h45 1h43’

14h30 1h47’ 19h45 MEDITERRANEA

vendredi 19h30

LES SECRETS 21h45 DES AUTRES de Patrick Wang

Le film imprévu www.studiocine.com

DJANGO

de Sergio Corbucci Rencontre avec Mickael Paris

jeu-ven 1h55’ lun-mar LA

CITÉ 14h15 DES DANGERS 19h15 de Robert Aldrich 14h15 1h51’ 17h00 LIFE 19h15 de Anton Corbijn 21h30 14h15 1h50’ TOUT NOUVEAU 17h00 LETESTAMENT 21h30 de Jaco Van Dormael 14h15 1h58’ YOUTH 17h15 de Paolo Sorrentino 19h30 1h34’

14h30 LES CHANSONS QUE M’ONT APPRISES 19h45 MES FRÈRES de Chloé Zhao 1h37’

FAMILLE 14h30 UNE À LOUER de Jean-Pierre Améris

1h17’

de Gabriel Mascaro

1h15’

de Jonas Carpignano

LA BELLE SAISON de Catherine Corsini

17h45 UNE FAMILLE À LOUER 21h30 de Jean-Pierre Améris

SAUF mardi

1h45’

3 du 9 au 15 septembre 2015

1h31’ + court métrage 8’ 1h24’ VF

mercredi samedi dimanche

3D 14h15 1h54 1h25’ VF 17h00 DHEEPAN, mercredi 19h15 L’HOMME QUI N’AIMAIT LES MINIONS samedi LA GUERRE dimanche 21h30 dePAS de Kyle Balda, Pierre Coffin Jacques Audiard 17h15

jeu-ven 2h14’ lun-mar

SEMAINE

19h30 SAUF vendredi

1h45’

LA BELLE SAISON de Catherine Corsini

1h45’

14h30 THE LESSON Kristina Grozeva 19h30 de& Petar Valchanov 2h05’

19h15 JURASSIC WORLD de Colin Trevorrow

PINOCCHIO mercredi de Enzo D’Alo 14h15 Rencontre et échanges

1h46’ VF

samedi dimanche

LE PETIT 14h15 PRINCE mercredi de Mark Osborne 17h15 1h46’ VO

PIXELS de Chris Colombus

samedi dimanche

17h15

1h30’

MISS HOKUSAI

17h30

de Keiichi Hara

2h02’

CEMETERY OF 17h15 SPLENDOUR 21h30

SEMAINE

samedi 19 septembre

LES MILLE ET UNE NUITS 21h30

VOL 3 : L’ENCHANTÉ

1h46’ VF

de 9h30 à 12h Les Studio vous ouvrent leurs portes 1h40’

jeudi

NI LE CIEL 19h45 NI LA TERRE de Clément Cogitore AVANT PREMIÈRE en présence du réalisateur

14h15 2h07’ 17h00 MARGUERITE 19h15 de Xavier Giannoli 21h30 14h15 1h51’ 17h00 LIFE 21h30 de Anton Corbijn SAUF jeudi

de Apichatpong Weerasethakul

2h06’

4 du 16 au 22 septembre 2015

DHEEPAN, L’HOMME QUI N’AIMAIT PAS LA GUERRE

1h33’

14h30 LA VIE 17h45 EN GRAND 19h45 de Mathieu Vadepied

de Jacques Audiard

1h58’

17h30 21h45

1h15’

de Lionel Baier

MEDITERRANEA de Jonas Carpignano

21h30 SAUF vendredi

Le film imprévu www.studiocine.com

1h45’ VO

YOUTH

mercredi samedi dimanche

14h15

LES FANT4STIQUES

mercredi samedi dimanche

de Josh Trank

17h15

1h45’

jeu-ven THE LESSON lun-mar de Kristina Grozeva & Petar Valchanov

17h15

1h34’

17h45 LES CHANSONS QUE MES FRÈRES M’ONT APPRISES 21h45 de Chloé Zhao FOU D’AMOUR de Philippe Ramos

17h30 21h30

2h02’

21h30 CEMETERY OF SAUF SPLENDOUR vendredi de Apichatpong Weerasethakul

de Paolo Sorrentino

1h50’ 1h50’

LA VANITÉ 21h45 1h47’

14h15 19h30

de Mark Osborne

1h47’

de Miguel Gomes

1h54’

LE PETIT PRINCE

14h30 NOUS VENONS AMIS 19h30 deEN Hubert Sauper 1h45’

14h30 MUCH LOVED 17h30 de Nabil Ayouch avec Mahmoud Fkir, militant 19h30 Rencontre marocain, vendredi après la séance de 19h30

LE TOUT NOUVEAU 19h15 TESTAMENT 21h30 de Jaco Van Dormael

1h54’

DHEEPAN, L’HOMME QUI N’AIMAIT PAS LA GUERRE

21h45

de Jacques Audiard

Le film imprévu www.studiocine.com

Tous les films sont projetés en version originale (sauf indication contraire) Cinémas Stu d io – 2 rue des ursulines - 37000 TOURS (derrière la cathédrale) – 08 92 68 37 01 – www.studiocine.com

www.studiocine.com

Cases orangées : programmation Jeune Public: voir pages 34 et 35


FILM DU MOIS

Les Chansons que mes frères m’ont apprises USA – 2015 – 1h34, de Chloé Zhao, avec John Reddy, Jashaun St. John, Irene Bedard…

J

ohnny vient de terminer ses études et s’apprête à quitter la réserve indienne de Pine Ridge avec sa petite amie pour chercher du travail à Los Angeles. Mais la disparition soudaine de son père et les remords qu’il éprouve à laisser Jashaun, sa petite sœur de 13 ans dont il est très proche, risquent de bousculer ses projets. Pour son premier long métrage, la cinéaste américaine Chloé Zhao a choisi d’illustrer l’un des drames de l’histoire américaine, la condition actuelle des «native Americans», ceux que nous appelons communément les Indiens. Elle a passé 4 ans à s’imprégner des lieux (dans le Dakota du Sud) et de leur histoire. La cinéaste a ensuite réalisé son film en écrivant chaque matin les scènes du jour qui s’inspirent des événements et des situations de la vie quotidienne de la réserve. Quant aux principaux interprètes, dont la bouleversante adolescente Jashaun, ce ne sont pas des acteurs professionnels mais des habitants de la communauté. Le résultat est une œuvre puissante peuplée de personnages fascinants et

qui raconte avec beaucoup de justesse et de retenue le destin de ces laisséspour-compte. Chloé Zhao nous donne à voir un monde où le plus difficile est de vaincre l’ennui, où l’alcoolisme voire les drogues, résultats d’un désœuvrement et d’une perte de repères liés à l’effritement des traditions, ravagent la jeunesse. Elle explore la relation qu’entretiennent les Indiens avec leurs terres, le seul endroit qu’ils aient jamais connu, et s’attache à démontrer l’importance des racines, de l’appartenance dans la vie de tout un chacun. Les paysages sont d’une beauté à couper le souffle : des grands espaces, cadrés larges, magnifiés par une photo solaire et lumineuse. Les plaines à perte de vue et les Badlands du Dakota du Sud offrent alors de vrais moments de respiration au spectateur et aux personnages qui choisissent de s’y perdre dans leurs moments de doute. Sélectionné au festival de Sundance puis à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Les Chansons que mes frères m’ont apprises sera sûrement l’un des films incontournables de cette rentrée. Sources : dossier de presse (Cannes).

LES CARNETS DU STUDIO – n° 337 septembre 2015 – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS - CPPAP n°0219 K 84305

www.studiocine.com – 08 92 68 37 01


Réfléchir, échanger et avancer ensemble

jeudi 15 octobre - 20h00 La LDH 37, Convergence services publics 37, le Collectif 37 notre santé en danger et le CNP proposent :

Le CNP, politiquement à gauche, est une structure associative qui, au sein de l’association des cinémas Studio, se veut un lieu de remise en question citoyenne, d’explication et de décryptage d’une société aux enjeux multiples : luttes des peuples en colère, dégâts du capitalisme, démocratie bafouée, instrumentalisation sécuritaire, menaces sur la liberté d’expression, la diversité culturelle, l’environnement et la santé… Il s’agit de mettre en lumière l’idéologie qui sous-tend les discours et les actes politiques, économiques, écologiques, sociaux et culturels du pouvoir. Le CNP travaille avec des associations locales engagées dans la transformation de la société, ouvre la réflexion collective autour de tous ces enjeux et suscite la confrontation des points de vue. Tous, CNP, associations partenaires et public participant aux séances du jeudi soir, nous continuons à nous interroger sur les alternatives possibles et les engagements permettant d’avancer vers un monde plus juste, plus solidaire et résistant à toute forme d’oppression. Merci aux 44 partenaires qui ont travaillé avec nous en 2014/2015, aux intervenant(e)s et aux 1 936 participant(e)s à nos 27 soirées. LES JEUDIS DU CNP A 20h (parfois plus tôt) : Un film documentaire, parfois une fiction, suivi d’un débat entre le public, les associations locales et les intervenant(e)s invité(e)s. Les séances sont ouvertes à toutes et à tous. Caisse au point d’accueil central. Participation aux frais : 4,50 € ou 3,50 € (pour les abonné(e)s aux Carnets du Studio) Vous pouvez joindre le CNP le lundi entre 19h et 21h. au 02 47 20 27 00 ou contact@lecnpstudio.org

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– Les CARNETS du STUDIO

n°337 – septembre 2015

Prochains rendez-vous d’octobre :

URGENCES, HÔPITAL AU BORD DE LA CRISE DE NERF

jeudi 1er octobre - 20h00 Planning Familial, Osez le féminisme 37, Café des femmes, Collectif féministe PCF et le CNP proposent :

IVG : 40 ANS APRÈS, OÙ EN SOMMES-NOUS ? Le 17 janvier 1975 restera une date marquante dans la conquête des droits pour les femmes. Cette loi leur a donné la possibilité de disposer de leur corps, d’avoir enfin leur mot à dire dans la question de la procréation. Toutefois 40 ans après, les femmes ayant recours à l’IVG ont encore socialement du mal à en parler : ce droit si revendiqué est souvent réduit à un silence mêlé de culpabilité et de diverses contraintes médicales, légales et administratives. L’IVG demeure en 2015 un acte médical préjugé alors qu’il devrait s’agir d’un acte comme les autres : l’avortement fait partie intégrante de la vie des femmes, pourquoi devraient-elles avoir à prouver leur non-désir de grossesse ? À l’heure de la parité, faut-il encore être mère pour être une femme « accomplie » ? Film-documentaire : IVG, 40 ans après d’Yves Campagna et Jean-François Raynaud (2015 – France – 52’). Suivi d’un débat avec le Dr Nathalie Trignol-Viguier, praticien hospitalier au centre d’orthogénie du CHRU de Tours et également membre du bureau de l’ANCIC (Association nationale des centres d’interruption de grossesse et de contraception).

jeudi 8 octobre - 20h00 jL’ACRO

(Association pour le Contrôle de la Radioactivité dans L’Ouest), la Fondation Sciences citoyennes, le Réseau Sortir du Nucléaire Touraine, et le CNP proposent :

100 000 ANS SOUS NOS PIEDS Film : Déchets radioactifs : 100 000 ans sous nos pieds de Dominique Hannequin (2013 – France - 52’). Suivi d’un débat avec Irène Gunepin, militante contre le projet d’enfouissement à Bure.

Film : Urgences qu’est-ce qu’on attend ? de Marie Bonhommet (2012 – France – 52’). Suivi d’un débat avec un intervenant qualifié.

19e édition de l’Académie Francis Poulenc du 19 au 29 août 2015

Les mélodies de Francis Poulenc et Gabriel Fauré Comme toutes les fins d’été, les Studio s’associeront à l’Académie en projetant un film peu connu de Bertrand Tavernier : UN DIMANCHE A LA CAMPAGNE le mercredi 26 septembre à 19h45.

Un France dimanche à la campagne – 1984 – 1h30, de Bertrand Tavernier, avec Louis Ducreux, Michel Aumont, Sabine Azéma…

Au crépuscule de sa vie, M. Ladmiral vit seul avec sa domestique depuis la mort de sa femme. Comme tous les dimanches, il accueille Gonzague, son fils, son épouse et leurs trois enfants. Mais ce jour-là, débarque Irène, la sœur de Gonzague, énergique et anticonformiste, qui bouscule ce paisible rituel, remettant en question les choix artistiques de son père… Le film a reçu le Prix de la mise en scène au Festival de Cannes 1984, et trois Césars (Meilleure actrice, meilleure photographie, et meilleure adaptation). Il donne un rôle magnifique à Louis Ducreux, célèbre acteur de théâtre et auquel l’opéra français doit beaucoup (il dirigea celui de Marseille, de Monte-Carlo et de Nancy). Fauré n’a jamais écrit pour le cinéma, même si on entend de ses œuvres dans de nombreux films, surtout l’illustre Pavane. Mais sa musique de chambre a souvent été utilisée par les réalisateurs. Pleine d’énergie, et symbolisant pour beaucoup le monde proustien disparu (ou retrouvé), elle est très variée, allant de la sonate pour un instrument et piano au quintette à cordes avec piano. La bande-son du superbe film de Bertrand Tavernier Un dimanche à la campagne programmé par les Studio à notre suggestion, utilise la musique de Fauré, arrangée pour l’occasion par Philippe Sarde. François Le Roux

Ë Les CARNETS du STUDIO n°337 –

septembre 2015 –

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w w w . s t u d i o c i n e . c o m

Soiree d’ouverture

festival A Tours de bulles

*

Sur le site des Studio (cliquer sur : PLUS D’INFOS, pour entrer dans la fiche film), vous trouverez des présentations signées des films que les rédacteurs auront vus après leur sortie en salle. Les fiches non signées ont été établies de manière neutre à partir des informations disponibles au moment où nous imprimons.

Vendredi 11 septembre 2015, 19h30 Ciao cinefilo pubblico ! Avec le thème de l’Italie, l’équipe du festival À Tours de bulles et les Studio vous proposent un incontournable du western spaghetti, Django de Sergio Corbucci (l’autre Sergio du genre, celui qui a inspiré Tarantino entre autres). En première partie, Mickaël Paris, jeune graphiste et réalisateur français viendra nous présenter l’un de ses courts métrages Spawn-The recall, histoire de nous donner des frissons avant que Django ne joue de sa mitrailleuse... À l’issue de la soirée un pot convivial sera proposé par l’équipe du festival À Tours de bulles. Tarif unique : 5€

Spawn- The recall France – 2014 – 7’57 de Mickaël Paris

Alors qu’ils font leurs courses, l’enfant d’une ancienne sorcière disparaît...

Italie/Espagne – 1966 – 1h37, de Sergio Corbucci avec Franco Nero, José Bodalo, Loredana Nusciak...

Où l’on suit Django, ex-soldat nordiste tirant un cercueil dans la boue... Une histoire de vengeance avec des morts (beaucoup), du sang (aussi) et des scènes d’anthologie ! Pas de quartier pour les racistes, les bigots et la morale !

n°337 – septembre 2015

Séance Ciné-ma différence : MUDE, samedi, 26 septembre-14h15, en avant-première

A

Amnesia

France – 2015 – 1h45, de Barbet Schroeder, avec Marthe Keller, Max Riemelt, Bruno Ganz...

Ibiza, début des années 90. Jo a vingt ans, il vient de Berlin, est musicien et veut se faire engager au club l’Amnesia. Martha, qui vit seule face à la mer depuis quarante ans, est sa voisine la plus proche. Une nuit Jo frappe à sa porte et, même s’ils deviennent amis, les mystères persistent... Pour son nouveau film, Barbet Schroeder amorce une réflexion sur la mémoire intime et collective du peuple allemand, tout en parlant de la naissance du mouvement de la musique électronique. En revenant sur les lieux de sa première œuvre, le mythique More, il parle de lui (la maison du film est la sienne) et de sa famille mais en gardant toujours de l’intérêt pour l’extérieur, les autres. Tous ces éléments s’harmonisent de façon élégante dans une œuvre passionnante qui, si elle évoque le passé, est toujours tournée vers l’avenir. Un beau film d’un éternel jeune homme. JF

• Dans le hall : Il était une fois le western italien à partir du 5 septembre. • À la bibliothèque : affiches de films italiens et BD sur le thème de l’Italie. Séance Jeune Public : mercredi 9 septembre avec atelier BD (voir page 34).

* du 9 au 13 septembre 2015. Programme détaillé du festival à l’accueil des Studio et mis à jour sur http://www.atoursdebulles.com/

Les Studio vous accueillent de 9h30 à 12h samedi 19 septembre. L’envers du décor (visite d’une cabine de projection, 52 ans d’histoire des Studio en mots et en images). Les trésors de la Bibliothèque. Vague Jeune, naissance d’un patrimoine. Collections privées du Jeune Public.

– Les CARNETS du STUDIO

AVANT LES FILMS, DANS LES SALLES, AU MOIS DE SEPTEMBRE : • Longing de Yuval Amihai trio (Studio 1-2-4-5-6) • Currency Of Man de Melody Gardot (Studio 3-7) Musiques sélectionnées par Éric Pétry de RFL 101.

Et aussi aux Studio : Deux expositions :

Journées européennes du Patrimoine

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Les films de A à Z www.studiocine.com

Django

B

La Belle saison

France – 2014 – 1h45, de Catherine Corsini, avec Cécile de France, Izïa Higelin, Noémie Lvovsky...

1971, Delphine, une jeune provinciale, monte à Paris puisque c’est là qu’elle pourra enfin s’émanciper. Elle va y rencontrer un couple encore jeune, Manuel et Carole. L’attrait de cette dernière pour le féminisme ainsi que le coup de foudre qu’elle va avoir pour Delphine

vont sérieusement bousculer les plans et les vies de chacun. Quand on connaît le talent de Catherine Corsini (La Nouvelle Ève, Partir, Trois mondes…) pour entrer dans les zones troubles de l’âme humaine, on ne peut qu’être tenté d’aller jeter les deux yeux à son nouveau film. Source : dossier de presse.

Cemetery Of Splendour

Thaïlande – 2015 – 2h02, de Apichatpong Weerasethakul, avec Jenjira Pongpas, Banlop Lomnoi...

C

Un hôpital, installé dans une école abandonnée, accueille des soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil. Jenjira, infirmière, se porte volontaire pour s’occuper de Itt, un beau soldat abandonné, et Keng, une jeune médium, aide les proches des malades à communiquer avec eux.... Parfaitement dans la continuité de l’œuvre de son cinéaste (Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures), Tropical malady, Blissfully yours), c’est à un mystérieux et fascinant voyage que nous convie Apichatpong Weerasethakul. Cette odyssée somptueuse est un lent parcours hypnotique dans un monde loin de notre ordinaire et c’est avec une grande impression de douceur que l’on en émerge. Un des films importants de la rentrée et pour sortir des chemins battus il n’y a pas mieux. JF Les fiches signées correspondent à des films vus par les rédacteurs.

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Le Challat de Tunis

France – 2015 – 1h42, de Raphaël Jacoulot, avec Grégory Gadebois, J-Pierre Darroussin, Carole Franck, Karim Leklou...

Le Challat est-il ce « balafreur » qui, avant la révolution de 2011, dans Tunis, lacérait les fesses des jeunes femmes se trouvant sur le passage de sa moto ? La rumeur a couru... On en plaisantait ou on s’en inquiétait. On y croyait ou pas car personne ne l’avait jamais vu. Dix ans plus tard, une jeune réalisatrice a décidé d’élucider ce mystère... Kahouter ben Hania a ainsi traité d’un fait divers datant de 2003. Sous la forme d’un faux documentaire, elle a mis en avant le fait de société qu’est le machisme en Tunisie et par là-même ouvert un débat sur la condition de la femme. Ne vous méprenez pas ! Le Challat est une comédie noire qui aborde avec dérision des sujets graves : « Je voulais que mon film soit à l’image de cette Tunisie qui pratique sans cesse l’autodérision pour préserver sa bonne humeur. »

Pendant un été caniculaire, la paix d’un village est régulièrement troublée par les nuisances causées par un jeune homme remuant, peut-être moins méchant qu’inconscient : Josef. Le jour où il est retrouvé mort chez lui, la donne change évidemment du tout au tout. La rencontre de Grégory Gadebois et Jean-Pierre Darroussin dans un climat assez poisseux... on attend ça avec impatience...

Sources : dossier de presse.

Les Chansons que mes frères m’ont apprises FILM DU MOIS, voir au dos des Carnets

LaUSACité des dangers – 1972 – 2h, de Robert Aldrich, avec Burt Reynolds, Catherine Deneuve, Ben Johnson...

Un policier aigri et cynique enquête sur la mort d’une strip-teaseuse/prostituée et finit par conclure à un suicide par barbituriques. Le père de la victime se lance dans sa propre enquête, ce qui le mène jusqu’à un avocat réputé mais très louche… L’homme est certainement un criminel, mais a-t-il pour autant tué cette prostituée ? Avec ce film très noir, très ambigu, Aldrich (Les 12 salopards, Qu’est-il arrivé à Baby Jane ?) prouve une fois de plus à quel point il est à l’aise lorsqu’il s’agit de braquer la caméra sur les zones obscures de la société et de l’âme humaine. Sources : rogerebert.com

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– Les CARNETS du STUDIO

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Entre comédie et émotion, Les Deux amis rappelle aussi bien César et Rosalie que Marche à l’ombre. C’est dans ce grand écart que se situe son originalité, sa singularité, que l’on trouve par exemple dans sa description de la force de l’amitié et dans la ferveur mise à filmer son actrice principale. Dans ce rôle, la grande Golshifteh Farahani (À propos d’Elly, Syngué sabour, My sweet pepperland, entre autres) illumine l’écran. JF

Coup de chaud

Tunisie/France/Canada/ Émirats Arabes Unis – 2014 – 1h30, de Kahouter Ben Hania, avec Kahouter Ben Hania, Jallel Dridi, Moufida Dridi...

Mardi 8 septembre avant-première et rencontre avec Louis Garrel, le réalisateur, après la séance de 19h45

Sources : unifrance.com

La Dame dans l’auto avec des lunettes et un fusil France/Belgique – 2014 – 1h33 de Joann Sfar, avec Freya Mavor, Stacy Martin, Benjamin Biolay...

Dany est jeune, jolie et un peu gourde... Lorsque, sur un coup de tête, elle part vers la mer au volant de la Thunderbird de son patron, se fait agresser et semble être reconnue par des inconnus qui ne lui veulent pas forcément du bien, sa vie va prendre une sérieuse embardée vers une folie à laquelle rien ne la préparait... Pour sa troisième réalisation cinématographique, Joann Sfar (Gainsbourg, Le Chat du rabbin) nous emmène dans une virée sombre, furieusement sexy et très trouble où, à l'instar de l'héroïne, nous nous demanderons à plusieurs reprises si elle ne serait pas plus folle que gourde... ER

Les Deux amis

France – 2015 – 1h40, de Louis Garrel, avec Golshifteh Farahani, Louis Garrel, Vincent Macaigne…

Clément et Abel sont amis depuis toujours et inséparables. Quand Clément rencontre Mona, vendeuse dans une sandwicherie de la gare du Nord, il en tombe immédiatement amoureux. Mais Mona cache un secret et Clément désespère de la conquérir, il fait alors appel à Abel... Brillant acteur, et après deux courts et un moyen métrage (dont Petit tailleur sorti en salle en 2010), Louis Garrel signe avec Les Deux amis son premier long métrage. Écrit avec Christophe Honoré (pour lequel il a déjà tourné de nombreuses fois), et joué par des proches, le film porte une grande sincérité.

D

Dheepan France – 2015 – 1h50, de Jacques Audiard, avec Antonythasan Jesuthasan, Kalieaswari Srinivasan, Claudine Vinasithamby, Vincent Rottiers…

Dheepan a combattu dans les rangs des Tigres tamouls, les séparatistes écrasés par le pouvoir sri-lankais en 2009. Avec une femme qu’il ne connaît pas et une gamine de neuf ans, orpheline, Dheepan peut récupérer les passeports d’une famille disparue et quitter le pays. Il se retrouve en France et finit par emménager, avec sa fausse femme et leur fausse fille, dans une cité de la banlieue parisienne où il obtient un poste de gardien. Et là, il va retrouver, sous ces fenêtres, la guerre qui le hante… Après un Prix du scénario en 1996 pour Un héros très discret puis le Grand prix en 2009 pour Un prophète, Jacques Audiard a reçu la Palme d’or pour Dheepan, un film sans vedette mais à « la mécanique dramatique puissante qui force l’intérêt ». Avec ce thriller basé sur une réalité complexe, Audiard offre à ses spectateurs « du cinéma excitant et intelligent » et « reste le seul cinéaste français capable de se réinventer d’un film à l’autre, jamais tout à fait là où l’attend et toujours à l’écoute de la fluidité narrative du cinéma américain. Un maître, assurément. » Sources : telerama.fr - lemonde.fr - tempsreel-nouvelobs.com

Filmographie sélective : Regarde les hommes tomber (1994) – Sur mes lèvres (2001) – De battre mon cœur s’est arrêté (2005) – De rouille et d’os (2012)

Django Voir page 6 Film proposé au jeune public, les parents restant juges.

Dragon Inn

Chine – 1967 – 1h51, de King Hu, avec Ling-Fen Shang Kuan, Shih Chun, Ying Bai...

Pendant la dynastie Ming, un eunuque cruel et assoiffé de pouvoir veut s’emparer du gouvernement. Complots et assassinats à tous les détours du récit pour ce classique des classiques des films d’action avec d’ahurissantes scènes de bataille chorégraphiées par l’opéra de Pékin... Ça saute, bondit, s’envole dans tous les sens... c’est à la fois beau et poétique... ER

Les Fant4stiques Voir pages Jeune Public

F

Fou d’amour

France – 2015 – 1h47, de Philippe Ramos, avec Melvil Poupaud, Dominique Blanc, Diane Rouxel, Jean-François Stévenin, Jacques Bonnaffé…

1959. Coupable d’un double meurtre, un homme est guillotiné. La tête du mort, tombée au fond du panier, raconte (avec la voix off charmeuse de Melvil Poupaud) : tout allait si bien ! C’était en effet un curé admiré et apprécié. Aussi magnifique amant, son paradis terrestre ne semblait pas avoir de fin. Un fait divers sordide des années 50, l’affaire dite du curé d’Uruffe avait déjà inspiré Ph. Ramos pour son court-métrage Ici-bas (1996). Reprenant quelques éléments réels de l’affaire comme le double meurtre, le club de foot, le petit théâtre, le réalisateur retravaille ici ce qu’il nomme « sa toile » : « Cette fois, bonheur et plaisirs volubiles allaient précéder la folie ravageuse ». Sources : dossier de presse, foudamour-lefilm.com.

Filmographie sélective : Adieu pays (2002) – Cachecache (2005) – Jeanne captive (2011).

French Connection

USA – 1971 – 1h44, de William Friedkin, avec Gene Hackman, Roy Scheider, Tony Lo Bianco, Marcel Bozzuffi, Fernando Rey, Frédéric De Pasquale…

Buddy Russo, dit Cloudy, et Jimmy Doyle, alias Popeye, sont flics aux stups. Une interpellation dans Brooklyn, un couple discutant dans un bar avec des membres de la mafia… et voilà nos héros sur la piste d’un très gros trafic de drogue en provenance de Marseille. Entre arrestations et courses-poursuites dans Les CARNETS du STUDIO n°337 –

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New York, Cloudy et Popeye vont mener la vie dure à ce qui sera dénommé la French Connection ! Superbe distribution et bande-son composée par le musicien de jazz Don Ellis pour ce film devenu un incontournable du genre – et plus encore ! – récompensé de 5 Oscars ! Premier grand succès de William Friedkin, également réalisateur du non moins célèbre film Le Convoi de la peur, également projeté aux Studio ce mois-ci, où l’on retrouve R. Scheider et bien sûr, Bruno Cremer ! RS Filmographie sélective : L’Exorciste (1973) – Le Coup du siècle (1983) – L’Enfer du devoir (2000) – Traqué (2003).

G

Le Grand jour Documentaire - France – 2015 – 1h26 de Pascal Plisson

Deux ans après Sur le chemin de l’école – César du meilleur documentaire – qui suivait des enfants vivant aux quatre coins du globe mais qui partageaient la même soif d’apprendre, le réalisateur prolonge sa réflexion. Il nous offre un nouveau film dans lequel il choisit de montrer le parcours de jeunes gens qui se sont lancé un défi : aller au bout de leur rêve, de leur passion et réussir l’épreuve qui va bouleverser leur vie. Ils vivent à Cuba, en Inde, en Ouganda ou en Mongolie, ont tout sacrifié pour les maths, la danse ou la boxe, mais ensemble ils vont vivre un jour exceptionnel qui doit les amener à se dépasser et à se réaliser. Cette nouvelle aventure humaine pleine d’espoir, dans laquelle la caméra sait se faire oublier pour nous faire vivre au plus près la préparation de ces quatre jeunes, est aussi intense et aussi prometteuse que le fut Le Chemin de l’école. Sources : dossier de presse.

H

L’Homme de Rio France/Italie - 1964 - 1h52, de Philippe de Broca, avec Jean- Paul Belmondo, Françoise Dorléac…

Adrien, soldat de deuxième classe, rejoint sa fiancée, la fantasque Agnès, pour une semaine de permission, à Paris. Mais les disparitions successives d’une statue précolombienne et d’Agnès vont l’entraîner jusqu’au Brésil, pour un séjour échevelé. Cinquante ans après sa

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sortie, cette comédie d’aventures reste toujours aussi jubilatoire et compte parmi ses fans Spielberg, qui s’en est inspiré pour la saga des Indiana Jones. Bébel n’arrête pas de courir et F. Dorléac est délicieusement énervante : jubilatoire, on vous dit ! IG Voir pages Jeune Public

Jurassic World USA – 2015 – 2h05, de Colin Trevorrow, avec Chris Pratt, Bryce Dallas Howard, Nick Robinson…

J

Vingt-deux ans après l’ouverture de Jurassic Park, le plus grand parc à thèmes jamais construit dans l’histoire humaine, les scientifiques tentent de trouver une nouvelle attraction pour captiver les milliers de visiteurs qui débarquent chaque jour par bateau. Deux spécimens d’une nouvelle espèce de dinosaure façonnée par la main de l’Homme, Indominus rex, voient ainsi le jour. Mais après avoir tué son binôme, l’un de ces monstres s’échappe et sème la terreur dans le parc. Les espoirs de mettre fin à la menace reptilienne se portent alors sur Owen Grady, dompteur d’un groupe de vélociraptors… On aura beau regretter la magie et la qualité du premier Jurassic Park, force est de reconnaître que Jurassic World suit la recette du blockbuster estival : humour, émotion, spectacle, frisson. Tous les ingrédients y sont. On ne s’y ennuie pas, on frémit comme il se doit devant les mâchoires du tyrannosaure et on rêve secrètement de visiter ce Disneyland reptilien. C'est en tout cas le meilleur démarrage mondial de l’histoire du cinéma.

M

publication, ils permettront à Dennis Stock de se faire un nom dans le milieu de la photo, tandis qu’ils contribueront à transformer James Dean en créature mythique. La rencontre de ces deux trajectoires ne pouvait qu’inspirer Anton Corbijn, lui-même longtemps photographe expert du cliché noir et blanc mais aussi réalisateur (entre autres) d’un biopic sur une autre étoile filante, Ian Curtis, le chanteur du groupe Joy Division.

premier long métrage, pense que la question du rôle des noirs dans la société italienne est quelque chose de crucial. On compte déjà un prix et quatre nominations pour Mediterranea !

Sources : next.liberation.fr - lefigaro.fr

Œuvre composée de trois films sur un Portugal frappé par la crise, Les Mille et une nuits, après L’Inquiet et Le Désolé, suit L’Enchanté.. Volume le plus libre et poétique, L’Enchanté nous emmène d’abord dans un Bagdad des calanques, avec l’eau et la lumière méditerranéennes où s’ébrouent de jeunes corps insouciants, plongeurs et pêcheurs marseillais et Shéhérazade des deux premiers films. Avec ses allures de péplum où personnages en costumes orientaux évoluent dans des décors contemporains, Gomes donne libre cours à toute sa fantaisie, comme une utopie cinématographique inventée par le magicien portugais. Cet univers coloré cède la place à une partie documentaire, illustrant le génie ethnologique du cinéaste qui filme la réalité de son pays avec acuité. Les Mille et une nuits, présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, a été l’un des temps fort du festival. Critique de cinéma, Gomes a déjà réalisé La Gueule que tu mérites (2004), son premier long métrage, Ce cher mois d’août (2008) et surtout Tabou (2012), ce dernier confirmant son succès international.

Marguerite

France – 2015 – 2h07, de Xavier Giannoli, avec Catherine Frot, André Marcon, Michel Fau, Christa Théret…

Près de Paris, au début des années folles. Une femme fortunée, Marguerite Dumont, se passionne d’opéra, tant et si bien qu’elle se produit régulièrement dans son château et depuis des décennies devant son cercle d’habitués. La vérité est qu’elle chante tragiquement faux, mais ni son mari ni son entourage ne le lui ont jamais dit, entretenant même Marguerite dans ses illusions de cantatrice ! Or cela se complique le jour où la soprano se met en tête de chanter devant un public à l’Opéra, malgré les réticences de ses proches… Inspiré de la vie de Florence Foster Jenkins, une Américaine qui rêvait de mener une carrière de cantatrice, Marguerite, incarnée par la sublime C. Frot, annonce un beau moment de cinéma riche en émotions. Sources : dossier de presse, senscritique.com.

Filmographie sélective : Les Corps impatients (2002), Quand j’étais chanteur (2006), À l’origine (2008), Superstar (2012).

Sources : dossiers de presse.

Life USA - 2015 - 1h51, d’Anton Corbijn, avec Dane De Haan, Robert Pattinson, ben Kingsley…

1955, Dennis Stock, tout jeune photographe qui gagne sa vie en réalisant des clichés de célébrités lors des soirées hollywoodiennes, fait la rencontre d’un tout aussi jeune homme, comédien de son état. À l’est d’Eden n’est pas encore sorti, et James Dean n’est pas encore une icône, mais le photographe pressent qu’il a face à lui l’incarnation de la jeunesse et de l’époque toute entière. Les deux hommes vont réaliser une série de clichés qui sera déterminante pour chacun d’entre eux : dès leur

L

Sources : dossier de presse.

Les Mille et une nuits - 3 -L’Enchanté

Portugal, France, Allemagne, Suisse – 2015 – 2h05, de Miguel Gomes, avec Crista Alfaiate, Carloto Cotta, Guo Jinglin…

Sources : dossier de presse.

Mediterranea Italie/France/USA/Allemagne/Qatar – 2015 – 1h47, de Jonas Carpignano, avec Koudous Seihon, Alassane Sy, Pio Amato...

Deux amis burkinabé, Ayiva et Abas, parcourent des milliers de kilomètres loin de leur pays, à pied, sur les toits de camions pour arriver jusqu’à la Méditerranée. Là, sur une embarcation de fortune, ils gagnent la Calabre où ils espèrent trouver une vie meilleure. Quelle hospitalité réservent les habitants locaux à ces migrants clandestins ? Menaces, injures, exploitation vont être le lot de ces nouveaux esclaves modernes... Le réalisateur, qui s’est impliqué personnellement pour ce

Les Minions Voir pages Jeune Public

Miss Hokusai

Japon – 2015 – 1h33, film d’animation de Keiichi Hara, avec les voix de Yutaka Matsushige, Anne Watanabe…

1814. Au Japon, dans la ville d’Edo (devenue Tokyo), vivent Hokusai, le peintre renommé dans tout le pays, et l’une de ses filles, O-Ei. Le plus souvent, ils restent enfermés dans leur étrange atelier aux allures de taudis. À Les CARNETS du STUDIO n°337 –

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quatre mains, ils créent les œuvres aujourd’hui célèbres dans le monde entier. Dans l’ombre de son père, la jeune femme, indépendante et éprise de liberté, collabore à cette illustre et incroyable aventure artistique. Le réalisateur, entre autres, des superbes films Un été avec Coo (2007) et Colorful (2010), nous offre ici une œuvre magnifiquement aboutie. Miss Hokusai, qui n’est « ni vraiment un biopic, ni vraiment un film d’époque », ouvre un réel espace poétique et fascinant. Sources : dossier de presse, courte-focale.fr.

Much Loved

France/Maroc – 2015 – 1h45, de Nabil Ayouch, avec Loubna Abidar, Asmaa Lazrak, Halima Karaouane, Sara Elmhamdi Elalaoui…

À Marrakech, Noha, Randa, Soukaina et Hlima, objets de désirs, vivent de leurs amours tarifées. L’argent circule auprès de ces femmes vivantes et solidaires, au gré des rencontres, des plaisirs et des humiliations subies. Leur parole se délie avec une grande liberté de ton. Restant dignes dans leur royaume de femmes émancipées, elles surmontent la violence d’une société qui les utilise tout en les condamnant… À la Quinzaine des Réalisateurs, Much loved n’a pas laissé le public de Cannes indifférent. Sans concession, ni fausse pudeur, N. Ayouch montre la réalité de la vie des prostituées qui catalysent tant de frustrations dans une société où le sexe et l’amour disposent de peu de place pour s’exprimer. Sources : dossier de presse, next.liberation.fr.

Filmographie selective : Mektoub (1997), Les Chevaux de dieu (2012). Vendredi 18 septembre rencontre avec Mahmoud Fkir militant associatif marocain. après la projection de 19h30

des troupes (en 2014) le secteur frontalier dont ils sont censés assurer la contrôle devient de plus en plus difficile... à tel point que des soldats vont commencer à disparaître. La France n’est pas réputée pour oser affronter ses guerres au cinéma quand elles sont encore fraîches, et c’est donc avec intérêt que l’on regardera cette rareté : un « film de guerre » où les combats n’occupent qu’une place restreinte pour faire la place à ce qui relève de « l’hallucination collective, la vision nocturne (...) et une réelle ambition plastique. » La critique souligne le caractère ambitieux du film ainsi que sa grande force d’évocation, sans oublier, on s’y attendait, le travail de Jérémie Renier ou celui de Kevin Azaïs, découvert cette année dans Les Combattants.

S

Jeudi 17 septembre Ciclic et les Cinémas Studio proposent une avant-première et une rencontre avec Clément Cogitore, réalisateur après la projection de 19h45.

Nous venons en amis

France/Autriche – 2014 – 1h46, de Hubert Sauper, avec des acteurs inconnus.

Dans ce documentaire, le réalisateur nous emmène au cœur de l’Afrique, au Soudan, le plus grand pays du continent. Là font rage de nouveaux épisodes de guerres sanglantes (mais saintes) qui déciment les populations. Hubert Sauper nous plonge dans des lieux improbables, dans les rêves et pensées des personnes, de façon bouleversante et marquante. La colonisation, l’esclavage, l’impérialisme et la guerre pour les ressources naturelles sont toujours d’actualité. Nous nous souvenons de la précédente et excellente réalisation d’Hubert Sauper, Le Cauchemar de Darwin en 2004, et Loin du Rwanda en 1997, autre documentaire poignant.

Avant Première et séance Ciné-ma différence Voir pages Jeune Public

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Ni le ciel ni la terre France – 2014 – 1h40, de Clément Cogitore,

Le Petit Prince Petites casseroles Pinocchio

avec Jérémie Renier, Swann Arlaud, Kevin Azaïs, Marc Robert...

Pixels

Le capitaine Bonassieu commande une section en Afghanistan. À l’approche du retrait

Voir pages Jeune Public

– Les CARNETS du STUDIO

n°337 – septembre 2015

avec Wendy Moniz, Trevor St. John, Oona Laurence…

John et sa femme Ricky, Biscuit et Paul, leurs deux enfants, forment une famille en apparence tranquille, mais dans laquelle les tensions ne cessent d’apparaître, régulières, dans le présent comme dans un passé proche dont chacun essaie de faire fi, tant bien que mal. Biscuit fait l’école buissonnière, Paul se réfugie dans ses dessins. L’arrivée de Jessica, la fille de John, amènera indirectement cette famille à se ressouder, à communiquer davantage, pour apaiser le poids d’un passé douloureux à porter… Ce film est le deuxième de Patrick Wang. Après In the Family (2011), qui portait lui aussi sur le destin difficile d’une famille et le poids des non-dits, Les Secrets des autres, adapté d’un roman de Leah Hager Cohen, pénètre également la structure familiale. Wang aborde avec brio les thèmes aussi divers que liés que sont l’absence, le deuil, la relation parents-enfants… Filmé en 16mm avec des incursions en super 8, l’esthétique du film s’accorde de façon émouvante au propos, très juste, porté par des acteurs au jeu fin et sans fausse note. MR

Sorcerer , Le Convoi de la peur USA – 1977 – 2h01, de William Friedkin, avec Roy Scheider, Bruno Cremer, Francisco Rabal, Amidou…

Sources : dossier de presse, première.fr

Mune, le gardien de la lune

Les Secrets des autres Etats-Unis – 2014 – 1h43, de Patrick Wang,

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Manzon, Scanlon et Kassem, ayant dû fuir leur police et leur pays respectifs, travaillent comme ouvriers dans une raffinerie de pétrole en Amérique du sud. Ayant besoin d’argent pour fuir cet endroit perdu aux conditions de vie très pénibles, ils sont sélectionnés comme chauffeurs pour mener un convoi de camions chargés de nitroglycérine à travers les routes instables de la jungle. C’est le début d’une épopée très risquée… Sorcerer (traduit en français par Le Convoi de la peur) est un superbe thriller fascinant et haletant, remake du Salaire de la peur (1953) d’Henri-Georges Clouzot. William Friedkin est également réalisateur du célèbre film oscarisé French Connection (1971), projeté aussi aux Studio ce mois-ci et où l’on retrouve R. Scheider. RS Filmographie sélective : L’Exorciste (1973) – Le Coup du siècle (1983) – L’Enfer du devoir (2000) – Traqué (2003).

The Lesson

Bulgarie – 2015 – 1h45, de Kristina Grozeva, Petar Valchanov, avec Margita Gosheva, Ivan Barnev...

T

Une honnête professeure d’anglais cherche à découvrir le responsable d’un vol dans sa classe. Mais elle-même va être confrontée aux limites de la légalité quand elle découvre qu’elle doit, par la faute de son mari, faire face à de lourdes difficultés financières. Déterminée à faire face, à la recherche d’argent et de solutions, elle se trouve peu à peu prise dans une spirale infernale... Après avoir participé à de nombreux festivals mondiaux (Toronto, San Sebastian, Rotterdam, entre autres) et y avoir remporté plusieurs récompenses, ce premier film remarquable arrive enfin sur nos écrans. Cette description terrible de la société bulgare contemporaine est menée comme un polar et ne lâche à aucun moment le spectateur en empathie permanente avec son héroïne. Cette Lesson pas du tout rébarbative est une excellente surprise et aussi la découverte d’une actrice étonnante, Margita Gosheva. JF

The Rose

USA – 1979 – 2h05, de Mark Ridell, avec Bette Midler, Alan Bates, Frederic Forrest...

En 1969 Rose est la chanteuse de rock’n’roll la plus célèbre de la scène internationale. Épuisée par la vie qu’elle mène (les tournées sans fin, les nuits sans sommeil, l’alcool et la drogue), subissant la pression de la célébrité, elle demande à son manager de donner un dernier concert dans sa ville natale en Floride... The Rose a été nommé quatre fois aux Oscars. Bien que daté, il a gardé toute son énergie ! Quant à Bette Midler, elle a obtenu deux Golden Globes pour son interprétation remarquable. Il est difficile de rester insensible à sa performance. Bouleversante, elle dévore l’écran dans ce film extrêmement émouvant dont la musique n’a pas pris une ride. Frissons garantis ! MS

Le Tout nouveau testament

Belgique – 2015 – 1h52, de Jaco van Dormael, avec Pili Groyne, Benoît Poelvoorde, Yolande Moreau, Catherine Deneuve, François Damiens...

Dieu existe, il est belge, habite à Bruxelles et est odieux avec sa femme et sa fille, Ea. Oui, Les CARNETS du STUDIO n°337 –

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sa fille, dont on a très peu parlé, le fils ayant tiré toute la couverture médiatique à lui. Ea n’en peut plus, aussi, elle décide de prendre les choses en main de façon à changer le monde (rien que ça). Pour commencer, elle envoie à tous les habitants de la terre, par SMS, leur date de décès... Après Toto le héros, Le Huitième jour et Mr Nobody, Jaco van Dormael opère un retour très en forme avec ce délirant Tout nouveau testament. Le film est plein de surprises ingénieuses, de trouvailles visuelles, les gags y fusent de façon soutenue et Yolande Moreau, Catherine Deneuve, Benoît Poelvoorde, entre autres, y sont impeccables. L’humour belge est ici à son meilleur pour un moment de détente aux rires garantis. JF

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Un dimanche à la campagne

Sources : onlike.net – hebdolatino.ch – avoir-alire.com

Soirée Francis Poulenc aux Studio / Voir page 5

La Vanité Suisse-France - 2015 - 1h15 - de Lionel Baier,

Une enfance

avec Patrick Lapp, Carmen Maura, Ivan Georgiev…

Jimmy s’apprête à passer en sixième (avec deux petites années de retard) mais, surtout, entre une mère incompétente et un « beau-père » qui passe le plus clair de son temps à boire et fumer (des choses pas toujours légales), c’est à lui de s’occuper de son petit frère et, souvent, de s’occuper de la famille tout court. Jimmy n’aime pas la façon dont Duke, son beau-père, traite sa mère. L’été s’annonce long et fastidieux mais, surtout, Jimmy sent monter en lui une colère qui pourrait bien le dépasser, qui pourrait bien faire que ce drame familial vire au drame tout court... Le 4e film de Philippe Claudel après ses deux succès Il y a longtemps que je t’aime et Tous les soleils, un réalisateur qui est, par ailleurs, un excellent romancier : Les Âmes grises (Prix Renaudot en 2003) et Le rapport de Brodeck (Prix Goncourt des lycéens en 2007).

David Miller, un vieil architecte malade, hautain et orgueilleux, veut en finir avec sa vie. Il met toutes les chances de son côté en ayant recours à une association d’aide au suicide. Mais Espe, l’accompagnatrice, ne semble pas très au fait de la procédure alors que lui tente par tous les moyens de convaincre Tréplev, le prostitué russe de la chambre d’à côté, d’être le témoin de son dernier souffle, comme la loi l’exige en Suisse. Le temps d’une nuit, de rebondissements en retournements, chacun se révélera et découvrira que le goût des autres et peutêtre même l’amour sont des sentiments drôlement tenaces. La jubilation du film tient au déplacement de regard progressif qu’opère la mise en scène précise, virtuose et inspirée de Lionel Baier. Il parvient à composer une Vanité en cinéma en jouant notamment avec le fameux tableau d’Holbein, Les Ambassadeurs !

France – 2014 – 1h40, de Philippe Claudel, avec Alexi Mathieu, Angelica Sarre, Pierre Deladonchamps...

Sources : dossier de presse.

Sources : dossier de presse.

Une famille à louer

France - 2015 - 1h37, de Jean-Pierre Améris, avec Benoît Poelvoorde, Virginie Efira, François Morel…

Paul-André est riche, plus que riche même, mais sa solitude et son ennui sont aussi immenses que sa fortune. Et si la clé pour

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perdu du littoral brésilien. Conductrice de tracteur dans une plantation de noix de coco, elle y rencontre Jesson qui, dans ses heures libres, pratique la pêche sous-marine en apnée. Les tempêtes tropicales du mois d’août frappent régulièrement la côte. C’est à ce moment-là qu’un spécialiste des vents arrive au village pour écouter le bruit du vent… Entre fiction et documentaire, ce premier film, primé à Locarno, Brasilia et Denver, « chronique d’instants de sensations extrêmes », «oppose la beauté solaire des corps des amoureux, dans leurs ébats, somptueusement mis en scène, à l’idée de la mort suggérée par le départ prochain de la grand-mère de Shirley… ». Contemplatif et mystérieux, il confronte ses jeunes héros avec les dualités entre la vie et la mort, le deuil et le souvenir, le vent et la mer…

échapper à son mal-être se cachait dans ce qu’il a toujours honni et fui, la famille ? Cette famille providentielle va s’avérer être celle d’une pétillante mère célibataire, Violette, en lutte permanente pour se sortir de ses galères financières. Pour qu’il puisse, enfin, connaître ce qu’il pense être les joies du foyer, Paul-André va proposer un contrat à Violette : il la met à l’abri financièrement pour une année, elle lui fait vivre une vie de famille pendant trois mois. Mais ce serait trop simple… Après L’Homme qui rit et Marie Heurtin, le réalisateur avait envie d’aborder des sujets graves sur un ton plus léger, comme il l’avait déjà fait pour Les Émotifs anonymes en 2010. Avec cette fantaisie teintée de mélancolie (c’est lui qui le dit), Jean-Pierre Améris prouve une fois de plus qu’il est un réalisateur humaniste, sachant saisir les splendeurs et les misères de ses semblables. IG

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Vents d’août

Brésil – 2014 – 1h17, de Gabriel Mascaro, avec Dandara de Morais, Geove Manoel de Santos….

Shirley abandonne la vie citadine pour s’occuper de sa grand-mère âgée dans un village

V

La Vie en grand

France – 2014 – 1h33, de Mathieu Vadepied, avec Balamine Guirassy, Ali Bidanessy, Guillaume Gouix…

Adama et Mamadou fréquentent (de temps en temps) le même collège ; sur le point d’être expulsé, Adama signe un pacte de bonne conduite avec la CPE mais ne saurait pas refuser un petit deal de shit, sa maman n’a pas beaucoup de sous, hein... Mais, voilà, les deux ont le sens du business et petit deal deviendra grand... Cela aurait pu être un drame social...

c’est une comédie enlevée et tonique ! Pour un certain nombre de critiques, ce fut même l’une des bonnes surprises de Cannes... puisque Le Monde parle même du « film le plus espiègle et charmant qu’il nous ait été donné de voir à Cannes. » Sources : dossier de presse, lemonde.fr

Youth

Italie/Angleterre/Suisse – 2015 – 1h58, de Paolo Sorrentino, avec Michael Caine, Harvey Keitel, Rachel Weisz…

Y

Deux amis octogénaires, Fred et Mick, artistes – l’un fut chef d’orchestre, mais a pris sa retraite, l’autre persiste en tant que cinéaste – passent leurs vacances dans un hôtel luxueux au pied des Alpes suisses. Les gens y défilent, se souciant peu du temps qui passe, celui-là même qui obsède pourtant les deux vieux hommes, qui se savent au crépuscule de leur vie. Présenté en compétition officielle à Cannes cette année, le dernier film de Paolo Sorrentino promet (à en croire Pierre Murat, de Télérama) de ne décevoir personne, qu’il s’agisse des « détracteurs » du cinéaste ou, à l’inverse, de ses adorateurs les plus fervents. Mû par la même esthétique caractéristique, déjà à l’œuvre dans son précédent – et très beau – long-métrage, La Grande Bellezza, Youth s’annonce « cynique et sincère ». Et certainement à ne pas manquer. Sources : dossier de presse.

Lundi 28 septembre - 19h30 SOIRÉE D’OUVERTURE

L’Aurore de Friedrich Wilhelm Murnau (1927) USA NB

Amoureux fou d’une femme de la ville, un fermier va tenter de se débarrasser de son épouse pour vivre avec celle qu’il aime. Un des plus grands chefs d’œuvre de l’histoire du cinéma ! Accompagnement au piano par Jacques Cambra. Programme détaillé dans le dépliant disponible à l'accueil et sur www.cinematheque.tours.fr

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Tout public à partir de 6 ans

Samedi 19 septembre de 9h30 à 12h

VF France/USA – 2015 – 1h46, film d’animation de Mark Osborne.

Les Collections privées du Jeune Public s’offrent à vous :

C’est l’histoire d’une petite fille intrépide qui vit dans un monde d’adultes. C’est l’histoire d’un aviateur excentrique qui n’a jamais vraiment grandi… et c’est l’histoire du Petit Prince qui va les réunir dans une aventure extraordinaire.

• les jouets optiques, ancêtres du cinéma • des courts métrages inédits • la visite d’une cabine de projection

JEUNE PUBLIC

JEUNE PUBLIC

JOURNÉE EUROPÉENNE DU PATRIMOINE AUX STUDIO

VF Tout public à partir de 9 ans

VO France – 1964 – 1h52, de Philippe de Broca, avec Jean-Paul Belmondo, Françoise Dorléac,

USA – 2015 – 1h40, de Chris Colombus.

Jean Servais...

Les péripéties de Belmondo à Rio et dans tout le Brésil restent un des films d’aventures les plus inspirés Tout public à partir de 10 ans du cinéma…

Dans les années 80, quatre jeunes américains gagnaient toujours à des jeux vidéo d’arcade. L’un d’eux, devenu président des États-Unis, est confronté à une attaque d’aliens qui tentent de détruire la Terre. La réalité dépasse alors la fiction… Suède/Irlande/France/Russie/Italie/Allemagne 2015 – 41 mn, courts métrages d’animation. sans paroles

À partir de 5 ans

2D VF

3D

Depuis toujours, les Minions sont au service de maîtres les plus méprisables. Partis à la recherche d’un nouveau maître très méchant, Kévin, Stuart et petit Bob trouveront Scarlet Overkill mais une menace les guette. Que vont-ils devenir?

À partir de 4 ans

Six histoires d’enfance tendres et drôles !

Mercredi 23 après la séance de 16h, atelier Expression d’impressions.

VF VO

France/Italie/Luxembourg/Belgique – 2012 1h20, film d’animation de Enzo D’Alo.

Une belle adaptation du livre de Carlo Collodi…

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VF Tout public à partir de 6 ans

Mercredi 9, rencontre après le film avec des écoliers qui viendront présenter leurs planches de BD réalisées pour le concours Bulles en herbe.

• Les Cadeaux d’Aston • Peur de voler • La Petite casserole d’Anatole • La Taupe au bord de la mer • La Promenade d’un distrait • Les Agneaux

À partir de 8 ans

LES FANT4STIQUES

USA – 2015 – 1h46, de Josh Trank.

Quatre jeunes marginaux se téléportent dans un dangereux univers parallèle, qui va modifier leurs corps de façon choquante. Ils vont devoir maîtriser leurs nouvelles capacités et apprendre à travailler ensemble pour sauver la Terre d’un ancien ami devenu leur ennemi.

MUNE, le gardien de la Lune

Tout public à partir de 7 ans

France – 2015 – 1h26, film d’animation de Benoît Philippon et Alexandre Heboyan.

Le Soleil a rendez-vous avec la Lune... L’histoire fantastique et poétique autour de trois personnages que tout oppose : le gardien du Soleil, le gardien de la Lune et la fragile Cire. Avant-première nationale pour la reprise des séances Ciné-ma différence.

Samedi 26 septembre 14h15

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Interférences Qui vive Jamais de la vie La Loi du marché

Ici… ` CONFESSION D’UNE ENFANT DU SIÈCLE Après avoir exploré les affres de l’amour romantique avec Confession d’un enfant du siècle, Sylvie Verheyde s’intéresse pour son cinquième long métrage, Amoureux solitaires, à la prostitution de luxe. C’est la révélation de La Graine et le mulet, Hafsia Herzi, qui interprétera cette call girl qui se présente ainsi : « Je m’appelle Virginie. Je suis jeune. Je suis indépendante. Je suis pute, on ne peut pas le dire autrement, de luxe. Je sais me faire respecter. Je gagne très bien ma vie… ».

et ici… ` (RE)PÈRES Philippe Lioret (Welcome) revient derrière la caméra pour une adaptation d’un roman, non pas d’Olivier Adam comme pour Je vais bien, ne t’en fais pas, ni d’Emmanuel Carrère comme pour Toutes nos envies, mais de Jean-Paul Dubois, intitulé, Si ce livre pouvait me rapprocher de toi. Les Yeux au ciel racontera le parcours d’un jeune père célibataire qui, apprenant le décès de son propre père – qu’il n’a jamais rencontré – décide d’aller assister aux obsèques au Québec. C’est Pierre Deladonchamps, révélé par L’Inconnu du lac, qui interprétera ce père en quête de repères. ` FAMILLE RECOMPOSÉE On le sait, Maurice Pialat et Gérard Depardieu s’étaient trouvés et mutuellement adoptés. Si le comédien a enchaîné les tournages depuis la disparition du réalisateur en 2003, on ne retrouve dans sa pantagruélique filmographie aucune collaboration à long terme avec un réalisateur, comme celle qu’il eut avec Pialat donc mais aussi avec Blier et Truffaut d’une certaine façon. Mais, si Valley of love a permis de belles et bouleversantes retrouvailles entre ces deux figures majeures du cinéma français que sont Isabelle Huppert et Gérard Depardieu, il semblerait que ce film soit également à l’origine d’une rencontre déterminante entre le comédien et Guillaume Nicloux, qui évoque : « Une entente et une reconnaissance mutuelle qui se passent de mots.» Rencontre déterminante donc, qui a été marrainée par Sylvie Pialat, productrice des films de Nicloux et vieille amie de Depardieu, qui devrait se prolonger avec Les Confins du monde, un film sur fond de guerre d’Indochine. ` SI LOIN, SI PROCHE Voilà une nouvelle intrigante : Claire Denis, la réalisatrice de Beau travail, va mettre en scène un film de science-fiction ! Si, si ! Une histoire se déroulant dans l’espace, bien loin du système solaire. On ne sait pas grand chose d’autre sur le projet, co-écrit par Zadie Smith, écrivain(e) anglais(e) et Nick Laird, poète irlandais, mis à part qu’il aura pour cadre un futur ressemblant à notre présent et que, dans cette lointaine galaxie, l’idiome de référence sera la langue de Shakespeare. C’est sûr que dit comme cela, le projet ne paraît pas très exotique et exaltant. IG

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C

es derniers mois, trois films français avaient comme personnage principal… un surveillant de supermarché. Difficile de ne pas y voir à la fois l’invasion de notre imaginaire par les zones commerciales qui ceinturent les villes mais aussi l’angoisse sécuritaire qui gagne petit à petit nos sociétés inquiètes avec, en parallèle, la peur du déclassement qui traverse peu à peu le corps social… Trois personnages joués par trois des acteurs parmi les plus passionnants de la scène francophone : Reda Kateb, Olivier Gourmet, Vincent Lindon. Trois portraits d’autant plus forts que chacun d’entre eux utilise un style radicalement différent. La chronique sociale pour Qui vive de Marianne Tardieu. Le thriller pour Jamais de la vie de Pierre Jolivet. Le réalisme documentaire pour La Loi du marché de Stéphane Brizé. Et la curieuse impression de voir ces fictions s’enchaîner. Se répondre. Tendre banlieue, tel pourrait être le soustitre du film de Marianne Tardieu (pour reprendre le titre d’une série de BD de Tito) : le regard que la réalisatrice porte sur celle-ci est à l’opposé de celui que nous proposent le plus souvent les média ou le cinéma avec sa violence et ses comportements standardisés. Avec au centre, le personnage de Chérif qui rêve de s’en sortir en devenant infirmier. De quitter l'appartement de ses parents, s'imaginer un avenir. Peut-être avec la jolie éducatrice qu’il a rencontrée. En attendant de réussir les examens, il fait le vigile dans

la galerie marchande, devient le souffredouleur d’une bande de gamins, se lie avec un caïd ami d’enfance pour s’en débarrasser, participe à son corps défendant à un casse nocturne qui tourne mal. La description d’un quotidien assez ordinaire prend soudain la coloration d’un polar. Le film s’achève sur une reconstitution mais reste ouvert sur un avenir pas forcément noir. Noir, c’est la couleur choisie par Pierre Jolivet. Pour un film totalement désespéré. Franck est un solitaire. Devenu gardien de nuit après avoir perdu un long et douloureux combat alors qu’il était l’un des leaders syndicaux de sa boîte. Comment continuer quand on a cru pouvoir changer la société et alors que le seul avenir qui se profile est celui du minimum vieillesse et des restos du cœur ? De son ancienne vie, Franck n’a gardé qu’un dérisoire symbole : un désormais inutile porte-voix, lui qui ne représente plus personne et qui tente de garder la tête hors

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une

NUIT

enthousiasmante !

une

NUIT

enthousiasmante ! ont été unanimes : « Super ambiance », « Moments forts », « Bonheur »… Savez-vous que vous étiez encore 710 spectateurs à la séance de 1h30 et 500 à celle de 3h30 (apparemment un record dans les annales

préféré rester debout plutôt que de faire un autre choix ! Six des 15 films proposés ont fait plus de 300 entrées… Vos sourires jusqu’au petit matin et votre enthousiasme sont pour toute l’équipe des

de notre Nuit ? Comme on pouvait s’y attendre, La Cité de la peur, J’ai tué ma mère et Massacre à la tronçonneuse ont fait carton plein. Mais il faut noter les performances remarquables de Princess Bride et beaucoup se souviendront de la salle 4 archipleine pour les Femmes au bord de la crise de nerf, certains, faute de place par terre, ayant

bénévoles et salariés investis dans cette fête un encouragement formidable. Nous voilà donc repartis pour une nouvelle aventure : nous nous mettons très vite au travail pour vous concocter une aussi belle nuit 2016 ! SB

V

© Photographies : Roselyne Guérineau & Francis Bordet

de l’eau au milieu d’autres solitaires. Pierre Jolivet aime filmer la beauté lugubre de la ville, la nuit. Et Olivier Gourmet y impose sa présence sombre et sobre. Jusqu’à la scène finale, le casse qu’il contrecarre en détournant l’argent volé pour une plus noble cause et qui semble comme l’écho, réécrit suivant le tempo du thriller, de celui de Qui vive. Thierry, le discret héros du film de Stéphane Brizé, a lui aussi été leader syndical. Dans une entreprise dont il a lui aussi été licencié. Pour connaître lui aussi le parcours du combattant (déchu) de Pôle Emploi, des stages, des bilans de compétence. Mais, contrairement à Franck, Thierry ne veut plus en entendre parler. Pour garder sa salubrité mentale. Il a fait une formation de grutier, peutêtre pour voir la vie (sociale) de haut, pour continuer à essayer de vivre. Avec sa femme, son fils. Dans leur appartement. Il est prêt à accepter cette loi implacable qui donne son titre au film. A tout accepter pour ne pas perdre ce qu’il a construit depuis des années. Le style choisi par

Brizé est aux antipodes de celui de Jolivet : il a placé Vincent Lindon au cœur d’un dispositif humain radical (seul professionnel au milieu d’acteurs jouant leur propre rôle) et qui donne au film un éclairage clairement documentaire, d’autant que le réalisateur a décidé de laisser hors champ, dans les trous du récit, les scènes qui auraient pu être spectaculaires (notamment le suicide d’une collègue sur son lieu de travail). Mais Thierry, avec sa façon modeste, refuse lui aussi je jeu social qu’on veut lui faire jouer en rangeant, in fine, sa tenue de vigile au vestiaire. Trois portraits d’hommes sous l’uniforme du quotidien. Et des scènes qui sont en train de devenir de véritables scènes de genre à mesure que s’accroît la pression sur les salariés : entretiens d’embauche, bilans devant les conseillers de Pôle Emploi, réunions de travail… tandis que de nouveaux plans s’incrustent sur les écrans : ceux, froids et sans âme, des caméras de surveillance. DP

ous avez été très nombreux à participer à notre 31e Nuit des Studio le 6 juin dernier – près de 1 000 pass, le maximum. Était-ce la douceur de la nuit ? La programmation très variée mais comportant nombre de films porteurs voire culte ? Le large choix de stands et buffets ouverts toute la nuit ? Tous les avis recueillis au fil des heures

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Les rédacteurs ont vu :

VALLEY OF LOVE de Guillaume Nicloux

Comment se fait-il qu’aucun réalisateur n’ait eu le désir de reformer le couple Huppert-Depardieu, pendant les trentecinq ans qui ont suivi Loulou ? Pourtant Pialat ne s’y était pas trompé : entre ces deux-là, il y a de l’immédiateté, de l’évidence. Guillaume Nicloux a su le voir et est parvenu à saisir la force et les fragilités de ces deux comédiens hors normes, pierres philosophales transmutant ce film âpre en expérience métaphysique. Bouleversant. IG

tion de beaucoup d’autres. Ils n’arrêtent pas de parler, partout, tout le temps. C’est répétitif, statique, totalement prévisible. Le film réussit le tour de force de ne dire et raconter strictement rien de plus que le minuscule pitch simplet que tous les media nous ont rabâché ad nauseam au moment de la sortie. Seuls la musique de Charles Ives et les somptueux paysages de la Vallée de la Mort nous tirent par instants de la somnolence. AW

Deux monstres sacrés qui jouent à être eux-mêmes, l’une fluette, l’autre très épanoui. Retrouvailles dans un lieu torride et insolite, aux effets quasi insoutenables. Chacun raisonne ou déraisonne sur le fil(s) qui les rassemble. Tout devient possible... et finalement, la chaleur écrasante m’a fait décrocher. MS

Lourd, lent, en sueur et apathique, Depardieu fascine et répugne à la fois. Mais qui d’autre pour incarner le père d’un enfant mort d’avoir été mal-aimé ? Car ce film évoque la douleur et la culpabilité de parents divorcés qui se retrouvent dans la Vallée de la Mort, aux États-Unis, sur l’injonction post mortem de leur fils. Or, le parcours de Guillaume Depardieu, décédé à 37 ans, jonché d’opérations chirurgicales, d’abus de drogue et d’alcool, d’emprisonnement, ne peut pas avoir laissé son père, Gérard, indemne. Ce film, comme un autodafé. CP

Elle est maigre, très maigre. Lui est gros, énormément gros. Isabelle Huppert et Gérard Depardieu forment le couple le mieux assorti du cinéma français, à l’excep-

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Plongez deux monstres sacrés du ciné français dans l’étuve d’un no man’s land désertique et observez le travail du temps et du deuil sur les corps si dissemblables des acteurs qui ne jouent plus vraiment. Et le miracle a lieu : du dispositif expérimental à la limite de la supercherie et du voyeurisme, un film naît malgré tout, dont les stigmates, pour le spectateur, sont d’être touchés par ce duo au bout du rouleau. DP Deux revenants dont les silhouettes disparates s’opposent par la taille et le volume. Deux morts vivants errant dans La Vallée de la Mort à la recherche du fantôme de leur fils disparu. Ces retrouvailles au goût funèbre du couple de Loulou sont profondément touchantes. JF Deux immenses acteurs, un site naturel magnifique, un deuil bouleversant... Arrivé à la dernière image, cela ne nous apparaît hélas pas comme pouvant

faire un film. Pourtant, on se surprend à être littéralement capté par ce couple pieds et mains liés, plus ou moins, dans l’attente de l’improbable... Sans doute, le travail sur le temps – celui de la perte, du deuil, du présent intensément partagé et vécu –, porté par Isabelle et Gérard dans l’immobilité minérale, participe à cette impression paradoxale. RS Incroyable : la symbiose du couple Depardieu-Huppert réuni après 35 ans (Loulou, Pialat). Impressionnante : la performance du gros Gégé, résolument monstre sacré, avec lequel on sue à grosses gouttes. Fascinante : Isabelle fragilisée et bouleversante. Intelligente : la mise en scène parfaitement maîtrisée qui nous transporte dans une ambiance quasi irréelle au milieu d’un désert magnifique. Valley Of Love m’a fait vibrer de bout en bout : mes stigmates aux bras et aux chevilles s’estompent peu à peu… SB

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Rencontre avec Bruno Podadydès

Rencontre avec Bruno Podalydès Comme un avion mardi 16 juin 2015

Bruno Podalydès aux Studio © Roselyne Guérineau

Il était venu présenter son dernier film Adieu Berthe il y a trois ans et avait gardé un très bon souvenir des Studio, aussi avait-il signalé à son distributeur qu’il viendrait bien faire un tour à Tours pour présenter Comme un avion. Pour son retour, une salle comble l’attendait.

Comme un voyage en palindrome

P

our présenter son nouveau film, Bruno Podalydès nous a parlé d’un conte de fée. « On ne sait pas pourquoi on arrive là. J’ai vu récemment Horizons perdus de Frank Capra, ça m’a aidé à choisir ce petit moulin où l’on a tourné. Un retour magique. En « maturissant », je prends acte de mes handicaps et j’essaie d’arriver à choisir une idée par film. Soit un river-movie, soit l’attachement à un endroit, l’immobilisme dans la guinguette. Le film est une oscillation entre le sentiment du voyage et l’attachement à un lieu. » Un difficile équilibre. Qui a nécessité 8 versions différentes. C’était un projet que le réalisateur portait depuis

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longtemps. « Un jour, je tournerai un film en kayak… Un jour, je serai amoureux dans un film… L’âge aidant, je me suis dit : cessons de rêvasser. Passons à l’acte. Je rêve de faire un film sur les avions mais au vu des budgets dont je dispose, le rêve accouche d’un autre rêve. On suit ses méandres. » C’est la raison pour laquelle il a choisi de jouer le film alors que, d’habitude, son frère Denis est son acteur préféré. « Si je fais le film, il aura la cohérence que j’ai dans la vie. On pourra me suivre dans ce parcours un peu obscur… Si je suis sincère, je reproduis la même errance. On peut garder mes maladresses, mon ridicule qui court

de scène en scène. » Pour ce projet, les déclencheurs ont été des images clés : « L’affiche de l’aéropostale avec son avion qui vole dans la pénombre bleu nuit avec la lumière intérieure au-dessus des vagues. Cette image me fait rêver. Il y a aussi la petite photo amateur de gens qui dansent dans un champ l’après-midi, deux femmes – sans doute des jumelles – avec des robes à fleurs ; une image du bonheur. C’est la réunion de quelques images qui ont fait que, tout à coup, un film prend corps. Une guinguette, des nappes à carreaux, du linge qui sèche au soleil, une gloriette, des cerises, le cours de l’eau, un petit ponton : des petits plaisirs à portée de main comme dirait Bashung. C’est un film sans adversité, ce qui a laissé très perplexe mon producteur car, au cinéma, en général, c’est le conflit qui fait l’histoire. » Pour chaque film, il fait une collection de chansons qui l’aide : ici, Le Sud de Ferrer, l’Herbe tendre de Gainsbourg, Je descendrai la rivière de Jonas, Le Temps de vivre de Moustaki « J’avais déjà utilisé la très belle chanson Il est trop tard pour Adieu Berthe. Celle-ci, je la jouais sans cesse au lycée, je devais être soûlant… Il y avait aussi John Lewis qui joue du Bach comme ligne directrice du film et puis Vénus de Gérard Manset chanté par Bashung. Le chemin du film, c’est d’arriver à cette chanson. » Un tournage très riche, très joyeux. « Quelle chance de tourner un film. D’être à neuf heures dans un

kayak - pendant qu’Audiard tourne en banlieue – entouré de cette bande de gens compétents qui sont devenus des amis ! » En adepte du bonheur miniature et… du palindrome inuit. « Le kayak a un rapport très cinématographique avec le monde : c’est un travelling silencieux. L’étrave qui fend l’image… C’est un jouet, un objet de manège sorti du manège… » Une rencontre avec un cinéaste heureux… et qui sait rendre heureux ceux qui vont voir ses films. « J’aime bien les films qui naviguent à vue, où l’on n’est pas pris dans un engrenage. » DP

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Rencontre avec Sebastiano Riso

Rencontre avecSebastiano Riso Mezzanotte (Les Nuits de Davide) lundi 22 juin 2015

Sebastiano Riso aux Studio © André Weill

Devant une assemblée moins fournie qu’on aurait pu l’espérer Sebastiano Riso est venu présenter son film avant de répondre, à l’issue de la projection, aux nombreuses questions des spectateurs, tous très intéressés par la démarche du metteur en scène.

L

’action du film se situe à Catane, dont tout un quartier abrite l’une des plus importantes communautés gay du pays. 80% des homosexuels italiens que le régime fasciste de Mussolini entreprit d’exiler en venaient ! Mezzanotte ne se veut cependant pas un film sur le pittoresque milieu des travestis de la cité catanaise. Son ambition est d’éviter le particularisme local, la frivolité d’une représentation baroque, pour atteindre à une forme d’universalité : non seulement réflexion sur la violence faite aux autres et à soi-même, mais réflexion également sur l’universalité des problèmes identitaires et génériques de l’adolescence, la quête de liberté, d’affirmation de soi et de dignité de tous. Les jeunes travestis représentés ne possèdent rien, vivent dans la

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rue, volent pour se nourrir, mais ils ont la liberté et l’amour. L’une des difficultés de l’entreprise a été de trouver l’acteur susceptible d’incarner Davide. Deux ans de recherche à travers toute l’Italie n’y ont pas suffi et c’est finalement presque par hasard qu’il a été trouvé dans une école de Palerme, où Sebastiano Riso l’a immédiatement « reconnu » : même âge, même apparence androgyne, mêmes problèmes identitaires et en plus même prénom ! Le film ne pouvait se concevoir sans cette adéquation entre le personnage et son interprète, présent dans tous les plans. La nécessité de protéger l’acteur principal (14 ans seulement) a guidé le choix de ne

filmer aucune scène de sexe ou de violence explicite. Cette mise hors champ ne nuit aucunement à l’intensité du film, qui s’appuie sur des procédés de contournement comme la métaphore (cécité de la mère de Davide pleine d’amour pour son fils mais se voilant la réalité, contraste entre la blancheur vestimentaire du père et la noirceur de ses actes) ou la musique, omniprésente, à la fois sorte de langage suppléant les carences de verbalisation des jeunes travestis et accompagnement du personnage central par un thème dédié. L’auteur a fait le pari de la sincérité dans la signification plutôt que celui de l’image qui explicite et montre tout. En Italie le film fut d’abord interdit aux moins de 18 ans du fait de son sujet : l’errance nocturne et la descente aux enfers d’un tout jeune adolescent qui brave les tabous religieux et familiaux pour assumer pleinement son homosexualité. Vu l’absence de violence et de sexe explicites, l’interdiction a été ramenée aux moins de 14 ans. Mais cette première réaction est tout à fait emblématique de la différence de perception du film selon les pays. Après des débuts prometteurs, le film a très rapide-

ment disparu des écrans italiens. En France, en revanche, il court avec succès de festival en festival, suscitant partout intérêt et émotion. Les autres pays se situent entre ces deux extrêmes en termes de réactions. Sebastiano Riso reconnaît l’influence de Visconti (Davide rappelle le Tazio de Mort à Venise), de Cassavetes, de tout un cinéma de la nuit, de l’errance, de la difficulté d’être, de l’authenticité opposée à la morale. Le film devait durer trois heures, le distributeur italien a exigé un maximum de 95 minutes. Cette apparente mutilation a sacrifié pratiquement toutes les scènes ayant pour cadre le milieu et les conflits familiaux. On aurait dû y voir Claudia Cardinale jouer le rôle de la grand-mère, à laquelle Davide est très attaché, mais elle s’est fracturé la cheville un mois avant le début du tournage. Dommage… mais l’œuvre y gagne, de l’aveu même de l’auteur, en clarté, en authenticité et en puissance émotionnelle : dans toute création artistique le résultat n’est jamais celui qu’on avait imaginé et prévu au départ ! Egalement présent ce soir-là et en réponse à la question d’une spectatrice, le distributeur en France de Mezzanotte (Les Nuits de Davide) a expliqué avoir découvert le film au Festival de Cannes, eu un coup de cœur immédiat et ressenti l’évidente nécessité de le proposer au public français. On ne peut que l’en remercier. AW

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Rencontre avec Simon Leclère

Rencontre avec Simon Leclère Les Révoltés vendredi 19 juin 2015

En ce 19 juin, les Studio, en partenariat avec Ciclic, projetaient Les Révoltés, en présence du réalisateur, Simon Leclère, et de ses deux comédiens principaux, Paul Bartel et Solène Rigot.

Debout (in! L’Internationale les damnés de la terre… d’Eugène Pottier)

A

vec ce premier film de fiction, Simon Leclère, longtemps réalisateur et producteur de documentaires, ancre les débuts dans la vie, amoureuse et professionnelle, de deux amis d’enfance, Pavel et Anja, dans un contexte social difficile : le patron de l’entreprise qui emploie Pavel (et qui employait son père et même son grandpère) en même temps père d’Anja, doit procéder à des licenciements pour éviter la fermeture définitive, contexte qui sera plus qu’un révélateur pour les différents protagonistes… QUESTIONS DE GENRES Au départ, pour le réalisateur, il s’agissait moins d’aborder la question du social en tant que tel que celle du romanesque, de la fiction dans le monde ouvrier, et tenait à s’éloigner d’un traitement trop naturaliste :

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« Dans un documentaire et une fiction, on ne cherche pas la même chose. Dans un documentaire, on va aborder la question sociale par des thèmes à forte charge négative comme les délocalisations par exemple, tandis que par le biais du romanesque, ce même contexte devient un arrière-plan. La fiction permet d’aborder les mêmes thèmes mais en s’adressant à un plus large public ». Il explique également qu’il avait à cœur que l’on puisse entrer dans le film par différentes portes, le conflit social, le polar, l’histoire d’amour, et que son « film soit un film d’auteur mais ouvert au plus large public possible, grâce à un scénario à rebondissements, allant vers une forme de spectacle plutôt que vers le documentaire ».

nuit des frères Dardenne, Near Death Experience de B. Delépine et G. Kervern, Jamais de la vie de Pierre Jolivet ou La Loi du marché de Stéphane Brizé pour ne citer que ceux-là, le film de S. Leclère interroge sur la façon de survivre dans un monde sans pitié tout dévoué à un système économique et social implacable pour les gens de peu : « Les personnages sont dans une situation qui les amène à se dresser les uns contre les autres ; une situation qui crée soit de la résistance, soit de la collaboration. Chacun a ses raisons, même celui qui choisit le côté du patron. Dans la première partie du film, Pavel n’est pas révolté, même s’il reproche à son père d’avoir baissé les bras dans sa vie professionnelle et personnelle. C’est lors de sa disparition volontaire par frustration amoureuse, quand Anja semble avoir choisi Antoine, le fils du patron, que Pavel va prendre conscience de la réalité et reprendre le flambeau paternel du combat syndical ». ANCRAGE Le film a été tourné à Vierzon « d’une part parce que, le film étant soutenu par la Région Centre, il fallait y trouver un lieu de tournage ; d’autre part parce que Vierzon est de ces villes d’ouvriers en pleine muta-

tion et que cela en fait un bon endroit à aller filmer. On a tourné dans une usine de Vierzon, qui ne s’arrête jamais de travailler. Une des conditions du tournage était de s’approcher au plus près des machines. La plupart des figurants et des seconds rôles sont des employés de cette usine. Quant à la Loire, c’est le premier personnage du film. C’est là où j’avais envie de tourner, avant même l’idée des personnages. Et puis c’était intéressant de confronter l’univers mécanique de l’usine avec l’univers organique des bords de Loire et de la nature envahissant la masure où Pavel a trouvé refuge, et de voir comment cela résonne, se répond, et influence sur la façon de bouger des personnages ». Tout un chacun a pu percevoir la belle complicité liant le réalisateur et ses interprètes, (que l’on devrait revoir rapidement sur grand écran : Solène Rigot dans SaintAmour de Kervern et Delépine, et Paul Bartel dans Amis publics n°1 de E. Pluvieux, K. Adams et J. Eledjam) : leur enthousiasme a permis que les échanges se poursuivent longuement sur la terrasse des Studio. IG

CHOISIR SON CAMP Comme dans les récents Deux jours, une

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Rencontre avec Jean-Pierre Améris

Rencontre avec Jean-Pierre Améris Une famille à louer mercredi 1er juillet 2015

Jean-Pierre Améris aux Studio © Roselyne Guérineau

Mais quel bonheur de recevoir JeanPierre Améris ! Présent aux Studio dès son premier film, il n’a depuis jamais failli au rendez-vous pour chaque nouveau projet. En ce 1er juillet, pour sa dixième visite donc, c’est en exprimant sa joie d’être là qu’il a amorcé la rencontre : « Je me sens en famille aux Studio ! ». La famille, voilà le maître-mot de cette soirée puisque le réalisateur en a fait le sujet de son dernier film : Une famille à louer. Une comédie réjouissante et touchante avec les excellents Benoît Poelvoorde et Virginie Efira.

En famille LES ORIGINES Dixième film, mais seulement deuxième comédie, pour le réalisateur qui avait envie de s’attacher/quer cette fois à la famille, en se référant à son histoire personnelle. En effet, suite à sa rencontre avec la mère d’un adolescent, sa vision de la famille a évolué et au point de ne plus la ressentir seulement comme génératrice de mal-être et de souffrance. Il voulait se confronter au désordre pour parvenir à construire et à partager une vie de famille. C’est à partir de ce point de départ que s’est élaborée cette drôle d’histoire, entre un milliardaire dévoré par la solitude et une mère célibataire se débattant dans des problèmes financiers, sous la forme « d’une fantaisie teintée de mélancolie ». Jean-Pierre Améris est un fou de cinéma dont

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la verve n’est pas sans rappeler celle du grand Bertrand Tavernier, notamment quand il évoque son choix de Virginie Efira, dans le rôle de Violette, la battante et la lumineuse : « j’adore les comédies américaines à la Capra ou à la La Cava ; je trouve que Virginie Efira a à voir avec les actrices comme Ginger Rogers qui n’avaient pas peur de jouer la comédie, d’être ridicules ». De même lorsqu’il s’agit de définir dans quelles habitations il allait devoir installer ses personnages, il cite des références visuelles extrêmement parlantes : « ce film est un conte. Il fallait créer tout un petit monde et ne pas hésiter, pour ce faire, à enfoncer le clou : ainsi Paul-André est riche, très riche, je voulais que sa demeure évoque le Xanadu de Citizen Kane. Nous avons pu tourner dans une des incroyables villas

conçues par Robert Mallet-Stevens dans les années 20, à l’intérieur de laquelle nous avons recréé un décor froid et inquiétant. Pour le pavillon de Violette, j’ai pensé à la maison de Blanche-Neige, mais aussi aux maisons de prolétaires américains, décors à la Erin Brockovich. Quant à la maison de la mère de PaulAndré, c’est la maison de Psychose. La mère est une mère hitchcockienne : c’est à la fois celle des Oiseaux et des Enchaînés, mères qui n’acceptent pas de voir partir leur fils avec une autre ». UN AIR DE FAMILLE Le réalisateur ne s’en cache pas, son PaulAndré a beaucoup à voir avec lui. Sa scénariste et lui ont beaucoup puisé dans sa personnalité : son pessimisme, son peu de goût pour le beau temps, sa phrase clé « Le monde court inexorablement à sa perte depuis toujours ! »… Il explique : « Quand on vient d’une famille où il n’y a pas de manifestation de tendresse, ça engendre beaucoup de souffrance, de mal-être, d’angoisse. Pour construire la relation entre Paul-André et sa mère, j’ai aussi pensé aux rapports entre Simenon et la sienne qui, il en avait conscience, ne l’avait jamais aimé ; mais aussi à ceux de Modiano avec la sienne. Le réalisateur ne tarit pas d’éloges sur son comédien, notamment sur sa façon de dire son texte : « Benoît le dit tellement bien que cela devient de la musique. Par exemple quand il prononce : « J’aime bien être tout seul », alors que Paul-André crève de sa solitude. Poelvoorde m’épate : il endosse toutes les faiblesses humaines, comme dans la scène où il danse avec Violette et que, pourtant, il fuit les bras de cette femme qui le trouble. Des acteurs comme Depardieu, Poelvoorde ou Edith Scob sont morts de trouille avant une scène, doutent d’eux, mais donnent tout quand la caméra tourne ». Avec Une famille à louer, Jean-Pierre Améris confirme qu’une apparente légèreté peut dissimuler une certaine gravité et parfois de la souffrance, comme dans la scène du pique-nique où Paul-André va

faire connaissance avec la famille élargie de Violette et où cette dernière, sous couvert de plaisanterie, va subir un assaut de moqueries : « je déteste ces pique-niques, qu’on a tous vécus, où se manifestent les petites violences familiales à l’encontre de celui qui est très grand par exemple et qui s’entend répéter « Il fait beau là haut ? ». Dans le cas de Violette, les blagues au sujet de ses difficultés scolaires et de son désir de séduire la définissent comme la cruche qui couche avec tout le monde. C’est le petit théâtre de la famille auquel aucun des protagonistes et même la victime n’acceptent qu’un élément extérieur en démontre la cruauté, et argumentent : « Mais on plaisante ! C’est de l’humour ! », alors qu’il s’agit de vraie violence. » FILM-THÉRAPIE ? À la question « Est-ce que faire un film a à voir avec faire une thérapie ? » le réalisateur répond : « Il vaut mieux la faire avant, ce qui permet ensuite de rire de soi ; la comédie ayant beaucoup à voir avec la névrose », et rappelle qu’il aime « travailler sur des genres cinématographiques différents, mais qui ont tous comme point commun de suivre la trajectoire de gens qui cherchent à s’en sortir, qui avancent, qui prennent des risques, comme IG ici, celui du bonheur ».

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À propos de Une seconde mère

Une seconde mère

Comme l’indique le titre Une seconde mère, le film d’Anna Muylaert est, au moins dans sa première partie, le portrait d’une femme, Val, employée de maison d’une famille aisée de Sao Paulo. Jouée par une actrice très célèbre au Brésil, Régina Casé, les premiers plans nous montrent sa vie, au jour le jour, dans cet enclos protégé, et peut-être protecteur, dont elle est l’âme industrieuse ; pas de grands immeubles, pas de favelas, ni de

Face à face

plages, l’espace assez luxueux qu’elle occupe avec volubilité est celui d’une banlieue résidentielle dont nous ne verrons à peu près rien. Elle cuisine, lave, sert, réveille, ordonnance le petit monde sur lequel elle semble régner, en douce et en douceur. Comme le dit le titre, elle est la seconde mère de Fabinho, le grand ado fumeur de pétards qu’elle a élevé et avec lequel elle a une intimité de corps (caresses, embrassades, jeux câlins…) qu’il n’a absolument pas avec sa vraie mère, caricature d’executive woman obnubilée par les apparences, la sienne en particulier… Tout le monde est très gentil avec Val : elle fait partie de la famille. Elle y vit comme chez elle. Jusqu’au jour où débarque sa fille Jessica, qu’elle n’a pas pu élever et n’a pas vu depuis 10 ans. La jeune fille débarque abruptement dans ce petit monde clos sur ses habitudes et ses codes parce qu’elle a l’idée, saugrenue, de vouloir présenter le concours d’entrée à la fac d’architecture et d’urbanisme. Elle est très bien accueillie par sa seconde famille, un bouquet, quelques mots courtois, l’achat d’un matelas pour coucher avec sa mère… mais les bonnes intentions et les bons sentiments volent immédiatement en éclats : comme dans un Théorème tropical, la présence de Jessica va faire exploser les faux-semblants de ce petit monde qui se veut loin de la vie réelle. Parce qu’elle parle la langue des maîtres (même si c’est avec un petit accent du

Nordeste, semble-t-il), qu’elle possède les codes de leur monde, elle révèle instantanément l’insupportable (pour elle et pour nous) situation sociale post-coloniale qui régit la vie de sa mère. À sa suite, le spectateur relit avec un nouveau regard tout l’espace de la maison : la cuisine n’a pas de siège ou de table pour les servantes, ce qui impose qu’elles mangent debout, la maison qu’elle décrypte avec son œil de future architecte a plusieurs suites mais la servante vit dans un réduit… Il est jubilatoire de voir comment elle investit l’espace (le père lui offre la chambre d’amis pour réviser) et cruel de constater comment s’inversent les rapports sociaux (elle est servie par les maîtres puis par sa propre mère). Jusqu’à ce que les désirs inassouvis envahissent tout : José Carlos, le père dépressif, tombe amoureux d’elle et lui propose, pathétique, de l’épouser, le fils ne rêvant que de perdre son pucelage avec cette jeune femme plus mûre que lui (réinterprétations modernisées des amours ancillaires d’autrefois). La maîtresse de maison ne supporte plus la présence de Jessica : elle fait vider la piscine où Fabinho l’a plongée parce qu’elle y a vu… un rat. Jessica sait parfaitement que c’est elle-même, cette présence nuisible : celle des classes dangereuses. D’autant plus qu’elles accèdent aux savoirs (Jessica est reçue brillamment à son examen alors que le fils de famille non). Et que leur conscience de classe déteint ; Val finira par démissionner parce que

son fils adopté part à l’autre bout du monde et parce qu’elle ne veut pas que son petit-fils connaisse lui aussi une enfance sans mère, pour que s’achève tout de suite la malédiction des pauvres de grandir sans mère et d’être mère sans son enfant… Jessica, la rebelle de Sao Paulo, prête à fuir sous une pluie tropicale diluvienne le havre faux qui l’a accueillie… rejoint Lale, la petite adolescente turque prête à fuir nuitamment, du haut de ses 14 ans, la violence absurde des mariages arrangés, de Trabzon jusqu’à Istanbul (dans le film Mustang de Deniz Gamse Ergüven). La même volonté farouche de ne pas accepter l’implacabilité des destins écrits d’avance, qu’il soit de classe ou de genre : des filles courage. DP

Mustang

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À propos de L’Ombre des femmes

Vos critiques

La vie l’amour la mort le vide et le vent*

U

n film peut-il être à la fois ennuyeux et passionnant ? Étrange question tant il semble que les deux termes a priori s’excluent, mais elle s’impose à la vision du Souffle d’Alexander Kott. Le film est très lent, représente souvent le vide d’une nature sauvage, exclusivement minérale, aride, où la vie et les événements paraissent minuscules face à l’infini des espaces désolés, dérisoires face aux forces élémentaires : le vent, le soleil, l’orage. L’homme semble à peine toléré dans cette nature austère, écrasante ; la fragile histoire d’amour entre la jeune fille et les deux garçons est tellement simple, tellement primitive, qu’elle frise le stéréotype.

Amateurs de dialogues spirituels ou intensément dramatiques s’abstenir ! Pas une seule fois on n’entendra la voix des protagonistes, coquetterie esthétisante tendant à devenir une facilité du film d’auteur mais qui renforce encore l’impression de dépouillement. Autrement dit voilà un film d’une extrême pauvreté qui fait paraître le temps bien long… Eh bien non ! Ce naturalisme au ras des cailloux fascine d’abord par sa poésie. Passons sur la beauté des images — presque une banalité dans ce genre de films — pour en arriver à plus original : Alexander Kott réussit à sublimer le minuscule, à conférer à l’infraréel une dimension proprement surréaliste. Quelques images marquantes au hasard : l’arbre en feu sous la pluie, le père gobant le

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soleil, les vêtements du garçon et de la fille séchant au soleil après l’amour que le vent emmêle, le garçon qui s’éloigne dans les ténèbres et dont on suit la disparition uniquement grâce au briquet qu’il allume de place en place, le soleil levant qui se recouche avant même de s’être dégagé complètement de l’horizon... signe soudain de la catastrophe. Tout bascule. L’irruption brutale de la nuit, de l’orage, du froid, coïncide avec celle de soldats robotisés armés de compteurs Geiger. La violence et la mort viennent bouleverser cet univers primordial, nu, immobile, car le désastre est là : les dernières scènes, très puissantes, montrent l’effroyable explosion d’une bombe atomique qui anéantit tout, la maison, le camion, la tombe du père, les trois protagonistes de la pauvre intrigue amoureuse, tout ce coin de désert stérile et rebutant dont on comprend alors tout le prix : « La vie est là, simple et tranquille ». Parce que la vie et le bonheur quotidiens sont ennuyeux il fallait que le film paraisse de prime abord ennuyeux. L’extrême brutalité du contraste le rend passionnant. Le générique final nous apprend qu’entre 1949 et 1989 l’URSS a procédé à 456 essais nucléaires au Kazakhstan, où se situe l’action, afin d’en mesurer les effets sur les êtres humains. AW * Titre du magnifique recueil de poèmes de Roger GilbertLecomte, publié en 1933.

CONTES ITALIENS de Paolo et Vittorio Taviani Les frères Taviani adaptent quelques contes tirés du Decameron de Boccace. Difficile de ne pas penser au Decameron de Pasolini, truculent, tendre parfois, violent souvent. Ce que Pasolini avait gommé, la peste à Florence, ne s’attachant qu’aux contes, les frères Taviani l’exploitent comme le lien indispensable entre tous les contes. Et c’est cela la réussite du film : la peur de la mort viscéralement ancrée dans tous les personnages. […] De belles images soutenues par une musique léchée certes, mais aucune truculence, aucune force, une grande platitude qui finalement génère la distance et l’ennui et l’on se prend à regretter l’inégalable Pasolini. Catherine F. Rubrique réalisée par RS

MUSTANG de Deniz Gamze Erguven Un beau premier film pour la réalisatrice turque Deniz Gamze Ergüven. Un sujet sensible et grave sur la condition féminine dans une Turquie qui oscille entre modernité et retour à un certain conservatisme. […] Un plaidoyer pour la liberté… CP C’est un très beau film, passionnant de bout en bout. […] L’atmosphère est souvent oppressante, mais le ton est léger, ironique, on sourit beaucoup et on s’amuse avec ces jeunes filles espiègles, malgré le drame inévitable qu’on pressent et qui surviendra. Avec du recul, on réalise quand même que cette histoire est presque trop bien écrite, tout est parfaitement calibré, pour le plus grand plaisir du spectateur bien sûr, mais l’authenticité finit par en pâtir. […] Jacques C.

RÉ-ABONNEMENT 2015-2016 par correspondance Un chèque à l’ordre de EST de : – Tarif de soutien . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 30,00 € – Tarif plein . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 20,00 € – Retraité(e) . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 14,00 € – Minima sociaux, chômeurs . . . . . . . . . . . . . . . 9,00 € – 18-26 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 12,50 € – 14 à 17 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 10,50 € – 3 à 13 ans . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 8,00 € Merci de remplir les champs suivants :

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STUDIO ABONNEMENTS – 2 rue des Ursulines, 37000 TOURS Les Studio vous feront parvenir votre carte pour la saison 2015/2016. Les cartes cafétéria (3 €) et bibliothèque (3 €) sont en vente l’une à l’accueil, l’autre à la bibliothèque.


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