Les architectures vernaculaires d'Abetenim, Ghana.

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SOMMAIRE Entrée en matière // Localisation du village d’Abetenim

LE VILLAGE : - Organisation générale - INFRASTRUCTURES - NOTION DE PRIVÉ/PUBLIC - LES LIMITES - ORGANISATION TYPIQUE SUR UNE PARCELLE - carte des infrastructures - carte des systèmes constructifs

LES DIFFÉRENT SYStÈMES CONSTRUCTIFS RÉPERTORIÉS : - Bauge - Torchis - ADOBES DE TERRE (landcrete) - ADOBES DE CIMENT (sandcrete)


entrée en matière... ENtrée en matière ...

Abetenim est un village ghanéen, situé dans la région Ashanti, au centre du Ghana. Il se trouve à 45 minutes de la plus grande ville de la région, Kumasi, et à 15 minutes de taxi-brousse du village le Abetenim est un village Ghanien, se situant dans la région Ashanti. Il se plus proche. C’est à l’entrée du village que la NKA foundation a créé situe à 45 minutes de la capitale de la région, Kumasi, et à 15 minutes le village d’art d’Abetenim, afin de promouvoir l’art et l’architecen taxi brousse du village le plus proche. C’est à l’entrée du village ture en terre crue, pour encourager le développement rural du pays. que la NKA foundation a créé Abetenim village d’art, pour promouvoir l’art et l’architecture de la terre crue,et encourager le développement rural Ce document répertorie les différents systèmes construcdu pays. Ce document répertorie les différents systèmes de constructions tifs observés dans le village d’Abetenim, village rural d’enobservés au village d’Abetenim, village rural d’environ 500 habitants viron 500 habitants, au coeur du pays, afin de présenter et comau coeur du pays, afin de comprendre l’habitat dans un village Ghanéen. prendre l’habitat et les modes d’habiter dans un village ghanéen.


ANALYSE URBAINE DU VILLAGE D’ABETENIM


analyse urbaine : Le village d’abetenim Organisation Le village se développe autour d’une route principale, qui le traverse du Nord au Sud. Des maisons à patio viennent se développer de part et d’autre de l’axe. Elles viennent dessiner la rue, la mettent en évidence. Ce sont de grandes maisons, refermées sur elles-même, avec une cour intérieure qui sert pour faire la cuisine, étendre le linge, faire les lessives, … être dehors tout en étant caché des passants. Le plus souvent, le toit est en tôle, la charpente en bois, les volets (le plus souvent fermés), en bois également, et les murs en bauge. L’enduit qui recouvre la terre est un enduit ciment parfois teinté de bleu. Voilà une idée du paysage qu’on peut observer depuis la rue principale, entouré des plus vieilles maisons du village. Au centre, la route s’élargit pour former une place publique, avec un abris pour les marchands et pour se mettre à l’ombre en attendant un taxi. On remarque une volonté de préserver l’intimité, de distinguer le public du privé. Il y a la dimension de la rue, publique, passante, et les cours intérieures, privées, seule la famille peut y accéder. On remarque que les systèmes constructifs se diversifient quand on s’éloigne de cette route et du centre ancien du village. Les constructions les plus récentes sont en ciment ou en adobes de terre.


Des rues plus étroites partent de cette route principale et sont délimitées par d’autres lots de maisons plus ouvertes sur l’extérieur. Elles sont faites d’adobes, de torchis, de briques de béton, la bauge est moins présente. Les toits sont le plus souvent en tôle, mais on rencontre également des toitures en feuilles de bananiers séchées et liées entre elles par des jonts, qui reposent sur une structure en bois. Les maisons sont moins regroupées, moins organisées en ilôts par rapport au pourtour de la route principale. On a parfois du mal à distinguer les limites de propriété, et, en marchant le long du chemin, on se retrouve vite chez quelqu’un sans le savoir. Même si la densité est moindre, on remarque quand même une organisation. Plusieurs bâtiments sont regroupés et forment un espace central privé (en rouge sur le plan), une sorte de cour crée par les maisons et leurs extensions (la cuisine se fait à l’extérieur de la maison, soit à ciel ouvert soit dans des petits appentis en torchis et toit en tôle). La principale activité au village, en dehors de la construction, est la production d’huile de palme, qui nécessite un espace pour trier, sécher et presser les graines. Tout ceci se fait donc soit chez l’habitant, dans cet cour, soit dans des espaces « publics » réservés à cet effet. Une partie du village s’enfonce dans la palmeraie, et de nombreuses installations sont prévues pour la production d’huile.


INFRASTRUCTURES Le village possède sept églises, trois magasins, une école, une crèche, une cantine, une bibliothèque, deux bars, un terrain de foot, un arrêt de taxi/tro-tro, une palmeraire, une orangeraie. Ce sont des infrastructures publiques, qui servent à la communauté.

NOTION DE PUBLIC // PRIVÉ Certaines maisons possèdent des limites claires, des barrières en bambou, des portillons, d’autres non. Parfois, on remarque la différence entre le public et le privé : les allées privées sont balayées au sol, les cours intérieures aussi. Les maisons ont souvent une façade ouverte sur la cour et fermée sur la rue, on se protège ainsi de son voisin. Cependant, rien n’est réèllement fermé et infranchissable, les animaux vont librement dans le village, ici tout le monde se connaît. La propriété n’a donc pas besoin d’être démontrée par des barrières ou des attaches.

LES LIMITES DU VILLAGE Les limites sont matérialisées par la palmeraie, la jungle, les orangeraies...

ORGANISATION TYPIQUE SUR UNE PARCELLE Quelques bâtiments (entre 2 et 5) viennent créer un ensemble avec une cour privée. Cet ensemble comprend en général une unité principale avec les chambres, des toilettes/ douches extérieures, des limites plus ou moins définies, une cuisine extérieure, une cour centrale, un lieu de stockage et parfois (rarement) un endroit pour vider les ordures ( les ordures brûlent souvent en retrait des maisons ). Un lot de maison appartient le plus souvent à une famille.




:ES DIFFÉRENTS SYSTÈMES CONSTRUCTIFS


BAUGE ATAKWAMÉ COB

Dans le village ... Plus de 30% des maisons du village sont construites en bauge. Cette technique est en fait un mélange de terre et d’eau, parfois en ajoutant des fibres, travaillé en grosses boules grossières afin de les empiler pour construire un mur. On retrouve cette technique plus particulièrement au centre du village, le long de la voie principale. Ce sont souvent les plus vieilles maisons.

Voici deux des plus anciennes maisons du village. Elles délimitent la rue principale qui traverse Abetenim, l’une propose une avancée de toiture qui protège l’entrée, l’autre une terrasse surélevée. La façade sur rue est traîtée spécialement du fait qu’elle est sur la rue principale. Les deux maisons sont enduites d’un mélange terre-ciment, les deux maisons reposent sur une dalle ciment, mais l’eau a creusé le sol sous l’une d’elle, la surélevant par rapport au niveau de la rue.


COMPOSITION ... De manière générale, on observe une dalle épaisse en béton en soubassement des maisons mais la plupart du temps la bauge est posée à même le sol. Les murs sont en bauge non-fibrée car on ne trouve pas de fibres dans le village. La terre non-tamisée est montée en couches successives de 50-60cm. Certains murs sont enduits avec un mélange terre-ciment, pour protéger des intempéries. Cet enduit prend parfois une belle couleur bleue turquoise. Le toit en tôle repose sur une charpente en bois.

De bas en haut, une dalle béton permettant la protection des murs de la maison contre l’eau qui s’écoule au sol lors des fortes pluies de la mousson. Les murs sont en bauge enduite avec un mélange de ciment et de terre. On remarque ensuite une charpente en bois qui soutient une toiture en tôle à double pente, avec une avancée de la toiture pour protéger les murs de l’eau. Cette maison, comme beaucoup d’autres, possède une organisation particulière : une façade sur rue abritée du soleil par un recul des ouvertures par rapport à la toiture, ce qui crée une terrasse couverte. L’entrée se situe à l’arrière du bâtiment, dans une cour intérieure entourée par la cuisine, un petit bâtiment utilisé pour stocker les aliments. Les chambres sont situées dans le bâtiment principal. Les tâches de préparation des repas, de lessive, et la plupart des activités quotidiennes se font à l’extérieur de la maison, dans cette cour.

Stockage aliments et vaisselle Chambres Cour abritée Cuisine

Stockage Cuisine Cour intérieure Chambre 1 Chambre 2 Terrasse Rue

Cette maison située aussi le long de la rue principale propose une organisation différente de la première. L’unité d’habitation en U possède un débord de toiture qui protège l’entrée et la distribution des chambres par une sorte de coursive. Les murs sont également en bauge, cette fois-ci sans enduit. On voit les couches de terre succéssives. La terre est identique à celle du sol. Il n’y a pas de soubassement en béton, la terre est posée à même le sol. La toiture en tôle repose sur une charpente en bois. L’intérieur du U est enduit. La cuisine est derrière la maison, avec son espace de stockage.


DÉGRADATIONS ET DÉFAUTS DANS LA CONSTRUCTION ... On remarque que la plupart des maisons construites en bauge sont dans un état déplorable. Murs effondrés, base creusée, enduits tombés, fissures alarmantes... Les causes sont bien sûr l’eau qui dégouline sur les murs en partant de la toiture , les animaux qui se frottent à la base du mur et enlèvent la matière. Les maisons qui n’ont ni débord de toiture ni soubassements sont celle que l’eau de la mousson a le plus âbimé. En effet les fortes pluies créent des torrents dans les rues du village et, en passant, elles emportent avec elles la terre des murs non-protégés. Il n’y a pas non plus de système pour arrêter les remontées capilaires, ce qui fait que l’eau remonte dans le mur, fait tomber l’enduit et errode la matière. Cette maison a subit beaucoup de dégâts, remontées capilaires, chute de l’enduit, erosion de la base.. L’eau a rongé la terre et le mur s’effrite.

Ici, l’eau a rongé la base du mur.

De même pour cette maison.

Exemple de remontées capilaires qui ont dé- La terre de la base de cette maison s’est gradé le mur et l’enduit. érodé sur les deux premières couches. Ces dégâts sont très fréquents et résultent d’une mauvaise protection de la maison contre les intempéries violentes selon les saisons. La terre craint l’eau, le vent ... Il faut donc penser la manière dont la maison se pose au sol pour protéger sa base de l’eau, mais également réfléchir la toiture pour qu’elle protège les murs (débords de toiture ...), afin d’éviter des réparations trop fréquentes.


LA BAUGE, MODE D’EMPLOI... La mise en oeuvre de la terre est relativement simple, de l’eau, de la terre et un séchage maîtrisé. La première étape est le choix de la terre et son extraction.

La terre est mélangée (ici nous On y ajoute l’eau, afin d’avoir avons réalisé un mélange de une texture plastique, maplusieurs terres différentes). léable, mais pas liquide.

L’ eau doit être bien incorporée, afin d’assurer la cohésion des grains entre eux.

On réalise des boules avec la terre, qu’on vient empiler sur le mur (ici sur un soubassement en béton).

Ici, on réalise un renforcement On tasse ce qui déborde du mur du mur avec un grillage. afin de compacter la terre, puis on coupe ce qui dépasse trop.

Une fois la terre sèche, on réalise une protection haute (sur une maison ce sera la toiture) afin d’en protéger la surface.

On réalise un enduit sur le mur pour une protection optimale (ici de la terre et de la fleur de banku bouillie pour stabiliser le mélange.)


La bauge est également une technique utilisée dans tout le Ghana, comme ici, dans l’Est. On observe que la toiture change, ce n’est plus de la tôle. En effet dans cette région, il est facile de se procurer de la paille pour les toitures.


Dans le village La construction en adobes de terre est une des techniques de construction les plus utilisées au Ghana.Dans le village d’Abetenim, l’adobe est utilisée pour toutes les maisons qui marquent la première extension du village vers le Sud en bordure de la route et à l’Est dans une zone déforestée vers la palmeraie. Les habitants de cette zone vivent du commerce de l’huile de palme. Ces constructions ,ne sont plus sous forme d’ilôt replié sur lui-même comme les anciennes maisons en bauge, elles sont implantées à la manière de plots sur un parcélaire, délimité ou non. Elles sont regroupées entre elles de manière à créer un centre qui symbolise l’espace privé. Un regroupement de maisons héberge souvent à une famille entière.

Les briques d’adobes sont assemblées entre elles avec un mortier de terre ou de ciment, puis enduites pour la plupart avec un enduit (terre ou ciment également). Les façades sont parfois colorées, en jaune, marron (le plus souvent ce sont les couleurs des écoles ), ou bien avec un pigment bleu qu’on retrouve sur beaucoup de bâtiments, anciens comme récents.






TORCHIS COB Dans la construction en torchis, le matériau terre est non porteur. Il s’agit d’une ossature porteuse en bois, que l’on remplit par un mélange de terre et, quand on le peut, de fibres.

Au village d’Abetenim, autour de l’axe principal du village, le torchis est utilisé pour construire les cuisines ou les lieux de stockage, un abri en annexe de la maison. En s’éloignant de l’axe, les constructions en torchis sont plus grandes, et sont les maisons principales. Les constructions en torchis du village, contrairement aux constructions en bauge et adobe, sont de facon générale, bien conservées.

La structure principale pour les constructions en torchis du village est en bambou et/ ou demi-bambou, selon l’épaisseur, disposés plus ou moins espacés. Nous pouvons repérer trois types de toitures différentes : en tôle, comme la plus part des autres constructions, en paille tenues par des bois, ou même en bambous entiers et épais. La terre utilisée est la même que pour la bauge, c’est la terre rouge que l’on trouve toute autour du village. Elle ne contient pas de fibres et on y remarque des gravillons.


principe du torchis

abri en torchis avec toiture en bambou

toutes les entitĂŠs de la maisons sont en torchis avec une toiture en tole ondulĂŠe

abri en torchis, toiture en paille


brique en ciment Dans le village ...

En s’éloignant de l’axe principal, plusieurs constructions en brique de ciment sont en cours. Aujourd’hui, ces constructions représentent environ 40 % des constructions du village. Des fabriques de brique de ciment apparaissent le long des routes d’Afrique. Le matériau reste plus cher que l’utilisation de la terre, mais sa rapidité et sa simplicité d’utilisation l’emportent.

abetenim

abetenim village art Construction en béton du village

Dans le village d’Abetenim, les briques de ciment sont stockées devant des maisons encore en travaux. Les habitants construisent souvent leur maison petit à petit, lorsqu’ils ont les moyens d’avancer les travaux. Certains vivent encore dans leur maison construite en terre en attendant leurs nouvelles constructions en béton. Cette nouvelle façon de construire est plus coûteuse, mais représente un certains signe de richesse pour les villageois.


COMPOSITION ... De manière générale, la composition des constructions en parpaings sont simples. Montés les uns sur les autres et liés entre eux par un mortier, les murs sont positionnés souvent à même le sol, ou sur une fondation en béton. Les murs sont finis sur leurs périphéries hautes par un linteau en bois, et soutiennent la structure de la toiture qui est une charpente en bois. Cette charpente soutient le revêtement en tôle ondulée.

les defauts d’une construction en béton... Les constructions en béton sont donc de plus en plus présentent, car rapides et faciles à réaliser. Mais leur coût reste plus élevé, par le prix du ciment. On parle ici de construction modeste, où l’économie est étudiée, tout en cherchant à construire « à l’Européenne». La qualité des parpaings réalisés restent faibles et ne garantie donc pas un édifice solide. Le parpaing n’est pas un matériau adapté au climat. C’est un matériau lourd et compact qui emmagasine la chaleur, pour la restituer progressivement. Il a une forte inertie thermique, qui n’est pas adaptée à un milieu où la température reste entre 27 et 30 degrès toute l’année. Associé avec une toiture en acier, qui agit comme un radiateur, les constructions en béton sont inadaptées à cet environnement.

détails de construction en parpaings


exemple d’une maison et ses annexes... En périphérie du village, vers les palmeraies, la voirie et le parcelaire sont plus lisibles. Le foyer d’une famille se compose de plusieurs entités réalisées avec des matériaux et des systèmes constructifs différents. Chaque entité abrite une activité domestique spécifique. abetenim zone étudiée

PALMERAIE batiment en parpaing enduit 1 cour 3

abri en torchi

abri en bambou 2

ABRI POUR LE FEU DE CUISINE BUANDERIE EXTERIEURE en bois extraction de l’huile

PLAN MASSE DE LA DISPOSITION La parcelle du terrain est marquée par une barrière physique, matérialisée par le bambou. Ainsi, on comprend vite que l’ensemble appartient à une famille. Dans le premier ilot, plus délimité, se dessine une cour bordée par une maison en parpaing, un abri en torchi, et une cabane de rangement en bambou. La maison en parpaing contient les espaces intimes de nuits et un espace commun. Les deux annexes sont sûrment liés à l’activité de la palmaraie et du stockage du matériel. L’extraction de l’huile se déroule dans un espace aménagé à l’ombre devant la parcelle. Accollés à ce première ensemble, deux abris ont été construits. L’un d’eux montre des activités liées à la cuisine : un four en terre cuite y est protégé par une toiture métallique. Du bois y est stocké juste à côté. Le second abri semble être une buanderie en plein air et un espace de vaisselle. Ainsi chaque activité est matérialisée par une entité. Beaucoup des activités sont en extérieur, et sont abritées. La disposition des différents abris est liées à son activité.


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