Mémoire HMONP 2015

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DES THÉMATIQUES CONSTITUTIVES D’UN FUTUR EXERCICE DE LA PROFESSION

Photo du cimetière de Saint-Marc de Jaumegarde. Atelier MosséGimmig.

Session HMONP 2015-2016

Directeur d’étude : Frédéric Devaux Tuteur : Frédéric Gimmig Architecte DE : Swann Coll


INTRODUCTION Retour critique sur la formation en Architecture

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MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE Marseille, Introduction rapide

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Présentation de l’atelier MosséGimmig

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«Rôle» à l’atelier et fiches de projet

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Points abordés / exécutés durant la mise en situation professionnelle

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Vécu de chantier

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MEMOIRE PROFESSIONNEL Les thématiques qui ressortent de mes expériences.

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« L’esthétique du projet et la gestion humaine du client »

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illustrations en annexe page 26

« Organisation d’entreprise et recherche de projet » illustrations en annexe page 28

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« L’éthique de l’Architecte. La gestion des BET et des entreprises» illustrations en annexe page 30

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«On my Own» illustrations en annexe page 36

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Des thématiques constitutives d’un futur exercice de la profession

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CONCLUSION

Conclusion et réflexion sur le BIM

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Conclusion sur la formation à l’HMONP et remerciements

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ANNEXES

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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INTRODUCTION

« Architecture et philosophie : dans les deux cas, la pensée s’éveille … en tentant, comme le potier, de donner forme à un vide : le vide central du temple, de la cité, de l’agora, … Cette pensée du vide ou khénose pensée khénotique, est … sans doute, la première figure philosophique de l’architecte, lui qui engendre toutes choses du travail des figures géométriques sur la matière, à partir du vide initial et central. » Christian Eychène. Titulaire d’une licence de Géographie mention Environnement, je décide en 2005, à l’âge de 25 ans, de reprendre mes études en Architecture. Véritable vocation, ce nouveau projet de vie sera définitivement motivé et conforté par la rencontre de Christian Eychène, professeur agrégé de philosophie, qui consacra une part conséquente de sa recherche à la question esthétique en Architecture. Depuis l’obtention de mon diplôme en 2010, mon parcours s’est enrichi de collaborations diverses et, c’est riche de ces expériences, que je présente aujourd’hui mon Habilitation à la Maitrise d’œuvre. Pour beaucoup la formation en Ecoles d’Architecture manque de principes de réalité et ne prépare que partiellement à l’exercice de notre métier. Effectivement le passage du diplôme au monde du travail est souvent vécu comme un Big Bang existentiel. Tout à coup aux questions du projet s’associent ses contraintes règlementaires et de management d’équipe. Tout à coup à la vie d’un projet s’associent la dimension financière, celle juridique du contrat et celle abstraite de la temporalité. Tout à coup la gestion psychologique d’un client devient un enjeu de projet. Tout à coup la gestion comptable, humaine, des ressources et la recherche de la commande de l’entreprise d’Architecture instigue un souffle anxiogène au quotidien. Tout à coup la réalité économique du secteur fait correspondre un salaire à notre statut. Néanmoins ce «Big Bang» n’est-il pas nécessaire ? Comprendre qu’après cinq années d’études ils nous restent un « Everest de connaissances » à savoir manier pour faire aboutir le sens d’un projet d’architecture n’est-il pas le meilleur des challenges ? Assimiler que le métier d’Architecte ne consiste pas à tout savoir mais à faire converger les savoirs et les pouvoirs décisionnaires vers et pour le projet; n’est-ce pas un postulat motivant ? Evidemment, impacter de manière ciblée le cursus en utilisant les cours de projet, les cours magistraux, des rencontres voires des workshops, au travers de thématiques inhérentes au quotidien de la vie d’une agence pourrait éventuellement mieux nous préparer aux réalités de l’exercice de notre métier. Mais est-ce vraiment la vocation d’une Ecole d’Architecture ? Cinq années suffisent-elles à explorer les questions esthétiques et techniques du processus de conception architecturale ? Sortir du baccalauréat et entreprendre des études d’Architecture, c’est aussi pouvoir s’ouvrir un champ des possibles; et la formation doit continuer à mon sens d’offrir ce postulat.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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En l’état, la formation pour l’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son nom propre concentre les aspects technico-techniques et en libère donc le cursus. Dubitatif à la sortie de l’école, j’ai, avec cinq années de vie professionnelle post-diplôme, changé mon regard sur cette formation. Aujourd’hui, cette année complémentaire, son organisation en deux temps autour de séminaires thématiques et de la rédaction d’un mémoire professionnel me semble logique, en ce sens qu’elle nous donne une occasion de réinventer notre relation passionnelle à l’Architecture. Evidemment les thèmes évoqués en séminaires ont, pour la plupart, été abordés au cours de la pratique, et la rédaction d’un mémoire professionnel pourrait paraître inadéquat après cinq années d’expériences. Au contraire, l’apport et l’intérêt de cette formation s’en trouvent, en ce qui me concerne, considérablement renforcés en ce sens qu’elle m’offre le temps de l’introspection. Ce que j’ai fait, ce que j’ai compris, ce que je désire accomplir. La formation HMONP est donc l’occasion de constater son évolution et de verbaliser ses espoirs pour l’avenir. Ainsi, après avoir présenté le cadre de ma mise en situation professionnelle, le travail de mon mémoire professionnel s’attachera, en utilisant comme matière première mes différentes expériences professionnelles, de dégager et d’exposer les thématiques qui me semblent efficientes à l’organisation de ma propre production architecturale. Ce travail se basera sur ma vision du métier après dix années d’Architecture, et s’appuiera donc sur une réflexion « khénotique » de mon devenir professionnel.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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MISE EN SITUATION PROFESSIONNELLE

C’est à Marseille, en 2014, que je décide, en accord avec Frédéric Gimmig, architecte DPLG et co-gérant de l’atelier MosséGimmig, d’entreprendre l’obtention de mon Habilitation à la Maitrise d’œuvre. En reprenant mes études en architecture en 2005, mon choix fut de ne pas faire valoir d’équivalence quant à ma licence de Géographie mention environnement. Il était important pour moi d’embrasser l’ensemble des connaissances transmises lors d’un cursus en Ecole d’Architecture. C’est dans le même état d’esprit que j’ai donc entamé les démarches pour obtenir la HMONP et, plutôt que de présenter une validation des acquis professionnels me permettant de m’affranchir d’une partie des séminaires, je m’engageais dans un suivi complet de la formation. Présentation de l’atelier Mosségimmig

David Mossé et Frédéric Gimmig, architectes DPLG, sont tous deux diplômés avec mention de l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille en 1999. Ayant poursuivi leur apprentissage du métier auprès de diverses agences parisiennes durant trois années, ils décident en 2002 de fonder l’atelier MosséGimmig. Leurs amitiés sans faille et leur connivence sur la question du projet a permis de faire exister cette petite structure depuis treize années. L’atelier intervient depuis 2002 dans l’ensemble des domaines de compétences de l’architecte : la création ou la restructuration de bâtiments publics et privés, l’aménagement d’espaces publics, les ouvrages d’arts, les études et les projets urbains. Son exercice et le chiffre d’affaire de ces dernières années s’appuient surtout sur la commande publique. Jouissant d’un réseau de professionnels et de confrères qui partagent les mêmes valeurs, l’atelier organise ses démarches de prospection de manière quotidienne. « Ils ont développé une approche particulière où le projet découle d’une situation analysée et retranscrite dans son contexte et son paysage, condition de base d’une dialectique de double mise en valeur du projet et du territoire qui l’accueille. A travers la recherche d’une réponse simple et évidente, le projet trouve sa place avec poésie, justesse et pertinence par rapport au réel. » Cette description évoque à mon sens parfaitement l’état d’esprit avec lequel l’atelier aborde la question architecturale. Le projet de réhabilitation de l’ïle Degaby au large de Marseille en est une illustration parfaite (voir AMC n°189 de juin-juillet 2009, page 94-97). Depuis 2002, l’atelier MosséGimmig s’est attaché la collaboration d’une vingtaine d’architectes. Il collabore depuis bientôt trois ans sous forme de contrat salarié indéterminé avec Nicolas Gonzalez, architecte DE HMONP. Ce dernier ayant accompli depuis sa sortie de l’école en 2012 la majeure partie de son expérience professionnelle et son habilitation auprès de l’atelier, il est intéressant de constater son professionnalisme et son éthique au quotidien. Gage que le travail de transmission accompli par David Mossé et Frédéric Gimmig, par ailleurs enseignants vacataires à l’Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Marseille et architectes conseils du CAUE des Bouches du Rhône, est de bonne facture. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Les qualités humaines de David Mossé et Frédéric Gimmig permettent le partage au quotidien de l’ensemble des questionnements et problématiques inhérentes à l’exercice de la profession d’architecte en son nom propre. Les problèmes, qu’ils soient de nature conceptuelle ou technique, de gestion ou opérationnels, peuvent donner lieu à de véritables échanges, qui sont l’occasion d’exprimer un point de vue et de profiter de leur expérience. Cet état de fait, non content de permettre de s’enrichir au quotidien, donne l’opportunité de s’intégrer aisément à la vie de l’atelier et de se sentir appartenir au devenir de celui-ci. «Rôle» à l’atelier et fiches de projet

Riche de mes expériences passées, j’ai pu m’acclimater rapidement au fonctionnement de l’atelier. Très consciencieux et rigoureux dans sa manière d’organiser le travail de dessin, de gestion des ressources, des clients et de l’équipe de Maîtrise d’œuvre, Frédéric Gimmig avec lequel j’étais associé m’a permis de l’assister sur différentes affaires. N’ayant jamais eu l’occasion d’élaborer des dossiers de candidatures auparavant, l’organisation de l’atelier m’a permis de m’y consacrer. Il est pour moi intéressant d’avoir eu cette opportunité et d’en comprendre mieux les aléas, les obligations, les problématiques. Avec la mise en place en amont de fichiers spécifiques permettant l’anticipation de la plupart des demandes formulées dans les appels d’offres, la procédure d’élaboration des dossiers n’encombrait pas trop le quotidien des affaires en cours. C’est, par exemple, à l’occasion de courtes pauses sur le projet que j’ai ainsi pu m’adonner à l’exercice, parfois complexe, de travail de relance des BET pour la signature des DC1 ou de recherche de partenariats avec d’autres agences d’architecture. Les projets, proposés ci-après sous forme de fiches synthétiques, ont été l’occasion de me confronter à des problématiques différentes tout au long de ma collaboration avec l’atelier MosséGimmig. Ils m’ont notamment permis, dans un laps de temps très court, d’opérer de manière plus ou moins autonome sur l’ensemble des missions de la loi MOP, de l’esquisse aux opérations de réception. Ainsi, j’ai pu continuer de m’aguerrir professionnellement sur l’ensemble des phases d’études, du concours au DCE. Mais aussi, étant engagé avec mon tuteur dans le processus de formation HMONP, j’ai pu participer, de manière certes moins autonome mais tout autant instructive, aux phases DET et DET/AOR de deux affaires en cours. Frédéric Gimmig a eu à coeur de m’associer à chacune des décisions de l’atelier, afin de me permettre de prendre la mesure des tenants et aboutissants des problématiques à résoudre. Agissant en métronome et tempérant parfois son mécontentement à l’égard du travail des BET ou des entreprises, il m’a notamment fait comprendre que la courtoisie et le respect de ses interlocuteurs sont essentiels à la gestion d’une affaire, surtout en période de crise. Savoir bien se préparer avant les réunions ayant un potentiel conflictuel fort a souvent permis de désamorcer rapidement les situations les plus difficiles.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Etude Urbaine : « le vieux village autrement » - Vitrolles (13)

Dans le cadre de son activité de conseil auprès du CAUE des Bouches-duRhône depuis 2002, ont été commandées à l’atelier MosséGimmig diverses missions d’études urbaines. L’atelier a ainsi été missionné pour réaliser une étude urbaine en plusieurs volets, dont le dernier propose des axes de revalorisation du centre historique de la ville de Vitrolles. Celle-ci connait effectivement, avec l’essort toujours grandissant de sa zone péri-urbaine, une désertification économique et sociale de son centre ville. Intervenant dans le quatrième volet de cette étude urbaine, j’ai participé à l’élaboration de faisabilités concernant cinq sites d’échelles disparates retenues lors du précédent volet. Ces faisabilités s’appuyaient, en terme de programmation, sur les échanges occasionnés lors des différentes réunions de présentation. Le travail en concordance de ces différents sites permettait le développement de thématiques architecturales et urbaines communes, en proposant de donner à la Mairie de Vitrolles différentes pistes de réflexion en vue d’un renouvellement économique et culturel du centre-ville historique. Ainsi la faisabilité s’organisait pour chaque site via la mise en place de trois solutions présentant des avantages et des inconvénients. Au cours de cette étude, j’ai notamment participé aux différentes réunions de présentation de l’avancement du travail. Ces réunions au CAUE de Marseille, ont été l’occasion pour moi d’appréhender les attentes inhérentes à ce genre de travail. Même si la commande d’une étude urbaine est libérée du spectre du budget, les grands principes, les trajectoires ou solutions proposés doivent être solidement ancrés dans une réflexion économiquement viable pour le client. Il s’agit d’un travail qui se rapproche des études de faisabilités «traditionnelles» mais sur un postulat d’échelle et une liberté de réflexion qui peut parfois s’affranchir de certaines règlementations. Ce qui en fait un travail de recherche tout à fait enrichissant.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Construction d’un ensemble de logements destinés aux séniors - Sorgues (84)

Domaine Lieu Projet MOU Date Équipe Mission Budget Surface Résultat

Logements Sorgues (84) Construction d’un ensemble immobilier à usage d’habitation destiné aux seniors SEM de la Ville de Sorgues Juillet 2014 Atelier MosséGimmig (Mandataire) Oh!Som Architectes (Associé), Domene, AD2I, R2M Concours -Complète loi MOP 2 600 000 €HT 2 056 m² Projet lauréat, Analyse des offres en cours

[... Notre projet se compose autour de l’idée de convivialité. En générant des espaces généreux et confortables propices à la rencontre, à la discussion impromptue, aux échanges, on assure aux résidents la possibilité de maintenir une vie sociale, on réduit le sentiment de solitude qui s’installe parfois dans la vie des séniors. A ce titre il s’inscrit dans la Charte qualité : « Mieux vieillir, bien vivre ensemble en Vaucluse » ...]

C’est à la suite de la non validation de l’APS, et après une refonte du calendrier des études demandée par la Maîtrise d’Ouvrage, que m’a été confiée en novembre 2014 par l’atelier la composition d’un APS 2. Sorte de remodelage du projet tout en gardant les intentions initiales de conception, cet APS 2 devait régler d’une part les problèmes liés au budget et d’autre part permettre à la MO de déposer avant le début des vacances de Noël, et donc de l’année 2014, le permis de construire; afin de débloquer les financements nécessaires à la viabilité de l’affaire. J’ai ensuite eu la tâche de gérer le projet, aux côtés de mon tuteur, en limitant notamment l’impact financier de l’approfondissement des études. Cette aventure partagée avec Frédéric Gimmig a été l’occasion de faire l’expérience d’une affaire financièrement sur la corde et, de ce fait, ponctuée par une remise en question perpétuelle de la faisabilité de l’opération. Parfois déstabilisée par une certaine forme d’inconséquence de la Maîtrise d’Ouvrage, l’équipe de Maitrise d’Œuvre a su mobiliser ses efforts afin de viabiliser l’affaire. La future remise des offres fera le constat de notre efficacité. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Extension du Cimetière - Saint Marc de Jaumegarde (13)

Domaine Lieu Projet MOU Date Équipe Mission Budget Surface Résultat

Equipement Saint Marc Jaumegarde (13) Extension du cimetière de Saint Marc Jaumegarde Commune de Saint Marc Jaumegarde 2012 Atelier MosséGimmig (Mandataire), Sandrine Lefevre (Paysagiste), SP2I (BET) MAPA - Complète loi MOP et complémentaire Signalétique 1 500 000 €HT 6 000m² dont 2500m² d’existant Offre retenue, levée des réserves

[...Le carré presque parfait du cimetière, orienté selon les quatre points cardinaux, génère des axes structurant et une géométrie forte qui, d’une manière ou d’une autre, rentre dans la composition du projet. Souligner, prolonger ou s’appuyer sur des axes existants, proposer une géométrie alternative en contraste sont autant d’éléments qui racontent la spécificité de ce site...]

En cours de chantier à mon arrivée à l’atelier, c’est au travers de la mission complémentaire signalétique que je prends connaissance du projet. Dans le cadre de la HMONP, Frédéric Gimmig m’offre l’opportunité de l’assister sur la phase de direction de l’exécution des travaux puis sur celle de l’assistance aux opérations de réception. Véritable entrée du village de Saint Marc de Jaumegarde, ce projet paysager s’inscrit en courbes dans la pinède. Ce chantier, en corps d’état séparés, a surtout connu des problématiques liées aux intempéries et donc des retards sur le planning et la livraison. Frédéric Gimmig me faisant participer à l’ensemble des tâches inhérentes à la gestion d’une affaire en phase DET et AOR, le suivi de ce chantier m’a permis de faire l’expérience des tâches administratives et du travail d’interface et de management organisé par la Maîtrise d’Œuvre entre la Maîtrise d’Ouvrage et les entreprises : préparation des réunions de chantier, diffusion des PV, proposition de validation des situations, proposition de pénalités, proposition de réception, établissement des listes de réserves, demande d’avenant, relance etc.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Concours - Réhabilitation de la maison Moreau en Médiathèque - Pelissanne (13)

Domaine Lieu Projet MOU Date Équipe Mission Budget Surface Résultat

Equipement Pélissanne (13) Extension / réhabilitation de la maison Moreau en médiathèque Ville de Pélissanne Janvier 2015 Atelier MosséGimmig, SP2I (BET), Sandrine Lefèvre (Pays.), Igetec (acc.) Concours -Complète loi MOP + OPC, SSI et Mobilier 2 820 000 €HT 878 m² Projet non lauréat

[... Située dans un secteur à haute valeur patrimoniale, dans le périmètre de monuments historiques, la maison Maureau, grande bâtisse d’habitation datant du fin XVIII et remaniée au XIXème, est un bâtiment remarquable du centre de Pélissanne. Ce caractère remarquable vaut pour son échelle qui tranche avec le reste des habitations plus modestes qui composent le tissu urbain du centre historique et pour sa typologie d’hôtel particulier entre rue et jardin. Le projet s’inscrit donc dans un contexte remarquable et sensible avec lequel il faut composer en instaurant une dialectique de double mise en valeur du bâtiment et du site où il prend place....]

Responsable de l’avancement du projet, ce concours a été l’occasion pour Frédéric Gimmig de me faire aborder la question du calcul du montant des honoraires en fonction notamment de la notion de coefficient de compléxité qui était, dans le cas présent, très important. Même si ce montant n’est pas connu lors de la décision du jury d’élire un lauréat, un véritable travail de dentelle s’effectue, afin de proposer un prix juste qui ne corresponde pas forcément au prix maximal possible mais qui anticipe la phase de négociation en cas de victoire. Au final le projet n’aura pas été retenu et le projet lauréat de l’aveu de la Maitrise d’Ouvrage aura été négocié à partir d’un montant d’honoraires supérieur à notre propostition déjà conséquente. Ce concours aura aussi été l’occasion pour moi d’anticiper la question de la répartition des honoraires et des tâches à venir au sein de l’équipe de Maitrise d’Œuvre.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Construction de l’EPHAD « les Oliviers » - Martigues (13)

Domaine Lieu Projet MOU Date Équipe Mission Budget Surface Résultat

Equipement, Santé, Social Martigues (13) Construction d’un EHPAD et d’un foyer-logements 13 Habitat Concours en juin 2010 Atelier MosséGimmig (M.), Sogno Architecture (A.), Jérôme Mazas (Pays.), Arcoba (BET) Concous - Complète loi MOP 8 500 000 euros HT 5 755 m² SDP Projet lauréat, Chantier en cours

[... Ce projet doit être rationnel et compact. Et il doit profiter au mieux des potentialités et des qualités de la topographie et de la végétation : changements de déclivité, étendue du plateau agricole et de l’horizon, vallonnement du versant sud de la colline… Il présente donc une volumétrie simple et identifiable : un corps de bâtiment dans le sens Nord/Sud qui sert d’organe de distribution des deux ailes perpendiculaires suivant les courbes du terrain, réparties de part et d’autre d’un jardin central. Cette disposition permet d’ouvrir le panorama sur le grand paysage pour la majeure partie des résidents, d’obtenir un nombre conséquent de chambres tournées vers la vue, sur la mer au sud et sur la campagne au nord. ....]

Comme sur le projet de Saint-Marc de Jaumegarde, c’est dans le cadre de la HMONP que Frédéric Gimmig m’invite à suivre le chantier de l’EPHAD de Martigues, estimant que le suivi des deux chantiers serait complémentaire et formateur. Et effectivement, l’écart entre les deux affaires, notamment sur la question de la gestion des entreprises - la pluralité des entreprises sur le projet du cimetière laissant place à une entreprise générale sur le projet de l’EPHAD - m’a fait comprendre l’importance de la capacité d’adaptation dont l’architecte doit faire preuve afin de diriger les opérations. Aujourd’hui encore en chantier, cette affaire connaît du retard sur la date de livraison initialement prévue. Ce retard est principalement lié à des modifications programmatiques initiées par la Maîtrise d’Ouvrage au profit d’utilisateurs arrivés en cours de chantier. Bien que l’entreprise générale soit tout à fait compétente et se positionne véritablement en partenaire de l’opération, il me semble que les marges de manœuvre et d’action de l’architecte soient plus limitées que dans le cas d’un chantier en corps d’état séparés. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Points abordés / exécutés durant la mise en situation professionnelle :

Le récapitulatif ci-dessous fait état de mes missions au sein de l’atelier et ne prend pas en compte les responsabilités qui ont pu m’être demandées lors de mes expériences précédentes: - élaboration de candidatures création de profil sur BOAMP et analyse des appels d’offres gestion des dossiers administratifs et de présentation aide à la recherche de partenaires gestion des lettres de candidature DC1 et DC2 - responsable de projet pour l’étude urbaine de Vitrolles : faisabilité et connaissance des contraintes règlementaires participation aux réunions avec le client aide à l’organisation du planning d’avancement de l’étude - responsable de projet en phase concours : esquisse et connaissance des contraintes règlementaires et programmatiques suivi des réunions de Maîtrise d’Œuvre - responsable de projet logements à partir de l’APS jusqu’au DCE : connaissance des contraintes règlementaires gestion de l’équipe de Maîtrise d’ Œuvre gestion partielle des relations avec la Maîtrise d’Ouvrage vérification des plans BET, relecture des CCTP suivi et animation des réunions de Maîtrise d’Œuvre suivi des réunions de Maîtrise d’Ouvrage suivi de réunions avec le bureau de contrôle - assistance au suivi de chantier connaisance des contraintes liés à la sécurité sur le chantier participation aux réunions, élaboration et diffusion des PV aide à la vérification des plans d’EXE aide à la vérification des situations participation aux missions complémentaires mobilier et signalétique participation aux OPR Cette aventure au sein de l’atelier MosseGimmig, non contente d’avoir été humainement positive, a été professionnellement formatrice dans ma perception de l’exercice de l’Architecte en son nom propre. Ne doutant pas de la pérennité de l’atelier et de sa progression dans l’échiquier azuréen, j’espère avoir l’opportunité, une fois mon habilitation obtenue, de m’associer à nouveau à cette équipe au travers d’un contrat de collaboration libérale par exemple.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Vécu de chantier :

Sur le cimetière de Saint Marc de Jaumegarde, le chantier que j’ai le plus suivi et qui m’a demandé un important investissement personnel, j’ai fait face à un certain nombre de problématiques de la gestion d’une affaire en phase DET. L’atelier avait en charge la mission OPC mais pas celle concernant l’ EXE. L’une de mes prérogatives fut d’aider à l’établissement de visas des plans d’EXE proposés par les entreprises durant l’avancement du chantier. Viser les plans nous a par exemple amené à réaliser un travail de finalisation de détails avec l’entreprise du lot 4 serrurerie sur les dessins des portails et des clôtures communiqués au dossier DCE. C’est au cours de réunions de chantier spécifiques et en présence de la MO - au fait de ces questions grâce à un passé professionnel lié à la serrurerie - que les mises au point ont été actées concernant par exemple un système de gonds plus à même de recevoir le poids du portail, ou encore le mode de fixation des tôles en acier oxydé sur le local sanitaire par soudures bouchées. Ces réunions ont aussi été l’occasion de nous assurer de la mise en œuvre des bordures en acier corten sur la question du calepinage des sections. Pour continuer, sous l’œil attentif de Frédéric Gimmig, j’ai eu la responsabilité du classeur de gestion des coûts des travaux, organisé par lots, dans lequel je devais archiver, après vérification, une copie de l’ensemble des situations émises par les entreprises et visées par nos soins. Le suivi régulier permettait d’avoir une vision globale en pourcentage de l’avancement du projet. Je me suis rendu compte, grâce à ce travail, de l’importance de bien utiliser le temps que l’on se donne physiquement sur le chantier pour relever sous forme de photos et de commentaires dans les PV toutes les incohérences de mise en oeuvre. Ainsi avant chaque réunion nous opérions un tour du chantier afin de joindre à l’ordre du jour certaines remarques. Par ailleurs j’ai compris que tous les points soulevés en réunion doivent impérativement être notifiés dans les PV car même si les demandes ou autres injonctions sont rarement suivies des faits - les entreprises lisant peu ou très mal les PV - ces derniers permettent de consigner l’histoire du chantier à laquelle on peut se référer si besoin, en cas de litige par exemple. Ma mission m’ayant donc permis d’assister Frédéric Gimmig durant la phase DET et la phase préalable aux réceptions, j’ai pu prendre part à la gestion de plusieurs situations litigieuses. Sur la mise en oeuvre d’une passerelle par exemple, nous avons refusé cette dernière pour non-conformité aux plans architectes et d’EXE et dû suspendre la situation de l’entreprise contractrice, en l’occurence l’entreprise du lot 6 espaces verts. Celle-ci ayant sous-traité la passerelle à une entreprise n’ayant pas pris la peine de se référer aux plans transmis. Le problème a traîné en longueur à cause de la démolition de deux culées en béton réalisées par l’entreprise du lot 1 VRD au moment de la dépose. Finalement l’entreprise du lot 6 espaces verts a dû, à ses frais, reprendre les deux culées et la pose d’une passerelle conforme à nos plans. Cette situation entamée en milieu de chantier aura duré jusqu’à la phase AOR. Cette reprise des culées par le lot 6 a nécessité l’accord préalable du bureau de contrôle et une notification de cet accord a été reporté au PV. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Un autre cas, qui ne nécessita pas pour autant un blocage de la situation de l’entreprise, concernait une malfaçon des stabilisés. L’entreprise ayant reconnu tout de suite sa responsabilité, elle s’est engagée à la réfection du stabilisé. Néanmoins, au moment des OPR, la réfection n’ayant toujours pas été faite, la situation a donné lieu à une réserve notifiée puis levée par la suite, une fois les travaux effectués. Autre complication rencontrée durant le chantier fut celle d’une teinte des bétons désactivés non-conforme réalisés par le lot 1 VRD. L’entreprise du lot 3 gros oeuvre exerçait déjà une pression constante sur le chantier du fait de son retard. Compte tenu de ce retard, une solution permettant de ne pas casser les bétons désactivés non-conformes a été trouvée en sablant la surface afin d’atténuer la teinte et en se servant du problème pour faire réaliser des bétons de sols à d’autres endroits. L’entreprise coincée par une situation bloquée et des sous-traitants non responsables du problème et demandant à être payés, a obtempéré sans rechigner. Un nouvel exemple de situation litigieuse est venu du fait du non-respect de la cote de pause des dalles caveaux réalisées par l’entreprise du lot 5 Caveaux / Columbarium / Cavurnes / Pierres Tombales. S’appuyant sur le dossier DCE et sur le fait de plans d’EXE non remis par l’entreprise, nous avons refusé ces dernières. Après de longues négociations, un compromis a été trouvé afin de ne pas jeter l’ensemble des soixante-dix dalles. Une proposition d’adaptation a permis de régler le problème en faisant rajouter un élément en pierre à graver devant chaque caveau à la charge de l’entreprise. Au final, cette situation nous a permis d’améliorer le rendu esthétique recherché en conception. Enfin, l’une des situations les plus complexes à gérer tout au long du chantier fut celle liée au retard, dû aux intempéries, mais surtout au lot 3 gros oeuvre évoqué plus avant. Bloquant notamment les lots VRD et Caveaux, nous avons, après de nombreuses relances et menaces officielles, dû proposer à la MO de lui appliquer des pénalités de retard en s’appuyant sur le CCAP. La MO, en tant que véritable partenaire et soutien sans faille tout au long du chantier, a accepté en impactant l’entreprise de manière définitive sur certaines situations. Cette mise en situation professionnelle a donc été pour moi l’occasion d’enfin pouvoir vivre une expérience de chantier. Cette opportunité n’ayant jamais pu se concrétiser auparavant ; même si, avec la réalisation d’une parfumerie ou la réhabilitation d’appartements, j’avais déjà pu me confronter aux réalités de la gestion d’un projet en chantier. Cette expérience aux côtés de Frédéric Gimmig a été très formatrice dans mon appréhension des réalités d’un chantier en commande publique. Ayant pris goût «au terrain» j’espère avoir à nouveau la possibilité de m’y confronter et de devenir complètement autonome sur cette phase, qui, je m’en suis rendu compte, est totalement dépendante de la qualité du travail effectué en amont jusqu’à la constitution du dossier de consultation des entreprises. La finalisation des détails de serrurerie avec l’entreprise durant le chantier a par exemple été largement simplifiée du fait d’un dessin très précis réalisé en études. Sans ce dessin, nous aurions d’une certaine manière perdu la main sur le résultat final désiré.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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MEMOIRE PROFESSIONNEL

La réflexion développée tout au long du mémoire qui va suivre, cherchera, au travers de cette expérience à l’atelier MosséGimmig et de celles passées, de dégager des thématiques fondatrices pour l’exercice de la profession d’Architecte en mon nom propre en vue d’une organisation efficiente de ma pratique et de ma production architecturale. Les thématiques qui ressortent de mes expériences.

« L’esthétique du projet et la gestion humaine du client »

Fraîchement diplômé, ma première expérience professionnelle de longue durée s’effectue auprès de Jean-Luc Lauriol architecte DPLG et Alain Vernet, architecte des Bâtiments de France et du patrimoine. Engagé en qualité de collaborateur et de chef de projet pour la réhabilitation de l’hôpital Hoche de Nîmes en pôle universitaire, je mène à bien l’ensemble des études de l’APS au DCE. Ce projet de 4 125 m² de SHON, découpé en deux tranches dont la seconde conditionnelle, pour un montant global de 16,5 millions d’euros, sera un véritable baptême du feu. Les profils d’enseignants des deux architectes maîtres d’œuvre du projet donneront à cette aventure un caractère d’apprentissage accéléré et condensé du métier.

Trois thématiques me semblent refléter l’esprit des valeurs professionnelles que ces pairs d’alors m’ont inculqué : La rigueur du process de conception et l’importance de la définition esthétique du projet. Avec les architectes Jean-Luc Lauriol et Alain Vernet, c’est en laissant beaucoup de place à l’expérimentation et à la concertation collective que l’identité du projet prend forme. C’est, par une remise en question quotidienne des efforts de la veille, que l’on ressere le champ de l’admissible, du cohérent, de l’économiquement viable, et que l’on peut aboutir petit à petit à l’idée du projet. Mais cette prospection, ce procédé et les choix qui en découlent n’ont finalement de valeur que dans la dimension esthétique que ce travail se doit d’invoquer. Sorte de bureau de contrôle, l’architecte questionne sans cesse l’idée, le «concept» dans ses dimensions émotionnelles : ce que je donne à voir, ce que je donne à ressentir. La mise en cohérence de l’idée rationnelle avec sa mise en œuvre, sa matérialité doit aboutir à un choix argumenté et maîtrisé, posant ainsi les bases du postulat esthétique. Ce travail, qui ne nécessitait finalement qu’un coin de table, du papier-calque, trois crayons, quelques références en tête et surtout du temps, m’a permis de comprendre que savoir donner du temps et perdre un peu d’argent au début du projet permet d’en gagner tout au long des phases suivantes. Donner une «légende», une histoire et savoir énumérer les étapes du process de conception sont aussi le gage d’une maîtrise jusqu’à la livraison des intentions du projet, et permet de savoir ce que l’on peut ou non laisser en route, ce sur quoi il est important de tenir et de se battre. Cette rigueur de ne pas céder au chant des sirènes de la première esquisse, pour peut-être y revenir après avoir sonder d’autres champs des possibles, participe, à mon avis, de l’éthique du métier d’architecte.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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La réglementation comme outil de composition des premières esquisses du projet. Le travail prospectif à partir d’un existant, comme cela était le cas avec la réhabilitation de l’hôpital Hoche, nécessitait, outre la prise en compte de la dimension historique par un questionnement en termes de revalorisation et de réinterprétation de l’héritage du bâtiment, de poser les bases de notre intervention en termes pragmatiques de règlementation. Comment intégrer les contraintes règlementaires liées, par exemple, à la sécurité incendie et à l’accessibilité ainsi que l’ensemble du programme dans une enveloppe bâtie déjà existante ? Avec ce questionnement, s’induit à la recherche conceptuelle de rationalité, des nouvelles contraintes qui ne doivent en rien déroger aux principes esthétiques précédemment développés. Dans le cas de Hoche, la contrainte règlementaire a joué un rôle décisif dans notre appréhension du projet. La mise en place de coursives et d’escaliers extérieurs à l’enveloppe existante, et non encloisonnés, permettait à la fois de résoudre un ensemble de problématiques règlementaires, de protéger l’intégrité du bâtiment existant et d’apposer un geste architectural fort faisant vivre les questions esthétiques du parcours, du vide, du dedans et du dehors. De cette première expérience face aux exigences du cadre règlementaire, je n’ai par la suite jamais abordé aucun des projets sur lesquels il m’a été donné de travailler sans y intégrer, dès le départ, les contraintes y étant invariablement associées. Règlementation urbaine tel que le PLU, pour le quartier comme pour les ZAC ou les lotissements, ou encore les règlementations d’usages (accessibilité, sécurité incendie, catégorie d’ERP, règles sanitaires ou encore RT2012) sont devenues, au fur et à mesure des mes expériences, les nouveaux paradigmes de la conception architecturale. Pour une maîtrise complète du projet et notamment en termes d’économie financière, les questions règlementaires doivent, à mon sens, être intégrées dès les premières esquisses. Mesurer l’impact financier et spatial du dispositif règlementaire avant tout présupposé conceptuel initial permet de poser l’ensemble des contraintes, de vérifier la faisabilité et de trouver plus tard une solution technique, rationnelle, esthétique : une solution d’architecture. La conception s’enrichit donc de ces contraintes règlementaires qui doivent pour partie permettre d’aboutir et d’expliquer les solutions architecturales retenues. Il faut toutefois convenir que ce travail d’anticipation n’est que très rarement investi en amont du projet par les Maîtrises d’Ouvrages, qu’elles soient privées ou publiques. Certaines études s’en trouvent ainsi considérablement compliquées. La contrainte devenant processus de frustration du fait de budgets votés ou indexés sur des études programmatiques préalables erronées, ou ne tenant parfois pas compte de certaines conséquences règlementaires. Bien sûr, ces erreurs qui peuvent impacter financièrement le projet de manière très lourde, comme dans le cas d’une estimation de volume de ventilation complètement erronée, sont aussi parfois l’occasion d’exprimer une solution d’architecture. Par exemple, durant le concours pour la réhabilitation de la maison Moreau en médiathèque à Pélissanne avec l’atelier MosséGimmig, nous avons été confrontés à une problématique de surface; l’assistance à la Maitrise d’Ouvrage n’ayant pas anticipé une partie de la réglementation incendie relative aux escaliers. La question de, comment offrir un échappatoire protégé aux personnes, s’est combinée, entre autres, à des contraintes programmatiques d’accès secondaires pour orienter notre réponse et appuyer notre projet, et l’esthétique de fond de parc y étant associée. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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La compréhension de la psychologie du client comme paradigme de la maîtrise du projet. Une des réalités du métier d’architecte est que l’expression de son travail passe par l’approbation d’un Maître d’Ouvrage. Et si à l’école d’architecture tout le monde parle, en quelque sorte, le même language «sensible», ce n’est quasiment jamais le cas dans la sphère professionnelle. La réalité est souvent que la Maîtrise d’Ouvrage n’entend rien ou peu à l’architecture, la dimension économique du projet prenant dès lors une place prépondérante dans les échanges. Sorte de chef d’orchestre de la Maitrise d’œuvre, il incombe alors à l’Architecte la transmission du projet. Il ne suffit pas de décrire ce que l’on fait mais de le transmettre et d’inviter le décideur à adhérer à la manière de le faire, au chemin intellectuel de la prospection, aux choix esthétiques les expliquant. Transformer le Maitre d’Ouvrage en partenaire est un luxe et le gage que, faisant face à des problématiques diverses, notre principal interlocuteur décideur se positionne en conscience. Si, en marché public, le cadre qu’offre la loi MOP permet d’organiser en quelques sorte ce travail de transmission et de partage du projet, en marché privé ce travail est beaucoup plus ardu, notamment avec les organismes de promotion. Pourtant, le chemin de la symbiose avec une Maîtrise d’Ouvrage publique a été, tout au long de mes expériences, souvent plus difficile à trouver. La psychologie d’un gestionnaire de projet étant parfois plus complexe à cerner que celle d’un client privé dont la préoccupation économique qui l’affecte directement permet d’établir un terrain d’échanges et d’installer une communication au service du projet. Quoi qu’il en soit, l’Architecte doit donc faire œuvre de psychologie, être à l’écoute de son client, comprendre son positionnement professionnel et ses attentes sur le projet, essayer d’apprécier ses références culturelles et architecturales, appréhender sa vision personnelle des enjeux du projet. Le projet de Hoche aux côtés de Jean-Luc Lauriol et Alain Vernet aura véritablement été formateur quant à mon appréhension du « client ». Même s’il faut respecter un cadre légal et se protéger, j’ai compris qu’ il nous incombe de savoir courtiser notre Maître d’Ouvrage afin d’obtenir les bons leviers de transmission des intentions du projet et de sa compréhension. Cette part de la gestion de projet qui sort du champ de la création pour entrer dans celle de l’interaction est d’ailleurs souvent une bonne manière de vérifier nos intentionalités prospectives.

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« Organisation d’entreprise et recherche de projet »

Après cette première mission auprès de Jean-Luc Lauriol et Alain Vernet, ainsi qu’une expérience à l’étranger, je m’engage à l’atelier Peytavin en qualité de chef du pôle concours, j’y assure aussi parfois le suivi de phases d’études de projets lauréats jusqu’à l’APD et le dépot de permis de construire, et j’interviens en qualité d’assistant de chargé d’affaires en pôle chantier sur des missions de type synthèse d’espaces en 3D. J’ai eu, au contact d’Yvan Peytavin, inscrit à l’ordre en tant qu’architectescénographe, et véritable chef d’entreprise, l’opportunité d’appréhender la conception de salles de théâtre, salles polyvalentes et salles de cinéma. Comme précédemment, de cette expérience ressort trois thématiques, qui reflètent à mon sens ce que j’ai pu apprendre à l’atelier Peytavin : La maîtrise financière des temporalités liées au projet. C’est, organisé en différents pôles d’études, que l’atelier Peytavin structure la gestion de ses affaires. Si le pôle candidatures, assuré par la secrétaire, et le pôle concours doivent assurer un afflux constant de projets, les pôles études APS, APD/PC puis PRO/DCE (avec EXE selon les cas) et le pôle suivi de chantiers doivent quant à eux permettre une gestion optimale du rapport entre honoraires facturés et temps passé. Face à l’inconnu inhérent à tout projet d’architecture, le choix a été fait par Yvan Peytavin de structurer son entreprise de manière à éviter d’être pris en otage des temporalités administratives. En effet, un collaborateur suivant différentes affaires au même stade n’est pas impacté en cas d’imprévu. Ce choix d’organisation, bien qu’elle comporte des inconvénients notamment liés à la maîtrise des intentions conceptuelles et de certains détails y étant associés, permet de rendre efficiente la production. De plus, en spécialisant ses collaborateurs, Yvan Petavin garde le contrôle de l’ensemble des projets et de l’investissement financier qu’ils conditionnent; et cela lui permet d’avoir une vision en continu de ses besoins en ressources humaines pour ainsi rationaliser l’impact économique de son personnel sur l’entreprise. Cette expérience m’aura permis de prendre conscience d’un aspect important de l’exercice du métier, à savoir que l’architecte est aussi un chef d’entreprise. Et même si je ne partage pas tous les axes organisationnels de la structure de cet atelier d’architecture fondé en 1988 par Yvan Peytavin - telle la question de la transmission de l’exercice du métier - force est de constater qu’ils lui permettent d’exister à l’échelle nationale depuis plus de vingt-cinq ans. Face à la crise économique qui a enrayé la commande publique ces dernières années, cet atelier provincial n’a pas eu trop à souffrir d’une quelconque recomposition structurelle. Enfin l’un des principaux intérêts que présente ce type d’organisation est qu’elle permet à l’architecte chef d’entreprise de consacrer du temps à l’ensemble des projets en cours et de rester le seul interlocuteur des différentes Maitrises d’Ouvrages. Il reste décisionnaire de l’ensemble des choix, que se soit sur les aspects comptables, administratifs ou conceptuels, sans avoir à en supporter les temporalités parfois lourdes y étant associées.

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Une activité continue de recherche de la commande. L’organisation de la structure évoquée plus tôt permet également à l’atelier de s’assurer des opportunités de missions mais aussi à mieux communiquer. Si la secrétaire de direction assure le suivi des appels d’offres ainsi que la mise en place des candidatures, un chargé d’affaires en communication auprès d’entreprises spécialisées en scénographie permet à l’atelier de s’assurer une visibilité sur le plan national. Pas vraiment formé au cours des études à anticiper les questions de communication, d’accès à la commande, de collaboration entre architectes, de réseaux d’entreprises en marché privé, de réseaux de BET, et cetera, celles-ci sont devenues indispensables dans ma réflexion sur l’exercice du métier d’Architecte en mon nom propre. Cette expérience avec Yvan Peytavin m’a permis de comprendre l’importance de se créer un réseau de professionnels avec lesquels travailler. Savoir communiquer, vendre ses précédentes réalisations et fluidifier l’ensemble des démarches prospectives en pérennisant les collaborations de son agence, doit permettre de rendre plus efficiente sa recherche de la commande et par voie de fait son activité. La spécialisation. Spécialisé dans le domaine de la scénographie, l’atelier Peytavin se donne la possibilité d’officier sur l’ensemble du territoire national. Non content de lui donner un avantage sur certaines candidatures, cela lui permet d’être sollicité en direct par des entreprises, ou d’autres agences d’architectures par exemple, et donc d’offrir une pluralité de sources de revenus et de références à l’atelier. Le nombre toujours croissant en France d’agences d’architecture, et surtout de petites entreprises, pose la question de comment entrevoir le futur de son exercice? Avoir un domaine de compétences qui permette de justifier de sa capacité, plus qu’une autre agence, à traiter de certains domaines connexes à l’architecture est, il me semble, une bonne manière de se positionner. Force est de constater, au même titre qu’un bon réseau va permettre à certaines agences - dans le domaine du logement par exemple - d’assurer un fond de roulement financier, une spécialisation dans un domaine de compétences techniques particulier permettra aussi de communiquer davantage et donc d’ouvrir un champ prospectif supplémentaire. Urbanisme, acoustique, domaine de la santé, domaine du luxe, domaine de la sécurité, hôtellerie, et cetera, sont autant de possibilités d’orienter son exercice. Créer son entreprise d’architecture doit donc aussi s’opérer, à mon avis, en ayant une démarche de recherche de collaborations et de communication autour d’une spécialité clairement définie.

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« L’éthique de l’Architecte. La gestion des BET et des entreprises »

La troisième mission concerne donc ma mise en situation professionnelle dans le cadre de l’Habilitation à la Maîtrise d’œuvre en son Nom Propre avec l’atelier MosséGimmig. De cette expérience ressort trois thématiques qui ont été au centre du travail de transmission effectué par Frédéric Gimmig à mon égard. Elles sont les suivantes : Le respect d’une éthique au service d’une production architecturale intègre. La notion d’éthique professionnelle en architecture embrasse deux aspects. Le premier est inhérent à l’exercice de la profession et est défini par les articles du code de déontologie de la profession. Le second est lié aux engagements personnels que l’architecte décide d’intégrer à sa pratique. Ces engagements coïncident souvent avec un positionnement philosophique sur la profession. Cette expérience aux côtés de Frédéric Gimmig m’a conforté dans l’idée qu’énoncer la philosophie de son agence, c’est non seulement décrire une spécificité sur son exercice professionnel, mais c’est surtout une facon d’expliciter les valeurs que l’on défend. Ces valeurs définissent, à mon sens, une posture et une production architecturale propre. Faire coïncider le discours avec les faits n’est pas toujours aisé dans ce métier. Et savoir se satisfaire de peu, pour ne pas rogner sur ses convictions, n’est pas non plus chose évidente. Souvent amener à discuter avec mes pairs du moment durant ma mise en situation professionnelle, j’ai compris que l’organisation de sa sphère personnelle aide, entre autres, à garantir le respect de son éthique professionnelle. De la même manière, l’organisation de sa structure et les ambitions financières personnelles qu’on y associe doivent être totalement accordées. Me sentant proche de la philosophie avec laquelle l’atelier MosséGimmig exerce aujourd’hui, j’en retiens une notion qui la compose. C’est celle d’efficience, c’est à dire l’optimisation de l’action par la réflexion. Sorte de réinterpretation du «less is more» de Mies Van der Rohe, l’efficience est pour l’atelier une manière d’opérer et de faire correspondre intelligence constructive et contexte afin de proposer une architecture liée à son paysage. Une gestion des BET garantissant le partage du projet au sein de la Maîtrise d’œuvre. Paticipant de la philosophie générale avec laquelle l’atelier MosséGimmig conçoit sa pratique, la question de la gestion des BET est centrale et quotidienne. Collaborant souvent avec les mêmes bureaux d’études, l’atelier s’est assuré une bonne compréhension par ceux-là de ses attentes et de la volonté d’une équipe de Maîtrise d’œuvre soudée. L’atelier se positionne en véritable partenaire plutôt qu’en donneur d’ordres. Cette manière de considérer la relation au cœur de l’équipe exécutive m’a permis de comprendre que l’exercice de la profession pose la question de l’humilité par rapport à son pouvoir décisionnaire. Il suffit de considérer que les professionnels qui nous entourent ont, de part leurs expériences respectives, de réels moyens de perfectionner voire de bonifier les intentions projectuelles qu’on leur expose. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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De la même manière qu’il est important de savoir se positionner avec son Maître d’Ouvrage, il me semble, qu’en vue de s’assurer un investissement sincère des BET sur le projet, qu’il est indispensable d’adopter une attitude de conciliation tout au long des études. En gardant toujours à l’oeil le tableau de répartition des tâches, un véritable travail d’anticipation doit être mené afin d’obtenir les éléments dans des délais laissant le temps de leur vérification. C’est encore une fois un exercice d’anticipation qui permettra une gestion efficiente du projet. Une gestion circonstancée des entreprises. Avec l’opportunité qui m’a été donnée durant ma mise en situation professionnelle de participer à deux chantiers totalement différents dans leur organisation (entreprise générale et tous corps d’état), j’ai pu me confronter aux réalités qui définissent la notion de Maîtrise d’œuvre d’Exécution. «Ni trop, ni trop peu» pourrait définir ce que m’a appris cette expérience. Trop laxiste et le chantier deviendra vite le lieu de perdition des volontés de conception et, trop despotique alors l’ambiance nuira là-aussi aux volontés conceptuelles. Comme dans les phases d’études avec la Maîtrise d’Ouvrage et les BET, la gestion psychologique de nos partenaires, les entreprises dans ce cas, devient l’enjeu du chantier; et cela afin d’en tirer le maximum et d’obtenir des résultats à la hauteur des ambitions de départ. Si le chantier est bien le lieu ou pour ainsi dire « la magie doit s’opérer » et le projet se matérialiser, il est encore l’occasion pour l’architecte de vérifier, d’une part la justesse de sa réponse, et d’autre part d’exercer un véritable travail de chef d’orchestre, sous l’œil attentif de la Maîtrise d’Ouvrage. Sorte de représentation aux accents parfois théâtraux, ce travail s’effectue dans une temporalité très contrainte. Les problèmes de planning, les soucis de mise en œuvre, la gestion des aléas et des imprévus, les décisions quant aux problèmes de situations, et cetera, se doivent impérativement de trouver un écho pour les entreprises et la Maîtrise d’Ouvrage. L’architecte est sachant ; et même si une demi-journée, voire parfois plus, est consacrée sur place à la résolution de problèmes, c’est souvent bien plus de temps qui est alloué à leur gestion une fois retourné à l’atelier. Prévoir dans la décomposition des honoraires un fort pourcentage pour la mission DET est notamment une solution qui permet plus de stabilité et de tranquilité financière durant cette phase. Cette mise en situation professionnelle aura en tous cas été pour moi très formatrice quant à la manière d’aborder les diverses problématiques de chantier et de vérifier encore une fois que l’anticipation est une notion constitutive de l’exercice de la profession. Nos échanges avec Frédéric Gimmig m’auront aussi permis de comprendre l’importance d’une gestion au cas par cas des entreprises sans jamais tomber dans la familiarité. Avec le chantier de Martigues, assuré par une entreprise générale, j’ai notamment pu comprendre les tenants et les aboutissants des différentes manières d’organiser un chantier et préférerai toujours une gestion en tous corps d’état, permettant à mon sens une flexibilité plus importante dans la résolution des problèmes. A l’avenir, j’espère avoir l’occasion de prendre davantage de responsabilités en phase de chantier et j’aurai à cœur, comme Frédéric Gimmig, de conserver ce désir d’échanger avec ceux qui partageront mon quotidien.

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«On my own»

Tout au long de l’accomplissement de ces trois longues missions, il m’a été donné d’aboutir quelques projets personnels d’échelle moins importante et de nature parfois seulement conceptuelle. Membre de l’association KDK, j’ai par exemple eu l’opportunité de participer à des concours d’idées pour des pavillons, dont certains lauréats, ont été construits. Voir le pavillon « Archi 20 » en annexe. J’ai aussi eu l’occasion de réaliser la boutique de parfum « l’Extrait », rue de l’Ancien Courrier à Montpellier avec deux confrères architectes. Enfin, j’ai élaboré au sein d’une équipe de quatre architectes une réponse à EUROPAN 12 sur la thématique de la ville durable. Cultiver sa curiosité. Au travers de ces divers projets menés en parallèle de mes différents contrats, j’ai donc pu poursuivre une activité de réflexion et de recherche sur la question architecturale. Cette motivation a notamment été confortée par ma participation au workshop international, organisé par Archiprix en 2011, qui invitait au MIT de Cambridge à Boston les premiers prix des écoles d’architecture du monde entier à réfléchir sur le thème de la montée des eaux à Manhattan. Se cultiver, remettre en question ses pratiques et son processus de conception, ne pas végéter sur ses acquis et continuer des activités prospectives, s’intéresser à l’actualité du secteur, sont autant de principes qui me semblent le gage d’un enrichissement de sa future production architecturale.

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Des thématiques constitutives d’un futur exercice de la profession Les cinq années qui ont suivi mon diplôme ont donc été l’occasion de me confronter au métier et d’en embrasser la complexité. Au travers de l’ensemble des thématiques développées précédemment, j’espère avoir su dresser un état des lieux fidèle de mes connaissances et de ce qu’il me reste à apprendre. En décidant à la sortie du diplôme de me donner le temps de l’apprentissage opérationnel, technique et sensible de la profession, je pense avoir fait un choix judicieux et cohérent au regard de la diversité des expériences qui m’ont été données de partager. Cette année d’HMO, le cadre qu’elle offre, aura été l’occasion d’étoffer ma vision personnelle du métier et de renforcer mon lien passionnel à l’architecture. La relation de partage établie avec mon tuteur m’a amené à recentrer mes questionnements sur l’exercice du métier et à définir plus précisemment la nouvelle étape professionnelle à laquelle j’aspire pour les prochaines années.

Aujourd’hui encore en quête de mon identité professionnelle et ne disposant pas d’un réseau suffisamment conséquent pour me lancer directement dans une activité en mon nom propre, il m’est nécessaire d’avoir un plan d’action afin de construire mon avenir d’architecte. Et dans cette optique, j’ai pris conscience que le choix de m’inscrire désormais dans une dynamique de contrat de collaboration libérale plutôt que dans celle du contrat salarié peut me permettre d’organiser et de préparer le terrain d’un futur exercice en mon nom propre. Ce positionnement, outre le fait qu’il soit plus flexible et donc moins contraignant pour les agences contractrices, me semble intéressant à plusieurs niveaux. D’une part, il devrait me donner la liberté de me constituer un réseau de professionnels de l’architecture avec lesquels travailler sur le long terme, d’autre part la dimension administrative de gestion de contrats, de gestion comptable et de gestion humaine que revêt ce statut me préparerait sans aucun doute à l’étape suivante de gestion d’un exercice en mon nom propre. Cette étape pourrait me permettre, si l’accord m’est donné par les confrères avec lesquels j’aurai collaboré, de réutiliser les références auxquelles j’aurai été associé. Pour continuer cette étape serait un bon moyen de parfaire mes réflexions sur les aspects fondateurs de l’exercice de la profession en mon nom, de communiquer auprès de mes confrères sur mes capacités professionnelles ainsi que sur la vision éthique et philosophique de ma pratique, en entretenant avec eux des relations confraternels plutôt que de subordination. Cette étape me permettrait aussi, étant inscrit à l’Ordre des Architectes, d’être reconnu Architecte et donc d’avoir la possibilité de rechercher des projets et de répondre favorablement à certaines demandes émises par mon entourage et mon réseau personnel. Trois axes ressortent aujourd’hui de mon parcours professionnel : développer une philosophie et une spécificité architecturale, entretenir une éthique professionnelle et définir un cadre efficient de l’entreprise. Cet exercice de la profession n’est, dans mon esprit et à l’heure actuelle, absolument pas figé. Prendre des parts dans une entreprise ? Monter seul ou à plusieurs une agence ? En France ou à l’étranger ? En ne perdant pas de vue que nous «Travaillons à des expériences où l’intuition se mêle à la science. Les acquis scientifiques ont toujours nourri les raisonnements constructifs. L’architecte est porteur d’un point de vue esthétique et d’un point de vue scientifique qui vivent en concubinage [...] La technologie des ‘‘sachants’’ mêlée à l’esprit d’aventure ouvre les perspectives de l’architecture.» Rudy Ricciotti Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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CONCLUSION Conclusion et réflexion sur le BIM

Ce mémoire professionnel engage donc en quelques sorte une nouvelle étape existentielle et professionnelle. Après cinq années d’études et cinq années d’expériences salariales professionnelles, et comprenant que je n’aurai jamais fini d’apprendre de ce métier, il me semble cohérent d’entamer cette période de transition explicitée auparavant. Gageons que dans cinq ans les aventures qui m’auront été données de vivre professionnellement me permettront une installation en mon nom propre. Evidemment on ne sait jamais ce que l’avenir nous reserve et peut-être qu’une partie de ces réflexions seront déjà obsolètes au moment de la soutenance. Et même si je n’ai pas prévu dès aujourd’hui d’assumer les responsabilités d’un exercice en mon nom propre au travers de la création d’une entreprise, il me semble que l’acquisition de l’habilitation est assurément le meilleur moyen d’anticiper l’ensemble des éventuelles opportunités professionnelles futures que ce soit en France ou à l’étranger. Afin d’ouvrir ce mémoire sur un questionnement d’actualité qui touche la profession et a nourrit de nombreuses discussions avec mon tuteur, j’aimerai aborder la question du BIM. Après le passage d’un exercice de la profession de l’encre sur calque vers des logiciels de saisie informatique, l’obligation à l’horizon 2017 de l’utilisation de la «méthodologie BIM» dans la commande publique constitue une nouvelle révolution de notre secteur. Et même si le secteur privé ne sera pas impacté dans un premier temps, à terme, c’est bien l’ensemble de la commande qui imposera cette méthode. La méthodologie BIM est donc bien l’avenir de l’architecture. D’une part elle sera imposée. D’autre part cette méthode qui finit de transformer l’architecte en «génie de l’informatique» propose concrètement d’améliorer sa maîtrise de la conception en concentrant au travers d’un seul instrument : un support de communication visuelle, des outils de vérification chiffrés en temps réel de différents scénarios, une cohésion et une simplification de l’export des pièces graphiques, de l’ensemble des tableaux de données et de synthèse, des outils d’analyse intégrant l’ensoleillement, le niveau d’éclairage, la soufflerie et bientôt l’évacutation du public et le désenfumage, le travail collaboratif en même temps sur un même fichier pour l’ensemble de l’équipe de Maîtrise d’ œuvre, etc. Outre ces aspects techniques, le BIM ou « bâti et informations modélisés» offre la possibilité de générer un modèle de la future architecture proposée, porteuse de l’ensemble des informations, des coûts de sa mise en œuvre mais aussi de son exploitation future. Ce modèle, dont la vocation est d’être transmis à la Maîtrise d’Ouvrage, devra, selon les directives gouvernementales, être mis à jour tout au long de la vie du bâtiment. Mais aussi, selon Pierre Mit et Frank Horvorka, cette méthodologie devrait permettre d’impacter considérablement « l’assurance construction grâce à une meilleure maîtrise des risques liés au bâtiment par une meilleure maîtrise de l’information.» Cf. Le plan pour faire basculer le bâtiment dans le BIM, article de Julien Beideler publié sur Le Moniteur (version internet) le 27/03/2014. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Bien que cette mutation semble actée, quels sont les impacts sur la profession? Ce travail de saisie, considérable pour l’architecte, n’implique-t-il pas une revue des répartitions d’honoraires au sein des équipes de Maîtrise d’ Œuvre ? Si, par exemple sortir un tableau récapitualtif des coûts relatifs à l’économie du projet nécessite à l’heure actuelle un certain temps et donc une quantité de travail au bureau d’étude associé, ce bilan peut, avec l’utilisation d’un logiciel BIM, s’obtenir par l’architecte de manière quotidienne via un menu déroulant. Le travail sous forme de maquette numérique demandant souvent un niveau de détail très élevé dès la conception, la profession va-t-elle, afin de se donner le temps de la maturation des idées, devoir faire face à une refonte des temporalités des études ? Allouant aux premières phases d’un projet des temps d’études beaucoup plus conséquents ? Valorisant le temps du concours et de l’esquisse de manière beaucoup plus significative qu’aujourd’hui ? Concentrant les phases de l’APD au DCE en une seule et même temporalité du projet ? Une adaptation de philosophie de l’appréhension du travail de conception architecturale et de gestion du projet semble obligatoire face à ce nouvel environnement technique. En l’état la «méthodologie BIM» ne me semble avoir de sens qu’à partir de l’APD, puisque cette phase fige les décisions conceptuelles et donne une vision économique arrêtée du projet, permettant l’élaboration d’un permis de construire ne s’exposant pas à de futures modifications et anticipant la phase PRODCE, déterminante pour la transmission du projet aux entreprises. Pour continuer, du fait d’une situation quasi monopolistique d’un programme en particulier, le passage à la « méthodologie BIM » implique un coût important à la fois pour s’équiper du logiciel, changer son parc informatique, pour répondre aux besoins y étant associés et enfin pour se former, former ses employés et employer un contractant « BIM manager » capable de solutionner les points de blocages durant les années de mutations, estimées par certains professionnels à trois ans, pour être véritablement autonome sur tout type de conception. Comment une profession qui aujourd’hui fait face à de considérables désagréments économiques va-t-elle pouvoir répondre à l’ensemble de ces dépenses d’investissement ? Le tissu d’entreprises d’architecture n’étant absolument pas homogène en France, et par conséquent, les capacités d’investissement totalement déséquilibrées, comment la transition déjà en cours va-t-elle affecter le secteur ? Même si vouloir mettre à disposition des Maîtrises d’Ouvrages un outil de gestion efficient de leur bâtiment et, dans le même temps, proposer aux entreprises d’architecture d’utiliser un logiciel permettant une maîtrise quasi complète de leur proposition semble aller dans le bon sens, c’est l’absence de propositions d’une transition de l’ensemble des acteurs du secteur qui pose à mon sens problème. Gageons que les prochaines années permettront à la profession d’opérer les mutations nécessaires, et en concordance avec les bureaux d’études associés, au travers d’une refonte des principes de leur collaboration par exemple. L’anticipation de cette question technique me semble être un élément stratégique pour mon avenir professionnel. Et j’ambitionne, qu’avec l’obtention de ma HMO, je pourrais, en parallèle de mon travail, suivre une formation « BIM manager » comme celle dispensée par l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussés. Maîtrisant ainsi cet aspect technique, je pourrais à mon avis mieux organiser le développement de mon activité professionnelle. En gérant le passage entre conception, saisie technique et gestion d’un projet selon une « méthodologie BIM », je pourrais par exemple proposer dans un premier temps ce savoir-faire à mes confrères. Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Conclusion sur la formation à l’HMONP et remerciements

Afin de conclure sur la formation à l’HMONP, je pense, qu’en l’état, elle permet de se poser des questions pertinentes quant à son avenir d’architecte. Elle est l’occasion d’opérer un retour sur expérience en s’appuyant sur les thématiques développées dans les séminaires et de se préparer en conscience au défit d’un exercice en son nom propre.

Je tiens à remercier Frédéric Gimmig pour son investissement tout au long de ma formation, ainsi que David Mossé et mes précédents employeurs qui, comme ces derniers m’ont permis de me confronter aux réalités du métier. J’espère que mon avenir professionnel proche continuera de s’enrichir de nouvelles rencontres et d’une ambition architecturale toujours renouvellée dans l’objectif de développer un exercice du métier avec moral et éthique.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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ANNEXES « L’esthétique du projet et la gestion humaine du client »

Projet de réhabilitation de l’hôpital de Hoche à Nîmes en Pôle Universitaire // Plans projet en phase PRO

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Projet de réhabilitation de l’hôpital de Hoche à Nîmes en Pôle Universitaire // Photo tirée d’internet.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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« Organisation d’entreprise et recherche de projet »

La spécialisation en scénographie développée par Yvan Peytavin permet à l’agence de répondre à des appels d’offres sur l’ensemble du territoire national et d’être recherchée par des confrères en association sur des projets parfois très importants, comme lors de la réhabilitation du Palais des festivals de Cannes.

Projet lauréat du concours pour la réhabilitation du théatre Edith Piaf à Bernay dans l’Eure (27) // Plans concours

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Projet lauréat du concours pour la réhabilitation du théatre Edith Piaf à Bernay (27) // Coupes Perspectives concours

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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« L’éthique de l’Architecte. La gestion des BET et des entreprises»

Schéma synthétique du projet de l’EPHAD « Les Oliviers » à Martigues

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Photo de chantier du projet de l’EPHAD « Les Oliviers » à Martigues. Pendant le banchage du premier étage de l’aile Nord du bâtiment, une seconde équipe fonde et coule les dalles du RDC des volumes Est et Sud. Durant cette première phase de chantier le fait de travailler avec une entreprise générale permet une bonne gestion des plannings et une exécution synchronisée des tâches.

Photo de chantier du projet de l’EPHAD « Les Oliviers » à Martigues. Pause d’échantillons de menuiseries

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Photo de chantier du projet de l’EPHAD « Les Oliviers » à Martigues. Demande de sécurisation auprès de l’entreprise.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Photo de chantier du projet du cimetière de Saint-Marc de Jaumegarde. Rappel à l’ordre des consignes de sécurité. Le travail en corps d’états séparés permet d’entretenir des rapports plus précieux avec les différents artisans et d’avoir un regard constant sur la mise en oeuvre et les relations entre les différents intervenants.

Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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Architecte DE : Swann Coll // Directeur D’Etude : Frédéric Devaux // Tuteur : Frédéric Gimmig

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« On my own »

Photo de la cabane réalisée en 2012 par l’association KDK pour le festival archi20 à Muttersholtz en Alsace.

Image de synthèse réalisée en 2011 par l’association KDK pour le concours construire acier.

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Photo de la boutique de parfum «l’Extrait» réalisée en 2013 avec Cléo Deschaintres et Mourad Bensal, rue de l’Ancien Courrier à Montpellier.

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Extrait du rendu d’Europan 12 sur le thème de la ville durable avec Anne-Sophie Delorme, AurélieAnne Vincent et Mourad Bensal. Le site retenu concernait la restructuration urbaine de la frange Nord et Nord Est du 18 ième arrondissement de Paris. La réponse devait intégrer une dimension durable et s’accorder aves les profondes mutations en cours dans le 19ième arrondissement.

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«Canal Broadway»

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