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Lire, une porte d’entrée sur le monde
PAR LA BIBLIOMANIAQUE enseignante au secondaire et blogueuse
Voyager ne se résume pas à faire ses valises et à partir concrètement ailleurs. Pour la Bibliomaniaque, il s’agit plutôt de s’évader en plongeant dans des livres jeunesse. Voici son témoignage, ponctué de suggestions de lecture découvreuses.
Voyager. S’il y a bien une raison pour laquelle je lis, c’est ça. C’est drôle, parce que je ne suis pas une voyageuse traditionnelle. Je n’ai jamais mis les pieds hors du Québec autrement que par les pages d’une bonne histoire. Pourtant, j’ai parfois l’impression de pouvoir faire le tour du monde sans me détacher de ma couverture fétiche et de mon divan. Oui, lire, c’est voyager.
S’ÉVEILLER AU MONDE À TRAVERS LA LECTURE
C’est en réalisant des voyages littéraires qu’on s’éveille l’esprit. Qu’on prend conscience de réalités qu’on ne côtoie pas, mais qui existent. Je pense ici, par exemple, au magnifique livre d’Andrée Poulin illustré par Sonali Zohra, Enterrer la lune (La courte échelle). Grâce à cette lecture poétique, j’ai appris que les installations sanitaires sont, pour certaines personnes, un luxe ! Et qu’avoir ses règles dans un pays sans toilettes est un vrai cauchemar.
DÉCOUVRIR OU REDÉCOUVRIR L’AUTRE
Quand je pense à tous ces apprentissages que j’ai faits grâce à la lecture, les œuvres issues de la littérature autochtone me viennent tout de suite en tête. J’ai l’impression qu’on n’offre que depuis peu plus de visibilité à ces auteur·rice·s des Premières Nations. Pourtant, iels ont tant à nous dire. Je pense notamment ici au poignant album de Brianna Jonnie, Nahanni Shingoose et Neil Nshannacappo, Si je disparais (Éditions de l’Isatis), qui nous fait voyager dans la tête d’une jeune autochtone fatiguée de voir les sien·ne·s disparaître silencieusement. En poésie, j’ai aussi aimé découvrir le recueil La plume d’aigle (Mémoire d’encrier) de l’auteurcompositeur, rappeur et slameur Samian, qui nous communique son envie irrépressible de prendre la parole pour toustes celleux qui n’ont pas eu de voix si longtemps.
REVIVRE DES PANS DU PASSÉ
Je m’émerveille devant cette littérature foisonnante. Cette littérature qui nous éveille face à tant d’injustices, mais qui nous invite aussi à découvrir tant de beautés auxquelles on n’a parfois pas accès. Parce que voyager, cela nous permet également de visiter une époque passée. Si bien que l’adolescente que j’étais, qui n’avait aucun intérêt pour les cours d’histoire, ressent aujourd’hui un immense plaisir à plonger dans des livres de Camille Bouchard.
CHANGER DE PEAU
Outre l’espace et le temps, l’univers littéraire est d’une richesse sociale incroyable. Voyager, c’est effectivement se mettre dans la peau de quelqu’un·e d’autre qui, bien qu’iel vive près de nous, a une réalité si différente de la nôtre. Je pense ainsi à toute la collection Tabou des Éditions de Mortagne, dont chaque livre dévoile une réalité adolescente qui permet aux jeunes de s’y reconnaître. Bref, je le crois sincèrement, la lecture est un voyage en soi. C’est un voyage au cœur d’une contrée lointaine, d’une époque passée ou d’une réalité inconnue. Ce sont ces périples qui nous éveillent à l’Autre, à celui ou celle qu’on côtoie ou qui ont défriché la voie dans laquelle on s’engage. Chaque page tournée est une façon de prendre conscience qu’on n’est pas seul·e au monde.
À PROPOS DE LA LA BIBLIOMANIAQUE
Passionnée de lecture, Alex-Anne Flambert a décidé de partager ses découvertes (belles et moins belles) avec franchise et passion sur son blogue La Bibliomaniaque. La tête toujours bouillonnante d’idées, cette enseignante de français au secondaire partage aussi ses projets concoctés à partir de ses lectures. Sur son profil Instagram, elle fait part de toutes ses lectures, s’adressant aux tout-petits comme aux adultes.