Chamanisme et Bouddhisme de la source à l'éveil

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CHAMANISME ET BOUDDHISME De la source à l’éveil

Jean-Marc Pouchelon



CHAMANISME ET BOUDDHISME De la source à l’éveil

Auto-édition par Jean-Marc Pouchelon N° ISBN : 978-2-9577709-0-8



Jean-Marc Pouchelon

CHAMANISME ET BOUDDHISME De la source à l’éveil



HOMMAGES

Je rends hommage à tous les maîtres qui m’ont guidé sur mon chemin spirituel, à tous les enseignements que j’ai reçus ainsi qu’à tous les auteurs cités en bibliographie qui, par leurs merveilleux ouvrages, m’ont aidé dans ma réflexion et m’ont ainsi permis de compiler dans ce livre ces différents enseignements ou ce que j’en ai compris, expérimenté et retenu. Je rends hommage à la fondation FSS de Michael Harner (Foundation for Shamanic Studies) et, plus particulièrement, à nos deux enseignants, Noëlle et Claude Poncelet, qui, du fond de leur retraite chamanique, continuent de nous inspirer et conseiller. Je rends hommage à la FPMT (Foundation for the Preservation of the Mahayana Tradition), et notamment à l’institut VajraYogini (81500 Marzens) et au monastère Nalanda de Lavaur pour tous leurs enseignements. Je rends hommage à Lama Shérab Namdreul, responsable de l’ermitage Yogi Ling1, avec qui je poursuis mon chemin bouddhiste. Je rends hommage à Patricia, mon épouse, avec qui je peux échanger et débattre sur ces sujets spirituels et qui aura contribué à enrichir ce livre. 1

www.yogi-ling.net



SOMMAIRE

Préface de Claude Poncelet............................................. p. 11 Introduction....................................................................... p. 13 PREMIÈRE PARTIE – À LA RENCONTRE DE LA SOURCE............................................................................ p. 21 1 – Chamanisme................................................................ p. 23 2 – Bouddhisme................................................................ p. 33 3 – Dzogchen..................................................................... p. 41 4 – Reiki et enersense....................................................... p. 45 5 – Appel des esprits aidants et prise de refuge........... p. 53 6 – Choix des instruments............................................... p. 59 7 – Purification.................................................................. p. 63 8 – Offrandes et obtention de mérites............................ p. 75 9 – Soins aux autres.......................................................... p. 85 10 – Mort et renaissance................................................... p. 101 11 – Métamorphose.......................................................... p. 107 12 – Rêves et yoga du rêve.............................................. p. 113 13 – Mandala..................................................................... p. 119 14 – Marches et danses énergétiques............................. p. 123 15 – Sons et chants sacrés................................................ p. 129 16 – Esprit pur et vacuité................................................. p. 133 17 – Mes conclusions........................................................ p. 139


DEUXIÈME PARTIE – EN ROUTE VERS L’ÉVEIL.. p. 147 1 – Mythe de la création................................................... p. 149 2 – Vacuité.......................................................................... p. 171 3 – Manifestation des différents esprits......................... p. 203 4 – Constitution du corps subtil, base du corps physique............................................................................. p. 221 5 – Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort.................. p. 241 6 – Bardo naturel de cette vie et bardo de la méditation.......................................................................... p. 267 7 – Yoga du rêve............................................................... p. 287 8 – Claire Lumière............................................................ p. 313 9 – Différentes pratiques.................................................. p. 317 10 – Qualité de vie, soutien de la spiritualité............... p. 339 11 – Chronologie............................................................... p. 395 12 – Glossaire..................................................................... p. 397 13 – Bibliographie............................................................. p. 405 14 – Annexe : directions associées aux signes astrologiques tibétains..................................................... p. 409 15 – Dédicaces................................................................... p. 411 Postface de Lama Shérab Namdreul.............................. p. 413


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

PRÉFACE DE CLAUDE PONCELET

Le chamanisme est une tradition spirituelle très ancienne, trouvant ses racines dans l’ère paléolithique parmi nos ancêtres chasseurs et cueilleurs. C’est une tradition universelle que l’on retrouve sur tous les continents. Le bouddhisme, autre grande tradition spirituelle, qualifiée aussi de religion, prend une partie de son essor dans l’ancienne tradition chamanique bön. On retrouve nombre de similarités dans le chamanisme et le bouddhisme. Je citerai comme exemples le respect porté à la nature, les soins spirituels considérés comme essentiels au bienêtre et complémentaires aux soins physiques et psychologiques, l’emphase mise sur la vie spirituelle intérieure et le travail pour les mourants et les défunts. Dans nos cultures contemporaines marquées de matérialisme et de consommation, on retrouve une recherche du sens de la vie, une quête spirituelle. Dans le monde occidental, cette recherche, pour beaucoup, trouve sa réalisation dans le chamanisme ou le bouddhisme. 11


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Et pourtant, la grande ironie, une des grandes tragédies de notre espèce humaine sont les disputes, la concurrence, entre les traditions spirituelles, entre les religions. L’histoire humaine, jusqu’aujourd’hui, est tristement une histoire de guerres de religions, de guerres de croyances. C’est à l’antipode de l’interconnexion qui est à la base de toutes les traditions spirituelles. Aujourd’hui, plus que jamais, il est important de retrouver, de nourrir les liens et résonances entre les traditions spirituelles, de rechercher la coopération entre traditions spirituelles. C’est le thème de ce livre. Jean-Marc Pouchelon est le parfait auteur pour nous guider dans l’exploration des liens entre le chamanisme et le bouddhisme. Praticien chamanique de longues années, il partage maintenant sa vaste expérience par l’enseignement de la tradition chamanique. En même temps, Jean-Marc pratique le bouddhisme. Il poursuit ces deux voies avec intégrité, venant du centre de qui il est. Il manifeste, dans sa pratique et sa vie journalière, la coopération entre ces deux traditions spirituelles. Ces liens enrichissent nos connaissances et du chamanisme et du bouddhisme. J’invite lecteur et lectrice à se joindre à Jean-Marc dans cette exploration passionnante. Claude Poncelet, auteur du livre Le chamane intérieur chez Guy Trédaniel. Mill Valley, Californie, janvier 2018.

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INTRODUCTION

Ce livre est né d’une longue réflexion entamée lorsque j’ai commencé à approfondir la tradition bouddhiste, en parallèle à la tradition chamanique dans laquelle j’ai été initié en 1997. Depuis 1998, où j’ai reçu mes premières initiations reiki, chamanisme et reiki faisaient déjà « bon ménage » dans mes pratiques. Je pouvais envoyer du reiki en voyage chamanique et tout aussi bien voyager chamaniquement tout en donnant du reiki. Ensuite, en 1999, j’ai découvert enersense (méditation buddho) qui a eu pour moi une importance capitale. Enersense est un ensemble de pratiques qui éclairent l’origine du reiki, comme nous le verrons au chapitre 4 dans la première partie du livre. Désirant continuer dans cette voie, j’ai choisi, en 2008, de prendre refuge dans le bouddhisme qui en est la source. Continuant en parallèle de pratiquer le chamanisme au niveau des soins et de l’enseignement, j’ai ressenti le besoin de concilier mes pratiques chamaniques avec mes pratiques bouddhistes, qui d’ailleurs s’enrichissaient mutuellement. Je me retrouve aujourd’hui à pratiquer un chamanisme différemment, dû au parallèle que je peux faire entre ces deux traditions. Pour autant, ceci n’a pas modifié l’essence des pratiques chamaniques 13


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ni l’esprit du chamanisme. De plus, la compréhension de l’Univers et de la vie, induite par le bouddhisme, m’a amené à une meilleure compréhension du chamanisme. C’est de cette expérience que je veux témoigner dans ce livre. L’étude et la pratique de ces deux disciplines m’ont amené à reconnaître de nombreuses similitudes entre elles. Le fond est le même, seule la forme diffère. Quand on sait que, partout sur notre planète, le chamanisme s’est manifesté depuis plusieurs dizaines de milliers d’années auprès de tribus et peuples parfois très différents et dans des endroits opposés de la planète, mais avec des pratiques et rituels si semblables, et quand on regarde quels sont les pratiques et rituels issus des enseignements du Bouddha Shâkyamuni, du grand maître Padmasambhava et du Bouddha Garab Dorjé, on ne peut que se demander : « Et si tout cela provenait de la même source ? ». Mon esprit scientifique et curieux cherche toujours à comprendre, autant que faire se peut, ce qui se présente à moi et cherche aussi à relier les choses entre elles, comme si inconsciemment je sentais que toutes les choses sont interreliées. J’avais aussi besoin de rechercher les origines d’une tradition qui ne se connaît pas de prophète, et besoin de relier ces deux disciplines, ou religions, à ce que l’on nomme le « Grand Tout », le « Un », ce que Jésus appelait le « Père-Mère » et le bouddhisme la « bouddhéité » qui est en chacun de nous. Car, puisque les chamanes parlent du « Grand Tout », du « Un », il me paraît logique que nos différentes traditions aient un lien et puissent remonter à la même source originelle. Besoin enfin de partager, avec tous ceux qui s’y intéressent, mes réflexions et ressentis. La plupart des religions font apparaître un prophète historique, comme Bouddha Shâkyamuni pour le bouddhisme, Jésus-Christ pour le christianisme, Mahomet pour l’islam, ce qui permet de 14


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bénéficier de sources écrites, de textes plus ou moins anciens (récemment, en 1947, la découverte des manuscrits de la mer Morte près de Qumran). Par contre, pour le chamanisme, il n’y a pas de prophète connu et aucune source écrite sur son origine. En Europe de l’Ouest, les enseignements spirituels, dont le chamanisme, se transmettaient oralement. Les bardes celtes chantaient les enseignements pour les retenir plus facilement. Puis, l’invasion romaine a tôt fait de balayer tout cela. Nous ne pouvons donc aujourd’hui que faire des supputations ! Aussi, ce livre ne se veut pas énoncer une vérité absolue ou une certitude, seulement mon sentiment face à ce que je vis et mes conclusions personnelles, issues tant de mes pratiques que de mes recherches littéraires. Pour ce qui est des similitudes des pratiques chamaniques tout autour de notre planète, je vous renvoie à la lecture du livre de Mircea Eliade Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, qui est la référence mondiale en chamanisme. Une cinquième école du bouddhisme a été reconnue par Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama, celle du bön, qui date de plus de 17 000 ans et qui a été amenée sur Terre par un bouddha (pour situer cela, Noé serait apparu sur Terre il y a environ 12 000 ans). Shenrab Miwoché a réformé et synthétisé les divers courants du bön de son époque, au XVIIIe siècle avant Jésus-Christ. Le bön se caractérise par des rituels et des pratiques chamaniques empreints du même esprit et de la même philosophie bouddhiste que les enseignements de Bouddha Shâkyamuni. Lorsque Padmasambhava amena le bouddhisme au Tibet, qui est le berceau du bön, celui-ci intégra encore d’autres pratiques bouddhistes afin de se maintenir en place. Dans la tradition bön, existent des écrits anciens qui permettent de « sourcer » leurs pratiques chamaniques aux enseignements d’un bouddha. 15


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Il s’agit, à ma connaissance, du seul cas de chamanisme qui soit relié à une source qui, en l’occurrence, est un bouddha. D’où l’idée qu’il en est peut-être de même pour les autres traditions chamaniques. C’est la thèse que je voudrais étayer dans ce livre. Ce sont donc ces pratiques bouddhistes et böns qui vont être rapprochées, les unes après les autres, des pratiques chamaniques qui utilisent le son du tambour pour accompagner les voyages chamaniques. Je n’aborderai pas le chamanisme qui utilise l’absorption de plantes hallucinogènes car je ne le pratique pas. Ceci se rencontre notamment dans des régions tropicales, très humides, comme l’Amazonie, où les membranes des tambours se détendent et ne sont pas d’un usage facile. Le contact avec les esprits passe par l’esprit des plantes (ayahuasca, datura, tabac, champignons, etc.). Ceci s’effectue avec un rituel préparatoire bien précis afin que les personnes puissent passer dans un état de conscience altérée sans compromettre gravement leur santé. C’est l’esprit de la plante qui dirige le travail chamanique et non le candidat au voyage, comme dans notre tradition. Cette forme de chamanisme, dont l’origine me semble plus expérimentale voire accidentelle, ne peut certainement pas avoir été amenée par un bouddha, car, en bouddhisme, la prise d’intoxicants (alcool, drogues et produits hallucinogènes) est déconseillée afin de garder un esprit pur et lucide. Il est déjà suffisamment voilé et illusionné par notre ego, si bien que le soumettre au contrôle d’une plante ne me paraît pas être la meilleure solution. À mon sens, ces plantes dépossèdent leurs utilisateurs de quelque chose et les rendent tributaires pour faire des voyages chamaniques. À leur mort, ces mêmes utilisateurs n’auront pas les plantes pour les aider. 16


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À ce sujet, Mircea Eliade dit, dans son livre Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase (page 371) : « On a l’impression que l’usage des narcotiques dénote plutôt la décadence d’une technique d’extase ou son extension à des populations ou groupes sociaux inférieurs. En tout cas, cet usage de narcotiques est assez récent dans le chamanisme de l’extrême Nord-Est. » D’ailleurs, selon Jeremy Narby, célèbre anthropologue, les femmes tiennent d’ordinaire compagnie aux hommes qui ont pris de l’ayahuasca et les aident à se remémorer ce qu’ils ont vu dans ce « monde parallèle ». Mais l’essentiel, c’est qu’à la différence de leurs compagnons, elles ne recourent pas à cette substance hallucinogène, n’en ayant pas besoin pour entreprendre un tel voyage spirituel. De plus, Jeremy Narby reconnaît qu’au cours des transes, les chamanes sous hallucinogènes rencontrent des esprits qui ne sont pas nécessairement des amis, animés de bonnes intentions. Carlos Castaneda, tout au long de sa formation avec don Juan, relate aussi ses rencontres, lors de voyages chamaniques sous hallucinogènes, avec de nombreux esprits malveillants. Ma conclusion est que, sous hallucinogènes, ils sont en pleine dualité (bon/mauvais, ami/ennemi) et que ceci est le propre du samsâra et n’aide pas à se rapprocher du nirvâna qui est l’objectif de toute tradition spirituelle. Je rajoute que l’usage de narcotiques est absolument inopérant pour la pratique du chamanisme dans la vie professionnelle ou dans la vie quotidienne, chose que nous pouvons faire en quelques secondes dans notre tradition, même sans tambour, lorsque nous avons un certain entraînement dans les voyages chamaniques. Je vais donc, dans la première partie du livre, passer en revue les différentes pratiques chamaniques, les comparer aux pratiques bouddhistes correspondantes et, pour chacune, j’indiquerai 17


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les ressemblances que je perçois et comment elles peuvent s’enrichir mutuellement. La seconde partie constitue un approfondissement des pratiques d’éveil. J’y expose mon mythe de la création qui est la synthèse de mes recherches sur nos origines et l’origine des traditions. Ensuite, j’aborde la vacuité, concept bouddhiste qui mérite d’être un peu plus approfondi. Puis, je développe sur l’anatomie énergétique et la dissolution des cinq éléments dans le bardo de la mort pour servir les chapitres suivants sur la méditation, un approfondissement du yoga du rêve et la Claire Lumière. Je termine enfin avec un exposé sur l’ayurvéda2 et quelques conseils utiles pour entretenir notre corps physique qui est notre véhicule pour atteindre l’éveil. Voici qui explique le titre du livre, Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil : on recherche d’abord la source des enseignements, on les étudie, puis on les utilise pour s’éveiller. Je pourrais résumer ceci à la trilogie « la base, la voie, le fruit », propre à chaque enseignement spirituel. La base est notre origine, la base fondamentale de notre existence, le « Grand Tout ». La voie indique quelles pratiques spirituelles peuvent être accomplies. Le fruit indique quel est l’état que l’on cherche à atteindre : l’éveil. Ce livre s’adresse à tous les praticiens chamaniques qui y trouveront des conseils pour enrichir leurs pratiques chamaniques. Il s’adresse aussi aux personnes bouddhistes qui pourront y trouver des outils utiles, notamment pour les soins qu’elles pourraient être amenées à donner dans leur entourage. Il s’adresse enfin à toutes les personnes intéressées par la spiritualité en général et à l’origine des traditions. 2

Terme sanscrit signifiant « science de la vie ». 18


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Certaines pratiques bouddhistes sont relativement bien développées à l’intention des lecteurs qui ne les connaîtraient pas ; pour autant, ceci ne constitue pas un livret de pratiques, ni un livre d’enseignements bouddhistes pour lesquels je n’ai pas la compétence requise. Je recommande donc à ceux qui désireraient les utiliser de se rendre dans un centre bouddhiste qui leur fournira des livrets plus détaillés, ainsi que la possibilité de suivre des enseignements auprès de maîtres qualifiés. Mise en garde : les différentes pratiques chamaniques qui vont être abordées ici ne peuvent être appliquées que par des praticiens avertis, dûment formés, et soutenus par leurs esprits tutélaires. Ce livre ne se veut pas être un manuel d’initiation. On ne peut s’improviser chamane sans désagréments préjudiciables pour la bonne marche sur ce chemin spirituel. Je recommande aux néophytes de commencer par un stage de méthodes qu’ils pourront trouver sur mon site, par exemple : http://tradition-chamanisme.monsite-orange.fr/.

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PREMIÈRE PARTIE À LA RENCONTRE DE LA SOURCE



1 – CHAMANISME

Le chamanisme est une tradition très ancienne dont les racines plongent très profondément dans le passé préhistorique de l’humanité. Les anthropologues estiment son âge à plus de 50 000 ans, soit l’époque d’Énoch et le début du kototama3. Les pratiques chamaniques se retrouvent dans tous les continents, sous des formes très semblables malgré les différences de cultures et de lieux. C’est ainsi que Michael Harner, célèbre anthropologue américain formé auprès de différentes tribus, eut l’idée d’enseigner, au sein de sa fondation FSS (Foundation for Shamanic Studies), ce qu’il nomme le core shamanism, c’està-dire le « cœur du chamanisme ». Le fond des pratiques est le même, seule la forme varie selon les régions. Le mot « chamane » vient du mot saman de la tribu des Tungus en Sibérie. Le chamane est un homme ou une femme-médecine qui soigne, exerce des divinations, enseigne, pratique le respect de la nature et pratique des rituels. Ce n’est ni un sorcier, comme don Juan Matus, maître de Carlos Castaneda, ni un prêtre. Il travaille toujours avec ses esprits tutélaires que sont ses animaux de pouvoir ainsi que ses guides ou maîtres spirituels 3

Voir chapitre 4, « Reiki et enersense ».


qu’il rencontre dans le domaine spirituel de la réalité, aussi appelé « réalité non ordinaire », RNO en abrégé. Pour cela, il entre dans un état de conscience modifiée, ou état de conscience chamanique (ECC), au moyen de battements de tambour. À ce moment-là, la vibration de ses ondes cérébrales passe de l’état ordinaire bêta à alpha puis thêta4. Il réalise alors ce qui s’appelle un « voyage chamanique ». Concernant celui-ci et contrairement à certaines personnes, je n’utilise pas, pour le qualifier, le mot « transe » dont la définition du dictionnaire Larousse est : « Affres, crainte. État du médium dépersonnalisé comme si un esprit étranger s’était substitué à lui », ce qui suggère des peurs et une quelconque possession. Or, ces états ne sont pas de mise dans notre tradition, celle que Michael Harner fit connaître largement dès les années 60. Je préfère utiliser le mot « extase », ainsi défini : « État dans lequel une personne se trouve transportée hors de soi et du monde sensible. État dans lequel l’âme a le sentiment qu’elle communique avec un objet interne qui est l’être parfait, l’être infini, Dieu ». Le voyage chamanique n’est pas une décorporation. Le chamane est toujours dans son corps et, comme il fait partie du Tout, comme tout le monde, il peut communiquer avec tous les esprits. L’expression « transportée hors de soi » signifie transportée hors de son ego et non pas hors de son corps physique. En voyage chamanique, le chamane se situe sur deux niveaux de conscience simultanément et peut donc commenter son voyage tout en le faisant, ou, tout au moins, rester conscient de la réalité ordinaire (RO), tout en étant dans la réalité non ordinaire (RNO). Il est comme un funambule en équilibre et peut passer rapidement de la RO à la RNO et vice versa. En RNO, le chamane obtient, de la part de ses esprits, de 4

Voir chapitre 12, « Glossaire » : ondes cérébrales.


l’aide, des informations et du pouvoir pour aider d’autres personnes, vivantes ou défuntes, la planète et aussi pour son propre développement personnel. Le chamane considère trois mondes : – Le monde d’en bas est représenté dans les profondeurs de la Terre qui supporte notre incarnation. Nous y trouvons nos animaux totems, ou animaux de pouvoir, qui reflètent certains aspects de notre propre nature divine. Ils nous apportent du pouvoir sous forme énergétique et nous protègent. En perdre un peut entraîner une maladie physique ou émotionnelle. Ils nous aident aussi à comprendre l’interdépendance énergétique de toutes choses, animées ou non, et nous font connaître le monde en tant que manifestation du sacré. Selon ma compréhension, ils sont la manifestation de notre esprit pur logé en notre chakra du cœur. – Le monde d’en haut est peuplé, entre autres, de nos guides ou maîtres spirituels. Ce sont eux qui nous inspirent, nous conseillent, nous enseignent et nous protègent aussi. Ils sont souvent de grands maîtres spirituels de toutes traditions, ou des ancêtres. – Le monde du milieu est celui dans lequel nous vivons avec tous les autres esprits, qui sont notamment les esprits des pierres, les esprits des plantes et des arbres, les esprits de la nature avec Pan, leur dieu, les esprits des lieux, du vent, des nuages, etc. Car, en effet, les chamanes considèrent que tout ce qui a une forme ou une substance a un esprit : montagnes, étoiles, maisons, voitures, machines, etc. En fait, ces trois mondes ne sont pas localisés quelque part dans l’espace mais correspondent à différents niveaux de conscience. Descendre dans le monde d’en bas revient à se rapprocher de notre chakra du cœur, de notre esprit pur. Imaginer, pour cela, que nous descendons dans un trou ou une grotte dans la Terre est un moyen habile pour amener notre conscience à s’intérioriser,


ce qui nous permet de contacter les manifestations de notre esprit pur, logé dans notre chakra du cœur. Monter dans le monde d’en haut équivaut à une expansion de conscience au niveau de notre corps spirituel pour contacter les autres esprits sensibles, dans le Tout. Et le monde du milieu est intermédiaire, celui dans lequel nous vivons dans notre réalité ordinaire. Les soins chamaniques opèrent au niveau du corps spirituel, en parallèle aux soins des corps physique et émotionnel. Ils sont très puissants car agissent à la source des problèmes. Au-delà des soins pour les autres et pour la planète, des divinations et rituels qu’il propose, le chamane travaille avec ses esprits tutélaires pour son propre développement personnel et spirituel. En ce sens, le chamanisme est un véritable chemin spirituel. Selon Marielu Lörler, dans « Guérisseurs chamanes » : « Ce qui distingue les chamanes des sorciers ou des guérisseurs ou des homme-médecine est l’extase. Les autres ne font pas l’expérience de l’entrée du corps dans l’autre monde. Ils ont une expérience spirituelle qui est de l’ordre de l’imaginaire. Ils ont besoin pour leur travail de l’aide d’entités de l’autre monde. (Guides et animaux de pouvoir). La différence est que le chamane ne fait plus qu’un avec ces entités lors des séances de chamanisme, tandis que les autres appellent ou implorent ces entités qui leur font parvenir des images ou des signes leur indiquant la marche à suivre. » Voilà pourquoi nous ne disons pas que nous sommes des chamanes mais des praticiens chamaniques ou des hommesmédecine. Les pratiques de métamorphose, que nous verrons au chapitre 11, sont propres à nous élever au statut de chamane durant la métamorphose. Un vrai chamane reste dans cet état métamorphosé, à la fois dans la RNO et dans la RO.


Il est bon de pratiquer le chamanisme dans la nature où la pollution énergétique est plus faible et où il est plus facile de travailler avec les esprits de la nature, des arbres, des plantes et des pierres. Chaque élément de la nature qui existait avant la venue des hommes dégage une énergie subtile ayant des vertus curatives. On peut utiliser les éléments naturels (pierres, écorces, feuilles, etc.) pour constituer une Roue de médecine avec les huit directions et faire des soins en son centre. Les Roues de médecine sont semblables aux mandalas, utilisés aussi bien par les Amérindiens que par les bouddhistes et qui représentent les lieux où vivent les déités (leurs Terres pures). Une Roue de médecine représente le mandala de l’Univers. Mandalas et Roues de médecine sont des lieux sacrés, en harmonie avec le divin et à haute énergie, favorables aux soins et à la méditation. Inversement, partout où l’homme apporte la dysharmonie, on parlera de « profanation ». Le chamane honore ses esprits tutélaires ainsi que tous les esprits avec lesquels il travaille en manifestant leur essence dans la réalité ordinaire dans laquelle nous vivons. Il peut danser ses animaux de pouvoir, chanter des chants ou des mantras qui lui sont donnés par les esprits des éléments ou de la nature, peindre les visions qu’il a eues en voyage chamanique. De nos jours, ces pratiques continuent de se perpétuer grâce aux transmissions des indigènes sur tous les continents ainsi que grâce aux enseignements retrouvés lors de voyages chamaniques, auprès des esprits des anciens chamanes qui vivaient sur nos territoires plusieurs siècles auparavant, comme par exemple les Celtes. Dans nos sociétés modernes, il est tout à fait indiqué de pratiquer le chamanisme dans notre vie quotidienne, dans nos activités professionnelles, dans nos relations familiales ou de


voisinage, dans nos voyages en réalité ordinaire, lors desquels nous pouvons contacter les esprits des villes et des lieux que nous rencontrons. Ceci permet d’intégrer pleinement notre pratique spirituelle et de vivre pleinement notre vie quotidienne. Et enfin, dans notre tradition chamanique, il n’y a rien qui soit négatif, il n’y a pas d’esprits bons ni d’esprits malfaisants. Ceci serait du domaine de la dualité qui nous renvoie à notre ego et à notre ignorance fondamentale de notre nature spirituelle pure. Il peut y avoir des esprits qui ne soient pas à leur place et qui causent du tort à d’autres, auquel cas le chamane peut, en toute éthique, y remédier s’il en a reçu la demande. Puisque nos voyages chamaniques reposent sur notre intention, et comme celle-ci est claire, pure et ne vise que l’harmonie de la Terre et des êtres qui l’habitent, nos esprits tutélaires qui nous aident et nous protègent vont tout faire pour qu’il en soit ainsi. À mon sens, ceux qui, lors d’expériences de conscience modifiée, voient des choses effrayantes (démons, êtres répugnants et agressifs) font, en fait, l’expérience de rencontrer leurs « démons intérieurs ». Ceci peut arriver avec la prise de plantes hallucinogènes. Il s’agit alors plutôt de psychothérapie induite par l’esprit de la plante. Et ceci n’a rien de mauvais ; c’est juste qu’il faut bien comprendre ce qui se passe et, dès lors, travailler avec ces « démons intérieurs ». Voici une autre présentation du chamanisme par le chef des Nez-Percés qui s’appelait Hin-mah-too-yah-lat-kekht et vécut aux États-Unis d’Amérique de 1840 à 1904. Dans cette lettre que je retranscris, il répond au président des États-Unis de cette époque qui lui proposait de racheter leurs terres : « Le Chef Joseph au Grand Chef blanc. Si nous ne possédons pas la fraîcheur de l’air et le scintillement de l’eau, comment pourriez-vous les acheter ? Chaque parcelle de cette terre est sacrée pour mon peuple. Chaque


aiguille luisante de pin, chaque pente sablonneuse, chaque brume dans les bois sombres, chaque clairière et chaque insecte bourdonnant est sanctifié dans la mémoire et l’expérience de mon peuple. La sève qui coule à travers les arbres porte la mémoire de l’homme rouge. Les morts de l’homme blanc oublient le pays de leur naissance quand ils vont marcher parmi les étoiles. Nos morts n’oublient jamais cette belle terre, car elle est la mère de l’homme rouge. Nous faisons partie de la terre et elle fait partie de nous. Les fleurs parfumées sont nos sœurs ; le daim, le cheval, le grand aigle, ce sont nos frères. Les crêtes rocheuses, les essences des prairies, la chaleur corporelle du poney et de l’homme font toutes partie d’une même famille. Aussi, quand le Grand Chef à Washington nous fait savoir qu’il veut acheter notre terre, il demande beaucoup de nous. Le Grand Chef nous fait dire qu’il nous fera réserver une place afin que nous puissions vivre confortablement parmi les nôtres. Il sera notre père et nous serons ses enfants. Nous considérons donc votre offre d’acheter notre terre. Mais ce ne sera point chose facile car cette terre est sacrée pour nous. L’eau brillante qui coule dans nos ruisseaux et nos rivières n’est pas seulement de l’eau, c’est le sang de nos aïeux. Si nous vous vendons de la terre, vous devrez vous rappeler qu’elle est sacrée. Et vous devrez enseigner à vos enfants qu’elle est sacrée et que chaque reflet spectral de l’eau claire des lacs conte des événements et des souvenirs de la vie de mon peuple. Le murmure de l’eau est la voix du père de mon père. Les rivières sont nos sœurs, elles assouvissent notre soif. Les rivières portent nos canoës et nourrissent nos enfants. Si nous vous vendons cette terre, vous devrez vous rappeler et enseigner à vos enfants que les rivières sont nos sœurs et les vôtres, et vous devrez dorénavant montrer aux rivières la bienveillance que vous montreriez à n’importe quel frère. Nous savons que l’homme blanc ne comprend pas notre façon de vivre. Pour lui, une partie de la terre est la même qu’une autre, car il est un étranger qui vient dans la nuit et prend de la terre ce dont il a besoin. La terre n’est pas sa sœur mais


son ennemie, et quand il l’a conquise, il poursuit son chemin. Il laisse derrière lui les tombes de ses pères, il ne s’en soucie point. Il kidnappe la terre de ses enfants, il ne s’en soucie point. La tombe de son père et le droit inhérent de ses enfants sont oubliés et il ne s’en soucie point. Il traite sa mère, la terre, et son frère, le ciel, comme des objets à acheter, à piller, à vendre, comme des moutons ou des perles de verre brillant. Son appétit dévorera la terre et il ne laissera derrière lui qu’un désert que je ne connais point. Notre façon de vivre est différente de la vôtre. La vue de vos cités fait mal à l’œil de l’homme rouge. Mais c’est peut-être parce que l’homme rouge est sauvage et ne comprend pas. Il n’y a pas d’endroit tranquille dans les cités de l’homme blanc, pas d’endroit pour entendre les feuilles s’ouvrir au printemps ou le bruissement des ailes d’un insecte. Mais c’est peut-être que je suis un sauvage et ne comprends pas. Le vacarme semble seulement insulter l’oreille. Et qu’est la vie si un homme ne peut entendre le cri solitaire de l’engoulevent ou les discussions des grenouilles autour d’un étang la nuit ? Je suis un homme rouge et ne comprends pas. L’Indien préfère le doux son du vent glissant rapidement sur la surface d’un étang et l’odeur même du vent, lavée par une pluie du midi ou parfumée par le pin pignon. L’air est précieux pour l’homme rouge, car toutes les choses partagent le même souffle : la bête sauvage, l’arbre, l’homme, tous partagent le même souffle. L’homme blanc ne semble pas s’apercevoir de l’air qu’il respire. Comme un homme mourant depuis plusieurs jours, il est inconscient de la puanteur. Mais, si nous vous vendons notre terre, vous devrez vous rappeler que l’air est précieux pour nous, que l’air partage son esprit avec tout ce qu’il fait vivre. Le vent qui donna son premier souffle à notre grand-père reçoit également son dernier soupir. Et, si nous vous vendons notre terre, vous devrez la séparer et la consacrer comme un lieu où l’homme blanc peut aller goûter le vent parfumé par les fleurs des prairies. Si nous décidons d’accepter, je poserai une condition : l’homme blanc devra traiter les bêtes sauvages de la terre comme ses frères. Je suis un sauvage et ne comprends aucune autre façon de vivre.


J’ai vu un millier de buffles pourrissant sur la prairie, abandonnés par l’homme blanc qui les a tirés d’un train qui passait. Je suis un sauvage et ne comprends pas comment le cheval de fer fumant peut être plus important que le buffle que nous ne tuons que pour survivre. Si toutes les bêtes sauvages venaient à disparaître, l’homme mourrait d’une grande solitude de l’esprit. Car ce qui advient de la bête sauvage advient bientôt de l’homme. Toutes choses sont liées. Vous devez apprendre à vos enfants que la terre sous leurs pieds est la cendre de nos aïeux. Afin de leur faire respecter la terre, dites à vos enfants que la terre est riche de la vie de vos parents. Enseignez à vos enfants ce que nous avons enseigné aux nôtres – que la terre est notre mère. Ce qu’il advient à la terre advient aux fils de la terre. Si les hommes crachent sur la terre, ils crachent sur eux-mêmes. Ceci, nous le savons. Toutes choses sont liées comme le sang qui unit une famille. L’homme n’a pas tissé la toile de la vie, il n’est qu’un fil de cette toile. Ce qu’il fait à la toile, il le fait à lui-même. Même l’homme blanc, qui marche avec son Dieu, qui parle avec lui d’ami à ami, ne peut échapper à la destinée commune. Peut-être sommes-nous frères après tout. Nous verrons. Il y a une chose que nous savons et que l’homme blanc découvrira peut-être un jour, notre Dieu est le même Dieu. Vous croyez maintenant que Dieu vous appartient comme vous désirez que notre terre vous appartienne, mais cela ne se peut pas. Dieu est le Dieu de l’homme et sa compassion est la même pour l’homme rouge que pour l’homme blanc. La terre lui est précieuse et nuire à la terre, c’est mépriser son Créateur. Les Blancs aussi viendront à passer, peut-être même plus tôt que toutes les autres tribus. Contaminez votre lit et, la nuit, vous suffoquerez dans vos propres immondices. Mais, dans votre mort même, vous resplendirez, mis à feu par la force de Dieu qui vous a mis sur cette terre et qui, pour quelque dessein particulier, guide votre domination sur cette terre et sur l’homme rouge. Cette destinée est un mystère pour nous, car nous ne comprenons pas que tous les buffles soient massacrés, tous les chevaux sauvages domptés, les coins secrets de la forêt lourds de l’odeur d’une multitude


d’hommes et la vue des collines fleuries bloquée par les fils parlants. Où est le fourré ? Disparu. Où est l’aigle ? Disparu. La fin de la vie et le commencement de la survivance…


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2 – BOUDDHISME

Lorsque nous parlons de bouddhisme, il s’agit des enseignements du Bouddha Shâkhyamuni, émanation terrestre du Vainqueur Amitabha5 environ 500 ans avant Jésus-Christ. Il est aussi connu sous le nom de prince Siddhârta. Il enseigne que nous avons tous, sans exception, la nature de bouddha. Nous n’avons donc pas à devenir bouddhas puisque nous le sommes déjà. Il suffit seulement de retirer les voiles à cette connaissance perdue depuis des temps infinis. Ceci constitue l’ignorance qui est à la base du samsâra (cycle des différentes incarnations) dans lequel nous avons développé un ego auquel nous nous identifions à tort et qui est différent à chaque incarnation. Cette ignorance innée consiste en la cristallisation de la conscience sur son objet jusqu’à l’hallucination d’une réalité extérieure. L’ego crée la dualité et se trouve à la base du désir que l’on éprouve pour les uns et de l’aversion Samantabhadra représente le Bouddha primordial dans le cadre de l’ordre nyingmapa. Il est sous la forme du dharmakaya (corps absolu) et révéla les tantras sous la forme de Vajradhara qui est son corps de gloire (sambhogakaya). Samantabhadra produisit par sa dynamique la manifestation des cinq Vainqueurs : Akshobya, Vairochana, Ratnasambhava, Amitabha, Amoghasiddhi. 5

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que l’on éprouve pour les autres. En découlent jalousie, colère, avidité, soucis et leur cohorte d’émotions négatives. Cette ignorance et ces émotions négatives engendrent trois types de souffrances : la souffrance de la douleur, la souffrance du changement et la souffrance omniprésente, due à notre existence conditionnée. Et ceci est valable pour tous les êtres qui vivent dans le samsâra. Un autre type d’ignorance est l’ignorance culturelle, conditionnée par la culture de notre peuple, dans laquelle les désirs et répulsions sont institués en système de valeurs et sont codifiés. Les premiers enseignements donnés par le Bouddha Shâkyamuni sont les quatre nobles vérités : la vérité de la souffrance, la vérité des causes de la souffrance, la vérité de la cessation de la souffrance et la vérité des causes de la cessation de la souffrance. En d’autres termes : « Rassurez-vous, votre souffrance et ses causes sont bien identifiées, elles peuvent cesser et il y a des solutions pour cela ! ». Au nom de notre ego, nous sommes amenés à commettre un certain nombre d’actes non vertueux : le meurtre, le vol, l’inconduite sexuelle, le mensonge, la médisance, les paroles injurieuses, les propos futiles, la convoitise, la malveillance et les vues erronées. Ainsi se crée le karma noir, le karma étant l’action mais aussi l’empreinte qu’elle laisse sur l’esprit à cause des perturbations mentales, et les effets de cette action. Le karma blanc se constitue à partir de toutes les bonnes actions que nous pouvons générer. Il contrebalance le karma noir. L’« empreinte » désigne le lien existant entre l’action et son résultat futur. Il y aura toujours un résultat futur, soit dans cette vie, soit dans une vie future. De par la mécanique implacable du karma, nous sommes amenés à nous réincarner dans un des six mondes identifiés par le bouddhisme : le monde des dieux, celui des demi-dieux, 34


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celui des humains, celui des animaux, celui des esprits avides et celui des enfers. La notion de karma, d’empreinte karmique et des six mondes d’existence cyclique sera développée dans la deuxième partie du livre, au chapitre 7, « Yoga du rêve ». Ainsi, dans la vision bouddhiste, il n’y a pas de Dieu créateur, unique et tout-puissant qui serait aussi le juge décidant de notre orientation après la mort. C’est le karma qui est en nous et que nous avons développé qui dirige notre vie et qui orientera notre destinée après notre mort. Et cette destinée dans les différents mondes n’est pas ailleurs qu’ici même. Cette destinée n’est que la manière que nous avons de voir les choses. Par exemple, un même bol d’eau sera vu par un esprit avide comme un bol de pus, par un humain comme un bol d’eau et par un bouddha comme un bol de pur nectar ! De même qu’une table en bois sera vue comme une table par un humain et comme un formidable fromage par un termite ! Nous avons tous en tête des images ou scènes lors desquelles des humains ont vécu et vivent encore ce que l’on pourrait appeler « l’enfer ». Les mondes supérieurs (dieux, demi-dieux et humains) sont ceux où l’on souffre le moins et les mondes inférieurs (animaux, esprits avides et enfers) ceux où l’on souffre le plus. Pour s’épargner le maximum de souffrances, il faut pratiquer les dix vertus, qui sont à l’opposé des dix « non-vertus » décrites plus haut : s’abstenir de meurtre, s’abstenir de vol, s’abstenir d’inconduite sexuelle, etc. Ainsi se crée le karma blanc. Cependant, ayant accumulé du karma noir depuis des temps sans commencement, les résultats seront très complexes. Aussi devons-nous purifier notre karma noir en utilisant les quatre forces d’opposition qui sont : le pouvoir du support (prise de refuge, que nous verrons au chapitre 5, « Appel des esprits aidants et prise de refuge »), la 35


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force du regret, la force du remède (faire des prosternations, réciter des mantras, lire des textes du Dharma, méditer sur la vacuité, réciter les noms des bouddhas, faire des offrandes aux Trois Joyaux et pratiquer la générosité) et, enfin, la force de la promesse de ne pas répéter ces actions négatives. Ceci est la voie de petite envergure qui permet d’avoir une incarnation dans les mondes supérieurs. Mais même les dieux, qui ont une vie très longue et jouissent de tous les plaisirs, finissent par mourir et, ayant épuisé tout leur karma blanc, peuvent chuter dans les mondes inférieurs. Ceci leur occasionne une très grande souffrance ! Ainsi donc, la seule issue pour échapper totalement aux souffrances passe par la réalisation de la vacuité, comprendre que toute vie dans le samsâra n’a aucune existence intrinsèque, que nous ne sommes pas cet ego que nous croyons être, mais un pur être de lumière. Nous devons le comprendre non seulement intellectuellement mais aussi l’expérimenter et, une fois que nous l’avons expérimenté en méditation par exemple, maintenir cette sensation et cette compréhension hors méditation, en permanence. Ceci nous fait sortir du samsâra et atteindre la bouddhéité ou l’éveil, de la même manière qu’au matin, en nous réveillant, nous sortons des rêves que nous avions pris pour la réalité. En réalisant ainsi l’inexistence du « soi », de notre ego et de la dualité, il n’y a plus de « soi » pour expérimenter les résultats karmiques et nous sommes hors samsâra et hors souffrances. C’est alors le nirvâna. Mais réaliser la vacuité, atteindre l’éveil, n’est pas chose facile ; pour faciliter cela, nous pouvons purifier tout le karma négatif, les perturbations mentales et les voiles à la connaissance par différentes pratiques de purification6. 6

Voir chapitre 7, « Purification ». 36


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Parallèlement, nous pouvons accumuler des mérites7, avoir une éthique pure et développer la sagesse qui perçoit la vacuité. Ceci est la voie de moyenne envergure qui permet d’atteindre la bouddhéité. En bouddhisme, existe aussi la voie de grande envergure, ou « grand véhicule », qui prépare à l’état de bodhisattva, celui qui fait le vœu de revenir dans le samsâra pour aider tous les êtres à atteindre l’éveil, après l’avoir atteint lui-même. Il refuse donc d’entrer dans le nirvâna mais, comme il a réalisé l’éveil, il n’est plus sujet aux souffrances du samsâra. Pour cela, le futur bodhisattva devra développer la bodhicitta (esprit d’éveil) qui passe par la compassion pour tous les êtres, ce qui signifie vouloir les libérer de la souffrance sans aucune discrimination. Il aura aussi à travailler sur les six pâramitâs : la perfection de la générosité, la perfection de l’éthique, la perfection de la patience, la perfection de l’effort joyeux ou la persévérance, la perfection de la concentration et la perfection de la sagesse8. Pâramitâ signifie « aller au-delà, transcender ». Pratiquer les pâramitâs permet de transcender l’état du samsâra et d’atteindre l’éveil. La générosité bien pensée, une bonne éthique et beaucoup de patience permettent déjà de jouir d’une vie heureuse dans le samsâra. La persévérance, la méditation et la sagesse permettent de sortir du samsâra. Mais aucune des cinq premières pâramitâs n’est une pâramitâ si nous la pratiquons sans un minimum de sagesse. Car c’est la sagesse qui leur donne leur qualité transcendantale. Voir chapitre 8, « Offrandes et obtention de mérites ». Voir La voie vers l’éveil dans le bouddhisme tibétain de Guéshé Acharya Thubten Loden. 7 8

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Chaque pâramitâ est l’antidote d’une émotion négative. La générosité est l’antidote de l’avarice et de l’avidité qui, au moment de la mort, nous propulsent vers le monde des esprits avides. Une bonne éthique est l’antidote de tous les actes dont il faut s’abstenir. La patience est l’antidote de la colère et de la haine. La persévérance est l’antidote de la paresse. La concentration et la sagesse sont les antidotes de l’ignorance. Le Dharma est l’enseignement du bouddhisme. Il est constitué de soûtras, les recueils en sanscrit des enseignements oraux du Bouddha Shâkyamuni, et de tantras, qui sont des pratiques amenées par Padmasambhava. Ces dernières sont basées sur l’identification avec des déités, comme Avalokiteshvara (Chenrézy), Padmasambhava, Vajrasattva ainsi que d’autres, et la récitation de leur mantra respectif. La pratique des tantras est très purifiante. Avant sa mort, Bouddha Shâkyamuni avait prédit que Padmasambhava, « Né-du-Lotus », viendrait pour enseigner les tantras. Ces enseignements se retrouvent dans cinq écoles différentes, mais l’essence des enseignements est la même. Il s’agit de : – Nyingmapa : la plus ancienne des traditions du bouddhisme tibétain, adaptation du vajrayana (ou bouddhisme tantrique) à la culture tibétaine. Elle reprend certains textes du chamanisme bön, religion traditionnelle tibétaine. Ses différentes lignées remontent à Padmasambhava, fondateur du vajrayana, qui, selon une des traditions, apporta le bouddhisme au Tibet. – Shâkyapa : fondée en 1073, c’est l’un des trois courants sarmapa, issus d’une nouvelle vague de traductions de sanscrit en tibétain, venus concurrencer le bouddhisme ancien nyingmapa. Les principales pratiques tantriques sont les tantras de Hevajra, de Chakrasambhara (Heruka) et de Mahakala. – Kagyüpa : elle a été créée au XIe siècle, à partir d’enseignements indiens, et s’est rapidement divisée en de nombreuses branches, dont quatre restent notables au XXIe siècle. Les plus importantes 38


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sont les branches karma-kagyu, la mieux implantée en dehors des régions himalayennes, avec à sa tête le Karmapa, et droukpakagyu, religion officielle du Bhoutan. Drikung-kagyu et talkungkagyu sont deux branches moins développées. Shangpa-kagyu, une branche parallèle disparue au XVIe siècle, a refait surface au XIXe siècle. La tradition kagyu fut la première à transmettre l’enseignement du mahamoudra, dont les instructions proviennent des maîtres indiens Saraha, Tilopa et Naropa. Le mahamoudra fut adopté ultérieurement à l’intérieur du courant gelugpa à l’initiative du 4e Panchen-Lama, Lobsang Chökyi Gyaltsen (1570-1662), donnant naissance à la tradition ganden-kagyu. – Gelugpa : la plus jeune tradition gelug fut fondée par Lama Tsongkhapa (1357-1419), à partir des traditions de l’époque, en particulier kadampa dont gelug a repris le nom (« nouveau kadampa »). Elle visait à subordonner les pratiques tantriques à la formation textuelle de base (soûtras et philosophie) et prônait un célibat strict, à savoir le monachisme. – Bön Yung-drung : tradition spirituelle prébouddhiste et rattachée aux quatre écoles précédentes par Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama. « Les enseignements qu’on trouve dans la branche Bön-po tirent leur origine du Bouddha Tenpa Shenrab, qui apparut à l’époque préhistorique en Asie Centrale. Bön signifie enseignement ou Dharma et Yung-drung ce qui est éternel, ou indestructible. Yung-drung est souvent symbolisé par un svastika orienté à gauche, symbole de l’indestructibilité des enseignements bön, tout comme le diamant symbolise les enseignements du bouddhisme tantrique./… Le Bön Yung-drung est aussi connu sous le nom de « Nouveau Bön ». Lopon Tenzin Namdak distinguent deux étapes dans le développement du Bön. La première est celle du très ancien « Vieux Bön », ou « Bön Primitif », qui est analogue au chamanisme de l’Asie du Nord, la seconde celle du Bön Yung-drung qui a ses

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racines dans l’enseignement du Bouddha Tenpa Shenrab. (« Le yoga du rêve » de Namkhai Norbu Rinpoché, p.47)

Chacune de ces écoles dispense trois enseignements distincts : – Dans le premier, l’hinayana, appelé aussi le « petit véhicule », les pratiquants souhaitent atteindre l’éveil pour être libérés de leur propre souffrance. Pour cela, ils visent à faire cesser leurs émotions perturbatrices. – Dans le deuxième, le mahayana, dit « grand véhicule », fondé sur la compassion, les pratiquants souhaitent atteindre l’éveil pour le bien de tous les êtres. Ils ne font pas cesser leurs émotions perturbatrices mais les transforment. Ils s’engagent ainsi sur la voie des bodhisattvas. – Dans le troisième, le vajrayana, « véhicule de diamant », ou mantrayana, « véhicule des mantras », les pratiquants intègrent les enseignements des deux premiers véhicules. Il se caractérise par l’utilisation de méthodes spécifiques destinées à permettre aux pratiquants d’obtenir plus rapidement l’éveil. Grâce à des moyens habiles, les pratiquants transmutent les émotions perturbatrices en reconnaissant leur essence vide. Un des principaux obstacles à l’éveil vient de notre ego qui cherche à adopter une attitude et des pensées qui nous font croire que nous sommes très spirituels, que nous sommes déjà arrivés. Dans la deuxième partie du livre, au chapitre 2, « Vacuité », nous verrons les critères qui nous permettront de juger de notre véritable avancement.

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3 – DZOGCHEN

Le dzogchen, voie de la Grande Perfection, est considéré comme l’enseignement suprême de la tradition nyingmapa, la plus ancienne et ésotérique des écoles du bouddhisme tibétain. On le retrouve aussi dans la tradition bön dont l’origine remonte à plusieurs milliers d’années. Shenrab Miwoché, né en 1856 avant Jésus-Christ, réforma et synthétisa les divers courants böns de l’époque et introduisit la plus ancienne forme connue d’enseignement du dzogchen. Un tantra du dzogchen, le « Dra Thelgyour Tsaway Gyü », dit que l’on peut trouver les enseignements dzogchen dans treize autres systèmes solaires. Il n’appartient donc pas à la seule planète Terre mais il a été transmis dans la culture du Tibet depuis l’aube de son histoire. Ces enseignements sont longtemps restés secrets. Sa Sainteté le Ve Dalaï-Lama lui-même pratiquait le dzogchen en secret. L’ouverture du Tibet au monde occidental, suite à l’invasion chinoise au milieu du XXe siècle, aura grandement contribué à sa large diffusion. Le dzogchen conduit à appréhender directement notre véritable nature, à atteindre la transparence totale de l’esprit et à maintenir cet état de clarté dans la vie quotidienne. Il permet de faire l’expérience de l’unité du samsâra et du nirvâna. 41


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Pour cela, le dzogchen propose deux pratiques principales : – La première est le guru yoga9 (yoga du maître), qui permet une grande purification et permet de recevoir les bénédictions d’un grand maître comme Padmasambhava10 ou Garab Dorjé11. – La deuxième est une méditation qui commence comme shamatha12 (shiné en tibétain) avec fixation sur un objet pour apaiser le mental, puis continue sans objet en fixant un point dans l’espace, pour aboutir à la contemplation. Celle-ci est le résultat d’une concentration simultanée sur trois points : nos yeux, le point dans l’espace et notre esprit semblable à celui de la déité choisie dans le guru yoga. Notre esprit est représenté par la lettre sanscrite « HA », dans notre cœur. À ce moment-là, on dit que le méditant libère shiné en se « retournant » pour observer celui qui observe. Il expérimente alors un état de présence comme s’il entrait dans l’espace et que le ciel qu’il voit faisait partie intégrante de son propre état de conscience, de façon à ce qu’aucune perception d’un sujet et d’un objet ne subsiste. Sa conscience se libère ainsi de l’ego et de la dualité. Lorsque, dans l’état de contemplation, des pensées s’élèvent, nous sommes conscients qu’elles s’élèvent de la vacuité et qu’elles sont le Voir chapitre 9, « Soins aux autres » : soins en bouddhisme. Au VIIIe siècle, l’abbé Shantarakshita eut pour mission d’apporter le Dharma au Tibet. Des démons malfaisants et des esprits locaux hostiles s’opposaient au Dharma. Il fit appel à Padmasambhava, aussi nommé « Né-du-Lotus » ou encore « le second Bouddha », qui réussit à les réduire et ceux-ci se convertirent au bouddhisme et devinrent les protecteurs du Dharma. C’est alors que Padmasambhava enseigna les tantras bouddhistes. 11 Garab Dorjé, né en 320 ou en 715 av. J.-C. selon les différentes sources, reçut la transmission du dzogchen par un contact visionnaire direct avec le sambhogakaya de Vajrasattva, lequel en aurait reçu la transmission directe du Bouddha primordial Samantabhadra. 12 Voir les méditations au chapitre 6, « Bardo naturel de cette vie et bardo de la méditation », de la deuxième partie du livre. 9

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mouvement de notre esprit pur. Elles ne nous dérangent plus et nous les laissons partir, restant dans la contemplation. Tout l’art consiste à maintenir cet état de contemplation dans la vie quotidienne13. D’autres pratiques permettent de faire des offrandes (puja) ou des purifications, comme la pratique de tchoed que nous verrons dans le chapitre 7, « Purification ». Longchenpa, dans son livre « La liberté naturelle de l’esprit » précise, page 73 : « Selon la doctrine des trois corps, le Bouddha s’est manifesté en trois dimensions. Au niveau du corps absolu (Dharmakaya), il n’est autre que Samanthabadra et son enseignement est le Dzogchen. Au niveau du corps de jouissance (Sambhogakaya), il apparaît sous la forme de Vajradhara et enseigne le tantrisme. Enfin, au niveau du corps d’émanation (Nirmanakaya), il se manifeste sous la forme du Bouddha Shakyamouni pour enseigner les voies ordinaires des sutras. » Voir deuxième partie, chapitre 4 (Constitution du corps subtil, base du corps physique) pour plus d’explications sur les trois corps. Toujours dans « La liberté naturelle de l’esprit », page.26 et 27, Longchenpa résume ainsi : « La voie du Dzogchen commence là où la plupart des chemins spirituels s’achèvent : partout ailleurs, le pratiquant reçoit d’abord des instructions pour pratiquer, puis progressivement va purifier son esprit et affiner sa réalisation, jusqu’à ce qu’il réalise vraiment ce qu’est la nature de l’esprit. Voir Une introduction à la pratique de contemplation de Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché. 13

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Dans le Dzogchen, il faut commencer par saisir la vue, après quoi on l’élargit par la pratique de la méditation, avant de l’intégrer dans la vie quotidienne par l’action. » « Le Dzogchen propose ainsi une voie directe dénuée de rituels et de religiosité, applicable à tout instant et en n’importe quel lieu. Ce souci d’efficacité en fait un moyen extraordinaire pour libérer l’homme moderne de ses contraintes internes sans pour autant l’isoler de sa vie sociale. Rien ne distingue en effet de l’extérieur un pratiquant Dzogchen d’un citoyen ordinaire. Le maître mot de ce chemin est l’intégration : intégration de la pratique dans le quotidien et du quotidien dans la vue. Le yogi moderne ne saurait en effet se couper de la société sans s’enfermer dans une marginalité schizophrénique qui n’a rien à voir avec la réalisation spirituelle. Celle-ci demande une attitude ouverte à tout et à tous. Voilà pourquoi beaucoup de Maîtres dzogchen préconisent une alternance de retraites courtes destinées à l’établissement d’une solide pratique et de périodes d’intégration où le yogi injecte sa compréhension dans la vie quotidienne. Lignée Dzogchen : Samanthabadra / Vajrasattva / Garab Dordgé (émanation de Vajrasattva sous forme humaine) / Manjushrîmitra / Shrî Simha /Jnâna Sûtra / Vimalamitra

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4 – REIKI ET ENERSENSE

Au XXe siècle, un moine bouddhiste japonais de tradition shingon, Mikao Usui, a étudié les pratiques tantriques qui permettent d’obtenir de grandes réalisations et de grands pouvoirs spirituels. À partir de ceux-ci, il est possible de soigner les autres en transmettant une haute énergie avec les mains ou le souffle. C’est ainsi que pratiquaient Bouddha Shâkyamuni et Jésus-Christ. Désireux de pouvoir partager ces pouvoirs avec le plus grand nombre de laïcs qui n’ont pas la possibilité de faire de longues retraites dans les monastères, il décida de faire une retraite de 21 jours en jeûnant sur le mont Kurama, près de Kyoto, où il pratiqua la méditation buddho qui est un guru yoga, en utilisant la déité Kannon qui n’est autre qu’Avalokiteshvara pour les Japonais. Au bout de 21 jours, il reçut une bénédiction divine qui lui permit très certainement d’atteindre l’éveil et lors de laquelle il eut la vision de quatre symboles qui allaient lui permettre de développer une technique qu’il appela reiki. Les trois premiers symboles sont en lien avec le mantra et le yantra du guru yoga qu’il utilisa pour sa méditation ; le quatrième est relié aux pratiques tantriques du feu intérieur. Ces symboles lui servirent ensuite à développer les initiations reiki qui sont au nombre de trois. Selon l’expression de patrice Gros, on pourrait dire 45


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que le Reiki est un Terma de guérison, trouvé par Mikao Usui. Le reiki est une technique énergétique d’imposition des mains qui permet aux personnes qui en ont reçu l’initiation de transmettre l’énergie universelle aux êtres en demande, ou à soi-même par des autotraitements. Cette énergie universelle n’est rien d’autre que l’énergie des bouddhas, leur pur nectar, ainsi que l’énergie de notre esprit pur, ou Être authentique, situé dans notre chakra du cœur. Ceci peut se faire après une initiation et un enseignement de deux jours, pour le premier degré de reiki. Il n’y a pas de dualité, il n’y a pas nous et l’énergie universelle ; nous sommes l’énergie universelle. Grâce aux initiations, nous devenons capables de transmettre cette énergie inépuisable sans épuiser notre propre corps physique, car nous transmettons à partir de notre centre, notre bouddha intérieur, et non pas à partir de notre ego et de notre corps physique. Avec cette transmission énergétique, les praticiens reiki peuvent ensuite amorcer la guérison chez leurs patients, de la même manière que les moines bouddhistes qui utilisent des pratiques tantriques. Les symboles reiki, qui sont dorénavant en eux et qui sont le prolongement de mantras et yantras, leur permettent de se relier avec cette énergie universelle, avec le cœur. Le deuxième degré leur permet de travailler avec les trois premiers symboles qui permettent un travail plus puissant, plus ciblé sur le mental et l’émotionnel, et de se relier d’esprit à esprit pour, par exemple, envoyer de l’énergie à distance à une personne qui en a fait la demande. Avec ces symboles, les personnes initiées peuvent réaliser des traitements mentaux pour lever les blocages mentaux et émotionnels, pour eux-mêmes ou pour les autres. Ils peuvent aussi pratiquer des régressions karmiques pour résoudre des problèmes dont la source se trouve, parfois, dans des vies antérieures. Il s’agit donc d’outils extrêmement puissants. 46


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Le troisième degré enseigne le quatrième symbole qui est utilisé pour les initiations et avec lequel le nouveau maître reiki pourra continuer son évolution spirituelle. Nous trouvons plusieurs lignées dans le reiki, et le plus grand nombre d’initiés sont issus de lignées passant par Mikao Usui, Chujiro Hayachi et Hawayo Takata. Hawayo Takata était américaine et a été initiée jusqu’à la maîtrise par Chujiro Hayachi, juste avant que ne dégénère le conflit nippo-américain des années 39-45. Chujiro Hayachi craignait pour la survie du reiki qui était alors limité à l’île du Japon, et il pensait qu’avec Hawayo Takata aux États-Unis, le reiki pourrait s’y développer et survivre. C’est d’ailleurs ce qui arriva. Cependant, en observant les enseignements en provenance de lignées purement japonaises, nous constatons quelques variantes. Il semblerait que Chujiro Hayachi n’ait point transmis l’aspect méditation qui, au Japon, est très important car issu de la tradition bouddhiste shingon. Peut-être pensa-t-il qu’en 1939, le monde occidental n’était pas encore prêt pour des pratiques de la tradition bouddhiste ? Parmi les lignées japonaises, nous trouvons enersense, un enseignement directement issu des pratiques tantriques du bouddhisme et transmis par Ranga Premaratna. La lignée en est : Mikao Usui, Chujiro Hayachi, Vénérable Takeushi, Sensei Takamori et Ranga Premaratna, dernier de la lignée. Les quatre premiers maîtres de cette lignée sont tous de tradition bouddhiste. Vénérable Takeuchi était maître zen, et Sensei Takamori était moine bouddhiste, philosophe et professeur de méditation. La pratique d’enersense est construite autour du guru yoga de la tradition bouddhiste, plus précisément celle du mahayana. Elle permet de percevoir l’origine des symboles reiki et de transmettre ainsi l’énergie universelle de manière encore plus 47


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puissante. Enersense se pratique beaucoup en méditation, en récitant un mantra et en visualisant des déités. Ceci permet un développement personnel accru. À partir d’enersense, la lignée reiki a pour nom « Jin Kei Do ». Jin est la compassion, Kei la sagesse et Do la voie. Nous retrouvons les éléments de la bodhicitta, que nous avons vus dans le chapitre 2, « Bouddhisme ». Ainsi, la lignée Jin Kei Do est-elle plus proche du bouddhisme et des enseignements de Mikao Usui. Par la pratique de méditations et le travail sur le quatrième symbole reiki, nous avons la possibilité de réaliser la vacuité et, donc, d’atteindre l’éveil. En réponse à certains professeurs de hatha yoga qui prétendent que le reiki n’est pas une bonne pratique car l’initiation ne concerne que les chakras supérieurs, alors que les yogis « ouvrent » leurs chakras en commençant par ceux du bas, puis « ouvrent » ceux du haut en procédant méthodiquement du premier jusqu’au septième, le tout étalé sur plusieurs années, j’apporte les précisions suivantes : – Hors pratiques spirituelles, tous nos chakras « intérieurs » sont normalement fermés, et ceci ne nous empêche pas d’être en bonne santé, car ce sont nos chakras « extérieurs », ouverts, qui alimentent nos organes via nos canaux et nadis. Mais ceci nous maintient dans l’ignorance spirituelle14. – Toujours selon David Frawley, des pratiques de pranayama, de mantras et de méditations permettent l’ouverture des chakras « intérieurs ». Ceci permet ensuite à la kundalini, le feu intérieur situé à la base du canal sushuma, de monter le long du canal et de faire fondre le nectar de la goutte15 située au chakra du centre 14 15

Voir David Frawley dans son livre Yoga et ayurvéda. Nous verrons cela dans la deuxième partie, chapitre 4, « Constitution 48


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de la tête, ce qui provoque une grande félicité. Cette montée de kundalini purifie tout sur son passage, d’où la nécessité d’y aller progressivement en travaillant spirituellement et graduellement sur tous les chakras et sur les émotions associées. – En reiki, les initiations travaillent sur les chakras « intérieurs » supérieurs (n° 4, 5, 6 et 7), ainsi que sur les chakras des paumes des mains, ce qui nous donne accès à l’énergie du cœur, l’énergie universelle. Ceci ne provoque pas de montée de kundalini et, donc, aucun inconvénient, puisque justement nous ne touchons pas aux chakras inférieurs. Le travail sur les émotions et pensées perturbatrices se pratique surtout en reiki deuxième degré, avec le traitement mental et les méditations. – Selon ma compréhension, ce que David Frawley appelle « ouverture des chakras "intérieurs" » revient à dénouer les nœuds16 de canaux associés aux chakras. Mikao Usui était contemporain de l’empereur du Japon Meiji, qui était un homme très évolué en spiritualité, ainsi que dans différents arts, dont la poésie. À son mariage, la future impératrice amena en dot un document antique qui, miraculeusement, était la partie manquante d’un autre document antique que l’empereur possédait dans sa famille depuis des temps immémoriaux. Leur assemblage donna la clef qui permit aux calligraphes de la cour impériale de reconstituer ce que fut le kototama. Koto signifie « mot » et tama signifie « âme » ou « apparition de la lumière ». Kototama est donc le « mot de l’âme ». Il est dit, dans les documents de Takeuti17, que le principe du corps subtil, base du corps physique ». 16 Nous verrons cela dans la deuxième partie, chapitre 4, « Constitution du corps subtil, base du corps physique ». 17 Les documents de Takeuti (Japon), vieux de 3 500 ans, décrivent en détail les événements ayant marqué l’origine du monde actuel, 49


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du kototama serait le premier langage sacré de l’humanité, perfectionné 56 000 ans avant Jésus-Christ, soit environ à l’époque d’Énoch qui serait, selon toutes les traditions, le premier homme qui s’est redressé de la « chute de l’humanité ». Les premiers êtres apparus sur la Terre étaient des hommes-dieux qui communiquaient déjà entre eux avec le kototama, langage unique et sacré. Un jour, un kami (un « dieu » pour les Japonais), le 73e Sumela Mikoto nommé Yawé, décida que, pour expérimenter pleinement l’incarnation, il fallait se séparer du kototama et eut pour mission d’en cacher le principe. Ceci se passa environ 8 000 ans avant Jésus-Christ, soit après le Déluge qui est estimé à environ 10 000 ans avant Jésus-Christ. Ainsi, les cinq voyelles furent cachées auprès d’un peuple qui devint le peuple hébreu et les huit consonnes auprès d’un peuple qui devint le peuple celte. Ces consonnes sont en lien avec les huit fêtes celtiques. Mais, afin que ce langage sacré soit reconstitué un jour, une « clef » constituée de deux documents différents fut cachée dans un autre pays qui devint le Japon. La reconstitution du kototama eut donc lieu après le mariage de l’empereur Meiji, au XXe siècle. L’empereur Meiji mandata son calligraphe et son équipe pour aider à cette reconstitution, et c’est après les bombardements d’Hiroshima et de Nagasaki que les calligraphes impériaux, en la personne d’Oganawa, décidèrent qu’il était grand temps de rendre le kototama aux humains. L’idée de Yawé était que les êtres qui étaient en pleine conscience devaient s’incarner davantage pour expérimenter la matière, mais qu’après un certain temps d’expérimentation, et avant qu’il ne soit trop tard, ils puissent revenir à la pleine conscience, sur Terre. À partir du kototama, l’empereur Meiji composa des poèmes et plus particulièrement l’occultation du principe originel du son. 50


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(waka) possédant un grand pouvoir énergétique, afin que les personnes les lisant puissent élever le niveau vibratoire de leur conscience. À chaque rencontre avec ses étudiants, Mikao Usui (fondateur du reiki) leur faisait lire les poèmes de l’empereur Meiji à des fins de purification et pour élever leur conscience. De même devaient-ils réciter les cinq préceptes de Mikao Usui, en kototama. Leur traduction en anglais, puis en français leur fit perdre toute leur énergie originelle. Par contre, la langue japonaise est assez proche du kototama. Un autre grand contemporain de l’empereur Meiji, qui bénéficia du kototama, est Sensei Ueshiba. Ce dernier était déjà un grand maître des arts martiaux lorsqu’il découvrit le kototama. Il eut l’idée de donner à chaque son du kototama une représentation gestuelle. Et il créa ainsi ce qu’il nomma « aïkido ». À l’origine de cet art martial, chaque mouvement était accompagné du son kototama lui correspondant. Ceci explique pourquoi l’aïkido était si puissant. Par la suite, les descendants de Sensei Ueshiba décidèrent de ne plus prononcer les sons kototama lors de leurs pratiques d’aïkido. Le kototama est enseigné en France par Isabelle Padovani18, qui est aussi maître reiki. Il m’a semblé important de présenter ce chapitre « Reiki et enersense » car il fait partie intégrante du bouddhisme et il en est la partie qui soigne, ce que nous verrons au chapitre 9, « Soins aux autres ». De plus, l’histoire du kototama sera reprise dans la deuxième partie du livre, au chapitre 1, « Mythe de la création ».

Vous trouverez de plus amples informations sur son site : www.onsei-do.com. 18

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5 – APPEL DES ESPRITS AIDANTS ET PRISE DE REFUGE

En chamanisme, il est habituel de débuter les pratiques par un rituel de purification de soi-même, du lieu, des instruments (tambours et hochets) en faisant brûler de la sauge (ou bois de santal, lavande, romarin, cèdre, etc.), et nous allumons une bougie au centre du cercle des participants. Ce n’est pas spécialement la fumée de la sauge qui purifie, mais l’esprit de la plante qui est invoqué pour effectuer cette purification. Cette fumigation peut, au préalable, être dédiée aux esprits des six directions (est, sud, ouest, nord, en haut et en bas). Ensuite, nous faisons appel aux esprits aidants avec un tambour ou un hochet. Nous contactons ainsi les esprits des quatre points cardinaux et des éléments associés, du lieu, de la nature, du monde d’en haut (nos maîtres ou guides) et du monde d’en bas (nos animaux de pouvoir). Tous ces esprits vont nous protéger et nous guider dans notre mission. Leur présence apporte une haute énergie, favorisant nos voyages chamaniques. C’est aussi une manière de nous reconnecter au « Grand Tout » dont nous faisons partie et une manière de nous positionner dans notre propre pouvoir, celui de l’Être authentique. Ainsi, nous sommes parfaitement centrés, ancrés et en harmonie avec notre milieu. 53


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Dès lors, nous nous trouvons dans un espace sacré, propice au travail chamanique. Il est ainsi relativement facile de rendre sacré un espace. Nous pouvons trouver, à la surface de la Terre, des lieux avec des énergies variables selon les emplacements et les événements passés ; certains émanant naturellement une très bonne énergie, d’autres avec des énergies lourdes, que ce soit à cause du sous-sol ou d’événements passés. Mais, pour moi, la notion de lieu ou d’espace sacré est très différente. Elle est en lien avec notre Être authentique et notre rapport à cet espace. Un problème de sous-sol peut se corriger en géobiologie. Ensuite, il est nécessaire de s’harmoniser avec ce lieu. Par exemple, au début des années 2000, j’animais, à Paris, un cercle de tambour dans une salle en sous-sol qui était occupée, le jour, par des psychothérapeutes qui, de toute évidence, ne connaissaient pas l’énergétique. Le soir, nous retrouvions la salle dans une énergie très basse, lourde, chargée de tout ce que leurs clients avaient déposé ! Il nous fallait bien dix bonnes minutes de battements de tambour et d’invocation de tous nos esprits aidants pour remonter le niveau vibratoire et rendre cette salle propice aux voyages chamaniques. Généralement, la bougie, placée au centre du cercle des participants, est posée sur un tapis qui reçoit divers objets de pouvoir des différents participants : pierres, plumes, photos, animaux de pouvoir, etc. Ceci constitue l’autel chamanique. À la fin de la pratique, nous remercions tous les esprits qui nous ont aidés et protégés. Les cercles de tambour sont des réunions de praticiens chamaniques qui veulent recréer la vie de tribu perdue. En fin de réunion, j’ai coutume de proposer un envoi d’énergie à la Terre et à tous les esprits. Cet appel des esprits est très important car, sans eux, nous ne pourrions pas œuvrer efficacement dans le monde de la réalité non ordinaire. Si nous perdons leur contact lors d’un voyage 54


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chamanique, nous devons arrêter notre voyage, car nous ne serions plus soutenus ni protégés et le travail réalisé ne serait plus valide car cela laisserait la place à notre mental. Nous ne serions plus dans notre propre pouvoir mais dans celui, beaucoup plus limité, de notre ego. Ce sont nos esprits aidants qui œuvrent dans cette réalité non ordinaire ; les humains ne sont que le pont entre les deux réalités. J’ai d’ailleurs souvent constaté, lors des stages d’initiation, que des participants qui ont des difficultés pour rencontrer leur animal de pouvoir ont plus de facilité quand il s’agit de rencontrer celui de leurs partenaires pour le leur ramener, lors d’un exercice de soin. Ceci s’explique du fait que, dans ce second cas, le praticien chamanique a des souhaits de guérison pour autrui et que ces souhaits sont purs et donc exaucés par les esprits aidants. C’est ce que les bouddhistes appellent un « acte de bodhicitta ». De plus, certains blocages psychologiques ou émotionnels, lorsqu’il s’agit de rencontrer nos animaux de pouvoir, n’opèrent plus lorsqu’il s’agit de travailler pour les autres. En bouddhisme, toute pratique débute par une prise de refuge dans les Trois Joyaux : le Bouddha, le Dharma (ou enseignement bouddhiste) et la sangha, la communauté bouddhiste, auxquels nous pouvons ajouter le maître qui est le plus important car il représente Bouddha à notre niveau d’incarnation. Cette prise de refuge s’accompagne de trois prosternations. Ceci nous assure d’être protégés et aidés par les Trois Joyaux lors de nos études et pratiques bouddhistes. Ils écartent les obstacles de notre chemin. Tout en nous prosternant, nous récitons trois fois le mantra « OM HA HUM », suivi de : « Je prends refuge dans le Bouddha, le Dharma, la sangha afin d’atteindre l’éveil pour le bien de tous les êtres sensibles », en joignant les deux mains au niveau du front, de la gorge, puis du cœur. Ceci amène 55


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une purification de nos karmas négatifs en relation avec notre corps, notre parole et notre esprit. Prendre refuge est aussi une aspiration à atteindre l’éveil et, pour y arriver, il faut s’appuyer sur le Dharma et la sangha. En nous prosternant, nous pouvons aussi imaginer que nous nous prosternons devant notre propre bouddha intérieur que nous voulons révéler par notre étude du Dharma. Comme le dit le Sixième Patriarche, Houei-neng (638-713), dans Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade : « Les soûtras parlent de prendre refuge dans le Bouddha et non dans quelqu’un d’autre que vous qui serait le Bouddha. Vous ne trouverez refuge que dans votre propre état naturel. » Dans le rituel de préparation de l’autel, il est prévu des offrandes au Champ de mérites, constitué de bouddhas, de bodhisattvas, de dakas, de dakinis et de protecteurs du Dharma. Un encens est aussi offert à tous les esprits, dont ceux susceptibles de faire obstacle aux pratiques. En fin de pratique, avant de quitter la gompa19 ou l’autel, le pratiquant dédie les mérites de sa pratique à l’atteinte de l’éveil pour le bien de tous les êtres des six royaumes (dans le cas du mahayana) et effectue trois autres prosternations. Ceci clôt la pratique. Dans les deux traditions, nous voyons bien ce besoin d’être protégés et aidés dans nos pratiques. Dans les deux cas, il est clair, pour moi, que le travail ne peut vraiment se faire que par la volonté et la puissance des esprits invoqués ainsi que par notre connexion spirituelle avec eux. C’est aussi un moyen de retrouver notre pouvoir intérieur (animaux de pouvoir en 19

Une gompa est un monastère, ou temple, tibétain. 56


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chamanisme et bouddha intérieur en bouddhisme) et notre interconnexion avec le Tout. En bouddhisme, les bouddhas ont promis de tout faire pour nous aider à nous libérer du samsâra et font des prières en nombre incalculable ; aussi, la simple récitation des mantras correspondants, dédiés aux êtres des six royaumes, peut apporter des soulagements à chacun d’entre eux. Il est aussi important de penser, lors de la prise de refuge, à notre bouddha intérieur qui ne demande qu’à être révélé. Il est, lui aussi, très puissant. Et l’esprit d’une prise de refuge, en bouddhisme, n’est pas de nous soumettre aux Trois Joyaux, mais de les utiliser pour révéler notre propre bouddhéité. En chamanisme, le travail de soin que l’on peut faire sur autrui est surtout réalisé par nos maîtres et nos animaux de pouvoir. Le chamane n’est que l’intermédiaire, celui qui en fait la demande et met à disposition son corps pour que le soin ait lieu dans la réalité ordinaire. Il est le pont entre le monde non ordinaire et le monde ordinaire. De même qu’en reiki, nous ne transmettons pas notre énergie, mais l’énergie universelle, la lumière, l’énergie d’amour et de compassion de tous les bouddhas ainsi que de notre bouddha intérieur. Tout comme en bouddhisme nous cherchons à dévoiler notre bouddha intérieur, en chamanisme nous cherchons à nous rapprocher de notre Être authentique qui possède la sagesse. Penser en permanence à cela permet de tenir à distance notre ego spirituel qui voudrait volontiers s’attribuer le titre de « guérisseur ». Inversement, toute non-guérison apparente ne peut être attribuée au praticien, car seul le malade détient le pouvoir de guérir. Si sa volonté, ou son karma, est de ne pas guérir, personne ne pourra rien y faire, pas même les bouddhas ! Effectivement, nous conservons tous notre libre arbitre. 57


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• Aménagement des pratiques chamaniques Pour les praticiens chamaniques qui se sentent proches du bouddhisme, nous pouvons, lors de l’appel des esprits, outre notre maître spirituel, appeler les bouddhas, dakas et dakinis. D’ailleurs, ceux-ci sont très souvent des maîtres spirituels pour les praticiens chamaniques qui pratiquent ou ont pratiqué le bouddhisme.

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6 – CHOIX DES INSTRUMENTS

En chamanisme, le tambour est presque partout utilisé pour « soutenir » le voyage du chamane. Son rythme régulier rappelle le battement du cœur et, plus particulièrement, celui du fœtus à la quatorzième semaine (150 à 200 coups par minute) et aide le chamane à passer dans un état de conscience modifiée dans lequel il perçoit les esprits et communique avec eux. À ce moment-là, la vibration de ses ondes cérébrales passe de l’état ordinaire bêta à alpha puis thêta et parfois même delta. Un hochet, un didjeridoo, des cymbales, une cloche ou un chant, utilisés suivant le même rythme, soutiendront parfaitement le voyage du chamane. Dans notre société occidentale, nous avons tendance à utiliser davantage l’hémisphère gauche de notre cerveau, au détriment de l’hémisphère droit, celui qui permet de communiquer avec l’au-delà. Selon mon expérience et ma compréhension, le son du tambour permet de rééquilibrer les deux hémisphères, ce qui facilite le voyage chamanique, car le côté rationnel s’efface au bénéfice du côté spirituel, intuitif et artistique. Le battement régulier du tambour sert aussi de « fil d’Ariane », de cordon de vie entre la réalité ordinaire et la réalité non ordinaire. Il est comme un port d’attache en nous, nous ramenant sans cesse à la terre, tant il est vrai que, pour voyager, il faut 59


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que nous soyons bien ancrés dans le sol, et nous ramenant aussi à la source, c’est-à-dire au cœur, centre de notre Être authentique, notre esprit pur qui se manifeste sous forme d’animaux de pouvoir. Cependant, le tambour est plus qu’un simple instrument. Le praticien chamanique communique régulièrement avec l’esprit de son tambour pour faire de la divination. Après le rituel de la danse du pouvoir20, un des tambours peut être amené à danser, maintenu librement par deux participants ayant eu la possibilité d’effectuer au préalable leur danse de pouvoir. Très souvent, dans ma pratique personnelle, le tambour m’apporte les premiers messages tout au début du voyage chamanique. Parfois, les chamanes décorent leur tambour, y dessinent leurs animaux de pouvoir, y accrochent des plumes ou tout autre objet sacré. Dans le bouddhisme, les rituels sont parfois accompagnés du martèlement d’un ou de deux grands tambours pouvant mesurer jusqu’à un mètre de diamètre ou plus. « Des récits anciens accordent au tambour manuel des pouvoirs magiques, notamment celui de servir de monture pour voler dans les airs, le faisant ainsi rejoindre, du moins pour cet usage, le tapis d’Aladin ou le balai des sorcières21. » Dans certaines traditions bouddhistes, le son du tambour représente la voix de Bouddha et, devant les autels shintos, il Voir chapitre 16, « Esprit pur et vacuité ». Le temple tibétain et son symbolisme, Tcheuky Sèngué, éditions Claire Lumière, page 110. 20 21

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accompagne la prière adressée aux cieux. Le tambour transcende la frontière entre les hommes et les dieux. Au Japon, le taiko célèbre presque tous les aspects de la vie, de la naissance à la mort. Selon certains, le taiko aurait suivi le chemin du bouddhisme et arriva au Japon après être passé par la Chine et la Corée, environ 600 ans après Jésus-Christ. Au Tibet, lors des pratiques du vajrayana, les yogis utilisent un damarou, qui est un petit tambour à deux membranes et avec un manche, pour appeler les dakinis des cinq règnes. Quand nous considérons que ces mêmes dakinis sont émanées de notre esprit pur, nous comprenons que le rôle du damarou est de connecter le yogi avec son esprit pur, son bouddha intérieur. Ainsi, dans les deux traditions, nous trouvons un tambour qui fait le lien entre l’homme et les esprits aidants, entre la réalité ordinaire et la réalité non ordinaire, et qui est doué de pouvoirs spirituels. Quant aux chants rythmés, comme ceux des anciennes traditions du nord de l’Europe, ils s’assimilent parfaitement aux mantras que l’on retrouve dans le bouddhisme ou l’hindouisme et dont la vocation est de nous élever. Lorsque je donne des soins chamaniques, je pratique de plus en plus en utilisant ces chants rythmés originaires de l’Europe du Nord, surtout si les soins concernent des enfants, afin que ceux-ci ne soient pas troublés ou inquiétés par les sons des tambours qui pourraient leur paraître un peu bizarres. D’autres fois, selon mon ressenti, je choisis plutôt une musique de didjeridoo sur un fond de tambour.

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7 – PURIFICATION

La purification, dans toutes les traditions, est une action très importante pour notre développement personnel. En plus de la fumigation avec le bâton de sauge comme nous l’avons vu au chapitre 5, le chamanisme propose la pratique de « démembrement-remembrement ». En voyage chamanique, le praticien demande aux esprits d’opérer un démembrement de son corps qui sera ainsi détruit, découpé en morceaux, réduit à néant par un moyen propre à chacun. Tous les schémas et pensées erronés, tous les traumatismes vont à la Terre, Pachamama, qui digère cela et le transmute en lumière. Les blessures émotionnelles du passé et de l’enfance, les mémoires cellulaires d’incarnation et de souffrance, engrangées dans les différents organes et cellules des corps physique et éthérique, sont ainsi libérées. Le praticien expérimente alors une sensation de bien-être, de vacuité, de détachement de l’ego et donc de la dualité, libéré de la lourdeur de son corps physique. Il se situe au niveau de ses corps énergétiques qui survivent après la mort. Il expérimente, à ce moment-là, l’état de pure présence à son esprit, son Être authentique, ainsi que la sensation de faire partie du Tout, de se fondre avec l’espace. Sensation que l’on retrouve dans les 63


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méditations contemplatives du dzogchen. Ceci est très purifiant et apporte beaucoup d’énergie. Ensuite, ses esprits aidants (animaux de pouvoir) lui reconstituent un corps, tout neuf et pur comme la lumière, qu’il réintègre, comme une renaissance. Le praticien peut alors visualiser que ce nouveau corps est exempt de défauts physiques, purifié de tous traumatismes émotionnels et de toutes perturbations mentales. La manière que les esprits ont de lui reconstituer un nouveau corps est significative de ce que la personne doit guérir en elle. Elle peut aussi visualiser que ce nouveau corps est pure lumière et réaliser ainsi ce que Sandra Ingerman nomme « transfiguration » dans son livre Médecine pour la Terre. Cette pratique est très purifiante et procure une très bonne énergie pour se soigner, soigner les autres et soigner la Terre. Ceci rappelle l’histoire de Jonas, dans la tradition essénienne. Il a été jeté à la mer, une baleine l’avala pour le sauver, puis le recracha sur une plage. Cette pratique est la plus répandue et la plus classique. Cependant, les esprits tutélaires (animaux de pouvoir ou maîtres) peuvent nous suggérer des rituels purifiants adaptés à chaque cas, personnalisés ou pas. Par exemple, nous pouvons demander à nos esprits aidants de nous indiquer un défaut ou une mauvaise habitude que nous pourrions abandonner au feu. Ensuite, nous confectionnons, avec des matériaux combustibles, un fétiche qui va représenter le défaut à abandonner. Puis, lors d’une cérémonie autour du feu, nous allons lui confier ce fétiche, en promettant d’abandonner ce défaut ou cette mauvaise habitude. Le feu va purifier ce défaut et le transmuter en énergie bénéfique pour notre évolution. De nombreuses cérémonies de purification avec le feu sont ainsi élaborées dans le monde entier. 64


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Dans les pratiques de « recouvrement d’âme », que nous verrons au chapitre 9, « Soins aux autres », et qui sont issues des enseignements de Sandra Ingerman, nous apprenons à restituer, lors d’un rituel, les parties d’âme que nous avons dérobées dans toute notre vie. Ceci représente aussi une grande purification. À notre mort, une partie d’âme volée et non restituée constituerait un obstacle à l’ascension vers la lumière. Les huttes de sudation (sweat lodges) sont pratiquées par de nombreuses tribus, aussi bien amérindiennes que sibériennes. Le rituel préparatoire et le travail de sudation à l’intérieur de la hutte amènent à une purification physique, émotionnelle et spirituelle. Là aussi, la préparation, l’invocation des esprits et la prise de conscience sont importantes afin que les praticiens puissent confier à la Terre tous leurs traumatismes, tous leurs problèmes émotionnels, toutes leurs perturbations mentales. Généralement, la cérémonie comporte quatre « rondes » : la première est dédiée à la Terre-Mère, la deuxième à l’eau, la troisième à l’air et la quatrième au Grand Esprit. Ceci purifie respectivement le corps physique, le corps émotionnel, le corps mental, puis le corps spirituel. Une description très complète de ce rituel se trouve dans le livre Les rites secrets des Indiens sioux de Héhaka Sapa (Petite Bibliothèque Payot). Des jeûnes, accompagnés de rituels, sont aussi pratiqués par différentes tribus. Souvent, ces jeûnes accompagnent des quêtes de vision durant plusieurs jours et plusieurs nuits, en forêt ou en montagne. Les pratiquants restent seuls et méditent, affrontant leurs peurs, leur faim et leur soif. Ils ont ainsi la possibilité de recevoir des messages sur leur mission dans cette vie-ci, sur les problèmes qu’ils ont à résoudre et les moyens d’y parvenir. 65


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Certains chamanes pensent que, pour éliminer les voiles qui obstruent notre conscience, nous pouvons y parvenir de trois manières : par le mouvement, la prière et la méditation. Les Tarahumaras, au Mexique, méditent en faisant la course à pied. Cela leur permet d’atteindre des états élevés de conscience. Pour ma part, depuis l’adolescence, je pratique régulièrement des courses à pied et je dois reconnaître qu’effectivement, après quelques dizaines de minutes de course dans un endroit tranquille dans la nature, je me trouve dans un état de conscience dont je ne saurais pas dire s’il est alpha ou bêta, mais je ressens une certaine félicité, de la quiétude et de la joie d’être simplement là, à courir, sans plus penser à rien. Plus tard, après avoir découvert les pratiques énergétiques, j’ai essayé de me connecter avec l’esprit des planètes pour constater les effets que cela pouvait avoir sur ma course. Aujourd’hui, je peux confirmer que méditer en faisant la course à pied est possible et apporte une purification que nous ressentons par une détente physique. Une autre méthode, relatée par Taisha Abelar dans son livre Le passage des sorciers, est la récapitulation. Cette pratique n’est pas spécifiquement chamanique, au sens qu’il n’est pas nécessaire de faire un voyage, ni de contacter les esprits. À mon sens, elle n’en demeure pas moins très importante, car elle enrichit nos pratiques, et je la recommande à toutes les personnes qui me consultent pour des soins chamaniques. Ceci consiste à lister, depuis aujourd’hui en remontant jusqu’à notre naissance, tous les événements de notre vie dont nous nous souvenons et qui nous ont tous plus ou moins marqués. Lors de ces événements, nous avons perdu de l’énergie et récupéré des énergies qui ne nous appartiennent pas, pour ne pas dire « négatives » (en chamanisme, il n’y a pas d’énergies négatives, seulement des énergies lourdes ou qui ne sont pas à leur place). 66


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Ensuite, le praticien reprend le premier événement le plus récent et, le visualisant, inspire en tournant la tête à gauche, imaginant récupérer son énergie perdue dans cet événement, puis expire en tournant la tête à droite, imaginant expulser l’énergie récupérée à ce moment-là et qui ne lui appartient pas, pour qu’elle soit transmutée par la Terre. Il répète cet exercice jusqu’à ce qu’il sente qu’il a récupéré toutes ses énergies et libéré toutes celles qui ne lui appartenaient pas. Un grand bienêtre apparaît ; il peut alors passer à l’événement suivant. Ceci est très libérateur et purifiant. On peut aussi pratiquer la récapitulation pour un seul événement qui vient de se produire ou au moment où son souvenir apparaît. Je recommande alors de pratiquer sur ce même événement, tous les jours pendant 21 jours minimum. Sachant que ceci peut durer trois à cinq minutes par jour, c’est un bon moyen de faire soi-même sa psychothérapie. Toujours en chamanisme, nous verrons plus loin un rituel d’envoi d’énergie à la Terre, qui a été indiqué à Claude Poncelet par un ancien chamane celte et qui fait appel à un chaudron que les esprits remplissent de pépites de sagesse et d’amour qui seront déversées sur la planète pour purifier tous les êtres. Il s’agit bien de la même démarche, seul l’instrument diffère quelque peu. L’homme est toujours le pont entre les deux réalités (ordinaire et non ordinaire) et demande aux esprits de bien vouloir purifier tous les êtres, par leur intermédiaire. Enfin, au-delà de la purification des corps, nous devons pratiquer la purification de nos habitats. Celle-ci est aussi très importante, car notre environnement peut nous apporter de l’énergie ou, au contraire, nous en prendre, selon son niveau vibratoire. Certains d’entre vous ont certainement rencontré des lieux qui sont très pauvres en énergie, « lourds » et dans lesquels il est peu agréable de vivre. Dans ces cas, il est nécessaire de 67


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soigner ces lieux de vie, de les purifier et d’accroître leur énergie afin que nos corps puissent en bénéficier. Cela aura donc des retombées sur notre purification personnelle car, comme nous allons le voir dans la partie « bouddhisme », chaque fois que nous élevons notre niveau énergétique, nous nous rapprochons de notre esprit pur. Karen Kingston, dans son livre L’harmonie de la maison par le feng shui, propose une pratique de purification des lieux et habitats, inspirée des pratiques balinaises. Il s’agit d’un rituel chamanique d’offrandes de fleurs, d’encens et de bougies aux esprits des lieux, puis de prise de contact avec ces mêmes esprits, et enfin d’une purification à base de sons divers : claquements des mains, clochettes, tambours, etc. Ces vibrations sonores, qui vont du plus grave vers le plus aigu, vont déplacer et remettre en mouvement les énergies stagnantes. Après la purification, les lieux reçoivent des énergies d’amour et de joie, à base d’affirmations distribuées au moyen de boules harmoniques. Lors d’une telle pratique, il est possible que nous découvrions des esprits fantômes qui hantent ces lieux. Dans ce cas, il sera nécessaire de faire une pratique de psychopompe22, afin de les aider à monter vers la lumière. Ceci aura pour effet de les libérer, mais aussi d’assainir les lieux. Cette purification des lieux est très puissante et remue des énergies qui peuvent stagner depuis plusieurs dizaines d’années. Il est probable que cela travaille sur les émotions des personnes vivant dans ces lieux, et cela ne peut qu’être bénéfique. Par la suite, un entretien régulier des lieux peut être fait en brûlant de la sauge ou des encens. Certains lieux peuvent avoir perdu une partie d’âme à l’occasion d’un traumatisme, comme un incendie, un tremblement de terre 22

Voir chapitre 10, « Mort et renaissance ». 68


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ou un bombardement. Un recouvrement de la partie d’âme perdue, que nous verrons au chapitre 9 à propos des soins, réglera le problème. Dans la même perspective, en Amérique, on pouvait voir des chamanes assis au sommet d’une montagne et y rester des heures entières en méditation. Ils purifiaient les lieux et la Terre en envoyant de l’énergie par la pensée. Dans le bouddhisme, nous parlons de karma et des différentes vies que nous avons tous eues dans les six royaumes du samsâra : les enfers, les esprits avides, les animaux, les humains, les demi-dieux, les dieux. Dans chacune de ces vies, nous avons accumulé un nombre important de mauvaises actions avec le corps, la parole et l’esprit. Selon la loi du karma, chaque action entraîne un effet qui lui-même va recréer du karma. C’est sans fin ! Sauf si nous décidons de purifier le karma négatif, les perturbations mentales, et de lever le voile à la connaissance afin de réaliser l’éveil et de sortir du samsâra. Il est dit dans la pratique de prosternations aux trente-cinq bouddhas de confession : « Chacune de ces actions négatives entraîne quatre résultats de souffrance : le résultat de pleine maturation (une renaissance dans les royaumes inférieurs), le résultat environnemental (le type d’environnement dans lequel nous renaissons lorsque nous sommes à nouveau un être humain), le résultat similaire à la cause dans notre expérience vécue et, le pire de tous, le résultat similaire à la cause dans nos actions, ce qui veut dire que nous sommes poussés encore et encore à recréer les mêmes actions négatives à l’avenir et, donc, à faire encore et encore l’expérience des quatre résultats de souffrance. Ainsi le samsâra est-il sans fin. En outre, le karma s’accroît ; une action négative même minime peut provoquer des souffrances énormes si elle n’est pas purifiée rapidement. » Nous commençons donc par la prise de refuge dans les Trois Joyaux, la formulation d’un profond regret, la récitation du 69


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nom des trente-cinq bouddhas de confession, tout en nous prosternant trois fois pour chaque bouddha, en visualisant que toutes nos fautes depuis des temps sans commencement sont purifiées par les bouddhas et en faisant la promesse de ne pas recommencer. Ces trente-cinq bouddhas appartiennent aux cinq familles suivantes : Vairochana, Akshobya, Ratnasambhava, Amitabha et Amoghasiddhi. Chacun de ces trente-cinq bouddhas possède le pouvoir de purifier nos karmas négatifs et nos empreintes accumulés depuis des temps sans commencement, si nous en faisons la demande assortie de prosternations. Il existe d’autres pratiques qui consistent à prendre refuge dans les Trois Joyaux, à formuler un profond regret pour toutes nos mauvaises actions, à promettre de ne plus recommencer et à réciter des mantras en visualisant une déité qui va nous purifier. Ceci constitue les quatre pouvoirs d’opposition (le pouvoir du support, le pouvoir du regret, le pouvoir de la détermination et le pouvoir de l’application du remède). Vajrasattva est la déité principalement pratiquée par toutes les écoles bouddhistes. Elle est visualisée au-dessus de notre tête, et la récitation de son « mantra aux cent syllabes » provoque l’émission d’un nectar qui s’écoule de son cœur vers notre chakra coronal et descend dans notre canal central (sushuma), purifiant tous nos karmas négatifs, nos perturbations mentales et nos voiles à la connaissance en relation avec le corps, la parole et l’esprit. Nous visualisons que toutes les négativités en relation avec le corps sont éliminées par le bas du corps et descendent dans la Terre où Yama (seigneur de la mort) les absorbe et les transmute en positivité. Les négativités en relation avec la parole sont remontées et éliminées par le chakra coronal pour être dissoutes dans l’espace. Les négativités en relation avec l’esprit sont transmutées en lumières par le nectar de Vajrasattva, lumières qui irradient dans tout notre corps. 70


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Et cette pratique peut aussi s’effectuer en circumambulant un stupa, ce qui apporte une grande purification spirituelle et physique. Tout en circumambulant le stupa et en récitant les mantras, nous pouvons nous visualiser en multiple, à l’infini, ce qui en multipliera les effets. Dans le powa, pratique bouddhiste spécifique pour le moment de la mort mais que l’on peut pratiquer de notre vivant, notre maître nous envoie, du centre de son cœur, des faisceaux de lumières rouges, porteurs de puissantes bénédictions, de compassion et de béatitude. Ces rais se fondent en notre cœur, nous invitant à les rejoindre. Nous nous fondons nous-mêmes en cette clarté, notre corps se réduit peu à peu et se concentre en notre cœur, devenu une petite sphère de lumière rouge qui s’élance vers le ciel et se dissout dans le cœur de notre maître, qui à son tour se transforme en lumière et se fond dans l’espace infini. Ceci est très purifiant. Nous demeurons dans un état d’unité où l’esprit du maître et le nôtre ne font plus qu’un pour ensuite se fondre dans le Tout. Nous pouvons, à ce moment, expérimenter la vacuité, le détachement de notre ego. Ensuite, nous pouvons visualiser que des faisceaux de lumières blanches, vertes, rouges, bleues et jaunes, très pures, reconstituent l’espace, l’air, le feu, l’eau et la terre de notre corps et nous restituent ainsi un corps purifié de tous défauts, de toutes imperfections, maladies et « mémoires karmiques négatives ». Ceci constitue l’équivalent du remembrement chamanique. Il est bon de pratiquer le powa pour les autres au moment de leur mort, mais aussi pour soi, le plus souvent possible, afin de pouvoir le pratiquer soi-même au moment de notre mort. Sogyal Rinpoché décrit très bien ceci dans Le Livre tibétain de la vie et de la mort. La contemplation, expliquée dans la deuxième partie du livre, au chapitre 6, « Bardo naturel de cette vie et bardo de la 71


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méditation », est aussi un excellent moyen de se purifier. Voici ce qu’en dit le Sixième Patriarche, Houei-neng, dans Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade : « Dès l’origine, enseigne Tao-Sin, le Quatrième Patriarche, tout est pur et libre. Jour et nuit, en marche ou immobile, assis ou couché, ne quittez pas cette contemplation et vous vous rendrez compte que vous n’êtes pas différent du reflet de la lune dans l’eau, d’une ombre dans un miroir, d’un chatoiement dans l’atmosphère par un jour de canicule, d’un écho dans la vallée. Si vous dites que les choses existent, cherchez-les, vous ne les trouverez nulle part. Si vous dites qu’elles n’existent pas, ce dont vous êtes constamment conscient est toujours là, présent. Tel est le corps absolu de tous les bouddhas, immédiate recognition de ce que depuis d’innombrables ères cosmiques vous n’êtes finalement jamais né et qu’à partir d’aujourd’hui il n’est en fin de compte plus personne qui mourra. Celui qui peut demeurer sans cesse dans cette contemplation se livre par là même au repentir véritable, dans lequel les karmas les plus lourds accumulés depuis des millions d’ères cosmiques fondent et s’effacent d’eux-mêmes. » En bouddhisme ainsi qu’en dzogchen, nous trouvons la pratique de tchoed (ou tcheu) qui consiste à s’installer dans un charnier ou un cimetière et à offrir symboliquement sa propre chair pour qu’elle soit dévorée. Cette pratique coupe la racine de l’ego par l’offrande de son corps. Fondée sur le soûtra de la Prajnapâramitâ et les tantras, elle fut introduite au Tibet par le maître indien Padampa Sanguié et fut répandue par sa principale disciple, la grande yogini tibétaine Matchik Labdreun. Padmasambhava la pratiqua au charnier du Frais Bocage. Ceci n’est pas sans rappeler le démembrement opéré par les chamanes. Ici, les pratiquants prennent refuge dans les Trois Joyaux, font l’offrande du mandala, pratiquent le guru yoga, se visualisent sous l’aspect d’une dakini courroucée, puis 72


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offrent leur corps après l’avoir découpé en morceaux. Ils invitent successivement quatre types d’invités à se nourrir de leur corps. Les premiers invités sont les bouddhas, les bodhisattvas et les arhats23. Les deuxièmes invités sont les manifestations féroces et les huit classes de déités. Les troisièmes invités sont tous les êtres avec lesquels nous avons eu des liens karmiques. Les quatrièmes invités sont les êtres des six royaumes du samsâra. Ensuite, ils font l’offrande de leur pratique. En bouddhisme, la plupart des déités sont représentées avec un bol de pur nectar dans la main gauche. C’est le cas de Chenrézy (ou Avalokiteshvara) qui est représenté avec mille bras dont un bras gauche tient une coupe de nectar. C’est aussi le cas de Padmasambhava qui tient dans sa main gauche une calotte crânienne avec, à l’intérieur, une aiguière contenant du nectar. Ce nectar de bouddha sert à purifier les pratiquants de toutes leurs négativités. Ainsi donc, même s’ils sont parfois différents dans leur réalisation, nous retrouvons, dans les deux traditions, les besoins de se purifier en faisant appel à des esprits évolués, nos maîtres, à la Terre qui transmute nos négativités et aux cinq éléments, pour nous retrouver finalement avec un corps purifié et lumineux. Le démembrement chamanique amène à un état similaire à celui de la contemplation du dzogchen, qui est, selon Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché, très purifiante. Et ce même démembrement est très semblable à celui de la pratique de tchoed. Au contact des grands maîtres et des bouddhas, et notamment au contact du nectar de leur bol à aumône, les humains se Les « destructeurs de l’ennemi ». Ce sont des personnes qui ont détruit leurs émotions perturbatrices et atteint la libération du samsâra. 23

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purifient grâce à l’élévation de leur énergie qui se rapproche de celle des bouddhas. Ils retrouvent alors leur état de pureté initiale. C’est ce qui a lieu lors des méditations ou pratiques qui amènent à la contemplation, où nous nous trouvons en contact direct avec notre Être authentique ou notre bouddha intérieur. • Aménagement des pratiques chamaniques S’il adhère à la notion de karma, le praticien chamanique peut, au moment du démembrement, avoir l’intention et visualiser que les karmas négatifs, les perturbations mentales et les voiles à la connaissance en relation avec le corps, la parole et l’esprit ont été purifiés par le démembrement, la Terre jouant le rôle de Yama en bouddhisme. Le démembrement peut alors être considéré comme une purification par épuisement des karmas négatifs, tout comme cela se passe dans les enfers, avec l’énorme différence qu’ici on ne souffre pas physiquement ! De même que les rêves permettent de purifier du karma négatif avec cependant un peu de souffrance (des peurs qui les rendent cauchemardesques), en voyage chamanique nous pouvons, avec le démembrement, purifier ce karma négatif tout en restant lucides. Ce qui n’empêche pas que, parfois, des émotions peuvent remonter et amener des larmes, bonnes messagères du regret ! • Aménagement des pratiques bouddhistes La réciproque étant vraie, j’ai pu aménager mes pratiques de powa et de tchoed en y ajoutant l’équivalent du remembrement chamanique, en visualisant que les cinq faisceaux lumineux reconstituent les cinq éléments de mon corps purifié.

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8 – OFFRANDES ET OBTENTION DE MÉRITES

Qu’en est-il des offrandes et de l’obtention de mérites ? Selon le bouddhisme, l’obtention de mérites est nécessaire dans cette vie pour pouvoir bénéficier d’une réincarnation favorable, voire pour atteindre l’éveil. Le credo bouddhiste est que, pour atteindre l’éveil, il faut purifier son karma négatif, accumuler des mérites et obtenir la bénédiction des maîtres, afin de pouvoir réaliser la vacuité au moyen de la compassion et de la méditation qui amène au calme mental (shamatha) et à la vision supérieure (vipashyana), que nous approfondirons dans la deuxième partie du livre, au chapitre 6, « Bardo naturel de cette vie et bardo de la méditation ». Aussi, que trouvons-nous dans chacune des traditions ? En chamanisme, l’accent est mis sur l’éthique du praticien, sur son impeccabilité dans sa vie et dans son travail, notamment lorsqu’il travaille pour les autres, et sur la reconnaissance. Une manière d’être reconnaissant est de faire des offrandes. Cette manifestation de la gratitude conduit le chamane à être en harmonie avec l’Univers. Le travail qu’il pratique en soignant sa tribu et en soignant la Terre, en toute impeccabilité, lui 75


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apporte de nombreux mérites. Généralement, le chamane se sent au service des autres et de la Terre. Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama définit ainsi l’éthique : « Prendre soin de l’autre, être concerné par l’autre, sans négliger son propre bien-être, son bonheur. Un manque d’éthique est mû par l’égocentrisme et se traduit par un abus d’autrui, un manque de respect, des tromperies. Se mettre à la place de l’autre et se demander si nous aimerions que l’on nous fasse cela24. » En cercle de tambour, nous envoyons de l’énergie à la Terre en jouant du tambour et du hochet. Nous pouvons visualiser cette énergie qui se propage aux différents endroits de la Terre qui en ont le plus besoin, pour les êtres les plus défavorisés, humains et animaux, ainsi que pour tous les esprits des lieux et de la nature. Parfois, en cercle de tambour, nous visualisons un grand chaudron au centre du cercle. Nous demandons à tous nos esprits tutélaires de bien vouloir le remplir de pépites de sagesse et d’amour. Quand il est plein, nous visualisons que nous le soulevons tous ensemble et que nous voyageons tout autour de la planète en déversant en tous lieux ces pépites de sagesse et d’amour qui vont y purifier les êtres vivants (humains, animaux et esprits de la nature). Par ailleurs, lorsque nous contactons les esprits pour travailler avec eux, surtout dans la nature, nous leur faisons des offrandes sous forme de tabac, de pierres, de farine de maïs, de coquillages, de fleurs, d’écorces, d’eau, d’encens, etc. Ceci participe à rétablir l’harmonie entre les humains et le monde des esprits. Le chamane offre aussi ses services à l’Univers lorsqu’il pratique le psychopompe afin d’aider les fantômes à « monter Conférence de Sa Sainteté le Dalaï-Lama au Zénith de Toulouse, le 15 août 2011. 24

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vers la lumière », notamment après des catastrophes naturelles ou des guerres. Ce que nous appelons « monter vers la lumière », en chamanisme, correspond, en bouddhisme, à aider un esprit du royaume des esprits avides ou du bardo du devenir à renaître dans les Terres pures des bouddhas pour y poursuivre son évolution spirituelle. D’autres offrandes diverses et variées peuvent être élaborées ponctuellement, avec l’aide de nos esprits tutélaires, à différentes occasions et pour différents objectifs. Celles-ci sont offertes lors des rituels chamaniques qui peuvent utiliser des fleurs, des céréales, des pierres, ou tout autre objet confectionné pour ce rituel. Ces offrandes peuvent être faites aux esprits du feu, de l’eau, de l’air, de la terre ou aux esprits de la nature. On retrouve cela dans la tradition celtique avec les fêtes des équinoxes et des solstices ou pour les moissons. En Indonésie, les Balinais sont certainement le peuple qui pratique encore le plus grand nombre de rituels et d’offrandes aux esprits afin de maintenir l’harmonie dans leur vie quotidienne. En bouddhisme, les occasions d’offrandes sont aussi très nombreuses. On peut offrir des encens avec une prière adaptée aux bouddhas, à notre maître, aux Trois Joyaux, aux dakinis, aux protecteurs du Dharma, aux nagas, aux dévas, aux seigneurs des lieux. Voici, par exemple, une pratique d’offrande d’encens que j’aime beaucoup. Elle a été composée par Lama Zopa Rinpoché, directeur spirituel de la FPMT (Fondation pour la préservation de la tradition du mahayana). Nous récitons : « Cet encens de grande félicité, pur depuis toujours, Purs nuages d’offrande de Samantabhadra sans égal, OM AH HUNG, J’offre cet encens à mon Lama et aux Trois Joyaux. J’offre cet encens aux dakinis et protecteurs du Dharma. 77


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Puissent tous les obstacles aux réalisations être purifiés. J’offre cet encens à tous les nagas, dévas et seigneurs des lieux. Puissent toutes les pollutions dues aux dégénérations être pacifiées par cet encens. J’offre cet encens à tous les six types d’êtres transmigrants. Puissent-ils être satisfaits par cette félicité non contaminée. Puissent-ils obtenir l’état des quatre kayas. » Puis, nous allumons l’encens et visualisons tous les êtres invoqués qui en reçoivent les bénéfices. Dans les gompas, sur les autels, nous offrons de l’eau désaltérante, de l’eau lustrale, des fleurs, des encens, de la lumière, des parfums, de la nourriture et de la musique aux Trois Joyaux (Bouddha, Dharma, sangha), après avoir purifié ces offrandes avec des mantras spécifiques qui font appel aux dakinis. Les dakinis sont des êtres célestes semblables aux anges, qui servent de messagères entre les domaines de la réalité éveillée et les hommes. Nous pouvons offrir de l’eau consacrée aux prétas, ou esprits avides, aux animaux vivants dans les eaux et à tous les êtres qui seront amenés à toucher cette eau ou à la boire. Par cette pratique d’offrande qui fait appel à six mantras différents, suivis pour chacun du mantra de Yeshe Karda récité sept fois, l’eau est bénie par les bouddhas et devient, pour les esprits qui vont la boire ou la toucher, du nectar de bouddha. Celle-ci purifiera tous les êtres touchés par cette eau de toutes leurs négativités, afin qu’ils puissent avoir une précieuse renaissance humaine ou dans les Terres pures des bouddhas où ils pourront rencontrer de grands maîtres et suivre les enseignements du Dharma. Dans la tradition bön, nous trouvons l’offrande Chang Bou 78


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qui consiste à fabriquer une boule à base d’une pâte de farine d’orge que nous pressons dans notre main pour y imprimer nos empreintes, pour qu’elle ait notre « signature », afin qu’elle nous représente. Ensuite, nous passons cette boule sur les endroits du corps en souffrance ou sur tout symbole de nos projets qui n’aboutissent pas, et nous offrons cette boule, ou torma, aux esprits qui nous font obstacle, en leur lançant cette boule dans la direction opposée à notre direction de naissance25. Ceci permet de lever les obstacles à notre santé ou à nos pratiques. Dans de nombreuses pratiques bouddhistes, nous bénissons la nourriture que nous offrons ensuite aux esprits. La nourriture est tenue dans la main gauche. Nous récitons trois fois le mantra : « OM OUTCHICHTA PANDI HA CHI BYA SVAHA », en claquant des doigts avec la main droite au niveau du cœur pour nous souvenir de la vacuité, et enfin nous jetons cette nourriture ainsi bénite dans la nature nous entourant. Le fait de la bénir avec cette pratique la rend assimilable par les esprits avides qui, autrement, ne pourraient ni boire ni manger à cause des nœuds qu’ils ont au niveau de leur gorge. Dans les pratiques préliminaires du bouddhisme, nous trouvons la fameuse « offrande du mandala » qui utilise un mudra particulier, avec les deux mains qui reproduisent le mandala de l’Univers, et nous récitons : « Cette Terre ointe de parfum, jonchée de fleurs, ornée du mont Meru, des quatre continents, du Soleil et de la Lune, je la visualise comme un Champ de bouddha et l’offre. Puissent tous les êtres jouir de cette Terre pure. Sans le moindre regret, j’offre les objets de mon attachement, de mon aversion et de mon ignorance : amis, ennemis et inconnus, mon corps Voir, dans la deuxième partie du livre, le chapitre 14, « Annexe : directions associées aux signes astrologiques tibétains ». 25

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et toutes les richesses dont je jouis. Les ayant pleinement acceptés, veuillez me bénir par la libération spontanée des trois poisons. Puisse la vie des maîtres glorieux être longue et stable. Puissent tous les êtres, aussi nombreux que l’espace est infini, être heureux. Puissions-nous, moi-même et les autres sans exception, accumuler des mérites, purifier les négativités et être bénis afin d’obtenir rapidement l’état de bouddha. Puissions-nous, moi, les membres de ma famille et tous les êtres, être guidés par vous dans toutes nos vies. IDAM GOUROU RATNA MANDALAKAM NIRYATAYAMI26. » La confection de mandalas avec des sables de différentes couleurs, représentant le palais des bouddhas, que le moine désassemble ensuite pour en faire offrande aux esprits, est une méditation sur l’impermanence et une source de mérites immense. Les grains de sable, porteurs de l’énergie du mandala, sont ensuite confiés à un ruisseau, ou une rivière, qui va transmettre cette énergie aux fleuves, aux mers et aux océans de toute la planète, afin que tous les êtres qui baignent dans ces eaux ou la boivent ou la touchent soient purifiés et bénis par les bouddhas27. D’ailleurs, nous retrouvons cet art dans la tradition chamanique, dans la tribu des Navajos. Enfin, autour de tous les temples bouddhistes, nous trouvons des drapeaux de prières qui volent au vent. Celui-ci emporte les prières des bouddhas, et tout être touché par le vent recevra ces prières. Il en va de même des moulins à prières qui renferment des milliers et parfois des millions de prières en sanscrit, qui vont aller partout dans l’espace bénir les êtres qu’elles rencontrent, 26 27

« Je vous envoie ce mandala de joyaux, ô maître précieux. » Voir chapitre 13, « Mandala ». 80


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lorsque nous faisons tourner les moulins. Cette simple action nous octroie les mêmes mérites que si nous avions récité ces milliers de mantras ! La prière la plus courante des moulins est le mantra du Bouddha de la compassion, Chenrézy, « OM MANI PADME HUM » : « Les six syllabes OM MANI PADME HUM purifient complètement les six émotions négatives pernicieuses qui sont la manifestation de l’ignorance et nous font commettre des actions négatives par le biais de notre corps, de notre parole et de notre esprit, créant ainsi le samsâra. L’orgueil, la jalousie, le désir, l’ignorance, l’avidité et la colère sont transformés par le mantra en leur véritable nature, les sagesses des six familles de bouddhas qui sont manifestées dans l’esprit éveillé28. »

– OM est le symbole du corps, de la parole et de l’esprit

des bouddhas personnifiés par Avalokiteshvara. – MANI est le Joyau qui symbolise l’accomplissement des souhaits, ou les moyens habiles. – PADME est le Lotus qui symbolise la pureté immaculée, ou la sagesse. – HUM est l’union qui symbolise l’union de la sagesse et des moyens habiles.

Dans les deux traditions, ces offrandes permettent aux pratiquants d’accumuler des mérites, d’une part en honorant les esprits, et d’autre part en faisant du bien aux êtres des différents royaumes. Ces offrandes permettent aussi de lever des obstacles que certains esprits malins nous auraient occasionnés. C’est aussi une forme de remerciement aux esprits pour leur aide. De plus, comme nous sommes, selon la tradition bouddhiste, 28

Le Livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché. 81


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dans une ère de dégénérescence, nommée Kaliyuga, et dans laquelle il est plus difficile de pratiquer la spiritualité, les bouddhas, dans leur infinie bonté, nous ont donné un mantra multiplicateur des mérites. La récitation de ce mantra, après une pratique, permet d’en augmenter les mérites par 100 000 : « CHOM DÄN DÄ DE ZHIN SHEG PA DRA CHOM PA YANG DAG PAR DZOG PÄI SANG GYÄ NAM PAR NANG DZÄ Ö KYI GYÄL PO LA CHHAG TSHÄL LO (1 fois ou 3 fois). JANG CHHUB SEM PA SEM PA CHHEN PO KÜN TUZANG PO LACHHAG TSHÄL LO (1 fois ou 3 fois). TAYATHA OM PÄNCHA GRIYA AVA BODHANI SVAHA OM DHURU DHURU JAYA MUKHE SVAHA (7 fois). CHOM DÄN DÄ DE ZHIN SHEG PA DRA CHOM PA YANG DAG PAR DZOG PÄI SANG GYÄ NGO WA DANG MÖN LAM THAM CHÄ RAB TU DRUB PÄ GYÄL PO LA CHHAG TSHÄL LO (1 fois ou 3 fois). » Suivi de : « Par le pouvoir des bénédictions des éminents bouddhas et bodhisattvas, le pouvoir de l’infaillible production en dépendance et le pouvoir de mon attitude spéciale pure, puissent toutes mes prières pures se réaliser immédiatement. » Dans les deux traditions, nous retrouvons bien des pratiques d’offrandes diverses aux esprits, avec des similitudes évidentes sur les objets : encens, eau, fleurs, mandalas de sable que l’on retrouve et dans la tradition bouddhiste et chez les Navajos. • Aménagement des pratiques chamaniques À ce sujet, les mérites en bouddhisme sont cumulés et scellés par une formule de dédicace afin qu’ils ne soient pas détruits par des fautes futures que nous pourrions commettre. Le 82


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bouddhisme est la seule tradition effectuant des dédicaces de ses mérites. Aussi, les praticiens chamaniques qui ont une conscience bouddhiste pourront formuler cette dédicace : « Je dédie les mérites ainsi accumulés au profit de tous les enseignements et de tous les êtres et, en particulier, pour que brille à tout jamais l’essence des enseignements de nos vénérables maîtres. Grâce à tous les mérites du passé, du présent et du futur, accumulés par moi et tous les bouddhas, bodhisattvas et êtres sensibles, qui sont vides d’existence intrinsèque, puis-je, moi qui suis vide d’existence intrinsèque, atteindre l’éveil du Bouddha de compassion, qui est vide d’existence intrinsèque, et mener tous les êtres sensibles, qui sont vides d’existence intrinsèque, vers l’éveil aussi vite que possible par moi seul. Que ces mérites scellés par les trois cercles de la vacuité demeurent indestructibles. Puisse l’esprit d’éveil précieux et suprême naître là où il n’est pas né, ne pas dégénérer là où il est déjà apparu, mais s’accroître de plus en plus. Puissent les maîtres spirituels vivre longtemps, leurs enseignements demeurer à jamais et s’étendre à tout l’Univers. »

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9 – SOINS AUX AUTRES

De tout temps, les hommes ont eu besoin de soins, que ce soit suite à des blessures accidentelles ou guerrières, des épidémies ou des maladies induites par leur mental et leurs émotions. D’ailleurs, ces dernières se sont grandement accrues durant les derniers siècles, du fait de la dégénérescence de notre ère et des méfaits de notre civilisation industrielle qui a tourné le dos à toute spiritualité et à toute vie saine. Aussi le chamanisme propose-t-il toute une panoplie de soins adaptés aux différents cas. Ces soins concernent aussi bien les humains que les animaux, ainsi que la Terre, les arbres, les plantes, les lieux et les demeures. Le praticien chamanique fait un voyage chamanique à la rencontre de ses esprits tutélaires pour leur demander ce qui est opportun et juste de faire. Les blessures et les épidémies concernent le corps physique, que les chamanes ont appris à soigner avec des plantes cueillies dans la nature environnante. Cette connaissance, issue de la relation que les chamanes entretiennent avec les esprits des plantes, se transmet de génération en génération. Ils utilisent aussi parfois les pierres pour leur action énergétique. 85


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Pour les humains, la maladie opère aux niveaux physique, mental, émotionnel et spirituel. Le plus souvent, elle prend sa source dans les corps spirituel et mental et descend ensuite dans les autres corps énergétiques pour atteindre finalement le corps physique. Dans ces cas, la guérison chamanique opère au niveau spirituel pour descendre ensuite aux autres niveaux, ce qui est beaucoup plus efficace que de ne travailler que sur le niveau physique et/ou mental. Il est donc judicieux d’opérer directement au niveau spirituel. Ceci ne doit en aucun cas occulter les soins allopathiques qui agissent sur les manifestations de la maladie et ses causes physiques. Nous avons plusieurs animaux de pouvoir qui nous protègent, nous aident et nous inspirent, consciemment ou inconsciemment. Lorsque, pour une certaine raison, nous perdons un animal de pouvoir, nous pouvons perdre notre vitalité, avoir des maux chroniques (rhumes, etc.), perdre l’équilibre et nous cogner toujours du même côté, devenir dépressifs ou irritables. Un recouvrement d’un animal de pouvoir agit sur le corps physique, car il est une qualité que l’on retrouve chez l’animal. C’est une puissance d’incarnation. Exemple : la puissance du cheval, la souplesse du félin ou du serpent, la vue de l’aigle, etc. Comme nous le verrons au chapitre 3 de la deuxième partie, les animaux de pouvoir sont la manifestation des Déesses des quatre éléments (Terre, eau, feu, air). En voyage chamanique, le praticien, aidé de ses esprits, détecte cette perte d’animal de pouvoir et part à sa recherche dans la RNO. Après l’avoir trouvé, il le ramène dans son cœur, dans la réalité ordinaire, et le souffle ensuite dans le chakra du cœur et le chakra coronal du patient. Il peut aussi éventuellement indiquer à quelle occasion l’animal a été perdu et pourquoi. Ainsi, le patient qui recouvre un animal de pouvoir comprend 86


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la cause de sa maladie, et sa guérison n’en devient que plus puissante. En fait, l’animal de pouvoir ne se perd jamais ; c’est juste que nous nous coupons de cette relation, de cette qualité inhérente. Parfois, lorsque nous sommes dans des lieux « chargés », énergétiquement lourds, ou en contact rapproché avec une foule de personnes, nous pouvons capter des énergies qui ne nous appartiennent pas et qui sont pour nous des intrusions énergétiques. Ces énergies sont des formes-pensées lourdes. Généralement, elles peuvent nous quitter spontanément lors d’une douche, d’une promenade dans la nature, au vent. Cependant, lorsqu’elles s’incrustent, elles peuvent occasionner des maux locaux, dus à des inflammations, ou même parfois être un lieu d’accueil pour des tumeurs cancéreuses. Dans ces cas, le praticien, aidé de ses esprits, va effectuer un voyage chamanique lors duquel il diagnostiquera de trois manières différentes la présence d’intrusions. Ensuite seulement, il réalisera, toujours avec son animal de pouvoir, une extraction de ces intrusions pour les restituer à la Terre, avec amour et respect, car elles ne sont pas mauvaises mais seulement au mauvais endroit. Un autre soin très important et très récurrent est le recouvrement d’une partie d’âme. Le chamane considère que notre âme a plusieurs parties qui représentent nos différentes caractéristiques. Lors de chocs physiques ou émotionnels importants (accidents, opérations chirurgicales, séparations, pertes d’êtres chers, etc.), nous pouvons perdre une partie de notre âme. Ceci est l’expression courante de ce phénomène qui est impropre, car notre âme est indivisible et, par nature, pure. En fait, nous perdons l’accès à une partie de notre âme. Dans ce cas, nous pouvons nous sentir éparpillés, dissociés 87


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(nous vivons la journée comme si c’était un film), incomplets, « à côté de nos pompes », dépressifs. Nous pouvons même perdre l’envie de vivre ou la créativité, notre système immunitaire baisse ou nous pouvons devenir suicidaires. Un recouvrement de partie d’âme permet de récupérer des qualités spirituelles, des valeurs comme la patience, l’espoir, la compassion, la joie de vivre nécessaires à notre incarnation. Notre âme est en lien avec la Déesse de l’éther. Pour cela, le praticien, aidé de ses esprits, fait un voyage chamanique pour rechercher la partie d’âme perdue et la ramener à la personne. Il souffle la partie d’âme récupérée dans le chakra du cœur puis le chakra coronal de la personne. Ensuite, il lui indique un rituel à effectuer pour intégrer cette partie d’âme qui peut être perdue depuis de nombreuses années et qui va donc occasionner des changements importants dans sa nouvelle vie. Parfois, un suivi psychologique est conseillé. De plus en plus souvent, les esprits indiquent au praticien un message pour le patient, en rapport à sa mission terrestre et pour laquelle la partie d’âme récupérée peut s’avérer fort utile. De plus, les chamanes attribuent aussi une âme à chacun de nos organes. Lors de chocs ou de blessures, ceux-ci peuvent perdre leur âme, ce qui entraîne des souffrances physiques. Un recouvrement d’âme d’organe sera nécessaire pour faire cesser les douleurs. Ceci est fréquent après des amputations de membres, et les chirurgiens connaissent bien ce problème sous le nom de « membre fantôme ». Ce soin peut s’avérer nécessaire, après un soin d’extraction, pour l’organe qui abritait une intrusion, source de douleurs. Beaucoup plus délicat encore est le travail d’exorcisme. Parfois, 88


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une personne peut faire l’objet d’une possession par un esprit désincarné qui n’est pas monté vers la lumière. Cette personne entendra des voix, se sentira double, partagée, sera amenée à faire des choses inhabituelles (boire de l’alcool, fumer, voler des objets, etc.). Ceci est souvent une cause de schizophrénie. Il est fréquent que des défunts qui avaient des addictions (tabac, drogue, alcool, sexe) cherchent à posséder une personne qui s’adonne aux mêmes addictions, afin de retrouver les mêmes sensations. Le praticien devra effectuer, plus que jamais entouré et aidé de ses esprits, une dépossession, qui est un acte très complexe. En effet, il existe un risque pour la personne possédée si l’esprit possesseur s’agite et résiste face à l’intervention du praticien. D’ailleurs, j’ai souvent rencontré des cas où la personne possédée ne pouvait pas venir à son rendez-vous, empêchée qu’elle était par son esprit possesseur. Anne Deligné en décrit très bien tous les symptômes dans son livre Et si ce n’était pas moi ? Le point important ici est que le praticien chamanique ne diabolise pas l’esprit possesseur, contrairement à ce que font certains prêtres catholiques qui croient chasser le diable du corps d’un possédé. L’esprit possesseur n’est ni le diable ni un démon, mais un esprit comme nous. Il cherche à fuir la souffrance et, dans sa situation, il n’a pas trouvé d’autre solution que posséder une autre personne pour se nourrir de son énergie. Le praticien chamanique va chercher à le comprendre et à résoudre ses problèmes pour ensuite l’aider à monter vers la lumière, avec beaucoup de respect. Inversement, un esprit possesseur chassé par une personne ignorante de cette réalité va chercher à posséder une autre personne, puisque sa problématique n’aura pas été résolue. Tout aussi délicats sont les envoutements ; beaucoup sont envoutés par leurs propres histoires et leurs propres négativités, ce qui dans le jeu de l’interdépendance, peut se 89


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manifester alors par un jeteur de sorts extérieur. Le travail consiste alors à soigner les histoires de ces personnes. Un autre soin consiste à utiliser les sons. La personne malade se place au centre d’un cercle de praticiens chamaniques. Ceux-ci battent du tambour, puis, chacun à leur tour, s’avancent vers le malade pour jouer d’un instrument particulier ou pour chanter un son sacré, siffler ou souffler de l’énergie sur le corps de la personne. Comme nous le verrons au chapitre 13, « Mandala », les Indiens navajos soignent en plaçant la personne sur un mandala de sable qui prendra le mal du patient. Pour agir au niveau énergétique (faiblesse passagère, grande fatigue), le praticien peut transmettre de l’énergie par imposition des mains ou au moyen du tambour. Après la danse de pouvoir, par exemple, les praticiens, qui ont ainsi contacté leur Être authentique, peuvent transmettre cette énergie aux autres pour amorcer en eux une guérison. Dans le cas du tambour, la personne est placée au centre d’un cercle de plusieurs praticiens jouant du tambour et du hochet. Les vibrations sonores des instruments ainsi que l’intention de tous les praticiens, aidés de leurs esprits tutélaires, vont recharger énergétiquement la personne. Des chants spécifiques peuvent aussi avoir des effets très bénéfiques. Certaines traditions chamaniques utilisent la Roue de médecine en relation avec les huit directions. Leurs chamanes reconnaissent, en chaque être, quatre « boucliers » qui se trouvent dans l’aura et ressemblent à des spirales de lumière. Ils sont en relation avec les quatre directions et avec nos « personnages intérieurs » qui sont, pour un homme : – à l’arrière, le petit garçon (bouclier sud) ; 90


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– à l’avant, l’homme (bouclier nord) ; – à sa gauche, la petite fille intérieure (bouclier est) ; – à sa droite, la femme intérieure (bouclier ouest). Pour les femmes, les « boucliers » sont installés différemment : – à l’arrière, la petite fille (bouclier sud) ; – à l’avant, la femme (bouclier nord) ; – à sa gauche, le petit garçon intérieur (bouclier est) ; – à sa droite, l’homme intérieur (bouclier ouest). Le travail avec nos personnages intérieurs est émotionnel et mental, mais aussi spirituel, et a lieu en relation avec les esprits des directions et l’esprit de la Roue de médecine29. En Indonésie, les Balinais croient que chacun naît accompagné de quatre frères invisibles qui viennent au monde avec nous et nous protègent. Dans le ventre de la mère, ils sont représentés par le placenta, le liquide amniotique, le cordon ombilical et la substance jaune et cireuse qui protège l’épiderme du fœtus. Après la naissance, ces quatre frères hébergent les quatre vertus dont une personne a besoin : l’intelligence en lien avec le feu, l’amitié en lien avec l’eau, la force en lien avec la terre et la poésie en lien avec l’air. Ils ont pour nom balinais : Angoh Patih, Maragio Patih, Banus Patih et Banus Patih Ragio. Nous pouvons les appeler par leur nom pour qu’ils nous protègent. Elizabeth Gilbert relate ceci dans son livre Mange, prie, aime. Ces quatre frères peuvent être rapprochés des quatre boucliers en relation avec la Roue de médecine. L’intelligence, en lien avec le feu, correspondrait au bouclier de l’est. L’amitié, en lien avec l’eau, correspondrait au bouclier du sud. La force, en lien avec la terre, correspondrait au bouclier de l’ouest. La poésie, 29

Voir Guérisseurs chamanes de Marielu Lörler. 91


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en lien avec l’air, correspondrait au bouclier du nord. Par ailleurs, cela rappelle aussi les quatre déesses qui entourent Sengyé Menla, le Bouddha de médecine : la déesse blanche, couleur de l’eau, « la Sagesse accomplie » ; la déesse jaune, couleur de la terre, « Richesse simultanée » ; la déesse rouge de la forêt, couleur du feu, « Gorge de paon » ; la déesse verte des arbres, couleur de l’air, « la Radieuse ». Enfin, nous trouvons aussi divers rituels permettant une purification de nos maux. Par exemple, nous pouvons constituer un talisman avec des végétaux combustibles, lui confier un de nos maux ou défauts, puis l’offrir au feu qui, en le brûlant, va transmuter le défaut ou le mal en énergie de guérison qui va nous aider à abandonner ce mal ou ce défaut. Quant au bouddhisme, l’aspect physique de la guérison est un effet indirect de l’esprit purifié. À l’époque de Bouddha, en Inde, la guérison physique était réservée aux médecins qui pratiquaient l’ayurvéda. Ceux-ci soignaient aussi bien le corps physique (avec des régimes alimentaires adaptés et des plantes) que les corps mental, émotionnel et spirituel (avec des récitations de mantras ou des huiles essentielles). Il existe des références dans les premières littératures bouddhistes sur le fait que Bouddha ait guéri en utilisant ses pouvoirs très développés. Cependant, il déconseillait l’utilisation de pouvoirs surnaturels au bénéfice d’un autre être, à moins que cela ne fût une absolue nécessité. En effet, pour les bouddhistes, il y a lieu de tenir compte du karma et du libre arbitre de chacun. De plus, selon Kalou Rinpoché, même un bouddha ne peut agir de manière précise vis-à-vis d’un autre être que s’il existe avec lui un lien karmique antérieur spécifique. Sans ce lien, il n’est pas possible de dissiper les souffrances. 92


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Dans le bouddhisme tibétain, certains moines ont des pratiques tantriques très puissantes qui consistent à méditer face à une déité, comme Avalokiteshvara (Chenrézy), Padmasambhava, Vajrasattva et bien d’autres, à réciter les mantras de ces déités, puis à se métamorphoser en elles pour atteindre de plus hauts niveaux énergétiques qui sont très purifiants. Ceci constitue le guru yoga, lors duquel nous contactons la pureté de notre esprit qui est à l’image de celui de la déité utilisée comme support. Une fois parvenus à ce niveau énergétique, ces moines sont capables de soigner des personnes par imposition des mains, en soufflant sur le corps des personnes ou par un simple regard. Ceci permet à ces personnes de recevoir un très haut niveau vibratoire qui va amorcer la guérison en elles car, comme nous l’avons vu au chapitre 7, « Purification », les très hautes énergies purifient et donc soignent. De nos jours, ceci se pratique couramment en reiki, émanation du bouddhisme pour les soins, comme nous l’avons vu au chapitre 4, « Reiki et enersense ». Cependant, nous demandons au patient de se prendre en charge et de voir ce qu’il peut changer dans sa vie pour améliorer sa santé. Par ailleurs, une pratique très courante en bouddhisme est celle du Bouddha de médecine, Sanguié Menla, de couleur bleu lapis-lazuli. Nous la faisons pour nous-mêmes en visualisation ou pour autrui en la lui dédiant. Pour commencer, nous nous visualisons sous notre forme actuelle, avec un lotus blanc à huit pétales à l’intérieur de notre cœur. Dans son centre, se trouve un disque lunaire sur lequel est assis Sanguié Menla. Dans sa main droite, il tient une plante d’aroura (Emblica officinalis) et, dans sa main gauche, un bol à aumône. Devant le Bouddha de guérison, se tient une déesse de médecine blanche, « la Sagesse accomplie » ; à sa droite, se trouve la déesse de médecine jaune, « Richesse simultanée » ; 93


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derrière lui, se trouve la déesse rouge de la forêt, « Gorge de paon » ; à sa gauche, se trouve la déesse verte des arbres, « la Radieuse ». Chaque déesse, de la nature de la lumière radiante de la félicité, tient, dans sa main droite, une plante d’aroura et, dans sa main gauche, un vase décoré d’ornements variés. Ensuite, nous demandons à Sanguié Menla de bien vouloir apaiser les maladies qui nous affligent. De chacune des cinq divinités qui sont dans notre cœur émanent des lumières de leur couleur respective. Notre cœur et notre corps s’emplissent d’une lumière de félicité qui nous purifie entièrement de toutes maladies, de la malfaisance des esprits et de toutes actions négatives ainsi que de leurs empreintes. Des rayons de lumière à cinq couleurs irradient de tous les pores de notre corps, tandis que du nectar coule du bol à aumône du Bouddha de guérison et des vases des quatre déesses, remplissant complètement notre cœur et notre corps. Tout en nous concentrant sur cette visualisation, nous récitons le mantra court du Bouddha de médecine : « TAYATHA OM BÉKADZÉ BÉKADZÉ MAHA BÉKADZÉ RADZA SAMOUTGATÉ SOHA. » Puis, nous mettons de la salive sur la paume de notre main gauche que nous frottons avec l’annulaire droit. Nous amenons l’annulaire droit à l’ouverture de nos narines, puis appliquons la salive aux parties du corps affectées. Nous récitons ensuite les mantras des voyelles et des consonnes sanscrites, qui ont le pouvoir d’activer des marmas (points vitaux) sur tout le corps, puis le mantra du « Cœur de l’Origine dépendante » : – Voyelles sanscrites (3 fois) : « Om A Aa I Ii U Uu Ri Rii Li Lii E Ai O Au Am Ah Svaha ». – Consonnes sanscrites (3 fois) : « Ka Kha Ga Gha Nga – Ca Cha Ja Jha Nya – Ta Tha Da Dha Na – Ta Tha Da Dha Na – Pa Pha Ba Bha Ma – Ya Ra La Va – Sha Cha Sa Ha Ksha Svaha ». 94


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– Le Cœur de l’Origine dépendante (3 fois) : « Om Yé Dharma Hétou-Prabhava Hétune Téshan Tathagato Hyavadat Téshan Chayo Nirodha Evam-Vadi Maha Shramana Yé Svaha ». Cette pratique est un « trésor du Dharma » (tib. terma) de Padmasambhava. Il nous protège aussi bien des maladies qui nous affligent maintenant que de celles que nous n’avons pas encore contractées. Pour pratiquer pour les autres, une dédicace est faite pour ces personnes au début ou en fin de pratique. Par ailleurs, dans la tradition bön, nous trouvons une pratique de recouvrement d’âme très originale, qui est une pratique d’autoguérison. Elle consiste à récupérer les énergies des cinq éléments que nous avons perdues durant toutes nos vies passées et celle-ci. Ces pertes d’énergies se traduisent par des pertes de qualités de notre âme. Tout comme en chamanisme, on parle alors de pertes de parties d’âme. Nous procédons élément par élément en commençant par la terre, puis l’eau, le feu, l’air, et en finissant par l’espace qui contient les quatre précédents. Cette pratique se déroule sous forme de méditation guidée. Bien que très chamanique, elle ne nécessite pas de faire des voyages chamaniques, ni d’être initié au chamanisme. Elle est basée sur la visualisation et, surtout, sur le ressenti des qualités de chaque élément dans notre corps. Pour chaque élément, nous effectuons trois transformations : celle de notre corps, celle de notre énergie, et puis celle de notre esprit, allant du plus grossier au plus subtil. Pour la transformation du corps, nous nous visualisons en déesse de l’élément pour en ressentir physiquement ses qualités. Pour la transformation de l’énergie, la déesse de l’élément est dans l’organe associé à cet élément. De cet organe, une infinité 95


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de déesses émanées de la déesse élémentaire vont sortir du corps par la narine droite et rejeter à l’extérieur toutes les impuretés énergétiques. Puis, elles partent à la recherche des qualités perdues partout dans l’Univers ainsi que dans toutes nos vies antérieures et les ramènent au moyen d’un bol d’offrande qu’elles tiennent dans leur main gauche. Elles rentrent dans le corps par la narine gauche et versent leur bol d’offrande dans l’organe. Pour la transformation de l’esprit, la déesse élémentaire verse l’essence de l’élément dans le chakra coronal. Ce nectar descend dans le canal énergétique central, puis s’accumule dans le cœur pour fusionner avec notre conscience. Le ressenti devient encore plus subtil et nous expérimentons la sagesse de l’élément et la nature de notre esprit. La pratique est effectuée élément par élément. Les déesses, dont nous chantons les mantras, partent à la recherche de toutes nos parties d’âme perdues ou volées dans toutes les contrées. Sortant de notre corps par la narine droite, elles rejettent à l’extérieur toutes les impuretés, puis, rentrant par la narine gauche, elles ramènent toutes les parties d’âme récupérées. Ceci se situe entre le chamanisme et le bouddhisme, ce qui est tout à fait cohérent puisque le bön est issu des enseignements d’un bouddha dont les pratiques de l’époque étaient très chamaniques. Comme pour la pratique du Bouddha de médecine, nous retrouvons la présence de lumières de cinq couleurs (blanc, bleu, vert, rouge et jaune) au niveau du cœur, qui émanent d’un bol d’offrande rempli de nectar purifiant. Avec cette pratique, nous avons l’équivalent chamanique d’une extraction (lorsque les déesses sortent par la narine droite), suivie d’un recouvrement énergétique qui englobe ce qu’en 96


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chamanisme nous appelons « animal de pouvoir » et « partie d’âme » (lorsque les déesses rentrent par la narine gauche). Nous pouvons aussi observer que, dans la pratique chamanique de la récapitulation, c’est en se tournant vers la gauche que le praticien récupère ce qu’il a perdu et en se tournant vers la droite qu’il rejette ce qui ne lui appartient pas. D’ailleurs, cette pratique de récapitulation, que nous avons vue au chapitre 7, « Purification », est très salvatrice, car elle permet de se recharger en énergie et, ce faisant, peut parfaitement permettre au praticien de récupérer des animaux de pouvoir perdus ou des parties d’âme perdues. De nouveau, nous retrouvons des similitudes dans les techniques de soins : – L’imposition des mains est pratiquée dans les deux traditions, après avoir contacté son Être authentique pour le chamane, et la bouddhéité ou l’énergie universelle pour le bouddhiste ou le praticien reiki. – Le recouvrement d’âme est également pratiqué dans les deux traditions, que ce soit en lien avec des animaux de pouvoir ou un maître spirituel, ou en lien avec des déesses des éléments. Mais que sont donc ces animaux de pouvoir que nous ne définissons jamais ? Sont-ils des manifestations des bouddhas, des déesses, des dakinis ? Ou sont-ils les représentations inconscientes de notre propre pouvoir, des manifestations de notre Être authentique ? D’ailleurs, n’est-ce point la même chose si nous considérons que nous faisons partie du « Grand Tout » ? Comme l’a dit Hermès Trismégiste : « Ce qui est en bas est comme ce qui est en haut et ce qui est en haut est comme ce qui est en bas ; par ces choses se font les miracles d’une seule chose. Et comme toutes les choses sont et proviennent d’UN, ainsi 97


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toutes les choses sont nées de cette chose unique par adaptation. » Ainsi, ce qui est à l’intérieur est comme ce qui est à l’extérieur. Donc, nos animaux de pouvoir peuvent aussi bien être vus en nous qu’en dehors de nous. Nous verrons cela en détail dans la deuxième partie du livre, au chapitre 2, « Manifestation des différents esprits ». Ainsi, lorsque nous recouvrons un animal de pouvoir perdu pour une personne, nous ne faisons que reconnecter cette personne avec une partie de son Être authentique. Ce recouvrement d’un animal de pouvoir, qui apporte une énergie particulière, peut s’opérer naturellement et spontanément lors d’un soin reiki par apport d’énergie universelle, car, en élevant l’énergie de la personne, nous la rapprochons de sa partie spirituelle, sa bouddhéité, et l’autoguérison intervient. Quant aux extractions chamaniques, leur équivalent bouddhiste pourrait être la purification des cinq éléments, que nous retrouvons dans la tradition bön ainsi que dans le dzogchen. En dzogchen, nous visualisons la lettre sanscrite « HA » dans notre cœur, puis récitons successivement un mantra purifiant pour chaque élément, tout en nous visualisant de la couleur de l’élément : bleu pour l’éther (E), vert pour l’air (YAM), blanc pour l’eau (BAM), rouge pour le feu (RAM) et jaune pour la terre (LAM). La lettre « HA » symbolise notre esprit pur, notre bouddha intérieur, celui qui nous soigne et nous guérit lorsque nous le lui demandons vraiment. « OM E HO SHUDDHE SHUDDHE YAM HO SHUDDHE SHUDDHE BAM HO SHUDDHE SHUDDHE RAM HO SHUDDHE SHUDDHE LAM HO SHUDDHE SHUDDHE E YAM BAM RAM LAM SHUDDHE SHODHANAYE SVAHA. » 98


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Selon moi, dans les soins, le chamanisme a l’avantage d’être plus direct, plus incisif et précis, car il va droit au but. Je compare ces soins aux opérations chirurgicales : – Nous retirons des intrusions du corps par extraction. – Nous « greffons » un animal de pouvoir ou une partie d’âme perdue, et nous obtenons des informations sur les causes et circonstances du problème. Ceci donne au patient toutes les armes nécessaires pour amorcer sa propre guérison très rapidement, et toujours en association avec d’autres soins (allopathiques, psychologiques, nutritionnels, etc.) qui pourront agir en synergie. C’est ce que nous appelons les « soins holistiques ». Alors que, dans le bouddhisme, nous soignons plutôt par purification du karma et par élévation de l’énergie du patient au niveau de l’énergie universelle. Et, comme nous sommes tous interreliés dans cette énergie universelle, cela revient aussi à reconnecter cette personne à son bouddha intérieur, ce qui a un effet en retour sur la santé générale (physique, émotionnelle, mentale et spirituelle), sans pour autant donner des éclaircissements sur les causes du problème. Le travail opère davantage en aveugle et nous faisons confiance aux esprits, aux déesses et à l’énergie universelle. Ce qui, bien sûr, n’empêche pas une personne réceptive de recevoir des messages. Plus généralement, le chamanisme m’apparaît plus comme une pratique orientée majoritairement vers le soin et, secondairement, vers le développement personnel. Alors que je vois le bouddhisme plutôt comme une pratique orientée vers le développement personnel et l’éveil et, accessoirement, vers le soin, chaque fois que nécessaire. D’ailleurs, une grande partie des soins se font sous couvert du reiki qui, bien qu’issu du bouddhisme, n’est 99


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plus une pratique spécifiquement bouddhiste. Voilà pourquoi l’association de ces deux traditions complémentaires offre une bonne synergie. • Aménagement des pratiques chamaniques Personnellement, lorsque je pratique un soin sur une personne, je m’entoure toujours de mes esprits aidants, de mes animaux de pouvoir et de mon maître spirituel qui est une déité bouddhiste. Ce faisant, je peux être amené à réciter des mantras, à donner de l’énergie avec les mains en reiki, notamment après un recouvrement d’animal de pouvoir ou de partie d’âme, ainsi qu’après une extraction d’intrusion énergétique. De plus, en fin de soin, si j’ai un quelconque doute sur la bonne exécution du soin, je récite trois fois le mantra de Vajrasattva, en lui demandant de corriger mes erreurs commises dans le voyage. • Aménagement des soins reiki Même lorsque je donne un soin reiki, il m’arrive très souvent de réciter des mantras. Ce peut être le mantra du Bouddha de médecine, vu plus haut, ou de Padmasambhava : « OM HA HUM VAJRA GURU PADMA SIDDHI HUM30 ». La récitation de mantras permet de rester concentré et apporte une énergie accrue au soin. Ceci est très favorable pour les praticiens de premier niveau reiki.

La signification essentielle de ce mantra est : « Je vous invoque, ô Vajra Guru, Padmasambhava ; puissiez-vous, par vos bénédictions, nous accorder les siddhis ordinaires et suprêmes » (extrait du Livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché). 30

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10 – MORT ET RENAISSANCE

En chamanisme, nous parlons souvent de « psychopompe » pour décrire le travail qu’effectue un praticien chamanique au moment de la mort et après la mort d’une personne. Mot à mot, ce serait le « travail sur l’âme » (psycho), lors des funérailles (pompes funèbres), le but étant de préparer la personne en fin de vie à mourir sereinement, autant que faire se peut. Tout en respectant ses croyances, le praticien lui parlera de la mort et de la vie après la mort en des termes rassurants afin qu’elle puisse partir sereine et confiante. Il l’aidera à couper tous les attachements qu’elle a encore dans cette vie. Il lui conseillera, si cela est encore possible, de régler ses affaires courantes et sa succession afin de pouvoir partir tranquillement, sans plus s’occuper des préoccupations mondaines. Si la personne est ouverte à cela, le praticien peut lui proposer et l’aider à faire un voyage chamanique lors duquel elle pourra rencontrer ses animaux de pouvoir ou son maître spirituel. Elle pourra ainsi faire l’expérience d’une autre réalité et pourra se sentir soutenue par ses esprits tutélaires, durant la préparation de la mort et au moment de la mort. Parallèlement, le praticien peut aussi s’occuper des proches du mourant. Leur état émotionnel a une influence certaine sur lui. Il faudrait qu’ils acceptent son départ afin de ne pas le 101


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freiner dans son évolution. Le praticien chamanique les aidera à passer les six étapes du deuil, telles que décrites par Elisabeth Kübler-Ross : – « étape du choc », qui peut occasionner de la prostration ou de l’agitation ; – « étape du déni », provoqué par la peur ; – « étape de la révolte », mue par la colère ; – « étape de la dépression », qui prend sa source dans la tristesse ; – « étape du marchandage », qui est l’acceptation en échange d’autre chose ; – « étape de l’acceptation », où la personne retrouve la joie. Une personne en fin de vie passe aussi par ces six étapes, sachant que parfois elles ne sont pas aussi distinctes et évidentes. Une personne peut s’attarder, voire rester coincée dans une étape, puis passer rapidement les deux ou trois étapes suivantes plus ou moins en même temps. Le rôle du praticien chamanique en accompagnement de ces six étapes est important. Par son recul, sa connaissance de la mort et du psychopompe, il aidera la personne en fin de vie à considérer les choses peut-être différemment, à regarder sa vie comme une de plus, parmi tant d’autres, qui se termine, comme un rêve qui s’achève pour s’ouvrir à une autre réalité. Il lui expliquera pourquoi il est bénéfique de partir serein, sans regrets, sans attachements et sans peurs. Il lui parlera des membres de sa famille décédés que le mourant voudrait retrouver, cela tout en respectant ses croyances spirituelles auxquelles il devra adapter son discours. Il est possible que la famille ait envie de transmettre un message à un aïeul ; dans ce cas, le praticien peut confier ce message au mourant pour qu’il le lui transmette. Cela responsabilisera la personne en fin de vie qui pourra se sentir encore utile. 102


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À la demande de la personne en fin de vie ou avec son autorisation, le praticien chamanique pourra faire un voyage chamanique pour rencontrer ses animaux de pouvoir et demander s’il est indiqué de faire un soin préparatoire (récupération d’un animal de pouvoir ou d’une partie d’âme, ou une extraction). Après la mort, le praticien fera un voyage chamanique pour rencontrer l’esprit du défunt et vérifier son état. Au mieux, l’esprit sera monté vers la lumière, et nous le trouverons dans le monde d’en haut. Sinon, nous le trouverons dans le monde du milieu, et nous disons alors qu’il est « bloqué » ou « fantôme ». Différentes causes peuvent occasionner cela : l’ignorance qu’il est mort, l’ignorance de ce qu’il faut faire, une mort subite, une mort accidentelle et traumatisante, des attachements terrestres non résolus, des parties d’âme volées et non restituées, un état énergétique très faible dû à une longue maladie, une mort non suivie de prières et d’accompagnement de la part de ses proches, etc. Il est de plus en plus rare, dans notre monde occidental, que la personne morte reste ou soit ramenée dans sa maison pour y être veillée durant minimum trois jours, entourée de sa famille et de ses amis qui peuvent encore lui parler et prier pour elle. Lorsque le défunt ne fait pas son ascension, il perd le peu d’énergie qui lui reste, hante les lieux qu’il connaissait et peut être tenté de pénétrer dans les corps énergétiques d’une personne vivante pour retrouver les sensations de la vie et, plus particulièrement, les addictions éventuelles qu’il avait avant sa mort : l’alcool, le tabac, les drogues, le sexe, etc. Ceci constitue une possession, sujet que nous avons traité au chapitre précédent. Le praticien chamanique informe donc le défunt de son état et lui propose de l’aider. Avec l’aide de ses esprits, il pourra effectuer des recouvrements d’animaux de pouvoir et des recouvrements de parties d’âme pour le soigner, puis recevoir des messages pour ses proches. Ces messages peuvent être très importants pour aider ses proches à faire leur deuil. Il pourra 103


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aussi l’aider, par des rituels, à couper les liens qui le relient encore à ses proches et à restituer les parties d’âme qu’il aurait lui-même volées. Lorsque le défunt est prêt, le praticien chamanique, accompagné de ses animaux de pouvoir, va l’aider à monter vers la lumière jusqu’à un certain niveau où des êtres de lumière prendront le relais. Il est aussi possible de demander au défunt s’il désire être accueilli par un proche parent décédé que le praticien invitera à venir pour l’aider à monter vers la lumière. Avant la mort, un praticien bouddhiste fait exactement le même travail que le praticien chamanique au niveau de l’accompagnement du mourant et de son entourage. Il aide chacun à passer les six étapes du deuil, dans le même esprit, c’est-à-dire dans le respect des croyances de chacun. La différence est que le praticien bouddhiste propose la pratique du powa si le mourant est ouvert à ceci. Le powa est effectué pour le défunt, immédiatement après sa mort et de préférence avant qu’il ne soit touché. Dans ce cas, le praticien bouddhiste visualise une déité au-dessus de la tête de la personne. Ses rayons de lumière ruissellent sur la tête du mourant, le purifiant entièrement de tous ses karmas négatifs, ses perturbations mentales et ses voiles à la connaissance. Puis, il visualise le défunt qui se dissout en lumière, se projette et se fond dans cette présence spirituelle, puis dans l’espace. Il a alors intégré complètement sa dimension spirituelle, son esprit pur, et se fond dans le Tout. Il serait bon que la personne en fin de vie, qui aurait été instruite de cette pratique, s’entraîne elle-même avant sa mort afin que le powa lui devienne familier. Le mourant peut aussi, avant sa mort, formuler le vœu d’aller dans les Terres pures des bouddhas (Dewatchen pour le Bouddha Amitabha). Selon son karma, les différentes purifications qu’il 104


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aura effectuées et les mérites obtenus, son vœu pourra être exaucé ; cela ne veut pas dire qu’il aura atteint l’éveil, mais il sera provisoirement hors du samsâra, dans un lieu idyllique, entouré de maîtres desquels il recevra des enseignements afin qu’il puisse évoluer et atteindre l’éveil. Cependant, le Sixième Patriarche, Houei-neng, dans son Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade, précise bien, à l’intention d’un préfet qui l’interrogeait sur les Terres pures des bouddhas : « Les égarés récitent le nom du Bouddha pour renaître là-bas ; l’homme à la compréhension juste trouve la pureté dans son esprit. C’est pourquoi le Bouddha dit que "la pureté de l’esprit précède immédiatement la pureté des terres de Bouddha". Ce sont les égarés qui aspirent à renaître dans les Terres pures d’Orient ou d’Occident : pour les illuminés, tous les lieux se valent. Si seulement nous avions l’esprit libre de toute impureté, la Terre pure d’Occident ne se trouverait pas si loin d’ici. Celui qui entretient des pensées impures aura du mal à y renaître, rien qu’en récitant le nom du Bouddha. Qu’il en finisse avec les dix actes négatifs, et il aura parcouru dix mille lis (5 000 kilomètres) ; en se défaisant des huit perversions, il franchira les huit mille lis (4 000 kilomètres) restants. Mais il suffit d’honorer la droiture pour se retrouver là-bas en un claquement de doigts. Seigneur préfet, contentez-vous de faire le bien : à quoi bon vouloir, en plus, renaître où que ce soit ? Si vous ne mettez pas un terme à vos états d’âme liés aux dix actes négatifs, quel bouddha viendra vous accueillir sur le seuil de sa Terre pure ? Si vous compreniez parfaitement la subite méthode du sans-naissance, il ne vous faudrait qu’un bref instant pour voir la Terre pure d’Occident. » Une autre pratique tibétaine consiste à lire au défunt, jour après jour, des textes du Livre des morts tibétain (Bardo Thödol31), Le Bardo Thödol est la Grande Libération par l’écoute dans les états intermédiaires. Il fait partie du Karling Shitro, les Paisibles et les Courroucés de Karma Lingpa qui est le tertön qui découvrit ce trésor spirituel (terma) à la fin du XIVe siècle, dans le sud du Tibet. Ce terma avait été caché par Padmasambhava. Voir Le Livre des morts 31

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qui indiquent au défunt ce qu’il doit faire pour reconnaître la Claire Lumière de son esprit pur et, à défaut, pour avoir la meilleure renaissance possible. Dans les deux traditions, nous retrouvons la fonction purificatoire. En chamanisme, c’est le travail qu’effectue le praticien avec ses animaux de pouvoir. En bouddhisme, c’est le travail du powa avec une déité. Après la purification, nous trouvons le « passage » vers la lumière. C’est le moment où le défunt intègre sa nature lumineuse, son Être authentique. En chamanisme, c’est le travail des animaux de pouvoir, relayés par des êtres de lumière. Jadis, on appelait les personnes qui effectuaient ce travail avec leurs animaux de pouvoir des « passeurs ». Souvent, le loup est l’animal associé à ce travail. En bouddhisme, c’est la déité dans laquelle le défunt se fond qui facilite ce « passage » vers la lumière. • Aménagement des pratiques chamaniques Le seul aménagement que parfois j’utilise pour un psychopompe est la récitation du mantra du Bouddha de la compassion, au moment où l’esprit du défunt monte vers la lumière.

tibétain de Padmasambhava (Pocket). 106


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11 – MÉTAMORPHOSE

La métamorphose est une pratique chamanique très ancienne, quelque peu tombée en désuétude, que Claude Poncelet a approfondie puis enseignée. La métamorphose est une transformation énergétique et spirituelle qui induit progressivement une très légère transformation physique. Cela me fait penser à la transfiguration de Jésus-Christ sur le mont Thabor. Notre corps physique n’existe que par nos corps énergétiques, de même que les cinq éléments sont une matérialisation des éléments subtils. Il est donc évident qu’une action sur la partie énergétique, subtile, aura des conséquences sur la partie physique. Nous retrouvons des contes et légendes celtes qui mentionnent des phénomènes de métamorphose, comme celle de Taliésin extraite du Livre des symboles celtes de Joules Taylor : « Le conte sur la naissance de Taliésin est lié à celui de sa mère Ceridwen, gardienne du chaudron de l’Autre Monde dans lequel sont brassées inspiration et connaissance divines. Ceridwen eut un fils, Avagddu, d’une laideur telle qu’elle décida de fabriquer une potion pour l’imprégner de sagesse, d’éloquence et de charme intérieur qui effaceraient son apparence grotesque. Elle commanda à son jeune serviteur, Gwion, de remuer la potion pour bien mélanger les ingrédients. Mais Gwion en fit tomber trois gouttes sur sa main. Ayant automatiquement porté sa peau brûlée à la bouche, il avala les trois 107


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gouttes et reçut instantanément la sagesse et le savoir prévus pour Avagddu. Se doutant que Ceridwen serait furieuse, Gwion s’enfuit pour sauver sa vie. Ceridwen le poursuivit sans pitié. De peur, il devint un lièvre pour qu’elle perde sa piste. Elle se transforma en chien de chasse et lui courut après. Il bondit dans une rivière et devint un poisson, mais elle se transforma en loutre. Désespéré, il se changea en oiseau, mais elle prit la forme d’un faucon. Finalement, il se changea en épi de blé, mais Ceridwen, devenue poule, en avala un grain et se trouva enceinte. Son enfant fut Taliésin. Ceridwen l’aurait tué à la naissance, mais il s’avéra si beau qu’elle en fut incapable et le jeta à la mer dans un sac en cuir, laissant au destin le choix de le laisser vivre ou périr. Ainsi, Taliésin est deux fois né (il est d’abord Gwion puis Taliésin) et il est son propre père ! Il a vécu dans les trois domaines de la planète – l’eau, l’air et la terre – et a absorbé la sagesse divine. Il n’est donc pas étonnant qu’il soit devenu le meilleur et le plus talentueux des bardes. » De tels contes peuvent nous laisser penser que les chamanes celtes et préceltes pratiquaient les métamorphoses. Pour ma part, je tiens cette connaissance du fait que mon maître de métamorphose a été druide à l’époque celte, et c’est lui qui m’indique, pour chaque voyage chamanique, si je dois me métamorphoser ou pas et comment. Le praticien chamanique, guidé par son maître spirituel, se métamorphose en un de ses animaux de pouvoir. Pour cela, il demande à rencontrer, en voyage chamanique, l’animal dans lequel il a l’intention de se métamorphoser, puis il aligne les chakras de son animal de pouvoir avec les siens. Par son intention et sa volonté, il se transforme en animal de pouvoir. La métamorphose apporte au chamane un pouvoir accru qui lui permet d’être encore plus concentré et efficace dans son travail chamanique pour servir sa tribu. Ma compréhension 108


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des animaux de pouvoir est qu’ils sont des représentations de notre esprit pur, de même qu’en bouddhisme, il est dit que ce même esprit peut se manifester au moment du bardo de la mort, en déités paisibles et en déités courroucées, dont certaines ont des têtes animales. Ainsi donc, en nous métamorphosant avec un de nos animaux de pouvoir, nous nous concentrons sur une des qualités de notre esprit pur. Nous pouvons alors accéder à un plus grand pouvoir spirituel. Après une très longue pratique, le chamane pourra, sur les conseils de son maître, se métamorphoser en d’autres animaux de pouvoir, en arbre ou en plante, selon les besoins du travail chamanique. Le chamane qui a pratiqué ces différentes métamorphoses peut aussi se métamorphoser successivement en plusieurs animaux de pouvoir, puis en son maître spirituel. Cela lui donne une dimension supérieure. Il atteint alors un très haut niveau énergétique car il est dans son Être authentique, conscient que les animaux de pouvoir font partie de son esprit pur, que nous sommes tous interreliés et que nous appartenons tous au Tout. En ce sens, nous pouvons considérer la métamorphose comme une excellente pratique pour atteindre l’éveil. En effet, son rôle étant de servir la tribu, ceci est un acte de compassion pure. De plus, en métamorphose, le chamane est dans son Être authentique, dans lequel il se purifie et se trouve dans un état de concentration et de calme mental propice pour réaliser la vacuité, l’absence d’ego et de dualité, tout cela sous la direction d’un maître de métamorphose. Cette pratique réunit donc bien toutes les conditions avancées par la tradition bouddhiste pour atteindre l’éveil. Nous pouvons observer, dans les arts martiaux, des pratiques qui, à mon sens, peuvent être assimilées aux métamorphoses. Dans les films de Bruce Lee, nous pouvons le voir combattre comme s’il était un félin pour gagner en rapidité et en souplesse. 109


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Dans le bouddhisme tantrique du mahayana, les pratiquants méditent face à une déité, comme par exemple Chenrézy. Ils visualisent un « OM » blanc dans son chakra du troisième œil, un « HA » rouge dans celui de la gorge et un « HUM » bleu dans celui du cœur. Puis, ils alignent leurs propres chakras, dans lesquels se trouvent les mêmes lettres, avec ceux de la déité choisie. En parallèle, ils récitent le mantra « OM HA HUM » qui les purifie de tous leurs karmas négatifs en relation avec le corps, la parole et l’esprit. S’ils en ont reçu la transmission ou l’initiation, ils peuvent imaginer que, du « HUM » au cœur de la déité, sort un deuxième « HUM » qui s’élance dans leur cœur. À ce moment, les pratiquants se transforment en déité. Ils expérimentent alors les qualités spirituelles de la déité mais aussi de leur propre esprit. Il s’agit du guru yoga, dont nous avons déjà parlé précédemment, et qui permet de recevoir en nous l’énergie du guru et de tout le Champ de mérites. Cette énergie charge nos corps énergétiques, puis notre corps physique. C’est plus puissant que recevoir un traitement reiki car, dans le cas du guru yoga, l’énergie vient directement de la déité, sans passer par l’intermédiaire de symboles ni du « canal » d’une personne. C’est très guérissant et purifiant. Nous retrouvons dans cette pratique une grande similitude avec la métamorphose chamanique. Dans les deux cas, le travail opère au niveau des corps énergétiques, et l’amorce du processus passe par un alignement de nos chakras avec ceux de l’être avec lequel nous voulons nous métamorphoser. Par ailleurs, dans d’autres traditions ésotériques, en Égypte ou en Inde par exemple, nous trouvons des yogis et des yoginis qui pratiquent l’union tantrique. Pour cela, ils intègrent dans leurs préparatifs la métamorphose. La yogini se métamorphose 110


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en une déesse et le yogi en un dieu, comme, par exemple, Isis et Osiris. Leurs méthodes, gardées secrètes, font appel à la récitation de mantras qui détiennent l’essence de la déité et à la visualisation de yantras associés à la déité. • Aménagement des pratiques chamaniques Lorsque nous sommes en métamorphose avec notre Être authentique, nous sommes au niveau de notre corps spirituel. Essayons de conserver cette conscience de notre esprit pur, au-delà de la pratique, dans la vie de tous les jours. Pour cela, il est recommandé de sortir lentement de notre position, de notre méditation, et de bouger progressivement tout en conservant notre conscience de cet état de métamorphose. Ensuite, nous pouvons nous lever, toujours lentement, et sortir à l’extérieur en restant dans cet état. De la même manière, en dzogchen, nous devrions conserver notre état contemplatif hors contemplation. À ne pas pratiquer en public si nous sommes métamorphosés en animal de pouvoir, au risque d’intriguer et choquer notre entourage non prévenu.

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12 – RÊVES ET YOGA DU RÊVE

En chamanisme, le peuple des Achuars est un peuple de rêveurs : les Achuars reçoivent des informations des esprits durant leurs rêves. Ils se lèvent à quatre heures du matin pour partager ces informations avec le chef du village et tenter d’en obtenir une interprétation utile pour eux-mêmes ou pour tout le village. Nous recevons en permanence des messages dans nos rêves, mais nous avons souvent tendance à les oublier ou à ne pas y attacher d’importance. Parfois, avant de m’endormir, je demande à Tara (divinité bouddhiste) de bien vouloir m’envoyer un message dans mes rêves, en réponse à une question qui m’occupe ou me préoccupe. Et, au matin, je m’empresse de noter mes rêves ou ce dont je me souviens, pour en retirer la réponse à ma question. Voici, par exemple, un rêve que je fis en octobre 2010. Dans ce rêve, j’étais avec Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama et nous étions assis dans une cuisine. Sa Sainteté semble vouloir partir mais, auparavant, il me demande si j’ai encore une question à lui poser. Après réflexion, je lui demande s’il peut me conseiller un livre sur le bouddhisme. Il se lève, prend son téléphone portable et appelle : « Ian ? », en Angleterre. Fin du rêve ! 113


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Le matin, au réveil, j’en parle à mon épouse et lui demande ce qu’elle en pense. Elle me conseille de chercher sur Internet l’association « Ian » et « bouddhisme » dans la rubrique des livres. En cherchant ainsi, je finis par trouver le livre Le temple secret du Dalaï-Lama de Ian Baker et Thomas Laird. Je l’ai commandé et sa lecture correspondait exactement à ce que j’avais besoin de lire à ce moment-là. Une manière de retenir ses rêves au réveil est d’appliquer la « technique du puits ». Avant de s’endormir, se visualiser assis au bord d’un puits, en train d’écrire sur un papier le message : « Moi, (se nommer), je me souviendrai de mes rêves à mon réveil, demain matin ». Signer, plier le papier et le laisser tomber au fond du puits. Nous envoyons ainsi le message au plus profond de notre conscience. Les Iroquois, qui sont aussi un grand peuple de rêveurs, ne considèrent pas les rêves prémonitoires comme une fatalité. Lorsque le rêve peut laisser présager un devenir tragique ou désastreux, ils conçoivent des rituels qui se substituent à la prédiction du rêve. Il s’agit d’une véritable mise en scène qui reproduit ce qui a été vu en rêve, mais en bien moins dangereux. Lorsque nous nous endormons, notre cerveau, qui est en charge de la conscience de veille, abandonne son contrôle ; notre mental lâche prise. À ce moment, notre conscience pénètre dans un autre domaine, celui des esprits et des visions. Dans cet état de rêve, nous sommes libres, nous pouvons voler, traverser les murs, nous ne sommes plus limités par la matière et pouvons rencontrer nos parents défunts, nos ancêtres, nos maîtres spirituels et nos animaux de pouvoir. Ainsi, nous pouvons recevoir des enseignements de leur part. Jadis, certains chamanes rencontraient leurs animaux de pouvoir lors de rêves lucides plutôt qu’en voyage chamanique sur le son du tambour. L’avantage du rêve 114


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lucide est que notre ego y est en retrait, ce qui n’est pas le cas du voyage chamanique en état de veille. Aujourd’hui encore, certains chamanes utilisent les rêves pour recevoir des messages des esprits pour soigner leurs patients. Carlos Castaneda, anthropologue américain qui s’est initié au chamanisme dans les années 70, relate ses expériences dans de nombreux ouvrages, dont L’art de rêver. Dans ce livre, il expose les enseignements de son maître don Juan, sorcier32 indien yaqui du Mexique. Selon don Juan, les sorciers yaquis voient les humains comme une boule, ou un œuf, énergétique, avec un point d’une intense brillance, de la taille d’une balle de tennis et situé à environ soixante centimètres en arrière du bord cervical de l’omoplate droite. Ils appelèrent ce point le « point d’assemblage », entouré d’un rayonnement. Nous sommes tous interreliés dans l’Univers par des filaments d’énergie qui convergent dans ce point. C’est sa position précise, la même pour tous les humains, qui nous permet d’interpréter tous de la même manière ce que nous considérons comme la réalité ordinaire. Lorsque nous nous endormons, ce point se déplace et se trouve traversé par d’autres filaments d’énergie, ce qui induit une autre réalité, celle du rêve. En contrôlant ce point d’assemblage, les sorciers yaquis pouvaient contrôler leurs rêves. Nous approfondirons leurs pratiques dans la deuxième partie du livre, au chapitre 7, « Yoga du rêve ». Pour les Iroquois, les rêves sont tout aussi irréels que ce que nous prenons pour notre réalité diurne. Grâce aux rêves, ils peuvent prévoir le futur et, ainsi, agir sur le présent pour décider de leur avenir. Ils sont capables de vivre consciemment leurs rêves, afin de les contrôler, tout comme en voyage Par rapport au chamane, le sorcier est davantage orienté vers la magie pour son propre développement spirituel. 32

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chamanique. En fait, il n’y a pas de différences entre leurs rêves et leurs voyages chamaniques. Ils peuvent « ré-entrer » aussi bien dans l’un que dans l’autre, pour obtenir d’autres informations. Je pense que, si un praticien chamanique arrive à vivre consciemment ses rêves, à sa mort il aura plus de possibilités de rester conscient et de gérer au mieux son évolution. Nous pouvons aussi utiliser les rêves pour voyager dans le passé et soigner les traumatismes de notre enfance, pour consoler, rassurer et encourager notre petit enfant ou l’adolescent que nous avons été. Nous pouvons aussi rêver nos vieux jours pour bénéficier de la sagesse. En bouddhisme, pratiquer le yoga du rêve est un bon moyen pour s’entraîner à reconnaître la réalité ultime, celle de notre esprit pur. La tradition bön propose le yoga du rêve dont l’objectif est strictement le même. Les moyens pour y parvenir sont clairement définis dans le livre Yogas tibétains du rêve et du sommeil de Tenzin Wangyal Rinpoché. Des symboles sanscrits sont visualisés au niveau des chakras, avant de s’endormir dans une certaine position, pour s’assurer de vivre consciemment les rêves. Padmasambhava a aussi donné des enseignements dans ce sens, et nous retrouvons aussi cette pratique dans les « six yogas de Naropa », que nous développerons dans la deuxième partie du livre, au chapitre 7, « Yoga du rêve ». En restant lucides lors des rêves, nous pourrons, au moment de notre mort, rester lucides et comprendre que cette vie que nous quittons n’est pas la réalité ultime. Nous aurons ainsi de grandes chances de reconnaître la Claire Lumière33 de notre esprit pur, de fusionner avec elle et d’atteindre l’éveil. Si, durant un rêve, nous ne sommes pas capables de reconnaître 33

Voir deuxième partie, chapitre 8, « Claire Lumière ». 116


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qu’il ne s’agit que d’un rêve, nous n’avons que peu de chances de rester lucides au moment de notre mort. Et nous serons alors « balayés » par les vents du karma ! • Aménagement des pratiques chamaniques J’ai commencé à pratiquer le yoga du rêve dans le cadre bouddhiste des « six yogas de Naropa », avant de redécouvrir les livres de Carlos Castaneda qui traitent de l’art de rêver. Les pratiques bouddhistes du yoga du rêve apportent des indications précises sur la préparation de la nuit pour s’assurer d’avoir des rêves lucides. La maîtrise de nos rêves constitue un moyen habile pour notre développement personnel et pour atteindre l’éveil. De plus, ce faisant, nous pouvons utiliser ces heures nocturnes pour poursuivre notre travail spirituel. Tout au moins, au moment de nous coucher, nous pouvons demander à nos guides de nous envoyer un message lors d’un rêve, en rapport à la situation qui nous occupe ou préoccupe. Au réveil, notons le rêve sur un cahier pour ne pas l’oublier. Ensuite, nous pouvons prendre notre tambour et faire un voyage divinatoire pour demander des éclaircissements sur ce rêve. Sachant que l’interprétation du rêve n’est pas toujours facile, n’hésitons pas à solliciter, de multiples manières, nos esprits aidants. Les enseignements de don Juan Matus me sont de bons auxiliaires pour avancer dans mes pratiques, comme nous le verrons dans la deuxième partie de ce livre, au chapitre 7, « Yoga du rêve ».

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13 – MANDALA

Le terme mandala vient du sanscrit et a été traduit approximativement par « cercle » et « centre ». Mais un mandala est bien plus que cela. Il représente la totalité, la globalité, et peut être perçu comme un modèle de la structure de l’organisation de la vie elle-même. C’est un diagramme cosmique qui nous rappelle notre relation à l’infini, à l’Univers, au monde qui s’étend à la fois au-delà et à l’intérieur de notre corps et de notre esprit. Les bouddhistes tibétains considèrent le mandala comme une matrice ou un modèle d’un univers parfait. Il s’agit donc de la résidence d’un yidam, ou d’une déité utilisée en méditation. Le mandala communique l’essence de la sagesse de l’éveil. Les Amérindiens ont une conscience très vive du pouvoir du cercle. Leurs danses en cercles représentent des mandalas vivants, mouvants et impermanents. Dans les tribus des Navajos, nous trouvons la tradition des peintures de sable ; elles font partie des rituels sacrés de guérison des Indiens du sud-ouest de l’Amérique du Nord. Le chamane de la tribu crée la peinture de sable après s’être soumis à une période de purification. La personne malade prend place au centre de la peinture terminée et le chamane accomplit une 119


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cérémonie. La peinture de sable est ensuite balayée, ce qui termine la séance de guérison. Pour les Navajos, le mandala est l’endroit par lequel les dieux viennent et vont. Ces dessins sont faits à base de pierres pulvérisées, de sable sec saupoudré et coloré avec des pigments naturels, mais également de matières à l’état pur et mélangées, telles que la farine de maïs, le pollen, les pétales de fleurs pulvérisées et le charbon de bois, qui sont répandues sur un fond sableux généralement doré. Le chamane laisse le sable coloré s’écouler entre son pouce et son index. L’intention de ces peintures est de permettre au patient d’être investi par le pouvoir des êtres mythiques présents à travers ce diagramme coloré et de le guérir. À travers les peintures de sable, les Navajos tendent vers ce qu’ils appellent hozho, c’est-à-dire être en harmonie avec l’Univers, être bien dans leur corps, en sécurité, en accord avec eux-mêmes et tout ce qui les entoure. C’est un état intérieur de paix qui surgit quand tout est à sa juste place. Hozho protège la beauté et veille à sa préservation. Il existe plus de mille peintures de guérison. Même un chamane ne les connaît pas toutes et n’utilise que celles de sa spécialité. En bouddhisme, nous connaissons aussi les mandalas de sable. Pour les bouddhistes tibétains, le mandala représente l’Univers, le monde de la vie et de la mort que partagent toutes les formes de vie. Les mandalas de sable sont réalisés par des moines pour la guérison de tous les êtres, comme une aide à notre transformation personnelle, pour nous permettre d’atteindre l’état de pleine conscience et mettre un terme à la souffrance du samsâra. Les moines commencent la création d’un mandala après avoir accompli une cérémonie d’ouverture. Le sable utilisé provient d’une roche de l’Himalaya, tendre et blanche, qui est broyée puis teintée à l’aide de couleurs vives. Le sable est méticuleusement 120


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appliqué à l’aide d’un petit entonnoir dentelé, appelé chakpou, qui, lorsqu’il est raclé avec un outil métallique semblable à un tournevis, produit une vibration qui laisse s’écouler un filet de sable à son extrémité. Les mandalas, terminés, sont d’une beauté et d’une complexité stupéfiantes. Les bouddhistes tibétains les considèrent comme des lieux sacrés qui, par leur présence même dans le monde, rappellent à ceux qui les regardent l’immanence de la sainteté dans l’Univers et le potentiel qu’ils portent en eux. Ensuite, les moines démantèlent le mandala achevé pour démontrer la leçon d’impermanence, puis dispersent le sable dans une rivière voisine, comme un acte de guérison qui touchera tous les êtres, car la rivière amènera cette énergie à tous les fleuves puis à tous les océans et toutes les eaux de la planète. De très nombreux mandalas, peints sur des toiles ou des tissus, sont destinés à inspirer les bouddhistes lors de leurs méditations. Ils créent une atmosphère semblable à celle qui règne dans les Terres pures des bouddhas ; ils sont le prolongement des déités, leur présence sur Terre pour ceux qui n’ont pas encore le pouvoir de voir leur corps sambhogakaya. Quelle découverte étonnante que ces pratiques de mandala de sable que l’on rencontre au Tibet et en Amérique du Nord depuis des temps très lointains ! « Et si tout cela provenait de la même source ? »

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14 – MARCHES ET DANSES ÉNERGÉTIQUES

Il faut entendre par « énergétiques » toutes marches, danses ou tous mouvements du corps qui apportent de l’énergie aux corps physique et subtils. Nous appelons « subtils » les corps qui ne se voient pas à l’œil ordinaire et que l’on ne peut toucher ou palper sans un entraînement particulier. Pour autant, des yogis travaillent depuis des millénaires sur leurs corps subtils pour leur développement personnel ou pour se soigner. Il s’agit du corps éthérique, du corps mental, du corps émotionnel et du corps spirituel. En 1939, un physicien russe, Semyon Kirlian, a mis au point un système photographique permettant de sensibiliser des plaques photosensibles capables de reproduire ces corps subtils appelés « auras ». Certaines personnes ont le pouvoir de voir ces auras. Cela peut leur permettre de prévenir des maladies qui seraient en gestation au niveau des corps énergétiques. Certains chamanes du Mexique pratiquent la tenségrité, aussi appelée « passes magiques », qui ressemble un peu au chi-gong. Cela consiste en une série de plusieurs mouvements qui 123


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permettent la mise en énergie des corps physique et subtils. Certaines passes sont plus spécifiques pour développer l’intention, d’autres pour l’art de rêver (yoga du rêve), d’autres encore pour travailler sur la récapitulation, vue au chapitre 7, « Purification ». Nous avons vu que les Tarahumaras, au Mexique, méditent en courant. Ces courses à pied leur apportent de l’énergie qui circule harmonieusement dans leur corps et leur permet d’accéder ainsi à des états de conscience élevés. Dans de nombreuses traditions chamaniques, certains chamanes dansent en invoquant leurs animaux de pouvoir ou des esprits de la nature. Ils peuvent alors soit fusionner avec ces esprits, soit se métamorphoser en eux. Ces danses les emplissent d’énergie. Ils peuvent pratiquer ainsi dans un but particulier, comme se préparer à donner un soin, exécuter un rituel pour la Terre ou la tribu, ou tout simplement pour honorer les esprits. Avec ces danses, les chamanes obtiennent beaucoup d’énergie, ce qui leur permet de faire un travail impeccable, encore plus puissant. Cela les rapproche des esprits et facilite leur communication avec eux. Les Indiens cherokees voient le monde sous forme de cercles et de cycles. Aussi, l’espace de la danse y est conçu en termes de cercles. Leurs danses traditionnelles sont souvent liées aux événements des saisons ou aux cycles de vie. En bouddhisme, nous connaissons l’existence des moines danseurs du monastère de Shechen au Tibet. Ces danses prennent leur origine en Inde, lorsque le Bouddha Shâkyamuni, face à ses disciples, se manifestait sous la forme de divinités courroucées dont l’aspect symbolisait l’énergie indomptable de la compassion. Ces divinités dansaient de mille manières majestueuses. C’est ainsi que s’instaura la tradition des danses sacrées lors de fêtes spirituelles appelées ganachakras. 124


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Le tantra de la Roue du temps (Kalachakra) dit : « Sans peur, sans arrière-pensée, et sans effort, on laissera jaillir de l’espace de l’esprit des gestes divins et des mouvements de danses inconnus, des chants jamais entendus. » Nous retrouvons ici une parfaite définition de ce qui se passe en chamanisme avec la danse de pouvoir. Cette tradition fut maintenue fidèlement par une transmission ininterrompue de maître à disciple. Elle fut également enrichie et ravivée par l’apport constant de visions qui n’ont cessé de donner un souffle nouveau à la pratique des danseurs. Plusieurs danses sont effectuées par ces moines qui revêtent pour l’occasion des costumes de danse et des masques adaptés à chaque danse. Voici, par exemple, la description de la « danse du cerf », telle que la présente l’association « Les amis du Tibet » : « Un danseur au masque de cerf accomplit une danse sacrificielle qui anéantit l’effigie, symbole de l’ego. On raconte que Padmasambhava vit un jour l’esprit du dieu du vent, monté sur un cerf qui ravissait l’esprit des gens et les distrayait de l’objet de leur concentration. Gourou Padmasambhava réduisit cet esprit à sa merci, monta le cerf et lui fit promettre de protéger les êtres en anéantissant les forces du mal qui sont la cristallisation de l’ignorance. » Les praticiens chamaniques apprécieront la description de cette danse et son historique qui ressemble en tout point à un voyage chamanique et qui nous donne une des caractéristiques du cerf en tant qu’animal de pouvoir. Dans la tradition vajrayana du bouddhisme, les yogis, dont le but est d’atteindre l’éveil pour le bien de tous les êtres, pratiquent régulièrement les asanas du hatha yoga et soignent leur corps avec l’ayurvéda développée il y a plus de 5 000 ans par des rishis en Inde, des sages, à qui cette science fut révélée 125


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lors de méditations. Les asanas du hatha yoga permettent, entre autres, de faire circuler l’énergie dans tout le corps. Dans l’enseignement d’enersense, nous avons une pratique qui s’appelle kinadi. Ki est l’énergie et nadi sont les canaux subtils qui conduisent l’énergie dans tout le corps. Cela se pratique assez semblablement au tai-chi-chuan. C’est une pratique qui enracine et apporte beaucoup d’énergie au corps. Kinadi peut se voir associé à la méditation du vase qui est une pratique de type pranayama, qui utilise les canaux subtils sushuma, ida et pingala et qui est utilisée dans le tantrisme bouddhiste. En dzogchen, nous pratiquons la danse du vajra, qui est un terma (trésor) de cette tradition provenant du maître tibétain Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché. Cette danse se pratique à plusieurs sur un mandala peint au sol. Les mouvements harmonieux, associés à des chants et accompagnés d’une musique mélodieuse, conduisent naturellement à une synchronisation du corps, de la parole et de l’esprit et nous font entrer plus en profondeur dans l’expérience contemplative. Dans la tradition bouddhiste vietnamienne, Thich Nhat Hanh enseigne les marches méditatives lors desquelles les pratiquants se concentrent sur le temps présent. Un de nos problèmes dans notre vie est de ne pas vivre au temps présent. Nous sommes soit dans le passé à ressasser des expériences malheureuses qui continuent donc à nous faire souffrir, ou à repenser à des expériences heureuses qui entretiennent notre attachement, soit dans le futur à penser à ce que nous voudrions faire ou à ce que nous pourrions craindre. Alors que le vrai sens de notre vie, qui n’a toujours pas de réalité intrinsèque, se situe au temps présent. Le passé n’existe plus et le futur n’existe pas encore, ni de manière intrinsèque ni de manière relative. Seul 126


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le présent existe de manière relative. C’est donc dans lui que nous devons nous efforcer de vivre le plus souvent. Dans une tout autre tradition, celle du soufisme, nous trouvons les derviches tourneurs. Il s’agit plus précisément de l’ordre Mevlevi qui est un ordre soufi fondé à Konya, en Turquie, au XIIIe siècle, par Jalal al-Din Rumi, dont les membres sont souvent appelés « derviches tourneurs » en référence à leur danse nommée sâma (ou sema), dont les mouvements rappellent ceux d’une toupie : « Le danseur tourne d’abord lentement puis très rapidement, jusqu’à ce qu’il atteigne un état de contemplation, durant lequel il déploie les bras, la paume de la main gauche dirigée vers le ciel dans le but de recueillir la grâce d’Allah, celle de la main droite dirigée vers la terre pour l’y répandre. L’origine de cette manifestation reste inconnue. Nous y retrouvons la fonction énergétique qui recharge le danseur qui est parfaitement centré, ancré en terre et relié à l’Univers, ainsi que la fonction spirituelle qui permet au danseur, lorsqu’il atteint l’état de contemplation, de communiquer avec Allah. Pour les derviches, tout dans la vie se produit en cycles, depuis le sang qui circule dans notre corps jusqu’aux planètes de notre système solaire. En dansant en tournoyant, en harmonie avec la nature et consciemment, ils se rapprochent du divin et expriment la glorification de l’âme. » Toujours en soufisme, Murshid Samuel L. Lewis, qui était maître soufi et maître zen, eut l’idée de créer les « danses de la paix universelle », au XXe siècle et dans une ambiance « hippie » des États-Unis d’Amérique. Ces danses se pratiquent en cercle en se tenant les mains et en chantant des chants sacrés. Initialement, ce furent des chants mantriques d’origine soufie, des wasifas, puis d’autres traditions se greffèrent aux « danses de la paix universelle » et nous y retrouvons aujourd’hui des danses et mantras bouddhistes, hindouistes, juifs, catholiques et amérindiens. Ces danses sont très inspirantes et génèrent une bonne énergie. 127


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Nous constatons, dans toutes les traditions, le besoin d’entretenir, puis d’utiliser ce corps physique qui supporte notre incarnation. Comme il est dit : « Qui veut voyager loin ménage sa monture », des pratiques spirituelles, quelles qu’elles soient, seront efficacement soutenues par des pratiques physiques et énergétiques qui vont nous ancrer dans la terre, détendre et assouplir notre corps et nous donner l’énergie et l’inspiration nécessaires. Une alimentation saine, bio et en adéquation avec notre constitution, soignera agréablement notre corps34. Quant aux danses sacrées, elles nous rapprochent du sacré. Rumi, poète soufi considéré comme l’un des plus grands mystiques persans du XIIIe siècle, a dit : « Danse, quand tu as été brisé. Danse, quand tu as arraché tes pansements. Danse, au milieu du combat. Danse, dans ton sang. Danse, quand tu es totalement libre. »

Voir deuxième partie, chapitre 10, « Qualité de vie, soutien de la spiritualité », et ayurvéda. 34

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15 – SONS ET CHANTS SACRÉS

Les sons sacrés sont des sons qui nous relient au sacré. Dans l’hindouisme et le bouddhisme, nous les nommons mantras. Il s’agit souvent d’une formule condensée, formée d’une série de sons, répétée de nombreuses fois suivant un certain rythme. Le bija mantra, quant à lui, représente un son élémentaire comme « A », « I » ou « U ». Le « U » se prononce « OU ». Ce qui rend les sons sacrés est leur lien avec la tradition spirituelle qui les a utilisés et le langage associé : le sanscrit pour l’hindouisme, l’arabe pour l’islam, l’hébreu biblique pour le judaïsme, etc. Mantra est un terme sanscrit qui signifie « arme » ou « outil de l’esprit », et le suffixe « -tra », par lui-même, signifie « protection », d’où la définition usuelle de « protection de l’esprit ». Le mantra a pour objectif de canaliser le mental discursif. Ses vertus, conjuguées à l’intention et à la concentration du récitant, sont très bénéfiques. Le mantra est un support de méditation qui peut amener un bienfait physique ou spirituel. Ceci peut s’effectuer dans le cadre d’un rituel minimal, ou d’une liturgie élaborée (sâdhana), incluant prières, visualisations, mudras, etc. Le récitant peut s’accompagner d’un mâlâ, chapelet comportant cent huit perles. 129


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Lorsque nous recherchons un effet plus physique et curatif, nous devons réciter ces sons à voix haute en faisant bien vibrer le son. Si l’effet recherché est plus spirituel, nous pouvons réciter ces sons à voix basse, du bout des lèvres ou même dans notre tête. À titre d’exemple, le mantra le plus connu du Tibet est le mantra de Chenrézi, appelé familièrement le mani. Il se prononce « AOM MANI PÈMÉ HOUNG » en tibétain, ou « AOM MANI PADMÉ HOUM » en sanscrit. Sa récitation peut se faire en parallèle avec une visualisation très détaillée du bodhisattva de la compassion, Chenrézi en tibétain, ou Avalokiteshvara en sanscrit. Le sens du mantra comporte de nombreuses dimensions, mais signifie grosso modo : « Hommage au Joyau du Lotus ». De plus, chacune de ses syllabes est un bija, l’essence-semence de libération de chacun des domaines ou règnes d’existence, des paradis des dévas jusqu’aux enfers. C’est donc envers l’Univers entier que le pratiquant envoie sa compassion. De plus, chacune des syllabes représente une des six vertus transcendantes de la pensée du mahayana (pâramitâs) que le pratiquant cherche à actualiser en lui-même. Le mantra est basé sur le pouvoir du son. C’est par la vibration du son et par sa résonance que le son transforme son environnement, ainsi que les personnes qui le récitent. Comme le mantra est répété de nombreuses fois afin de produire un effet, il introduit donc la notion de cycle et de répétition. Il y a aussi tous les sons sacrés en kototama, qui se récitent à voix haute et ont des effets sur le corps physique, ainsi que sur tous les corps subtils. Nous y trouvons de nombreux bija mantras ainsi que des mantras plus complexes. Comme je l’ai dit au chapitre 4, « Reiki et enersense », l’empereur Meiji du Japon composa 360 poèmes en kototama, dont la lecture et la récitation génèrent une grande énergie pour les récitants, ce qui contribue à élever leur conscience. De même, la prononciation des symboles reiki en kototama leur apporte une énergie accrue. 130


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Dans la tradition chamanique, nous trouvons aussi des sons ou des chants sacrés. Ceux-ci nous sont soit enseignés par nos esprits tutélaires, soit transmis oralement par les anciens. Nous trouvons ainsi le chant de pouvoir dont il a été question au chapitre 6, « Choix des instruments », mais aussi toutes sortes de chants qui nous sont indiqués par les esprits des éléments, de la nature, ou par nos animaux de pouvoir. Les chamanes celtes travaillaient beaucoup avec les sons sacrés pour soigner ou pour harmoniser les lieux ou les relations sociales. Lorsque nous voyageons à la rencontre d’anciens chamanes pour recueillir des sons sacrés, ceux-ci, lorsqu’ils sont ramenés dans la réalité ordinaire, sont très puissants du fait d’être restés très longtemps inutilisés. Borys Cholewka pratique et enseigne des sons et chants sacrés en relation avec différentes traditions chamaniques, celle amérindienne et surtout celle d’Europe de l’Est (Ukraine, Russie, Bulgarie, Balkans, Sibérie et Touva), ainsi que dans des traditions du Moyen-Orient. Il enseigne, par exemple, des chants pour les esprits du vent, de la pluie, des quatre éléments, du Soleil, de la Lune, de la Terre, etc. Chaque chant honore l’esprit invoqué et permet de soutenir une requête qui a du sens. Je les utilise régulièrement lorsque je pratique et enseigne le chamanisme. Dans la pratique d’extraction, que nous avons vue au chapitre 9, « Soins aux autres », lorsque le praticien effectue l’extraction avec son animal de pouvoir, il chante un chant spécifique à ce soin. Nous pouvons aussi avoir un chant pour chaque soin chamanique. Ces chants soutiennent énergétiquement le praticien qui effectue le soin avec l’aide de ses esprits aidants.

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16 – ESPRIT PUR ET VACUITÉ

En chamanisme, nous parlons d’« esprit pur » et du fait que nous appartenons tous au « Grand Tout ». Claude et Noëlle Poncelet ont préféré utiliser l’expression plus moderne d’« Être authentique ». L’Être authentique est celui qui reste après avoir identifié et fait sortir de nous tous les personnages qui nous habitent en permanence : le juge, le critique, l’orgueilleux, l’inquiet, le peureux, le vaniteux, le timide, etc. Ces personnages prennent la parole en permanence et à tour de rôle en fonction des événements extérieurs, à tel point que nous nous identifions à eux. Nous croyons être ceci et cela. En vérité, nous ne sommes ni ceci ni cela ! Toute cette construction s’appelle « l’ego ». Des pratiques d’analyse et de méditation permettent de se détacher de tous ces personnages pour laisser enfin s’exprimer notre Être authentique, qu’on pourrait aussi appeler « âme ». L’âme est pure et indivisible, comme nous l’avons vu dans le soin « recouvrement d’âme ». Le Petit Robert la définit ainsi : « Principe spirituel de l’homme, conçu comme séparable du corps, immortel et jugé par Dieu ». Le dernier point, « jugé par Dieu », est une formulation de tradition chrétienne, ce à quoi n’adhère pas le bouddhisme qui ne reconnaît pas de Dieu créateur ni juge. Les bouddhistes auraient dit « soumis à la loi du karma ». Dans cette tradition, l’âme est la 133


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partie animée de l’esprit, la fluctuation des souffles énergétiques qui régulent l’union de l’esprit et du corps. Lors du rituel de la danse du pouvoir, mentionné au chapitre 6, « Choix des instruments », les participants, assis en cercle, avec plusieurs tambours jouant et tournant à l’intérieur du cercle, entrent dans une méditation qui leur permet de contacter leur âme qui leur indique alors un chant et une danse. On les appelle « chant de l’âme » et « danse de l’âme ». Le participant qui obtient cette réalisation se lève, chante et danse afin de laisser s’exprimer son âme. Les tambours l’accompagnent sur son rythme pour en amplifier les effets. La personne expérimente alors un état de félicité. Elle est pleinement dans son Être authentique, détachée de son ego et de sa kyrielle de personnages fictifs. Elle contacte ainsi une énergie pure et puissante qui est celle de son esprit pur, d’où le nom de « danse du pouvoir ». Toujours en chamanisme, certains voyages chamaniques dans le monde d’en haut, en relation avec les esprits du cosmos ou lors d’un démembrement, amènent le praticien dans un état où il ne ressent plus son corps physique et a l’impression de se fondre dans l’espace et dans le Tout. Il expérimente à la fois son Être authentique et l’appartenance au Tout. Ces pratiques sont très purifiantes et constituent une bonne préparation pour le moment de la mort. Une pratique utilisée par les anciens chamanes de la tradition celte consistait, en voyage chamanique et donc en RNO, à demander à leurs esprits tutélaires de leur couper la tête. J’ai pu expérimenter, lors d’un tel voyage, avec ma tête coupée et posée sur mes genoux, l’impression d’être coupé de mon ego. Ce n’était plus lui qui écoutait ou percevait ce qui se passait dans la salle, mais mon Être authentique. Il n’y avait plus le bruit de fond de l’ego, tout paraissait plus clair et plus juste, 134


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sans discussions, sans ambiguïtés et avec le sentiment d’être devenu maître à bord ! Et, comme nous l’avons vu au chapitre 11, « Métamorphose », les pratiques de métamorphose nous amènent aussi à expérimenter cet état où notre Être authentique reprend le pouvoir sur l’ego. En bouddhisme, la notion de vacuité peut paraître, a priori, très complexe. Pour faire simple et sachant que nous approfondirons la vacuité dans la deuxième partie du livre, nous pouvons résumer ainsi : 1- Tout est interrelié et rien n’a d’existence intrinsèque. Rien n’existe indépendamment d’autre chose et rien n’a d’existence autonome. Pour autant, la vacuité ne contredit pas l’existence relative des phénomènes mais en démontre la fluidité et la qualité vivante. Elle n’est pas le néant. 2- Tout ce qui existe dans cette vie-ci n’est qu’apparences sur lesquelles nous nous illusionnons. De même que les rêves que nous faisons la nuit nous semblent réels jusqu’à ce que nous nous réveillions, la vie est une autre illusion qui cessera à notre mort. À ce moment-là, selon notre karma, nous replongerons dans une autre incarnation dans un des six mondes. Et ceci jusqu’à ce que nous nous éveillions à notre véritable nature qui est celle de bouddha. De même que nous pouvons faire plusieurs rêves dans la même nuit et, chaque fois, nous laisser prendre au piège de l’illusion, nous avons eu une infinité de vies antérieures et, pourtant, chaque fois, nous avons bien cru que chacune était réelle et unique ! Nous nous identifions toujours au personnage que nous jouons dans notre vie en cours. Pour nous éveiller à notre nature de bouddha, il est nécessaire de purifier nos karmas négatifs, de cumuler des mérites, de recevoir des bénédictions des maîtres et de pratiquer diverses méditations contemplatives, comme en dzogchen, ou des pratiques, comme le powa, qui permettent d’atteindre un état semblable à ce 135


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que l’on expérimente en chamanisme lorsque nous contactons notre Être authentique. Une méditation particulièrement adaptée et indiquée par Acarya Kamalashila, qui vécut au IXe siècle, est shamatha (shiné en tibétain). Elle vise à rendre l’esprit clair et tranquille, prêt à pratiquer la vision supérieure qui permet de réaliser la vacuité (vipashyana). C’est cette vision profonde qui permet l’expérience directe de la nature de notre esprit et des choses par le discernement intérieur. Nous approfondirons ces méditations dans la deuxième partie du livre, au chapitre 6, « Bardo naturel de cette vie et bardo de la méditation ». Dans les deux traditions, chamanisme et bouddhisme, nous retrouvons l’expérience d’un état de béatitude, de félicité, lors duquel nous pressentons que la réalité est autre que celle que nous vivons tous les jours. Le but ultime est de pouvoir maintenir cet état après la méditation ou la pratique. C’est à ce moment que nous atteindrons l’éveil. C’est ici que réside l’effort, car notre ego nous « colle à la peau ». Pour cela, il est conseillé, en bouddhisme, de pratiquer régulièrement des méditations pour que l’état obtenu devienne un état naturel. Voici d’ailleurs une anecdote pour vous en convaincre : Milarépa, qui est devenu bouddha en une seule vie grâce à son maître Marpa mais aussi grâce à son travail acharné, avait un disciple du nom de Gampopa. Lorsque Gampopa dut partir, Milarépa se demanda s’il devait lui confier une dernière instruction. Gampopa le pria de la lui indiquer mais Milarépa refusa et l’accompagna jusqu’à une rivière. Lorsque Gampopa fut éloigné, Milarépa le rappela et lui dit : « Tu es mon meilleur disciple, si je ne te la livre pas, à qui livrerais-je cette dernière instruction ? ». Gampopa récita des prières préliminaires afin de se préparer à recevoir dignement cette dernière instruction de son maître. Milarépa se retourna, souleva sa robe de moine et lui montra ses fesses. Elles étaient pleines de cals et cicatrices 136


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dus aux très longues heures passées en méditation durant des années ! Dans les deux traditions, nous trouvons l’idée d’appartenance au Tout, d’y être interreliés en tant qu’esprits purs et lumineux qui projettent sans cesse des apparences sur lesquelles nous nous illusionnons à cause de notre ignorance et de notre ego. En chamanisme, nous pouvons aussi faire, le plus souvent possible, des voyages chamaniques pour retrouver cet état de félicité, soit dans le monde d’en haut, soit lors d’un démembrement, ou tout autre voyage de notre convenance. Les grands chamanes font un travail impeccable et, à ce momentlà, ne sont plus dans leur ego. De plus, la clef réside dans l’intégration de nos pratiques dans la vie quotidienne, en famille, au travail, en voyage, etc. Les pratiques ne doivent pas se limiter aux cercles de tambour ou à l’intérieur des temples ou devant nos autels. Nous pouvons contacter nos esprits aidants à tout moment de la journée, pour leur demander des conseils sur les problèmes qui nous entourent. En bouddhisme, il y a des exemples de grands maîtres ayant atteint l’éveil et obtenu de très grands pouvoirs, dont celui de réaliser, à leur mort, le fameux « corps arc-en-ciel ». Le mourant demande à rester seul et tranquille pendant sept jours après sa mort. Après le septième jour, on ne retrouve plus que ses ongles et ses cheveux. Voici le but ultime de nos incarnations, soit pour sortir définitivement du samsâra (cas du véhicule moyen), soit pour y revenir pour aider tous les autres esprits à atteindre euxmêmes l’éveil (cas du grand véhicule). 137



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17 – MES CONCLUSIONS

Nous venons de voir, dans les douze chapitres précédents, les similitudes que nous pouvons observer entre les pratiques chamaniques et les pratiques bouddhistes. Nous avons vu comment j’ai été amené à aménager mes pratiques chamaniques, et je peux dire aujourd’hui que celles-ci se sont considérablement enrichies au contact des enseignements et des pratiques bouddhistes. Ces dernières m’ont conduit à une plus grande compréhension de la spiritualité en général. Elles m’ont permis d’avoir une plus grande confiance dans les soins que je peux donner aux autres, d’une part grâce à la compréhension du karma qui sous-tend les règles d’éthique, et d’autre part grâce à mon maître spirituel qui est de tradition bouddhiste et avec qui je travaille en permanence. Ces deux traditions m’ont aussi amené à travailler sur l’humilité et la reconnaissance envers mes maîtres, ainsi que sur l’éthique. Ces deux traditions sont aujourd’hui intimement réunies en moi et font partie intégrante de ma vie de tous les jours. Dès que je sors dans mon jardin, j’honore tous les esprits de la nature et envoie des prières de mani (« OM MANI PADME HUM ») à tous les êtres des six royaumes, en faisant tourner le moulin à prières. Avant de travailler dans le jardin, je récite 139


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un mantra pour tous les insectes et animaux que je pourrais être amené à blesser ; en entrant dans le potager, je salue et remercie tous les élémentaux et esprits de la nature et des plantes ; en arrosant avec l’eau du puits, je contacte et remercie les esprits du puits et de l’eau, et je récite des mantras qui seront transmis aux plantes grâce à l’eau. Avant de tailler un arbre, je contacte son esprit pour le prévenir et lui demander de guider ma main et le sécateur, et je lui demande de retirer ses énergies des parties que je m’apprête à couper. En débroussaillant, j’imagine que je purifie le karma négatif de tous les êtres, et je récite le mantra purifiant de Vajrasattva. Et, lorsque je cherche une réponse à une question, j’envoie ma question à tous les esprits de la nature et me mets à l’écoute du vent, du chant des oiseaux, du bruissement des feuilles dans les arbres, j’observe le vol des oiseaux, la danse des guêpes, bourdons et frelons dans les arbres fruitiers, ainsi que les formes des nuages. Avant de manger, j’envoie de l’énergie à la nourriture en souhaitant que tous les esprits qui ont faim puissent en avoir autant, puis je l’offre aux Trois Joyaux et remercie tous les êtres et esprits qui ont contribué à ce qu’elle soit là. Le soir, en allant aux toilettes ou en prenant une douche, j’imagine à nouveau que je purifie tous mes karmas négatifs afin d’atteindre l’éveil pour le bien de tous les êtres des six royaumes et de l’état intermédiaire. Que ce soit par des actes chamaniques ou bouddhistes, je m’applique à ce que le plus grand nombre de mes actes de tous les jours soient des pratiques spirituelles. Ceci est relativement simple, ne prend que très peu de temps, ne nécessite pas de s’asseoir durant des heures sur un zafu ou un coussin devant un autel, et surtout ceci est un excellent entraînement à rester conscient de notre réalité spirituelle, de la réalité non ordinaire, de la vacuité et de l’interconnexion de tout et de tous dans le « Grand Tout ». 140


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Comme je le laissais pressentir en introduction, j’ai acquis, au travers de mes différentes études, lectures et pratiques, la conviction que le chamanisme est issu d’une source bouddhiste bien antérieure au Bouddha Shâkyamuni, et qu’à l’origine nous étions tous bouddhas et formions le « Grand Tout ». Et cela, jusqu’à ce que, pour une raison non clairement identifiée, nous décidions d’expérimenter la matière, l’incarnation35. Seul le Bouddha Samanthabadra aurait, selon les sources bouddhistes, conservé sa pureté originelle et n’aurait donc jamais connu le samsâra. Là où j’utilise le mot « Bouddha », d’autres personnes peuvent bien évidemment y lire le mot « Dieu », « Allah » ou « Être éveillé ». À ceci près que, dans la pensée bouddhiste, il n’y a pas un Dieu créateur et nous sommes tous cocréateurs de nos univers. Je pense donc que le chamanisme est la survivance de l’enseignement d’un Bouddha, ou d’un Être éveillé, qui remonte à la nuit des temps. Les pratiques chamaniques, telles que nous les connaissons aujourd’hui, étaient certainement celles dont les hommes de cette époque avaient le plus besoin : soigner et se soigner, contacter le monde des esprits et donner un sens à leur vie, dans un environnement naturel où la survie humaine était une préoccupation majeure. Cela a dû correspondre aux premiers échelons de la « pyramide de Maslow ». Voilà pourquoi les techniques de soins, vues au chapitre 9, « Soins aux autres », et les pratiques de divination à la recherche du gibier étaient si importantes. Pour ce que je crois connaître des XXe et XXIe siècles, bien que nous soyons dans un monde technologiquement avancé, nos besoins ne sont pas très différents ! Nos maladies sont différentes mais toujours présentes, et la recherche du « gibier » dans un univers à fort taux de chômage reste toujours problématique. 35

Voir deuxième partie, chapitre 1, « Mythe de la création ». 141


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L’hypothèse d’une source commune et de nature bouddhiste explique parfaitement toutes les similitudes que nous rencontrons dans les différentes pratiques chamaniques et bouddhistes. Aujourd’hui, le chamanisme, partout sur Terre, est une subsistance de pratiques naturelles qui consistent à soigner les êtres, la nature et notre Terre-Mère, et à faire des divinations et rituels d’offrandes. Ces pratiques sont orientées majoritairement vers les corps physique, émotionnel et mental, en travaillant sur le corps spirituel. Alors que le bouddhisme travaille surtout sur le corps spirituel pour les vies suivantes et, occasionnellement, pour cette vie-ci lorsqu’elle est menacée. Dans son livre traitant de l’histoire du chamanisme, Mircea Eliade mentionne des chamanes qui avaient de très grands pouvoirs de lévitation, de téléportation et autres, tout comme Jésus et Bouddha. Je ne connais pas aujourd’hui de chamane qui aurait de tels pouvoirs. Il semble qu’un certain savoir se soit éteint dans la tradition chamanique, ce que confirme Mircea Eliade36. Par contre, proches du chamanisme, nous trouvons de grands maîtres böns qui ont de grands pouvoirs, comme d’autres grands maîtres bouddhistes ; la différence est que le bön, qui est aujourd’hui rattaché au bouddhisme par Sa Sainteté le XIVe Dalaï-Lama, n’a jamais perdu ses enseignements hautement spirituels qui permettent d’atteindre l’éveil. Pourtant, la pratique chamanique, telle qu’elle est encore enseignée aujourd’hui, conserve toujours la possibilité de pratiquer à un plus haut niveau spirituel. Cela demande de pratiquer avec nos guides ou maîtres intérieurs, ou avec d’anciens Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, Mircea Eliade, page 266. 36

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chamanes ayant pratiqué ainsi à leur époque et que nous pouvons contacter en réalité non ordinaire. Le travail de métamorphose, comme nous l’avons vu au chapitre 11, « Métamorphose », est identique au guru yoga et peut donc permettre un travail spirituel très élevé, propre à trouver l’éveil. Une autre solution consiste à pratiquer conjointement avec une autre tradition, comme le bouddhisme. À notre époque, il est parfois nécessaire de faire appel à différentes traditions pour reconstituer un savoir le plus complet possible, sachant qu’il y a eu de la dispersion et une dilution de la connaissance originelle. Nous avons pu voir, à Londres, lors du « John Main Seminar » de 1994, un colloque annuel organisé par la « World Community for Christian Meditation » à la mémoire de John Main, combien les commentaires de Sa Sainteté le XIVe DalaïLama sur les Évangiles chrétiens ont permis aux religieux catholiques d’enrichir leur compréhension de ces Évangiles et de voir les vérités qui en émanent sous un nouveau jour37. Il en est de même de ma propre compréhension de la spiritualité et, notamment, du chamanisme, enrichie grâce à l’éclairage des enseignements bouddhistes. L’histoire a déjà montré de célèbres exemples de personnages qui allient différentes traditions, comme celui d’Essie Parrish qui fut, aux USA, une grande chamane au XXe siècle et qui participa au film Sucking Doctor. Essie Parrish, qui s’est notamment illustrée avec sa technique d’extraction qui utilise la bouche pour aspirer les intrusions, était aussi chef de la congrégation locale de l’Église de Jésus-Christ des saints des derniers jours. À ce titre, elle a intégré certains concepts et pratiques chrétiens à sa pratique chamanique et, lorsqu’elle parlait de son maître spirituel, elle parlait de « Notre Père ». 37

Le Dalaï-Lama parle de Jésus, S.S. le Dalaï-Lama. 143


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Je pense que la tradition bön est celle qui représente le mieux les enseignements originels, le bön étant implanté au Tibet et ses enseignements encore assez peu développés en Europe. Voilà pourquoi je pense que le chamanisme, associé au bouddhisme et au dzogchen, permet de le recomposer. Et, lorsque je dis « bouddhisme », je pense aux enseignements de Shâkyamuni ainsi qu’aux tantras amenés par Padmasambhava. J’ai surtout indiqué, dans chaque chapitre, en quoi le chamanisme s’enrichit des pratiques bouddhistes, mais l’inverse est bien sûr envisageable, comme nous l’avons vu au chapitre 7, « Purification ». Le bouddhisme peut aussi s’enrichir de pratiques chamaniques, ce qu’il a déjà fait abondamment dans le passé, notamment au contact des bönpos. Lorsque j’ai voyagé au Japon, pays très majoritairement bouddhiste, j’ai rencontré plusieurs personnes qui m’ont affirmé que, dans le pays, de nombreux chamanes continuent de donner des soins aux Japonais. De plus, certains rituels indiqués par Padmasambhava38, pour les personnes en fin de vie, relèvent plus du chamanisme que du bouddhisme ! Comme disent les Tibétains : « Pourquoi se passer de ce qui marche ? ». Le rapprochement de ces deux traditions est très bénéfique pour le monde pour deux raisons : – D’abord, parce que tout ce qui contribue à enrichir une pratique spirituelle permettra des effets plus puissants au niveau des soins, de la purification, ainsi qu’une meilleure harmonie entre tous les êtres. Car, chaque fois que nous nous soignons ou que nous soignons quelqu’un, nous soignons la planète puisque nous sommes tous des parties du Tout. 38

Voir Le Livre des morts tibétain de Padmasambhava (Pocket). 144


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– Ensuite, parce que le rapprochement de différentes traditions va dans le sens du retour à l’Unité, ce qui me paraît être l’évolution naturelle ; de même qu’après l’extension de notre Univers, suite au « Big Bang », générateur de dispersions, il y aurait une contraction et un retour à la source, le « Un », à moins que ce retour à la source n’ait lieu dans un trou noir39.

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Voir deuxième partie, chapitre 1, « Mythe de la création ». 145



DEUXIÈME PARTIE EN ROUTE VERS L’ÉVEIL



Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

1 – MYTHE DE LA CRÉATION

Comme le dit Sandra Ingerman dans son livre Médecine pour la Terre, le mythe de la création est l’élément essentiel de la fondation spirituelle que nous bâtissons. Certaines traditions parlent d’une source d’où nous sommes issus et vers laquelle nous retournerons. Il me paraît donc tout à fait légitime et aidant de chercher à savoir quelle est cette source. Le mythe nous permet de mieux comprendre l’Unité, dont parlent tous les mystiques ainsi que les chamanes, et de faire un lien entre la nature de cette source et ce que nous expérimentons, par exemple, lors d’un « démembrement chamanique » ou lors d’une méditation vipashyana. Ce mythe-ci n’a pas la prétention de retracer de manière académique la création et l’histoire de l’Univers. Celle-ci est très difficile à retracer par manque d’éléments tangibles et de sources sûres et reconnues par les académies. Mon intention ici est de relater ce que j’appellerais plutôt « mon mythe de la création », celui qui soutient mon travail spirituel et qui me donne une direction. Celui-ci provient d’un voyage chamanique à la recherche du mythe de la création, suivi d’un essai historique issu de l’étude et de la compilation de différents documents, listés en bibliographie, ainsi que de mon sentiment général à partir de toutes ces données. 149


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Cette recherche prend sa source lors du stage « Les esprits du cosmos » donné par Claude Poncelet en octobre 2004 en France, plus précisément dans un temple tibétain à Aubry-lePanthou. Je trouve très intéressant de remarquer au passage cette synchronicité qui consiste à réunir ces deux traditions, chamanisme et bouddhisme, au sein d’un temple bouddhiste. Un des exercices proposés par Claude consistait à rencontrer, lors d’un voyage chamanique, l’esprit du photon pour lui demander de nous raconter le mythe de la création qui a donné lieu au « Big Bang ». En effet, les scientifiques ont démontré que les photons étaient présents au moment du « Big Bang » et détiennent donc la connaissance de ce qui s’y est passé. Lors du voyage chamanique, l’esprit du photon m’apparut sous la forme d’un savant avec une barbe blanche. Il me proposa de passer au travers du « Big Bang », puis de remonter le temps. J’ai donc rassemblé mon intention de remonter le temps et, après avoir traversé une énorme explosion, je me suis retrouvé dans un lieu paisible, serein et calme, fait d’amour. Je baignais dans cette énergie, avec beaucoup de joie et de bien-être ; c’était pure félicité. Je perçus deux grandes énergies d’amour, une de nature yin et une autre de nature yang. Ceci me fit penser à Purusha et Prakriti dans la tradition védique, ainsi qu’aux pratiques du bouddhisme tantrique, dans lesquelles nous recherchons l’union de déités masculines et féminines pour atteindre le samadhi et, ultimement, l’éveil. En fait, il ne s’agissait pas d’un lieu à proprement parler mais plutôt d’un état de conscience dans lequel j’avais l’impression d’être sans forme et de flotter dans une énergie très agréable, très légère et douce, dans laquelle je ressentis l’impression de faire partie du Tout, mais avec ma conscience individuelle. L’interconnexion de tous les êtres ne signifie pas forcément « fusion en une seule entité ». Même si deux êtres lumineux peuvent fusionner, ils n’en gardent pas moins leur individualité. J’étais donc un élément du Tout et le « non-lieu » de l’origine 150


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explique pourquoi l’espace n’a pas de centre ; nous en sommes tous le centre puisque c’est nous tous qui créons l’Univers. Ce fut mon premier satori, ou expérience de la vacuité, dont je ne connaissais pas encore le nom. La compréhension que j’ai pu en avoir, plusieurs années plus tard, me permet de penser aujourd’hui que cette expérience de la Claire Lumière peut être une approche de ce qu’est le dharmakaya40, qui est notre corps de bouddha, tandis qu’en voyage chamanique, nous expérimentons notre nirmanakaya41, qui émane notre « double », un corps semblable au corps de rêve. Dans la réalité ordinaire, nous expérimentons aussi notre nirmanakaya, qui émane notre corps physique biologique. J’ai pu refaire cette expérience à d’autres occasions et éprouver la même sensation. J’appris aussi, dans ce voyage, que la fusion d’une partie de ces deux énergies d’amour, l’une de nature yin et l’autre de nature yang, donna lieu à une énorme explosion appelée « Big Bang » et qui, en fait, était le son « OM ». « OM » est le début, le commencement, que l’on retrouve dans de nombreuses séries de mantras. « OM » ouvre la voie, il est le verbe qui a permis la création à partir des cinq éléments subtils. Le « Big Bang » avait pour rôle de fournir la matière nécessaire à l’incarnation, et le but de cette dernière serait d’expérimenter les émotions et impressions en tant que créatures divines. Les cinq éléments subtils furent transformés en cinq éléments grossiers. Lors du « Big Bang », la Source dont nous faisons partie s’est émanée, pour partie dans la Nature chargée de la Voir chapitre 4, « Constitution du corps subtil, base du corps physique ». 41 Voir chapitre 4, « Constitution du corps subtil, base du corps physique ». 40

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formation et l’entretien des cinq éléments et des végétaux, pour partie en animaux et pour partie en humains. Les élémentaux sont la manifestation énergétique des Déesses des cinq éléments. Peut-être que notre nature originelle de bouddha a voulu expérimenter ces différents états de conscience pour apporter la preuve que la force de l’amour est la plus grande et nous ramènera toujours à notre nature primordiale ? Saint Irénée, évêque de Lyon en 178, a dit : « Dieu s’est fait homme pour que l’homme se fasse Dieu ». Nous serions donc tous des parties du « Grand Tout » et, un jour, au plus tard lors de la contraction de l’Univers si elle a lieu, nous reviendrons à la source. Nous aurons alors intégré les deux énergies yin et yang à égalité. Je compris mieux pourquoi, lorsque nous nous soignons ou nous purifions, nous soignons et purifions toute la planète, et tout l’Univers s’en trouve soigné, puisque nous sommes une partie du Tout. Dans la tradition amérindienne, entre autres, les chamanes parlent du « Grand Tout » ou du « Un ». Jésus-Christ parlait du « Père-Mère », qui est une entité réunissant le masculin et le féminin. En bouddhisme, lors des pratiques tantriques, nous associons deux déités, une masculine et une féminine (VajraYogini et Hérouka, par exemple), et mes expériences de samadhi, induites par cette pratique, traduisent toutes la sensation de faire partie du Tout. Les musulmans ne nomment pas et ne représentent pas non plus Allah, car ce n’est ni un homme ni une déité. Il est décrit par ses 99 qualités (wasifas). En hindouisme, le samkhya traite de Purusha et Prakriti. Voilà différentes manières d’exprimer certainement la même chose. Lors du même stage sur les esprits du cosmos, nous fîmes un voyage très intéressant pour rencontrer l’esprit d’un trou noir 152


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au centre de notre galaxie. Durant ce voyage, je me retrouve très vite à l’entrée du trou noir où tout s’accélère en tournoyant, et je suis entraîné jusqu’au fond de celui-ci. L’esprit du trou noir m’apparaît sous forme humaine et il danse au son du tambour, comme un chamane. Je me sens très bien, dans le « non-être » et le « non-faire ». Le tambour cesse de battre. Je flotte dans le silence et me sens englobé, « Un », dans une énergie d’amour, douce et paisible, où je pourrais rester indéfiniment. L’esprit du trou noir me montre « moi enfant », apeuré. Je perçois que toutes mes peurs viennent du mental. Ensuite, il me montre que tout cela est un mauvais rêve duquel il faut sortir, ce qui est déjà une approche de la vacuité. Ceci est parfaitement en accord avec la philosophie bouddhiste qui dit que tout n’est qu’apparences créées par notre esprit et que la réalité ordinaire n’a pas plus de réalité que celle de nos rêves. Notre ego saisit ces apparences et nous fait croire qu’elles sont réelles pour se convaincre que notre « moi » a une existence intrinsèque. Ma compréhension est que le trou noir est semblable à un retour en amont du « Big Bang » pour réintégrer l’Unité divine. D’ailleurs, les étoiles et les planètes qui se trouvent absorbées par les trous noirs disparaissent entièrement, se densifient à l’infini pour atteindre une dimension égale à zéro. Leurs matières, faites des cinq éléments, se réabsorbent dans l’éther, de manière semblable aux dissolutions des cinq éléments de nos corps de rêve en sortant du bardo du rêve pour tous les êtres, ou dans le bardo de la mort pour les êtres éveillés qui réalisent le corps arc-en-ciel42.

Voir chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». 42

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Chaque galaxie a son trou noir, comme une porte de sortie vers l’au-delà qui permet un retour à l’origine, de même qu’à la mort d’un être humain, la pratique du powa, ou le psychopompe, permet le retour vers la lumière, le « Un », le Grand Esprit, la bouddhéité, le Père-Mère. Les défunts qui ne reconnaissent pas cette lumière comme étant leur esprit pur repartent très rapidement vers une autre incarnation dans le samsâra. Il est intéressant de remarquer que les scientifiques nomment « singularité finale » le phénomène de trou noir et « singularité initiale » le point zéro avant le « Big Bang ». Igor et Grichka Bogdanov, deux frères mathématiciens, ont écrit, dans leur livre Avant le Big Bang : « Aussi surprenant que cela puisse paraître, notre approche euclidienne nous a conduits à découvrir que la singularité initiale de l’Univers et les singularités finales des trous noirs ont la même essence : une essence topologique, susceptible d’être décrite sous la forme d’un invariant mathématique. » Bien sûr, ceci est dit dans un langage de mathématiciens, et un être spirituel aurait pu parler d’« essence divine ou spirituelle », ou de l’« essence de notre esprit pur », à la place de l’« essence topologique ». L’intérêt de leur découverte est qu’elle fait un lien entre leur point zéro et le fond des trous noirs. Quelques années plus tard, en 2012, lors d’une retraite de dix jours sur la pratique du guru yoga de Padmasambhava, je fis l’expérience suivante. J’en étais au huitième jour de retraite et, durant la pratique de guru yoga, après la quatrième initiation, je me retrouve en samadhi et expérimente les énergies yin et yang, tout comme lors de mon voyage chamanique en deçà du « Big Bang ». Puis, je perçois Samantabhadra qui m’apparut très lumineux, très léger et empreint de ces deux énergies, yin-yang, Père-Mère. Il me fait comprendre qu’il représente à 154


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la fois notre Père et notre Mère et que nous sommes bien ses enfants avec notre libre arbitre. Il souffre de voir les souffrances que nous endurons dans le samsâra. Pour cela, il nous envoie régulièrement des bouddhas et maîtres pour nous aider à nous en sortir. Je ne vois pas Samantabhadra comme un être divin ni un bouddha, mais comme une conscience universelle, l’esprit de ces deux énergies, yin-yang, le Purusha-Prakriti de la tradition hindouiste, le « Grand Tout » des chamanes amérindiens. Pour les bouddhistes, Samantabhadra serait le Bouddha primordial, le dharmakaya43 de tous les bouddhas du passé et du futur. Plus tard, lors d’un rêve lucide, j’obtins des précisions supplémentaires sur l’« après-Big Bang ». En voici le contenu. Les bouddhas ont en eux-mêmes les principes des cinq éléments sous leur forme subtile, ou essence. Ils ont exprimé l’intention de créer des univers sur la base de ces cinq éléments et, par leur intention, leur amour et leur compassion, cela a donné lieu au « Big Bang » dont le son était « OM ». Ainsi commence la manifestation de l’élément éther, l’espace dans lequel se développent les autres éléments. Ainsi se manifeste l’air, qui est le mouvement, et ensuite l’échauffement, d’où la manifestation de l’élément feu. Par condensation, apparaît l’élément eau, qui est fluidité, puis l’élément terre, par dépôt. Dans cet Univers, tout s’organise suivant une loi ou un principe insufflé par les bouddhas : leur intention. À la surface de nombreuses planètes, puis de notre planète Terre, les bouddhas ont émané différents principes qui ont donné naissance à différentes graines végétales, riches du principe des cinq éléments et d’un ADN propre à chaque variété de plantes. Les plantes issues de ces graines ont pour vocation de favoriser la vie sur Terre. Elles assurent la purification de l’atmosphère Voir chapitre 4, « Constitution du corps subtil, base du corps physique ». 43

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ou, plutôt, l’arrangement des différents gaz (O2 et CO2) pour rendre l’atmosphère viable pour les animaux et les humains. Elles permettent l’alimentation végétale et ont des qualités curatives (phytothérapie). Les plantes sont capables de transmuter la matière inorganique en matière organique. De par leur ADN, elles peuvent se reproduire suivant un cycle de germination-croissance-fructification ou floraison et émission de graines. Quand je dis que les bouddhas « ont émané », il ne faut pas penser qu’il s’agit d’une partie d’eux-mêmes ou d’une transfiguration. Les bouddhas restent entiers et, par leur nirmanakaya44 ou corps d’émanation, ils ont le pouvoir de créer des apparences qui prennent corps avec les cinq éléments. Suivant le même processus, les bouddhas ont émané des roches et gemmes. Les différentes combinaisons des éléments et les différentes conditions environnementales (action du feu, de l’air et de l’eau sur l’élément terre soumise à différentes pressions) ont donné différentes gemmes et roches aux propriétés différentes. Tout cela orchestré par les dakinis des cinq éléments qui ne sont autres que l’esprit pur et lumineux des bouddhas ainsi que de notre esprit, les représentantes de nos souffles des cinq éléments. En chamanisme, nous les appelons « esprits des cinq éléments ». C’est pour cela que nous pouvons dire que certaines pierres semi-précieuses ont des caractéristiques semblables à certains traits marquants de notre personnalité, en lien avec des arrangements semblables des cinq éléments. Nous pouvons dire, par exemple, que telle personne est Voir chapitre 4, « Constitution du corps subtil, base du corps physique ». 44

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« lapis-lazuli » ou « opale noble » ou « perle ». Connaissant les propriétés des gemmes, nous pouvons interroger avec un pendule pour trouver la correspondance d’une personne avec une gemme. Ceci permet notamment de conseiller à cette personne l’utilisation de telle ou telle gemme pour améliorer certains aspects de sa personnalité ou, au contraire, d’éviter telle gemme pour ne pas aggraver certaines tendances non désirées. Voilà pourquoi nous pouvons percevoir, dans certaines conditions (élévation de conscience, passage du mode bêta au mode thêta de notre cerveau), l’esprit des plantes qui est le lien avec les bouddhas qui les ont créées. Et, lorsque nous questionnons l’esprit de la plante sur ses propriétés, notre esprit reçoit des réponses en lui-même car il se connecte au principe créateur de cette plante qui est l’émanation des bouddhas et car nous sommes tous interconnectés dans le « Un ». De la même manière, nous pouvons communiquer avec les gemmes car les esprits des cinq éléments sont le lien de communication entre nous et les végétaux, les minéraux, les animaux et, bien sûr, les humains. Ces esprits se présentent à nous sous forme d’animaux de pouvoir, de la même manière qu’ils se présentent aussi dans le bardo du devenir sous forme de déités courroucées avec une tête animale. Les dakinis des cinq éléments faisant partie de notre esprit pur, je pense qu’il en est de même des animaux de pouvoir qui ne sont que leur manifestation. Par la suite, j’ai cherché à recouper ce mythe avec d’autres mythes ou enseignements traditionnels, et j’ai essayé de retracer le cheminement de l’humanité sur Terre. Pour cela, je me suis appuyé sur quatre sources qui me paraissent fiables et ont une réalité historique : les soûtras du bouddhisme, les enseignements 157


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du kototama, les enseignements des druides et les révélations du dieu Enki, retrouvées sur des tablettes d’argile sumériennes. De plus, les enseignements de ces quatre sources peuvent être corroborés par les mythes des anciennes religions sur la création de l’Univers. La première source, les soûtras du bouddhisme, est issue des enseignements oraux du Bouddha Shâkyamuni. Nous pouvons nous référer au Lamrim, qui est La voie vers l’éveil dans le bouddhisme tibétain de Guéshé Acharya Thubten Loden, qui prend un soin infini à retracer le lignage des différents maîtres qui ont contribué à la fiabilisation et à la préservation de ces enseignements tout au long de l’histoire. Nous pouvons y lire, à la page 166 (« La création de l’Univers »), que les premiers êtres arrivés en provenance d’autres univers étaient comme des dieux, puis apparurent les demi-dieux, puis les humains, les animaux, et enfin les esprits avides et les damnés des enfers. Les dieux avaient de très grands pouvoirs spirituels mais n’étaient pas des bouddhas et, donc, se trouvaient toujours dans le samsâra, avec un ego. Après avoir épuisé leur karma positif, après plusieurs milliers d’années, ils meurent et, à ce moment-là, leur karma négatif résiduel les propulse dans les royaumes inférieurs. N’ayant point besoin de se nourrir physiquement, ils auraient tout de même goûté les nourritures terrestres qui sont de moindre énergie qu’eux-mêmes, plus tamasiques, pour reprendre un terme de l’ayurvéda45. Ce faisant, ils se sont alourdis énergétiquement parlant et ont ainsi contribué à amorcer leur « involution ». Leur ego s’est développé et ils ont régressé dans les royaumes inférieurs, en passant successivement par le royaume des demi-dieux, à cause de la jalousie, puis celui des humains, à cause du désir, puis celui des animaux, à cause 45

Voir chapitre 10, « Qualité de vie, soutien de la spiritualité ». 158


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de l’ignorance, puis celui des esprits avides, et finalement celui des enfers, au fur et à mesure que leurs voiles à la connaissance se sont épaissis. Ainsi s’est peuplé le samsâra sur notre planète Terre. Aujourd’hui, nous en sommes à l’époque de tous les conflits, connue sous le nom sanscrit de Kaliyuga. Remarquons au passage que le Lamrim précise que les premiers êtres arrivés sur Terre venaient d’autres univers. Nous sommes donc déjà très loin du « Big Bang ». Nous trouvons une première explication complémentaire dans le livre La mort, l’état intermédiaire et la renaissance de Lati Rinpoché et Jeffrey Hopkins aux éditions Dharma : « Durant le premier éon, après la formation de cet Univers, les humains de ce monde avaient sept caractéristiques : naissance spontanée, durée de vie incommensurable, facultés sensorielles complètes, un corps imprégné de sa propre lumière, ornementation semblable aux marques principales et secondaires d’un bouddha, sustentation par la nourriture de la joie sans ingestion d’aliments grossiers, et déplacement dans l’espace par magie. Pourtant, à cause de la stimulation de prédispositions établies dans des existences antérieures, attachés à la nourriture, ils absorbèrent des aliments grossiers. Alors les parties non assimilées de la nourriture tournèrent en excréments et en urine ; les organes mâles et femelles se formèrent en tant qu’ouvertures pour leur évacuation. Deux personnes, qui possédaient des inclinations issues de rapports sexuels accomplis en des vies passées, s’attachèrent l’une à l’autre et, en dépendance de leur union, un être vivant se développa dans la matrice. Il est dit que les humains de ce monde, nés de la matrice, sont dotés des six constituants : terre, eau, feu, air, canaux et gouttes. » Une deuxième explication complémentaire nous vient de Kalou Rinpoché dans son livre Bouddhisme ésotérique aux éditions 159


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Claire Lumière : « La cosmogonie bouddhiste envisage la formation d’un univers comme débutant par une très longue période au cours de laquelle, en raison du karma commun de ceux qui y prendront naissance, les éléments se structurent et s’agencent lentement jusqu’à devenir un environnement favorable à la vie. Dans ce contexte commun, le karma individuel conduit alors les êtres à s’incarner sous telle ou telle forme, humaine ou animale, et dans telles ou telles circonstances. Les humains, quant à eux, sont regardés comme des descendants des dieux de la sphère de la forme. Ces dieux, qui expérimentent différents états de méditation à l’intérieur du samsâra, se répartissent en dix-sept catégories. Certains d’entre eux, dont le mérite diminuait, souhaitèrent, lorsque la Terre devint habitable, visiter momentanément la planète. Ils continuèrent, dans un premier temps, à vivre dans leur monde divin, mais, par moments, descendaient sur la Terre. Puis, leur mérite continuant à décroître, vint une époque où, ne pouvant plus regagner leur domaine céleste, ils furent contraints de demeurer sur Terre : ce furent les premiers humains. » La seconde source est celle du kototama, que nous avons vu dans la première partie du livre, au chapitre 4, « Reiki et enersense ». Que nous apporte cette source du kototama ? Elle nous enseigne que, jadis, avant l’involution dans la matière, nous étions conscience pure. Puis, toujours pour une raison qui nous paraît énigmatique, nous nous sommes coupés de cette conscience pour expérimenter la matière. Ma compréhension, comme je le relate dans mon voyage en amont du « Big Bang », est que nous voulions expérimenter la matière et les émotions en tant que créatures divines mais avec une conscience limitée. Peut-être aussi ne sommes-nous que les apparences oniriques des bouddhas qui rêvent et attendons-nous le réveil ou l’éveil pour retrouver notre nature de bouddha ? La tradition bouddhiste reste très discrète sur cette question. Les soufis disent que Dieu 160


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s’ennuyait tout seul et aurait voulu manifester une infinité d’êtres qui éprouveraient des émotions et sentiments divers et avec qui il pourrait communiquer. L’abandon du kototama répond, en tout cas, à cet objectif. Nous pouvons faire là un parallèle avec le mythe de la tour de Babel, qui symbolise la perte d’un langage commun et la confusion des langues pour empêcher les hommes d’atteindre le ciel. L’objectif, maintenant, est de retrouver toute la conscience dans l’incarnation, afin qu’un jour cette dernière ne soit plus qu’un lointain souvenir. Et, bien avant que le kototama ne soit prêt à être diffusé, l’empereur Meiji fit une modification importante dans l’alphabet japonais afin que, lors de sa lecture, l’énergie qui en émane amorce une évolution spirituelle. La troisième source est druidique. Selon Paul et René Bouchet, les sources des enseignements oraux des druides indiquent que les premiers êtres vivaient sur la partie nord de notre Terre qui n’était pas encore entièrement refroidie sur sa surface. Progressivement, ces êtres ont pu migrer, entre autres, sur un continent disparu qui s’appelait « Mû ». Il y aurait eu, sur Mû, une civilisation très évoluée spirituellement et techniquement. Puis, une météorite aurait percuté la Terre sur le continent de Mû, lui arrachant un morceau de terre qui se serait satellisé pour former la Lune. Mû aurait ainsi été détruite et aurait sombré dans l’océan Pacifique, environ 28 000 ans avant Jésus-Christ. Les nombreuses îles de cet océan, comme Hawaï et les îles polynésiennes, seraient des rescapées de ce naufrage. James Churchward explique, dans son livre Mû, le continent perdu, qu’il a retrouvé, dans ces différentes îles, des vestiges archéologiques comparables à ceux trouvés en Égypte, ainsi qu’en Amérique. Comme les habitants de Mû pouvaient prévoir une telle catastrophe, ils auraient prévu de s’exiler sur les continents alentour, et c’est ainsi qu’ils colonisèrent les côtes des Amériques 161


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ainsi que l’Atlantide, continent dans l’océan Atlantique, et l’Europe. À cet effet, ils auraient érigé des mégalithes sur notre continent en prévision d’un futur exil. Tout comme Mû, l’Atlantide connut une civilisation très évoluée spirituellement et techniquement, de 28 000 ans avant Jésus-Christ jusqu’au Déluge. Selon Paul et André Bouchet, les Atlantes auraient commis une faute très grave dont les conséquences ont eu pour effet la destruction de tout leur continent, disparu dans l’océan Atlantique. Se serait ensuivi ce que relatent toutes les traditions sous le nom de Déluge (environ 10 000 ans avant Jésus-Christ). Curieux de ce lointain passé, je fis un voyage chamanique pour découvrir ce qui a pu se passer. Il m’est apparu, lors du voyage, que les Atlantes auraient tenté de manipuler génétiquement les embryons humains, pour créer des classes de différentes capacités, un peu comme nous pouvons le voir dans le roman d’Aldous Huxley Le meilleur des mondes. C’est d’ailleurs ce que confirme Tanis Helliwell dans son livre Un été avec les Leprechauns où elle parle d’hybridations et de maîtrise de l’antigravitation. Plus tard, lors d’un rêve lucide, je décide d’aller à la recherche des restes de l’Atlantide. Je plonge très profondément dans l’océan Atlantique, la lumière devient de plus en plus rare et, au fond, je trouve un crâne de cristal de quartz qui date de l’Atlantide. J’apprends alors qu’il est prévu que ce crâne fasse communiquer entre eux douze autres crânes de cristal de quartz, afin que la connaissance qu’ils renferment, telle une programmation, soit divulguée le jour venu. Ces douze crânes sont aujourd’hui entre différentes mains, dont celles des musées. Ils auraient été dispersés par les prêtres aztèques après la conquête espagnole, pour éviter que leur pouvoir très puissant ne soit utilisé par des hommes sans sagesse.

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Toujours selon Paul Bouchet, les Atlantes rescapés migrèrent vers les côtes américaines pour fonder la civilisation maya, ainsi que vers l’Europe et l’Afrique. C’est ainsi que se serait développée la florissante civilisation égyptienne où il est dit que les pharaons, appelés « fils du Soleil », avaient encore des pouvoirs divins, qu’ils perdirent par la suite. C’est justement à cette époque que le kototama aurait été caché, après l’effondrement de l’Atlantide. Effectivement, la civilisation égyptienne, avec ses pharaons aux pouvoirs divins, dégénéra, puis disparut progressivement. Les Atlantes blancs des régions orientales de l’Atlantide se seraient dirigés vers l’Europe pour accoster du côté de BelleÎle-en-Mer, ainsi qu’en Irlande et en Cornouaille, pour former la future civilisation celte, en délimitant leurs territoires pour ne pas entrer en contestation avec les peuples autochtones. Un millier d’années plus tard, les druidesses, qui avaient autant de pouvoir que les druides, exerçaient une certaine tyrannie sur les Celtes. Un druide nommé Gwydon sauva les Celtes d’une grave épidémie, grâce au gui, et cela malgré les remontrances des druidesses. Comme il ne voulait pas s’opposer aux druidesses, il partit avec des tribus kymriques (gauloises) en direction de l’Orient, sous la conduite du chef Ram. Les Atlantes rouges du sud de l’Atlantide se seraient dirigés vers l’Afrique et l’Égypte où ils conservèrent leur unité au sein d’un empire théocratique à l’ère du Gémeaux, contrairement aux Celtes qui vécurent une scission avec le départ de Ram et de ses tribus46. Après avoir conquis la Perse, puis l’Inde (épopée du Ramayana), et lorsque l’effondrement de la mer Caspienne créa un désert dans cette région, des tribus kymriques retournèrent vers l’Occident. Ce fut l’épopée de Hû-Gadarn, le premier Gaulois 46

Voir chapitre 11, « Chronologie ». 163


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qui tenta de réunifier les peuples celtes, des Alpes à l’Irlande. Nous entrons alors dans l’ère du Bélier, et la civilisation de Hallstadt démarre au Tyrol. Les druides s’efforcèrent de réaliser l’amalgame des peuples celtes et gaulois et d’aider à la fusion des races. C’est le celtisme de la renaissance. Une quatrième source d’information qui me paraît digne d’attention est celle de Zecharia Sitchin dans son livre Le livre perdu du dieu Enki. Les sources de cet archéologue sont très variées et passent par la traduction de tablettes d’argile sumériennes à l’étude de textes anciens sumériens, akkadiens, babyloniens, assyriens, hittites, égyptiens, cananéens et israélites. En résumé, des dieux nommés Anunnakis auraient quitté leur planète Nibiru il y a 445 000 ans pour rechercher de l’or nécessaire à leur survie. Ils atterrissent sur notre Terre et y trouvent de l’or qu’ils expédient sur Nibiru par navettes spatiales. Afin d’accroître les rendements de l’extraction minière, ils créent l’Homo sapiens à partir d’un ovule de singe fécondé par le sperme d’un Nibirien (dieu de Nibiru). Ceci donna naissance au premier homme et à la première femme (Adam et Ève dans la Bible), qui pouvaient se reproduire et donner des Terriens plus robustes que les Anunnakis, adaptés à la vie terrestre et, donc, utilisés dans les mines pour en extraire l’or. Leur base sur Terre, dénommée « Edin », était dans la région de Sumer, dans le sud de la Mésopotamie, et les mines d’or étaient en Afrique. Ceci est en accord avec la génétique qui affirme que l’origine de notre humanité est africaine. Un des descendants de ces nouveaux Terriens, Enkime, acquiert de grandes connaissances. Il est aussi connu sous le nom d’Énoch dans la Bible. Plus tard, est annoncé le Déluge historique. Enki, dieu nibirien implanté sur Terre, et son frère Enlil sont les grands décideurs de l’histoire. Enlil veut laisser les populations terriennes mourir 164


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sous le Déluge, mais Enki veut sauver son fils Ziusudra qu’il a eu avec une Terrienne. Il sera nommé « Noé » dans la Bible. Il demande donc à son fils de construire un « sous-marin » et d’y embarquer son épouse et différentes espèces animales. Après le Déluge, Noé et son équipage débarquent au mont Ararat. À partir de là, l’humanité se redéveloppe. Un des fils d’Enki, Mardouk, se lance dans la construction d’une tour de lancement illicite pour rejoindre le domaine des dieux, sur la planète Nibiru. Enlil fait détruire la tour et, pour éviter que le peuple de Terriens n’accède à leurs connaissances, il força les peuples de chaque région à parler une langue différente. Nous retrouvons là l’allusion à la biblique tour de Babel. Mardouk se vit confier la région de l’Égypte où il fut adoré sous le nom de Râ. Pour moi, subsiste une question sans réponse : si les datations approximatives sont bonnes, pourquoi Enki ne mentionne-til pas l’existence de Mû et de son peuple, puisque la présence des Nibiriens sur Terre est contemporaine de la civilisation de Mû, puis de celle de l’Atlantide ? Venant d’une planète lointaine, comment imaginer qu’ils n’aient pas exploré toute notre planète ? Pour Olivier Manitara de la tradition essénienne, ainsi que pour d’autres traditions, Énoch serait le premier « homme-dieu ». Il serait le père de la tradition des « enfants de la Lumière » dans tous les peuples, et le père de la nation essénienne qui s’est manifestée au cours de l’histoire à travers les rishis de l’Inde (auteurs des Védas et, notamment, de l’ayurvéda), les pharaons d’Égypte, les mages de Perse, les prophètes d’Israël, les esséniens de Palestine, les manichéens, les cathares, les templiers au Moyen Âge et les rose-croix au XVIIe siècle. Toujours selon Olivier Manitara, Énoch vécut il y a environ 50 000 ans et, selon certains anthropologues, le chamanisme existerait depuis environ 50 000 ans, ce qui ferait donc bien remonter le 165


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chamanisme au début du « réveil » de l’humanité. Tout ceci expliquerait qu’à l’origine du peuplement de notre planète, se trouvaient des êtres très évolués vivant probablement sur le continent de Mû, puis sur l’Atlantide. Ces êtres possédaient une connaissance qui s’est transmise par voie orale. Suite aux migrations générées par l’effondrement des continents de Mû puis de l’Atlantide vers les autres continents, ainsi qu’aux migrations en sens inverse, comme par exemple de l’Asie vers les Amériques, comme le fait remarquer Mircea Eliade dans son livre Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase : « (…) des influences asiatiques sur l’Amérique relatées par plusieurs observateurs sur différents sujets : chamanisme, folklores (…) », les connaissances se sont diffusées, diluées sur les différents continents et parfois perdues. Ceci explique aussi que certaines pratiques nous paraissent aujourd’hui plus archaïques ou très proches de la nature et des éléments. Les pratiques se sont adaptées au mode de vie des peuplades, nomades ou sédentaires, et maintenues plus ou moins intactes au cours des siècles pour se retrouver parfois en dysharmonie par rapport aux modes de vie évolutifs de ces mêmes peuples, ce qui créa des schismes entre les pratiquants et le reste de la société (par exemple, les chasses aux sorcières connues en France au Moyen Âge). Parfois, les enseignements ont été complètement perdus ou déformés ; c’est pour cela que des bouddhas ou des prophètes sont apparus sur la Terre pour ramener ces enseignements et pour les diffuser sous la forme qui convenait le mieux à ce moment-là et au peuple concerné. Il en va ainsi de Garab Dorjé, de Bouddha Shâkyamuni, de Jésus-Christ, de Padmasambhava et de Mahomet pour les plus récents. Le Bouddha Shâkyamuni expliqua à un de ses disciples qu’il pouvait enseigner deux choses diamétralement opposées selon les élèves à qui il s’adressait, 166


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car cela dépendait de leur niveau de compréhension. Par exemple, aux uns il répondait : « Oui, l’âme existe », alors qu’à d’autres, plus évolués, il répondait : « Non, l’âme n’existe pas en tant que telle. Elle est la manifestation de l’esprit sous forme de pensées et d’émotions ». C’est ainsi que nous pouvons trouver, à la surface de la Terre, des enseignements qui peuvent paraître contradictoires, mais qui ne le sont pas forcément. En chamanisme, nous pouvons citer le cas de la tribu des Lakotas qui furent enseignés par ce qu’ils appellent la « Femme Bison », un être éveillé qui s’est présenté sous forme mihumaine mi-lumière et qui leur apporta plusieurs instructions, dont celle de la « pipe sacrée » et celle des loges à sudation. Ensuite, elle s’est métamorphosée en bison et est repartie47. Parfois, lorsque les enseignements sacrés sont menacés, de grands maîtres cachent ces enseignements en des endroits sûrs afin qu’ils soient retrouvés plus tard. Ces enseignements cachés sont appelés termas. Ce fut le cas du kototama pour une autre raison, et c’est le cas des termas de Padmasambhava qui décida de les cacher lorsqu’il comprit que le futur roi du Tibet, Langdarma (838-842), serait le persécuteur du Dharma. Ces mêmes termas furent retrouvés quelques siècles plus tard par des tertöns, de grands maîtres qui, souvent, sont des réincarnations de Padmasambhava lui-même ou des dakinis ayant aidé à les cacher. Tout ceci a constitué, tout au long des millénaires, un immense brassage spirituel de notre humanité et, comme nous avons pu le constater dans notre histoire humaine, cela est générateur d’adaptations aux contextes historiques et géographiques et 47

Voir Les rites secrets des Indiens sioux de Héhaka Sapa. 167


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aux différentes sensibilités humaines, mais aussi génère des distorsions et, pire encore, des pertes de connaissances. Heureusement, aujourd’hui, grâce à la technologie et à l’évolution des moyens de communication, grâce à l’ouverture des sociétés traditionnelles et, notamment, du Tibet sur le monde occidental, les découvertes sur l’évolution de l’humanité et la spiritualité sont à la portée de tous, ce qui permet à chacun de trouver sa voie. Quant aux scientifiques, ils approchent à grands pas de l’énigme du point zéro et commencent à le décrire de plus en plus précisément. Certains même n’hésitent pas à parler de Dieu. Einstein a écrit, un soir de 1936, en réponse à un enfant : « Tous ceux qui sont sérieusement impliqués dans la science finiront par être convaincus qu’un esprit se manifeste dans les lois de l’Univers, un esprit immensément supérieur à celui de l’homme. » Les frères Bogdanov, dans leur livre Avant le Big Bang, expliquent pourquoi la physique ne peut pas remonter au-delà du mur de Planck et, grâce à de nouvelles mathématiques, arrivent aux conclusions suivantes : « Au point zéro, tout redevient incroyablement calme : la tempête quantique a cessé et avec elle les fluctuations du temps et de l’espace. Comme dans l’œil du cyclone quantique, une nouvelle réalité émerge, immobile, totalement ordonnée, pure, mathématique. Et nous voici ramenés vers l’invariant topologique, cet être mathématique très étrange, à l’origine de tout – en fait un nouvel indice en physique théorique, que nous avons appelé dans nos thèses "indice de singularité". Cet indice nous montre que l’instant zéro ne peut être trouvé dans le temps réel, celui qui nous est familier, mais dans une nouvelle dimension que les physiciens appellent "le temps imaginaire" (c’est-à-dire un temps qui ne sera plus mesuré avec des nombres réels mais avec des nombres imaginaires). » 168


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Leur description du point zéro est exactement ce que nous pouvons ressentir en samadhi. Et, pour imager leur notion de temps imaginaire, ils citent le cas d’un film sur DVD : « Les événements du film sont distribués hiérarchiquement du passé vers l’avenir sans que cet ordre puisse être violé. Or, que contient le DVD sinon du temps imaginaire ? Car, dès que je retire le DVD du lecteur, je tiens dans ma main toute l’histoire du film sans distinction entre passé et avenir. (…) Je tiens, en même temps, le début et la fin du film dans ma main ; tous les instants de l’intrigue sont superposés en un seul instant sans durée et hors du temps. » En chamanisme, nous nommons cette nouvelle dimension, que les physiciens appellent le « temps imaginaire », la « réalité non ordinaire » (RNO). • Résumé À l’origine, en amont du « Big Bang », se trouve un état de conscience sans forme, paisible et serein, fait d’amour pur où l’on a le sentiment d’appartenir au « Grand Tout ». Le « Big Bang » permit la création, la matérialisation des cinq éléments subtils qui se sont ensuite organisés suivant un plan divin pour que la Grande Expérimentation ait lieu. Les raisons de cette Grande Expérimentation restent toujours mystérieuses et font l’objet de quelques supputations. Les trous noirs présents dans chaque galaxie seraient un passage permettant le retour en amont du « Big Bang », comme une porte de sortie de ce grand théâtre ! Les premiers êtres présents sur notre planète Terre étaient comme des dieux, bien que toujours dans le samsâra. Ils provenaient d’une autre planète et se sont « densifiés » jusqu’à développer un ego accroissant leur karma négatif qui leur fit amorcer leur involution dans les mondes inférieurs (demidieux, humains, puis animaux, prétas et damnés des enfers). 169


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Ainsi se peupla notre planète Terre. Régulièrement, les bouddhas, dans leur grande compassion, sont intervenus sur Terre dans leur corps d’émanation pour y apporter des enseignements. Ils sont ce que nous avons nommé « prophètes » : Moïse, Shâkyamuni, Jésus-Christ, Mahomet, Padmasambhava, etc., pour les plus récents. Ainsi, la source de toutes les traditions spirituelles est la même et a pour nom la « bouddhéité », le « Grand Tout », le « Un », le « Père-Mère », Allah, etc. La forme des pratiques et des enseignements spirituels diffère selon les traditions, car elle a répondu à des besoins différents de peuples différents et a été diffusée à des époques différentes. Mais le fond est bien le même. Après avoir expérimenté ce pour quoi nous sommes apparus sur Terre, après avoir compris quelle est notre véritable nature divine, l’objectif est de sortir de ce grand théâtre et de réintégrer notre Être authentique, à moins que nous ayons l’intention de nous réincarner pour aider tous les autres êtres sensibles à sortir du samsâra et de leurs souffrances ; telle est la mission des bodhisattvas.

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2 – VACUITÉ « Vous vivez dans l’illusion et l’apparence des choses. Il y a une réalité mais vous ne la reconnaissez pas. Quand vous la réalisez, vous voyez que vous n’êtes rien. Et n’étant rien, vous êtes tout. Voilà. » Kalou Rinpoché

La vacuité est un élément essentiel dans la réalisation de l’éveil, quelle que soit notre tradition spirituelle, aussi est-il bon d’éclairer ce concept. La vacuité occupe une place très importante dans la tradition bouddhiste. De grands maîtres, comme Nagarjuna, ont apporté aux enseignements de Bouddha Shâkyamuni des commentaires qui en facilitent la compréhension. Pour autant, les enseignements sur la vacuité font l’objet de traités tout aussi nombreux que copieux et souvent complexes (ceci n’est que mon avis personnel !). Une définition de la vacuité pourrait être le fait qu’au niveau absolu, il y a absence d’un « soi » des individus et des phénomènes extérieurs, ce qui ne contredit pas qu’un tel « soi » apparaisse au niveau relatif. Mais ces individus et phénomènes ne sont que des apparences qui n’ont rien de permanent ni d’indépendant. Elles sont toujours interdépendantes et apparaissent de causes 171


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précises. Toutes ces apparences sont la manifestation de notre esprit. Pour bien comprendre la vacuité, il est important de bien comprendre le mot « apparence ». Les apparences sont ce dont nous avons l’expérience par la faculté de notre esprit et de nos cinq agrégats. Bouddha Shâkyamuni a dit que l’esprit est comme un artiste qui peint ce qu’il veut : il crée tout ce que l’on perçoit en ce monde par sa clarté et par le biais des cinq agrégats (conscience, formation mentale, recognition, sensation, forme). Il a aussi expliqué que l’esprit est vacuité, clarté, connaissance, continu et le fondement d’où apparaît tout objet de connaissance. Il est vacuité car vide de tout, sans forme ni couleur, ni odeur, ni goût, inaccessible par nos cinq sens ; il a la nature de l’élément espace. Il est clarté car il a la capacité de faire apparaître toutes les apparences ou pensées qu’il lui plaît de faire apparaître ; il a la nature de l’élément air. Il est connaissance car il peut identifier toutes ces apparences, ce qui correspond à l’élément feu. Il est continu comme l’élément eau. En tant que base d’où apparaît toute chose appartenant au samsâra et au nirvâna, il a la qualité de l’élément terre. Les cinq agrégats sont notre moyen de connaître et saisir le monde, que notre esprit a créé, de façon de plus en plus conceptuelle et solidifiée. Ce sont : – L’agrégat de la forme qui participe à l’appréhension d’une corporalité, que ce soit celle de l’environnement diurne ou onirique (en rêve) ou celle du bardo de la mort. L’agrégat de la forme est le véhicule d’un organisme sensoriel (les organes de la vue, de l’ouïe, du goût, de l’odorat et du toucher). Il est le traitement organique de la manifestation et il met en corrélation les cinq éléments subtils de l’esprit avec ceux des organes sensoriels et ceux de l’environnement. Cet agrégat est en lien avec la sagesse élémentaire semblable au miroir, car elle permet à 172


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une personne ordinaire de percevoir de nombreux objets en même temps, tout comme le miroir reflète simultanément de nombreux objets. – L’agrégat « sensation » (impression) est l’aptitude à percevoir physiquement ou émotionnellement des impressions plus subtiles que la simple présence ou absence d’une chose. De par notre ignorance, ces impressions se résument souvent à la dualité « agréable ou désagréable » mais peuvent aussi être neutres. Cet agrégat est en lien avec la sagesse élémentaire de l’équanimité, car elle permet à une personne ordinaire de ne pas faire de discrimination entre les choses. Que les choses soient agréables, désagréables ou neutres, à ce niveau, ce ne sont que des sensations. – L’agrégat « perception » (discrimination, jugement, connaissance) est l’aptitude mentale de discernement. Il est l’identification conceptuelle ou non conceptuelle des sensations perçues précédemment. C’est ce qui nous permet de distinguer notre père de notre mère, une table d’une chaise, etc. Mais, quand l’esprit est voilé, la fonction du discernement va devenir une discrimination réductrice. C’est aussi à ce moment-là que le processus de mémorisation commence. Cet agrégat est en lien avec la sagesse élémentaire de l’analyse ou la sagesse discriminante, car elle perçoit les distinctions qui caractérisent les différents mots et les noms d’objets. – L’agrégat « formation mentale » est la partie « pensante », organisatrice de l’esprit. Il est suivi d’actes que l’on qualifie de « volitionnels ». Ces actes sont à l’origine des empreintes karmiques (bonnes ou mauvaises). Avec l’agrégat « formation mentale », s’organise la réaction, la pensée. Par exemple, la tristesse qui, après avoir été saisie comme une forme en soi, va se voir attribuer, par la sensation, un sentiment désagréable. La perception va « accuser le coup » et déclarer : « C’est désagréable ! ». Ensuite, la formation mentale en fait 173


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une réaction qui va être traduite comme : « La tristesse est désagréable », et il n’y a pas à revenir là-dessus. Cet agrégat est en lien avec la sagesse élémentaire accomplissante ou la sagesse qui accomplit les activités, car elle perçoit les diverses actions et la façon dont elles se relient à des résultats. – L’agrégat de la conscience sensorielle qui sépare, analyse et différencie. Il a pour aptitude de se savoir être « soi », et pas un autre, et de s’établir en tant que continuum mental. C’est la faculté de connaître. Cet agrégat est en lien avec la sagesse élémentaire de la nature des phénomènes, car elle perçoit la nature des phénomènes. Grâce aux agrégats de la forme et de la sensation, la conscience sensorielle sait que quelque chose est là ; la perception sait de quoi il s’agit, la reconnaît ; et en une fraction de seconde, l’agrégat « formation mentale » intervient pour que nous désirions les choses agréables, nous y attachions et cherchions comment nous en procurer. Si nous ôtons, par exemple, l’agrégat de la conscience (que les bébés n’ont pas et, donc, eux n’arrivent pas à se prendre pour quelqu’un de différent de leur environnement avant un certain âge), qui est là pour se dire qu’il y a un « soi » ? Personne. Il en va de même pour tous les agrégats et, au final, ce que nous appelons « moi » n’est que l’addition de ces cinq agrégats. C’est aussi pour cela qu’il est dit que le « soi » est vacuité ; il n’est que l’addition de nos agrégats, eux-mêmes changeants. C’est également ce qui permet la réincarnation dans des corps différents, sans que pour autant nous soyons identiques à ce que nous étions dans notre vie précédente. Le « soi » est donc bien changeant et vacuité. À force de méditer sur la vacuité des agrégats, nous arrivons à les mettre de côté, et nous entrons donc dans la vacuité : nous devenons esprits, et non corps, nous ne ressentons plus 174


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rien, nous percevons, mais pas par nos sens corporels, nous ne créons plus de pensées, et nous ne nous prenons plus pour quelqu’un, nous faisons partie du tout. Voilà ce que vise le bouddhisme : l’état de bouddha, se détacher de nos agrégats comme étant « nous ». Nous ne sommes pas nos agrégats. Ainsi, lorsque nous atteignons l’état de bouddha, nos cinq agrégats deviennent les cinq sagesses qui leur sont associées. Dans n’importe quel monde du samsâra où nous nous trouvions, la nature de notre esprit est toujours pure et a l’état d’ainsité, l’état de bouddha, et cela que nous soyons humains, animaux, esprits avides ou dans les enfers. Cet esprit pur et lumineux est la source de toutes les apparences pures ainsi que des apparences impures. Ce qui fait que nous percevons le monde, merveilleux comme un paradis ou abominable comme un enfer ou, alternativement, comme l’un ou comme l’autre, vient de nos empreintes karmiques et des circonstances. Puisqu’il est la base de toutes les apparences, notre esprit est appelé base-de-tout, ou alaya en sanscrit. Cet esprit basede-tout est constitué de la base-de-tout pure et de la base-detout impure. Sous son état pur, il est appelé sagesse base-de-tout, ou alaya-jnana en sanscrit. Cette sagesse est lumineuse, claire et complètement éveillée. Elle est sans commencement et sans fin car au-delà de toute notion de temps, comme nous l’avons vu en amont du « Big Bang » où le temps linéaire n’existe pas. Elle est la source de tous les phénomènes. Sous son état impur, voilé par l’ignorance, il est appelé conscience base-de-tout, ou alaya-vijnana en sanscrit. C’est l’esprit dualiste, celui des perceptions brouillées des êtres ordinaires, celui qui engrange les graines karmiques. Donc, sous son aspect pur, la base-de-tout est appelée « sagesse », 175


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alors que, sous son aspect impur, elle est appelée « conscience ». Cette conscience se manifeste à nous par l’impression que nous avons de vivre une continuité qui se perpétue d’un moment au suivant, ce qui nous donne l’impression d’être une seule et même personne qui continue du passé au présent, puis du présent au futur. Mais ceci fait partie du domaine du relatif car, dans l’absolu, le temps n’existe pas, pas plus que l’idée de continuité ou de discontinuité. C’est cette impression de continuité qui est à la base de notre croyance en un ego, un « soi ». Qui dit « soi » dit « l’autre », et ainsi se crée la dualité. Cette expérience de continuité se poursuit par la force des habitudes et par la dynamique du karma qui font que nous poursuivons notre chemin de bardo en bardo, jusqu’à ce qu’un jour nous nous éveillions à notre véritable nature qui est celle d’un bouddha. Chaque fois que nous échouons à reconnaître la nature de notre esprit, et donc à nous éveiller, lors d’une méditation, à l’endormissement, au réveil, lors d’un éternuement ou au moment de la mort, moments propices pour percevoir notre esprit lumineux, l’alaya-vijnana se poursuit d’un moment au moment suivant. Lorsqu’il s’interrompt à l’entrée du bardo de la méditation ou lors d’un accident ou lorsque la conscience se résorbe48 au moment de la mort, c’est pour reprendre très vite sa course, selon son habitude. Entre chaque moment de pensée, la nature pure de l’esprit, alaya-jnana, est présente, cependant nous n’arrivons pas à la percevoir car, tant que l’alaya-vijnana fonctionne, il continue de projeter un flot continu d’apparences variées que notre agrégat « perception » étiquette comme « bonnes » ou « mauvaises », Voir chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». 48

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suivies d’attachements ou d’aversions, et notre agrégat « formation mentale » perpétue ainsi la formation du karma. Notre alaya-vijnana fonctionne comme un projecteur cinématographique qui projette des apparences sur l’écran blanc du cinéma, avec une fréquence telle que nous prenons les différentes images pour une continuité qui nous cache la pureté blanche de l’écran, pourtant présente entre chaque image. Notre système de perception globale à une rémanence telle que nous ne pouvons pas percevoir la nature de notre esprit. Cet alaya-vijnana, conscience base-de-tout, est une collection de consciences qui vont de la plus grossière à la plus subtile et qui fonctionnent ensemble pour nous permettre de sentir ce qui est « soi » et ce qui est « l’autre » et de vivre notre expérience ordinaire et dualiste du monde. Au niveau plus grossier, nous trouvons les cinq consciences sensorielles (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher) qui perçoivent directement les objets extérieurs sans leur rajouter de discrimination conceptuelle telle que « bon » ou « mauvais », « agréable » ou « désagréable », etc. Ce sont des consciences non conceptuelles de perception directe, qui œuvrent au niveau de l’agrégat de la forme. Vient ensuite une sixième conscience, connectée aux cinq consciences sensorielles : c’est la conscience mentale. Elle ne perçoit pas les objets directement mais en conçoit une image mentale à partir de nombreux précédents de perception des objets. Cette première partie est non conceptuelle et laisse place à une deuxième partie conceptuelle qui détermine qu’une perception visuelle, par exemple, est plaisante ou déplaisante, ou qu’un objet est grand ou petit. La conscience mentale participe aux agrégats « sensation » et « perception ». 177


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À un niveau plus subtil, nous trouvons la conscience affligée, « esprit klesha » en sanscrit. Les kleshas sont les afflictions mentales. La tradition bouddhiste en recense six : l’ignorance, le désir, la colère, l’orgueil, le doute et les opinions erronées. Cette septième conscience affligée est l’instigatrice des pensées et des conceptions erronées, ainsi que des émotions perturbatrices. Elle comporte aussi une fonction appelée « mental immédiat », en contact direct avec la conscience mentale, et dont nous verrons la fonction décrite par Thrangou Rimpoché qui fit la traduction et les commentaires de l’ouvrage du IIIe Karmapa, Rangjoung Dorjé, Le traité distinguant conscience individuelle et sagesse. 1re conscience : la conscience visuelle

Les 6 consciences

Les 5 consciences sensorielles (ou les consciences des 5 portes)

2e conscience : la conscience auditive 3e conscience : la conscience olfactive 4e conscience : la conscience gustative 5e conscience : la conscience tactile

6e conscience : la conscience mentale

Conscience mentale non conceptuelle

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Sagesse accomplissante


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil Conscience mentale conceptuelle

7e conscience : la conscience voilée

Mental immédiat (ou conscience voilée immédiate) Mental souillé (ou conscience voilée)

8e conscience : la conscience base-de-tout (ou conscience-base universelle)

Sagesse discernante

Sagesse de l’équanimité Sagesse semblable au miroir

Cette septième conscience perçoit l’esprit fondamental qui est l’aspect le plus fondamental de la conscience, la huitième conscience, c’est-à-dire l’alaya-vijnana. Mais, de manière erronée, elle considère cet esprit comme s’il était un « soi » existant vraiment et considère les objets perçus comme s’ils étaient « autres », comme s’il s’agissait de phénomènes externes existant vraiment par eux-mêmes, comme un film continu et non pas une succession d’apparences discontinues projetées par notre esprit. L’ensemble de ces huit consciences constitue ce que nous appelons « l’agrégat de la conscience ». Lorsque l’éveil est atteint, la conscience base-de-tout impure (alaya-vijnana) laisse la place à la sagesse (alaya-jnana), constituée des quatre sagesses, indiquées dans le tableau ci-contre, et de la cinquième sagesse qui est la sagesse de la nature des phénomènes, ou sagesse de l’espace universel, correspondant à l’ensemble des huit consciences. 179


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Donc, les apparences comprennent l’ensemble de ce que nous pouvons voir, entendre, sentir, goûter ou toucher. Ces objets deviennent les apparences des cinq consciences sensorielles. De plus, ce que nous pensons et ressentons en rapport avec ces objets, cela aussi, ce sont des apparences. Les pensées et les émotions sont les apparences de notre conscience mentale. Ces apparences sont l’individu et les phénomènes. L’individu est notre saisie d’une continuité dans les agrégats. Comme si notre « moi » avait toujours existé et qu’il allait toujours exister ! Cette croyance en la permanence et en l’autonomie des agrégats crée l’ego qui s’attache au « moi », au « je ». Les phénomènes sont toutes les choses qui sont appréhendées mentalement par le « soi » de l’individu. Lorsque nous saisissons les phénomènes en tant que réalité, ayant leurs propres caractéristiques, et lorsque nous nous y attachons, nous créons le « soi » des phénomènes. La mort nous effraie car elle sanctionne la mort du « soi », de notre ego. Autrement dit, le « je » nous apparaît non pas comme une simple désignation de notre esprit en dépendance de nos agrégats, mais comme un « je » réel qui existe en soi ou de son propre côté et qui n’a rien à voir avec notre esprit. Il en est de même de la mort qui n’existe pas réellement mais est une simple désignation de l’esprit. Le « je » n’existant pas réellement, sa mort n’est donc pas plus réelle. Voyons maintenant comment Thrangou Rimpoché explique l’illusion : « Quatre conditions doivent être réunies pour qu’il y ait perception (apparition d’instantanés de conscience) et génération d’affects. La première, la condition causale, correspond à la présence de la consciencebase universelle et de l’aspect mental souillé de la septième conscience. » C’est la conscience base-de-tout qui, par sa clarté, projette 180


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toutes les apparences, et son aspect souillé nous les fait prendre pour réelles. « La seconde, la condition régente, correspond à la présence des six facultés (sensorielles et mentale). La faculté mentale implique les six consciences elles-mêmes, car elle se constitue d’instantanés antérieurs de consciences sensorielles ou de conscience mentale. » C’est par elles que nous pouvons percevoir les apparences et l’illusion que nous y superposons, de par l’aspect souillé de la conscience. « La troisième, la condition objective, correspond à la présence de six types d’objets (formes, sons, odeurs, saveurs, champ du tangible et objets mentaux). Sans l’objet, il n’y a pas de conscience correspondante. Une conscience auditive naîtra sur la base d’un son ; une conscience olfactive naîtra sur la base d’une odeur, etc. En ce qui concerne l’apparition d’une conscience sensorielle, il faut qu’il y ait objet perçu par l’intermédiaire des facultés sensorielles. De même, pour qu’il y ait conscience mentale, il faut qu’il y ait objet mental, et ce grâce à la faculté mentale. » Ce sont ces six types d’objets qui matérialisent les apparences perçues. « Enfin, la quatrième, la condition immédiate, fait intervenir la continuité. La conscience se produit en une succession continue d’instants. Une pensée, par exemple, dure un instant, puis, l’instant suivant, une autre lui succède. La continuité est assurée par l’aspect mental immédiat de la septième conscience, qui correspond donc à la dernière condition. » Il en est de même pour toutes les consciences sensorielles. C’est l’effet « projecteur cinématographique ». 181


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« Lorsqu’une expérience sensorielle résulte de la réunion des quatre conditions, il s’y associe une sensation agréable, désagréable ou neutre. Quand nous avons une sensation plaisante, nous l’apprécions et éprouvons du plaisir, ce qui se développera progressivement en affects de désir-attachements. Quand nous avons une sensation déplaisante, cela se développera en affects de colère-aversion. Quand nous avons une sensation neutre, nous ne voyons pas la vraie nature de l’objet ; nous y répondrons par l’affect de l’ignorance, de l’opacité mentale. On constate que tous les affects résultent du fait de ressentir les objets comme bons, mauvais ou neutres. » Thrangou Rimpoché précise par ailleurs : « Les apparences impures du cycle des existences, qui proviennent de causes et de conditions, appartiennent à deux catégories, commune et individuelle. Les apparences communes sont le résultat de causes identiques créées par plusieurs êtres, qui partageront une perception donnée. Pour la conscience visuelle, de nombreuses personnes percevront la même chose ; c’est ce qui se passe lorsque tout le monde, dans une salle, voit qu’elle a deux piliers. La seconde catégorie d’apparences est le résultat de causes et conditions individuelles qui produisent des expériences dissemblables de bien-être ou de mal-être. Par exemple, certains trouvent le piment délicieux, alors que, pour d’autres, il emporte douloureusement la bouche ! En dépit du fait que la saveur et l’organe sensoriel (la langue) sont identiques, l’expérience individuelle diverge. Cette diversité vient de conditionnements latents différents qui ont été emmagasinés dans la conscience-base universelle de chacun et qui procurent des causes différentes aux six consciences. (…) Les cinq consciences sensorielles sont non conceptuelles et perçoivent les objets de façon très nette, car elles ne discriminent pas en beau ou en laid, désirable ou repoussant, etc. (…) À l’inverse, la sixième conscience ne perçoit pas directement les objets. Elle ne fait que suivre ce qui est perçu par les consciences sensorielles et n’a qu’une connaissance approximative de l’aspect des objets extérieurs ; elle conçoit les 182


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phénomènes en termes de bon ou mauvais, semblable ou différent, et ainsi de suite. (…) Depuis des temps sans commencement, nous percevons des formes, des sons, des odeurs, des saveurs et le champ du tangible. Ces perceptions créent continuellement des conditionnements latents dans la huitième conscience. L’habitude d’une certaine forme, par exemple, en crée une empreinte. En fin de compte, une fois mûri, ce conditionnement va resurgir de la conscience-base universelle en tant que forme à nouveau ; mais nous percevrons cette forme comme extérieure. Tout ce que produit l’esprit advient en l’esprit lui-même. Nous avons vu précédemment que le rêve est la plus fidèle analogie du processus. Les apparences oniriques ne sont nullement reliées à des objets externes. Elles ne sont rien d’autre que les conditionnements latents de la huitième conscience. Le rêveur appréhende ces images mentales comme si elles étaient une réalité extérieure : il s’attache à l’idée qui les assimile à quelque chose d’extérieur ; mais, excepté cette saisie, il n’y a aucune connexion entre des phénomènes expérimentés par la conscience mentale du rêveur et des objets extérieurs. C’est pourquoi l’on peut affirmer que, de même, tout ce qui apparaît à l’état de veille aux cinq consciences sensorielles s’élève uniquement de l’esprit. » Revenons à la quatrième condition immédiate. Thrangou Rimpoché précise, toujours dans ses commentaires sur l’ouvrage du IIIe Karmapa, Le traité distinguant conscience individuelle et sagesse, comment fonctionne le mental immédiat, partie intégrante de la septième conscience affligée : « La fonction du mental immédiat est d’assurer la continuité : sous son action, une conscience visuelle naît puis cesse, permettant à une autre conscience visuelle de lui succéder immédiatement. Il en va de même pour les autres consciences sensorielles, ainsi que pour la conscience mentale. Le mental immédiat est la condition nécessaire à l’enchaînement ininterrompu de la naissance et de la cessation des instantanés de conscience, l’un à la suite de l’autre. Lorsqu’une conscience cesse, elle disparaît mais ne s’annihile pas. Elle retourne vers la conscience-base universelle et y subsiste. Le mental 183


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immédiat est la condition nécessaire pour que toutes les apparences sortent de la huitième conscience et pour qu’elles s’y absorbent. Comment cause-t-il les instantanés de conscience ? Un instant de conscience ne peut naître s’il n’y a pas cessation d’un instant précédent de conscience ; ils doivent s’enchaîner en une continuité où chacun succède immédiatement à l’autre. Lorsqu’un instant de conscience cesse, grâce au mental immédiat, un conditionnement, jusqu’ici latent, de la conscience-base universelle se manifeste aussitôt l’instant suivant, également sous l’action du mental immédiat. La capacité d’immédiateté ne stoppe jamais, elle est toujours présente. Elle correspond à la continuité ininterrompue de l’esprit. » Nous pourrions comparer le mental immédiat au rideau d’un appareil photographique. Le rideau s’ouvre, l’esprit projette une image, puis il se ferme pour se rouvrir aussitôt et l’image suivante apparaît, et ainsi de suite. Voici donc comment fonctionne l’illusion. Et pourtant, nous savons tous que notre « moi » n’a pas toujours existé et qu’il mourra. C’est une évidence constatée tous les jours sans exception. De plus, ces mêmes apparences se produisent pareillement dans la réalité diurne et dans la réalité onirique. Lorsque nous rêvons, nous saisissons tout autant la continuité des agrégats, nous croyons exister et nous croyons que tous les phénomènes existent réellement ! Et pourtant, chaque fois, le rêve se termine par un réveil et nous comprenons alors que nous avons été illusionnés ! Pour autant, nous ne pouvons pas nier l’existence du rêve. Il s’agit d’une existence relative mais non intrinsèque, à laquelle il ne faut pas s’attacher. C’est notre esprit qui se manifeste dans un corps onirique appelé le corps des conditionnements latents. En effet, chaque action du corps, de la parole et de l’esprit laisse une empreinte sur l’esprit, comme le résultat d’un contact. Nous avons tous accumulé, depuis des temps sans commencement, un très grand nombre d’empreintes qui demeurent sur l’esprit. Lorsque les conditions appropriées 184


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sont réunies, elles vont permettre au rêve de se produire. Et, chaque nuit, nous retombons dans la même illusion, car cette saisie de la continuité des agrégats est inconsciente. Le matin, au réveil, notre esprit retrouve son corps de maturité karmique qui attendait dans le lit. Alors, pourquoi n’en serait-il pas de même avec la réalité diurne ? Cette réalité ne serait-elle pas un grand rêve dont nous sortirons le jour de notre mort pour comprendre que ce n’était qu’une apparence de plus sur laquelle nous nous sommes illusionnés ? C’est comme si nous avions voulu jouer une pièce de théâtre dans laquelle nous sommes restés prisonniers de notre rôle. À la mort, le rideau tombe et nous retrouvons notre état de comédiens. De la même manière, lorsque des enfants jouent aux cow-boys et aux Indiens, ils finissent par oublier leur personnalité pour épouser celle de leur personnage de jeu. Et des rôles de comédiens, nous en avons déjà joué une infinité dans toutes nos vies antérieures, et tous se sont achevés à la tombée du rideau. C’est d’ailleurs ce que disait déjà William Shakespeare au XVIe siècle : « Le monde entier est un théâtre, et tous, hommes et femmes, n’en sont que les acteurs. Et notre vie durant nous jouons plusieurs rôles. » Nous pouvons aussi nous considérer comme une marionnette entre les mains d’un marionnettiste qui n’est autre que notre esprit pur. Ainsi se crée le karma qui n’a pas plus d’existence intrinsèque mais, pourtant, il est actif tant que nous restons prisonniers de cette illusion. Donc, il faut sortir de cette vue erronée si nous ne voulons plus souffrir du samsâra. Après la mort, dans le « bardo du devenir49 », notre esprit recrée un corps mental sensible à toutes les émotions et aux cinq sens subtils, ainsi que des apparences illusoires. Puis, sous Voir chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». 49

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la force du karma, l’esprit est entraîné à reprendre naissance sous une forme ou une autre. Alors, tous les phénomènes qui s’étaient manifestés lors du bardo du devenir disparaissent, et c’est de nouveau un corps de maturité karmique qui prend le relais dans l’une des six classes d’êtres. Et ce sont toujours nos empreintes karmiques qui, tout comme dans les rêves, font que notre esprit crée, grâce à sa clarté, les apparences de notre nouvelle vie. Nous distinguons les apparences pures des apparences impures : – Les apparences pures sont perçues par des êtres réalisés qui ont parfaitement reconnu que la nature de l’esprit est vacuité lumineuse et claire. Ce que ces êtres voient dans le monde, ce ne sont pas des phénomènes qui ont une existence solide et sont séparés de la nature de l’esprit, mais ils voient une danse des apparences qu’ils apprécient. Ils ne s’attachent pas aux apparences, ne font pas de fixations comme si elles étaient réelles. – Les apparences impures désignent la perception des êtres ordinaires qui pensent à tort que les apparences relatives existent de manière séparée de l’esprit. Ces êtres sont liés par l’attachement qui les fait réagir de manière dualiste. Pour eux, il y a les apparences que l’on aime et celles que l’on n’aime pas. Leurs empreintes karmiques et leurs voiles leur font appréhender les apparences différemment. C’est ainsi qu’un bol d’eau, pour un humain, sera perçu comme un bol de pur nectar par un bouddha et comme un bol d’excréments par un préta (esprit avide). C’est pour cette raison qu’il est bon de voir la beauté en toute chose. Comprendre la vacuité, c’est comprendre que tout n’est qu’apparences vides, manifestées par notre esprit pur, que ce soit dans la réalité diurne comme dans la réalité onirique ou dans le bardo de la mort. Nos voiles et nos empreintes karmiques 186


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nous font saisir ces apparences différemment selon les uns ou les autres. Réaliser la vacuité, c’est intégrer à chaque instant cette compréhension qui ne doit pas se limiter à une compréhension intellectuelle. Dans les enseignements des madhyamikas shentong et, notamment, dans le vajrayana, la vacuité est l’état naturel et serein de l’esprit. Le cycle des existences conditionnées, les souffrances du samsâra et toutes les apparences impures ne sont que le produit de l’esprit sous l’emprise de la confusion et des apparences illusoires. Au niveau ultime, lorsque l’esprit est libéré des voiles de l’ignorance, le monde apparaît dans sa pureté originelle. Quand l’esprit est purifié des souillures du karma négatif, les paradis suprêmes des bouddhas apparaissent spontanément. Ainsi, samsâra et nirvâna deviennent la même chose. Voici comment un jour j’ai ressenti dans mes « tripes » ce qu’est la vacuité de l’apparence. Lors d’une retraite de dix jours sur le thème du yoga du rêve, je lisais un livre du IXe Karmapa, Le mahamoudra qui dissipe les ténèbres de l’ignorance. Comme cela m’arrive assez souvent lors de mes lectures, mon esprit s’évade du texte pour méditer sur un sujet ou un autre, mais très souvent en rapport avec le texte. Et, ce jour-là, mon esprit imagine une scène assez loufoque qui fut pour moi une révélation. Je pense : « Et si mon ombre se mettait à penser qu’elle a une existence réelle et intrinsèque ? Qu’elle bouge, marche par elle-même ? Qu’elle a un ego ? Quand le soleil se lève, elle apparaît. Dès qu’un nuage survient, elle disparaît et, le soir, au coucher du soleil, elle se couche ». Cela paraîtra stupide à toute personne sensée, n’est-ce pas ? Eh bien, cette pensée a subitement bouleversé ma vie ! J’ai subitement réalisé que je n’étais guère mieux que mon ombre ! Je comprends alors que je ne suis que l’ombre de mon bouddha intérieur. Je me sens d’un coup comme abattu, dépossédé d’une réalité propre, intrinsèque, comme un pantin ou une marionnette 187


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dans la main d’un marionnettiste. Je ressens un vide étrange, le sentiment de n’être presque rien, une illusion, et je me trouve ridicule d’avoir cru, pendant plus d’un demi-siècle, que j’étais quelqu’un. Quelqu’un de périssable, certes, mais quelqu’un tout de même ! J’ai alors un sentiment de « roue libre » : il n’y a plus de moteur, un peu comme un planeur qui a été lancé par un avion puis lâché et livré à lui-même pour un certain temps. Je perçois le ridicule de tout ce que j’ai vécu ou, plutôt, de la manière dont je l’ai vécu. C’est comme si, maintenant, plus rien ne pouvait avoir d’importance, en attendant que je me réveille de ce rêve. Je me mets alors à rire aux éclats de cette bonne blague. Comme le relate un étudiant de Michael Harner dans son livre La voie du chamane, après une expérience de « démembrementremembrement » : « Ça donne l’impression de n’être rien et pourtant c’est tout ! » C’est exactement ce qu’a dit Kalou Rinpoché : « Et n’étant rien, vous êtes tout. Voilà. » Tout ce qui me reste maintenant, c’est une intention renforcée d’atteindre l’éveil au plus vite, et au plus tard à ma mort, lors du bardo lumineux de la dharmata pour ensuite revenir comme bodhisattva pour aider tous les esprits à sortir du samsâra. Dans la journée et dans les jours qui suivent, j’essaie de rester présent à cette perception de l’illusion et à mon esprit non conceptuel. Ceci n’est pas évident car l’ego que l’on sort par la porte « ré-entre » par la fenêtre ! D’ailleurs, dans le bouddhisme, il est dit que l’éveil n’est que le début d’un long processus. Avoir un aperçu de la vacuité ne signifie absolument pas que l’on a réalisé la vacuité. Il faut se rendre à l’étape suivante, qui est la méditation, où on développe peu à peu la connaissance transcendante qui voit directement la nature de l’esprit et de tous les phénomènes. 188


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Dans la tradition theravada, les « Aînés du Sud-Est asiatique » considèrent qu’il y a quatre étapes successives, dites de « noble réalisation ». Ces étapes sont : – « Entrer dans le courant » : ceci arrive lors d’un premier satori où l’on perçoit l’illusion d’un « soi » séparé et où l’on goûte à la paix du nirvâna. Cependant, cet état n’est pas permanent, et une purification est encore nécessaire pour intégrer cette nouvelle compréhension dans notre vie. – « Revenir encore » : par un long travail qui peut durer des années, nous évacuons nos habitudes les plus grossières de saisie et d’aversion qui recréent le sentiment d’un « soi » plein de peurs et de limites. Cela requiert une attention constante. Une réalisation profonde fera disparaître les forces les plus puissantes de désir et d’aversion. C’est ce que Jack Kornfield appelle « Après l’extase, la lessive », aux éditions Pocket. – « Non-retour » : à ce stade, nous sommes définitivement libérés de tout ce qui est saisie, colère, peur, désir. Les personnes arrivant à ce stade sont assez peu nombreuses et y arrivent après être restées profondément dans le calme et la vacuité. Les mouvements subtils de saisie au niveau du cœur sont abandonnés au moment même où ils apparaissent. Nous demeurons dans la liberté et la réalité du présent (cela correspond à la septième Terre des bodhisattvas). – « Grand Éveil » : à ce stade, les dernières traces de saisies subtiles, à l’égard du désir, de la joie et même de la méditation, disparaissent totalement. Ainsi, une personne ayant expérimenté un éveil manifeste et profond peut encore se laisser emporter par la colère et l’illusion, car elle n’a pas encore atteint le quatrième stade du Grand Éveil. Quelques mois après avoir expérimenté la vacuité de 189


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l’apparence, lors d’une retraite de dix jours sur la pratique du guru yoga, je réalise l’expérience suivante : alors que j’étais en méditation, je me perçois esprit pur, en train d’observer la vie très sereinement à l’intérieur de mon corps, comme si j’étais étranger à cette vie, sans émotions, sans saisies par rapport à mon environnement. Je ne ressentais absolument aucune peur, aucune tension ou angoisse, aucun sentiment d’appartenance, tel un visiteur de passage. J’appris plus tard que ceci est une expérience d’enstase. Je compris alors qu’il n’y a aucune raison d’avoir des limitations, que nous pouvons devenir maîtres de notre destinée et transformer notre vie de la même manière que nous pouvons transformer nos rêves. Voici une définition des dix Terres des bodhisattvas, selon Le précieux ornement de la libération de Gampopa Seunam Rinchen : après avoir engendré l’esprit d’éveil, le bodhisattva parcourt la voie de l’accumulation, qui est le niveau de débutant durant lequel il accumule des mérites, de la sagesse et purifie son karma. Arrive ensuite la voie de la jonction, durant laquelle le bodhisattva aspire à connaître la vacuité. Tout ce qui s’oppose aux six vertus transcendantes s’affaiblit au point de ne plus surgir : – l’avarice, qui s’oppose à la générosité ; – la colère, qui s’oppose à la patience ; – la paresse, qui s’oppose au courage ; – la distraction, qui s’oppose à la concentration ; – l’ignorance, qui s’oppose à la sagesse ; – la malhonnêteté, qui s’oppose à l’éthique. Ensuite seulement, arrivent les dix Terres pures des bodhisattvas : – Première Terre, « Joie suprême » : « Une fois que cette Terre est atteinte, l’éveil est proche et le bien des êtres accompli. On en éprouve une immense joie. (…) Le bodhisattva établi dans cette Terre pratique les dix vertus transcendantes en plaçant l’accent sur la générosité. (…) 190


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Sur la première Terre, on réalise l’omniprésence de l’espace absolu. Par voie de conséquence, on réalise parfaitement l’égalité de soi-même et d’autrui. (…) Le bodhisattva de la Terre "Joie suprême" désire pratiquer le courage. S’il renonce à la vie laïque, il peut en un instant atteindre cent absorptions, contempler cent bouddhas, connaître parfaitement leurs bénédictions, ébranler cent mondes de l’Univers, se rendre dans une centaine de Purs Champs de bouddha, illuminer cent mondes de l’Univers, amener cent êtres à parfaite maturité, rester en vie pendant cent kalpas, connaître cent kalpas passés et futurs, élucider cent enseignements du Dharma, produire cent manifestations de lui-même, entourées chacune de cent bodhisattvas. » – Deuxième Terre, « Immaculée » : « Cette Terre porte le nom d’Immaculée parce que nul relâchement dans la discipline ne vient la souiller. (…) On accède à cette Terre au terme de huit pratiques, à commencer par le respect de la discipline et de la gratitude. Le bodhisattva de cette Terre pratique de façon générale les dix vertus transcendantes mais, par-dessus tout, celle de la discipline. (…) Les seize émotions négatives qu’on élimine par la méditation perdent le pouvoir de se manifester, mais leur germe demeure. (…) En un instant, le bodhisattva atteint mille absorptions, etc. (…) "Etc." indique que ces pouvoirs sont analogues à ceux de la première Terre ; ils sont simplement de plus en plus nombreux à mesure que l’on gravit les différentes Terres. » – Troisième Terre, « Lumineuse » : « À ce niveau, le bodhisattva a une expérience lumineuse du Dharma et des absorptions et il fait rayonner le grand éclat du Dharma sur les êtres. (…) Il accède à cette Terre lorsqu’il maîtrise cinq pratiques qui commencent par l’écoute insatiable. (…) Il pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle de la patience. (…) En un instant, il atteint cent mille absorptions, etc. » – Quatrième Terre, « Radieuse » : « À ce niveau, rayonne la lumière de sagesse des auxiliaires de l’éveil et cette lumière consume les deux voiles. (…) Cette Terre est atteinte grâce à la maîtrise des dix pratiques dont la première consiste à demeurer dans la solitude. (…) 191


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Le bodhisattva de cette Terre pratique de manière générale les dix vertus transcendantes, et surtout celle du courage. (…) Le bodhisattva de cette Terre réalise l’absence de toute saisie. Ainsi, même sa soif de Dharma est vaincue. (…) En un instant, il peut atteindre dix millions d’absorptions, etc. » – Cinquième Terre, « Difficile à maîtriser » : « À ce stade, le bodhisattva n’a de cesse qu’il n’amène les êtres à maturité, sans s’affliger de leur ingratitude, et ces deux choses sont difficiles à réaliser. (…) Il pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle de la concentration. (…) Il n’établit plus de différence entre les êtres ordinaires et les bouddhas, entre samsâra et nirvâna qui, du point de vue de leur essence réelle, sont identiques. (…) En un instant, il atteint dix milliards d’absorptions, etc. » – Sixième Terre, « Manifeste » : « En pratiquant la connaissance transcendante, on ne demeure ni dans le samsâra ni dans le nirvâna, et de ce fait on perçoit samsâra et nirvâna dans toute leur évidence. (…) Cette Terre est atteinte avec la maîtrise de douze pratiques : d’une part, l’exercice parfait de la générosité et des cinq autres vertus transcendantes, et, d’autre part, le renoncement à six attitudes telles que le désir d’atteindre l’état d’auditeur ou de bouddha-par-soi. (…) Il pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle de la connaissance. (…) En un instant, il atteint cent milliards d’absorptions, etc. » – Septième Terre, « Loin Allée » : « Cette Terre étant reliée au chemin unique, à ce stade, le bodhisattva est parvenu très loin au terme de la jonction. (…) À partir de la septième Terre, le bodhisattva ne risque plus de faire marche arrière, de bifurquer sur la voie des auditeurs, etc. Il ne peut que progresser vers l’état de bouddha. (…) Le bodhisattva de cette Terre pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle des moyens. (…) En un instant, il atteint un milliard de milliards d’absorptions, etc. » – Huitième Terre, « Inébranlable » : « L’esprit du bodhisattva de cette Terre se trouve au-delà de tout effort. Cette Terre est atteinte grâce à huit maîtrises, à commencer par la connaissance parfaite du 192


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comportement de tous les êtres. (…) Le bodhisattva de cette Terre pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle de la prière. (…) Il atteint le pouvoir sur la non-pensée, le pouvoir sur les Purs Champs, le pouvoir sur la sagesse et le pouvoir sur les activités. (…) Il est encore expliqué qu’il acquiert dix autres pouvoirs : sur la durée de vie, l’esprit, les ressources matérielles, le karma, la naissance, les prières, l’aspiration, les miracles, la sagesse et le Dharma. (…) En un instant, le bodhisattva atteint autant d’absorptions qu’il se trouve de particules dans un million de milliards de mondes, etc. » – Neuvième Terre, « Discernement parfait » : « À ce niveau, l’intelligence est excellente, capable de tout discerner avec clarté. (…) Cette Terre est atteinte avec la maîtrise de douze pratiques dont la première consiste à former des prières infinies. (…) Le bodhisattva de cette Terre pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle de la force. En un instant, il atteint autant d’absorptions qu’il se trouve d’infimes particules dans un nombre incalculable de Champs de bouddha. » – Dixième Terre, « Nuage de Dharma » : « À ce niveau, le bodhisattva est comme un nuage qui déverse la pluie du Dharma sur les êtres, les guérissant de leurs émotions négatives les plus ténues. (…) Pourquoi appelle-t-on ainsi la dixième Terre ? Parce que le bodhisattva y reçoit, sous l’aspect de rayons de lumière, la transmission de pouvoir de tous les bouddhas des dix directions. (…) Il pratique de façon générale les dix vertus transcendantes, mais surtout celle de la sagesse. (…) Il acquiert le pouvoir sur l’action, car il œuvre à son gré au bien des êtres en se manifestant sous de multiples aspects. (…) En un instant, il atteint autant d’absorptions qu’il se trouve d’infimes particules dans des milliards et des milliards de Champs de bouddha, et peut y entrer en méditation. En outre, il peut, de chaque pore de sa peau, faire surgir en un instant une infinité de bouddhas entourés d’innombrables bodhisattvas. Il peut aussi faire apparaître un grand nombre d’humains, de dieux et d’autres êtres. » – Le niveau de bouddha : « Il est atteint sur la voie de l’accomplissement final, à l’instant où, grâce à l’absorption semblable 193


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au diamant, les voiles émotionnels et les voiles cognitifs qui s’éliminent sur la voie de la méditation, comparés au cœur (de l’arbre), sont abandonnés d’un coup. » Voici maintenant quelques citations inspirantes sur la vacuité. Le Sixième Patriarche, Houei-neng, a écrit dans Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade, qui est le texte fondateur du « tch’an du Sud », école bouddhiste de « l’Éveil subit » : « S’interdire le faux et renoncer à tout mal, voilà la discipline. Laisser les cinq sens et le mental à leurs objets sans distraction, voilà le recueillement. Et lorsque l’insubstantialité de l’esprit et des objets ressemble à un radieux miroir, il s’agit de la connaissance. » Nous avons là un magnifique résumé de la pratique spirituelle. Et le texte suivant, issu du même soûtra, résume bien l’ignorance à l’origine du samsâra : « Mourir et renaître forment le cercle vicieux du samsâra dont la cause première est l’ignorance. Et l’ignorance consiste en la cristallisation de la conscience sur son objet jusqu’à l’hallucination d’une réalité extérieure. » Nous retrouvons bien l’importance accordée à la saisie que nous faisons sur les apparences, dans la définition de la méditation assise selon Houei-neng : « Quand, à l’extérieur, aucun concept ne vient s’ajouter aux objets, on parle d’être "assis" ; lorsque, à l’intérieur, on voit son essence originelle sans la moindre confusion, on parle de "méditation". Que désignent alors la "concentration" et le "recueillement" ? La concentration, c’est le détachement vis-à-vis des objets extérieurs, et le recueillement, l’absence de confusion à l’intérieur. » Il ne s’agit donc pas de s’asseoir de manière rigide sur un 194


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coussin, à l’orientale, au risque de se provoquer des crampes, des tendinites ou des fourmis. Comme nous le verrons au chapitre 6, « Bardo naturel de cette vie et bardo de la méditation », Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché préconise une position confortable pour chacun, sans préparation particulière. Voici comment le madhyamika tibétain Kunzang Palden présente les deux vérités : « Nous affirmons qu’il y a deux vérités en ce qui concerne toutes les choses incluses dans le samsâra et le nirvâna : une vérité relative en mode apparent où les réalités, autant soient-elles, ne font qu’apparaître, et une réalité absolue en mode réel où le réel, tel quel, est la vacuité même. Chacune de ces deux vérités est incontestable à son niveau. » Voici maintenant comment Dudjom Rinpoché présente la méditation sur la vacuité : « Entre le moment où une pensée s’éteint et celui où une autre apparaît, n’y a-t-il pas, dans cet intervalle, une perception du présent claire, éveillée et nue, dont la fraîcheur ne saurait être altérée d’un poil ? Oh, voilà la présence de notre état naturel lui-même ! Mais il est impossible de rester à jamais dans cet état… N’est-ce pas une autre pensée qui surgit déjà ? C’est une création spontanée de notre état naturel. Toutefois, ne pas la reconnaître comme telle au moment où elle surgit, c’est lui permettre de se répandre en pensées autonomes pour former "l’enchaînement d’erreurs" qui tient lieu de cause au samsâra. À peine cette pensée surgit-elle qu’il suffit de la reconnaître pour qu’elle se détende en elle-même sans laisser de trace. En méditant ainsi, toute pensée, quelle qu’elle soit, se libère facilement dans notre état naturel, le corps absolu. Voilà la pratique essentielle qui intègre la vue et la méditation trekchö. » Le docteur David Frawley, disciple de Ramana Maharshi et grand spécialiste de l’ayurvéda et de l’Inde, apporte, lui aussi, sa pierre à l’édifice : 195


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« De plus, nous ne devons pas oublier qu’il existe de nombreux états subtils entre la conscience physique ordinaire et l’éveil véritable de la kundalini et des chakras. Nous ne devrions pas considérer des expériences extraordinaires dues à l’ouverture des chakras comme étant l’illumination ou l’expérience de la kundalini. Les visions, les expériences hors du corps, les transes, les "channelings", les rêves mystiques, les génies, les inspirations de toutes sortes et les autres états similaires, même lorsqu’ils sont justifiables, peuvent toujours passer à côté du véritable éveil de la kundalini et ne doivent absolument pas être confondus avec la réalisation du soi, nécessitant le développement complet de notre conscience au lieu de nous adonner à des expériences ou à des entités situées à l’extérieur de nous-mêmes. L’ouverture correcte des chakras nécessite la grâce divine. Nous ne la développons pas délibérément et elle n’est pas non plus provoquée par des troubles émotionnels. Essayer d’éveiller la kundalini sans avoir tout d’abord purifié le corps et l’esprit entraîne des effets secondaires dans lesquels l’esprit, ou force vitale, devient perturbé et dans lesquelles surviennent diverses expériences illusoires. C’est la raison pour laquelle les textes yogiques traditionnels ont toujours insisté sur l’importance d’un style de vie et d’un comportement adéquats (yamas et niyamas), ainsi que sur l’importance d’un régime d’hygiène de vie ayurvédique approprié comme étant la base des pratiques de kundalini. (…) Si nous essayons d’éveiller la kundalini ou d’ouvrir les chakras alors que les nadis ne sont pas nettoyés, nous pouvons attirer des substances subtiles toxiques dans le sushuma. Leurs effets négatifs y seront amplifiés par l’immense énergie de la kundalini et feront des ravages dans le corps subtil. Ils pourront inciter la kundalini à se déplacer dans une mauvaise direction ou pourront endommager, consumer ou déchirer un des chakras. Une fois un tel dommage effectué, il est très difficile de le corriger et cela prend parfois plusieurs incarnations pour la guérison, parce que ses effets affectent l’aptitude de l’âme à contrôler son processus d’incarnation, qui se déroule à travers le corps subtil50. » 50

D’où mon choix d’inclure, au chapitre 10, « Qualité de vie, 196


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Je terminerai la présentation bouddhiste par une des prières de souhaits du Grand Sceau (mahamoudra) qui est l’ornement de la pensée de la lignée Dagpo : « En regardant les objets, il n’y a pas d’objets, on voit l’esprit. En regardant l’esprit, il n’y a pas d’esprit, son essence est vacuité. En regardant les deux, la saisie de la dualité se libère d’elle-même. Puissions-nous réaliser la Claire Lumière, le mode d’être de l’esprit. » Voyons maintenant comment la notion de vacuité est perçue par les anciens sorciers yaquis du Mexique, rendus célèbres par Carlos Castaneda dont le maître, don Juan, faisait partie. Nous pouvons lire, dans son livre Passes magiques, dans la première série qui prépare l’intention : « Don Juan assurait que les êtres humains, en tant qu’organismes vivants, possédaient un mode de perception prodigieux qui, malheureusement, engendrait une fausse conception des choses, une apparence trompeuse : le flux d’énergie pure qui leur parvient de l’Univers en général est transformé en données sensorielles, interprétées ensuite en fonction d’un système de référence strict que les sorciers appellent la forme humaine. C’est cet acte magique d’interprétation de l’énergie pure qui suscite l’impression fausse, la conviction nourrie par les humains que leur système d’interprétation est tout ce qui existe. Don Juan illustrait ce phénomène en prenant un exemple. Il disait que l’arbre, tel que les humains le connaissent, relève davantage de l’interprétation que de la perception. Il observait que, pour établir la présence d’un arbre, tout ce dont les humains ont besoin est un simple coup d’œil qui ne leur apprend pas grand-chose. Le reste est un phénomène qu’il décrivait comme l’appel de l’intention, l’intention de l’arbre ; c’est-à-dire l’interprétation de données sensorielles relatives à ce phénomène spécifique que les humains appellent arbre. » soutien de la spiritualité », des notions d’ayurvéda. 197


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En bouddhisme, ceci correspond à la conscience mentale qui interprète à partir des données recueillies par la conscience sensorielle de la vue et à partir de sa capacité à concevoir une image mentale grâce à de nombreux précédents de perception des objets. « Tout l’univers des hommes est, comme dans cet exemple, composé d’un répertoire sans fin d’interprétations où les sens humains jouent un rôle minimal, assurait-il. En d’autres termes, seul le sens de la vision touche l’influx énergétique qui provient de l’Univers ; encore n’est-ce que de manière très sommaire. Il maintenait que la fonction perceptive chez les humains dépend pour une grande part de l’interprétation et que les hommes appartiennent à une catégorie d’organismes vivants qui n’ont besoin que d’un minimum de perception pure pour créer leur monde ; ou encore qu’ils perçoivent juste assez d’éléments pour mettre en branle leur système d’interprétation. (…) Don Juan assurait que notre magie était de créer ainsi tout un univers d’intentions. (…) L’intention désignait l’acte tacite de remplir les espaces vides laissés par la perception sensorielle directe, ou encore l’action d’enrichir les phénomènes observables en y projetant une complétude qui n’existe pas du point de vue de la perception pure. » Nous retrouvons ici le même mécanisme de l’illusion des apparences, vu en bouddhisme. « L’acte de projeter par intention cette complétude était qualifié par don Juan d’intention appelante. Tout ce qu’il expliquait à ce propos indiquait que l’acte d’intention ne se situe pas dans le domaine physique. Autrement dit, il ne fait pas partie des propriétés physiques du cerveau ou de tout autre organe. L’intention, d’après don Juan, transcende le monde que nous connaissons. C’est une chose qui s’apparente à une onde énergétique, un faisceau d’énergie qui se rattache à nous. (…) 198


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Il ajoutait que, à cause de cette prépondérance de la vue dans notre mode habituel de perception du monde, les chamanes de l’ancien Mexique décrivaient l’acte d’appréhender directement l’énergie comme la faculté de voir. Pour eux, percevoir l’énergie qui circulait dans l’Univers supposait que cette énergie adopte certaines configurations non idiosyncrasiques, qui se répétaient avec constance, et que ces configurations puissent au même titre être perçues par quiconque était capable de voir. » Toujours dans Passes magiques et en introduction, nous trouvons : « Pour être en mesure d’arrêter ce système d’interprétation, les sorciers de l’ancien Mexique devaient se soumettre à une formidable discipline. Ils appelaient cet arrêt "la vision", et ils en ont fait la pierre angulaire de leur savoir. Voir l’énergie qui circulait dans l’Univers était pour eux un outil essentiel dont ils se servaient pour construire leur système de classification. Grâce à cette faculté, par exemple, ils concevaient l’Univers entier qui s’offrait à la perception des êtres humains comme s’il présentait l’aspect d’un oignon formé de milliers de couches. Le monde quotidien des humains n’était, selon eux, qu’une de ces couches. En conséquence, ils croyaient aussi que, non seulement, d’autres couches sont accessibles à la perception humaine, mais qu’elles participent de l’héritage naturel de l’homme. » Une des conséquences de leur vision est qu’ils voyaient le corps humain comme un ensemble de champs d’énergie agglutinés par une force vibratoire qui les rassemble en une boule d’énergie lumineuse. Ils avaient aussi découvert que la face cachée de cette boule lumineuse présente un point de brillance plus intense qu’ils ont appelé le point d’assemblage, car il est déterminant dans la transformation de l’énergie en données sensorielles et dans leur interprétation. Ils considéraient que c’est en cet endroit précis que la perception est effectivement assemblée. Ils situaient ce point d’assemblage derrière les omoplates, à une longueur de bras de distance, et ce point est au même endroit pour toute 199


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l’espèce humaine, ce qui fait que les êtres humains ont tous une vision du monde similaire. L’emplacement de ce point d’assemblage est un fait déterminé par les usages et la socialisation. Pour les chamanes de l’ancien Mexique, cette localisation du point d’assemblage est purement arbitraire et donne l’illusion d’être définitive et irréfutable. L’un des effets de cette illusion est la conviction, apparemment inébranlable, qu’ont les humains d’avoir affaire, dans leur vie quotidienne, au seul monde qui existe, et dont la réalité ultime est indéniable. Mais ceci n’est qu’une illusion. De même qu’en tournant l’axe du condensateur variable d’un poste de radio, nous pouvons capter un grand nombre d’émissions différentes, en déplaçant notre point d’assemblage, nous pouvons voyager dans différents mondes51. Et toujours selon Carlos Castaneda : « À en croire don Juan, les anciens sorciers savaient que les êtres humains, considérés comme des agrégats de champs énergétiques, sont maintenus non par des enveloppes ou des ligaments énergétiques, mais par une sorte de vibration qui fait que chaque chose est à la fois vivante et à sa place. Don Juan expliquait que ces sorciers, grâce à leurs pratiques et à leur discipline, étaient en mesure d’agir sur cette force vibratoire dès lors qu’ils en prenaient pleinement conscience. Ils pouvaient dissoudre leur masse physique en plaçant simplement leur pleine conscience et leur intention sur cette force. La seule circonstance admissible pour recourir au pouvoir de cette force vibratoire agglutinante, c’est lorsqu’ils se consument de l’intérieur, quand vient pour eux le moment de quitter ce monde. Il n’y a rien de plus simple pour un sorcier que de placer sa conscience totale et absolue sur cette force d’union avec l’intention de se consumer, et de s’en aller comme un souffle d’air. » C’est ainsi que partirent don Juan et don Genaro, son ami sorcier de la même lignée. 51

Voir chapitre 7, « Yoga du rêve ». 200


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Chacun ayant sa manière de comprendre les choses, je pense qu’il est bon de varier les lectures sur ce sujet, jusqu’à trouver celles qui nous conviennent et nous interpellent. Voici celles qui m’ont inspiré : – Bodin Luc et Maria-Elisa Hurtado, Ho’oponopono, Jouvence. – Castaneda Carlos, L’art de rêver, Pocket. – Castaneda Carlos, Passes magiques, éditions du Rocher. – Déchoung Rinpotché, Le flambeau de la libération, Yogi Ling. – Dzogchen Ponlop, L’esprit par-delà la mort, Le Jour. – Houei-neng, Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade, Points. – Karmapa IXe, Le mahamoudra qui dissipe les ténèbres de l’ignorance, Marpa. – Khenpo Tsultrim Gyamtso, Soleil de sagesse, Yogi Ling. – Thrangou Rimpoché, Le traité des 5 sagesses et des 8 consciences, Claire Lumière. Et voici celle qui traite du simple raisonnement intellectuel : – Carlier Steve, Interdépendance et vacuité, Vajra-Yogini. • Résumé Une définition de la vacuité pourrait être le fait qu’au niveau absolu, il y a absence d’un « soi » des personnes et des phénomènes extérieurs, ce qui ne contredit pas le fait qu’un tel « soi » apparaisse au niveau relatif. Mais ce ne sont que des apparences qui n’ont rien de permanent ni d’indépendant ; elles n’ont pas de réalité intrinsèque. Elles sont toujours interdépendantes et leurs apparitions proviennent toujours de causes. Les apparences sont ce dont nous avons l’expérience par la faculté de notre esprit et de nos cinq agrégats. Les agrégats sont ce qui nous permet de construire et de connaître notre 201


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monde. Ils sont constitués de : – notre système sensoriel (la vue, l’ouïe, l’odorat, le goût et le toucher) ; – notre mental, qui élabore notre monde et le reconnaît à partir des données sensorielles et d’une collection d’expériences passées ; – une partie de notre conscience, qui se sait être « soi » et pas un autre. Ces mêmes apparences apparaissent la nuit dans nos rêves, lors desquels nous effectuons la même saisie d’une continuité dans les agrégats. Au réveil, nous comprenons que nous avons été illusionnés par un rêve. Alors, pourquoi n’en serait-il pas de même avec la réalité diurne ? Cette réalité ne serait-elle pas un grand rêve dont nous sortirons le jour de notre mort pour comprendre que ce n’était qu’une illusion de plus ? Comprendre la vacuité, c’est comprendre que tout n’est qu’apparences manifestées par notre esprit pur, que ce soit dans la réalité diurne comme dans la réalité onirique ou dans le bardo de la mort. Nos voiles et nos empreintes karmiques nous font saisir ces apparences différemment selon les uns ou les autres. Réaliser la vacuité, c’est intégrer à chaque instant cette compréhension qui ne doit pas se limiter à une compréhension intellectuelle.

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3 – MANIFESTATION DES DIFFÉRENTS ESPRITS

À partir de la vue de la vacuité, je voudrais maintenant éclaircir certaines notions, comme celles d’esprits, d’âmes et d’entités, parmi lesquelles je perçois parfois quelques confusions dans le langage courant. Je pense qu’il est important que ceci soit clair pour nous, notamment en chamanisme où nous voyons des esprits partout. › Esprits La définition du Petit Robert est : « souffle », du latin spiritus. Pour la Bible, « souffle de Dieu ». Mais aussi : « principe de la vie incorporelle de l’homme ». Pour moi, le chamanisme et le bouddhisme auront œuvré en parfaite synergie, l’un suppléant l’autre et vice versa, pour m’amener à la compréhension suivante : à l’origine, il y a l’esprit divin, semblable pour tous les êtres sensibles du samsâra et du nirvâna. Il est vacuité car n’a ni forme, ni couleur, ni volume, ni odeur, et il est semblable à un espace vide. Il est aussi clarté et connaissance. Il n’a ni centre ni limite. Les êtres du samsâra sont voilés par leur ignorance et ont développé un ego qui leur fait perdre de vue la réalité, et c’est leur karma 203


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qui décide de leur orientation dans l’un des six mondes (dieux, demi-dieux, humains, animaux, esprits avides ou damnés des enfers). C’est ainsi que, d’incarnation en incarnation, se crée ce qu’en bouddhisme nous nommons le « continuum mental ». Cet esprit divin concerne aussi les déesses des cinq éléments, ou dakinis des cinq règnes, selon l’expression de Lama Shérab Namdreul. Elles sont la manifestation des cinq éléments subtils qui permettent la manifestation physique. Ensuite, nous avons vu au chapitre sur la vacuité que tout ce que nous percevons n’est qu’apparences manifestées par notre esprit pur, par la danse de ses cinq éléments subtils. Selon notre karma, ces apparences nous apparaissent plus ou moins différemment. Ainsi, là où un humain voit une charpente en bois, un capricorne voit un ingrédient comestible. De même, un bol d’eau, pour un humain, sera vu comme un bol de pur nectar par un bouddha et comme un bol d’excréments par un esprit avide. Pour les anciens sorciers yaquis du Mexique, le sort est scellé par le point d’assemblage qui fait que tous les esprits du même monde voient les apparences de la même manière. Donc, nous pourrions dire que toutes ces apparences (arbres, pierres, montagnes, océans, etc.) sont des parties de nous-mêmes, émises par notre esprit pur. Elles nous sont donc reliées, de même que nous sommes tous interreliés. Et, comme nous sommes un très grand nombre d’esprits dans le même monde, avec le point d’assemblage au même endroit, ces apparences sont perçues et interprétées de la même manière par tous, ce qui les fige, les cristallise et nous les fait prendre pour réelles. Quoi qu’il en soit, que ces apparences soient vues par des humains, des dieux ou des animaux, qu’elles soient planètes, étoiles, arbres, plantes, pierres et ainsi de suite, elles ont un esprit fait d’énergie et en lien avec tous les êtres sensibles qui ont un continuum mental. Cependant, les esprits de ces apparences 204


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n’ont pas développé d’ego et n’ont pas non plus de continuum mental. À leur mort, ils ne se réincarnent pas. Une étoile happée par un trou noir se densifie à l’infini, disparaît et retourne à la source. C’est aussi le cas de toutes les fabrications et constructions des humains et des animaux. Par exemple, chaque voiture Citroën est faite d’énergie en lien avec André Citroën qui en est le « grand-père », plus tous les ingénieurs de conception, ingénieurs de développement, techniciens et ouvriers de fabrication, sans oublier tous les administratifs qui ont réalisé les approvisionnements nécessaires à la fabrication et les agents de marketing, plus les commerciaux. C’est donc bien un ensemble complexe de composants, d’énergies diverses et de liens qui constituent l’esprit d’une voiture, et chaque voiture est différente. Mais, lorsqu’une voiture va à la casse, elle est broyée et fondue, et toutes ses différentes énergies, apportées par les différentes personnes, disparaissent pour laisser place aux seuls matériaux initiaux. Je peux aussi citer les fabrications animales, comme par exemple les nids des oiseaux ou les barrages des castors sur les rivières. Ceux-ci sont fabriqués avec des matériaux naturels (branches, feuilles, paille, etc.) et l’intervention de l’esprit de l’oiseau, ou du castor, qui a le même esprit divin que nous et que les bouddhas. C’est ainsi que les chamanes voient des esprits partout, émanations de nos bouddhas intérieurs et, donc, parties intégrantes du Tout, mais différents des esprits avec continuum mental. › Âmes Selon le Petit Robert, l’âme est le « principe de la vie corporelle de l’homme », son principe spirituel. En bouddhisme, l’âme est définie comme étant la manifestation de l’esprit. Selon Lama Shérab Namdreul, elle est à l’esprit ce 205


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que les vagues sont à l’océan. L’esprit est vacuité mais se manifeste de manière perceptible dans le corps physique par des pensées, des émotions, ainsi que toutes les qualités et tous les défauts que nous manifestons. En chamanisme, ceci est vrai aussi bien pour les esprits divins que pour toutes les émanations des bouddhas et les créations des humains et des animaux. Ainsi, les esprits des lieux, les esprits des voitures et de toutes les créations humaines et animales manifestent une âme. Bien entendu, les esprits étant différents, les âmes sont différentes. L’âme étant la manifestation de l’esprit, nous pouvons percevoir énergétiquement cette manifestation. Nous pouvons parler de l’énergie qui se dégage d’un lieu, d’une maison, d’une ville. Nous parlons même de « l’âme » d’une ville. Et cette âme peut aussi, dans certaines conditions, perdre une partie d’elle-même. Une voiture qui aurait perdu une partie de son âme, suite à un vol ou un accident par exemple, peut présenter des pannes répétitives. Il y aurait donc lieu de lui recouvrer sa partie d’âme perdue pour résoudre le problème de pannes à répétition. Entendons-nous bien : le recouvrement d’âme ne va pas réparer une pièce cassée, mais il va agir sur l’énergie globale de la voiture pour que, dans l’avenir, ce type de panne ne se reproduise plus. Cela est parfaitement logique, puisque l’âme est la manifestation de l’esprit ; si une partie de celle-ci est manquante, l’esprit ne peut plus se manifester complètement et ne fonctionne donc plus correctement. C’est ainsi qu’un jour, sur une plage en Argentine où nous résidions pour une durée de deux mois, je découvris que l’esprit de la plage avait perdu une partie de son âme. Cela se passait en octobre, ce qui est le printemps pour l’hémisphère Sud, et cette partie de la côte atlantique avait subi, dans l’hiver, une 206


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forte tempête qui avait détruit une bonne partie des constructions en bois utilisées par les touristes plagistes. Quant au relief de la plage, il avait été complètement tourmenté. L’esprit de cette plage m’apparut sous une forme humaine que je qualifierais de « pirate », avec une jambe de bois. Il m’expliqua qu’il avait effectivement perdu une partie de son âme avec cette tempête, et je dus la récupérer auprès du dieu de l’océan qui la lui avait subtilisée. La raison de ce rapt était que cette plage était sale et mal entretenue par les touristes. La condition pour rendre à la plage sa partie d’âme était que le propriétaire installe des poubelles sur la plage avec des panneaux d’information et de sensibilisation à la propreté, à l’intention des plagistes. Nous ramenâmes donc cette partie d’âme à l’esprit de la plage, tout heureux. En faisant le rituel de recouvrement qui consistait à tourner trois fois autour de la plage avec la partie d’âme, je percevais nettement l’esprit de la plage derrière moi, qui me suivait en dansant sur ses deux jambes, la jambe de bois à la main. Par la suite, j’expliquai au propriétaire, qui est « ouvert » au chamanisme, le travail que nous avions réalisé et l’impliquai dans un rituel d’intégration de la partie d’âme. Celui-ci consista à faire un feu sur la plage pour brûler un bâton qui m’avait été indiqué pour représenter la jambe de bois de l’esprit de la plage. Le propriétaire fit ensuite les travaux nécessaires de réfection de la plage, installa des poubelles et des panneaux de sensibilisation à la propreté et réalisa, dans sa saison d’été, le plus gros chiffre d’affaires jamais réalisé depuis quatre années d’exercice. › Entités Selon le Petit Larousse, une entité est une « réalité abstraite, qui n’est conçue que par l’esprit », ou encore : l’« essence d’un être, ensemble exhaustif des propriétés qui le constituent ». Selon ma compréhension, les entités sont des « formes-pensées ». Tous les êtres sensibles, humains, animaux, ainsi que ceux que 207


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nous ne voyons pas, émettent des pensées qui peuvent être légères, empreintes d’amour et de compassion, ou, au contraire, lourdes, faites de peurs, de haines, de jalousies, de colères. Du fait de l’interconnexion de tous, ces pensées émises nous parviennent, notamment lorsque nous sommes en contact étroit les uns avec les autres dans les foules ou les transports en commun, et nous affectent favorablement lorsqu’elles sont légères et défavorablement lorsqu’elles sont lourdes. Ces « formespensées » sont donc les énergies des pensées émises. Les énergies légères nous « élèvent » et les énergies lourdes nous « plombent ». C’est ainsi qu’en chamanisme nous trouvons parfois, chez nos patients, des intrusions énergétiques qui sont faites de « formes-pensées » lourdes qui occasionnent des douleurs et souffrances diverses. Il est alors nécessaire d’en faire l’extraction. Bien que le processus soit différent, les « formes-pensées » peuvent aussi être à l’origine de l’ensorcellement. Ceux qui utilisent la magie noire pour nuire à autrui envoient, par la pensée, ce qu’ils appellent des « fléchettes énergétiques » à leurs victimes qui s’en trouvent affaiblies. Dans ce cas particulier, les « formes-pensées » viennent soit manipuler le mental des victimes, soit affecter volontairement une partie de leur corps. Dans le premier cas, il s’agit de programmation à distance de leur mental et, dans le deuxième cas, il s’agit bien d’une intrusion énergétique localisée. Les égrégores sont aussi des « formes-pensées » émises par des groupes qui ont des objectifs communs et créent ainsi un esprit de groupe. Cette force a besoin d’être constamment alimentée par ses membres, grâce à des rituels établis et définis, sinon l’égrégore s’éteint. Certains égrégores sont formés et entretenus inconsciemment, comme, par exemple, ceux de la maladie, de la peur, de la colère et de l’impuissance. Nous pouvons soigner nos rapports à ces égrégores en utilisant la pratique des cercles d’or, décrite au chapitre 9, « Différentes pratiques ». 208


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Quant aux fantômes, ce ne sont pas des entités. Ce sont des esprits avec un continuum mental comme nous, mais désincarnés et bloqués dans notre monde du milieu. Ils peuvent, à l’occasion, posséder un humain énergétiquement fragilisé, mais ce ne sont pas des démons ou le diable. Il faut les soigner et les aider à monter vers la lumière, ce qui, par contrecoup, libère la personne qui était possédée. Ceci est le travail de psychopompe, appliqué à la dépossession, que réalise le praticien chamanique. › Animaux de pouvoir Le même rêve lucide que je relate dans mon mythe de la création me fit comprendre que nos animaux de pouvoir ne sont pas différents des déités courroucées, manifestations post mortem des dakinis des cinq règnes, que les défunts perçoivent dans le bardo de la nature en soi52. Ces déités courroucées, mi-homme mi-animal, s’appellent, par exemple, Kakamukhi, Ulukamukhi, Kankamukhi et Grdhramukhi pour celles à tête d’oiseau, ou Ankusa à tête de cheval, Vyaghrimukhi à tête de tigre, Simhamukhi à tête de lion, Kaumari à tête d’ours, Brahmi à tête de reptile, Vasuraksita à tête de cerf, et bien d’autres, le bouddhisme ayant recensé 58 déités courroucées. J’acquis ainsi la conviction que les animaux de pouvoir ne sont pas extérieurs à nous mais bel et bien en nous ; ils sont les manifestations des dakinis des cinq règnes de notre esprit pur. Ainsi, pour moi, contacter nos animaux de pouvoir en voyage chamanique, c’est contacter notre divinité, notre bouddha intérieur qui a un pouvoir incommensurable, inimaginable, et une connaissance illimitée. Notre esprit faisant partie du Tout, cela explique que nous puissions accéder à la Voir chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». 52

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connaissance universelle par le simple contact avec nos animaux de pouvoir. Selon ma compréhension, faire un voyage chamanique dans le monde d’en bas, pour rencontrer nos animaux de pouvoir, est une visualisation habile qui a pour effet de nous recentrer en notre cœur, à la rencontre de notre esprit pur, en utilisant le chitta nadi53, canal subtil reliant le centre du chakra du cœur aux cinq sens dans la tête. La vision de tunnel que nous avons en voyage chamanique provient du canal chitta nadi. Inversement, voyager dans le monde d’en haut est une visualisation habile pour opérer en nous une expansion de conscience à la périphérie de notre corps spirituel, ce qui nous permet de communiquer avec nos maîtres spirituels. Les animaux de pouvoir étant en lien avec les dakinis des cinq règnes, ils sont donc bien les mêmes pour tous les êtres sensibles et agissent avec nous plus ou moins différemment selon le continuum mental de chacun, selon notre avancement spirituel, nos expériences et nos problèmes. À notre mort, ces mêmes animaux de pouvoir, qui sont très nombreux, nous suivent et se manifesteront ultérieurement selon les besoins de chacun. À chaque nouvelle incarnation, nous manifestons les animaux de pouvoir dont nous avons besoin pour notre mission. Il est dit que, dans l’Égypte ancienne, les prêtres communiquaient, eux aussi, avec des êtres hybrides, mi-homme mi-animal, et la quasi-totalité des dieux égyptiens possèdent des têtes animales. › Esprits des plantes et élémentaux De la même manière, dans certaines conditions (élévation de conscience, passage du mode bêta au mode thêta de notre 53

Voir chapitre 7, « Yoga du rêve ». 210


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cerveau), nous pouvons percevoir l’esprit des plantes, qui est en lien avec les bouddhas qui les ont créées (donc nos bouddhas intérieurs inclus) et les cinq dakinis. Et, lorsque nous questionnons l’esprit de la plante sur ses propriétés, notre esprit reçoit des réponses en lui-même, car il se connecte au principe créateur de cette plante, qui est l’émanation des bouddhas, et car nous sommes tous interconnectés dans le « Un ». Cet esprit de plante se manifeste à nous sous une forme qui correspond à notre état de conscience et à nos voiles. C’est souvent sous forme animale. Voilà aussi pourquoi le chamane qui pratique les extractions, comme dans le film Sucking Doctor, voit les intrusions à l’intérieur d’un patient sous forme animale. Cela lui indique quelle plante il doit utiliser pour en faire l’extraction en toute sécurité : si, par exemple, l’esprit du pissenlit se présente sous la forme d’une araignée, et si, lors d’un diagnostic d’extraction, le chamane voit dans le corps d’un patient une intrusion énergétique prenant la forme d’une araignée, il ira chercher une partie du pissenlit qu’il mettra dans sa bouche pour ensuite procéder à l’extraction avec sa bouche. L’esprit de la plante (le pissenlit) protégera le chamane. Les plantes, pour se développer, ont besoin de terre, d’eau, de chaleur et d’air. Ce sont ces éléments qui leur sont apportés dans leur environnement naturel par les dakinis des cinq règnes, qui sont : – Vajra Dakini, qui règne sur les minéraux et manifeste la stabilité ; – Ratna Dakini, qui règne sur l’eau et manifeste l’abondance ; – Padma Dakini, qui règne sur le feu et manifeste la joie et le désir ; – Karma Dakini, qui règne sur l’air et manifeste la vivacité ; – Bouddha Dakini, qui règne sur l’espace et l’éther et manifeste l’inspiration. 211


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Les humains ont pu les percevoir de manières plus ou moins différentes selon les pays, mais, globalement, nous pouvons les regrouper par éléments : – La terre est l’élément des gnomes, en lien avec Vajra Dakini. – L’eau est l’élément des ondines, des sirènes, en lien avec Ratna Dakini. – Le feu est l’élément des salamandres, en lien avec Padma Dakini. – L’air est l’élément des sylphes, des elfes, en lien avec Karma Dakini. – L’éther est l’élément des fées, en lien avec Bouddha Dakini. Les dakinis des cinq éléments sont sans formes matérielles, et ces apparences ne sont que les représentations que les humains perçoivent dans certaines situations et toujours avec leurs voiles. Par exemple, l’apparence monstrueuse de l’esprit du loch Ness reflète les peurs des humains. L’apparence ailée des fées, ou le corps mi-poisson mi-femme des sirènes, reflète les fantasmes des hommes. Parfois, nos voiles et nos obscurcissements nous amènent à projeter sur certaines fées un caractère malicieux. Tous ces êtres, manifestations des cinq dakinis, sont aussi appelés « élémentaux » ou « êtres élémentaires », little people en anglais. Ainsi, chaque esprit de la nature est plus ou moins en lien avec ces cinq dakinis, ainsi qu’avec les principes émanés des bouddhas. Les créateurs de la communauté de Findhorn, en Écosse du Nord, les percevaient et recevaient d’eux de nombreux enseignements sur l’art de cultiver les légumes, les fruits et les fleurs. Chaque esprit de la nature participe à l’entretien des plantes. Ainsi : – Les gnomes, au niveau de la terre, permettent aux racines de s’en nourrir. – Les sylphes, au niveau de l’air, permettent aux feuilles l’échange des gaz. 212


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– Les ondines, au niveau de l’eau, permettent aux feuilles de s’en abreuver. – Les salamandres, au niveau du feu, apportent la chaleur à la plante. Ceci en parfaite coordination et en parfaite harmonie avec l’esprit de la plante. Les êtres élémentaires créent la forme à partir d’un modèle qui est dans la Nature, créé par les dévas54. Ils encouragent ce modèle à se développer auprès de l’esprit de la plante. Ceci est la vision de la tradition chamanique, alors que la tradition bouddhiste aurait parlé d’un « principe créateur » conçu par les bouddhas, mais il s’agit bien de la même chose. Jadis, les humains percevaient les élémentaux et travaillaient avec eux en bonne collaboration, jusqu’à ce que notre monde, dit « moderne », se détourne d’eux et de toute spiritualité. Depuis le XXe siècle, nous redécouvrons ce petit peuple. › Déités Le bouddhisme, et plus précisément le bouddhisme tibétain, fait état de nombreuses déités. Qui sont-elles exactement ? Il y est notamment question du Bouddha primordial. Selon l’école ancienne des nyingmapas, il est nommé Samantabhadra, alors que, pour les nouvelles écoles de traduction (kagyüpa, shâkyapa et gelugpa), le Bouddha prit la forme de Vajradhara, pour révéler les enseignements ésotériques des tantras. Quel que soit son nom, ce bouddha est la manifestation la plus ultime de la vérité pure et parfaite, de laquelle proviennent tous les enseignements. Voici ce qu’en dit Khenpo Thoubten : 54

Dieux. Dans la tradition bouddhiste, nous dirons plutôt « bouddhas ». 213


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« Quand nous pensons à Samantabhadra, il nous vient tout de suite à l’esprit l’image d’un être humain nu et bleu, mais ce n’est pas du tout cela. En fait, Samantabhadra n’a aucune forme. Samantabhadra signifie le tathagatagharba, notre état naturel ultime. (…) Cette représentation formelle n’est que symbolique. Elle sert à nous faire pénétrer le sens de Samantabhadra. Le bleu symbolise le caractère non changeant de Samantabhadra, notre nature immuable. Sa nudité indique qu’il est libre de tout obscurcissement et de toute impureté. Le fait qu’il soit représenté avec son épouse blanche signifie l’unité ultime des apparences et de la vacuité. » Selon le tantra, du Bouddha primordial émanent cinq bouddhas appelés jinas. Chaque jina règne sur une des cinq directions de l’espace : le centre et les quatre points cardinaux. Ils sont l’incarnation de cinq types de personnalités fondamentales, qui constituent l’expérience humaine comme l’Univers lui-même. Chaque bouddha est associé à une émotion ordinaire qui peut être transmutée dans une sagesse particulière, un aspect particulier de l’esprit d’éveil. Ces bouddhas sont : Akshobhya, le Bouddha de la sagesse ; Ratnasambhava, le seigneur de la générosité et de l’équanimité ; Amitabha, le Bouddha de la compassion qui créa la Terre pure Sukhavati, aussi appelée Dewatchen, accessible à tout être qui en fait le vœu ; Amoghasiddhi, le Bouddha de l’action ; et, enfin, Vairocana, le créateur de toute apparence. Ces cinq bouddhas commandent chacun un âge cosmique et produisent à leur tour, par émanation, un certain nombre de bodhisattvas et cinq bouddhas humains, qui sont : Krakuccanda, Kanakamuni, Kâçyapa, Shâkyamuni et Maitreya, le bouddha à venir. Ces cinq bouddhas jinas ne restent pas dans des formes divines, dans des cieux lointains, mais descendent en nous-mêmes. Le 214


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cosmos, c’est nous-mêmes ; les bouddhas sont en nous-mêmes, ils sont les cinq principes de la personnalité humaine. C’est parce que nous vivons dans la dualité « moi et les autres » que nous les percevons comme des divinités ayant une individualité supérieure. Une des recommandations du tantra est d’apprendre à considérer tous les phénomènes comme participant du mandala des dieux et de développer une vision pure et sacrée du monde qui nous entoure. Les mandalas tibétains sont des supports de méditation qui vont nous aider à transformer notre vision ordinaire du monde en une vision pure de la nature de bouddha qui imprègne toute chose. « Lorsqu’on perçoit tous les phénomènes comme purs, les perceptions sensorielles peuvent alors être utilisées sur la voie de l’éveil. Nous sommes au centre du monde, tel un roi au centre de son royaume ou telle une déité dans sa Terre pure. » En bouddhisme, nous prenons refuge dans les Trois Joyaux : Bouddha, Dharma et sangha, mais ce qu’il faut comprendre, c’est que nous sommes notre propre refuge. Sur son lit de mort, Bouddha Shâkyamuni dit à Ananda, son disciple le plus proche : « Soyez votre propre lumière. Soyez votre propre refuge. Ne vous tournez vers aucun refuge extérieur. Tenez-vous à la vérité pour seule lumière. Tenez-vous à la réalité pour seul refuge. Ne cherchez refuge en nul autre que vous-même. Et ceux qui après ma mort seront leur propre lumière, ceux qui ne se tourneront pas vers un refuge extérieur, mais, se tenant fermement à la vérité comme à une lampe, se tenant à la vérité comme à leur refuge, ceux qui ne chercheront refuge en nul autre qu’eux-mêmes, ceux-là atteindront les plus hauts sommets55. » Extrait de Mythes et dieux tibétains de Fabrice Midal, éditions Sagesses. 55

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Ainsi, en prenant refuge dans les Trois Joyaux et en nous prosternant devant un autel ou un stupa, nous nous prosternons devant notre bouddha intérieur. De même, en chamanisme, en invoquant nos animaux de pouvoir, nous invoquons notre Être authentique, notre esprit pur qui fait partie du « Un ». › Communication entre tous les esprits Tous les esprits peuvent communiquer les uns avec les autres. Nous savons scientifiquement que les plantes communiquent entre elles, par les racines et en émettant des phéromones pour, par exemple, se prévenir d’un danger. Par le parfum de leurs fleurs, elles appellent les abeilles qui vont les polliniser. Il existe aussi des communications plus complexes faisant intervenir les animaux. Ainsi, un jour où je prenais mon petit déjeuner dans mon séjour, une merlette vient se fracasser contre la vitre de la fenêtre. Elle meurt et, avant de l’enterrer, je lui transmets du reiki. Deux jours plus tard, un de mes voisins décède. Je ne vois, à ce moment-là, aucun lien avec la merlette. Le lendemain matin, lors d’une méditation dans laquelle j’utilisais le reiki, il me vient la pensée suivante : « Mais oui, de même que j’ai donné du reiki à la merlette, je dois donner du reiki à mon voisin défunt ! ». Ce que je fis immédiatement. Et là, je perçois, sur mon écran intérieur, mon voisin décédé qui ne savait pas que faire, car il ne s’était pas préparé à sa mort. Nous dialoguons, puis je l’aide à monter vers la lumière et je perçois alors deux êtres de lumière qui le prennent sous les épaules et l’aident à monter. Comme par synchronicité, je m’étais inscrit à un stage de psychopompe (mort et renaissance) qui devait se dérouler deux semaines après cet événement. Que s’est-il passé exactement dans le jeu des communications ? Qui savait que mon voisin allait avoir une crise cardiaque ? Qui 216


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a dirigé cette merlette deux jours avant sur la vitre de ma fenêtre ? Et pourquoi ma fenêtre ? Voici une autre histoire faisant encore intervenir les oiseaux. Lorsque ma mère est décédée, nous l’avons veillée trois jours dans sa maison, en Provence, au pied du Lubéron. J’avais auparavant travaillé abondamment sur elle en reiki, durant sa maladie d’Alzheimer. À sa mort, j’ai pu pratiquer pour elle le psychopompe, que j’avais appris quelques années plus tôt. Cela se passait en hiver et les arbres fruitiers du jardin étaient complètement dénudés. Le jour de l’enterrement, mon père m’appelle pour que je voie, par la fenêtre du salon, une chose extraordinaire. Le jardin était « noir » d’oiseaux ! Toutes les branches des arbres étaient remplies d’oiseaux et le sol du jardin était complètement recouvert d’oiseaux, ce qui représentait tout de même deux mille mètres carrés. Du jamais-vu en cette région, absolument inimaginable car, d’ordinaire, il y a très peu d’oiseaux. Ensuite, ils se sont tous envolés en direction du cimetière, puis sont revenus quelques minutes plus tard. Ils ont encore recouvert tout le jardin et tous les arbres avant de s’envoler définitivement. Même mon père, qui n’avait aucune pratique spirituelle et qui était plutôt sceptique sur la vie après la mort, a reconnu que cela était extraordinaire et probablement en lien avec la mort de son épouse. Quelles sont les consciences et quels sont les esprits à l’œuvre dans cette manifestation ? Il est important, pour entretenir l’harmonie à la surface de notre planète, de rester conscients des esprits qui nous entourent et de travailler avec eux, de solliciter leur aide et leur coopération, de ne pas les envahir sans leur demander leur autorisation. En chamanisme, nous apprenons à communiquer et à travailler avec tous les esprits de la nature, à l’image de ce qui se passe dans la communauté de Findhorn en Écosse. 217


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• Résumé En chamanisme, nous pouvons identifier trois catégories d’esprits : – l’esprit divin, qui anime également tous les êtres du samsâra et du nirvâna : humains, animaux, ainsi que tous ceux que nous ne percevons pas : déesses des cinq éléments, dieux, demi-dieux, prétas et damnés des enfers ; – tous les esprits issus des émanations ou manifestations des bouddhas : esprits des plantes, esprits des gemmes, esprits de la nature et des lieux ; – tous les esprits issus des créations humaines ou animales : esprits des habitations, des voitures, des vêtements, etc., qui sont en lien avec les déesses des cinq éléments et les esprits des créateurs. L’âme étant définie comme la manifestation de l’esprit, chacun des esprits de ces trois catégories possède une âme, qu’il soit humain, animal, plante, pierre ou voiture. À ce titre, chacun des esprits des trois catégories peut, entre autres, être affecté par ce que l’on nomme improprement « perte d’une partie d’âme ». Ainsi la pratique chamanique de recouvrement d’âme peutelle s’appliquer à tous les esprits des trois catégories, exception faite pour ceux du nirvâna. Les déesses des cinq éléments sont aussi appelées dakinis dans la tradition bouddhiste. Celles-ci se montrent parfois aux humains sous des formes diverses, comme les gnomes, les ondines, les sylphes, les salamandres, les fées, etc. En chamanisme, nous les appelons globalement « élémentaux » ou « petit peuple ». Ainsi chaque esprit de la nature est-il plus ou moins directement en lien avec ces élémentaux et avec les principes émanés des bouddhas. 218


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Les dakinis des cinq règnes, ou déesses des cinq éléments, se manifestent différemment selon le contexte : élémentaux dans le cadre des esprits de la nature, nous les retrouvons « déités courroucées » dans le bardo de la mort et animaux de pouvoir dans les voyages chamaniques. Étant tous constitués des cinq éléments, nous avons tous ces dakinis en nous, en notre esprit. Ainsi, nos animaux de pouvoir, manifestations des dakinis, sont aussi en nous tous.

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4 – CONSTITUTION DU CORPS SUBTIL, BASE DU CORPS PHYSIQUE

Pour bien comprendre les dissolutions des cinq éléments lors du passage d’un bardo au suivant56, et qui apparaissent lors de certaines méditations, il est bon d’approfondir la constitution de notre corps subtil, ou énergétique, qui est la base de notre corps physique. Le bouddhisme enseigne l’existence de trois corps, ou kayas : – Dharmakaya : il est le résultat, lorsqu’on a parfait la nature de la non-conceptualité. C’est l’essence de vacuité de l’esprit, au-delà de toute parole, de toute pensée et de toute expression. C’est aussi l’aspect non surgissant de l’esprit même, libre de toutes élaborations conceptuelles. En termes de la triade « corps, parole, esprit », le dharmakaya est la qualité « esprit » de la bouddhéité. Pour le Sixième Patriarche, Houei-neng, cité au chapitre sur la vacuité, ce dharmakaya est appelé le « corps absolu du bouddha », et « il est le même pour tous les bouddhas. Il n’est autre que l’ensemble des phénomènes de tous les espaces-temps dans leur non duelle essence d’insubstantialité. Les bouddhas se distinguent donc seulement par leurs corps "formels" (corps de jouissance Nous verrons cela au chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». 56

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et corps de forme) ». Le dharmakaya étant le même pour tous les bouddhas, nous pouvons considérer qu’il constitue la source, l’Unité et le Tout d’où nous sommes tous issus. Il correspond à la réalisation de la sagesse semblable au miroir, vue au chapitre 2, « Vacuité ». – Sambhogakaya : c’est le corps de jouissance parfaite. Il désigne les manifestations des bouddhas tels qu’ils apparaissent dans des Terres pures célestes pour ne dispenser leurs enseignements qu’à l’assemblée des bodhisattvas, en adoptant un corps fait de lumière plutôt qu’un corps physique. En vajrayana, ce terme désigne aussi la nature lumineuse de l’esprit, son énergie sans entraves, rayonnante et pleine de félicité. En termes de la triade « corps, parole, esprit », le sambhogakaya est la qualité « parole » de la bouddhéité. Il correspond à la sagesse de l’équanimité et discernante. – Nirmanakaya : c’est le corps de forme d’un bouddha, qui peut apparaître aux êtres ordinaires comme aux êtres purs (bodhisattvas). On l’appelle aussi « corps d’émanation », permettant à tout être de prendre existence en émanant un corps biologique. Le jour où l’on perçoit que le corps biologique est vide, on réalise le nirmanakaya. En yoga du rêve, les corps sont des corps de tendance, émanés par le nirmanakaya en fonction de nos karmas. En termes de la triade « corps, parole, esprit », le nirmanakaya est la qualité « corps » de la bouddhéité. On pourrait dire qu’il est l’esquisse du corps biologique et du corps de rêve et qu’il donne un sentiment de corporalité. Il correspond à la sagesse accomplissante. C’est à partir du nirmanakaya, esquisse de notre corps physique, et de la nature interne essentielle de l’esprit, que va se constituer notre corps éthérique, lequel va nourrir en énergie, ou prana, notre corps physique. Nous avons vu, au chapitre 3, « Manifestation 222


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des différents esprits », que les élémentaux utilisent un « modèle » établi par les dévas pour développer les plantes. De la même manière, nous utilisons un modèle qui est issu du nirmanakaya, ainsi que des codes génétiques parentaux, pour développer et entretenir notre corps biologique à partir de molécules d’abord présentes dans la matrice, puis à partir des produits de notre propre digestion. Toutes ces molécules existent depuis la création de notre Univers. Elles sont parfaites et ont pu appartenir, dans le passé, à d’autres êtres. Leur assemblage en cellules organiques dans notre corps ne dépasse jamais l’âge de sept ans, au-delà duquel elles sont désassemblées et se renouvellent avec d’autres molécules. Nous sommes co-créateurs en tant que Dharmakaya et le manifestons grâce aux Dakinis des 5 règnes qui participent à cette création. Anne Givaudan, dans son livre « Rencontre avec les Êtres de la nature », relate ce qu’elle a vu : « De petits Elfes et des Fées volettent d’un endroit à l’autre du corps d’une femme enceinte ; les Gnomes et leurs femmes, les Naïades et les Ondines et Ondins, les Salamandres, chacun semble occupé à une tâche bien précise reliée à l’abdomen de la future maman. Ils sont en train de créer le vêtement subtil de l’Être qui a choisi de s’incarner à travers cette femme. … Chacun tisse le vêtement de l’organe qui correspond à l’élément qui est le sien. La rate est toujours construite en premier car c’est par elle que circule principalement la Vie. …Cette danse des êtres des éléments durera jusqu’à la construction complète de l’enveloppe éthérique du futur incarné, et cela avant la fin des 21 jours de grossesse. …Nous œuvrons avec la Terre, le Feu, l’Air et l’Eau pour créer les organes qui correspondent aux 4 éléments. Le cœur est Feu et les Êtres du feu sous la direction de grandes entités de lumière, lorsqu’ils procèdent à sa création, y tissent des fils qui sont des connexions très subtiles avec les mondes d’en haut. …La rate et le pancréas reviendront à la terre à la fin de la vie de l’être qui va s’incarner. …Ce que je vois alors est digne du plus beau des 223


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spectacles : deux Ondines aux formes fluides et bleutées, évoquant sans conteste l’eau, sont à présent à l’intérieur du ventre de la future mère. Mes yeux subtils peuvent suivre leur danse gracieuse tandis qu’une troisième projette dans l’espace utérin une substance que les deux autres recueillent avec respect ; Une forme commence à apparaître dans les mains des Ondines et c’est alors que je vois nettement dans la main de chacune d’elle un rein éthérique, moule certain du rein physique qui ne tardera pas à s’y loger… Les Êtres de l’eau placent à présent, avec des mouvements empreints de respect et de délicatesse, les deux reins à leur juste place, dans la forme dessinée par le fœtus éthérique. … tout ce que nous faisons lors de la construction du fœtus et des organes éthériques est parfait parce qu’il n’y a là que l’Amour… nous tissons des formes parfaites mais les âmes qui se glisseront dans la matière ainsi créée peuvent y laisser une empreinte déformée par des problèmes non résolus de leur part. (que ce soit dans des vies antérieures ou des problèmes créés dans la matrice de la mère) Ainsi, l’évolution de notre corps physique, en fonction de notre âge, ne dépend ni du corps physique, qui a toujours moins de sept ans, ni du « modèle », qui est parfait, mais seulement de nos croyances. Ces croyances en l’idée que, passé un certain âge, notre corps vieillit et se dégrade sont des programmes erronés que nous nous transmettons de génération en génération. Débarrassons-nous de ces croyances et vivons dans la position de l’esprit pur, qui projette des images faites d’une myriade d’atomes qui évoluent dans l’espace vide, selon le modèle issu du nirmanakaya. Pour rapprocher ces considérations bouddhistes des considérations védiques, je dirais que : – Nirmanakaya est le principe du corps éthérique. – Sambhogakaya est le principe des corps mental et émotionnel. 224


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– Dharmakaya est le principe du corps spirituel. Ces trois corps sont de plus en plus subtils, et nous allons nous intéresser ici au corps éthérique, qui émane le corps biologique. Nous verrons comment notre esprit habite ce corps éthérique, par les manifestations du sambhogakaya et du dharmakaya. › Corps éthérique Le corps éthérique, émanation de notre esprit pur, est aussi appelé « corps de vajra ». Il comprend les canaux, constitués de méridiens et nadis, dans lesquels circule l’énergie (aussi appelée prana : airs, vents ou souffles internes) qui transporte les gouttes d’énergie, ou essences rouges et blanches, qui existent à l’intérieur des canaux. L’acupuncture s’emploie à faciliter la libre circulation de l’énergie dans ces canaux afin de rétablir la guérison. Les gouttes sont aussi appelées bindus en sanscrit, tiglés en tibétain et parfois kundalini en sanscrit, ainsi que bodhicitta en tantrisme. Ce sont les essences du corps physique, porteuses de notre esprit. Je cite volontairement tous les synonymes de ces trois concepts, car les différents textes n’utilisent pas tous les mêmes mots. Notre conscience base-de-tout, alaya-vijnana, se manifeste dans le corps physique sous forme d’essences subtiles, manifestations du dharmakaya. Celles-ci circulent dans tout le corps éthérique grâce à l’énergie, ou prana, manifestation de notre sambhogakaya. Et cette circulation emprunte les canaux subtils, manifestations de notre nirmanakaya. On pourrait considérer que l’esprit est le conducteur, les gouttes sont le véhicule, les souffles sont le moteur et les canaux sont les routes. L’énergie du corps éthérique est utilisée, entre autres, pour alimenter et entretenir nos organes physiques, via les canaux et les chakras qui sont des centres énergétiques subtils. Ceux-ci 225


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fonctionnent sur deux niveaux : – Un niveau extérieur, dont le rôle est d’acheminer l’énergie aux différents organes, via les canaux subtils. On parle alors de « chakras ouverts ». Lorsqu’un chakra est fermé, il y a maladie. – Un niveau intérieur, qui est constitué des nœuds des canaux autour du canal central sushuma. Chez les êtres ordinaires, on parle de « chakras fermés », ce qui ne signifie absolument pas qu’il y a maladie. Ces personnes peuvent rester en parfaite santé physique mais restent dans une certaine ignorance spirituelle. Les yogis ont des pratiques propres à dénouer ces nœuds afin que tous les souffles porteurs des essences subtiles puissent entrer dans le canal central sushuma, ce qui amène au samadhi. À ce moment-là, notre conscience base-de-tout devient sagesse (alaya-jnana)57. › Les canaux (manifestations du nirmanakaya) La naissance du corps débute lorsque l’esprit, qui erre dans le bardo du devenir à la recherche d’une réincarnation, est attiré par un couple faisant l’amour. Il entre dans la matrice, parmi les cinq éléments physiques présents. Jusqu’ici, il se manifeste encore sous la forme d’un corps subtil de l’état intermédiaire, que nous verrons au chapitre 5, paragraphe C, « Bardo du devenir ». S’il est attiré par la femme, il se réincarnera en garçon et, s’il est attiré par l’homme, il se réincarnera en fille, et cela dans le bardo d’une nouvelle vie. À partir de ce moment-là, parmi les cinq éléments de la matrice, ses cinq consciences sensorielles, sa conscience mentale et sa conscience affligée perdent de leur clarté et se voilent. Ses cinq agrégats s’estompent et l’esprit oubli généralement son passé des vies précédentes et du bardo du devenir. C’est le phénomène de dissolution des cinq éléments, que nous verrons 57

Voir le paragraphe « Les souffles », page 228. 226


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au chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort », et qui agit pareillement entre chaque bardo. Seule sa conscience base-de-tout, l’alaya-vijnana, garde sa clarté et voit ensuite s’élever la conscience affligée. L’esprit vient de quitter son corps subtil de l’état intermédiaire pour adopter un nouveau corps de fœtus. Pour cela, il utilise les essences blanches (du sperme) et rouges (du sang), héritées des parents et porteuses de leurs codes génétiques, pour engendrer le souffle de la force vitale (prana vayu), qui évolue en formations mentales, créatrices de karma. Il s’agit du quatrième agrégat des formations mentales de ce nouveau corps physique. Ces mêmes essences blanches et rouges seront porteuses de la conscience voilée, alors que la conscience base-de-tout réside dans une autre goutte au chakra du cœur. Ainsi se crée l’embryon qui va se développer en neuf mois à partir des cinq éléments présents dans la matrice. Au bout de cinq semaines, se crée le canal central sushuma, qui est relié à celui de la mère. Il va du chakra secret au chakra du sommet du crâne en cheminant le long de la colonne vertébrale, puis s’incurve pour aller au « troisième œil » entre les sourcils. Ensuite, se constituent progressivement, de la cinquième semaine au troisième mois, les canaux subtils appelés nadis, conducteurs des souffles, ou vents. Ils seront 54 000 dès le neuvième mois. Six mille autres se formeront dans les trois mois qui suivent la naissance et, au final, ils seront 72 000. Nous pouvons en recenser parmi les plus connus : – 8 au chakra du cœur (entre les deux seins) ; – 64 au chakra sacré (4 angulis58 sous le nombril) ; – 16 au chakra de la gorge ; – 32 au chakra du centre du crâne (à la hauteur du troisième œil) ; – 6 au chakra du troisième œil ; 58

Mesure équivalente à la largeur moyenne des doigts. 227


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– 32 au chakra secret (entre l’organe génital et l’anus) ; – 8 au chakra du joyau (entre le chakra secret et l’extrémité du sexe). Le canal central, sushuma, supporte prana vayu, ou souffle de la force vitale, porteur de la goutte supportant la conscience base-de-tout. Il relie les sept chakras principaux, du premier dit « secret » au septième au sommet du crâne. Il est bleu à l’extérieur et rouge à l’intérieur. Deux autres canaux, ida et pingala, cheminent parallèlement à sushuma. Ida, canal gauche de couleur blanche extérieurement et rouge intérieurement, rejoint sushuma à l’extrémité de l’organe génital et aboutit à la narine gauche. Pingala, canal droit de couleur rouge extérieurement et intérieurement, rejoint sushuma à l’extrémité de l’anus et aboutit à la narine droite. Ces deux canaux montent de chaque côté de sushuma, pour s’y enrouler une fois à hauteur du chakra du nombril, trois fois à hauteur du chakra du cœur, puis une fois à hauteur du chakra de la gorge et, enfin, une autre fois au niveau du chakra du centre du crâne, pour ensuite s’incurver, rejoindre le troisième œil et se terminer au niveau des narines. Ces enroulements autour de sushuma constituent ce qu’on appelle des « nœuds de canaux », ou chakras intérieurs. Pour les pratiques tantriques, lors desquelles nous travaillons avec ces canaux, et pour faciliter leur visualisation, nous pouvons considérer arbitrairement que ces canaux montent parallèlement au canal central et en ligne droite, sans tous les entrelacements. C’est une manière habile de joindre le résultat recherché, au début de la pratique. Les nadis, qui sont reliés aux principaux chakras, forment eux 228


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aussi des nœuds autour de sushuma, le resserrant et diminuant le passage des vents. Une des pratiques tantriques consiste justement à dénouer ces nœuds pour faciliter la pénétration et la dissolution des vents dans le canal central, sushuma, afin d’atteindre le samadhi et d’accéder à notre sagesse. En effet, tant que les vents circulent dans les canaux ida et pingala, notre mental est perturbé car, dans ida, il est en proie aux attachements et, dans pingala, il est en proie aux aversions. Tandis que, lorsqu’ils sont amenés dans sushuma, le mental est calme et laisse place au samadhi. C’est ce que l’ayurvéda nomme « l’ouverture des chakras intérieurs » : « Lorsque tous les nœuds du cœur sont sectionnés, Le mortel devient immortel59. » Dans certaines pratiques tantriques, comme la méditation du vase utilisée dans la pratique de toummo, nous considérons arbitrairement que ida et pingala sont réunis à sushuma quatre angulis sous le nombril, et non pas au premier chakra secret. Ceci permet de bénéficier de la chaleur inhérente à ce point. Les 72 000 canaux se ramifient à leur tour pour constituer, au total, 14 400 000 canaux qui engendrent les poils du corps physique. Parmi ces 72 000 canaux, les 120 issus des chakras du nombril, du cœur, de la gorge et du centre du crâne sont les principaux, car c’est à partir d’eux que s’écoule l’esprit d’éveil, notamment durant la pratique toummo. › Les souffles (manifestations du sambhogakaya) Les souffles, ou airs, dont nous parlons ne sont pas l’air 59

Katha Upanishad, 6-15. 229


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grossier du monde extérieur que nous respirons. Il s’agit d’airs subtils, ou énergies, qui circulent dans nos canaux subtils. En effet, avant d’être matérialisés dans notre Univers, les cinq éléments existent sous leur forme subtile. La création de l’Univers ayant commencé à partir de l’espace (éther) par l’élément air, puis le feu, puis l’eau, et finalement la terre, il en est de même de notre corps. Les éléments grossiers sont la cristallisation des éléments subtils. Ces souffles alimentent et permettent à notre corps physique de fonctionner. Ils sont multiples et associés à différents niveaux d’esprit, comme nous allons le voir avec les souffles secondaires. En tantra, il est dit que l’esprit chevauche le vent. Cela signifie que les vents, ou souffles, servent de monture à la conscience et que ces deux éléments se déplacent toujours ensemble dans les canaux subtils. Lorsque la conscience base-de-tout, ou alaya-vijnana, en tant que cause principale, et le souffle, en tant que cause secondaire, sont réunis, toutes les actions du samsâra se produisent. Pendant la méditation du feu intérieur (toummo), nous travaillons avec ces souffles et apprenons à les contrôler en les rassemblant dans sushuma, au niveau du chakra du nombril. Lorsque le cheval est parqué dans sushuma, le cavalier est ainsi séparé de sa monture et, à ce moment-là, l’alaya-vijnana est libre de tout mouvement et nous pouvons accéder à notre véritable nature de l’esprit, l’alaya-jnana, la sagesse. C’est comme si le projecteur cinématographique avait cessé de projeter des images, et nous serions face à l’écran blanc, notre esprit pur. Plus exactement, avec cette métaphore, notre esprit pur est clarté et projette en permanence des images. Mais, grâce à la méditation, nous ne sommes plus prisonniers de ces images. Nous ne considérons plus qu’elles existent par elles-mêmes et restons concentrés sur notre état de dharmakaya, c’est-à-dire « l’écran blanc ». Nous sommes passés de la septième conscience affligée à la huitième conscience pure. 230


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On parle couramment de cinq souffles principaux et de cinq souffles secondaires. › Souffles principaux En ayurvéda, les souffles principaux sont appelés « sous-doshas » de vata. Dosha60 signifie « humeur, force principale et substance subtile », à l’origine de toutes les fonctions physiologiques et psychologiques. Il y a trois doshas en lien avec les cinq éléments : vata en lien dominant avec l’air, pitta en lien dominant avec le feu et l’eau, et kapha en lien dominant avec l’eau et la terre. Les sous-doshas sont les différentes formes subtiles des doshas, et il y en a cinq par dosha. Les sous-doshas de vata sont : – Prana vayu (le souffle de l’air primaire, la force nerveuse, souffle qui soutient la vie). Il réside dans tout le canal central. Répandu dans la tête et situé dans le cerveau, le prana descend dans la gorge et la poitrine. Il régit l’inhalation et la déglutition, ainsi que l’éternuement, le crachement et l’éructation. Il régit l’assimilation des impressions par l’intermédiaire des cinq sens, qui résident principalement dans la tête, et des cinq souffles secondaires. Il est notre partie d’énergie cosmique vitale qui gère tous les autres souffles dans le corps. Il est centripète et apporte à l’intérieur l’air extérieur, la nourriture et l’eau. Il nous permet également de saisir les impressions et de recevoir les impulsions sensorielles. Il nous permet aussi de saisir les émotions et la connaissance. Il a pour fonction de générer la saisie d’un « soi » dans le présent et le processus ordinaire de la pensée. Lorsque le prana est suffisant, aucune maladie ne peut nous affecter. Par conséquent, toute maladie implique qu’il y ait diminution de prana et peut être traitée par des méthodes comme le pranayama, des exercices de respiration, l’aromathérapie, ainsi que le reiki. Certaines personnes sont à même de se nourrir 60

Voir chapitre 10, « Qualité de vie, soutien de la spiritualité ». 231


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uniquement de prana et ne mangent plus d’aliments solides ou liquides. – Udana vayu (le souffle ascendant). Il est situé dans la poitrine et centré dans la gorge ; il régit l’expiration et la parole. Quand il est affaibli, il cause la toux, les renvois et le vomissement. Udana est responsable de la mémoire, de la force, de la volonté et de l’effort. Il détermine notre aspiration dans la vie. Lorsque nous mourons, il s’élève du corps et nous dirige vers divers mondes subtils qui dépendent du pouvoir de notre volonté et de notre karma qui s’expriment à travers lui. Lorsqu’il est entièrement développé, il nous donne le pouvoir de transcender le monde extérieur et nous fournit divers pouvoirs psychiques. La pratique de hatha yoga tend principalement à développer udana, à travers lequel s’élève la kundalini. – Samana vayu (le souffle qui équilibre et aussi le souffle du feu). Il est situé dans l’intestin grêle et constitue la force à la base du système digestif. Il régit le processus de digestion et d’assimilation des aliments. Lorsqu’il est affaibli, il provoque un manque d’appétit ou une digestion nerveuse. Sa position dans la zone du nombril explique le choix du chakra du nombril pour y faire arriver ida et pingala, pour les pratiques du feu intérieur (toummo) du tantrayana. – Vyana vayu (le souffle diffusé, omniprésent, aussi appelé « vent pénétrant »). Il est situé dans l’organe du cœur et se diffuse dans le corps entier. Il gouverne le système circulatoire et, avec lui, le mouvement des articulations et des muscles. Ainsi, son action est principalement située dans les organes moteurs actifs, les jambes et les bras. Lorsqu’il est altéré, nous souffrons d’un manque de coordination et de difficultés de mouvement, en particulier pour marcher. Lorsqu’il est fort, nous possédons de bonnes puissances de mouvement et d’articulations physiques. Vyana nous permet d’effectuer des exercices et des travaux physiques : cependant, il peut répandre ou disperser notre énergie. 232


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– Apana vayu (le souffle descendant ou évacuateur). Il réside dans la jonction inférieure des trois canaux. Il est situé dans le côlon et régit toutes les impulsions d’élimination qui se dirigent vers le bas (urines, fèces, menstruations, accouchements, éjaculations). Son affaiblissement ou ses excès se traduisent par des difficultés ou des anomalies dans ces décharges, comme la constipation ou la diarrhée, par exemple. Il régit également l’absorption d’eau qui se produit dans le côlon et qui nous donne la puissance d’absorber tous les nutriments de notre nourriture ; donc, l’étape finale de la digestion se produit dans le côlon. Il aide à l’alimentation du fœtus et soutient également le système immunitaire (notre capacité à éliminer les toxines). Apana soutient et contrôle toutes les autres formes de vata car il régit le côlon, lieu principal d’accumulation de vata. Tandis qu’udana, le souffle ascendant, élève notre force vitale et entraîne notre évolution de la conscience, apana, le souffle descendant, l’entraîne vers le bas et entraîne la dégénérescence ou la limitation de la conscience. En excès, il entraîne la décomposition et la mort. Prana et apana régissent respectivement l’admission et l’élimination du prana, ou énergie vitale. Samana apporte le prana dans les tissus, et vyana le fait circuler à travers tout le corps. Udana est la culmination, ce qui est notre énergie et notre motivation dans la vie. Durant le premier mois de gestation dans la matrice, prana est produit à partir de son aspect très subtil. Au deuxième mois, prana produit apana, qui lui-même produit samana au troisième mois. Au quatrième mois, samana produit udana, qui lui-même produit vyana au cinquième mois. › Souffles secondaires (ou « vents branches ») 233


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Ensuite, du sixième au dixième mois, se produisent les vents secondaires issus de prana vayu, en lien avec les cinq consciences sensorielles. Ce sont : – Le souffle des nagas (vent mobile). Il maintient la santé physique et permet la vue. – Le souffle de la tortue (vent intensément mobile). Il permet l’audition et joue un rôle dans le déploiement des membres. – Le souffle du lézard (vent parfaitement mobile). Il permet l’odorat et provoque la manifestation physique de la nervosité. – Le souffle de Dévadatta (vent fortement mobile). Il permet le goût et provoque le bâillement. – Le souffle du roi des dieux de la fortune (vent manifestement mobile). Il permet le sens du toucher. Dans la matrice, les souffles n’opèrent pas. Ils effectuent leur fonction dès la sortie de la matrice. C’est lors des premières respirations que les souffles pénètrent tous les canaux du corps, à partir du chakra du nombril. Notre respiration alterne toutes les deux heures d’une narine à l’autre. Pendant deux heures, nous respirons davantage par la narine droite, puis, les deux heures suivantes, davantage par la narine gauche. Cela représente douze grandes respirations par jour qui peuvent influencer notre humeur. En effet, il est dit, en bouddhisme, que ida, canal gauche, représente nos attachements, alors que pingala, canal droit, représente nos aversions. Selon que nous respirons par la narine droite ou gauche, nous pouvons manifester davantage nos aversions ou nos attachements. Dans les canaux latéraux, circulent les souffles karmiques dont le mouvement produit les émotions et les pensées discursives. Une respiration désordonnée ou incontrôlée produit beaucoup de pensées discursives, ce qui est le cas pour la plupart des gens ordinaires. Le yogi apprend à 234


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contrôler sa respiration pour assouplir les canaux, en dissiper les blocages et aménager une circulation correcte. En dissolvant les souffles karmiques des canaux latéraux dans le canal central, toutes les conceptions cessent pour faire place au souffle de la Sagesse non discursive, capitale pour la pratique. Il en résulte que ceux qui pratiquent une hyperventilation remuent les émotions dans tous les sens, ce qui est à l’opposé de la Sagesse. › Gouttes d’énergie (manifestations du dharmakaya) On distingue trois catégories de gouttes d’énergie. Elles sont formées à partir des essences blanches du sperme et des essences rouges du sang. Les gouttes blanches sont la manifestation d’ojas, essence subtile du fluide reproducteur, en lien avec kapha. Les gouttes rouges sont la manifestation de téjas, essence subtile du feu en lien avec pitta. Une première goutte est formée de l’essence du sang et de l’essence du sperme, suite à la fécondation de l’ovule. Elle a la taille d’un petit pois dont la moitié supérieure est blanche et la moitié inférieure rouge. C’est la goutte indestructible, dont les deux moitiés ne se séparent jamais avant la mort. Cette goutte, porteuse de nos codes génétiques, est l’essence de toutes les autres gouttes ordinaires, blanches ou rouges. Elle est logée dans la vacuole du chakra du cœur. À l’intérieur de la goutte indestructible, se trouvent le vent et l’esprit indestructibles du fœtus. Deux autres catégories de gouttes sont formées des essences du sperme pour les unes et des essences du sang pour les autres. Elles apparaissent après que s’est élevé le mental empreint des facteurs afflictifs. Ce sont donc les gouttes de l’illusion née de l’ignorance. Toutes deux ont une forme grossière et une forme subtile. Les gouttes blanches et les gouttes rouges qui circulent en dehors du canal central sont des gouttes grossières qui 235


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véhiculent notre septième conscience voilée. Le canal central contient à la fois des gouttes grossières et des gouttes subtiles. Les gouttes féminines rouges subtiles sont prédominantes dans le chakra sacré, svâdhistâna, qui est quatre angulis sous le nombril. C’est là que le sang prend naissance, et ces gouttes rouges sont la source de chaleur du corps ; elles sont aussi appelées kundalini. C’est ce qui permet d’atteindre les réalisations du feu intérieur, ou toummo. Les gouttes masculines blanches subtiles sont prédominantes au chakra du centre de la tête, sahasrâra. C’est là que prend naissance le liquide séminal. Lorsque les gouttes rouges subtiles et les gouttes blanches subtiles fondent et circulent dans le canal central, elles donnent naissance à une expérience de félicité. Pour cela, tous les souffles véhiculant notre conscience affligée doivent au préalable pénétrer sushuma par la force de la méditation. Cela a pour effet de stopper les pensées grossières de l’apparence dualiste, dues à la circulation des souffles dans les canaux ida et pingala. L’alaya-vijnana et le souffle de vitalité se tiennent donc dans le chakra du cœur, en toute stabilité, dans la goutte qui soutient la vie. Nous verrons au chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort », qu’au moment de la mort, la goutte blanche subtile descend du chakra du centre de la tête, le long de sushuma, tandis que la goutte rouge subtile monte du chakra sacré, le long de sushuma. À leur rencontre au niveau du cœur, elles entrent en collision avec le souffle de vitalité, ce qui provoque le départ de la conscience. C’est à partir de ce corps énergétique que se constitue le corps physique. Durant la grossesse, les constituants du corps physique se forment grâce à la connexion des canaux du fœtus avec ceux de la mère. À la naissance, samana vayu (le sous-dosha de vata) ; associé à kledaka kapha (un des sous-doshas de kapha) et à pachaka pitta (un des sous-doshas de pitta), se charge de digérer boissons et aliments solides. Kledaka kapha est situé dans l’estomac sous 236


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forme de sécrétions alcalines des parois internes des muqueuses. Il apporte l’eau qui humidifie le bol alimentaire, liquéfie les aliments et entame le premier stade de la digestion. Pachaka pitta est la forme de feu qui digère les choses (aliments et émotions). Il est situé dans l’intestin grêle et de lui découlent les sels et acides de bile qui digèrent notre nourriture. Samana vayu est aussi situé dans l’intestin grêle et il régit l’absorption d’énergie par l’intermédiaire des systèmes digestifs et autres systèmes. Le résultat de cette digestion donne le chyle, rasa en sanscrit, qui est contenu par la peau. La digestion du chyle (rasa) permet la construction du sang (rakta), à partir duquel se forment les muscles (mamsa), qui engendrent la graisse (meda), génératrice des os (asthi), desquels se forment la moelle et le système nerveux (majja), qui est à l’origine du fluide séminal (shukra). Ainsi se forment les sept tissus du corps physique, les uns après les autres, en progression concentrique, du plus grossier au plus subtil. Chaque cellule de tissu se forme en cinq jours à partir du tissu précédent, ce qui demande donc trente jours pour créer shukra, le tissu reproducteur, à partir du chyle. Tous nos tissus sont entièrement renouvelés tous les sept ans. Nous sommes donc physiquement toujours très jeunes ! Le résultat de la digestion de shukra donne ojas, qui est souvent considéré comme un huitième facteur de tissus. Il est l’essence subtile de l’humeur kapha, l’eau dans le corps, et plus particulièrement l’essence subtile du fluide reproducteur ; il est donc la base des bindus, ou tiglés. Ojas est le résultat final de la nutrition et de la digestion, ainsi que la principale réserve d’énergie du corps entier. Si nous détruisons ojas avec trop de stress, de voyages, une mauvaise hygiène de vie, ojas demande davantage aux sept tissus en amont et en cascade, ce qui se traduit par de la fatigue des différents tissus, suivie de la maladie. Les premiers tissus atteints par une baisse d’ojas sont le tissu reproducteur (baisse de la libido et de la fertilité), puis les tissus de la moelle et du système nerveux (tension nerveuse, 237


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stress). Il sera aussi plus difficile de générer la félicité lors des méditations sur le feu intérieur. TISSUS

HUMEUR

SOUSPRODUITS

DÉCHETS

CHYLE

Kapha

Menstruation, lactation

Kapha

SANG

Pitta

Vaisseaux, tendons

Pitta, bile

MUSCLE

Kapha

Ligaments, peau

Sébum

GRAISSE

Kapha

Omentum, couenne

Transpiration

OS

Vata

Dents

Ongles, cheveux

NERFS

Kapha

Fluide sclérotique

Larmes

Flegme, smegma61 Chaque tissu est l’objet d’une activité de digestion qui produit le tissu suivant dans la progression concentrique, un déchet de digestion appelé en sanscrit mala, ainsi qu’un sousproduit du tissu appelé en sanscrit upadhatu, à ne pas confondre avec un déchet, mala. À l’exception du sang (rakta) et des os (asthi), les cinq autres tissus ont l’humeur de kapha (terre et eau). Le sang a l’humeur de pitta (feu), et les os ont l’humeur de vata (air). Nous pouvons ainsi voir que l’action de la nourriture et des plantes médicinales peut agir très rapidement sur la lactation, REPRODUCTION

61

Kapha

Ojas

Le smegma est un déchet sécrété par les organes génitaux. 238


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alors qu’elle prendra, par exemple, vingt-cinq jours pour agir sur le système nerveux. Ma vision des choses est que l’esprit, qui est aussi espace ou éther, et qui est logé dans le chakra du cœur, dans la goutte qui soutient la vie, est à la base du corps spirituel qui déborde énergétiquement le corps physique. Alors que l’âme, qui est à l’esprit ce que les vagues sont à l’océan, est à la base des corps émotionnel et mental inclus dans le corps spirituel. Le corps éthérique est l’équivalent d’un « embrayage » qui transmet l’énergie spirituelle au corps physique, via les chakras et les canaux. Le corps éthérique meurt avec le corps physique. L’aura est constituée de ces quatre corps énergétiques et concentriques, autour du corps physique : corps spirituel, corps mental, corps émotionnel, puis corps éthérique. • Résumé : Le corps subtil comprend les canaux (méridiens et nadis) dans lesquels circule l’énergie (prana, airs ou souffles internes) qui transporte les gouttes d’énergie (essences rouges et blanches) qui existent à l’intérieur des canaux. Ces dernières sont les essences du corps physique, porteuses de notre esprit. Le canal central sushuma va du chakra secret au sommet du crâne, cheminant le long de la colonne vertébrale, puis s’incurve pour relier ajna, le « troisième œil ». Il supporte le souffle de la force vitale et relie les sept principaux chakras, desquels partent d’autres canaux pour alimenter le corps en énergie. Deux autres canaux, ida et pingala, sont reliés à sushuma au niveau du chakra secret et montent de chaque côté de sushuma. Ida et pingala s’incurvent au niveau du chakra du sommet du crâne pour redescendre au niveau des narines. Les souffles, ou vents subtils, circulent dans nos canaux subtils. Ces souffles permettent à notre corps de fonctionner et sont associés à différents niveaux d’esprit. En tantra, il est dit que l’esprit chevauche le vent. Cela signifie que les vents 239


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servent de monture à la conscience et que ces deux éléments se déplacent toujours ensemble dans les canaux subtils. Lorsque la conscience base-de-tout, ou alaya-vijnana (en tant que cause principale), et le souffle (en tant que cause secondaire) sont réunis, toutes les actions du samsâra se produisent. Pendant la méditation du feu intérieur, nous travaillons avec ces airs et apprenons à les contrôler en les rassemblant dans sushuma, au niveau du chakra du nombril. Lorsque le cheval est ainsi capturé, le cavalier est séparé du cheval et il n’y a plus de mouvement ; à ce moment-là, l’alaya-vijnana est libre et nous pouvons accéder à notre véritable nature de l’esprit, l’alayajnana, la sagesse. Les gouttes sont formées des essences du sperme héritées du père, des essences du sang héritées de la mère, ainsi que du souffle et de l’esprit très subtil de l’Être. On distingue plusieurs gouttes d’énergie. Notre esprit pur (alaya-jnana), qui est la connaissance originelle, demeure dans la goutte qui soutient la vie et qui se trouve dans le cœur. Elle est constituée de l’essence du sperme et de l’essence du sang, ainsi que de notre esprit pur et du souffle qui soutient la vie. Elle est la mère de deux autres gouttes, ou essences subtiles, formées de l’essence du sperme seule pour les gouttes blanches et de l’essence du sang seule pour les gouttes rouges. Les gouttes blanches et les gouttes rouges ont une forme grossière et une forme subtile. Les gouttes grossières circulent en permanence dans tous les canaux (véhiculant notre conscience affligée), alors que les gouttes féminines rouges subtiles sont prédominantes dans le chakra sacré de sushuma, et les gouttes masculines blanches subtiles sont prédominantes au chakra du centre de la tête. Entre les deux, se tiennent l’alaya-vijnana et le souffle de vitalité, en toute stabilité. Nous verrons, au chapitre suivant, qu’au moment de la mort, la goutte blanche descend le long de sushuma, tandis que la goutte rouge monte le long de sushuma. À leur rencontre au niveau du cœur, elles entrent en collision 240


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avec le souffle de vitalité, ce qui provoque le départ de la conscience

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5 – MÉCANISME DE DISSOLUTION ET DE RECOMPOSITION DES CINQ ÉLÉMENTS DANS LE BARDO DE LA MORT

Pour moi, l’intérêt de cette étude est multiple. D’une part, je pense qu’il est important de comprendre ce qui se passe en nous au moment de la mort, afin de ne pas être surpris le moment venu et afin d’avoir les bons réflexes pour utiliser au mieux ce passage. Car le moment de la mort représente une opportunité importante d’atteindre l’éveil et de sortir définitivement du samsâra. De plus, nous pourrons aussi utiliser ces connaissances pour aider les autres, notamment les personnes en fin de vie. D’autre part, cette compréhension pourra aussi être utile pour le bardo du rêve et pour le bardo de la méditation, ainsi que pour les voyages chamaniques, puisque le même phénomène de dissolution des cinq éléments s’y applique. Voilà pourquoi il est bon de s’inspirer des enseignements du bouddhisme sur un sujet qui, à ma connaissance, est peu abordé par d’autres traditions, ce qui n’empêche pas le mécanisme de dissolution de fonctionner, quelles que soient les croyances. Le bouddhisme a déterminé six bardos, le bardo étant un intervalle de temps et un changement d’état à l’intérieur du samsâra. Ce sont : le bardo naturel de cette vie, le bardo du rêve, 243


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le bardo de la méditation, le bardo du moment de la mort, le bardo lumineux de la dharmata (aussi nommé « bardo de la nature en soi ») et le bardo karmique du devenir. Les bardos du rêve et de la méditation sont inclus dans le bardo naturel de la vie, avec de nombreux allers-retours. Par contre, il n’y a pas d’aller-retour pour les trois bardos situés entre le moment de la mort et le bardo karmique du devenir. Pour ceux-ci, les deux seules issues possibles sont une sortie du samsâra ou une réincarnation dans un des six mondes du samsâra. Nous verrons plus en détail le bardo naturel de cette vie et le bardo de la méditation au chapitre 6, ainsi que le bardo du rêve au chapitre 7, car nos pratiques dans chacun de ces trois bardos peuvent nous aider à sortir du samsâra dans cette vie-ci ou au moment de la mort. À chaque transition entre deux bardos, s’opère ce qu’on appelle une « dissolution » et une « recomposition » de nos cinq éléments, se traduisant par un changement d’état. Cela apparaît de façon très évidente lors du bardo du rêve, dans lequel nous avons bien un corps qui ressemble à notre corps diurne et où nous percevons des phénomènes qui nous paraissent tout aussi réels et solides que ceux de la réalité diurne. En fait, notre conscience se retire progressivement des cinq éléments de notre corps physique endormi, pour reconstituer ou émaner, à partir des cinq éléments subtils et du même nirmanakaya, des corps et des phénomènes de rêve dont notre conscience affligée se saisit et qu’elle perçoit comme s’ils étaient solides. Lorsque, en rêve, nous posons notre main sur une table, notre main ne passe pas à travers la table ; celle-ci paraît donc solide et réelle, ce qui est faux, comme nous le savons tous. Une analogie qui me paraît intéressante est celle d’un conducteur qui changerait de voiture dans un garage. Arrivant au garage dans une première voiture, il stoppe, range sa voiture, met le frein à main, arrête le moteur, décroche sa ceinture de sécurité, ouvre la porte et sort. Puis, il ouvre la porte d’une deuxième 244


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voiture et y entre. Il accroche sa ceinture de sécurité, met le moteur en marche, relâche le frein à main et démarre pour un nouveau voyage. Quand nous nous endormons, nous rangeons notre corps biologique dans notre lit, et notre conscience s’en extrait, de l’élément le plus lourd (la terre) vers le plus léger (l’air), pour prendre possession d’un corps de rêve qu’elle émane, de l’élément subtil le plus léger vers le plus lourd. Et, au réveil, au retour dans le bardo de cette vie, nous nous extrayons du corps de rêve, de l’élément subtil le plus lourd vers l’élément subtil le plus léger, et nous réintégrons notre corps physique, solide, qui nous attendait dans le lit, de l’élément le plus léger vers le plus lourd. Nous réalisons alors que nous avons rêvé. Mais, a priori, nous ne laissons pas de corps de rêve quelque part. Je dirais donc que le corps de rêve est un corps subtil qui se dissout entièrement lorsque notre conscience s’en retire. Alors que, lorsque notre conscience se retire partiellement du corps physique lors de l’entrée dans le bardo du rêve ou dans le bardo de la méditation, notre corps physique reste au repos mais ne se dissout pas, et une partie de notre conscience y maintient la vie grâce au système parasympathique. Les voyages chamaniques appartiennent au bardo de la méditation ; c’est notre « double » émané par notre nirmanakaya qui voyage, cependant nous gardons une certaine conscience de notre corps physique qui continue de percevoir les bruits aux alentours. Quand notre mort arrive, il y a aussi dissolution des cinq éléments mais, cette fois-ci, notre conscience s’extrait complètement de notre corps physique, sans y maintenir de système parasympathique. Pour les êtres ordinaires que nous sommes, notre corps physique subsiste le temps de la putréfaction, ou de la crémation, mais les êtres réalisés, comme par exemple Milarépa, ont le pouvoir de faire disparaître, en sept jours, tout 245


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leur corps physique, à l’exception des ongles et des cheveux qui sont des déchets. Généralement, c’est le terme de « dissolution » des éléments qui est utilisé, mais le mot « résorption » serait plus juste concernant notre corps physique du bardo naturel de cette vie, car notre conscience disparaît ou se retire progressivement des différents éléments, abandonnant une forme pour ensuite en adopter une autre. La forme peut être subtile, comme dans les rêves, les voyages chamaniques ou dans les bardos de la mort et du devenir, ou solide, comme notre corps physique dans le bardo diurne. Encore que, à y regarder de très près, ce corps physique est constitué d’une très grande majorité de vide, ce que confirment les scientifiques. Il est constitué de protons, de neutrons et d’électrons gravitant dans l’espace. La résorption se fait toujours de l’élément le plus lourd (la terre) vers le plus léger, ou subtil (l’éther, ou espace). La recomposition fonctionne en inverse : du plus subtil vers le plus lourd. Pour reprendre l’image du projecteur cinématographique, celui-ci projette une dernière apparence évanescente d’un bardo donné pour recomposer immédiatement, à partir des cinq éléments, une première apparence du bardo suivant, un peu comme un fondu enchaîné. Lors des pratiques du yoga du rêve ou du guru yoga, nous nous visualisons sous la forme d’une déité qui n’est autre que nous-mêmes ; nous nous générons en notre bouddha intérieur appelé en tibétain dak kyé, sous sa forme sambhogakaya, ou « corps de jouissance ». Il s’agit d’une résorption des cinq éléments de notre corps physique, puis d’une recomposition des cinq éléments subtils du dak kyé. Ensuite, nous abandonnons toute visualisation et toute récitation et restons en méditation, et ceci correspond à une autre résorption car nous abandonnons une forme subtile (dak kyé) pour devenir sans forme, seule 246


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lumière. C’est la phase vipashyana du bardo de la méditation, que nous verrons au chapitre 6, « Bardo naturel de cette vie et bardo de la méditation ». À ce moment-là, nous pouvons ressentir une expansion énergétique, comme si notre conscience se concentrait majoritairement au niveau du corps spirituel, dans l’espace, après résorption des cinq éléments subtils du dak kyé. Nous retrouvons la même chose en chamanisme avec la pratique de démembrement. Nous nous rapprochons alors de notre dharmakaya. En fait, dans la vie ordinaire, notre conscience est partout à la fois, dans tous nos corps, physique et énergétiques, tandis que, dans certaines conditions, comme dans la pratique du yoga du rêve, ainsi que lors d’une méditation ou lors de certains voyages chamaniques, elle se retire partiellement de la matière pour se cantonner au niveau du corps spirituel, dans l’espace. D’où la sensation de ne plus sentir son corps physique qui en profite pour se détendre et se recharger énergétiquement. Nous allons maintenant analyser ce mécanisme de résorption des cinq éléments, appliqué au bardo du moment de la mort, puis voir ce qui se passe ensuite dans le bardo lumineux de la dharmata, aussi nommé « bardo de la nature en soi », puis dans le bardo karmique du devenir. Cette connaissance est très importante pour chacun d’entre nous afin de ne pas être désemparés et effrayés lorsque se manifesteront les dissolutions au moment de notre mort. De plus, lors de certaines méditations, dites « méditations de l’étape d’accomplissement », les yogis arrivent à faire entrer les « vents » porteurs de la conscience dans leur canal central sushuma et, à ce moment-là, ils perçoivent tous les signes de dissolution des cinq éléments, y compris la Claire Lumière de leur esprit qu’ils peuvent unir à la vacuité pour atteindre de grandes réalisations. 247


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A – Bardo du moment de la mort Lorsque, dans le bardo du moment de la mort, notre conscience se résorbe des éléments, ce sont les perceptions des cinq sens qui se dissolvent dans un niveau d’esprit plus profond, la conscience base-de-tout, alaya-vijnana. Nous sommes ainsi dépossédés de notre saisie aux éléments. Comme notre incarnation s’effectue de l’élément le plus léger, l’air, vers le plus lourd, la terre, notre résorption, ou retrait, s’effectue du plus lourd, la terre, vers le plus léger, l’air. Nous pouvons aussi dire que l’énergie qui régit chacun des éléments cesse de fonctionner en propre et se résorbe dans l’énergie qui régit l’élément suivant. Lorsqu’un élément se dissout, ses qualités particulières semblent augmenter pour ensuite se dissiper. Les signes de la mort sont ressentis sur le plan externe, le corps physique, ainsi que sur le plan interne, celui de l’esprit. Ces signes peuvent aussi être perçus par d’autres personnes présentes. D’autres signes secrets, visibles seulement par le mourant, indiquent l’approche du moment où le mourant aura l’expérience de sa nature ultime, la Claire Lumière. Ces résorptions se déroulent en deux étapes. – 1re étape de résorption des quatre éléments du corps grossier Lorsque notre conscience se résorbe de l’élément terre, lié au pancréas, nous ressentons une sensation de lourdeur, de la même manière que lors d’une relaxation, allongés au sol. Nous nous détendons et sentons notre corps de plus en plus lourd, comme si nous ne pouvions plus bouger. Ensuite, le corps nous paraît moins solide, la force physique diminue. De la salive et de la morve s’écoulent de la bouche et du nez. Du point de vue de l’esprit, les perceptions deviennent moins nettes. Il y a aussi résorption de la conscience visuelle, basée sur les formes, et nous avons l’apparence de mirages tremblants, bleus ou 248


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argentés. L’agrégat « forme » s’estompe. Le vent qui régit l’élément terre et supporte notre conscience s’est dissous dans le canal central sushuma, dans la goutte qui soutient la vie, et le pouvoir de l’élément terre se trouve ainsi diminué, au profit de l’élément eau qui est perçu avec plus de clarté. Il est temps de commencer à remonter notre attention au chakra coronal du sommet de la tête pour éviter toute saisie après la mort. Le chakra du nombril commence à se dissoudre. Lorsque notre conscience se résorbe de l’élément eau, lié aux reins, nous avons la sensation d’être inondés par de l’eau, puis nous ressentons de la sécheresse dans la bouche et le nez et avons de plus en plus soif. Nous perdons le contrôle des urines. Intérieurement, nous avons l’impression d’être emportés par une rivière. L’esprit est plus facilement agité et peut être embrouillé. Il y a aussi résorption de la conscience auditive et nous avons l’apparence de fumées bleues, comme une brume légère. L’agrégat « sensation » s’estompe. Le vent qui régit l’élément eau et supporte notre conscience s’est dissous dans le canal central sushuma, dans la goutte qui soutient la vie, et le pouvoir de l’élément eau se trouve ainsi diminué, au profit de l’élément feu qui est perçu avec plus de clarté. Le chakra du cœur commence à se dissoudre. À la résorption de l’élément feu, lié au foie, nous ressentons d’abord une augmentation de la chaleur corporelle, puis du froid. La chaleur quitte les membres, depuis les extrémités vers le centre du corps, et les perceptions des apparences externes sont alternativement claires et floues. Intérieurement, nous pouvons ressentir une chaleur intense, due à l’accumulation de la chaleur dans sushuma. Il y a aussi résorption de la conscience olfactive et gustative. Du sang peut couler du nez. Nous avons l’apparence de nombreuses lucioles ou étincelles. L’agrégat « perception » s’estompe. Le vent qui régit l’élément feu et 249


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supporte notre conscience s’est dissous dans le canal central sushuma, dans la goutte qui soutient la vie, et le pouvoir de l’élément feu se trouve ainsi diminué, au profit de l’élément air qui est perçu avec plus de clarté. Le chakra de la gorge commence à se dissoudre. À la résorption de l’élément air, lié aux poumons, nous avons de la difficulté à respirer. Les pensées deviennent plus intenses et nous pouvons nous sentir désorientés. Toutes les activités physiques cessent et nous ne pouvons plus contrôler les selles. Nous ne reconnaissons plus les personnes et objets connus. Intérieurement, nous avons l’impression d’être emportés par le souffle d’une tempête. L’esprit est de moins en moins lucide. Nous avons l’apparence du vacillement d’une flamme sur le point de s’éteindre. L’agrégat « formation mentale » s’estompe. Ceci annonce l’apparition de la luminosité de base qui arrive après. Les airs circulant dans tous les nadis se réunissent dans les deux canaux latéraux ida et pingala, puis dans le canal central sushuma où ils se regroupent au chakra du cœur. Le chakra secret commence à se dissoudre. La résorption de notre conscience de l’élément air entraîne l’arrêt de la respiration externe. Il est dit que l’arrêt de la respiration interne, qui marque la mort définitive, intervient dans un délai qui va du claquement de doigts, pour ceux qui ont eu une vie non vertueuse, au temps d’un repas, pour ceux qui ont pratiqué la méditation. – 2e étape de résorption de notre conscience dans l’espace La cinquième résorption, celle de la conscience dans l’espace (élément éther), au niveau du chakra du cœur, se déroule en trois ou quatre sous-étapes, selon les différents enseignements, pour arriver à l’apparition de la Claire Lumière de notre esprit, 250


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notre dharmakaya. Notre agrégat de la conscience se détache de ce « moi » que nous quittons, pour nous identifier à notre dharmakaya, ou corps absolu. La résorption de la conscience dans la phase d’apparence ou d’apparition se manifeste extérieurement par une expérience semblable à un lever de lune qui croît en clarté, et le signe intérieur en est une fumée qui se lève comme une brume blanche. Les trente-trois sortes de pensées conceptuelles liées à l’agression s’arrêtent complètement. Nous percevons alors le vide ou l’éclat lumineux de la conscience ; c’est donc le moment de l’apparition. Le chakra coronal se déchire et le bindu blanc, ou goutte blanche, qui est dans ce chakra descend au chakra du cœur. Aussi, cette phase est appelée chemin blanc. La résorption de la phase d’apparence dans la phase d’accroissement ou d’extension se manifeste extérieurement par le surgissement d’une bande rouge semblable au lever du soleil, et le signe intérieur en est le lever de phénomènes semblables à des lucioles et à des étincelles de feu. Les quarante sortes de pensées liées à la passion s’arrêtent complètement. Nous percevons alors un vide encore plus grand qui est l’extrême clarté de l’esprit, et c’est le moment de l’accroissement. À ce moment, les nœuds des canaux du nombril et du lieu secret se déchirent, et le bindu rouge, ou goutte rouge, qui est au chakra du nombril monte au chakra du cœur. Aussi, cette phase est appelée chemin rouge. La résorption de la phase d’accroissement dans la phase d’obtention se manifeste extérieurement par l’arrivée d’une obscurité d’un noir de jais, et le signe intérieur est semblable à une lampe à l’intérieur d’un vase, tandis que surgit une conscience bien plus claire qu’auparavant. Les sept pensées ayant trait à l’ignorance cessent complètement, et le vide est encore plus extrême ; cet instant est celui de l’obtention approchante 251


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où l’on perçoit le grand vide, l’évidence de l’arrêt mental. Les deux bindus, rouge et blanc, se rejoignent au niveau du chakra du cœur, comprimant entre eux la conscience qui demeure dans la goutte qui soutient la vie. Cette phase est appelée chemin noir. Pendant un instant, l’esprit fait l’expérience de la vacuité. La respiration interne s’arrête. Si nous n’avons pas entraîné notre esprit par la pratique, nous nous évanouissons et perdons toute conscience. La conscience se résorbe dans l’élément espace, et l’espace se résorbe en luminosité, en sagesse de bouddha, toujours au centre du cœur. La résorption de l’obtention approchante dans la Claire Lumière, qui est le mode d’être de l’esprit, se manifeste extérieurement par le lever d’une expérience de clarté pareille aux lueurs de l’aube, et le signe intérieur est pareil à un ciel d’automne sans nuages et clair, où la lumière solaire embrasse tout. À ce moment, apparaît la Claire Lumière de notre esprit, le dharmakaya. C’est un vide très clair, dénué des trois apparences précédentes. Ceci est la fin du bardo du moment de la mort. Nous pouvons rester dans sa contemplation l’équivalent de cinq « jours de samadhi » (si, dans nos pratiques, nous pouvons rester une heure en samadhi, nous pourrons reposer cinq heures dans notre Claire Lumière). Ceci, bien sûr, si nous ne nous sommes pas évanouis lors de l’obtention approchante, sinon cette étape passera inaperçue. Les termes d’apparition-extension-obtention sont utilisés pour décrire le processus de naissance ou de cessation d’un état mental, que ce soit au moment de la mort ou lors d’autres bardos. Voici ce qu’en dit Bokar Rimpoché dans Mort et art de mourir dans le bouddhisme tibétain, aux éditions Claire Lumière : « Selon qu’il s’agit d’une cessation ou d’un début, on envisage deux systèmes : 252


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– le système progressif, c’est-à-dire le mouvement de l’extérieur vers l’intérieur (résorption dans la goutte du cœur) ; cas du moment de la mort62 ; – le système régressif, c’est-à-dire le mouvement de l’intérieur vers l’extérieur. Le système régressif est illustré par le processus du réveil. Lors du sommeil profond, la conscience est absorbée dans le potentiel de conscience. Toutes les consciences (visuelle, auditive, olfactive, gustative, tactile et mentale) sont alors à l’état latent. Lorsqu’on se réveille, elles sortent de ce potentiel. L’instant précis où, quittant la virtualité, elles se remettent à fonctionner correspond à l’apparition. C’est le tout premier instant de leur fonctionnement, avant même la perception d’un objet. La seconde phase, l’extension, correspond au moment où, par l’intermédiaire de l’œil (si l’on prend l’exemple de la conscience visuelle), une forme est rencontrée par la conscience visuelle. Cette phase est appelée "extension", car elle marque un accroissement de l’expérience dont l’apparition était le début. C’est le second instant de cette expérience. Enfin vient l’identification de l’objet perçu, par exemple : "Ceci est un verre". C’est l’obtention. Ce système régressif s’applique aussi bien à la naissance d’un individu qu’à la conception d’une pensée63. Le système progressif, celui que nous avons vu pour la mort, est aussi illustré par l’endormissement. Si nous reprenons l’exemple du verre, la perception du verre est l’apparition. Quand, en raison de la venue du sommeil, il cesse d’être perçu, on dit que l’apparition se résorbe dans l’extension. Puis, lorsqu’on s’enfonce davantage dans le sommeil, l’extension se résorbe dans l’obtention. L’extension entame le processus d’absorption dans le potentiel de conscience. Lorsque l’absorption est complète, c’est "l’obtention de Claire Bokar Rimpoché semble considérer ici que revenir au cœur constitue un progrès. 63 En effet, entre deux pensées, a lieu la même dissolution des cinq éléments, en un temps très court, car notre esprit, tel un projecteur d’images, dissout et recrée des apparences. 62

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Lumière", ou encore "la Claire Lumière du mode d’être fondamental". En fait, ce n’est vraiment la Claire Lumière que si elle est identifiée. Sinon, c’est simplement l’ignorance, l’obscurité inconsciente. Pour le bardo de la mort, l’apparition équivaut au chemin blanc. Si l’on reconnaît son essence, c’est le corps d’émanation. L’extension équivaut au chemin rouge. Son essence est le corps de gloire. L’obtention équivaut au chemin noir. Son essence est le corps absolu que désigne aussi l’expression "Claire Lumière fondamentale". Lorsque, au cours d’une méditation, on demeure l’esprit établi dans sa propre essence, c’est la "Claire Lumière du chemin". Au moment de la mort, après l’apparition-extension-obtention, apparaît la "Claire Lumière fondamentale". Si l’on reconnaît cette dernière, on dit alors que la Claire Lumière fille et la Claire Lumière mère se rencontrent. C’est ce que l’on appelle "devenir bouddha" dans le premier bardo de la mort. » Ainsi, si nous pouvons reconnaître la Claire Lumière comme la manifestation de notre esprit pur, nous devenons bouddhas et sortons définitivement du samsâra. Notre chakra du cœur se sera alors comporté comme l’équivalent d’un « trou noir », audelà duquel nous nous retrouvons à la source, comme nous l’avons vu au chapitre 1, « Mythe de la création ». Mais, si nous nous sommes évanouis et n’avons donc pas pu reconnaître la Claire Lumière de notre esprit pour ce qu’elle est, nous restons inconscients pendant un temps variable mais estimé à trois jours et demi, avant de passer dans le bardo de la nature en soi. Pour certains maîtres, le deuxième bardo de la mort commence à l’apparition de la Claire Lumière, et il est appelé « bardo lumineux de la dharmata », qui peut être très court ou durer cinq jours de samadhi. Mais, si nous nous sommes évanouis et n’avons pas réalisé la nature de bouddha, il est alors suivi du « bardo de la nature en soi ». Pour d’autres, le deuxième bardo de la mort commence seulement après les trois jours et demi 254


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d’inconscience ; il est aussi appelé « bardo de la nature en soi ». Pour ces maîtres, la Claire Lumière fait alors partie du bardo du moment de la mort. B – Bardo de la nature en soi Ayant échoué à reconnaître la Claire Lumière de notre esprit, nous allons voir se manifester les bouddhas des cinq familles, associés dans notre esprit aux cinq sagesses : – Bouddha Vairocana, associé à la sagesse du dharmadatou ; – Bouddha Vajrasattva-Akshobya, associé à la sagesse semblable au miroir ; – Bouddha Ratnasambhava, associé à la sagesse de l’équanimité ; – Bouddha Amitabha, associé à la sagesse discriminante ; – Bouddha Amoghasiddhi, associé à la sagesse accomplissante. Le premier jour dans ce « bardo de la nature en soi », apparaît le Bouddha Vairocana. Il se présente soit sous la forme d’un bouddha, soit sous forme de lumières éblouissantes bleues représentant des figures géométriques diverses. Parallèlement, apparaît une lumière blanche plus douce qui correspond au monde des dieux. Les défunts non prévenus prennent peur de la lumière éblouissante du Bouddha et s’en détournent pour suivre la lueur du monde des dieux, ce qui les conduit à une renaissance dans ce monde, pour autant que leur karma le permette. À ce moment, deux attitudes justes permettent d’affronter la situation : – Prendre conscience que l’aveuglante luminosité bleue est celle du Bouddha Vairocana et le prier de dissiper les souffrances et phénomènes du bardo. – Reconnaître que cette luminosité bleue n’a pas d’existence extérieure et qu’elle n’est rien d’autre que la manifestation de l’un des cinq bouddhas primordialement présents dans notre 255


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esprit pur. En reconnaissant que cette lumière bleue et notre esprit ne font qu’un, nous serons libérés de la souffrance du bardo. La réaction des défunts non prévenus et ces deux attitudes valent aussi pour les quatre autres bouddhas qui vont apparaître dans les jours qui suivent si nous n’avons pas pu nous libérer cette fois-ci. Le second jour, apparaît le Bouddha Akshobya, ainsi qu’une luminosité blanche. En parallèle, se manifeste une lueur noirâtre du monde des enfers. Le troisième jour, apparaît le Bouddha Ratnasambhava, ainsi qu’une luminosité jaune. Se manifeste en même temps la lueur bleue du monde des humains, plus douce que celle du Bouddha Vairocana. Le quatrième jour, apparaît le Bouddha Amitabha, ainsi qu’une luminosité rouge. Se manifeste en même temps la lueur jaune du monde des esprits avides. Le cinquième jour, apparaît le Bouddha Amoghasiddhi, ainsi qu’une luminosité verte. En parallèle, se manifeste la lueur rouge du monde des animaux et des demi-dieux. Le sixième jour, les cinq bouddhas apparaissent simultanément, en même temps que l’ensemble des lumières des six classes d’êtres. Ensuite, apparaîtront quarante-deux divinités paisibles, suivies de cinquante-huit divinités courroucées, qui sont toutes des manifestations de notre esprit pur. Ces manifestations peuvent durer jusqu’à environ trois semaines. Si nous ne sommes pas effrayés par ces manifestations et reconnaissons qu’elles sont le reflet de notre esprit pur, nous 256


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serons libérés dans ce deuxième bardo et n’entrerons pas dans le troisième bardo du devenir. Dans le cas contraire, nous suivrons une lumière pâle d’une des six classes d’êtres ; nous quitterons notre corps et entrerons dans le bardo du devenir. Ceci se passera quatre jours et demi après la mort si nous devons aller dans le monde des dieux ; cinq jours et demi après la mort si nous devons aller dans les enfers ; six jours et demi après la mort si nous devons nous réincarner en humains, et ainsi de suite. C – Bardo du devenir Après avoir quitté notre corps physique, notre conscience reconstitue un corps subtil de l’état intermédiaire, tout comme les corps de rêve du bardo du rêve, en procédant en inverse de la résorption du corps physique : apparition de la Claire Lumière le temps d’un claquement de doigts, phases d’obtention, d’extension puis d’apparition-réappropriation des éléments air, puis feu, eau et terre. Apparaissent aussi les sept types de pensées associées à l’opacité, les quarante sortes de pensées venant du désir et les trente-trois sortes de pensées venant de l’aversion. Ce corps subtil, appelé « corps de jouissance fondamental », a la forme du futur corps de réincarnation dans une des six classes d’êtres en fonction de notre karma. C’est ce même karma qui nous aura fait choisir, dans le bardo précédent, l’une des six lumières des six classes d’êtres. Dans la première phase du bardo du devenir, le défunt comprend généralement qu’il est mort et il fait de nombreuses expériences liées à sa vie passée. Il peut vouloir renouer ses liens habituels avec ses proches qui ne le voient pas et ne lui répondent pas. Ceci est très douloureux pour le défunt qui n’a plus son corps physique mais conserve un corps mental doté de facultés sensorielles semblables aux nôtres. Ce corps mental 257


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peut se déplacer à la vitesse de la pensée, ce qui peut amener le défunt en n’importe quel lieu de l’Univers. Par le pouvoir des habitudes développées dans la vie précédente, le défunt éprouve la faim et la soif. C’est pour cela que les lamas accomplissent des rituels où ils récitent certains mantras et brûlent de la nourriture qu’ils dédient à la personne décédée. Cette période où l’on peut désirer revenir sur les lieux du passé dure une ou deux semaines. Si le défunt a appris à prier pour renaître dans la Terre pure de Dewatchen, il pourra prendre conscience de son état et prier Amitabha et le Bouddha de compassion pour qu’ils le conduisent dans leur Terre pure. Il est donc encore possible de sortir du samsâra. Si nous ne saisissons pas cette occasion, progressivement, nos anciens conditionnements s’estompent et laissent place aux conditionnements de la naissance à venir. À partir de la deuxième ou troisième semaine, les liens avec la vie passée deviennent de plus en plus ténus et le défunt perd le souvenir de son pays et de sa famille. Commence la seconde phase du bardo du devenir, à la fin de laquelle le défunt perçoit clairement le lieu où il doit renaître parmi les six classes d’êtres. C’est ici que mes croyances s’écartent de celles du bouddhisme. Mon expérience chamanique du psychopompe me permet de dire que, parfois, des défunts du bardo du devenir sont tellement « attachés » à leur vie passée qu’ils en demeurent prisonniers, dans un état de fantômes que certains lamas bouddhistes classent parmi le monde des esprits avides. Et ces fantômes sont dans une telle souffrance et un tel attachement à leur vie passée qu’ils en conservent le souvenir et s’en trouvent prisonniers. On peut effectivement considérer qu’il s’agit d’une sorte d’avidité, ce qui peut justifier le classement arbitraire parmi les esprits avides. Durant la seconde phase du bardo du devenir, peuvent se produire de nombreux phénomènes effrayants, lumineux ou sonores, comme le fracas d’une montagne qui s’écroule, le 258


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roulement de la tempête sur l’océan, le hurlement du vent ou le crépitement du feu. L’esprit défunt est en proie à toutes sortes de phénomènes hallucinatoires. Ces visions, qu’il prend pour réelles, sont conditionnées par tous les actes, paroles et pensées qu’il a eus dans ses vies passées. Une recommandation est de ne pas céder à la peur mais de penser que ce ne sont que les manifestations trompeuses de notre esprit pur, sans existence réelle. Encore une fois, celui qui, dans sa vie, aura pris l’habitude de prier le Bouddha Amitabha pour renaître dans sa Terre pure Dewatchen pourra reformuler sa prière avec force pour se libérer de ce bardo du devenir. Dans le cas contraire et celui d’une renaissance en tant qu’humain ou animal, le défunt est attiré vers une future réincarnation et il a la vision de ses futurs parents. Il est encore possible de se visualiser sous la forme d’une déité, comme Chenrézy, et de se dissoudre dans la vacuité pour y demeurer. Si le défunt a la vision d’un couple qui s’unit, la force du karma l’entraîne encore plus fortement mais, d’après Asanga (grand maître bouddhiste), l’éventualité d’une inversion pour un autre type de migration peut intervenir. Notamment, il est dit qu’en voyant un couple s’unir, le défunt peut le visualiser comme deux déités en union, les vénérer, leur faire des offrandes, avoir de la dévotion pour eux et implorer leur enseignement. Ceci purifie les voiles qui font que nous nous illusionnons sur les apparences. Alors, la matrice se refermera et le défunt pourra méditer sur sa Claire Lumière et sortir du samsâra. Dans le cas d’une renaissance dans les enfers ou dans le monde des esprits avides, ce sont nos actes, paroles et pensées négatifs du passé qui nous y propulsent. Notre esprit conditionné en produit les apparences trompeuses, sources d’immenses souffrances. Les enfers n’existent pas par eux-mêmes, c’est notre esprit illusionné 259


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qui en produit les apparences illusoires, et cela quelles que soient nos croyances spirituelles. Comme je l’ai dit précédemment, quelle que soit l’orientation samsârique due à son karma, si le défunt s’accroche à sa vie passée car trop attaché à sa famille ou à ses biens, cet attachement bloquera son évolution. Même si son karma le destinait à une renaissance humaine, le défunt deviendra « fantôme » auprès des siens. Il est alors considéré dans la classe des esprits avides mais avec des souffrances différentes. Un travail de psychopompe, effectué par un praticien chamanique averti, lui permettra de sortir de cette problématique et de poursuivre son évolution spirituelle, notamment en intégrant la Terre pure d’Amitabha. En chamanisme, le psychopompe est équivalent au powa en bouddhisme. Cela consiste à faire « monter vers la lumière » un fantôme qui, parfois, est bloqué depuis plusieurs siècles. Pour cela, le praticien sera peut-être amené à récupérer au défunt un ou plusieurs animaux de pouvoir et une ou plusieurs parties d’âme perdues et empêchant son ascension. › Cosmologie bouddhiste Les enseignements bouddhistes font état de quatre continents. Si, malgré toutes les opportunités de reconnaître notre esprit, nous y avons échoué et que nous devons renaître en tant qu’humains dans l’un des quatre continents, encore faudra-t-il les reconnaître. En bouddhisme, il est dit : 1- Si on est pour renaître en tant qu’humain : – Sur le continent méridional de Jambudvipa, tu verras d’excellentes demeures agréables. Tu peux y aller. – Sur le continent oriental Videha, tu verras un lac orné de cygnes mâles et femelles. N’y va pas, car, même si on y est heureux, le Dharma n’y est pas répandu. 260


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– Sur le continent occidental Aparagodaniya, tu verras un lac paré d’étalons et de juments. N’y va pas, car, même si on y vit dans la prospérité, le Dharma n’y est pas répandu. – Sur le continent septentrional d’Uttarakuru, tu verras un lac orné de troupeaux de vaches ou bien d’arbres magiques. N’y va pas, car, même si la vie y est longue et si on y est riche en mérites, le Dharma n’y est pas répandu. 2- Si on est pour renaître en tant que dieu, tu verras des palais à étages faits de joyaux plaisants. Si tu dois y entrer, vas-y. 3- Si on est pour renaître parmi les titans (demi-dieux), tu verras d’agréables bosquets et des brandons qui tournoient comme des roues de feu. N’y va pas ! 4- Si on est pour renaître en animal, tu verras des cavernes rocheuses, des cavités et des trous sombres et comme du brouillard. N’y va pas ! 5- Si on est pour renaître en esprit famélique, tu verras des troncs calcinés, de frêles silhouettes noires, des cavités, des crevasses profondes ou une complète obscurité. N’y va pas ! 6- Si on est pour renaître en enfers, tu entendras les chants mélodieux du mauvais karma ou bien tu te sentiras sans pouvoir et obligé d’y entrer. Tu verras une terre sombre, des habitations noires et rouges, des puits noirs dans le sol, des sentiers noirs, etc. N’y va pas ! Cependant, effrayé par les exécuteurs du karma, sous la peur et la terreur, tu chercheras à te cacher dans une grotte ou une demeure et devras y rester ! Dernier conseil : visualise instantanément Mahotara Heruka, Hayagriva, Vajrapani ou ta propre déité d’élection fièrement dressée dans une forme courroucée, réduisant en poussière toutes les forces créatrices d’obstacles. Par ses bénédictions et sa compassion, les exécuteurs s’écarteront et tu retrouveras assez de pouvoir pour choisir une porte de matrice. Lorsqu’un esprit du bardo du devenir se laisse tenter par une matrice (renaissance humaine ou animale), sa conscience, qui est alors dans l’espace, intègre, à l’intérieur de celle-ci, les 261


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quatre éléments dans l’ordre inverse, c’est-à-dire en commençant par l’air, puis le feu, l’eau, et enfin la terre. Ces éléments sont présents dans la matrice de la mère et lui parviendront par la suite au travers du cordon ombilical, afin qu’il puisse se développer jusqu’à obtenir son propre métabolisme, après la naissance et la coupure du cordon, comme nous l’avons vu au chapitre précédent. Les cinq agrégats se mettent aussi en place et se développent au fur et à mesure que se développe le fœtus. La durée du bardo du devenir est variable selon les défunts, mais ne dépasserait pas vingt-quatre jours. En additionnant aux vingt et un jours maxima du « bardo de la nature en soi » et aux quatre jours du bardo de la mort, cela donnerait au maximum quarante-neuf jours entre la mort et une renaissance. Bien sûr, de nombreuses renaissances, dans chacun des six mondes du samsâra, ont lieu bien plus rapidement, et cela ne concerne pas ceux qui intègrent leur Claire Lumière et sortent du samsâra ou ceux qui réussissent à aller dans une Terre pure de bouddha. Cependant, Kalou Rinpoché64 précise que, parfois, un être peut rester une année entière dans le bardo du devenir, ce qui correspond davantage à la définition des fantômes qui, pour les chamanes, peuvent rester coincés des siècles durant. Nous venons de voir la résorption des cinq éléments et leur recomposition dans le cas du bardo de la mort, puis du bardo du devenir. Ce mécanisme s’opère aussi entre tous les autres bardos. Dans le bardo naturel de la vie, au moment de l’endormissement, notre conscience se résorbe partiellement des cinq éléments et abandonne provisoirement ce corps physique pour recomposer un « corps de rêve » plus subtil, avec lequel nous pouvons facilement voler dans les airs. Entre la résorption et la recomposition en « corps de rêve », apparaît très furtivement 64

Kalou Rinpoché, Reconnaître le sens de la vie. 262


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notre Claire Lumière, tout comme dans le bardo de la mort. C’est à partir de ce moment que nous pouvons nous entraîner à percevoir nos résorptions et notre Claire Lumière pour méditer sur elle et sur la vacuité, puis pratiquer le yoga du rêve, comme nous le verrons aux chapitres suivants. Pour ceux qui sont intéressés par plus de détails sur les bardos de la mort, vous pouvez lire Le Livre des morts tibétain de Padmasambhava, aux éditions Pocket. › Conseils pour le moment de la mort Les détails des dissolutions peuvent sembler compliqués à observer et à suivre au moment de la mort. Aussi, tout ce qu’il y a à faire, c’est de se reposer dans un état d’esprit ouvert et détendu. Le bouddhisme indique trois manières ou attitudes à avoir au moment de la mort, selon notre degré de pratique : 1- Mourir sur la pensée du champ de béatitude : c’est la meilleure attitude à avoir au moment de la mort si nous n’avons pas une profonde expérience de la méditation. Il suffit de penser fortement : « Je vais bientôt mourir, puissé-je renaître dans le champ de béatitude, en présence du Bouddha Amitabha ». Selon notre tradition, cela pourrait être aussi : « Je vais bientôt mourir, puissé-je renaître au paradis, en présence de Dieu ». Garder confiance dans le fait que cela marche effectivement. Il est dit que la force de cette confiance et la foi dans le Bouddha Amitabha sont suffisantes pour que nous renaissions dans le champ de béatitude, même si nous avons accumulé un karma très négatif. Cette méthode était très répandue au Tibet, au Japon et en Chine, parmi le peuple qui n’avait guère le loisir de méditer. 2- Mourir sur la pensée du don et de la prise en charge, aussi appelée tonglen en tibétain. Cette méthode s’appuie sur notre souffrance pour en tirer profit. Songer qu’au moment de la mort, la plupart des êtres éprouvent de la souffrance ou des angoisses 263


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et qu’aujourd’hui, c’est nous qui souffrons. Penser : « Que mes souffrances soient suffisantes pour permettre aux autres de ne pas les subir. Je prends avec ma souffrance toutes les souffrances des autres ». En inspirant, songer que l’on inhale une lumière noire qui porte les souffrances et peurs de tous les êtres. En expirant, songer que l’on souffle une lumière blanche chargée de bonheur sur tous les êtres qui sont soulagés et heureux. Cette pratique de compassion pour les autres est très bénéfique et permet de soulager nos propres douleurs. 3- Mourir en demeurant dans la réalité de notre esprit pur. Considérer que tout ce qui nous entoure n’est qu’une projection d’apparences de notre esprit. Ces apparences n’ont aucune existence intrinsèque. Nous nous illusionnons sur leur nature réelle. Il est dit, dans les enseignements d’or de la lignée Changpa, dans la pratique « non-mort, non-erreur » : « L’esprit tel quel est clarté-vacuité : pas de maladie. Dans la vacuité, la mort n’a jamais existé. La bouddhéité n’est qu’un nom : rien à obtenir de nouveau. Personne pour tourner dans le samsâra, Le samsâra n’a donc jamais existé. Obtenue la certitude de la non-mort du corps et de l’esprit, On ne commet d’erreur ni sur le samsâra, ni sur le nirvâna. Puissé-je ainsi être guéri de la maladie du karma, des passions et de l’illusion ! Puissé-je maintenant même actualiser les trois corps ! » En restant calme, serein, confiant, en évitant toute pensée négative et, a fortiori, la colère, suivre ces indications permet de mourir l’esprit absorbé dans sa véritable nature. Au moment même de la mort : – Si possible, s’allonger sur le côté droit, la tête reposée sur la main droite. Respirer par la narine gauche en maintenant la 264


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narine droite bloquée par l’auriculaire droit. C’est la position du lion, adoptée par le Bouddha Shâkyamuni pour son parinirvâna. – Méditer sur l’amour en souhaitant le bonheur de tous les êtres, aussi nombreux que le ciel est vaste. – Engendrer une forte compassion, animée du désir de les voir délivrés de la souffrance. – En suivant le va-et-vient du souffle, pratiquer tonglen. – Fixer sa pensée sur le caractère illusoire du samsâra et du nirvâna qui sont pareils au rêve. Tout est dénué d’existence intrinsèque ; là où rien n’existe, il n’y a pas de raisons d’avoir peur, ici même ou dans le bardo. Voici, de nouveau, les différentes dissolutions des éléments qu’il est possible de remarquer sans confusion ni s’inquiéter, pour agir à chaque niveau : 1- À la dissolution de la terre dans l’eau, on ressent une perte de force et d’agilité physique, le corps devient pesant. Visualisez votre guru au chakra du nombril, suppliez-le, ainsi que toute la lignée, et ayez l’intention de réaliser dès maintenant la nature de votre esprit. C’est la pratique de la dévotion. Commencez à remonter votre attention au sommet de la tête, au chakra coronal. 2- À la dissolution de l’eau dans le feu, on a une impression de sécheresse dans la bouche et le nez, on a de plus en plus soif. Visualisez votre guru au chakra du cœur et suppliez-le. 3- À la dissolution du feu dans l’air, on commence à avoir froid. Les perceptions des apparences externes sont alternativement claires et floues. On a l’apparence de lucioles ou d’étincelles. Visualisez votre guru au chakra de la gorge et suppliez-le. 4- À la dissolution de l’air dans la conscience, on a du mal à respirer. Les pensées deviennent plus intenses et on peut se sentir désorienté. On ne reconnaît plus les personnes et objets connus. On a l’apparence du vacillement d’une flamme sur le point de s’éteindre. Visualisez votre guru au chakra secret et 265


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suppliez-le. Il est grand temps de pratiquer le powa, si vous connaissez, et de visualiser huit syllabes « HRI » aux huit portes impures, avant de perdre conscience pour les êtres insuffisamment préparés. Cette perte de conscience peut durer trois jours et demi. (Une sortie par l’anus amènerait une renaissance dans les enfers ; une sortie par le sexe amènerait une renaissance en tant qu’animal ; une sortie par le nombril, une renaissance en tant que dieu ; une sortie par la bouche, une renaissance en tant qu’esprit avide ; une sortie par le nez, une renaissance en tant que yaksha ; une sortie par les oreilles, une renaissance en tant qu’humain ou dieu ; une sortie par le troisième œil, une renaissance dans la sphère de la forme ; et une sortie par le septième chakra, une renaissance dans un royaume sans forme, une Terre pure.) 5- Dissolution de la conscience dans la phase d’apparence : le signe extérieur en est une expérience semblable à un lever de lune qui croît en clarté, et le signe intérieur est une fumée qui se lève comme une brume blanche. Visualisez votre guru au chakra du cœur. 6- Dissolution de l’apparence dans la phase d’accroissement : le signe extérieur en est le surgissement d’une bande rouge semblable au lever du soleil, et le signe intérieur est le lever de phénomènes semblables à des lucioles et à des étincelles de feu. Visualisez votre guru au chakra du cœur. 7- L’accroissement se dissout dans la phase d’obtention : le signe extérieur en est l’arrivée d’une obscurité d’un noir de jais, et le signe intérieur est semblable à une lampe à l’intérieur d’un vase, tandis que surgit une conscience bien plus claire qu’auparavant. La respiration interne s’arrête. La conscience se dissout dans l’espace, et l’espace se dissout en luminosité, en sagesse de bouddha, au centre du cœur où vous visualisez toujours votre guru. Ne pas paniquer ni s’inquiéter, et réjouissezvous de rencontrer votre bouddha intérieur. 8- L’obtention approchante se dissout dans la Claire Lumière : le signe extérieur en est le lever d’une expérience de clarté 266


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pareille aux lueurs de l’aube, et le signe intérieur est pareil à un ciel d’automne sans nuages et clair, où la lumière solaire embrasse tout. À ce moment, apparaît la Claire Lumière de votre esprit, le dharmakaya. C’est un vide très clair, dénué des trois apparences précédentes. Intégrez, fusionnez avec votre Claire Lumière et comprenez que vous êtes « revenu à la maison ». • Résumé Le bouddhisme a déterminé six bardos, le bardo étant un intervalle de temps et un changement d’état à l’intérieur du samsâra. Ce sont le bardo naturel de cette vie, le bardo du rêve, le bardo de la méditation, le bardo du moment de la mort, le « bardo de la nature en soi » et le bardo karmique du devenir. Tant que nous sommes dans le samsâra, nous sommes toujours dans un de ces six bardos. À chaque transition entre deux bardos, s’opère une résorption de notre conscience des éléments du corps du bardo précédent, suivie d’une recomposition de nos cinq éléments vers le corps du bardo suivant, cela se traduisant par un changement d’état. Au moment de la mort, notre conscience se retire progressivement du corps physique. Nous appelons cela la « résorption des cinq éléments », sur lesquels nous avons fait une saisie. À chaque résorption, de l’élément le plus lourd au plus léger, nous avons une sensation physique : – Lors de la résorption de la terre, notre conscience ressent de la lourdeur et perçoit des apparences de mirages bleus ou argentés. L’agrégat « forme » s’estompe. – Lors de la résorption de l’eau, nous ressentons de la sécheresse dans la bouche et le nez et avons soif. Nous percevons des apparences de fumées. L’agrégat « sensation » s’estompe. – Lors de la résorption du feu, nous ressentons du froid et percevons des apparences de lucioles ou d’étincelles. L’agrégat « perception » s’estompe. 267


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– Lors de la résorption de l’air, nous avons de la difficulté à respirer. Nous avons l’apparence du vacillement d’une flamme sur le point de s’éteindre. L’agrégat « formation mentale » s’estompe. Il y a arrêt de la respiration externe. – La cinquième résorption, celle de la conscience dans l’espace, se déroule en quatre étapes pour arriver à l’apparition de la Claire Lumière de notre esprit, notre dharmakaya. Notre agrégat de la conscience se détache de ce « moi » que nous quittons pour nous identifier à notre dharmakaya. À ce moment-là, nous pouvons sortir du samsâra. Si nous ne pouvons percevoir notre Claire Lumière, apparaîtront les quarante-deux divinités paisibles, puis les cinquante-huit divinités courroucées. Si nous ne comprenons pas qu’elles sont les reflets de notre Claire Lumière, nous aurons peur et nous entrerons dans le bardo du devenir. À ce moment-là, notre conscience opère la recomposition de nos cinq éléments vers le corps du bardo du devenir. Nous venons de voir la résorption des cinq éléments et leur recomposition dans le cas du bardo de la mort. Ce mécanisme s’opère aussi lors de tous les autres bardos. Dans le bardo naturel de la vie, au moment de l’endormissement, notre conscience se résorbe des cinq éléments et abandonne provisoirement ce corps physique pour recomposer un « corps de rêve » plus subtil, avec lequel nous pouvons facilement voler dans les airs.

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6 – BARDO NATUREL DE CETTE VIE ET BARDO DE LA MÉDITATION

« EMAHO Au moment où t’apparaît le bardo de cette vie, Abandonne la paresse, puisqu’il n’y a pas de temps à perdre. Sans distraction, établis-toi au cœur de l’étude, de la contemplation et de la méditation. En prenant la voie de l’apparence-esprit, actualise les trois kayas. EMAHO Au moment où t’apparaît le bardo du rêve, Cesse de t’abandonner au sommeil confus d’un cadavre. Entre dans la nature de l’attention, où l’esprit n’erre pas. Reconnaissant les rêves, pratique la transformation et la luminosité. EMAHO Au moment où t’apparaît le bardo de la méditation, Cesse d’accumuler confusion et divertissements. Repose dans la nature libre d’extrêmes, sans fixation ni errance. Atteins la stabilité dans les phases de création et de complétion. EMAHO Au moment où t’apparaît le bardo de la mort, Abandonne attirance, fixation ou attachement. 269


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Entre sans distraction dans la nature des claires instructions orales. Transfère-toi dans l’espace non né de la conscience qui surgit d’elle-même. EMAHO Au moment où t’apparaît le bardo de la dharmata, Abandonne tout sentiment d’horreur, de terreur ou de crainte. Entre là où tout ce qui surgit est conscience immaculée. Reconnais que les apparences du bardo sont ainsi. EMAHO Au moment où t’apparaît le bardo du devenir, Garde l’esprit concentré sur l’intention d’accomplir continûment une activité excellente. En fermant l’entrée de la matrice, souviens-toi d’inverser samsâra et nirvâna. C’est le moment d’être stable et de garder la vision sacrée. Abandonnant la jalousie, médite sur guru et partenaire en union65. » Nous avons vu, au chapitre précédent, que les phénomènes de résorption des cinq éléments du bardo de la mort se produisent de la même manière dans le bardo naturel de cette vie et lors des méditations et voyages chamaniques. Dans ce chapitre-ci ainsi que les suivants, nous allons voir comment mettre à profit ces enseignements pour atteindre la nature de notre esprit pur. Le bardo est une expérience qui s’étend sur une certaine durée, avec un début clairement indiqué, une continuité et une fin. Le bardo est fait d’un certain nombre de moments, et son essence se découvre dans l’expérience de « maintenant », c’est-à-dire dans la brèche entre la cessation d’un moment et Six strophes racines des six bardos, issues des Instructions sur les six bardos des déités paisibles et courroucées de Padmasambhava, et révélées par le tertön Karma Lingpa. 65

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l’arrivée du moment suivant. Cette essence est tout simplement notre esprit pur, que généralement nous ne percevons pas. C’est un peu comme sur une scène de théâtre où plusieurs acteurs jouent une pièce devant le rideau du décor. Si un acteur avait l’idée d’entrebâiller le rideau, il pourrait percevoir les coulisses du théâtre. Dans le « théâtre » de notre vie, notre esprit se trouve derrière le rideau du décor et notre « je » se trouve sur scène. Comme nous pouvons le lire dans les Instructions sur les six bardos des déités paisibles et courroucées de Padmasambhava, dans chacun des bardos nous avons la possibilité de nous libérer du samsâra et d’atteindre le nirvâna. Au point où nous en sommes aujourd’hui, nous pouvons travailler sur le bardo de cette vie, ainsi que sur le bardo de la méditation et sur le bardo du rêve. Ceci dans le but de comprendre notre nature réelle et de nous éveiller ou, à tout le moins, d’avancer suffisamment sur notre chemin spirituel pour préparer notre passage dans les autres bardos et nous éveiller dans le bardo de la mort et de la dharmata, sinon pour espérer avoir une précieuse renaissance humaine dans un environnement propice à l’étude du Dharma. Un corps humain doté de toutes les libertés et conditions pour étudier et pratiquer le Dharma est extrêmement rare et précieux. En effet, comme le dit Shantidéva, son obtention est aussi peu probable que les chances qu’a une tortue aveugle, vivant au fond de l’océan et ne venant à la surface qu’une fois tous les cent ans, d’émerger à l’endroit précis où elle passerait son cou dans un anneau d’or flottant au gré des vents. Dans cette analogie, la tortue représente les êtres sensibles ; sa cécité, leur ignorance ; être au fond de l’océan, c’est demeurer dans les états inférieurs de renaissance ; venir à la surface signifie renaître ; l’anneau d’or est une précieuse existence humaine et le fait qu’il soit poussé par les vents se réfère aux vicissitudes du karma. 271


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Du point de vue des nombres, l’existence humaine est extrêmement rare. Il est dit que les créatures infernales égalent en nombre les grains de sable du désert ; les esprits avides, celui des particules de poussière dans l’air ; les animaux, celui des étoiles la nuit ; et les humains, celui des étoiles le jour. Et, de par les conditions de vie, l’existence humaine est la seule qui permette l’étude du Dharma et l’atteinte de l’éveil. Voici de très bonnes raisons pour ne pas perdre de temps et utiliser au mieux cette précieuse existence humaine. Comme le dit si bien Blaise Pascal dans son célèbre « pari » : « Dieu est ou il n’est pas. Mais de quel côté pencherons-nous ? (…) Vous avez deux choses à perdre : le vrai et le bien, et deux choses à engager : votre raison et votre volonté, votre connaissance et votre béatitude ; et votre nature a deux choses à fuir : l’erreur et la misère. Votre raison n’est pas plus blessée, en choisissant l’un que l’autre, puisqu’il faut nécessairement choisir. Voilà un point vidé. Mais votre béatitude ? Pesons le gain et la perte, en prenant croix que Dieu est. Estimons ces deux cas : si vous gagnez, vous gagnez tout ; si vous perdez, vous ne perdez rien. Gagez donc qu’il est, sans hésiter66. » Nous entrons, avec ce chapitre, dans un domaine résolument empreint de la philosophie bouddhiste car celle-ci est très riche en enseignements sur « l’art du bonheur » et les méditations et a su les divulguer largement et clairement. Nous avons déjà vu, dans les chapitres précédents, ce que la tradition chamanique peut nous apporter ; de plus, quelques pratiques sont reprises au chapitre 9, « Différentes pratiques ». Nous allons maintenant approfondir les pratiques bouddhistes, dont une grande partie peut être utilisée par toutes les personnes, quelle que soit leur tradition spirituelle. Cependant, pour certaines pratiques plus avancées, il est fortement recommandé de se rapprocher d’un 66

Blaise Pascal, Pensées (1670). 272


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maître pour en recevoir l’initiation, les commentaires et la guidance. Un premier conseil serait de vivre notre expérience au moment présent. Ne pas perdre de temps avec le passé qui n’existe plus et le futur qui n’existe pas encore et que nous pouvons orienter selon notre convenance. La seule existence possible est le présent, maintenant. Le simple fait de revivre le passé de manière obsessionnelle ou névrosée ne nous sera d’aucun secours. Sauf, bien sûr, si nous dirigeons habilement notre expérience, en réfléchissant aux événements passés avec attention et vigilance, cela nous éclairera peut-être sur nos actes. Cependant, en général, ces remémorations du passé et ces projections vers le futur ne donnent pas grand-chose. Car, ce faisant, nous ne sommes pas ici, dans le moment présent ; nous ne voyons donc pas la réalité, la véritable nature du bardo, et restons prisonniers des apparences illusoires. Au contraire, vivre au présent permet de vivre tous les événements comme étant des apparences de notre esprit pur. Restons en permanence conscients de cela et du fait que ce qui apparaît est dû à nos obscurcissements karmiques. Il n’y a pas d’ennemis ayant une réalité intrinsèque et qui nous font délibérément du mal. C’est notre esprit qui crée toutes ces apparences malveillantes, propulsées par notre karma négatif. Vivre au présent, conscients que tout n’est qu’apparences, nous conduit à comprendre et réaliser la vacuité, ainsi que le fait que nous faisons partie du Tout. La pratique du yoga du rêve, que nous verrons au chapitre suivant, consolide la réalisation de la vacuité dans le bardo de cette vie. Un deuxième conseil pour le bardo actuel serait de travailler nos émotions perturbatrices. En effet, nous disposons, dans ce bardo, d’un corps physique qui joue le rôle d’une ancre qui sans cesse nous ramène à nous lorsque les émotions se déchaînent 273


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et voudraient nous entraîner trop loin. Dans le bardo de la mort, nous n’aurons plus ce corps et, si nos émotions se déchaînent, rien ne pourra les stabiliser. Alors que, si nous avons travaillé sur nos émotions dans le bardo de cette vie, elles ne nous feront plus peur dans le bardo de la mort et nous aurons plus de possibilités de reconnaître la vraie nature de notre esprit. Pour travailler sur nos émotions, nous disposons de différents outils, dont la méditation shamatha-vipashyana. Shamatha signifie « demeurer dans le calme mental ». Ses aspects sont l’attention sur un objet de méditation et la vigilance, qui est la continuité de l’attention. L’esprit demeure concentré en un point sur le samadhi pratiqué. Vipashyana est la méditation par laquelle se développe la connaissance directe de la nature de la réalité. Vipashyana se pratique une fois que shamatha est bien établie. À ce moment-là, nous lâchons notre concentration sur un objet pour nous ouvrir à tout l’espace. C’est la vision supérieure qui voit la nature vide des phénomènes. Lorsqu’une émotion apparaît, ne pas la chasser mais, au contraire, se centrer sur cette émotion ; ceci est la phase shamatha avec objet. Puis, se détendre dans cette émotion et comprendre qu’elle est la manifestation de notre esprit pur ; cela est la phase vipashyana. L’essence de l’émotion est donc la clarté. En demeurant sans distraction dans cette clarté, l’émotion s’autolibérera. Ceci est la pratique royale qui utilise le formidable levier de la vacuité de toutes choses. Autre possibilité : en méditation, après avoir atteint le calme mental par shamatha, nous pouvons en profiter pour méditer sur nos émotions (peurs, colères, jalousies, envies, etc.). L’analyse de celles-ci et la recherche de leurs causes profondes peuvent nous conduire à revisiter des événements traumatisants ou frustrants de notre vie actuelle et, parfois, de vies antérieures. Ceci nous permet alors de soigner ces traumatismes, ces frustrations, au moyen de différentes pratiques qui vont de la 274


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récitation de mantras ou d’affirmations positives (traitement mental tel que nous pouvons le pratiquer en reiki) aux visualisations permettant de pardonner et de transformer les événements revisités en leur conférant une fin heureuse. La pratique de récapitulation, que nous verrons au chapitre 9, « Différentes pratiques », est très bénéfique pour soigner des traumatismes. En chamanisme, nous avons la pratique « manger utcha », enseignée par les chamanes q’eros du Pérou67. Cette pratique permet de purifier nos champs énergétiques en nous, puis entre nous et un groupe ou une relation. Katie Byron, dans son livre Aimer ce qui est, explique comment transformer nos problèmes ou, plutôt, notre vision des problèmes, en nous posant quatre simples questions au sujet d’une de nos affirmations : – « Est-ce que c’est vrai ? » ; – « Pouvez-vous être absolument certain que ce soit vrai ? » ; – « Comment réagissez-vous, que se passe-t-il, quand vous croyez cette pensée ? » ; – « Qui seriez-vous sans cette pensée ? ». Ensuite, il est demandé de faire un « retournement » de l’affirmation, pour voir si cela aussi est vrai. Le moyen le plus efficace pour avancer sur notre chemin spirituel est de développer la connaissance. Il y a deux sortes de connaissance : la connaissance mondaine et la connaissance transcendante. La connaissance mondaine s’applique à notre connaissance et notre compréhension du monde relatif. La connaissance transcendante est la connaissance supérieure et pénétrante qui coupe toute confusion et voit directement la nature ultime de notre esprit, sa vacuité claire et lucide. Une 67

Voir chapitre 9, « Différentes pratiques ». 275


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fois bien développée, la connaissance transcendante devient sagesse. Pour développer notre potentiel dans le bardo naturel de cette vie, nous pouvons nous engager dans un processus en trois stades : l’étude, la contemplation et la méditation. Dans le premier stade, on écoute ou on étudie les enseignements pour développer la compréhension. Cette compréhension est, à ce stade, conceptuelle, puis devient de plus en plus claire par rapport à l’ensemble du cheminement spirituel qui repose sur trois points : la base (notre nature de bouddha), la voie (le Dharma, ou enseignements), le fruit (l’éveil). De prime abord, certaines études nous paraissent complexes, puis, en les réétudiant une deuxième voire une troisième fois, notre compréhension s’affine. Dans le deuxième stade, avec la contemplation des enseignements, nous développons la compréhension directe qui naît d’une profonde réflexion sur les sujets étudiés précédemment. La contemplation permet de traiter et d’assimiler les acquis. Nos connaissances s’intègrent à notre Être. Lors de cette contemplation, nous analysons avec méthode et précision un sujet, ou une question, que nous avons étudié et qui nous interpelle. Cette analyse est personnelle et se fait avec nos propres mots, avec ceux qui sont les plus à même de nous faire comprendre et appréhender la nature des choses. Il peut arriver que, lors d’une contemplation, surgissent des expériences puissantes, au point de pouvoir être confondues avec des expériences de réalisation. Ce fut mon cas avec mon expérience de la vacuité68. Mais ces expériences sont fluctuantes et assez communes quand on est sur la voie. Cela montre que nous 68

Voir chapitre 2, « Vacuité ». 276


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avons besoin d’aller au stade suivant, celui de la méditation. Dans le troisième stade, celui de la méditation, on développe la connaissance transcendante, qui voit directement la nature de l’esprit et de tous les phénomènes. C’est la réalisation qui donne naissance à la compassion sans ego, à l’amour pour tous les êtres. C’est l’union de la compassion et de la vacuité. Une pratique fondamentale pour réaliser cela est encore la pratique shamatha-vipashyana, lors de laquelle nous restons simplement conscients de la vacuité. Lorsqu’une pensée se produit, nous n’avons rien d’autre à faire que de la reconnaître, sans vouloir l’arrêter ni la suivre. Ainsi, la non-connaissance se transforme d’elle-même en connaissance. Padmasambhava a donné un certain nombre d’instructions très précises sur l’art d’effectuer cette pratique. Pour commencer, il préconise de faire surgir la motivation de la bodhicitta en pensant : « Je fais cette pratique non seulement pour mon propre bien, mais pour celui de tous les êtres ». Cette considération est aussi vraie lorsque nous nous soignons, lorsque nous nous purifions et lorsque nous étudions, car, faisant partie du Tout, le Tout en profite. De plus, il demande de faire confiance à notre pratique dès le début et de penser : « Je m’assois ici afin de réaliser la nature de l’esprit au cours de cette séance-ci ». Ceci est très important, car généralement on envisage l’éveil en termes d’avenir et non de présent, ce qui est un manque de confiance. Ensuite, il enseigna trois méditations avec objet de fixation. Une première méthode est shamatha avec objet extérieur. Le but de cet objet extérieur, pierre ou fleur ou statue de bouddha, est de constituer un soutien focal pour amener l’esprit à se poser. L’objet est placé dans notre champ de vision ; les yeux sont ouverts, le regard baissé et suivant la ligne du nez. Alors, assis dans la posture en sept points de Vairocana, diriger son attention sans distraction sur l’objet. Ceci contribue à pacifier 277


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le mental. Pour ceux qui, comme moi, ne peuvent adopter cette posture, il est possible de s’asseoir sur une chaise, mais avec le dos bien droit. Notre esprit, ainsi concentré sur l’objet, s’apaise. Cette concentration sur un objet joue le même rôle que la pratique qui consiste à rassembler les souffles dans le canal central sushuma : les souffles étant stoppés dans leur course, le cavalier (notre esprit) est arrêté. En effet, selon les enseignements des tantras, l’esprit et les courants d’énergie qu’il chevauche sont inséparables. Habituellement, les courants d’énergie passent uniquement par les canaux droit et gauche (pingala et ida) qui conduisent aux pensées parasites d’aversion et d’attachement. De telles illusions sont arrêtées lorsque les courants d’énergie, ou souffles, sont tous concentrés dans le canal central sushuma. Ceci m’inspire un souvenir d’enfance, dans la ferme de mes grands-parents. Nous jouions à hypnotiser des poules. Nous tracions une ligne blanche à la craie sur une surface bétonnée, plane, et déposions une poule au début de la ligne blanche, bec contre la ligne. La poule ne bougeait plus, suivant la ligne du regard, jusqu’à ce que nous la retirions de sa position. Après quoi, elle retrouvait toute sa mobilité et repartait picorer. Je pense que, par sa conscience visuelle concentrée sur cette ligne, toute sa conscience était concentrée et son esprit apaisé, comme l’est le nôtre en méditation. Elle ne songeait donc plus à faire quoi que ce soit. Une variante de cette méthode consiste à remplacer l’objet extérieur par la respiration. Se centrer sur l’inspiration et l’expiration sans modifier leur rythme. Nous pouvons y ajouter la récitation silencieuse du mantra « Bouddho » : « Bou » en inspirant et « ddo » en expirant. Concernant la posture dans la méditation, voici ce que l’on trouve dans le Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade de Houei-neng : 278


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« La droiture, que je sache, ne réduira jamais l’homme à l’état d’objet inanimé ; au contraire, elle participe de la vie cosmique en abordant directement, c’est-à-dire sans les détours de la discrimination dualiste, tous les phénomènes, sans la distorsion, le méandre ou la boucle "d’y croire", sans le "figement" de la moindre posture magique, tout le temps et partout : sans horaire ni coussin. Quand les pensées ne s’arrêtent pas sur les phénomènes, dit le texte du Kôshôji, la pratique n’est que communication et fluidité ; dès qu’une pensée s’arrête sur un phénomène, on parle d’autoenchaînement. N’y a-t-il pas plus lourde fixation que l’obsession d’une posture parfaite ? Le sage Subhûti, proche disciple du Bouddha, se croyait "tranquillement assis" dans la forêt quand le bodhisattva Vimalakîrti lui apparut pour aussitôt lui prodiguer d’inconcevables conseils : être paisiblement assis, c’est ne pas manifester la moindre activité physique, verbale ou mentale dans aucun des trois mondes ; apparaître dans toutes les postures sans recourir au recueillement d’extinction ; montrer ce qu’il y a de plus ordinaire sans négliger les méthodes d’illumination ; ne fixer son esprit ni sur lui-même ni ailleurs que sur lui-même ; pratiquer les trente-sept "ailes" de l’Éveil sans s’émouvoir d’aucune opinion ; et accéder au nirvâna sans renoncer aux passions : celui qui peut s’asseoir ainsi est consacré par les bouddhas. Certes, donc, il faut s’asseoir sous ce genre d’arbre et agir ! Ce qui n’a rien à voir – le maître insiste – avec une position orientale qui permettrait de surprendre son esprit et d’en soupeser la délicieuse pureté… Mais pourquoi, demande un maître de méditation, cela ne s’examinerait-il pas soi-même et ne serait-il pas spontanément pur – sans tendinites, crampes ni fourmis ? » Une deuxième méthode est une variante qui consiste à visualiser un bindu blanc sur notre front, entre les deux sourcils. Une troisième méthode est une autre variante dans laquelle nous visualisons un bindu rouge au centre du chakra du cœur et voyons notre corps vide. 279


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Les visualisations tantriques, qui font partie des sâdhanas de déités yidams, comme Chenrézy, Amitabha, Vajrasattva ou VajraYogini, s’apparentent aussi à une pratique shamatha avec objet. Padmasambhava enseigna aussi des méthodes de méditation sans objet. Toujours assis dans la posture en sept points de Vairocana, regarder droit devant soi dans l’espace en gardant les yeux grands ouverts et le regard légèrement vers le haut. Rester simplement dans cette expérience de l’espace. On a la sensation de se focaliser sur l’espace devant soi, mais on ne fixe pas de point particulier. Le regard est comme l’espace, large et spacieux. Nous nous fondons dans l’espace. Si la distraction nous gagne, ou si c’est l’engourdissement qui nous plonge dans la torpeur, nous devons intensifier notre esprit et nous concentrer davantage, ou bien faire une pause et recommencer en se focalisant sur l’espace. Ensuite, se détendre dans la position et lâcher prise. Ce lâcher-prise nous permet de nous fondre davantage dans l’espace. Dans une deuxième méthode sans objet, on fixe toujours l’espace mais le regard non plus vers le haut, mais un peu vers le bas. La différence, ici, à part l’orientation du regard, est que notre esprit doit se détendre plus facilement. Ces deux dernières méditations sans objet ont une qualité de non-méditation qui est, en fait, la méditation du mahamoudra et la contemplation du dzogchen. En mahamoudra, il n’est fait plus aucune différence entre le plaisir et la douleur, l’agréable et le désagréable ; tout devient d’une unique saveur. En effet, lorsqu’on « s’accroche » à un objet focal, on n’a pas l’esprit libre car on se cramponne à quelque chose. Il y a une sensation subtile de distraction quand on pense « Je médite… Je médite… ». Avec les non-méditations, on doit être libre de 280


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la pensée de la méditation, ne pas se demander si la méditation va bien ou pas. Si on se surprend à commenter la méditation, il faut observer celui qui juge la méditation et chercher l’essence de cet esprit qui pense que la méditation est bonne ou pas. En regardant cet observateur, rien n’est vu car il est vide de réalité propre. Lama Guendune Rinpoché précise, dans son livre Mahamoudra : « L’esprit calme, c’est l’esprit ! L’esprit agité, c’est l’esprit ! Et l’esprit conscient des deux, c’est toujours l’esprit. Ce sont trois états du même esprit. Il ne faut pas s’attacher à l’un ou à l’autre. Laissez les pensées apparaître et disparaître sans intervenir. (…) Notre ego essaie constamment d’obtenir quelque chose. Il veut satisfaire ses désirs à travers le jeu des émotions. Bien entendu, ceux-ci ne sont pas constamment exaucés, et l’esprit passe son temps à s’épuiser dans toutes sortes de pensées qui vont et viennent, soumises aux émotions. Pour beaucoup de personnes faisant ce constat, la méditation est un peu le remède. Mais il faut veiller à ne pas tomber dans le travers qui consiste à croire que le but de la méditation est de parachever un état totalement libre de toute activité mentale, où il ne se passe absolument plus rien. Ceci serait l’idéal d’une pierre ! Méditer avec une telle motivation erronée revient à poursuivre un but entièrement égocentrique et que, loin de nous libérer, cela conduit à renforcer l’ego. » L’espace, tout comme la nature de l’esprit, est un phénomène permanent, non conditionné et indépendant de causes et circonstances. Ainsi, fixer l’espace devant soi est une méthode d’approche pour la méditation sur l’esprit lui-même. D’autant qu’il existe un canal subtil qui va des yeux au cœur, où se trouve l’essence qui soutient la vie ; il s’agit du chitta nadi. Cette méditation est aussi semblable à celles de l’anoutara yoga, qui concernent le processus de la mort et qui consistent à « amener la mort dans la voie du corps de vérité ». Dans ce processus, les cinq éléments, en tant que base, nous font progressivement défaut, comme nous l’avons vu dans le chapitre 5 281


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sur les dissolutions. Après les dissolutions, le plus subtil niveau de conscience, dépendant seulement de l’espace, est laissé seul, inséparable du plus subtil niveau d’énergie vitale, qui se situe au niveau du cœur. Cette pratique permet d’expérimenter la Claire Lumière de la mort. Pour toutes ces méditations, une guidance par un lama est fortement conseillée, afin de ne pas se fourvoyer puis se décourager. Le conseil est de pratiquer régulièrement avec des séances courtes, car c’est le meilleur moyen de se protéger des deux principaux obstacles à la méditation : l’agitation et la torpeur. Toujours selon Padmasambhava, les pratiques de yoga des déités, qui font partie de la tradition vajrayana, sont parmi les méthodes les plus efficaces pour transformer les émotions et réaliser la nature de l’esprit. Grâce à cet entraînement, on réalise cette vue profonde qu’est l’union de l’apparence et de la vacuité. Ceci fait contrepoids à l’attachement à l’existence en cours, où on croit que les choses sont solides et réelles. De plus, ces pratiques, si nous les maîtrisons, seront très utiles dans le bardo du devenir. Les pratiques de yoga des déités présentent deux aspects appelés « phase de création ou génération » et « phase de complétion ou résorption ». La phase de création, où l’on crée une visualisation de la déité, est l’aspect shamatha. La phase de complétion, où l’on dissout toute visualisation, est la phase vipashyana. Avec vipashyana, nous sommes déjà dans le bardo de la méditation, qui commence dès que notre esprit repose dans le présent et demeure sans distraction. Vipashyana signifie « vision claire » ou « connaissance directe supérieure ». Le but est de reposer dans la nature de l’esprit sans chercher à faire ou penser quoi que ce soit. Ne pas chercher à supprimer les pensées car ce serait supprimer l’esprit ! Nous pourrons alors méditer sur la vacuité, qui est la nature de l’esprit pur. Pour résumer, on peut dire que shamatha permet d’amener 282


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le calme dans l’esprit en fixant un objet, et vipashyana est la vision supérieure qui permet de voir la nature de l’esprit en observant le sujet qui observe l’objet. Mahamoudra permet de comprendre la nature de l’esprit immobile, de l’esprit en mouvement et de l’esprit reconnaissant ces deux phénomènes. À ce niveau de méditation, sujet et objet sont considérés comme une seule et même chose. Tilopa, grand mahasiddha de l’Inde, a dit : « Rester dans un état d’esprit sans aucune fabrication mentale, dans un total non-agir, c’est le mahamoudra. Rester en permanence dans cet état, c’est l’état de bouddha. » Bouddha Shakyamouni a dit : « les mérites obtenus lors d’une contemplation qui dure le temps pour une fourmi de parcourir du bout du nez au front, sont bien supérieurs à ceux qui seraient obtenus par une vie entière passées à accumuler des mérites ». Cependant, il est important de ne pas s’attacher aux différents aspects de la méditation shamatha. Ne pas s’attacher à la joie que nous pouvons en retirer, à la clarté et à la vacuité de la méditation, car nous pourrions avoir, après notre mort, une renaissance dans un des mondes des dieux qui appartiennent toujours au samsâra. Au contraire, en continuant avec vipashyana puis mahamoudra, nous réaliserons la vacuité de l’esprit et pourrons atteindre l’état de bouddha. C’est ce même avertissement qu’énonce Lama Guendune : « Les états de félicité, de clarté et de non-conceptualité ne sont que des expériences ; ils ne sont pas la réalisation véritable de ces qualités. Il ne faut pas chercher à les cultiver, à nous y attacher, mais les dépasser pour accéder à la réalisation authentique. Lorsqu’ils surviennent, nous ne devons ni nous y attacher, ni chercher à les prolonger, ni tenter de les reproduire artificiellement s’ils sont absents. Nous devons nous 283


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détacher de l’idée que ce sont de bonnes expériences, qui sont la preuve que nous méditons bien. Ceci ne fait que nous enchaîner à l’espoir et l’orgueil, et n’a pour effet que de détruire la stabilité mentale en troublant l’esprit inutilement. Il ne faut pas non plus croire que, parce que ces expériences ne s’élèvent pas, notre méditation est mauvaise. Nous sommes alors en proie à la peur et au doute et cela est la source d’une agitation inutile. Il faut méditer libres de toute crainte et de tout espoir, sans la moindre inquiétude. Pour cela, il suffit de reconnaître que tous les états d’esprit rencontrés sont l’esprit. Quand l’esprit est calme, c’est l’esprit. Quand il est agité par des pensées, c’est encore l’esprit. Quand nous sommes conscients de l’un ou de l’autre de ces états, c’est encore l’esprit. Il est donc inutile d’opérer une distinction entre ces deux états. Il n’y a aucune raison de vouloir supprimer un état pour en privilégier un autre, puisqu’ils sont tous également vides. » Dans la tradition dzogchen de Padmasambhava, vipashyana se pratique en reposant simplement dans la conscience nue, sans concept ni pensées. Pour cela, diriger la conscience vers les yeux, puis diriger les yeux vers l’espace vide devant nous, dans le ciel, pour finalement se détendre sans fixation. La sagesse surgira naturellement. Faire des séances courtes et fréquentes. Pour Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché, grand maître actuel du dzogchen, vipashyana correspond à la phase de libération de shamatha, appelée trekchö. Et, au-delà de trekchö, nous arrivons à thögal, qui nous mène à la Claire Lumière de notre esprit, après avoir dissous nos cinq éléments dans notre conscience. Après trekchö, Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché préconise de continuer, c’est-à-dire continuer l’état atteint en méditation hors méditation, dans la vie courante. Pour cela, il indique quatre moyens, ou tchogshags : – Riwo tchogshag : être semblable à une montagne. En dzogchen, il n’est donné aucune directive sur la posture à adopter. Nous devrions laisser en paix notre corps, calme et stable comme une montagne. De même, nous devrions tout laisser tel quel. – Gyatso tchogshag : être semblable à la mer. Les yeux (ainsi 284


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que les autres portes des sens) doivent être laissés ouverts. Les visions sont un ornement de notre état naturel. Il n’y a rien à quoi renoncer, car même les visions impures sont le fruit de notre propre énergie. – Rigpa tchogshag : être conscient, dans l’état de shamatha libéré, de la présence claire et distincte de ces deux états : l’état calme et l’état dans lequel quelque chose bouge ; ceci est appelé rigpa. – Nangwa tchogshag : laisser la vision être juste telle qu’elle est. Aussi longtemps que quelque chose puisse déranger la méditation d’un pratiquant, c’est le signe qu’il n’a pas encore intégré la vision et la nature de l’esprit. Nous trouvons aussi dans Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade de Houei-neng : « Une fois libres, vous serez en plein samâdhi de prajnâ, et quand le samâdhi porte sur la prajnâ, c’est l’absence de pensées. L’"absence de pensées" consiste à ne s’attacher à aucun phénomène bien qu’en les percevant tous, à se trouver partout sans s’attacher à aucun lieu : rien d’autre que notre essence à jamais pure qui chasse les six voleurs par les six ouvertures sans échapper aux six souillures ni s’y souiller, qui est libre de venir et d’aller, autrement dit encore, le samadhi de prajnâ, la libération souveraine, la pratique même de l’absence de pensées. Néanmoins, si vous ne pensez vraiment à rien et si vous persistez à bloquer vos pensées, prisonnier d’une méthode, vous tomberez dans la partialité. Qui comprend la méthode de l’absence de pensées communique avec toute chose ; qui comprend la méthode de l’absence de pensées perçoit les sphères d’activité de tous les bouddhas ; qui comprend la méthode "subitiste" de l’absence de pensées atteint la terre et l’état de bouddha. » Lorsque nous démarrons une méditation, notre esprit a tendance à se détacher de son objet de concentration pour vagabonder. Tout l’exercice consiste à prendre conscience de ce vagabondage et à ramener notre attention sur l’objet. Nous sommes comme le berger qui observe ses moutons : il ne les 285


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empêche pas de vagabonder à droite et à gauche, mais à tous moments, il garde un œil sur eux. Wendy Hasenkamp et son équipe de neuroscientifiques de l’université d’Atlanta, aux États-Unis, ont découvert que le cerveau traverse un cycle de quatre phases identifiables par l’activation de quatre réseaux neuronaux différents liés à l’attention. Ces quatre phases sont : – le vagabondage mental, qui active le cortex sensoriel et moteur ainsi que l’insula postérieure ; – la prise de conscience du vagabondage, qui active le cortex cingulaire antérieur et l’insula antérieure ; – le déplacement de l’attention, qui active le cortex préfrontal latéral et les régions pariétales postérieures ; – la focalisation, qui active le cortex préfrontal dorso-latéral. Ce cycle cognitif se répète tout au long de la séance de méditation et déclenche la sensation de bien-être. De plus, la méditation améliore l’attention et permet d’apprendre à moduler nos sensations. Le thalamus relaie les entrées sensitives en provenance du corps et les envoie au cortex somatosensoriel où naissent les sensations. Chaque organe se projette sur le cortex somatosensoriel. Le thalamus envoie des impulsions électriques d’une fréquence de huit à douze hertz, appelées « ondes alpha », qui modulent les sensations. Lorsque l’esprit se concentre sur une partie du corps, les ondes alpha baissent sur la zone correspondante du cortex, ce qui augmente la sensation. Alors que, partout ailleurs, les ondes alpha augmentent et les sensations baissent. L’augmentation de la sensation, sur une partie du corps qui serait en souffrance physique, permet d’amener de l’énergie sur cette partie du corps, ce qui permet d’atténuer la douleur. Le docteur Sarah Lazar, du « Massachusetts General Hospital » (Boston, États-Unis), détecte, chez les personnes qui méditent régulièrement, un épaississement du tissu cérébral du cortex préfrontal gauche, 286


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impliqué dans les processus cognitifs, émotionnels et le sentiment de bien-être. Elle montre aussi, chez les personnes qui méditent, un grossissement de l’hippocampe (qui permet la mémorisation) et un rétrécissement de l’amygdale (sensible à la peur). En chamanisme, nous pouvons parvenir au même résultat avec la pratique de démembrement-remembrement, détaillée au chapitre 9, « Différentes pratiques ». Cette pratique présente aussi deux phases : la phase de création avec le voyage vers les esprits aidants, suivie de la phase de complétion après le démembrement. Nous pouvons en profiter pour méditer sur le « Tout », sur notre nature lumineuse et la félicité, sur la vacuité et l’union « félicité-vacuité ». Un travail important, quelle que soit la tradition, est de maintenir, dans ce bardo naturel de cette vie, une présence entière à notre nature divine, à notre appartenance au « Tout », et une conscience aiguë que notre corps et tous les phénomènes qui nous entourent ne sont que des apparences sur lesquelles nous nous illusionnons. • Résumé Dans le bardo naturel de la vie, comprenant que tout est impermanent et sujet à souffrance, si nous voulons sortir définitivement de la souffrance, nous devons nous établir sans distraction au cœur de l’étude, de la contemplation et de la méditation. Nous pourrons ainsi comprendre que tout est apparence-vacuité et manifestation de notre esprit pur. Pour les méditations, Padmasambhava a enseigné différentes méthodes : – Une première méthode qu’il enseigna est shamatha avec objet extérieur. Le but de cet objet extérieur est de constituer un soutien focal pour amener l’esprit à se poser. L’objet est placé dans notre champ de vision de manière à ce que les 287


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yeux soient ouverts, regard baissé et suivant la ligne du nez. Alors, assis dans la posture en sept points de Vairocana, nous devons diriger notre attention sans distraction sur l’objet. Notre conscience, ainsi concentrée sur l’objet, s’apaise. – Une deuxième méthode consiste à visualiser un bindu blanc sur notre front, entre les deux sourcils. – Une troisième méthode consiste à visualiser un bindu rouge au centre du chakra du cœur et voir notre corps vide. – Les visualisations tantriques, qui font partie des sâdhanas de déités yidams, comme Chenrézy, Amitabha, Vajrasattva ou Vajra-Yogini, sont aussi une pratique shamatha avec objet. Padmasambhava enseigna aussi des méthodes de méditation sans objet. Toujours assis dans la posture en sept points de Vairocana, nous regardons droit devant nous dans l’espace, en gardant les yeux grands ouverts et le regard légèrement vers le haut. Nous nous détendons simplement dans cette expérience de l’espace. Nous avons la sensation de nous focaliser sur l’espace devant nous, mais nous ne fixons pas de point particulier. Le regard est comme l’espace, large et spacieux. Ces méditations sans objet ont une qualité de non-méditation qui est, en fait, la méditation du mahamoudra et du dzogchen. Celle-ci permet d’expérimenter vipashyana. Vipashyana signifie « vision claire » ou « connaissance directe supérieure ». Le but est de reposer dans la nature de l’esprit sans chercher à faire ou penser quoi que ce soit. Nous pourrons alors méditer sur la vacuité, qui est la nature de l’esprit pur.

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7 – YOGA DU RÊVE

« Je plonge dans l’espace, le vide profond et noir ; mais le vide n’a pas de couleur. Bien sûr, le noir n’est pas une couleur, c’est l’absence de lumière. Théorie des couleurs. J’entends le silence autour de moi, mais le silence ne s’entend pas. Les musiciens le savent, le son plus le silence, jeux d’intervalles pour définir le mot "musique". Je suis dans le vide, je suis vide, mais le corps n’est pas vide, la matière existe, particules plus ondes, vibrations. La physique quantique découvre aujourd’hui ce que les ancêtres à l’autre bout du monde savaient depuis toujours. La matière, mariage de particules, union de lumière et de noir, sons et silences, partage du yin et du yang. Les contraires qui ont besoin l’un de l’autre pour exister c’est pour ça qu’on les appelle "complémentaires". 289


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Vibrations à différents rythmes qui créent l’illusion du solide, mais il n’y a rien de solide ni de fixe. Tout est mouvement et vibrations, la vie, la mort et tout ce qu’il y a entre elles. Je plonge dans la matière, forme et vide, contenant et contenu. Je rêvais que j’étais un corps, maintenant je sais que j’existe au-delà du vide et au-delà de la matière69. » La totalité de nos expériences, que ce soit de jour ou de nuit, naissent de nos deux ignorances (l’innée et la culturelle), que nous avons vues au chapitre 2, « Bouddhisme », de la première partie du livre. De ces ignorances naît notre ego, qui établit une dualité entre ce qu’il aime et ce qu’il n’aime pas, ses désirs et ses répulsions desquels naissent les émotions négatives. Et les actes engendrés par ces émotions laissent des empreintes karmiques qui, telles des semences, se manifesteront lorsqu’elles rencontreront la situation adéquate. En se manifestant, elles recréeront des empreintes karmiques qui attendront à leur tour une autre situation adéquate, et ainsi de suite. Pour sortir de ce cercle vicieux, nous devons libérer nos émotions lorsqu’elles apparaissent, comme nous nous y appliquons en méditation (vu au chapitre précédent). « Dans le yoga du rêve, cette compréhension du karma est employée pour entraîner l’esprit à réagir autrement à l’expérience, afin de créer des empreintes karmiques nouvelles, à partir desquelles sont engendrés des rêves plus favorables à la pratique spirituelle. Il n’est pas question ici de violence. La conscience n’opprime pas autoritairement l’inconscient. Au 69

Récit de rêve : Patricia Valentini, 19 mars 2006. 290


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contraire, le yoga du rêve nous propose d’élargir la conscience et la vision profonde pour que nous puissions faire des choix positifs dans la vie. Comprendre la structure dynamique de l’expérience et les conséquences des actions mène à reconnaître que toute expérience, quelle qu’elle soit, est une occasion de pratique spirituelle. La pratique du rêve nous fournit aussi une méthode pour brûler les semences du karma futur. En demeurant dans la pleine conscience pendant que nous rêvons, nous permettons aux traces karmiques de s’autolibérer lorsqu’elles s’élèvent. Elles ne pourront plus dès lors se manifester dans notre vie sous forme d’états négatifs. De même qu’à l’état de veille, ceci ne peut se produire qu’à condition de pouvoir rester dans l’état non duel de pleine conscience de rigpa, la Claire Lumière de l’esprit70. » Un rêve dans lequel nous restons dans la pleine conscience est un rêve lucide. N’importe qui peut réaliser spontanément des rêves lucides, avec ou sans préparation, et avec ou sans pratiques spirituelles. Le chamanisme et le bouddhisme utilisent tous les deux les rêves lucides dans leurs pratiques spirituelles, à des fins de guérison, de divination ou de développement spirituel. En bouddhisme, nous parlons de « yoga du rêve ». Cette tradition met en lumière six mondes d’existence dans lesquels vivent tous les êtres du samsâra, prisonniers de leurs illusions. Ce sont les mondes des dieux, des demi-dieux, des humains, des animaux, des esprits avides et des êtres infernaux. Ils représentent six dimensions de conscience et d’expérience possible. Leurs manifestations en nous sont les six émotions négatives : distraction agréable, jalousie, orgueil, ignorance, avidité et colère. Et ces mondes, ainsi que leur émotion primaire associée, sont en lien avec nos chakras. 70

Tenzin Wangyal Rimpoché. 291


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Monde

Émotion primaire

Chakra

Dieux

Distraction agréable

Sinciput

Demi-dieux

Jalousie

Gorge

Humains

Désir, orgueil

Cœur

Animaux

Ignorance

Nombril

Esprits avides

Avidité

Organes sexuels

Enfers

Haine, colère

Plante des pieds

Comme les rêves, les mondes sont les manifestations de traces karmiques, sauf que, dans ce dernier cas, elles sont collectives et pas seulement individuelles. Le karma collectif fait que, dans un monde donné, nous partageons tous le même type d’expériences. En sortant d’un rêve, nous ne laissons derrière nous que des souvenirs de rêve, car nous sommes seuls à projeter nos apparences illusoires. En sortant du rêve, nous abandonnons la projection d’apparences oniriques qui sont entretenues par personne d’autre. Tandis qu’en sortant de notre monde, à l’endormissement ou à notre mort, nous laissons derrière nous notre corps physique et tout ce qui nous entoure, car ces apparences illusoires sont maintenues par les autres humains qui partagent le même monde. De la même manière, quand on change de chaîne de TV, les autres téléspectateurs continuent de voir la chaîne que l’on vient de quitter. C’est pour cela que les êtres ordinaires, comme moi, ne peuvent pas faire apparaître tout seuls une montagne de mille mètres au centre de Paris, ou faire disparaître une apparence commune, comme par exemple la chaîne des Pyrénées. Tout ce que peut faire un être ordinaire, c’est transformer une apparence existante, par exemple créer une sculpture en bois à partir du tronc d’un arbre. Le physicien Lavoisier l’avait bien compris lorsqu’il édicta : 292


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« Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme ». Par contre, les êtres éveillés ont la capacité de faire disparaître leur corps, sept jours après leur mort. Durant le sommeil, l’esprit se retire du monde sensoriel et les empreintes karmiques, stimulées par les causes secondaires à leur manifestation, acquièrent une énergie appelée « prana karmique ». L’esprit qui « chevauche » ce prana karmique se dirige vers le centre énergétique corporel lié à la trace karmique activée ; il se focalise ainsi sur un chakra particulier. Par exemple, une empreinte karmique liée à la jalousie entraînera l’esprit vers le chakra de la gorge. À partir du prana libéré par les empreintes karmiques et des émotions associées au centre énergétique correspondant, l’esprit tisse un scénario signifiant qui est le rêve. › Approche de la tradition bouddhiste Le principal objectif du yoga du rêve est d’expérimenter l’apparence vide du rêve, pour ensuite faire un parallèle avec les apparences de la réalité diurne et en conclure que celles-ci sont tout aussi vides, et réaliser ainsi la vacuité des apparences. Tout est apparences, projections de notre esprit pur. Si nous pouvons transformer nos rêves, nous pourrons aussi transformer notre vie ordinaire. De plus, en nous habituant aux rêves lucides, il nous sera plus facile, au moment de notre mort, de rester lucides et de percevoir notre Claire Lumière pour fusionner avec elle et ainsi sortir définitivement du samsâra. Je recommande vivement, aux lecteurs désireux de s’initier aux rêves lucides, de se faire accompagner d’un instructeur qualifié. Celui-ci transmettra une initiation issue d’une longue lignée et saura guider ses élèves dans leurs pratiques, afin que ceux-ci ne se fourvoient pas dans les objectifs et puissent élaborer une vue juste. Généralement, lorsque nous nous endormons, nos perceptions 293


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des cinq sens se dissolvent dans un niveau d’esprit plus profond, notre conscience base-de-tout. Nous vivons alors une sorte de « blanc », comme lors d’un évanouissement, ce qui ressemble beaucoup au moment de la mort, car, quel que soit le bardo, le processus de dissolution est semblable. Parfois, à l’endormissement, nous sursautons comme si nous avions « loupé » une marche d’escalier. Ceci est associé à la Claire Lumière lors de la résorption des éléments. La peur de la vacuité, de perdre notre apparence physique, notre saisie à notre ego, provoque ce sursaut. Il en est de même dans le bardo de la mort : la peur de quitter notre corps physique nous fait fuir devant les manifestations de notre esprit, que nous ne reconnaissons pas comme telles. David Frawley donne une explication de l’endormissement, qui traite du canal de l’esprit ou de la conscience (chitta nadi) : « Le chitta nadi prend naissance dans le cœur spirituel, emplacement de l’âme réincarnée ou du "soi" individuel dénommé "jivatman". Nous sommes reliés au créateur dans le cœur, qui est l’endroit où le chitta nadi acquiert de l’énergie. Les impulsions fondamentales provenant de notre mental profond ou du cœur, appelées samskaras, propulsent le mouvement à travers ce nadi. Le chitta nadi est le flux de nos samskaras circulant du cœur jusqu’au monde extérieur. Ce flux monte tout d’abord jusqu’à la gorge d’où naît notre expression, puis jusqu’à la tête où il est relié aux cinq sens et aux objets extérieurs. Puis, il redescend de la tête à la gorge et retourne dans le cœur. Ce flux est l’écoulement double du chitta nadi. Ce flux possède un premier mouvement se dirigeant vers le monde extérieur, allant du cœur à la tête et ressortant par les cinq sens. Puis, il possède un second mouvement contraire partant du monde extérieur des cinq sens jusqu’au monde intérieur de la psyché et descendant de la tête jusqu’au cœur. Le flux du chitta nadi vers l’extérieur nous entraîne dans le corps et donne naissance à l’état de veille qui est dominé par l’activité sensorielle de la tête. Le flux du chitta nadi vers l’intérieur nous entraîne dans 294


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notre propre conscience et donne naissance à l’état de rêve et de sommeil profond. Les rêves se produisent dans la région de la gorge. Le sommeil profond se produit à la base du cœur. Au moment de la mort, le chitta nadi s’écoule vers l’intérieur comme durant le sommeil, nous entraînant dans le plan astral et dans son expérience de paradis et d’enfer semblable aux rêves. Les expériences de tunnel71 communément expérimentées par les personnes proches de la mort indiquent le fonctionnement de ce nadi. » Généralement, une fois endormi et après le sommeil profond, nous passons à l’état de rêve, et nos tendances habituelles y font naître un autre ensemble d’apparences qui nous paraissent tout aussi réelles que celles du bardo diurne, sauf si nous reconnaissons que nous sommes en train de rêver. Ainsi, la confusion des êtres ordinaires persiste pendant le sommeil, avec le « corps des conditionnements latents », ou « corps onirique ». Par contre, si nous pouvons reconnaître nos rêves pour ce qu’ils sont, des apparences sur lesquelles nous nous illusionnons, ils deviennent des antidotes à notre confusion. Nous pouvons vérifier que nous avons le pouvoir de modifier nos rêves, de faire apparaître les apparences qu’il nous plaît de faire apparaître, et nous pouvons avoir des expériences comme voler dans les airs ou traverser des murs. Nous comprenons alors que tout cela est créé par notre esprit et, donc, que ces apparences n’ont pas d’existence intrinsèque mais seulement relative. Nous pouvons ainsi expérimenter l’apparence-vacuité. Nous ne rajoutons donc plus de la confusion par-dessus la confusion vécue dans le bardo naturel de la vie. C’est en ce sens que nos rêves lucides deviennent des antidotes à la confusion. C’est ce même chitta nadi que nous empruntons en voyage chamanique pour aller dans ce que nous nommons le « monde d’en bas », pour rencontrer nos animaux de pouvoir, manifestations de notre esprit. Durant le voyage, nous visualisons bien un tunnel. 71

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Pour pouvoir travailler efficacement dans le bardo du rêve, nous devons considérer deux méthodes principales et complémentaires. Il s’agit, premièrement, de l’entraînement au corps illusoire, que nous pouvons pratiquer avec les apparences qui surgissent pendant la journée, et, deuxièmement, du yoga du rêve lui-même, expérimenté lors du sommeil. › Entraînement au corps illusoire Le « corps illusoire » est un des « six yogas de Naropa », pour lesquels il faut recevoir une initiation et les commentaires d’un lama, ou maître vajra, qualifié. À défaut, la pratique ho’oponopono, issue du chamanisme et décrite au chapitre 9, « Différentes pratiques », peut s’avérer fort utile car elle présente la même philosophie et la même sagesse que le bouddhisme sur l’illusion que nous projetons sur les apparences. Comme toujours, nos pratiques auront plus de pouvoir si nous formulons notre motivation, qui est de ne plus nous illusionner sur les apparences du samsâra, pour ensuite aider tous les êtres à en faire autant et à ne plus souffrir. Suivant les conseils de Padmasambhava, nous pouvons, par exemple, dire : « Je m’entraîne à cette pratique afin d’atteindre l’éveil pour le bien de tous les êtres. Puissent-ils avoir l’occasion de vivre la nature illusoire de notre monde ». Cette formulation met bien l’accent sur l’aspect illusoire de tout ce qui apparaît, l’illusion étant le thème majeur des pratiques du yoga du rêve. Encore une fois, tout ce que nous faisons, nous le faisons dans l’Univers et cela profite à tout l’Univers. L’entraînement au corps illusoire comporte deux volets : le corps illusoire impur et le corps illusoire pur. 296


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Pour l’entraînement au corps illusoire impur, considérons, durant la journée, que tout ce qui nous entoure, ainsi que nous-mêmes, n’est qu’apparences projetées par notre esprit, sur lesquelles nous nous illusionnons. Vivons notre journée comme s’il s’agissait d’un rêve. Nous voyons bien que tout ce qui s’est passé hier n’existe plus. Il n’en reste que des souvenirs. Cela ne fait que peu de différences avec les souvenirs des rêves de la nuit précédente, et ce qui se passe en ce moment ne sera bientôt plus qu’un autre souvenir. Même la gifle reçue hier de la part d’une personne n’existe plus. Elle nous a fait mal hier, mais cette personne ne nous a donné qu’une gifle, pas deux ni trois. Pourquoi ressasser le souvenir de ce qui n’existe plus ? Relater l’événement de la gifle revient à nous redonner nousmêmes cette gifle et à en souffrir de nouveau, alors que cela n’existe plus. Et si nous considérons que cette gifle provient de la maturation d’un karma négatif, alors tant mieux, au moins ce karma-là est purgé. Passons à autre chose ! Songeons que toutes les apparences de ce moment présent sont la manifestation illusoire de notre esprit sous l’emprise du conditionnement du karma. De même qu’au réveil d’un rêve, nous comprenons que ce que nous avons pris pour réalité solide et crédible n’était en fait qu’une apparence sur laquelle nous nous sommes illusionnés, le jour où nous sortirons du samsâra, nous comprendrons que tout dans notre monde aura été apparence-vacuité. L’entraînement au corps illusoire pur fait appel au yoga des déités. Le monde, que nous percevons en tant que corps illusoire pur, est transformé en monde sacré par notre vision pure. Nous transcendons ainsi les perceptions et les concepts ordinaires pour considérer le monde avec une perspective éveillée. En effet, dans le véhicule vajrayana, nous n’hésitons pas à considérer que nous sommes maintenant bouddhas et que le monde qui nous entoure est éveillé. Ceci n’est pas de l’orgueil 297


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spirituel, mais une certaine fierté naturelle appelée « fierté vajra », ainsi qu’une forte volonté d’atteindre l’éveil maintenant, et pas plus tard, sans trop y croire. Ceci peut très bien se réaliser en métamorphose pour les praticiens chamaniques72. Tout n’est qu’apparences ! C’est ainsi que nous devrions nous entraîner à penser et, surtout, à ressentir durant la journée, afin de préparer le yoga du rêve. Les êtres éveillés considèrent les pensées comme des ornements de l’esprit. Elles embellissent l’esprit comme les nénuphars rendent plus attrayant l’étang où ils poussent. Les pensées sont une belle expérience lorsque nous ne les solidifions pas. Au contraire, si nous les solidifions, elles nous font souffrir. Nous souffrons chaque fois que nous solidifions une expérience d’esprit, que ce soit au niveau perception ou au niveau concept. Les pratiques du corps illusoire impur et pur sont très importantes pour les pratiques du yoga du rêve qui vont suivre. Lorsque nous commençons à apprécier vraiment la nature illusoire de ce que nous vivons quand nous sommes réveillés, nous commençons à mêler ces apparences à celles de nos rêves nocturnes. Le discernement durant la journée s’étendra aux rêves la nuit et permettra de développer la lucidité en tous moments. Une autre pratique importante consiste à supprimer la saisie et le rejet que nous superposons généralement aux apparences rencontrées. Après avoir développé la lucidité des apparences, nous devons considérer que les réactions teintées d’émotions qui en résultent sont tout aussi vacuité. Ces pratiques nous seront aussi très utiles pour le bardo du moment de la mort et pour les deux bardos d’après la mort. › Entraînement au yoga du rêve

72

Voir cela dans le chapitre 9, « Différentes pratiques ». 298


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Voici quelques conseils pour vivre les rêves de manière lucide. Avant tout, il est bon de passer en revue notre journée : songer à tout ce que nous avons réalisé dans la journée, prendre le temps de fermer tous les « dossiers » qui ne le seraient pas, afin que ceux-ci ne nous encombrent pas au moment de l’endormissement. Au coucher, entrer en méditation pour chercher l’ancrage, unir son corps et son esprit, et se centrer. Ensuite, formuler l’intention ferme de reconnaître que l’on rêve, en conscientisant tout ce qui semble différent de la réalité ordinaire. Cette intention est comme une flèche décochée que la conscience peut suivre dans la nuit, une flèche qui pointe directement sur la lucidité dans le rêve. Il est alors important d’avoir un plan précis de ce que nous voulons faire durant le rêve lucide. Par exemple, nous pouvons nous changer en un de nos animaux de pouvoir pour ressentir pleinement ses caractéristiques, qui sont les nôtres. En bouddhisme, Padmasambhava nous conseille d’engendrer la motivation suivante avant d’aller nous coucher : « Afin de me libérer et de libérer les autres du samsâra, j’aimerais faire cette pratique du yoga du rêve qui a le pouvoir de libérer de la souffrance, de la peur et de la confusion du samsâra. Puissent tous les êtres réaliser le parfait bonheur et l’éveil complet ». Avec cette motivation, nous nous endormons avec l’intention de devenir conscients de rêver, une fois qu’un rêve surgira. Padmasambhava a donné plusieurs méthodes permettant de devenir lucide pendant les rêves. Le but est d’en choisir une et de la pratiquer suffisamment longtemps pour qu’elle porte ses fruits. Au bout d’un certain temps, pas moins d’un mois ou deux, si nous n’avons pas de résultats positifs, c’est-à-dire si nous n’arrivons pas à devenir lucides pendant les rêves, nous pouvons choisir une autre méthode et l’appliquer pendant suffisamment longtemps, et cela jusqu’à ce que nous trouvions la méthode qui nous convient le mieux. Si, malgré toutes ces méthodes, nous n’obtenons pas de résultats, nous devons peut299


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être considérer que nous avons trop d’obscurcissements ou de souillures, aussi devons-nous pratiquer des purifications et des offrandes. Parmi les purifications, nous trouvons la contemplation, la méditation vipashyana, la pratique de Vajrasattva, la pratique de « démembrement-remembrement », la transfiguration (se visualiser lumière), la métamorphose en notre corps subtil, ou corps énergétique, et la récapitulation. La clef est surtout de ne pas se décourager et de persévérer avec les pratiques du corps illusoire dans la journée et les essais avec le yoga du rêve la nuit. Première méthode : le guru. Adoptez, si possible, la posture du lion qui dort, celle-là même qu’adopta Bouddha Shâkyamuni le jour de son parinirvâna : allongé sur le côté droit, la main droite sous la joue, et le bras gauche repose naturellement sur le côté gauche. Si cette position ne vous convient pas, adoptez celle qui vous convient et ça marchera quand même ! Les praticiens vajrayana se visualisent sous la forme de la déité yidam avec laquelle ils ont l’habitude de pratiquer (Vajrasattva, Padmasambhava, Vajradharma ou autre). Les praticiens chamaniques peuvent se métamorphoser en leur corps subtil, tout en se reliant à l’Univers. Visualisez votre guru racine, votre nature éveillée, au-dessus de votre tête. Vous pouvez même visualiser votre oreiller comme les genoux de votre guru racine. Ensuite, vous visualisez, au centre de votre gorge, une petite forme, d’environ trois centimètres de haut, de Guru Rinpoché (Padmasambhava). Ceci a pour effet d’amener les souffles au chakra de la gorge, dans le canal central sushuma, ce qui est favorable au développement d’un rêve. Voir toutes ces visualisations comme des « apparences-vacuité ». Alors que vous êtes en train de vous endormir, maintenez votre fierté vajra et votre intention, qui est de devenir lucide pendant les rêves, toujours concentré sur la visualisation au 300


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centre de la gorge. Ne pas se laisser gagner par des pensées mondaines, comme ce que vous avez à faire demain, l’heure du lever, etc. Deuxième méthode : le yidam. Cette deuxième méthode est très semblable à la première et démarre de la même manière ; la différence est qu’au centre de la gorge, vous ne visualisez plus Guru Rinpoché mais votre yidam, dans lequel vous vous êtes visualisé (votre corps subtil pour les praticiens chamaniques). Troisième méthode : les syllabes inégalées. Cette troisième méthode fait appel à la visualisation de syllabes sanscrites, pour laquelle une initiation, suivie de commentaires d’un lama, est indispensable. Quatrième méthode : le bindu. Cette quatrième méthode est très semblable à la deuxième, dans laquelle vous remplacez votre yidam par un bindu rouge vif (une sphère de lumière). Maintenez votre conscience au niveau de la gorge et ne vous laissez pas distraire par des pensées parasites. Pour favoriser les rêves lucides, Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché conseille de visualiser la syllabe sanscrite HA blanche au cœur. Du HA blanc au cœur, s’élève un deuxième HA, puis un troisième, etc. jusqu’à ce qu’ils arrivent au sommet du crâne, telle une chaîne de HA ; Puis Cette chaîne redescend au cœur et ainsi de suite jusqu’à l’endormissement. › Transformer les apparences du rêve Lorsque nous réalisons que nous sommes en train de rêver, nous en profitons alors pour transformer les apparences du rêve. Nous pouvons transformer nos émotions en y superposant la vacuité et accomplir ce qui est important pour nous tous. Nous pouvons multiplier ou diviser les personnages et les objets, 301


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nous pouvons faire apparaître d’autres objets ou personnages, nous pouvons changer les humeurs des personnages (d’agressifs en gentils), nous pouvons essayer de voler dans l’air, de passer à travers les murs, etc. Nous pouvons multiplier notre propre corps, chaque forme s’employant à différentes pratiques. Nous pouvons aussi méditer sur la vacuité des apparences que nous créons. Nous comprenons ainsi que nous pouvons contrôler nos rêves et que toutes ces apparences n’ont pas de réalité ultime, qu’elles sont vacuité. Nous pouvons aussi formuler le désir d’aller dans les Terres pures des bouddhas pour écouter leurs enseignements. Nous pouvons aussi visiter les différents mondes du samsâra : les enfers, les dieux, etc. › Obstacles et solutions Quand nous arrivons à reconnaître nos rêves pour ce qu’ils sont, quand nous devenons lucides, nous pouvons rencontrer deux obstacles à notre lucidité : – Le premier est de se réveiller. Dans ce cas, Padmasambhava indique une solution qui consiste à ne plus se concentrer sur le centre de la gorge mais sur le centre du cœur. Ceci a pour effet de faire redescendre nos souffles dans le canal central, ce qui nous replonge dans le sommeil. Nous pouvons même visualiser deux bindus sombres et brillants à la plante des pieds. Notre esprit va suivre et sera ainsi plus tranquille. – Le deuxième obstacle est de perdre la lucidité et de s’endormir profondément. Pour cela, nous pouvons visualiser un bindu blanc et brillant au centre du crâne. Cela a pour effet de faire remonter nos souffles et notre esprit dans le canal central et de nous faire sortir du sommeil profond. Parfois, même si nous avons déjà eu des expériences concluantes de yoga du rêve, nous n’arrivons plus à pratiquer et nous sombrons dans le sommeil profond sans avoir rien vu passer. 302


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Ceci peut avoir plusieurs raisons ; voici celles que j’ai pu expérimenter et valider avec mon maître : – une trop grande fatigue, qui fait que l’on s’endort très vite sans avoir pu se préparer au yoga du rêve ; – trop de soucis non résolus dans la journée, qui nous encombrent au moment de l’endormissement ; – trop de voyages, car ceux-ci font augmenter vata73 qui perturbe notre mental. De plus, je pense que, dans notre chemin spirituel, nous avons parfois besoin de pauses digestives. J’ai constaté, aussi bien dans mon cas que celui d’autres personnes, que nous avançons par à-coups. Parfois, nous avons des avancées spectaculaires qui nous enchantent et, parfois, nous avons l’impression de stagner, ce qui peut nous désoler. Je pense que notre Être est très intelligent et qu’il nous fait faire ce que nous sommes capables de faire, ni plus ni moins. Il n’y a pas là de quoi s’enchanter ou se désoler, car ce seraient des sentiments dualistes. Si, malgré une bonne forme physique et mentale, nous n’arrivons pas à devenir conscients dans nos rêves, les textes nous indiquent de nous entraîner davantage dans la pratique du corps illusoire dans la journée. Une autre pratique très utile pour « monter » en énergie est de « récapituler » notre vie74. › Glisser dans le rêve Malgré toutes ces méthodes, devenir lucide lors des rêves n’est pas chose facile pour tout le monde, loin de là, et si nous avons un travail particulier à faire en yoga du rêve une nuit donnée, nous ne pouvons pas être assurés que nous y arriverons. Aussi, Lama Shérab Namdreul contourne la difficulté en Humeur biologique air-éther selon l’ayurvéda (voir chapitre 10, « Qualité de vie, soutien de la spiritualité »). 74 Voir chapitre 9, « Différentes pratiques ». 73

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« glissant dans le rêve » au moment de s’endormir, avant de perdre conscience. Il « zappe » ainsi le sommeil. C’est une formule que j’apprécie beaucoup et qui peut aussi être utilisée en méditation lorsque la torpeur nous gagne. Plutôt que de lutter contre la torpeur, nous pouvons en profiter pour « glisser dans le rêve » et pratiquer le yoga du rêve de la manière suivante : allongés dans la posture du « lion qui dort », nous nous visualisons monter une tour par des escaliers en colimaçon. Arrivés au sommet, nous observons la vue dégagée et le vide en bas. Puis, nous nous penchons et sautons dans le vide. Nous tombons et pensons : « C’est semblable à un rêve ». Nous tombons jusqu’au sol sans nous écraser et restons debout. Puis, attendre que quelque chose se passe. Ceci a pour effet de faire monter nos souffles et, quand nous sautons et pensons : « Ceci n’est qu’un rêve », nous lâchons, nous nous détendons et nos souffles redescendent ! Très souvent, après cette visualisation, je démarre un rêve lucide qui se poursuit. Cela procède comme pour un voyage chamanique : ici, nous « plantons » le décor avec la montée de la tour puis la chute, alors qu’en chamanisme, nous descendons dans notre grotte pour aller dans le monde d’en bas. Ensuite, le voyage prend la relève. Ici, c’est le rêve qui se poursuit après que nous l’avons amorcé avec la technique de la tour. Nous laissons les apparences venir. Si cela ne marche pas, nous pouvons amorcer avec des visualisations, puis laisser faire. En parallèle au contrôle du rêve, nous devons garder le contrôle de l’endormissement ou du réveil en déplaçant les souffles : en se concentrant sur le centre du crâne, où se trouve le bindu blanc, pour ne pas sombrer dans l’inconscience, ou en se concentrant dans le centre du cœur, sur le bindu bleu, pour ne pas se réveiller. Ainsi, les apparences de l’état de veille s’évanouissent, créant une brèche où surgissent les apparences illusoires du rêve. 304


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Une nuit où j’ai pu démarrer un rêve lucide par glissement au moment de l’endormissement, j’en ai profité pour réaliser, dans le rêve, une pratique de purification avec Vajrasattva tout en me multipliant à l’infini. Ceci a pour effet d’en multiplier les résultats. Ensuite, j’ai pratiqué le guru yoga avec Padmasambhava, toujours multiplié à l’infini, et j’ai terminé par l’expérience de Claire Lumière. À un moment donné, j’ai décidé d’arrêter le rêve lucide pour m’adonner entièrement au sommeil profond. J’ai « coupé » le rêve en envoyant une lumière bleue au bindu que je visualise à mon cœur, ce qui a pour effet de retirer ma conscience du rêve. Cependant, des images de couleurs très nettes sont arrivées sans que je n’aie rien demandé, des images de statues de saints, des reliquaires. Ceci me fit sourire et penser que, même si j’éteins la télévision, elle se remet en marche toute seule ! Cette expérience montre que le yoga du rêve est aussi un bon moment pour faire des pratiques spirituelles. Les rêves lucides dans lesquels interviennent des élémentaux ne sont pas des rêves ordinaires car les élémentaux apportent de l’énergie ; ce n’est pas le rêveur qui les crée. Cela correspondrait à la deuxième « porte de rêver » selon Don Juan que nous verrons plus loin. Un rêve lucide que j’amorçai par glissement lors d’une retraite bouddhiste est le suivant : « en chutant d’une tour, je suis accueilli par un lutin qui m’amène en bas d’un champ, au bord d’un ruisseau où je vois un chevreuil blessé par un chasseur. Je le soigne avec une feuille de consoude et un bandage. Surgit alors du chevreuil un Être lumineux, blanc, que j’identifie comme « Bouddha Dakini ». Avec cette Dakini, nous volons pardessus les Pyrénées et allons jusqu’au sud du Portugal où vivent ma fille et sa famille dans une nouvelle maison louée. Dans la maison, je perçois un fantôme, une vielle femme accroupie qui est morte ici et ne savait pas que faire. 305


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Je lui propose de la faire monter vers la lumière. Elle voudrait être accueillie par sa vieille tante qui justement apparait dans le ciel. Ensuite, nous effectuons le psychopompe pour cette vielle femme. » L’intérêt principal du yoga du rêve est d’intégrer le fait que tout n’est qu’apparences sur lesquelles nous nous illusionnons. Dans le rêve lucide, nous pouvons facilement le vérifier puisque nous avons la possibilité de faire apparaître et de transformer tout ce que nous voulons. Par la suite, il faut en faire une extension à notre vie à l’état de veille, pour réaliser la vacuité de l’apparence. Dans cette optique, il devient inutile de noter nos rêves, pour ne pas s’y attacher, puisque ce ne sont que des illusions. Mais, bien sûr, si nous en avons obtenu des enseignements, nous pouvons les noter. Puisque c’est notre esprit qui manifeste toutes ces apparences durant les rêves comme dans la vie diurne, soyons confiants qu’avec la foi, nous pouvons faire apparaître tout ce que nous voulons dans notre vie. Par la foi que nous avons en nos projets, nous attirons toutes les énergies positives pour que ces projets se réalisent. Tandis que le doute et la peur repoussent ces mêmes énergies dont nous aurions tant besoin. Très souvent, nous envoyons dans l’espace deux messages contradictoires : « Je voudrais faire ceci » et « De toute façon, je n’y arriverai jamais ! ». Ceci est radical pour saboter le projet. Une foi solide explique les cas de guérisons miraculeuses, constatés à Lourdes par exemple, ainsi que le fait qu’une personne éveillée et convaincue qu’elle peut traverser les murs arrive à les traverser réellement. Scientifiquement, il est prouvé que la matière est constituée d’une immense majorité de vide, dans lequel baignent quelques noyaux atomiques et électrons, et cela que ce soit notre corps ou les murs. Il est donc logique que notre corps puisse traverser 306


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un mur. Le problème vient du fait que nous avons toujours cru que cela est impossible. Notre vue limitée ne nous permet pas de voir les atomes avec leur noyau et leurs électrons séparés d’un immense vide, vu la taille des électrons. Notre cerveau intègre cette vision limitée pour donner l’impression que les objets sont pleins. Alors qu’il serait si facile de se faufiler entre les atomes du mur pour le traverser ! Ainsi, puisque nous pouvons manifester tout ce que nous voulons en rêve lucide, nous devons pouvoir en faire de même dans la réalité ordinaire. Cela demande une très grande concentration et une foi exemplaire. Milarépa, avec ses réalisations exemplaires, pouvait transformer les choses de la réalité ordinaire. Saï Baba en Inde ainsi que certains chamanes en Afrique ont le pouvoir de manifester des objets. Les chamanes africains peuvent faire apparaître la maladie d’un patient sous forme d’un objet dans un œuf ou dans l’estomac d’un animal. Les médecins philippins sont capables d’opérer à mains nues en faisant pénétrer leurs mains dans le corps des patients, sans laisser de traces sur la peau. C’est dans le yoga du rêve que nous pouvons nous entraîner. › Approche de la tradition des sorciers yaquis Il m’est apparu intéressant de relire un livre de Carlos Castaneda sur les passes magiques, ainsi qu’un deuxième sur « l’art de rêver ». Il y relate que les sorciers yaquis du Mexique avaient le don de voir l’énergie dans l’Univers. C’est ainsi qu’ils pouvaient voir les corps énergétiques des humains sous la forme d’œufs lumineux. Dans ces corps énergétiques, ils avaient repéré un point particulier, à l’arrière du corps, qui se déplaçait lorsque les humains rêvaient. Ils l’appelèrent le « point d’assemblage » et comprirent qu’il jouait un rôle important dans l’acte de rêver. Ils développèrent alors ce qu’ils appelèrent l’« attention du rêve ». 307


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Pour eux, pendant la journée, les humains dirigent leur attention vers les éléments du monde ordinaire, et don Juan, l’instructeur de Carlos Castaneda, soutenait que la même attention pouvait s’appliquer aux éléments d’un rêve ordinaire. La plupart de leurs rêves faisaient intervenir une imagerie dérivée de la connaissance qu’ils avaient de leur monde quotidien ; dans ce cas, ils étaient seuls créateurs de leurs rêves. Cependant, certains rêves étaient de véritables états de « conscience accrue », dans lesquels les éléments du rêve n’étaient pas de simples images mais des principes générateurs d’énergie, que les chamanes pouvaient voir. Selon l’emplacement de leur point d’assemblage, ils pouvaient, dès lors, visiter des lieux réels, cocréés par d’autres êtres étrangers à notre monde. Mais leurs visions de tels endroits étaient trop fugitives et éphémères pour avoir une réelle valeur, car leur point d’assemblage ne pouvait rester fixé longtemps là où ils l’avaient placé. Ils durent alors développer « l’art de traquer », pour maintenir leur point d’assemblage dans sa nouvelle position. Pour eux, l’art de rêver consistait à déplacer, par leur intention, leur point d’assemblage par rapport à sa position habituelle, et l’art de traquer consistait à le maintenir par la force de la volonté dans la nouvelle position où il avait été déplacé. Don Juan expliquait la perception normale telle que les sorciers de son lignage la comprenaient : « Le point d’assemblage, dans sa position habituelle, reçoit un flux de champs énergétiques en provenance de l’Univers, en général sous la forme de filaments lumineux qui se comptent par milliards. Comme cette position est toujours la même, le raisonnement des sorciers était que les mêmes champs énergétiques, sous forme de filaments lumineux, convergent vers le point d’assemblage et le traversent avec pour résultat immuable la perception du monde que nous connaissons. La conclusion inévitable de ce raisonnement était que, si le point d’assemblage venait à être déplacé vers une autre position, il serait traversé par un autre ensemble de filaments d’énergie et ce changement se traduirait par la 308


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perception d’un monde qui, par définition, ne serait pas le même que celui de notre vie quotidienne. (…) La position du point d’assemblage n’est pas innée chez le nouveau-né mais résulte d’une accoutumance. En effet, dès l’instant de notre naissance dans ce monde, nous désirons impérativement ajuster notre façon de percevoir afin de nous conformer aux demandes de ce monde qui règle notre vie entière. La perception humaine est mondialement homogène car les points d’assemblage de toute la race humaine sont fixés au même endroit. C’est ce qui explique que, durant notre sommeil ou après notre mort, notre monde ne disparaît pas car il est maintenu en place par l’intention d’un immense nombre d’êtres comme nous. Ainsi, lorsque nous rêvons, notre conscience est dans un autre monde, celui des rêves, mais notre corps physique inconscient reste dans notre lit, dans le monde ordinaire. » Tandis que, lorsque nous nous réveillons le matin, nous ne laissons derrière nous aucun corps ni aucun monde onirique. Tout disparaît, même si nous pouvons, la nuit suivante, recréer le même rêve. Nous pourrions dire que c’est la position de ce point d’assemblage qui nous enchaîne à percevoir le monde ordinaire tel que nous le percevons tous et que le but des sorciers yaquis était de contrôler le positionnement de leur point d’assemblage, afin de se libérer de l’illusion de ce monde et de s’éveiller à autre chose. Pour développer l’attention du rêve, les sorciers yaquis mirent au point un certain nombre de « passes magiques », nommées « tenségrité », des exercices physiques semblables au chi-gong. Dans son livre L’art de rêver, Carlos Castaneda explique qu’il y a sept portes à franchir et il en relate les quatre premières. La première « porte de rêver » : dans les rêves lucides, nous développons ce que don Juan appelle la « seconde attention », qui est telle une progression. Cette seconde attention ne se 309


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produit pas naturellement, aussi faut-il en avoir l’intention. En avoir l’intention comme idée, puis en avoir l’intention qu’elle soit une conscience stable et contrôlée du déplacement du point d’assemblage. Florinda Donner-Grau, autre disciple de don Juan, précise que, pour commencer à rêver, on dort dans un hamac accroché à une poutre ou un arbre, de manière à n’avoir aucun contact avec le sol. Ensuite, on fixe son attention sur un objet choisi dans le monde d’avant le rêve (notre monde ordinaire). L’objet n’ayant aucune importance, ce qui compte est l’acte délibéré de fixer son attention dessus avant le rêve, puis pendant le rêve. Par exemple, nous pouvons prendre pour objet nos mains. Ensuite, lorsque nous sommes dans un rêve lucide, il ne faut pas que le rêve glisse vers autre chose, hors contrôle. Pour le contrôler, c’est-à-dire fixer le nouveau point d’assemblage, nous pouvons régulièrement fixer notre attention sur l’objet choisi (nos mains, par exemple), qui sert de point de départ. Pour atteindre la première « porte de rêver », il faut prendre conscience d’une sensation particulière avant le stade du sommeil profond. C’est comme une agréable lourdeur qui nous empêche d’ouvrir nos yeux (correspondant à la résorption de notre conscience de l’élément terre). Nous avons juste à avoir l’intention de devenir conscients de nous endormir. Comprendre ceci est du ressort du royaume de l’énergie. Il faut donc diriger notre intention vers notre corps d’énergie, qui comprendra et agira. Nous pouvons amorcer l’endormissement en pratiquant la contemplation du dzogchen, la pratique du corps illusoire, la pratique de toummo, ou toute autre pratique propre à nous placer au niveau de nos corps énergétiques. Pour cela, il faut de l’énergie. Si nous sommes trop fatigués à l’endormissement, nous sombrerons dans l’inconscience. Il ne faut pas nous efforcer d’être conscients de nous endormir, mais laisser faire le corps d’énergie. Selon Carlos Castaneda, nous pouvons aussi, avec notre langue, faire une pression sur le palais. 310


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Une fois la première porte atteinte, nous la franchissons en soutenant la vue de tous les éléments de notre rêve. Et, pour déjouer le caractère évanescent de nos rêves, nous devons revenir à l’observation de notre point de départ, ce qui nous donne un à-coup d’énergie. Pour débuter, ne pas observer trop de choses (environ quatre suffisent). Dès que les images bougent et que nous sentons que nous perdons le contrôle, nous revenons au point de départ. En atteignant et en franchissant la première porte, nous accédons au corps d’énergie, qui peut accomplir des actes bien au-delà des possibilités du corps physique. Et le maître mot est « persistance » ! Don Juan insiste sur le fait que, pour redéployer notre énergie, nous devons perdre notre suffisance. Nous consacrons la majeure partie de notre énergie à entretenir notre suffisance : présentation de notre « moi », préoccupation de savoir si nous sommes admirés, aimés ou reconnus. En perdant notre suffisance, nous libérerons notre énergie de la tentative de maintenir l’illusoire idée de notre grandeur et nous disposerons de cette énergie pour entrer dans la seconde attention et voir la véritable grandeur de l’Univers. La deuxième « porte de rêver » : elle est atteinte lorsque le rêveur lucide se réveille d’un rêve dans un autre rêve lucide. Pour cela, il peut rêver qu’il se réveille dans un autre rêve, ou bien il peut aussi se servir des éléments d’un rêve pour déclencher un autre rêve. Par exemple, dans le premier rêve, il peut regarder au travers d’une fenêtre avec l’intention de se projeter dans un autre rêve. Ensuite, cette deuxième porte est franchie lorsque le rêveur apprend à isoler et à suivre ce que don Juan appelle les « éclaireurs de l’énergie étrangère », qui sont des êtres inorganiques qui vivent dans d’autres mondes que l’on franchit par différentes « portes de rêver ». Ces éclaireurs fournissent de très bons conseils 311


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sur l’art de rêver, cependant don Juan insiste sur le fait que nous devons toujours garder notre liberté vis-à-vis d’eux. La troisième « porte de rêver » : elle est atteinte quand le rêveur découvre qu’il est dans un rêve en train de regarder quelqu’un qui dort et que ce quelqu’un est lui-même. Pour franchir cette porte, après s’être vu endormi, il doit se mouvoir par la seule intention. À ce stade, le rêveur commence à fusionner la réalité du monde quotidien avec la réalité du monde onirique. Ceci permet de compléter le corps énergétique. Cependant, don Juan insiste sur la nécessité de s’assurer qu’il s’agit bien de la réalité ordinaire et de notre corps physique dans notre vraie chambre, c’est-à-dire que le rêveur n’est pas dans un rêve ordinaire. Après cette troisième porte, le rêveur a tendance à se perdre dans l’observation des détails. Il ne faut pas plonger dans tous les détails, ce qui est une tendance due au fait qu’entre la deuxième et la troisième porte, le corps d’énergie s’est renforcé ; il est prêt à agir et peut donc être comme hypnotisé par les détails. Il est recommandé de revenir régulièrement à l’observation des mains ou tout autre objet choisi pour point de départ. On pourrait utiliser cette solution dans notre réalité ordinaire lorsque nous focalisons sur de nombreux détails qui nous font oublier que cette réalité n’est que vacuité. Cette pratique peut aussi s’utiliser en méditation. Don Juan explique que, si l’on a des difficultés à franchir cette troisième porte, il faut poursuivre les exercices de récapitulation. La raison pour laquelle la moyenne des gens manquent de volonté dans leurs rêves est que leur vie déborde d’émotions lourdement chargées, telles que souvenirs, peurs, espoirs, etc. « Récapituler et rêver vont main dans la main. » Lorsque le corps d’énergie peut se déplacer de lui-même, les sorciers présument que la position optimale du point d’assemblage a été atteinte. L’étape suivante est de le fixer sur cette position de façon à compléter le corps d’énergie. Ceci 312


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s’appelle « traquer » et on en a seulement l’intention. Lorsque le corps d’énergie est bien complété, on peut commencer à voir l’énergie de tous les éléments nous environnant. Dans les rêves, si l’on peut voir l’énergie d’un élément, c’est qu’il s’agit d’un monde réel qui produit de l’énergie. Si l’on ne peut pas voir l’énergie des éléments, c’est qu’il s’agit d’un rêve ordinaire, non réel. Le rêve ordinaire n’est partagé que par le rêveur, alors que les mondes réels sont partagés par de nombreux êtres. La quatrième « porte de rêver » : ici, le corps d’énergie voyage jusqu’en des endroits concrets particuliers, et il y a trois façons d’utiliser la quatrième porte : – La première consiste à aller dans des lieux précis de ce monde. – La deuxième consiste à aller dans des lieux précis en dehors de ce monde. – La troisième consiste à aller dans des lieux qui n’existent que dans l’intention des autres. Un conseil donné par un ancien sorcier est celui des positions jumelles. On s’allonge sur un côté, le droit par exemple, genoux légèrement fléchis, pour s’endormir. En rêvant, l’exercice est de se rêver allongé dans la même position exactement et alors de s’endormir de nouveau. Le point d’assemblage reste fixe parfaitement à la position où il se trouve à l’instant du deuxième retour au sommeil. Ceci conduit à la perception globale. Nous pouvons ainsi voir un certain parallèle entre les pratiques du yoga du rêve dans la tradition bouddhiste et les pratiques chamaniques des sorciers yaquis. • Résumé Le yoga du rêve se situe dans le bardo du rêve, après l’endormissement et avant le réveil. Généralement, nous ne sommes pas conscients de rêver. C’est au moment du réveil 313


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que nous découvrons que nous avons été illusionnés. Le but du yoga du rêve est de rester lucides durant les rêves, afin d’expérimenter « l’apparence-vacuité » des rêves et d’arriver à expérimenter ensuite « l’apparence-vacuité » du bardo naturel de la vie, puis « l’apparence-vacuité » de tous les bardos du samsâra, afin de nous éveiller à notre véritable nature de bouddha. Pour cela, Padmasambhava nous conseille d’associer l’entraînement du corps illusoire à l’entraînement du yoga du rêve. L’entraînement au corps illusoire consiste à considérer, durant la journée, que tout est illusions, « apparences-vacuité ». Il y a le corps illusoire impur et le corps illusoire pur. Pour l’entraînement au yoga du rêve, Padmasambhava propose quatre méthodes au choix, à expérimenter. Une cinquième méthode permet de glisser dans le rêve, sans attendre d’être complètement endormi. Il s’agit d’un état dans lequel on ne peut pas dire si l’on dort ou pas. Durant le rêve lucide, le but est de transformer les apparences du rêve pour bien nous convaincre que nous contrôlons ces apparences avec notre esprit et, donc, que ces apparences n’ont pas d’existence propre. Ce sont des « apparences-vacuité ». Nous pouvons aussi visiter les bouddhas dans leurs Terres pures pour en recevoir des enseignements. Le chamanisme propose la même philosophie que le bouddhisme. L’équivalent de l’entraînement au corps illusoire correspond à la pratique de ho’oponopono, telle qu’elle est présentée par Morrnah Simeona75. L’équivalent du yoga du rêve correspond aux méthodes transmises par les sorciers yaquis, et que nous pouvons lire dans le livre de Carlos Castaneda L’art de rêver, (ed. Pocket). Voir la pratique de ho’oponopono au chapitre 9, « Différentes pratiques ». 75

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8 – CLAIRE LUMIÈRE

Lors de l’endormissement, les six consciences (consciences des cinq sens et la conscience du mental) se dissolvent dans la conscience base-de-tout, au centre du chakra du cœur, dans le canal sushuma. Au moment précis de la dissolution de l’état de veille, apparaît, tel un éclair, notre véritable nature de l’esprit, notre Claire Lumière. Elle brille clairement, pleine de qualités vives et colorées. C’est à ce moment que nous devrions essayer de la percevoir. Nous pouvons formuler, avant de nous endormir, l’intention de percevoir et de méditer sur notre Claire Lumière. Si nous y arrivons, nous pourrons ensuite maîtriser nos rêves. S’entraîner à reconnaître notre Claire Lumière nous sera fort utile au moment de notre mort, lorsqu’elle apparaîtra après la dissolution de la conscience dans l’espace, comme nous l’avons vu au chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». À ce moment-là, si nous la reconnaissons comme la nature de notre esprit pur et si nous fusionnons avec elle, nous pourrons expérimenter notre dharmakaya, notre état de bouddha. Il est dit, en bouddhisme, que celui qui, au cours de son existence, aura pu s’établir au moins sept fois dans la Claire Lumière est certain d’obtenir la libération lors de la première phase du bardo de la mort. Cette Claire Lumière expérimentée 315


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en méditation est dénommée « Claire Lumière fille » ou « Claire Lumière du chemin », alors que, dans le bardo de la mort et à l’endormissement, elle est dénommée « Claire Lumière mère ». Avant de nous endormir, fermons les « dossiers » de la journée et formulons la ferme intention de percevoir notre Claire Lumière, ainsi que l’intention de devenir lucides dans les rêves, comme nous l’avons vu au chapitre précédent. Ensuite, nous nous allongeons sur le côté droit, dans la position du « lion qui dort ». Nous pouvons visualiser un tiglé blanc au niveau de la gorge, puis nous mettre en contemplation, comme nous l’avons vu au chapitre des méditations, et enfin rester dans le ressenti de l’apparition du sommeil, car c’est ici qu’apparaît la Claire Lumière. Une méthode indiquée par Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché, dans son livre Le cycle du jour et de la nuit, consiste aussi à pratiquer la contemplation avant l’endormissement, puis à l’intégrer au sommeil. Mais, ensuite, visualiser un « A » blanc ou une petite sphère de lumière des cinq couleurs entre les sourcils, puis se détendre et glisser dans le sommeil. Ainsi, quand les six agrégats sont détendus et alertes, la Claire Lumière peut surgir. Par la suite, quand nous entrerons dans les rêves, nous les reconnaîtrons pour ce qu’ils sont. Nous pouvons aussi « glisser » dans un rêve lucide, puis avoir l’intention de contacter notre Claire Lumière. C’est ainsi qu’un jour, lors d’une pratique du yoga du rêve par glissement, je décide de visiter Dewatchen, la Terre pure d’Amitabha, et d’y pratiquer le guru yoga avec Padmasambhava. Ensuite, je formule le vœu de contacter ma Claire Lumière et pars immédiatement en elle. C’est très lumineux, très léger, et je sens que ses très hautes énergies me rechargent et me purifient. Par moments, je sens que je pars en sommeil profond et inconscient, aussi 316


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j’applique la pratique qui consiste à envoyer une lumière blanche vers le bindu blanc au centre de mon crâne, et je retrouve toute ma lucidité. Quand je sens que je m’approche trop de la frontière du réveil qui me ferait sortir du rêve, j’envoie une lumière bleu nuit vers le bindu bleu dans mon cœur, et le rêve reprend en toute lucidité. Notre conscience peut ainsi voyager sur deux niveaux, celui du rêveur et celui de l’observateur qui surveille et fait les réglages nécessaires au bon déroulement du rêve. C’est ce que don Juan appellerait « l’art de rêver » et « l’art de traquer ». La nuit qui suivit cette expérience, je dormis très peu ; mon corps, rechargé par l’expérience de Claire Lumière, n’avait pas besoin de dormir plus de deux ou trois heures. À une heure du matin, j’étais dans mon salon à lire et à écrire. Nous pouvons aussi contacter notre maître spirituel, par exemple lors d’un voyage chamanique, et lui demander de nous conduire à notre Claire Lumière. Les moyens d’y parvenir étant multiples et propres à chacun, nous pouvons faire une divination, en chamanisme, pour savoir quelle serait la meilleure solution pour nous. Pour certaines personnes, ce sera peut-être un animal de pouvoir qui les conduira à leur Claire Lumière. Par exemple, le papillon est l’animal de pouvoir qui guérit l’esprit et transforme les illusions en sagesse. Il manifeste la métamorphose, le passage de chenille à chrysalide puis papillon. Il est le symbole de la transformation, puis de la résurrection. Son attirance vers la lumière symbolise la purification par le feu. À ce titre, il paraît tout indiqué pour nous conduire vers notre Claire Lumière, qui est très purifiante. Quant au moment de la mort, voici ce que dit Bokar Rimpoché : « Au moment de la mort, après l’apparition-extension-obtention, apparaît la "Claire Lumière fondamentale". Si l’on reconnaît cette dernière, on dit alors que la Claire Lumière fille et la Claire Lumière 317


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mère se rencontrent. C’est ce que l’on appelle "devenir bouddha" dans le premier bardo de la mort. » Il est donc très bénéfique de contacter cette Claire Lumière dans notre vie, que ce soit à l’endormissement, en yoga du rêve, en voyage chamanique ou lors d’un « démembrementremembrement ». Une fois démembrés, nous pouvons expérimenter notre Claire Lumière et en retirer beaucoup d’énergie ; c’est ce que nous faisons en chamanisme avant certaines pratiques qui nécessitent un haut niveau énergétique. Une dernière solution consiste, au moment de l’endormissement, à nous concentrer successivement sur notre élément terre, puis sur notre élément eau, puis le feu, l’air, et enfin l’éther. À chaque changement, songeons que l’élément précédent se résorbe dans le canal central sushuma, ce qui devrait se traduire par une détente accrue du corps physique. Nous pouvons aussi visualiser les signes de résorption, tels que nous les avons vus au chapitre 5, « Mécanisme de dissolution et de recomposition des cinq éléments dans le bardo de la mort ». Ceci est propice à provoquer les quatre premières résorptions des éléments dans sushuma. Pour la cinquième, il suffit de rester dans le ressenti, sans se crisper sur une attente et en ayant confiance que cela apparaîtra. Et, encore une fois, la clef de la réussite réside dans la persistance.

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9 – DIFFÉRENTES PRATIQUES

J’ai recensé, dans ce chapitre, les différentes pratiques que j’utilise couramment, dont certaines que je préconise en complément de soins chamaniques, et qui ont l’avantage de responsabiliser les personnes afin qu’elles prennent en charge leur propre guérison. Je mentionne aussi, pour les praticiens chamaniques, deux pratiques que j’ai légèrement aménagées. Ces pratiques sont très utiles pour avancer dans notre travail de purification intérieure, travail nécessaire pour obtenir quelques réalisations qui vont nous permettre progressivement de réaliser la vacuité des apparences extérieures et de percevoir notre Claire Lumière. Avant toute chose, il est très important de développer la confiance renouvelée en ce que nous faisons. Comme le dit Lama Thoubten Yéshé, lorsque nous nous posons sur le coussin de méditation, c’est pour atteindre l’éveil tout de suite ! Pas dans dix ans ou vingt ans ou à notre mort. Ainsi, quand nous donnons du reiki à notre nourriture, elle devient réellement du nectar de bouddha. C’est ainsi qu’il faut voir les choses, car tous les phénomènes proviennent de notre esprit pur ; manifestons donc du nectar et la beauté en tout, et non pas deux choses 319


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qui s’annulent comme « Je pratique pour m’éveiller » et « Seuls de grands maîtres arrivent à s’éveiller en une seule vie, aussi ai-je peu de chances d’y arriver dans cette vie ». C’est comme vouloir marcher sur des braises ardentes mais ne pas s’en croire capable. Quand on y croit vraiment, cela devient possible. Dans « Voyager entre les mondes » de Anne Givaudan, page 133, on peut lire : « Sachez que vous ne pouvez lutter contre quoi que ce soit sans lui donner de l’énergie…Quoi qu’il en soit, tant qu’en vous, dans votre monde intérieur il y aura des guerres, de la violence, des peurs, elles existeront sur Terre, car c’est vous qui créez la Terre et non l’inverse. ». Plutôt que de lutter contre quoi que ce soit, il vaut mieux envoyer de l’énergie à ses rêves. › Ho’oponopono Issue d’une tradition chamanique, ho’oponopono est à la fois une philosophie de vie et une méthode de développement personnel très simple à mettre en œuvre et très efficace. Cette pratique travaille sur les causes de nos illusions, les apparences que notre esprit crée à partir de nos voiles et, donc, de nos schémas erronés. Elle est un bon substitut au yoga du corps illusoire, que nous avons vu au chapitre 7, « Yoga du rêve ». Elle illustre si bien les trois chapitres précédents qu’elle méritait de figurer en tête de ce chapitre-ci. Ho’oponopono a été mis au point par Morrnah Simeona, une chamane hawaïenne, qui s’est inspirée d’un rituel utilisé jadis dans les tribus pour résoudre les problèmes communautaires. Le responsable de la communauté rassemblait toutes les personnes, qui partageaient tous leurs problèmes et conflits avec les uns et les autres. Ensuite, chacun demandait pardon aux autres pour les pensées erronées qu’il avait entretenues. À partir de ce rituel, Morrnah Simeona a développé une méthode qui se pratique seul. Il s’agit d’un processus de repentir 320


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et de réconciliation avec soi-même. Joe Vitale a contribué à faire connaître cette méthode à partir d’un article qu’il publia sur Internet. Vous pouvez découvrir tout cela dans le livre Ho’oponopono du docteur Luc Bodin et de Maria-Elisa HurtadoGraciet, chez Jouvence. La méthode est basée sur quatre principes essentiels : 1- La réalité physique est créée par nos pensées et n’a aucune existence intrinsèque. 2- Des pensées erronées créent une réalité physique erronée. 3- Des pensées justes créent une réalité physique pleine d’amour. 4- Étant le créateur de notre univers physique, si nous corrigeons nos pensées, nous pouvons changer la réalité. Ceci est parfaitement en accord avec la philosophie bouddhiste et se vérifie sur le terrain, notamment au sein des rêves lucides où, comme nous l’avons vu au chapitre 7, « Yoga du rêve », nous avons le pouvoir de transformer nos rêves selon nos pensées. Comme nous l’avons vu, à ce moment-là de la pratique du yoga du rêve, nous devons ensuite faire la transition avec la réalité physique, dont nous sommes les créateurs, pour y pratiquer la transformation à partir de pensées positives. L’idée développée par Morrnah Simeona est donc de purifier toutes nos mémoires et tous nos schémas erronés enregistrés dès l’enfance par nos parents et maîtres, puis par la société entière. Pour cela, elle indique un mantra de purification composé de quatre phrases qui s’adressent à notre Être authentique, notre esprit pur : « Désolé. Pardon. Merci. Je t’aime. » Ceci est à réciter en songeant que nous sommes seuls 321


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responsables de nos pensées erronées et que nous en confions le nettoyage à notre Être divin intérieur. Avec « Désolé » et « Pardon », nous nous excusons pour les événements disharmonieux provoqués par nos mémoires erronées. Le pardon est libératoire. Les mots « Merci » et « Je t’aime » expriment le remerciement à la vie de nous montrer ces mémoires erronées que nous allons pouvoir transmuter en pensées justes d’amour. « Je t’aime » s’adresse à notre partie divine mais aussi à Dieu, Bouddha, le « Grand Tout » dont nous faisons partie. Pour pratiquer au quotidien, vous pouvez suivre la procédure suivante : 1- Vous pensez à votre problème, quel qu’il soit. 2- Vous prenez contact avec votre divinité intérieure et lui demandez de transmuter en lumière les mémoires erronées. Vous pouvez visualiser votre divinité comme un soleil dans votre chakra du cœur. Le soleil irradie dans tout votre corps physique et dans vos corps énergétiques. 3- Vous pensez : « Désolé, pardon, merci, je t’aime ». Vous pouvez le réciter autant de fois que vous le sentez (sept fois, vingt et une fois, ou plus), selon l’intensité du problème. Vous pouvez aussi utiliser ho’oponopono de manière plus générale pour nettoyer les mémoires enregistrées dans tout votre corps. Par exemple, vous vous allongez et vous vous relaxez, puis, en scannant toutes les parties du corps, vous demandez à votre Être divin intérieur de transmuter en lumière toutes les mémoires erronées enregistrées dans ces parties du corps. Et, pour chaque partie du corps, vous récitez « Merci, je t’aime » sept fois. Ho’oponopono peut très bien s’utiliser en association avec une technique énergétique appelée procédé Z point, développé par 322


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Grant Connolly au Canada. Ce procédé permet de programmer notre subconscient pour qu’il enclenche un processus de nettoyage de nos mémoires, chaque fois que nous rencontrons un problème, en récitant un mot clef de notre choix et qui pourrait être « Merci, je t’aime », par exemple, ou « OM HA HUM ». Pour cela, il faut d’abord installer le programme en récitant, une fois seulement, le texte suivant (cette programmation reste valable toute notre vie) : « Par ces mots, j’établis la ferme intention d’obtenir de toi, mon subconscient, le meilleur des nettoyages. Chaque fois que je rencontrerai un problème dans ma vie, au simple fait de dire ou de penser "OM HA HUM" (ou autre mot clef de votre choix) comme un mantra, tu libéreras aussitôt toutes les mémoires en rapport avec le problème qui attire mon attention. Cela se réalisera de façon douce, facile et sécuritaire. Chaque fois que j’utiliserai ce procédé de nettoyage, je libérerai ainsi toutes les pensées, les croyances, les émotions, les idées préconçues et tous les jugements que j’aurai expérimentés un jour et qui sont en rapport avec ce qui est écrit dans le cercle ou ce sur quoi je porte mon attention, pendant que je répéterai "OM HA HUM" (ou autre mot clef de votre choix), tout en comptant de dix, qui correspondra au moment présent, jusqu’à zéro, qui sera le moment où la situation a commencé. Pendant ce temps, tu effectueras le nettoyage dans des couches de plus en plus profondes de mon Être. Merci. » Ensuite, chaque fois que vous expérimentez un problème, vous notez le problème dans un cercle, ou vous vous contentez d’y penser tout en pratiquant le procédé Z point. Vous comptez de dix à zéro et, pour chaque chiffre, vous récitez sept fois votre mot clef (« OM HA HUM », par exemple). Un autre point important est la culpabilité que nous entretenons avec les autres. En nous sentant coupables par rapport à quelqu’un, nous lui enlevons une partie de son propre pouvoir créateur. Il est donc important d’abandonner la culpabilité, qui est une mémoire erronée qu’il faudra également nettoyer. 323


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Une fois libérés de ces pensées erronées, des événements auxquels nous ne nous attendions pas se produisent dans notre vie. Je retranscris ici un texte de Marianne Williamson, issu de son livre Un retour à l’amour – Manuel de psychothérapie spirituelle, qui exprime à merveille le travail de ho’oponopono : « Notre peur la plus profonde n’est pas que nous ne soyons pas à la hauteur, notre peur la plus profonde est que nous sommes puissants, au-delà de toutes limites. C’est notre propre lumière et non notre obscurité qui nous effraye le plus. Nous nous posons la question : "Qui suis-je, moi, pour être brillant, radieux, talentueux et merveilleux ?". En fait, qui êtes-vous pour ne pas l’être ? Vous êtes un enfant de Dieu. Vous restreindre, vivre petit ne rend pas service au monde. L’illumination n’est pas de vous rétrécir pour éviter d’insécuriser les autres. Nous sommes nés pour rendre manifeste la gloire de Dieu qui est en nous. Elle ne se trouve pas seulement chez quelques élus, elle est en chacun de nous, et au fur et à mesure que nous laissons briller notre propre lumière, nous donnons inconsciemment aux autres la permission de faire de même. En nous libérant de notre propre peur, notre puissance libère automatiquement les autres. » › Récapitulation Cette méthode est issue de la tradition toltèque et a été relatée par Taisha Abelar dans son livre Le passage des sorciers. Taisha Abelar a été une élève de don Juan et don Genaro, tout comme Carlos Castaneda. Cette pratique n’est pas spécifiquement chamanique, au sens qu’il n’est pas nécessaire de faire un voyage chamanique ni de contacter les esprits. À mon sens, elle n’en demeure pas moins très importante, car elle enrichit nos pratiques chamaniques, et je la recommande à un grand nombre des personnes qui me consultent pour des soins. Je 324


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qualifierais cette pratique de « psycho-énergétique ». Ceci consiste à lister, depuis aujourd’hui en remontant jusqu’à notre naissance, tous les événements de notre vie dont nous nous souvenons et qui nous ont tous plus ou moins marqués. Lors de ces événements, nous avons perdu de l’énergie et récupéré d’autres énergies qui ne nous appartiennent pas (pour ne pas dire « négatives » car, en chamanisme, il n’y a pas d’énergies négatives, seulement des énergies lourdes ou qui ne sont pas à leur place). Ensuite, dans le cas des chamanes, le candidat à la purification part en retraite dans sa « grotte » avec pour objectif de récupérer toutes ses énergies perdues et de rejeter toutes celles qui ne lui appartiennent pas. Il commence par le premier événement le plus récent en le visualisant, inspire en tournant la tête à gauche, imaginant récupérer son énergie perdue dans cet événement, puis expire en tournant la tête à droite, imaginant expulser l’énergie récupérée à ce moment-là et qui ne lui appartient pas, pour qu’elle soit transmutée par la Terre. Il répète cet exercice jusqu’à ce qu’il sente qu’il a récupéré toutes ses énergies et libéré toutes celles qui ne lui appartenaient pas. Un grand bien-être doit apparaître. Il peut alors passer à l’événement suivant. Cet exercice est très libérateur et purifiant. Après des mois de travail de purification, il ressort de sa retraite transformé, plein d’énergie et libéré de ses traumatismes. Il peut alors continuer son apprentissage chamanique, si telle est sa mission. On peut aussi pratiquer la récapitulation pour un seul événement qui vient de se produire ou au moment où son souvenir apparaît. Parfois, il sera nécessaire de répéter le travail sur le même événement à plusieurs reprises ; cela dépend de la gravité de l’événement ou de son aspect répétitif. La même scène, qui se sera reproduite maintes fois dans notre vie, aura un effet cumulatif plus long à soigner. Je conseille généralement 325


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de pratiquer durant vingt et un jours, renouvelables selon les résultats. Toutes les personnes à qui j’ai proposé cet exercice en ont retiré des bénéfices certains. Une autre manière de pratiquer est de lister toutes les personnes rencontrées dans notre vie, en partant du présent, et, pour chacune, revivre chaque moment de nos interactions avec elle et récapituler. Voici ce qu’en dit don Juan : « Le raisonnement des sorciers d’antan fondant la récapitulation était leur conviction qu’il existe dans l’Univers une inconcevable force de dissolution qui fait vivre les organismes en leur prêtant la conscience. Cette force fait aussi mourir les organismes, de manière à en extraire cette conscience prêtée et enrichie des expériences de leurs vies. Les sorciers d’antan croyaient que, puisque cette force convoite l’expérience de notre vie, il était d’une extrême importance qu’elle puisse se satisfaire d’un fac-similé de l’expérience de notre vie : la récapitulation. Gratifiée par ce qu’elle recherche, la force de dissolution laisse les sorciers aller, libres d’élargir leur faculté de percevoir et, en l’utilisant, d’atteindre les confins du temps et de l’espace. » › Cercles d’or Le but de cet exercice individuel est de soigner des liens entre nous et une autre personne ou entre nous et une situation, que ce soient des liens d’aversion ou d’attachement. Vous visualisez la personne, vivante ou morte, ou la situation à l’intérieur d’un cercle d’or ; l’or protège. Vous vous visualisez dans un autre cercle d’or, de telle sorte que les deux cercles se tangentent et forment ainsi un huit, ou le symbole de l’infini. Ensuite, vous visualisez un fluide bleu, ou une lumière bleue, qui parcourt le huit au-dessus des deux cercles. La couleur bleue est la couleur du soin et va soigner la relation. Vous pouvez éventuellement visualiser, à la jonction des deux cercles, que des liens se 326


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manifestent sous forme de racines ou de branches diverses. Visualisez que la lumière bleue les dissout et, si cela ne suffit pas, vous pouvez faire intervenir une paire de ciseaux ou un sécateur pour sectionner ces liens. Tout en faisant cette visualisation, demandez mentalement pardon à la personne pour la souffrance que vous lui avez causée et pardonnez-lui la souffrance qu’elle vous a causée. Vous pouvez, à ce moment-là, faire intervenir la pratique ho’oponopono, tout en maintenant la visualisation des cercles d’or et de la lumière bleue, et réciter le mantra « Je suis désolé, pardon, merci, je t’aime ». Vous pouvez aussi visualiser, dans votre chakra du cœur, un soleil irradiant dont les rayons éclairent votre relation d’un amour inconditionnel. Quand vous avez terminé, envoyez de la lumière pour « cautériser » les liens coupés. Vous pouvez faire ce travail sur une relation avec la même personne, tous les jours, pendant vingt et un jours, par exemple. Ressentez comment le travail évolue de jour en jour. Quand vous visualisez la personne, après plusieurs jours de travail, ressentez-vous la même chose ou vous sentez-vous mieux ? À faire jusqu’à ce que vous vous sentiez parfaitement bien avec cette personne. D’ailleurs, cette personne peut être vivante ou morte. Nous pouvons aussi utiliser cette pratique pour nous-mêmes. Nous nous visualisons dans un premier cercle, puis nousmêmes dans le deuxième cercle. Nous sommes donc face à nous-mêmes et voyons notre corps physique. La lumière bleue, parcourant les deux cercles, coupe les attachements que nous avons avec notre corps et nos biens. Ce faisant, nous pouvons ensuite méditer sur la vacuité. Autres domaines avec lesquels nous pouvons pratiquer les cercles d’or : – l’inconscient collectif de notre famille ; – l’inconscient collectif de notre pays ; – l’inconscient collectif de notre groupe ; 327


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– les égrégores de la maladie, de la peur, de la colère, de l’impuissance, etc. › Manger utcha Cette pratique, apprise par Claude et Noëlle Poncelet auprès des chamanes q’eros dans les Andes péruviennes, permet de purifier nos champs énergétiques ainsi que les champs énergétiques de nos relations avec des individus, des groupes ou des organisations. Ceci peut être utilisé dans notre vie courante, en famille ou au travail. Cela peut changer notre attitude ou notre approche dans une situation problématique, voire parfois dramatique. Nous visualisons un estomac subtil au niveau de notre nombril (cusco en quechua). En inspirant, cusco aspire l’énergie lourde qui est en nous, la dirige vers l’estomac subtil qui la digère et, en expirant, nous dirigeons les déchets vers la Terre (Pachamama), via nos jambes. Plusieurs inspirations et expirations peuvent être nécessaires. Puis, nous inspirons et cusco aspire l’énergie lourde qui est autour de nous, l’estomac subtil la digère et, toujours en expirant, nous dirigeons les déchets vers Pachamama. Ensuite, nous pouvons inspirer et visualiser que cusco aspire l’énergie lourde de notre relation avec une personne ou avec un groupe. L’estomac subtil digère et, en expirant, nous visualisons que les déchets vont à la Terre. Quand nous avons bien tout purifié, nous visualisons une lumière qui descend par notre chakra coronal et une autre qui monte de la Terre par notre chakra secret, pour remplir nos champs énergétiques. Nous diluons l’estomac subtil dans la lumière et remercions Pachamama. › Métamorphose La métamorphose est une pratique chamanique redécouverte et développée par Claude Poncelet, auteur du livre Le chamane 328


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intérieur. Elle permet de prendre conscience de notre nature spirituelle et de notre appartenance au « Grand Tout ». Elle est équivalente au yoga des déités utilisé en bouddhisme. Nous pouvons nous métamorphoser en un ou plusieurs de nos animaux de pouvoir. Or, l’animal de pouvoir est une manifestation de notre esprit pur, une apparence de nos dakinis des cinq règnes. Ce faisant, nous nous rapprochons de notre esprit pur et de ses différentes caractéristiques pour les développer au quotidien. Nous pouvons aussi nous métamorphoser en notre corps subtil, que nous visualisons vide et lumineux, avec le canal central sushuma, les chakras et notre esprit pur rayonnant comme un soleil, au chakra du cœur. Nous intégrons ainsi complètement notre nature spirituelle pure. En nous métamorphosant ainsi, nous nous approprions les qualités de notre esprit pur. Ainsi, la pratique de métamorphose est une voie d’éveil par reconnaissance de notre vraie nature et de l’apparence-vacuité de toutes choses. Elle nous permet de nous détacher de notre ego. En alignant notre troisième chakra avec celui de notre animal de pouvoir et celui de l’Univers, nous donnons à la pratique une autre dimension ! Nous prenons l’Univers à témoin de notre désir de nous éveiller, nous nous relions au « Grand Tout » et comprenons la vacuité des apparences : notre corps, celui d’un animal de pouvoir, notre corps subtil et tout ce qui nous entoure, tout est vacuité. Nous avons la sensation de devenir l’Univers, l’espace. La métamorphose agissant sur nos corps énergétiques et ceux-ci étant le fondement du corps physique, ce dernier peut donc se transformer après un très long entraînement ; de la même manière que notre esprit, lorsqu’il était dans la matrice maternelle, a agi sur la matière à partir d’un modèle donné par les gènes des parents. Nous retrouvons un phénomène équivalent en bouddhisme avec des personnes en méditation qui ont atteint une telle concentration qu’elles obtiennent des 329


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pouvoirs extraordinaires, comme celui de devenir l’élément sur lequel elles méditent. « S’ils méditent sur l’élément "feu", leur corps sera perçu comme un brasier ; s’ils méditent sur l’élément "eau", leur corps sera perçu comme une étendue d’eau. Il en est de même avec l’air et la terre76. » Lorsque nous sommes métamorphosés en un animal de pouvoir, nous pouvons lui demander d’éveiller en nous une qualité intérieure que nous sommes prêts à travailler. Nous pouvons aussi nous concentrer sur les qualités de cet animal pour les intégrer. Il s’agit, par exemple, de la vision de l’aigle, de la responsabilité et la patience du puma, du partage du bison. Ceci nous ramène à nous-mêmes, nous apprend à découvrir notre Être authentique, notre esprit pur. À partir de ceci, nous pouvons lâcher prise avec tous les faux-semblants que nous avons greffés à notre personnalité et à notre fausse identité. La métamorphose favorise l’expérience de l’Unité, la sortie de l’illusion de séparation. Cette pratique, hautement bénéfique, est très appréciable dans tous les voyages chamaniques, notamment les voyages pour des soins pour autrui, car nous en retirons un pouvoir accru et sommes moins perturbés par notre mental. Elle est aussi recommandée en tant que méditation. Afin d’intégrer pleinement en nous notre partie masculine et notre partie féminine, nous pouvons choisir, avec l’aide de notre maître de métamorphose, de nous métamorphoser en une déité qui incarne la féminité (Tara, Vajra-Yogini, Marie, etc.), puis en une déité qui incarne la masculinité (Khrishna, Padmasambhava, Hérouka, Jésus-Christ, etc.). Ceci pour nous permettre de ressentir en nous ces deux énergies à égalité et en fusion parfaite, tout comme nous pouvons les ressentir, entre autres, dans un voyage chamanique en amont du « Big Bang », c’est-à-dire dans l’Unité originelle. 76

Bouddhisme profond, Kalou Rimpotché, éditions Claire Lumière. 330


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En fin de pratique, nous pouvons abandonner toutes visualisations et, sans revenir au ressenti de notre corps physique, rester en méditation sans objet, en vipashyana. C’est la résorption de notre conscience, comme après le yoga des déités et avant que notre conscience réinvestisse notre corps physique. Moment privilégié pour percevoir la véritable nature de notre esprit. Un bon moyen pour se sentir dans le « Grand Tout », dans le « Un », est de se métamorphoser dans l’Univers. J’ai pris l’habitude de faire cela notamment lorsque je me soigne, ainsi que lorsque je récite des mantras pour tous les êtres sensibles. De la sorte, c’est tout l’Univers qui en profite, et cela me permet de me détacher momentanément de mon identification à mon corps physique ; cela donne une autre dimension au soin. Voici un exemple de ce que nous pouvons aussi faire en métamorphose : suite à un recouvrement de partie d’âme, en guise de rituel, j’avais décidé, malgré mon manque d’adresse dans ce domaine, de peindre le château de Montségur, haut lieu du catharisme où périrent par le feu des centaines de bons-hommes et bonnes-femmes. Ne sachant comment terminer l’intérieur du château qui est une cour ouverte faite de roches et d’herbes, je décide de faire un voyage chamanique dans le monde du milieu, de rencontrer l’esprit du château et, avec son autorisation, de me métamorphoser d’abord en lui, puis dans ma toile. Ainsi, doublement métamorphosé, je m’allonge à l’intérieur de la cour du château et laisse venir les sensations. Ensuite, je rentre de voyage et me mets tout de suite face à ma toile et peins tout en restant métamorphosé. J’ai été très surpris du résultat qui correspond tout à fait à ce que j’aurais voulu exprimer, et plus encore ! Pour pratiquer la métamorphose correctement et pour en retirer toute sa substance et son efficience, je conseille de suivre un enseignement spécifique auprès d’un maître qualifié. 331


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› Démembrement-remembrement Le démembrement est une pratique que l’on enseigne lors du stage chamanique « Mort et renaissance ». Cela consiste à contacter nos animaux de pouvoir en voyage chamanique avec l’intention de nous faire démembrer par les esprits. Nos animaux de pouvoir n’y participent pas directement, mais restent prêts à intervenir pour nous remembrer lorsque le moment sera venu. Nous partons donc seuls avec l’intention d’être démembrés. Les esprits se chargent de détruire l’apparence de notre corps physique de la manière la plus adaptée à nous-mêmes. Après cela, nous n’avons plus du tout notre apparence corporelle et flottons dans l’espace, libres de toute apparence. Nous pouvons jouir d’une légèreté, d’un bien-être peut-être jamais atteint auparavant ou semblable à ce que l’on ressent lors d’une méditation vipashyana. Nous pouvons associer à cette étape les visualisations dont nous avons parlé au chapitre 5 sur les dissolutions des cinq éléments dans le bardo de la mort. Nous avons ainsi la possibilité de contacter notre Claire Lumière, ce qui nous permet de passer à un autre niveau de conscience et de contacter notre conscience pure, alaya-jnana. Dans cet état, nous ressentons une très grande énergie qui nous purifie. Cependant, parfois, le démembrement va si vite que nous ne voyons pas passer toutes ces dissolutions. Ensuite, nous appelons nos animaux de pouvoir afin qu’ils nous remembrent de la meilleure manière qui soit. Nous pouvons avoir, à ce moment, l’intention d’être remembrés sans nos défauts physiques et y croire ! Nous pouvons aussi leur demander de matérialiser notre esprit pur par un soleil au chakra du cœur. Cela aura pour effet d’avoir un corps subtil pur et parfait qui va travailler à gommer les imperfections de notre corps physique, car les stigmates et imperfections du corps physique ont leurs 332


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origines dans le corps subtil. C’est pour cela que certains enfants naissent avec des cicatrices qui trouvent leurs origines dans des vies antérieures. Bien sûr, pour arriver à soigner des problèmes physiques, il faudra reproduire cette expérience de démembrement fréquemment, et cela d’autant plus que les problèmes seront importants. Je précise que la pratique de « démembrement-remembrement » est une initiation chamanique importante, donnée par les esprits. À ce titre, elle doit être planifiée de façon stratégique pour des étudiants prêts à franchir cette étape, comme le fait remarquer Michael Harner dans son livre Caverne et cosmos. › Voyage chamanique avec une plante Ce voyage chamanique permet, d’une part, de changer d’apparence et de nous visualiser sous la forme d’une plante ou d’un arbre et, d’autre part, de vivre l’impermanence et l’évolution. Pour cela, nous voyageons sur le son du tambour avec l’intention de fusionner avec une plante ou un arbre. Nous rencontrons l’esprit de la plante ou de l’arbre et lui demandons la permission de fusionner avec lui. Lors de la fusion, il est important de se sentir plante ou arbre pleinement, du sommet des feuilles ou des fleurs aux racines. À ce moment, nous ne sommes plus notre « moi » habituel, nous sommes plante ou arbre. Nous vivons pleinement toutes les sensations que ressent le végétal : le chaud, le froid, le vent, la pluie, le soleil, le jour, la nuit. Puis, nous faisons « tourner » les saisons. Après avoir expérimenté l’été, par exemple, nous passons à l’automne avec la chute des feuilles et la descente de la sève. Nous passons ensuite à l’hiver avec le froid, la neige, les tempêtes de vent et la grêle. Puis, arrive le printemps, le redoux, la montée de la sève et les bourgeons qui gonflent avec l’apparition des 333


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premières feuilles et des fleurs. Nous expérimentons ainsi les quatre saisons, une année entière en tant que plante ou arbre. Nous voyons comment passe le temps relatif, au rythme du végétal, au rythme des saisons. › Régression karmique Même si la tradition bouddhiste enseigne que, généralement, il ne sert à rien de revisiter le passé, qui n’existe plus et qui a été une simple illusion qui s’est terminée, il n’empêche que, parfois, pour certains traumatismes du passé ayant encore des répercussions dans notre vie quotidienne – ce qui entraîne des souffrances –, il peut être nécessaire de pratiquer une régression karmique. On ne traite pas le passé qui n’existe plus mais les mémoires qui font mal. Puisque, d’une part, nous avons le pouvoir de modifier les apparences dans nos rêves et que, d’autre part, le temps n’existe pas réellement, nous pouvons revivre les scènes du passé comme nous pouvons « ré-entrer » dans un rêve pour le poursuivre et le transformer. Dans le cas d’une régression karmique, après avoir identifié l’histoire, nous transformons l’histoire traumatisante par une histoire plaisante, agréable. Nous lui donnons une fin heureuse, ce qui aura pour effet de soigner le traumatisme. Auparavant, nous aurons demandé pardon à tous ceux que nous aurons blessés ou offensés et nous aurons pardonné à tous ceux qui nous auront blessés ou offensés. Il existe diverses manières de procéder à une régression karmique. Cela peut se réaliser seul ou accompagné d’un thérapeute. Le reiki au deuxième degré ainsi que le chamanisme se prêtent très bien à cette pratique. Une autre méthode, que j’ai expérimentée personnellement avec succès, est la méthode de Patrick Drouot, qui fait appel à des musiques ascensionnelles et à la guidance d’un thérapeute formé par lui. 334


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› Chant Le chant peut aussi servir de purification. Par exemple, un chant d’origine quechua, qu’enseigne Borys Cholewka, fait intervenir l’esprit des éléments terre, eau, feu et air. En le chantant, nous pouvons imaginer que ces quatre éléments purifient les mêmes éléments de notre corps. Ce chant est le suivant : « NINA NINA SUPAÏ KAYAN POUNTAÏ MANTAÏ MARI. (4 fois : 2 tons hauts + 1 ton plus bas + 1 ton encore plus bas.) MARIRI MARIRI MARIRI (2 fois). » NINA = feu. YAKU = eau. PACHAMAMA = terre. WAÏRA = air, vent. SUPAÏ = esprit. MANTAÏ = mettre de l’ordre, éduquer. KAYAN POUNTAÏ = sur la pointe de ma langue. MARI = vient. La traduction serait donc : « Esprit du feu vient sur la pointe de ma langue pour mettre de l’ordre ». Après avoir chanté « NINA NINA », chanter la même chose, mais en remplaçant « NINA » par « YAKU », ce qui donne « YAKU YAKU SUPAÏ », etc. Puis, vous remplacez « YAKU YAKU » par « PACHAMAMA » et, enfin, « PACHAMAMA » par « WAIRA WAIRA ». Ceci est un très bon moyen de se purifier grâce aux esprits des quatre éléments.

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› Divers Lorsque nous prenons une douche chaude, nous pouvons demander aux dakinis des cinq règnes de soigner notre corps. Demandons à Ratna Dakini de purifier l’eau de notre corps au contact de l’eau de la douche. Demandons à Padma Dakini d’équilibrer le feu de notre corps au contact de la chaleur de la douche (le feu est toujours pur mais, dans notre corps, il peut être faible, d’où une mauvaise digestion, ou trop fort, ce qui crame la nourriture et provoque des toxines ainsi que des ulcères d’estomac). Demandons à Karma Dakini de purifier l’air de notre corps au contact de la vapeur d’eau. Demandons à Vajra Dakini de purifier les minéraux de notre corps. Quant à Bouddha Dakini, demandons-lui de nous inspirer pour nous éveiller et ainsi éliminer tout notre karma négatif. En effet, le karma est généré par des actions d’apparences vides de réalité intrinsèque, des illusions. Si nous comprenons que ce ne sont que des illusions et si nous réalisons la vacuité, le karma devient lui aussi illusion et donc inopérant, ce qui nous fait sortir du samsâra pour entrer dans le nirvâna. Et, ce faisant, pensons que nous purifions tous les êtres sensibles. La purification est très importante avant toute pratique spirituelle et nous la retrouvons dans toutes les traditions. En chamanisme, nous nous purifions avec la fumigation d’un bâton de sauge, puis nous invoquons les esprits des quatre directions, des cinq éléments, du lieu et de la nature, et enfin nos esprits aidants. En bouddhisme, nous utilisons des encens que nous offrons aux divinités et à tous les êtres, puis nous nous prosternons trois fois en récitant un mantra très purifiant, qui est par exemple : « OM HA HUM ». Cette purification, faite en toute conscience, permet de nous « élever » plus facilement ; c’est comme ouvrir une porte de la réalité non ordinaire. 336


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Lorsque nous faisons le ménage ou lorsque nous allons aux toilettes, nous pouvons imaginer que nous purifions le karma négatif de tous les êtres du samsâra et nous pouvons réciter des mantras. Lorsque nous nous soignons, pensons que nous soignons l’Univers et tous les êtres sensibles. Nous pouvons même nous métamorphoser dans l’Univers, c’est-à-dire que nous devenons l’Univers lui-même. Ainsi, en nous purifiant ou en nous soignant, avec le reiki par exemple, nous purifions et soignons tout l’Univers. Lorsque nous souffrons, imaginons que nous prenons sur nous la souffrance de tous les êtres sensibles et envoyons-leur de la lumière et de l’amour. Ceci est la pratique de tonglen en bouddhisme. Nous pouvons ainsi donner un sens spirituel à toutes nos actions quotidiennes, ce qui permet de développer notre compassion et de conscientiser la vacuité de tout ce qui nous entoure. À terme, ceci transformera notre vision du monde et de la vie, et notre ressenti et nos réactions envers la vie en seront aussi transformés. Il est important aussi de développer l’effort joyeux. Nos pratiques ne doivent pas être une contrainte rabat-joie ! Sourire dans une méditation ou une pratique en général nous permet de pénétrer plus profondément notre Être divin. Je recommande aussi la pratique du guru yoga, que vous pouvez trouver dans les livres de Dilgo Khyentsé Rinpoché (Au seuil de l’éveil et La fontaine de grâce), ce qui est, dans la tradition bouddhiste, un élément essentiel qui peut se suffire à lui seul. Le guru yoga est un très bon moyen pour contacter notre Claire Lumière. Je précise qu’il n’est pas absolument nécessaire de prendre refuge dans le bouddhisme pour appliquer 337


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certaines pratiques, comme celle-ci, même si c’est mieux de prendre refuge. Quant aux initiations, voyons ce qu’en dit Lama Thoubten Yéshé (1935-1984), fondateur de la FPMT (Fondation pour la préservation de la tradition du mahayana) : « Recevoir une initiation ne requiert pas de rencontrer le maître physiquement. Si vous êtes capable d’élever votre esprit à un certain niveau, vous pouvez vous initier vous-même. C’est tout à fait possible. » À ce sujet, je peux relater ici deux expériences personnelles. La première remonte à mes débuts dans la formation enersense. Le maître qui m’enseignait enersense procédait par paliers. Dans un premier temps, elle m’enseigna comment démarrer ce que, par la suite, je reconnus en tant que guru yoga. Pour cela, je visualisais une déité et, en alignant avec elle mes chakras 4, 5 et 6, je devais réciter « OM HA HUM ». Je pratiquais cela chez moi régulièrement et, un jour, après avoir lu, dans Le Livre tibétain de la vie et de la mort de Sogyal Rinpoché, que le mantra de Padmasambhava est « OM HA HUM VAJRA GURU PADMA SIDDHI HUM », j’eus l’idée de compléter mon mantra pour adopter celui de Padmasambhava. Je reçus, à ce moment-là, une douche énergétique phénoménale qui traversa mon corps de la tête aux pieds durant quelques minutes, et mes origines provençales n’ont rien à voir avec ce qualificatif ! Je n’avais jamais rien senti de tel et, depuis, je n’ai plus jamais rien ressenti d’aussi puissant. Je compris, par la suite, qu’il s’agissait d’une initiation reçue de Guru Padmasambhava. La deuxième expérience eut lieu peu de temps après cette première. Ce jour-là, je m’apprêtais à donner mes premières initiations reiki shiki ryoho à mes premiers élèves. J’avais une photo de Mikao Usui, le fondateur japonais du reiki, sur une étagère face à moi et, subitement, alors qu’il n’y avait pas de courant d’air, la photo tombe sur le sol ; je la ramasse et, à ce moment-là, je ressens entre mes deux mains une énergie très puissante. D’abord très surpris, je comprends ensuite que j’ai dû 338


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recevoir une initiation de Mikao Usui, même si j’avais déjà reçu l’initiation du troisième degré reiki par un maître reiki présent physiquement. Ceci dit, il est toujours très bon de recevoir des initiations d’un maître et autant de fois que nous voulons et pouvons. De plus, la présence d’un maître permet de recevoir des commentaires sur les enseignements ainsi que des conseils pour surmonter nos difficultés. En conclusion, j’espère que j’aurai pu démontrer combien le mariage de deux traditions spirituelles, voire plus, peut être bénéfique aux pratiquants. Il y a une telle diversité de pratiques dans toutes les traditions, et sachant que toutes proviennent de la même source et sont adaptées à un peuple, à une époque, à une histoire, qu’il peut être parfois bénéfique de se confectionner un « cocktail » de pratiques personnalisé pour aboutir à la synergie qui nous amènera un jour à l’éveil. Ceci est donc personnel, puisque nous sommes tous différents. Pour moi, c’est l’association « chamanisme et bouddhisme » qui me correspond. Je vous souhaite donc de tout cœur de trouver votre propre « cocktail », à moins qu’une seule tradition soit suffisante pour vous. Il n’y a aucune règle et aucun jugement sur cela ; c’est ce qui nous correspond qui est juste. Je peux aussi vous conseiller de rester ouvert à ce qui se présente à vous, aux synchronicités et à votre intuition. Par exemple, avant de m’engager dans la voie des « six yogas de Naropa », j’ai commandé le livre Les six yogas de Naropa de Takpo Tashi Namgyal. Le jour où je reçus ce livre, je reçus aussi une carte de vœux de mon maître reiki et, comme par enchantement, je découvre que la représentation de cette carte, Tara blanche, est la même que celle de la couverture du livre reçu ce même jour. Il existe plusieurs représentations de Tara blanche, mais là, c’était exactement la même, avec les mêmes couleurs. J’ai pris cela pour un signe évident. 339



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10 – QUALITÉ DE VIE, SOUTIEN DE LA SPIRITUALITÉ

› Ayurvéda Nous avons vu, dans les chapitres précédents, qu’il est extrêmement rare et méritoire d’avoir une précieuse vie humaine et que notre corps est la voie royale pour atteindre l’éveil. Tout comme un pilote de formule un qui peaufine les réglages de son bolide pour gagner une course, nous avons aussi tout intérêt à prendre grand soin de notre corps physique car, sur notre chemin spirituel, il ne suffit pas de travailler seulement sur les corps énergétiques, dont nous avons parlé au chapitre 4, « Constitution du corps subtil, base du corps physique ». Ceux-ci sont la base du corps physique mais, si nous négligeons ce corps physique, nous appauvrissons ojas, qui est notre réserve énergétique, la base de nos bindus. « Mens sana in corpore sano. » C’est ce que les richis de l’Inde avaient bien compris, il y a plus de cinq mille ans, lorsqu’ils ont développé l’ayurvéda dans leur grande sagesse. Ayurvéda signifie « science de la vie ». C’est la médecine traditionnelle et le système de guérison naturel de l’Inde, qui est vraisemblablement un des plus anciens du monde, car il 341


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remonte à l’époque védique. C’est un système de guérison complet qui s’occupe à la fois du corps, du mental et de l’esprit. L’ayurvéda est, parmi les sciences védiques, la branche qui guérit à l’intérieur du système du yoga, lequel vise à réunir le corps et l’esprit. Elle a été reçue en méditation par les sages richis, afin de permettre une longévité optimale aux personnes en quête de yoga et pour optimiser leur régime alimentaire afin d’assurer une base saine à leurs pratiques yogiques. Il est, en effet, plus difficile de méditer et de se concentrer sur une pratique spirituelle lorsque le corps physique est alourdi de toxines, perclus de rhumatismes, secoué par une toux chronique, ou affaibli par la fièvre. Hippocrate lui-même disait à ses patients : « Que ta nourriture soit ton médicament ». C’est d’autant plus important de nos jours où nos officines délivrent majoritairement des médicaments chimiques induisant des effets secondaires, parfois ravageurs, dont il vaut mieux pouvoir se passer ! L’ayurvéda a influencé de nombreux systèmes de guérison, comme celui des Grecs antiques, des Chinois et des Tibétains. Elle est aussi un des systèmes les plus complets de la médecine alternative qui soit introduit en Occident. Elle est, en effet, une médecine holistique, un art de vivre complet qui traite aussi bien de l’alimentation que de différentes techniques de purification, d’exercices respiratoires, de phytothérapie, de massages et de méditations. Nous y trouvons aussi des postures de yoga (asanas), qui agissent sur les corps physique, mental et spirituel, du pranayama, qui agit sur les corps physique et énergétiques, de l’aromathérapie, qui agit plus subtilement sur nos sens, des pierres précieuses, qui agissent énergétiquement, et des chants de mantras, qui agissent sur le mental et le physique. L’ayurvéda est construite sur un système humoral, appelé dosha en sanscrit, et en lien avec les cinq éléments. Il existe trois doshas : vata, pitta et kapha. Vata est l’humeur biologique faite d’air et d’éther, pitta celle du feu et de l’eau (ce qui donne l’acide), 342


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et kapha celle de la terre et de l’eau. Ces trois doshas fournissent une structure physiologique et aussi mentale. Chaque individu est constitué des trois doshas dans une proportion différente pour chacun, héritée à la naissance et appelée en sanscrit prakriti. Tant que nos trois doshas restent en équilibre, conformément à notre prakriti, nous restons en bonne santé. Dès qu’il y a un déséquilibre de nos trois doshas, nous entrons dans la maladie, ou état de déséquilibre appelé en sanscrit vikriti. Tout l’art de l’ayurvéda consiste à identifier la constitution de base d’un individu (prakriti), à identifier s’il y a un déséquilibre dans ses trois doshas et dans quel sens. Ensuite, elle apporte une solution qui permettra de rééquilibrer ses doshas afin de retrouver la santé. Ainsi, l’ayurvéda ne soigne pas les maladies, mais cherche à rétablir la prakriti de la personne, c’est-à-dire l’équilibre humoral qui apportera la guérison, quelle que soit la maladie. L’ayurvéda considère trois sortes de maladies : – Les maladies communes et bénignes, comme les rhumes, les maux de gorge, les céphalées, la constipation ou le sommeil difficile, qui sont passagères et ne nécessitent généralement pas de consultations médicales ou cliniques. Pour ces maladies, l’ayurvéda utilise des recettes standard, valables pour toutes les constitutions, équivalentes à nos « recettes de grand-mères ». Si la constitution est connue, ces recettes peuvent être affinées pour les rendre plus performantes. – Les maladies complexes et graves, comme les fièvres élevées, les infections, les maladies de cœur, les convulsions, les douleurs aiguës, les cancers et autres, qui nécessitent généralement des traitements médicaux ou cliniques spécifiques. Pour ces maladies-là, en France, l’ayurvéda ne peut que se tenir à la disposition du corps médical autorisé, pour apporter son aide en conseils alimentaires et phytothérapie, si besoin. 343


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– Entre ces deux niveaux, se trouvent les maladies chroniques, de nature complexe, comme l’arthrite et l’arthrose ou des fièvres chroniques légères, le cholestérol, le diabète, l’asthme, les allergies, etc. À ce niveau, l’ayurvéda travaille pour rétablir l’équilibre des trois doshas et pour éliminer les toxines des différents tissus du corps. Elle préconise, tout d’abord, un régime alimentaire adapté à la constitution de base et à la maladie de la personne. Des plantes, sous forme de potions, d’infusions ou de décoctions, peuvent être conseillées. Des massages à l’huile chaude sur tout le corps (abhyanga), avec ou sans sollicitation des points marmas77, apportent détente et aident le corps à se purifier. Comme toute étude en ayurvéda commence par la recherche de la prakriti, voici un tableau à remplir (pages 346 et 347) qui va vous aider à identifier votre dosha principal. Il est important, pour le remplir, de ne pas songer spécialement à votre état d’aujourd’hui, selon votre âge et votre santé. En effet, la prakriti est votre constitution lorsque vous êtes en bonne santé. Donc, si votre santé n’est pas bonne en ce moment, repensez à comment vous étiez avant la maladie et répondez aux questions selon ce contexte sain, en mettant une croix dans la case correspondante. Puis, vous totalisez le nombre de croix de chaque colonne V, P, K, et celle qui a le plus de points représente donc votre prakriti. Il peut arriver que certaines personnes aient des totaux égaux pour deux, voire trois doshas. Ces personnes sont dites « bi-doshiques » ou « tri-doshiques ». Nous pouvons, en effet, être de nature vata-pitta, vata-kapha, pitta-kapha ou pitta-vata-kapha, ce qui donne un total de sept prakritis différentes. Il n’y a aucune constitution meilleure qu’une autre ; chacune a ses qualités et ses inconvénients. Cependant, il est plus difficile de soigner une personne « bi-doshique » ou « tri-doshique », car il faut 77

Les marmas sont des points spéciaux d’énergie utilisés en ayurvéda. 344


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jongler entre plusieurs paramètres, tant au niveau des régimes alimentaires qu’au niveau des soins phytothérapeutiques ou aromathérapeutiques. Globalement, vata est le principe de la mobilité, qui régule toutes les activités du corps, et cela va de la gestion des pensées au transit de la nourriture dans les intestins. Vata est responsable de notre joie, de notre créativité, de nos paroles, de nos éternuements ainsi que de toutes les éliminations du corps. Les attributs de vata sont ceux de l’air : sec, léger, froid, rugueux, subtil, mobile et clair, avec un goût astringent. Aussi, le corps d’une personne de type vata est léger, petit ou grand, mais toujours « sec ». Grossir, pour elle, ressort des coulisses de l’exploit ! Les yeux sont petits, secs et en retrait dans le visage. Ses dents sont irrégulièrement alignées et nécessitent souvent un appareil dentaire pour les redresser. Sa peau est sèche, ses mains et ses pieds sont froids, car elle a une mauvaise circulation sanguine. Son appétit est irrégulier et plutôt faible, et elle expérimente souvent des problèmes de digestion et de malabsorption. Elle a tendance à être constipée. Sa santé est souvent délicate, aussi a-t-elle peu ou pas d’enfants. Côté comportement, une personne de type vata est facilement excitée et excitable. Elle est alerte et réagit rapidement sans avoir besoin de trop y penser. Elle peut ainsi donner parfois une réponse erronée, en toute confiance. Elle a un grand pouvoir d’imagination et aime rêver le jour. Elle craint souvent l’obscurité, l’altitude et les espaces clos, ce qui en fait parfois une claustrophobe. Sa foi est flexible et toujours prête à changer. En fait, une personne vata adore les changements. Elle change d’endroit, de ville, de décoration, car elle a peur de s’ennuyer. Elle peut lire plusieurs livres en parallèle. Rester sans rien faire est une véritable punition pour elle ! 345


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Vata est partout dans le corps et sa « résidence » principale est le côlon. C’est donc à ce niveau que nous agirons principalement pour réguler vata. Globalement, pitta représente le principe du feu dans le corps. Tout ce qui entre dans le corps doit être digéré, de la vue d’un coucher de soleil à un nouvel enseignement, en passant bien sûr par la nourriture terrestre. Pitta est aussi dans le système digestif, les enzymes et les acides aminés, qui jouent un rôle essentiel dans le métabolisme. Les attributs de pitta sont ceux du feu : chaud, aigu, léger, huileux et mobile. Il est acide, amer et piquant au goût, et a une odeur de chair. Il est associé aux couleurs rouge et jaune. En déséquilibre, pitta engendre colère, impatience, haine et critique. Le corps d’une personne pitta est plutôt moyen, ni trop grand ni trop petit, et de poids moyen. Elle ne prend ni ne perd que rarement beaucoup de poids. Ses yeux sont aigus, brillants, avec tendance aux inflammations. Son nez est pointu et assez grand. Son appétit est féroce, sa soif de même. Elle a tendance à apprécier les épices chaudes, ce qui n’est pas exactement ce dont elle a besoin ! Côté comportement, une personne pitta a des capacités de concentration, d’apprentissage et de compréhension. Elle est disciplinée, possède des dispositions en organisation et leadership. Elle est ambitieuse et aime les challenges. Sa recherche effrénée des connaissances lui provoque parfois de la calvitie. Elle peut être assez critique et perfectionniste, ce qui peut amener de la colère. Pitta est aussi partout dans le corps au niveau de chaque cellule pour assurer la digestion cellulaire, mais sa « résidence » principale est dans l’intestin grêle, en lien avec tous les sucs digestifs en provenance du foie. 346


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Globalement, kapha est dans tous nos tissus, organes et cellules, car kapha est fait d’eau et de terre. Kapha est donc la base de notre corps. Il représente aussi la lubrification de nos articulations. Les attributs de kapha sont : lourd, froid, lent, huileux, humide, mou, dense, doux, statique et visqueux. Il est de couleur blanche et a un goût doux et salé. Le corps d’une personne kapha est fort et en santé, gros, avec de beaux yeux, de bonnes et belles dents, des cheveux bouclés et gras. Tout dans leur aspect est rond. Une personne kapha équilibrée est harmonieusement arrondie, mais pas obèse. Elle a un appétit certain et régulier mais une digestion et un métabolisme lents. Ce qui fait qu’une personne kapha n’a pas faim le matin avant onze heures. Elle mange à midi et peut se passer de manger le soir. Elle adore manger en bonne compagnie, rester assise sans rien faire et dormir longtemps. Le mot « sport » ne fait pas partie de son vocabulaire ! Côté comportement, la personne kapha a une foi stable et profonde, et manifeste beaucoup d’amour, de compassion et de calme. Elle a une bonne mémoire, une voix mélodieuse et profonde, un discours monotone. Elle aime la sécurité en tout et occupe préférentiellement des postes de fonctionnaire. Elle épargne son argent et « craque » parfois pour un fromage ou une pâtisserie. Une personne kapha déséquilibrée souffre de gloutonnerie, d’attachement, d’ignorance et de paresse. C’est alors qu’elle grossit vraiment ! La « résidence » principale de kapha est l’estomac. Comme nous avons tous ces trois doshas en nous, nous sommes donc tous affectés de ces attributs et caractéristiques, mais dans des proportions différentes. Avec l’aide du tableau (pages 346 et 347) et des explications ci-dessus, vous trouverez facilement si vous êtes plutôt de type vata, pitta ou kapha, à moins que vous ne soyez « bi-doshique » ou « tri-doshique ». 347


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Maintenant que vous connaissez votre prakriti, pour comprendre la suite, vous devez savoir que la journée ainsi que les saisons sont aussi affectées par ces trois doshas. Effectivement, les cinq éléments ne sont pas toujours dans la même proportion dans notre environnement. Vous comprenez bien que, la nuit, il y a moins de chaleur, donc de feu, que le jour. De même, au printemps, il y a plus d’humidité et, donc, plus d’eau qu’en été. L’ayurvéda définit ainsi six périodes de quatre heures dans une journée et trois périodes de quatre mois dans l’année, pour notre hémisphère Nord. Dans les tableaux aux pages 350 et 351, en dessous de chaque période, j’indique quels sont ses attributs, qui reflètent ceux des doshas. Par exemple, kapha, qui est constitué de terre et d’eau, est de nature froide, huileuse, lourde et statique ; alors que vata, qui est constitué d’air et d’éther, est de nature froide, sèche, légère et mobile ; et pitta, qui est constitué de feu et d’eau, est de nature chaude, huileuse, légère et mobile. Ces attributs du jour et de la saison auront inévitablement une influence sur notre corps. Une matinée de février qui est froide, huileuse et lourde ne contribuera pas à solliciter notre feu digestif (agni en sanscrit). C’est la raison pour laquelle, le matin, nous n’avons pas naturellement très faim. Mais, là-dessus, se greffent les habitudes héritées de notre éducation, qui parfois aboutissent à des distorsions, comme dans certains pays du nord de l’Europe où le petit déjeuner est beaucoup plus copieux que le déjeuner. Notre corps étant très malléable, il s’adapte à beaucoup de choses, ce qui ne veut pas dire que cela se passe toujours très bien pour autant. Une digestion incomplète, due à un feu digestif faible et un repas lourd, se traduira toujours dans le corps par des toxines qui vont s’accumuler au fil du temps, même si la personne ne le perçoit pas car son corps a été « dressé » pour un tel régime. Et, un jour, lorsque la chevelure commence à 350


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blanchir, apparaissent des signes de cholestérol ou de diabète, ou d’arthrose et de rhumatisme. Comme vous le voyez sur le tableau à la page 350, le repas du matin devrait être le plus léger. Une personne de prakriti kapha n’a naturellement pas faim avant onze heures du matin. Combien de parents ont dû forcer à tort leurs enfants kapha à manger le matin avant d’aller à l’école, alors que ceux-ci n’avaient aucune faim ? Des patients kapha, à qui nous disons : « Vous pouvez ne rien manger le matin », répondent tout heureux : « Ah oui ! Je peux ? ». Par contre, aux alentours de midi, le soleil étant au zénith, donc au plus chaud, il sollicite davantage notre feu digestif et c’est la période où nous devrions avoir le plus faim. Et le repas de midi devrait être le plus copieux de la journée. Le problème réapparaît le soir au moment du dîner ! Traditionnellement, c’est le moment de la journée où la famille se retrouve au complet après une journée de travail à l’extérieur, et c’est un moment de partage et même parfois de fête. Traditionnellement, c’est le moment où la famille prend le repas le plus complet et copieux. Hélas, la nature n’est pas généreuse avec nous car, à ce moment-là, le soleil étant couché, ou tout près de l’être, son feu ne va pas solliciter notre feu digestif et celui-ci sera faible. Logiquement, et si nous étions sages et respectueux de notre corps, notre repas du soir serait léger. Quant aux saisons, elles jouent dans le même sens et ne font qu’accentuer, voire aggraver, les attributs des doshas de la journée. Connaissant les attributs des doshas (chaud, froid, léger, lourd, etc.), à nous de compenser par des attributs opposés. Par exemple, en hiver, et le soir où il fait froid, c’est bien de manger léger, cuit, chaud et d’éviter toutes crudités afin de faciliter la digestion. En été, à midi, et surtout si nous sommes de type pitta, il est bien de manger des crudités ou des plats froids et de terminer le repas par une salade amère. 351


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Pour compléter cette présentation sommaire de l’ayurvéda, il faut aussi parler des trois gunas. Nous avons parlé de prakriti, notre constitution qui est un assemblage des cinq éléments, cependant, à un autre niveau, Prakriti, ou la Nature primordiale, est une substance suprême à l’origine de tout ce qui peut être perçu dans l’Univers de la matière et de l’esprit. Prakriti est le substrat fondamental de l’Univers, à la fois grossier et subtil. Prakriti n’est pas de la matière dans le sens grossier, telle la matière solide, mais une possible expérience pour le mental. Elle est matérielle car elle est un instrument pour l’Être conscient, appelé Purusha en sanscrit, dans le samkhya, qui est la science cosmique de l’Inde. Prakriti est insensible, non consciente d’ellemême, et nécessite la puissance consciente de Purusha afin de l’animer. Prakriti contient en elle toutes les formes de la création se manifestant à travers ses trois qualités fondamentales, ou gunas, qui sont sattva, rajas et tamas. Sattva signifie « stabilité, harmonie, vertu ». Sa nature est légère et lumineuse ; elle apporte la joie et procure l’éveil et le développement de l’âme. Elle crée un mouvement vers l’intérieur et vers le haut. C’est le principe de l’intelligence. Elle est la force neutre et équilibrante, harmonisant le positif et le négatif, qui surveille et observe. Rajas signifie « distraction, turbulence, activité ». Sa nature est mobile et motivée. Elle crée un mouvement vers l’extérieur et cause une action motivée de soi. Rajas crée de la douleur et de la souffrance. C’est le principe de l’énergie et de la création. Rajas initie le changement et détruit l’équilibre ancien. Tamas signifie « lourdeur d’esprit, obscurité et inertie ». Sa nature est lourde ; elle dissimule et entrave. Elle a un mouvement vers le bas et fournit de l’illusion. C’est le principe de la matérialisation. Elle est la force passive qui obstrue. Ces trois gunas sont nécessaires dans les activités ordinaires mais possèdent également des implications spirituelles. 354


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Avant la création, les trois gunas sont en équilibre. Lorsque les trois gunas sont équilibrés, la Nature primordiale, Prakriti, faite des cinq éléments, retourne à l’état non manifesté dans lequel tous ses potentiels peuvent être connus immédiatement. La création est repliée sur elle-même. Lorsqu’ils sont en déséquilibre, les trois gunas conduisent au processus de l’évolution cosmique ; c’est ce qui s’est passé après le « Big Bang ». L’équilibre des trois gunas s’appelle « pur sattva » et se produit par la prépondérance et le raffinement de sattva. Certaines nourritures, comme les fruits, sont plus sattviques que d’autres. Il en est de même des activités : méditer, réciter des mantras ou écouter des musiques sacrées est plus sattvique que dormir (tamasique) ou jouer au rugby (rajasique). De tamas découle le pouvoir de l’ignorance, qui dissimule notre nature réelle. De rajas découle le pouvoir de l’imagination, qui projette le monde et nous rend esclaves de la multiplicité du monde extérieur. De sattva découle la clarté, ou paix, à travers laquelle nous pouvons percevoir la vérité. Sans tamas, le monde serait invivable car il n’y aurait aucune mort, pas de nuit, pas de sommeil. Une feuille sèche qui tombe de l’arbre, c’est tamas. Sattva décide quand elle tombe, et rajas la fait tomber. D’ailleurs, sans tamas, le monde actuel n’existerait pas, car c’est tamas qui produit les cinq éléments. En effet, les trois gunas agissent, à travers notre ego, sur les formes causales des éléments (tattvas), pour produire trois groupes de cinq : – Avec sattva, les tattvas sont transformés en cinq organes des sens. – Avec rajas, se produit leur transformation en cinq organes d’action. – Avec tamas, se produit leur transformation en cinq éléments. Ainsi donc, après avoir veillé à l’équilibre de nos trois doshas, nous devons chercher à développer sattva en nous, car sattva est la stabilité, l’harmonie et la vertu. Sa nature est légère, lumineuse, apporte la joie et procure l’éveil et le développement de l’âme. 355


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil Beaucoup de viande

Régime alimentaire

Végétarien

Drogues, alcools et stimulants

Jamais

Impressions sensorielles

Calmes, pures

Mixtes

Perturbées

Besoin de sommeil

Peu

Modéré

Élevé

Activité sexuelle

Faible

Modérée

Élevée

Contrôle des sens

Bon

Moyen

Faible

Parole

Calme, paisible

Agitée

Sans intérêt

Propreté

Élevée

Modérée

Faible

Travail

Désintéressé

Buts personnels

Paresseux

Colère

Rarement

Parfois

Fréquemment

Peur

Rarement

Parfois

Fréquemment

Désirs

Faibles

Quelques-uns

Nombreux

Fierté

Modeste

Un peu d’ego

Vaniteux

Dépression

Jamais

Parfois

Fréquemment

Amour

Universel

Personnel

Manque d’amour

Peu de viande

Occasionnellement Fréquemment

356


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil Violence

Jamais

Parfois

Fréquemment

Attachement à l’argent

Faible

Moyen

Élevé

Satisfaction

Généralement

Parfois

Jamais

Pardonne

Facilement

Avec effort

Rancune durable

Concentration

Bonne

Moyenne

Faible

Mémoire

Bonne

Moyenne

Faible

Volonté

Forte

Modérée

Faible

Véracité

Toujours

Le plus souvent

Faible

Honnêteté

Toujours

Le plus souvent

Rarement

Paix d’esprit

Généralement

Parfois

Rarement

Créativité

Élevée

Modérée

Faible

Études spirituelles

Quotidiennes

Occasionnelles

Jamais

Occasionnels

Jamais

Mantras, prières Quotidiens Méditation

Quotidienne

Occasionnelle

Jamais

Service

Nombreux

Quelques-uns

Jamais

TOTAL

Sattva :

Rajas : 357

Tamas :


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Toujours selon l’ayurvéda, le développement de sattva provient d’un régime alimentaire adéquat, d’une purification physique, du contrôle des sens, du contrôle mental, des mantras et de la dévotion. La transcendance de sattva, pour atteindre l’éveil, provient de pratiques de méditations supérieures. En général, un guna prédomine dans notre nature. Cependant, nous possédons tous des moments spirituels (ou sattviques), des périodes perturbées (ou rajasiques) et des moments ennuyeux (ou tamasiques), plus ou moins longs, selon notre nature. Ces gunas indiquent notre état mental, ou spirituel, à travers lequel nous pouvons mesurer notre propension aux problèmes psychologiques. Le test précédent (pages 354 et 355) est indicatif de ces qualités et de la façon dont elles agissent dans notre vie et dans notre caractère. Les réponses de gauche indiquent une nature sattvique ; celles du milieu, une nature rajasique ; et celles de droite, une nature tamasique. Les réponses de la plupart d’entre nous indiquent une nature plutôt rajasique, qui correspond à l’état de notre société d’aujourd’hui, axée davantage sur l’extérieur que sur l’intérieur. Nous avons tous divers problèmes psychologiques que nous pouvons affronter. Une nature sattvique indique une disposition spirituelle limitée à peu de problèmes psychologiques. Une nature fortement sattvique est rare et indique un saint ou un sage. Les domaines que nous pouvons faire évoluer de tamas à rajas ou de rajas à sattva favoriseront notre paix intérieure et notre croissance spirituelle. Nous en arrivons donc aux régimes alimentaires mais, auparavant, nous allons aborder ce qui est commun à toutes les prakritis : les « interdits » ! 358


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Petite précaution avant que vous ne jetiez ce livre à la poubelle : tout ce qui suit n’est que des recommandations de l’ayurvéda. J’ai pu expérimenter, sur moi-même, mon entourage et plusieurs patients en consultation, que ces recommandations sont très efficaces et donnent de très bons résultats. De plus, au vu de la logique de l’ayurvéda, elles sont très sensées. Cependant, j’ai aussi observé que de nombreuses personnes, en France ainsi qu’en Argentine, ont quelques difficultés à adopter intégralement ces régimes et à faire « table rase » de leurs habitudes culinaires. L’ayurvéda précise, à cet effet, deux choses : la première est de ne pas tout changer d’un seul coup, au risque de stresser notre corps, et la deuxième est que, si nous avons notre régime alimentaire sous contrôle à 70 %, c’est suffisant pour se maintenir en bonne santé. Ceci pourra rassurer les personnes qui travaillent et mangent le midi à l’extérieur de leur maison, soit au restaurant en ville, soit au restaurant d’entreprise. Nous pouvons donc nous permettre quelques entorses à ces règles. Par contre, lorsqu’une personne est malade, il sera judicieux de contrôler 100 % de son régime. Dans le tableau qui suit (pages 358 et 359), vous trouverez ce que j’appelle les « interdits alimentaires », car mauvais pour la santé, avec les produits de remplacement, puis les aliments lourds à digérer, et donc déconseillés pour le repas du soir quand notre feu digestif est au plus bas. Cependant, j’indique aussi par quoi les remplacer ou comment les accommoder pour les rendre plus digestes, au cas où nous voudrions tout de même y goûter. Enfin, vous trouverez les associations interdites, car génératrices de toxines dues à des problèmes de digestion. 359


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

INTERDITS ALIMENTAIRES

PRODUITS DE REMPLACEMENT

Café

Chicorée, thé blanc ou thé vert + cardamome

Sucre raffiné blanc

Sucre brun, sirop d’érable, miel

Huiles raffinées

Huiles 1re pression à froid

Margarine

Ghee (beurre clarifié), huiles 1re pression à froid

Lait de vache

Laits végétaux (riz, amande, soja)

Blé

Petit épeautre, épeautre, Kamut, seigle

Pain blanc

Pain petit épeautre ou seigle complet au levain, pain essénien

Crèmes glacées, glaces Boissons sucrées industrielles

Eau, infusions, jus de fruits nature (en dehors des repas)

Boissons gazeuses

Eau, infusions, jus de fruits nature (en dehors des repas)

ALIMENTS LOURDS À DIGÉRER (déconseillés le soir)

PRODUITS DE REMPLACEMENT ANTIDOTES (par ordre décroissant)

Viande rouge

Céréales complètes, légumineuses, poissons, viande blanche + cayenne

Viande blanche

Céréales complètes, légumineuses

Poissons

Céréales complètes, légumineuses 360


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Légumineuses

Prétrempage, début de germination + ail, poivre, clou de girofle, cayenne, piment Cuisson avec bicarbonate de sodium

Fromage de vache

Fromage de chèvre ou de brebis + poivre noir + 1 verre de vin rouge (si OK médical)

Yaourt de vache

Yaourt de soja ou de brebis ou chèvre, brassé 50/50 avec de l’eau + cumin

Œufs

Céréales complètes, œufs + persil, curcuma, oignon

Les céréales sont toujours complètes et tous les produits devraient être bio. Pour les cuissons, ne pas dépasser 110 °C : cuisson vapeur ou mijotage. ASSOCIATIONS INTERDITES Protéines animales (viandes, poissons, œufs) avec féculents (céréales, pommes de terre) Fruits avec toute autre chose que des fruits secs ou frais Desserts doux ou sucrés en fin de repas Liquides glacés avec tous les autres aliments Œufs avec viande rouge, poissons, lait, fromage Miel avec ghee (50/50) Citron avec yaourt, lait Melon avec tous les autres aliments Solanacées (pommes de terre, tomates, aubergines) avec lait, yaourt 361


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Comme vous pouvez le voir dans le tableau aux pages 358 et 359, il est recommandé de ne pas manger de fruits durant les repas (sauf cure de fruits seuls ou au moins trente minutes avant les plats salés) car ceux-ci se digèrent assez rapidement. S’ils sont consommés pendant le repas, en dessert, ils devront attendre le transit des plats salés pour être traités par la digestion et ils vont rapidement fermenter dans le milieu acide de l’estomac, ce qui va créer des toxines. De plus, il est recommandé de terminer les repas avec la saveur salée et, si possible, amère (salade verte, notamment avec des pissenlits ou de la roquette), ce qui interdit de terminer par un dessert sucré ou de saveur douce. De plus, lorsqu’il a le choix, notre système digestif traite en priorité la nourriture de saveur douce avant d’aborder la nourriture de saveur salée et, s’il a démarré par la digestion des plats salés qui arrivent en premier et qu’ensuite arrive un dessert doux, il interrompt la digestion du salé pour s’occuper du dessert doux qui nécessite d’autres enzymes, et la nourriture salée continue son parcours dans l’intestin sans avoir été complètement digérée, ce qui crée des toxines. L’idéal est aussi de réduire au maximum tous les produits industriels issus d’un raffinage (sucres raffinés, huiles raffinées) ou pleins de produits chimiques (colorants, conservateurs, édulcorants et, notamment, l’aspartame, etc.) et de privilégier tout ce qui est naturel et labellisé « bio ». Pour information, un litre de XXXX-Cola détruit l’immunité pendant huit heures et détruit le tissu rasa, qui est à la source du développement des six autres tissus. Quant à la même boisson dite « light », pour remplacer le sucre blanc nocif, il y est incorporé de l’aspartame, un poison chimique que de nombreuses revues traitant de la santé dénoncent depuis de nombreuses années. On retrouve, malheureusement, ce même poison dans de nombreux médicaments vendus en pharmacie. D’où l’intérêt 362


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

de bien lire tous les ingrédients indiqués sur les boîtes ou sur les fiches des produits. En tant que fils et petit-fils de viticulteurs, je me suis permis de rajouter un petit verre de vin rouge comme antidote du fromage. Mais le vin reste tout de même un produit acidifiant pour l’estomac et vous le retrouverez dans les fiches suivantes parmi les boissons mauvaises pour notre santé. Si nous faisons un écart avec du fromage, alors le vin rouge retrouve sa raison d’être ! Encore une fois, nous pouvons avoir jusqu’à 30 % d’écarts pour rester en bonne santé, si nous le sommes déjà. Surtout, il faut savoir que l’ambiance autour de nos assiettes est encore plus importante que le contenu de l’assiette. Donc, que nos régimes alimentaires ne soient ni une contrainte ni stressants, mais seulement une aide salutaire et bien comprise. Pour comprendre pourquoi les produits laitiers (vache) et le blé sont qualifiés d’« interdits alimentaires », je vous renvoie à la lecture du livre L’alimentation ou la troisième médecine du docteur Jean Seignalet. Pour information, il y a 5 000 ans, le blé n’était pas aussi hybridé qu’aujourd’hui, il avait moins de gluten, et le lait de vache n’avait non plus rien à voir avec celui d’aujourd’hui. D’ailleurs, il y a 5 000 ans, l’ayurvéda ne condamnait pas les laitages. Voici maintenant les fiches alimentaires pour les personnes de type kapha, pitta et vata. Pour chacune, j’indique, pour chaque famille de produits, ce qui est bon pour elle, ce qui est moyennement bon (ne pas trop en manger), ce qu’elle peut manger parfois et ce qui est mauvais (éviter autant que possible). Un (+) signifie, selon son emplacement, que ce produit est très bon ou très mauvais. 363


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

RÉGIME GÉNÉRAL POUR KAPHA Les types kapha réagissent mieux à une alimentation chaude, légère et sèche. Ils doivent éviter les aliments froids, lourds et huileux. Ils ont besoin de moins manger et moins fréquemment. Ils doivent prendre 2 à 3 repas par jour, dont le principal à midi. Éviter les aliments lourds le soir et ne pas dépasser plus de 2 combinaisons alimentaires. À la fin de l’hiver, être vigilants sur les produits pouvant occasionner des difficultés (moyen).

FRUITS BIO BON

Fruits secs, fruits astringents, pomme, airelle

MOYEN

Grenade

PARFOIS

Abricot, pamplemousse, citron, lime, papaye, pruneau, figue sèche, raisin, pêche, prune

Banane (+), datte (+), cerise, figue, melon, MAUVAIS orange, mangue, poire, kaki, ananas, framboise, fraise, papaye

LÉGUMES BIO

BON

Brocoli (+), chou (+), céleri (+), pousses de luzerne, asperge, betterave, chou de Bruxelles, carotte, piment, coriandre fraîche, haricot vert, salade verte, champignons, oignon, feuilles de moutarde, navet, cresson, artichaut, blette, petits pois, radis, pousses de tournesol 364


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

MOYEN

Poivron, chou-fleur, persil, pomme de terre, épinard

PARFOIS

Aubergine, légumes crus, algues, courge, tomate, courgette

MAUVAIS

Avocat, concombre, patate douce, olive

CÉRÉALES BIO BON

Orge, seigle, muesli non sucré (sans blé ni épeautre ni avoine ni maïs) cuit et chaud

MOYEN

Amarante, sarrasin, millet, quinoa

PARFOIS

Riz basmati

MAUVAIS

Couscous, avoine, riz brun, petit épeautre, maïs, épeautre (+), blé (+), riz blanc (+), Kamut (+)

LÉGUMINEUSES BIO Effectuer un prétrempage ou début de germination. Cuites avec des céréales et des épices, elles se digèrent mieux. Tous les haricots sont généralement bons, en particulier les produits dérivés de haricots de soja, mais le tofu peut aggraver des maladies de kapha trop élevé ou les tumeurs. BON

Azuki (+), mung-dal, lentilles, lima

MOYEN

Haricot rouge, pois cassés, tofu

PARFOIS

Pois chiches 365


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

NOIX ET GRAINES BIO MOYEN

Graines de courge, graines de tournesol

PARFOIS

Noix de coco, graines de sésame

MAUVAIS

Amandes mondées, noix de cajou, noix de pécan, pignons de pin, noix, noix du Brésil (+), noix de macadamia (+)

HUILES BIO (première pression à froid et en petite quantité) BON

Moutarde, carthame, tournesol pour les salades et ghee pour la cuisson

PARFOIS Arachide pour les salades et sésame pour la cuisson MAUVAIS

Amande, avocat, beurre, colza, noix de coco, olive, maïs (+), margarine (+)

PRODUITS LAITIERS (toujours bio et crus, non pasteurisés ni UHT) La cardamome et le poivre noir les rend plus digestes. MOYEN

Fromage de chèvre, babeurre, lait de riz

PARFOIS

Ghee, kéfir

MAUVAIS

Beurre, fromage blanc, lait entier, crème aigre, yaourt, fromage (+), crème (+), crème glacée (+) 366


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

ALIMENTS SUCRÉS BIO (complets, non raffinés) MOYEN

Miel

PARFOIS

Jaggery

MAUVAIS

Fructose, mélasse, sucre brut non raffiné, sirop d’érable (+), sucre blanc (+), édulcorant artificiel (+), aspartame (++)

CONDIMENTS Pour équilibrer le feu digestif : 1/3 gingembre + 1/3 fenugrec + 1/3 cumin

BON

Poivre noir (+), cardamome (+), cayenne (+), clou de girofle (+), ail (+), gingembre (+), raifort (+), moutarde (+), curcuma (+), férule persique, basilic, coriandre fraîche, cannelle, coriandre, cumin, fenugrec, persil

MOYEN

Fenouil, menthe, noix de muscade

MAUVAIS

Sel gemme, sel de mer (+)

PRODUITS ANIMAUX BIO (en faible quantité, le midi seulement) MOYEN

Poulet, dinde

MAUVAIS

Canard, œufs, poissons, coquillages, bœuf (+), agneau (+), porc (+) 367


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

BOISSONS BIO BON

Infusions épicées

MOYEN

Thé vert ou noir, eau chaude

PARFOIS

Jus de fruits acides

Vin (+), bière (+), eau froide (+), spiritueux (+), MAUVAIS boissons glacées (+), lait (+), soda (+), jus de fruits sucrés (+)

ORDRE ALIMENTAIRE Fruits : de préférence entre les repas, sinon 30 minutes avant, ou au petit déjeuner si cuits, chauds et seuls Légumes, céréales complètes, cuits et chauds Haricots secs cuits après un prétrempage + épices Poissons, volailles, œufs (jamais le matin ni le soir) Salade, vinaigrette à l’ail, toujours en fin de repas

Pour soigner kapha : jeûner ! … ou manger seulement le midi pendant une semaine. Tous les produits doivent être bio et frais. 368


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

RÉGIME GÉNÉRAL POUR PITTA Les types pitta ont besoin d’aliments rafraîchissants, légèrement secs et lourds. Consommer des aliments frais, parfois crus, peu épicés et cuisinés dans peu d’huile. Éviter les aliments frits et trop cuits, et prendre soin de ne pas encrasser le foie par une alimentation trop riche. Ne pas dépasser plus de 3 combinaisons alimentaires. Éviter les fermentations. L’été, être davantage vigilants sur les produits pouvant occasionner des difficultés (moyen).

FRUITS BIO BON

Pomme (+), datte (+), grenade (+), airelle, figue, raisin, melon, poire, kaki, ananas, pruneau, noix de coco

MOYEN

Mangue, orange, prune, framboise, citron

PARFOIS

Abricot, banane, cerise, papaye, pêche, fraise

MAUVAIS

Pamplemousse, pomme acide, kiwi, rhubarbe

LÉGUMES BIO

BON

Chou-fleur (+), coriandre fraîche (+), pousses de tournesol (+) et de luzerne (+), céleri (+), asperge, chou de Bruxelles, chou, olive noire, pissenlit, haricot vert, salade, artichaut, champignons, brocoli, patate, petits pois 369


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

MOYEN

Poivron, persil, pomme de terre, courge, avocat, olive verte, carotte cuite

PARFOIS

Betterave, carotte crue, blette, oignon cuit, aubergine, feuilles de moutarde, radis, algues, épinard, navet, cresson, patate douce

MAUVAIS

Tomate, piment (+), oignon cru (+), ail

CÉRÉALES BIO (complètes) BON

Petit épeautre (+), riz basmati, orge, avoine

MOYEN

Millet, riz brun grain long

PARFOIS

Amarante, sarrasin, riz brun grain rond, quinoa, seigle, épeautre, Kamut

MAUVAIS

Riz blanc, maïs, blé (+)

LÉGUMINEUSES BIO BON

Azuki (+), mung-dal (+), lima

MOYEN

Pois chiches, haricot rouge, soja, pois cassés, lentilles

PARFOIS

Tofu 370


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

NOIX ET GRAINES BIO BON

Noix de coco, graines de tournesol

PARFOIS

Pignons de pin, graines de potiron, graines de sésame, amandes pelées

MAUVAIS

Noix de cajou, noix de pécan, noix, noix du Brésil (+), noix de macadamia (+), cacahuète, pistache

HUILES BIO (première pression à froid) BON

Ghee (+), noix de coco

MOYEN

Soja, tournesol en salade seulement

PARFOIS

Olive, sésame

MAUVAIS

Amande, avocat, arachide, maïs, colza (+), margarine (+), moutarde (+)

PRODUITS LAITIERS (toujours bio et crus, non pasteurisés ni UHT) La cardamome et le poivre noir les rend plus digestes. BON

Ghee (+), lait de coco et de riz

MOYEN

Fromage de chèvre ou de brebis non salé (si aucun problème digestif !)

MAUVAIS

Babeurre, crème glacée, crème aigre, yaourt 371


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

ALIMENTS SUCRÉS (bio et complets, non raffinés) BON

Fructose, sucre d’érable, sirop d’érable, sucre brut non raffiné

MOYEN

Miel frais

PARFOIS

Sucre brun, miel vieux, jaggery, mélasse

MAUVAIS

Édulcorants artificiels : aspartame (+), sucre blanc (+)

CONDIMENTS Pour équilibrer le feu digestif : 1/3 coriandre + 1/3 fenouil + 1/3 cumin BON

Coriandre (+), coriandre fraîche, fenouil

MOYEN

Cardamome, cumin, menthe, curcuma

PARFOIS

Basilic, cannelle, noix de muscade, sel gemme

Férule persique, clou de girofle, fenugrec, gingembre, sel de mer, poivre noir (+), piment (+), MAUVAIS ail cru (+), raifort (+), origan (+), moutarde (+), paprika (+)

PRODUITS ANIMAUX Les produits animaux doivent être évités en général, sauf le blanc des œufs. Le blanc de poulet est ce qu’il y a de moins mauvais. 372


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

BOISSONS BON

Eau (+)

MOYEN

Infusion de fruits ou astringente, chicorée amère, thé vert ou blanc, jus de fruits sucrés

MAUVAIS

Café, boissons glacées, jus de fruits acides, infusions épicées, vin, spiritueux (+), soda (+)

ORDRE ALIMENTAIRE Fruits : de préférence entre les repas, sinon 30 minutes avant, ou au petit déjeuner et seuls Salade, vinaigrette (selon saison et goût) Légumes, céréales complètes, cuits et chauds Haricots secs cuits après un prétrempage Légumes crus Produits laitiers (jamais le matin ni le soir) Poissons, volailles, œufs (jamais le matin ni le soir) Salade, vinaigrette (selon saison et goût)

Pour pacifier pitta : 3 dattes dans un verre d’eau le soir et laisser tremper toute la nuit. Boire l’eau vers 10 heures et manger les dattes réhydratées. C’est bon pour la peau, les inflammations. Tous les produits doivent être bio et frais. 373


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

RÉGIME GÉNÉRAL POUR VATA Les types vata doivent généralement consommer davantage d’aliments et plus fréquemment. Les aliments doivent être chauds, lourds, humidifiants et toniques. Les repas doivent être légers, fréquents mais réguliers. Éviter ce qui est trop sec et ne pas dépasser plus de 2 combinaisons. En automne-hiver, être vigilants sur les produits pouvant occasionner des difficultés (moyen).

FRUITS BIO En modération. Les laisser tremper s’ils sont secs. BON

Cerise, datte, figue, pamplemousse, raisin, citron, mangue, papaye, ananas, pruneau, framboise, fraise, kiwi

MOYEN

Pomme cuite, abricot, banane, orange, pêche, poire, kaki, prune, noix de coco

MAUVAIS

Fruits secs en général (+), pomme crue, melon, airelle

LÉGUMES CUITS BIO

BON

Oignon (+), avocat, betterave, carotte, piment, coriandre fraîche, persil, radis, algues, haricot vert, petits pois, fenouil, ail, poireau, olive noire, courgette, patate douce

MOYEN

Poivron, aubergine, haricot vert, feuilles de moutarde, petits pois, pomme de terre, courge, navet, cresson 374


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

PARFOIS

Asperge, chou-fleur, céleri, blette, concombre, épinard, pousses germées, artichaut, tomate, olive verte

MAUVAIS

Brocoli, chou de Bruxelles, chou, salade verte, champignons, oignon cru, légumes crus (+)

CÉRÉALES BIO (complètes) BON

Petit épeautre (+), riz basmati, riz brun, avoine

MOYEN

Amarante, quinoa

PARFOIS

Orge, sarrasin, millet, seigle, épeautre, Kamut

MAUVAIS

Céréales crues ou sèches (+), blé (+), muesli, maïs, riz blanc

LÉGUMINEUSES BIO Peuvent occasionner des difficultés : effectuer un prétrempage ou une germination. Cuites avec des céréales et des épices, elles se digèrent mieux. BON

Mung-dal avec du riz basmati : kichari

MOYEN

Azuki

PARFOIS

Tofu, lentilles rouges

MAUVAIS

Pois chiches, haricot rouge, soja (+), pois cassés (+), lentilles vertes 375


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

NOIX ET GRAINES BIO BON

Amandes mondées, noix de pécan, pignons de pin, noix

MOYEN

Noix du Brésil, noix de cajou, noix de macadamia, graines de sésame

PARFOIS

Noix de coco, graines de courge, graines de tournesol

HUILES BIO (première pression à froid) BON

Ghee (+), sésame (+), olive

MOYEN

Noix de coco, moutarde, arachide et tournesol en salade seulement

MAUVAIS

Colza, maïs, margarine (+)

PRODUITS LAITIERS (toujours bio et crus, non pasteurisés ni UHT) BON

Ghee (++), lait d’amande, lait de riz

MOYEN

Babeurre (+), produits laitiers de chèvre ou de brebis, notamment les acides : babeurre et kéfir, fromage de chèvre ou de brebis, avec de la cardamome qui les rend plus digestes

MAUVAIS

Glace car éteint le feu digestif, lait de soja, lait de vache et sous-produits 376


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

ALIMENTS SUCRÉS BIO (complets, non raffinés) BON

Jaggery (+), sirop d’érable, mélasse, sucre brut non raffiné, rapadura

MOYEN

Fructose, miel

MAUVAIS

Sucre blanc (+), édulcorants artificiels (+) : aspartame

CONDIMENTS Pour équilibrer le feu digestif : 1/3 fenouil + 1/3 cumin + 1/3 cardamome

BON

Férule persique (+), cardamome (+), fenouil (+), ail (+), noix de muscade (+), basilic, cannelle, cumin, gingembre, sel gemme, curcuma, clou de girofle, coriandre

MOYEN

Poivre noir, cayenne, raifort, menthe, moutarde, sel de mer, fenugrec

PRODUITS ANIMAUX BIO Tous les produits animaux sont généralement bons pour stabiliser vata mais ils perturbent le mental. Les poissons et les œufs sont moins mauvais. Le poulet est meilleur que la viande rouge ; les pires sont le porc, puis le bœuf et l’agneau, puis le lapin et la dinde. 377


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

BOISSONS BIO BON

Jus de fruits acides (hors repas), infusions épicées, toniques, eau chaude durant les repas et en modération

MOYEN

Jus de fruits sucrés, thé vert, thé blanc

MAUVAIS Café (+), alcool (+), soda (+) boissons glacées (+)

ORDRE ALIMENTAIRE Fruits : de préférence entre les repas, sinon 30 minutes avant, ou au petit déjeuner si cuits, chauds et seuls Légumes, céréales complètes, cuits et chauds Légumineuses cuites après un prétrempage + épices Poissons, volailles, œufs (jamais le matin ni le soir) Salade verte avec une sauce à base d’huile et d’ail (mais pas conseillée pour vata)

Pour pacifier vata : avant le lever du soleil, cuire 1 cuillère à soupe de ghee + 1 cuillère à soupe de farine d’épeautre + 1/2 cuillère à soupe de sucre, pendant 10 minutes. Manger cette préparation à l’aube et se recoucher. Effets sous 1 semaine. Si sama-vata ou vata-kapha et constipation, boire 1 litre d’eau chaude et se recoucher 10 minutes. Tous les produits doivent être bio et frais. 378


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

Quant aux personnes qui sont « bi-doshiques » ou « tridoshiques », elles doivent combiner ces trois tableaux et ne prendre que ce qui est bon pour chaque dosha. Cependant, il est fortement conseillé de consulter un praticien en ayurvéda qui adaptera votre régime alimentaire à votre Prakriti et votre Vikriti éventuelle, et pourra, si besoin, vous préconiser des plantes nécessaires pour rétablir la santé. Un autre point important pour notre santé concerne les addictions, que ce soit au tabac, à l’alcool ou aux drogues. Il est plus que recommandé de stopper toute prise de tabac, d’alcool ou de drogues, autant pour la santé de notre corps physique que pour notre santé énergétique, émotionnelle et spirituelle. Pour évoluer et atteindre un jour à l’éveil, nous devons nous libérer de tout attachement, de toute entrave, et retrouver notre liberté. Or, avec les addictions, nous sommes prisonniers de ces produits nocifs. › Gestion des trois doshas 1- Gestion de kapha : – Kapha doit être traité par une thérapie chauffante, asséchante, allégeante et stimulante. – Les saveurs traitant kapha sont : le piquant, l’amer et l’astringent. – Les thérapies traitant kapha sont réductrices, généralement conjointes à un jeûne ou une diète. – L’eau peut être éliminée par transpiration grâce aux plantes diaphorétiques. – La sudation est efficace pour dissiper les rhumes et les grippes courantes. Un sauna sec est idéal, cependant il ne faut pas chauffer la tête. – Pour éliminer le flegme et le mucus, on utilise des plantes 379


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expectorantes. – La méthode la plus puissante de réduction de kapha est la thérapie émétique, faite avec des plantes appropriées par des personnes compétentes. – Pour soutenir agni, il faut utiliser des plantes stimulantes et carminatives, chaudes et piquantes, qui accroissent le métabolisme et la circulation et favorisent l’activité. – Les plantes toniques amères sont les plus puissantes pour réduire la graisse du corps et diminuer kapha, ainsi que le besoin maladif de sucreries. – Les plantes laxatives et purgatives favorisent l’évacuation et, donc, diminuent l’élément terre et kapha. 2- Gestion de pitta : – Pitta doit être traité en premier par des thérapies rafraîchissantes ou dispersant la chaleur, puis aussi par des thérapies asséchantes, nutritives ou apaisantes. – Les saveurs traitant pitta sont : le doux, l’astringent et l’amer. – La chaleur à la surface du corps est traitée par des plantes diaphorétiques rafraîchissantes (cas des fièvres temporaires et des rhumes ou des inflammations cutanées). – Les inflammations des sinus sont traitées par la technique simple de nasya : à l’aide d’un lota (netti-pot), faire circuler de l’eau tiède salée d’une narine à l’autre. – La chaleur dans le sang est traitée avec des plantes reconstituantes, amères ou astringentes (cas des conditions infectieuses ou inflammatoires : plaies, ulcères, furoncles…). – Pour les chaleurs extrêmes, on utilise des plantes amères purgeant le feu (toniques amères dans les cas de fortes fièvres). Elles sont plus puissantes que les plantes reconstituantes et atteignent des tissus plus profonds. – Les purgatifs constituent une autre thérapie puissante anti-pitta (cas des chaleurs pitta élevées atteignant le système 380


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gastro-intestinal et provoquant la constipation). – Quand l’attribut liquide de pitta est élevé (cas des diarrhées), on utilise toujours des purgatifs rafraîchissants car la cause est encore la chaleur. – La méthode de purgation (virechana karma) est la plus puissante pour éliminer pitta du corps. – Pour réduire les sécrétions excessives (sueur, diarrhées, hémorragies…), utiliser des plantes astringentes. – Quand pitta, par son excès, supprime agni, on peut utiliser des plantes digestives et stimulantes, telles que le gingembre (à équilibrer avec d’autres plantes). 3- Gestion de vata : – Vata est traité par des thérapies chauffantes, humidifiantes et favorisant la prise de poids. – Les saveurs traitant vata sont : le doux, l’acide et le salé. – Lorsqu’il s’agit de déficiences causées par vata (réduction de tissus : émaciation, déshydratation et déficiences des fluides vitaux), il faut traiter par des thérapies toniques : plantes et aliments doux et nutritifs. – Lorsqu’il y a obstruction des canaux causée par vata, (arthrite, rhumatisme, gaz et constipation), une thérapie tonique ne convient pas car elle nourrirait l’obstruction ! Il faut alors utiliser des plantes piquantes pour dégager l’obstruction et diminuer vata. Cependant, il ne faut pas continuer les plantes piquantes après la désobstruction car elles assécheraient et déshydrateraient le corps vata. – Pour des problèmes de digestion, utiliser les plantes piquantes. – Les plantes diaphorétiques de nature chauffante sont utilisées pour dissiper vata lié aux rhumes et aux grippes, et pour humidifier la peau en cas de sécheresse. – Les plantes carminatives aident à dissiper les gaz. – Les plantes nervines et antispasmodiques aident à relâcher la 381


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tension musculaire et font cesser les spasmes et tremblements nerveux. – Les plantes laxatives et purgatives sont utilisées pour dissiper la constipation. – Les plantes stimulantes favorisent la digestion, l’appétit, et neutralisent ama (toxines dans les tissus, visibles sur la langue). – Vata déficient est soigné par la phytothérapie et un régime alimentaire tonique, nutritif et stimulant. Les toniques amers sont contre-indiqués. Les plantes douces, lénifiantes et émollientes sont les plus proches des plantes toniques et nutritives (la réglisse, l’orme et la racine de consoude). – L’ayurvéda considère les lavements thérapeutiques comme les plus puissants pour éliminer l’excès de vata du corps. – Les formules pour réduire vata contiennent souvent du sel de roche pour stimuler l’appétit. Dans tous les cas, il est recommandé de demander conseil à un praticien en ayurvéda. › Monodiète Ceci est un régime intéressant à suivre lorsqu’il y a un problème de feu digestif très faible ou lorsqu’il y a une intolérance à un aliment, afin de le réintroduire progressivement. – Pendant 3 jours : soupe de riz basmati non complet (entre riz et bouillon), sans épices. Saler après la cuisson. – Pendant 3 autres jours : soupe de riz basmati semi-complet (2/3) + un légume (mung-dal ou carotte, 1/3) + épices. Avec du mung-dal, cela s’appelle kichari. – Pendant 3 autres jours : kichari plus épais mais humide + épices. – Après le 9e jour, la nourriture devient plus consistante, et ajouter un légume de plus (mung-dal + carotte), mais tout est cuit 382


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ensemble avec des épices et sans matière grasse. Durée = 3 jours. – Ajouter un nouveau légume tous les 3 jours ; on peut les cuire séparément du riz. Toujours 2/3 de riz semi-complet (ou complet si constipation) et 1/3 de légumes. – Continuer minimum 21 jours ou quelques mois, jusqu’à ce que tout soit en ordre. – Quand tout est en ordre, reprendre les fruits en les faisant cuire au préalable et les manger en dehors des repas. – Ensuite, varier les céréales : riz complet, orge mondé, quinoa, boulgour de petit épeautre complet, avoine complète. Toujours pendant 3 jours et voir comment ça évolue. › Débat sur la viande Plusieurs raisons prêchent en faveur d’un régime végétarien. La viande, surtout la viande rouge, est beaucoup plus longue à digérer que les céréales ou les légumes. Voici un tableau (page 383) qui donne la durée de digestion complète des aliments, selon que nous soyons carnivores ou végétariens. Plus la digestion est longue, plus grands sont les risques, qu’elle soit incomplète ou imparfaite, et donc elle génère des toxines (ama) qui vont s’accumuler dans tout le corps. La viande, provenant d’un animal mort, reste imprégnée de son énergie animale qui vient se substituer à notre propre énergie, ce qui augmente le feu animal de notre corps et active des tendances provenant de l’animal mort. Ceci favorise la colère, la luxure et la peur, ainsi que d’autres émotions négatives. La viande procure une énergie subtile de mort à notre aura, 383


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réduisant la circulation de prana dans notre corps. La vie des créatures que nous avons mangées pèse sur notre corps astral avec leurs sentiments et leurs impressions négatives, dont le stress que vit l’animal à l’approche de la mort. La viande procure un type de tissus tamasique, ou lourd, qui encrasse les canaux subtils et tend à alourdir l’esprit. Ceci ne signifie pas que les pratiques spirituelles n’auront pas d’effets sur une personne carnivore, mais que celle-ci aura davantage de voiles et, donc, de difficultés à surmonter pour atteindre l’éveil. Il a été établi que la violence et la criminalité, ainsi que l’intolérance religieuse sont plus répandues parmi les groupes carnivores. Un autre aspect à considérer est le problème écologique dû à une très grande consommation de viande. En effet, celle-ci a considérablement augmenté dans la deuxième moitié du XXe siècle, bien au-delà de la quantité de protéines nécessaire par personne. Vu l’augmentation de la population mondiale, cela s’est traduit par des déforestations massives et la pollution des terres, de l’eau et de l’air. Dernier argument : l’aspect spirituel ! L’animal est un esprit, comme nous, qui a la même nature de bouddha et qui souhaite, tout comme nous, ne pas souffrir. Le tuer pour manger sa viande transgresse le principe yogique de non-violence (ahimsa en sanscrit), qui est le premier principe des disciplines d’hygiène de vie assimilées à la pratique du yoga. Si notre pratique du yoga nuit aux autres créatures, elle ne peut pas aller loin.

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Si nous considérons les régimes du docteur D’Adamo basés sur le groupe sanguin, nous voyons que les personnes du groupe universel « O » sont considérées comme des chasseurs. Selon cette théorie, elles devraient pouvoir manger de la viande. Dans mon expérience, j’ai effectivement rencontré de nombreuses personnes du groupe « O » qui avaient beaucoup de difficultés à devenir végétariennes, ce qui n’est pas le cas des autres groupes sanguins. Dans ce cas, je dirais que, si le végétarisme doit être trop stressant pour la personne, il est préférable qu’elle mange un peu de viande, plutôt de la viande blanche ou du poisson, et seulement aux repas du midi quand le feu digestif est au plus fort, mais pas tous les jours. Il est bon de varier les protéines avec, notamment, des protéines végétales. De plus, une pratique que je conseille avant de manger de la viande est de penser à l’animal qui a été sacrifié, de le remercier et de lui envoyer de la lumière, de réciter une prière ou des mantras pour lui souhaiter d’avoir une meilleure réincarnation. Donnez aussi de l’énergie à la viande pour en retirer les énergies de stress, de peur et de colère qu’elle peut contenir, et pour la rendre plus digeste pour votre organisme. Enfin, choisissez, si possible, une viande bio qui n’aura pas d’antibiotiques, d’hormones et autres nocivités. Vous pouvez aussi lire à ce sujet Plaidoyer pour les animaux de Matthieu Ricard. L’étape suivante, après le régime végétarien, serait de pouvoir se passer complètement de nourriture grossière et de se nourrir seulement du prana de l’Univers. Quelques rares personnes évoluées, comme certains yogis des montagnes de l’Himalaya, arrivent à ce niveau. Ceci peut paraître assez incroyable pour certains et, à tout le moins, hors d’atteinte pour la grande majorité des personnes. Cependant, il semblerait qu’au début 386


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de l’humanité sur Terre, les êtres étaient plus éthériques et ne se nourrissaient que de prana. C’est lorsqu’ils ont commencé à manger de la nourriture solide qu’ils ont commencé à s’alourdir, se voiler et régresser dans les mondes inférieurs78. Aujourd’hui, de nombreuses personnes ont fait l’expérience de se nourrir uniquement de prana, sans perdre du poids, et elles en retirent de grands bienfaits79. › Débat sur les psychotropes Dans mon introduction, je dis que je ne parlerai pas du chamanisme qui utilise l’absorption de plantes hallucinogènes, car je ne le pratique pas, et que ceci se rencontre notamment dans des régions tropicales, très humides, comme l’Amazonie, où les membranes des tambours se détendent et n’y sont pas d’un usage facile. Je voudrais en reparler ici, dans le cadre de l’ayurvéda, et donner ensuite l’avis d’un grand lama. Pour l’ayurvéda, la prise de drogues et de plantes hallucinogènes est très perturbante pour notre organisme et contribue à déséquilibrer nos trois doshas : vata, pitta et kapha, ce qui, comme nous l’avons vu, peut être générateur de maladies, tant du corps physique que du mental. De plus, malgré ce qui se dit souvent, même des plantes comme l’ayahuasca peuvent générer de la dépendance. J’ai rencontré une personne qui me racontait qu’elle prenait de l’ayahuasca depuis des années et qu’aujourd’hui elle essaie de s’en libérer, non sans peine. Voici ce qu’en pense Lama Thoubten Yéshé (1935-1984) : « Les enseignements bouddhiques parlent bien de la manière dont les substances matérielles affectent le système nerveux humain et de la relation entre le système nerveux et l’esprit. D’après ce que j’ai 78 79

Voir chapitre 1, « Mythe de la création ». Voir le livre La nourriture des dieux de Jasmuheen. 387


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appris, je dirai que prendre des drogues va à l’encontre de ce que le bouddhisme recommande. Toutefois, mon avis personnel est que les gens qui sont entièrement sous l’emprise du monde sensoriel, qui n’ont aucune idée des possibilités de développement mental, peuvent peutêtre tirer profit de l’expérience de la drogue. De quelle façon ? Si des gens dont la réalité est limitée aux éléments de ce corps humain de chair et d’os font cette expérience, peut-être penseront-ils : "Incroyable ! Je pensais que ce monde physique était tout juste ce qui existait, mais à présent je peux voir qu’il est possible pour mon esprit de se développer au-delà des contraintes de mon corps de chair et de sang". Dans certains cas, l’expérience de la drogue peut ouvrir l’esprit d’une personne à la possibilité du développement mental. Mais une fois que vous avez fait cette expérience, c’est n’est pas bon de continuer à prendre des hallucinogènes car l’expérience de la drogue n’est pas une compréhension réelle ; ce n’est pas une vraie réalisation. L’esprit est encore limité car la matière elle-même reste tellement limitée ; il passe par des hauts et des bas. De plus, si vous prenez trop de drogues, vous risquez d’endommager votre cerveau. Il ne s’agit donc ici que de mon avis personnel. » Il est d’ailleurs intéressant de lire ce qu’en dit Ake Hultkrantz dans Guérison chamanique et médecine traditionnelle des Indiens d’Amérique. Il y relate le développement du peyote : « Le rite du peyote se développe au XVIIIe siècle en réponse aux besoins spirituels immédiats de peuples en proie au désespoir. Cette plante a des pouvoirs guérissants. Les chamanes de l’ancienne tradition s’y opposèrent. En fait ces mêmes chamanes ont pavé la voie du peyote de par leurs mauvaises actions en sorcellerie ! » La conclusion de cela est qu’avant le XVIIIe siècle, il n’était point besoin de peyote, à une époque où les chamanes étaient puissants et éthiques. C’est donc bien vers cette forme de chamanisme qu’il faudrait revenir.

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Kalou Rinpoché dit que même la fumée de tabac a la capacité d’entrer dans les canaux subtils et de les obstruer. Ceci est donc nuisible non seulement à la santé physique, mais aussi à notre santé énergétique et spirituelle. Un autre point, qui devient de plus en plus critique, est celui des ondes électromagnétiques. Nous rencontrons de plus en plus de personnes hypersensibles à ces ondes et qui développent des maladies à leur contact. Il s’agit de toutes les ondes électromagnétiques : celles des radiotélévisions, bien sûr, mais aussi celles des téléphones portables, des téléphones sans fil, des « Wi-Fi » et maintenant des compteurs électriques Linky. Le must est probablement le cas des fours micro-ondes que l’on retrouve dans de nombreuses cuisines pour leur côté pratique et rapide ! Les molécules de la nourriture sont agitées, stressées par ces micro-ondes, et retransmettent ce stress au corps physique ainsi qu’aux corps énergétiques. Quant aux plaques de cuisson à induction, c’est le même problème mais, en plus, à ciel ouvert ! Un conseil serait de s’éloigner de toutes les sources électromagnétiques et, à défaut, de tenter de s’en protéger. Pour les téléphones sans fil, maintenir le téléphone sur sa base quand vous ne vous en servez pas. Ne pas porter le téléphone portable directement sur soi, le mettre dans une pochette isolante pour les radiations et, quand vous ne vous en servez pas, éteignez-le et mettez-le dans une boîte métallique (cage de Faraday). Ne pas s’en servir de réveille-matin, sur la table de nuit, toute la nuit, quand vous dormez. Si vous n’avez pas pu résister à l’invasion du compteur Linky, sachez qu’il existe des filtres secteurs à installer en aval du compteur pour protéger votre installation électrique. Quant à votre « Livebox », vous pouvez désactiver le « Wi-Fi » et utiliser un câble Éthernet.

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› Pratique du yoga Les différentes asanas de yoga ont des effets sur les trois doshas. Lors de chaque asana, il est bon d’être le plus détendus possible, de prendre conscience de nos corps énergétiques et de nous sentir englobés dans le Tout. Ce faisant, notre corps physique se détend davantage et nous pouvons ainsi être comme en méditation. Voici quelques asanas classiques avec leurs effets, à insérer dans une série. POSITION

NOM

EFFETS

Debout

Tadasana

Stabilité, équilibre tous les doshas

Debout

Trikonasana

Bon pour vyana et vata

Debout

Virabhadrasana

Ouvre la poitrine, élève prana + agni, réduit kapha

Debout

Parsvakonasana

Stabilité, réduit vata et kapha

Inversée

Adho mukha svanasana

Stimule kapha, stabilise vata, équilibre les 3 doshas

Inversée

Salamba sarvangasana

Régule udana et kapha dans la poitrine, neutralise pitta élevé, inverse apana, purifie le sang

Viparitakarani

Équilibre les 3 doshas, réduit les excès de tension du cerveau et du mental, bon pour sinus et migraines

Inversée

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Assise

Dandasana

Calme vata et pitta, réduit kapha

Assise

Sukhasana

Facilite la méditation et le pranayama

Padmasana

Régule vata et apana, fait circuler prana dans sushuma, bon pour pranayama et pratyhara

Siddhasana

Calme vata, contrôle apana, favorise la montée de prana, bon pour la méditation

Vajrasana

Excellent pour pranayama, favorise l’éveil de prana et de kundalini, stimule pranagni

Bhujangasana

Harmonise pitta, régule samana, stimule agni et kundalini, apaise vata dans le côlon

Flexion arrière

Matsyasana

Augmente agni, débarrasse le foie et le système digestif de pitta, bon pour la gorge et les poumons

Flexion avant

Upavistha konasana

Réduit pitta + vata, accroît la tranquillité et la stabilité

Pashimotanasana

Régule apana, améliore la digestion, réduit kapha + pitta et les déséquilibres de vata

Assise

Assise

Assise

Flexion arrière

Flexion avant

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Torsion

Jathara parivartanasana

Améliore la circulation dans la colonne + les nadis, régule vyana + vata + pitta

Torsion

Ardha matsyendrasana

Étire la colonne, enraye la scoliose, améliore la digestion, réduit vata + pitta, purifie le foie

Finale

Savasana

Dissipe l’accumulation de vata et de stress, apaise pitta

› Feng shui des lieux Les lieux dans lesquels nous vivons de nombreuses heures par jour devraient pouvoir nous offrir une énergie élevée afin de nous recharger et ne pas nous prendre notre énergie. Pour avancer sur notre chemin spirituel, nous avons besoin d’un maximum d’énergie, qui facilitera nos pratiques spirituelles. Hélas, ce n’est pas toujours le cas dans nos habitations modernes, surtout en ville. Cependant, il existe plusieurs solutions pour résoudre les problèmes énergétiques de nos lieux d’habitation ou de travail. Tout d’abord, il faut savoir que notre planète est entourée d’un réseau dit « Hartmann » qui quadrille la surface de la Terre comme une grille énergétique dont la maille fait 2,5 mètres sur 2 mètres. À chaque intersection de la grille, se trouve un point Hartmann, d’environ 20 centimètres de diamètre au sol, qui présente une énergie très faible et nous prend donc de l’énergie. Ceci explique notamment pourquoi certains arbres, qui sont sur des points Hartmann, penchent pour tenter d’échapper à ces 392


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points énergétivores. Étant donné que cette grille à des mailles de 2,5 mètres sur 2 mètres, il y a forcément des points Hartmann un peu partout dans nos habitations. De plus, lorsque nous nous élevons au-dessus du sol, les points Hartmann sont comme des cônes inversés, c’est-à-dire que leur diamètre augmente avec la hauteur. Donc, au premier étage d’une maison, le diamètre du point Hartmann est supérieur à 20 centimètres. Et ainsi de suite avec le deuxième puis tous les étages supérieurs. Pour les repérer, il faut faire appel à un sourcier, ou un radiesthésiste, qui les trouvera avec un pendule ou des baguettes de coudrier. Ensuite, il faudra trouver une compensation pour les points critiques qui se trouvent, par exemple, sous le lit ou le canapé, en des endroits où nous passons de nombreuses heures. Pour ma part, j’utilise le symbole antahkarana80 que je colle sur le point Hartmann, sous les lits et les canapés ou en tout autre lieu qui me paraît en avoir besoin. À titre d’exemple, lorsque je vivais dans un pavillon en région parisienne, j’avais une plante posée à même le sol dans la cuisine. Tous les quatre à six mois, cette plante dépérissait. Jusqu’au jour où j’eus l’idée de mesurer au pendule l’énergie en cet endroit et découvris qu’elle était sur un point Hartmann. Je rachetai, pour la troisième fois, la même plante et la mis au même endroit mais, cette fois-ci, avec le symbole antahkarana sous le pot ; puis la plante a prospéré de longues années durant. Tout autre symbole énergétique ou sacré fonctionne aussi bien ; à tester énergétiquement.

C’est un ancien symbole de méditation et de guérison qui est utilisé au Tibet et en Chine depuis des milliers d’années. C’est un symbole puissant et, en étant simplement en votre présence, il créera un effet positif sur les chakras et les auras. 80

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Nous pouvons aussi découvrir d’autres points énergétivores, comme ceux du réseau Curry ou des failles géologiques souterraines. Je conseille de les traiter de la même manière. Une fois réglés les problèmes Hartmann, Curry et autres, il est bon de voir où en est le feng shui de l’habitation et d’y apporter les corrections nécessaires. Se reporter aux livres de feng shui ou consulter un spécialiste. Ceci est essentiel et peut avoir des conséquences très importantes, en bien comme en mal. Toujours dans mon pavillon en région parisienne, j’ai pu expérimenter les lois du feng shui : la construction était en « L » et présentait donc un coin manquant qui, en l’occurrence, était celui du secteur du couple. Après quelques années passées dans ce pavillon, je divorçai. Quand je compris cela, je corrigeai ce coin manquant et, quelques mois après, je me remariai. Les énergies qui circulent dans une maison ne sont pas anodines et impactent directement nos énergies et nos humeurs. Au bout de plusieurs mois ou années d’accumulation, les effets peuvent se faire sentir. Finalement, lorsque le feng shui général est équilibré, il est bon de procéder régulièrement à une purification de l’habitation. Je ne saurais trop vous conseiller la pratique de Karen Kingston, décrite dans son livre L’harmonie de la maison par le feng shui. Parfois, des fantômes errent dans nos appartements et y apportent des perturbations énergétiques, voire physiques. Une pratique de psychopompe est alors nécessaire. Il peut aussi arriver que certains lieux accusent une énergie appauvrie et que cela se ressente dans leur vie et, donc, dans la nôtre. Un « recouvrement de partie d’âme perdue » pour le lieu est parfois nécessaire. Nous avons vu cette pratique dans la première partie de ce livre, au chapitre 9, « Soins aux autres ». Elle s’applique aux personnes mais aussi aux objets et aux lieux puisqu’ils ont un 394


Chamanisme et bouddhisme – De la source à l’éveil

esprit et, donc, une âme, qui en est la manifestation. Il est important de visualiser notre environnement comme une Terre pure de bouddha et de faire tout notre possible pour l’entretenir comme telle : ranger, ordonner notre appartement et notre jardin conformément au feng shui, à hauteur de nos moyens. Même un logis modeste peut avoir une bonne énergie si nous le soignons et l’entretenons. › Pratiques énergétiques En plus des efforts d’amélioration de notre régime alimentaire, de la qualité de la nourriture bio et de la qualité de nos habitats, il est bon aussi de songer à avoir régulièrement des pratiques propres à nous ressourcer en énergie. Nous avons, par exemple, les autotraitements reiki, la pratique du tai-chi-chuan ou du chi-gong, ainsi que le pranayama qui va favoriser une bonne assimilation du prana de l’air. Faire régulièrement de l’exercice, marcher en pleine campagne ou en montagne, faire du sport, sous surveillance médicale, contribuent à améliorer notre santé générale. La récitation de mantras a aussi des effets sur nos corps énergétiques et contribue grandement à notre purification générale. Cela peut être des mantras bouddhistes, hindouistes ou de toute autre tradition. Cela peut aussi être des mantras de notre tradition celte, que nous pouvons apprendre auprès de nos ancêtres disparus.

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11 – CHRONOLOGIE (en années)

14 000 000 000 av. J.-C.

Création de l’Univers

5 000 000 000 av. J.-C.

Création de la Terre

315 000 000 av. J.-C.

Premiers reptiles

242 000 000 av. J.-C.

Premiers dinosaures

86 000 000 av. J.-C.

Extinction des dinosaures

65 000 000 av. J.-C.

Début du tertiaire

3 600 000 av. J.-C.

Lucy, plus vieux squelette humain trouvé

3 000 000 av. J.-C.

Début du quaternaire et civilisation de Mû

445 000 av. J.-C.

Arrivée des Nibiriens sur Terre

50 000 av. J.-C.

Énoch, langage kototama

28 000 av. J.-C.

Fin de Mû et début de la civilisation atlante

15 000 av. J.-C.

Culture bön au Tibet

11 000 av. J.-C.

Ère du Lion 397


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10 000 av. J.-C.

Déluge (Noé), fin de l’Atlantide

8 800 av. J.-C.

Ère du Cancer

8 000 av. J.-C.

Fin du kototama, tour de Babel

6 700 av. J.-C.

Ère du Gémeaux, Ram, préceltisme

5 000 av. J.-C.

Égypte des pharaons, ayurvéda en Inde

4 300 av. J.-C.

Ère du Taureau

3 000 av. J.-C.

Âge de la pierre, Proto-Celtes

2 900 av. J.-C.

Krishna

2 600 av. J.-C.

Zoroastre

2 400 av. J.-C.

Ère du Bélier, Hermès Trismégiste, celtisme

1 800 av. J.-C.

Abraham, migration des Proto-Celtes vers l’ouest de l’Europe

1 400 av. J.-C.

Akhenaton (dernier fils du Soleil)

1 300 av. J.-C.

Moïse

1 000 av. J.-C.

Âge du bronze, culture celte

700 av. J.-C.

Culture de Hallstadt (Autriche)

600 av. J.-C.

Pythagore

400 av. J.-C.

Âge du fer, Bouddha Shâkyamuni, apogée du celtisme avant l’invasion romaine

100 av. J.-C.

Invasion romaine en pays celtes

000 J.-C.

Ère du Poisson, Jésus-Christ

570 apr. J.-C.

Mahomet

800 apr. J.-C.

Padmasambhava 398


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12 – GLOSSAIRE

Avalokiteshvara : Bouddha de la compassion, aussi appelé Chenrézy en tibétain et Kannon en japonais. Il est la divinité la plus populaire du Tibet, celle dont tous les Tibétains récitent avec ferveur le mantra : « OM MANI PADME HOUNG » (« HOUNG » en tibétain ou « HUM » en sanscrit). Bodhisattva : désigne un aspirant sur la voie du mahayana, qui a fait le vœu d’atteindre l’éveil complet dans le but de libérer du samsâra tous les êtres. Bouddha : ce nom peut désigner le fondateur historique du bouddhisme, le Bouddha Shâkyamuni (aussi connu sous les noms de Siddharta ou Gautama), ou, plus généralement, tous les êtres qui ont atteint l’éveil complet. Boule harmonique : boule qui émet des sons harmonieux, utilisée en feng shui. Chakras : centres énergétiques. Les principaux sont situés sur le canal central (sushuma) du corps subtil. En forme de roue, ils alimentent en énergie les méridiens et les nadis qui euxmêmes alimentent les différents organes du corps. 399


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Classes (les six classes) : il s’agit des dieux, ou êtres surnaturels, de l’hindouisme ; certains, à l’origine maléfiques, se sont mis au service du bouddhisme pour protéger les enseignements. Dakini : « celle qui marche dans le ciel ». Un être féminin qui aide à faire surgir l’énergie de béatitude dans le pratiquant tantrique qualifié. Les cinq dakinis sont les déesses des cinq éléments. Dak kyé : autogénération en une divinité. Déva : divinité. Mot utilisé dans plusieurs traditions. Le védisme ancien utilise le mot déva pour évoquer une puissance agissante qui se manifeste dans les phénomènes naturels et mentaux. L’hindouisme utilise le mot déva comme un terme générique désignant les dieux. Dewatchen : nom de la Terre pure d’Amitabha. Pour information, en Dewatchen, l’échelle du temps est très différente de celle de notre Terre. Un jour en Dewatchen est équivalent à un maha-kalpa dans un univers ordinaire, et un maha-kalpa est constitué de quatre-vingt kalpas intermédiaires qui englobent la genèse, le maintien et la destruction d’un univers, ainsi que la période vide précédant une nouvelle manifestation. C’est une durée quasiment incalculable en années terrestres. Ceci nous donne une idée de ce que peut être le temps et peut nous aider à relativiser notre notion de temps. Dharma : enseignements spirituels, particulièrement ceux du Bouddha. Énoch : patriarche biblique. Il est le fils de Yared, le père de Mathusalem et l’arrière-grand-père de Noé. Il est le septième patriarche du lignage de Seth. Selon le livre de la Genèse, il a 400


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vécu 365 ans avant que Dieu le prenne pour le placer au ciel. Il est dit qu’Énoch « marchait avec Dieu », ce qui exprime une relation privilégiée avec Dieu. Sa durée de vie terrestre est courte en comparaison des autres patriarches antédiluviens et suggère un lien avec l’année solaire de 365 jours. Garab Dorjé : né en 320 ou 715 avant Jésus-Christ, selon différentes sources, il a reçu la transmission du dzogchen par un contact visionnaire direct avec le sambhogakaya de Vajrasattva, lequel en aurait reçu la transmission directe du Bouddha primordial Samantabhadra. Kannon : nom japonais d’Avalokiteshvara ou Chenrézy. Kayas : on distingue trois kayas, ou corps d’un bouddha : – Dharmakaya : le corps de vérité. L’esprit d’un être pleinement éveillé, qui demeure dans l’absorption méditative de la perception directe de la vacuité, tout en reconnaissant simultanément tous les phénomènes. – Sambhogakaya : le corps de jouissance. Forme dans laquelle l’esprit éveillé apparaît pour être bénéfique aux bodhisattvas hautement réalisés. – Nirmanakaya : le corps d’émanation. Forme dans laquelle l’esprit éveillé apparaît pour être bénéfique aux êtres ordinaires. Cependant, de tels phénomènes n’ont pas d’existence intrinsèque, et ils manquent de réalité inhérente. Ce manque de réalité inhérente s’appelle svabhavikaya, ou le corps essentiel, qui représente l’union des trois corps précédents. Mahamoudra : « Grand Sceau » ou « Grand Symbole ». Voie spirituelle propre à l’école kagyüpa, dans laquelle tous les phénomènes sont reconnus comme étant le symbole de l’esprit dont l’essence est vide, la nature lumineuse et la manifestation inconcevable. 401


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Mandala : mot tibétain signifiant « centre avec ses alentours ». Dans le bouddhisme vajrayana, un mandala est la résidence d’un yidam, ou déité de méditation. Il communique l’essence de la sagesse de l’éveil. Mantras : sons sacrés représentant l’essence de différentes déités, récités pour purifier. « OM » purifie le corps, « HA » purifie la parole, « HUM » purifie l’esprit. Mudra : gestes symboliques des mains effectués au cours des divers rituels tantriques. Naga : animal fabuleux de l’hindouisme, à corps de serpent, habituellement représenté avec plusieurs têtes, souvent chimérique et effrayant. Créature mi-homme mi-serpent (homme se terminant par une queue de serpent). Nirvâna : libération des souffrances du samsâra, atteinte par l’éveil complet. Ondes cérébrales : les activités électriques cérébrales rythmiques sont classées selon leur fréquence : – Bêta : correspond aux fréquences supérieures à 12 hertz (et généralement inférieures à 45 hertz). Elles apparaissent en période d’activité intense, de concentration ou d’anxiété. – Alpha : fréquences comprises entre 8 et 12 hertz. Elles caractérisent un état de conscience apaisé et sont principalement émises lorsque le sujet a les yeux fermés, en méditation ou en voyage chamanique. – Thêta : fréquences entre 4,5 et 8 hertz. On les observe principalement chez l’enfant, l’adolescent et le jeune adulte. Elles caractérisent également certains états de somnolence ou d’hypnose, lors de la mémorisation d’informations ainsi que lors des voyages chamaniques. 402


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– Delta : fréquences jusqu’à 4 hertz. Normales chez le très jeune enfant, elles peuvent ensuite caractériser certaines lésions cérébrales. Padmasambhava : maître indien tantrique qui amena le bouddhisme au Tibet, à la demande de l’abbé indien Shantarakshita et du roi tibétain Trisong Détsèn, au VIIIe siècle. Il est parfois appelé le « second Bouddha », et il est aussi connu sous les noms de Padmakara, Né-du-Lotus et Guru Rinpoché. Powa : pratique bouddhiste utilisée pour soi ou les autres, avant et au moment de la mort. Prajnapâramitâ : la connaissance la plus élevée, la connaissance suprême. Rigpa : conscience nue ; état d’esprit primordialement pur, réalisé par la méditation dzogchen. Rishi : l’hindouisme considère les rishis comme des yogis qui, en méditation profonde, entendirent les « hymnes » du Véda émanés du brahman. Selon la philosophie de l’advaita vedânta, le brahman est la réalité ultime. Par rapport à lui, toute autre réalité, comprenant Dieu et le monde, est une illusion. Sâdhana : pratique, cheminement spirituel. Samadhi : état d’absorption méditative sans distraction, ou état de concentration méditative. Samsâra : le cycle des existences composé du domaine du désir (kamadhatu), du domaine de la forme (rupadhatu) et du domaine sans forme (arupadhatu). Les six royaumes du domaine du désir sont : l’enfer, les esprits avides et les animaux pour 403


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les trois inférieurs, et les humains, les demi-dieux et les dieux pour les trois supérieurs. C’est le cercle chargé de souffrances, sans commencement et régulier, du cycle de la mort et de la renaissance, sous le contrôle du karma et des émotions perturbatrices. Le domaine de la forme concerne une partie des dieux. Le domaine sans forme regroupe quatre types de dieux absorbés dans les niveaux méditatifs, au-delà du désir et de la forme. Sangha : communauté monastique qui suit les enseignements du Bouddha. Amis spirituels qui nous aident dans notre pratique du Dharma. Satori : la signification littérale est « compréhension », « éveil spirituel ». Contrairement au nirvâna qui est permanent, le satori a une nature transitoire. Shâkyamuni Bouddha (563-483 avant Jésus-Christ) : le quatrième des mille bouddhas qui exposeront la doctrine durant cette ère. Né comme prince du clan des Shâkyas au nord de l’Inde, il a enseigné les chemins vers la libération et vers l’éveil suprême ; fondateur du bouddhisme. Shamatha (shiné en tibétain) : méditation de la pacification stable. Elle permet de pacifier les émotions les plus grossières et de demeurer dans la dimension vide, claire et non conceptuelle de l’esprit, dans une absorption libre de toute souffrance. Cette méditation est la base de la reconnaissance de l’esprit, qui est le propre de la méditation vipashyana, la vision profonde. Shenrab Miwoché : né en 1856 avant Jésus-Christ, il réforma, synthétisa les divers courants böns de l’époque et introduisit la plus ancienne forme connue d’enseignement du dzogchen. 404


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Stupa : reliquaire birman, structure architecturale bouddhiste et jaïna que l’on trouve dans le sous-continent indien, dont il est originaire, mais aussi dans le reste de l’Asie. Tantra : « fil » ou « continuité ». Textes des enseignements du mantra secret du bouddhisme. Voir vajrayana. Termas : enseignements cachés par de grands maîtres bouddhistes, comme Padmasambhava, pour les protéger d’une possible destruction. Tertön : grand maître bouddhiste, souvent une émanation de bouddhas ou dakinis qui retrouvent des enseignements cachés, ou termas. Thögal : après trekchö, thögal nous mène à la Claire Lumière de notre esprit, après avoir dissous nos six consciences dans notre conscience base-de-tout, au centre du chakra du cœur. Toummo : pratique issue des six yogas de Naropa et utilisant le feu intérieur pour purifier le corps subtil. Le pratiquant expérimente directement la nature lumineuse de la conscience, qui se manifeste sous forme de chaleur et de lumière. Trekchö : « libérer en tranchant ». Quand la pratique shiné est stable, on la libère en abolissant la dualité, en considérant que l’on fait partie du mouvement lui-même, du Tout. Trois Joyaux : les objets du refuge bouddhiste : le Bouddha, le Dharma, la sangha. Vacuité : aussi appelée sûnyatâ en sanscrit, elle désigne, dans le bouddhisme, la vacuité des êtres et des choses, leur absence d’être en soi, autrement dit l’inexistence de toute essence, de 405


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tout caractère fixe et non changeant. Elle s’applique aux choses aussi bien qu’aux pensées et aux états d’esprit. Elle est très liée à l’ainsité (tathâtâ). Vajrayana : le véhicule adamantin, le second des deux chemins du mahayana. On l’appelle également tantrayana ou mantrayana. C’est le véhicule le plus rapide du bouddhisme, car il permet aux pratiquants d’atteindre l’éveil au cours d’une seule vie. Ce fut le cas de Milarépa (1040-1123), principal disciple de Marpa. Vipashyana (lhagthong en tibétain) : méditation de la vision profonde ou pénétrante. Deuxième phase de la méditation du mahamoudra faisant suite à shamatha. Yantra : les yantras sont des mandalas géométriques qui tirent leur origine dans le symbolisme mystique de l’antique culture védique indienne (vers 2000 avant Jésus-Christ). Autour de 700 après Jésus-Christ, ces symboles abstraits sont devenus des yantras, des diagrammes de méditation utilisés dans l’hindouisme tantrique comme ponts vers les sphères métaphysiques. En sanscrit, yantra vient de yam qui signifie « rétention d’énergie ». Ce sont des « formes-pensées » représentant des forces potentielles d’énergie que le méditant doit libérer. Ajit Mookerjee, spécialiste du tantrisme, a écrit : « Chaque yantra rend visibles les motifs de la force que l’on peut entendre dans la syllabe sonore du mantra ». Yidam : est une déité de prédilection, un support de méditation dans les pratiques tantriques du vajrayana. C’est aussi l’union clarté-vacuité de l’esprit.

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13 – BIBLIOGRAPHIE

Abelar Taisha, Le passage des sorciers, Seuil. Anonyme, Bardo Thödol, Dervy. Bodin Luc et Maria-Elisa Hurtado, Ho’oponopono, Jouvence. Bokar Rimpoché, Mort et art de mourir dans le bouddhisme tibétain, Claire Lumière. Bogdanov Igor et Grichka, Avant le Big Bang, Grasset. Bouchet Paul et René, Les druides, Guy Trédaniel. Caddy Eileen et Peter, Les jardins de Findhorn, collection Findhorn. Carlier Steve, Interdépendance et vacuité, Vajra-Yogini. Castaneda Carlos, L’art de rêver, Pocket. Castaneda Carlos, Passes magiques, éditions du Rocher. Churchward James, Mû, le continent perdu, J’ai lu. Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché, Dzogchen et tantra, Albin Michel. Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché, Le cycle du jour et de la nuit, Points. 407


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Chögyal Namkhai Norbu Rinpoché, Une introduction à la pratique de la contemplation, association Dzogchen. Chögyal Namkhai Norbu, Le Yoga du rêve, Accarias. Cornu Philippe, Padmasambhava, Points. Déchoung Rinpotché, Le flambeau de la libération, Yogi Ling. Délog Dawa Drolma, Voyage au-delà de la mort, Claire Lumière. Deligné Anne, Et si ce n’était pas moi ?, Marcel Broquet. Dilgo Khyentsé Rinpoché, Au seuil de l’éveil, Padmakara. Dilgo Khyentsé Rinpoché, La fontaine de grâce, Padmakara. Donner-Grau Florinda, Les portes du rêve, Alphée. Dzogchen Ponlop, L’esprit par-delà la mort, Le Jour. Eliade Mircea, Le chamanisme et les techniques archaïques de l’extase, Payot. Frawley David, Yoga et ayurvéda, Turiya. Gampopa Seunam Rinchen, Le précieux ornement de la libération, Padmakara. Guéshé Acharya Thubten Loden, La voie vers l’éveil dans le bouddhisme tibétain, monastère Nalanda. Guéshé Kelsang Gyatso, Claire Lumière de félicité, Tharpa. Guéshé Kelsang Gyatso, Les terres et les voies tantriques, Tharpa. Guéshé Kelsang Gyatso, L’essence du vajrayana, Tharpa. Gyatrul Rinpoché, Générer la divinité, Yogi Ling. Gyatrul Rinpoché, Sagesse ancestrale, Dharma. Harner Michael, La voie du chamane, Mama éditions. Heartsong Claire, Anna, grand-mère de Jésus, Ariane. Helliwell Tanis, Un été avec les Leprechauns, Éditions co-créatives. 408


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Houei-neng, Manifeste de l’Éveil – Le soûtra de l’Estrade, Points. Hultkrantz Ake, Guérison chamanique et médecine traditionnelle des Indiens d’Amérique, Le Mail. Ingerman Sandra, Médecine pour la Terre, Guy Trédaniel. Ingerman Sandra, Recouvrer son âme, Guy Trédaniel. Jasmuheen, La nourriture des dieux, Lanore. Kalou Rinpoché, Bouddhisme ésotérique, Claire Lumière. Kalou Rinpoché, Bouddhisme profond, Claire Lumière. Karmapa IXe, Le mahamoudra qui dissipe les ténèbres de l’ignorance, Marpa. Khenpo Tsultrim Gyamtso, Soleil de sagesse, Yogi Ling. Kingston Karen, L’harmonie de la maison par le feng shui, J’ai lu. Lama Guendune Rinpoché, Mahamoudra, Pocket. Lama Thoubten Yéshé, La béatitude du feu intérieur, Vajra-Yogini. Lati Rinpoché, La mort, l’état intermédiaire et la renaissance, Dharma. Lörler Marielu, Guérisseurs chamanes, Guy Trédaniel. Manitara Olivier, La tradition essénienne, Ultima et Cœur de Phénix. Melchizédek Drunvalo, Vivre dans le cœur, Ariane. Midal Fabrice, La pratique de l’éveil de Tilopa à Trungpa, Seuil. Midal Fabrice, Mythes et dieux tibétains, Seuil. Padmasambhava, Le Livre des morts tibétain, Pocket. Poncelet Claude, Le chamane intérieur, Guy Trédaniel. Ricard Matthieu, Plaidoyer pour les animaux, Allary. 409


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Sa Sainteté le Dalaï-Lama, Le Dalaï-Lama parle de Jésus, Aventure secrète. Seignalet Jean, L’alimentation ou la troisième médecine, Écologie humaine. Sitchin Zecharia, Le livre perdu du dieu Enki, Macro éditions. Sogyal Rinpoché, Le Livre tibétain de la vie et de la mort, éditions de la Table ronde. Takpo Tashi Namgyal, Les six yogas de Naropa, Terre blanche. Taylor Joules, Le livre des symboles celtes, Contre-Dires. Tenzin Wangyal Rinpoché, Guérir par les formes, l’énergie et la lumière, Claire Lumière. Tenzin Wangyal Rinpoché, Les prodiges de l’esprit naturel, Points. Tenzin Wangyal Rinpoché, Yogas tibétains du rêve et du sommeil, Claire Lumière. Thrangou Rimpoché, Le traité des 5 sagesses et des 8 consciences, Claire Lumière. Yonten Tantra de secrète, Sagesses.

Gyatso, l’union

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14 – ANNEXE : DIRECTIONS ASSOCIÉES AUX SIGNES ASTROLOGIQUES TIBÉTAINS

Signes tibétains Directions associées à la naissance Tigre

Est (plus près du nord-est)

Lièvre

Est (plus près du sud-est)

Dragon

Sud-est

Serpent

Sud (plus près du sud-est)

Cheval

Sud (plus près du sud-ouest)

Mouton

Sud-ouest

Singe

Ouest (plus près du sud-ouest)

Garouda (Coq)

Ouest (plus près du nord-ouest)

Chien

Nord-ouest

Cochon

Nord (plus près du nord-ouest)

Rat

Nord (plus près du nord-est)

Éléphant (Bœuf)

Nord-est 411


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Pour chaque signe astrologique, les offrandes doivent être lancées dans la direction opposée à la direction de naissance. Par exemple, pour une personne dont le signe astrologique est « Tigre », l’offrande Chang Bou sera lancée dans la direction ouest, plus près du sud-ouest.

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15 – DÉDICACES

Grâce aux mérites créés par la réflexion sur ce livre, sa rédaction, sa correction et son édition afin de le partager avec le plus grand nombre de lecteurs, puissent tous les maîtres du Dharma vivre longtemps et en bonne santé, puisse le Dharma se répandre sous la meilleure forme qui soit, jusqu’aux confins de l’espace, et puissent tous les êtres rapidement obtenir l’éveil.

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POSTFACE DE LAMA SHÉRAB NAMDREUL

Lignage naturel La modernité et la mondialisation ont sans doute réduit les distances entre les êtres et accéléré le temps. La Terre semble être devenue un petit village ultramoderne submergé d’informations tous azimuts où les individus n’ont plus que des relations épisodiques ou virtuelles. D’un autre côté, notre époque permet d’avoir accès à une multitude de cultures et de patrimoines qui ont traversé l’histoire des hommes. La Terre semble alors immensément grande et riche d’héritages culturels et de traditions spirituelles. Aujourd’hui, la Terre est un merveilleux village où nous pouvons, sans grande difficulté, rencontrer des instructeurs et approfondir leurs enseignements. Que ce soit le chamanisme ou le bouddhisme, toutes les traditions que notre humanité a vues naître et a pu préserver sont l’expression d’une force et d’une beauté qu’est la « transmission ». L’humain est un être de lien et de transmission. Transmettre est le seul sens qui fait l’humanisme. Transmettre ne permet pas seulement de préserver des traditions mais l’humanisme tout entier. 415


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Transmettre participe du désir le plus noble en le cœur de l’être humain, et nous participons tous d’un Lignage naturel, tantôt parent de l’un, tantôt l’enfant de l’autre. Depuis des vies sans commencement, nous avons assumé tous les rôles de parenté avec plus ou moins d’amour, de compassion et de pardon. En quelque vie que ce soit, nous avons transmis la confiance et la certitude des bienfaits de la bienveillance et de l’indulgence. L’individu est la somme de ses rencontres et des expériences qu’il a pu en tirer dans le continuum de ses vies. Ce Lignage naturel participe depuis des temps sans commencement en toutes les existences de tous les univers, en toutes les espèces et conditions, au-delà des caractéristiques biologiques, culturelles, ethniques, etc. Parce que les êtres aspirent tous au bonheur, ce Lignage est mû par la compassion présente en tous les êtres. C’est le Lignage naturel qui nous rassemble et il n’y a pas de lieu où il serait possible de s’y soustraire. On ne peut en être séparé, coupé ou rejeté. Ce Lignage naturel étant sans discrimination d’un samsâra et d’un nirvâna, il est l’omniprésence de l’Éveil. Ce Lignage est sans origine et procède de la Réalité même des phénomènes et de l’esprit. Cette Réalité même n’étant l’invention de personne et personne ne pouvant se l’approprier, nous sommes tous détenteurs et responsables de ce Lignage. Ce Lignage étant indestructible, il ne craint pas les querelles de pouvoir et d’autorité. Les adeptes de clans qui, au nom du pur, sont capables du pire, compensant frustration et servilité en justifiant haine et bannissement, ne pourront rien contre ce Lignage naturel des êtres. Ce Lignage étant immuable, il demeure après toutes les batailles de clans. Libre de toute obédience, il est bon de témoigner de son expérience en gardant la gratitude envers ceux qui nous ont 416


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précédés et ont éprouvé la sagesse de l’esprit, la compassion du cœur, l’intelligence de la raison et l’émerveillement de la foi. Puisse la lecture du livre de Jean-Marc parvenir à faire naître la gratitude pour notre humanité à la fois déconcertante et surprenante. Lama Shérab Namdreul, responsable de l’ermitage Yogi Ling. www.yogi-ling.net Janvier 2018.

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