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● OnthE-MOVESummit

Le Sommet on thE-MOVE: électromobilité et énergies renouvelables main dans la main

Le tout premier Sommet national sur l'électromobilité et les énergies renouvelables s'est tenu à Autoworld (Bruxelles) le 22 juin dernier. Cet événement est une initiative conjointe de Techlink, Organisatie Duurzame Energie, Edora et EV Belgium. La présence de plus de 300 participants signe la réussite de cette première. Une journée incroyablement instructive qui a montré une fois de plus que le déploiement des véhicules électriques ne se conçoit pas sans celui des énergies renouvelables. Une approche intégrée s'impose.

Tous les sujets sont passés sur le grill : 1,5 million de véhicules électriques d'ici 2030, l'électrification de la mobilité, les réformes fiscales, l'impact de l'électromobilité sur le réseau électrique, la recharge en courant continu de l'avenir, le VehicletoGrid (V2G) et le VehicletoHome (V2H), la formule de recharge idéale pour les copropriétés/appartements, l'intégration intelligente et la répartition de la consommation.

Le Ministre d'État et Présidentfondateur d'Autoworld, Herman De Croo, a inauguré ce tout premier Sommet on thEMOVE, qui plus est dans ce lieu symbolique où s'exposent toutes sortes de véhicules emblématiques.

Divers experts des secteurs des VE (véhicules électriques), de l'installation, des énergies renouvelables et du monde politique sont venus prendre la parole. Le Ministre fédéral des Finances, Vincent Van Peteghem, a ouvert le bal avec une présentation des grandes lignes de l’écologisation des voitures de société pour l'ensemble du secteur de l'électromobilité. En 2026, les voitures de société resteront plus avantageuses d'un point de vue fiscal mais, de 2027 à 2030, leurs avantages fiscaux seront de plus en plus réduits. Mais on s’en doute, pas de véhicules électriques sans points de chargement. C'est pourquoi les autorités misent sur des incitants pour accélérer la croissance du nombre de stations de recharge, tant à domicile qu'au travail. Le Ministre n'a donc pas manqué de nous rappeler que la déductibilité à 200 % de votre borne de recharge est prolongée jusqu'au 31 mars 2023. Le citoyen pourra profiter de cet avantage fiscal pendant encore plus longtemps. L'état de la situation concernant les véhicules hybrides a fait l'objet de questions récurrentes de la part du public. Sa réponse a été limpide : les véhicules hybrides seront traités de la même manière que les véhicules à moteur à combustion interne (= diesel, essence, etc.) Rien ne sera interdit, mais les véhicules polluants ne feront plus l'objet d'incitants. L'écologisation des voitures de société donne le coup d'envoi d'un parc automobile sans combustibles fossiles et montre comment nous pouvons opérer la transition climatique de manière réaliste et abordable. Comme l'ont montré les présentations des autres orateurs, l'écologisation est un processus de changement qui va bien audelà de la fiscalité.

L'impact de l'électromobilité sur le réseau électrique

Le gouvernement fédéral a fixé le cap fin 2021 et les balises ont été posées entretemps. Ces décisions ont produit un impact sur tous les acteurs de l'électromobilité. La capacité du réseau électrique ne risquetelle pas de poser des problèmes ? Dans son allocution, Chris Peeters, CEO du gestionnaire de réseau haute tension Elia et du holding Elia Group, et Trends Manager de l'année 2021, a abordé l'impact de l'électromobilité sur le réseau électrique.

Le groupe Elia définit trois leviers pour une expérience de conduite optimale et des avantages supplémentaires pour les consommateurs : (1) une infrastructure physique et numérique pour améliorer le confort de recharge, (2) un accès ouvert aux données pour des possibilités illimitées en termes de services aux consommateurs, et (3) des règles du marché permettant de nouveaux services aux consommateurs autour de la flexibilité des VE.

Pour les gestionnaires du réseau, les VE sont davantage qu'un simple moyen de se rendre d'un point A à un point B. Dans un monde renouvelable, les VE peuvent contribuer à la transition du système énergétique actuel, où la production est adaptée à la consommation, vers un système où la consommation est adaptée à la production variable d'énergie renouvelable. Les VE sont des instruments flexibles qui peuvent participer activement aux marchés de l'électricité parce que leurs temps de charge peuvent être adaptés aux besoins du système énergétique. Dans un système électrique basé sur les énergies renouvelables, fortement dépendant de l'énergie éolienne et solaire, l'accès à la flexibilité est essentiel car il permet de maintenir à tout moment l'équilibre entre l'offre et la demande.

La connexion du VE au réseau électrique peut également améliorer l'expérience du client. Outre le chargement, des services supplémentaires peuvent être fournis grâce à un échange ouvert de données entre les gestionnaires de réseau, les intervenants du marché et les consommateurs. Nous pensons par exemple à l'intégration de la batterie du VE dans une maison ou une communauté intelligente, ce qui peut optimiser

la consommation des panneaux solaires ou des appareils électriques.

Un déploiement accéléré de l'infrastructure de recharge publique

Il existe actuellement 18 358 stations de recharge (semi)publiques dans notre pays, réparties sur 6 821 sites. 80 % d'entre elles se trouvent en Flandre. Force est donc de multiplier les appels d'offres publics dans les trois régions si l'on veut atteindre les objectifs. La Wallonie et Bruxelles, en particulier, sont à la traîne et doivent rattraper leur retard. Pour que le marché puisse continuer à se développer, ces adjudications doivent viser un déploiement qualitatif avec un business model réalisable. Actuellement, on se concentre beaucoup trop sur le prix de la recharge. De même, on travaille encore trop souvent avec des projets de taille relativement modeste alors que tous les chiffres montrent qu'une révolution rapide est en cours. Il faut que la concurrence puisse jouer en suffisance dans la politique de concession aux infrastructures de charge, en particulier les infrastructures de recharge en courant continu sur les grands axes. Un parking autoroutier à l'étranger compte généralement plusieurs acteurs de recharge rapide. Ne seraitce que parce qu'il faut prévoir de l'espace pour le chargement séparé des camions électriques dans un avenir proche. Georges Gilkinet, Vicepremier ministre et Ministre de la mobilité, reconnaît qu'il est nécessaire de développer les infrastructures publiques de recharge. Dans le même temps, il a souligné que les points de charge publics ne font pas obstacle aux ambitieux objectifs européens en matière d’électrification des véhicules.

Le ministre a souligné l'importance de réduire nos besoins de mobilité en organisant, par exemple, la vie à proximité du domicile (les écoles, les commerces de proximité, etc.), en favorisant un meilleur équilibre entre les différents moyens de transport (multimodalité), en passant de la voiture individuelle à la voiture partagée ou en investissant dans le rail. Afin de changer les mentalités et les habitudes de mobilité, il préconise l'introduction d'un système de « mobilité en tant que service » (MaaS, c'estàdire un service de mobilité intégré englobant différents moyens de transport), qui ferait office de levier pour une mobilité durable. Il estime que les VE y ont leur place.

L’écologisation des politiques de mobilité

Parmi les sessions de l'aprèsmidi, nous abordons les présentations de Luminus et de l'entreprise membre Technord sur leurs projets d'intégration des VE dans la gestion de leur flotte.

Au sein de Luminus, An Van Waes est responsable de la mobilité des employés. « Nous avons l'ambition d'avoir une flotte d'entreprise neutre en émissions d'ici 2025. Raison pour laquelle nous avons entamé l'électrification de notre flotte dès 20182019. C'est un élément important de notre stratégie d'écologisation ». Avancer pas à pas vers une flotte entièrement électrique est essentiel : 1) Convaincre la direction de passer à l'action en expliquant la situation financière et les perspectives de réduction des émissions de CO2. Il est important que la décision prise soit effectivement portée dans la réalité, walk the talk. 2) Créer du soutien parmi les collaborateurs. Écouter leurs questions et leurs besoins, et essayer d'adapter son offre au mieux. 3) Susciter l'enthousiasme des collaborateurs par rapport au passage à la voiture électrique et utiliser les expériences des premiers conducteurs de VE convaincus pour affiner l'approche et en convaincre d'autres. 3) Réaliser dans le même temps une étude de marché sur les partenaires de leasing et les constructeurs automobiles. 4) Communiquer clairement l'ambition autour du passage aux VE avec une deadline spécifique communiquée à l'avance. Continuer à communiquer sur les raisons du passage aux VE pour provoquer le déclic chez les conducteurs.

Les besoins de mobilité des entreprises d'installation évoluent, tout comme les habitudes de déplacement de leurs employés. « Pour passer d'une politique automobile relativement dépassée à une politique plus dynamique et tournée vers l'avenir, nous sommes partis de quatre piliers fondamentaux et d'une préparation minutieuse préalable », déclare Yannik Broquet, Directeur des Ressources Humaines chez Technord. « L'évaluation des conséquences du cadre législatif (fiscal), l'étude de l'impact sur le coût total de possession (meilleur contrôle des coûts globaux), une flotte plus écologiquement responsable ainsi que l'étude des limites techniques de nos immeubles de bureaux, et enfin la création d'une plus grande satisfaction des employés. Il est important avec le soutien de la direction de communiquer vos ambitions. L'organisation d'une session d'information ou d'un événement test peut servir de coup d'envoi et montrer dans quelle direction vous voulez aller. »

Nous pouvons en conclure qu'un parc automobile électrique nécessite une stratégie de mobilité plus large ! Le mix de mobilité (VE, train, vélo électrique, ...) a un impact important sur la composition du parc automobile de l'entreprise et sur la politique de stationnement et de recharge, et donc aussi sur l'infrastructure de recharge.

Approche intégrée

Après le Sommet, Techlink, Organisatie Duurzame Energie, Edora et EV Belgium ont souligné leur demande d'un plan d'investissement de la part de tous les gestionnaires de réseaux de distribution et du gestionnaire du réseau de transport pour permettre le déploiement massif des VE. Les organisations demandent dans le même temps un plan concret pour soutenir au maximum la flexibilité commerciale. Une combinaison des deux éléments – investissements et flexibilité commerciale – sera nécessaire, d'autant qu'il y aura simultanément un passage massif aux pompes à chaleur et que beaucoup d'installations photovoltaïques supplémentaires seront mises en service. Dans ce contexte, la formation continue et le recyclage des installateurs qui réaliseront ces travaux sur le terrain seront des éléments essentiels.

L'utilisation et le contrôle intelligents des VE et des pompes à chaleur sont la solution pour intégrer davantage d'énergie renouvelable dans le système électrique. Les VE et les pompes à chaleur donnent aux gestionnaires de réseau la possibilité de planifier efficacement les investissements indispensables au réseau et permettent aux consommateurs de participer activement au marché de l'énergie. Cette possibilité se présente en chargeant les VE quand il y a un excédent de production solaire ou éolienne, mais aussi en réinjectant de l'électricité dans le réseau via le V2G en cas de pénurie. Ces scénarios nécessitent toutefois une contrôle actif, qui n'est possible que si l'infrastructure de recharge est intelligente et que les opérateurs de réseau adaptent leurs modèles de marché en conséquence.

Plus d'infos?

https://otm-summit.be

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