Le journal de la Province des ±les
Avril - Mai - Juin - Juillet 2020
n° 185
Le COVID-19 impose la résilience
DOSSIERS • La visioconférence pour palier à l’éloignement • Les aides d’urgence aux entreprises en difficultés • L’habitat social : programme d’aide individuelle • Le bilan des actions sanitaires
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province des iles loyaute
www.province-iles.nc
éditorial LA PROVINCE
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- La visioconférence pour palier à l’éloignement - Nos Grands Chefs s’adaptent au contexte particulier - EPIFE, plan de formation 2020 - Formation au métier de mécanicien aéronautique - Les aides d’urgence pour les entreprises en difficultés - Le 5 Mai désormais offert par la province des îles - Aménagement en tribu pour l’amélioration de la vie - La province poursuit sa politique de logement
CRISE SANITAIRE
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- Le bilan des actions sanitaires - La solidarité kanak fait de nous un Loyaltien Debout ! - Des jeunes de Drehu expérimentent la 3D - Fabrication de masques sanitaires homologués - Les effets positifs de faire perdurer les gestes barrières - Un retour à l’école sous les gestes barrières
ENVIRONNEMENT
Quoique l’on dise, la crise du coronavirus ne nous laissera pas indemne. Ces derniers mois ont été très rudes pour le pays tant au niveau sanitaire qu’économique et surtout sociétal. Cette crise nous a poussés au questionnement, au plus profond de notre être et, nous a imposés une obligation d’introspection.
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- Le RORC, un système d’alerte sur la santé des récifs - RORC DOSSIER (détachable) : Bilan 2019 sur la surveillance des récifs de DREHU
JEUNESSE
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- Chantier jeunes : la FSEND - Campagne de bourses 2020-2021 - Le projet Trejin, une arme pour réussir !
CÔTÉ JARDIN
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- La broméliacée - Un retour à la terre
SANTÉ
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- Le rendez-vous féminin (le cancer du col de l’utérus) - Mangeons mieux, écoutons nos vieux !
SAVEUR D'ZIL
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- La famille Dumai d’Ouvéa : “Les derniers rayons du soleil” - Recettes de cuisine : Le crabe de cocotier Déclinaison locale autour du poisson d’Iaai
HOMMAGE - Kapoa Tiaou : Une grande perte pour la sculpture !
Construire les Loyauté - Email : constloy@canl.nc - ISSN n° 1169-4998 Directeur de publication : Henri Humuni Cellule Communication de la Province des Iles Loyauté : Tél. 45 13 09 ou 73 19 21 - Email : communication-presidence@loyalty.nc Réalisation : Adanis - BP 7815 98801 Nouméa cedex Tél. 79 47 69 Régie publicitaire : ACP Tél. 24 35 20 Reportages : Sarah Maquet - Flore Wanaxaeng - Katia Cimutru Province des Iles Loyauté Impression : ARTYPO tiré à 5000 exemplaires Papier certifié FSC Le label Imprim’Vert certifie une action respectueuse de l’environnement.
La crise COVID-19 confirme notre trajectoire !
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Quel est le plus important pour ma famille, pour mon clan, pour moi ? Les besoins physiologiques et de sécurité comme se nourrir, se vêtir et s’abriter, sont les 3 premiers grands principes qui n’ont jamais eu autant de résonnance que pendant ce moment-là. Ce COVID-19 a donc fait resurgir nos véritables richesses que sont les ignames et notre coutume. Nous avons su faire preuve de solidarité envers nos clans, nos familles, qui ont su démontrer nos savoirs faire en tant que cultivateurs, pêcheurs... nos produits du terroir loyaltien ont inondé la capitale et une véritable marée de bons produits ont submergé nos marchés. Nous avons pu nous rendre compte que nos produits sont recherchés et qu´un véritable engouement s´est emparé du Made In Loyalty. C’est donc une remise à plat du système et une réelle remise en cause du “robot” de la consommation qui s’est opérée. Et comme dans toute crise, la résilience est nécessaire. Mais pour nous, la résilience notamment territoriale est déjà en cours depuis le début de mandature. Je parle de notre vision stratégique présentée et validée à l’unanimité en assemblée de province le 2 octobre 2019 et, la crise nous permet de conforter notre trajectoire. Je maintiens donc ma ligne directrice envers et contre tout. Chaque jour, chaque action que nous faisons, chacun de notre côté, est une pierre pour la construction de notre nation, pour notre accession à la pleine souveraineté. Nous sommes à quelques mois de ce 2ème référendum, qui aura lieu le 4 octobre prochain, auquel je vous invite et vous demande de vous mettre en ordre de bataille, pour que les sacrifices de nos anciens et ceux que l’on fait aujourd’hui, ne soient pas vains !
Jacques Zanehno LALIE Président de la Province des Iles Loyauté
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LA PROVINCE
La VISIOCONFÉRENCE, l’alternative innovante pour palier à l’éloignement ! tant donné le contexte particulier de la crise sanitaire mondiale du coronavirus COVID-19, du fait de la fermeture des ports et aéroports des Iles Loyauté, et tout ceci sans compter la répartition des nos élus sur les 4 sites différents, Nouméa, Lifou, Maré et Ouvéa, du fait du confinement, il était difficile de tenir une assemblée de province comme à son accoutumée.
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Le secrétariat général a fait preuve d´audace et d´imagination pour maintenir l´organisation de cette assemblée, notamment pour faire voter les différents textes tout en respectant le cadre juridique imposé. Ainsi, c´est dans une formule complètement inédite que s´est tenue
l´assemblée de province ce vendredi 24 avril 2020. Une organisation exceptionnelle a été mise en place et, elle a été tenue en visioconférence sur les 4 sites : Lifou, Maré, Ouvéa et Nouméa depuis le Congrès de la Nouvelle-Calédonie. D´ailleurs, le public a été pu également suivre en Direct-Live les débats sur Internet, via la page Facebook de la collectivité. Cette nouvelle expérience a été plébiscité notamment par les médias, et a donné de nouvelles perspectives à la collectivité qui poursuit ainsi la tenue de ses commissions intérieures. Une belle démarche pour le contrôle des dépenses des deniers publics.
Pour suivre en direct les séances publiques de l´assemblée de la province des Iles, connectezvous sur la page Facebook Province des Iles.
Nos GRANDS CHEFS s’adaptent au contexte particulier
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e n´est pas dans les règles de la coutume de faire déplacer nos Grands Chefs pour avoir une discussion, mais dans la situation particulière du COVID-19, ils ont accepté le format de la visioconférence. En effet, le 23 avril dernier, le Président Lalié, confiné sur Nouméa, a souhaité expliquer de vive voix les mesures d´adaptation des règles de confinement aux trois Grands Chefs de Drehu et, leur faire part de ses propositions d´actions pour sortir de ce confinement avec toute la bienveillance qu’il apporte aux populations. Ainsi, cet entretien inédit a permis de recevoir d´un commun-accord la délégation d´initiatives et de responsabilités de permettre l’ouverture du port et aéroport afin de permettre le retour des ressortissants de l´île bloqués sur Nouméa, et, confirmer le calendrier de rentrée scolaire adaptée.
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NEWS Plan de formation 2020 validé ! 85 millions CFP
, c´est le montant de l´enveloppe pour le plan de formation de la province des îles Loyauté pour l´année 2020 qui a été voté lors de l´assemblée de la province des îles du 24 avril dernier. Cette programmation des actions de formations est l´aboutissement d´une démarche concertée entre l´EPIFE, les directions provinciales et les différents acteurs de la vie socioéconomique des Iles. POUR PLUS D’INFORMATIONS, RENDEZ-VOUS DANS NOS ANTENNES ! EPIFE Maré – La Roche Tél. 45 10 15 EPIFE Lifou – Wé Tél. 45 10 98 EPIFE Ouvéa – Wadrilla Tél. 45 52 58 Antenne de Nouméa 10 rue Georges Clémenceau Tél. 28 18 26
Formation au métier de mécanicien aéronautique
Se former au métier de mécanicien aéronautique avec en emploi au bout est désormais possible à Nouméa. 3 jeunes calédoniens ont été choisis pour suivre la formation diplômante de mécanicien aéronautique au sein de la compagnie Air Loyauté. Un projet qui a été lancé depuis plus de 6 mois afin de recevoir les agrément et référentiel tant sur la partie théorique que pratique. Cette proposition de formation a donc reçu un avis favorable de l’autorité aéronautique européenne - EASA. Une grande première en Nouvelle-Calédonie puisque les stagiaires n´auront pas à rechercher un emploi à l´issue de leur formation. En partenariat avec l’EPIFE, la Province des Iles Loyauté et la compagnie Air Loyauté, ces 3 jeunes recevront en plus de la formation, une indemnité sur 3 ans et une embauche au sein de la compagnie dès la validation du diplôme. Un partenariat gagnant-gagnant pour chaque partie prenante. Le coût de la formation, incluant une rémunération pour le stagiaire, est de 8,3 millions de francs par personne, co-financé par l´EPIFE et la compagnie. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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LA PROVINCE
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La PROVINCE au chevet des entreprises en difficultés “Cette crise a obligé la population à se retenir et à vivre avec le nécessaire. Le Calédonien est devenu un “robot” de la consommation. C’est peutêtre l’opportunité pour chacun de revoir sa façon de consommer. C’est important pour préparer notre autonomie autour des valeurs de solidarité, dans l’objectif du 2ème référendum” dixit Jacques Lalié.
e COVID-19 n´est pas qu’une crise sanitaire au niveau mondiale, c´est bien une crise éco-sociétale. Son impact sur l’économie de la NouvelleCalédonie et en particulier pour la province des îles Loyauté, a débuté en février 2020 avec l’arrêt des accueils de paquebots par les autorités coutumières des îles de Lifou et Maré. Cette première mesure s´est renforcée et étendue sur toute la Nouvelle-Calédonie par une décision de gouvernement en date du 15 mars 2020. Sa répercussion s’est donc étendue à d’autres secteurs d’activités avec la décision du gouvernement de mettre en confinement total la Nouvelle-Calédonie à partir du 23 mars 2020 et, par une autre décision depuis
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le vendredi 20 mars de suspendre les vols internationaux à destination de la Nouvelle-Calédonie. Dans ce contexte très particulier, la province des îles Loyauté a décidé de mettre en place un dispositif d’urgence pour venir en aide aux entreprises dont l’activité économique est impactée par la crise sanitaire du Covid-19. Toutes les entreprises sont concernées par ledit dispositif, à l’exception de celles exerçant les activités agricoles, de pêche, financière et immobilière. Ces dernières bénéficieront de mesures spécifiques. Les bénéficiaires devront justifier d’une existence de plus de trois mois à la date d’entrée en vigueur
de la présente délibération, et avoir leur siège social situé sur le territoire géographique de la province des îles Loyauté. Il a donc été institué dans le cadre du dispositif trois types d’aides aux entreprises : • Une aide spécifique liée à l’activité croisière ; • Une aide d’urgence d’un montant forfaitaire de 180.000 XPF ; • Une aide exceptionnelle plafonnée à 5.000.000 XPF. La Province des Iles Loyauté a donc décidé d´accompagner et de soutenir les entreprises à passer ces moments particulièrement difficiles, en misant sur les acteurs économiques pour une relance des Iles Loyauté, en dégageant une enveloppe exceptionnelle de +250 millions.
Pour plus d´informations, Renseignez-vous directement auprès de nos antennes sur Nouméa, Maré et Ouvéa. Sur Lifou, ce sera directement à la Direction du Développement Durable - 3D, ou par téléphone au 05.00.90 ou par Email economie@loyalty.nc
Date limite de dépôt des demandes
le 30 juillet 2020 CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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LA PROVINCE
Le 5 MAI sera désormais OFFERT en Retour en images des commémorations qui ont eu lieu sur les 3 îles. Les 4 et 5 mai sont des dates chargées d´histoire pour la province des îles Loyauté et pour tout le Pays. Il nous est essentiel de marquer une pause pour rendre un hommage à la hauteur de ces événements.
Remontons le temps… 5 mai 1988, l´opération VICTOR lancée à la Grotte de Gossanah, à IAAI-Ouvéa, se soldera par 21 morts, 19 Kanak et 2 militaires. Ces pertes humaines ont mis un terme à cette guerre civile qui aboutira quelques semaines plus tard, aux signatures des Accords de Matignon-Oudinot qui offriront 10 ans de perspectives. Des accords “de rééquilibrage” qui prépareront le pays à son accession à son indépendance.
DREHU
4 mai 1989, lors de la levée de deuils des “19”, Jean-Marie Tjibaou et Yeiwene Yeiwene tombent sous la joute coloniale. 5 mai 1998, signature de l´Accord de Nouméa, un accord de “décolonisation” qui octroie au pays un statut hors du commun, dit suigeneris, mettant notamment en place de nouvelles institutions telles que les provinces.
NENGONE
Le 2ème référendum sur l’accès à la pleine souveraineté de notre Pays sera l’aboutissement de ce processus et de ces années de combat. Ainsi, l´Exécutif provincial souhaite marquer ce temps de devoir de mémoire, et fermera désormais ses portes annuellement au public chaque 5 mai durant cette 5ème mandature.
“Être libre, ce n'est pas seulement se débarrasser de ses chaînes ; Nelson
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province des îles Loyauté ! IAAI
Trente-deux ans après, Ouvéa se souvient de ses morts… Alors que le territoire sortait tout juste de son déconfinement, de nombreux habitants de l’île sont venus se recueillir, mardi 5 mai, devant la tombe des 19 militants indépendantistes morts le 5 mai 1988 lors de l’assaut, par l’armée française, de la grotte de Watetö, près de la tribu de Gossanah, où les indépendantistes retenaient des gendarmes en otage. Deux militaires avaient aussi trouvé la mort ce jour-là. Quatre gendarmes avaient, quant à eux, été tués suite à l’assaut de la gendarmerie de Fayaoué, le 22 avril 1988. Le Comité 5 mai, crée pour les commémorations des 30 ans, avait renoncé cette année à organiser un passage à la grande chefferie de Wadrilla, “suite à la situation sanitaire actuelle que nous traversons”. Le Comité avait appelé chacun à se recueillir dans l’intimité. L’occasion, comme chaque année, de perpétrer un “souvenir de notre histoire qui a marqué le monde entier”, a conclu, lors d’un recueillement, le pasteur Bai de la tribu de Wadrilla. Les commémorations se sont poursuivies jusqu’au 8 mai -date de l’enterrement des 19- à la tribu de Gossanah. Une exposition et des soirées de discussions ont été organisées. De quoi souligner que, 32 ans après les faits et même sans rassemblement officiel, l’histoire d’Ouvéa n’est pas oubliée. “Pour nous, c’est comme si c’était hier et j’espère que ce sera toujours ainsi”, conclut Macky Wea devant son exposition.
c'est vivre d'une façon qui respecte et renforce la liberté des autres”. Mandela CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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LA PROVINCE
L´aménagement en tribu contribue à l´amélioration des conditions de vie de nos populations
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e programme vise à octroyer une aide financière destinée à l´amélioration ou la réalisation d´infrastructures d´intérêt culturel, religieux, coutumier et communautaires au bénéfice des populations en tribus. L´Exécutif a pris la décision d´octroyer la moitié de ces crédits aux projets spécifiques des chefferies. Ainsi pour cette année, 13 projets confondus, dont 5 sur Lifou, 4 sur Ouvéa et 4 sur Maré ont été validés pour un montant global de 62.721.824 F CFP.
La province des îles Loyauté poursuit sa politique de logement
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u travers de son nouveau contrat de développement 2017-2021 signé avec l´Etat, la Province poursuit son programme d´aide individuelle à l´amélioration de l´Habitat en faveur de ses populations.
- Rénovation : pour 2020, il a été validé 26 dossiers pour un montant global de 57.620.000 F CFP répartis sur les 3 îles :
La SPL Loyauté Habitat en charge de la mise en œuvre de ce programme qui se décline en différents sous-programme comme suit :
• 8 pour Lifou • 6 pour Maré • 5 pour Ouvéa.
- Habitat neuf : pour 2020, il a été validé 23 nouveaux dossiers en sus pour un montant global de 170.650.000 F CFP répartis sur les 3 îles : • 11 pour Lifou • 6 pour Maré • 6 pour Ouvéa.
Informez-vous et constituez votre dossier auprès de Loyauté Habitat soit par téléphone au 45 78 09 ou par E-Mail à contact@loyaute-habitat.nc
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LA PROVINCE
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CRISE SANITAIRE
LE BILAN DES ACTIONS SANITAIRES en province des îles Loyauté ! Depuis la déclaration de cas avérés de COVID-19 dans le Pays, le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie en étroite collaboration avec l’État, ont mis en place une organisation à l’échelle du pays pour assurer la gestion sanitaire de la situation et limiter la propagation du virus. Cela a entraîné de facto l´application de mesures drastiques qui bouleversent notre quotidien.
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a province des îles Loyauté s’est inscrite immédiatement et sans réserve dans cette dynamique nationale pour combattre la pandémie du Covid-19.
Se mettre en format CELLULE DE CRISE sur les 4 sites avec le poste dirigeant de Nouméa
La mise en place d’une cellule de crise au sein de la Province des îles Loyauté en étroite collaboration avec les conseils coutumiers, les mairies, les autorités religieuses et le commissaire délégué pour suivre l’évolution de la crise et apporter toute mesure urgente constatée sur nos îles. L’installation d’un dispositif spécial dans les centres médicaux afin de prévenir la population sur la situation réelle de même que pour répondre à toutes situations d’urgence médicale. La mise en place d’une plateforme aérienne d’urgence pour répondre aux besoins sanitaire, alimentaire et aux transports de fret pour l’OPT et la BCI. Un rapatriement immédiat des professionnels et touristes présents sur les Loyauté. La fermeture d’accès aux navires étrangers à la marina de Wé. La mise en place d’un protocole sanitaire spécifique pour permettre, si besoin était, l’utilisation les hôtels du Groupe SODIL comme lieu potentiel de confinement.
Au niveau de l´Enseignement La fermeture de tous les internats provinciaux, aux établissements scolaires, aux complexes culturels et sportifs provinciaux pour une durée illimitée. Des mesures d’urgences ont été prises pour rapatrier les étudiants sur leurs îles respectives avec le concours d’Air Loyauté. L’utilisation du Campus des îles comme refuge dédié aux étudiants et aux personnes bloquées sur Nouméa.
COVID-19, Vue d’ensemble des cas
Source au 06/07/20
PROVINCE DES ÎLES LOYAUTÉ Confirmés Guérisons Décès 0 0 0 NOUVELLE-CALÉDONIE Confirmés Guérisons Décès 21 21 0 MONDE ENTIER Confirmés Guérisons Décès 11 304 534 6 111 195 531 659 Plus de 212 000 cas ont été confirmés à ce jour et près de 5 200 décès ont été déclarés.
PROTÉGEONS NOS ÎLES, SURVEILLONS NOS FRONTRIÈRES ! îles Loyauté impactées économiquement par le Covid-19”, qui vient en complément du plan de soutien de l’État aux entreprises de Nouvelle-Calédonie. Des mesures de soutien immédiates aux entreprises qui viennent compléter nos propositions de dispositifs d´urgence. Pour maintenir notre tissu économique issu de l´agriculture traditionnelle, largement répandue sur nos îles, le Groupe SODIL a favorisé et facilité l´écoulement des produits vivriers dans ses structures. A cet effet, nous avons eu l´assurance du plein soutien des opérateurs qui restent également mobilisés pour les entreprises et les professions libérales, mais également les collectivités, pour les accompagner dans leur programme d’investissement (Bpifrance, la Caisse des dépôts et l’Agence Française de Développement). Face à cette situation exceptionnelle et par désarroi du manque d’informations, des initiatives citoyennes ont été réalisées pour venir en aide aux personnes bloquées sur la capitale.
Au niveau du tissu économique
ENSEMBLE, nous avons fait face à cette crise qui marquera l’histoire de l’humanité !
Notre participation active à la commission spéciale, avec notamment le gouvernement de la Nouvelle-Calédonie, l’AFD et les banques, chargée de suivre les pendants de la crise sanitaire du Covid-19 avec la mise en œuvre des mesures de soutien au tissu économique. L´assemblée de province du 24 avril a voté la délibération cadre “instaurant un dispositif de soutien aux entreprises de la province des
Nous sommes sortis sains et saufs de cette crise sanitaire mais nous devons rester vigilants. Dans le monde, le Covid-19 est toujours actif. Nous en sommes épargnés car nous prenons toutes les dispositions nécessaires afin de gérer cette crise mondiale. Nous sommes un peuple qui puise sa force dans l’unité, alors ENSEMBLE, continuons notre travail commencé il y a plus de 30 ans et accédons à notre pleine souveraineté !
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CRISE SANITAIRE
SOLIDARITÉ KANAK fait de nous un Loyaltien La
Par décisions coutumières, depuis la fermeture précoce des ports et aéroports, de nombreux Loyaltiens ont été surpris et, sont restés bloqués sur Nouméa depuis le jeudi 19 mars 2020. Des appels de détresse remontent, par e-mail, par les réseaux sociaux ou par téléphone, et le nombre ne fait que croître. Les origines sont diverses, que ce soit du fait de la séparation de famille, l´incapacité professionnelle ou encore la détresse financière. Nous ne pouvons rester insensible et une recherche active des meilleures solutions à leur apporter a été enclenchée. Le peuple kanak est un peuple de cultivateur, la Fête de l´Igname et les marchés quotidiens le démontrent à chaque fois.
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insi, de Lifou, Maré et Ouvéa, les Loyaltiens sont venus en aide à toutes leurs familles qui se sont retrouvées bloquées à Nouméa lors du confinement avec le soutien de la province des îles Loyauté et des communes pour l’envoi de denrées alimentaires. A Lifou et Maré, les containers sont chargés “à bloc”, une co-organisation méticuleuse a été mise en place, par district, sous la houlette des collectivités et des coutumiers. Ainsi plus de 300 m3 de vivres ont été acheminés par la mer et à peu près 4 tonnes de produits frais par les airs grâce à l´action solidaire de la compagnie AIR LOYAUTÉ, qui les a transportés gracieusement.
DEBOUT !
A Ouvéa, près de 400 habitants se sont retrouvés bloqués sur la Grande Terre. Etudiants, lycéens ou partis de l’île pour des raisons professionnelles ou médicales, ils ont pu bénéficier d’une aide alimentaire de solidarité en provenance de leur île. Tout a commencé par un appel aux dons lancé, début avril, par le conseil coutumier d’Iaai, en partenariat avec la Province des îles Loyauté et la commune d’Ouvéa. Résultat : 550 kilos de denrées alimentaires sont partis, par bateau, mi-avril d’Ouvéa. Beaucoup de produits des champs (bananes, taros, ignames, coco) ainsi que du riz ou de l’huile. Des dons récupérés à Nouméa par le secours catholique qui a ensuite réparti les aliments selon une liste d’environ 400 personnes bloquées à Nouméa. “Nous avons également pris en charge
l’envoi par bateau de 71 glacières de poissons qui, elles, sont destinées à des personnes en particulier alors que le reste de l’aide est répartie équitablement par le secours catholique. Il y a aussi 51.500 Francs de dons avec lesquels le secours catholique va pouvoir compléter les paniers”, précise Anne-Aymone Adjouhgniope, secrétaire générale du conseil coutumier. Cette action s’ajoute à celle décidée, également en avril, par la commune de l’île. Le conseil municipal a ainsi voté la distribution de panier alimentaire (d’une valeur unitaire de 500 Francs) pour, au maximum, 400 personnes d’Ouvéa bloquées. Enfin, une autre action de solidarité a également été organisée à Ouvéa en avril, cette fois par Air Loyauté qui a offert un service de fret aérien entre l’île et les familles bloquées à Nouméa.
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CRISE SANITAIRE
Des jeunes de Drehu expérimentent la 3D
3D printing
Aux loyautés, la pandémie du coronavirus a précipité l’achat de deux imprimantes 3D, qui est à la base un projet d’envergure entre le lycée polyvalent des îles et la Province des îles loyauté, dans le but d’initier les élèves aux nouvelles technologies pendant les travaux pratiques. Après la réception de ces imprimantes, le service de la Direction de l’Action Communautaire et de l’Action Sanitaire (DACAS) de la Province des îles loyauté a mis en œuvre la fabrication de visières par le biais de l’Association Jeunesse Informatique (AJI).
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endant 1 mois, l’équipe du cyber tribu (maison-mère de l’AJI) s’est initiée au montage de ces appareils complexes (environ 7 heures de montage) en s’aidant des tutoriels sur les sites web. Cependant, le travail ne s’arrête pas là. Ces techniciens ont pris le temps d’assimiler les fonctionnalités et les logiciels que composent ces nouvelles technologies. “On bricole aussi avec les moyens du bord pour aboutir à un résultat final de qualité capable de répondre aux besoins
attendus”, explique Michel Oroffino, membre de l’Association Jeunesse Informatique.
1h30 d’impression pour 1 visière Après tant de temps passé sur ces engins, les impressions ont finalement été lancées. Malheureusement ce genre d’action prend énormément de temps. En 1h30, seulement une visière a été confectionnée d’où les qualités de patience, de persévérance et d’efficacité sont requises pour réaliser cet ouvrage.
“C’est un honneur pour moi de rendre service à mon île. Ce n’est pas tous les jours qu’on nous sollicite pour ce genre d’action, alors que je peux aider, je le fais avec le cœur” raconte Ryan, un des jeunes acteurs de l’opération.
90 visières commandées par la Province Après des semaines de travail de dur labeur, l’Association AJI atteint les 90 visières commandées par la Province des Iles Loyauté. Elles serviront essentiellement aux professionnels de santé (docteurs, infirmiers, ambulanciers…) qui permettront de faire face à la crise sanitaire. Désormais prêts à l’emploi, ces objets ont pu participer à atténuer les risques de propagation de la pandémie du Covid-19 post-confinement.
“Nous sommes capables de le faire, donnons-nous les moyens !” 18 CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
Fabrication de
masques sanitaires homologués Une initiative de la Province face à la pandémie Depuis début mai, des couturières se sont retrouvées chaque jour à Fayaoué Ouvéa, afin de fabriquer 4.000 masques sanitaires homologués. Une commande de la province des îles Loyauté, qui fournit le tissu et achète chaque masque 400 Francs.
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haque jour de la semaine, une dizaine de femmes se rassemblement au local de l’association Hwenö bai (“le souvenir de nos mamans” en langue iaai), à Fayaoué. L’association fait partie du mouvement des femmes de l’église protestante de
Kanaky Nouvelle-Calédonie (EPKNC) d’Ouvéa. “On a répondu à l’appel de la Province, explique Hélène Frait, présidente de l’association, de même que l’association des couturières d’Ouvéa. Comme nous sommes les seules à avoir un
local alors on se réunit ici, mais c’est ouvert à toutes les couturières de l’île”. Développer l’autonomisation des femmes de la province des Iles Loyauté, c’est aussi un moyen de préparer le futur de notre pays souverain.
La filière textile en ébullition : 13.000 masques à confectionner en 15 jours ! L’objectif global de la Province est la fabrication de 13.000 masques entre Ouvéa, Lifou et Maré. Confectionner 4.000 masques destinés à la population d’Ouvéa. La Province des Îles Loyauté, via la direction de l’action communautaire et de l’action sanitaire fournit les matériaux et le patron et achète 400 francs un masque. Autour des grandes tables installées bout à bout, plusieurs générations sont rassemblées. “Cette association a été créée par nos mamans, reprend Hélène Frait, et là nous avons appelé les plus jeunes car cette opération est une bonne façon de mettre en avant le travail des femmes et de nos filles”. Une première collaboration avec la Province qui, les couturières l’espèrent, marquera le début de commandes régulières, également pour des projets autres que sanitaires.
“Pourquoi importer alors que nous pouvons le fabriquer localement ?” CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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CRISE SANITAIRE
Covid-19
l’avant “Si on arrive à faire perdurer les gestes barrières, alors on verra les effets positifs” Faire la tournée des écoles pour sensibiliser au lavage des mains ou au brossage des dents, Rozenn Salaün, infirmière de prévention au centre médico-social d’Ouvéa, le fait chaque année depuis dix ans. Une tournée un peu particulière cette année, juste après le confinement.
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cole maternelle Aka, tribu de Banutr. Face à Rozenn Salaün, une dizaine d’enfants, entre trois et six ans, lèvent la main. “Où avez-vous déjà entendu parler des microbes” ? “A la télé” ! “C’est quoi un microbe“ ? “Le coronavirus” ? En trente minutes d’échange, les gestes barrières sont rappelés, ainsi que l’importance du brossage des dents ou les bienfaits d’une alimentation équilibrée.
“Avec le confinement, les télés ont beaucoup tourné, j’ai bon espoir que certains messages de santé aient maintenant été assimilés. Si on arrive à faire perdurer les gestes barrières, alors on verra les effets positifs sur la santé”.
“Selon le dernier baromètre santé de l’agence sanitaire et sociale de la NouvelleCalédonie, la population d’Ouvéa a le plus haut taux des îles loyauté en termes d’obésité, notamment chez les femmes, et également en terme de diabète”, explique Rozenn Salaün. D’où l’importance, pour l’infirmière de prévention, de cibler les enfants.
Avec la crise sanitaire, l’idée de créer des relais santé au sein des tribus est revenue. “Moi toute seule, je ne peux pas, explique Rozenn Salaün, et je pense qu’il serait intéressant de former et de rémunérer des gens dans chaque tribu pour porter les messages de prévention, durant les mariages par exemple, moments de rassemblement et donc lieu de propagation des infections”.
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Déjà, depuis dix ans qu’elle travaille à Ouvéa, Rozenn Salaün constate de meilleures connaissances chez les élèves et une prise de conscience collective. “Mais il reste encore du chemin à parcourir pour arriver à des changements de comportement collectifs”.
l’après En attendant, l’infirmière poursuit son travail de prévention. Sans stand aux fêtes événementielles cette année, pour cause d’annulation des festivités à cause de la crise sanitaire. Mais toujours auprès des enfants ou encore sur la nouvelle page facebook du CMS, crée durant le confinement pour informer la population.
Rozenn Salaün, infirmière de prévention à Ouvéa depuis dix ans, rappelle aux enfants comment se laver les mains efficacement.
Le retour à l’école après le confinement a eu lieu, pour les élèves d’Ouvéa, le 27 avril. Une nouvelle rentrée d’abord par petits groupes et avec des règles sanitaires strictes. Illustration à l’école primaire catholique de St-Joseph, qui accueille normalement 142 élèves. Visite des représentants de l’aire coutumière, de la commune, de la province et des services médicaux.
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a semaine du 27 avril au 1er mai, les enfants n’ont fait que de se croiser, de loin en loin. Chaque classe a été divisée en deux afin de constituer des groupes d’une dizaine d’élèves. “Chaque groupe a un espace défini dans la cour où il restera à chaque récrée avec un responsable”, explique Mylène Attawa, la directrice. Plusieurs lavages de main quotidiens ont été prévus, à la descente du bus, à
chaque pause, ainsi qu’avant et après le repas et juste avant de remonter dans le car. Les récréations et le service de cantine sont échelonnés. “Une maman va également désinfecter toutes les classes à chaque récréation, ainsi que les sanitaires plusieurs fois par jour”, détaille la directrice qui ira, de son côté, aider à nettoyer la cantine entre les deux services. “Car nous n’avons qu’une cantinière car un seul service normalement alors on va venir l’aider
puisque les élèves ne seront plus que trois, au lieu de six par table”. Le 24 avril, des représentants de l’aire coutumière Iaai, de la commune d’Ouvéa, de la Province des îles Loyauté et du corps médical, sont venus à la rencontre du personnel. “C’est très complet toute l’organisation prévue pour cette semaine”, a réagi Victor Gogny, infirmier au collège public Shéa Tiaou, avant d’essayer de trouver un point positif à la pandémie. “Le coronavirus est peut-être l’occasion de nous rappeler des gestes sanitaires de base qu’on oublie parfois, bien se laver les mains permet, par exemple, de contrer une épidémie de gastro”. Malgré un peu de stress, cette semaine de transition s’est finalement bien déroulée, avant une reprise des cours dans un format plus classique, en gardant les bonnes habitudes du lavage des mains, depuis le mois de mai.
Application des gestes barrières au premier jour de la reprise des cours à Ouvéa.
Depuis la levée des restrictions le 15 juin, les enfants ont retrouvé une vie normale et leurs habitudes, mais pour la plupart, en conservant certains gestes d’hygiène comme le lavage des mains, devenus pour eux, un rituel.
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ENVIRONNEMENT
RORC, un système d’alerte sur la santé des récifs aux îles Loyauté Le
Le Réseau d’Observation des Récifs Coralliens (RORC) est un suivi participatif de l’état de santé des récifs coralliens de Nouvelle-Calédonie. Son objectif est de suivre l’évolution de l’état de santé des récifs coralliens du Caillou face à des changements globaux (changements climatiques, proliférations d’acanthasters, surexploitation de certaines ressources…) et sur le long terme. Les données collectées servent de signal d’alarme en cas de dégradation. Aux îles, la Province des îles Loyauté a mis en œuvre le financement du projet RORC avec comme coordinateur technique et scientifique, la société CORTEX.
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e RORC comprend 85 stations de suivi, dont 29 dans les îles Loyauté : 14 sur Drehu, 9 sur Iaaï et 6 sur Nengone. Il s’agit d’un suivi annuel : les observateurs retournent chaque année sur les mêmes récifs afin de mesurer l’évolution de leur état de santé.
Dossier détachable pages 25 à 28 BILAN 2019 - DREHU Nengone et Iaai seront publiés dans nos 2 prochains numéros. Supplément détachable en pages centrales ! La pêche représente une autre menace. Le piétinement des coraux lors des ramassages de coquillages et des coups de pêche entraîne la dégradation des habitats, qui offriront en retour moins de refuges aux poissons et invertébrés.
Il faut en moyenne 15 ans à un récif pour se régénérer après une perturbation importante
Au cours de la campagne 2019, 44 observateurs des îles Loyauté encadrés par Sandrine Job, biologiste marin de la Société CORTEX, ont participé à ce projet de surveillance marin.
Les stations observées sont à la demande de la population, généralement en lien avec leurs inquiétudes quant à la dégradation (actuelle ou future) des récifs. Lors de l’intervention de Sandrine Job au faré de Luecila à Lifou, les habitants l’ont sollicité pour observer un endroit très fréquenté par les touristes afin d’évaluer son état de santé actuel et son devenir sur le long terme.
En impliquant un large public non scientifique dans les excursions d’observation, la province des îles Loyauté a souhaité sensibiliser sur la dégradation des récifs et inciter des changements de comportement pour une meilleure préservation.
Le bilan reste globalement satisfaisant sur les îles Loyauté malgré quelques récifs en état de santé moyen en raison de conditions environnementales peu favorables aux coraux (comme par exemple sur Mou, Luengöni et Patho où des résurgences d’eau douce se jettent dans le lagon).
“C’est sur la terre qu’on doit changer les choses”, explique Sandrine en faisant allusion aux pollutions humaines terrestres (eaux usées, déchets) qui terminent leur itinéraire à la mer.
Les récifs coralliens abritent de très nombreuses espèces sous-marines, dont certaines personnes se nourrissent et d’autres en font leur “gagne-pain”, alors préservons cette richesse avant qu’il ne soit trop tard !
Le RORC, Réseau d’Observation des Récifs Coralliens Le RORC a vu le jour en 1997 grâce à une initiative de la Province Sud, puis s’est étendu sur l’ensemble du territoire en 2003 avec le soutien de l’IFRECOR (Initiative Française pour les Récifs Coralliens). A partir de 2011, d’autres partenaires (Pala Dalik, Aquarium des lagons, Province Nord, ŒIL, CCCE) et de nombreux bénévoles ont permis de développer ce réseau de suivi. En 2017, la Province des Iles les a également rejoints. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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JEUNESSE
La FSEND accueille des jeunes dans sa cour La Fédération Socio-Educative de Nöje Drehu (FSEND) est une structure qui a récemment été inaugurée en 2019 à la tribu de Qanono. Elle organise des centres de loisirs et des activités avec les enfants jusqu’aux jeunes adultes. L’association propose également un accès à internet grâce à sa cyber-base et détient un Point Information Jeunesse (PIJ). Dernièrement, la Fédération a tenu un chantier d’engagement communautaire qui a été bénéfique pour les jeunes. Après le confinement dû au Covid-19, la FSEND a enfin lancé le chantier sculpture. Ces chefs-d’œuvre vont servir de pancartes d’indication pour les tribus de l’île, qui d’après les jeunes, “seront moins dégradés puisque c’est le fruit de leur travail”. Pour se faire, la FSEND a recruté des jeunes pour assister à l’atelier sculpture dont 8 volontaires accompagnés de 2 encadrants et de 2 artisans pendant 10 semaines. Les sculpteurs, Dickë Issamatro et Elie Draikolo, ont apporté leur pédagogie et leurs techniques de la sculpture. Seule une adhésion de 1000 francs à l´association était demandée pour y participer, le reste étant pris en charge par l’État, la province des îles Loyauté et la mairie de Lifou. Dès le matin, ils se sont tous réunis dans les locaux de la FSEND prêts à en découdre. C’est autour d’un bon café que la
présentation du travail et des membres de l’équipe annonce le début du chantier. “D’habitude à 8 heures, je suis à la maison à attendre que quelqu’un vienne m’embaucher pour les travaux de la tribu”, explique un jeune de la tribu de Qanono. “Mais là je suis satisfait d’être là et de pouvoir me former”, poursuit-il. D’après des constats, les jeunes de l’île ont peur de se lancer dans des projets et une des motivations de la Fédération est “de les rendre plus autonomes et responsables”. D’autres objectifs sont de mettre en valeur le travail en équipe, la communication, la bienveillance, mais aussi de les aider à se prendre en charge. La musique, les coups de ciseaux et les marteaux apportent une ambiance plus détendue. L’échange est également au rendez-vous. “Mon père est sculpteur mais malgré cela, je préfère être ici. Je discute avec d’autres jeunes et je leur partage mes connaissances”, confie Gilles. “Ici, on doit respecter les règles”, poursuit le jeune homme. La Fédération pose ses limites et veut “ouvrir les yeux” de ses jeunes. Les responsables du chantier, appelés aussi “grands frères” par les apprentis ont su mettre en confiance ses adolescents. Cette excellente relation les a encouragés à venir chaque jour et de toujours avoir cette volonté d’en apprendre davantage. Découvrir de nouvelles choses est le cas de Loïc, atteint de la trisomie 21. Inscrit cette année en MBC au lycée polyvalent des îles Williama Haudra, ce jeune homme accompagné de son auxiliaire de vie, s’initie à la sculpture. “Je vais emmener mes sculptures dans ma classe pour montrer à mes camarades ce que j’ai fait durant les vacances”, raconte fièrement Loïc. La volonté de s’en sortir résonne de plus en plus dans les discours des apprenants. Cette expérience tire un bilan positif. En effet, cet atelier a ravi beaucoup de ces jeunes dont certains envisageraient plus dans l’avenir. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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JEUNESSE
Le projet Trejin
des jeunes, acquérir des compétences dans l’animation, accompagner les enfants et jeunes scolarisés dans l’aide au devoir, former les jeunes aux multimédias etc. Tout cela va s’inscrire dans le projet de vie de l’enfant ou du jeune.
Une arme pour réussir !
Cependant, les études et activités sont pratiquées en fonction des classes : du CP au CM1 (activités du mercredi après-midi et les devoirs) et du CM2 au lycée (études du vendredi soir et projets).
Le projet “Trejin” (frère-sœur) est à la base une initiative de la tribu de Kirinata à Lifou, avec comme chef de projet Isa Qala. Il y a quelques années, les jeunes et les animateurs de la tribu ont organisé des études toutes les semaines et ont pu se déplacer hors de l’île grâce à leurs propres moyens. Une démarche enrichissante qui a ravie l’ensemble des participants et tout particulièrement les parents. Aujourd’hui, le projet relancé est en pleine expansion sur l’île de Drehu. Les “Trejin”, ces aînés précurseurs apportent leur soutien, leurs savoirs et connaissances à leurs petits frères et petites sœurs.
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ette année, le Projet “Trejin” a pour objectif général de favoriser la mise en place d’animations socio-éducatives et l’accompagnement à la scolarité dans la tribu de Kirinata mais aussi les autres tribus de Lifou. Plusieurs tribus y sont déjà intégrées : Kumo, Nang, Hnathalo, Luecila-Hnapalu, Hanawa Hunëtë et Siloam. Cette organisation a plusieurs visées telles que responsabiliser les jeunes en les faisant participer à des activités socioéducatives, créer des projets innovants qui pourraient enrichir les enfants, impliquer la tribu dans l’accompagnement
Devenir un meilleur citoyen pour sa tribu Ces jeunes sont privilégiés par l’accompagnement offert, ce qui leur permettra d’être un meilleur citoyen pour leur tribu et leur pays. D’ailleurs, le projet participe à la construction de l’enfant ou du jeune au travers des activités proposées. Concernant les familles, les finalités sont : que ce projet soit un soutien moral et psychologique pour le développement de l’enfant, que la famille reprenne sa place originelle dans notre société contemporaine, que les aînés accompagnent davantage les cadets, qu’il est nécessaire de remettre l’enfant en priorité dans les foyers et une solidarité entre les familles vis-à-vis des enfants. “Ame la neköi eö tre neköi eni nge ame la neköi eni tre neköi eö”, “Ton enfant est mon enfant et mon enfant est le tien”. C’est une des devises du projet qui illustre la solidarité et le vivre ensemble. Du côté de l’enfant et du jeune, l’organisation apporte de l’autonomie, de l’épanouissement, plus d’ouverture à l’autre et au monde, du travail régulier, de faire de son mieux et d’exceller, d’être plus attentif, de la solidarité, de la bienveillance et bien d’autres valeurs de la vie. A Lifou, on a coutume d’entendre “l’obéissance est la clé de la réussite”, ce qui signifie qu’entre la maison et l’école, il y a un pont. Par le biais de ces jeunes, le projet ouvre une conscientisation face aux mauvaises habitudes de la vie et de mieux s’adapter au monde contemporain.
Le challenge à relever est de changer le paradigme de “Qu’est-ce de “ Qu’est-ce que vous pouvez faire pour moi ? moi ?” à “Qu’est-ce “Qu’est-ce que je peux faire pour ma tribu ? tribu ?” CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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CÔTÉ JARDIN
LA BROMÉLIACÉE Agée de 71 ans, Sera Wamaie Wasakua est mariée à la tribu de Mucaweng à Lifou. Dynamique et polyvalente, elle propose diverses activités aux touristes. Également passionnée de broméliacées, elle y fait son business.
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orsque les paquebots accostent au site touristique d’Easo, Sera propose aux touristes une séance de bien-être et de beauté comme le massage et le tressage des cheveux. Et depuis qu’elle collectionne les plantes, elle y vend des boutures. Elle est passée par plusieurs collections de fleurs, suivant les tendances du moment, avant de s’intéresser aux broméliacées, appelée plus couramment “ananas fleur”. “J’ai collectionné des colombos, environ 80 sortes et des épines du christ”.
Passionnée, elle sillonne la Calédonie à la recherche de nouvelles variétés La septuagénaire est admirable. Elle décrit chaque plante et raconte avec beaucoup d’émotions leur histoire, de l’origine jusqu’à leur arrivée dans
son petit coin de paradis et leur prix. “Je me suis déplacée jusqu’à Yaté, Canala, Houaïlou et plus encore. Je connais toutes les serres à Nouméa. Je me suis battue pour acheter ses petites merveilles”, raconte fièrement la vieille femme.
ses clients. “Mon objectif est aussi que toutes les femmes aient de nouvelles fleurs dans leurs jardins. Je les encourage à embellir leur maison” !
D’ailleurs, Wamaie est une des clientes les plus fidèles au Salon du jardinage à la Maison des Artisans et au Jeudi du Nord. Sa maison est une véritable entreprise de broméliacées ! Il y a quelques années, Sera a bénéficié d’une aide de la Province des Iles Loyauté pour lancer son activité. Des pots de fleurs et une serre lui ont permis de semer des graines et de rempoter ses plantes. Elle possède un porte-vue rempli de photographies des différentes étapes de la floraison de ses broméliacées, qu’elle peut par la suite présenter aux visiteurs. “Il est important de capturer ce moment-là car une broméliacée ne fleurit qu’une seule fois dans sa vie”, explique Wamaie. C’est une activité rentable car elle achète une bouture, elle l’entretient et revend plusieurs boutures au même prix que la plante-mère. La générosité de la businesswoman reprend le dessus car elle n’hésite pas à partager certaines de ses plantes avec
Sa sociabilité a aussi attiré du monde chez elle. Des personnes venant des quatre coins de l’île ont saisi l’occasion du confinement pour découvrir son jardin et s’offrir des plantes. “La vente de broméliacées est un revenu pour moi et cela me permet de racheter des pots et d’autres sortes”. Sera Wasakua est une femme généreuse et à la fois pleines d’ambitions, elle espère étendre sa collection de broméliacées et faire le bonheur des habitants de Drehu. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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CÔTÉ JARDIN
UN RETOUR À LA TERRE “Ce n’est pas la compétence qui fait la responsabilité mais c’est la responsabilité qui fait la compétence”. Une devise adoptée par trois jeunes de la tribu de Kurine, Sandes Wamejo, Raynald “Ael” et Joseph “Wehjoy” Washetine, en se lançant en 2017 dans l’agroforesterie au sein même de leur tribu aux falaises du lieu-dit “Kiamu”.
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aynald souligne en langue Nengone “Ci aeneshabane ore rawa”, comme une définition de ce système agricole qu’ils expérimentent. L’agroforesterie est un mode d’exploitation des terres agricoles associant les arbres et les cultures sur une même parcelle, favorisant ainsi, la fertilité des sols dans un but d’un développement durable. Une pratique agricole combinant développement agricole et protection-régénération de l’environnement naturel. En agriculture biologique la fertilisation fait appel à des substances d’origine organique, animale ou végétale et à quelques minéraux répertoriés sur une liste. Elle prend aussi en compte l’environnement et des pratiques agricoles adaptées. “L’agroforesterie est un mode d’exploitation des terres agricoles associant des arbres et des cultures ou de l’élevage. L’association arbres et agricultures présente des avantages considérables notamment dans le domaine de la protection des sols”, précise Raynald.
Un désir de promouvoir le potentiel dans la tribu Innovateur principal du projet, Raynald Ael Washetine, après des années passées au Collège de La Roche en qualité de professeur, décide de se lancer avec deux jeunes de la tribu de Kurine dans ce projet. Après une formation et sous
la tutelle de quelques professionnels en agroforesterie, ils se lancent avec ferveur dans ce projet, propulsés par une vision de la sauvegarde environnementale. “Nous avons décidé de travailler la terre et de valoriser le potentiel existant. Le potentiel est là, à nous de le faire valoir. L’agroforesterie ça n’est pas nouveau, c’est juste un retour logique vers l’agriculture de nos ancêtres, laisser le soin à la terre de faire son travail naturellement. C’est une façon d’en retirer des produits de haute valeur ajoutées tout en respectant l’environnement”.
Une ferme de démonstration dans la cour des grands Répartis en parcelles, l’exploitation compte 600 tuteurs pour 1.200 plants de vanille, 30 ruchers en production, un travail effectué en partenariat avec Arbofruit. Avec le label Biocaledonia,
la récolte de 250 kilos de miel a été écoulée cette année. “Il faut avoir une vision globale du champ, ne pas être figé mais toujours continuer à travailler, être constamment à la recherche de nouveaux concepts”, souligne Ael. Leur exploitation a été nommée ferme de démonstration par le Projet Régional Océanien des Territoires pour la Gestion durable des Ecosystèmes (PROTEGE), qui est un projet européen visant à la transition agroécologique. Ce projet de coopération régionale vise à construire un développement durable et résilient des économies des PTOM face au changement climatique, en s’appuyant sur la biodiversité et les ressources naturelles renouvelables. Ainsi, la ferme de Kurine sur le lieu-dit de Kiamu est peut-être méconnue de certains, mais s’affiche mondialement comme ferme de démonstration à l’échelle européenne.
Message pour la jeunesse “Ce n’est pas la compétence qui fait la responsabilité mais c’est la responsabilité qui fait la compétence. Dans nos îles les richesses et le potentiel sont là. A nous de les faire valoir. Quand on a un projet, il ne faut pas hésiter à frapper aux portes et se lancer. Qui ne tente rien n’a rien ! Allez vers les personnes ressources pour vous informer, ils sont là pour nous guider et nous orienter vers nos objectifs. Mais il faut se lancer, ne pas reculer face aux contraintes administratives, et même si on se casse la figure, on aura essayé. Mais le plus important est de se relever et de continuer. Pour Sandes, Wehjoi et moi-même, c’est une belle expérience. Et œuvrer dans notre tribu tout en respectant notre environnement, dans ce cadre magnifique, on trouve du plaisir à travailler dans ce coin paradisiaque tous les jours”, conclut Ael Raynald Washetine. CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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le
rendez-vous féminin DE 20 A 65 ANS ES TOUS L 3 ANS
Je fais mon frottis !
3
jours dédiés
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à la des
à Lifou
S
uite à la proposition de l’ASS.NC d’organiser des actions à l’occasion de la “Journée mondiale des actions pour la santé des femmes”, la DACAS a choisi le thème des CANCERS FÉMININS devant l’incidence encore importante de ces cancers chez les femmes loyaltiennes, responsables de décès trop précoces qui pourraient être évités. Grâce à la réactivité des groupes de femmes des tribus et de l’EPKNC avec les délégués COMMISSES, le 14 mai à la tribu de Jokin se sont réunies des femmes avec lesquelles Isabelle de Frémicourt (DACAS) et Nelly Beuchée (ASS.NC) ont pu organiser un débat sur les cancers féminins du col de l’utérus et du sein. Après celui-ci, il a été organisé un atelier pratique où les animatrices ont fait la démonstration de l’autopalpation des seins sur un buste-mannequin. Chaque femme a pu apprendre la technique de l’autopalpation, première démarche essentielle avant la mammographie, et détecter une masse anormale à
l’intérieur d’un sein. Ce rassemblement avait pour objectif de préparer la Journée mondiale des actions pour la santé des femmes qui va se dérouler sur 3 jours à Lifou où un jour sera réservé à chaque district. Du 26 au 28 mai se sont déroulées dans les tribus de Xépénéhé, Luengöni et Hapetra, ces journées organisées par la DACAS avec les associations de femmes de Drehu. De nombreuses femmes ont répondu présentes à l’invitation, âgées de 20 à 70 ans environ mais malheureusement trop peu de la tranche d’âge 20 à 35 ans. Le débat a été très enrichissant, plusieurs points ont été soulevés notamment un questionnement : “Pourquoi y-a-t-il encore autant de femmes qui ne vont pas se faire dépister surtout pour le cancer du col de l’utérus” ? Le dépistage est un examen qui permet de découvrir un cancer le plus
précocement possible au tout début de son évolution. Plusieurs facteurs de risque sont impliqués dans le développement du cancer comme une mauvaise alimentation, le tabac et l’alcool ou encore le stress… ; en revanche plusieurs facteurs sont protecteurs en stimulant l’immunité tels qu’une alimentation équilibrée, une activité physique régulière et une bonne hygiène de vie… Le cancer du col de l’utérus est principalement lié aux Infections Sexuellement Transmissibles (IST). Les participantes ont assisté à une activité à la fois ludique et éducative sur le papillomavirus appelé aussi “HPV” (Human Papilloma Virus), une famille de virus responsables de plusieurs infections. D’après les données de la Haute Autorité de Santé (HAS), environ 80 % des femmes et des hommes sexuellement actifs seront infectés par le virus HPV au cours de leur vie.
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Une des sages-femmes de Lifou a créé un jeu pour mieux faire comprendre la transmission virale. Cette famille de virus est responsable de plusieurs cancers génitaux aussi bien chez l’homme que chez la femme, dont le principal cancer est le col de l’utérus, bien connu sur le Caillou. La particularité du cancer est qu’il se développe silencieusement c’est-à-dire sans signe apparent et sans douleur. Entre le moment où une personne est atteinte par le virus HPV et le développement du cancer, il peut se passer entre 10 et 30 ans, d’où l’importance de se faire dépister régulièrement.
Les flyers de l’ASS.NC sur le dépistage des cancers du col de l’utérus et du sein étaient mé
Témoignages “Ma mère a découvert tardivement sa maladie. Elle s’est battue pour nous, mais malheureusement il a fallu qu’elle nous prépare à son départ. Je n’avais que 19 ans quand ma maman est décédée du cancer à l’âge de 41 ans. Désormais, j’espère qu’avec toutes les actions que l’on mène, ce genre de situation ne se reproduira plus”, témoigne avec émotion la jeune Evelyne Qaeze aujourd’hui âgée de 26 ans, la nouvelle présidente de la Fédération des femmes de Nöje Drehu. Cependant de nos jours, les femmes ne devraient plus mourir du cancer du col de l’utérus ni même de celui du sein grâce au dépistage précoce. “Mon cancer a été découvert tôt grâce aux frottis que j’ai faits régulièrement et j’ai pu être traitée à temps, j’ai bien suivi les traitements c’est pour cela que je suis encore en vie aujourd’hui” selon le témoignage d’une participante d’une quarantaine d’années. Le premier frottis du col de l’utérus doit être réalisé à partir de son entrée dans la sexualité et le deuxième à 1 an d’intervalle, puis tous les 3 ans. Soulignons que l’Agence Sanitaire et Sociale de la Nouvelle-Calédonie envoie des bons de dépistage gratuits pour le frottis de 20 à 65 ans et pour la mammographie tous les 2 ans à partir de 50 ans jusqu’à 74 ans.
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Explication de la transmission du Papillomavirus par la sage-femme Marjorie Boucher, développement du cancer du col.
Illustration des facteurs de risque et des facteurs protecteurs pendant le jeu sur le virus HP
“Ah bon ! Il faut faire un frottis ? Moi, je n’en ai jamais fait” !
éconnus par beaucoup de femmes.
virus qui joue un rôle important dans le
PV créé par Marjorie. L’autopalpation des seins, un geste qui devrait être connu de toutes les femmes. Durant cet atelier, Nelly Beuchée a expliqué la manière et l’importance de cet auto-examen aux femme présentes, dont certaines ignoraient totalement la pratique.
Une jeune femme de 34 ans s’étonne : “Ah bon ! Il faut faire un frottis ? Moi, je n’en ai jamais fait”. Il est surprenant de constater que trop de jeunes femmes ne savent pas que le frottis est indispensable à leur santé et qu’elles ont accès à un dépistage gratuit. Et d’autres, le sachant, ne font pas la démarche de consulter médecin ou sage-femme pour faire leur examen gynécologique annuel, qui comprend notamment l’examen systématique des seins.
ou encore le jugement. Les jeunes filles craignent le regard des autres et les représentations que les gens vont se faire à leur égard. Certaines se disent aussi que la médecine traditionnelle leur suffit amplement et qu’elles sont protégées mais d’après les témoignages de personnes atteintes “la médecine traditionnelle aide plutôt à supporter les traitements donnés par les médecins comme la chimiothérapie” mais cela ne doit pas retarder les traitements médicaux.
Lors du débat, plusieurs femmes ont mis l’accent sur l’importance d’instaurer un climat de confiance entre la patiente et le professionnel de santé dès le départ. D’autres raisons les poussent également à ne pas se faire dépister comme la peur de l’examen ou surtout de la maladie, le déni (“ça ne me concerne pas”), la négligence (“ce n’est pas une priorité”, “je n’ai pas le temps”, “mes enfants sont ma priorité”), la honte
On en conclut qu’il ne faut en aucun cas négliger les dépistages car ne pas les faire peut entraîner des fins tragiques. Le constat est qu’il y a une demande des femmes de venir informer dans chaque tribu, et il y a même eu la proposition d’un bus-magique qui ferait la tournée des tribus pour faire les frottis de dépistage sur place…
Dans beaucoup de discours, la femme est considérée comme un pilier de la société. Elle s’occupe des tâches ménagères, de son mari, de ses enfants, de son travail (salarié, travail au champ, tribal, religieux, coutumier), mais jusqu’à quel point ? Où sont les limites ? Doit-elle pour autant s’oublier au point de sacrifier sa santé ? Ces questionnements ont suscité la réflexion de ces mamans. Il y a une contradiction. Et lorsqu’elles sont atteintes, souvent trop tard, elles se battent pour vivre le plus longtemps possible auprès de leur famille. Alors est-ce vraiment de la négligence ou de l’altruisme, ou bien une erreur de raisonnement ?
“Si je me soucie vraiment de ma famille, je dois alors prendre soin de ma santé pour me préserver afin d’être toujours là pour eux”.
SI VOUS VOULEZ PLUS D’INFORMATIONS SUR LE DÉPISTAGE OU UNE INTERVENTION DANS VOTRE TRIBU, CONTACTEZ
LA DACAS AU 45 52 46 CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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SAVEURS D'ZIL
“Les derniers rayons du soleil” L’amour d’une fratrie pour la cuisine
Le snack Les derniers rayons du soleil, à Mouli, au sud d’Ouvéa, est avant tout une histoire de famille. Ou comment huit frères et sœurs décident un jour de rentrer à la tribu et de se bâtir un destin en cuisine.
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our accéder au snack Les derniers rayons du soleil, à Mouli, tout au sud d’Ouvéa : une route cabossée avec, comme accueil, une douce mélodie de kaneka jouée à la guitare et portée par le vent. Une dizaine de couverts possibles par service, midi et soir, tous les jours de la semaine. “Cet endroit est le résultat d’un rêve, explique Stéphanie, nous sommes quatre garçons et quatre filles à la maison, beaucoup travaillaient à Nouméa et un jour on s’est dit : pourquoi ne pas rentrer et travailler ici” ?
Dans les assiettes : que des produits 100 % locaux. Jusqu’aux fleurs du jardin qui servent pour la décoration des plats. Des plats dont les prix oscillent entre 1.700 à 4.000 francs, selon le produit consommé. “Les crabes de cocotiers et les langoustes sont disponibles selon la saison et en passant commande, il faut aussi commander pour déguster un bougna”, précise notre guide. En cuisine, tout l’univers culinaire de l’île se retrouve, du riz coco aux papayes en salade, du poisson-perroquet fumé à la crème de mangue, en passant par le walei (igname sucré) ou la vanille d’Ouvéa.
Les Dumai, une histoire de famille !
Reste encore à nommer les plats !
Un projet rendu possible grâce aux parcours complémentaires des enfants Dumai, qui ont entre 26 et 36 ans. Parmi les filles, deux ont passé un CAP serveuse, l’une un BEP cuisine. Quant à Stéphanie, elle a étudié dans la vente. “Je vais bientôt suivre une formation en comptabilité offerte par la province, on continue à apprendre grâce au snack”. Du côté des garçons : l’un a construit la maison pour le restaurant grâce à son CAP maçon et parmi les autres, on retrouve un CAP cuisine et un CAP cuisine et pâtisserie. Pour le snack, la fratrie a décidé de s’organiser par semaine. “La pêche est assurée par les garçons, les filles s’occupent plutôt du jardin, ensuite on se répartie les services, que chacun puisse aussi avoir une vie de famille, s’occuper de son champ ou travailler à côté, le snack n’étant pas encore rentable pour nous tous”.
Pour ça, la fratrie compte sur sa clientèle. “On a déjà eu la visite de touristes d’Europe, ou encore d’Amérique, à chaque fois ils s’amusent à nous proposer des noms”, reprend Stéphanie. Un jeu qui se poursuit sur les réseaux sociaux. “On est surpris de la force du bouche à oreille, on existe maintenant sur internet, encore grâce à des clients”. Fin de journée, le service du soir se prépare. Face à la mer, on comprend soudain pourquoi le nom du snack. Un décor qui devrait bientôt pouvoir s’admirer un peu plus longtemps : les frères et sœurs Dumai prévoient d’ouvrir bientôt des chambres d’hôtes. Les cases sont prêtes, ne manque que le bloc sanitaire fourni par la province. Un nouveau projet, pour nourrir, encore et toujours, le grand rêve de la fratrie : vivre, travailler, et imaginer l’avenir à Ouvéa.
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Recettes du Chef ! Le crabe de cocotier Le crabe de cocotier se chasse de nuit, soit en lui tendant un piège, soit en l’attrapant. Pour un piège, il s’agit de couper une noix de coco en deux, de placer les morceaux sur un pic en bois et de revenir le soir, en espérant surprendre un crabe en train de se rassasier. Sinon, aller marcher de nuit sur certains récifs, les crabes y sont nombreux. Attention à leurs pinces avant en les attrapant : elles sont puissantes et c’est elles qu’il faut tout de suite attacher. Préparation : Ensuite, pour préparer les crabes : les jeter vivants dans l’eau bouillante, les laisser cuire une trentaine de minutes, jusqu’à ce qu’ils deviennent rouges. Une fois cuit, il y a deux parties du crabe à retirer avant dégustation. La première en haut de la carapace (retirer délicatement, à l’aide de la pointe d’un couteau, un petit boyau) et l’autre, dans l’abdomen de l’animal : ouvrir le ventre et retirer le long boyau blanc (manipulation à faire, une première fois, avec un habitué). Pour la sauce aïoli : mélanger un jaune d’œuf avec une petite cuillère de moutarde, de l’ail, de l’huile (à ajouter au fur et à mesure) et une pincée de sel et de poivre.
Déclinaison locale autour du poisson d’Iaai Préparation : • Un poisson bec de canne rôti dans le four (10-15 minutes environ) • Riz accompagné des tomates du jardin : rincer le riz plusieurs fois puis mettre deux portions d’eau pour une de riz avant de faire bouillir. En fin de cuisson, couvrir et diminuer le feu. • Walei bouilli (prendre un walei, l’éplucher puis le faire revenir 30 à 40 minutes dans l’eau bouillante, le piquer pour s’assurer de sa cuisson). Le couper en morceaux et servir tiède. • Salade de papaye aux tomates et oignons verts (sauce ail, moutarde et huile) : cueillir une papaye encore verte, enlever la peau, ouvrir et enlever les graines à l’intérieur, faire tremper 15 minutes dans le vinaigre blanc, égoutter, laisser sécher un peu puis râper la chaire, enlever les gros morceaux restants après avoir râpé. Assaisonner. • Papaye verte bouillie, avec sauce cari : Suivez le même processus que pour la salade mais au lieu de faire tremper la papaye, mettre à bouillir en morceaux avec une gousse de vanille. Ajouter du cari en fin de cuisson.
Bon Appétit ! CONSTRUIRE LES LOYAUTÉ
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HOMMAGE
Photo : Facebook Kapoa Tiaou.
Kapoa Célé Tiaou Une grande perte pour la sculpture !
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Le sculpteur autodidacte, originaire d’Ouvéa, est décédé lundi 25 mai, à l’âge de 61 ans. Sa disparition laisse un grand vide dans le paysage culturel calédonien.
ès l’annonce de sa mort, le téléphone a sonné. Une de ses anciennes élèves, la gorge nouée. “Je ressens encore la joie du premier jour. A chaque erreur, il reprenait mon bois, le rabotait un peu et m’encourageait à continuer. Il ne regardait jamais l’heure, vivait chaque instant dans la générosité”. Les hommages de cette sorte se multiplient rapidement, sur les réseaux sociaux, signés ou anonymes. A Ouvéa, Carolo Poeta, le responsable de la commission culture à la mairie, souligne le père exemplaire qu’était “Célé”. “Sur l’île on l’appelle Célé, diminutif de son deuxième prénom, Célestin, mais qu’importe comment on l’appelle, il était le meilleur d’entre nous. Sa mort est une perte pour notre île ! C’était un grand bonhomme et un bon père car il a su transmettre”. La sculpture est en effet, devenue une affaire de famille chez les Tiaou, passion initiée par Kapoa et sa femme, Béatrice. Venue de Corse, elle rencontre son futur
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mari en 1988, en arrivant en NouvelleCalédonie. Lui est veuf et père de trois enfants. Ensemble, ils en concevront sept autres. En 2016, l’exposition Folau, au Méridien, à Nouméa, a consacré ce travail collectif en présentant trente sculptures sorties de l’imaginaire de la famille. “J’ai toujours vu mes deux parents sculpter, se souvient Melëm 29 ans, l’un des enfants, on a tous appris avec eux, même la dernière qui a 11 ans”. Le jeune homme se souvient aussi de la mise en garde de son père, sur la difficulté de vivre de sa passion. Il le revoit travailler, durant un an ou deux, comme aide-soignant afin d’arrondir les fins de mois.
Un passionné déterminé à vivre de la sculpture “Mais il a, reprend Melëm, malgré cet épisode, réussi à vivre pendant 30 ans de la sculpture. C’était quelqu’un de déterminé et de très optimiste, une grande source d’inspiration pour moi et un grand exemple de foi. Il dégageait un esprit de joie et rendait heureux les gens autour de lui”. Au fil de ses 30
ans de carrière, l’art de Kapoa Tiaou a évolué du figuratif à l’abstrait. Une nouvelle façon de partager. “L’abstrait permet d’exprimer plusieurs messages, explique Melëm, et cela lui permettait de s’exprimer librement et de laisser le choix à plus de monde de s’exprimer à sa manière”. En 2018, Kapoa Tiaou parlait de l’histoire de sa famille, “qui commence toujours par un voyage”. Alors qu’il s’apprêtait à aller vivre aux Etats Unis avec sa femme, près de l’une de ses filles, ses problèmes cardiaques ont finalement eu raison de cet artiste au grand cœur. Enterré le vendredi 29 mai à Nouméa, les hommages se sont poursuivis, nombreux. Comme ce carré noir sur le Facebook du centre culturel Tjibaou, accompagné de ce message : “Il n’y a pas de mots, ni d’images, pour dire notre tristesse à l’annonce du décès de Kapoa Tiaou. Nous aimions sa présence dans nos murs et avons toujours eu plaisir à exposer ses œuvres. Nous pensons très fort à sa famille”. Ou encore cet hommage de la Case des artistes : “Tu manqueras terriblement à la case mais à travers tes sculptures ton nom restera à jamais gravé dans nos mémoires car tu nous émerveilleras toujours par ton art abstrait inondé de messages”.