ROUTES ET CHEMINS | SOTAVENTO 109
route du thon Du royaume détrempé des échasses blanches - élégants oiseaux devenus un symbole à Castro Marim - à l’oasis cosmopolite de Monte Gordo. De la ville monumentale de Tavira, avec ses 32 églises, aux eaux limpides et chaudes de Manta Rota. Sur les lieux d’où les hommes partaient à la pêche au thon, il reste peu de vestiges de cette ancienne activité : filets et bateaux jonchent les eaux calmes, comme résignés ou peut-être heureux de ce choix. Mais les fils des courageux pêcheurs de thon sont encore là. Se faisant rares, les cheveux blancs et les doigts pétrifiés et bouffis, ils raccommodent les filets à la main. Nous les verrons aussi accrochés à la drague, penchés sur les filets et au petit matin explorant le sable à la recherche de la manne que sont les bivalves, sur l’isthme péninsulaire de Cacela. À cette même heure, les petits-enfants de ces gens du thon s’éparpillent déjà sur la côte, remplissent les édifices de Monte Gordo et les sympathiques petits restaurants de Cabanas et Altura. Plus tard, avec l’éternel bleu du sud à l’horizon, nous y dégusterons le produit de la pêche grillé au barbecue, nous savourerons le plus mou des occupants de la drague. Et toujours en regardant le bleu, nous devinerons les exploits glorieux, les guerres, de ces hommes au loin, sur la route du thon.
Castro Marim (HR)