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Transversus abdominis plane bloc (TAP bloc) C. Dubost, R.-M. Blot, C. Hériche L’utilisation de l’anesthésie locorégionale (ALR) est recommandée chaque fois que possible, en complément des techniques d’analgésie classique, dans le cadre d’une prise en charge multimodale de la douleur. Dans cette optique, les blocs de la paroi abdominale ont un grand champ d’action, eu égard à la fréquence et à l’intensité des douleurs postopératoires. Le transversus abdominis plane ou TAP correspond au plan situé entre les muscles oblique interne et transverse. À ce niveau circulent entre autres des branches nerveuses des nerfs intercostaux T9 à T12 et de la première racine lombaire L1. L’intérêt clinique du TAP bloc a été bien validé par des études randomisées en aveugle, après colectomie, hystérectomie et césarienne. De nombreuses autres études et des cas cliniques suggèrent l’intérêt de ce bloc dans toute la chirurgie abdominale sous-ombilicale, notamment la chirurgie urologique et herniaire. En dehors de la herniorraphie ombilicale simple, ce bloc permet d’assurer une excellente analgésie mais ne procure pas d’anesthésie chirurgicale. L’identification du TAP, par les repères anatomiques, dans le triangle de Petit est aléatoire et ne garantit pas une sécurité suffisante. L’échoguidage permet de visualiser le TAP et de contrôler en direct l’injection d’anesthésiques locaux : ce bloc est réalisé en toute sécurité et avec un taux de succès très élevé. De ce fait, au cours des dernières années, l’avènement de l’échographie a entraîné un essor important du TAP bloc. L’apprentissage de cette technique échoguidée est facile et rapide, reposant sur une connaissance simple de l’innervation de la paroi abdominale et de l’organisation des différents plans musculaires. © 2011 Elsevier Masson SAS. Tous droits réservés.
Mots clés : TAP bloc ; Échoguidage ; Bloc de paroi ; Chirurgie abdominale
Plan ¶ Introduction
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¶ Paroi abdominale
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¶ Technique de ponction aveugle
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¶ Technique de ponction échoguidée
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¶ Mise en place d’un cathéter, technique de pose directe peropératoire 4 ¶ Particularité pédiatrique
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¶ Efficacité
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¶ Indications
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¶ Pharmacologie
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¶ Complications
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¶ Conclusion
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■ Introduction Les blocs de la paroi abdominale assurent une excellente analgésie au décours d’une laparotomie et ce, avec un excellent rapport bénéfice/risque [1]. Ils permettent même parfois d’assurer l’anesthésie [2]. Néanmoins, en fonction de la localisation de l’incision et de la procédure chirurgicale, l’anesthésiste doit Anesthésie-Réanimation
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avoir connaissance de différentes techniques d’anesthésie locorégionale (bloc périombilical, bloc des grands droits, bloc des nerfs iliohypogastrique et ilio-inguinal, voire bloc paravertébral). Ces techniques reposent sur des repères de surface et sur des perceptions de perte de résistance dont l’obtention parfois aléatoire entraîne un nombre d’échecs important [3] . Ceci explique la sous-utilisation de ces blocs en périopératoire. Le transversus abdominis plane bloc (TAP bloc) a été décrit par Rafi en 2001 [4]. Il décrit un abord du plan neurofascial du muscle transverse abdominal via le triangle lombaire de Jean-Louis Petit qui permet en une simple injection d’obtenir une analgésie de toute l’hémiparoi abdominale homolatérale. Le TAP bloc est resté dans l’ombre jusqu’au travail de McDonnell en 2006 [5]. Rapidement, de nombreuses études sont venues corroborer l’intérêt de ce bloc qui, parallèlement avec l’utilisation de l’échographie, est devenu en peu de temps un bloc incontournable en anesthésie locorégionale (ALR) de la paroi abdominale. Sont abordées l’anatomie de la paroi abdominale, la description de la technique du TAP bloc, de son intérêt, ses indications et ses complications.
■ Paroi abdominale L’innervation de la paroi abdominale (peau, muscle) et du péritoine pariétal sous-jacent dépend des nerfs intercostaux (T6 à T12) et de la première racine lombaire (L1). Ces nerfs ont tous
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Figure 1. A. Coupe axiale passant par T12 et montrant le nerf T12 cheminant dans la paroi et son passage dans le plan du transverse entre les muscles oblique interne (2) et transverse (3). 1. Muscle oblique externe ; 2. muscle oblique interne ; 3. muscle transverse ; 4. carré des lombes ; 5. érecteur du rachis ; 6. psoas ; 7. muscle grand droit. B. L’ensemble des derniers nerfs thoraciques et L1 se retrouvent sur la face supérieure du muscle transverse, une fois les muscles obliques interne et externe réclinés.
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Figure 2. Patient en décubitus dorsal (A). Le triangle de Petit est palpé entre le rebord costal et la crête iliaque, l’oblique externe et le muscle grand dorsal. 1. Oblique externe ; 2. crête iliaque ; 3. cage thoracique ; 4. grand dorsal. Traduction schématique de la technique des deux “pop” (B) correspondant au franchissement des aponévroses supérieure et inférieure du muscle oblique interne, l’injection se faisant au-dessus du muscle transverse. 5. Oblique interne ; 6. transverse.
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une conformation anatomique superposable. Ils donnent naissance, après leur émergence rachidienne, à une branche postérieure, une branche latérale généralement au niveau de la ligne médioaxillaire et se terminent par une branche antérieure qui va s’unir sur la ligne blanche avec les branches de l’hémicorps controlatéral. Seules les branches antérieures (T6 à L1) et les branches latérales (T8 à T12) intéressent l’innervation de la paroi abdominale. Ces nerfs passent constamment dans un espace situé entre le muscle oblique interne et le muscle transverse. Leur course dans cet espace est plus ou moins longue, allant de quelques millimètres (T6) à quelques dizaines de centimètres (T12). Il existe un fascia qui sépare les muscles oblique interne et transverse et qui s’étend jusqu’à la ligne semilunaire. Les nerfs sont séparés du muscle oblique interne par ce fascia profond qui les solidarise au muscle transverse. C’est ce fascia qui est appelé transversus abdominis plane [6]. Les branches nerveuses étant situées en arrière de ce fascia, la solution anesthésique doit être déposée à cet endroit (Fig. 1). Au total, le TAP est un espace neurovasculaire limité en avant par le muscle oblique interne et en arrière par le muscle transverse de l’abdomen, latéralement ou postérieurement par la fusion des
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aponévroses des muscles oblique interne, transverse et carré des lombes, médialement ou antérieurement par la ligne semilunaire, en haut par le rebord costal et en bas par la crête iliaque et le tendon conjoint.
■ Technique de ponction aveugle La technique décrite initialement par Rafi consiste à aborder le plan du muscle transverse par une injection au niveau du triangle de Jean-Louis Petit [4]. Le triangle lombaire de Petit est un espace anatomique triangulaire limité en bas par un repère fixe, la crête iliaque, en avant par le bord postérieur du muscle oblique externe et en arrière par le bord antérieur du muscle grand dorsal (Fig. 2). Le fond du triangle est constitué du corps du muscle oblique interne en dessous duquel on trouve le TAP. Ce triangle se trouve habituellement en arrière du sommet de la crête iliaque. En pratique, il s’agit d’une technique aveugle basée sur le principe de la perte de résistance liée au passage des aponévroses superficielle et profonde de l’oblique interne. On la décrit Anesthésie-Réanimation
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familièrement comme la technique des deux « pop ». La ponction se fait perpendiculairement à la peau au centre du triangle de Petit et la progression doit être strictement coronale. Après le passage de la peau, les deux « pop » correspondent respectivement au franchissement de l’aponévrose superficielle de l’oblique interne puis de l’aponévrose profonde de l’oblique interne. La progression de l’aiguille est alors stoppée et l’injection peut être réalisée (Fig. 2). Cette technique a été validée par McDonnell d’abord sur trois cadavres puis chez trois volontaires sains [7]. Si la crête iliaque est constamment retrouvée, la palpation du triangle est parfois plus difficile en raison d’une surcharge adipeuse, voire quand ce triangle est inexistant. En effet, Jankovic a montré que la surface de ce triangle et sa position sur la crête iliaque étaient extrêmement variables [8]. Outre le risque d’échec, la réalisation aveugle d’un bloc de paroi expose à un nombre non négligeable de complications : injection intrapéritonéale [9], ponction et hématome grêliques [10], parésie fémorale [11], hématome hépatique [12]. Toutes les limites évoquées sont un plaidoyer pour l’utilisation de l’échoguidage dans la réalisation d’un bloc de paroi.
■ Technique de ponction échoguidée Il n’existe aucune étude comparant le TAP bloc sous échographie avec la technique classique en termes de taux d’échec et de complications. Néanmoins, la réalisation du bloc sous échoguidage permet de repérer aisément l’espace entre le muscle oblique interne et le muscle transverse après un minimum de pratique (70 % d’identification correcte après 15 échographies) [13]. L’échoguidage permet de vérifier la bonne position de l’aiguille avant l’injection d’anesthésique local. En outre, l’échoguidage objective, contrôle, réajuste en temps réel le lieu d’injection du volume d’anesthésique local et garantit le succès du bloc [14]. Le TAP bloc réalisé sous échoguidage nécessite une sonde plane haute fréquence de 7,5-12 MHz. Il est recommandé d’utiliser une aiguille de 80 ou 100 mm (aiguilles utilisées pour la réalisation de bloc nerveux, aiguille de Tuohy ou aiguille spécifique pour TAP bloc en cours de commercialisation). La réalisation d’un échoguidage impose une aseptie chirurgicale obtenue grâce à l’utilisation d’une protection et d’un gel stériles pour la sonde d’échographie. Plusieurs dispositifs sont commercialisés en fonction du type et de la forme de la sonde utilisée. La sonde haute fréquence est placée au niveau de la ligne axillaire moyenne entre le rebord costal et la crête iliaque, perpendiculaire à la peau et dans le plan axial (Fig. 3). L’image
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Figure 4. Après réalisation d’un transversus abdominis plane bloc (TAP bloc), les flèches cernent la poche d’anesthésique local (3) qui apparaît comme une lentille convexe dans le plan du TAP, dissociant les muscles oblique interne (2) et transverse (4). 1. Oblique externe.
obtenue montre, de la superficie à la profondeur : la peau, la graisse sous-cutanée hypoéchogène, les muscles oblique externe, oblique interne et transverse qui apparaissent hétérogènes. Une faible modification d’angulation de la sonde semble les faire se glisser l’un sur l’autre (traduction échographique du sens différent de leurs fibres musculaires). Enfin, sous le transverse apparaissent le péritoine pariétal hyperéchogène et les viscères mobiles avec la respiration. Les muscles sont séparés les uns des autres par leurs fascias qui apparaissent hyperéchogènes. L’accolement du fascia profond de l’oblique interne et du fascia superficiel du transverse réalise un plan hyperéchogène, qui constitue le TAP ; il est même parfois possible d’y observer des éléments ronds hypoéchogènes qui sont les éléments vasculonerveux recherchés (Fig. 3). L’aiguille est insérée alors dans le plan de la sonde d’échographie et l’on suit sa progression à travers les différents fascias et muscles jusqu’à son arrivée au niveau du TAP. Une dose test de quelques millilitres de sérum physiologique permet d’objectiver la bonne position de l’aiguille. Idéalement, l’injectat doit apparaître entre les muscles oblique interne et transverse signant la distension du TAP. Le plus souvent, on assiste à une localisation du produit entre le fascia et le muscle transverse. Il faut éviter toute injection intramusculaire (efficacité aléatoire et myotoxicité potentielle). Une fois l’espace repéré, on injecte, de façon fractionnée et après aspiration, l’ensemble du volume d’anesthésique local qui apparaît comme une lentille convexe repoussant le transverse en profondeur, l’oblique interne vers la surface et ce sur plusieurs centimètres de largeur [15] (Fig. 4).
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Figure 3. A. Positionnement de l’aiguille et de la sonde échographique ; la ligne pointillée est la ligne axillaire antérieure, la ponction se fait dans un sens antéropostérieur. B. Traduction anatomique et échographique du transversus abdominis plane bloc (TAP bloc) qui se trouve entre les muscles oblique interne (2) et le transverse (3), l’oblique externe (1) étant le plus superficiel. Anesthésie-Réanimation
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Au total, on peut proposer qu’en fonction de la chirurgie, l’abord puisse être plus ou moins céphalique : • un abord classique est compatible avec une chirurgie sousombilicale [7] ; • un abord « sub-TAP » sous-costal permet une analgésie de la partie supraombilicale de l’abdomen [17] ; • s’il est nécessaire de bloquer T7, il faut probablement réaliser une injection supplémentaire près de la xiphoïde dans la loge du grand droit [18].
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B Figure 5. Coupe échographique reconstituée et centrée sur la ligne semi-lunaire (1) séparant médialement (A) le muscle grand droit (2) et latéralement (B) les trois couches musculaires de la paroi latérale abdominale, les flèches indiquant le transversus abdominis plane (TAP). 3. Péritoine ; 4. oblique externe ; 5. oblique interne ; 6. transverse.
Parfois, la visualisation échographique n’est pas aussi simple. Deux procédés sont intéressants à connaître. En premier lieu, il est toujours plus facile d’observer les mouvements des structures digestives en demandant au patient d’inspirer. Le péritoine pariétal est repéré comme une ligne très hyperéchogène sous laquelle glissent les viscères. Le muscle sus-jacent est nécessairement le transverse et son fascia supérieur n’est autre qu’un élément du TAP. Deuxièmement, on peut partir de l’ombilic et glisser latéralement vers la ligne médioaxillaire. La sonde glisse latéralement et permet de visualiser le bord latéral du muscle droit dans sa gaine, puis la ligne semi-lunaire où fusionnent les trois gaines des muscles larges de l’abdomen (oblique externe, oblique interne et transverse de l’abdomen). Entre l’oblique interne et le transverse apparaît le TAP que l’on suit jusqu’à proximité de la ligne médioaxillaire (Fig. 5). Les études cliniques ont confirmé la faisabilité et l’efficacité de ce bloc par cette voie sous échoguidage. Néanmoins, deux études cliniques et une cadavérique n’ont retrouvé une extension du bloc qu’aux racines T10 à L1 [14, 16, 17] . Afin de gagner des métamères sus-jacents, Hebbard a proposé d’atteindre le plan du TAP non plus au niveau de la ligne médioaxillaire mais plus antérieurement et plus haut sous le rebord costal [17]. Cette voie qui a été dénommée « sub-TAP » permettait de bloquer T8 et T9. Barrington réussissait à atteindre les racines T7 et T8 en injectant à deux endroits : l’un près de la xiphoïde entre le grand droit et le transverse, et l’autre souscostal, de type « sub-TAP » [18].
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■ Mise en place d’un cathéter, technique de pose directe peropératoire Il est techniquement possible de mettre un cathéter dans l’espace du TAP. Récemment, une étude randomisée a montré l’efficacité d’un TAP bloc bilatéral continu comparé à une analgésie péridurale après chirurgie abdominale haute [19]. Dans cette étude, un cathéter péridural était mis en place de chaque côté sous contrôle échographique. En outre, plusieurs cas cliniques ont été rapportés : après césarienne [20], en postopératoire [21] ou en réanimation [21, 22]. Un kit pour péridurale est tout à fait adapté. Après repérage échographique du TAP, le plan du TAP est disséqué avec une première dose d’anesthésique local (10 ml) puis le cathéter est inséré de 3 cm à 4 cm sous contrôle échographique. Afin de vérifier la bonne position du cathéter dans le TAP, une dose d’anesthésique local est injectée via le cathéter. Ceci permet de s’assurer de la bonne distribution de l’anesthésique local dans l’espace du TAP. Tout au long de la procédure, les principes de précaution (aspiration, dose test, fractionnement des doses) sont respectés ; un cathéter armé est utilisé afin de bénéficier de son excellente échogénicité et d’éviter toute plicature dans le TAP. La pose de cathéter sans échographie n’est pas recommandée. Une mise en garde sur le risque de malposition du cathéter a d’ailleurs été rappelée par Jankovic [9]. Il est également possible de mettre en place le cathéter sous contrôle visuel direct lors de la chirurgie [23-25].
■ Particularité pédiatrique Le TAP bloc est réalisable chez l’enfant sans aucun problème. Il est seulement nécessaire d’utiliser du matériel et des volumes adaptés. La faible épaisseur de la paroi chez l’enfant rend préférable l’utilisation de l’échographie avec, dans ce cas, l’utilisation d’une sonde spéciale dite en « crosse de hockey » [26, 27].
■ Efficacité Sept études randomisées en double aveugle attestent de l’efficacité du TAP bloc (Tableau 1) [5, 28-33]. Dans toutes ces études, l’analgésie dans le groupe contrôle était multimodale comprenant du paracétamol, un antiinflammatoire non stéroïdien et une patient controlled analgesia (PCA) de morphine. Elles ont toutes montré une réduction de la douleur et de la consommation de morphine dans les 24 premières heures postopératoires. Une revue de la littérature publiée récemment présente in extenso les études sur le sujet [34]. Les autres références pertinentes sur le sujet sont des cas cliniques, voire de simples lettres. Néanmoins, elles confirment l’efficacité de ce bloc [20, 25, 27, 35, 36]. Une seule étude n’a pas retrouvé de bénéfice à la réalisation du TAP bloc pour l’analgésie postopératoire après césarienne [37] ; mais contrairement aux autres études, l’équipe de Anesthésie-Réanimation
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Tableau 1. Résumé des études randomisées publiés sur le transversus abdominis plane bloc (TAP bloc). Auteur
Type chirurgie
Nombre de sujets
Injection placebo groupe contrôle
Volume d’anesthésique local
McDonnell
[5]
Colectomie par laparotomie
32
Non
20 ml de bupivacaïne 0,375 % de chaque côté
McDonnell
[28]
Césarienne
50
Oui
Ropivacaïne 1,5 mg kg-1 de chaque côté
Hystérectomie par voie haute
50
Oui
Ropivacaïne 1,5 mg kg-1 de chaque côté
Césarienne
47
Oui
20 ml de ropivacaïne 0,5 % de chaque côté
Cholécystectomie par laparoscopie
42
Non
15 ml de bupivacaïne à 0,5 % de chaque côté
Appendicectomie par laparotomie
52
Non
20 ml de bupivacaïne à 0,5 % du côté droit
Chirurgie colorectale par laparotomie
40
Oui
20 ml de bupivacaïne à 0,25 % de chaque côté
Carney Belavy
[29] [30]
El-Dawlatly Niraj
[32]
Bharti
[33]
[31]
Tableau 2. Résumé des indications anesthésique et analgésique du transversus abdominis plane bloc (TAP bloc). Indication anesthésique Herniorraphie simple ombilicale Indications analgésiques Césarienne, hystérectomie, appendicectomie, bien étudiées cholécystectomie, prostatectomie, transplantation rénale Indications analgésiques Chirurgie rénale, chirurgie hépatobiliaire à confirmer majeure
Costello a utilisé de la morphine intrathécale. Or, l’analgésie procurée par ce moyen est puissante et s’étale sur plus de 24 heures [38]. Les conclusions de cette étude sont donc difficiles à interpréter. Récemment, une étude randomisée a montré l’efficacité d’un TAP bloc bilatéral continu comparé à une analgésie péridurale après chirurgie abdominale haute [19].
■ Indications Les indications sont résumées dans le Tableau 2. En outre, le TAP bloc apparaît dans bon nombre de cas cliniques comme une solution de secours adaptée quand une méthode habituelle n’a pu être réalisée (impossibilité technique, contre-indication, laparotomie imprévue) [39] ou en cas d’échec des autres techniques d’analgésie [40]. L’utilisation du TAP bloc a même été décrite en réanimation comme aide au sevrage [22]. La douleur chronique constitue un autre domaine prometteur [41]. Enfin, la réhabilitation postopératoire semble également être améliorée par ce bloc [42].
possible que le blocage prolongé des afférences sensitives pariétales soit à l’origine d’une modulation des phénomènes d’hyperalgésie primaire et secondaire [44]. De plus, certaines expériences animales semblent indiquer qu’une analgésie pariétale pourrait entraîner une diminution de la douleur viscérale [45]. Seule la ropivacaïne a actuellement l’autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l’utilisation dans les blocs de paroi à la dose de 3 mg kg-1 sans dépasser la dose totale de 225 mg. En attendant confirmation, les volumes injectés sont en moyenne de l’ordre de 15 à 20 ml par côté, et de 0,2 ml kg-1 par côté chez l’enfant. Il n’y a aucune étude concernant la myotoxicité des anesthésiques locaux dans le cadre du TAP bloc, mais il convient de s’assurer que l’injection se fait bien dans le plan du TAP et non dans le corps des muscles adjacents en utilisant l’échoguidage.
■ Complications Peu de complications ont été rapportées avec le TAP bloc. Farooq [12] a décrit un cas de ponction hépatique chez une patiente présentant une hépatomégalie après un TAP bloc réalisé à l’aveugle. Jankovic [9] a observé un cas de cathéter introduit sous TAP bloc aveugle et retrouvé en peropératoire dans la cavité abdominale. Néanmoins, les variations anatomiques et la médiocre fiabilité des techniques aveugles doivent nous faire préférer l’échoguidage même si celui-ci ne supprime jamais le risque de complications. La réalisation de ce bloc chez des patients sous anticoagulant ou antiagrégant doit s’intégrer dans le cadre du rapport bénéfice/risque, et il faut rappeler que cet espace est un espace neurovasculaire.
■ Conclusion ■ Pharmacologie Aucune étude n’a apporté de réponse claire quant au volume, à la dose, à l’extension et à la durée du bloc sensitif réel. Les différentes études sus-citées rendent compte de l’extrême hétérogénéité des pratiques quant à la réalisation de ce bloc. La durée de l’analgésie varie de 24 à 48 heures. Ceci est largement supérieur aux durées des blocs sensitifs habituellement observées avec des molécules comme la bupivacaïne, la L-bupivacaïne ou la ropivacaïne sans que la raison en soit clairement établie. Certains auteurs suggèrent que le TAP agirait comme un réservoir, bien que cela soit infirmé par l’étude cinétique de Kato qui montre une résorption importante de lidocaïne 15 à 60 minutes après injection dans le TAP [43]. Il est également Anesthésie-Réanimation
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Le TAP bloc est une technique prometteuse pour l’analgésie après chirurgie sous-ombilicale. Des études méthodologiquement irréprochables incluant un grand effectif, comparant ce bloc avec les techniques de référence, font aujourd’hui défaut. Il reste notamment à définir la dose et le volume optimal d’anesthésique local [46]. Plusieurs questions restent en suspens et notamment celle de la durée de l’analgésie secondaire à un TAP bloc. L’effet analgésique semble perdurer 24 à 48 heures, c’est-à-dire bien au-delà de la durée de vie de l’anesthésique local injecté. L’échoguidage est probablement incontournable car il facilite le repérage du TAP, confirme ou corrige la localisation de l’injectat et permet de diminuer le risque de complications.
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Points essentiels
• Le TAP correspond au plan situé entre les muscles oblique interne et transverse. Il s’agit d’un espace neurovasculaire contenant entre autres des branches nerveuses des nerfs intercostaux T10 à T12 et de la première racine lombaire L1. • Initialement décrit selon les repères anatomiques comme étant dans le triangle de Petit, l’échographie permet de le localiser avec précision et de contrôler facilement l’injection d’anesthésique local. • Plusieurs études randomisées contre placebo ont montré que le TAP bloc permet d’assurer une excellente analgésie pour la chirurgie abdominale sous-ombilicale. En revanche, il n’entraîne pas d’anesthésie chirurgicale. • Une ponction haute, au niveau sous-costal, appelée « sub-TAP », permet d’étendre l’analgésie aux niveaux T8 et T9. • Le seul anesthésique local disposant actuellement de l’AMM pour les blocs de paroi est la ropivacaïne, à la posologie de 3 mg kg-1 sans dépasser 225 mg. • Le TAP bloc est un bloc de diffusion et nécessite l’injection d’un volume important, au moins 20 ml par côté. La réalisation d’un TAP bloc bilatéral est tout à fait possible à condition de respecter la dose maximale d’anesthésique local.
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