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1er bimestre 2014
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LETTRE D'INFORMATION BIMESTRIELLE POUR LA RECHERCHE ET LE DÉVELOPPEMENT AGRICOLES EN AFRIQUE DE L'OUEST ET DU CENTRE
Bénin, Burkina Faso, Mali et Sierra-Leone
Le niébé « pris en tenaille » dans un seul et même projet ! L’ÉLABORATION TOUT COMME
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à la mise en œuvre, un projet de recherche, qui a même pour seule ambition de servir le développement, n’est jamais une mince affaire ! Et ce n’est pas trop que de le dire, surtout quand plusieurs institutions (voir encadré) s’y sont engagées, sans compter les acteurs de terrain ! Qui plus est, cela donne une « machine » complexe à coordonner, à suivre et à évaluer périodiquement ! C’est le cas du Projet compétitif régional triennal (20112013) du CORAF/ WECARD dénommé « Amélioration de la productivité du niébé et du revenu pour le bien-être durable des paysans à faibles ressources en Afrique de l’Ouest ». En 2012 donc, il a procédé au bilan de ses produits et extraits obtenus, des effets immédiats de leur utilisation, des leçons tirées, du niveau de réalisation des activités entreprises, de leur programmation et, enfin, à la prépara-
Les 4 institutions leaders engagées Institut national de recherches agricoles du Bénin Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA), Burkina Faso Institut d’économie rurale (IER), Mali Sierra Leone Agricultural Research Institute (SLARI)
tion de celles à venir. En février 2013, tous les acteurs se
sont penchés sur l’agenda de cette année précédente et en ont tiré la conclusion suivante : ce Projet niébé a déjà généré des technologies dont certaines ont commencé à être diffusées comme, par exemple, au Mali, au Burkina Faso, au Bénin et en Sierra-Leone. Ce constat est d’autant plus important que le niébé est non seulement une denrée majeure pour 208 millions d’Africains de l’Ouest et du Centre vivant de l’agriculture, mais contribue également à la réduction de la pauvreté et de l’insécurité alimentaire, de même qu’à la globalisation des marchés et à l’accroissement de la productivité agricole, dans la sous-région. Alors, on comprend qu’elle soit considérée comme une culture prioritaire par les SNRA sous-régionaux qui en ont, du coup, fait un vaste Projet financièrement soutenu par le DFID (Department for
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International Development) de Grande-Bretagne, qui n’en est pas, du reste, à son premier appui (voir éditions précédentes et suivantes), C’est ainsi qu’au Mali, il avait été demandé à l’équipe nationale du Projet niébé d’identifier et de disséminer des technologies et innovations, de créer des plateformes d’innovation technologique et de renforcer la capacité des acteurs. Sur une voie aussi balisée, à son actif, on peut compter près de 2 tonnes de semences certifiées produites ; des actions de leur multiplication appuyées ; des visites de parcelles de multiplication des variétés de niébé — Korobalen et Djiguiya — effectuées ; les activités champêtres, de conservation et de stockage correctement exécutées ; les itinéraires techniques pour l’obtention de hauts rendements respectés. A leur répertoire, on dénombre également 35 producteurs et productrices adhérents à la plateforme ; 20 femmes formées aux procédés de transformation du niébé ; un étudiant en master en sciences encadré ; enfin, des fiches techniques élaborées.
3 équipements de production des extraits aqueux. Une plateforme d’innovation technologique est créée. Au registre de la formation et de l’information, sont inscrits le nom des paysans et agents d’encadrement formés, de l’étudiant en master en sciences encadré, de l’étude de marché en cours de réalisation, les émissions radiophoniques locales diffusées. L’amélioration de l’accès aux informations de marché des intrants et des produits du niébé y figure en bonne place aussi. Résultats insuffisamment analysés et chiffrés… Au Ghana, c’est dans la même mouvance que se trouve l’équipe nationale du Projet. Mais à l’introduction de la culture du niébé, elle a posé des préalables : effectuer des études de base, telle la reconnaissance des espèces, et opter très clairement pour en faire une culture commerciale. Ainsi tracée, la voie de l’action l’a conduit à créer une plateforme d’innovation technologique pour les producteurs, transformateurs et commerçants. C’est ce qui l’a aussi amené à la formation, pour laquelle on peut noter que les marchants en ont bénéficié dans le domaine de l’accès au marché que les futures écoles des producteurs sont appelées à renforcer. Les producteurs ont également profité de la formation sur l’utilisation des insecticides, le protocole de transport des produits et leur utilisation. En Sierra-Leone, l’équipe nationale du Projet s’inscrit dans la même cadence. Avec en prime, 2 plateformes mises en place et des producteurs et transformateurs formés à l’utilisation des insecticides, dont 314 producteurs. Cependant, des actions, prévues en cette même année, n’ont pas pu voir le jour. On peut en citer la formation des fabricants d’équipements agricoles au Mali et en Sierra-Leone, la prise en compte des aspects genre et environnemental et l’établissement d’écoles des producteurs au Ghana. D’autres ont connu de sérieuses difficultés, c’est le cas de la composante production de semences du niébé à Djiouroum, au Burkina Faso, et des résultats insuffisamment analysés et chiffrés au Ghana.
L’accès aux informations de marché des intrants et des produits du niébé… Au Burkina Faso, l’équipe nationale du Projet est au même tempo. Au nombre des réalisations, on enregistre l’aménagement de 40 hectares de production de semences ; le test, la sélection et la diffusion de 4 variétés de niébé sur les 8 retenues avec les producteurs, les transformatrices et les commerçants ; la mise en place de plus de 10 parcelles ainsi que de la plateforme d’innovation technologique ; l’établissement d’un contrat avec le commerçant d’intrants de la place et les producteurs. Aux chapitres de la formation et de l’information, 250 producteurs ont été formés, soit 24 % de l’effectif prévu sur les 3 ans, et un étudiant en master en sciences a été encadré. Des fiches techniques ont été élaborées ; un bulletin d’information publié ; le système d’information des prix du marché est exploité avec le concours des agents d’agriculture. Au Bénin, l’équipe nationale du Projet se trouve aussi dans la même dynamique. Sur les 3 nouvelles variétés de niébé testées, 1 est retenue mais non encore diffusée. Des semences certifiées sont produites. Le « yêkê-yêkê » ou couscous de maïs enrichi au niébé est développé au laboratoire, mais n’est pas encore disponible en milieu paysan. La batteuse de gousses de niébé est bien testée en station et en milieu paysan, mais n’est pas encore diffusée contrairement aux
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Contact : Anatole Yékémian Koné CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : anatole.kone@coraf.org Internet : www.coraf.org
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Tableaux 2 et 3 : objectifs spécifiques : la productivité du niébé et l’accès au marché sont améliorés, au Bénin
Au Bénin, le niébé cultivé se sent bien chez lui, n’est-ce pas ? BÉNIN, 2012 EST UNE ANNÉE, COMME ON DIT, FAITE D’UNE « main heureuse » ! N’est-ce pas qu’à l’exception de peu, la plupart des activités prévues ont été presque totalement réalisées par le Projet compétitif régional dit « Amélioration de la productivité du niébé et du revenu pour le bien-être durable des paysans à faibles ressources en Afrique de l’Ouest » du CORAF/WECARD ? Entre 2011-2013, l’équipe nationale du Projet niébé, coordonnée par l’Institut national de recherches agricoles du Bénin, s’est vu rattacher les mêmes objectifs (voir tableaux 1, 2 et 3) et activités que ses collègues des 5 autres pays que sont le Burkina Faso, le Mali et la Sierra-Leone.
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Tableau 1 : objectif global : la croissance durable de la productivité, de la compétitivité et des marchés agricoles induite par les cultures vivrières est améliorée en Afrique de l’Ouest et du Centre
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faut. Car du test, réalisé en milieu réel, de KVX 402-5-2, de KVX 397-6-6 et de KVX 421-2J avec Kakanon (la variété locale témoin), la préférence des producteurs va à cette dernière, la KVX-421-2J. Par conséquent, ses semences de base seront produites en quantité suffisante, après quoi les semenciers se chargeront de leur multiplication, afin d’en obtenir, en 2013, des semences certifiées. Le développement de technologies post-récoltes du niébé n’est pas non plus en reste. Dans le but de produire du couscous, le test d’incorporation de la pâte de niébé à 25, à 50 et à 75 % dans celle du maïs a été techniquement un réel succès. Seulement, dans cette gamme proposée, les consommateurs ont préféré celui à 25 % de pâte de niébé. Analysé au laboratoire, il contient un taux de protéines significativement supérieur de 11,46 % à celui du couscous entièrement à base de pâte de maïs. Le test, effectué sur la batteuse de gousses de niébé, a atteint un résultat tout aussi concluant. A un seuil tel que les producteurs ont, à l’unanimité, reconnu la performance de l’équipement comparée à celle de l’équipement traditionnel. Ne présente-t-elle pas l’avantage de donner moins de brisures de graines (1,6 %) et plus de graines battues (99,5 %) ? La preuve en est aussi que les graines ne s’éparpillent pas. Leur taux de déperdition est estimé à 4,5 %. Le rendement en grains est évalué à 70 %. La pénibilité du battage traditionnel est réduite avec une capacité horaire de 250 kilos de gousses par heure. Mais là où le bas a vraiment blessé… Arrivé à l’étape de mise en place de la plateforme d’innovations technologiques (voir figure 1) composée de 30 producteurs semenciers, de 50 producteurs, de 3 chercheurs, de 3 vulgarisateurs et de 1 agent d’ONG, il nous faut noter, avant d’aller plus loin, que ce sont les activités, réalisées en 2011, qui l’ont permise. En 2012, son renforcement et sa dynamisation, satisfaits à 80 %, demandaient, entre autres, l’installation des organes de gestion, l’introduction des équipements de production des extraits aqueux et la formation des producteurs et des semenciers sur la technologie améliorée de production et de conservation de ces extraits aqueux.
A l’heure du bilan du travail de cette année, elle a toutes les raisons d’être fière d’elle-même quand à la consolidation et à la diffusion des innovations et technologies jugées pertinentes. La preuve en est que les graines ne s’éparpillent pas Les variétés améliorées de niébé à grains rouges — KVX 4025-2, KVX 397-6-6, KVX 421-2J et GOVOM en provenance du Burkina Faso — ont été toutes testées. C’était dans l’intention de jauger leur capacité de germination et d’espérer pouvoir multiplier leurs semences. A la station de Niaouli, KVX421-2J et KVX402-5-2 se sont révélées les meilleures, en sortant carrément du lot. De surcroît, si ces deux dernières variétés ont scoré avec une bonne production de biomasse, la première a battu le record du meilleur rendement avec 985 kilos à l’hectare devant la seconde qui fait 905 kilos à l’hectare. L‘évaluation participative de ces variétés améliorées, auxquelles l’équipe a aussi procédée, n’a pas déçue, loin s’en CORAF ACTION N° 70
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Figures 1 : Fonctionnement d’une plateforme et liens entre acteurs, au Bénin.
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E CHOS La cadence est maintenue avec la diffusion des technologies améliorés de production et de conservation des extraits aqueux de feuilles de neem, d’hyptis et de papayer. Précisons que cette activité constitue la principale innovation introduite dans les villages de Kpéta, de Davihoué et de Gbéhouncochihoué. C’est tout un paquet technologique composé d’un broyeur, d’une presse et d’une capsuleuse et géré par un comité de gestion de trois personnes par village. De même, les bénéficiaires ont été tous formés sur les innovations et améliorations techniques testées (voir tableau 4). Ainsi on dénombre 151 producteurs, 9 agents de vulgarisation du CeCPA (Centre communal de promotion agricole) et des agents d’ONG formés sur les procédés et équipements. Les producteurs semenciers le sont sur les techniques de production de semences et les équipementiers sur la fabrication des équipements de production des extraits aqueux, dans les enceintes de l’unité de recherche et de formation en machinisme agricole de Niaouli (URFMAN). Sans oublier le chercheur du Programme technologie agricole alimentaire (PTAA), inscrit à l’Université d’Abomey-Calavi en mastère en sciences, encadré pour son mémoire intitulé « Aptitude au roulage mécanique des pates alimentaires à base du niébé ».
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De moindre importance tout en étant très satisfaisante à 80 %, la réalisation de l’accès aux informations sur les intrants et produits du niébé (voir tableau 5) vendus aux marchés, que sont Lokossa, Kissamey, Azové, Klouékanmè, Dogbo, Houndjroto, Bohicon, Dantokpa et Ouando, a aidé à l’amélioration de leur collecte et de leur analyse. Parce que les facteurs identifiés, entrant en jeu, sont : l’amélioration de la chaîne de valeur du niébé, devant passer par l’implication de l’Etat à travers projets et ONG, du système de culture ainsi du développement des technologies de stockage et de conservation de la denrée. Tableau 5 : amélioration de l’accès aux informations de marchés des intrants et produits du niébé au Bénin
Tableau 4 : le renforcement des capacités des acteurs au Bénin.
La mise en place des champs semenciers a suivi presque la même trajectoire, avec un taux de réalisation de 75 %. En attestent les données suivantes : environ 1 700 kilos de semences produits sur 2,24 hectares (0,5 hectare en 2011) ayant donné un rendement moyen de 761 kilos par hectare, le plus élevé étant 1 200 kilos. Mais là où le bas a vraiment blessé (15 % de taux de réussite) est à deux niveaux : la création d’une base de données accessible aux acteurs et la diffusion des informations.
Contact : Ernest Assa Asiedu CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : e.asiedu@coraf.org Skype : ernestasiedu Internet : www.coraf.org
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Mali : La production de niébé dans la marmite de la ménagère
Populations des Villages Krikania : 2 200 habitants Limakole : 1 800 habitants Population Globale du complexe : 15 000 habitants
ENDRE DYNAMIQUE L’IMPLICATION DE TOUS LES ACTEURS
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dans la bonne marche de la plateforme d’innovations technologiques, organiser une journée portes ouvertes aidant à estimer de visu l’impact des activités sur les populations, renforcer la vulgarisation des innovations dans les villages concernés et limitrophes, voici tant de recommandations qui entrent dans les cordes du Projet. Formulées à son intention, ce Projet compétitif régional dit « Amélioration de la productivité du niébé et du revenu pour le bien-être durable des paysans à faibles ressources en Afrique de l’Ouest » du CORAF/WECARD est, hormis toutes les difficultés rencontrées en 2012, à même d’en relever les défis pour avoir retenu le plus vif intérêt des populations maliennes. Ceci, il le doit à sa réelle simplicité de mise en œuvre, à son autonomie d’action et à son rôle économique et alimentaire. De 2011 à 2013, dans le complexe des aires protégées de Galle/ Limakole au sud de Kita (voir carte), l’équipe nationale du Projet niébé, coordonnée par l’Institut d’économie rurale, s’est attelée à remplir les charges attribuées à ses pairs des 4 autres pays que sont le Bénin, le Burkina Faso, et la SierraLeone.
Carte de la zone d’intervention du Projet.
A Limakole, ont été sélectionnés 7 champs de culture totalisant 2 hectares de superficie et, à Krikania, 1 champ collectif de 2 hectares. Dans le premier village, y travaillent 226 femmes, dans le second, 120. De quoi pouvions-nous nous attendre de mieux que ce qu’il nous a donné ? Pour ainsi dire, tout a commencé avec le suivi et le traitement des champs suivis de la récolte, du stockage et de la formation à la transformation de la denrée en aliments.
Au bout du compte, les résultats des récoltes, tels que montrés sur le schéma ci-après (voir figure 1), n’ont pas tardé à se manifester et de manière éloquente. A Krikania, les intrants livrés ont atteint 1 000 kilos. A Limakole, ils sont à 1 200 kilos. Dans la première localité, 100 kilos de pesticides ont été livrés accompagnés de pulvérisateurs pour les semences.
Du shô froufrouet et acara en préparation.
Il lui incombait de contribuer à l’amélioration substantielle des conditions d’existence des producteurs, surtout des femmes, au travers de la distribution de semences améliorées comme Korobalen et Djiguiya, le développement des capacités de production et la formation des femmes dans les nouvelles technologies de transformation du niébé. CORAF ACTION N° 70
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Figure 1 : Les résultats de production, d’utilisation et de consommation obtenus en 2012, au Mali.
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E CHOS Au stockage et à la conservation, les populations de Krikania ont prélevé sur les récoltes 17,65 % pour leur consommation propre et celles de Limakole 12,5 %.
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tion requise les moyens financiers ainsi que les semences, à transcender les difficultés d’accès aux villages dues aux inondations de la rivière, des traitements tardifs des champs qui ont entraîné la destruction partielle des récoltes par les ravageurs, d’approvisionnement insuf-fisant de sacs pics, de produits phytosanitaires, de pulvérisateurs, de balances, etc.
Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org
Le Burkina Faso, de la culture aux repas de niébé
A l’étape de la transformation et de la commercialisation, si Krikania devance à 20,30 % Limakole qui est à 13,33 %, cette dernière prend le dessus, quant à la redistribution des semences, avec 74,17 % quand Krikania est à 62,05 %. Pour ce qui est de la répartition de cette production, les résultats atteints sont plus que parlants (voir figure 2). A Krikania, les populations se sont vu livrer 62,05 % des semences. Elles ont réservé pour leur propre consommation 17,65 % et 20, 30 % à la transformation. A Limakole, les siennes se sont vu octroyer 74,17 % de semences, gardet 12,5 % de la production pour leur alimentation et réservé 13,33 % à la transformation en aliments.
UATRE NOUVELLES VARIÉTÉS AMÉLIORÉES, PARMI LES HUIT
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sélectionnées, ont été choisies pour être lancées. Et il ne pouvait en être autrement. Parce qu’au test, ce nouveau matériel génétique est arrivé à produire deux tonnes à l’hectare, là où celui, que les producteurs ont en leur possession, ne dépasse pas une tonne et demie. Tout s’explique alors. A commencer par l’engouement des producteurs, transformateurs, commerçants, etc., suscité, en 2012, par le Projet compétitif régional dit « Amélioration de la productivité du niébé et du revenu pour le bien-être durable des paysans à faibles ressources en Afrique de l’Ouest » du CORAF/ WECARD. Durant 3 ans, de 2011 à 2013, le Projet niébé a étendu sa toile sur les 4 pays — le Bénin, le Burkina Faso et la Sierra-Leone — qui l’ont constitué. Avec la ferme intention de renforcer les capacités des producteurs dans l’utilisation des méthodes de gestion durable, d’améliorer les méthodes de lutte contre les maladies et ravageurs par des approches intégrées, d’introduire, d’évaluer et de diffuser des technologies améliorées au travers de l’approche intégrée de la la recherche pour le développement (RAID). De la production de gousses et de la qualité des graines
Figure 2 : La répartition de la production obtenue en 2012, au Mali.
En fin 2012 et sous la coordination nationale de l’Institut de l’environnement et des recherches agricoles (INERA), l’équipe nationale du Projet niébé du Burkina Faso a toutes les raisons de se réjouir des résultats provisoires obtenus. Mais avant d’entrer dans le vif de la thématique, elle a jugé capitale de savoir où mettre les pieds : achever ou venir à bout d’une étude de base de la chaine des valeurs du niébé restituée à l’ensemble des acteurs, le 15 mars 2012, à Gourcy qui se trouve dans la province du Zondoma. Mais aussi de mettre en place le comité de pilotage de 9 membres de la plateforme d’innovation technologique, le forum sans exclusif de tous les acteurs impliqués.
Aussi de quoi pouvions-nous nous attendre de mieux de ce Projet que ce qu’il nous a donné ? Il s’agit de 1 000 kilos de semences par site ; de 200 kilos de semences nouvellement repartis pour la campagne agricole 2013 et apportés aux populations rurales concernées ; d’une technicité agricole nouvelle ; d’une maitrise des technologies de la transformation du niébé et une amélioration de la ration alimentaire. Ces succès ne doivent pas cacher les difficultés rencontrées. Selon les acteurs du Projet, en effet, il importe d’améliorer la mise à disposition des fonds dans les délais impartis, de respecter le nombre de site retenus en mettant à disposi-
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Passant aux actes, l’équipe nationale du Projet a, ensuite, appuyé, de tout son poids, la production de semences (voir tableau) et les tests de vulgarisation du niébé. Comme un rouleau compresseur, les actions s’enchaînent. Dans la com-
geurs, l’entretien et l’épuration des parcelles, les différents types de traitements, le stockage du niébé, la gestion d’une exploitation agricole. de niébé et la préparation de mets. C’était à Gourcy et à Tougan, en mai 2012.
Tableau : rendements de la production de semences certifiées de 2012, au Burkina Faso
mune de Tougan, des semences certifiées de la variété KVX61-1 ont été produites sur le site de 20 hectares.de Djiroum. Dans la commune de Gourcy, celles de la variété Komcallé l’ont été sur le site de 10 hectares de Zindiguessé. Dans la commune de Tougo, celles de cette dernière variété l’ont été sur le site de 10 hectares de Kindibo. Sur les parcelles de démonstration, les 8 variétés évaluées – en confrontation avec des variétés témoins, telle KVx-396-4-
Les apprenants tenant fièrement leur attestation de formation en mains.
Dans ce cadre, un étudiant, en année de mastère en sciences, a bénéficié d’un encadrement serré. Dans la mesure où, sans répit, les encadreurs lui ont fait évaluer avec succès l’efficacité des traitements contre les ravageurs; les rendements en grains, les dégâts des insectes et le taux de germination des graines à partir d’un échantillon de 100 graines par parcelle élémentaire. Dans la même foulée, ils lui ont fait faire l’observation de l’infestation des thrips, des larves de Maruca vitrata, des dégâts des punaises, de la production de gousses et de la qualité des graines. Son travail est couronné de bons résultats. On en sait que la Deltaméthrine s’est comportée comme le meilleur insecticide contre les thrips, Maruca vitrata et les punaises du niébé ; que Biophyto plus Virus comme le meilleur bio-pesticide ; que l’évaluation du taux de germination ne montre de différence significative entre les traitements.
Tous pour les séances de classification des variétés améliorée introduites.
5-2D, sur le site de Kindibo – ont été classées, selon leur productivité, précocité, résistance au Striga, tolérance à la sècheresse, la persistance de leurs feuilles, de même que.la grosseur et la blancheur de leurs grains. Les actions de formations des acteurs de terrain ne sont pas en reste, ne serait-ce pas parce qu’elles sous-tendent les précédentes comme celles qui vont suivre ? Selon leurs préoccupations respectives, 250 producteurs, 50 producteurs semenciers et 13 techniciens d’agriculture ont perfectionné leurs connaissances sur la fertilisation, les semences améliorées, l’identification des maladies et des insectes ravaCORAF ACTION N° 70
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E CHOS Avec autant d’actions probantes aussi bien dans les champs qu’en « classe », rien ne semble plus pouvoir résister à cette équipe, y compris la préparation de mets et les opérations de leur dégustation publique. Les femmes, qui en sont les chevilles ouvrières, se sont servies des produits donnés à la fois par les nouvelles variétés, telles KVx 442-3-25 (Komcallé), KVx 775-33-2G (Tiligré) KVx771-10G (Nafi) et TZ-1 (Gourgou) et par les 3 variétés traditionnelles que sont KVx61-1, KVx-396-4-5-2D et Moussa local.
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En Sierra Leone, presque rien des essais de niébé n’est laissé au hasard COUP SÛR, LE NOMBRE DES BÉNÉFICIAIRES EN
2012 S’EST accru de cent trente-six pour cent plus qu’en 2011. Leur prise de conscience des activités du Projet a considérablement augmenté de niveau. Mêmes les communautés environnantes des dix localités concernées ont derechef exprimé leur vibrant désir d’y participer. En SierraLeone, ces faits n’étonnent donc plus personne que le Projet ait été d’un effet d’impact positif certain. Telle est la principale leçon apprise du Projet compétitif régional dit « Amélioration de la productivité du niébé et du revenu pour le bien-être durable des paysans à faibles ressources en Afrique de l’Ouest » du CORAF/WECARD. Financé par le DFID (Department for International Development) de Grande-Bretagne pour la période 2011-2013, le Projet niébé, commun au Bénin, au Burkina Faso et à la Sierra-Leone, est exécuté, dans ce dernier pays, par plusieurs organismes (voir encadré) et coordonné par la SLARI (Sierra Leone Agricultural Research Institute).
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Ces opérations de charme n’ont pas manqué de motiver différemment les dégustateurs. Sans crier gare, les commerçants ont préféré l’usage de TZ-1, du fait de ses grosses graines blanches. Les transformatrices ont jeté leur dévolu sur KVx 775-33-2G et KVx771-10G, à cause de leur facilité adaptative à la transformation. Les producteurs ont porté leur choix sur KVx 442-3-25, parce qu’elle est précoce et résistante à la sécheresse. Mais à quels taux de réalisation toutes ces activités ont-elles été exécutées ? D’après les membres de l’équipe, le niveau est satisfaisant dans leur ensemble. Et le secret de cette réussite de l’année 2012 se trouve dans la symbiose provoquée par la démarche associant étroitement, dans une plateforme comme dans les fermes semencières, producteurs, fournisseurs, transformateurs, commerçants, agents de développement et chercheurs. Et le fait que des activités, non ou en partie exécutées, soient reportées à 2013, — les cas, notamment, de la formation de 2 fabricants d’équipements ainsi que de la diffusion hebdomadaire des informations du marché sur les intrants et produits — n’y change pas grand chose.
Sierra Leone Agricultural Research Institute (SLARI) Agricultural Business Centre (ABC) International Institute of Tropical Agriculture (IITA) Ministry of Agriculture, Forestry, and Food Security (MAFFS) National Farmers Federation of Sierra Leone (NaFFSL) Njala Agricultural Research Centre (NARC) Njala University (NU) World Vision Sierra Leone (WVSL)
En vue de parvenir à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à l’augmentation des revenus des populations des hauts plateaux au moyen de technologies améliorées et diffusées, le Projet s’est implanté dans une zone de prédilection de la culture du niébé, où pluies et semis sont au rendez-vous, chaque année. Elle n’est autre que le sud du pays qui abrite les localités de Tihun, de Semabu et de Grima, dans le district de Bonthe ; celles de Njama, de Limeima, de Saluibu, de Mudies et de Sembehun Road, dans le district de Moyamba ; celles de Koribondo et de Manjama, dans le district de Bo.
Contact : Armand Faye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail armand.faye@coraf.org armand.faye@yahoo.fr Skype : aramandfaye MY : armand.faye Internet : www.coraf.org
Constitution de parcelles attitrées de production de semences Dopée de l’approche participative de recherche et de vulgarisation comme stratégie de mise en œuvre, l’équipe nationale du Projet s’entoura de la compagnie de tous les
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acteurs organisés, y compris les fédérations de producteurs, les industriels, les responsables des centres nationaux de SLARI, les dignitaires de chaque localité, etc. Ainsi structurée et soutenue, toute la troupe s’ébranle en partance pour une longue randonnée, à travers champs et marécages. De janvier à août, comme pour conjurer le sort en révisant, en planifiant, en sensibilisant, en signant des contrats, en sélectionnant les sites et les producteurs leaders, l’équipe nationale entra de pleins pieds dans les activités. Elles connurent une participation record, car dans les 10 localités, y ont massivement adhéré 315 producteurs, dont 167 femmes et 148 hommes.
Tableau 2 : formation des formateurs en culture du niébé, en 2012, en Sierra-Leone
A partir de septembre, les formations se sont succédées, mais ne se ressemblent pas. C’est par deux formations (voir tableaux 1 et 2) que s’ouvre « le bal », l’une pour les producteurs sur la gestion des cultures, la production des semences, l’utilisation sécurisante des pesticides et la constitution des groupements, l’autre pour les formateurs sur la maîtrise de l’approche champs écoles paysans. Tableau 1 : formation des producteurs de niébé, en 2012, en Sierra-Leone Dès octobre, l’équipe nationale engage des évaluations variétales participatives, dans chaque localité prise pour un terrain d’expérimentation des formations reçues. Aussi 2 variétés améliorées, en provenance de l’IITA à Kano, au Nigeria, ainsi que celles collectées des producteurs, sontelles usitées chacune sur une parcelle de 10 sur 10 mètres carrés (100 m2). Là, chacune reçoit, en période de plantation, l’application du super phosphate seul pour la multiplication des semences et la constitution de parcelles attitrées de production de semences. Tabe encore « la dernière de la classe » avec 6,5 semences par gousse Sur les parcelles de démonstration, partout implantées, ont été produit des résultants patents. Leur analyse par l’équipe nationale donne ceci : comme le montre le tableau 3, les récoltes sont faites. Les plantes ont germé en moyenne de 86,2 %, à Tihun, à 90,8 %, à Grima. Prises individuellement, la variété locale Tabe est à 77,8 % à Tihun, alors que sont à 91,4 % les variétés améliorées T99K-573-1-1, à Saluibu, et IT99K-573-2-1, à Grima. La conclusion qu’elle en tire est que Tabe est la moins performante avec 82,1 % et IT99K-573-2CORAF ACTION N° 70
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E CHOS 1 la championne avec 90,3% en moyenne. Il reste que, toujours d’après elle, dans cette phase de germination, la différence introduite est très significative entre la variété locale et les variétés améliorées (p<0. 05), dans l’interaction entre ces variétés et les localités, mais ne l’est guère entre ces 2 variétés améliorées.
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95 %. D’une localité à l’autre, elle passe en moyenne de 85,8 jours, à Njama, à 98,5 jours, à Tihun. IT99K-573-1-1 mûrit plus tôt à 64,5 jours, à Saluibu, alors que Tabe le fait bien plus tard à 155,5 jours, à Tihun. La même chose est constatée avec IT99K-573-1-1 à 67,1 jours et Tabe à 136, 2 jours. En conséquence, elle relève de grandes différences
Tableau 3 : taux de germination des 3 variétés de niébé dans les 10 localités
L’équipe nationale a également observé que la durée de maturation journalière des plantes se situe en moyenne à
significatives (p<0. 05) entre variétés et entre localités et leurs interactions (voir tableau 4).
Tableau 4 : Nombre de jours de maturité des 3 variétés de niébé dans les 10 localités de la Sierra-Leone
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Elle a aussi évaluée la quantité de biomasse fraîche. Elle est en moyenne à 0,4 kilo, à Njama, et à 1,5 kilo, à Manjama. IT99K-573-1-1 score faiblement à 0,3 kilo, à Njama, tout comme Tabe, à Sembehun Road et à Tihun. C’est vous dire qu’en définitive Tabe a eu la plus faible biomasse à 0,6 kilo en moyenne, quand IT99K-573-1-1 bat tous les records avec 1,1 kilo en moyenne. Il en découle le fait qui est que les variétés ont entretenu, entre elles, une différence significative (p<0,05) ainsi qu’entre les localités et leurs interactions (voir tableau 5).
par pied. A Sembehun Road et à Njama, on en compte 9.5 gousses par pied. Un pied de Tabe en porte le moins avec 5,3 gousses, à Limeima, à l’opposé de celui de IT99K-573-2-1 qui en porte le plus avec 10,5 gousses, aussi bien à Sembehun Road qu’à Njama. Donc un pied de IT99K-573-1-1 est doté de 8.3 gousses et celui de Tabe de 6.6 gousses. De quoi observer qu’au sein des variétés et entre les localités et leurs interactions des différences significativement très élevées (p<0,05) apparaissent (voir tableau 6).
Tableau 5 : Biomasse fraîche des 3 variétés dans les 10 localités de la Sierra-Leone
De même, elle a dénombré les gousses par pied de plante. Leur nombre varie aussi. A Tihun, on en compte 6,4 gousses
L’équipe nationale semble retrouver le même scénario dans le décompte du nombre de semences par gousse. Ce nombre
Tableau 6 : nombre de gousses par pied de plante de 3 variétés de niébé dans les 10 localités de la Sierra-Leone
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En fluctuant, le poids des semences suit la même trajectoire. Selon l’équipe nationale, il fluctue de 17,8 kilos, à Limeima, à 20,8 kilos, à Grima, à Koribondo, à Sembehun Road et à Njama. Comme un rituel, Tabe pèse moins lourd à 13,5 kilos à Limeima, alors que IT99K-573-2-1 pèse plus lourd à 24,5 kilos, à la fois à Grima et à Sembehun Road. Autrement dit, Tabe occupe la queue du peloton à 15,7 kilos et IT99K-5731-1 et IT99K-573-2-1 la tête du peloton à plus de 22 kilos, en moyenne. Et l’équipe nationale de constater une différence de poids des semences très significative (p<0.05) entre, d’une part, ces 2 variétés améliorées et Tabe, et entre les localités et leurs interactions, amis elle n’en a pas vue entre les 2 variétés améliorées (voir tableau 8).
Tableau 7 : nombre de semences par gousse des 3 variétés de niébé dans les 10 locations, en Sierra-Leone
Tableau 8 : poids des 100 kilos de semences des 3 variétés dans les 10 localités, en Sierra-Leone
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Le même constat vaut pour les rendements de semences, car ils vont de 1 061,8 kilos à l’hectare, à Limeima, à 1 554,9 kilos, à l’hectare à Grima. Comme à l’accoutumée, Tabe fait le plus faible score, soit 493,5 kilos à l’hectare, à Tihun. A contrario, IT99K-573-1-1 fait un bon de 2 005, 5 kilos à l’hectare, à Manjama. En moyenne, Tabe score faiblement à 831,3 kilos à l’hectare, alors que IT99K-573-11 remporte la palme du rendement à 1 589,3 kilos à l’hectare. Il en résulte, d’après l’équipe nationale, une différence de signification élevée (p<0.05) entre les variétés, tout comme entre les localités et leurs interactions (voir tableau 9).
Le nombre de Maruca par fleur valse. Il est entre 0,3, à Mudies comme à Sembehun Road, et 1,4, à Limeima. Cette fois, contre toute attente, Tabe se propulse devant le peloton à 2,6, à Limeima, loin devant IT99K-573-1-1 et IT99K-573-2-1 trainant derrière à 0,1, à Mudies ainsi qu’à Manjama. Ce qui incite les membres de l’équipe nationale du Projet à conclure ce qui suit : le nombre de Maruca par fleur des variétés améliorés et de Tabe est significativement très élevée (p<0.05), tout comme l’interaction entre variétés et localités, contrairement à celui entre ces 2 variétés améliorés (voir tableau 10).
Tableau 9 : rendements de semences (kg/ ha) des 3 variétés dans les 10 locations, en Sierra-Leone
Tableau 10 : nombre de Maruca par fleur des 3 variétés dans les 10 locations, en Sierra-Leone
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Le nombre de thrips par fleur est tout aussi mouvant. Qui plus est, il est élevé (2,5) à Sembehun Road et faible (0.9) à Manjama. Tabe est envahie à 3,6 par eux, à Tihun, lorsque IT99K-573-1-1 l’est beaucoup moins à 0,3, à Saluibu, tout comme IT99K-573-2-1 à Manjama et à Njama. En moyenne, leur présence sur Tabe est plus élevée avec 2,9 et sur IT99K-573-1-1 moins élevée avec 0,9. Aussi les membres de l’équipe relèvent-ils que l’interaction entre variétés et localités est significativement élevée (p<0,05) (voir tableau 11). Enfin, on arrive en fin décembre 2012. C’est la terminaison de l’opération de sélection variétale participative en guise d’évaluation saisonnière. Elle a consisté à demander à chaque producteur de sélectionner la variété qu’il estime être la meilleure et de justifier ce choix. Pour qu’à la fin du Projet et pour anticiper sur la période de production commerciale, une subséquente distribution lui en sera faite. Sans appel, dans tous les 10 sites, IT99K-573-1-1 a emporté le choix de 55 % d’entre les utilisateurs, suivie par celui de IT99K-573-2-1 de 40 % et, loin derrière, de celui de Tabe de 0,5 %. Et la raison majeure avancée est que les 2 variétés améliorées — IT99K-573-1-1 et IT99K-5732-1 — ont les plus grosses semences blanches, les plus longues gousses, une robuste croissance végétative et la plus précoce maturation.. Avec de tels atouts et soutenu à bras le corps par une heureuse disponibilité des terres et la farouche volonté des bénéficiaires de réussir, le Projet n’en a pas moins connu des déboires, cette année-là. A commencer par le manque de formation des chargés de sa mise en œuvre, l’indisponibilité et les prix exorbitants des fertilisants, le report ou la non-exécution de certaines activités dus à la tardive réception des fonds et la non-tenue de la formation des techniciens sur la fabrication des machines de transformation.
Contact : Ousmane Ndoye CORAF/WECARD, BP 48 Dakar RP CP 18523, Dakar, Sénégal Tél. : (221) 33 869 96 18 Fax : (221) 33 869 96 31 E-mail : ousmane.ndoye@coraf.org Internet : www.coraf.org
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Tableau 10 : nombre de thrips par fleur des 3 variétés de niébé dans les 10 localités, en Sierra-Leone
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NOTE DE LECTURE Contribution à l’emploi des jeunes : la formation aux métiers de l’agriculture Par la section sciences agricoles de l’Académie nationale des sciences et techniques du Sénégal (ANSTS). Compte rendu d’Armand Faye, du Sénégal. Ce rapport d’étude (www. ansts. sn ou academ.sc@ orange.sn ou academ.sc@ ansts.sn) a été présenté, pour la première fois, à la séance solennelle 2014 de l’ANSTS présidée, le 6 février, par le président de la République du Sénégal, M. Macky Sall. Au nombre des préoccupations les plus partagées de nos jours par tous les pays du monde, l’étude indexe le chômage et le sous-emploi chroniques de leurs populations clouant au pilori la frange de plus en plus nombreuse des jeunes sur le marché du travail.
Au Sénégal, l’agriculture, prise dans son sens large, est le premier pourvoyeur d’emplois et offre d’importantes opportunités d’insertion des jeunes, dans des métiers allant des activités de production végétale, animale, halieutique, forestière et agro-forestière à celle de consommation, en passent par la conservation, la protection, la transformation et la commercialisation des produits. Ce vaste créneau est assurément un véritable gisement à ciel ouvert pour l’entreprenariat familial ou industriel, le partenariat public-privé, l’implication pérenne des jeunes et leur participation active dans la conception, l’élaboration, l’exécution et le suivi-évaluation des projets agricoles qui leur sont destinés. En effet, le secteur agricole emploie 44,9 % de la population active et contribue pour 20 % du PIB. Le secteur informel, connu par sa très faible productivité, fait travailler 42, 2 %, dont 76 % des actifs exerCORAF ACTION N° 69
cent à Dakar, la capitale, qui sont les plus jeunes, les moins scolarisés, la plus féminine avec 45,9 % contre 28,8 % de femmes dans l’administration publique. Le secteur public occupe 4,7 % et le secteur privé 8,2 % des travailleurs. La gent féminine représente également 65 % du lot de la population active et 52 % de la population totale estimée, en 2011, à 13 millions d’habitants environ, dont près de 55 % vivant en milieu rural. L’étude nous invite à regarder la pyramide des âges qui met encore à nu l’évidente suprématie de cette frange juvénile. Un Sénégalais sur 2 a moins de 20 ans et près de 2 sur 3 ont moins de 25 ans. Les 70,8 sur les 52 % des femmes ont moins de 30 ans. Entre 2005 et 2011, la population juvénile a connu un fort taux de croissance, en passant de 4.1 à 4. 5 millions, soit une hausse de 8 % en moyenne. Or l’analyse du marché du travail révèle des taux élevés de chômage et de sous-emploi, puisqu’Il apparaît que 1 personne sur 5 travaille à plein temps. Rien d’étonnant alors si elle s’expose au risque de basculer dans la pauvreté monétaire ! Et ils ne sont pas prêts à connaître une baisse, tant que ne s’estomperont pas les effets de la dispersion et de la multiplicité des structures de soutien à l’emploi, de l’absence d’une articulation entre le marché du travail, la formation professionnelle et la politique d’accompagnement pour l’auto-emploi, ainsi que du manque de transparence du marché de l’emploi. Pis, la non-qualification des jeunes, majoritairement occupés par les activités agricoles, empire cette situation. Car on estime les chômeurs sans aucune instruction sont à 46 % et ceux avec une instruction primaire à 28 %. S’ajoute le fait que, chaque année, plus de 200 000 personnes (la
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moitié provenant du secteur rural), âgées de 15 à 34, viennent frapper bruyamment aux portes des employeurs. En 2011, le taux de chômage de la population en âge d’activité est estimé à 12,2 % pour cette dernière proportion (15 % pour les 25-29 ans, dont 18 % pour les jeunes filles et 12 % pour les jeunes hommes) contre 7,8 % pour les adultes de 35-65 ans, la moyenne nationale se situant à 10,2 %. Les seuls bémols sont le taux de chômage relativement faible des jeunes ruraux qui est de 9 % par opposition à celui de 18 % des jeunes citadins de la capitale ; le taux d’emploi des jeunes resté stable autour de 38 %, entre 2005 et 2011 ; le taux d’activité des jeunes légèrement en baisse de 42 %, en 2011, contre 44.4 %, en 2005. Par voie de conséquence, l’insertion de ceux sans éduca-
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tion ni formation professionnelle dans le marché du travail est devenue un défi majeur des décideurs politiques. Car si elle n’est pas maitrisée, ne risquent-ils pas de grossir les rangs des nombreux adultes sans qualification ni avenir professionnel ? Dans ce sens, l’espoir est permis, vu les opportunités qu’offre l’agriculture sénégalaise non seulement pour l’autosuffisance et la sécurité alimentaires, mais aussi pour contribuer à l’emploi des jeunes. Vu également les grandes ambitions gouvernementales de transformation et de modernisation du secteur, qui se sont traduites par des augmentations budgétaires significatives, ces dernières années. Mais exploiter pleinement les niches d’emplois agricoles et extra-agricoles signifie que s’impose, notamment, un nouveau système de formation agricole et rurale (FAR) de qualité, parce qu’approprié surtout aux nouveaux métiers de l’agriculture. C’est, en tout cas, ce que suggère, entre autres choses, cette étude rondement menée par l’ANSTS qui entend contribuer à la recherche de solutions effectives et durables à ces « phénomènes lancinants des temps nouveaux ». De même, il exige une myriade d’autres recommandations qu’elle formule respectivement en direction de l’Etat, du Secteur privé, des Organisations paysannes, des collectivités locales, des Institutions de formation et de recherche ainsi que d’elle-même. Nous en retenons « l’organisation des états généraux de l’agriculture pour approfondir la réflexion sur le devenir de ce secteur, identifier les piliers d’une nouvelle politique et proposer des mécanismes et procédures pragmatiques de mise en œuvre et de suivi de l’emploi. » L’Etat est interpelé !